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1 L’HOMO SAPIENS COMMUNICATIO #04 REMEMBER WHO YOU ARE !

Remember who you are par Frederik Lozano

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estime de soi, personnalité, psychologie

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L’HOMO SAPIENS COMMUNICATIO #04

REMEMBER WHO YOU ARE !

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Frederik Lozano est Coach Professionnel, Superviseur, Psychothérapeute, Enseignant, Consultant chercheur, et créateur de L’Homo Sapiens Communicatio

Il enseigne au Conservatoire National des Arts et mériers, à l’École des Mines d’Alès, et à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nîmes

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Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à ce qui nous demande d’être ? Être un gentil bébé. Être un enfant sage, ou fort, ou patient, ou... Être un bon camarade, un bon élève, un grand garçon, une grande fille. Être raisonnable. Être dans la norme scolaire pour préparer la norme professionnelle, sociale, culturelle ? Être responsable. Être un bon citoyen, un bon voisin, un bon mari, une bonne épouse, un bon parent. Rester un bon fils, une bonne fille, et être bien dans son époque, connecté et adaptable à tous les changements de modes de vie. Être en bonne santé. Être un bon retraité, un bon grand-parent, être et rester ce que l’on a été, pour que chacun s’y

retrouve, comme dans un album de photos. Être fiable. D’innombrables demandes, des injonctions, nous indiquent ce que nous devons être pour être accepté en tant que personne sociale. Mais y trouvons-nous toujours notre compte d’Être Humain ?

Vous voulez savoir si vous êtes libre d’être selon votre intime conviction ? C’est simple : exprimez vos besoins profonds et observez comment réagit votre environnement ! Nourri des demandes du Corps Social, nous ne cessons de nous réinventer. Cela n’est ni bon ni mauvais. Notre espèce sociable l’exige : la solitude et l’isolement nous vont mal, l’autre fait partie de nous et

réciproquement. Nous sommes l’assemblage subtil du monde qui nous a fait.

Mais qui sont ces exemples eux-mêmes, par principe, non-exemplaires dont les injonctions nous façonnent jusqu’à parfois nous déformer ? Savons-nous à quel point nous déterminons nous aussi ces autres qui nous entourent ? Nous sommes les poteries sensibles des autres autant que nous les modelons !

Parfois, il est bon de revenir à notre «matière» première. cette «terre» de nos sens, de notre énergie vitale. Renouer avec notre Être. Juste pour s’assurer que le temps ne nous en pas trop éloigné... Juste revenir à soi.

Renouer en soi-même !avec L’Homo Sapiens Communicatio

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La demi-soeur d’Elizabeth, Marie Tudor, règne encore lorsque la troupe vient la quérir pour l’enfermer à la Tour... Avant l’arrivée des soldats, son amant Robert Dudley, lui dit : remember who you are ! (tu es fille de roi). C’est ainsi que le réalisateur Shekhar Kapur imagine la scène précédant l’emprisonnement en mars 1554, de la future reine de «l’âge d’or» d’Angleterre, Elizabeth I.

Est-il plus facile à une fille de roi de s’affirmer dans sa légitimité que ça ne l’est pour vous et moi ? Aux altitudes des majestés, l’air de la liberté individuelle se

raréfie à proportion de la prédominance du protocole. Rares sont, dans l’Histoire, les souverains qui s’en sont affranchis : Henri VIII et Elizabeth I l’ont fait (certes, à leur manière...). Du point de vue structurel, il n’est pas plus aisé au commun des mortels de se construire en dépit des attentes injonctives du milieu socio-culturo-familial. Devenons-nous ce que l’on attend de nous ?

Voilà posé au travers d’un cas historico-philosophique, l’arbitrage délicat auquel chacun d’entre-nous est confronté tout au long de sa vie : être soi + être

aux autres. Il n’est simple pour personne de savoir avec justesse qui l’on est et jusqu’où nous devons l’affirmer. Si la prédestination nous guide, elle nous enferme tout autant. Si la réalisation de soi satisfait notre milieu, reconnaissance et conseils bordent notre chemin. Nous sommes conformes et cela est payé du prix de la sécurité.

