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Reflect Mars 2014
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L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
#04
ADVERTENTIE
FIRST THINGS FIRST | PRINTEMPS 2014
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PIETER TIMMERMANSADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE LA FEB
© DANIEL RYS
La Belgique s’est bien défendue pendant la
crise. La prospérité et l’emploi s’y sont, par
exemple, mieux maintenus que dans d’autres
pays. Les apparences sont toutefois trompeu-
ses, car de nombreuses tensions se sont accumulées
sous la surface. Ainsi, notre balance commerciale est
négative depuis six ans déjà. Nous perdons davantage
de parts sur les marchés d’exportation internationaux
que l’Allemagne et les Pays-Bas.
L’inadéquation sur le marché du
travail est considérable. Et notre
pression fi scale continue d’augmen-
ter. Il n’est dès lors pas étonnant que
ces évolutions pèsent de plus en plus
sur notre croissance économique et
sur la création d’emplois dans les
entreprises.
Ces tensions ne tombent pas du
ciel. Elles proviennent des méga-tendances auxquelles notre pays est confronté. La
mondialisation, par exemple, crée de nombreuses op-
portunités pour les entreprises, mais renforce aussi la
concurrence internationale. En outre, les changements
rapides qui interviennent aux niveaux technologique,
réglementaire et sociétal charrient en permanen-
ce des enjeux très importants. Songez à Nokia et
BlackBerry, deux entreprises établies qui ont perdu
beaucoup de parts de marché en peu de temps.
Enfi n, le vieillissement de la population revêt
également de l’importance. Celui-ci risque
non seulement d’intensifi er la pénurie sur
le marché de l’emploi mais constitue aussi
un défi sans précédent pour notre modèle
social.
Les élections du 25 mai nous
offrent l’opportunité unique d’ap-
porter une réponse fondamenta-
le à ces mégatendances. Pour la
première fois depuis longtemps,
les gouvernements du niveau fédé-
ral, des Régions et des Communau-
tés connaîtront une période de
5 ans sans perturbation électorale. Cela leur permettra
de mener un certain nombre de réformes socio-éco-
nomiques courageuses durant les premières années,
qui produiront leurs effets pour la fi n de la législature.
Si nous optons pour cette approche, nous pourrons
rétablir la confi ance. Les ménages recommenceront à
consommer et les entreprises à investir davantage.
Ce magazine REFLECT de la FEB analyse l’état du pays afi n de déterminer le contenu de ces réfor-
mes socio-économiques. Quels sont les domaines
dans lesquels la Belgique s’en sort bien par rapport
à ses principaux partenaires commerciaux et où
devons-nous consentir d’urgence un effort supplémen-
taire ? Notre analyse révèle que les indicateurs sont au
rouge pour trois domaines importants : la compétitivi-
té des entreprises, les investissements dans le capital humain et la mise à disposition maximale de ce dernier
pour le marché du travail, ainsi que la performance des pouvoirs publics. Nous devrons travailler sur ces
trois points si nous voulons vraiment faire la différence.
J’évoque, dans une double interview avec Michèle
Sioen, la nouvelle présidente de la FEB, les mesures
qui peuvent être prises dans chacun de ces domaines.
Ni les pouvoirs publics ni les entreprises ne sont en
mesure de mener ce projet d’avenir seuls : ils sont
interdépendants et doivent se renforcer mutuelle-
ment. Les autorités doivent avant tout veiller à un
climat favorable aux entreprises. Les entreprises,
quant à elles, doivent faire ce qu’elles savent
faire : investir, innover, s’internationaliser, créer
des emplois... Aucun défi ne sera insurmontable
si les fondements peuvent être rapidement
posés après les élections du 25 mai.
AVANT-PROPOS
LES AUTORITÉS DOIVENT AVANT TOUT VEILLER À UN CLIMAT
FAVORABLE AUX ENTREPRISES
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DANS CE NUMÉRO
L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
04 L’ÉCONOMIE BELGE. ÉTAT DE LA QUESTION ?
De prime abord, l’économie belge a bien résisté
pendant la crise. Des tensions sont cependant
apparues et le modèle de réussite belge
a subi des pressions de plus en plus fortes. Les
responsables politiques ont réagi, même si c’était
plutôt au cas par cas, sans vision globale et ap-
proche structurelle.
WHAT14 LES MÉGATENDANCES REDESSINENT NOTRE ÉCONOMIE ET NOTRE SOCIÉTÉ
L’économie belge est confrontée à un grand
nombre de mégatendances. Quatre d’entre
elles méritent une attention particulière : (1) la
crise économique, (2) la mondialisation, (3) les
changements rapides qui interviennent autour
de nous et (4) le vieillissement. Une grande
partie des tensions dont souffre notre pays y
trouvent leur origine.
WHY
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48 THÈMES Une sélection de dossiers
auxquels nos experts travaillent
actuellement.
60 JURISPRUDENCE SOCIALE
62 AGENDA FEB
CHERCHE
H F
26 QUELS SONT NOS ATOUTS ? QUELLES SONT NOS FAIBLESSES ?
Comment se situe notre pays sur le plan de la
compétitivité-coûts ? Investissons-nous assez
dans les talents présents et les mettons-nous à la
disposition du marché du travail ? Et à quel point
nos autorités sont-elles ou non performantes ? Sur
la base d’une analyse des atouts et faiblesses de
notre pays, nous pouvons évaluer sur quels leviers
il faut travailler pour créer plus de croissance et
d’emplois.
38 “LAISSEZ L’ENTREPRENEUR ENTREPRENDRE”
Un mois avant la ‘mère de toutes les élections’ en
Belgique, Michèle Sioen, CEO du groupe textile du
même nom, est devenue présidente de la FEB. Elle
formera, avec Pieter Timmermans, administrateur
délégué, le nouveau tandem qui défendra notre
prospérité. Le REFLECT a voulu connaître leurs
visions, pistes de réfl exion et recommandations
pour assurer un meilleur avenir à notre pays.
HOW
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1. LE ‘MODÈLE BELGE’ :
UNE RECETTE POUR D’AUTRES
PAYS ?
D’aucuns parlent aujourd’hui du ‘modèle
belge’. Ils estiment que, sur le plan socio-éco-
nomique, notre pays est un exemple pour
d’autres. Cette conviction repose en grande
partie sur la manière dont notre pays a sur-
monté la crise. En effet, si l’on examine quel-
ques chiffres macro-économiques, on constate
qu’en comparaison avec certains autres pays,
la Belgique s’en est bien tirée.
Primo, en 2009, la Belgique a connu une baisse
de prospérité nettement plus restreinte que la
plupart des autres pays de la zone euro. Elle
s’est également rétablie beaucoup plus vite et
mieux que ceux-ci, à l’exception de l’Allema-
gne (graphique p. 6). Depuis 2011, nous
frôlons même à nouveau le niveau de prospé-
rité d’avant la crise. La situation est totalement
différente dans le Sud de l’Europe. En Espagne
et en Italie, la prospérité se situe toujours à
plus de 7% sous le niveau antérieur à la crise.
Mais d’autres pays, comme les Pays-Bas, ont
également été davantage affectés par la crise.
Secundo, nos prestations en matière d’emploi
étaient relativement bonnes : la baisse enregi-
strée en 2009 était plutôt limitée et l’emploi se
situe actuellement presque 2% au-dessus de
son niveau d’avant la crise. Cela explique d’ail-
De prime abord, l’économie belge a bien résisté pendant la crise. Des tensions sont cependant apparues et le modèle de réussite belge a subi des pressions de plus en plus fortes. Les responsables politiques ont réagi, même si c’était plutôt au cas par cas, sans vision globale et approche structurelle.
L’ÉCONOMIE BELGE. ÉTAT DE LA QUESTION
LA BELGIQUE S’EST BIEN DÉFENDUE
PENDANT LA CRISE
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POURQUOI LA BELGIQUE S’EST-ELLE BIEN DÉFENDUE ?Trois phénomènes expliquent principale-
ment pourquoi notre prospérité et notre
emploi se sont relativement bien maintenus
au cours des 5 à 6 dernières années. Primo,
à l’inverse de la Grèce, l’Irlande, l’Espagne
et le Portugal par exemple, la Belgique a
créé nettement moins de déséquilibres ma-
cro-économiques au cours des années précé-
dant la crise. Par déséquilibres macro-éco-
nomiques, on entend par exemple une bulle
importante sur le marché immobilier, une
forte augmentation du taux d’endettement
des ménages et des entreprises. Ou encore
un défi cit budgétaire élevé, un compte
courant fortement négatif... Une étude du
Fonds monétaire international (FMI, 2008,
2009) révèle que le choc économique auquel
un pays était confronté fi n 2008/début 2009
était directement proportionnel à l’ampleur
des déséquilibres macro-économiques. En
d’autres termes, étant donné que ceux-ci
sont dans l’ensemble restés limités chez
nous, la baisse du produit intérieur brut (PIB)
était relativement faible en 2008 et 2009.
Cela vaut d’ailleurs aussi pour la locomotive
allemande, à laquelle nous avons pu nous
raccrocher.
Secundo, bon nombre d’emplois ont pu être
sauvés grâce à notre régime de chômage
temporaire. Selon l’Organisation de coopé-
ration et de développement économiques
(OCDE) (2013a), nul autre pays au monde
n’en a tiré un tel impact positif sur l’emploi.
Au plus fort de la crise, ce régime concernait
chaque mois en moyenne plus de 5% des
travailleurs. En Italie et en Allemagne – deux
autres pays ayant largement appliqué ce sys-
tème –, ce pourcentage était d’environ 3%.
Grâce à cela, la confi ance des consomma-
leurs pourquoi le taux de chômage n’a pas
tellement augmenté depuis 2008 (à savoir de
1,3 point de pour cent, contre 4,7 points de
pour cent pour la moyenne de la zone euro).
Ici aussi, un pays a fait beaucoup mieux, l’Al-
lemagne, alors qu’ailleurs le marché du travail
a essuyé de sérieux revers.
Tertio, l’inégalité a à peine augmenté en
Belgique pendant la crise. Alors que le
coeffi cient de Gini(1) ou taux d’inégalité était
de 26,3 en 2007, il se situait à 26,5 en 2012.
Notre pays demeure ainsi dans le groupe des
sociétés les plus égalitaires au monde. En
Espagne et en France, l’inégalité a en revan-
che considérablement augmenté. Et, con-
trairement à ce que l’on affi rme parfois, elle
a sensiblement diminué en Allemagne. Alors
que le coeffi cient de Gini y était encore de
30,4 en 2007, il est retombé à 28,3 en 2012.
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L’ÉCONOMIE BELGE A BIEN RÉSISTÉ PENDANT LA CRISE
(1) Ce coeffi cient mesure l’inégalité au sein d’une société. Il varie de 0 à 100, 0 représentant une égalité parfaite et 100 une inégalité maximale.
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TROIS RAISONS POUR LESQUELLES LA BELGIQUE A BIEN SURMONTÉ LA CRISE
1. L’absence de grands déséquilibres macro-économiques
2. Le régime du chômage temporaire
3. Un assainissement moins poussé des fi nances publiques
2. LES TENSIONS
S’ACCUMULENT
Notre pays s’en est donc apparemment pas
mal sorti. Mais lorsque l’on creuse un peu, on
découvre rapidement que ce constat positif
doit être nuancé. En effet, de nombreuses
tensions s’accumulent, notamment au niveau
de la compétitivité, du marché de l’emploi et
de la sécurité sociale. Si nous ne faisons rien
assez rapidement pour alléger ces tensions,
elles fi niront par hypothéquer notre croissance
économique et la création d’emplois.
PERTE DE COMPÉTITIVITÉDifférents indicateurs montrent que
notre pays a enregistré une perte de
compétitivité ces dernières années.
Ainsi, nous perdons davantage de
parts sur les marchés d’exportation
internationaux que l’Allemagne et les
Pays-Bas (BNB, 2014), notre balance
commerciale (différence entre les
exportations et les importations) est
négative depuis six ans et la valeur
ajoutée réalisée par notre industrie
(un secteur fortement exposé à
la concurrence internationale) est
toujours inférieure de 10% au niveau
d’avant la crise.
teurs s’est moins altérée et les ménages ont
dès lors moins réduit leur consommation.
De temps en temps, d’aucuns affi rment que
notre système d’indexation automatique des
salaires et les allocations sociales ont joué un
rôle important dans nos bonnes prestations
pendant la crise. C’est plus qu’incertain. Pre-
mièrement parce qu’en l’absence du régime
de chômage temporaire, cela aurait engen-
dré une hausse sensible des coûts salariaux.
Et l’indexation automatique aurait alors
vraisemblablement coûté plutôt que sauve-
garder des emplois. Deuxièmement, dans
notre petite économie ouverte, une partie
relativement importante de la consomma-
tion supplémentaire induite par l’augmen-
tation du pouvoir d’achat part à l’étranger.
Selon des chiffres de l’OCDE (2013b), près
de 40% des produits et services consommés
par les ménages trouvent leur origine à l’é-
tranger. À titre de comparaison, ce pourcen-
tage est inférieur à 30% en France et atteint
à peine 20% en Allemagne. Les producteurs
étrangers ont donc largement bénéfi cié de
l’augmentation du pouvoir d’achat liée à
l’indexation automatique en Belgique.
Troisièmement, notre pays a pris des
mesures moins drastiques pour assainir
son budget. De 2010 à 2013, notre défi cit
budgétaire n’a baissé que de 1 point de
pour cent (de -3,7% à -2,7% du PIB), contre
3,1 points de pour cent pour la moyenne
de la zone euro. Étant donné qu’il y a eu
moins de nouveaux impôts ou une réduction
moins importante des dépenses publiques,
la demande intérieure est restée stable. À
court terme, cela a eu un impact positif sur
notre croissance économique. Il va de soi
que le gouvernement devra continuer à
réduire le défi cit budgétaire dans les années
à venir. Sinon, celui-ci pèsera de plus en plus
sur notre croissance, sans parler de la dette
considérable que l’on transmettrait ainsi aux
générations suivantes.
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Il faut en outre savoir que, selon des chiffres
de l’OCDE (2013b), près de 50% des emplois
dans le secteur marchand dépendent de
l’étranger. Il n’est donc guère surprenant que
notre perte de compétitivité pèse de plus en
plus sur la création d’emplois. Ainsi, selon
des calculs du Conseil central de l’économie
(CCE, 2013), très peu de nouveaux emplois
ont été créés dans le secteur marchand ces
dernières années. Heureusement, des emplois
supplémentaires ont été créés dans le secteur
des services – et dans une moindre mesure
dans celui de la construction –, mais cela a
tout juste suffi pour compenser les pertes
dans l’industrie. Au cours des dernières an-
nées, presque toutes les créations d’emplois
ont eu lieu dans le secteur non marchand, à
savoir dans les soins de santé et via le système
des titres-services.
INADÉQUATION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAILLe marché du travail belge est en plus
confronté à de nombreux autres problèmes.
Ainsi, peu de pays ont un taux d’emploi des
travailleurs peu qualifi és aussi bas qu’en
Belgique. Les chiffres indiquent d’ailleurs que
cela n’a pas vraiment de rapport avec la crise.
En 2003, le taux d’emploi était de 48,4%,
en 2007 de 49,5% et en 2012 de 47,1%. À
titre de comparaison, la moyenne de la zone
euro était de 52,6% en 2012. L’Allemagne et
les Pays-Bas enregistraient respectivement
un taux de 57,7% et 62,6%. La situation est
similaire pour ce qui est du taux de chômage
des jeunes. À nouveau, le score de la Belgique
n’est pas très bon. Ce qui est loin d’être le cas
pour l’Allemagne et les Pays-Bas par exemple.
Malgré le nombre relativement limité de per-
sonnes au travail, les pénuries sur le marché
de l’emploi sont très prononcées en Belgique.
Selon le Bureau statistique européen Eurostat,
2,4% des postes de travail étaient vacants en
Belgique au troisième trimestre de 2013. La
moyenne de la zone euro était de ‘seulement’
1,4%. La courbe de Beveridge (qui indique le
rapport entre le taux de chômage et le taux
d’emplois vacants) se déplace vers le haut
depuis des années. Cela signifi e qu’à taux de
chômage égal, il est de plus en plus diffi cile
de pourvoir les emplois vacants (Conseil su-
périeur de l’emploi, 2013). Tous ces éléments
témoignent d’une inadéquation importante
sur le marché du travail belge : d’une part,
certains profi ls (par ex. les personnes peu
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TOUJOURS PAS DE RÉTABLISSEMENT DE LA VALEUR AJOUTÉE DANS L’INDUSTRIE
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qualifi ées, les jeunes) trouvent diffi cilement un
emploi, alors que d’autre part, il est malaisé de
pourvoir les emplois vacants.
LA SÉCURITÉ SOCIALE SOUS PRESSIONEnfi n, la sécurité sociale est également sous
pression. La Belgique affecte 30,4% de son PIB
à la protection sociale, ce qui est énorme. Ces
dépenses ont en outre augmenté bien plus
que la croissance économique ces dernières
années. Et ce alors que l’effet du vieillisse-
ment de la population commence à peine à se
faire sentir. Ces dépenses de sécurité sociale
doivent bien sûr être fi nancées. C’est ce qui
explique notamment que la Belgique soit
parmi les pays connaissant la pression fi scale la
plus élevée du monde. En 2013, elle atteignait
45,5% du PIB. Seuls la France et le Danemark
la devancent. En Allemagne et aux Pays-Bas, la
pression fi scale était de respectivement 39,2%
et 39,5% du PIB.
