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REVUE DE PRESSE « Go down, Moses » Romeo Castellucci Presse écrite 30.08.2014 24 heures Go down, Moses Été 2014 Regards Go down, Moses – Théâtre Vidy-Lausanne 24.10.2014 24 heures Le Moïse de Castellucci poursuit son exode à Vidy Sophie Grecuccio 27.10.2014 L’Hebdo L’énigmatique « Go down, Moses » de Romeo Mireille Descombes Castellucci 27.10.2014 Les Inrocks « Go down, Moses » : Castellucci questionne Dieu pour l’art 28.10.2014 Vidy blog Go down, Moses Culturieuse 28.10.2014 Le Temps Romeo Castellucci, le royaume des ombres Marie-Pierre Genecand 28.10.2014 NZZ Der Exodus, die Wüste, das Goldene Kalb Barbara Villiger 28.10.2014 NZZ Du sollst dir kein Bildnis machen Barbara Villiger Radio 10.11.2014 France Culture Spectacle vivant : Go down, Moses de Romeo Castellucci

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REVUE DE PRESSE « Go down, Moses » Romeo Castellucci Presse écrite • 30.08.2014 24 heures Go down, Moses

• Été 2014 Regards Go down, Moses – Théâtre Vidy-Lausanne

• 24.10.2014 24 heures Le Moïse de Castellucci poursuit son exode à Vidy

Sophie Grecuccio • 27.10.2014 L’Hebdo L’énigmatique « Go down, Moses » de Romeo

Mireille Descombes Castellucci • 27.10.2014 Les Inrocks « Go down, Moses » : Castellucci questionne Dieu

pour l’art • 28.10.2014 Vidy blog Go down, Moses

Culturieuse • 28.10.2014 Le Temps Romeo Castellucci, le royaume des ombres

Marie-Pierre Genecand • 28.10.2014 NZZ Der Exodus, die Wüste, das Goldene Kalb

Barbara Villiger • 28.10.2014 NZZ Du sollst dir kein Bildnis machen

Barbara Villiger

Radio • 10.11.2014 France Culture Spectacle vivant : Go down, Moses de Romeo Castellucci

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CulteA l’occasion des 25 ans de la série Les Simpson, un ouvrage illustré feuillette l’histoire du clan dans l’ordre chronologique. Edifiant

Lorsque, le 17 décembre 1989, Noël mortel(Simpsons Roating on an Open Fire) débar-que sur les écrans du réseau Fox aux Etats-Unis, les spectateurs découvrent d’un coupHomer, Marge, leurs rejetons Bart, Lisa etMaggie, résidant à Springfield. Cette cité fictive amalgame tous les Springfield des Etats-Unis – il en existe six rien que pour l’Etat du Wisconsin. Ville moyenne pour une famille moyenne, elle tend un miroir plus ou moins déformant, sur le mode irré-vérencieux, au concept de cellule familialeaméricaine. En ce jour décisif, quelques téléspectateurs perspicaces remarquèrentpeut-être qu’un cheveu d’Homer traçait laforme d’un M et que son oreille évoquait un G stylisé: les initiales de son créateur, Matt Groening. Vingt-cinq ans plus tard, latribu à la peau jaune et aux mains à quatredoigts, joue dans la cour des grands. Elle possède son étoile au Walk of Fame, 7021,Hollywood Blvd, depuis 2000, se lèche surun milliard de timbres de 44 cents dès 2009. Mieux, le Times Magazine a désignéLes Simpson comme la meilleure série télé-visée du XXe siècle. Il manque peut-être leterme «d’animation» dans l’appréciation. Au-delà, cette saga culte démontre unephénoménale inventivité, gage de sa capa-cité de renouvellement.

Dès le premier épisode, les Simpsons’affichent au complet avec l’adoption de Petit Papa Noël, un lévrier mâle pas très rapide mais sympa. De là, les Editions de La Martinière ont eu l’excellente idée de proposer un livre illustré qui raconte de manière chronologique leur vie «d’avant».«Des millions, ou peut-être des milliards d’individus, ont regardé vivre les Simpsonpendant un quart de siècle, explique MattGroening en préface. Ils ont grandi mais sont restés semblables à eux-mêmes. Evi-demment, Homer et Marge ont arrêté de vieillir, Lisa et Bart n’ont pas changé de classe depuis fort longtemps. Quant à Mag-gie, elle continue de se trimballer en turbu-lette bleue, une sucette à la bouche. Ceci neveut pourtant pas dire qu’il n’y a ni début ni fin à la saga. Homer et Marge, comme tout le monde, ont eu leur coup de fou-dre…» Ce Portrait de famille se veut le livredes «premières fois» (et il y en a un paquet).Il pourrait tout autant s’intituler Les Simp-son pour les nuls.

Culture&Société Culture SociétéGastro Ciné Conso

Sortir Les gens

Cinéma

«Gamin, moi aussi, j’étais un Bouboule»Le cinéaste Bruno Deville dérive à partir de son enfance dans un conte présenté par la Cinémathèque suisse en avant-première. SurréalisteCécile Lecoultre

La mèche en bataille, Bruno De-ville, 38 ans, rigole: «Depuis le19 juin, j’ai le passeport suisse,même si par nature, éduca-tion et j’en passe, je resteBelge. En fait, je me considère

comme un rien du tout.» En jargon wallon,ça veut dire beaucoup. Ce filmeur aux se-melles de vent précise: «Tout s’est préci-pité ces derniers mois, je potassais cet exa-men de naturalisation dans le TGV qui roulait vers Bruxelles, je rentrais en bos-sant sur le scénario de Bouboule.» Dès lespremières images de ce road-movie à bi-cyclette, les ciels saturés de tourmentshantent comme une toile flamande. Ça nes’arrange pas ensuite, quand un éléphantdigne d’élucubrations surréalistes onduledans un terrain vague. Là, Bouboule,12 ans, 101 kilos et 350 grammes, rêvassesur son banc. «Gamin, moi aussi, j’étaisun Bouboule. Sauf que je m’appelaisBubulle. Ce shoot alimentaire de l’élé-phant… après l’école, je piquais un billetà ma mère, j’achetais un cornet de frites,avec de la sauce Samouraï ou Mam-mouth. J’hallucinais dans ma bulle dechaleur et de gras.» Explications.

