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Les essentiels du Réseau agriculture durable RÉSULTATS DE L’OBSERVATOIRE TECHNICO-ÉCONOMIQUE BOVIN-LAIT DU RÉSEAU AGRICULTURE DURABLE Synthèse 2015 - Exercice comptable 2014 Depuis 2000, l’observatoire technico-économique du RAD compare les performances des exploitations de son réseau avec les résultats du RICA. Les exploitations du RAD sont caractérisées par des systèmes économes et autonomes en intrants. En élevage, ces systèmes reposent sur l’optimisation de la ressource fourragère, notamment par la maximisation du pâturage, et sont ainsi appelés systèmes herbagers. Sur l’exercice comptable 2014, l’échantillon bovin lait spécialisé du RAD est constitué de 155 fermes des régions Haute et Basse-Normandie, Bretagne et Pays-de-la-Loire. L’échantillon du RAD comporte un nombre important de fermes herbagères (107) en agriculture biologique, et cette part va vraisemblablement augmenter avec la chute du prix du lait conventionnel entamée fin 2014. L’échantillon RICA ne distingue pas les exploitations en agriculture biologique mais en comporte une proportion bien moindre. C’est pourquoi nous avons choisi de mentionner les résultats des sous- échantillons du RAD : herbagers non bio et herbagers bio. On pourra ainsi constater que les différences avec l’échantillon RICA suivent les mêmes tendances. C’est donc avant tout le caractère économe et autonome des systèmes herbagers du RAD qui font leurs performances, la valorisation du lait par les prix bio renforçant la viabilité de ces fermes. Pour la 3 ème année consécutive, le contexte climatique aura été relativement favorable à la production fourragère. Après un hiver bien arrosé mais doux, le printemps a été précoce et a offert de belles RICA . Réseau d’information comptable agricole du Mi- nistère de l’Agriculture, alimente les informations statistiques type Agreste . OTEX 45 Bovin lait . Echantillon ciblé de 350 fermes (37 de Haute-Nor- mandie, 94 de Basse-Nor- mandie, 138 de Bretagne & 81 des Pays de la Loire) représentatif de 21308 fer- mes RAD . Bovin Lait (OTEX 45 ; Taux de spécialisation* > 80%) . 155 fermes (3 de Haute- Normandie, 9 de Basse-Nor- mandie, 97 de Bretagne, 46 de Pays de la Loire) . prise en compte des fer- mes avec plus de 6 mois d’exercice comptable sur 2014

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Les essentiels du Réseau agriculture durable

RÉSULTATS DE L’OBSERVATOIRETECHNICO-ÉCONOMIQUE BOVIN-LAITDU RÉSEAU AGRICULTURE DURABLESynthèse 2015 - Exercice comptable 2014

Depuis 2000, l’observatoire technico-économique du RADcompare les performances des exploitations de son réseauavec les résultats du RICA.Les exploitations du RAD sont caractérisées par des systèmeséconomes et autonomes en intrants.En élevage, ces systèmes reposent sur l’optimisation de laressource fourragère, notamment par la maximisation dupâturage, et sont ainsi appelés systèmes herbagers.

Sur l’exercice comptable 2014,l’échantillon bovin laitspécialisé du RAD est constituéde 155 fermes des régions Hauteet Basse-Normandie, Bretagneet Pays-de-la-Loire.L’échantillon du RAD comporteun nombre important de fermesherbagères (107) en agriculturebiologique, et cette part vavraisemblablement augmenteravec la chute du prix du laitconventionnel entamée fin2014. L’échantillon RICA nedistingue pas les exploitationsen agriculture biologique maisen comporte une proportionbien moindre. C’est pourquoinous avons choisi de mentionnerles résultats des sous-échantillons du RAD : herbagersnon bio et herbagers bio. Onpourra ainsi constater que lesdifférences avec l’échantillon RICA suivent les mêmes tendances. C’estdonc avant tout le caractère économe et autonome des systèmesherbagers du RAD qui font leurs performances, la valorisation du lait parles prix bio renforçant la viabilité de ces fermes.