Mais si une autre voix nous appelle, nous aurons à bâtir un monde dans lequel nous pourrons vivre. Cette liberté se paye au prix fort, car toute erreur de trajectoire entraine la mise au ban.

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Cependant, le voyage vers ce monde «être soi» se révèle des plus passionnants. Toute aventure comporte sa part de risques. Et ceux de la réalisation de soi valent bien d’être vécus. C’est moins une question de courage que de nécessité !

Devenir soi n’impose pas la rupture d’avec les siens. Mais cela implique d’obtenir leur aide (devenir autonome) et la validation de notre évolution (liberté à se déterminer). Tous ceux dont nous avons l’amour se réjouissent de nous voir grandir, oser, réussir, construire. Les autres nous maintiennent dans une amnésie de notre propre nature profonde. Nous sommes seuls garants de notre progression.

Enfin, à celles et ceux qui doutent de leur valeur et de la possibilité à l’exprimer, ou se sentent perdus, je veux dire : tu dois apprendre à régner sur toi-même, personne n’est plus capable que toi. «Souviens-toi de qui tu es !».

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Elizabeth est un film du réalisateur indien Shekhar Kapur, sur la vie de la reine d'Angleterre Élisabeth I (1533-1603), fille d’Henri VIII Tudor (1491-1547) et d’Anne Boleyn (1501-1536).

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Le voyage du héros : Gérer le processus de croissance personnelle peut s’apparenter à ce que Joseph Campbell appelait «le voyage du héros». Ce chercheur a questionné les connexions de changement dans les mythes et légendes, par delà les frontières culturelles. Il a étudié des histoires de héros, historiques et

mythiques, couvrant plusieurs périodes de temps, cultures, religions, et genre. Il a ainsi mis à jour la ressemblance de certains thèmes dans de nombreuses cultures bien que différentes. Ces thèmes pourrait sembler être un «fil rouge» reliant l’humanité, en partie, et reflétant le chemin que nous prenons depuis

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Joseph Campbell (1904-1987), Anthropologue et Mythologue américian expose dans son essai de 1949, The Hero with a Thousand Faces, sa théorie du monomythe, proposant que tous les mythes suivent les mêmes schémas archétypaux.

un outil de Coaching !

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la naissance jusqu’à la mort, indépendamment de nos histoires individuelles. Joseph Campbell décrit les points communs de nos chemins de vie en terme d’étapes du «voyage du héros», séquences d’événements semblant être partagées par les mythes épiques. Utilisée en Coaching, la notion du «voyage du

héros», telle que développée par Joseph Campbell fournit une carte intéressante pour faire face aux défis de changement, et plus particulièrement au niveau identitaire : qui nous sommes et qui pouvons-nous devenir. Découvrons ce voyage en 8 étapes...

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Les 8 étapes fondamentales du voyage du héros :

1. Entendre un appel lié à notre identité, raison de vivre ou mission. Ces appels peuvent nous parvenir sous des formes différentes, et représentent fréquemment des points de transition dans nos vies : devenir parent, changer de travail, guérir d’une grave maladie, produire un travail créatif... Tous représentent différents appels. De tels appels surviennent généralement dans des circonstances de grands changements et sont des plus exigeants de nous-même... sinon, il n’y aurait aucunement besoin d’un voyage du «héros» !

2. Répondre à l’appel.S’engager nous mène à nous confronter à une frontière, un seuil, une

limite dans nos moyens existants ou dans notre carte du monde. Refuser l’appel, ou l’ignorer conduit le plus souvent à la formation ou l’intensification des symptômes ou des problèmes dans nos vies, précipitant des crises que nous ne pourrons plus ignorer, mais que nous pourrons supporter en nous mettant en tension, avec les inévitables conséquences d’épuisement, de délitement, puis de renoncement.

3. Traverser le seuil.L’action nous propulse dans un territoire jusqu’alors inconnu, hors de notre zone de confort. Un territoire qui nous oblige à grandir et à évoluer, et exige de nous de trouver du soutien et de la guidance (point 4). D’après Joseph Campbell, ce seuil est généralement un «point de non-retour». C’est à dire qu’une fois franchi, il

est impossible de retrouver les choses telles qu’elles étaient. Nous devons avancer dans l’inconnu. Franchir le seuil requiert le sponsoring tant de notre potentiel d’être un héros, que des peurs et hésitations qui surgissent quand nous sommes devant le seuil (point 5).

