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Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

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L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 1, rue de Courty, 75341 Paris Cedex 07. Tél standard :01 40 63 29 00). Directeur de la publication : Gérard Anthéaume, Tél. 01 42 80 91 04. Rédacteur en chef (hebdomadaire) : Serge Chatelain. Rédacteuren chef (magazine) : Alexis Chabot. Secrétaire de rédaction : Gabrièle Hübner. Secrétaire de direction : Thérèse Bara. Collaborateurs permanents :Andrée Béhotéguy, Nicolas Beniès, Elodie Walck. Responsable publicité : Clotilde Poitevin, tél. : 01 42 80 96 05. Photocomposition et photogravure :C.A.G. Imprimerie : Roto Press Numéris, Livry-Gargan (93). C. P. N° 1578D73. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Prix du numéro : 1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Education nationale : France 26 € ; étranger et DOM-TOM : 40 €. 2) Autres,

France : 37 € ; étranger : 51 €. Publicité : CRDP (2), Franco Irish Exchanges (35), Projet Action (45),Didacthèque de Bayonne (46), Acacia (46), Arvel (46), Publibook (47), MAIF (48). Encart volantCHODES (dép. : 01, 03, 42, 69, 71). Photo de Une : Getty images/Déborah Roundtree. Pour s’informeret donner son avis : Minitel 3615 USTEL, Mél : [email protected], Internet : http://www.snes.edu

SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Débat 6• Courriers• Opinion : Mixité sociale et politique

de la ville

Actualités 10• 11, 12 et 13 mars, trois jours pour le collège• Manifeste pour un collège de la réussitepour tous• Porto Alegre : rencontre au sommet• Moins de violence ?• Conseil d’administration : intervenir surla DHG• SMS : préparons le 27 mars

Éco/social 14• Questions autour du CREF• Déficits publics : un tournant pour l’Europe• Exposition : hôpital et utopie• Enron : le libéralisme par l’exemple

Dossier 17Métier : construire le collectif

Portrait 24Surveillant d’externat :un rôle éducatif trop souvent occulté

Entretienavec Ahmed

Djebbaret Jean

Rosmorduc : la science arabe

médiévale

17DossierMétier :construire le collectif

26 Fenêtre surLa danse à l’école : le point de vue de Boris Charmatz

42

Pour un peude hauteurLa campagne électorale prend un tourpréoccupant. Affaires, petites phrases,accusations réciproques de manipulation.Séances de surplace pour les candidatsprobables. « Petits candidats » s’égosillanten vain pour contraindre les « grands » à sedéclarer. Le niveau zéro du débat public n’estplus très loin. Nul ne peut se contenter d’ensourire ou de s’en plaindre. C’est, au boutdu compte, la démocratie qui en fera les frais.Nul, pas plus les politiques que chacund’entre nous, ne peut s’exonérerde ses propres responsabilités.Et nous, notre responsabilité première,c’est l’école. Beaucoup de réflexions surl’Education se rejoignent, ces dernièresannées, au moins sur un point : le débatsur l’école serait trop monopolisé parles professionnels de l’éducation alors qu’ildevrait être porté par la nation tout entière.Cette campagne électorale devrait en être unmoment privilégié. Il n’en est rien. Etpourtant, tous les candidats, même s’ils n’enparlent pas, ont des propositions dans leursprogrammes. Ces propositions frappent parde fortes convergences dont la nature peutinquiéter : rôle de la formation initiale dansl’éducation tout au long de la vie, sécurité,renforcement du rôle des chefsd’établissement, autonomiedes établissements, nouvelles étapes dedéconcentration et de décentralisation. Ellesfrappent aussi par leur manque d’ambition.Rien ou presque rien sur les missions et lesobjectifs que doit se fixer le système éducatifaujourd’hui. Rien sur la priorité que le paysentend ou non donner à l’éducation dans laprochaine période. Rien sur le formidable défide pénurie de qualifications que va devoirrelever le pays dans les prochaines années,à commencer par le système éducatiflui même.Toutes ces questions, qu’aucungouvernement ne pourra esquiver, ont touteleur place dans la campagne. Elles pourraientmême lui donner un peu de hauteur. Faisonsensemble tout ce qui est possible pour ycontribuer. D’abord en donnant le maximumd’écho aux mobilisations que nous préparonssur la carte scolaire, sur les conditions dela rentrée, la mise en œuvre de la réformedes lycées, et sur la réforme du collègeavec notre manifeste et nos 3 jours pour lecollège. En poursuivant aussi notre campagned’opinion sur le métier d’enseignant. Enconcrétisant ensuite la proposition que nousfaisons à la FSU d’une initiative publiquespectaculaire en mars qui lui permettraitd’interpeller l’opinion et les candidats surle projet qu’elle a pour l’école. En participantenfin, dans la continuité de la grèvedu 24 janvier, aux initiatives unitaires queles 5 fédérations de l’éducation pourraientlancer ensemble dès la semaine prochaine.

Bernard Boisseaucosecrétairegénéral

Fenêtre sur 26La danse à l’école :entre pédagogie et création

Métier 28• CO-Psy : enjeux et contradictions• Loi de modernisation : validation des acquisd’expérience• TPE Terminale : évaluation• CPE : ARTT, des avancées

International 34Scuola media

Culture 36• Livres-revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions• Multimédia

Entretien 42Avec Ahmed Djebbar et Jean Rosmorduc :la science arabe médiévale

Petites annonces 46

?Avez-vous pensé à rég le r vot re

COTISATION SYNDICALE ?2001/2002

Page 3: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

4 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

REVUE DE PRESSE

Le dessin du mois

SOCIAL

Travailler, disent-ils...

L’ambition est immense. Le « programme international pour lesuivi des acquis des élèves » (Pisa) prétend évaluer et comparer l’ef-

ficacité des systèmes éducatifs d’une trentaine de pays. Les pre-miers résultats ont été rendus publics le mois dernier sous forme depalmarès par l’OCDE (Organisation de coopération et développementéconomiques), commanditaire de ce projet. Les mieux notés, commela Finlande et le Canada, sont enthousiastes tandis que les moins bons,notamment l’Allemagne, ne cachent pas leur consternation. Avecses résultats plutôt moyens, la France reste discrète et fait valoir desréserves méthodologiques.(...) Côté résultats, cette première enquête montre que les élèvesfrançais sont « dans la moyenne » en compréhension de l’écrit, au-dessus de la moyenne en culture mathématique et même très au-des-sus en géométrie. Mais ils sont surtout particulièrement nombreux àrépondre « je ne sais pas » quand on leur demande d’argumenter oude faire une analyse critique. La comparaison internationale montreaussi que les résultats français sont relativement peu dispersés : on ytrouve moins de mauvais élèves et aussi moins de bons élèves que dansla plupart des autres pays. C’est un effet du collège unique qui s’ef-force, dans la douleur, de conduire toute une génération dans lesmêmes classes jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire. L’Allemagne,qui oriente dès l’âge de 10 ans vers les cycles courts, compte deux foisplus de mauvais lecteurs que la France. Outre-Rhin, la publication desrésultats du Pisa a profondément secoué la classe politique.(...) De même, la Suisse vient de découvrir que, non contente d’êtretrès médiocre, son école restait totalement incapable de compenserles inégalités sociales.

7 JANVIER 2002

Niveau scolaire : pays cancres et bons élèves

14 janvier 2002

IL EST INTERDITD’INTERDIRE DE LICENCIERLa nouvelle définition dulicenciement économique, votéepar la gauche le 20 décembredans le cadre de la loi demodernisation sociale, estcontraire à la Constitution. C’estce qu’a décidé samedi soir leConseil constitutionnel.Après le refus, le 18 décembre, delaisser financer les 35 heures parla Sécurité sociale, et quelquesheures avant une décision trèsattendue sur la Corse, les sagesde la rue de Montpensierviennent ainsi de donner le coupd’envoi de la campagneprésidentielle.Derrière les « considérants » deleur décision, que disent les jugesconstitutionnels ? Qu’il ne peut yavoir de libre entreprise que sil’entrepreneur a aussi la libertéde ne plus entreprendre. Dans lecontexte électoral, le débatdevient aussitôt un enjeu decampagne.

10 janv. 02

LES CHIFFRES INQUIÉTANTSDE LA VIOLENCE A L’ÉCOLEAlors que le ministère, plutôtconfiant, étrenne un nouveaubaromètre réputé plus sensiblede la violence scolaire ets’apprête à publier une nouvellevolée de statistiques, un rapportconfidentiel de la Directioncentrale des renseignementsgénéraux, rédigé peu avant Noël,tire, lui, des conclusionsalarmantes sur le climat scolaire.« Les premiers chiffresdisponibles font état d’unehausse significative desincidents. L’année aura étémarquée, notamment, par uneaugmentation de la violence etdes jeux dangereux », affirmesans détours la note des RG.« On voit des choses folles qu’onn’aurait jamais imaginées. Desgamins qui sortent des couteauxlorsque leur voisin de table lesregarde de travers », racontePierre, jeune professeur debanlieue « à bout ».

14 janv. 02

LE NOMBRE DE CANDIDATS À L’ENSEIGNEMENT REPART À LA HAUSSEEngagez-vous ! Le nombre decandidats aux concours del’enseignement a augmenté en2002 pour la première fois depuiscinq ans, selon des estimationsrendues publiques, lundi 7 janvier,par le ministère de l’Educationnationale.(...) L’augmentation la plussignificative concerne le seconddegré (collèges et lycées) : alorsque le nombre de candidats adiminué de près de 15 % sur lescinq dernières années, il augmentede 3 % en 2002 sur les 25académies étudiées par leministère.(...) L’évolution est plus complexeà décrypter pour l’enseignementprimaire. Le ministère affiche une augmentation de 27 % des candidatures tout enreconnaissant que, d’une année àl’autre, les chiffres ne sont pascomparables. Contrairement auxannées précédentes en effet, lescandidats ont pu se présenterdans deux académies différentes –l’une en Ile-de-France et ladeuxième à choisir parmi les27 autres académies –, ce qui amécaniquement accru le nombrede candidatures au niveaunational.

2 janvier 2002

LES IUT CONTINUENTÀ FAIRE LE PLEINTrente-cinq ans après leurnaissance, le succès rencontrépar les instituts universitaires detechnologie (IUT) ne se démentpas.(...) En octobre 2000, plus de116 000 étudiants se sont inscritsen première ou en deuxièmeannée, soit 2 % de plus quel’année précédente. Et depuis1995, leur nombre a augmenté deprès de 15 %.(...) Si les IUT ont généralementbonne presse auprès des lycéens,c’est en particulier parce qu’ilsoffrent des débouchés rapidessur le marché du travail. Cours etstages sont conçus pourpermettre aux étudiantsd’intégrer une entreprise sitôtleur diplôme en poche.

Charlie Hebdo du 9 janvier 2002.

Page 4: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 5

L’euro ! Nouvelle année, nouvelle monnaie.

1er

janv.

« Et s’il n’en reste qu’un... »Lancement de l’année Victor Hugo, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

8janv.

30 JOURS

Récidive

Ils ont tué Jaurès !

Dans La Flamme et laCendre, titre inspiré d’un

discours de Jaurès, DominiqueStrauss-Kahn estime qu’on« est proche de la limiteaujourd’hui en matière deredistribution ». Le dilemme est crûmentposé : la gauche prend desmesures sociales pour les« exclus » qui ne votent paspour elle parce qu’ils nevotent pas du tout, et ce sontles couches moyennes quisupportent l’essentiel de l’ef-fort fiscal et social. « Nousvoilà donc au cœur du sujet :la représentation politiquedes couches moyennes ».D’où la baisse de l’impôt sur lerevenu revendiquée par DSK,censée profiter aux classesmoyennes et sa proposi-tion de distinguer dans lesrevenus ceux qui sont risqués

(qu’il faut favoriser) de ceuxqui le sont moins (ce qui peutjustifier une imposition moinsélevée sur l’épargne salarialeou les stock-options que surles salaires). Dans Les hauts revenus enFrance au XXe siècle, l’éco-nomiste Thomas Piketty amontré que la réductionimportante des inégalitésdepuis le début du XXe siècleest venue, grâce à l’impôt surle revenu, de l’affaiblissementdes grandes fortunes. Labaisse des taux d’impositionde ces dernières années pro-fite surtout aux plus riches etannonce le retour des ren-tiers. Sans oublier que la pau-périsation des services publicsprofite à ceux qui peuvent sepayer des services privés.Curieux retour à Jaurès.

Daniel Rallet

Violences scolaires. Une note des Renseignementsgénéraux constate une dégradation alarmante du climat scolaire

en 2001. Le même jour, distribution du Guide des lycéens contre la violence.

10janv.

Liberté chérie. Le Conseil constitutionnel censure la définition du licenciement économique contenue dans la loi

de modernisation sociale, au nom de la liberté d’entreprendre. Le même jour, série de plans de licenciement dans le monde.

12janv.

Corse. Prison ferme pour le préfet Bonnet.

13janv.

Justice. Démission du juge Halphen, qui dénonce l’inégalitédevant la justice.

14janv.

Corse (bis). Le projet de loi sur la Corse est censuré par le Conseil constitutionnel, qui précise notamment

le caractère facultatif de l’enseignement de la langue corse.

16janv.

Fin d’une époque. Yves Saint-Laurent fait ses adieux à la haute couture.

21janv.

Mobilisation. Grève unitaire dans l’Education nationale.

Laïcité. Création par Jack Lang d’un Comité national de réflexion et de propositions sur la laïcité à l’école.

24janv.

Misère de la sociologie. Pierre Bourdieu est mort.

25janv.

Alerte. Lancement d’une campagne télévisée de prévention des violences sexuelles sur les mineurs.

26janv.

Délinquance. En hausse.

Euro. En baisse.

29janv.

PÉTITION

Pour la grâce de SafiyaSafiya Husaini risque d’être condamnée le 18 mars par un tribunalislamique de Sokoto au Nigeria à la peine de mort par lapidation. Lacharia interdit d’avoir des enfants hors mariage.Nous refusons de telles condamnations d’un autre âge et nousdemandons à l’ambassadeur du Nigeria de transmettre au présidentdu Nigeria la demande de grâce pour Safiya, à qui nous témoignonsnotre solidarité.

NOM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Signature

Pétition à reproduire et à retourner au SNES, 1 rue de Courty, 75341 Paris cedex 07

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Page 5: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

DEBATCourriers - Témoignages

6 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

Sociologie

Ce que je dois à Bourdieu...Stéphane Molina, professeur de SES au lycée Salvador-Allende, Hérouville-Saint-Clair

Autant le dire d’entrée, je neme considère pas commeun adorateur béat ni moins

encore comme un spécialiste dePierre Bourdieu, mais sa dispari-tion m’a profondément touché aupoint, je l’avoue, de me sentircomme orphelin. Cette émotionest à la mesure de tout ce qu’ilm’a donné et dont je lui suis àjamais redevable dans troisdomaines au moins de mon exis-tence.

En tant qu’homme d’abordLa découverte de sa théorie del’habitus fut un choc salvateur.S’opposant à l’illusion naturalistecomme à celle d’un libre arbitreabsolu, elle m’a permis de com-prendre comment on se construitsocialement autant que l’on estconstruit. Le poids des détermi-nismes sociaux est plus facile àsupporter quand on est capable deles identifier et de les relativiser.Enfant, j’étais affreusement timide.Pour m’aider à vaincre ce com-plexe, ma mère m’a souventrecommandé de suivre ce conseil

hérité du bon sens populaire, quiconsiste à imaginer dans le plussimple appareil la personne quevous avez en face de vous. Je doisdire que ce « truc » n’a jamais pro-duit sur moi les effets libérateursattendus... Des années plus tard, lalecture de Bourdieu s’est révéléebien plus utile sur ce plan. En par-ticulier son analyse des luttes pourle classement dans les différents «champs sociaux « a profondémentmodifié mon regard sur tous lesacteurs de la vie sociale que je fusamené à fréquenter dans mes dif-férents champs d’appartenance, ycompris celui du syndicalismeenseignant... Parvenir à mieuxsituer mes interlocuteurs dans cemélange subtil de déterminismessociaux (enjeux, règles, ...) et d’in-vestissements subjectifs person-nels m’a permis d’en relativiser laplace et le pouvoir (de les « dépie-destaliser ») de manière bien plusefficace que de les imaginer nus !

En tant qu’enseignantensuiteEvidemment, la lecture des Héri-tiers l’année où je préparais leCAPES, puis celle de La distinc-tion quand j’étais jeune prof ontterriblement marqué mon rapportau métier comme à l’institution.On ne peut pas enseigner de lamême façon lorsqu’on a prisconscience de la violence symbo-lique infligée aux élèves les plusdémunis culturellement. L’analyse« bourdieusienne » du rôle del’école dans la reproduction socialeest éminemment dérangeante ence qu’elle place les professeursdans une position très ambivalentepour ne pas dire contradictoire : àla fois « passeurs », agissant pourla promotion sociale de leursélèves et leur libération par lesavoir et aussi « censeurs » exer-çant à leur insu des fonctions de« juges sociaux » et participantainsi à la légitimation de la culturedes classes dominantes commeculture universelle en même tempsqu’à la reproduction sociale à tra-vers un implacable processus desélection. Loin de me conduire à la culpabi-lisation et au défaitisme, l’analysede Bourdieu m’a donné la convic-

tion que l’on gagne à toujours serappeler d’où l’on vient, quelleplace on occupe et pour qui l’onagit.Sentiment renforcé pour le pro-fesseur de sciences economiques etsociales que je suis, par l’exercicepérilleux que constitue l’ensei-gnement nécessairement vulgari-sateur de sa sociologie sur diffé-rentes questions au programme dela Seconde à la Terminale ES(famille, socialisation, culture,démarche sociologique, inégalitésscolaires et mobilité sociale, entreautres). Ce faisant, j’ai bienconscience d’avoir joué le rôle de« désenchanteur » du monde socialavec le risque non négligeable deconduire certains élèves à se com-plaire dans une sorte de fatalismesocial ou autrement dit dans larésignation à l’inévitable. Mais à l’instar de Pierre Bourdieuje crois profondément aux vertuslibératrices d’une sociologie cri-tique. J’espère avoir, jusqu’à pré-sent, échappé à ces écueils mais jen’en suis pas vraiment certain. Jerends grâce à Bourdieu, même sic’est parfois difficile à vivre,d’avoir introduit le doute et laremise en cause permanente dansmon rapport à l’enseignement.

Enfin, en tant que citoyenacteur (à mon modesteniveau) de la vie sociale,

je suis également redevable ausociologue disparu. En effet, luique l’on disait pessimiste a pour-tant placé sa sociologie (« sportde combat ») au service des domi-nés, analysant comme personneles mécanisme insidieux de ladomination symbolique et leurseffets désastreux (Cf. La misèredu monde), révélant la censureinvisible exercée par la télévision,dévoilant les fondements idéolo-giques de la théorie économiquelibérale « qui habille de raisonpure une pensée simplementconservatrice ». Bourdieu fait par-tie de ces hommes qui m’ontconduit à m’engager pour un autremonde tout en restant lucide faceà la formidable inertie des méca-nismes sociaux assurant la repro-duction sociale.Plus sûrement que nombred’hommes politiques il m’a donnédes « raisons d’agir » pour uneautre école (notamment en offrant« plus » à ceux qui ont « moins »),pour une réduction des inégalitéssociales et de la violence qu’ellesgénèrent, pour une mondialisationalternative face à la globalisationnéolibérale et l’allumage de néces-saires « contre-feux », et finale-ment pour « une gauche degauche ».Pour tout ce que tu m’as donné, àmoi et à d’autres, merci PierreBourdieu. Chapeau bas. �

Néolibéralisme

« La misère du monde »Marie-José R. (34)

Bravo pour la lettre de PR(Nevers) dans l’USn° 558 : la culpabilisa-

tion des enseignants, commejadis celle des fidèles, reste unbon instrument degouvernement. Allègre a essayéen vain de dresser les parentscontre nous, cependant nousrestons les boucs émissairesidéaux (comme fonctionnaires,comme intellectuels et commedéfenseurs des « valeursringardes » qui dérangent).L’enquête sur plus de 3 000

collègues révèle enfin unesouffrance que soulignaitpourtant Bourdieu dès .... 1993(in « La misère du monde », enfait la souffrance des Françaisdevant la montée du néo-libéralisme). Faudra-t-il encoredix ans pour proposer dessolutions concrètes ?Et surtout, pourquoi « n’affine-t-on » pas jusqu’au bout cesondage : quelle étendue desouffrance ? Dans quelles disciplines ?J’ai tendance à penser que

FEMME DE RECTEURUne collègue, qui avait obtenuun poste convoité dans un lycéed’une grande ville, avait eu lamauvaise surprise de se voirretirer sa nomination, le posten’étant, aux dires du ministère,pas vacant. Bizarre, puisquenotre collègue avait été nom-mée dans le même lycée à larentrée, mais pour un ancomme simple titulaire acadé-mique. En réalité, il s’agissait demettre de côté ce poste dansl’éventualité du retour de lafemme d’un recteur de pro-vince, pourtant déjà affectéecomme il se doit dans un lycéeréputé de l’académie de sonépoux.Le tribunal administratif com-pétent vient d’annuler le retraitde l’affectation et confirmedonc qu’une enseignante,même femme de recteur, nepeut cumuler deux postes, unpour maintenant, et un pourplus tard.

Francis Berguin

Page 6: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

Itinéraires de découverteValérie S. (94)

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 7

Collège

Après des années passéesà essayer d’appliquerdes réformes qui se

succèdent et s’additionnent sansqu’aucun bilan ne soit jamais faitdes précédentes, beaucoup decollègues sont aujourd’hui excédés.Sans doute se lassent-ils encoreplus de cette interminable querelledes anciens et des modernes,prétendant opposer le professeur« ringard » qui fait des « coursforcément ennuyeux » et leprofesseur « avant-gardiste » quifait des « activités passionnantes »en enseignant autrement. Quelle

absurdité ! Toute méthode, qu’elle soit ancienne ou nouvelle, se juged’abord à ses résultats ! On l’adapte selon la classe, selon la notion àtransmettre, selon les moyens dont on dispose ! Voilà pourquoiaujourd’hui, beaucoup d’enseignants peuvent se déclarer sanscomplexes favorables à la pluridisciplinarité et farouchement opposésaux itinéraires, ce n’est pas du tout contradictoire. Beaucoup decollègues ne comprennent pas non plus le discrédit stupide jetésoudainement sur le cours au profit d’activités ludiques ! Où a-t-onprouvé que cela permettait plus qu’autre chose de remettre à flot lesélèves en difficulté ? Cette démarche ne creuserait-elle pas les inégalités au contraire ?Qui peut naïvement s’imaginer que les itinéraires seront magiques aupoint de tout résoudre ? Ne faudrait-il pas plutôt s’intéresser à ce qui sepasse dans les établissements le reste de la semaine ? Or le ministèren’y a pas vraiment pensé apparemment, puisqu’il a supprimé lesdédoublements partout où ils étaient encore possibles. Commed’habitude, derrière chaque réforme se cachent de bassesconsidérations budgétaires, visant à gérer les flux d’élèves à moindrecoût, à faire face à la pénurie d’enseignants en augmentant notrecharge de travail et en remplissant les classes à ras bord. Où est le suivi individualisé dans tout cela ? Quant à la vraie réflexion de fond sur l’avenir du collège, on l’attend toujours. Dommage,car de notre côté ce ne sont pas les idées qui manquent, mais serons-nous seulement écoutés ? Aujourd’hui, les enseignants devraientaccepter tout et n’importe quoi sans rechigner, à commencer par ladégradation de leurs statuts ou de leurs conditions de travail, et la miseen place pour les élèves d’une école au rabais, qui risque belle et biende se transformer, si l’on n’y prend pas garde, en école du pauvre. Et dèsqu’ils se permettent de résister un peu ou d’émettre des réserves sur lebien-fondé des réformes – ce toupet ! – on les traite instantanément de« conservateurs » ou de « réactionnaires ». Amusant, non ?

LOFT COLLÈGENous avions tout d’abord cru à un canular. Puis nous avons vérifié.Eh bien c’était vrai !Dans une lettre du 17 janvier 2002 à tous les principaux de collège,l’autorité ministérielle autorisait TF1, en partenariat avec la sociétéde production Starling, à organiser un grand concours dans tous lescollèges de France, une sorte de match en trois manches entre lesélèves, pour déboucher sur une grande émission télévisée le 16février, à grand renfort de publicité peut-on supposer. Les élèvesdevaient être sélectionnés par des questions tirées des connais-sances exigées dans le programme de Cinquième.Forte de l’autorisation du ministre, la société TF1 a, le même jour,adressé ses consignes aux principaux de collège, indiquant au pas-sage que les tests se feraient dans chaque collège « sous le contrôled’un surveillant », c’est-à-dire qu’elle s’autorisait à réquisitionnerles enseignants.Bien entendu, les principaux décident seuls d’engager le collège. Foindes enseignants, des parents et des élèves, bref du conseil d’ad-ministration.Tout de même, les parents doivent donner leur autorisation pour queleur enfants soient filmés. Un protocole leur est donc proposé,dont on doit citer ingralement le paragraphe 3 : « Dans le cas ou monenfant serait sélectionné pour participer à l’émission, j’autorise lessociétés Starling, TF1, et/ou ses ayants droits à utiliser à titre gra-cieux son nom et / ou son image pour la promotion du jeu et sonexploitation pour tous produits dérivés et tous supports connus ouinconnus à ce jour etce, sur le plan inter-national. Il est en-tendu que tous lesdroits cédés le sontpour le monde entiersans limite de temps,sans salaire ni rému-nération ou dédom-magement d’aucunesorte. Le jour du tour-nage, il me serademandé par la pro-duction d’acceptersans réserve par écritle règlement du jeu ».Il nous a été précisépar la société Starlingque les « produitsdérivés » seraient destee-shirts, des jeux,ou d’autres supports.Une telle utilisationmassive de nosélèves, avec l’accorddu ministère, et à des fins lucratives par des sociétés commercialesest inédite. Manifestement illégale, elle contrevient gravement auxprincipes de laïcité et de neutralité commerciale de l’école. Elle porteatteinte aux droits de l’enfant.Dans un communiqué de presse très ferme, appuyé par une lettre surle même ton du secrétaire général de la FSU, nous avons exigé duministre l’arrêt de cette opération, faute de quoi nous annoncionsnotre appel sans état d’âme au boycott. Notre démarche a provoquéune intense ébullition des médias qui ont paru troublés et ont lar-gement relayé les prises de position du SNES et de la FSU.TF1 a décidé d’en rester là. Si la télévision veut s’intéresser à l’édu-cation, les champs d’intervention, dès lors qu’ils sont dénués de toutevisée commerciale ne manquent pas.