Bouboule, comme votre série télé Crom et ses éboueurs, s’attachent aux marginaux. Spécificité belge?Et mes courts-métrages parlaient déjà debouchers, de boulistes: j’ai souvent en-tendu qu’il n’y avait qu’un Belge pourproposer des concepts pareils… S’il y a enmoi l’intello qui essaie d’analyser, il y aaussi ce penchant pour les histoires ter-riennes.

Vous considérez-vous comme un réalisateur suisse ou belge?Tentons européen francophone? J’ai étu-dié à l’ECAL à Lausanne, une école aussirenommée que l’INSAS à Bruxelles. Là,mon rêve s’est matérialisé. Soudain, jetouchais du doigt des moyens techniquesbeaucoup plus luxueux. Avec les élèves,nous pouvions rencontrer des cinéastes,des techniciens: dans cette «famille», lecinéma devenait la possibilité d’un mé-

tier. C’est là aussi que CAB Productionsm’a découvert et aiguillé sur un stageavec mon compatriote Benoît Mariage,pour le tournage des Convoyeurs atten-dent, qu’ils cofinançaient.

Comment comparer les conditions de production suisses et belges?Disons qu’avec toutes les commissionsfédérales et autres, il y a plus de sous enSuisse. En Belgique, le cinéma est uneindustrie réelle, branchée sur le Tax Shel-ter, fortement connectée à la France, auLuxembourg. Alors qu’ici le septième artreste un artisanat, bricole de touche-à-tout doués, les Belges offrent un savoir-faire de spécialistes. Au-delà, ça reste dans le cliché de Benoît Poelvoorde: tu asune voiture qui gêne dans le champ. EnFrance, le premier assistant demande audeuxième de la déplacer, celui-ci délègueà un troisième, etc. En Belgique, les troisse précipitent en même temps! La Suisse,elle, s’évite les professionnels de la pro-fession.

Vous voulez dire que chez nous il n’y a pas de troisième assistant?

Je plaisante, bien sûr. Même si, d’unpoint de vue matériel, le cinéma suisse,ce n’est pas simple. La tentation de fairede la télé devient alors très forte. Ainsi,j’ai refusé deux confortables proposi-tions de séries: elles m’auraient totale-ment accaparé et empêché de songer àun autre long-métrage. Et une fois prislà-dedans…

Craigniez-vous de sombrer dans le format télé-réalité avec Bouboule?Beaucoup! Je voulais éviter à tout prix lasuccess story du môme qui pose 30 kilosau bout d’une heure trente, avec la photofinish des doigts en V comme vainqueur.Avec mon scénariste Antoine Jaccoud,nous avons décalé le sujet du documen-taire pour pointer un héros moderne, uncas limite de non-assistance à personneen danger.

Lausanne, CapitoleLu 27, 20 h 30 (avant-première en présence du réalisateur). En salles dès me. Cote: VVRens. 058 800 02 00 www.cinematheque.ch

Ça vaut un quintal de poésie

LivresLes livres en français ont à nouveau leur antre dans la Grande Pomme. Depuis un mois, les amoureux de la langue de Proust se bousculent chez Albertine

La librairie Albertine, qui porte le doux nom d’une héroïne de Mar-cel Proust, est le nouveau rendez-vous des lettres françaises à NewYork. La ville n’avait plus de tem-ple qui leur était dédié depuis lafermeture, en 2009, de la librairiede France du Rockefeller Center, au cœur de Manhattan. Bien queplus excentrée, Albertine se veutune réponse à ce manque, offrant

livres d’auteurs francophones enlangue originale et des traductionsen anglais. Niché au cœur d’un hô-tel particulier au Gilded Age sur laCinquième Avenue, au sein des services culturels de l’ambassadede France, le lieu accueille aveccanapés et fauteuils de cuir, gran-

des tables de bois et plafond d’ins-piration Renaissance.

Dans les rayons, le visiteurpeut retrouver tant les grands ti-tres de la rentrée littéraire que lesCours au Collège de France de Mi-chel Foucault, partir sur les tracesdu psychanalyste Jacques Lacanou se plonger dans des sectionsenfant ou bande dessinée bienfournies. On trouve aussi les con-fessions de Valérie Trierweiler.Mais seulement dans un tiroir,pour ceux qui le réclament.

Quelque 3500 livres ont étévendus depuis l’ouverture. Un fes-tival qui a marqué le lancement, etdevrait devenir annuel, a rassem-blé près de 1200 personnes enune semaine, dont de grands

Une librairie francophone cartonne à New York

ThéâtreL’énigmatique homme de théâtre italien Romeo Castellucci présentera Go down, Moses, dès samedi, en création au Théâtre de Vidy

Provocateur, blasphèmatoire, ico-noclaste? Si Romeo Castellucci ne se sent pas visé par les critiques quil’entourent, il faut reconnaître queson théâtre peut génèrer un déran-gement intime, un bouleverse-ment puissant des sens poussant àl’introspection la plus profonde.

Considéré comme l’un des ar-tistes les plus doués de la scèneinternationale, l’Italien n’est pas

intéressé par un théâtre avant-gar-diste. S’il agace et s’il heurte – àl’image de son spectacle Sur leconcept du visage du fils de Dieu,qui, en 2011, a déclenché la fureurdes catholiques intégristes – cen’est pas pour alimenter les scan-dales et pour l’amour de la provo-cation. Il évolue, au contraire, dans le sillon de la tradition tragi-que, en concevant l’objet théâtralcomme un outil apte à représen-ter le destin de l’homme.