Pour la 3ème année consécutive, le contexte climatique aura étérelativement favorable à la production fourragère. Après un hiver bienarrosé mais doux, le printemps a été précoce et a offert de belles

RICA

. Réseau d’informationcomptable agricole du Mi-nistère de l’Agriculture,alimente les informationsstatistiques type Agreste. OTEX 45 Bovin lait. Echantillon ciblé de 350fermes (37 de Haute-Nor-mandie, 94 de Basse-Nor-mandie, 138 de Bretagne &81 des Pays de la Loire)représentatif de 21308 fer-mes

RAD

. Bovin Lait (OTEX 45 ; Tauxde spécialisation* > 80%). 155 fermes (3 de Haute-Normandie, 9 de Basse-Nor-mandie, 97 de Bretagne, 46de Pays de la Loire). prise en compte des fer-mes avec plus de 6 moisd’exercice comptable sur2014

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fenêtres météo pour faire les travaux culturaux, suivi par un étépluvieux et frais favorable à la production d’herbe. La sécheresse de find’été a ensuite laissé place à une belle arrière-saison fourragère. Aufinal, l’herbe a poussé en abondance et sur une période plus longue quela référence : au niveau national, l’écart au rendement fourrager deréférence est de +13,5 % (©Agreste - Isop – Météo-France – Inra). Parailleurs les prix du lait, supérieurs à 2013, n’ont commencé à chuterqu’en fin d’année.

La comparaison se fait entre les moyennes des résultats économiquesglobaux de ces exploitations spécialisées du RAD avec celles du RICA surles mêmes régions. L’analyse d’indicateurs technico-économiquespermet d’éclairer les différences de performances socio-économiquesconstatées entre les échantillons.On constate alors que les résultats globaux à l’actif et encore plus àl’hectare sont bien supérieurs dans les fermes du RAD : il y a plus derichesse créée (valeur ajoutée) par les systèmes de productionherbagers et celle-ci est prioritairement dédiée à la rémunérationdu travail plutôt qu’investie dans l’outil de production etl’accroissement du capital. Ces résultats caractérisent des fermesplus viables et plus transmissibles, qui créent donc de l’emploi surles territoires.Ces performances s’expliquent par l’efficacité économique de cessystèmes de production, permise par des économies de chargesréalisées en s’appuyant sur la valorisation de l’herbe pâturée.

Structures des exploitations  : des moyens deproduction toujours inférieurs au RADLes exploitations du RAD engagent moins de moyens de production parunité de main d’œuvre que celles du RICA. Ainsi un actif doit gérermoins de surfaces (-14%), d’UGB (-20%) et de lait (-24%).

Libellé RICA RAD RAD %RICA

RAD nonAB RAD AB

SAU 92 76 -17% 65 81

UTH 1.9 2.0 2% 1.7 2.1

SAU/UTH 48 41 -14% 41 42

Lait produit 436 837 309 279 -29% 323 198 303 036

Vaches laitières 64 59 -9% 55 60

UGB 117 88 -25% 82 91

Productivité(Litres produits/VL)

6 846 5 317 -22% 5 886 5 061

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Résultats économiques : moins de produit maistoujours plus de résultat pour les systèmesherbagers

Afin de comparer des exploitations de taille différente et pour mettreen lumière l’efficacité du travail, nous ramenons tous les résultatséconomiques à l’actif.

La comparaison des moyennes des résultats globaux des fermes du RADet du RICA ramenés à l’actif montre un Produit d’Activité* (PA) bieninférieur (-27%) mais des résultats économiques bien supérieurs : +14%de Valeur Ajoutée* (VA), +22% d’Excédent Brut d’Exploitation* (EBE) et+ 73% de Résultat Courant* (RC) ! 3

Les fermes herbagères ont plus de disponibilité de main d’œuvrepour exploiter leurs moyens de production, ce qui permet unegestion plus fine, adaptée aux spécificités des animaux et des terres.Elles produisent moins de lait par vache mais comme nous le verrons,ce lait est produit bien plus en autonomie à partir des ressources dela ferme.