Malgré le niveau élevé des dépenses, la
sécurité sociale parvient de moins en moins
à atteindre ses objectifs sociaux. Des pays
comme l’Allemagne, la Finlande, l’Autriche ou
la Suède par exemple font nettement mieux en
termes de lutte contre la pauvreté ou l’exclusi-
on sociale, avec moins de dépenses. En ce qui
concerne les soins de santé aussi, les ménages
belges doivent payer relativement beaucoup
par rapport à certains autres pays (OCDE,
2013f). Enfi n, le principe d’assurance (l’idée
que les gens récupèrent plus ou moins leurs
cotisations de sécurité sociale) est relativement
faible en Belgique. Une personne percevant
une rémunération moyenne aura une pension
brute (avant impôts et cotisations de sécurité
sociale, qui sont certes faibles sur les revenus
de remplacement en Belgique) de seulement
42% du dernier salaire perçu. C’est le même
pourcentage qu’en Allemagne, mais nettement
moins qu’aux Pays-Bas (88,1%), au Danemark
(79,7%) et en Autriche (76,6%) (OCDE, 2013c).
Au vu de la perte de compétitivité, de l’im-
portante inadéquation sur le marché du travail
et de la pression fi scale en hausse constante,
il n’est pas surprenant que la croissance de la
prospérité par habitant ait été en baisse ces dix
dernières années. Et cela a de nombreux effets
secondaires. Dans un contexte de faible crois-
sance, non seulement moins d’emplois sont
créés, mais il est aussi plus diffi cile d’assainir le
budget, et la concertation sociale s’en trouve
compliquée. En effet, il n’y a que peu de pros-
périté à partager et il faut donc souvent opérer
des choix diffi ciles. La baisse progressive de la
croissance économique inquiète la population.
Elle se demande si les réalisations socio-éco-
nomiques actuelles pourront être maintenues,
sans parler de les étendre. Les générations
futures seront-elles toujours mieux loties que
leurs parents et grands-parents ou seront-elles
submergées par une dette colossale précisé-
ment au moment où l’économie croît à peine ?
3. UNE POLITIQUE RÉACTIVE
ET AU CAS PAR CAS
CONSTITUE UN FREIN
Pourquoi les tensions décrites ci-dessus ont-elles
pu s’accumuler ? Parce que ces 5 ou 10
10%
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Marchand
Non-marchand
Source : BNB
RÉPARTITION DE LA CRÉATION NETTE D’EMPLOIS ENTRE 2007 ET 2013
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dernières années, les responsables politiques
ont réagi à des événements dans les médias
plutôt que développé une vision socio-éco-
nomique sur les défi s sociétaux et sur la
politique à moyen terme nécessaire pour y
faire face. Ainsi, ils ont tenté de formuler une
réponse aux nombreuses restructurations
et faillites survenues pendant la crise. Ne
voulant pas toucher à l’index et disposant
de moyens budgétaires restreints à court
terme, ils ont opté pour des mesures de
soutien très ciblées et de petite envergure.
Leur impact était à peine perceptible pour la
grande majorité des entreprises. Et dans ce
cas, ne parlons même pas d’amélioration de
la compétitivité de notre économie. Comme
ces mesures n’ont pas permis de faire la
différence, la création nette d’emplois dans
le secteur marchand est également restée
faible. Dès lors, les pouvoirs publics ont créé
plus d’emplois dans le secteur non marchand
(par ex. dans les soins de santé ou via le sys-
tème des titres-services). Il va de soi que cette
situation n’est pas tenable à long terme : l’en-
veloppe budgétaire en hausse constante qui
y est affectée doit en effet être fi nancée.
Le gouvernement a également essayé de
formuler une réponse au chômage crois-
sant parmi les personnes peu qualifi ées et
les jeunes. Il a opté pour une réduction des
coûts salariaux pour certains groupes cibles
spécifi ques. Là non plus, il n’est pas parvenu à
renverser la tendance. Et ce pour différentes
raisons. Un effet de substitution a notam-
ment eu place entre ceux qui bénéfi cient
des mesures ‘groupes cibles’ et ceux qui
n’en bénéfi cient pas. De plus, ces mesures
étaient souvent temporaires (c’est-à-dire
qu’au fi l du temps, l’avantage en termes de
coûts salariaux disparaissait) ou parfois même
annulées par d’autres initiatives (pensons par
exemple au relèvement du salaire minimum
ou à l’accentuation du piège au chômage à
la suite de l’augmentation des allocations
de chômage). On s’est rarement attaqué au
coeur du problème, à savoir que ces jeunes
et ces personnes peu qualifi ées ne disposent
généralement pas des aptitudes et compé-
tences adéquates.
Enfi n, le gouvernement a aussi tenté, malgré
la stagnation de notre prospérité, de sauve-
garder coûte que coûte l’énorme croissance
des dépenses sociales. Dans leur forme la
plus extrême, les enveloppes budgétaires
bisannuelles affectées à la liaison des allocati-
ons sociales au bien-être en sont un exemple
fl agrant. Ce mécanisme a permis aux allocati-
ons de croître plus vite que les salaires. Un au-
tre exemple est la norme de croissance réelle
des dépenses de santé. Elle a longtemps été
maintenue à un niveau très élevé (4,5%). Au
niveau de la sécurité sociale, cela s’est à peine
remarqué parce que les autorités fédérales
s’assuraient, via un transfert fi nancier, que la
sécurité sociale restait en équilibre. Mais ce
transfert devait évidemment être fi nancé par
les pouvoirs fédéraux. Cela explique d’ailleurs
partiellement pourquoi la pression fi scale a
tant augmenté en Belgique.
Et il existe encore bien d’autres exemples.
Le topo général est clair : les responsables
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politiques tentent de réagir à un événement
donné (par ex. la fermeture d’une grande
entreprise, la hausse du chômage, la diffi -
culté de certains groupes cibles à trouver
un emploi...), mais l’impact de ces solutions
rapides est limité et elles font même plus de
tort que de bien. Dans certains cas, on note
en effet un impact positif temporaire (2),
mais il disparaît avec le temps ou débouche
sur un bilan global négatif. Cela s’expli-
que par le fait que ces mesures atténuent
souvent le ‘sens de l’urgence’ à relever des
défi s à moyen terme (3). Ou, pire encore,
par le fait que les autorités touchent à des
fondements économiques, sapant ainsi leurs
propres objectifs (fi gure ci-dessus) (4). Le
résultat d’une telle politique réactive est
généralement maigre, voire contreproductif.
Pour faire vraiment la différence et obtenir
des résultats, les pouvoirs publics doivent au
contraire avoir une compréhension claire des
mégatendances (1) auxquelles nous sommes
confrontés et développer une politique
pluriannuelle pour y faire face (5).
LES RESPONSABLES POLITIQUES DOIVENT AVOIR UNE MEILLEURE
COMPRÉHENSION DES MÉGATENDANCES ET DÉVELOPPER UNE
POLITIQUE PLURIANNUELLE
MESURES FONDAMENTALES
PERFORMANCES ÉCONOMIQUES
SOLUTIONS RAPIDES
PROBLÈMEMÉGATENDANCES
SENS DE L’URGENCE
(1)
(2)
(3)(4)
(5)
13 FEB
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LES MÉGATENDANCES REDESSINENT NOTRE ÉCONOMIE ET NOTRE SOCIÉTÉ
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Il est capital de bien comprendre la dynami-
que et l’impact des mégatendances ainsi
que leurs interactions. Elles sont en effet le
moteur de nombreux événements auxquels
notre pays sera confronté pendant la prochaine
législature. Si nous voulons changer les choses
fondamentalement, il faut que notre pays ap-
porte les bonnes réponses à ces défi s.
1. LA CRISE
N’EST PAS ENCORE FINIE
Après plus de cinq ans de crise, les premiers
signaux encourageants se manifestent. De plus
en plus d’acteurs affi rment que la crise est défi -
nitivement fi nie et que la reprise économique se
renforcera au cours des prochains mois. Certains
rêvent même d’un retour aux taux de croissance
antérieurs à la crise. Dans ce cas, raisonnent-ils,
l’assainissement des fi nances publiques et le
redressement du marché de l’emploi seront
presque automatiques. Malheureusement, ce
retour au ‘business as usual’ est peu probable.
Certes, l’éventualité d’une nouvelle récession à
court terme a considérablement diminué. Mais
la croissance dans la zone euro restera relative-
ment faible au cours des prochaines années, et
ce, principalement pour deux raisons.
La première raison est que le défi cit budgétaire
de nombreux pays reste relativement élevé.
Selon la Commission européenne, il se chiffrera
encore respectivement à 5,8% et 4% du PIB en
2014 dans de grands pays comme l’Espagne
et la France. Au Royaume-Uni, le défi cit atteint
encore 5,2% du PIB. Ces pays doivent donc
poursuivre sans relâche l’assainissement de
leurs fi nances publiques, avec pour conséquen-
ce des dépenses publiques moindres ou des
impôts accrus qui pèseront sur leur croissance
économique tout en freinant la demande pour
des produits et services en provenance d’autres
pays (y compris la Belgique).
La deuxième raison est que l’endettement
privé est également élevé dans certains pays.
Au cours des années précédant la crise, les
ménages et les entreprises ont eu largement
recours au fi nancement par emprunt (e.a. pour
acheter un logement, fi nancer une reprise…).
Ainsi, en Espagne, l’endettement privé (hors
secteur fi nancier) est passé de 106,3% du
PIB en 2000 à 206,4% en 2008. En Irlande, il
est passé de 154,7% à 256,6% au cours de la
même période. Et au Royaume-Uni de 141,6%
à 193,2%. Lorsque la crise s’est déclenchée et
que des travailleurs toujours plus nombreux ont
perdu leur travail (ou vu diminuer leur salaire),
beaucoup ont dû réduire leur consommation
pour pouvoir continuer à rembourser leurs det-
tes. Ce processus de ‘deleveraging’ a renforcé
la crise économique dans ces pays et il n’est
pas encore fi ni aujourd’hui (McKinsey Global
Institute, 2012d). En Irlande, en Espagne, en
L’économie belge est confrontée à un grand nombre de mégatendances. Quatre d’entre elles méritent une attention particulière : (1) la crise économique, (2) la mondialisation, (3) les changements rapides qui interviennent autour de nous et (4) le vieillissement. Une grande partie des tensions dont souffre notre pays y trouvent leur origine.
WHY
15 FEB
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WHY
2. LA MONDIALISATION
CONTRAINT À L’ACTION
La mondialisation offre indéniablement de
belles opportunités aux entreprises belges.
Alors qu’on prévoit que la croissance sera d’à
peine 1% dans la zone euro en 2014, elle s’élève
à 2,8% aux États-Unis et même à 5,1% dans les
pays à forte croissance (FMI, 2014). En Chine,
l’économie croît de 7,5% (malgré les diffi cultés
actuelles), en Inde de 5,4%, dans l’ASEAN-5 (1)
de 5,1% et en Afrique subsaharienne de 6,1%. À
long terme, l’importance des pays à forte crois-
sance dans l’économie mondiale continuera
aussi d’augmenter (OCDE, 2012b). En 2000, ils
ne généraient ‘que’ 20,1% de la richesse mon-
diale. Selon le FMI, ils devraient arriver à 41,5%
en 2018. Les pays industrialisés connaissent un
mouvement inverse : leur part de la richesse
mondiale est descendue de 79,9% à 58,5%. En
d’autres termes, les entreprises belges qui sont
ambitieuses et veulent continuer à croître ne
peuvent se contenter de se tourner vers l’Euro-
pe occidentale (quel que soit l’attrait que garde
ce marché). Elles doivent – quels qu’en soient
la diffi culté et les risques – déployer leurs ailes
et tenter de s’implanter sur les marchés à forte
croissance dans le reste du monde.
La mondialisation s’est accompagnée d’une
concurrence internationale croissante. Cela
s’est fait en plusieurs phases (McKinsey Global
Institute, 2012c). Les premiers touchés ont été
des secteurs industriels spécifi ques (par ex.
textile et habillement, informatique et électro-
nique…). À la suite de l’intégration de la Chine
dans l’économie mondiale, de très nombreux
travailleurs bon marché ont été subitement
disponibles pour les phases du processus de
production les plus intensives en main-d’œuvre
(du moins pour les produits dont le coût de
Grèce ou au Portugal, l’endettement privé reste
en effet sensiblement supérieur à la moyenne
de ces quinze dernières années. On prévoit dès
lors que la consommation des ménages – et
donc aussi la croissance économique – restera
faible dans ces pays.
La Belgique se comporte sensiblement mieux
que de nombreux autres pays de la zone euro
tant au niveau du défi cit public qu’à celui de
l’endettement privé, mais elle devra malgré tout
encore consentir un effort considérable pour
rétablir l’équilibre budgétaire. De plus, notre
petite économie ouverte n’est pas à l’abri des
évolutions qui interviendraient dans d’autres
pays de la zone euro. Des pays comme l’Irlande,
la Grèce, l’Espagne et le Portugal prennent
des risques pour renforcer signifi cativement
leur compétitivité. Ils diminuent leurs coûts
salariaux, alors que les nôtres ont augmenté de
13% par unité produite depuis 2008. En consé-
quence, la concurrence internationale ne cesse
d’augmenter depuis le début de la crise. L’un
dans l’autre, nous ne devons pas espérer une
nouvelle période de haute conjoncture au cours
des cinq prochaines années. Une croissance
économique de 2% ou plus en moyenne semble
peu probable. Nous pourrons nous estimer
heureux si la croissance atteint 1 à 1,5% en moy-
enne pendant la prochaine législature.
NOUS POURRONS NOUS ESTIMER HEUREUX SI LA CROISSANCE
ATTEINT 1 À 1,5% EN MOYENNE PENDANT LA PROCHAINE
LÉGISLATURE
(1) Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Vietnam
16 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
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C’est pourquoi les entreprises belges se sont
encore concentrées ces dernières années sur
des activités à forte valeur ajoutée. Ainsi, les
activités de début de la chaîne de valeur (ex.
R&D et innovation, product design …) et de
fi n (ex. notoriété de la marque, service…) ont
gagné en importance (voir schéma) (OCDE,
2013e). Cette évolution a modifi é progressive-
ment le visage de l’industrie dans notre pays : la
production pure est restée importante, mais le
service retient de plus en plus l’attention. Selon
les chiffres de l’OCDE (2013b), la moitié des
emplois dans l’industrie concernent aujourd’hui
des services, contre un peu plus de 40% il y a dix
ans. En conséquence, l’industrie recherche de
plus en plus des profi ls de travailleurs différents,
transport est relativement limité dans le prix
total - FMI, 2007). Ces activités et les emplois
correspondants se sont largement déplacés du
monde industrialisé vers les pays à forte croissan-
ce au cours des vingt dernières années. Dans une
seconde phase, d’autres activités de la chaîne de
valeur ont été affectées. Il s’agit généralement
de services (par ex. support en back-offi ce) qui,
grâce aux nouvelles applications informatiques,
peuvent être délocalisés, par exemple en Inde.
On prévoit que cette tendance se poursuivra et
que, dans un avenir proche, de plus en plus d’ac-
tivités (y compris sièges principaux, centres de
R&D…) souffriront de la concurrence internatio-
nale (OCDE, 2011). D’ici quelques années, rares
seront les secteurs qui seront encore à l’abri de
la mondialisation.
Les entreprises belges et celles du reste du
monde industrialisé ont réagi à ces évolutions
en sophistiquant davantage leurs activités. La
compétitivité des coûts et la qualité restent
indispensables, mais ne suffi sent souvent plus
à faire la différence. Pour se distinguer de leurs
concurrents, les entreprises doivent davantage
qu’avant offrir un plus (Deloitte Belgium, 2013a).
DE PLUS EN PLUS DE SECTEURS SOUFFRENT DE LA CONCURRENCE
INTERNATIONALE
THE SMILING CURVE
Ventilation de la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur
Source : “Interconnected Economies Benefi ting from Global Value Chains”, OECD 2013
Activités dans la chaîne de valeur
Valeur ajoutée
Production
Achats
Design
R&D
Logistique
Marketing
ServicesLa chaîne de valeur aujourd’hui
La chaîne de valeur dans les années 70
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WHY
FONCTIONS DE TRANSITION
FONCTIONS D’INTERACTION
FONCTIONS DE PRODUCTION
FONCTIONS D’INTERACTION
Automatisation
Cognitif
Manuel
IMPACT DE LA TECHNOLOGIE SUR LE TYPE D’EMPLOI
Routinier Pas routinier
1990 2000 2010 20 30
ingénieurs, techniciens…) que dans ceux à
moins forte intensité de connaissances (ex.
nettoyage, soins…) (voir schéma).
NOTRE AVANCE SE RÉDUITLa disparition progressive des fonctions de
production et de transaction peut avoir des
retombées sociétales importantes. Première-
ment, les travailleurs qui perdent leur emploi
doivent être réorientés vers les fonctions d’in-
teraction qui se développent. S’ils ne disposent
pas des compétences ou aptitudes nécessaires,
ils doivent être recyclés. Sinon ils risquent de se
retrouver au chômage et d’en sortir diffi cile-
ment. Deuxièmement, la rémunération des
fonctions de production et de transaction se
situe généralement entre celle des fonctions
d’interaction à forte intensité de connaissances
et celle des fonctions d’interaction à moindre
intensité de connaissances. La disparition
progressive de ce segment moyen augmen-
te le risque d’une dualisation du marché du
travail. Troisièmement, il est très probable que
les personnes qui occupaient une fonction de
production ou de transaction accèderont plus
facilement à un emploi d’interaction à faible
souvent plus qualifi és, pour assurer ces fonc-
tions de service.
Cette tendance vers plus de connaissance se
poursuivra au cours des prochaines années.
Grâce aux nouvelles évolutions technologi-
ques – intelligence artifi cielle, ‘big data’ et
robotique avancée –, la productivité pourra
augmenter sensiblement dans différents types
d’emplois, ce qui signifi e qu’il faudra moins de
travailleurs. Certaines tâches pourront même
être entièrement automatisées. Selon le
McKinsey Global Institute (2012b), les
fonctions de production et de transaction
(ex. caissières, guichetiers…) sont les plus
vulnérables. Il s’agit généralement d’emplois
dont les tâches spécifi ques sont bien défi -
nies (et peuvent donc être programmées et
automatisées). Ce type d’emplois continuera
à perdre du terrain, tandis que les fonctions
d’interaction occuperont une part croissante
de l’emploi total. Ces dernières privilégient la
gestion de situations complexes, la résolution
de problèmes, l’innovation et la créativité, les
aptitudes sociales… tant dans les secteurs à
forte intensité de connaissances (ex. managers,
18 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
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Mais quand on sait que la production d’électri-
cité à base d’énergie renouvelable progressera
autant en Chine au cours des vingt prochaines
années que dans l’ensemble de l’Europe, des
USA et du Japon réunis, on comprend à quelle
vitesse cette avance peut se réduire (AIE, 2013).