4. Trouver des gardiens, mentors ou sponsors.Cette «quête» vient naturellement lorsque l’on a le courage de franchir le seuil ( «quand l’élève est prêt, le maître arrive»). Les gardiens sont les relations-clés que nous développons, et qui nous soutiennent pour acquérir de nouvelles compétences, croire en nous même et rester concentrés sur nos objectifs. Bien que le voyage du héros soit quelque chose de très personnel, on ne peut pas le faire seul.

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Nous devons être ouverts et souhaiter recevoir du soutien. Parce que le territoire qui s’ouvre à nous est inconnu, nous ne pouvons pas toujours savoir à l’avance de quel type de gardien nous pourrions avoir besoin à l’avenir. Quelquefois les gardiens peuvent apparaître en des lieux surprenants. Il est donc important de rester ouverts et disponible à recevoir soutien et guidance à chaque étape du voyage.

5. Affronter le démon (ou défi).C’est aussi un des résultats naturels du franchissement du seuil. Un démon apparait pour s’opposer, tenter, ou nier notre qualité de héros. Les démons sont souvent simplement le reflet de l’une de nos peurs et ombres, c’est à dire de ces parties de nous même que nous essayons de faire taire, de dénier, ou d’éviter.

C’est alors que nous sommes confrontés au «sponsorship négatif», messages venant d’autres signifiants, comme «tu ne mérites pas d’exister», «tu ne devrais pas être là», «tu ne sers à rien» « tu es incapable», etc. Fondamentalement, affronter démons et ombres requiert centrage et soutien.

6. Développer de nouvelles ressources.Elles sont nécessaires pour gérer l’incertitude et transformer le défi. Un voyage du héros est essentiellement un chemin d’apprentissage et d’évolution. Les ressources qui nous aident à franchir le seuil, à entrer dans un nouveau territoire et à transformer le démon sont les croyances, capacités, compétences et outils comportementaux que nous pouvons mettre en action pour traiter la

complexité, l’incertitude et la résistance. C’est là que nous devons grandir pour développer la flexibilité et accroître les compétences nécessaires pour naviguer avec succès dans ces nouveaux territoires (avec soi, mais aussi avec les autres) et dépasser les obstacles qui se lèvent au long du chemin.

7. Accomplir la tâche pour laquelle nous avons été appelés.Trouver le moyen de remplir sa mission est finalement atteint par la création d’une nouvelle carte du monde qui incorpore la croissance et les découvertes amenées par le voyage : dont acte !

même le refus de rentrer chez soi se manifestent... ce qui implique de franchir un autre type de seuil.

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8. Rentrer chez soi (transformé) en tant que personne, et partager avec d’autres la connaissance et l’expérience acquises. Il est important d’avoir été vu et reconnu dans notre nouvelle identité : une nécessité pour clôturer le cycle de transformation personnelle. Parfois, le retour chez soi est également une partie difficile du voyage. D’après Joseph Campbell, des obstacles et quelquefois même le refus de rentrer chez

soi se manifestent... ce qui implique de franchir un autre type de seuil.

Voyage et transformation, bien que remarquables, peuvent rendre difficile le retour à la vie et aux relations normales telles qu’elles étaient. Il peut y avoir une peur de notre part à se retrouver coincé(e) dans notre ancienne vie jugée «plate». Il peut aussi y avoir un désir de la part de nos proches de nous retrouver comme nous étions auparavant, de sorte qu’ils n’aient pas à changer eux même

en réponse à notre évolution. Notre retour peut briser le statu quo. Il y a également une vulnérabilité qui accompagne les transitions de tout type, et qui peut raviver en nous des sentiments difficiles ou des ombres. Rester connectés à nos gardiens, rester ancrés aux nouvelles ressources que nous avons acquises lors de notre voyage sont les clés du succès du retour chez soi afin de partager la croissance et les découvertes amenées par le voyage.

Le voyage d’Ulysse fait partie des grands mythes occidentaux, à double titre : la réalité du périple et l’identité du ou des auteurs du récit.