Francis Berguin

[...]

la liquidation depuis trente ansdes disciplines littéraires,historiques et philosophiques,n’y est pas pour rien.Je constate que l’institutions’avère de plus en plusincapable de transmettre notreculture, c’est-à-dire avant toutnotre langue, développéedans notre littérature (et notrecinéma), reflétant une histoireporteuse de valeursphilosophiques qu’on appelait

jadis universelle et aujourd’hui« exception française » !Comment intégrer des jeunes –Maghrébins en particulier (dontla culture religieuse est sidifférente) – alors que nous netransmettons plus notre cultureet que nous nous soucions desprimo-arrivants comme d’uneguigne (il n’y aurait pourtantguère de frais à engager pourleur apprendre au moinsle français). �

Page 7: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

DEBATopinion

8 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

POURSUIVRE LA RÉFLEXION. Dans notre précédent numéro, nous consacrions un dossier aux « ghettos de laRépublique », ces lieux d’éducation où se cristallisent les carences affectives, la misère économique etculturelle. Cette contribution de Christine Lelévrier a pour ambition de prolonger l’indispensable réflexionsur les liens entre la politique de la ville et la mixité sociale.

Mixité et politique de la villement transformé depuis vingt ans. Les effets de la LOV sont diffi-ciles à évaluer dans la mesure où elle a été largement amendée, oùles décrets d’application sont sortis très tard. C’est la raison pourlaquelle – entre autres – elle va être largement reprise par la loiSRU. D’ores et déjà, ces mesures ont leurs limites. Tout d’abord,le postulat selon lequel les pauvres sont logés dans le logementsocial ne se vérifie pas partout. En Ile-de-France, en particulier,une partie assez importante de la population pauvre se loge dans leparc privé. Ensuite, les logements nouveaux en construction ne vont pasforcément être occupés par des populations pauvres et ce, pourdeux raisons. Tout d’abord parce que les loyers dans les pro-grammes neufs sont inaccessibles pour une partie de ces popula-tions. Et ensuite parce que les communes les plus attractivesauront évidemment toujours plus de facilité que les autres « àsélectionner » les demandeurs de logement. Citons simplement enréférence les villes nouvelles qui ont été conçues comme unmodèle de mixité en matière d’offre de logements. Aujourd’hui, la

ségrégation y est bel et bien présente. Mais certaines interrogations sont plusfondamentales. Toutes ces politiques,quelle qu’en soit la forme, partent del’idée qu’il est nécessaire de« disperser » les pauvres, qu’il estpossible de favoriser leur intégration enles rendant minoritaires dans les quar-tiers où ils résident... Autrement dit, lemélange social générerait l’intégration,et ce dans une conception française dela mixité : si les pauvres sont minori-

taires, ils adopteront les normes dominantes des couchesmoyennes. La proximité spatiale atténuerait les distances sociales :ce postulat est sujet à caution, beaucoup de recherches ontd’ailleurs démontré l’inverse. Ce sont des acquis sociologiques quin’empêchent pas que la référence à la mixité soit de plus en plusforte. Dès les années 70, Chamboredon et Lemaire ont bienmontré que plus les populations étaient hétérogènes, plus il y avaitde différenciation sociale. Ce qui se passe aujourd’hui dans l’écoleest, à mon avis, révélateur de cela. Dans certains quartiers pari-siens, la population est assez diversifiée, mais cette diversité ne seretrouve pas véritablement dans les écoles. Au passage, il fautnoter que chaque parent d’élève a une perception de la mixité« supportable » pour son enfant.À l’inverse, des concentrations homogènes peuvent dans certainscas favoriser l’intégration. En somme, les phénomènes sont pluscomplexes qu’il n’y paraît. Tout d’abord, les politiques urbaines,quelles que soient leurs orientations, ont peu d’action par rapportau comportement des ménages. Ensuite, ce n’est pas parce que lepeuplement est hétérogène ou homogène, qu’un « projet de viecommune », existe dans les grands ensembles ou ailleurs.

Les effets pervers de l’application « politique » du principe demixité Les politiques mises en place ont des effets pervers. Si la mixitésociale peut être un principe de référence, un « idéal de société » –par ailleurs consensuel car elle fait appel aux logiques de justice et

Mon propos sera centré sur la mixité comme réponse politique à laségrégation. Je ne reviendrai pas sur l’histoire du logement socialet le rôle des politiques de logement, mais plutôt sur les politiquescorrectrices de la ségrégation et affichant des objectifs de mixité,menées depuis le milieu des années 70 environ.Si l’on met en parallèle ces politiques et l’évolution des situationson ne peut qu’être interrogateur et sceptique sur le concept demixité. La première interrogation porte sur les présupposés decette notion qui restent discutables aujourd’hui. La deuxième, surles effets limités de son application locale et qui ont même pu êtreinverses de ceux escomptés.

Depuis les années 70 : la mixité comme principe d’action dansles quartiers Dans les politiques menées depuis la fin des années 70 (habitat etvie sociale, développement social des quartiers), deux périodes sedégagent : les années 80 et les années 90. Dans les années 80, lespolitiques affichent déjà un double objectif : la mixité et l’inser-tion. Mais il s’agit très clairement d’uneaction locale dans laquelle l’État joueplutôt un rôle d’incitateur. L’applicationde la mixité est laissée très largementaux acteurs locaux (bailleurs, villes,etc.). Si la définition scientifique de laségrégation et sa mesure ne sont pasévidentes, les choses sont relativementplus claires dans le champ des poli-tiques urbaines. Si l’on parle de ségré-gation, on désigne essentiellement lesconcentrations de populations ditesdéfavorisées et, donc des quartiers de la politique de la ville. Cesderniers sont devenus en quelque sorte les espaces de référencelorsqu’il s’agit de ségrégation. Dans les années 90, l’objectif de mixité est beaucoup plus affirmé.Tout d’abord, l’État est plus interventionniste par rapport à cettequestion puisque la mise en place de la loi d’orientation sur laville (LOV) en 1991, les mesures du pacte de relance et un certainnombre d’autres, mises en place à la même période sont très clai-rement les outils techniques de la mixité. La mixité est alors « imposée » par la loi. À grands traits, le prin-cipe de la LOV est de redistribuer le logement social afin de redis-tribuer les populations pauvres en instaurant des seuils : 20 % delogements sociaux et 18 % de ménages bénéficiaires de l’APL. À la fin des années 90, un autre type d’intervention apparaît, quel’on pourrait appeler « l’agglomération solidaire » avec la loi Soli-darité et renouvellement urbains (SRU), les lois Chevènement etVoynet. L’échelon local revient à nouveau au premier plan. Mais ilne s’agit plus seulement des quartiers en politique de la ville. Estpréconisée, une articulation entre ces derniers et le reste d’un terri-toire défini avant tout par une volonté des communes de travaillerensemble et d’effectuer des redistributions financières ou desredistributions de populations à l’échelle d’une agglomération.

Faut-il revenir aujourd’hui sur la mixité sociale comme principe ? Les limites, presque techniques, de ces politiques sont connues.Tout d’abord, le peuplement de ces quartiers ne s’est pas véritable-

Christine LelévrierIAURIF,

Institut d’urbanisme de Paris,Université Paris XII.

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d’égalité partagées par untrès grand nombre – satraduction en outils tech-niques d’une politique esttrès difficile.Je pense que le principaldébat se situe autour de cetteproblématique. Lespratiques d’attribution delogements dans les quartiersde la politique de la ville,par exemple pour les popu-lations immigrées, produi-sent les effets inverses deceux escomptés : l’exclusionet la discrimination sontpatentes, et il faudra bien entenir compte à un momentdonné... Il est donc impor-tant de montrer les méca-nismes qui génèrent ceseffets « pervers ».Pour un certain nombre debailleurs, un des critères dela mixité sociale est la tailledes ménages qui serait unélément de « rééquilibrage »des quartiers. Autrement dit,ils tentent de diminuer lapart des grandes familles etde favoriser l’arrivée depetits ménages. Évidemment, ces critèrespeuvent varier dans le tempset dans l’espace, mais ilsvisent souvent – et pasforcément de façon volontaire – certaines catégories de popula-tion, en particulier les populations africaines qui se retrouvent defait en position d’exclusion par rapport au parc social. Un autre exemple éclairant est la gestion différenciée des terri-toires, ce que Catherine Bourgeois appelait « la gestion de site »en décrivant les pratiques des bailleurs. En ce qui concerne lamixité sociale, bailleurs mais aussi villes, mettent en avant unelogique de préservation de secteurs qu’ils considèrent commeétant « équilibrés ». Si l’on observe de plus près ces quartiers dits« équilibrés », ils se composent souvent de petits ménages, plutôtenracinés dans leur quartier, dans des ensembles composés surtoutde petits logements.Dans ces espaces-là, la logique en place consiste à sélectionner lescandidats et également à « faire » de la qualité urbaine, de laqualité architecturale. Dans les autres, on gère l’existant dediverses façons : en mettant en place des politiques sociales, enpratiquant la dédensification, ou en diminuant la part des grandesfamilles... Bailleurs et communes peuvent aussi agir sur l’offre et le peuple-ment et favoriser éventuellement – et souvent de façon non déli-bérée –, des micro-regroupements familiaux ou ethniques. Dans un quartier concerné par la politique de la ville, 60 % desdemandeurs sont peu solvables et souvent d’origine étrangère, le« tri » s’avère relativement difficile. Ainsi, lorsqu’une famille seprésente en connaissant un autre ménage déjà logé et dont lecomportement est considéré comme « bon » du point de vue dubailleur : ce critère est aussi recevable qu’un autre... En l’appli-quant, cela conduit progressivement à des micro-regroupements.Cette logique « par immeuble », se répercute évidemment àl’échelle d’un patrimoine, d’une ville et finalement de l’agglomé-ration francilienne.

De fait, les différenciationssociales augmentent, lamobilité est freinée car lescatégories les plus défavori-sées résidant dans les quar-tiers de la politique de la ville– en particulier les popula-tions immigrées – ne peuventpas en partir pour accéder àd’autres segments plus valo-risés du parc. Dans le mêmetemps, les problèmes sedéplacent sur d’autressegments du parc de loge-ments, ainsi vers les copro-priétés ces dix dernièresannées. La disparition progressivedes grands logements seraitégalement intéressante àobserver. Dans les quartiersde la politique de la ville, ilssont divisés en petits loge-ments ou sont les plusconcernés par la démolition.D’autre part, dans le casd’opérations de renouvelle-ment urbain, on ne construitpas de grands logements. Etce pour diverses raisons...Mais l’effet global est derestreindre cette offre pourles populations les plusconcernées que sont certainesfractions des populationsimmigrées. Ce n’est peut-être

pas un hasard si l’on trouve 40 % des chefs de ménage de nationa-lité étrangère parmi les demandeurs de logements sociaux en Ile-de-France (analyse du fichier préfectoral par l’Iaurif).

D’autres pistes pour les quartiers en difficulté ? Après avoir exposé ces différentes réflexions, il me semble quecontinuer aujourd’hui à se référer à la mixité bloque le développe-ment d’autres modes d’action publique.Sans donner des « recettes miracles », car il n’y en a pas, j’aime-rais ouvrir quelques pistes de débat. Si l’objectif qu’on se donneest de lutter contre les discriminations et les inégalités, la mixitén’est pas le préalable absolu. Outre la question de la redistribution financière, il me semble inté-ressant de réfléchir en termes de « droit à la mobilité », selon lestermes de Daniel Béhar.L’accès à la ville et à ses services est peut-être plus souhaitableque le mélange résidentiel. L’exemple des zones franches, de cepoint de vue, est assez révélateur : ce n’est pas parce les entre-prises sont implantées dans les quartiers que les populations ontpour autant accès aux emplois créés.Une autre piste, très discutée au moment de l’évaluation du précé-dent contrat de plan mais malheureusement très peu inscrite dansles politiques : ne faut-il pas mettre un coup d’arrêt à la politiquede la ville telle qu’elle a été conçue jusqu’à maintenant et essayerde territorialiser les politiques sectorielles ?Pour la justice ou l’éducation par exemple, les besoins et prioritésne sont pas forcément les mêmes dans tous les territoires. Cetteorientation n’a pas été retenue. Aurait-elle été plus efficace ? Il estévidemment impossible de l’affirmer, mais interroger les poli-tiques sectorielles par rapport aux problématiques des quartiersaurait été sans doute riche d’enseignements. �

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Français en Sixième :exigeons le maintiendes 6 heures prof !La nouvelle grille horaire de Sixièmegarantit enfin des horaires élèves natio-naux pour toutes les disciplines. C’étaitune de nos revendications ! Pour autantla maîtrise de la langue reste une de nospriorités qui ne pourra être assuréesans le maintien de la sixième heureprof en français. Le SNES appelle tousles personnels de collège à exiger queles enseignants de français disposentsystématiquement de 6 heures aumoins pour chaque classe de Sixième.Cette demande peut être satisfaite par-tout, soit en utilisant le complémentmodulable (pour élèves en difficulté),soit en prélevant une heure sur les 2heures d’ATP.

Collègesi

Horaires planchers,conditions de rentréeinacceptables :grève dans l’académie de Rouen

• Collège Paul-Eluard de Saint-Étienne-du-Rouvray (collège ZEP banlieue rouen-naise) : grève lundi 28 janvier pourl’augmentation de la DHG et contre lasuppression d’un poste.

• Collège de Bolbec/Roncherolles :grève massive dans cet établissementaccueillant des élèves issus en grandnombre de familles défavorisées mardi29, pour dénoncer la réduction de l’en-veloppe et la baisse des horaires dansles disciplines du tronc commun. Pour-suite de l’action le 31 et le 1er février,pour une dotation supplémentaire per-mettant de diminuer les effectifs parclasse (classes de Sixième prévues à28 élèves) et de maintenir des groupes.

Événementi

Nantes : 10 000,le samedi 2 février,pour d’autresinvestissementspublics !

Quelle réponse de Lang, demain, à unemobilisation dont chacun dit ici qu’ellen’a pas de précédent ?... Instits et profsd’école de Loire-Atlantique ont de toutefaçon mis la rentrée sous surveillancedes personnels et des parents, un évé-nement ! 10 000 en manif intersyndicale,soutenue par des associations deparents, par les UD des confédérations,un peu surprises... SUITE PAGE 12 ¬

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ACTUALITES

Q uel que soit le collège dontelle émane, chaque syn-thèse de journée banalisée

qui nous remonte ne fait queconfirmer la tendance constatéedepuis le début : la réformeannoncée par Jack Lang manqued’ambition, ne s’attaque pas auxquestions de fond du collège(hétérogénéité des classes,nombre croissantd’élèves en dif-ficulté, voire enéchec...), les itiné-raires de décou-verte ne peuventrésoudre les diffi-cultés que rencon-trent de trop nom-breux élèves dansles apprentissagesdisciplinaires debase, d’autant plusque les horairesseraient amputés,et sont de surcroîtinapplicables enl’état. C’est lemessage que nousentendons trans-mettre au ministre,lors de l’audiencequi se tiendra à laDESCO le jeudi7 février. Nousrappellerons nosdemandes priori-taires qui portent àla fois sur la réduc-tion des effectifsdes classes, deshoraires discipli-naires suffisantspour les élèves,des dédoublements et travaux engroupes. Nous dénoncerons lamise au plancher systématiquedes horaires disciplinaires, mesurequi témoigne d’un renoncement àdispenser, de la Cinquième à laTroisième, une véritable culturecommune. Pour donner plus depoids à nos demandes, nousremettrons au ministère un jeucomplet de toutes les synthèsesqui nous seront remontées à cettedate. Nous demandons instamment auministre de renoncer à la mise enplace, dans l’état, des itinéraires

de découverte et de permettre auxéquipes, à titre transitoire (dansl’attente de nouvelles grilleshoraires confortées), de restituerles 2 heures initialement dévo-lues aux itinéraires, ainsi quel’heure non affectée, au renfor-cement des horaires disciplinairesau service des élèves, dans lecadre de la lutte contre l’échec

scolaire. Nous appelons la pro-fession à faire valoir cette pro-position alternative dans tousles CA de préparation de ren-trée.Parce que nous sommes attachésà la réussite de tous nos élèves etque nous avons une autre concep-tion de ce que devrait être lecollège, nous entendons faireconnaître publiquement nos pro-positions, autour d’un manifeste àl’initiative du SNES et du SNEP(voir ci-contre) pour lequel noussouhaitons recueillir un maximumde signatures, dans la profession

mais aussi chez les parentsd’élèves, les élus, les associa-tions... Nous appelons l’ensembledes collègues :• le lundi 11 mars, à débattre deces propositions, dans le cadrede l’heure mensuelle d’informa-tion syndicale, déposée par leSNES local dans chaque collègece jour-là ;

• le mardi 12mars, à participermassivement auxinitiatives prisespar les sectionsdépartementaleset/ou académiques(sous les formesles plus adaptées àla situation locale :rassemblement,mani fes ta t ion ,conférence depresse…) ;• le mercredi 13mars, à contribuerà la réussite des« assises natio-nales pour le col-lège » que noustiendrons à Parisavec 3 ou 4 repré-sentants d’éta-blissement pardépartement*. Cedispositif d’actionn’exclut pas apriori un recourséventuel à la grèveavec manifesta-tion, dont il fautcontinuer à discu-ter l’opportunité.L’essentiel est de

faire en sorte que les problèmesdu collège soient mis sur le devantde la scène, de rendre public notremanifeste pour un vrai collège dela réussite et d’interpeller leministre sur la réforme ambitieusedu collège que nous revendi-quons. �

Monique Parra-Ponce

*Préinscriptions possiblesdès maintenant auprès dusecteur collège (01 40 63 28 54ou [email protected])qui transmettra aux sectionsdépartementales

11, 12 ET 13 MARS.

Trois jours pour le collège

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B ien qu’accueillant la presque totalité des élèves, le collège quenous connaissons n’est pas un collège démocratique. Chargéen théorie de poursuivre l’effort de culture commune pour

l’ensemble des générations, il peine à accomplir cette mission : lesécarts constatés à l’école primaire se maintiennent, parfois s’am-plifient, et confortent le tri social auquel participe aussi le collège.Fragilisé plus que d’autres niveaux par la constitution de ghettossociaux et de poches de pauvreté, le collège est trop dépendant dumilieu local, il est parfois fragilisé par l’indiscipline et la violence,et laisse au bord du chemin des milliers de jeunes qui sortent du sys-tème après la Troisième sans véritable formation. Les difficultés sonttelles que l’idéal du collège pour tous est remis en question par denombreux observateurs.Nous réaffirmons pourtant qu’aucun progrès ne pourra seréaliser si l’on ne parvient pas à résorber l’échec scolaire àl’école primaire et au collège et d’abord l’accès à la langue fran-çaise écrite et orale, sésame de tout accès à la culture.Depuis des années, les réformes ont fui cette exigence, sous-estiméles moyens à investir pour répondre aux difficultés les plus graveset préconisé de façon dogmatique des méthodes sans validitédémontrée pour construire patiemment les savoirs. Parce que lesréformes privilégient de fait les stratégies d’apprentissage desélèves les plus à l’aise et les plus autonomes, elles ignorent cellesdes enfants les plus éloignés des pratiques scolaires et visent descompétences de plus en plus élevées sans réfléchir aux moyens deles atteindre réellement par le travail et l’entraînement scolaire.Il en va ainsi des travaux sur projets, reposant sur des recherchesautonomes et sur des capacités interdisciplinaires : pour intéressantsqu’ils soient, ils ne peuvent prétendre résoudre les difficultés ren-contrées par de nombreux élèves dans les apprentissages discipli-naires de base dont les dernières réformes ont fortement réduit letemps par la pratique des horaires au plancher. Ces travaux ne reçoi-vent même pas les moyens qui les rendraient possibles par l’octroide ressources nouvelles, par des possibilités de travail en groupeset par un temps de concertation suffisant des équipes.Trop souvent centrées sur des activités périphériques à l’acted’enseignement, les réformes successives ont ignoré l’essen-tiel du travail scolaire, les enjeux disciplinaires des apprentis-sages, de l’activité dans la classe. Pire, par des réductions d’ho-raires, des dotations trop étriquées, des classes trop chargées etrarement dédoublées, les réformes rendent de plus en plusproblématiques les apprentissages de base et compliquent le tra-vail des enseignants. Obligeant les enseignants et les établissements à des arbitrages dou-loureux qui divisent les équipes plus qu’ils ne les soudent, lesréformes contribuent à des organisations ségrégatives et défavori-sent ceux qui auraient le plus besoin de l’école. Dans ce contexte,les itinéraires de découverte du cycle central, suivis par les ensei-gnements choisis en classe de Troisième peuvent être le nouvelhabillage d’un collège qui renoncerait à dispenser une vraieculture commune.Les signataires de ce manifeste réaffirment l’importance d’unelutte déterminée, précoce et continue contre l’illettrisme et ladifficulté scolaire, capable de prévenir l’échec, de déjouer les

déterminismes sociaux et d’apporter des aides aux famillesqui en ont besoin, et cela dès les premières années de la scola-rité.

Ils demandent :1. qu’on restitue à l’apprentissage patient et construit des savoirs dis-ciplinaires le temps et les moyens horaires de le réaliser efficace-ment pour tous les jeunes, avec des séances en groupes allégés etdes classes moins chargées, et qu’on y affecte dans l’immédiat lesmoyens consacrés à la généralisation des itinéraires de découverteet l’heure non affectée dont devrait disposer chaque classe de Cin-quième et de Quatrième ; 2. qu’on accorde à l’apprentissage de la langue des moyens suffi-sants dès la Sixième en portant à 4 heures + (1 heure dédoublée) leshoraires de français et en constituant toutes les aides individualiséesnécessaires pour les plus faibles lecteurs ;3. qu’on laisse toute liberté aux équipes d’engager des projetsinterdisciplinaires sans pour autant affaiblir les apprentissages dis-ciplinaires ;4. qu’on accorde une trentaine d’heures de dotation par classe enmoyenne pour permettre des groupes de travaux pratiques dans lesdisciplines expérimentales et en technologie et amorcer des groupesà effectifs allégés en langues vivantes ;5. qu’on dégage des moyens importants pour construire des équipespluriprofessionnelles de suivi des élèves en difficulté associantaux enseignants le CPE, le CO-Psy, les personnels médicaux etsociaux et qu’on crée les structures d’accueil et les compétencesnécessaires pour les élèves primo-arrivants non francophones ;6. qu’on puisse étudier au cas par cas sur proposition des équipespluriprofessionnelles des solutions pédagogiques diverses pou-vant inclure une collaboration avec les LP, ou d’autres structures duservice public pour les élèves en grande difficulté très démobilisésou en rupture avec l’enseignement du collège ;7. qu’on engage une politique d’intégration des heures de concer-tation dans le service des enseignants et documentalistes en com-mençant par les enseignants des ZEP et REP particulièrement misà contribution au plan éducatif, et pour tous les enseignants qui s’en-gageraient dans des projets interdisciplinaires ;8. qu’on engage une réflexion approfondie pour réviser certainscontenus, les rendre plus formateurs, plus cohérents entre eux,plus aptes à intéresser les jeunes et à les ouvrir aux problèmes denotre époque.Ces premières mesures assureraient un redressement de lasituation et permettraient d’envisager ensuite plus sereine-ment une réorganisation du collège et de ses enseignements per-mettant à tous les élèves, dans leur diversité, de réussir au col-lège, de développer leurs potentialités.Les signataires de cet appel demandent au ministre de l’Éducationnationale de prendre la mesure des difficultés et des leçons del’expérience qui montrent tous les jours qu’on ne saurait esquiverla nécessité de faire apprendre dans des conditions appropriées à unenseignement de masse et en offrant aux personnels la possibilitéde faire valoir leur expérience pour évoluer et innover au service desjeunes. �

Manifeste pour un collège de la réussite pour tous

À reproduire, à faire signer et à renvoyer au SNES, 1, rue de Courty, 75341 Paris cedex 07

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L’administration jouait sur un calen-drier décalé des préparations de ren-trée : premier degré en janvier, seconddegré en mars... Un seul front à la fois...mais la manœuvre a fait long feu !Il y a eu nos mises en garde à l’Educa-tion nationale, aux parlementaires et àl’opinion pour réclamer d’autres inves-tissements publics. Et ce ministre qui vante la calligra-phie tandis que les personnels fontface… Il y a aussi la lassitude dudépartement au dernier rang du clas-sement P/E, le rapport prof/élèves quisert d’indicateur pour l’encadrement1er degré… Là-dessus, l’effet cataly-seur du 10 décembre (la grève FSUavec des scores d’écoles à 50 % etplus). Et le 24 janvier, tombé pile-poildans les annonces de fermetures declasses... A partir de là, les AG inter-syndicales ont fait boule de neige, deplus en plus d’écoles ont donné del’énergie à une grève reconductibleavec partout la même conviction : çasuffit comme ça ! Une occupation del’IA, une première manif pour exigerdes postes « pour remplacer », pour« baisser les effectifs de classe »,« pour scolariser les deux ans »... ontdonné le signal d’une déterminationrenouvelée à se mêler de l’avenir duservice public. La manif à 10 000 (dujamais vu depuis 95) a donné à cemouvement la force de l’engagementmajoritaire des enseignants et desparents.Et le second degré ?... Six jours avantles congés, nous venons tout justed’arracher les informations sur lesdotations collèges. Deux « équivalents-temps plein » pour 73 collèges + 2créés à la périphérie nantaise. Desdocuments opaques que les élus dela FSU ont étudiés de près : l’annoncede + 2 postes se traduit... par une dimi-nution de 1 077 heures : redéploie-ments et suppressions de postesconcerneront la moitié des collèges. Encinq ans, le département a connu 44suppressions et recrute 400 précaires.… Horaires planchers et prévisionsd’effectif minorées à l ’appui, onconfisque 1 077 heures aux établisse-ments, l’équivalent mathématique de60 postes ! Pour 20 collégiens demoins pour le département, la sous-traction est salée : elle a même ungoût de mazout !C’est au mois de mars que sont arrê-tées les mesures de rentrée et le CTPdépartemental second degré est prévule 21 mars. Il restera donc troissemaines, a partir de la rentrée, pourengager l’action intersyndicale et chan-ger la donne... Une première AG des S1se tient le 6 février...