De plus, le danger existe que ce soit la Chine
qui défi nisse les standards technologiques car
la production se fera désormais de plus en plus
dans ce pays. Dans ce cas, nos activités à forte
intensité de connaissances risquent aussi de se
déplacer là-bas ou les entreprises européennes
et américaines risquent d’être dépassées par
celles des pays à forte croissance. En d’autres
termes, nous ne pouvons aucunement nous per-
mettre de nous reposer sur nos lauriers, même
en ce qui concerne le développement futur de
l’économie de la connaissance.
3. LA VITESSE
DU CHANGEMENT
NE CESSE D’AUGMENTER
La seule certitude que l’on ait aujourd’hui, c’est
l’incertitude. Une entreprise peut perdre son
avantage concurrentiel en quelques années,
voire en quelques mois vu la rapidité des chan-
gements qui interviennent autour de nous. Qui
aurait prédit il y a quel-
ques années que Nokia
ou BlackBerry devraient
se battre à court terme
pour leur survie ? Leur
part de marché a fondu
comme neige au soleil.
Trois évolutions
expliquent
intensité de connaissances (OCDE, 2013j).
Sachant que les premiers croîtront probable-
ment moins vite que les derniers, il pourra en
résulter une concurrence très forte pour les
emplois d’interaction à faible intensité de con-
naissances. Si, dans ce contexte, notre système
d’enseignement continue de fournir des profi ls
inadaptés, il n’est pas exclu qu’il manquera
d’emplois pour ces jeunes (McKinsey Global
Institute, 2012e). Le risque est donc réel, on le
voit, que les inégalités augmentent dans notre
société sous la pression de la mondialisation et
des évolutions technologiques. Que faut-il faire
dès lors ? Il est absurde de tenter d’enrayer
les mégatendances ou d’accroître encore la
progressivité de notre système fi scal (ce ne
serait qu’un expédient). Nous devons absolu-
ment investir massivement dans la scolarité, la
formation continue et l’activation des jeunes,
travailleurs et chômeurs.
Enfi n, nous devons avoir conscience que
l’importance croissante de la connaissance ne
restera pas la prérogative du monde industria-
lisé. Si nombreux sont ceux qui voient toujours
les pays à croissance rapide comme ‘l’usine du
monde’, il n’en est pas moins que la situation
change à toute vitesse. Les investisseurs étran-
gers considèrent de plus en plus des pays tels
que la Chine et l’Inde comme des localisations
intéressantes pour la R&D et l’innovation (Cnu-
ced, 2013). Quelque 175.000 ingénieurs et
scientifi ques obtiennent leur diplôme en Chi-
ne chaque année (OCDE, 2012a). Aux USA,
ils ne sont qu’un peu plus de 100.000. Au-
jourd’hui, l’Europe et les USA bénéfi cient
encore d’une confortable avance en
matière d’économie de la connais-
sance (CE, 2013b). Ainsi, l’Europe,
le Japon et les USA continuent
de dominer en ce qui concerne le
nombre de brevets de technolo-
gie environnementale : leur part
respective est de 34%, 26% et 21%
(OCDE, 2013b). La Chine est très à
la traîne avec une part de 4% à peine.
19 FEB
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WHY
circonstances.
L’incertitude dont souffrent les entreprises
résulte non seulement des évolutions tech-
nologiques rapides, mais aussi des change-
ments constants apportés par le législateur.
La réponse qu’il tente d’apporter dans la
lutte contre le changement climatique en est
sans doute le meilleur exemple. Songeons à
la série de normes à remplir (par ex. pour les
nouveaux véhicules ou les nouveaux bâti-
ments), aux objectifs à réaliser (par ex. concer-
nant les émissions de gaz à effet de serre dans
l’industrie intensive en énergie ou la part de
l’énergie renouvelable dans la consommation
énergétique totale), aux coûts supplémen-
taires à supporter (par ex. l’achat de droits
d’émission)… Les entreprises doivent antici-
per pour ne pas se trouver irrémédiablement
à la traîne. Plus vite dit que fait. En effet, dans
certains cas, les règles ne sont pas claires ou
changent constamment. De plus, d’autres
parties du monde prennent souvent d’autres
options stratégiques (songeons au dévelop-
pement du gaz de schiste aux USA), ce qui
augmente la complexité ou, dans le pire des
cas, infl ige un handicap concurrentiel supplé-
mentaire à nos entreprises. Les sommes en
jeu sont tout aussi importantes que dans les
révolutions technologiques.
Enfi n, le consommateur devient plus exige-
ant. En effet, le temps est révolu où Henry
Ford pouvait affi rmer que ‘chaque client peut
choisir la couleur de sa voiture, pour autant
qu’elle soit noire’. Les produits standardisés
se vendent de plus en plus mal. Le travail sur
mesure est désormais la norme. Les entre-
prises qui réussissent le mieux sont celles qui
adaptent leurs produits et services aux be-
soins spécifi ques des clients. Non seulement
la demande pour leurs produits et services
augmentera, mais elles obtiendront souvent
aussi une marge plus importante. Il est pro-
ces changements rapides. La première
concerne les nombreuses révolutions tech-
nologiques. Jusqu’il y a peu, la perception
de la capacité d’innovation des économies
occidentales était plutôt pessimiste. Si de
nombreux gadgets étaient développés (ex.
lecteur mp3, Facebook, Twitter…), ceux-ci ne
contribuaient guère à renforcer la croissance
économique (Cowen, 2011; Gordon, 2012).
En effet, si nous examinons la croissance de
notre productivité, nous constatons qu’elle
est en baisse depuis des années. On pensait
donc récemment encore que les véritables
avancées technologiques qui ont transformé
fondamentalement notre économie et notre
société (ex. la machine à vapeur, l’électrici-
té, l’automobile…) étaient révolues depuis
longtemps.
Toutefois, cette analyse est en cours de
révision. Une étude du McKinsey Global
Institute (2013) a calculé l’impact potentiel
de douze technologies révolutionnaires (dont
les cinq principales sont l’internet mobile,
l’automatisation du travail de connaissance,
l’internet des objets, la technologie ‘cloud’ et
la robotique avancée) sur le comportement de
consommation des ménages et les métho-
des de production des entreprises. Quelque
16.700 milliards USD seraient en jeu pour les
dix prochaines années (2). Il est évident que
les entreprises qui manqueront cette révolu-
tion régresseront sans espoir et suivront les
pas de Nokia et BlackBerry, même si elles
occupent des positions très fortes aujourd’hui.
Il est toutefois impossible de prévoir quelle
technologie ou quel projet percera. Cela si-
gnifi e que les entreprises doivent constam-
ment tenter de garder quelques longueurs
d’avance sur leurs concurrents, qu’elles doi-
vent en permanence expérimenter différentes
options et qu’elles doivent pouvoir changer
rapidement d’orientation en fonction des
QUELQUE 16.700 MILLIARDS USD
SONT EN JEU POUR LES DIX PROCHAINES
ANNÉES
(2) Cela, dans le scénario minimaliste. Dans le scénario maximaliste, on table sur 40.400 milliards USD.
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WHY
celle-ci
commencera
à se contracter
à partir de 2024 (jusqu’à environ 2038) et que
la part des plus de 65 ans dans la population
totale passera de 17,9% aujourd’hui à 25,3%
en 2050 (la part des plus de 85 ans augmente
également de 2,5% à 5,7%).
Le vieillissement de la population peut pousser
fortement les dépenses sociales à la hausse. Le
Comité d’étude sur le vieillissement (2013) pré-
voit que – à politique inchangée – les dépen-
ses de pension augmenteront de 10,2% du PIB
en 2012 à 13,6% en 2030 et 14,7% en 2060.
Les dépenses de santé affi chent une évolution
semblable. On prévoit qu’elles augmenteront
de 8,1% du PIB en 2012 à 9% en 2030 et 10,7%
en 2060. La Commission européenne (2012) a
également calculé les dépenses liées au vieil-
lissement pour notre pays et les autres pays
européens. Tablant sur des hypothèses moins
optimistes que le Comité d’étude sur le vieillis-
sement, elle arrive à un coût du vieillissement
encore plus élevé. C’est ainsi qu’elle prévoit
que les dépenses de pensions augmenteront
de 5,6% du PIB entre 2010 et 2060. Pour les
dépenses de santé (soins aigus et de longue
durée), elle prévoit une augmentation de 3,1%
du PIB pour la période 2010-2060.
Quels que soient les chiffres, il est essentiel
d’être conscients que le vieillissement de la
population est un défi énorme pour notre
économie et notre société, que les problèmes
ne disparaîtront pas d’eux-mêmes et qu’il faut
donc une politique pluriannuelle en la matière.
Sur la base d’une typologie décrite par l’écono-
miste belge André Sapir (2005) il y a une dizaine
d’années, les modèles sociaux en Europe
occidentale peuvent se répartir grosso modo
en quatre catégories (voir schéma p. 23) :
1. le modèle anglo-saxon, caractérisé par un
taux d’emploi élevé, mais aussi une pression
fi scale relativement faible et une redistributi-
on limitée. L’inégalité y est relativement forte.
bable que la technologie de l’impression en
3D – qui permet de produire à grande échelle
des produits très individualisés – renforcera
encore cette tendance. Les consommateurs
attachent aussi de plus en plus d’importance à
la responsabilité sociétale de l’entreprise (par
exemple l’empreinte écologique du produit
ou le respect des droits de l’homme et des
conditions de travail internationales dans le
Sud). Ici aussi les entreprises devront tout
mettre en œuvre pour anticiper ces nouvelles
tendances sociétales.
4. LE VIEILLISSEMENT
MET NOTRE MODÈLE SOCIAL
À L’ÉPREUVE
Le vieillissement de la population est la der-
nière mégatendance à laquelle nous sommes
confrontés. Selon le Bureau fédéral du plan,
le rapport entre le nombre de personnes en
âge de travailler et le nombre de personnes
de plus de 65 ans chutera de 3,64 aujourd’hui
à 3,32 en 2020, 2,71 en 2030 et 2,31 en 2050.
Trois raisons expliquent cette évolution. Pre-
mièrement, de plus en plus de personnes de la
génération du ‘baby boom’ arrivent à l’âge de
la pension. Avec pour conséquence le passage
soudain d’une grande cohorte (en effet, la
natalité a fortement augmenté après la
Seconde Guerre mondiale) du groupe en âge
de travailler au groupe des plus de 65 ans.
Deuxièmement, les pensionnés vivent de plus
en plus longtemps (et c’est heureux) : alors
que l’espérance de vie des hommes atteint
aujourd’hui 79 ans (et 83,9 ans pour les fem-
mes), le Bureau fédéral du plan prévoit qu’elle
passera à 80,2 ans en 2020 (84,8 ans pour les
femmes), 82,1 ans en 2030 (86 ans pour les
femmes) et 85,4 ans en 2050 (88,1 ans pour
les femmes). Troisièmement, la natalité est un
peu trop faible (en moyenne 1,8 enfant par
femme) pour assurer à l’avenir une croissance
suffi sante de la population en âge de travailler.
Le résultat de tous ces phénomènes est que
SEULS LES MODÈLES ANGLO-SAXON ET
SCANDINAVE PEUVENT RÉSISTER AU CHOC DU VIEILLISSEMENT
22 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
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soit la pression fi scale augmentera considé-
rablement, mais cela minera notre croissan-
ce économique avec le risque à terme de
générer non pas davantage, mais moins de
revenus. Dans ce scénario, la dette publique
recommencera également à augmenter à
terme ; une troisième possibilité consisterait à
couper dans les dépenses de pension et
de santé, entraînant soit une augmentation
sensible de la pauvreté soit une contraction
progressive de l’assise de la sécurité sociale
(par ex. parce que le caractère d’assurance
serait entièrement vidé de sa substance).
Si nous voulons éviter ces évolutions indésira-
bles, nous devons réformer notre modèle social.
Sachant que notre société est très attachée au
principe d’une faible inégalité, nous devrons
surtout nous inspirer du modèle scandinave.
Cela implique concrètement que notre droit
du travail et notre sécurité sociale doivent
privilégier des concepts comme la fl exicurité,
l’activation, la formation continue… Ces recet-
tes permettront de garder plus de personnes
plus longtemps au travail, afi n de couvrir le coût
du vieillissement. Mais le fossé entre le modèle
scandinave et le modèle continental est énorme
2. le modèle scandinave, qui associe un taux
d’emploi élevé et une faible inégalité,
notamment parce que la redistribution y est
importante ;
3. le modèle méditerranéen, qui se caractérise
par un taux d’emploi faible et une grande
inégalité ;
4. le modèle continental, que connaît la Belgi-
que, caractérisé par un taux d’emploi faible
combiné à une inégalité relativement faible.
Compte tenu du nombre limité de travail-
leurs actifs, cette faible inégalité ne peut
s’expliquer que par le fait que les plus aisés
paient de très lourdes charges et que le
caractère d’assurance de la sécurité sociale
est relativement faible.
Selon Sapir, seuls les modèles anglo-saxon et
scandinave peuvent résister au choc du vieillis-
sement. Si les modalités du modèle continental
ne changent pas, nous serons inévitablement
confrontés à un des scénarios suivants : soit la dette publique augmentera fortement
(dans le cas où la pression fi scale ne suivrait
pas la forte augmentation des dépenses
sociales) de sorte que nous fi nirons par nous
trouver dans le collimateur des marchés
fi nanciers ;
MODÈLE MÉDITERRANÉEN
MODÈLE ANGLO-SAXON
MODÈLE CONTINENTAL
MODÈLE SCANDINAVE
Inégalité
Élevée
Faible
MODÈLES DE SÉCURITÉ SOCIALE EN EUROPE OCCIDENTALE
Faible ÉlevéTaux d’emploi
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WHY
renforcée. On évitera ainsi que notre crois-
sance économique tombe à l’arrêt – faute de
main-d’œuvre appropriée – tout en donnant
à chacun toutes les chances de déployer ses
talents. Nous éviterons de cette manière
d’engendrer une société duale de nantis et
de pauvres.
3. Troisièmement, nous avons besoin de pou-
voirs publics performants, soucieux avant
tout de la stabilité et de la prévisibilité. Les
entreprises opèrent déjà dans un environ-
nement particulièrement complexe et en
mutation rapide. Les autorités ne doivent
pas ajouter de diffi cultés supplémentaires
avec des règles imprécises ou des règles qui
changent sans cesse. De plus, ces autorités
doivent fonctionner le plus effi cacement pos-
sible pour éviter le gaspillage des ressources.
Cela implique de fournir un service optimal
au coût le plus bas possible.
Dans le prochain chapitre, nous évaluerons les
performances de notre pays dans chacune de
ces trois dimensions. Quels sont nos points
forts et nos points faibles ? Sur cette base, nous
pourrons identifi er les leviers sur lesquels il
faut agir pour créer plus de croissance et plus
d’emploi.
et il est peu probable qu’il puisse être comblé
à court terme. Quelles sont alors les premières
initiatives à prendre ? Les réformes du marché
du travail que l’Allemagne a réalisées au milieu
des années 2000 et dont elle commence à
cueillir les fruits peuvent nous inspirer. Cela
ne signifi e pas que notre pays doit à tout prix
appliquer exactement les mêmes recettes que
l’Allemagne, mais il n’est pas exclu que la voie
du modèle scandinave passe par le modèle
allemand.
5. CONCLUSION
Comme nous l’avons vu, une politique qui
ne tient pas compte des mégatendances est
condamnée à l’échec à terme. Si l’on ne fait
que réagir aux symptômes, sans s’attaquer
au nœud du problème, on ne parviendra pas
à renverser la vapeur. Pour faire vraiment la
différence, il faut élaborer une politique plu-
riannuelle ambitieuse dans les trois domaines
suivants :
1. Premièrement, nous devons d’urgence
rétablir la compétitivité-coûts de nos en-
treprises (au sens large du terme). Face à la
concurrence internationale qui ne cesse de
s’intensifi er, nous ne pouvons plus nous per-
mettre d’infl iger à nos entreprises de lourds
handicaps en termes de coûts. Si nous y
parvenons, nos entreprises disposeront
de moyens plus conséquents pour investir
dans l’innovation, la qualité du service et
l’internationalisation. Cela leur permettra
de s’adapter en permanence au monde en
mutation rapide.
2. Deuxièmement, nous devons continuer à
investir dans les compétences de nos jeu-
nes, demandeurs d’emploi et travailleurs, et
veiller à la rentabilité de ces investissements
par le biais d’une politique d’activation
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QUELS SONT NOS ATOUTS ? QUELLES SONT NOS FAIBLESSES ?
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1. LES ENTREPRISES BELGES SONT
CONFRONTÉES À UN LOURD
HANDICAP DES COÛTS SALARIAUX
La compétitivité est une vaste notion. Il s’agit
non seulement du niveau de nos coûts salariaux
en comparaison avec ceux de nos principaux
partenaires commerciaux, mais aussi de nos
performances en matière de prix énergétiques,
d’impôt des sociétés, de mobilité... Voici une
analyse des différentes dimensions de notre
compétitivité.
COÛT SALARIAL ÉLEVÉNul n’ignore que notre pays connaît un lourd
handicap salarial, et ce non seulement par
rapport à l’Europe de l’Est ou aux pays BRIC,
mais aussi par rapport à des pays comparables
comme l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas.
L’an dernier, un groupe d’experts (composé
de représentants du Bureau fédéral du plan,
de la Banque nationale, du Conseil central de
l’économie et du SPF Économie) a calculé, à la
demande du gouvernement fédéral, le montant
du coût salarial horaire en Belgique et dans les
trois pays voisins. Ces experts sont arrivés à la
conclusion que ce coût est 16,5% plus élevé
chez nous (à savoir 39,6 EUR par heure en
Belgique, contre 34 EUR chez nos voisins). De
plus, ce handicap salarial est important dans la
quasi-totalité des secteurs. Affi rmer que notre
économie a essentiellement besoin de mesures
ciblées parce que le problème de compétitivité
ne concerne qu’un nombre restreint de secteurs
n’est pas du tout conforme à la réalité chiffrée.