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L’universalité dans la construction des mythes serait-elle un mythe ? Si James Frazer, Carl Gustav Jung, Sigmund Freud, Jospeh Campbell (parmi d’autres) ont construis leurs théories sur le présupposé de la transversalité dans l’évolution de la pensée symbolique, la recherche actuelle, nuance sérieusement ces approches. À lire dans Les Grands

Dossiers des Sciences Humaines n°37, l’article de Jean-Loïc Le Quellec, Préhistorien, Anthropologue, et directeur de recherche au CNRS. Malgré leurs ressemblances les mythes ne prendraient pas tous même source. Les archétypes ne serraient pas universels. Bref, l’Humain et sa pensée ne naitraient pas d’une seule source. À méditer...

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Marcel Proust : psychologue des subtilités d’êtreà la recherche de l’Être en ses multiples intentions

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Vous n’avez pas encore lu les 7 romans de « À la recherche du temps perdu » ? Il est temps de ne plus en perdre. Outre la plongée dans l’univers proustien, rare, délicat, drôle, cette lecture ouvre une vision

quasi clinique des attitudes et autres états d’âme humains. Si vous aimez la psychologie et que vous avez un peu de temps à perdre, osez l’aventure ! Vous en reviendrez plus riche de vous-même...

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#4 L’identité sociale : création des

autres.« Mais même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l’acte si simple que nous appelons « voir une personne que nous connaissons » est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l’apparence physique de l’être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l’aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part.»Du côté de chez Swann, page 25

« L’effet madeleine » !« Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du

souvenir.»Du côté de chez Swann, page 53

Le regard : fenêtre de l’âme et des sens.« Je la regardais, d’abord de ce regard qui n’est pas que le porte-parole des yeux, mais à la fenêtre duquel se penchent tous les sens, anxieux et pétrifiés, le regard qui voudrait toucher, capturer, emmener le corps qu’il regarde et l’âme avec lui.»Du côté de chez Swann, page 158

Le langage trahit la personnalité !« Il avait dans la bouche, en parlant, une bouillie qui était adorable parce qu’on sentait qu’elle trahissait moins un défaut de la langue qu’une qualité de l’âme, comme un reste de l’innocence du premier âge qu’il n’avait jamais perdue. Toutes les consonnes qu’il ne pouvait prononcer figuraient comme autant de duretés dont il était incapable.»Du côté de chez Swann, page 211

Marcel Proust (1871-1922) prix Goncourt 1919 avec le roman À l’ombre des jeunes filles en fleurs

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La personnalité est un catalyseur...« De même ceux qui produisent des œuvres géniales ne sont pas ceux qui vivent dans le milieu le plus délicat, qui ont la conversation la plus brillante, la culture la plus étendue, mais ceux qui ont eu le pouvoir, cessant brusquement de vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie, si médiocre d’ailleurs qu’elle pouvait être mondainement et même, dans un certain sens, intellectuellement parlant, s’y reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété.»À l’ombre des jeunes filles en fleurs, page 563

Aimons-nous autre chose que nous-même ?« Quand on aime l’amour est trop grand pour pouvoir être contenu tout entier en nous ; il irradie vers la personne aimée, rencontre en elle une surface qui l’arrête, le force à revenir vers son point de départ, et c’est ce choix en retour de notre propre tendresse que nous appelons les sentiments de l’autre et qui nous charme plus qu’à l’aller, parce que nous ne reconnaissons pas qu’elle vient de nous.»À l’ombre des jeunes filles en fleurs, page 618

Les humains ? Une grande famille.« Esthétiquement, le nombre des types humains est trop restreint pour qu’on n’ait pas bien souvent, dans quelque endroit qu’on aille, la joie de revoir des gens de connaissance.»À l’ombre des jeunes filles en fleurs, page 693

Se faire des films ?...« Il en est des plaisirs comme des photographies. Ce qu’on prend en présence de l’être aimé n’est qu’un cliché négatif, on le développe plus tard, une fois chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l’entrée est « condamnée » tant qu’on voit du monde.»À l’ombre des jeunes filles en fleurs, page 879