Mais pas de sacrilège en vueavec Go down, Moses, que le dra-maturge propose en création auThéâtre de Vidy. Il y présente etsublime la figure prophétique deMoïse, la plus importante de la Bi-ble hébraïque, recevant la Loi

Le Moïse de Castellucci poursuit son exode à Vidynoms de la culture. Entouré deromanciers américains, l’écrivainfrançais Emmanuel Carrère y aprésenté son œuvre dimanche, enanglais. Olivier Assayas, MarjaneSatrapi, Matthew Weiner (le créa-teur de Mad Men), le Prix Nobel del’économie Joseph Stiglitz ontaussi participé à l’événement. «Onest pleins tout le temps, on estcrevés mais ravis», s’enthou-siasme François-Xavier Schmit, li-braire toulousain sélectionnéparmi plus de 100 autres candi-dats pour donner corps et vie à lalibrairie, riche de 14 000 titres. Unlieu qui se veut résolument «auto-nome», selon son nouveau pa-tron, même s’il est rattaché à l’am-bassade de France. C.R./AFP

Romeo Castellucci présente sa nouvelle pièce à Vidy. DR

Mois vegan à LausanneManifestation Trente kilos de pommes ont été distribués hier à la place de l’Europe à Lausanne en vue du mois mondial vegan, en novembre.Le véganisme exclut les produits d’origine animale dans la nourriture, l’habillement ou les cosmétiques. Cours de cuisine ou idées shopping à l’appui, les vegan souhaitent montrer que s’y mettre n’est pas difficile. Menu complet sur www.asso-pea.ch. C.R.

Nuit du court-métrageCinéma La 17e édition de la Nuit du Court aura lieu à Lausanne le ven-dredi 21 novembre de 19 h à 4 h aux Galeries. Au programme: 20 séances sur 13 thèmes différents, et une carte blanche donnée à Ursula Meier et au FIFF. Infos sur www.nuitducourt.ch. S.G.

En deux mots

pour le judaïsme, préfigurant Jé-sus-Christ pour le christianisme etprécédant le prophète Mahometpour l’islam. La pièce nous guide àla découverte de différents mo-ments de la vie de Moïse tels qu’ilssont racontés dans la Bible. Mais ne comptez pas sur Castelluccipour livrer une histoire lisse: il meten scène l’irreprésentable encréant une divagation musicale etvisuelle à travers un enchaînementde tableaux et de fragments explo-rant les méandres de notre psy-ché. Depuis l’abandon du nourris-son sur les rives du Nil jusqu’à la vénération du veau d’or et à l’épi-sode du buisson ardent, en pas-sant par l’obtention des tables de la Loi sur le mont Sinaï, il y cons-

truit une réflexion poétique et bru-tale sur notre société actuelle.

Le titre de la pièce fait réfé-rence au célèbre chant gospel desesclaves américains qui avaient faitdu retour d’exil du peuple juif de-puis Babylone et l’Egypte une mé-taphore solennelle de leur retouren Afrique. Ainsi, aujourd’hui, cechant peut être interprété commela condition d’un nouvel asservis-sement, invisible et contemporain,le nôtre.Sophie Grecuccio

Lausanne, Théâtre de VidySa 25 (19 h), di 26 (17 h), lu 27 et ma 28 (20 h) Rens.: 021 619 45 45 www.vidy.ch

La librairie Albertine a ouvert fin septembre à New York. AFP

Repéré pour vous

Une princesse aux fourneauxDepuis 2013, Laprincesse des neigesa relancé le culte des demoiselles ti-trées, fantasmeauréolé de rose desfilles en fleur. Etdire que ce dessin animé Disney a failline jamais sortir: sujet à de cons-tants remaniements, son scénarioa même suscité un atelier d’écri-ture où les employés de TontonDisney pourvus de sœurs étaientinvités à partager leur expérience.Au-delà, la réussite de Frozen s’in-sinue même dans les cuisines. Voirle coffret édité par la prestigieuse

maison de la Marti-nière, qui se piqued’initier les enfantsaux Petites recettesde princesse. Carnetplastifié pour en-caisser les éclabous-sures, présentoircartonné et colleret-

tes diverses: pop cakes, financierset cannelés adouciront l’exis-tence, jusqu’à cet ambitieux dia-dème royal en pâte. La mention«faire obligatoirement avec les pa-rents» s’impose. C.LE

Petites recettes de princesseJuly Zaglia Ed. de la Martinière

Ne reculant pas devant la difficulté,l’auteur commence l’histoire il y a 67 mil-lions d’années, à l’époque des dinosaures. Comme Matt Groening s’émeut de sa pro-pre témérité, le livre fait un grand saut dansle temps, jusqu’au début du XXe siècle. Dé-barqués d’un paquebot, Orville et le reste de la famille Simpson, fringants émigrants venus d’Europe, emménagent durant quel-ques mois dans la statue de la Liberté. «Mon

père, explique Abe, le futur père de Homer,pensait que l’Amérique était la plus grandeinvention après le pain en tranches! Ce der-nier avait été inventé l’hiver précédent.»

«Naissance d’un bébé énorme et laid!»Homer a droit à la première page du Spring-field Shopper en voyant le jour le 18 juin 1956. Devenu adulte, Homer rentabilise à lui seul une fabrique de donuts, concentre sur lui une multitude de défauts, de la fai-néantise pathologique à l’égoïsme affirmé.Physiquement un peu enveloppé en raisond’une diététique particulière, ce patriarchepossède cependant une qualité admirable:il sacrifierait tout pour sa femme et ses en-fants. «Marge, tu es aussi belle que la prin-cesse Leia et aussi intelligente que Yoda.»