11 500 € de Résultat Courant en plus avec 31 000 € de Produit d’Activité en moins !

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Pour mieux comprendre ces différences, on peut analyser plus en détailles différentes lignes du compte de résultat. On constate que les fermesherbagères ont :

- des produits moins importants, avec beaucoup moins de culturesvendues ;- des aides un peu plus élevées, de par les aides contractuelles du secondpilier de la PAC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques…) ;

- des charges inférieures sur quasi tous les postes, avec des différencesparfois très marquées (-79% de charges d’aliments !) ;

CHARGES RICA RAD RICA%RAD

RAD nonAB RAD AB

Consommations debiens & services 152 377 € 76 370 € -50 % 75 947 € 76 560 €

Charges aliments 38 301 € 8 035 € -79 % 10 736 € 6 824 €Frais d'élevage 23 603 € 14 531 € - 38 % 15 142 € 14 257 €

Charges cultures devente 14 701 € 3 274 € -78 % 3 494 € 3 175 €

Charges fourragères 23 337 € 12 347 € -47 % 12 079 € 12 467 €Charges mécanisation 25 115 € 16 410 € -35 % 14 971 € 17 055 €

Autres charges destructure 25 020 € 17 948 € -28 % 16 012 € 18 816 €

Entretienbâtiments et foncier 2 300 € 3 825 € +66 % 3 514 € 3 965 €

Charges liées à l'outilde production 62 124 € 49 350 € -21 % 43 083 € 52 161 €

Fermages 14 436 € 10 587 € -27 % 8 564 € 11 494 €Impôts & taxes 1 959 € 1 963 € 0 % 2 104 € 1 900 €

Amortissements 37 742 € 31 678 € -16 % 27 939 € 33 355 €Frais Financiers 7 986 € 5 121 € -36 % 4 476 € 5 411 €

Main d'œuvre* 17 525 € 20 478 € +17 % 14 566 € 23 130 €

PRODUITS RICA RAD RICA%RAD

RAD nonAB RAD AB

Produit d’activi-tés 226 908 € 158 082 € - 30 % 144 840 € 164 023 €

Produit lait 162 408 € 126 840 € -22 % 116 189 € 131 618 €Produit viande 30 073 € 24 523€ - 18 % 23 795 € 24 850 €

Produit culturesde vente 22 202 € 3 889 € - 82 % 3 499 € 4 064 €

Produit fourrager 2 567 € 1 591 € - 38 % 959 € 1 875 €Produit divers 9 659 € 1 239 € - 87 % 398 € 1 616 €

Aides 29 861 € 32 110 € + 8 % 26 864 € 34 464 €

Aides 1er pilier 27 515 € 25 047 € - 9 % 21 735 € 26 533 €

Aides 2nd pilier 2 346€ 7 063 € +201 % 5 129 € 7 931 €

Produit annexe 2 562 € 1 275 € - 50 % 1 283 € 1 272 €

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- l’effet cumulé des résultats sur chaque ligne de charges pour aller dela valeur ajoutée au résultat courant, hormis pour les charges liées àla main d’œuvre sur lesquelles nous reviendrons, explique alors lesdifférences notables de résultat courant entre RAD et RICA.

De plus, ces écarts se creusent par rapport aux années précédentes.En effet par rapport aux résultats 2013, les résultats des fermes du RADont augmenté (+6% de PA, -3% de consommations de biens & services,stabilisation des charges liées à l’outil de production) alors qu’ils ontglobalement diminué dans les fermes du RICA (+2% seulement de PA,+4% de consommations de biens & services, +6% de charges liées àl’outil de production).

La proportion importante, et en augmentation, des exploitationsherbagères en agriculture biologique dans l’échantillon RAD accentueces écarts avec un prix moyen plus élevé. Mais en isolant l’échantillondes fermes herbagères non bio, on constate des écarts déjàimportants avec le RICA.

La valorisation par le prix AB (+20%) permet alors de mieux rémunérerle travail ou le développer sur l'exploitation (+17% d’UTH par rapportau RAD non AB).

