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collection projeturbain meeddm Dessine-moi une ville éditions sous la direction d’Ariella Masboungi Dessine-moi une ville

‘Représentations Transform Actrices’

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Author Marc Armengaud, in Dessine Moi une Ville, edited by Ariella Masboungi, Editions Le Moniteur, Paris, 2010

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Penser, c’est dessiner, c’est représenter. Dessiner, c’est s’approprier un site,imaginer sa transformation, faire rêver, donner envie, ouvrir un dialogue fécond.Dessine-moi une ville arrive à un moment charnière de la production de l’urbain :évolution des outils numériques,participation accrue du public, désir d’images et de débats sur la ville. Il offre un kaléidoscope des expériences en cours, des propos de grandsprofessionnels de l’urbanisme, un état des lieux technique, ainsi qu’une réflexion prospectiveen la matière. Bouleversés par les avancées rapides des jeux vidéo et des nouveauxmondes virtuels, les modes de représentation de la ville ne peuvent se substituer au talent, à l’imagination et à la clarté des stratégies urbaines.

www.librairiedumoniteur.com39 2

La collection « Projet urbain » est le prolongementéditorial des ateliers « Projet urbain » — lieuxd’échanges et de débats qui visent à constituer un savoir sur les enjeux, les concepts et lesméthodes des projets urbains français et européens.Les ateliers « Projet urbain » étudient desexpériences présentées par leurs concepteurs ou leurs maîtres d’ouvrage afin d’en dégager des pistes susceptibles de guider, à l’avenir,l’aménagement des villes.

Publiée au rythme de la programmation des ateliers, à savoir deux titres par an, la collection « Projet urbain » alterne grands sujets thématiques et portraits de ville.

Dessine-moi une ville restitue et étoffe la teneur de l’atelier «Projet urbain» qui s’est déroulé à Paris le 25 mars 2009.

Ce livre a été conçu par le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développementdurable et de la Mer (Meeddm), et réalisé par les Éditions du Moniteur.

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ville

éditions

sous la directiond’Ariella Masboungi

À paraître aux Éditions du Moniteur:Anvers — Faire aimer la ville, 2011Projets urbains : laboratoires du durable, 2011

Déjà parus aux Éditions du Moniteur:Bien habiter la ville, 2010Barcelone — La ville innovante, 2010Faire ville avec les lotissements, 2008Breda — Faire la ville durable, 2008 (édité également en anglais)

Déjà parus aux Éditions de La Villette:Birmingham — Faire la ville en partenariat (édition bilingue français-anglais), 2006Régénérer les grands ensembles, 2005Penser la ville heureuse — Renzo Piano, la Cité internationale de Lyon, 2005Gênes — Penser la ville par les grands événements, 2004Penser la ville par l’art contemporain, 2004 (épuisé)Nantes — La Loire dessine le projet, 2003Penser la ville par la lumière, 2003Penser la ville par le paysage, 2002 (épuisé)Bilbao — La culture comme projet de ville (édition bilingue français-espagnol), 2001, rééd. 2005 (épuisé)