Marjorie Simpson, née Bouvier, sym-bole de patience et d’abnégation, mérite lecompliment. Cette mère au foyer à la chou-croute que ne renierait pas la fiancée de Frankenstein, rêvait, petite, de devenir la première femme astronaute. Reste que c’est elle qui a les pieds sur terre. Bernard Chappuis

Les Simpson -Portrait de familleMatt Groening - NathanKaneEd. de La Martinière -Jeunesse, 308 p.

1 statue de donut géant rose et entamé trône dans un parc de la bourgade de Springfield, Nouvelle-Zélande.150 personnages, plus ou moins récurrents, sont utilisés dans la série.450 calories aux 100 grammes de donut. La bière vient en prime. D’où l’embonpoint de Homer.527 millions de dollars de recettes pour le long-métrage, The Simpsons Movie, (2007) de David Silverman. Une goutte d’eau par rapport au revenu global de la franchise, qui approche les 14 milliards de dollars.552 épisodes télévisés de 21’, répartis sur 26 saisons. Et ça continue.750 000 dollars, le budget moyen pour un épisode.

En chiffres

Bruno Deville, 38 ans,Belge d’origine,Suisse d’adoption,a triomphéau Festival de Zurichavec son premier film,Bouboule.

EmpathieLe comédien David Thielemans a trouvé un grand frère en Bruno Deville, cinéaste de Bouboule, jadis lui aussi enfant obèse. DR

Matthew Abram«Matt» Groening,60 ans, estle créateur desSimpson. Il a déjàremporté 10 EmmyAwards pour cettesérie culte.

U Eclairage «Bouboule, je le vois comme un Bouddha joyeux dans sa transe de sucre et de graisse, accablé d’un côté, défoncé de poésie de l’autre», dit Bruno Deville. Dans ces instants de magie calorique, Bouboule s’élève vers les «grands petits films», échappant à son pesant label «sujet de société», le «maigrir ou mourir», pour «dealer avec la masculinité». Sur ce postulat, le cinéaste Bruno Deville a consulté plusieurs associations, confronté ses souvenirs aux récentes recherches. Découvert en pleine rue, le jeune David Thielemans éblouit, en troublante osmose. «Nous nous sommes reconnus. A moi qui avais vécu ça, enfant, il disait: «Je suis ton petit moi.» Désormais, pas question de nous abandonner.» Pourtant, Bouboule ne séduit jamais tant que dans l’épure: quand une camarade de galère, qui, pelotant sa poitrine de petit mâle, fait oublier au garçon les injures cruelles, les «soutien-gorge à pattes» et autres. «Et les hormones frétillent…» La même fille lui tend ses bras marqués par les cicatrices d’un suicide raté. L’essentiel explose en

particules d’authenticité. C’est sous les bourrelets du héros, dans le détail esquissé, que se concentre l’originalité de ce «work in progress». «C’est quoi subir le racisme, tailler une pipe, mettre une capote: ces questions affleurent sans volonté de s’appesantir.» A défaut de père, le gamin trouve ainsi une figure masculine dans un agent de sécurité aboyant ses ordres en allemand à son chien Rocco. «Rocco Siffredi… un gag basé sur l’observation, note le cinéaste. Ces dresseurs donnent souvent des noms hypervirils à leurs bêtes. Ce personnage limite nazillon devient un «semi-gentil», car le monde n’est pas manichéen. Pour l’anecdote, ma mère aussi, quand mon père l’a larguée, elle a pris un chien.» S’il laisse un parfum d’inachevé, à l’image du principal protagoniste qui semble démarrer une nouvelle vie alors que son film s’achève, Bouboule touche par son quintal de poésie. Quand chante – M – en générique de fin, impossible d’oublier l’histoire de ce rouquin qui ressemble à un char d’assaut avec un petit cœur de mobylette.

Portrait de famille: Homer bébé, puis adolescent, est déjà un gentil goinfre. Marge et Homer, qui a toujours ses cheveux, se marient. Le premier mot de Lisa est «Bart». 24TH CENTURY FOX/DE LA MARTINIÈRE

Pour Homer Simpson, Marge, née Bouvier, est aussi belle que la princesse Leia

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BÜHNE

Romeo Castellucci über sein «Moses»-Projekt

28.10.2014, 05:30 Uhr

Der Exodus, die Wüste, das Goldene Kalb

Bevor Romeo Castellucci ans Pariser Festival d'Automne weiterzieht, zeigt er dieUraufführung von «Go down, Moses» am Théâtre Vidy-Lausanne. Dort unterhielt ersich mit Barbara Villiger Heilig.

Ihr neues Theaterprojekt «Go down, Moses» fokussiert auf eine zentraleFigur des Alten Testaments. Worin besteht Ihr Interesse für sie?

Sie fasziniert mich schon lange aufgrund ihrer extremen Komplexität,

Mehrdeutigkeit, Schönheit. Moses beeindruckt mich als Mensch, als religiöse

Person, als politischer Chef und, vor allem, als mythologische Figur. Es gibt also

verschiedene Aspekte. Und Moses ist der Protagonist des Buches Exodus im Alten

Testament, das den Auszug der Israeliten aus Ägypten beschreibt – eines der

schönsten Texte überhaupt, absolut gesehen.

Die Bibel liest man heute aber eher selten.

Die Bibel ist nicht irgendein Buch, sie ist das Buch schlechthin. Nicht aus

religiösen Gründen, sondern aus narrativen. Ich kenne nichts Potenteres und

Profunderes – profund im psychologischen Sinn – als die Bibel, speziell das Alte

Testament. Es erzählt Geschichten von grosser Grausamkeit, aber auch von

grosser Menschlichkeit. Eine Literatur, die die Zerbrechlichkeit des Menschen

auszudrücken imstande ist, seine Schwachheit gegenüber dem Rätsel Gottes,

dieser Macht, die im Alten Testament als schreckliche, furchterregende Macht

auftritt. Ein militärischer Gott, hart, primitiv. Christliche Nächstenliebe kennt er

keine.