Ces résultats témoignent de la réduction de charges dans les systè-mes de production économes et autonomes du RAD, et peuvent êtremis en lien avec la disponibilité de main d’œuvre évoquée plus haut.

De la Valeur Ajoutée au Résultat Social : de lacréation de richesse pour rémunérer le travailEn produisant du lait, de la viande, des céréales, le travail ajoute dela valeur aux ressources naturelles, intrants et services utilisés à cettefin ; d'où la Valeur Ajoutée. Elle représente la richesse créée, ce quien fait l'indicateur le plus pertinent pour comparer l'efficacité écono-mique des façons de produire, entre exploitations de même OTEX.

Résultats2014 RICA RAD RAD%

RICARAD non

AB

RADnon AB%RICA

RAD ABRADAB%RICA

Prix lait/1000L 377 € 429 € +14 % 375 € -1% 452 € 20%

PA/UTH 118 281 € 86 837 € -27% 89 813 € -24% 85 502 € -28%

VA/UTH 38 884 € 44 179 € +14 % 42 087 € +8 % 45 117 € +16 %

RC/UTHF 15 797 € 27 271 € +73 % 23 795 € +51 % 28 831 € +83 %

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- Son taux (VA / PA) évalue l'efficacité du système. Pour 100€ deproduits, les fermes du RAD dégagent en moyenne 18€ de valeur ajoutéede plus que les fermes du RICA.- Sa répartition renseigne sur le modèle de production et ses conséquen-ces sur l’emploi. Dans toute exploitation, main-d’œuvre et équipementsse complètent pour générer de la Valeur Ajoutée. Avec les primes, laValeur Ajoutée a ensuite pour fonction de rémunérer le travail (salaires,cotisations sociales et prélèvements du paysan) et de couvrir les chargesliées à l'outil de production (fermages, impôts et taxes, frais financierset amortissements des équipements), tout en dégageant une marge desécurité.

Par rapport aux fermes du RICA, les fermes du RAD affectent 32% derichesses en plus à la rémunération du travail.

Un nouveau SIG* : le Résultat SocialCe résultat affecté à la rémunération de tout le travail, exploitantcomme salarié, direct (salaires et prélèvements) ou différé (à travers lesprestations sociales),ainsi qu’à une margede sécurité, nousavons décidé de lenommer le RésultatSocial (RS) et del’intégrer dans nosindicateurs deperformance socio-économique.Cela correspond à cequi est disponiblepour rémunérer ceuxqui, par leur travail,ont créé ce résultat. Il conditionne ainsi l'emploi et la pérennité del'exploitation. Il revient ensuite à l’agriculteur de l’utiliser enprélèvements, salaires ou d’en maintenir une partie dans la fermecomme sécurité de fonctionnement face à des aléas techniques ouéconomiques.Le choix d’attribuer en priorité la valeur ajoutée à la main d’œuvre noussemble une clé d’analyse primordiale dans la dynamique actuelled’agrandissement des structures agricoles.

RICA RAD RAD%RICA

RAD nonAB

RADAB

Efficacité économique(VA/PA)

33 % 51 % +56 % 47 % 53 %

Rémunération du travail*(Résultat social/(VA+aides))

43 % 57 % +32 % 55 % 58 %

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Des exploitations viables et robustes pour l’emploiagricolePlus de valeur ajoutée prioritairement dédiée à la rémunération dutravail : on constate en effet que les fermes du RAD sont plus viables,que l’on passe par une approche économique avec le Résultat Social etle Résultat Courant, ou par une approche financière avec le RevenuDisponible* (RD).

Si les fermes du RAD reçoivent en moyenne un peu plus d’aides par actif(+12%) que celles du RICA, nous avons vu qu’elles sont surtout compo-sées d’aides contractuelles dans le cadre de MAEC. L’indicateur desensibilité aux aides montre que la part d’aides dans le résultat socialdégagé est inférieure au RAD. Autrement dit, les aides sont plus effica-ces pour rémunérer du travail dans les exploitations herbagères.