Dessine-moiune villecollection projeturbain

Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer

ISBN : 978-2-281-19492-0

Dessine-moiune ville

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ENTRE STRATÉGIE ET SÉDUCTION42 LE POINT DE VUE DES MAÎTRES D’ŒUVRE

Représentation ou communication?L’irruption des nouveaux médias dans la conception et la communi-cation des projets d’aménagement et d’édifices déplace le discoursstratégique vers sa mise en scène. Les images du produit fini, livréclés en main, apportent l’illusion d’un réalisme inédit pour l’urba-nisme, atténuant certaines défiances envers la discipline. On peutautant se réjouir de cette nouvelle accessibilité publique à des visionsstratégiques, jusque-là souvent abstraites et techniques, que redouterque ces fictions conçues pour séduire ne prennent le pas sur lesenjeux réels et la perception du temps nécessaire aux transformationspromises, faussant ainsi l’évaluation des propositions. Un jury peut-ilencore choisir un meilleur projet présenté de manière peu spectacu-laire plutôt qu’un autre plus flatteur? Cette évolution stimule la créa-tivité et l’exigence de nouvelles générations de concepteurs, quirenversent les relations entre la représentation et le réel projeté. Lamise en scène de la transformation devient un spectacle nécessaireau projet et à sa mise en œuvre.Car ce qui a vraiment changé, c’est avant tout notre rapport au réel(y compris sous l’effet des représentations virtuelles). Cela appellede nouvelles modalités d’action, dont une partie se joue hors champdu projet technique : la dimension sociale du développement durable,

Représentationspar Marc Armengaudphilosophe et artiste, enseignant (Paris-Malaquais),

il est associé fondateur d’AWP1 (Naja 2006),

définie comme agence de reconfiguration

territoriale — à la fois plate-forme opérationnelle

et laboratoire interdisciplinaire de recherche/

expérimentation. Également commissaire d’exposition,

critique, directeur de recherche, il a publié

de nombreux articles et coécrit plusieurs

ouvrages sur le paysage contemporain.

1 L’agence AWP(www.awp.fr) est menée par Matthias Armengaud,(architecte et urbaniste),Alessandra Cianchetta(architecte et paysagiste) et Marc Armengaud(philosophe, artiste).

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les temps de la ville, les interactions réel / virtuel, les dynamiquesmulticulturelles, la valeur du paysage… Les modes de partage publicdu projet doivent aussi changer, en s’ouvrant aux nouveaux médias,à la participation du public et des acteurs, autant qu’aux autres disci-plines. Un jeu vidéo participatif, un événementiel artistique ou sportifqui révèle des sites stratégiques, ou encore un programme de déve-loppement d’une culture urbaine locale peuvent être des outils stra-tégiques au même titre qu’un plan de réseaux de transport. Dans lecadre d’une pratique de «reconfiguration territoriale», le rôle dévoluà la représentation du projet redéfinit le sens même des processusde transformation urbaine : si les représentations assument lesbesoins de participation et d’interaction de l’action urbaine, alors ellesinventent les villes au lieu de les promettre. La représentationéchappe ainsi au rôle de miroir du projet pour en devenir l’incubateur,et parfois la catapulte.

Percevoir et représenter : refonder le projetAu-delà des débats soulevés par des imageries nourries de marke-ting et d’électoralisme, la question de l’engagement dans le réel sepose à l’urbaniste. Comment des images de transformation peuvent-elles rendre compte de la complexité de la condition urbaine ?Campagnes périurbaines, grands périmètres infrastructurels, frichespostindustrielles, quartiers multiculturels, nombre des topiquesmétropolitaines existent en dehors du cadre des représentationsculturelles de la ville. Toutes les catégories de l’aménagement y sontà redéfinir, représentation incluse. Pour AWP, l’articulation entre lathéorie et la maîtrise d’œuvre s’est construite autour d’une autre idéedu rôle de la représentation pour le projet, au fil de trois phasessuccessives : l’exploration de paysages critiques et leur documenta-tion, la mise en scène du potentiel stratégique de nouvelles figures deterritoires pour stimuler de nouvelles dynamiques et, enfin, l’articula-tion conjointe des outils d’aménagement et de représentation/stimu-lation dans le cadre de projets opérationnels.

À Rome (Italie),à l’occasion de la «NotteBianca», réalisation d’oasisde mobilité dans desstations intermodales [1]. Un questionnaire sur les espaces publics et les transports nocturnesa été distribué à des milliersde Romains (2004).

À Toronto (Canada), AWP développe «Des pieds à la tête», un projet d’atlasinteractif des mobilitésnocturnes ([2], MatthieuMével, dramaturge, associéà la démarche, trace une carte du site à même la chaussée, 2005).