Moses wäre also ein Stellvertreter der Menschen?

Bilder sind die falsche Piste – Romeo Castellucci will zum Unsichtbaren gelangen. (Bild: Simona Barducci)

NZZ.CH

Romeo Castellucci über sein «Moses»-Projekt: Der Exodus, d... http://www.nzz.ch/feuilleton/buehne/der-exodus-die-wueste-d...

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Mich berührt, wie unsicher er ist, wie er zweifelt, wie er den Auftrag, sein Volk ins

gelobte Land zu führen, nicht annehmen will, dieses Schicksal, das Gott ihm

aufbürdet. Er äussert seine Zweifel sofort: Er sei schwach, alt, könne nicht gut

reden.

Welche Rolle spielt für Sie der Exodus?

Es gibt verschiedene Stellen in diesem Buch, die für unsere heutige Gesellschaft

eine beträchtliche Relevanz haben. Dazu gehört das Motiv des Exodus. Weggehen,

auswandern – wohin? Wo spielt sich der Exodus ab? In der Wüste.

Als «Wüste» haben Sie kürzlich in einem Interview die Informationsflutbezeichnet, in der wir uns heutzutage befinden. Ist diese Wüstevergleichbar mit derjenigen, die das Volk Israel durchquert?

Sicher. Die Israeliten repräsentieren das Volk, in diesem Fall also uns. Dieses Volk

ist eine Metapher für die menschliche Gemeinschaft. In der Wüste machen die

Israeliten neue Erfahrungen: Einsamkeit, Verlorenheit – sie haben keinerlei

Orientierung, nicht nur, was die Geografie angeht. Wenn Moses vierzig Tage lang

abwesend ist, auf dem Berg Sinai, fühlen sie sich buchstäblich verloren. Sie wissen

nicht, was tun, und klammern sich, verzweifelt, an ein goldenes Kalb. Das goldene

Kalb ist ein weiteres aussagekräftiges Bild unserer Gesellschaft. Wie der Exodus

und wie jene Wüste, als die ich unser dysfunktionales Informationszeitalter

ansehe: Wir bekommen so viel zu sehen und zu hören, dass sich alles aufhebt in

Indifferenz.

Brauchen wir also einen neuen Moses?

Es liegt nicht an mir, das zu beurteilen. Für meine Inszenierung habe ich mich auf

Moses' Mutter konzentriert, die ihr Kind aussetzt, verlässt. Ein starkes Moment.

So bin ich überhaupt zum Thema gekommen. Mütter, die Neugeborene im Stich

lassen, sind ein verbreitetes Phänomen gerade auch in unserer westlichen Welt.

«Go down, Moses», Ihr Titel, ist ein Zitat.

So heisst ein Negrospiritual – die Schwarzen Amerikas, Sklaven, sahen in Moses ja

einen Propheten der Befreiung –, und so heisst in der Folge ein Erzählband

William Faulkners. Moses ist in der amerikanischen Literatur sehr präsent. Ich

habe mich eingehend mit Nathaniel Hawthornes Kurzgeschichte «The Minister's

Black Veil» befasst. Pastor Hooper, der sein Gesicht mit einem schwarzen Schleier

verhüllt, ist eine Moses-Figur. Moses verhüllt sich zwei Mal, einmal vor Gott,

dessen Anblick tödlich ist; einmal vor dem Volk, das er nicht erschrecken will,

wenn er leuchtend, strahlend zurückkommt vom Berg Sinai. Obwohl er im

Zentrum der Erwartung steht – als Chef –, zieht er sich zurück, entzieht er sich.

Diese Geste schreibt auch Hawthorne seiner Novelle ein. Eine uneindeutige Geste:

Wird Gott durch sie abgelehnt? Wehrt sich der Pastor, weil er Gottes furchtbares

Antlitz gesehen hat? Oder ist es eine mystische Geste? Hawthornes Genie besteht

darin, nichts zu erklären. Er versteckt den Grund, weshalb der Pastor sich

verschleiert. Die – revolutionäre – Wirkung von dessen Geste resultiert aus ihrer

Uneindeutigkeit.

Romeo Castellucci über sein «Moses»-Projekt: Der Exodus, d... http://www.nzz.ch/feuilleton/buehne/der-exodus-die-wueste-d...

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Sie lesen die Bibel, Hawthorne oder Hölderlin, von dem ein anderes IhrerStücke ausging. Wieso diese im Theaterzusammenhang unüblichenLektüren?

Für mich sind das Texte, die sich gegenseitig widerspiegeln. Die Figur des Pastors

Hooper und die des Empedokles sind Metaphern für den Künstler. Künstler

nehmen etwas weg, subtrahieren – statt hinzuzufügen. Auch Rothko, dem ich eine

Arbeit widmete, ist bezeichnend in dieser Hinsicht: Er ertrug die Idee nicht, dass

seine Gemälde im Four Seasons Restaurant hängen sollten. Hölderlins

Empedokles wirft sich in den Ätna, um sein Bild verschwinden zu lassen. Und auf

den mosaischen Gesetzestafeln steht das Bilderverbot.

Sie hingegen sind bekannt für Ihr Bildertheater.

Ein Paradox. Eine falsche Piste. Ich setze Bilder ein, um sie zu überwinden, um zu

jenem unsichtbaren Bild zu führen, das mich interessiert.

Ihre Produktion «Sul concetto del volto nel figlio di Dio» hat viel zu redengegeben. Sie zeigt einen Sohn, der seinen alten, gebrechlichen, unterDemenz und Inkontinenz leidenden Vater betreut. Dominiert wird dieBühne aber vom überdimensionierten Christusbild des Antonello daMessina.