Si le coût salarial pour l’employeur est élevé, ce
n’est pas nécessairement le cas de la rémuné-
ration nette du travailleur. Quasiment aucun
autre pays au monde ne connaît de charges sur
le travail aussi élevées que les nôtres. Selon des
chiffres de la Commission européenne (2013a),
elles représentent 42,8% du coût salarial en Bel-
gique, contre 37,7% en moyenne dans les trois
pays voisins. Si nous pouvions combler cet écart
avec les pays voisins par le biais d’une réduction
des cotisations patronales, notre handicap
salarial s’en trouverait déjà réduit de 5,1 points
de pour cent.
Comment se situe notre pays sur le plan de la compétitivité-coûts ? Investissons-nous assez dans les talents présents et les mettons-nous à la disposition du marché du travail ? Et à quel point nos autorités sont-elles ou non performantes ? Sur la base d’une analyse des atouts et faiblesses de notre pays, nous pouvons évaluer sur quels leviers il faut travailler pour créer plus de croissance et d’emplois.
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les partenaires sociaux n’ont presque plus de
marge de manœuvre, même pour d’éventuelles
autres préoccupations communes (par ex. en
matière de formation, de deuxième pilier des
pensions...).
COÛTS ÉNERGÉTIQUES ÉLEVÉS, FRAGILISATION DE LA SÉCURITÉ D’APPROVISIONNEMENTOutre le coût salarial, le prix de l’énergie
constitue un deuxième fondement important
de notre compétitivité. Étant donné le poids de
l’industrie intensive en énergie (par ex. chimie,
pétrole, acier, certains sous-secteurs de l’indu-
strie alimentaire...) dans notre économie, le prix
de l’énergie revêt une plus grande importan-
ce en Belgique que dans beaucoup d’autres
pays. Selon des données d’Eurostat, l’industrie
intensive en énergie représente en effet 35%
de la valeur ajoutée totale de l’industrie belge.
Ce pourcentage est plus faible dans la grande
majorité des autres pays européens (il s’élève,
par ex., à 30% aux Pays-Bas, à 25% en France
et à 22% en Allemagne).
Pour ce qui est du prix de l’électricité, nous
pouvons constater que la Belgique se situe dans
Une autre caractéristique de notre système de
formation des salaires est sa rigidité. Elle est la
conséquence des nombreux automatis-
mes appliqués, tels que l’indexation
automatique ou les augmentations
salariales liées à l’ancienneté. Il y a
deux ans, une étude de la Banque
nationale a révélé que notre systè-
me d’indexation génère d’innom-
brables effets pervers. Il a notam-
ment tendance à renforcer l’effet de
chocs des prix externes (par ex. forte aug-
mentation du prix du pétrole), les coûts
salariaux augmentant davantage et plus
vite chez nous que chez nos principaux
partenaires commerciaux. De plus, il
ne permet pas de mener une politi-
que RH performante : si presque tout
le monde reçoit autant (à savoir l’index), il est
quasiment impossible d’établir une différence
entre les travailleurs (par ex. pour tenir davan-
tage compte de la valeur ajoutée qu’apporte
chacun à l’entreprise). Par ailleurs, l’indexation
automatique rend plus diffi cile le dialogue
social. Étant donné que l’indexation mange
quasiment l’intégralité (voire plus) de la marge
disponible pour les augmentations salariales,
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renouvelable, qui a entrainé une diminution
de la rentabilité des centrales conventionnel-
les). Nous sommes ainsi devenus de plus en
plus dépendants de l’importation d’électricité
de l’étranger, ce qui a augmenté le risque de
‘black-out’ à certaines périodes de l’année (par
ex. lorsqu’il fait très froid et que les éoliennes
offshore ne tournent pas en l’absence de vent).
De récents calculs du Bureau fédéral du plan
(2014a) démontrent qu’un tel ‘black-out’, même
de courte durée, affecterait considérablement
notre économie.
Par ailleurs, on redoute l’impact qu’aura
l’importance croissante de l’énergie renouve-
lable sur notre sécurité d’approvisionnement.
Aujourd’hui, plus de 50% de notre production
d’électricité proviennent en effet des centrales
nucléaires. Celles-ci constituent, du moins sur
le plan de la sécurité d’approvisionnement, une
source d’énergie relativement fi able et prévi-
sible. L’énergie renouvelable est, par contre,
de nature plus intermittente. Cela signifi e que
l’électricité ne peut être produite que si le vent
souffl e suffi samment (pour faire tourner les
turbines) ou si le soleil brille assez (pour activer
les panneaux solaires). On peut donc s’attend-
re – à moins que nous ne soyons en mesure de
développer de nouvelles capacités de stocka-
ge – à ce qu’une plus grande proportion d’éner-
gie renouvelable rende notre production et notre
approvisionnement d’électricité plus incertains.
UN IMPÔT DES SOCIÉTÉS ÉLEVÉL’impôt des sociétés constitue un troisième
fondement majeur de notre compétitivité. S’il
est bas, cela permet en effet aux entreprises de
conserver davantage de moyens pour investir
dans leur fonctionnement. Or, le taux nominal
est extrêmement élevé dans notre pays, à savoir
34% ; alors que la moyenne européenne s’élève
à peine à 23,2%. Heureusement, la Belgique
la moyenne européenne. De manière générale,
nous enregistrons de moins bons résultats que
la France et les Pays-Bas, mais sommes mieux
classés que l’Allemagne (1) (CREG, 2014). La
situation de l’industrie intensive en énergie
s’est légèrement améliorée au cours de l’année
dernière. Les nombreux prélèvements publics
fédéraux et régionaux (destinés, entre autres,
à soutenir l’énergie renouvelable, à mettre en
place une politique sociale...) restent cepen-
dant problématiques, car ils poussent le prix de
l’électricité à la hausse. L’année dernière, une
étude de Deloitte Belgium (2013b) a établi que
ces taxes sont souvent beaucoup plus impor-
tantes en Belgique que dans les pays voisins.
En ce qui concerne le prix du gaz naturel, la
Belgique occupe généralement une meilleure
place dans le benchmarking européen. La
concurrence internationale provenant des
États-Unis est toutefois considérable. Grâce à
la révolution du gaz de schiste, le gaz naturel y
est aujourd’hui trois fois moins onéreux qu’en
Europe. Selon l’Agence internationale de
l’énergie (AIE 2013), peu de changements sont
attendus dans ce domaine, à politique inchan-
gée. L’AIE estime qu’en 2020, le prix du gaz
naturel en Europe représentera toujours plus
du double de celui pratiqué aux États-Unis.
Si nous ne parvenons pas à développer les
solutions nécessaires, plusieurs pans de notre
industrie intensive en énergie seront, à terme,
menacés de fermeture.
À côté du prix de l’électricité, la sécurité
d’approvisionnement revêt aussi une impor-
tance capitale pour notre économie. Plusieurs
points critiques retiennent notre attention
dans ce domaine. Premièrement, trop peu
d’investissements dans de nouvelles capacités
ont été réalisés par le passé (entre autres en
raison du soutien important apporté à l’énergie
(1) Les prix de l’électricité élevés en Allemagne, dus en grande partie à la transition énergétique qui s’y opère, doivent être légèrement nuancés, parce que les industries les plus intensives en énergie bénéfi cient de réductions importantes dans ce pays.
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tant pour les PME que pour les grandes entrepri-
ses. Ce mécanisme a par exemple permis à bon
nombre d’entre elles de mieux résister à la crise,
du moins dans une première phase. Celles-ci
ont, en effet, pu accroître sensiblement leur
capital au cours des années précédant la crise
et ont été davantage protégées lorsque celle-ci
a éclaté. Grâce à ce système de déduction,
plusieurs activités de groupes internationaux ont
en outre pu s’ancrer en Belgique. La pression fi s-
cale exercée sur ces activités spécifi ques est en
effet bien inférieure aux 26,3% (voir ci-dessus).
Il serait toutefois injuste de considérer que cela
‘creuse un trou dans le budget’, car ces activités
n’auraient jamais pu exister en Belgique sans le
système des intérêts notionnels. Dans ce cas,
les pouvoirs publics auraient perçu moins – et
certainement pas plus – de recettes fi scales.
Les chiffres le confi rment : presque aucun autre
pays en Europe ne connaît des recettes fi scales
liées à l’impôt des sociétés aussi élevées que la
Belgique. En 2012, elles représentaient 3,1% du
PIB chez nous, contre 2,7% en Allemagne, 2,3%
en France et 2,1% aux Pays-Bas. La moyenne de
la zone euro était de 2,4%.
UN TRAFIC AU BORD DE L’ASPHYXIEAbordons enfi n la mobilité, le quatrième
fondement de notre compétitivité. Selon des
chiffres de la plate-forme d’information sur le
trafi c INRIX (OCDE, 2013h), Bruxelles et Anvers
font partie des villes les plus congestionnées
au monde. La Commission européenne estime
que ces embouteillages coûtent environ 2% du
PIB (en raison notamment de l’importante perte
de temps). Sans la mise
en place de nouvelles
mesures, cette situation
s’aggravera encore suite
à la croissance continue
du transport de person-
nes et de marchandises.
Selon le Bureau fédéral du plan
(2012), la vitesse moyenne sur le
réseau routier menace dans ce
cas de diminuer de 29% en
pratique la déduction des intérêts notionnels.
Par conséquent, la pression fi scale effective se
révèle généralement inférieure au tarif nominal.
Selon des chiffres de la Commission européen-
ne (2013a), ce système nous permet de combler
quelque peu le fossé qui nous
sépare de la moyenne européen-
ne. Ainsi, la pression fi scale effective sur
les entreprises non fi nancières s’élevait en
2012 à 26,3% en Belgique, contre 20,9%
pour la moyenne européenne.
La déduction des intérêts notionnels
présente de nombreux autres avantages,
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entreprises). La perte pour notre économie
et notre société est gigantesque. Des études
internationales montrent que le retour potentiel
de l’enseignement est le plus fort dans les 10
à 15 premières années (Heckman, 2008). Une
amélioration est toujours possible au-delà,
mais elle s’avère plus lente et plus diffi cile. En
d’autres termes, les jeunes qui accusent un
retard à un jeune âge, éprouvent ensuite des
diffi cultés à le combler et risquent de rencontrer
des problèmes sur le marché du travail durant le
reste de leur vie.
Une deuxième perte survient lorsque les tra-
vailleurs arrêtent de se former en permanence.
Comme mentionné plus haut, les évolutions
période de pointe et de 16% en période creuse.
Concrètement, cela signifi e qu’un automobiliste
qui veut parcourir une distance de 50 kilomè-
tres en période de pointe n’aura, en moyenne,
plus besoin de 1h19, mais de 1h51 (!). Il s’agit
d’un scénario catastrophe pour la mobilité des
personnes et le transport de marchandises, sans
parler du stress au travail qui serait engendré ni
de la qualité de l’air…
2. EXPLOITER DAVANTAGE
LES TALENTS POTENTIELS
L’analyse des principales mégatendances révèle
que la connaissance gagne toujours plus en
importance dans notre économie et notre socié-
té. Il est donc essentiel d’investir dans le capital
humain et de le mettre au maximum à la dispo-
sition du marché du travail. Des bancs d’école à
la pension, de nombreuses fuites se produisent
toutefois et empêchent que ce potentiel de ta-
lents soit pleinement exploité dans la pratique
(voir fi gure 14) (OCDE, 2012c).
Il est ainsi possible que notre enseignement ne
laisse pas éclore tous les talents disponibles ou
que de nombreux jeunes n’apprennent pas les
meilleures aptitudes et compétences (notam-
ment celles qui sont peu demandées par les
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NOMBRE MOYEN D’HEURES PERDUES DANS LES EMBOUTEILLAGES PAR AUTOMOBILISTE EN 2013
Potentiel de capital humain Enseignement
Perte 1 : qualité, inclusion et adéqua-tion avec le marché du travail insuffi santes
Perte 2 : érosion des qualifi cations
Perte 3 : trop peu d’activation, trop de départs anticipés
Formation tout au long de la vie
Marché du travail
COMMENT UN PAYS PEUT-IL MAXIMALISER SON CAPITAL HUMAIN ?
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DES INVESTISSEMENTS DANS L’ÉDUCATION NON PROPORTIONNELS AUX RÉSULTATS OBTENUSLa Belgique investit énormément dans l’ensei-
gnement, à savoir 6,2% du PIB (soit plus de 23
milliards EUR). La moyenne de la zone euro ne se
situe par exemple qu’à 5,1% du PIB. En France
(6,1%), aux Pays-Bas (5,8%) et en Allemagne
(4,4%), les budgets alloués à l’éducation sont
également plus faibles que dans notre pays. Nos
investissements considérables ne se traduisent
pourtant pas toujours par des résultats bien
meilleurs. Si nous prenons, par exemple, le
score PISA moyen (Programme for International
Student Assessment) pour la lecture, les mathé-
matiques et les sciences, nous pouvons constater
que la Belgique dépasse la moyenne de l’OCDE
(497,2) avec ses 509,7 points, mais qu’elle enre-
gistre de moins bons résultats que les Pays-Bas
(518,8) et l’Allemagne (515,1) (2) (OCDE, 2013i).
Notre position s’est en outre dégradée au cours
des 5 à 10 dernières années. Nous obtenons
cependant un meilleur score pour un autre
indicateur important, celui du nombre de per-
sonnes âgées de 30 à 34 ans ayant un diplôme
de l’enseignement supérieur de type long. En
Belgique, 43,9% des personnes de cette tranche
d’âge possèdent un tel diplôme, contre 34,6%
pour la moyenne de la zone euro, 43,6% en Fran-
ce, 42,2% aux Pays-Bas et 32% en Allema-
gne. De manière générale, la Belgique ne s’en
sort donc pas trop mal par rapport aux autres
pays. Nous pourrions toutefois nous attendre à
de meilleurs résultats au vu du budget considé-
rable qui est alloué à l’éducation.
Malgré son score moyen relativement bon, notre
système éducatif ne réussit pas à déployer tous
les talents disponibles. Par exemple, en 2012,
12% de la population âgée entre 18 et 24 ans
ont quitté l’école sans diplôme de l’enseigne-
ment secondaire. La moyenne de la zone euro
était certes plus élevée (13,9%), mais les Pays-
dans le monde sont de plus en plus rapides. La
date d’expiration des connaissances spécifi ques
que nous possédons est par conséquent plus
rapidement atteinte. Si les travailleurs ne se for-
ment pas tout au long de leur vie, leurs aptitudes
et compétences s’éroderont progressivement
et répondront de moins en moins aux exigences
du marché du travail. À terme, leur productivité
diminuera considérablement ou – ce qui est
plus probable – le risque qu’ils se retrouvent au
chômage augmentera.
Une troisième perte est causée par le fonction-
nement de notre marché du travail. Aujourd’hui,
un capital humain très important est encore
gâché parce qu’il est trop rapidement amorti
(par ex. dans le cas des prépensions) ou parce
qu’il est insuffi samment activé (par ex. en cas
de chômage). Dans les paragraphes qui suivent,
nous approfondirons l’impact de chacune de ces
pertes en Belgique et comparerons cette situati-
on avec celle d’autres pays européens.
(2) Les prestations des différentes Communautés sont inégales. De manière générale, les résultats de la Flandre sont bien meilleurs que la moyenne nationale, alors que ceux de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont moins bons.
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33 FEB
se, l’Autriche et les Pays-Bas utilisent abondam-
ment ce système, ce qui leur permet d’accuser
un taux de chômage des jeunes bien plus faible
qu’en Belgique. Enfi n, selon une étude de l’OCDE
(2013d), notre enseignement met beaucoup trop
peu l’accent sur l’importance de l’esprit d’initiati-
ve et d’entreprise.
Il est essentiel que les travailleurs (et les de-
mandeurs d’emploi) continuent à se former en
permanence pour que le capital humain disponi-
ble sur le marché du travail puisse conserver sa
qualité élevée. Si l’on analyse les efforts fournis
par les entreprises dans ce domaine, les presta-
tions de la Belgique sont très bonnes dans un
contexte européen. Selon l’enquête européen-
ne la plus récente en la matière (c’est-à-dire
l’enquête européenne CVTS) (3), les entreprises
Bas (8,8%), l’Allemagne (10,6%) et la France
(11,6%) ont obtenu des chiffres nettement plus
favorables. Le nombre d’élèves de l’enseigne-
ment primaire ou secondaire qui ont dû recom-
mencer au moins une année est particulièrement
élevé en Belgique avec 36,1% (contre 20,3%
en Allemagne, 27,6% aux Pays-Bas et 28,4% en
France) (OCDE, 2013g). Enfi n, le rapport entre
les scores PISA moyens pour les 5% d’élèves les
plus performants et les 5% d’élèves éprouvant le
plus de diffi cultés n’est presque nulle part ailleurs
plus élevé qu’en Belgique (seuls la France et le
Luxembourg enregistrent de moins bons résul-
tats) (OCDE, 2013h). Dans un contexte interna-
tional, notre pays compte donc un grand groupe
d’élèves très performants, mais également un
aussi grand groupe d’élèves obtenant des résul-
tats très médiocres. Des études internationales
démontrent que cette situation s’explique pour
une bonne partie par l’origine socioéconomique
et culturelle de ces jeunes (par ex. le niveau
de formation et le métier des parents) (OCDE,
2013i). En résumé, malgré les améliorations
spectaculaires observées au cours des dernières
décennies, l’égalité des chances n’est toujours
pas une réalité dans notre enseignement.