ACTUALITES

V iolence scolaire : selon leministère de l’Éducationnationale (conférence de

presse le 30 janvier), la situationsemble s’être stabilisée voire amé-liorée dans certaines académies,même dans les sites les plus dif-ficiles. Les chiffres présentésrésultent du recensement des actesde violence à l’école de septembreà octobre 2001 par le nouveaulogiciel SIGNA, logiciel quiprend en compte l’école primaireet ne retient que les actions lesplus graves (contrairement au pré-cédent).On ne peut bien sûr que se félici-ter d’une régression des phéno-mènes de violence. Mais reflè-tent-ils la réalité ?Le nouvel instrument de mesuren’est en place que depuis la ren-trée 2001 et ne permet pas decomparaisons aisées avec l’an-cien dispositif. Il faudra attendred’autres chiffres pour comparer etparler de baisse ou de hausse.Il laisse de côté « les incidents »

saires, ne suffisent pas. Au centredu problème, il y a l’emploi, lanécessité de réponses sociales etd’une politique de la ville quiassure une véritable mixité sociale.Il y a nécessité d’une politiqueambitieuse pour l’école, maisaussi d’une meilleure coordina-tion des services publics au niveaulocal pour lutter entre autres contreles bandes et les trafics en tousgenre. Il y a nécessité d’une cohé-rence éducative renforcée dans lesétablissements victimes de vio-lence. Des moyens sont indispen-sables pour améliorer les condi-tions d’enseignement, pourtravailler en équipe et s’attaquer àl’échec scolaire : cela requiert unimportant investissement en per-sonnels qualifiés. Car il est incon-testable que la réussite scolaire,mais aussi les aides sociales etl’ouverture de débouchés profes-sionnels, sont probablement lemeilleur remède au développe-ment des violences à l’école. �

Marylène Cahouet

nombreux de toute nature quipeuvent empoisonner la vie d’unétablissement et nuire sérieuse-ment à sa mission d’enseigne-ment... Ces premières donnéesdoivent d’autant plus être inter-prétées avec prudence qu’il estprobable que certains établisse-ments n’ont pas assuré la remon-tée des faits à signaler. Sanscompter une certaine banalisa-tion de la violence qui ne laissepas d’inquiéter.Pour renforcer la prévention dela violence à l’école, Lionel Jos-pin a annoncé deux mesures :nomination d’assistantes socialesdans les écoles primaires « sen-sibles », augmentation des effec-tifs des CPE et des MI-SE.Mesures bienvenues certes maisbien insuffisantes au regard desbesoins ! Car la situation estsérieuse, chacun peut en témoi-gner.Le SNES, dans un communiqué,rappelle que les mesures ponc-tuelles, même si elles sont néces-

LE MINISTÈRE annonce la stabilisation des actes de violence à l’école.

Moins de violence ?

L e Forum social mondial quivient de se tenir à PortoAlegre constitue un événe-

ment marquant. Près de 50 000personnes venues du mondeentier, des centaines de débats, deconférences, de séminaires, d’ate-liers, de manifestations, avec unpoint commun : la volontéde comprendre et d’analyser,d’échanger sur les mécanismes etles effets de la mondialisation néo-libérale mais aussi de construiredes propositions alternatives.Toute la presse a souligné lebouillonnement d’idées, l’exubé-rance, le dynamisme de cette ren-contre face à la morosité du Foruméconomique mondial de Davostransplanté dans un New York

syndicats et ONG de tous lescontinents. Elle a aussi pris part àd’autres conférences et ateliers,par exemple sur l’OMC où estintervenu le président de l’institutde recherche (IRHESC). Nousreviendrons dans un prochainnuméro sur ce forum, y comprisen rendant compte des rencontresmultiples que nous y avons faites.D’ores et déjà des suites sont pré-vues : un troisième FSM aura lieuen 2003 ; il devrait être précédé deforums continentaux et d’un nou-veau Forum mondial de l’éduca-tion. �

Gérard Aschieri

sous haute protection policière.A côté de multiples militantsassociatifs les plus divers, desorganisations syndicales venuesdu monde entier y ont participé,avec notamment une présenceremarquée de la CES, de la CISL,de la CMT.La FSU a pris part à ce Forumsocial mondial avec une déléga-tion d’une dizaine de personnesconduite par son secrétaire géné-ral ; elle a notamment joué un rôleimportant dans le séminaire mon-dial sur l’éducation qui s’est tenudans ce cadre et a débouché sur untexte largement approuvé par des

PORTO ALEGRE.

Rencontresau sommet

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Succèsi

Retraite et centresde formationEnfin, « les périodes de scolarité passéespar les fonctionnaires civils, avant le 1er

janvier 2001, en qualité d’élève fonc-tionnaire d’un établissement de forma-tion avant leur nomination en qualité defonctionnaire stagiaire sont prises encompte dans la constitution du droit etla liquidation de la pension attribuéeau titre du code des pensions civiles etmilitaires de retraite, si elles ont donnélieu lors de leur accomplissement auprélèvement de retenues pour pen-sion… » (article 135 de la loi de financespour 2002 – JO du 29 décembre 2001). Malgré nos interventions, cette mesurereste limitée aux périodes qui ont donnélieu au prélèvement de retenues pourpension. C’est le résultat des demandesrépétées de la FSU et de ses syndicatsnationaux en particulier le SNES, leSNUIPP et des nombreuses démarcheset protestations des anciens élèves descentres de formation de PEGC, PETT,PTA et conseillers d’orientation, quiavaient entraîné un arbitrage du Pre-mier ministre en décembre 2000.Notre action concernant les élèves descentres de formation des personnelsde l’Education nationale aboutit à untexte de loi qui étend le bénéfice decette mesure aux élèves fonctionnairesdes centres de formation de toutes lesadministrations de l’Etat.

• Pour les futurs retraités, il suffirad’être attentif à l’application de cette loi.

• Pour les personnels retraités placésdans la même situation, ou leurs ayantscause, les pensions sont révisées, aveceffet au plus tôt au 1er janvier 2001, sousréserve que les intéressés en fassent lademande dans le délai d’un an à comp-ter de la publication de la présente.Les demandes de révision de pensiondoivent être adressées directement auService des Pensions – DAF E3 – minis-tère de l’Éducation nationale – 31, ave-nue Georges Clemenceau – BP 228 –44505 La Baule cedex, avant le 29décembre 2002.

Une cinquantaine de col-lègues ont répondu à l’appeldu SNES et de l’APSM et

se sont retrouvés le 30 janvier2002 à Paris. Le débat a porté surla création de l’agrégation SMS, lacréation de BTS spécifiques et declasses préparatoires aux concoursparamédicaux et sociaux.

Création de l’agrégationElle représente le seul moyenpour que les sciences médico-sociales soient reconnues commeune vraie discipline et est unmoyen d’élévation du niveau desqualifications, d’amélioration desconditions de travail et du salaire.

Poursuite d’étudespour les bacheliers SMSBTS « assistant médico-social » :un BTS spécifique est nécessaireet ne doit pas être une simpleoption médico-sociale au BTSd’assistant de direction. Il doitpermettre de consolider et de bien

repérer la voie SMS. Il doit s’ins-crire dans l’élévation actuelle desqualifications et la multiplicationdes recrutements à bac+2. L’Ins-pection générale appuie ce projet.BTS médiateur social : sa placeest à étudier en évitant la concur-rence avec les autres formationsde travailleurs sociaux.Classes préparatoires aux concoursmédico-sociaux : ces classes doi-vent préparer aux concours d’en-trée en IFSI (Institut de formationaux soins infirmiers), mais aussiaux autres concours paramédicauxet sociaux, offrir des programmesnationaux uniformes et permettreaux inscrits d’accéder à un statutd’étudiant, et mettre fin aux FCILaléatoires et aux formations privées.Une délégation a été reçue auministère. L’instruction de l’en-semble du dossier a été engagéepar les services du ministère, desdécisions devant être prises finmars, début avril :• un projet de maquette de l’agré-

SMS : APRÈS LE 30 JANVIER...

Préparons le 27 mars

DOTATIONS HORAIRES DES LYCÉES.

Intervenez en CAL

es dotations horaires, com-muniquées par les rectorats,vont être soumises au vote

des conseils d’administration.Compte tenu du très faiblenombre d’emplois nouveaux créésau budget (699 pour le seconddegré), elles s’avéreront une nou-velle fois insuffisantes face auxbesoins, avec une proportiond’heures supplémentaires proba-blement très élevée, voire accrue,ce qui est inacceptable.Le CA est le premier lieu à partirduquel les personnels peuventagir pour demander, si possibleavec nos partenaires, les moyenspermettant une meilleure prise encharge des élèves. En l’absence decirculaire de rentrée, il faut s’ap-puyer sur celle de l’année der-nière pour que soient respectéesles instructions officielles :• Les dédoublements sont sanscondition de seuil : il est indis-pensable de refuser une structure

• Le rétablissement des modulesen Première.• Le maintien ou l’implantationdes options manquantes et en par-ticulier l’option maths en Pre-mière et Terminale L.– Les moyens d’un rattrapage enPremière pour les élèves n’ayantpas suivi les options correspon-dantes en Seconde (SES, langues,enseignements technologiques...).Le CA ne doit pas hésiter à seprononcer négativement si ladotation globale est jugée insuf-fisante ou excessive en HSA, levote portant à la fois sur le mon-tant de la dotation et sa répartition. Pour toutes les actions menéesautour de la dotation, il est impor-tant d’en informer la section aca-démique qui peut se charger de lescoordonner et de les populariser.(Cf. Courrier de S1 no 10, BOno 29 du 27/7/2000 et no 24 du14/6/2001). �

Alice Berguin

faisant apparaître à côté de classeschargées, une classe à 24 au motiferroné que la classe à 24 ne seraitpas dédoublée.• Les horaires réglementaires(modules, aide individualisée,ECJS, mise à niveau informa-tique) doivent être prévus et ceuxde TPE en Première et Terminalepris en compte dans la répartitionhoraire par classe et par disci-pline.Au-delà de ces principes, le débaten CA est l’occasion de rappelernos demandes prioritaires :• Une réelle diminution des effec-tifs des classes : aucune classe nedevrait dépasser 30 élèves, parti-culièrement en Seconde. Motionset pétitions peuvent venir à l’ap-pui de cette demande qui peutêtre évaluée en termes de dotationhoraire.• Des groupes ne dépassant pas 15élèves en TD, TP et groupes deLV.

gation a été déposé à la DPE,• une étude de faisabilité a étédemandée sur les BTS à la 20e

CPC,• une demande a été faite à laDESCO de la transformation desFCIL.On le voit bien... la mobilisationdes professeurs de SMS d’ici lafin du mois de mars sera déter-minante (réunions, pétitions,adresses aux élèves, parents etélus)... Les collègues présents àParis ont décidé la poursuite del’action et de se retrouver de nou-veau à Paris encore plus nom-breux le 27 mars. �

Mireille SchöhnDominique Balducci

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Page 13: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

14 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

LE CREF, COMPLÉMENT RETRAITE facultatif et mutualiste de la fonction publique,est en pleine transformation. La presse se fait l’écho d’une importante réorganisa-tion de ce dispositif en liaison avec les règles du nouveau code de la mutualité quiengagerait plusieurs grandes mutuelles dont la MGEN. Les 400 000 sociétaires duCREF sont directement concernés mais les questions en jeu vont bien au delà pourl’avenir des retraites tant pour la mutualité que pour le mouvement syndical.

Questions autour du CREFL

e CREF est un complé-ment retraite volontaire,institué en 1947 à partir

des instituteurs secrétaires de mai-rie, qui s’est ensuite développédans l’Education nationale et dansle reste de la Fonction publique.Combinant des mécanismes parrépartition et des placements encapitalisation, ce dispositif facul-tatif est resté assezsecondaire tant parle nombre de per-sonnes que par lemontant moyen desprestations concer-nées. En revanche,il a largement fonc-tionné comme unsystème d’épargneavec une gestionmutualiste long-temps reconnuepour plusieurs di-zaines de milliers de personnels del’Education nationale.Des obligations nouvellesLa transposition des directiveseuropéennes en matière d’assu-rance, en discussion en fait depuis1992 et mise en œuvre dans lenouveau code de la mutualité, aconfronté le CREF à des obliga-tions nouvelles de réserves trèssupérieures à sa gestion anté-rieure. Il s’agit de porter le taux decouverture des prestations de66 % à 100 %, c’est à dire unbesoin de financement à terme de1,5 milliards d’euros. D’où ladécision très controversée prisepar son Assemblée générale du30 octobre 2000 d’anticiper surcette contrainte et de réduire de17 % ses prestations versées.D’où aussi, la recherche d’unmontage permettant de remplirces nouvelles obligations. C’est làqu’intervient la réorganisationenvisagée sous la forme d’unenouvelle union mutualiste adosséeà trois grandes mutuelles de laFonction publique dont la MGENet qui aurait pour fonction de cau-tionner la mise à niveau progres-sive en 25 ans des réserves. La

MGEN a déjà tenu une assem-blée générale extraordinaire sur lesujet, des assemblées départe-mentales sont annoncées le6 mars avant les prises de déci-sions définitives au plan national.Invité par la FSU à présenter le30 janvier devant un stage sur laprotection sociale les enjeuxactuels, Jean-Michel Laxalt, pré-

sident de la MGEN, insistait surl’affrontement en cours entrelogique sociales et logiques com-merciales dans le champ de lamutualité. Lors d’une rencontre avec la FSUau début du mois de novembre, ilexplicitait déjà la constructiond’une « offre globale » Educationnationale en partenariat avec laMAIF et la CASDEN en attirantl’attention sur le développementdes contrats de groupe dans lesecteur privé qui se traduit parune présence accrue des assu-rances privées dans le domainede la complémentarité santé et dela prévoyance.Assurance ou solidarité ?Il présentait alors l’offre globaleMGEN/MAIF/CASDEN commeune alternative solidaire aux pré-tentions assurantielles en asso-ciant protection des biens, despersonnes et de l’épargne. Désor-mais, pourrait s’y ajouter y com-pris le complément retraite. Lesquestions en jeu concernent l’en-semble des mutualistes mais aussile mouvement syndical. En soi,l’idée d’une solidarité mutualistepour sauvegarder ce cas très par-

ticulier qu’est le CREF en tantque complémentaire retraite denature mutualiste peut d’autantplus apparaître comme légitimeque toute autre solution pourraitse ramener à une récupérationimmédiate et très intéressée parun groupe privé de taille mon-diale comme AXA. Les consé-quences d’un tel laisser-faire

seraient sans douteincalculables pourl’ensemble du sys-tème se protectionsociale.A l’inverse, onpeut soutenir queles enjeux recou-vrent bien plus quede l’entraide mu-tualiste. Il ne suffitpas en effet de pré-tendre soustraireles fonds du CREF

à l’appétit d’AXA pour faire valoirdes choix de solidarité. L’affron-tement sur le devenir des retraitesest lancé et l’un des mécanismesles plus pernicieux recherché pourmettre en œuvre des reculs dansles droits collectifs repose sur lapromotion des compléments indi-viduels. La version du MEDEFautour des fonds de pension est laplus caricaturale mais elle peutêtre plus subtile derrière les appa-rences de l’épargne salariale. Ledéveloppement des complémentsindividuels est présenté commeun « plus » mais il jouera inévita-blement comme une façond’amortir et de d’autoriser lesrégressions des droits collectifs àla retraite. A ne pas traiter cettedimension essentielle, à n’envi-sager que la concurrence mutua-liste à faire à la concurrence« assurantielle », la démarchemutualiste pourrait alors vite setransformer en discours vide desens. C’est une raison essentiellepour mieux porter ensemble,comme dans le domaine de lasanté, l’engagement commun enfaveur des droits de tous à laretraite. � François Labroille

Natalitéi

Continuité ouchangement ?Selon Eurostat, il y a eu 772 500 nais-sances en France en 2001, ce quiconfirme la hausse notée ces dernièresannées et permet de penser que labaisse de la fécondité enregistréedepuis vingt ans était une illusion d’op-tique due à un décalage des naissance.L’âge moyen à la maternité est en effetpassé de 26,5 ans en 1976 à 29,5 ans en2000. Dès lors, il est très possible quele nombre de naissances demeure dura-blement suffisant pour empêcher unebaisse de la population, contrairementà ce qu’on pensait jusqu’ici. En tout cas,les femmes nées en 1950-55, qui sont lesdernières dont on connaisse la des-cendance finale, ont eu en moyenne 2,1enfants, ce qui assure le remplacementdes générations.Cette situation presque unique enEurope montre que les mesures nata-listes paient. Il semble notamment quel’APE (allocation parentale d’éducation)favorise le deuxième enfant. Il faudratenir compte de cette bonne tenue dela fécondité dans les prévisions d’ef-fectifs scolaires et, à plus longueéchéance, dans les projections de popu-lation active et dans les calculs relatifsaux retraites, même si une forte fécon-dité ne peut empêcher le vieillisse-ment.

Global Crossingi

Nouvelle failliteretentissante dans la« nouvelle économie »Star de la « nouvelle économie » en2000, Global Crossing a investi 15 mil-liards de dollars pour poser des réseauxde fibres optiques qui couvrent l’en-semble de la planète, mais en suresti-mant la demande. Selon « National Geo-graphic » (décembre 2001), 90 % de lacapacité de ces réseaux est inutiliséeaux Etats-Unis : des tuyaux vides qu’oncherche désespérément à remplir enpoussant les feux du e-learning. Résul-tat : une perte double de son chiffred’affaires, une dette colossale (plus de12 milliards de dollars), un cours de l’ac-tion qui dégringole de 60 dollars enmars 2000 à 13 cents fin janvier 2002.

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DÉFICITS PUBLICS. Allemagne et Portugal rappelés à la discipline budgétaire...

Un tournant pour l’Europe ?M

ercredi dernier, la Com-mission européenne adéclenché un « signal

d’alerte », avertissant ainsi offi-ciellement le Portugal et surtoutl’Allemagne que leur déficit publicapprochait dangereusement duseuil de 3 %, que le Pacte de sta-bilité et de croissance signé àAmsterdam interdit de dépasser.Le 12 février, le conseil desministres des finances (Ecofin)devra décider de ratifier ou noncet avertissement. En pleine cam-pagne électorale allemande, il

s’agit d’une décision difficile. Ellesera lourde de conséquences.Si le conseil Ecofin renonce à aver-tir l’Allemagne, le Pacte de stabi-lité aura vécu. Beaucoup s’enréjouiront, car ce corset régle-mentaire interdisant aux Etatseuropéens d’utiliser l’arme bud-gétaire en cas de récession estmanifestement inadapté. Para-doxalement, c’est l’Allemagne quia imposé cette règle, par crainte del’endettement et de l’inflation quepourrait provoquer le laxisme despays méditerranéens. Mais le Pacte

a également pour fonction de ras-surer les marchés financiers. S’ildisparaît, les opérateurs risquentd’exiger des taux d’intérêt élevéspour garder leurs capitaux enEurope, ce qui serait très mauvaispour la croissance et pour l’euro.Si, au contraire, le conseil suitl’avis de la Commission, la porteest ouverte à des sanctions contrel’Allemagne. En effet, le déficitallemand, qui atteint aujourd’hui2,7 % du PIB, dépassera 3 % encas d’aggravation de la conjonc-ture. Une amende est alors pré-vue, pouvant atteindre 0,5 % duPIB, soit 10 milliards d’euros !Outre son impact financier, unetelle éventualité aurait évidem-ment des conséquences politiquesdésastreuses. Pour éviter d’en arri-ver là, l’Allemagne seraitcontrainte de réduire les dépensespubliques et de renoncer auxbaisses d’impôts prévues… cequi ne pourrait que ralentir encorela croissance européenne.Est-il possible de sortir par le hautde cette impasse ? La situation,parfaitement prévisible au demeu-rant, illustre la nécessité d’unepolitique budgétaire européenneet non de règles rigides. Si lesbudgets doivent être en moyenneéquilibrés, un déficit en période deralentissement est bon pour lacroissance. Mais la coopérationet la confiance doivent rempla-cer la méfiance dans les relationsentre pays européens, les méca-nismes de consultation et de déci-sion collective doivent être ren-forcés. Habituée à progresser àla faveur des crises, la construc-tion européenne profitera-t-ellede celle qui s’annonce ? �

Arnaud Parienty

Rapporti

La santé en Franceen 2002Si l’on peut se réjouir d’une espérancede vie parmi les plus élevées du monde(78 ans) et d’une mortalité infantileparmi les plus basses (5 ‰) d’autresdonnées analysées par le Haut Comitéde la santé publique, sont préoccu-pantes : mortalité prématurée (avant65 ans) liée à la consommation exces-sive d’alcool et de tabac, aux suicides,aux accidents de circulation ; recourstoujours élevé aux IVG (200 000 paran) indiquant une utilisation insuffi-sante de la contraception. Le rapportsouligne que la politique de santé acentré ses efforts sur l’accès aux soinsbeaucoup plus que sur les détermi-nants de santé, en amont du système.Il relève des inégalités persistantes etinacceptables entre catégories socio-professionnelles en termes d’espérancede vie notamment, entre régions(Nord/Sud), entre zones rurales eturbaines. On note que le niveau de sco-larité de la mère fait varier du simpleau triple les taux de prématurité.Le rapport recommande en consé-quence aux pouvoirs publics de faire dela lutte contre les inégalités de santé,une « priorité des politiques de santé etdes politiques publiques dans leurensemble ».

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EXPO. Les utopies qui ont fait bouger l’hôpital depuisle Moyen Âge.

Hôpital et utopies

Alors que les personnels deshôpitaux continuent leursactions pour que la réduc-

tion du temps de travail n’altère niles conditions de travail, ni la qua-lité des soins, une très intéres-sante exposition est consacrée auxutopies qui ont fait bouger l’hô-pital depuis le Moyen Âge, enrelation avec les connaissanceset représentations de chaqueépoque, tant au niveau des soins etde la médecine, que de l’archi-tecture et de la fonctionnalité, du

social et de la démocratie, de laprise en compte de l’humain soi-gné et soignant… Jusqu’au 17mars, au musée de l’AP-HP-Hôpitaux de Paris, Hôtel de Mira-mion, 47, quai de la Tournelle75005, M° Maubert-Mutualité(10-18 h du mardi au dimanche;entrée 20 F, gratuit le 1er dimanchedu mois et quelques invitationspour février à retirer auprès dustandard du SNES). Informationscomplémentaires sur le sitewww.aphp.fr. �

Jacques-Emile Lecaron : Bateau ou machine à changer les regards, Projet de péniche-hôpital –Concours sur l’architecture du grand âge, 1987 – crayon et pastel sur papier, collection particulière.« Ceciest une machine à changer les regards, regards des personnes âgées, regards que nous portons surelles, regards qu’elles portent sur elles-mêmes ; un bateau de croisière au long de la Seine, de Parisà la mer et de la mer à Paris, en une allégorie orphique : ramener la vieillesse au sein de la cité. »

Dessins d’enfants réalisés dans le cadre duconcours organisé en 1996 par la FondationHôpitaux de Paris et l’AP-HP.

Santéi

Droits des maladesAprès l’Assemblée nationale, le Sénatexamine le projet de loi sur les droitsdes malades et la qualité du servicepublic : développement de la démocra-tie sanitaire, avec une nouvelle concep-tion de la relation médecin/malade(libre accès au dossier médical, placeplus importante réservée aux associa-tions de malades et d’usagers, créa-tion de conseils régionaux de santé.Le texte préconise le développementde la formation continue des profes-sionnels et le renforcement des réseauxde soins.Il prévoit également un dispositif d’in-demnisation des victimes d’aléas thé-rapeutiques, en cas d’accidents médi-caux sans faute.

Page 15: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

16 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

ECO/SOCIAL

Enron, plus grosse faillite dansl’histoire des Etats- Unis,s’était fait l’apôtre de la déré-

glementation du marché del’énergie en se spécialisant dans lecourtage de gaz, de pétrole,d’électricité et de matières pre-mières : Enron on line a été lapremière société à vendre del’électricité par Internet.Risquée en raison de la volatilitédes prix, cette Bourse de l’éner-gie, nécessite des montages finan-ciers très complexes pour essayerde se couvrir contre les risquesde pertes. En fait, Enron a déve-loppé pour le marché de l’énergieles mêmes mécanismes de cou-verture de risques (appelés «pro-duits dérivés») que ceux qui ontété mis en place pour les mar-chés financiers et le marché deschanges, mais sans institution decontrôle.Ces montages, le plus souventobscurs, sont «vendus» par desgrandes banques et des sociétésfinancières comme GoldmanSachs qui, trois jours avant lafaillite, déclarait qu’Enron étaitthe best of the best.Le jeu se pimente quand ces mon-tages, en fait des opérations ris-quées financées à crédit, peuventêtre mises «hors bilan» grâce à

certaines largesses des normescomptables américaines. Pourboucler l’affaire, il suffit de trou-ver un comptable, le cabinetAndersen, qui garantit que voscomptes sont impeccables .Plus la situation se dégrade, plusil faut déclarer que les choses vontbien pour maintenir la fragilepyramide de la confiance.L’effondrement du château decartes a provoqué de sérieuxdégâts collatéraux chez les action-naires, dont la belle-mère du pré-sident des Etats-Unis, mais cesont surtout les salariés qui assu-ment in fine le risque dans cettesociété où ceux qui revendiquentd’en être les amoureux font toutpour s’en protéger.Les salariés ont perdu leur emploi,mais aussi l’épargne individuelleconstituée en prévision de leurretraite. Depuis vingt ans, lespouvoirs publics et les entreprises,surtout celles de la « nouvelleéconomie », ont poussé au rem-placement des régimes de retraiteprofessionnels (à « prestationsdéfinies ») par des plans d’épargnesalariale bénéficiant de déduc-tions fiscales.Ces plans appelés 401 (k) sont à« cotisations définies » (les pres-tations servies dépendront du ren-

dement des placements) et la res-ponsabilité de leur gestionincombe aux individus.Ceux-ci peuvent placer leursfonds en actions de l’entreprisebien que ce soit, de l’avis de tousles experts, incompatible avec unsystème de protection sociale, etdans le cas d’Enron une pure folievu les activités de cette entreprisetournée vers la prise de risques !Cependant, quand les cours del’action grimpent et surtout quandl’employeur double votre mise sivous placez en actions de la com-pagnie, vous salivez à en perdre latête.Cette affaire a mis en lumière lacomplicité du monde politique :Enron a financé lescampagnes deBush à hauteur de 800 000 dol-lars, n’a pas payé d’impôts surles sociétés aux Etats-Unis lorsde quatre des cinq dernièresannées et a créé 881 filiales dansles paradis fiscaux, dont 693 auxîles Caïmans !Alors quand on apprend que lefameux cabinet Andersen a béné-ficié des plus beaux contrats d’au-dit du gouvernement travailliste etcontribué à la rédaction du pro-gramme électoral de Tony Blairen 1997, on ne s’étonne plus derien. � Daniel Rallet

DE LA CORRUPTION DES POUVOIRS PUBLICS à la désolation des fonds de pension

ENRON : le libéralismepar l’exemple

Retraites

Rapportsur les retraitesLa Cour des Comptes « va travailler » àun rapport sur les retraites et pensionset notamment sur les régimes spéciauxde retraite (fonctionnaires...), sans pré-ciser d'échéance, a indiqué le 30 janvierà l'AFP le rapporteur général de la Cour,M. Bernard Cieutat.« Il y a une certaine urgence (sur cettequestion) », aurait souligné M. Cieutat,en présentant le rapport public annuel2001 de la Cour des comptes, tout enprécisant que la Cour n’avait pas arrêtéde délai pour la parution de ce rapport.