Für mich ist das eine perfekte Gegenüberstellung. Zur Schöpfung, zum Plan Gottes

gehören auch die Exkremente. Dass die fundamentalistischen Katholiken, die

dagegen demonstrierten, das Stück skandalös fanden, war für mich der eigentliche

Skandal. – Darüber hinaus dachte das Stück nach über den Verfall der

menschlichen Würde vor dem Blick des Erlösers. Ein Blick, der unerträglich wird.

Sind Sie gläubig?

Glauben oder nicht glauben ist eine private Angelegenheit. Das Theater jedoch ist

etwas Religiöses. Nicht wegen der Inhalte. Sondern wegen der Struktur: Menschen

versammeln sich vor einem Bild. Diese Begegnung ermöglicht einen Kontakt. Es

passiert etwas, was über Worte hinausgeht.

Die aktuelle Ausgabe der Zeitschrift «Lettre International» (Nr. 106) widmet sich schwerpunktmässig dem Theater undbringt ein ausführlich-vertiefendes Gespräch mit Romeo Castellucci.

MEHR ZUM THEMA

«Go down, Moses»

Du sollst dir kein Bildnis machen28.10.2014, 22:16 Uhr

Romeo Castellucci über sein «Moses»-Projekt: Der Exodus, d... http://www.nzz.ch/feuilleton/buehne/der-exodus-die-wueste-d...

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Romeo Castelluci au sujet de son projet “Moïse”

L’exode, le désert, le Veau d’or

le 28.10.2014, 05h30

Avant de poursuivre sa route vers le Festival d’Automne à Paris, Romeo Castelluci présente sa dernière création “Go down, Moses” au Théâtre de Vidy-Lausanne. Il s’y est entretenu avec Barbara Villiger Heilig.

Votre nouveau projet “Go down, Moses” se focalise sur une figure centrale de l’Ancien Testament. Comment s’explique votre intérêt pour elle?

Elle me fascine depuis longtemps par son extrême complexité, son ambiguité et sa beauté. Moïse m’impressionne en tant qu’homme, en tant que personnage religieux, en tant que chef politique et surtout en tant que figure mythologique. Il y a donc divers aspects. Et Moïse est le protagoniste du livre de l’Exode de l’Ancien Testament, qui décrit la fuite des Hébreux hors d’Egypte - l’un des plus beaux textes qui soit, dans l’absolu.

Aujourd’hui on lit plutôt rarement la Bible.

La Bible n’est pas un livre quelconque, elle est le livre par excellence. Pour des raisons non pas religieuses, mais narratives. Je ne connais rien de plus puissant, ni de plus profond - au sens psychologique - que la Bible, particulièrement l’Ancien Testament. On y trouve racontées des histoires d’une grande cruauté mais aussi d’une grande humanité. Il s’agit d’une littérature en mesure d’exprimer la fragilité de l’Homme et sa faiblesse face à l’énigme que représente Dieu, cette puissance qui apparaît comme terrible et redoutable dans l’Ancien Testament.

Moïse serait alors un représentant des humains?

Je suis touché par son manque d’assurance et par le fait qu’il ne veuille pas se charger de la mission de conduire son peuple en terre promise, ce destin que Dieu lui inflige. Il exprime d’emblée ses doutes : il serait faible, vieux, et manquerait d’éloquence.

Quel rôle joue l’Exode pour vous?

Différents passages de ce livre ont une importance considérable pour notre société. Le motif de l’exode compte parmi eux. Partir, émigrer - où ça? Où est-ce que se joue l’exode? Dans le désert.

Lors d’une récente interview vous avez employé le mot “désert” pour désigner le flux d’informations dans lequel nous nous trouvons actuellement. Ce désert est-il comparable à celui que traverse le peuple d’Israël?

Assurément. Les Hébreux représentent le peuple, en l’occurrence nous. Ce peuple est une métaphore de la collectivité humaine. Dans le désert, les Hébreux sont amenés à faire de nouvelles expériences : la solitude, l’isolement. Ils n’ont rien qui puisse les

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orienter, pas seulement en termes géographiques. Quand Moïse s’absente quarante jours durant sur le Mont Sinaï ils se sentent totalement perdus. Ils ne savent que faire et se raccrochent, dans leur désespoir, à un veau d’or. Le Veau d’or est une autre image éloquente de notre société. Au même titre que l’exode et que ce désert dans lequel je vois notre dysfonctionnelle ère de l’information ; nous recevons tant à voir et à entendre que tout s’annule et en devient indifférent.

Avons-nous dès lors besoin d’un nouveau Moïse?

Ce n’est pas à moi d’en juger. Pour ma mise en scène je me suis concentré sur la mère de Moïse qui abandonne son enfant. Un moment fort. C’est en fait ce qui m’a amené à ce sujet. Les mères qui délaissent leurs nouveaux-nés constituent un phénomène répandu, particulièrement dans notre monde occidental.

“Go down, Moses”, votre titre, est une citation.

C’est le titre d’un Negro Spiritual - les Noirs Américains, les esclaves, voyaient en Moïse un prophète de la libération – et aussi celui d’un recueil de récits de William Faulkner. Moïse est très présent dans la littérature américaine. J’ai beaucoup travaillé sur la nouvelle “The Minister’s Black Veil” de Nathaniel Hawthorne. Le pasteur Hooper qui dissimule son visage sous un voile noir est une figure de Moïse. Moïse se cache à deux reprises, une fois devant Dieu dont le spectacle est mortel, une fois devant le peuple pour ne pas l’effrayer quand il revient irradiant du Mont Sinaï. Alors que toutes les attentes se focalisent sur lui - en tant que chef - il se retire, se dérobe. Hawthorne inscrit également ce geste dans sa nouvelle. Il est équivoque : s’agit-il d’un rejet de Dieu? Ou d’un geste mythique? Le génie d’Hawthorne est de ne rien expliquer. Il tait la raison pour laquelle le pasteur se voile. La force - révolutionnaire - de ce geste résulte de son ambiguité.