Les investissements plus limités dans les exploitations herbagères ontpour conséquence directe une meilleure autonomie financière  : pour100€ d’EBE dégagé, 45€ sont destinés à rembourser les annuités dans lesfermes du RAD, 64€ en moyenne dans les fermes RICA. Les fermes duRAD ont donc plus de résultat pour se rémunérer et faire face aux aléas.Ces marges de manœuvres financières offrent plus de robustessepour affronter les crises.

En ramenant le Résultat Social au moyen de production le plus limitant,à savoir le foncier, on mesure la capacité de la ferme à rémunérer dutravail à l’unité de surface.

Les systèmes de production économes et autonomes ont une capacitébien supérieure à maintenir et développer l’emploi dans les territoi-res (+87 % !). 7

avec productionssecondaires RICA RAD RAD %

RICARAD non

AB RAD AB

Résultatsocial/UTH 23 329 € 35 566 € +52 % 32 302 € 37 030 €

Résultatcourant/UTHF 15 797 € 28 345 € +79 % 24 396 € 30 116 €

Revenudisponible/UTHF 13 937 € 28 480 € +104 % 22 951 € 30 960 €

Sensibilité auxaides (Aides/RS)

68 % 47 % - 31 % 50 % 46 %

Autonomiefinancière(Annuités/EBE)

64 % 45 % - 30 % 50 % 43%

avec productionssecondaires RICA RAD RAD %

RICARAD non

AB RAD AB

Résultat social/ha 493 € 924 € +87 % 864 € 952 €

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Un capital plus facile à transmettreLes fermes du RICA ont un capital plus important à transmettre (+28%de capital transmissible*/UTH).

L’indicateur d’efficacité du capital (Résultat Social / Capital d’exploita-tion) montre la capacité de l’agriculteur à dégager du résultat pourrémunérer le travail à partir de son capital engagé.

Pour 100€ de capital engagé, une ferme du RAD dégage en moyenne 12€de résultat de plus qu’une ferme RICA pour rémunérer du travail.

Le choix d’allouer moins de richesses au développement de l’outil deproduction se traduit ici par le maintien d’un capital plus limité.Néanmoins, il contribue efficacement à dégager du résultat dans lesfermes herbagères.

La transmissibilité des exploitations est donc favorisée par ces deuxéléments pour les fermes du RAD, ce qui représente un enjeu majeurpour maintenir des fermes d’élevage.

Afin de comprendre ces différences de performances socio-économiquesentre les systèmes de production RAD et RICA, il convient d’analyser lefonctionnement de ces systèmes à travers leur assolement et quelquesindicateurs technico-économiques.

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L’assolement, reflet de l’autonomie du mode deproductionLes fermes du RAD ont une surface fourragère plus importante (88% auRAD, 74% au RICA), avec une proportion de prairies bien plus forte(seulement 7% de maïs dans la SFP comparés aux 33% des fermes RICA).

Cela leur permet de consacrer plus de surfaces d’herbe aux animaux (69ares/UGB au RAD, 39 ares/UGB au RICA), qui, si elles sont accessibles,permettront de développer le pâturage.

Dans les fermes du RAD, la quasi-totalité de la surface est destinée àl’alimentation du troupeau (94%), contrairement au RICA où 22% de lasurface est utilisée pour la vente de céréales.

Les systèmes de production du RAD reposent donc essentiellementsur des surfaces fourragères en herbe, qui sont des prairies d’associa-tion graminées-légumineuses majoritairement pâturées fournissantun fourrage équilibré, complétées par des céréales dédiées à l’intra-consommation.

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Libellé RICA RAD RAD %RICA

RAD nonAB RAD AB

% SFP/SAU 74 % 88 % 19 % 88 % 88 %

% Maïs/SFP 33 % 7 % -78 % 13 % 4 %

Surfacealimentaire/SAU 78 % 94 % +21 % 92 % 95 %

Chargement SFP 1.7 1.4 -20 % 1.5 1.3

Ares d'herbe/UGB 39 69 +80 % 61 73

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L’empreinte alimentaire, l’indicateur pourl’autonomie surfaciqueAvec un chargementrelativement élevéde 1,7 UGB/ha de SFPet une surfacealimentaire plusréduite, les fermesdu RICA utilisent, vial’achat d’aliments,des surfaces àl’extérieur del’exploitation pournourrir leursanimaux.