[1]

[2]

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ENTRE STRATÉGIE ET SÉDUCTION44 LE POINT DE VUE DES MAÎTRES D’ŒUVRE

La pratique d’AWP est née d’une volonté de refonder la postureurbaine par la perception, de repartir de l’observation pour répondreà des besoins sur mesure et exploiter des potentiels latents. Nosefforts ont d’abord porté sur l’identification des limites, nœuds etmatières des territoires, à la rencontre des paysages et des usages,même marginaux. Arpenter pour déchiffrer des situations hors champpermet d’apprendre autant des mutations microscopiques des jardinspavillonnaires, des plates-formes logistiques la nuit que des chantiersd’infrastructures. Ces explorations collectives 2 et interdisciplinaires— réunissant un cercle large de jeunes architectes, paysagistes,artistes ou historiens — nous ont notamment permis d’établir un atlasde Bilbao comme archipel déconstruit, de repérer les symptômes desuburbanisation du tissu rural de l’Allier ou des couloirs de nature quiinfiltrent Palerme en secret ; elles nous ont permis aussi d’enquêtersur l’identité mutante des villes nouvelles en Île-de-France, de raconterle naufrage invisible des villages de paysans/ tisserands à la frontièrefranco-belge, ou encore de composer une cartographie sensible de ladensification spéculative des communes de première couronne du sudparisien (simulacre haussmannien qui oublie équipements et espacespublics pour accueillir ces nouveaux habitants)… Cette démarche, en amont des solutions de projet, redéfinit les péri-mètres et paramètres de l’action urbanistique, ainsi que la manièrede ressaisir les échelles territoriales qui peuvent contribuer au renou-vellement des stratégies. La relation entre l’observation et le réeln’est pas donnée une fois pour toutes, puisqu’il bouge sans cesse.Au-delà des outils («Des pieds à la tête»), il fallait réussir à identifierla nature profonde des relations qui structurent l’espace : marchan-disation des espaces publics, multiplication des enclaves, tensionsentre modes d’habiter et de travailler, désynchronisation des flux, inter-ruptions et juxtapositions sans logique… Parler de déterritorialisation

2 Elles ont fait l’objet de «représentations» au sens classique :publications, expositionsou films, soutenus ou commandés par des institutionssoucieuses de donner une place à l’expériencedu territoire : des revuescomme Le Visiteurou les Carnets du paysage,la biennale de Rotterdamou celle de Copenhague(Metropolis), le Pavillon de l’Arsenal, le Bureau de la recherchearchitecturale et urbaine(BRAU, ministère de la Culture et de la Communication), la Mission d’histoire et d’évaluation des villesnouvelles (ministère de l’Équipement), ou encore l’Institut pour la ville en mouvement.

Barcelone (Espagne). Carte correspondant au quatrième arrêt (stationSant Pere) d’une ligne de bus éphémèreexpérimentant le potentiel

d’urbanité de territoiresruraux, à proximité des zones d’expansionurbaine des arrières de Barcelone, entre Manresa et Calaf.

Helsinki (Finlande).Le programme «Go East!»propose des services publics nocturnestemporaires dans les petitscentres commerciaux de l’est d’Helsinki (schéma de mobilité, 2005).