Vous lisez la Bible, Hawthorne et Hölderlin, dont découle l’une de vos dernières pièces. Pourquoi ces lectures inhabituelles dans un contexte théâtral?

Pour moi ce sont des textes qui se font écho. La figure du pasteur Hooper et celle d’Empédocle sont des métaphores de l’artiste. Les artistes enlèvent quelque chose, ils soustraient au lieu d’ajouter. Rothko, à qui j’ai consacré un travail, est emblématique à cet égard. Il ne supportait pas l’idée que ses peintures soient exposées au ‘Four Seasons Restaurant’. L’Empédocle d’Hölderlin se jette dans l’Etna pour faire disparaître son image. Et sur les Tables de la Loi figure l’interdiction de faire des images.

Vous-mêmes êtes pourtant précisément connu pour votre théâtre d’images.

Un paradoxe. Une fausse piste. Je mets en place des images les dépasser, pour atteindre l’image invisible qui m’intéresse.

Votre création «Sul concetto del volto nel figlio di Dio» a beaucoup fait parler d’elle. Elle montre un fils qui prend soin de son vieux père sénile et impotent, souffrant de démence et d’incontinence, sur une scène dominée par une image surdimensionnée du Christ d’Antonello de Messine.

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Il s’agit pour moi d’une parfaite opposition. Les excréments aussi font partie de la création, du plan divin. Que les catholiques fondamentalistes qui ont manifesté contre la pièce la trouvent scandaleuse a été pour moi le véritable scandale. Au-delà de ça, la pièce offrait une réflexion sur la déchéance de la dignité humaine sous le regard du rédempteur. Un regard qui devient insupportable.

Êtes-vous croyant?

Croire ou ne pas croire est une affaire privée. Cependant le théâtre est quelque chose de religieux. En raison non de ses contenus, mais de sa structure. Des êtres humains se rassemblent devant une image. Cette rencontre rend un contact possible. Il se passe quelque chose qui outrepasse les mots.

L’édition actuelle du magazine “Lettre international” (Nr. 106) est principalement dédiée au théâtre et contient un entretien approfondi avec Romeo Castelluci.

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BÜHNE

«Go down, Moses»

Barbara Villiger Heilig 28.10.2014, 22:16 Uhr

Du sollst dir kein Bildnis machen

Schliesslich wird sie in die Röhre geschoben. Ein tutendes Signal, dann beginnt

jenes ratternde Klopfgeräusch, das jeder kennt, der einmal eine

MRI-Untersuchung über sich ergehen liess. Es konkurriert mit dem engelhaften

Gesang, der gleichzeitig erklingt und sich nicht übertönen lässt (so ähnlich hört

man es jeweils selbst, wenn die Musik aus den Kopfhörern mit dem Schall ringt,

den diese eigentlich dämpfen sollen). Blackout.

(Bild: Guido Mencari)

(Guido Mencari)

NZZ.CH

«Go down, Moses»: Du sollst dir kein Bildnis machen - Büh... http://www.nzz.ch/feuilleton/buehne/du-sollst-dir-kein-bildni...

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Die Frau, welche nun im Gerätetunnel liegt und deren Visionen wir in der Folge

möglicherweise sehen, hat Einschneidendes erlebt. Das Eingangsbild von Romeo

Castelluccis neuer Produktion «Go down, Moses» erzählt mit krud

hyperrealistischer Ästhetik ihre Niederkunft in einer Toilette: den blutigen

Krampf, den einsamen Kampf, geheim gehalten vor der Umwelt, die sich mit

insistentem Klopfen an der WC-Türe bemerkbar macht. (Und schon lässt sich

auch das Premierenpublikum im Théâtre Vidy-Lausanne vernehmen, dem diese

intime Szene aufstösst – oder zu nahe geht: «Ça suffit!») Schnitt. Ein

Abfallcontainer; aus einem der Plasticsäcke dringt Babygeschrei. Schnitt.

Polizeistation, leise schwatzende Uniformierte, Inspektor, Betreuerin und,

eingewickelt in eine Decke, als Gegenstand der Ermittlung die verstockte Frau,

nunmehr Mutter, deren Neugeborenes unauffindbar ist. Als sie endlich das

Schweigen bricht, betet sie zu Gott, für den sie Moses, ihren Sohn, «gerettet» habe.

Ein Delirium? Castellucci, der für hermetische, nie eindeutig entschlüsselbare

Bilder berühmte Theaterkünstler aus Cesena, öffnet immerhin den Zugang zu

seinem «Moses»-Stück. Mütter, die Babys aussetzen, haben ihre Gründe; selten

wird die offizielle Umgebung diese nachvollziehen wollen. Über die Aussetzung

Mose weiss die Bibel nur, dass sie geschieht, um das Kind zu retten vor der

Hinrichtung durch den Pharao. Castelluccis Moses-Mutter jedoch ist eine Maria

von heute mit dem Bewusstsein, der Menschheit einen Erlöser zu schenken. Sie

provoziert damit Verständnislosigkeit.

Der Rest des Abends ist schwieriger. Das Publikum müsse nicht die Bilder,

sondern die Bilder müssten das Publikum verstehen, so wendet es Castellucci: Das

Dargestellte/Gesehene löse je individuelle Resonanzen aus. Der MRI-Apparat

symbolisiert diese Art von Rezeption. Die Echos im Gemüt entsprechen dem

persönlichen Unbewussten.