Epargne salariale

Un comité intersyndical del’épargne salarialeQuatre confédérations, la CGT, la CFDT,la CFTC et la CFE-CGC, ont annoncé le28 janvier la création d’un comité inter-syndical de l’épargne salariale, destinéà exercer une « mission d’orientation etde contrôle » de la gestion de ces fonds,alors que débutent actuellement lesnégociations destinées à appliquer la loiFabius.Elles indiquent que le comité entends’appuyer sur deux principes : la« volonté de favoriser des solutionspour sécuriser l’épargne des salariés »et l’action « en commun pour quel’épargne salariale ne vienne pasconcurrencer les dispositifs existants enmatière de retraite ou de salaire ».L’exercice risque de s’avérer redoutable.

Salaires des fonctionnaires

L’Insee confirme lamauvaise année 2000Le salaire net moyen dans la fonctionpublique s’établit en 2000 à 1944 euros(12 750 francs). Il n’a progressé que de0,2 % par rapport à 1999, en eurosconstants, selon INSEE PREMIERE dedécembre. Et si l’on raisonne à corps,grade et échelon identiques, le salairemoyen connaît même un recul de 0,1 %. La moitié des agents titulaires gagnentpar mois moins de 1 849 euros (12 130francs) et 20 % gagnent mois de 1 250euros (8 200 francs). La proportion descorps les plus qualifiés continue des’accroître et les agents de catégorie Areprésentent désormais 50 % de l’en-semble des titulaires contre 48,4 % en1999.

Page 16: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

DOSSIERMétier

DOSSIER COORDONNÉ PAR GISÈLE JEAN

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 17

S’il faut dénoncer les difficultés du métier, les condi-tions d’enseignement, le malaise de la professionaujourd’hui, il faut être capable de construire despropositions pour rendre possible le métier et le faireévoluer. Un des enjeux mis en évidence par le col-

loque est la nécessité pour les enseignants de travailler col-lectivement, en équipe disciplinaire mais aussi de classe, enéquipe d’établissement, tout en conservant leur liberté intel-lectuelle. A la fois pour les jeunes enseignants, dont l’entréedans le métier se fait de façon de plus en plus différenciée ,mais plus largement pour l’ensemble de la profession s’estimposée la nécessité de renforcer la cohérence, la solidaritéen construisant de nouveaux repères collectifs, en maintenantet développant l’existence de garanties collectives. Le

Le colloque sur le métier d’enseignant et la réussitedes élèves que nous avons organisé les 11 et 12

janvier dernier sera publié intégralement afin delancer un véritable débat et de construire des

propositions alternatives à celles du ministère.Le renouvellement massif de la profession dans les

dix ans à venir nous amène à une réflexionfondamentale sur ce qui fait l’identité de notre

profession , mais également sur la nécessitéde construire de nouveaux repères.

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Construire le collectif

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dossier se propose, au fil des inter-views, des témoignages, des analyses dechercheurs de montrer les différentsaspects de la nécessité du collectif,désormais indispensable à la construc-tion d’une identité professionnelle, àune entrée dans le métier mieux vécue,à la reconstruction de repères, mais aussitoutes les difficultés pour y parvenir. �

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Aujourd’hui, on parle de plus en plussouvent de « l’usure » des enseignants,au point que beaucoup de jeunes entrentdans le métier avec la conviction qu’ils ne seront pas professeurs toute leur vie ?Qu’est-ce qui explique, selon vous,ce phénomène ?Il n’est pas facile de répondre à cette question.Il me semble que lorsqu’on entre dans l’É-ducation nationale, c’est avec l’espoir d’aiderles élèves, en particulier ceux qui sont en dif-ficulté. On a envie de sortir les plus défavo-risés de leur cité. Rapidement, on s’aperçoitque l’on n’est quasiment pas soutenu dans lesdémarches que l’on entreprend, si l’on veutmonter un projet, par exemple, ou mener desactions ponctuelles. On est seul face aux dif-ficultés, et c’est seul que l’on doit les régler.On a vite l’impression que le travail fourni,l’énergie dépensée ne servent à rien oupresque, et ne sont pas même reconnus. Aubout d’un certain temps, il est logique quebeaucoup finissent par se lasser et baisser lesbras. Moi-même, j’ai le sentiment de m’in-vestir énormément, de me donner du mal,mais je n’ai pas envie de travailler dans cesconditions toute ma vie. D’après vous, ce seraient donc moins lesproblèmes rencontrés avec les élèvesqu’une certaine lourdeur de l’institutionqui rendent le métier d’enseignantpénible ?Ce qui me donne envie de continuer à exercerce métier, ce sont les élèves. C’est pour euxque je suis là. Le jour où je n’aurai plus de plai-sir à les retrouver, je changerai de profession.Mais il est vrai également que si les choses nes’améliorent pas dans l’Éducation nationale,

je ne pense pas y faire carrière. Je crois queplusieurs facteurs contribuent à rendre le métierd’enseignant pénible : le manque de réponseset de soutien de la part de l’institution, maisaussi le manque de perspective de carrière. Lesystème est figé et offre peu de possibilités dereconversion. Je regrette que, à l’interne, lesseules options qui s’offrent aux enseignants quisouhaitent se réorienter soient de passer desconcours de direction ou d’inspection. Si l’onsouhaite aller dans le privé, les possibilitéssont plus ou moins nombreuses selon la dis-cipline enseignée.Avez-vous choisi d’être enseignant plutôtque de vous diriger vers le secteur privé ?Dans le domaine technique, qui est le mien,à diplôme équivalent, on gagne deux à troisfois le salaire d’un professeur. Dans le privé,ceux qui sont passés aux 35 heures dispo-sent parfois de dix semaines de vacances paran ; nous en avons treize. Personnellement, j’aifait le choix de gagner moins, mais d’avoir

plus de liberté. Un temps libre qui m’estnécessaire et indispensable, d’ailleurs, pourpouvoir récupérer. Tout dépend, évidemment,de la charge de travail personnel : il y a degrandes disparités entre les enseignants, selonles disciplines. Il est clair qu’un professeur defrançais qui aura des paquets de dissertationsà corriger le soir, en rentrant chez lui, ne dis-posera pas du même temps libre. C’estd’ailleurs pour cette raison que, d’après moi,la RTT passe moins par une réduction dutemps de présence devant les élèves, que parune baisse des effectifs par classe et par uneréduction de la charge de travail à faire chezsoi. Il me semble que si l’on avait moinsd’élèves à gérer, le temps nécessaire pourrécupérer, préparer des cours ou corriger descopies serait moins grand. Compte tenu desproblèmes de recrutement, il faudrait vrai-ment essayer de rendre la profession plusattractive.

Croyez-vous que le métier serait plusattractif si les perspectives de mobilité decarrière étaient plus grandes ?Je suis surpris de constater que les professeurs,qui ont les mêmes statuts, ou presque, et à peuprès les mêmes perspectives de carrière, nes’entendent pas toujours, qu’ils entrent encompétition sans raison. Il y a un vrai malaisedans la profession. Il faudrait, au contraire, queles enseignants soient solidaires et se voientoffrir de nouveaux débouchés, des possibili-tés d’évolution. Toutes les formations paral-lèles vers lesquelles se tournent parfois cer-tains d’entre nous, telles que les cours donnésen GRETA, IUT, CFAI, IUFM, ou en faculté,sont de véritables « pompes à fric ». Au lieud’être assurées par les professeurs en dehors

Entretien

Comment humaniserun système figé ?

Guillaume Desimpel est professeur certifié de génie mécanique, option construction. À trente ans, il a déjà sept ans d’enseignement derrière lui. Nommé depuis cinq ans au lycée Jean-Moulinde Revin (Ardennes), il était l’un des participants les plus actifs de l’atelier « pénibilité, usure au travail

et mobilité de carrière » animé par Daniel Rallet, lors du colloque métier.

Le colloque sur le métier d’enseignant et la réussite des élèves qui s’est tenu les 11 et 12 janvier à Paris, doit nourrir

le débat sur les évolutions du métier et nos revendications syndicales. Les actes du colloque, ainsi que les contributions, seront publiés en deux fois,

joints à cette US et dans celle du 6 mars.

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postes dont on est sûr qu’ils seront à pourvoirà la rentrée suivante (par exemple, les posteslibérés par les départs en retraite). Les per-sonnes intéressées par ces places auraient unmois pour postuler, jusqu’à ce qu’une com-mission se réunisse pour les attribuer. Au 1er

octobre, on annoncerait la liste des posteslibérés par ce premier « mouvement » et ainside suite. Il s’agirait d’un roulement fictif,d’une simulation sur l’année qui serait miseen application à la rentrée suivante et qui per-mettrait d’éviter les mutations « à l’aveugle ».Lors du colloque, vous avez grandement misen cause Claude Allègre, responsable, selonvous, de l’instauration de l’actuel système demutations. Claude Allègre a dit beaucoup de choses sus-ceptibles de blesser, mais il est aussi le promo-teur d’un système de mutation inique, dont lesrègles ont contribué à diviser les enseignants,telle celle des 50 points attribués aux sortantsIUFM. La situation est devenue tout à fait para-doxale : d’un côté, on insiste sur le fait que lesenseignants doivent travailler en équipe, del’autre, on impose des règles qui les séparent. Et que pensez-vous de la création despostes classés PEP 4 ?Cette classification ne concerne pas mon aca-démie, puisque je travaille dans les Ardennes.Mais je crois que ce type de bonification faitsurtout office de carotte. Les postes PEP 4 ris-quent de n’être demandés que par intérêt,pour permettre à certains d’être mutés plusrapidement. De plus, ce système est généra-teur d’inégalités : certains établissementsd’Île-de-France ou d’autres académies nesont pas classés PEP 4, alors qu’ils le méri-teraient autant que d’autres. Il vaudrait mieux,pour promouvoir les lycées ou les collèges dif-ficiles, rendre les conditions de travail moinsfatigantes, en diminuant le nombre d’heuresde cours et d’élèves par classe. Person-nellement, je travaille dans une cité scolairecomprenant un lycée général et un profes-sionnel, ainsi qu’un collège classé ZEP. Notreétablissement accueille des élèves issus, à80%, de classes sociales défavorisées. Lelycée professionnel, en particulier, n’est pasclassé, alors qu’il devrait l’être. Or nous nousretrouvons avec des classes de Seconde de 35à 36 élèves, alors que, dans un lycée voisinbeaucoup plus tranquille, les élèves deSeconde sont au nombre de 25 par classe.Ce n’est pas logique. Depuis deux ans, nousessayons de ré-ouvrir une cinquième Seconde,sans succès. Les parents de nos élèves sontpeu présents, rares sont ceux sur le soutiendesquels nous pouvons compter. Noussommes obligés de nous battre seuls.Comment les enseignants peuvent-ilslutter contre cette solitude et le sentimentd’usure qui les touche souvent ?Je pense qu’il faut favoriser le travail enéquipe. Celui-ci est indispensable pour mieuxvivre le lycée, pour ne pas se retrouver seul,vulnérable. Il est souhaitable qu’une réflexions’engage à ce sujet afin que ce soient les

Qu’en est-il des pratiques de travail collec-tives des enseignants ? Comment expliquerleur faiblesse relative ? Si le métier d’enseignant est parfois un tra-vail solitaire de face à face avec des docu-ments, des livres, des copies ou soi-même,il est également défini comme un travailavec d’autres. Les enseignants travaillent en-semble lorsqu’ils en retirent un réel profitdans le cadre même de leurs activités.On peut alors avancer une autre hypothèse :les enseignants ne travaillent pas en équi-pe parce qu’ils n’ont pas aujourd’hui intérêtà le faire, parce que ce qui se présente pro-fessionnellement comme une solution n’enest en fait pas une au vu de l’évolution deleurs tâches et surtout de l’une d’entreelles, la plus problématique : l’intensificationdes activités en classe. L’injonction au tra-vail en équipe apparaît singulièrement dé-calée par rapport à la principale difficultérencontrée par les enseignants : l’incertitudede la gestion de classe, les conflits au quo-tidien, les problèmes d’autorité et de rela-tion. Les enseignants auraient pourtant unvéritable intérêt professionnel au travailcollectif dans l’établissement, car une partde la pénibilité de l’intensification du travailen classe résulte justement de la trop gran-de individualisation, voire psychologisationde ces problèmes.Elles débouchent sur une charge mentaleabusive, une responsabilisation aiguë vécuede manière solitaire. Réarticuler problèmesprofessionnels réels et formes communesde travail suppose d’abord un changement dereprésentations. Il faut en effet reconnaîtred’abord que cet ordre de problèmes est col-lectif, même s’il touche les individus inéga-lement, mais aussi la construction d’une so-lidarité professionnelle plus active, au-delàde l’espace des solidarités affinitaires, afind’en arriver à la mise en œuvre de décisionsou d’actions collectives dans le cadre d’uneclasse donnée.

Extrait de l’intervention d’Anne Barrère

Pratiques

Travail collectif : des obstacles existent

La situation est devenue toutà fait paradoxale : d’un côté,on insiste sur le faitque les enseignants doiventtravailler en équipe,de l’autre, on imposedes règles qui les séparent

de leur service, ces formations devraient êtrecomprises dans les services, voire constituerdes possibilités d’évolution de carrière. Parexemple, un enseignant fatigué de travailleravec des adolescents devrait pouvoir se recon-vertir dans la formation pour adultes. Cettesolution pourrait se présenter comme une trèsbonne réorientation.

Vous avez longuement évoqué, au coursdu colloque métier, l’aspect inhumain dusystème de mutations. Pensez-vous qu’ilsoit aussi responsable de l’usure desenseignants ? Il y a, dans l’Éducation nationale, un manqueévident de considération pour la personnehumaine. Lorsque l’on est obligé de travailleret de vivre à 600 kilomètres de sa famille, ilest compréhensible et légitime de vouloirjeter l’éponge. Une collègue de l’académie deLille, par exemple, vient de démissionnerparce qu’elle n’en pouvait plus de vivre loinde ses proches. Le système actuel semblepensé pour rendre les mutations floues. Ildonne vraiment l’impression de ne servirqu’à coincer les enseignants dans les établis-sements difficiles ou dans des régions qui nesont pas les leurs. Un mouvement déconcen-tré plus humain, plus transparent devrait êtremis en place, afin que chacun y trouve soncompte, qu’il veuille aller dans un établisse-ment difficile ou pas. On pourrait imaginer,par exemple, que le 1er septembre soit com-muniquée nationalement la liste de tous les

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enseignants qui apportent des réponses auministère de l’Éducation nationale, plutôt quede se voir imposer des directives de personnesqui n’ont pas vu un élève depuis vingt ans. Ilfaudrait envisager une refonte du métier, favo-riser la réflexion collective, afin que les nou-veaux modes d’enseignement viennent desprofesseurs. �

Propos recueillis par Elodie Walck

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Construire le collectif

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enseignants du secondaire, je suis chercheuravant tout, je suis également professeur, doncen empathie totale avec les enseignants etleurs difficultés. Pendant plus de quinze ans,j’ai fait des recherches, seule ou en équipe,dont les résultats ont été largement diffusésdans le milieu universitaire. J’ai eu envie derendre ces résultats accessibles à un plus lar-ge public, en particulier aux praticiens. C’estainsi qu’est né mon livre, Les enseignantsentre plaisir et souffrance.

US Mag : Concrètement, comment avez-vous opéré pour présenter ces recherches ?C. B. L. : J’ai tissé trois fils en même temps.J’ai, pour commencer, analysé mon propre iti-néraire d’élève, d’enseignante et de chercheur,à travers le prisme de l’approche psychanaly-tique ; j’ai présenté des éléments des théorisa-tions psychanalytiques de Freud jusqu’auxthéorisations les plus récentes, c’est le deuxiè-me fil. Enfin, j’ai fait état de l’évolution de mapropre théorisation sur l’acte d’enseignement.Dans chaque chapitre, je pars d’un récit quirapporte l’expérience d’un enseignant, de

manière à impliquer d’emblée les lecteurs,puisque c’est essentiellement aux professeursque mon livre s’adresse. Par le biais de ce pro-cessus d’identification, mon but est de lesamener, à travers la théorisation de ce récit, àentrer dans la conceptualisation que je pro-pose. J’ai adopté une démarche didactique, entenant compte du fait que les enseignants nesont pas des chercheurs, et que les considé-rations d’ordre méthodologique présentaientpeu d’intérêt pour eux : il fallait rendre mespropos les plus intelligibles possibles.

US Mag : Comment avez-vous recueillices récits ?C. B. L. : Mon investigation s’appuie sur desentretiens réalisés avec des étudiants, à pro-pos de leur parcours scolaire, sur des récitsd’enseignants évoquant leurs pratiques dansdes groupes d’analyse des pratiques, et sur desséances de cours filmées ou enregistrées.

US Mag : Pour quelles raisonsla « souffrance » est-elle constitutivede l’exercice même de la pratiqued’enseignant ?C. B. L. : J’ai suivi plusieurs pistes pour ten-ter d’expliquer cette souffrance. D’abord,l’enseignant est face à un groupe. On a sous-estimé la puissance fantasmatique du groupe.La classe fonctionne comme une caisse de ré-sonance psychique où les phénomènes sontamplifiés. Le professeur est, comme on ledit souvent, « seul face à sa classe ».D’ailleurs, les expressions abondent pour tra-duire la prise de risque en situation d’ensei-gnement : on est « dans la fosse aux lions »,on « descend dans l’arène ». Tous les jours, ilfaut rencontrer le groupe, où se manifestentdes phénomènes qui ont été analysés : émer-gence de leaders ou au contraire de boucsémissaires, etc. mais la psychanalyse permetde faire apparaître d’autres éléments qui met-tent à l’épreuve le psychisme de l’enseignantdans le groupe.

US Mag : L’évolution de la société a-t-ellecontribué à accroître la prise de risqueliée à la situation d’enseignement ?C. B. L. : C’est effectivement une autre piste,

Entretien

Les enseignants

Entre plaisir et souffranceClaudine Blanchard-Laville est professeur de sciences de l’éducation à l’université Paris X-Nanterre.

Auteur de nombreux articles, elle vient de publier, aux PUF, Les Enseignants entre plaisir et souffrance.Présente au colloque métier, elle a accepté de répondre à nos questions.

Longtemps enseignante de mathématiques,Claudine Blanchard-Laville est aujourd’hui

professeur de sciences de l’éducation.

US Mag : Vous êtes intervenue lors desdébats de l’atelier « Pénibilité, usure autravail et mobilité de carrière ». Vosrecherches portent-elles sur ces thèmes ? Claudine Blanchard-Laville : Ce ne sontpas les termes que j’utilise généralement. Jeparle plutôt de “souffrance professionnelle”,expression qui n’a rien de péjoratif dans monesprit. La notion de souffrance est consub-stantielle à la nature humaine, elle est vitaleet elle est une donnée structurale de notrevie psychique, conflictuelle et d’abord insa-tisfaite. Le fait qu’il soit moins tabou de par-ler aujourd’hui de “souffrance au travail” a étérendu possible en particulier par les travaux deChristophe Dejours. Pour ma part, j’ai voulusavoir ce qui faisait la spécificité de la souf-france au travail des enseignants. Ma consta-tation est que l’on a jusqu’ici sous-estimé leregistre psychique dans la situation d’ensei-gnement, c’est-à-dire le fait que l’enseignantet les enseignés ont tous des psychismes quientrent en interaction.

US Mag : En quoi votre démarche est-elledifférente de celle des autres recherchesmenées sur le métier d’enseignant ? C. B. L. : Mon approche fait référence à la psy-chanalyse. Je pars du postulat que les ensei-gnants comme les enseignés ont un inconscient,au sens freudien du terme, qu’aucun d’entreeux ne peut laisser à la porte de la classe. Je medémarque du discours des médias, selon lequel« les enseignants iraient mal ». Si on ne sort pasde l’équation qui assimile souffrance et in-compétence, on ne peut pas penser la questionde la souffrance professionnelle. Au contraire, acceptons l’idée que la pra-tique enseignante, par définition, met quoti-diennement à l’épreuve le psychisme des pro-fesseurs et que leur souffrance prend sa sourcedans le seul fait d’exercer ce métier et non àcause d’une quelconque pathologie indivi-duelle. Je cherche à comprendre ce qui sepasse dans les interactions psychiques, ausein des espaces d’enseignement, sans perdrede vue que cette approche est partielle et metl’accent sur un certain type de phénomène.Nous sommes plusieurs à avoir mené des tra-vaux dans ce sens, mais nos conclusions sontpeu connues. Même si, à la différence des

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à ne pas négliger. La société, aujourd’hui, aénormément changé. Les élèves ne se conten-tent pas de ne pas savoir, ils revendiquent, demanière souvent abrupte voire violente. Lesdéfenses que les enseignants avaient puconstruire ne suffisent plus à présent ; il est im-pératif d’en construire de nouvelles, afin depouvoir contenir les réactions souvent bru-tales auxquelles nous sommes confrontés. Ils’agit de ne pas se laisser détruire par lesagressions, au contraire, il s’agit d’apprendreà les « désintoxiquer » et les transformer. C’estce que j’appelle développer sa « fonctioncontenante ». Mais, pour acquérir cette capa-cité, les enseignants doivent accepter de faireun travail sur leur posture d’enseignant.On a trop dit qu’il faut avoir des « réponsesprofessionnelles sur la scène professionnelle ».Si on fait un clivage strict entre personnel etprofessionnel, et si, pour se protéger, on essaiede se persuader que l’on n’est qu’une « fonc-tion » dans la classe, les problèmes finissentpar resurgir d’une autre façon, car la person-ne n’est pas indissociable de l’enseignant.Certains élèves finissent toujours par entrer enrésonance avec la problématique psychique duprofesseur, par réveiller quelque chose chezcelui-ci. Les élèves sentent quand un ensei-gnant veut créer une forme d’étanchéité et ris-quent alors de le provoquer. Il est primordialde travailler sur soi, pour apprendre à conte-nir ce type de réactions et pour éviter quecette provocation ne fasse dégénérer une si-tuation en induisant une escalade dans le rap-port de forces.

US Mag : La troisième piste que voussuivez, pour essayer de comprendrela spécificité de la souffranceprofessionnelle de l’enseignant, est celledu rapport au savoir. En quoi celui-ci est-il déterminant ?C. B. L. : Dans le secondaire, les profes-seurs ont choisi la matière qu’ils enseignent,ils ont construit une relation particulièreavec cette discipline, ils ont une histoireavec elle. Or ils sont exposés, au sein de laclasse, dans leur rapport même avec ce sa-voir. Le professeur est sommé de s’exposerdans son rapport au savoir. À travers cequ’un enseignant dit ou montre dans sa ges-tuelle, il laisse transparaître sa manière de serelier à sa discipline.On s’est aperçu, par exemple, que les pre-mières phrases prononcées devant une clas-se inscrivent au niveau de leur énonciationla manière dont l’enseignant se relie au sa-voir et aux élèves. On appelle cela la « si-gnature » de l’enseignant, laquelle est rela-tivement stable, au niveau psychique.L’exposition des professeurs, dans leur rap-port au savoir, est permanente. Ce qui lesamène à voir leur narcissisme très chahuté.Ils peuvent passer d’une phase très eupho-rique, quand une séance de cours s’est trèsbien déroulée, à une phase de disqualifica-tion complète, dans le cas contraire.

nir adulte professionnel n’est pas d’ordrestrictement technique. Ce travail prend dutemps et nécessite l’accompagnement de for-mateurs, eux-mêmes en mesure d’accompa-gner ce passage.Des travaux ont été réalisés par notre équipesur les enseignants en formation et publiésdans un ouvrage intitulé Malaise dans la for-mation des enseignants, chez L’Harmattanen 2000. Le changement de position entraîneun remaniement identitaire important et qui neva pas de soi. Nous parlons à ce propos dephase « d’adolescence professionnelle » pen-dant le temps de formation. Pour les ensei-gnants qui débutent, ce temps fait place àune phase de « post-adolescence » profes-sionnelle. Pour se positionner en tantqu’adultes, ils ont très peu de repères, car lessignes de changement de posture au cœurd’une Institution, dans laquelle ils évoluaientdepuis longtemps comme élèves puis commeétudiants, sont peu nombreux. Ils ne sortentpas de l’école, il est donc plus difficile dansce cas de « grandir » psychiquement au planprofessionnel. C’est pourquoi il arrive qu’ilss’installent dans une adolescence profes-sionnelle prolongée.

US Mag : Comment aider les jeunesenseignants à mieux vivre la transitionentre la post-adolescence professionnelleet le rôle d’adulte professionnel ?C. B. L. : Cette question constitue le deuxiè-me volet de cette thèse : il ne faut pas avoirl’illusion que l’on va garantir les personnesformées contre toutes les souffrances, quel’on va leur dispenser des savoirs qui les met-tront à l’abri des risques de ce métier, et quece que l’on apprend à l’IUFM pourra toutrégler. Il faut envisager un travail d’accom-pagnement sur la durée. Avec un certain typed’accompagnement, pendant les premièresannées de prise de fonction, l’entrée dans lemétier des enseignants pourrait se passer plusen douceur et on pourrait peut-être éviter ain-si des crises ultérieures beaucoup plus graves.�

Propos recueillis par Elodie Walck

Les défenses queles enseignants avaient

pu construire ne suffisentplus à présent ; il est

impératif d’en construire denouvelles, afin de pouvoir

contenir les réactions souventbrutales auxquelles

nous sommes confrontés.

