En 1936, l'Espagne est une république depuis 1931 (IIème République). Les républicains ont de nouveau remporté les élections municipales, de justesse, qui se sont déroulées en février. C'est alors que débute la guerre civile espagnole avec le soulèvement des militaires regroupés derrière le général Franco. Après de nombreux événements tragiques tels que le bombardement de Guernica, les nationalistes (c’est ainsi qu’ils s’appellent) de Franco remportent la victoire sur les troupes républicaines et la Guerre d'Espagne s'achève en 1939. Franco instaure alors une dictature et reste au pouvoir jusqu'à sa mort en 1975.

Affiche républicaine faisant de Franco, le semblable d’Hitler, soutenu par l’armée, la bourgeoisie et le clergé.

Affiche républicaine reprenant le cri de ralliement “No Pasarán“ (“Ils ne

passeront pas“ sous-entendus Franco et

les nationalistes putschistes)

Affiche républicaine sur les Brigades Internationales, constituées de volontaires du monde entier venus combattre aux côtés des républicains.

Le 26 avril 1937, jour de marché, l'aviation NAZIE, protégée par des avions de chasse italiens, procèdent au bombardement de la ville de Guernica à l'instigation du général Franco. Ce bombardement a été longtemps considéré comme le tout premier raid de l'histoire de l'aviation militaire moderne sur une population civile sans défense. Selon le journal britannique Times, 800 à 3 000 des 7 000 habitants de Guernica périrent. C’est ce crime de guerre qui inspira Pablo Picasso pour son tableau “Guernica“

"La peinture n’est pas faite pour décorer des appartements ; c’est une arme offensive et défensive contre l’ennemi" (P. Picasso)

Le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des franquistes. Les vaincus, ce sont les Républicains, après trois ans d’une guerre civile qui a ensanglanté toute l’Espagne. Poussés par les bombardements, civils, militaires fuient vers la frontière pour se réfugier en France. Le 27 janvier la frontière est ouverte, les premiers réfugiés civils entrent en France, pendant que les derniers combattants continuent la lutte jusqu’au début du mois de février… où sonne l’heure de l’inévitable "Retirada".

C'est par le col d'Ares, à la frontière franco-espgnole, que les premiers réfugiés arrivent, le 27 janvier 1939. Arrêtés à Prats-de-Mollo, ils s'installent comme ils le peuvent dans la ville. Le lendemain le mouvement s'accélère au point d'inquiéter les autorités. L'école primaire est réquisitionnée. Mais il manque rapidement de la place pour loger ces émigrés. Par crainte de débordement, les autorités envoient en nombre des gardes mobiles et des tirailleurs sénégalais. Dès le 29 des convois partent en direction du camp de triage du Boulou.

Pour accueillir ces réfugiés on construit quatre camps dans la vallée du Tech. Les abris sont construits de branches, de salsepareille : tout ce qui peut servir est récupéré. Les arbres environnants sont abattus pour faire du bois de chauffage. Pour contrer le froid on en vient à brûler le matériel scolaire et les crosses des armes à feu. De plus il faut acheminer en urgence 30 tonnes de nourriture par jour pour faire survivre cette marée humaine, Humaine.

Le 13 février la frontière est officiellement fermée, gardée par les soldats de Franco. A cette date 35 000 réfugiés sont toujours internés dans les camps de Prats-de-Mollo, bien d'autres le sont dans les autres camps du département. La vague de froid qui s'abat sur la vallée pousse les autorités locales à ouvrir tous les lieux publics ; églises : école, et fait réquisitionner granges, appartements vides, garages, etc. Les camps de Prats et d’Arles sont définitivement fermés fin mars, mais l’hiver 39 fut considéré comme un calvaire par les espagnols fuyant en Franco.

Dans le même temps Cerbère voit arriver une masse considérable d'Espagnols. Franchissant la frontière, ils sont internés dans des camps créés de toutes pièces sur la plage d'Argelès-sur-Mer. Si le froid ne les a pas autant touché que leurs compatriotes laissés à Prats-de-Mollo, ils durent toutefois subir les affres des épidémies. 250 000 réfugiés passeront par ce camp d'Argelès durant l'hiver 1939. Rien qu'au mois de mars 1939, ce n’est pas moins de

77 000 réfugiés qui furent internés à Argelès. Un autre camp ouvert à St Cyprien accueillit 90 000 personnes. A St Laurent de Cerdans, autre lieu de passage, 5 000 réfugiés sont logés sur place, en particulier dans une fabrique de sandales transformée en dortoir. Un musée mémoire y est actuellement à visiter. Au total, en quinze jours seulement, c'est plus de 450 000 personnes qui arrivent dans le département.

Photo prise début février 1939 au Col d’Ares au-dessus de Prats-de-Mollo.

1er plan : M. Gracià et sa fille Alicia

2nd plan : M. Coll Thomas (ancien poilu pratéen) avec Amadeu et Antonio

1 9 3 9 30 janvier – 9 avril

Les premiers exilés républicains arrivent à Arles le 30 janvier au nombre d’un millier, et ce, afin de désengorger les camps de Prats. Ils sont accueillis aux écoles : la population arlésienne les ravitaille et leur fournit des vêtements forts appréciables en ce froid hiver 1939. Le 5 février 15 000 républicains sont accueillis, notamment au stade municipal. Le 13 février Arles compte 35 000 exilés répartis sur trois camps. Les camps sont composés d’abris de fortune. Parfois même, de simples bâches, posées sur des supports en bois, protègent les exilés de la neige qui recouvre les camps le 24 février. Les blessés sont accueillis soit aux écoles, soit dans les baraquements de la gare d’Arles. Perpignan fournit le ravitaillement. Entre le 11 février et le 4 mars, par exemple, pour nourrir les plus de 70 000 réfugiés des cantons de Prats et d’Arles, 750 tonnes de pain, 1 000 tonnes de viande, poisson, légumes, paille et bois sont acheminés par train, puis répartis par camion entre les différents camps. Le 9 avril marque le départ des derniers exilés : plus de 50 000 sont passés par Arles. 34 y décédèrent, le plus jeune avait 13 jours.

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Camp n° 1

Camp n° 2

Camp n° 3

Camp n° 3

CORRANDES D'EXILI

Una nit de lluna plena

tramuntàrem la carena,

lentament, sense dir re…s ...

Si la lluna feia el ple

també el féu la nostra pena.

L'estimada m'acompanya

de pell bruna i aire greu

(com una Mare de Déu

que han trobat a la muntanya.)

Perquè ens perdoni la guerra,

que l'ensagna, que l'esguerra,

abans de passar la ratlla,

m'ajec i beso la terra

i l'acarono amb l'espatlla.

A Catalunya deixí

el dia de ma partida

mitja vida condormida:

l'altra meitat vingué amb mi

per no deixar-me sens vida.

Avui en terres de França

i demà més lluny potser,

no em moriré d'anyorança

ans d'enyorança viuré.

En ma terra del Vallès

tres turons fan una serra,

quatre pins un bosc espès,

cinc quarteres massa terra.

"Com el Vallès no hi ha res".

Que els pins cenyeixin la cala,

l'ermita dalt del pujol;

i a la platja un tenderol

que batega com una ala.

Una esperança desfeta,

una recança infinita.

I una pàtria tan petita

que la somio completa.

Lluis Llach