 

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Elegante Gesellschaft tritt auf. Stilechte sechziger Jahre, doch Achtung: in

Wüstenfarben. Sandbeige Anzüge für die Herren, zartgrüne Kleider für die

Damen. Sie spazieren in einem bilderlosen Museum herum, einzig den

Dürer-Hasen pinnt jemand an die Wand – auf der ausserdem hebräische

Inschriften erscheinen. Stumm läuft die gestische Kommunikation ab, wie ein

Ritual, das Opferungen einzuschliessen scheint. Schnitt; ein horizontal rotierendes

Eisen zerreisst brutal Perücken. Was für ein Massaker ist das – Strafe für

Götzenverehrung?

Der gedehnte Schlussteil zeigt Höhlenmenschen. Im darwinistisch-urweltlichen

Paradies zwischen Biologiebuch und Hollywoodkino huldigen Adam und Eva,

affengesichtig, einer kultischen Puppe. Schwingt im unablässigen Wummern der

Luft nicht Chorgesang mit? Zuletzt richtet einer der Urmenschen den Blick direkt

ins Publikum – das fährt ein wie ein Tabubruch –; auf die Plastictrennwand

zwischen Bühne und Saal schreibt er langsam «SOS». Ein Teil der Zuschauer

suchte unterdessen längst ratlos das Weite. Ob sie dadurch Castelluccis

eindringliche Visionen loswerden, die in der Erinnerung noch gleissender

vibrieren als live?

(Guido Mencari)

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“Go down, Moses”

Tu ne te feras point d’image taillée

Barbara Villiger Heilig, le 28.10.2014, 22h16

On la pousse enfin dans le tunnel. Un signal retentit, puis démarre un cliquetis métallique

que connaissent tous ceux qui ont déjà subi un examen IRM. Le bruit résonne en même

temps qu’un chant angélique qui ne se laisse pas recouvrir (à l’image de ce que l’on

entendrait soi-même, la musique diffusée dans les écouteurs et censée atténuer le

cliquetis de l’appareil entre en concurrence avec lui). Blackout.

La femme, maintenant étendue dans l’appareil IRM, a vécu une expérience extrême, et

ce sont peut-être ses visions que nous allons voir par la suite. L’image sur laquelle

s’ouvre “Go down, Moses”, la nouvelle création de Romeo Castelluci, raconte dans une

esthétique à la fois crue et hyperréaliste son accouchement dans des toilettes publiques :

les contractions sanglantes, le combat solitaire qu’elle cache à son entourage qui se

manifeste avec insistance par des coups répétés sur la porte des WC. (Et presqu’aussitôt

le public de Première du Théâtre de Vidy-Lausanne, heurté ou trop affecté par cette

scène intime, se fait entendre : “ça suffit!”). Coupure. Un container à ordures ; de l’un

des sacs en plastique surgissent des cris d’enfant. Coupure. Un poste de police, des

hommes en uniforme s’entretiennent à voix basse, un inspecteur, une assistante et -

enveloppée dans une couverture - l’objet de l’enquête : une femme butée, entretemps

mère, dont l’enfant demeure introuvable. Quand elle sort enfin de son silence c’est pour

prier Dieu. C’est pour lui qu’elle aurait «sauvé» Moïse, son fils.

Du délire? Castelluci, l’artiste de Cesena célèbre pour ses images hermétiques,

irréductibles à toute interprétation univoque, fournit pourtant la clé d’entrée de sa

création. Les mères qui abandonnent leurs bébés ont leur raisons, que les officiels qui les

entourent cherchent rarement à comprendre. De l’abandon de Moïse, la Bible ne dit

qu’une chose: il a eu lieu pour sauver l’enfant de l’exécution ordonnée par le Pharaon. Or

chez Castellucci la mère de Moïse est une Marie de notre temps, consciente d’offrir un

rédempteur à l’humanité, ce qui lui vaut l’incompréhension.

La seconde partie de soirée est plus difficile. Ce n’est pas le public qui doit comprendre

les images, mais les images le public, selon la formule de Castelluci. Ce qui est

représenté/vu déclencherait des résonnances individuelles: un genre de réception

symbolisé par l’appareil IRM. C’est de l’inconscient individuel que dépendent les échos

suscités dans l’âme.

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Entrée d’une société élégante. Dans le plus pur style des années soixante, mais

attention, en couleurs du désert. Costumes beige sable pour les messieurs, robes d’un

vert délicat pour les dames. Les uns et les autres se promènent dans un musée sans

images, à une exception près: Le Lièvre de Dürer que quelqu’un a accroché au mur où

apparaissent aussi des inscriptions hébraïques. Coupure. La communication gestuelle

s’opère sans un son, comme un rituel qui semble comprendre des sacrifices. Un fer qui

tourne à l’horizontale déchire brutalement des perruques. De quel massacre s’agit-il - du

châtiment pour idolâtrie?

La partie finale, qui se prolonge, montre des hommes des cavernes. Dans un paradis

primitif darwinien, entre manuel de biologie et cinéma hollywoodien, Adam et Eve aux

visages de singe rendent hommage à une poupée culturelle. Est-ce la vibration d’un

choeur qu’on entend dans l’incessant bruissement de l’air? L’un des êtres préhistoriques

finit par diriger son regard sur le public, un geste qui semble briser un tabou. Sur la paroi

en plastique qui sépare la scène de la salle il écrit lentement “SOS”. Une partie des

spectateurs, perplexes, a depuis longtemps quitté les lieux. Parviendront-ils pour autant

à se débarasser des visions obsédantes de Castelluci, qui vibrent dans le souvenir avec

encore plus d’éclat qu’en direct?

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Lundi 10 octobre 2014    RADIO http://www.franceculture.fr/emission-­‐la-­‐dispute-­‐spectacle-­‐vivant-­‐go-­‐down-­‐moses-­‐de-­‐romeo-­‐castellucci-­‐et-­‐la-­‐mission-­‐de-­‐heiner-­‐muel