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permet de reconnaître que chacune des pièces d’un territoire est potentiellementordonnée à plusieurs échelles différentes, dont la logique dépend d’autres pièces dansun grand patchwork multidimensionnel et discontinu. On apprend à voir le territoirecomme un réseau en éclaté, dans lequel flottent des tapis volants à des hauteurs et desvitesses très variables. Dès lors, les enjeux d’articulation et de flux, d’interactions et demise en réseau prennent le dessus sur une planification continue ou le dessin de formesurbaines fixes.Mais comment représenter l’expérience du hors champ que l’on a conquis avec ses pieds?Au terme de l’enquête de terrain, une forme de projet commence : réunir les pièces docu-mentaires pour les confronter génère un récit. Nous avons choisi de proposer une formequi réponde sur mesure aux phénomènes observés (complexité/sensibilité). De l’intimitéavec le réel parcouru ressortent inévitablement des personnages et des histoires quidisent la situation mieux qu’aucune carte. Un travail de docu-fiction valorise la fictioncomme une forme de projet, apte à rendre compte de l’expérience. Au niveau technique– puisqu’il s’agissait d’un travail collectif –, des storyboards multimédias articulent lesdocuments pertinents : textes, photographies, dessins, vidéos, animations, sons, entre-tiens, dans une progression démonstrative à la fois dramatique et dialectique…Ces «œuvres manifestes» auraient pu être rangées dans la case de l’art contemporain(contexte dans lequel certains de ces projets étaient financés et montrés), mais nousles avons conçus dans l’horizon du projet urbain, pour identifier des moteurs de trans-formation. Aller observer la nature des changements et surtout diagnostiquer le poten-tiel de changement du site est devenu la condition d’un projet original («sur mesure»),applicable («compatible») et partageable («racontable»). De l’arpentage naît le besoinde fiction, comme forme pertinente du projet : réinventer un destin à des territoires quien attendent un.

Représentations à même le territoireCes récits d’explorations mettent au jour la dynamique des territoires contemporainssurdéterminés par les mobilités, les changements (sociaux et économiques) ou lesusages parfois non programmés. Les relations de priorité entre ce qui est stable etflexible se modifient, et les paramètres de l’aménagement doivent s’élargir au temps,au social, aux gestes, aux signes et situations temporaires. Pour répondre à l’instabilité,

Helsinki (Finlande).Expérimentation de sitescommunautairesrépertoriant en temps réeldes actions qui révèlent le potentiel de sitesnocturnes. Les sites sontphotographiés par les participants avec

leur téléphone portable et les photos sont envoyéespar MMS vers un site qui compile en direct cette carte temporelle et subjective de la ville(collaboration AWP/Nokia Design ResearchGroup, 2005).

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ENTRE STRATÉGIE ET SÉDUCTION46 LE POINT DE VUE DES MAÎTRES D’ŒUVRE

les modalités d’intervention peuvent être très légères et locales avec un impact global(« le minimum qui change tout»), éphémères ou réactualisables : acupuncture urbaine.Le processus l’emporte.En se rapprochant de la sphère opérationnelle (architecture, espace public et jardin,régénération urbaine), notre posture expérimentale a évolué vers une nouvelle formede « projet-représentation », au sens dramaturgique du terme. Plutôt que de vivrel’expé rience entre spécialistes, AWP a conçu des événements ouverts à des milliers depersonnes pour partager des expériences directes, pour créer les conditions d’une prisede conscience territoriale en invitant le public sur des itinéraires scénarisés, rythméspar des expériences sensibles activant le potentiel prospectif de chaque site. En 2005à Berlin, une traversée interactive du Palast der Republik invitait les Berlinois à s’inter-roger sur la destruction programmée de ce monument pour le réinventer. À Dieppe,pendant les étés 2005 et 2007, AWP a codirigé une biennale d’art, architecture etpaysage qui répondait à la fermeture brutale du port industriel en simulant une villetemporaire dans les hangars ouverts au public : œuvres et performances étaient lerésultat de collaborations avec marins, exportateurs, veuves de pêcheurs, dockers encolère… La valeur urbaine, partagée ici, est celle d’une intelligence territoriale collec-tive dont les ressorts sont aussi sensibles que politiques, où l’urbaniste est celui quidémêle les fils, tout en les exposant au grand air… Psychanalyse des villes ? Le scéna-riste urbain chorégraphie des stratégies : créant par exemple une ligne de bus pourune nuit, reliant des fragments de métropole qui ne communiquent jamais entre eux,dont chaque station temporaire accueille des interventions qui modélisent un projeturbain virtuel (« Passeggiata Troll », 2004). Ou encore, en créant un réseau de servicespublics temporaires dans les petits centres commerciaux des banlieues difficiles à l’estd’Helsinki, connectés par un microtransport dédié (« Go East ! », 2005), expérienceannoncée et commenté dans l’affichage des Abribus. Le public monte à bord de l’expé -rimentation, et la force démonstrative du mouvement collectif devient alors la repré-sentation même.Représenter au sens théâtral, c’est activer le potentiel en activant un public «co-acteur»de la proposition. Ces projets sont portés par des plates-formes où se retrouvent acteurspublics et privés, chercheurs et artistes, habitants et usagers, pour partager les phases