Les facettes de la personnalité.« Le visage humain est vraiment comme celui du Dieu d’une théogonie orientale toute une grappe de visages juxtaposés dans des plans différents et qu’on ne voit pas à la fois.»À l’ombre des jeunes filles en fleurs, page 923

L’impénétrabilité de l’Être.« Et ainsi ce fut elle qui la première me donna l’idée qu’une personne n’est pas, comme j’avais cru, claire

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et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu’on regarde, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n’existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous faisons des croyances nombreuses à l’aide de paroles et même d’actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d’ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tout à tour imaginer, avec autant de vraisemblance, que brillent la haine et l’amour.»Le côté de Guermantes, page 1024

On ne change pas...« …on ne change pas, on fait entrer dans le sentiment qu’on rapporte à un être bien des éléments assoupis qu’il réveille mais qui lui sont

étrangers.»Le côté de Guermantes, page 1077

De la difficulté à se déterminer.« Nous travaillons à tout moment à donner sa forme à notre vie, mais en copiant malgré nous comme un dessin les traits de la personne que nous sommes et non de celle qu’il nous serait agréable d’être.»Le côté de Guermantes, page 1145

Des similarités naturelles...« Certes ces deux hommes ne se connaissaient pas et ne se ressemblaient guère, mais les lois psychologiques ont comme les lois physiques une certaine généralité. Et, si les conditions nécessaires sont les mêmes, un même regard éclaire des animaux humains différents, comme un même ciel matinal des lieux de la terre situés bien loin l’un de l’autre et qui ne se sont jamais vu.»Le côté de Guermantes, page 1184

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L’Être est un univers en soi.« Les niais s’imaginent que les grosses dimensions des phénomènes sociaux sont une excellente occasion de pénétrer plus avant dans l’âme humaine ; ils devraient au contraire comprendre que c’est en descendant en profondeur dans une individualité qu’ils auraient chance de comprendre ces phénomènes.»Le côté de Guermantes, page 1289

La lumière de l’esprit, dans le regard...« La princesse de Parme, qui ignorait même le nom du peintre, fit de violents mouvements de tête et sourit avec ardeur afin de manifester son admiration pour ce tableau. Mais l’intensité de sa mimique ne parvint pas à remplacer cette lumière qui reste absente de nos

yeux tant que nous ne savons pas de quoi on veut nous parler.»Le côté de Guermantes, page 1478

L’Être riche est enraciné dans le réel.« Les grands seigneurs sont presque les seules gens de qui on apprenne autant que des paysans ; leur conversation s’orne de tout ce qui concerne la terre, les demeures telles qu’elles étaient habitées autrefois, les anciens usages, tout ce que le monde de l’argent ignore profondément.»Le côté de Guermantes, page 1508

Une mystique de l’existence...« Nos existences sont en réalité, par l’hérédité, aussi pleines de chiffres cabalistiques, de sorts jetés, que s’il y avait vraiment des sorcières.»Le côté de Guermantes, page 1536

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L’heptalogie* À la recherche du temps perdu, comme déclinaison sousmodale des

subtilités de l’expression de l’Être.

* Du côté de chez SwannÀ l’ombre des jeunes filles en fleurs

Le Côté de GuermantesSodome et Gomorrhe

La PrisonnièreLa Fugitive

Le Temps retrouvé

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Le LABO du 25 juillet 2015 : un Workshop «estime de soi». Merci à Céline, Fabiola, Gaël, Maryline, Nadine, Nourredine, Guillaume, Françoise, Joël, et Romain, de votre participation généreuse dans le partage.

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QUOI QUE L’ON SOIT DEVENU FAUT-IL ENCORE CROIRE EN SOI ?

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« Les fautes que j’ai faites et qui m’ont donné des peines infinies, ont été par complaisance, et pour me laisser aller trop nonchalamment aux avis des autres.»

Louis XIV, Mémoires, page 333

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« Ni louange ni blâme ne signifient rien. Non, quelque délicieux que puisse être le divertissement de faire des évaluations, c’est la plus vaine de toutes les occupations et se soumettre aux décisions des distributeurs de bons et de mauvais points, la plus servile des attitudes. Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons.»