US Mag : Comment les enseignantspeuvent-ils réagir, face aux difficultésinhérentes à leur profession ?C. B. L. : En mettant à profit les résultats dela recherche et en faisant un travail d’analy-se de ses propres pratiques, un enseignantpeut récupérer des zones de plaisir. Dans monlivre, je rapporte le témoignage de Jean qui ex-plique être « sorti de sa bulle », grâce à notretravail en commun. Au plan de son vécu, il aeu la sensation de se réveiller. Il a découvertqu’il se passait beaucoup de choses dans saclasse, qu’il ne voyait pas auparavant. Il arécupéré alors un certain plaisir, mais aussibeaucoup d’émotions qu’il a fallu ensuite ap-prendre à contenir.Par exemple, il a voulu mettre en pratique cequ’il avait appris, au cours d’une formation,sur la pédagogie différenciée. Il est donc en-tré dans une relation plus individualisée avecles élèves. Mais lorsque l’un d’eux lui a de-mandé, un jour, une explication sur une an-notation, Jean, submergé par une émotionqu’il n’arrivait pas à contrôler, s’est réfugiéderrière un discours moralisateur pour ré-pondre à cet élève. Il nous a confié qu’il avaitété alors au bord des larmes. La requête de cetélève avait fait résonner en lui quelque chosedont il avait essayé de se protéger par un« retour à la routine ».Cette forme d’anesthésie fonctionne commeune protection, mais est forcément fragile.D’ailleurs le fait même que Jean se soit adres-sé à notre groupe, avec une demande très for-te autour de la parole, montre que l’étatd’anesthésie dans lequel il s’était réfugié nele satisfaisait plus. Grâce à ce travail, il a puse sentir plus vivant dans ses classes, prendreplus de plaisir dans l’exercice de son métier.

US Mag : Les premières années dansl’enseignement sont parfois mal vécues.Un professeur entrant en fonctionse heurte-t-il à des obstacles spécifiquesau métier ? C. B. L. : On demande aux enseignants de te-nir une place d’adulte face aux élèves. Orbeaucoup ont du mal à négocier le passage dustatut d’étudiant à celui de professeur. Deve-

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Construire le collectif

Le travail en équipe implique une réflexionplus approfondie, au-delà des balisages deconvention posés par l’institution. Il demandeune autre prise en compte de l’évolution despublics scolaires, de leurs difficultés sur la ba-se d’une étude croisée faite par une équipe plu-riprofessionnelle où se pose la définition de laprofessionnalité de chacun. L’analyse de lamotivation des élèves, si elle doit exister, va au-delà des constats démagogiques. Elle doit lierétroitement la question de l’éducation à celledes apprentissages.L’heure de vie de classe, peut, lorsque les per-sonnels s’en emparent (profs, CPE, CO-Psy.,infirmières, MI-SE), être le cadre d’un véri-table travail en équipe où les élèves sont àmême de percevoir la cohérence d’un système

où ils peuvent devenir les acteurs de leur for-mation. Un véritable travail de terrain peutalors s’opérer sous la maîtrise de ses concep-teurs : le déni de parole dont souffrent lespersonnels dans le cadre des exigences insti-tutionnelles, est contourné. Il est alors possibled’aborder autrement ce temps et cet espace oùles personnels peuvent, sans porter atteinteaux compétences des uns et des autres, creu-ser la relation aux élèves pour chercher àaméliorer leur vécu scolaire et leurs résul-tats.L’institution se devra de reconnaître ce travailen équipe, ce regard croisé sur l’élève, cettecomplémentarité du rôle de chacun en donnant,entre autres, du temps pour la concertation.

Michelle Goyat et Evelyne Salé

CPE

Regard croisé sur les élèves

Les difficultés du travailen équipe en lettres

L’intégration dans une équipe de lettresest très difficile au collège lorsqu’on est enplace avec des collègues «anciennes mé-thodes». Très souvent, on est ignoré, voi-re découragé dès le départ : « de toute fa-çon, ce n’est pas du français ce que tufais ». Il est souvent impossible de tra-vailler avec ce type de collègue dans lamesure où nous ne faisons plus les mêmeschoses. Dans mon collège, établissementchic et traditionaliste de centre-ville, j’aihérité de toutes les classes à problèmes ty-pe ZEP : j’ai ouvert un atelier d’écrituresur la violence, monté un projet théâtreavec une collègue stagiaire et je travailleen interdisciplinarité avec ma collègued’histoire-géo, avec l’infirmière et le CDI.Pour certains collègues de lettres, je nefais pas du français, et pourtant nous sui-vons les textes officiels, les programmes.Mon regard peut paraître un peu durmais il renvoie à une réalité à laquelle ,nous , jeunes enseignants de lettres noustrouvons confrontés au collège. Le tra-vail dans une équipe de lettres interrogeaujourd’hui la matière elle-même: com-ment concilier tradition et modernité ?Comment gagner de la crédibilité face àune arrière-garde souvent fermée. L’équi-pe est, pour de nombreux TZR, un leurre.C’est dommage car nous aurions à gagnerà travailler ensemble. Le problème dé-passe de loin les TZR pour toucher lesjeunes enseignants de lettres.Personnellement, je trouve mon comptedans cette façon d’enseigner le françaisaux élèves : ils apprécient l’unité des sé-quences, la variété des supports et je suisfière de ne pas réduire ma matière à l’en-seignement de l’orthographe qui paraly-se les élèves. Je m’épanouis même si lesconditions de travail ne sont pas toujoursidéales.Mais mon identité de jeune enseignante estsouvent remise en cause.Il faut dire qu’en français, elle n’est pasgagnée d’avance.

Isabelle Rossignol, agrégée de lettres modernes, TZR à l’année

au collège Henri IV de Bergerac

TémoignageRessources humaines

Pour les droits individuels,des garanties

collectivesLa réponse syndicale s’inscrit en faux contreune telle conception. Même si l’on écarte leschoix politiques qui divisent inutilement,comme les différents rythmes de changementd’échelon, il subsiste dans nos carrières des si-tuations où il faut choisir entre les différentscandidats. La transparence, le maintien derègles communes doivent permettre à cha-cun de comprendre les choix opérés. C’estbien le minimum, mais c’est trop peu. Garantie d’une mobilité géographique et pro-fessionnelle qui ne soit pas le fait du prince, etqui soit accessible à tous, droit à la formationcontinue, à la reconnaissance des qualificationsinitiales et acquises, tel est le meilleur moyend’assurer à chacun que ses aspirations per-sonnelles trouveront une réponse. La collégialité s’impose de plus en plus ànos pratiques professionnelles. Son dévelop-pement serait contrarié par la logique mana-gériale en vogue actuellement. Il y a bienplus de ressources à valoriser en misant sur lessolidarités plutôt que sur la division. �

Anne Feray

Les principes de gestion des ressourceshumaines que l’administration avancepour ses personnels affirment de plus en

plus nettement l’individualisation des car-rières. Ainsi, l’on préconise un avancementplus rapide pour un très petit nombre, sans in-terroger les conséquences de cette valorisation

sur le travail enéquipe des per-sonnels. Dépassés lescritères objec-tifs, les ba-rèmes pourdépar tagerdes collègues

en concurren-ce pour une mê-

me nomination,une promotion ?

La collégialité s’impose de plus en plus à nos pratiquesprofessionnelles.

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Etre accueilli dans une équipe

Témoignage

Les analyses développées dans le colloquepar les chercheurs ont mis en évidence lacrise des missions de l’école, les chan-

gements dans les attentes de la société, l’in-tensification marquée de la gestion de la clas-se. La transformation des conditions descolarisation, l’écart qui se creuse entre lesvaleurs de la culture scolaire et nombre de nosélèves, font fortement évoluer le métier et obli-gent les professeurs à de constantes interroga-tions. Partagés qu’ilssont entre la volontéde résister pour sau-vegarder les valeurs del’école et la recherchede solutions adaptéesaux phénomènes nou-veaux, les enseignants,peu ou mal outillés par l’institution, explo-rent, tâtonnent, s’épuisent dans la construc-tion difficile d’une professionnalité en crise.Plusieurs intervenants dans le débat ont té-moigné de leur déception face à l’attitude del’institution, peu à l’écoute, prompte à pres-crire sans éclairer les choix ni donner lesmoyens d’affronter les évolutions. Le senti-ment d’être livrés à une grande solitude, dé-pendant des conditions aléatoires d’affectation,de l’existence ou non d’un milieu de travailstructuré, traverse le vécu professionnel desenseignants.La sociabilité professionnelle relève de l’af-

finitaire, les formes du travail collectif de-meurent empiriques et manquent de structu-ration et de définition de leur champ d’in-vestissement. Quant aux relations avec leschefs d’établissement comme avec les IPR,elles sont jugées largement insatisfaisanteset aidant peu à la construction d’une véri-table collégialité.Or les collègues, entrants dans le métier surtout,disent la difficulté d’avoir à arbitrer seuls des

choix, à faire face àl’urgence du quotidiensans qu’aient étéquelque peu problé-matisées et éclairciesles questions de la pro-fessionnalité ensei-gnante. Ils sont de-

mandeurs d’une formation qui donne deséléments de réflexion sur le rôle et les évolutionsde l’école, permette une meilleure compré-hension des phénomènes actuellement enœuvre. Il s’agit de diminuer la pression pesantsur chacun, renvoyant sur le professeur la res-ponsabilité des situations. Nous avons fait despropositions au ministère en ce sens sur la for-mation, l’accompagnement de l’entrée dans lemétier. Elles supposent bien évidemment d’ac-cepter de traiter la question du temps dans le tra-vail des enseignants, de leur donner enfin l’op-portunité de penser les évolutions de leur métierun peu plus sereinement. Si l’on veut

véritablement permettre de reconstruire la trans-mission de l’expérience, actuellement située àun tournant critique, restabiliser des règles col-lectives du métier, il faudra bien commencer parcréer des lieux où se débattent les questions fon-damentales du métier, où voient le jour leséchanges d’expériences professionnelles. Lesobservatoires créés par le SNES tentent de pal-lier cette carence de l’institution ; ils constituentun lieu de débats, une étape dans la rupture del’isolement de l’enseignant, d’une mise encommun des problèmes.Cette réflexion collective, loin de dessaisirl’enseignant de la responsabilité de son en-seignement, a pour ambition de renforcer cet-te dernière en la libérant des contraintes im-médiates.Nous pensons qu’il faut donner aux person-nels l’opportunité d’un avis sur les contenuset les pratiques qu’ils mettent en œuvre,construire des situations de travail qui per-mettent la concertation et les échanges, offrirune formation continue qui prenne en comp-te les besoins des collègues.Cela demande du temps ; c’est le message quedoit entendre le MEN si l’on veut renouvelerl’attractivité des métiers de l’éducation etpermettre des améliorations. �

Frédérique Rolet

Pour une reconnaissancedu travail collectif

Certifiée de SVT depuis 1983, j’ai connu6 affectations en collège comme en lycée.Partout j’ai toujours travaillé collective-ment avec les enseignants de la discipli-ne : renouvellement des programmes, mi-se au point de travaux pratiques, maisaussi évaluation, place, finalité et orga-nisation des TP ou tout simplement gestiond’un budget de laboratoire qui imposedes choix pédagogiques. Si nous réussis-sons tant bien que mal à dégager ce tempsnécessaire au collectif (mais à quel prixparfois !) c’est bien parce qu’il nous estindispensable.A cet égard certains stages MAFPEN dis-ciplinaires sont pour moi des momentsprivilégiés d’échanges entre stagiairesqui me font réfléchir sur mes pratiques etprogresser bien plus rapidement quetoutes les lectures.Ce que j’attends de l’action syndicale surce terrain c’est d’une part d’imposer quel’institution reconnaisse enfin et facilite cetravail collectif. Mais c’est aussi au tra-vers des observatoires, qui doivent se dé-velopper, offrir un cadre non institution-nel à l’ensemble des enseignants pournourrir ces échanges et construire un pa-trimoine transmissible et accessible àtous.

Claudie Martens, professeur de SVT

TémoignageObservatoire

Ouvrirdes perspectives

Effectuer un remplacement en STI deman-de un effort d’adaptation énorme.En effet, un atelier est un lieu d’enseigne-ment extrêmement complexe, doté d’unequantité de matériel sans comparaison avecune salle de classe, fonctionnant suivantune organisation qui lui est propre, tantau niveau de l’implantation que dansles usages pédagogiques. Chaque atelierest unique, de la même façon que l’équipepédagogique qui l’anime est unique. Aussil’enseignant en suppléance doit-il, parexemple, prendre connaissance des nou-veaux locaux et de son organisation, prendrecontact avec les équipes pédagogiques dechaque niveau, faire l’inventaire des ma-chines et équipements disponibles, ap-prendre à se servir de ces machines s’il ne

les connaît pas (les matériels varient d’unlycée à l’autre)... Et ceci pour pratique-ment chaque niveau, car un atelier propreleur est destiné ; les objectifs étant différents,les équipements le sont aussi. L’intégra-tion du professeur remplaçant dans l’équi-pe disciplinaire est indispensable, voireobligatoire, pour que la suppléance ne soitpas un véritable calvaire. Dans la majori-té des cas, l’accueil des collègues est réel,et, après environ un mois, on peut alors sedébrouiller ; une complète autonomie n’estpossible qu’au terme d’une année scolaire,quand on a la chance de pouvoir suppléersur une période aussi longue.L’enseignement des STI n’est décidémentpas une affaire de mobilité.

Olivier Moine, TZR STI

Il faudra bien commencer par créer des lieux

où se débattent les questionsfondamentales du métier.

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PORTRAIT/SURVEILLANTS D’EXTERNATFRÉDÉRIC MINOT a 24 ans et occupe un poste de surveillant d’externat au collège Jean-Zay, à Chinon (académied’Orléans-Tours), un établissement rural accueillant 800 élèves. Titulaire d’un DEUG, il suit des cours par correspondanceet souhaite devenir professeur d’allemand. NELLY YOPPA, elle, a 26 ans. Surveillante depuis 1997, elle travaille au lycéegénéral et technique Florent-Schmitt de Saint-Cloud (académie de Versailles), qui regroupe 1465 élèves. Déjà titulaired’un DEA de droit, elle prépare, à la faculté de Nanterre, son diplôme d’avocat. Frédéric et Nelly doivent donc jongler, au quotidien, entre deux activités : celle d’étudiant et celle, trop méconnue, de surveillant d’externat.

Etudiants-surveillants : un rôle éducatif trop souvent occultéL

es chefs d’établissement, lesCPE et les professeurs ont beauleur donner le nom de « sur-

veillants », pour les élèves ils res-tent les « pions », ces étudiants par-fois à peine plus âgés qu’eux, quijouent les cerbères, à l’entrée descollèges et lycées, et font la police,dans les cours de récréation. LesSE eux-mêmes, d’ailleurs, conti-nuent d’utiliser le terme de « pio-nicat » pour parler de leur expé-rience au sein de l’Éducationnationale. Pourtant, ils ne se laissentplus guère « manipuler » : loind’être corvéables à merci, ils ont unstatut précis censé leur permettre demener de front leurs études, tout enassurant le rôle central qui est leleur, dans les établissements sco-laires. « Personnellement, relateNelly Yoppa, surveillante au lycéeFlorent-Schmitt de Saint-Cloud,en cinq ans, j’ai réussi à obtenirsans mal tous mes diplômes, y com-pris mon DEA. Ce type de par-cours est possible, lorsqu’on estaffecté dans un établissement rela-

tivement tranquille et à conditionque nos statuts soient respectés :que nous fassions trois heures detravail administratif par semaine,que nos emplois du temps s’arti-culent, autant que faire se peut,avec les heures de cours universi-taires, que quatre jours d’exoné-ration nous soient accordés àchaque fois que nous avons un exa-men à passer... Il serait d’ailleurspréférable que les SE disposent dequinze jours d’exonération par an,

dit que si l’on veut animer un clubthéâtre, il faut le faire en dehors denotre temps de travail ou pas dutout : de toute façon, si l’on refuse,un aide-éducateur s’en chargera. »Pourtant, Frédéric, qui se destine àl’enseignement, est très attaché au« rôle éducatif que joue le sur-veillant, notamment à travers l’aideaux devoirs », et regrette d’avoirconstamment à le justifier. Il appré-cie plus que tout la valeur pédago-gique de ce travail, qui le pousse àrester au collège : « Si je le voulais,je pourrais aller exercer en lycée,mais je préfère le contact avec lescollégiens, car mon rôle pédago-gique est accentué. Et puis, je voisévoluer, grandir les élèves. Enentrant en Sixième, ils ne sontencore que des enfants ; en fin deTroisième, ils se sont transformésen fiers adolescents, c’est à peines’ils nous disent bonjour, alorsqu’on les connaît depuis leurentrée au collège. »Cette proximité fait du surveillantun personnage clé de la vie sco-laire. Il est le mieux placé pourrepérer et signaler au CPE les pro-blèmes des élèves, leurs change-ments d’attitude. Car, même si lesjeunes le considèrent surtout, audépart, comme celui qui fait appli-quer le règlement intérieur, le SEdevient rapidement leur confident.Sa position, au sein de l’établisse-ment, n’est pas évidente à tenir.Pour Frédéric, le « pion » est unintermédiaire entre les élèves et leCPE, l’administration ou les ensei-

volontiers les SE, lorsque le tropgrand nombre d’élèves ne permetpas d’accomplir d’autres tâchesque celles de surveillance ? Com-ment aider un jeune, par exemple,à faire ses devoirs, lorsqu’il fautintervenir sans relâche pour rétablirle calme dans la salle de perma-nence ? Canaliser et tenir desgroupes de 100 élèves, qu’on nepeut dédoubler, faute de person-nel, est éreintant et ne permet pasaux surveillants de s’acquitter durôle éducatif qui est le leur. La situation est devenue encoreplus complexe, depuis l’arrivée desemplois-jeunes, qui a provoqué deschangements pour les MI-SE.D’après Frédéric, « on a fait miroi-ter beaucoup de choses aux aideséducateurs. Mais, sur le terrain,on leur attribue surtout des tâchesde surveillance et ils doivent,comme nous, assurer le mouve-ment dans les couloirs, entrechaque heure de cours. » Certaines missions, initialementdévolues aux SE, sont à présentconfiées aux aide-éducateurs. Dansles établissements qui proposent del’aide aux devoirs, ce sont eux quise chargent, à présent, d’encadrerles élèves. De sorte que, dans l’es-prit de ces derniers, les professeursassurent les cours, les aides-édu-cateurs s’occupent de l’aide auxdevoir et les surveillants ne sont làque pour « fliquer » les jeunes.« Il est vrai, confirme Nelly, qu’ily a une confusion des genres. Dansnotre lycée, un emploi-jeune a étéengagé pour travailler en salleinformatique. Ce type de poste pro-cure à ceux qui les obtiennent uncapital sympathie bien plus grandque le nôtre, réduit par l’image de“gardiens” qu’on nous colle. » EtFrédéric de préciser : « Les aides-éducateurs sont engagés par leschefs d’établissement pour menercertaines actions. Par exemple, onles recrute pour s’occuper desclubs ou autres animations péda-gogiques. Or, dans les textes, il eststipulé que la prise en charge de cetype d’activité entre dans nos fonc-tions. Mais, aujourd’hui, on nous

pour préparer ces examens. » Iln’est pas facile, en effet, de suivreun cursus universitaire normal etd’assumer une fonction qui mono-polise beaucoup de temps etd’énergie. D’autant que le manquede personnel entraîne souvent unesurcharge de travail. Dans le lycée de Nelly, ondénombre trois surveillants à tempsplein (parmi lesquels un ancienenseignant de 57 ans, qui a exercé24 ans en tant que maître auxiliaireet que l’Éducation nationale n’apas jugé bon de titulariser !), deuxà temps partiel, un maître de demi-pension à 32 heures, un emploijeune et deux CE-S. Soit quatrepersonnes par jour, mais seulementdeux de 8 heures à 10 heures, etune de 16 heures à 18 heures, pourun établissement de 1 465 élèves.Dans le collège de Frédéric Minot,qui compte cinq SE, trois per-sonnes assurent la surveillance lematin, quatre l’après-midi, ce quirend certains créneaux horairesinfernaux. « Il y a toujours un sur-veillant dans le bureau pouraccueillir les élèves, vérifier lesmots d’absence, assurer le contactavec l’administration, expliqueFrédéric. Restent deux SE pours’occuper de la permanence, quipeut contenir jusqu’à 200 élèves.Chacun d’entre nous doit alorssurveiller 100 élèves ! Chaque SEoscille entre 80 et 120 jeunes àgarder, avec des pics quand lesprofesseurs sont absents, surtoutlorsque plusieurs enseignants dela même discipline partent en for-mation. Comme rien n’est prévu,dans ce cas pour prendre en chargeles élèves, ce sont les surveillantsqui les récupèrent en perma-nence. »Et Frédéric de regretter que l’ad-ministration ne prenne pas souventen considération les demandes dessurveillants, qui souhaiteraient queles emplois du temps des élèvesne comportent pas trop de trous, demanière à désengorger les perma-nences. Comment, de fait, sortir du rôle de« maton » auquel on cantonne

Nelly Yoppa, 26 ans, SE depuis 1997.

Frédéric Minot, 24 ans, SE depuis 5 ans.

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gnants, mais aussi entre les adulteseux-mêmes. C’est aussi vers luique se tournent souvent les élèves,quand ils ont des petites histoires decœur à raconter, quand un emploidu temps a été changé ou quand ilsne savent plus dans quelle salle ilsont cours. Le surveillant côtoie égalementtous les jours, aux portes du col-lège, les parents qui, quelquefois,n’hésitent pas à le prendre à partie.« Les relations ne sont pas tou-jours simples avec eux, expliqueFrédéric. Comme nous devonsréguler les sorties, les parents trou-vent souvent que nous n’allons pasassez vite et il n’est pas rare qu’ilsnous le reprochent assez violem-ment. Jusqu’au jour où il y aura unproblème avec un enfant qui seraparti trop tôt : là, ils regretterontque nous n’ayons pas été plus vigi-lants. »Malgré ces déboires, Frédéricavoue un fort lien affectif avec lescollégiens qu’il a tendance à« materner ». Tandis que Nelly,elle, définirait plutôt ses relationsavec les lycéens comme des rap-ports « fraternels ». Mais Nelly reconnaît qu’il n’estpas évident d’être continuellementconfronté à l’ambivalence del’adolescence, surtout avec lesélèves de fin de Première ou deTerminale. « Nous n’avons ni lapatience, ni les moyens, ni lesarmes affectives dont disposent lesparents, pour gérer ces crises.D’une part, on ne peut pas faire dechacun un cas particulier, alorsqu’eux réclament notre attentionexclusive. Mais on ne peut pass’empêcher de se dire qu’on a étécomme eux, qu’on a eu leur âge,qu’on les comprend. Il n’est pasfacile d’exiger d’eux un compor-tement d’adultes qu’ils ne sontpas, même s’ils veulent qu’on les

traite comme tels. D’autre part,on a tendance à s’attacher à eux,à les prendre en affection. » Leplus dur, selon Nelly, est de voircertains élèves intelligents, pleinsde promesses, gâcher leurs possi-bilités, mettre en péril leur avenir,sous prétexte qu’ils sont en pleinecrise et que la « société », disent-ils, ne leur laisse aucune chance.« Ils sont en perpétuelles contra-dictions. Ils veulent qu’on lesconsidère comme des adultes, maisagissent de manière irresponsable; ils nous disent que nous nesommes “que des pions”, maisréclament notre considération etnotre intérêt. »Son rôle éducatif, Nelly doit, elleaussi, le remplir pleinement aulycée, où il y a parfois « tant à rat-traper, en termes d’éducation, quenotre rôle est aux frontières de celuid’un assistant social ou d’un psy-chologue. » Pour elle, le lycée est unmicrocosme qui reproduit ce qui

se passe à l’extérieur. Ainsi, aprèsavoir travaillé à Rueil-Malmaison(92), où des enfants de dix ansn’avaient pas de manteaux, en pleinhiver, simplement parce que lesparents n’avaient pas les moyens deleur en acheter, Nelly se heurte à desobstacles bien différents. Dans lelycée cossu de Saint-Cloud où elleest actuellement en poste, les pro-blèmes matériels ne se posent pas.Les élèves souffrent du manqued’intérêt et de suivi de leurs parentstrop accaparés par leur vie profes-sionnelle. « C’est toute une éduca-tion à refaire. Ces jeunes sont tel-

lement habitués à avoir des per-sonnes à leur service qu’ils netémoignent aucun respect enversles agents qui travaillent au col-lège, par exemple, envers les“petites gens”. C’est à nous qu’in-combe la tâche de leur inculquerces notions de respect. »La création du conseil de vielycéenne, d’autre part, a permis auxrapports des SE et des jeunes d’évo-luer. « On discute de problèmes enpériode d’accalmie, de façon paci-fique, précise Nelly. C’est très posi-tif, car il n’y a pas de tension. »Les surveillants interviennent doncà plus d’un titre dans l’univers sco-laire. L’investissement qui leur estdemandé leur laisse souvent peu detemps pour leurs études. « Les gensont toujours en tête l’image du pionqui se fait 6 000 francs par mois,pour 28 heures de travail, s’insurgeFrédéric. On oublie de mentionnerles 15 ou 25 heures de cours quenous devons suivre, auxquels s’ad-

ditionnent le travail personnel, larecherche de documents, etc.Concrètement, on ne peut pas suivretous les cours. On en arrive déjà àfaire parfois des semaines de 50heures. Il faudrait vraiment que nouspuissions bénéficier d’une RTT, pourdégager du temps pour nos études. »Opinion partagée par Nelly, quiconstate que beaucoup de sur-veillants ne passent que les exa-mens de fin d’année à la faculté, carils ne peuvent pas participer aucontrôle continu, ni aux TD, fautede temps. « Il faut dire, ajouteNelly, que le système des pointsfonctionne comme pour les ensei-gnants : quand on en a peu, on estenvoyé dans les établissements lesplus durs. »Qui plus est, les conditions d’em-bauche comportent quelques res-trictions. Les MI-SE exercent leurfonction pendant sept ans. Dansla pratique, il n’est pas rare qu’ilsobtiennent des prolongations,accordées plus ou moins facile-ment selon les académies, et qu’ilspuissent travailler pendant uneannée supplémentaire. Ces déro-gations ne sont obtenues qu’àcondition de répondre à certainscritères : il faut préparer soit untroisième cycle, soit un concoursde l’Éducation nationale, et, pourun SE, ne pas avoir atteint la limited’âge, fixée à 29 ans. « Il seraitpréférable que, comme les maîtresd’internat, les SE n’aient pas derestriction d’âge, et que ne soit

pris en compte que le temps deservice maximal de sept ou huitans », estime Frédéric. Néanmoins,les MI ont, eux des obligations deréussite universitaire que les SEn’ont pas : ils doivent obtenir lalicence dans les cinq ans qui sui-vent leur prise de fonction dansl’Éducation nationale, ou tout autrediplôme dans les trois ans.Paradoxalement, si l’on demandeaux MI-SE, lorsqu’on les engage,s’ils envisagent de devenir profes-seurs, force est de constater quepeu d’avantages sont octroyés àceux qui se destinent effectivementà l’enseignement. Ils doivent secontenter, à l’heure actuelle, dequelques points d’avance, lorsqu’ilsdémarrent une carrière d’ensei-gnant, d’un accès au concoursinterne de professeur des écolesou aux concours de catégorie C.Ces dispositions paraissent nette-ment insuffisantes à Frédéric pourqui l’accès aux concours, internesou réservés, de professeur, de CPEou de documentaliste, devrait êtreouvert aux MI-SE. Mais il fautprendre garde, dans le mêmetemps, à ce que cette fonction ne setransforme pas en une forme deprérecrutement, qui réduirait gran-dement sa portée.« Être MI-SE, en effet, rappelleNelly, est une expérience intéres-sante et une chance offerte aux étu-diants, chance qui peut néanmoinsse transformer en cadeau empoi-sonné. Il ne faut jamais oublier quecette fonction est avant tout untremplin, qui doit permettre de faireautre chose ensuite, de réussir sesétudes dans les meilleurs délaispossibles. Il ne faut pas négligercet objectif et s’efforcer de le réa-liser au mieux, pour soi mais aussipour ceux qui suivent : il faut pen-ser à la relève, essayer de libérer auplus vite son poste pour un autre,qui pourra, à son tour, financerses études supérieures. »Frédéric, quant à lui, tient pourfondamentale la double nature desa fonction : « Il faut soulignerque nous sommes étudiants-sur-veillants. Nous avons un rôle dansl’Éducation nationale, mais éga-lement un rôle social, puisquenous allons dans le sens de ladémocratisation de l’enseigne-ment supérieur. Être étudiant-sur-veillant, c’est avoir une fonctionqui nous permet de rebondir, quinous ouvre la porte des étudesuniversitaires pour acquérir uneprofession. » Gageons qu’il ne tar-dera pas à assurer son rôle péda-gogique, mais en tant que profes-seur d’allemand, et que Nelly seratrès prochainement un as du bar-reau. �

Propos recueillis par Elodie Walck

Être étudiant-surveillant, c’est avoir une fonction qui

nous permet de rebondir, qui nous ouvre la porte des

études universitaires pour acquérir une profession.