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d’exploration, de séminaire, de scénario et de coproduction de ces événements. Lepassage à la réalisation par des acteurs réels réussit vraiment lorsque l’élan se pour-suit au-delà de l’événement ponctuel. La création d’un blog peut servir d’outil dans cettecapitalisation des énergies. Un aménagement, une programmation peuvent devenirnécessaires et réalisables si habitants, usagers et acteurs ont été impliqués en amontdans la gestation même de son besoin.Depuis 2003, le Protocole Troll 3 est le cadre privilégié de ces projets de « transform-actions». Chaque projet est le fruit de partenariats réunissant institutions universitaireset culturelles, médias, collectivités publiques, associations d’habitants ou transporteurspublics. Dans les dix-sept métropoles (Barcelone, Toronto, Copenhague, Bruxelles,Rome…) où les trolls ont éveillé des nuits prospectives, plus de sept cents professionnelset étudiants ont participé aux phases de recherche et d’expérimentation, tandis que lesévénements réunissaient des centaines, voire des milliers de participants. La massecritique atteinte par ces dispositifs leur donne une capacité à transformer le réel au-delàde l’éphémère. Ainsi les « trolls » de Toronto sont devenus membres du comité deprogrammation de la « Nuit blanche » de cette ville, où cet événement devient sourcede nouvelles pratiques urbaines dans des sites inhabituels, ouverts à des populationsqui ne se rencontrent d’ordinaire jamais.

Stratégies hybridesVingt ans après la chute du mur de Berlin, les interrogations sur la réinvention de lafigure métropolitaine (cf. la consultation du Grand Paris) et du développement durableouvrent à un renouvellement des outils et approches. La sensibilité territoriale n’est plusune posture critique marginale mais un levier des politiques publiques pour des straté-gies de développement ambitieuses, comme l’écométropole de l’estuaire Nantes-Saint-Nazaire. Décriée depuis les années 1960, enfermée au rayon des utopies, l’imaginationdes villes du futur redevient une priorité stratégique. Ce qui est en jeu, c’est la régéné-ration des modèles urbains comme locomotive de la transformation des économies terri-toriales. C’est l’expérience concrète d’AWP à Londres, autour de la Tate Modern ou duboulevard Olympique, à Bâle sur les berges du Rhin, et à Genève, où la transformationde la zone d’activité du projet de mutation urbaine Praille-Acacias-Vernets (PAV) est à lafois projet technique d’espace public et de mobilité, programmation collaborative d’uneville mixte et stratégie culturelle d’incubation/accélération d’une nouvelle identité.

La concurrence entre métropoles replace au centre la question de la représentationcomme levier de la capacité d’un territoire à produire des images qui renforceraient sonattractivité. Les outils sont décomplexés : faire des films, mener une intervention partici-pative ou proposer une reprogrammation temporaire d’une infrastructure, c’est déjà fairedu projet. La viabilité d’un projet urbain semble dépendre de son attractivité médiatique,et la représentation (marché réservé à des agences de communication) joue un rôle clédans le développement des villes, ce qui n’est pas sans conséquence sur les contenusmême des projets. De fait, un nombre croissant de grandes opérations sont fondées surl’espace public, la mobilité, les flux, bref, la rue comme espace médiatique où les trans-formations sont les plus explicites… En repartant de l’espace public, l’enjeu du projet urbaindoit avant tout régler l’articulation entre des dimensions disjointes (réel /virtuel,local/global, technique/humain…). C’est une question à la fois de design et d’intelligencede la ville, car l’espace public n’est plus conçu dans sa matérialité limitée par un espacedonné, mais dans son inscription dans un réseau de potentiels urbains qu’il contribue àcaractériser et déplier.