INADÉQUATION ENSEIGNEMENT – MARCHÉ DU TRAVAILBeaucoup de talent potentiel est également
perdu en raison de l’inadéquation entre l’ensei-
gnement et le marché du travail. Seuls 16,7% des
étudiants de l’enseignement supérieur en Bel-
gique sont inscrits dans une orientation ‘STEM’
(c’est-à-dire science, technology, engineering &
mathematics). C’est un peu plus qu’aux Pays-Bas
(14%), mais beaucoup moins que la moyenne de
la zone euro (27,2%), qu’en France (25,8%) ou
en Allemagne (32,1%). Ces profi ls sont pourtant
fortement demandés sur le marché du travail et
revêtent une importance cruciale pour assurer la
transition vers une économie de la connaissan-
ce. Un autre exemple de l’inadéquation entre
l’enseignement et le marché du travail réside
dans le faible développement de la formation en
alternance dans notre pays. L’Allemagne, la Suis-0
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TROP PEU D’ÉTUDIANTS SONT INSCRITS DANS UNE ORIENTATION ‘STEM’
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pour chaque travailleur par les entreprises.
En Belgique, le taux de participation est de
52%, soit 14 points de pour cent de plus que
la moyenne européenne (38%) et nettement
plus qu’en France (45%), en Allemagne (39%)
et aux Pays-Bas (39%). Il faut toutefois rappeler
qu’investir dans la formation tout au long de
la vie est une responsabilité partagée entre
les entreprises et les travailleurs. Ces derniers
doivent en effet régulièrement se demander
comment ils peuvent continuer à améliorer en
permanence leur employabilité (et donc leurs
chances d’emploi).
En fi n de compte, cela n’a pas beaucoup
de sens d’investir dans le capital humain si
celui-ci n’accède jamais au marché du travail
ou le quitte prématurément. Il appartient aux
pouvoirs publics de veiller, par le biais de la
législation sociale et fi scale, à ce que ce talent
soit effectivement mis à la disposition du mar-
ché du travail. Pourtant, de nombreuses pertes
surviennent ici aussi. Songez par exemple au
chômage. Dans un contexte européen, la Belgi-
que obtient des résultats moyens, avec un taux
de chômage de 8,4% en 2013. La moyenne de
la zone euro est certes nettement plus élevée,
12,1%, mais l’Allemagne (5,3%) et les Pays-Bas
(6,7%) font beaucoup mieux. Près de la moitié
de nos chômeurs (44,7%) sont en outre sans
emploi depuis plus d’un an. Cela prouve une
fois de plus qu’il faudra davantage miser sur
l’activation des demandeurs d’emploi à l’avenir.
Une autre perte cruciale est causée par l’en-
semble des systèmes de départ anticipé de
notre pays (par ex. prépension, crédit-temps
et interruption de carrière, invalidité...). Selon
l’OCDE (2013c), l’âge effectif de la pension est
de seulement 59,6 ans chez les hommes et de
58,7 ans chez les femmes en Belgique. Dans
ce domaine, la Belgique et le Luxembourg
sont les plus mauvais élèves. C’est ainsi qu’à
peine 39,5% des personnes âgées de 55 ans
et plus dans notre pays sont effectivement
actifs, contre par exemple 44,5% en France,
belges ont investi 2,4% de la masse salariale
totale dans la formation. Seule la France (2,5%)
fait mieux. Tous les autres pays européens font
moins bien. Notre pays bénéfi cie également
d’un rapport positif pour son taux de participa-
tion (nombre relatif de travailleurs bénéfi ciant
chaque année d’une formation) ainsi que pour
le nombre moyen d’heures de formation prévu
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LES ENTREPRISES BELGES INVESTISSENT BEAUCOUP DANS LA FORMATION
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LES TRAVAILLEURS PLUS ÂGÉS QUITTENT PRÉMATURÉMENT LE MARCHÉ DU TRAVAIL
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des pouvoirs publics à édicter des règles claires,
aisément applicables sur le terrain et qui ne frei-
nent pas le développement économique. Ici aus-
si, les pays scandinaves, la Suisse et les Pays-Bas
arrivent en tête, mais cette fois la Belgique se
situe en queue du peloton. Cela vaut également
pour un troisième aspect, à savoir le respect de
la législation par les citoyens et, le cas échéant,
la faculté de la police et de la justice à l’imposer.
58,6% aux Pays-Bas et 61,5% en Allemagne.
Un tel gaspillage de capital humain ne peut
être justifi é alors que nous devons renforcer
l’assise de notre sécurité sociale (entre autres
pour fi nancer le coût du vieillissement de la
population) et que les entreprises réclament de
la main-d’œuvre qualifi ée.
3. NÉCESSITÉ DE POUVOIRS
PUBLICS PLUS PERFORMANTS
Les entreprises doivent aujourd’hui opérer
dans des conditions de plus en plus diffi ci-
les. Elles se passeraient donc bien de toute
complexité supplémentaire imposée par les
pouvoirs publics. Ceux-ci doivent au contraire
assurer la stabilité et la prévisibilité nécessaires.
Différents indicateurs révèlent qu’à cet égard,
la Belgique ne compte pas parmi les meilleurs
élèves de la classe. Ainsi, elle arrive seulement
en 36e place dans le dernier classement ‘Doing
Business’. Cette publication annuelle de la
Banque mondiale (2013) sonde le climat d’en-
treprise général dans 189 pays. Les paramètres
pris en compte sont par exemple le temps et le
coût pour obtenir des autorisations, pour créer
une entreprise, pour engager des travailleurs,
pour exporter des produits et services... Les
5 pays les plus performants sont Singapour,
Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, les USA et le
Danemark. L’Allemagne (21) et les Pays-Bas (28)
– contrairement à la France (38) – font mieux
que la Belgique.
Chaque année, la Banque mondiale analyse
aussi les différents pouvoirs publics au travers
de nombreux autres indicateurs. Un des aspects
examinés porte par exemple sur la qualité des
services fournis et de l’appareil administratif.
Les meilleurs résultats sont obtenus par les
pays scandinaves, la Suisse et les Pays-Bas. La
Belgique, tout comme l’Allemagne, se situe au
milieu du classement. La France fait à nouveau
moins bien. Un autre aspect a trait à la capacité
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Efficacité des pouvoirs publics Qualité de la réglementation ‘Rule of law’
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LES CHARGES ADMINISTRATIVES RESTENT ÉLEVÉES
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chiffres du Bureau fédéral du plan et du Service
simplifi cation administrative prévoient que cet
objectif ne sera absolument pas réalisé.
Enfi n, il est important que la réglementation
s’inscrive au maximum dans une perspective
internationale. C’est capital pour une petite
économie ouverte comme la Belgique, qui est
tributaire des échanges internationaux. Mais,
trop souvent, le législateur n’en tient pas comp-
te. Ainsi, lorsqu’une directive européenne doit
être transposée en droit belge, il arrive que nos
législateurs ne reprennent pas la directive telle
quelle, mais la complètent avec des restrictions
ou des obligations additionnelles (phénomène
de ‘gold plating’). Non seulement cela engen-
dre pour les entreprises belges des coûts sup-
plémentaires, mais cela affaiblit aussi le marché
intérieur européen : si les pays légifèrent chacun
de leur côté, cela favorise le morcellement.
Et ce alors que notre prospérité est tellement
dépendante du marché intérieur. Notre pays
devrait donc être le plus grand défenseur d’une
transposition rapide et intégrale des directives
européennes. Inversement, il arrive que la Bel-
gique n’attende pas une initiative européenne
pour édicter une législation propre. Le registre
belge des nanomatériaux en est un exemple
récent. Il en résulte que les entreprises belges
sont une fois de plus défavorisées par rapport à
leurs concurrents à l’étranger.
Tout ce qui précède montre clairement que les
pouvoirs publics doivent d’urgence améliorer la
qualité de leur output. Ils ont cependant encore
d’autres défi s à relever. Ils doivent également
rendre leur fonctionnement sensiblement plus
effi cace. En comparaison avec nos pays voisins,
les coûts de fonctionnement de nos différen-
tes autorités sont très élevés (FEB, 2014). S’ils
étaient aussi effi caces que chez nos voisins, on
pourrait réaliser environ 4 milliards EUR d’éco-
nomies au cours de la prochaine législature. Ce
potentiel d’économie ne se situe pas unique-
ment chez les autorités fédérales. En effet, les
régions et les communes doivent fournir au
moins deux tiers de l’effort à réaliser.
La qualité de notre législation laisse donc
souvent à désirer. De plus, les entreprises
belges sont toujours confrontées à des charges
administratives considérables. Dans sa dernière
étude, le Bureau fédéral du plan (2014b) estime
qu’en 2012, ces charges représentaient encore
plus de 5 milliards EUR. C’est même un peu plus
qu’en 2010. Plus de la moitié d’entre elles sont
supportées par les petites entreprises. Elles dé-
coulent principalement de la législation fi scale
(55,1% du total) et sociale (36,8%). Pourtant, le
gouvernement fédéral s’était engagé, dans son
accord de fi n 2011, à les réduire de 30%. Les
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LES POUVOIRS PUBLICS INVESTISSENT TROP PEU
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4. CONCLUSION
Pour apporter une réponse fondamentale aux
différentes mégatendances auxquelles nous
sommes confrontés, nous devons rétablir la
compétitivité-coûts de nos entreprises, investir
dans le capital humain (et veiller à l’activer
au maximum) et améliorer considérablement
l’effi cience et les performances de nos pou-
voirs publics. Non seulement cela rendra nos
entreprises plus résistantes face à la concur-
rence internationale et créera plus d’emplois,
mais cela donnera également à tous les talents
l’opportunité de se développer et permettra
d’éviter que notre sécurité sociale ne croule
sous le poids du vieillissement. Dans la double
interview qui suit, la nouvelle présidente de la
FEB, Michèle Sioen, et l’administrateur délégué,
Pieter Timmermans, évoquent les mesures
qui pourraient être prises dans chacun de ces
trois domaines. Ils se basent sur les résultats de
l’analyse des atouts et faiblesses de notre pays
décrits dans ce chapitre.
Malgré le niveau historique des dépenses publi-
ques (51,1% du PIB, hors charges d’intérêt), les
investissements publics restent extrêmement
faibles. Au cours des dix dernières années,
ils représentaient en moyenne 1,7% du PIB.
Nous nous situons très mal dans le classement
européen, puisque la moyenne européenne
était plus élevée de près d’un point de pour
cent (2,5%). Aux Pays-Bas, les investissements
publics atteignaient 3,4%, en France 3,2% et
en Allemagne 1,6%. Nos différents pouvoirs
publics doivent donc non seulement réduire
les dépenses publiques totales, mais aussi les
ventiler de manière fondamentalement diffé-
rente. Ils doivent affecter moins aux dépenses
courantes (par ex. frais de fonctionnement et
allocations sociales) et plus aux investissements.
Ce revirement est essentiel pour notre pays.
En tant que petite économie ouverte située au
centre de l’Europe occidentale, nous sommes
largement dépendants d’une infrastructure
performante (par ex. routes, ports, pipelines,
télécommunications, rail, navigation intéri-
eure...). En ce moment, l’infrastructure belge
se porte encore relativement bien, mais elle
pourrait devenir moins fi able à la suite d’années
de sous-investissements et se révéler dès lors
un handicap plutôt qu’un atout pour attirer des
investissements étrangers.
LES ENTREPRISES BELGES SONT TOUJOURS
CONFRONTÉES À DES CHARGES ADMINISTRATIVES
CONSIDÉRABLES
37 FEB
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“LAISSEZ L’ENTREPRENEUR ENTREPRENDRE” … DANS UN ENVIRONNEMENT JURIDIQUEMENT SÛR, STABLE ET ÉCONOMIQUEMENT VIABLE
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Un mois avant la ‘mère de toutes les élections’ en Belgique, Michèle Sioen, CEO du groupe textile du même nom, est devenue présidente de la FEB. Elle formera, avec Pieter Timmermans, administrateur délégué, le nouveau tandem qui défendra notre prospérité. Plusieurs thèmes les attendent : la compétitivité, les charges élevées, l’index, les inadéquations sur le marché du travail, la qualité de l’enseignement, le vieillissement de la population… Le REFLECT a voulu connaître leurs visions, pistes de réfl exion et recommandations pour assurer un meilleur avenir à notre pays.
I Le 25 mai sera le jour des élections fédérales et régionales. Une opportunité unique ?
Michèle Sioen (MSI): “Pour la
première fois depuis longtemps, le
gouvernement pourra – on l’espè-
re – travailler durant cinq années
consécutives. Il s’agit d’une chance
rare de mener de profondes réformes
socioéconomiques à tous les niveaux
et d’engendrer un impact structurel
positif pour l’avenir de notre pays
dans les années 2020-2025.”
Pieter Timmermans (PT): “Les
autorités fédérales et régionales
pourront, en outre, élaborer un projet
commun leur permettant d’aborder
les mégatendances ‘transfrontalières’
qui s’annoncent.”
ICréer davantage de croissance et d’emplois constitue un défi de taille. Comment le relever dans une petite économie ouverte comme la Belgique ?
PT: “Les entreprises belges qui expor-
tent créent de la prospérité. Certaines
PME doivent ainsi miser davantage
sur le marché intérieur européen et
accroître leur part sur les autres mar-
chés industrialisés. D’autres entrepri-
ses doivent surtout viser les nouveaux
pays émergents prometteurs.”
MSI: “Les chiffres d’affaires de Sioen
Industries évoluent selon la conjonc-
ture. Pour renforcer notre position,
nous nous concentrons sur l’inter-
nationalisation – le groupe exporte
jusqu’à 90% de ses produits textiles –
et sur l’innovation. La différenciation
est vitale en la matière et constitue
une arme majeure dans la lutte
concurrentielle. À condition toutefois
que nous puissions lutter à armes
égales. Concrètement, je pense aux
coûts salariaux et de l’énergie, pour
ne citer que ces deux aspects.”
PT: “Notre balance commerciale est
dans le rouge depuis six ans. Quel-
que chose ne va donc pas. On attend
des employeurs qu’ils inversent la
courbe décroissante, mais il faut au
moins leur fournir un cadre – un level
playing fi eld – pour qu’ils puissent
entreprendre en force.”
I Pas de dynamisme sans compétitivité ?
MSI: “Nous démarrons avec un
handicap puisque nos coûts salariaux
sont plus de 16% supérieurs à ceux
de nos pays voisins. Et je ne vous par-
le pas de notre position par rapport
à d’autres pays plus éloignés. Il est
indispensable que la Belgique et les
pays qui nous entourent soient sou-
mis à des règles équitables. Quand
j’écoute les partis politiques, je
constate avec satisfaction qu’ils sont
entièrement d’accord pour dire qu’il
est urgent d’améliorer la compétitivi-
té de nos entreprises.”
PT: “En effet, il existe – enfi n – un
grand consensus autour de l’analyse
de la situation. Reste à savoir com-
ment procéder.”
I Comment procéder ?MSI: “Le taux facial des cotisations
patronales doit passer à 25%. Il s’agit
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d’une mesure linéaire, simple, qui
bénéfi cie directement et sans dis-
tinction à l’ensemble des entreprises.
Pour s’assurer que cette réduction
de charges soit effectivement utilisée
pour renforcer la compétitivité des
entreprises, et qu’elle ne se traduise
pas, par exemple, en salaires bruts
plus élevés, la loi de 1996 relative
à la compétitivité doit aussi être
réformée. Comprenez-nous bien, les
travailleurs ne doivent pas gagner
moins, mais la différence entre le sa-
laire net et les coûts pour l’employeur
est trop grande.”
PT: “D’ici la fi n de la législature, il est
possible de diminuer de 10 points de
pour cent notre handicap salarial qui,
selon les experts de la Banque nati-
onale, du Bureau fédéral du plan et
du Conseil central de l’économie, est
estimé à 16,5%. Pour fi nancer cette
réduction, les autorités – fédérales,
s’internationaliseront, se réinven-
teront en permanence, prendront en
compte la demande changeante du
marché et innoveront. En soi, c’est
déjà une tâche de grande ampleur,
mais elle est essentielle pour ancrer
les activités en Belgique.”
I Êtes-vous en faveur d’une suppression ou d’une réforme de l’index ?
MSI: “En tant que dirigeante d’entre-
prise, je considère naturellement sa
suppression comme étant la solution
la plus intelligente sur le plan éco-
nomique. Les salaires continueront à
suivre l’infl ation, mais la concertation
salariale devrait pouvoir mieux tenir
compte de l’état de la conjoncture,
de la situation de l’entreprise, de la
performance du travailleur... afi n de
déterminer les augmentations de
salaire possibles. Cette suppression
est d’ailleurs la solution que les
institutions internationales comme
l’OCDE et le FMI préconisent depuis
des années.”
PT: “La meilleure solution est en effet
la suppression. Toutefois, compte
tenu de la réalité belge, nous
avançons déjà deux adaptations en
second choix. Premièrement, le sys-
tème doit être rendu moins sensible
aux chocs des prix externes. Quand le
prix du pétrole augmente beaucoup,
les coûts salariaux grimpent plus
fortement et plus rapidement en
Belgique que chez nos principaux
partenaires commerciaux. Cela af-
faiblit notre position concurrentielle.
Pour atténuer cet effet, on pourrait
retirer l’ensemble des produits
énergétiques de l’indice santé ou
encore indexer les salaires sur la
régionales et locales – doivent avant
tout limiter leurs dépenses au maxi-
mum. Elles doivent d’abord balayer
devant leur porte avant d’imposer de
nouvelles charges aux citoyens et aux
entreprises. Selon nos calculs, si tou-
tes les autorités de tous les niveaux
fonctionnaient aussi effi cacement
que dans nos trois pays voisins, les
gains d’effi cience obtenus rappor-
teraient 4 milliards EUR. Un exercice
similaire est également possible avec
la sécurité sociale. Les syndicats et les
partenaires sociaux, dont la FEB, gè-
rent un total de 60 à 70 milliards EUR.
Il faut, en outre, tenir compte des
effets de retour positifs que générera
une réduction de charges sur le plan
de la croissance et de l’emploi.”
I Et les entreprises ?MSI: “Elles doivent entreprendre.