Virginia Woolf, Une chambre à soi, page 159

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#4 Maisqui est moi ?

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Se perdre, se métamorphoser, et se retrouver dans La montagne de l’âme

Gao Xingjian est écrivain, metteur en scène et peintre français d'origine chinoise. Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2000.Le roman «La montagne de l’âme» a été publié en 1990.

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« Je ne sais pas si tu as déjà réfléchi à cette chose étrange qu’est le moi. Il change au fur et à mesure qu’on l’observe, comme lorsque tu fixes ton regard sur les nuages dans le ciel, couché dans l’herbe. Au début, il s ressemblent à un chameau, puis à une femme, enfin ils se transforment en un vieillard à longue barbe. Rien n’est fixe cependant, puisqu’en un clin d’oeil ils changent encore de forme. (...) Allongé sur ton lit, tu regardes le plafond. L’ombre de la lampe transforme aussi le plafond blanc. Si tu

concentres ton attention sur ton moi, tu t’aperçois qu’il s’éloigne peu à peu de l’image qui t’est familière, qu’il se démultiplie et revêt des visages qui t’étonnent. C’est pourquoi je serais pris d’une terreur incoercible si je devais exprimer la nature essentielle de mon moi. Je ne sais lequel de mes multiples vissages me représente le mieux, et plus je les observe, plus les transformations m’apparaissent manifestes. Finalement, seule la surprise demeure. (...)Un jour, j’ai observé la photo collée sur ma

carte d’autobus posée sur la table. Dans un premier temps, j’ai trouvé mon petit sourire plutôt agréable, mais ensuite je l’ai trouvé plutôt railleur, un peu hautain et froid, témoignant d’un certain amour-propre mêlé de pas mal d'autosatisfaction, il indiquait que je me prenais pour un personnage supérieur. En réalité, j’y ai perçu une sorte d’affectation accompagnée d’une expression de grande solitude et de frayeur diffuse ; ce n’était pas du tout le visage d’un gagnant. On y lisait de

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l’amertume. Il ne pouvait bien sûr pas y avoir le vague sourire habituel qui naît du bonheur involontaire, c’était plutôt une expression de doute quant au bonheur. Cela devenait un peu effrayant et même vain. La sensation de tomber sans point de chute. Je n’ai plus voulu revoir cette photo. Ensuite j’ai observé les autres, mais quand je l’ai fait, j’ai découvert que ce moi détestable et omniprésent s’en mêlait aussi, ne tolérant pas de ne pas intervenir dans la perception du visage de l’autre. C’était fâcheux : lorsque j’observais une personne, je continuais à m’observer moi-même. Je recherchais des visages que j’aimais, ou une expression que je pouvais accepter. Si un visage n’arrivait pas à me toucher, si je n’arrivais pas à trouver des gens avec qui

m’identifier parmi ceux qui passaient devant moi, je les observais donc sans les voir. (...) Quand j’observe les autres, je les considère cpmme des miroirs qui me renvoient ma propre image et cette observation dépend entièrement de ma

disposition d’esprit du moment. Même lorsque je regarde une fille, je cherche à l’appréhender avec mes propres sens, je l’image avec ma propre expérience avant de formuler un jugement. Ma compréhension d’autrui,

y compris les femmes, est en fait superficielle et arbitraire. Dans mon regard, les femmes ne sont rien d’autre que des illusions que j’ai créées moi-même et que j’utilise pour me mystifier. Voilà ce qui m’attriste. (...) Le problème réside dans la prise de conscience intérieure de mon moi, ce monstre qui me tourmente sans cesse. L’amour-propre, l’autodestruction, la réserve, l’arrogance, la satisfaction et la tristesse, la jalousie et la haine, viennent de lui, le moi est en fait la source du malheur de l’humanité. la solution de ce malheur doit-elle passer par l’étouffement du moi conscient ? Voilà pourquoi Bouddha a enseigné l’éveil : toutes les images sont des mensonges, l’absence d’image est aussi un mensonge. »Chapitre 26, pages 160 à 163.