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FENÊTRE SUR/LA DANSE À L’ÉCOLELE POINT DE VUE DE BORIS CHARMATZ

Entre pédagogie et créationPourquoi un danseur choré-graphe s’intéresse-t-il à la péda-gogie ?D’abord parce que je suis filsd’enseignants, militants poli-tiques et syndicaux et que celam’a imprégné dès l’enfance. J’aieu la chance aussi, y compris lorsde ma formation classique auconservatoire de Grenoble, d’êtreimbibé de pédagogie expérimen-tale. Jean-Luc Chirpaz, dont lamanière d’enseigner s’inscrivaitdans la mouvance, n’enseignaitpas que le dogme autour d’unetechnique mais suscitait desréflexions autour de cette tech-nique et de sa pratique avec beau-coup d’humour. C’était une façond’enseigner la danse classique demanière vaste et en perpétuelquestionnement. Pendant mes presque quatreannées à l’Opéra de Paris, je n’aijamais été totalement dans l’écoleparce que j’étais nourri d’autrespensées. Ce qui m’a mené sansrupture à la danse contemporaine.J’ai travaillé avec un professeurde yoga. Et surtout j’ai rencontréHubert Godard, kinésiologue,spécialiste en analyse du mou-vement, un des fondateurs ducursus de danse de l’universitéParis VIII. Il m’a permis de faireun travail de corps qui ne soitpas coupé de la recherche théo-rique et du savoir. Il m’a appris àlire dans le corps des informa-tions qui ne sont pas seulementliées à la danse mais à toute laculture, à la notion d’identité.Par ailleurs, je me suis autantformé en allant au spectacle, enlisant, en visitant des galeriesd’art qu’en entraînant physique-ment mon corps.J’ai mené de front pendant untemps des études d’histoire del’art et le travail avec des com-pagnies ou chorégraphes aveclesquels j’avais vraiment enviede travailler. Et j’essaie aussi deconduire une démarche, théo-rique, réflexive, d’écriture notam-ment avec Isabelle Launay quiest historienne de la danse. Cettedémarche est partie intégrante demon travail.

siment première, avant l’ensei-gnement des matières proprementdites. Cette réflexion sur l’hygiènede la tenue est restée prépondé-rante dans l’enseignement jusqu’auXIXe siècle : la discipline corpo-relle avait une place très impor-tante parmi les autres disciplines.On se rend compte en effet quel’écriture par exemple n’est pasqu’un travail mental, c’est aussiune manière d’utiliser son corps.Le fait de choisir de rester devantsa table ou devant un clavier d’or-dinateur pendant des heures, c’estun usage de soi, il y a une « phy-sicalité » de l’écriture.Aujourd’hui beaucoup de gensqui sont issus de la danse, qui sor-tent des studios, travaillent chezeux se lancent dans un travaild’écriture ou de vidéo et craignentque le fait de renoncer à un entraî-nement quotidien diminue leurqualité de danseur ou de créateur.Mais ce moment où le danseurlève le pied et prend le temps de

réfléchir sur sa propre démarcheest en général un moment extrê-mement formateur. S’écarter dutravail corporel est parfois néces-saire pour mieux l’appréhenderet pouvoir le développer.

Qu’est-ce qui vous semblenécessaire pour développerl’enseignement de la danse enmilieu scolaire ?Enseigner la danse, ce n’est passeulement un état de corps maisd’abord un état d’esprit. Lors-qu’on essaie de mettre en place ladanse à l’école, elle est prioritai-rement prise en charge par desprofesseurs d’EPS, c’est très bien.Mais il vaudrait mieux que ladanse arrive moins comme unediscipline supplémentaire quecomme quelque chose qui existeentre les disciplines et qui puisseêtre mis en place par n’importequel enseignant à partir dumoment où il a cette motivation,cet état d’esprit qui, en l’occur-

Cette réflexion sur la danseporte plutôt sur la création ousur la pédagogie ?Tous les niveaux sont impliqués.La danse n’est pas seulement unepratique physique intensive, c’estune réflexion plus large sur cequ’est cette pratique, sur la ques-tion du corps en Occident, surl’historicité du concept de corps,sur la manière dont on peut liredans chaque corps une histoireindividuelle. Chaque individuporte des empreintes corporellesqui viennent de son éducation,de son contexte socioculturel, detensions psychologiques. On peutlire à travers l’éducation que lecorps a reçue les années passéessur une chaise ; l’école n’a passeulement formé l’esprit à dessavoirs savants disciplinaires maiselle a appris à se tenir droit sur sachaise par exemple. Jean-Fran-çois Pierson, auteur belge, a écritun petit essai quasi ethnogra-phique intitulé « le corps et lachaise » dans lequel il montreque l’introduction du banc auMoyen Age a introduit une cas-sure dans la communauté péda-gogique en séparant physique-ment le maître des élèves etqu’ensuite les injonctions dumaître pour se tenir droit, donc lalutte contre la déformation ducorps de l’élève, est devenue qua-

« La chorégraphie est le seul art qui permet de penserphilosophiquement et d’agir » (J.-C. Gallotta).

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rence, est aussi un état de corps.L’éclatement de toutes les disci-plines est un problème que l’onretrouve même dans l’enseigne-ment de la danse : aujourd’huise former, pour un danseur, c’estfaire à la fois de la danse clas-sique et de la danse contempo-raine, ce qui signifie beaucoupde techniques et d’approches dif-férentes.Personnellement je pense quechaque enseignant a potentielle-ment accès à des techniques dif-férentes. Même si on n’est pasun spécialiste de telle ou telletechnique, on peut en exposer cequ’on en sait ou ce qu’on n’ensait pas et réfléchir dessus.La pédagogie expérimentale uti-lise cela, toutes les techniquesqui sont déjà là dans le corps oudans l’esprit, sans que l’on en aitconscience. On va apprendre àréutiliser des techniques que l’ona déjà vues mais que l’on nepense pas connaître. En réalitéon est très formé. Chacun d’entrenous a acquis lors de sa formationdes savoirs et techniques disci-plinaires mais aussi des tech-niques de vie... que l’on peutmettre en œuvre avant d’accu-muler nécessairement de nou-velles connaissances.

C’est l’idée de pédagogie detransfert que vous soulevez là etla nécessité de mettre en placedes passerelles entre les disci-plines, voire de travailler defaçon interdisciplinaire.C’est un enjeu quasi politique,on se plaint de l’absence de senscivique des jeunes au point decréer un enseignement supplé-mentaire pour l’éducationcivique, alors que cela devraitêtre au cœur de l’ensemble desdisciplines. Il me semble quechaque enseignant a la capacité

de faire passer ce sens civique. Sile professeur d’histoire-géo estréduit au seul contenu discipli-naire qui n’est même pas l’his-toire et la géographie mais le pro-gramme de l’année en cours, çane va pas. Je suis persuadé quechaque enseignant possède cetteculture élargie qui lui permet defaire résonner son domaine avecd’autres domaines et d’autres pas-sions.Je ne vais pas bouder l’introduc-tion de l’art à l’école mais plutôtque d’en faire une disciplinesupplémentaire qui s’ajoute aumille-feuilles, il faudrait que celadevienne une « indiscipline » ouune « interdiscipline », doncquelque chose qui relie et non pasqui se rajoute.

Avez-vous des idées sur lamanière de mettre cela en placedans le système scolaire ?Je fais partie d’un groupe deréflexion sur la pédagogie quicomprend aussi bien des cher-cheurs, des didacticiens que desdanseurs. Nous nous réunissonsrégulièrement pour discuter etéchanger. Certains membres ontété spécialistes de la réflexion surla danse à l’école. Ce n’est pas dutout mon cas, en particulier en cequi concerne l’organisation deterrain. Ce qui ressort tout demême, c’est que la mise en œuvrede la danse à l’école est très dif-ficile parce qu’on manque d’en-seignants de la danse ou d’ar-tistes-enseignants qui pourraientaller facilement dans les lieuxscolaires et parce que les budgetsne permettent finalement pourl’instant qu’un saupoudrage. Je pense aussi qu’un travail enamont est nécessaire dans la for-mation même des enseignants.On a peu réfléchi à cet aspectphysique de l’enseignement, de la

pédagogie. Or, les enseignantsdevraient être formés à la maî-trise de la voix, à la tenue du corpspar exemple. Cette lacune dansleur formation ne vient pas seu-lement de la difficulté de travaillersur le corps mais aussi d’uneimage sociale. Le danseur reste unobjet social non identifié, iln’existe pas. Une réflexion est àmener sur cette marginalisationde la danse et du corps dans notresociété.

En ce qui concerne vos projets,vous êtes plutôt dans laréflexion pédagogique ou dansune période de création ?J’aimerais développer maréflexion pédagogique mais demanière active, donc j’appelle-rai cela de la « création pédago-gique » : comment faire un spec-tacle incluant la recherchepédagogique mise en place pouraboutir à ce spectacle ? Pendantlongtemps j’ai pensé, parce quemes parents étaient enseignants,que la pédagogie était un métierexclusif, ce ne pouvait pas êtreune affaire à laisser aux ama-teurs. Soit on était artiste soit onétait enseignant, mais on ne pou-vait pas être les deux en mêmetemps. Cela a créé un gouffreentre la scène et les écoles, entrela richesse de ce qui se passe surles plateaux et ce qui passe dansles écoles. Il y a une espèce d’ur-gence à ce que les artistes devien-nent aussi des enseignants, mêmepour un temps. Donc je vaisprendre en charge pendant un anun groupe de 16 à 18 personnespour une expérience pilote decréation et de pédagogie : faireune école nomade qui irait étudierd’autres écoles plutôt qu’allerétudier à l’école. Réfléchir sur

Les mercredis sont issus d’un partenariatavec le Cargo (maison de la culturede Grenoble), il s’agit de proposer aux élèvesqui pratiquent la danse dans le cadre scolairedes stages en accompagnement pédagogiqueavec un chorégraphe programmé au Cargo.Le chorégraphe reçoit quatre groupesdifférents venant de quatre établissementsscolaires (un professeur encadrant unequinzaine d’élèves), l’objectif étant de fairedécouvrir aux enseignants et aux élèves denouvelles formes artistiques. Pendant troisheures, le mercredi après-midi, on découvrede nouvelles techniques dansées mais aussiun travail d’improvisation pour aboutirà l’issue du stage à une mini-chorégraphie.C’est aussi un travail

de complémentarité pédagogique entrele chorégraphe et l’enseignant, la tâchede ce dernier étant de transposer auprèsdes élèves la commande artistiquedu chorégraphe sans que celui-ci altèresa pratique habituelle.Le dernier volet de cet apprentissage consisteà emmener les élèves assister au spectacledu chorégraphe avec lequel ils ont putravailler. Depuis sa création, 1995,ce dispositif a déjà permis à plus de 1 000scolaires et une cinquantaine d’enseignantsde pratiquer la danse au contact directdes artistes chorégraphes.

Propos de Jean-Michel Boissonnet, chargé de mission académique

pour la danse auprès de la DAAC.

Les « mercredis chorégraphiques », une actionpédagogique pour développer la danse à l’école

INTERVENTIONS8 février 2002. Projectiondu film Horace Benedict àBonlieu Scène nationale(Annecy), réalisé par DimitriChamblas et Aldo Lee (à par-tir de Ouvrée, artistes enalpages).

6 avril 2002. Aatt Enen Tio-non, Le Lieu unique, Nantes.

16 et 17 avril. Jachères (pro-position de Vincent Dupont)+ Horace Benedict à LaMénagerie de Verre, Paris.

24 et 25 avril. Confortsfleuve, CDN de Basse-Nor-mandie, Caen.

27 - 30 avril. Ateliers parBoris Charmatz et Julia Cimaou Dimitri Chamblas, CDN deBasse-Normandie, Caen.

2 mai. Projections : HoraceBenedict, Ascension (film deAlain Michard d’après la cho-régraphie de Boris Charmatz,Aatt Enen Tionon, Les Dispa-rates (film de César Vayssiéd’après la chorégraphie deBoris Charmatz et DimitriChamblas, Les Disparates) auCDN de Basse-Normandie,Caen.

3 et 4 mai. A bras le corps,chorégraphie de DimitriChamblas et Boris Charmatz),CDN de Basse-Normandie,Caen.

16 mai. Intervention au col-lège international de philo-sophie.

11, 12, 13 juin. Confortsfleuve, Théâtre de la Ville.

Paris 20, 21, 22, 23 juin.Aatt Enen Tionon, Opéra deLyon.

Elèves ayant choisi en 2001-2002 des disciplines artistiques enoption (enseignement obligatoire ou matière facultative)

Seconde générale Première générale Terminale générale et technologique et technologique et technologique

Arts plastiques 20 146 16 157 18 736Cinéma-audiovisuel 4 630 3 465 3 843Histoire des arts 2 445 2 010 2 646Musique 4 820 4 474 6 351Théâtre 5 865 5 080 5 573Création-design 1 955Culture-design 2 033Danse 404 236Total des élèves scolarisés 524 093 76 918 500 535

Etat des lieux

ce qu’est une école de danse ouune école d’art et se déplacer à larecherche des savoirs dont onaura besoin. C’est un peu l’idéede mettre en place une formationpré professionnelle alternativeaux formations qui existentactuellement et qui ne semblentpas toujours répondre auxattentes critiques du milieu artis-tique. �

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PHILIPPE MARTEL, chercheur au CNRS*, enseignant à l’université de Montpellier IIIsera un des intervenants du stage FSU sur les langues régionales, les 5 et 6 mars.

Contribuer au débatA l’heure de la mondialisa-tion, l’apprentissage d’unelangue régionale a-t-il unsens ? Pourquoi pas l’anglais ?Philippe Martel : Les languesde France, comme leur nom l’in-dique, font partie de la culturenationale, qu’on le veuille ounon. Et l’école a pour tâche,aussi, sinon d’abord, de trans-mettre un capital culturel, passeulement de se plier aux impé-ratifs de la rentabilité. Et mêmeen se plaçant de ce seul point devue, la découverte de la pluralitélinguistique est un excellentapprentissage, qui ne se limitepas à l’acquisition des seuleslangues de grande diffusion, l’an-glais et l’anglais ! (1). Le savoir-faire et le savoir parler acquis àtravers une langue régionale peu-vent être transposés pour l’ac-quisition d’autres langues (cf. lesexpériences en cours en paysd’oc sur les « parcours romans »qui permettent de passer d’unelangue romane aux autres, ensortant des cloisonnements tra-ditionnels).

Que pensez-vous des affir-mations du linguiste Bentolilasur les langues régionales (LeMonde du 15 mai 2001) ?Son argument, c’est que leslangues minoritaires souffrentd’un déficit d’évolution qui neleur permet pas d’être adaptéesà l’expression de la modernité.On laisse de côté le fait queBentolila lui-même disait exac-

tement le contraire il y a quinzeans à propos des créoles, lesseules langues à mon avis surlesquelles il ait des informationsà peu près solides. Il faut quandmême dire que les langues deFrance disposent actuellementde tous les outils nécessaires àl’expression de la modernité.On peut parfaitement enseignerles maths en breton ou en occi-tan, d’ailleurs on le fait. Maisl’essentiel de son propos vise àjustifier scientifiquement l’idéedominante chez les adversairesdes langues régionales : ellesont leur place dans le privé, pourl’expression des sentiments, desracines, de tout ce qu’on voudra,mais elles ne sont pas dignesde véhiculer des idées, et doncd’entrer à l’école. C’est unefaçon de formuler avec les appa-rences de la scientificité le vieuxpréjugé anti-patois qui a coursen France depuis le XVIe siècle.

Pensez-vous que l’enseigne-ment des langues régionalesdans des écoles immersivescomme celles de Diwan s’op-pose à la laïcité ?Sur la question de l’immersion,on entend deux discours diffé-rents : pour les uns, un ensei-gnement dispensé majoritaire-ment en breton empêcheraitl’acquisition du français etserait donc générateur d’in-égalité. Mais d’autres, et par-fois les mêmes, nous expli-quent que le public del’enseignement par immersionest composé d’enfants issus desclasses les plus favorisées etque c’est donc une filière éli-tiste. Ces deux discours sedétruisent mutuellement Onsait bien que les élèves qui sui-vent un enseignement parimmersion connaissent déjà lefrançais, puisque c’est souventleur langue maternelle : l’autrelangue a donc besoin de com-bler le retard qu’elle a pris dansl’acquisition du langage. D’oùla nécessité d’un enseignementplus massif. Mais au bout ducompte, les gamins connaîtrontles deux langues, et le jeu entreles deux leur permettra mêmede les connaître mieux. Quantà l’élitisme, il faut être très naïf

pour s’imaginer que les parentsdésireux de protéger leursenfants contre la fréquentationde petits camarades moinsfavorisés par la fortune n’ontd’autre recours que les écolesbilingues. Ils peuvent aller dansl’enseignement confessionnel,ou jouer avec la carte scolaire,c’est moins fatigant, au moinsaussi efficace. Au demeurant, sil’école de la République avaitsu prendre vraiment en compteles langues parlées par lescitoyens, il n’y aurait pas eubesoin de créer des structuresassociatives pour combler cettelacune.

Pourquoi l’enseignement deslangues régionales suscite-t-ildes réactions aussi vives ?Ce qui frappe dans ces réac-tions, c’est qu’elles sont plusvives que vraiment pensées. Ona affaire soit à la réaction émo-tionnelle de gens qui ne com-prennent pas qu’on puisseenseigner des patois de bergerset de paysans, sans se rendrecompte que cette réaction estsurdéterminée par des réflexesde classe qui remontent assezloin dans notre histoire et quin’ont jamais été vraiment soumisà la critique, République ou pas.Soit à des gens qui s’emparent dusujet pour d’obscures raisonspoliticiennes. Dans un cascomme dans l’autre, on passe àcôté du problème : ces languesexistent, il faut répéter qu’ellesfont partie de la culture fran-çaise, elles commencent à peineà sortir de siècles de mépris aris-tocratique puis bourgeois. On nepeut faire comme si elles n’exis-taient pas, ou comme si elles neconcernaient que quelques obsé-dés d’« identité ». �

Propos recueillis par Thérèse Jamet-Madec

(1) LV1 et LV2.

* Ouvrages récents : sous la directionde Pierre Boutan, Philippe Martel,Georges Roques, Enseigner laRégion, Editions L’Harmattan (2001).Ouvrage collectif : Dix sièclesd’usages et d’images de l’occitan,Des troubadours à Internet. HenriBoyer et Philippe Gardy (coordina-teurs), Editions L’Harmattan (2001).

METIER

Déroulement du stage langues régionales – 5 et 6 mars 20025 mars

9 h - 9 h 30 Accueil des stagiaires9 h 30 - 12 h 30 Présentation du stage

Table ronde : une langue, des langues ?Intervenants : Michel Alessio : chargé de mission à la DGLFLF ;Pierre Boutan : linguiste, université Paul-Valéry de Montpellier ;René Merle : écrivain, docteur ès lettres

14 h - 16 h Enseigner les LR, enseigner en LRIntervenants : Francis Goulier (MEN) ; Armelle Le Coz : présidentede l’UGB. Présentation des parcours romans : S. Lombardo

16 h - 18 h Ateliers6 mars

9 h 30 - 12 h 30 Table ronde : les LR du point de vue historique et politiqueIntervenants : Philippe Martel : CNRS, université Paul-Valéry de Montpellier ; René Merle

14 h 30 - 15 h 30 Mise en commun du travail en ateliers15 h 30 - 17 h Bilan, etc.Pour s’inscrire au stage, demander une fiche d’inscription à : Formation syndicale ,3/5 rue de Metz , 75010 Paris . mél : [email protected] – Tél : 01 44 79 90 38 – Fax : 01 48 01 02 52

EAFi

Signez la pétitionL’EAF est un problème brûlant quiinquiète, exaspère les professeurs àquatre mois de l’examen. Les IPRcontinuent à brouiller le message,distillant des rumeurs (pas decommentaire comparé cette année,corpus limité à deux textes, pas detexte d’essai...). Angoisse des élèvesà qui on ne peut répondre. Leministère alerté depuis longtemps parle SNES et les enseignants restesourd. Il est temps que la raisonl’emporte : des aménagements sontnécessaires pour la session 2002.

Colloquei

Maîtrise de la langue20 et 21 mars au FIAP (rue Cabanis, métro Glacière )Thèmes abordés : • Mise en perspective historique , lesobjectifs de l’école et du seconddegré.• Apport des langues anciennes.• Maîtrise de la langue et statut social.• Formation des maîtres.• Perspectives...Avec des chercheurs, dessyndicalistes, des formateurs, desuniversitaires, des journalistes...

Programmesi

Langues vivantes :consultation ?Les programmes de langues vivantesen Seconde ont été mis sur le site duMEN : www.eduscol.education.fr. Lescollègues vont recevoir une grillepour recueillir leurs réflexions et leurssuggestions qui devront parvenir aurectorat avant la mi-mars. Nousdemandons à ce que la consultationpuisse se dérouler jusqu’à fin mars etpuisse faire l’objet de réellesrencontres entre les collègues.

Page 28: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

12 et 13 mars : nouvelles technologiesde l’information et de la communicationLa première journée sera plusparticulièrement consacrée auxrelations entre mondialisation etéducation ainsi qu’à la question de laproduction de logiciels libres.La seconde à l’équipement despersonnels, des établissements, à la formation des enseignants etaux pratiques pédagogiques liées àl’introduction des NTIC dans lesprogrammes : apports et limites.

27 et 28 mars : le collège, quelleculture commune ?A partir des travaux des groupesdisciplinaires sur le bilan desprogrammes du collège et lesenjeux en termes de formation.Nous essayerons de définir quelleculture commune nous souhaitons.Comment mettre en cohérence les contenus enseignés dans lesdifférentes disciplines, créer desliens ?De quel temps, de quelles structuresavons nous besoin pour permettrede réels apprentissages desélèves ?

27 et 28 mars : stage lycéeLe SNES organise un stage national« lycée », à Paris. Il s’agit de deuxjournées de réflexion sur le lycéeprenant appui sur le bilan que nousfaisons de la réforme et destinées àaffiner nos propositions et nosrevendications concernant lesséries, leur identification et leurévolution, le rôle spécifique de laSeconde, les contenus et lesprogrammes, l’évaluation et lebaccalauréat.

CO-PSY. La 2e table ronde sur les missions des psychologues de l’Education nationale,s’est tenue le 1er février. Elle a fait apparaître une nouvelle fois, un clivage entre les représentants de l’administration et ceux de la FCPE d’une part et le groupe des sixet plus largement la plupart des organisations professionnelles.

Enjeux et contradictions

des personnels les mêmes orienta-tions qui, dans les années 70,avaient conduit aux projets d’écla-tement du métier.En fait, il s’agit pour le MEN derésoudre le problème des recrute-ments des psychologues scolairestout en infléchissant les missionsdes CO-Psy dans le sens d’un largeengagement des CIO dans l’édu-cation et l’orientation tout au longde la vie, sans augmenter le nombre

de postes, bien sûr ! C’est appa-remment cette dernière volonté quioriente toutes les prises de posi-tion récentes de l’administrationet s’oppose à nos revendications.Qu’il soit nécessaire de répondreaux demandes de validation desacquis, le SNES l’approuve. Qu’ilsoit indispensable de placer le ser-vice public en bonne position pourle faire, dans l’intérêt des personnes,ceci correspond à ses mandats.Mais les CIO et les CO-PSY nereprésentent pas tout le servicepublic ! La priorité d’interventiondéfinie dans notre statut porte biensur le public en formation initiale.On ne peut à la fois déplorer lepeu de visibilité des CO-PSY dansles établissements scolaires et leurdonner des tâches qui les en éloi-gnent encore un peu plus !Dans le passé déjà, les CIO ont étéconfrontés au problème avec leCFI. De la multitude de postes quidevait être attribuée aux services siles CIO s’engageaient, nousn’avons vu que contrats précaireset crédits flottants !Le groupe des six s’adresse auministre. Il faut nous faire entendrepour que soient pris en comptel’ensemble de nos revendicationsen termes de respect des missions,de postes et de revalorisation dumétier. Continuez à faire signer lapétition. �

Catherine Remermier

DERNIÈRE MINUTE

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Nous venons de prendre connaissance du projet de note de service quiva être adressé aux recteurs pour une application rapide des textes avantla tenue du CTPM.On peut noter que cette note répond à une partie de nos exigences : laréférence aux 27 h 30 hebdomadaires sur l’ensemble des 39 semaines,le rappel que les 3 semaines de service des vacances sont maximales etdoivent répondre aux besoins du service, l’application du texte auxCO-Psy et DCIO.Toutefois, nous avons demandé modification des formulations qui nousparaissent ambiguës par rapport aux heures coefficientées et nousavons alerté la DPE sur l’état d’esprit dans lequel certains CSAIO abor-dent l’application des textes.Nous attendons les propositions de la DPE pour une circulaire nationalequi installe des garde-fous contre les dérives pressenties dans cer-taines académies.Restez vigilants et continuez à adresser les textes au ministère del’Education nationale.