Afin de prendre en compte ces surfaces extérieures, le RAD a créél’indicateur d’empreinte alimentaire prenant en compte la surfacetotale dédiée à l’alimentation du troupeau : la surface alimentaire dela ferme mais aussi la surface extérieure à la ferme nécessaire à laproduction des concentrés et fourrages achetés.

Pour le RICA, nous n’avons pas les données nécessaires au calcul de cetindicateur. Pour l’échantillon RAD, nous obtenons une autonomiesurfacique de 93% (Surface alimentaire / Empreinte alimentaire).

Si on couple cet indicateur avec les données d’assolement et dechargement (1,4 UGB/ha de SFP), on peut dire que les fermes du RADbasent l’alimentation de leur troupeau sur les surfaces en herbe etl’optimisation de l’herbe pâturée.

Il serait intéressant de pouvoir comparer les résultats globauxd’exploitation (Valeur ajoutée, Résultat Courant, Résultat Social), ainsique certains indicateurs techniques de productivité (litres de laitproduits), ramenés à l’hectare d’empreinte alimentaire. En réintégrantles surfaces extérieures à l’exploitation, cela nuancerait la notion deproductivité pour mettre en avant la production autonome.

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Libellé RAD RAD non AB RAD AB

Surface alimentaire (ha) 71.3 59.4 76.6Surface extérieure (ha) 5.1 9.3 3.2Empreinte alimentaire (ha) 76.4 68.7 79.8Autonomie surfacique 93 % 88 % 96 %

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Résultats techniques  : des systèmes économes etautonomes

On comprend la réduction de charges constatées dans les systèmesherbagers en regardant les différents postes :- beaucoup moins d’intrants sur les cultures (-53%),- un coût alimentaire maîtrisé (-51%),- peu de concentrés utilisés (-67%) et une partie plus importanteproduite sur la ferme (+30 points d’autonomie).

Libellé RICA RAD RAD %RICA

RAD nonAB RAD AB

Coût cultures/ha 396 € 187 € -53 % 221 € 172 €

Coût alimentairetroupeau/1000 Litres prod.

141 € 70 € -51 % 74 € 68 €

Quantité de con-centrés kg/UGB

1 157 383 -67 % 481 339

Autonomie en con-centrés 16 % 47 % 189% 27 % 57 %

Coût véto/UGB 57 € 38 € -34% 46 € 34 €

Coût demécanisation/ha 659 € 582 € -12 % 591 € 578 €

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Ces résultats techniques s’expliquent par l’importance des prairiesd’association graminées-légumineuses de longue durée qui reçoiventtrès peu de produits phytos et d’engrais minéral, ne sont pas retournéeset ressemées tous les ans et fournissent un fourrage équilibré quipermet de réaliser des économies importantes sur l’achat et donc lecoût de concentrés (-67% par rapport au RICA).

Les systèmes herbagers économisent 70 €/1000 L par rapport auxexploitations du RICA !

L’herbe pâturée permetaussi des économies enlimitant les charges demécanisation (récolte),d’épandage d’engraisminéraux, de stockage defourrages. Le temps deprésence réduit des animauxen bâtiments limite aussi lescharges de distribution, depaillage, de curage…

Ce temps de présence réduitest un point essentiel dubien-être animal et de la prévention en santé animale. On constated’ailleurs un coût véto inférieur dans les systèmes herbagers (-34%).

Résultats environnementaux  : des systèmes deproduction qui limitent les pollutionsL’assolement des fermes du RAD, avec des prairies de longue duréecomportant des légumineuses, une diversité floristique et limitant lessols nus l’hiver, ainsi que la présence très courante d’infrastructuresagroécologiques (haies notamment) joue un rôle environnemental

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Libellé RICA RAD RAD % RICA

% de prairies 49 % 80 % +63 %

% de la même culture annuelledans la surface assolée(Surface assolée=SAU-prairies naturelles)

32 % 14 % -55 %

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important : réduction des intrants et développement de la biodiversité,limitation du lessivage et lutte contre l’érosion, effet puit carboneglobalement positif.