C’est leur cœur de métier. Il faut aussi
leur accorder de la confi ance. Elles
HOW
“NOUS DEVONS POUVOIR ÉVOLUER DE MANIÈRE FLEXIBLE AUJOURD’HUI,
AFIN DE CROÎTRE DEMAIN ET APRÈS-DEMAIN” PIETER TIMMERMANS
40 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
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base de l’infl ation à long terme, que
l’on appelle ‘infl ation sous-jacente’.
Deuxièmement, nous estimons que la
masse salariale affectée à l’indexation
doit désormais être valorisée au sein
de la concertation sociale. Nous ne la
remettons donc pas en question, mais
nous renvoyons la balle dans le camp
des partenaires sociaux pour qu’ils
décident de ce qu’ils vont en faire. Les
puisse être utilisé afi n d’atteindre
plusieurs objectifs en concertation,
par exemple plus de pouvoir d’achat,
le renforcement du deuxième pilier
des pensions, plus de formation... La
concertation sociale pourra ainsi con-
tinuer à jouer son rôle, même dans
une période de gel réel des salaires.
Aujourd’hui, nous avons besoin de
cette fl exibilité dans le système.”
MSI: “En tant que dirigeante d’entre-
prise, je ne remets pas en question
l’importance de la relation entre le
pouvoir d’achat et les salaires. Mais
donnez-nous l’opportunité de réagir
de manière fl exible à la réalité éco-
nomique. L’automatisme contrai-
gnant actuel ne permet pas d’en
faire plus en période de haute con-
joncture ou d’en faire moins lorsque
la situation est moins positive.
Chaque entreprise ressent d’ailleurs
différemment cette évolution de la
conjoncture.”
IUn autre point problématique pour notre compétitivité est la mobilité. Les congestions coûtent à notre pays 2% du PIB.
MSI: “Les employeurs et les tra-
vailleurs n’ont vraiment pas besoin
d’embouteillages sur nos routes. Les
coûts sont considérables pour les
entreprises et la pression qui pèse
sur les travailleurs est malsaine. Je
suis convaincue que des transports
publics organisés de manière effi -
ciente et dont les différents modes
se renforcent mutuellement prou-
veront leur utilité et permettront
de soulager les tensions dues aux
congestions. Tant pour le transport
de personnes que pour le transport
de marchandises.”
travailleurs doivent se rendre compte
que l’indexation des salaires n’est pas
un droit acquis. Elle doit être fi nancée
par un surcroît de chiffre d’affaires ou
de valeur ajoutée généré par l’entre-
prise, car une telle somme d’argent
ne se trouve pas partout. Aujourd’hui,
l’index n’a aucune valeur au sein de
la concertation sociale. D’où notre
proposition : valorisez-le pour qu’il
HOW
“EN BONS PÈRES DE FAMILLE, LES ENTREPRISES, LES MÉNAGES, LES ORGANISATIONS... RECHERCHENT TOUS DES GAINS D’EFFICACITÉ. LES
POUVOIRS PUBLICS DOIVENT DONC FAIRE DE MÊME. NON ?”
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d’un marché unique européen de
l’énergie pour minimaliser le risque
de ‘black-out’ et faire converger les
prix européens. Vers le bas, bien
entendu, afi n d’assurer notre compé-
titivité et de rester attractifs pour les
investissements étrangers.”
PT: “En Belgique en particulier, il
n’existe pas d’approche coordonnée
entre les niveaux fédéral et régional.
Quel est l’intérêt de garder les prix
de l’énergie sous contrôle au niveau
fédéral tandis que les taxes régio-
nales s’envolent ? Les entreprises
ont effectivement besoin d’urgence
d’une politique stable en matière
de prix de l’énergie et de sécurité
d’approvisionnement.”
I Les inadéquations sur le marché du travail sont-elles trop souvent sous-évaluées ?
MSI: “C’est contradictoire. D’une
part, Sioen Industries a constam-
ment des emplois vacants. Les
I Est-ce une bonne chose d’aller vers plus d’Europe ?
MSI: “Dans de nombreux domaines,
oui. À nouveau, en tant que chef
d’entreprise, j’estime que le soutien
à l’innovation et les traités commer-
ciaux internationaux revêtent une
importance capitale. Même si, selon
moi, l’Europe ne s’exprime pas assez
unanimement pour peser davan-
tage dans la balance par rapport
aux autres puissances mondiales.
Trop d’intérêts nationaux antago-
nistes ébranlent encore la position
de négociation européenne. Nous
risquons également de perdre du
terrain sur le plan de l’innovation –
dans lequel de multiples initiatives
sont déjà en cours. Par exemple,
l’ancrage des normes technologi-
ques ne nous permet pas de faire
contrepoids face aux États-Unis et
à la Chine. Si ces normes ne sont
pas défi nies par des entreprises
européennes, l’Europe risquera de
perdre d’importantes activités de
R&D et d’innovation.”
PT: “N’oublions pas non plus l’effet
de ‘gold plating’ (soit les pays qui
veulent aller au-delà du prescrit
européen au niveau national). Si tous
les États membres réagissaient de
cette manière, nous enterrerions le
projet européen, nous restreindrions
le marché intérieur et nous infl ige-
rions des coûts supplémentaires,
donc inutiles, aux entreprises.”
MSI: “Il appartient d’ailleurs à
l’Europe d’empêcher la concurrence
déloyale à tous les niveaux. Entre les
pays, mais aussi au sein des secteurs.
Si tous les États appliquaient la
législation de la même manière, les
pratiques de dumping social, comme
dans le secteur de la construction
et des transports, seraient rendues
impossibles.”
IPensez-vous que la politique énergétique incohérente menée actuellement en Europe met en danger la vie des entreprises ?
MSI: “Chaque pays adopte une stra-
tégie différente. Étant CEO de Sioen
Industries, une entreprise active dans
15 pays, je sais de quoi je parle. Les
solutions à notre sécurité d’approvi-
sionnement et aux prix de l’énergie
élevés ne peuvent pas être élaborées
uniquement au niveau national. Cer-
tains pays sont plus susceptibles de
produire de l’énergie (renouvelable)
à bas prix que la Belgique. D’autres
possèdent des gisements de gaz de
schiste. Une pénurie d’énergie dans
un pays X doit être mieux compen-
sée par les excédents des pays Y
et Z. En résumé, nous avons besoin
“LES ENTREPRISES ONT PLUS QUE JAMAIS BESOIN
D’UNE POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE
UNIFIÉE AU NIVEAU EUROPÉEN ET COORDONNÉE
AU NIVEAU BELGE” MICHÈLE SIOEN
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postes techniques sont les plus
diffi ciles à pourvoir, que ce soit par
des hommes ou par des femmes.
Et j’entends de nombreux CEO se
plaindre. D’autre part, notre pays est
confronté à un chômage des jeunes
beaucoup trop élevé et les profi ls
peu qualifi és trouvent péniblement
du travail. Pour effacer ces tensions,
les liens entre l’enseignement et les
entreprises doivent se renforcer. Des
pays comme l’Allemagne prouvent
que la formation en alternance (qui
permet aux jeunes de se former
partiellement en entreprise) peut
contribuer signifi cativement à la
résorption du chômage des jeunes.
Les jeunes sont, par ailleurs, très peu
informés du fonctionnement réel
d’une entreprise. Ils ne dévelop-
pent pas non plus l’envie d’aller
travailler dans le secteur industriel.
Cela fait longtemps que les métiers
techniques ne sont plus considérés
comme inférieurs ou principalement
masculins. Au contraire. De plus, la
différence entre ‘cols bleus’ et ‘cols
blancs’ s’estompe. Un nouveau type
de talent est en pleine progression :
le ‘col gris’ qui combine les meilleurs
aspects du bleu et du blanc. Au-
jourd’hui, nos ouvriers doivent aussi
bien se servir des ordinateurs que les
employés doivent connaître le pro-
cessus de production. Selon moi, les
inadéquations et le développement
maximal des talents qualifi és revêtent
une importance primordiale. Je suis
ouverte à toute proposition et forme
de collaboration et de partenariat
afi n d’apporter des solutions.”
PT: “Pour renforcer le lien avec les
entreprises, la FEB propose que
chaque école devienne partenaire
IL’environnement dans lequel les entreprises opèrent est en mutation rapide. Comment doivent-elles y réagir ?
MSI: “Qui aurait pu prédire il y a
cinq ans qu’une entreprise fl orissan-
te comme BlackBerry aurait dû se
battre à court terme pour sa survie ?
Nous vivons dans un monde globali-
sé et devons être extrêmement cré-
atifs et adaptables, tout en prenant
constamment le pouls du marché.
C’est la seule manière de résister et
de garder une avance en misant sur
les tendances les plus récentes.”
d’une ou plusieurs entreprises dans
sa région. L’échange d’informations
entre l’enseignement et les entre-
prises sera ainsi favorisé. L’école en
question pourra également mener
de nombreux projets éducatifs
avec son entreprise partenaire. Les
étudiants doivent aussi être mieux
informés de l’impact de leurs choix
d’études. Une sensibilisation accrue
pour les orientations techniques est
une chose, mais les jeunes doivent
connaître avec précision les orien-
tations qui offrent les plus grandes
chances d’emploi et celles qui en
offrent moins.”
HOW
“LA DESTRUCTION CRÉATRICE EST DANS LA NATURE DE L’ENTREPRISE, ELLE EST UNE CARACTÉRISTIQUE D’UNE ÉCONOMIE
TOURNÉE VERS L’AVENIR” PIETER TIMMERMANS
44 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
REFLECT FR_03-2014.indd 44REFLECT FR_03-2014.indd 44 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
sentielles. Elles garantissent la stabilité
pour nos entreprises et augmen-
tent l’attrait de notre pays pour les
entreprises étrangères. Cela implique
par exemple un système souple et
abordable d’autorisations. Des règles
fi scales qui ne changent pas sans
cesse – songeons à la déduction des
intérêts notionnels, aux voitures de
sociétés… -– et ne s’appliquent pas
avec effet rétroactif.”
PT: “Il faut aussi que l’administration
soit simple. Vous ne pouvez imaginer
la montagne de formalités administra-
tives que l’entrepreneur débutant doit
affronter aujourd’hui. Celles-ci compli-
quent, ralentissent le lancement d’un
nouveau projet. Sans parler des coûts.
Malgré les efforts fournis, les charges
administratives se chiffrent encore à
plus de 5 milliards EUR. Il ne s’agit
pas seulement de réduire les charges
administratives existantes, mais aussi
d’en éviter de nouvelles. Une étude
d’impact préalable pourrait se révéler
utile.”
MSI: “Au cours des 5 prochaines
années, il faudra faire des progrès
signifi catifs dans 5 domaines : 1. le
rétablissement de la compétitivité
des entreprises ; 2. une politique
énergétique fi nançable ; 3. une politi-
que qui soutient et stimule l’initiative
d’entreprise et la respecte ; 4. un
cadre de travail juridiquement sûr et
prévisible, qui rétablit la confi ance,
et 5. une simplifi cation administrati-
ve qui offrent aux entrepreneurs de
meilleures chances pour entreprendre.
On insuffl era ainsi au monde des en-
treprises l’oxygène et l’énergie dont il
a besoin pour préserver la prospérité
de notre pays.”
PT: “Il y va de l’avenir de l’entreprise.
Il appartient au chef de l’entreprise de
le garantir. Ce n’est pas son boulot de
se préoccuper de l’optimalisation des
conditions de base. Non, l’entrepre-
neur doit entreprendre”
MSI: “Il y a trente ans, notre départe-
ment ‘confection’ a essuyé de lourds
revers et nous avons dû délocaliser la
production pour qu’elle reste viable.
Grâce à cette opération, 300 person-
nes travaillent à nouveau dans notre
département confection en Belgique.
C’était ça ou disparaître. La différence
est qu’aujourd’hui la nécessité du
changement s’est considérablement
accélérée. Les entrepreneurs doivent
être mieux adaptés, plus souples, plus
attentifs et plus ingénieux.”
PT: “La destruction créatrice est dans
la nature de l’entreprise, elle est
une caractéristique d’une économie
tournée vers l’avenir. Nous ne devons
pas tenter d’entraver ou de freiner
les changements, mais devons tout
mettre en œuvre pour garder un
maximum de personnes actives et
préserver la prospérité. En d’autres
termes, nous devons davantage
intégrer dans notre droit du travail et
notre sécurité sociale les principes de
la fl exisécurité (qui combine la fl exibi-
lité nécessaire pour l’employeur et la
sécurité nécessaire pour le travailleur).
Nous devons évoluer de la sécurité
d’emploi (sauver les emplois à tout
prix) vers la sécurité dans l’emploi.”
IActiver, cela signifi e aussi travailler plus longtemps. Un must pour faire face aux coûts du vieillissement ?
MSI: “Nous vivons plus longtemps,
en meilleure santé et sommes en
meilleure forme à 60 ans qu’il y a
trois décennies. Avec l’allongement
de la vie, les années de pension se
multiplient et les coûts de pension
augmentent donc. La seule solution
pour pouvoir continuer à les fi nancer
est d’allonger la carrière. L’âge de la
pension ou le nombre d’années de
carrière doit évoluer avec l’espérance
de vie. De même, le salaire des tra-
vailleurs doit être adapté à la nouvelle
pyramide des âges. Avec des salaires
automatiquement liés à l’ancienneté,
les travailleurs âgés deviennent trop
onéreux pour le marché. Leurs salaires
augmentent souvent plus vite que leur
productivité, de sorte qu’ils sont trop
chers pour de nombreuses entreprises.
Ces automatismes dans la formation
des salaires n’appartiennent plus à
notre époque.”
PT: “Les entreprises doivent aussi
apporter leur contribution et mener
une politique RH adaptée pour que
les travailleurs âgés restent actifs plus
longtemps. La technologie donne de
nombreuses possibilités pour offrir
aux travailleurs âgés en fi n de carrière
un emploi différent (et probablement
moins exigeant) dans l’entreprise.
De cette manière, elles valorisent
pleinement le capital humain tout
en réduisant les inadéquations sur le
marché du travail.”
IPour conclure, la Belgique recule lentement mais sûrement dans les classements internationaux. Comment enrayer ce processus insidieux ?
MSI: “Un appareil public plus effi cace
est capital. Mais la sécurité juridique
et la prévisibilité sont encore plus es-
45 FEB
REFLECT FR_03-2014.indd 45REFLECT FR_03-2014.indd 45 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
COWEN, T (2011). ‘The Great Stagna-
tion: How America Ate All the Low-Han-
ging Fruit of Modern History, Got Sick,
and Will (Eventually) Feel Better’ CCE (2013). ‘Rapport technique du
secrétariat sur les marges maximales dis-
ponibles pour l’évolution du coût salarial’ CREG (2014). ‘Aperçu et évolution des
prix de l’électricité et du gaz naturel pour
les clients résidentiels et les pme’ DELOITTE BELGIUM (2013a). ‘Decoding
the formula for superior performance’ DELOITTE BELGIUM (2013b). ‘Ben-
chmarking study of electricity prices
between Belgium and neighboring
countries’ CE (2012). ‘The 2012 Ageing Report:
Economic and budgetary projections for
the 27 EU Member States (2010-2060)’ CE (2013a). ‘Tendances de la fi scalité
dans l’Union européenne’
RÉFÉRENCES EC (2013b). ‘Innovation Union Score-
board 2013’ GROUPE D’EXPERTS ‘COMPÉTITIVITÉ
ET EMPLOI’ (2013). ‘Coût salarial,
subventions salariales, productivité du
travail et effort de formation des entre-
prises’ BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN (2012).
‘Destination 2030 : autoroute du chaos ou
itinéraires alternatifs?’ BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN (2014a).
‘Belgische black-outs berekend – Een
kwantitatieve evaluatie van stroompannes
in België’ BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN (2014b).
‘Les charges administratives en Belgique
pour l’année 2012’ GORDON, R (2012). ‘Is US Economic
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Recessions, Crunches and Busts?’ FMI (2009). ‘Financial Stress, Downturns,
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Update: Is the Tide Rising?’ IEA (2013). ‘World Energy Outlook 2013’ MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE
(2012a). ‘Manufacturing the future:
The next era for global growth and
innovation’ MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE
(2012b). ‘Help wanted: The future of
work in advanced economies’ MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE
(2012c). ‘Trading myths: Addressing
misconceptions about trade, jobs, and
competitiveness’
L’ÉCONOMIE BELGE. ÉTAT DE LA QUESTION
LES MÉGATENDANCES REDESSINENT NOTRE ÉCONOMIE ET NOTRE SOCIÉTÉ
QUELS SONT NOS ATOUTS ? QUELLES SONT NOS FAIBLESSES ?
46 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
REFLECT FR_03-2014.indd 46REFLECT FR_03-2014.indd 46 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
OCDE (2013i). ‘Regards sur l’éducation
2013’ OCDE (2013j). ‘Les perspectives de
l’OCDE sur les compétences 2013 :
premiers résultats de l’évaluation des
compétences des adultes’ OCDE (2013k). ‘What makes schools
successful? Resources, policies and
practices – Volume IV’ SAPIR, ANDRÉ (2005). ‘Globalisation
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MENT (2013). ‘Rapport annuel’ CNUCED (2013). ‘Rapport sur l’investis-
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Doing Business Report’
MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE (2012d). ‘Debt and deleveraging:
Uneven progress on the path to growth’ MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE
(2012e). ‘The world at work: jobs, pay and
skills for 3,5 billion people’ MCKINSEY GLOBAL INSTITUTE
(2013). ‘Disruptive technologies:
Advances that will transform life, business
and the global economy’ BNB (2012). ‘Indexation en Belgique :
ampleur, nature, conséquences pour
l’économie et alternatives possibles’ BNB (2014). ‘Rapport annuel 2013’ OCDE (2011). ‘Attractiveness for innovation:
location factors for international investment’ OCDE (2012a). ‘Perspectives des
migrations internationales 2012’ OCDE (2012b). ‘Horizon 2060 : perspec-
tives de croissance économique globale à
long terme’
OCDE (2012c). ‘Better skills, better jobs,
better lives: a strategic approach to skills
policies’ OCDE (2013a). ‘Enhancing the inclusive-
ness of the labour market in Belgium’ OCDE (2013b). ‘Science, technologie et
industrie : tableau de bord 2013’ OCDE (2013c). ‘Panorama des pensions
2013’ OCDE (2013d). ‘Entrepreneurship at a
glance 2013’ OCDE (2013e). ‘Economies interconnec-
tées : comment tirer parti des chaînes de
valeur mondiales’ OCDE (2013f). ‘Panorama de la santé
2013’ OCDE (2013g). ‘What students know and
can do: student performance in mathema-
tics, reading and science – Volume I’ OCDE (2013h). ‘Etude économique de la
Belgique 2013’
47 FEB
REFLECT FR_03-2014.indd 47REFLECT FR_03-2014.indd 47 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
THÈMES50 RÉMUNÉRATION POUR UN MODÈLE SALARIAL SOUTENABLE
51 FISCALITÉ RESTAURER UN CLIMAT DE CONFIANCE MUTUELLE
52 ÉLECTRICITÉ LE COUT D’UN BLACK-OUT
53 EUROPE VERS UN CLIMAT PLUS FAVORABLE AUX ENTREPRISES
54 MARCHÉ DE L’EMPLOI DES RÉFORMES POSITIVES, MAIS…
56 44 TONNES À QUAND DES CAMIONS QUI ROULENT
À PLEIN DANS L’UE ?