Les discussions ont fait surgirplusieurs contradictions dansles positions de l’administra-

tion :• On reproche aux psychologues,surtout ceux du second degré, lemanque de lisibilité de leur métier,mais on est bien obligé de recon-naître qu’il y a un problème d’ef-fectifs !• On se récrie d’avoir voulu reve-nir sur le statut des conseillersd’orientation-psychologues, maison ne cesse d’insister sur les dimen-sions autres que la psychologie quila déborderaient largement. La psy-chologie n’étant qu’une compo-sante parmi d’autres.• On argumente sur la trop grandeétendue des missions dans lesecond degré, et l’on envisage sansproblèmes de faire prendre encharge par les CIO et les personnelsla validation des acquis de l’expé-rience ! • On proteste d’avoir voulu sépa-rer orientation et aide à l’adaptationmais on revient de manière récur-rente sur l’idée d’installer deuxpsychologues dans le second degré,l’un chargé de la psychologie sco-laire, l’autre de l’orientation.Comme on le voit les vieux sché-mas ont la vie dure ! On retrouveface aux revendications unitaires

STAGESDE FORMATION SYNDICALE

COMMENT S’INSCRIREÀ UN STAGE ?

Une autorisation d’absence est dedroit. Elle doit être demandéeauprès du recteur dans un délaid’un mois précédant le stage, soit auplus tard le 27 février. Il est sou-haitable de faire connaître votreinscription auprès du secteur « for-mation syndicale » au S4 (7, rue deVillersexel, 75351 Paris cedex 07).

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INRPi

Démantèlement de la rechercheen didactiqueNous avons déjà attiré plusieurs foisl’attention du ministère sur les conséquences de la« restructuration » de l’INRP qui se traduit en réalité par la disparition de pans entiers de la recherche notamment celleconcernant les didactiques desdisciplines.L’entrevue que nous avons eue lundi 4février avec la directrice, Mme PerrinNaffak, confirme nos craintes.La didactique des disciplinesd’histoire-géo, SES, philosophiedisparaît totalement, celle de françaiset langues vivantes est regroupéedans un projet flou, celle desdisciplines scientifiques noyée dansdes UMR (unité mixte de recherche).Pourquoi un tel acharnement à fairedisparaître les seuls lieux, les seules équipes qui travaillent enFrance sur les contenusd’enseignement et la façon del’enseigner ?Le SNES rappelle son attachement aumaintien d’équipes de recherchespécifiques sur la recherche en didactique liées au terrain, dans lesquelles lesprofesseurs du second degré auraienttoute leur place.

Réformes des lycéesi

Comité de suiviLe comité de suivi de la réforme deslycées s’est réuni le 22 janvier pourfaire le bilan de trois dispositifs : l’aideindividualisée, les TPE et les comitésde vie lycéenne.Le rapport présenté par l’IG.Marc Fort est convergent avecl’enquête lycées que le SNES a menée.L’aide individualisée, dans l’étatactuel de la mise en place, ne parvientpas à atteindre ses objectifs, c’est-à-dire une amélioration réelle desperformances des élèves en grandedifficulté. Il existe par ailleurs unetrès grande diversité des situations.Si elle améliore les relations, elle netraite pas l’hétérogénéité des classesde Seconde. Nous rappelons notreattachement à l’aide individualiséemais ce dispositif nécessite uncadrage tout en permettant du tempspour la concertation au sein deséquipes, et une réflexion sur la façonde traiter les difficultés selon lesdisciplines.Sur les TPE, le ministère a annoncéque 40 % des élèves de Terminale enmoyenne, ont choisi d’être évalués aubac. L’implication des élèves de S

METIER

Cette loi modifie notablementle cadre de la validation desacquis : toute personne jus-

tifiant de 3 années d’expérience(professionnelle, associative...)peut désormais demander la vali-dation de ses acquis par l’inter-médiaire d’un diplôme, d’un titreou d’un certificat enregistré aurépertoire national des certifica-tions. Ce répertoire est égalementune nouveauté de cette loi :diplômes et titres créés au nom del’État y seront inscrits de droitalors que les titres émanant d’or-ganismes privés peuvent êtreenregistrés, après avis de la com-mission nationale de la certifica-tion, qui va être créée.Depuis 1992, date de la premièreloi sur ce sujet, le SNES a tou-jours considéré que la possibilitéde valider savoirs et compétencesacquises dans l’expérience par undiplôme était une évolution posi-tive. Dans la continuité de cetteposition, le SNES avait expriméun avis positif concernant les nou-velles dispositions instituées par laloi. Cet accord sur le principe estinséparable d’une vigilance fortesur les modalités de mise enœuvre du nouveau dispositif ; eneffet, il sera maintenant possiblede faire valider ses acquis par descertifications inscrites au réper-toire, et qui peuvent appartenir àdes systèmes de certificationconcurrents du système desdiplômes d’État. Alors que lademande de validation sera deplus en plus importante , ilimporte que le service public soiten capacité de remplir cette nou-velle mission de validation, cequi nécessite des moyens consi-dérables, tant au niveau desphases d’information, d’accueil,d’accompagnement des candidatsqu’au niveau de la constitutionet de la formation des membresdes jurys de validation.L’un des décrets discutés au CSEconcernait la validation desacquis. Ce texte reste encoreassez général ; il ne précise pas enparticulier les modalités quiseront retenues pour valider les

acquis, car celles ci devraientvarier selon les ministères. LeSNES demande que, pour ce quiest de l’Education nationale, ladéfinition de ces modalités fasseun large appel à la concertationavec les enseignants. Le SNESs’est prononcé positivement surle texte du décret soumis au vote ;

il s’est opposé à un amendementprésenté en séance qui visait àfaire prendre en compte dans lecalcul de la durée des 3 ans lespériodes de formation en entre-prise, et qui, à notre sens, intro-duisait une confusion entre for-mation et expérience. Deux autres décrets traitent durépertoire des certifications, et dela commission en charge de cerépertoire. La composition de lacommission est précisée : une for-mulation très vague ne garantitpas la présence des organisationsreprésentatives des enseignants ;de plus , cette présence est à titreconsultatif seulement, en tant quepersonnalité qualifiée. Le SNES aprésenté un amendement, votépar le CSE, visant à assurer laprésence de représentants des per-sonnels des établissements publicsd’enseignement. Derrière cette

question de la composition de lacommission, c’est toute la pro-blématique de la séparation entrecertification et formation quiapparaît, avec des acteurs légi-times pour concevoir les certifi-cations professionnelles d’unepart (partenaires sociaux et État),et des acteurs uniquement concer-

nés par les problèmes de forma-tion. Le SNES considère aucontraire que l’efficacité et larichesse d’un travail sur les for-mations et les certifications pro-fessionnelles nécessitent uneconcertation entre tous les acteurs,et à toutes les étapes du processus.Cette position nous a conduit à unvote négatif sur le texte « com-mission », alors que nous votionsle texte « répertoire ».Ces thèmes liés que sont la vali-dation des acquis et la certificationdes compétences professionnellessont des sujets qui resteront dura-blement d’actualité et qui recou-vrent des enjeux considérables ;un prochain dossier dans l’USMag reviendra sur ces questionsen s’efforçant de préciser cesenjeux et de développer laréflexion syndicale. �

Pierre Narbonne

30 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

LES PROJETS DE DÉCRETS pris en application des articles de la loi de modernisationsociale concernant la validation des acquis et le répertoire national des certificationsprofessionnelles viennent d’être soumis au CSE

Validation des acquisde l’expérience

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étant moins forte que celle de L. Leministère a posé la question de sagénéralisation, ou du statu quo et del’évaluation. Outre les questions liéesaux moyens, la situation est trèsdiverse tant par le nombre d’élèvesqui suivent les TPE par établissementque par les associations disciplinaires.Il a été noté par le ministère lesdifficultés qui pourraient être liées àla généralisation.

Évaluations terminales en SVT

RencontreLe 6 février, le SNES (G. Jean, J.Besnard) a rencontré la DESCO (B.Maccario, A. Desclaux) pour faire partde remarques et propositions sur lesévaluations terminales en L, ES, TS.• Sur les capacités expérimentales.Rappelons qu’en SVT, l’évaluation descapacités expérimentales n’est pasplus obligatoire que l’an dernier(circulaire de rentrée 2001). La DESCOest toujours à la recherche desolution sur leur évaluation, à partirde 2004 (a priori).Le SNES a lancé des hypothèses detravail :- pas du tout d’évaluation (pour desraisons tant de programme que defaisabilité...),- évaluation pratique avec préparationécrite en seule spécialité (1 h 30 autotal),- 3e question du bac transformée enréflexion expérimentale avecprotocole, pour tous ou pour les seulsspécialistes,- évaluation pratique pour tous en finde Première S (où le programme s’yprête mieux).L’option prise est d’une discussioninterne DESCO - IG, pour voir lesfaisabilités, puis d’avoir une tableronde nous y incluant afin de voir plusclair dans ce que les uns et les autresveulent évaluer.• En TS sur le bac lui-même : lepremier projet a été repris avec denombreuses remarques venant deplusieurs origines. La dernièremouture doit encore être vue aucabinet du ministre. Dès que nous enaurons connaissance, nous vousinformerons (l’application prévue estpour le bac 2003).• En L et ES : nous avons contesté ladifficulté de ce type d’épreuve (étudede texte scientifique) pour laquelle lesélèves ont de réelles difficultés.Et surtout, nous avons insisté sur lesL, qui, avec l’équivalent de 6 thèmes(3 SVT-3 SP) ont le même horaire queles ES (1 h 30)... pour 3 thèmes. Nousavons demandé que, dans un premiertemps, il soit rajouté 1/4 h en SVT ainsiqu’en SP pour permettre – d’essayer –de finir le programme.

DÉRÉGLEMENTATION

Evaluation des TPE de TerminaleR

arement une épreuve de bacaura été entourée d’un telflou dans ses modalités et

ses objectifs. En ne publiant pasles nouvelles modalités (voir USn° 559), le ministère laisse lesservices rectoraux organiserl’épreuve au gré de leurs inter-prétations d’un texte qui n’a tou-jours aucun caractère officiel.Les différences entre académies,entre établissements semblentimportantes tant au niveau del’organisation de l’épreuve quedes critères d’évaluation. Ellesremettent en cause le caractèrenational de l’épreuve. Notre attachement à une évalua-tion prenant en compte uneappropriation de contenus s’ap-puie sur notre volonté de conser-ver au baccalauréat toute savaleur et sa pertinence. Pour nous

le débat ne doit pas seulementporter sur « qui met les points »,mais bien sur « à quoi attribue-t-on ces points » avec un cadragenational beaucoup plus fort. Il nes’agit pas d’une quelconquedéfiance envers les uns ou lesautres mais bien de l’assuranced’une épreuve équitable et certi-fiant des acquis disciplinaires oude recherche documentaire clai-rement identifiés. La reconnais-sance de l’investissement desélèves et la difficulté de valoriserdes compétences transversales nedoivent pas se traduire par la miseen place d’une « épreuve bonus »qui, de plus, viendrait en concur-rence avec d’autres sanctionnantau moins trois années de cours,ou d’une épreuve « maison ».Nous avons demandé au minis-tère un bilan de cette évaluation,

préalable indispensable à toutedécision sur la place des TPE enTerminale.Pour nous aider à dresser cebilan, faites nous part des moda-lités retenues dans votre établis-sement. �

Roland Hubert

RÉMUNÉRATION DES EXAMINATEURSLes premières convocations arrivent dans les établissements.Les dates et les conditions de convocation sont différentes selonles académies voire les bassins. Des collègues sont convoquésà deux dates distinctes : la première pour prendre connaissancedes productions des élèves, la seconde pour l’évaluation orale.D’autres ont appris que « les productions sont à disposition àcompter du... ». Des élèves rendront leur production après le15/2, d’autres ont dû le faire au 31/1…Comment les examinateurs vont-ils donc être rémunérés ? Parvacation de 4 h semble-t-il (paiement à partir d’1/4 de vaca-tion) comme pour tout oral du baccalauréat. La question du

mode de calcul des vacations se pose. Le temps de prise deconnaissance des productions doit être pris en compte. Lenombre d’élèves maximum par vacation, dans le contexted’une interrogation « par groupe de 2 à 4 » est important. LeBO du 31/1/2002 vient de publier un temps d’évaluation oraled’1/2 h pour l’épreuve des TPE. Peut-on imaginer évaluer plusde 3 élèves à l’heure ?Nous interrogeons le ministère et exigeons que les moyenssoient donnés d’une évaluation sérieuse de cette épreuvedont il a imposé les modalités pour 2002.

Mireille Breton

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 31

Après quelques jours deretard, la note ministérielleen direction des recteurs

vient de nous être communiquéepour examen. Un certain nombred’engagements pris par la DPElors de la dernière table ronde du20 décembre 2001, sont respectés.De manière explicite le cadrehebdomadaire du service, toutcomme « les 35 heures effectivescouvrant l’ensemble des activitésque les CPE accomplissentconformément à leurs missions »sont affirmés dans la note de ser-vice. Sur ce point désormais cetterédaction ne laisse aucune placeà une quelconque interprétation.Il demeure que, malgré nos pro-testations, la semaine de service

de « petites vacances », dont nousréclamons toujours la suppres-sion, est maintenue. Nous conti-nuons à intervenir pour exigerque notre identité professionnellesoit totalement reconnue.Cependant, le rappel des men-tions « en tant que de besoin » et« dans le cadre des missions »nous paraît constituer une garan-tie contre toutes dérives pendantles services de vacances.En outre, nous intervenons rapi-dement pour que figurent la réfé-rence au roulement sur S + 1 et lemaintien dans l’organisation duservice de « 24 heures consécu-tives de liberté par semaine ».Pour partie ce texte lève cer-taines ambiguïtés et doit per-

mettre une mise en œuvre rapidedes 35 heures sur le terrain.Les circulaires d’applicationseront publiées ultérieurement,vraisemblablement vers le moisde mars. Le SNES tiendrainformé, comme il l’a fait jusquelà, les personnels et reste vigilant.Il reste que le SNES exigera quecette réduction du temps de travails’accompagne de créations depostes pour permettre une véritableréduction de la charge de travail. �

Evelyne Salé, Patrice Bilgorai

ARTT DES CPE

Des avancées à confirmer

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Un 4 pages spécialConsultation parviendradans les prochains jours

à tous les CPE.

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METIERENSEIGNANTS DOCUMENTALISTES. Le groupe de travail ministériel sur les missionsdes enseignants documentalistes remettra ses conclusions à la fin de ce mois.

Vers une nouvelle circulaire sur les missionsU

n projet de circulaire nous seratransmis pour consultation.Nous avons immédiatement

demandé et obtenu une audienceà la DESCO pour le 6 février.Abroger la circulaire de 1986 anté-rieure au CAPES, pourquoi pas ?La remplacer, pour quoi faire ? Ceque nous demandons depuis desannées et ce qu’aurait dû induire leCAPES, c’est la nécessité d’ins-taurer une cohérence et une pro-gression d’apprentissages en infor-mation-documentation tout au longde la scolarité. Or, la lecture desderniers documents ministériels,itinéraires de découverte et cahierd’exigences montre que nous

n’avons toujours pas été compris :une phrase sur le CDI, rien sur lerôle spécifique des enseignantsdocumentalistes ! Une nouvelle cir-culaire ne doit donc pas servird’alibi pour éluder ces exigencespédagogiques et toutes les reven-dications qui en découlent. Notreaction de l’année dernière, la dyna-mique unitaire que le SNES avaitimpulsée, 18 700 signaturesrecueillies sur notre pétition, toutesnos initiatives nationales et acadé-miques posaient avec détermina-tion les questions de l’insuffisancedes postes au CAPES, d’une négo-ciation sur les conditions de travailet la RTT, nos insupportables dis-

criminations statutaires, le refus decréer l’agrégation, les moyens pourassurer correctement notre doublemission de gestionnaire d’un centrede ressources et de professeur docu-mentaliste. Nous exigeons desnégociations sur toutes ces ques-tions. Lors de notre audience, nousdemanderons des délais pour orga-niser votre consultation. Nous voustiendrons régulièrement au courantdu suivi de ce dossier sur notre sitewww.snes.edu/docs et notre listede diffusion. De votre côté, faites-nous part de vos réactions. �

Danielle Courtoux, Jean-PierreHennuyer, Patrick Lainé[email protected]

32 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

Les 21 et 22 janvier, j’étais invi-tée par la section départemen-tale du Loir-et-Cher et par les

sections locales à animer trois débatsdans des établissements : lycée deVendôme, lycée de Romorantin, etun des lycées de Blois. Chaque fois,deux heures d’information syndi-cale avaient été demandées par lescollègues du lycée d’accueil et parles collèges et les lycées voisins.Au total plus de 80 collègues detoutes les générations, syndiquésou non sont partis du quotidien pourinterroger l’avenir. Ils seront frustréspar ce trop court article.Après une courte présentation desaxes du livre « J’ai connu 7 ministresde l’éducation nationale », sadeuxième partie « réflexions pourune école du progrès pour tous »,la scolarité portée à 18 ans susciteune vive discussion. Au départ,l’étonnement et le scepticisme domi-nent même si au bout d’un moment,l’idée devient plus familière. Mais àcondition qu’il y ait des réformessérieuses dès l’école primaire , toutau long du collège et au lycée ;l’échange se noue autour du rôle del’école maternelle et du primaire,sur l’enseignement de la langue et dela lecture, sur le rattrapage rapidedes élèves dès que les difficultésapparaissent. Que faire avec tousces élèves qui arrivent en 6e et qui necomprennent pas ce qu’ils lisent et ce

qu’ils font ? Une collègue quienseigne en 3e d’insertion reste trèsinterrogative. D’autres, notammentà Blois, questionnement sur la façonde surmonter la ghettoïsation, dedonner des ambitions aux élèves quisont dans ces collèges difficiles. Toutle monde s’accorde sur l’importancedu français qui devrait dans certainscas être enseigné comme une langueétrangère à certains élèves, et celaaussi bien pour ceux qui vivent dansdes milieux non-francophones quepour ceux dont la pratique de lalangue et l’environnement culturelsont limités. Mais , attention à ne passtigmatiser les enfants de l’immi-gration diront certains. Au cœur de

toutes les réunions, ces élèves engrande difficulté et l’impérieusenécessité de prévoir des structuresspécifiques afin de leur remettre lepied à l’étrier y compris au collège,car la situation devient difficile àgérer pour tout le monde, pour lesautres élèves comme pour les ensei-gnants.Dans un des lycées de jeunes col-lègues de philosophie interrogentsur l’opportunité d’introduire de laphilo dans les sections de forma-tion professionnelle. Pour eux cesélèves n’ont pas les acquis néces-saires pour accéder à cet enseigne-ment. Une partie de l’assemblée estd’un avis contraire. Le débat portesur la façon de le faire, sur le pro-gramme. la discussion s’élargit ànos propositions de diversificationdes séries, à l’intérêt des pratiquesinterdisciplinaires pour les élèvesqui rencontrent des difficultés. Quefaire contre la « démotivation » desélèves qui, disent-ils sont de plusen plus dans des démarches derecherche de « l’utile » et se détour-nent d’une réflexion fondamentale; les profs ne veulent pas céder àcette attitude, alors ils travaillentsouvent ensemble pour mettre encommun leur pratique pédagogique.« Cela soulage, c’est efficace, et onse sent moins seul tout en gagnantdu temps » conclut l’un d’eux. �

Monique Vuaillat

Calendrier scolaire

ToussaintSuite à l’annonce de Jack Lang sur lesvacances de Toussaint, le ministère aproposé au CSE du 31/1/02 un projetde modification du calendrier scolaire.Les vacances de Toussaint seraientallongées de deux journées (à partirdu mercredi 23 octobre 2002 au lieudu samedi 26 octobre pour l’année2002-2003 par exemple). Encontrepartie, la rentrée des élèves enseptembre aurait lieu plus tôt (3septembre) ramenant ainsi la duréede la prérentrée à une seule journée.Le ministère propose alors que ladeuxième journée de prérentrée soitrépartie sur deux demi-journées, endehors des heures de cours et avantles vacances de Toussaint.Le SNES a souligné que la mesureproposée n’était pas de nature àrésoudre les problèmes dedéséquilibre de l’année scolaire. Il aproposé un amendement destiné àsupprimer le caractère obligatoire dela récupération de la journée deprérentrée en la laissant à ladiscrétion des équipes éducatives.Cet amendement a été repoussé : 11pour (FSU, FO, SNALC), 17 contre(parents, SGEN, SNPDEN), 6 abst.(UNSA).Le texte proposé par le ministère n’arecueilli aucune voix : 13 contre, 23abstentions (dont FSU) et 2 refus devote.

Anglais LV1

Langue de complé-ment (renforcée) en série L : Le BO n° 23 du 07/06/2001 a définiles épreuves de langues vivantes àcompter de la session 2002.Des collègues s’inquiètent suite àl’envoi récent par le SIEC en particu-lier de « précisions » de la DESCOconcernant « le compte rendu d’undes passages les plus significatifs del’œuvre complète étudiée. ».Or, le texte de juin n’ayant pas signifiéle caractère obligatoire de l’étuded’une œuvre, des collègues (dontbeaucoup enseignent en même tempsà des élèves de L et de ES avec unhoraire réduit d’une heure en L par laréforme) ont choisi de travailler surdes textes ou documents différents,et non sur une œuvre complète.Il serait inacceptable que ces ensei-gnants puissent être considéréscomme n’ayant pas formé leursélèves conformément aux textes.Nous avons demandé que des préci-sions dans ce sens soient transmisespar les IPR pour la session 2002 afin derassurer les collègues sur ce point.

EN DÉBAT

La scolarité obligatoire à 18 ans

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FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 33

Les postes aux concours internes et réservés ont été publiés au JournalOfficiel le 30 janvier, soit l’avant-veille des épreuves d’admissibi-lité au CAPET interne. Le nombre de postes est stable sur l’ensemble

des concours internes (2560), avec un redéploiement au profit du seulCAPES (+ 135, soit + 15,8 %) et au détriment de tous les autres concourset notamment le CAPET (– 30, soit – 23,1 %) et du concours de recru-tement des CPE (– 20, soit – 26,7 %). Concernant les concours réservés,le nombre de postes augmente de 135 (+ 5,6 %), avec cependant unebaisse pour les disciplines d’enseignement général.

Interne RéservéCAPES Postes Evolution Postes Evolution

2002 2001-2002 2002 2001-2002Philosophie 25 0 13 0Lettres classiques 7 1 7 2Lettres modernes 207 32 100 – 18Histoire & géographie 72 11 60 – 9Sc. éco. et sociales 24 4 15 1Allemand 25 0 25 – 9Anglais 195 30 130 – 10Arabe 1 0 3 0Chinois 1 0 3 1Espagnol 80 12 70 – 5Hébreu 1 0Italien 19 2 20 – 2Néerlandais 1 0Portugais 1 0 1 0Russe 1 0 3 – 2Mathématiques 110 15 75 – 10Physique et chimie 26 4 50 5Physique et élec. appl. 8 2 5 – 1Sc. de la vie et de la Terre 85 13 75 – 3Ed. mus. et chant choral 20 2 30 – 3Arts plastiques 28 2 18 – 5Documentation 48 6 45 5Basque 1 0 1 1Breton 1 0 1 0Catalan 1 0 1 0Occitan - langue d’oc 1 0 – 1Créole 1 1Langue corse 1 0 1 0Tahitien - français 2 0 1 – 1Danois 1 1Grec moderne 1 0Japonais 1 0Langue turque 1 0Suédois 1 0Vietnamien 1 0Coordinateur pédagogiqueet ingénieur de formation 147 – 16TOTAL CAPES 990 135 926 – 89CAPEPS 150 -30 126 36Concours CPE 55 -20 193 28Concours CO.-Psy. 15 -5 47 7

Agrégation interne Postes Evolution2002 2001-2002

Philosophie 18 0Lettres classiques 38 0Lettres modernes 115 3Histoire-géographie 100 3Sciences économiques et sociales 13 1Allemand 31 0Anglais 64 2Arabe – 2Langue et culture chinoises 1 0Espagnol 36 0Hébreu – 1Italien 8 0Néerlandais – 1Portugais 2 0Russe – 2Mathématiques 129 0Sc. physiques :• Physique-chimie 51 1• Physique et électronique appliquée 11 0Sc. de la vie, sc. de la Terre et de l’Univers 47 2Biochimie - génie biologique – 6Mécanique 10 0Génie civil 3 0Génie électrique 14 0Génie mécanique 13 0Economie et gestion 44 0Musique 16 0Arts :• A : arts plastiques 20 0• B : arts appliqués 3 0Education physique & sportive 113 0TOTAL 900 0

Interne RéservéCAPET Postes Evolution Postes Evolution

2002 2001-2002 2002 2001-2002Génie mécanique :• construction 3 0 5 – 1• productique 4 – 1 6 3• maintenance 2 0• microtechniques 2 0Génie civil :• structures et ouvrages 3 – 1 7 0• équip. technique et énergie 3 0 5 3Génie industriel :• structures métalliques 3 – 1 5 3• bois 1 0 3 0• matériaux souples 1 0 2 0• matériaux moulés 1 0• plastiques et composites 1 0• verre et céramique 1 0Génie chimique 1 0Génie électrique :• électronique et auto. 2 – 1 1 – 1• électrotech. et énergie 4 – 1 10 3• info. et télématique 2 0 4 – 1Sciences et techniquesmédico-sociales 6 – 2 21 1Biotechnologie :• biochimie - génie biologique 4 0 12 1• santé - environnement 2 0 7 0Technologie 22 -8 30 5Economie et gestion :• administrative 9 – 2 33 3• comptable 10 – 2 31 6• commerciale 9 – 2 30 11• informatique et gestion 4 – 1 13 0Hôtellerie-tourisme :• technique culinaire 2 0 3 1• service et accueil 2 – 1 5 0• tourisme 3 1Industries graphiques 3 – 1Arts appliqués 4 – 1 10 3Métiers de l’eau 1 0Génie optique 2 0Audiovisuel 3 – 1Techniques hospitalières 2 – 1Imagerie médicale 1 0Esthétique-cosmétique 1 0Horticulture 1 0TOTAL 100 -30 268 38

DR

SESSION 2002.