L’indicateur « % de la même culture annuelle dans la surface assolée »permet de mieux appréhender la gestion culturale de l’exploitation  :plus il est faible, plus les rotations sont longues et diversifiées.

Les systèmes herbagers permettent en moyenne de diminuer de 91% lecoût phytos par hectare (!) par rapport à la moyenne RICA. Et en neprenant en compte que les surfaces de cultures de vente, la baisse ducoût phyto est de 86%.

Même si on ne considère que les herbagers non bio on arrive à 74% decoût phytos par hectare en moins, 57% en moins par hectare de culturesde vente.

Si ces indicateurs ne remplacent pas l’IFT (Indice de Fréquence deTraitement), ils donnent déjà une bonne idée de l’efficacité dessystèmes herbagers sur la réduction des traitements sur les cultures.Cette démarche est donc une réponse pertinente aux enjeux fixés parles plans natonaux de réduction des produits phytosanitaires (Ecophyto).

Si on s’intéresse à la gestion de l’azote, nous remarquons déjà, compa-rativement à la moyenne RICA :- un coût engrais par hectare inférieur de 92% au RAD, 75% pour lesherbagers non bio,

- un coût engrais par hectare sur les cultures de vente inférieur de 90%au RAD, 69% pour les herbagers non bio.

Libellé RICA RAD RAD %RICA

RAD nonAB RAD AB

Coût phytos/ha SAU 69 € 6 € -91 % 18 € 1 €

Coût phytos/ha cul-tures de vente 170 € 23 € -86 % 73 € 0 €

Coût engrais/ha SAU 114 € 9 € -92 % 28 € 1 €

Coût engrais/ha cul-tures de vente 178 € 18 € -90% 56 € 1 €

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Afin de prendre en compte non seulement les entrées, mais aussil’utilisation et les sorties d’azote du système pour approcher la notionde cycle, on calcule le bilan azote des fermes : la différence entre lesentrées  (achats d’engrais, aliments, fixation atmosphérique par leslégumineuses…) et les sorties (vente des produits).On mesure ainsi le risque de pollution et de gaspillage de l’azote. Lesexcédents indiquent que le système se charge en azote. Selon lespratiques, cet excédent peut être perdu sous forme de nitrates dansl’eau ou dans l’air par volatilisation ou dénitrification, ou bien conservédans le sol mais minéralisable.

N’ayant pas les données pour le RICA, on compare les moyennes du RADavec celles des réseaux d’élevage Inosys (qui ne tiennent pas compte dela fixation atmosphérique dans les prairies d’association, entrée la plusimportante dans les systèmes herbagers). On constate que les fermesdu RAD ont des excédents d’azote limités.

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Libellé RADINOSYS OuestBL Plaine spé.

maïs-herbe

INOSYS Ouest BLPlaine spé.

maïsNb fermes analysées 36 28 9

Bilan apparent kgN/ha(avec fixationatmosphérique prairies)

37 Pas de données Pas de données

Bilan apparent kgN/ha(sans fixationatmosphérique prairies)

-19 29 75

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVESMalgré la chute du prix du lait entamée en fin d’année, le prix du laitstandard en moyenne sur l’année 2014 s’établit au niveau national à365€/1000 litres, en hausse de plus de 7 % par rapport à 2013. Les prixdes principales productions végétales sont en baisse et le coût del’alimentation animale, encore élevé au début de l’année, s’est orientéégalement à la baisse à partir de l’été. Avec une production fourragèreimportante, ces conditions ont permis aux éleveurs de limiter le coûtalimentaire des troupeaux. Mais là où les exploitations du RICA ontbaissé leur coût alimentaire de 3,4% par rapport à 2013, lesexploitations herbagères l’ont diminué de 11%. Cela témoigne d’unemeilleure valorisation de la production fourragère la plus économe  :l’herbe pâturée.