58 PRÉPENSION RÉGLEMENTATION ADAPTÉE POUR LES ENTREPRISES
EN RESTRUCTURATION
REFLECT FR_03-2014.indd 48REFLECT FR_03-2014.indd 48 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
49 FEB
Le magazine REFLECT que nous vous présentons ici prend – pour vous – le pouls de l’actualité. Dans chaque numéro, il donne un aperçu de thèmes importants que nos experts gèrent, négocient et suivent de près, dans les domaines économique, social, juridique et fi scal.Vous trouverez donc dans les pages qui suivent une sélection de dossiers actuellement traités par nos experts pour défendre au mieux les intérêts des fédérations membres et de leurs entreprises affi liées, et ce aux niveaux tant fédéral qu’européen et international.
Pour chaque thème, nous vous décrivons l’état d’avancement du dossier, la position de la FEB et les prochaines étapes. Une manière de vous offrir une vision à 360° sur des dossiers qui peuvent avoir un impact important sur vos activités. Vous trouverez également, pour chaque thème, les coordonnées du collaborateur FEB compétent et des renvois à d’autres sources d’information pertinentes.
Vous trouverez une vue d’ensemble de tous les dossiers et thèmes suivis par nos experts sur www.feb.be (domaines d’action).
FEB RADAR – Désormais aussi en matière de fi scalité et de sécurité sociale
Vous voulez rester au fait de l’actualité socio-économique de notre pays ? Vous aimeriez avoir accès rapidement aux toutes dernières ana-lyses des experts de la FEB ? Cette dernière a enrichi son FEB RADAR, largement consulté, d’un volet ‘Fiscalité’ ainsi que d’indicateurs clés sur la sécurité sociale. www.febradar.be
CHER LECTEUR
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“Une bonne rémunération doit être équitable et juste.” C’est ainsi que
SD WORX donnait récemment
le ton à l’occasion d’un ‘Grote
Loondebat’ auquel la FEB a pris part. Ce débat lui a
permis de rappeler ses principaux postulats pour un
modèle salarial réaliste et effi cace. Les voici résumés.
1) Si nous voulons garantir davantage de croissance
et d’emplois et maintenir notre prospéri-
té, il faut renforcer notre compétitivi-
té. Le coût salarial élevé en Belgique
provient en grande partie de la
hauteur des charges sur le travail.
Celles-ci doivent diminuer. Pour ce
faire, nous devons créer de la marge
en réduisant les dépenses pu-
bliques par le biais de gains
d’effi cience et d’économies,
et en prenant en considéra-
tion les effets de retour (plus
d’emplois impliquent moins
d’allocations, etc.).
2) Cette réduction de charges
doit être réalisée de la ma-
nière la plus simple, la plus
visible et la plus linéaire
possible. Tout en conser-
vant les réductions de co-
tisations existantes (dont
la linéarité et la simplicité
devraient également être
renforcées), la FEB veut di-
minuer le tarif facial des cotisations patronales à
25%. Cet objectif peut être atteint si un budget
suffi sant (entre 7 et 8 milliards EUR) est dégagé
sur une période de cinq ans.
3) Les employeurs plaident depuis des années pour
une révision de l’indexation automatique des sa-
laires, dont la Banque nationale mais également
des institutions internationales (OCDE, FMI et
Commission européenne) dénoncent la rigidité,
parce qu’elle entrave la mise en place d’une
politique salariale saine. Les autres pays utilisent
de meilleurs systèmes pour concilier la compéti-
tivité et le pouvoir d’achat. Diverses alternatives,
comme une valorisation de l’index, ont été mises
sur la table par la FEB.
4) La FEB est d’avis qu’il faut rompre, pour le calcul
du salaire, avec le système de barèmes liés à
l’ancienneté. Nous ne considérons pas que les
travailleurs sont, par défi nition, moins productifs
après un certain âge. Nous sommes en revan-
che convaincus que notre pays enregistrerait
des progrès sur le plan du coût salarial et de la
compétitivité s’il mettait progressivement un
terme aux automatismes actuels (index
et barèmes) et les remplaçait par des
systèmes qui assurent une plus grande
concordance entre coût salarial et
productivité. Nous offririons par
la même occasion davantage
de chances aux jeunes et aux
personnes plus âgées. Ce
serait également une oppor-
tunité de mener une politique
salariale fl exible, à la mesure de
l’entreprise et du travailleur.
5) Les employeurs demandent
une simplifi cation du patch-
work d’avantages salariaux,
qui sont chacun assortis d’un
statut et de conditions prop-
res. Ceux-ci permettent
d’alléger les coûts et d’individualiser le paquet
salarial. Ils sont toutefois synonymes de complexité
et de charges administratives supplémentaires et
ne peuvent en général être accordés qu’en sus des
règlements collectifs, accords salariaux bétonnés
et droits acquis auxquels les syndicats sont très at-
tachés. La priorité doit être donnée à la simplicité,
au sur-mesure et à la fl exibilité. Il reste donc du pain
sur la planche !
RÉMUNÉRATION POUR UN MODÈLE SALARIAL SOUTENABLE
STRATÉGIE SALARIALE | INDEX | BARÈMES
NOTRE COMPÉTITIVITÉ S’AMÉLIORERAIT SI L’ON
METTAIT UN TERME AUX AUTOMATISMES
ACTUELS
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50 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
THÈME1
CONTACT
Bart BuysseDirecteur général
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51 FEB
Les crises successives ont profondément
modifi é les regards sur la fi scalité et
son application aux entreprises. De
nouvelles exigences sont apparues,
notamment en matière de transparence,
de rapportage, de coopération renfor-
cée avec les autorités, etc.
Parallèlement, les entreprises sont enco-
re trop souvent stigmatisées et pâtissent
d’une perception négative injustifi ée
au sein du grand public.
C’est dans ce contexte que
l’Organisation de coopéra-
tion et de développement
économiques (OCDE) et la
Commission européenne
ont toutes deux mis en pla-
ce de vastes programmes
d’actions pour lutter au ni-
veau international contre
l’évasion fi scale et contre la
concurrence fi scale domma-
geable.
Les actions qu’ils pré-
voient abordent la
question sous tous ses
aspects : échanges de
renseignements, coopé-
ration fi scale internatio-
nale, contrôles renforcés,
exigences accrues de
rapportage et de documentation, lutte contre la
concurrence fi scale dommageable entre États, etc.
LES ENTREPRISES CONTRIBUENT LARGEMENTCes actions font l’objet de nombreuses con-
sultations au niveau de l’Union européenne et
de l’OCDE. La FEB, qui y participe de manière
FISCALITÉ RESTAURER UN CLIMAT
DE CONFIANCE MUTUELLE
LUTTE CONTRE L’ÉVASION | MÉFIANCE | NOUVELLE CULTURE
constructive, applique la ligne de conduite
qu’elle a toujours défendue pour les entreprises,
à savoir promouvoir une application correcte des
règles dans le cadre d’une saine concurrence
fi scale (dans laquelle s’inscrivent nos inté-
rêts notionnels, qui ne sont absolument
pas remis en question).
Contrairement aux opinions répandues,
les entreprises contribuent largement
aux rentrées fi scales de l’État, tous ni-
veaux de pouvoir confondus. De plus,
elles ont souvent largement anticipé,
dans un esprit positif, les oppor-
tunités offertes par les nouvelles
évolutions sociétales.
La FEB plaide donc pour une
nouvelle culture fi scale, qui
défi nisse clairement et de manière
équilibrée les droits et devoirs
des entreprises et des administra-
tions fi scales, afi n de restaurer un
climat de respect et de confi ance
mutuelle. Plus de respon-
sabilités doit aller de pair
avec un climat fi scal plus
serein pour entreprend-
re, et les entreprises qui
respectent loyalement les
règles du jeu doivent en
être récompensées.
C’est pourquoi nous proposons (notamment
dans notre mémorandum en vue des élections)
de prévoir que les règles applicables pour une
année seront désormais celles qui auront été
votées au plus tard le 31 décembre de l’année
précédente, comme c’est déjà le cas dans la
plupart des pays voisins.
THÈME2
CONTACT
Philippe LambrechtAdministrateur-secrétaire
général
www.feb.be
Ce que nous faisons >
Quels sont les véritables
enjeux du 25 mai ? >
Mémorandum FEB
PLUS DE RESPONSABILITÉS DOIT ALLER DE PAIR
AVEC UN CLIMAT FISCAL PLUS SEREIN
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THÈME3
CONTACT
Olivier Van der MarenCentre de compétence
Développement durable &
Mobilité
www.feb.be
Domaines d’action > Energie,
Mobilité & Environnement
> Energie > Le coût d’un
black-out
Le Bureau fédéral du plan (BFP) a
récemment publié une actualisation
de son étude sur le coût d’un black-
out sur notre territoire. Pour ce faire,
il a principalement travaillé avec l’université
de Linz en Autriche.
La FEB apprécie que le BFP se penche
sur le coût d’un black-out en Belgique.
Ce n’est pas parce que nous bénéfi cions
d’un des meilleurs niveaux euro-
péens de sécurité d’approvi-
sionnement que nous pou-
vons le considérer comme
acquis. Dès lors, rappeler
le coût d’un black-out et
ses conséquences pour
les entreprises est un
appel à la vigilance, afi n
que ce niveau soit
maintenu.
Le BFP conclut
“qu’une panne
d’électricité d’u-
ne heure qui in-
terviendrait sur le
territoire belge en
semaine à un mo-
ment où toutes les
entreprises sont actives entraînerait un pré-
judice économique total de quelque 120
millions EUR pour l’ensemble de la société”.
Plus de 75% de ce montant sont en lien avec
les entreprises et les indépendants/profes-
sions libérales, 15% concernent le secteur
public et 5%, les ménages.
Aujourd’hui plus qu’hier, la question de la
sécurité d’approvisionnement se pose. En
effet, les surcapacités de production qui
existaient au début de la libéralisation ne
sont plus présentes et une part croissante de
l’électricité est produite au départ d’éner-
gies renouvelables, intermittentes.
Ces dernières ont, à leur tour, un
sérieux impact sur la rentabilité
économique des centrales au
gaz, dont le maintien en activité
pose question. Elles tournent
en effet de moins en moins…
mais on compte sur elles en cas de
non ou de faible production
renouvelable.
À cet égard, outre une plus
grande fl exibilisation de
la demande ainsi qu’une
optimalisation et un renfor-
cement des interconnexi-
ons, une attention
toute particulière
doit être portée aux
unités de production
classiques, dont la
mise hors service
ne serait pas sans
conséquence sur la
sécurité d’approvisi-
onnement.
En conclusion, le prochain gouvernement
devra s’atteler à une meilleure cohabitation
entre nos sources de production d’élec-
tricité. Ceci impliquera, entre autres, de
revoir les règles de priorité sur les réseaux,
les incitants à la fl exibilité (renouvelables et
autres) ainsi que la nécessité et la forme des
subsides à accorder. In fi ne, c’est une révisi-
on intelligente et globale de l’organisation
du marché qui s’impose.
ÉLECTRICITÉ LE COÛT D’UN BLACK-OUT
SÉCURITÉ D’APPROVISIONNEMENT | COÛT D’UNE COUPURE | MIX ÉNERGÉTIQUE
LE PROCHAIN GOUVERNEMENT DEVRA
S’ATTELER À UNE MEILLEURE COHABITATION ENTRE NOS SOURCES DE PRODUCTION
D’ÉLECTRICITÉ
52 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
REFLECT FR_03-2014.indd 52REFLECT FR_03-2014.indd 52 22/04/14 16:0322/04/14 16:03
CONTACT
Olivier JorisCentre de compétence
Europe & International
www.feb.be
Ce que nous faisons ? >
Quels sont les véritables
enjeux du 25 mai ? >
Priorités européennes
THÈME4
Lors d’une déclaration enthou-
siaste au Parlement européen
durant l’été 1988, Jacques
Delors, alors président de la
Commission européenne, prédisait
qu’au bout de dix ans, l’Europe
infl uencerait 80% de la légis-
lation nationale. Moins que
le pourcentage précis, ce
qui importe, c’est l’impact
majeur exercé par l’Euro-
pe. Dans le passé, et plus
encore à l’avenir.
La FEB est attachée à la
poursuite du pro-
cessus d’intégration
européenne. Ainsi, la
création du marché
intérieur – espace sans
frontières intérieures
au sein duquel la libre
circulation des biens,
des services, des ca-
pitaux et des personnes est garantie – a eu des
retombées positives pour nos entreprises.
QUELLE EUROPE ALLONS-NOUS CHOISIR ?L’Europe doit continuer à constituer un élément
important de la solution à de nombreux défi s
auxquels nous sommes confrontés, et qui ne
peuvent se résoudre à l’échelle nationale.
Mais notre soutien de principe à ‘plus d’Europe’
va de pair avec un regard vigilant quant à la
pertinence et à la qualité des initiatives et de la
législation européennes. Notre attention se porte
également fortement sur la qualité et le contrôle
de la mise en œuvre effective et homogène au
plan national des réglementations européennes.
L’UE ne peut pas et ne doit pas tout régle-
menter. Cela étant, elle dispose de nom-
breux leviers permettant, s’ils sont utilisés
judicieusement, de contribuer à renforcer
la compétitivité de l’industrie, de
la construction et des services,
et soutenir ainsi la croissance
et l’emploi. Pour atteindre cet
objectif ambitieux d’une com-
pétitivité renforcée, elle devra,
durant la prochaine législature
européenne (2014-2019), prou-
ver qu’elle peut engranger des
résultats probants, en particulier
dans huit domaines prioritaires
selon la FEB :
I. Priorité faîtière et trans-
versale : défi nir et mener
une stratégie cohérente en
faveur de la compétitivité
des entreprises.
II. Garantir le bon fonction-
nement du marché intérieur.
III. Améliorer la qualité du ca-
dre réglementaire et réduire les charges
administratives.
IV. Créer un véritable marché du travail européen.
V. Mener une stratégie énergétique et climati-
que ambitieuse mais réaliste.
VI. Parachever la nouvelle gouvernance de l’eu-
ro et renforcer la convergence des politiques
nationales au sein de la zone euro.
VII. Œuvrer à l’ouverture accrue des marchés inter-
nationaux et à la sécurisation des approvision-
nements en énergie et en matières premières.
VIII. Poursuivre l’intégration européenne, de
manière fl exible mais non fragmentée.
La FEB a traduit ces huit domaines prioritaires en
quinze recommandations concrètes.
EUROPE VERS UN CLIMAT PLUS FAVORABLE
AUX ENTREPRISES
MARCHÉ INTÉRIEUR | COMPÉTITIVITÉ RENFORCÉE | PRIORITÉS
LA CRÉATION DU MARCHÉ INTÉRIEUR A EU DES
RETOMBÉES POSITIVES POUR NOS ENTREPRISES
53 FEB
REFLECT FR_03-2014.indd 53REFLECT FR_03-2014.indd 53 24/04/14 09:4524/04/14 09:45
CONTACT
Alice Defauw
Centre de compétence
Emploi & Sécurité sociale
www.feb.be
Domaines d’action > Marché du
travail & Emploi > Des réformes
positives, mais un chômage
encore bien présent
www.febradar.be
THÈME5
Les réformes du gouvernement en
matière de chômage, de prépensions
et de systèmes de congés se font peu
à peu sentir. Le nombre de chômeurs
avec complément d’entreprise (anciennement,
les ‘prépensionnés’) a diminué de 3,2% (3.695
personnes). Et, pour la 1re fois depuis 1995, le
nombre de bénéfi ciaires de systèmes de con-
gés a diminué de près de 2.500 personnes (soit
une baisse de 0,9%). Cette diminution
s’explique par les réformes prises au
niveau des conditions d’accès aux
régimes de crédit-temps et d’in-
terruption de carrière. Les béné-
fi ciaires ont ainsi diminué de 4,6%
et 2,7% respectivement.
Mais le chômage reste bien
présent. La faible croissan-
ce qu’a connue la Belgique
ces 2 dernières années ne
l’épargne pas. Même si,
dans une comparaison inter-
nationale, la Belgique a mieux
résisté à la crise que l’Union
européenne en termes de
hausse du taux de chôma-
ge, le taux de chômage res-
te à un niveau élevé (8,5%).
Au total, au sein des de-
mandeurs et non-deman-
deurs d’emploi, il a aug-
menté de 0,8% entre 2012
et 2013. La hausse la plus importante se situe
au niveau des chômeurs complets indemnisés
demandeurs d’emploi (+3,7%) et s’explique
par le changement dans la réglementation
en ce qui concerne le relèvement de l’âge de
dispense d’inscription comme demandeur
d’emploi (de 58 à 60 ans).