Genève (Suisse).Plan-guide pour la mutationd’une zone d’activitéindustrielle, de stockage etlogistique du sud de Genève(Praille-Acacias-Vernets) en quartier mixte. Cettemutation est générée

non pas au travers d’un plandirecteur — ici inapplicable,car certains occupants des terrains refusent de s’en aller —, mais à partirdu phasage de nouveauxespaces publics et d’unenouvelle trame de mobilité.

3 Un programme de recherche etd’expérimentation sur les mobilitésnocturnes, conduit par AWP et initié dans le cadre de l’Institut pour la ville en mouvement.

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Penser, c’est dessiner, c’est représenter. Dessiner, c’est s’approprier un site,imaginer sa transformation, faire rêver, donner envie, ouvrir un dialogue fécond.Dessine-moi une ville arrive à un moment charnière de la production de l’urbain :évolution des outils numériques,participation accrue du public, désir d’images et de débats sur la ville. Il offre un kaléidoscope des expériences en cours, des propos de grandsprofessionnels de l’urbanisme, un état des lieux technique, ainsi qu’une réflexion prospectiveen la matière. Bouleversés par les avancées rapides des jeux vidéo et des nouveauxmondes virtuels, les modes de représentation de la ville ne peuvent se substituer au talent, à l’imagination et à la clarté des stratégies urbaines.

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La collection « Projet urbain » est le prolongementéditorial des ateliers « Projet urbain » — lieuxd’échanges et de débats qui visent à constituer un savoir sur les enjeux, les concepts et lesméthodes des projets urbains français et européens.Les ateliers « Projet urbain » étudient desexpériences présentées par leurs concepteurs ou leurs maîtres d’ouvrage afin d’en dégager des pistes susceptibles de guider, à l’avenir,l’aménagement des villes.

Publiée au rythme de la programmation des ateliers, à savoir deux titres par an, la collection « Projet urbain » alterne grands sujets thématiques et portraits de ville.

Dessine-moi une ville restitue et étoffe la teneur de l’atelier «Projet urbain» qui s’est déroulé à Paris le 25 mars 2009.

Ce livre a été conçu par le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développementdurable et de la Mer (Meeddm), et réalisé par les Éditions du Moniteur.

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éditions

sous la directiond’Ariella Masboungi

À paraître aux Éditions du Moniteur:Anvers — Faire aimer la ville, 2011Projets urbains : laboratoires du durable, 2011

Déjà parus aux Éditions du Moniteur:Bien habiter la ville, 2010Barcelone — La ville innovante, 2010Faire ville avec les lotissements, 2008Breda — Faire la ville durable, 2008 (édité également en anglais)

Déjà parus aux Éditions de La Villette:Birmingham — Faire la ville en partenariat (édition bilingue français-anglais), 2006Régénérer les grands ensembles, 2005Penser la ville heureuse — Renzo Piano, la Cité internationale de Lyon, 2005Gênes — Penser la ville par les grands événements, 2004Penser la ville par l’art contemporain, 2004 (épuisé)Nantes — La Loire dessine le projet, 2003Penser la ville par la lumière, 2003Penser la ville par le paysage, 2002 (épuisé)Bilbao — La culture comme projet de ville (édition bilingue français-espagnol), 2001, rééd. 2005 (épuisé)

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Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer

ISBN : 978-2-281-19492-0

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