On constate au RICA que le contexte favorable, en termes de prix du laitet de conditions climatiques et économiques de production, a créé desconditions propices à la reprise de la production et au développement

du cheptel, en hausse pour la 2ème année consécutive (par rapport à2013  : +4,5% de lait produit et +6% d’UGB au RICA). Cette évolution,variable selon les régions, accentue la concentration géographique dela production laitière française et préfigure la nouvelle carte laitière,après la fin des quotas laitiers en 2015.

*Nota bene:. Taux de spécialisation lait = (Produit lait + Produit veaux +Produit réformes + Primes couplées lait) / Produit Courant avecproductions secondaires. Main d’œuvre (hors rémunération des associés) : salaires &charges sociales salarié, MSA exploitant. Valeur ajoutée (hors aides et hors fermage) = Produits d’activité– Consommations de biens & services. Excédent Brut d’Exploitation = Valeur Ajoutée + Aides – Ferma-ges – Impôts & Taxes – Main d’œuvre. Résultat Courant = Valeur Ajoutée + Aides + Produit Annexe –Charges liées à l’outil de production – Main d’œuvre. Résultat Social = Valeur Ajoutée + Aides + Produit Annexe –Charges liées à l’outil de production => tout ce qui est disponiblepour les travailleurs. Revenu Disponible = EBE – Annuités – Frais Financiers court terme.. Capital transmissible  = Capital d’exploitation – créances –disponible du bilan. Surface alimentaire = surfaces intraconsommées de fourrages etde cultures de vente. SIG = Solde Intermédiaire de Gestion

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Rédaction : Romain Dieulot, RADMise en forme : David Falaise, RADImpression : sur papier recyclé avec encres végétalesImprimerie Le Galliard (35) - Cesson-SévignéDate de publication : décembre 2015

Réseau Agriculture Durable17 rue du Bas village - CS 3772535577 Cesson-Sévigné cedexTel 02 99 77 39 [email protected]

Étude réalisée avec le soutien

www.agriculture-durable.org

Pour en savoir +

. Site internet duRAD :www.agriculture-durable.org

Le bassin du Grand-Ouestreprésente à lui seul 48%des quotas de livraisons delait et ceux-ci ontprogressé de 10% entre lescampagnes 2007/2008 et2013/2014.Pourtant, en 6 ans, lebassin Grand Ouest a perdu10 000 exploitations  !(source agreste)Les fermes du RAD, de parleur efficacité économiquetoujours en augmentation(47% en 2010, 48% en 2011, 49% en 2012, 50% en 2013, 51% pour l’année2014) et avec un écart qui ne cesse de se creuser avec le RICA  (+24% en2010 et 2011, +36% en 2012, +43% en 2013, +56% pour l’année 2014),montrent néanmoins qu’il est possible de maintenir, voire même dedévelopper l’emploi agricole.

En effet, l’analyse comparée des résultats comptables des exploitationsdu RAD et du RICA met en évidence la performance des systèmesherbagers qui sortent plus de revenu par actif et par hectare. Cesperformances sont obtenues en exploitant au mieux les prairies et labiodiversité productive pour créer de la richesse et par le choixd’affecter cette valeur à la rémunération du travail.

Les perspectives pour 2015, avec la fin des quotas et la chute du prix dulait, laissent à penser que les écarts entre RAD et RICA vont encores’accentuer. A la lumière des résultats présentés, la dynamiqued’agrandissement continu des structures que l’on voit aujourd’hui pourmaximiser la production, risque d’entériner la crise socio-économiqueet environnementale du secteur laitier. La variable d’ajustement serasans doute l’agriculteur, qui verra une augmentation de l’intensité deson travail (temps, stress…) et une diminution de sa rémunération.

Les chiffres démontrent la faible efficacité d’un modèle souventprésenté comme l’avenir de la production. Ils montrent aussi qued’autres orientations, comme celles portées par des groupesd'agriculteurs en systèmes herbagers économes, répondent aux enjeuxactuels de l’emploi et de l’environnement.