Le nombre de jours de chômage temporaire
quant à lui a augmenté de 4,8% par rapport
à 2012, même si cette hausse est principale-
ment due au chômage pour intempéries (et
non au chômage pour raisons économiques
qui a, quant à lui, diminué de 4,2%).
POURSUIVRE LES EFFORTSLes perspectives ? Selon les dernières estima-
tions du Bureau fédéral du Plan, la croissance
du PIB devrait être en hausse en 2014
(1,4%), ce qui permettrait à l’emploi
de connaître une évolution positive
(+13.000), mais cela ne serait pas suf-
fi sant pour faire diminuer le chômage,
qui continuerait d’augmenter de
9.700 personnes.
Il est donc crucial de poursuivre
dans la voie des réformes
si nous voulons faire face
aux pénuries croissantes
sur le marché du travail
et au vieillissement de la
population. Nous devons
mettre davantage de
personnes au travail et
les y maintenir plus long-
temps en appliquant des
mesures renforcées, afi n
d’enrayer les départs
anticipés, d’activer la
réserve de main-d’œuvre
disponible bénéfi ciant
de régimes d’allocations et de mener une po-
litique de congés intelligente et ‘responsabili-
sante’. Cela requiert une politique cohérente
sur le plan des régimes d’allocations, ceux-ci
agissant souvent comme des vases commu-
nicants. Il s’agit là d’un défi de taille pour le
prochain gouvernement.
MARCHÉ DE L’EMPLOI DES RÉFORMES POSITIVES, MAIS…
IL EST CRUCIAL DE POURSUIVRE
DANS LA VOIE DES RÉFORMES
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Sofi e BrutsaertCentre de compétence
Développement durable
& Mobilité
www.feb.be
Domaines d’action > Energie,
Mobilité & Environnement >
Mobilité > Pourquoi
les camions ne roulent-ils pas
à plein dans l’UE ?
THÈME6
La Commission des transports du Parle-
ment européen a manqué une occasion
de mettre fi n à une situation absurde :
les camions de 44 tonnes peuvent
circuler dans le Benelux et constituent
également la norme en France et en
Italie, mais ils ne sont pas autorisés à
traverser la frontière entre ces pays !
En cause, une directive qui prévoit
un poids maximum de 40 tonnes.
Les États membres peuvent
toutefois déroger à cette nor-
me sur leur territoire, mais les
accords bilatéraux sont inter-
dits. Ce qui signifi e que les
44 tonnes ne peuvent tra-
verser la frontière entre deux
zones… où ils sont autorisés !
Dès lors, des dizaines de
milliers de camions rou-
lent pour un tiers à vide
dans le trafi c internatio-
nal actuel. Cela intensifi e
les embouteillages, aug-
mente l’insécurité sur les
routes et est néfaste pour
l’environnement en raison du carburant consom-
mé inutilement. De plus, nos entreprises sont
confrontées à des problèmes de concurrence
lorsque le client est établi de l’autre côté de la
frontière. Une modeste enquête non scienti-
fi que a permis de collecter 15 témoignages
d’entreprises belges auxquelles cette situation
pose de grandes diffi cultés. Ces entreprises
affi rment que si la question du passage de la
frontière par les 44 tonnes était réglée, près de
25.000 camions seraient évités sur nos routes
chaque année.
La Commission européenne n’a pas osé
s’attaquer au problème des 44 tonnes à cause
des pressions exercées par le secteur ferrovi-
aire et quelques ONG. Le Parlement
européen n’a pas non plus saisi
l’opportunité de rectifi er ce non-
sens. Ce qui, pour la FEB, est
incompréhensible. Elle appelle
aujourd’hui le gouvernement
belge à promouvoir, pendant le
Conseil Transports, Télécom-
munications et Énergie, la
circulation transfrontalière
entre les États membres qui
autorisent les 44 tonnes sur
leur territoire.
En tant que moteur du consor-
tium des organisations patro-
nales des pays voisins
(VNO-NCW, Medef et
Fedil) et des organisa-
tions patronales régiona-
les (VOKA, UWE et BECI),
la FEB avait d’ailleurs
rédigé un amendement
pour tenter d’obtenir
une modifi cation du texte par la voie parle-
mentaire.
Les camions doivent devenir plus sûrs et plus
propres, ainsi que le veut l’adaptation de la
directive, mais ils doivent avant tout être plus
pleins ! La situation actuelle est totalement
absurde sur le plan de la concurrence loyale,
de l’environnement et de la mobilité. Aucun
argument sensé ne peut justifi er son maintien.
44 TONNES À QUAND DES CAMIONS QUI ROULENT
À PLEIN DANS L’UE ?
MOBILITÉ | FRONTIÈRES | 1/3 À VIDE
LES CAMIONS DOIVENT AVANT TOUT ÊTRE PLUS
PLEINS !
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CONTACT
Marie-Noëlle VanderhovenCentre de compétence Emploi
& Sécurité sociale
www.feb.be Domaines d’action > Concertation sociale > Restructurations d’entreprises > Chômage avec complément d’entreprise – Adapta-tions de la réglementation pour les entreprises en restructuration
THÈME7
Le 4 avril 2014, le Conseil des ministres
a approuvé un projet d’arrêté royal (*)
visant à adapter le régime de chômage
avec complément d’entreprise (RCC)
– anciennement ‘prépension’ – dans le cadre d’u-
ne reconnaissance comme entreprise en
diffi culté ou en restructuration. Deux
adaptations sont prévues. En premier
lieu, il s’agit d’étendre aux ouvriers
la possibilité de réduire les délais de
préavis pour les travailleurs licenciés
par une entreprise reconnue comme
étant en diffi culté ou en restructu-
ration, si le licenciement intervient
en vue d’un RCC.
Le projet prévoit que
le délai de préavis ainsi
réduit ne peut être inféri-
eur à 26 semaines pour les
ouvriers et les employés
alors que, actuellement,
la réglementation per-
met de réduire le préavis
jusqu’à trois mois pour les
employés ayant moins de
5 ans d’ancienneté et à 6 mois pour les autres em-
ployés. La procédure est identique à celle prévue
aujourd’hui pour les employés.
La seconde adaptation concerne la possibilité
pour les employeurs en restructuration de de-
mander à l’ONEM le remboursement partiel de
l’indemnité de reclassement lorsque le montant de
cette indemnité excède le montant de l’indemnité
compensatoire de préavis à laquelle le travailleur
a droit. Cette possibilité qui n’existait que pour
les ouvriers est désormais étendue aux employés.
Ces décisions avaient déjà été annoncées par la
ministre de l’Emploi dans le cadre de l’adopti-
on de la loi du 26 décembre 2013 sur le statut
unique. En suite de l’allongement des délais
de préavis des ouvriers, une réduction
du délai peut en effet également
s’avérer nécessaire pour faire en
sorte que le contrat de travail prenne
encore effectivement fi n pendant la
période de reconnaissance comme en-
treprise en diffi culté ou restructuration
(ce qui est une condition d’ap-
plication du régime spécifi que
de RCC). La FEB regrette que
la réduction des délais
de préavis soit limitée
aux seuls travailleurs
‘prépensionnables’, alors
que les entreprises en
restructuration font face
à d’importants surcoûts
pour tous leurs travail-
leurs, et ce en raison de
l’allongement des délais
de préavis. Ces coûts supplémentaires mettent
en péril le succès de nombreuses réorganisati-
ons. En outre, la FEB plaide pour que l’ONEM
prenne directement en charge le paiement de
la partie de l’indemnité de reclassement ; une
intervention sous forme de remboursement
méconnaît les diffi cultés fi nancières auxquelles
sont confrontées de nombreuses entreprises
contraintes de se restructurer.
PRÉPENSION RÉGLEMENTATION ADAPTÉE
POUR LES ENTREPRISES EN RESTRUCTURATION
RESTRUCTURATION | RCC | DÉLAIS | INDEMNITÉS
LA FEB REGRETTE QUE LA RÉDUCTION DES DÉLAIS
DE PRÉAVIS SOIT LIMITÉE AUX SEULS TRAVAILLEURS
‘PRÉPENSIONNABLES’
58 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
(*) Au lancement de l’impression du présent REFLECT, cet AR n’était pas encore publié.
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THE BUSINESS AGENDA 2014 - 2019 :
REBUILDING A COMPETITIVE EUROPE
Brussels, 14 – 15 May 2014
The European Business Summit (EBS) is the annual networking and lobbying forum for business leaders and policymakers in Europe. This is the ultimate meeting place where international business and European politics shape the future and set the agenda.
The EBS attracts 1,500 leaders from 60 countries and across all sectors; CEOs, industrialists, the European Commission & Parliament, Heads of State, international financing institutions and 200 journalists. This is all hosted at the prestigious Palais d’Egmont in Brussels.
Brussels
14 &15
May 2014
EDITION
An initiative of Supported byStrategic Partner
Programme, online registration and further information at : www.ebsummit.eu
Mario Monti > Former Prime Minister
of Italy
Herman Van RompuyPresident of the European Council
Carlos BritoCEO AB InBev
Vagit AlekperovCEO of Lukoil
< José Manuel BarrosoPresident of the European Commission
Neelie Kroes > Vice-President of the
European Commission
To register for EBS 2014, please visit : www.ebsummit.eu. For more information, contact : Anne-Laurence Cock I [email protected] I +32 2 645 34 84
REGISTRATIONS NOW OPEN
H.M. King Philippe of the Belgians
William Kennard,
Former Ambassador of the USA to the EU
Pascal Lamy,
Former Director-General of the WTO
Dominique Reiniche,
Former Chairwoman of Coca-Cola Europe
Lakshmi Mittal,
CEO of Arcelor-Mittal
Christian Morales,
Vice-President of Intel
Richard Pelly,
Former Chief Executive of the European Investment Fund
Niklas Zennstrom,
Co-founder of Skype
Peter Voser,
Former CEO of Royal Dutch Shell
Anders Dahlvig,
President of IKEA
Jürgen Thumann,
Former President of BUSINESSEUROPE
Catherine Ashton,
High Representative of the EU for Foreign Affairs
Wilhelm Molterer,
Vice-President of the European Investment Bank
Peter Praet,
Board Member of European Central Bank
Malcolm Harbour,
Member of the European Parliament
Harry van Dorenmalen,
Chairman of IBM Europe
Natarajan Chandrasekaran,
CEO of Tata Consultancy Services
Leif Johansson,
Chairman of Ericsson & Chairman of the ERTConnie Hedegaard,
European Commissioner for Climate Action(Speakers at previous editions)
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CONTRATS SUCCESSIFS À DURÉE DÉTERMINÉEInterruption des contrats non attribuable au travailleur – Requalifi cation des contrats en contrat à durée indéterminée – Non-renouvellement du dernier contrat à durée déterminée – Rupture irrégulière – Indemnité de préavisEn cas de contrats à durée déterminée successifs dont le dernier
est requalifi é en contrat à durée indéterminée, le non-renou-
vellement à son terme du dernier contrat à durée déterminée
constitue une rupture irrégulière donnant droit au paiement
d’une indemnité de préavis.
Cour de Cassation, 30 septembre 2013, JTT, 2013, p. 492.
ÉLECTIONS SOCIALESTravailleurs intérimaires – Ne sont pas pris en considération pour la répartition des mandats entre les différentes catégo-ries de travailleurs de l’entrepriseLes travailleurs intérimaires mis à disposition de l’entreprise
utilisatrice ne sont pas pris en considération pour la répartition
des mandats entre les différentes catégories de travailleurs de
l’entreprise (jeunes travailleurs, ouvriers, employés et cadres).
Cour de Cassation, 15 avril 2013, JTT, 2013, p. 435.
CLAUSE DE NON-CONCURRENCEÉcrit – Condition d’existence – Seuil de rémunération annuelle – Disposition impérative en faveur du travailleur – Application – Force majeure
Une clause de non-concurrence est régulièrement constatée
par écrit lorsqu’elle est reprise dans le règlement de travail et
que le travailleur déclare dans le contrat individuel de travail
avoir accepté les dispositions de ce règlement.
Seul le travailleur peut soutenir que la clause de non-concur-
rence est inexistante au motif que le seuil de rémunération
annuelle n’était pas dépassé au moment de la fi n du contrat.
Une clause de non-concurrence est d’application lorsque
le contrat de travail prend fi n en raison d’un cas de force
majeure médicale qui frappe le travailleur.
Cour du travail de Gand, 8 avril 2013,
JTT, 2013, p. 333.
FIN DU CONTRATForce majeure – Incapacité de travail – Absence de recours contre la décision du conseiller – médecin en
JURISPRUDENCE SOCIALE
NADINE BEAUFILSAVOCATE ASSOCIÉE
TAQUET, CLESSE & VAN EECKHOUTTE
UNE SÉLECTION DES DÉCISIONS LES PLUS
INTÉRESSANTES – PUBLIÉES ET NON PUBLIÉES – DE NOS
COURS ET TRIBUNAUX DU TRAVAIL
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prévention constatant l’incapacité défi nitive du travailleur – ConséquenceL’incapacité permanente de travail empêchant défi nitivement
le travailleur de reprendre le travail convenu constitue un cas
de force majeure susceptible d’entraîner la rupture du contrat
de travail, cette incapacité doit être appréciée par rapport au
travail convenu.
Le fait que le travailleur n’a pas introduit le recours permis par
l’article 64 de l’arrêté royal du 28 mai 2003 contre la décision
du conseiller en prévention-médecin du travail constatant son
incapacité défi nitive ne le prive pas de la possibilité de contes-
ter ultérieurement le constat d’inaptitude défi nitive devant les
juridictions du travail.
Cour du travail de Bruxelles, 16 juillet 2013,
JTT, 2013, p. 459.
MODIFICATION UNILATÉRALESuppression d’un avantage rémunératoire – Poursuite de l’exécution du contrat – Demande ultérieure de rétablir l’avantage supprimé – Principe général de droit de la renonciation à un droit – Application des articles 1134 et 1184 du Code civilLe fait pour le travailleur de ne pas avoir invoqué la rupture
du contrat de travail à la suite d’une modifi cation unilatérale
des conditions de travail ne le prive pas du droit de demander
ultérieurement l’exécution du contrat tel qu’il a été conclu.
Du principe général du droit suivant lequel la renonciation à
un droit ne se présume pas et ne peut se déduire que de faits
ou d’actes non susceptibles d’une autre interprétation, il ne
découle pas qu’inversement, la renonciation à un droit doit
être déduit de faits ou d’actes non susceptibles d’une autre
interprétation.
Cour de Cassation, 26 juin 2013,
JTT, 2013, p. 494.
LICENCIEMENT POUR MOTIF GRAVEVie privée – Facebook – Preuve rejetée – Jurisprudence AntigoneLe travailleur d’une société cotée en bourse qui poste des
commentaires critiques et sceptiques au sujet de la politique
de l’entreprise sur la partie publique de sa page Facebook a
été licencié à bon droit pour motif grave. Le travailleur ne pou-
vait raisonnablement pas ignorer que des personnes autres
que ses amis pouvaient prendre connaissance de ces données.
Bien que l’employeur ait enfreint la loi sur les communications
électroniques en prenant connaissance de données qui ne lui
étaient pas personnellement destinées, celles-ci peuvent tout
de même être utilisées à titre de preuve, étant donné qu’il n’a
pas été porté atteinte à la fi abilité de la preuve ni au droit à un
procès équitable et qu’aucune exigence de forme prescrite à
peine de nullité n’a été méconnue.
Cour du travail de Bruxelles, 3 septembre 2013,
JTT, 2013, p. 497.
PRÉAVISNotifi cation – Courrier ordinaire – Nullité – Délai raisonna-ble dépassé – Renonciation – Nouvelle résiliationLe préavis notifi é par l’employeur au moyen d’un courrier
ordinaire est nul.
Le travailleur qui ne se prévaut pas du congé dans un délai
raisonnable après le préavis affecté d’une nullité absolue, perd
son droit à invoquer par la suite la rupture immédiate. Dans ce
cas, le contrat de travail se poursuit jusqu’à ce qu’intervienne
un nouvel acte de résiliation.
Cour du travail de Bruxelles, 24 juin 2013,
JTT, 2013, p. 498.
REPRÉSENTATION COMMERCIALEActivité – Conclusion d’affaires – Agence immobilière – Indemnité d’éviction – Apport de clientèle – Notion – Non-attachement des clients à l’entrepriseLa conclusion d’affaires pour une agence immobilière ne se
limite pas à la vente de biens immobiliers, mais s’étend éga-
lement – et préalablement – à la conclusion de mandats avec
des candidats vendeurs.
La notion de clientèle ne peut se concevoir que si se vérifi e
une potentialité de commandes à venir, ce qui n’est pas le cas.
Lorsque, en raison de la nature des produits ou services, le
non-attachement des clients à l’entreprise est inéluctable,
l’exclusion du droit à l’indemnité d’éviction est justifi ée.
Cour du travail de Mons, 11 avril 2013,
JTT, 2013, p. 331.
61 FEB
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COLOFON RÉDACTION Nadine Beaufi ls, Sofi e Brutsaert, Bart Buysse, Alice Defauw, Olivier Joris, Philippe Lam-brecht, Geert Vancronenburg, Marie-Noëlle Vanderhoven, Olivier Van der Maren, Johan Van Praet SECRÉTARIAT
DE RÉDACTION Linda Janssens, Anne Michiels TRADUCTION Service traduction FEB RESPONSABLE DES PUBLICATIONS
Stefan Maes MISE EN PAGE Vanessa Solymosi (Landmarks) CONCEPT Stapel Magazinemakers PHOTOGRAPHIE
Daniel Rys ILLUSTRATIONS Peter Willems, Vec-star IMPRESSION Graphius ÉDITEUR RESPONSABLE Stefan Maes, Rue Ravenstein 4, 1000 Bruxelles RÉGIE PUBLICITAIRE ADeMar, Graaf de Fienneslaan 21, 2650 Edegem (Anvers) Contact : Nele Brauers, Tél. : 03 448 07 57, [email protected]
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62 REFLECT L’ÉTAT DU PAYS 2014 - 2019
REFLECT FR_03-2014.indd 62REFLECT FR_03-2014.indd 62 22/04/14 16:0322/04/14 16:03