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#4 De la genèse de

la perception de soi : l’enfance, aux ombres et lumières d’un

devenir incertain

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Le petit Martin est assis à la table. Il fixe une scène absente pour le spectateur. Dans un décor mobilier où tout est trop grand pour lui, Martin attend. Petit bonhomme à l’expression figée, aux traits tirés... préfigurant l’anxiété des abdications, de la mise en conformité, du renoncement, du ploiement sous la charge des contraintes, de la perte des rêves, du perplexe, de l’absurde, du navrant ? Martin ressemblerait presque à un adulte si n’éclatait l’évidence brutale de sa taille : c’est un enfant. Les antagonismes jouent à fond dans cette oeuvre hypnotique : décalage des dimensions (le grand et le petit), décalages des expressions (un enfant mais au faciès d’adulte),

partage de la scène entre ombre et lumière, décalage décisionnel (assis comme un impuissant face à la grandeur de l’institution tutélaire, mais enfant capable de tous les possibles). Qu’y a t-il dans la tête de Martin ? L’installation «photo» place le personnage à la croisée des chemins : que sera ma vie, une entrée dans l’ombre ou un voyage vers la lumière ? L’oeuvre place également le spectateur face à son propre miroir : d’où venez-vous ? À quelle table avez-vous été assis ? Qu’êtes-vous devenu ? À quoi avez-vous dû renoncer pour vous conserver une place dans un monde si grand lorsqu’on n’y est pas protégé, guidé, reconnu ?

L’artiste contemporain allemand Martin Honert est connu pour ses créations de type réaliste, incarnant

les fragments de la mémoire et de son enfance.

photo (sculpture installation de 1993)

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exercice pour l’estime de soi

Que diriez-vous à l’enfant que vous étiez ?

FRED

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#4

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Asseyez-vous. Où vous voulez, mais veillez à conserver une place pour un invité... Un invité de choix : vous, enfant !

Vous êtes maintenant installé là où vous l’avez choisi. Faites apparaitre, à côté ou en face de vous, l’enfant que vous étiez, petit enfant, mais suffisamment grand pour que vous lui parliez et qu’il ou elle vous comprenne.

Prenez votre temps pour voir cette image de vous, pour laisser les sensations de ce petit être revenir jusqu’à vous aujourd’hui. Car entre vous et moi, si on laisse faire notre mémoire, tout cela n’est pas si loin, cet enfant est encore là parfois...

Regardez-vous à présent. Vous, l’enfant : c’est votre invité, votre protégé, votre passé, votre présent, votre futur, le gardien de tous vos rêves, votre origine, votre trésor, la terre de cette personne que vous êtes devenu(e) ! Pensez-y fort : c’est vous, et ça n’est plus tout-à-fait vous...

Regardez-vous. L’adulte, l’homme ou la femme : grand, capable, avec du vécu, de l’expérience sur les choses et sur la vie, des blessures mais des joies et des

forces que vous ne soupçonniez pas ! C’est vous, tel(le) que vous êtes. Soyez-en fier, vous êtes encore là !

À présent, que les retrouvailles sont consommées, regardez-vous l‘un(e) l’autre... Vous l’adulte, vous la force, vous l’expérience, vous la connaissance, vous capable de protéger, de guider, de reconnaître, vous ! Que diriez-vous à ce petit être, des paroles que vous auriez tant aimé, eu besoin que l’on vous dise, qu’on lui dise, alors qu’il ne pouvait pas le demander, alors que vous le pouvez à présent ?... alors que vous êtes devenu ce que vous êtes et qu’il est sage d’être fier de soi quand on vient d’un monde si grand et incertain... Apprenez à aimer ce que vous avez été, cela vous aidera à vous aimer à présent.

Lorsque vous aurez regardé, parlé, aimé, pensez à faire une place à cet hôte remarquable : vous, enfant, ce trésor vivant !Et que chaque jour de votre vie, chaque acte, soit vu par lui, par elle, et qu’il soit fier de vous, pour que vous restiez fidèle à ce qu’on n’attendait pas de vous, et que vous avez réussi à devenir... tout seul, comme un grand, comme une grande !

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Frederik Lozano, L’Homo Sapiens Communication°2 rue Deyron F-30000 Nîmeswww.frederik-lozano.frwww.frederik-lozano-therapie.fr

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