Postes aux concoursinternes et réservés

Page 33: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

Russieii

Code du travailLes députés russes examinent actuellementle premier code du travail post-soviétique,une des réformes de Poutine.Selon le ministre du travail AlexandrePotchinock « le gouvernement a soutenu ladisposition selon laquelle le salaire minimumdoit être supérieur au minimum vital » qui estd’environ 55 dollars US.La gauche s’oppose farouchement à l’adoptionde ce texte, estimant que ce projet réduitsensiblement le pouvoir des syndicats enautorisant notamment les licenciements.D’après le nouveau texte, les employeursdoivent « tenir compte de l’avis des syndicatsmais ne sont pas obligés de le suivre ». (AEF)

États-Unis

RéformeLa réforme de l’éducation proposée parG.W. Bush a été définitivement adoptée parle Congrès. Cette réforme a été égalementsoutenue par une majorité de démocrates.La loi prévoit une aide fédérale pour lesécoles qui réussissent moins bien et pouraider les élèves financièrement dans lebesoin.Chaque élève de 8 à 13 ans subira un testnational sur la maîtrise de la lecture et desmathématiques. Les écoles qui n’arriverontpas à faire réussir les élèves serontsanctionnées par le remplacement deséquipes pédagogiques.La nouvelle législation exige également desenseignants qualifiés dans toutes les classeset des financements accrus pour les écolesdes secteurs pauvres.

Burundii

Enseignement supérieurLe gouvernement de Pierre Buyoya a lancéun débat national sur la réforme del’enseignement supérieur. Selon le journalAfrique Education, le président Buyoya estimeque si « des réformes profondes ne sont pasrapidement entreprises, l’université nationaleva droit au mur ».L’université de Bujumbura a été créée en 1960,elle compte aujourd’hui 53 000 étudiants, avecune augmentation annuelle de 11 %.

Afghanistani

ReconstructionL’UNESCO est prête à participer à la « recons-truction » de l’Afghanistan, notamment dansle domaine de l’éducation, a déclaré KoïchiroMatsuura, directeur général de l’UNESCO.

Guinéei

GrèveLes enseignants guinéens ont mené uneaction de grève du 7 au 12 janvier pourréclamer une amélioration de leurs conditionsde travail et de salaire.Le secrétaire général de la FSPE et celui duSLECG déclarent que les enseignants guinéensétaient en grève du 7 au 12 janvier 2002 et

INTERNATIONAL

L’US : Beaucoup de pays européens s’in-terrogent sur la période de scolarisationdes jeunes de 11-12 à 14-15 ans. Qu’enest-il aujourd’hui en Italie ?Lello Macro : En Italie, la période de sco-larisation de 11-12 à 13-14 ans, après l’écoleprimaire, s’appelle officiellement « scuolasecondaria di primo grado », mais tout lemonde l’appelle « scuola media ». Elle duretrois ans.Elle a été créée en 1962, par l’unificationentre une filière générale, une filière profes-sionnelle et une filière artistique: ainsi on amaintenant un collège unique et obligatoire.Les programmes d’enseignement ont étéapprouvés en 1979.Il s’agit d’un parcours unique, qui peut avoirtrois régimes horaires : normal (30 heures parsemaine) ; prolongé (36 heures par semaine) ;avec expérimentation linguistique (deuxlangues étrangères, 33 heures par semaine).L’« école moyenne » est fréquentée par1 704 425 élèves, pour 81 433 classes et avec178 788 professeurs.Le gouvernement précédent avait décidé del’unifier avec l’école primaire (5 ans) encréant « l’école de base » (7 ans dans l’en-semble, avec donc une réduction d’un an, lelycée restant sur une durée de 5 ans) quidevait commencer le 1er septembre 2001,mais le gouvernement actuel a bloqué cettereforme et il vient de présenter un projet deloi qui confirme la séparation et la duréeprécédente (5 + 3). A partir de l’année 1999 une loi a introduit leprincipe de la « rationalisation du réseau sco-laire » selon lequel les écoles, pour « gar-der » leur autonomie, doivent avoir entre 600et 900 élèves (300-600 pour les écoles demontagne et des petites îles) : beaucoup

d’écoles moyennes ont fusionné du point devue administratif avec des écoles primaires :c’est l’institution qu’on appelle « istitutocomprensivo » et qui est, aujourd’hui, lemodèle dominant. A la fin de la 3e année, il y a un examenappelé « esame di licenza media », qui donnel’accès à l’école secondaire de 2e degré :28,44 % des élèves (lycée classique 9,15 % ;lycée scientifique 19,29 %) vont vers lesenseignements généraux ; 6,88 % vers laformation des maîtres du primaire ; 38,16 %,vers les instituts techniques ; 22,67 % versles instituts professionnels ; 2,45 % vers lesinstituts d’art ; 1,40 % vers les lycées artis-tiques.

L’US. Comment UIL-Scuola apprécie-t-elle cette situation ?L.M. La UIL Scuola s’est battue contre laréforme du gouvernement précédent qui vou-lait casser l’école élémentaire et l’écolemoyenne. Mais c’était une réforme très com-plexe avec laquelle il y avait aussi des pointsde convergence.

L’US. Dans quel sens vont les nouvellesréformes prévues par le gouvernementBerlusconi ?L.M. Le gouvernement de M. Berlusconi,comme je l’ai dit et comme il avait promispendant la campagne électorale, a bloquél’ensemble de la réforme et a proposé lasienne, qui doit être délibérée par le conseildes ministres et, après, approuvée par leParlement.Dans ses grandes lignes, elle prévoit :a) l’anticipation progressive de l’entrée desélèves dans l’école de l’enfance (maternelle),actuellement uniquement du ressort du privé,

ITALIE. Après l’école de base danoise (Folkes skole) et le système ultrasélectif du système allemand, l’US s’est intéressée à l’équivalent de notre collège en Italie. A l’occasion du congrès de l’UIL-Scuola, Lello Macro, secrétaire national chargé de la communication et des questions internationales répond à nos questions.

Scuola media

34 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

RÉGIME HORAIRE NORMAL Matières Classe I Classe II Classe III Examens

Religion (facultatif) 1 1 1 –Italien 7 7 6 E.O.Histoire, éducation civique et géographie 4 4 5 E.Langue étrangère 3 3 3 E.O.Sciences, maths, chimie, physique, sciences naturelles 6 6 6 (1) O.Education technique 3 3 3 O.Education artistique 2 2 2 O.Education musicale 2 2 2 O.Education physique 2 2 2E = épreuve écrite ; O = épreuve orale ; (1) épreuve écrite pour la mathématique seule.

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et dans l’école élémentaire (de 3 à 6 mois) ;b) l’introduction systématique de l’initiationa au moins une langue étrangère et à l’infor-matique ;c) une évaluation biennale des élèves avecpossibilité de redoublement ; d) l’introduction d’une deuxième langueétrangère dans l’école secondaire de 1er degréou école moyenne ;e) l’introduction d’un parcours de formationen alternance école-travail à partir de 14 ans ;f) la réorganisation de l’école secondaire desecond degré, avec huit types de lycée àdurée quinquennale : artistique, classique,économique, linguistique, musical, scienti-fique, technologique, des sciences humaines ;l’enseignement professionnel est transféréaux régions ;g) la formation professionnelle, à durée qua-driennale, permet l’accès à l’instruction tech-nique supérieure ou, par la fréquentationd’un cours spécifique d’un an effectué avecl’université et un examen, à l’université;h) il est prévu la possibilité de passer, aprèsune vérification des acquis, du système de laformation au système de l’enseignementprofessionnel et vice versa ;i) un nouveau genre de formation universi-taire initiale pour tous les enseignants:diplôme triennal + diplôme biennal spéci-fique en sciences de l’éducation + 2 ans destage payé dans les écoles.L’US. Quelle est la position du syndicat ?L.M. La UIL Scuola conteste, avant tout, le

L’UIL-SCUOLA• 60 000 adhérents, du préprimaire ausecondaire, enseignants et ATOS. Ces per-sonnels sont des fonctionnaires d’État recru-tés par concours nationaux et régis par uneconvention collective revue tous les quatreans (tous les deux ans pour ce qui concerneles salaires).• 13 % des voix aux élections des repré-sentants syndicaux dans les conseils d’école(4e organisation après la CFIL-Scuola, leSNALS, et la CISL-Scuola).• Branche enseignante de la confédérationUIL (3e confédération après la CGIL et laCISL).

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 35

parcours de la formation professionnelle àl’issue de l’école moyenne. Avec l’anticipa-tion de l’entrée à l’école, certains élèvespourront avoir à choisir à 13 ans : c’est troptôt ! Les enseignants, mais aussi les secteursles plus ouverts du patronat demandent quesoit donnée aux jeunes une très bonne culturede base: il faut davantage d’éducation !Autre contestation : la décentralisation de laformation professionnelle : nous pensons queles instituts nationaux actuels d’enseigne-ment professionnel doivent rester à l’Etat etêtrre associés aux lycées techniques. Nous sommes perplexes devant l’anticipationde l’entrée à l’école : il faut évaluer toutes lesconséquences sur l’organisation de l’école del’enfance et de l’école élémentaire et sur lerôle des personnels. Nous continuons à proposer de rendre obli-gatoire la dernière année de l’école de l’en-fance et de la confier au système public, desauvegarder l’actuelle école primaire etl’école moyenne, avec une adéquation de sesprogrammes d’étude, de réduire la durée dusecond cycle du second degré à quatre ans.Nous pensons que la discussion au Parlementdevrait être accompagnée par une négociationavec les syndicats pour garantir les finance-ments nécessaires, la représentation des per-sonnels de l’école et de nouvelles opportuni-tés de valorisation professionnelle pour tous. Il faut discuter aussi autour des aspects spé-cifiques comme ceux qui concernent la défi-nition des programmes, les horaires d’ensei-gnement, le temps-école, car ces aspects ontd’importantes conséquences sur l’organisa-tion du travail, sur le professionnalisme dupersonnel, sur la détermination du nombre depersonnels titulaires par établissement.Pour la UIL Scuola, il y a trois principesauxquels on ne peut pas renoncer :1. Le caractère national de l’éducation.2. Les investissements pour l’école de l’Etat,école qui est fréquentée par 93 % des élèves.3. L’élection des représentants des personnelset la garantie de leurs prérogatives pourdéfendre les droits contractuels.Dans la négociation, pour nous il est impor-tant d’aborder le cœur des problèmes : quandnous serons d’accord, nous dirons « oui »,quand nous ne le serons pas, nous dirons« non », toujours en toute liberté. �

L'AMITIE FRANCO-IRLANDAISENotre Association, FRANCO-IRISH EXCHANGE PROGRAMME,œuvre pour l'amitié franco-irlandaise. Dans cet esprit, nousavons mis en place un programme d'échanges One-to-Oneentre jeunes Français et jeunes Irlandais (13/18 ans). Pourquoides échanges ? Parce que nous pensons que c'est tout sim-plement la meilleure formule linguistique (à un prix abor-dable).Notre programme d'échanges connaît un réel succès en France,mais malheureusement pas assez dans les collèges et lycéespublics. Nous, Irlandais, aimerions que chaque jeune Françaisait l'opportunité de participer à un échange.Si vous êtes professeur d'anglais, et de surcroît, "irlandophile", que vous souhaitez que vos élèves puissentprofiter de ce programme, n'hésitez pas à contacter Michael MAC BRIDE, fondateur de l'Association.

FRANCO-IRISH EXCHANGE PROGRAMME18, rue Milton - 75009 PARISTél : 01 49 95 93 00 e-mail : [email protected]

suite à cette protestation quelquessyndicalistes ont été emprisonnés àKissidougou et Gaoual sur ordre des préfets.Nos collègues ont été mis en liberté aprèsl’intervention des responsables nationaux.Cette action a permis d’entrer en négociationpour aboutir à un protocole d’accord portantnotamment sur la revalorisation des salaireset des reclassements de plusieurs collègues.

Afrique du Sudi

RéussiteLes autorités ont publié le taux de réussiteaux examens de fin d’études secondaires(MATRIC), ce taux atteint 61,7 %contre 57,9 % l’an dernier.Tout en reconnaissant les bons résultatsle SADTU (South African DemocraticTeacher’s Union) principal syndicat ensei-gnant, a noté avec satisfaction la haussede 3,8 % du taux de réussite, mais souligneles fortes inégalités entre les provinces. (AEF)

États-Unisi

Money, moneyLes élèves de 21 districts scolaires de larégion de Houston reçoivent une récompensecomprise entre 50 et 5 000 dollars (de 52,6 à5 263 euros) s’ils dénoncent des délits dansleur école, de la détention d’arme auvandalisme.Une association locale, Crime Stoppers, ainvesti 17 000 dollars dans un programmebaptisé Safe Schools (écoles sûres) dont leprincipe est celui d’une hotline qui permet auxétudiants de donner des renseignements demanière anonyme sur d’éventuels délits. Sil’information est vérifiée, les délateursreçoivent une récompense dont le montantdépend de la gravité du délit.Par ailleurs, deux écoles de l’Etat de Florideoffrent de l’argent à ceux de leurs élèves quiobtiennent de bons scores aux tests de l’Etat.De nombreuses personnes ont dénoncé une« honteuse corruption ». Les écolesdéfendent néanmoins leur programme enévoquant les exemples d’autres écoles quioffrent des fêtes, des prix et que l’argentliquide est un cadeau comme un autre.

DR

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CULTURELivres/Revues

36 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

A LIRERevue des revues

no 99, 2001, 221 p., 14,94 €. Sous le titre « La nouvelleVe République », les auteurs nousproposent une réflexion sur lesformes de mutations de laConstitution de la Ve République, de

ses institutions, de la placedu président de laRépublique, du déclin duParlement, du rôle du jugeconstitutionnel. Une façonpour les citoyensd’apprécier le contextepolitique.

Autrement est devenu au fil de sontemps qui fut le nôtre, unecollection de livres faisant revivredes mondes disparus, dans sacollection Mémoires. D’autrescollections sont venues s’ajouter au

fur et mesure despréoccupations,Mutations, Jeunesse...et plus récemmentLittérature. Dans lacollection Mémoires,un livre de CarmenBernand paru l’andernier (enseptembre 2001,n° 73) a quelque

rapport, paradoxalement, avecl’actualité la plus brûlante, BuenosAires 1880-1936. Un mythe desconfins pour comprendre la place decette métropole, pour avoir unéclairage sur l’Argentine.

no 84, 2001, 161 p., 17 €. En partenariat avec Espaces Marx, larevue propose un numéro spécialSexualité et dominations. On sait

que l’histoire des femmesest difficile à écrire parcequ’elles sont les grandesmuettes et représentent lepoint aveugle de l’ensemblede l’histoire de nossociétés. De ce point devue, les visions proposées

permettent de réfléchir à la pratiquehistorique et aux formes de lamémoire collective.

CAHIERS D’HISTOIRE

AUTREMENTD’une revue à des livres,les 25 ans d’Autrement

POUVOIRS

Un philosophe, Henri Pena-Ruiz, a rencontré un histo-rien, Jean-Paul Scot, pour

offrir un portrait original de Vic-tor Hugo. Ils mettent l’accent surses interventions politiques et, dece fait, l’image du poète se trans-forme. Tous les élèves connaissentses diatribes contre « Napoléon lePetit », mais ils ignorent ses enga-gements en faveur de l’abolitionde l’esclavage. Les extraits deses lettres, de ses écrits mon-trent à la fois une volonté detendre vers l’égalité sociale etune prégnance des idées reçuesde son temps.Cette approche, écrite avant ladécision de Jack Lang de faire de

2002 l’année Victor Hugo, pourutile qu’elle soit, est par trop

dithyrambique et acritique.Elle sera utilement complé-tée par l’édition, sous la res-ponsabilité d’Hubert Joint, desChoses vues. Là encore, c’estun Victor Hugo inhabituel quise manifeste. Une causticité,un humour, une ironie mani-feste dans la manière de cro-quer le monde et son monde.Un grand moment de littérature.Cette édition a, de plus, le méritede redonner le parcours de l’écri-vain de 1802 à 1847. �

Nicolas BeniesUn poète en politique, les combats deVictor Hugo, Henri Pena-Ruiz, Jean-Paul Scot, Flammarion, 449 pages.Choses vues, Victor Hugo, GallimardQuarto.

UN BICENTENAIRE OFFICIEL ET FÊTÉ

Victor Hugo, témoin de son siècle

Peut-on réaliser un travailsociologique sur l’Holo-causte ? Sur sa place dans la

mémoire collective qui, selonMaurice Halbwachs, se construitet ne peut-être qu’anhistoriqueou antihistorique. Appliqué auxEtats-Unis et à l’histoire du thèmede l’Holocauste, Peter Novick,sociologue américain, dévoile ladéstructuration sociale, la crisesociale vécue par les Etats-Unis.Une fois encore, ils pourraientbien – si l’on en croit les évolu-tions actuelles – raconter notreavenir. Le « communautarisme »sévit. Chaque « micro-identité »essaie de se trouver des réfé-rences, une histoire, des souve-nirs – ici sous forme de mémoirefantasmée – pour justifier sa dif-férence et son opposition auxautres micro-identités. La reli-gion joue un rôle clé, de même

que l’histoire recomposée pourles besoins de cette mauvaisecause. Pourquoi cette vogue del’Holocauste ? A quoi correspond-elle ? Juste après la fin de laSeconde Guerre mondiale, cegénocide des Juifs est contesté.A partir du moment où simulta-nément, les Juifs seront intégrésdans la société américaine et où le« communautarisme » triomphe,l’Holocauste s’imposera à la foispour faire exister la communautéjuive et comme ciment idéologiquede toute la société. C’est un holo-causte hollywoodien qui a peu derapports avec la réalité. Une thèseintelligente qui permet de com-prendre ce monde-là qui pourraitnous submerger. � N. B.

Peter Novick, L’Holocauste dans la vieaméricaine, traduit par Pierre-Emma-nuel Dauzat, Gallimard, 434 pages,25,95 €.

Holocauste et communautarisme : sociologie de la mémoire collective

NOTRE SÉLECTION� MAIS QUE FAIT LE PEUPLE ?Il n’y a pas si longtemps un certainMontesquieu, ou un certainRousseau nous apprenaient ladémocratie et la souverainetépopulaire… Sans doute, aujourd’hui,de retour parmi nous, liraient-ilsavec effroi leconstat deLaurent Joffrin :le peuple a perdule pouvoir, lepouvoir a perdule peuple. Depuisl’omniprésencede l’argentjusqu’à la dictature des« gestionnaires », le tableau d’ungouvernement invisible, inaccessibleau contrôle démocratique. Tableauévident et effrayant. Vouloir ladémocratie, et non seulement sesapparences et ses rituels, est uncombat difficile. Comme disaitRousseau : « Le repos et la libertéme paraissent incompatibles ; il fautopter »... Ce pamphlet a tous lescaractères d’un réveil brutal etsalutaire.

Alexis ChabotLe gouvernement invisible, LaurentJoffrin, Arléa, 191 pages.

� MAIS QUE FONT LES ADOLESCENTS ?Il y a très peu de recherches sur laculture adolescente, encore moinsde livres accessibles sur ce sujet. Celivre sera donc d’un apport précieux.Loin des stéréotypes et desassimilations hâtives (culture

adolescente = culture commerciale =culture de banlieue = culturepopulaire), loin de la complaisancedémagogique, P. Bruno, sociologue,fait le point : quelles définitions del’adolescence ? Quelles sont lescomposantes d’une éventuelleculture adolescente ? Quels rapportsavec la marchandisation ? Commentfonctionnent les rapports entregroupes sociaux dominés etdominants, et en particuliercomment se construisent les

marques de distinction à l’intérieurde cette culture adolescente ? Ilinsiste sur les conséquences de laprolongation de la scolarisation surl’augmentation des compétences desadolescents, en particulier à traversla complexification des productionsculturelles ou commerciales (l’écolesert quand même à quelque chose !)et l’analyse des contenus.

Dominique ComelliExiste-t-il une culture adolescente ?P. Bruno, éditions In Press.

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Immédiatement, c’est lenom de Georges Perec etde son « Je me souviens »

qui vient à l’esprit. L’ins-cription en tête de l’ouvrage aéchappé à notre souvenir. Pourtant, figurait une référence le « I Remem-ber » de Joe Brainard, par ailleurs peintre et amoureux de New York.Perec nous invitait à jouer avec le temps, Brainard nous invite à nousdécouvrir semblable par le biais de sa propre biographie. Il se raconteen nous racontant. Il ouvre des paysages communs qui se vivent au sin-gulier. Dans ces paragraphes, il se perd, se retrouve, se retire, sedécouvre et nous fait partager une sorte d’euphorie, un peu comme lapeinture ou la musique – le jazz bien sur ! Marie Chaix, la traductrice,se risque à une présentation de l’auteur. C’est à la fois utile et inutile.Ces textes – qu’elle a magnifiquement traduits – se suffisent à eux-mêmes. Ils donnent envie de découvrir le peintre. � N.B.I Remember (Je me souviens), Joe Brainard, Actes Sud/Babel, 232 pages.

NOTRE SÉLECTION

� COMMENT VA L’ÉCONOMIE ?Deux « Repères » permettent lediagnostic de l’économie mondialeet de l’économie française en 2001.Les prémices de larécession sontsensibles, de mêmeles conséquences despolitiquesd’inspiration libérale.Analyse de laconjoncture etdossiers permettent au citoyen decomprendre les évolutions dumonde.L’économie mondiale 2002, CEPII ;L’économie française 2002, OFCE, La découverte, 124 pages.

� UN PAMPHLET ANTILIBÉRALISATION NÉCESSAIRECe livre est une charge contre lamondialisation libérale s’effectuantpour le plus grand profit des firmestransnationales qui mettent les paysdu tiers monde – l’Inde en premier –en coupe réglée. En brevetant levivant, les méthodes de productionquelquefois ancestrales, enimposant les OGM à des populationsqui n’en peuvent mais... Bref « ledroit de produire pour soi-même etde consommer en fonction de sestraditions est déclaré illégal ». Al’aide de nombreux exemples,l’auteur montre l’aberration d’unlibre échange chargé de réaliser lebonheur mondial. Elle mêle fortjudicieusement lutte écologique,lutte pour la santé, pour lasauvegarde des cultures et combatpour la démocratie alors que lesdirigeants des grandes firmes –aidés par « W » – préféreraient unrégime autoritaire pour imposer leurloi aux populations. A conseiller àtous ceux qui font une confianceaveugle au « progrès »... N. B.Vandana Shiva, Le terrorismealimentaire. Comment lesmultinationales affament le tiers monde,Fayard, 197 pages.

� LA CORSE ET LA FRANCEJ.-M. Colombani plaide pour que leprojet de loi sur la Corse –aujourd’hui invalidé par le Conseil

constitutionnel – serve delaboratoire pour larestructuration del’ensemble du territoirefrançais. Il permet ainsi decomprendre le sens des loisd’aménagement duterritoire et de la réformede l’Etat. Une sorte de

langage vérité !Les infortunes de la République, avecune préface inédite de Jean-MarieColombani, Folio.

� HOMMAGE À BOURDIEUBourdieu nous a quittés à 71 ans. Illaisse des concepts qui continuent àexercer une influence particulièrementforte dans le domaine de la sociologiede l’art. Nathalie Heinich lui rendhommage dans ce petit livre en mettanten application les notions d’autonomiedu champ et de capital culturel.La sociologie de l’art, Repères, La Découverte, 124 pages.

� ENCORE SUR LA DÉMOCRATIEPorto Alegre est devenu une ville-monde par l’intermédiaire de la tenuedu Forum social mondial. Cette année,les Français sont bien représentés. Ilfallait un livre qui retrace l’expériencedémocratiqueoriginale de la ville etde l’Etat, le budgetparticipatif. Lesauteurs insistent surles défis quereprésente cetteparticipation. Ilspermettent de situer cette démarche etde s’interroger sur nos capacités àpouvoir la poursuivre.Porto Alegre, l’espoir d’une autredémocratie, Marion Gret et Yves Sintomer,La Découverte, 135 pages.

� QUELLE CULTURE RÉGIONALE ?Comment donner aux élèves de notresystème éducatif les connaissances quileur permettront de mieux se situerdans le milieu dans lequel ils vivent, etde mieux s’investir dans ce qui fait leur

vie, au quotidien ? Il n’est passeulement question de connaissancesérudites sur un patrimoine figé ouseulement de grammaire, mais d’unespace vécu qui doit devenir un espaceconnu et un espace pensé et maîtrisé.Non pas pour qu’il devienne une prisonrefermée sur une « identité » fixéeune fois pour toutes, mais uneouverture sur le monde. La « région »est multiforme et ouverte, à tous lesniveaux démontrent les contributionsdes géographes. Enseigner la Région, Pierre Boutan,Philippe Martel, Georges Roques,L’Harmattan.

PolarL’Afrique du Sud aussiDeon Meyer est afrikaaner et écrivain.Il vient de publier son premier romanpolicier. C’est sans doute révélateur del’état actuel de l’Afrique du Sud. Sespoliciers n’ont rien à envier à leurshomologues américains. Racisme,partage des communautés, règne del’argent... En plus, le contexte politiqueet social est utilisé. Les meurtres sonteffectués à l’aide d’un Mauser sorti,semble-t-il, de laguerrilla marxisted’Angola. En fait,c’est un vrai polar, unpeu trop traditionnel.Jusqu’au dernier,Seuil Policiers.

NOS COLLÈGUESPUBLIENT

� UNE NOUVELLELECTURE DE GIONOChristine Rannaud trans-forme notre lecture desromans de Giono pour enfaire un philosophe créateurde mythes influencé par Spinoza etMontaigne. Elle nous force – c’esten même temps un plaisir – à lerelire et à le redécouvrir. Enparticulier, ce livre essentiel : LeHussard sur le toit.Giono philosophe, Christine Rannaud,Septentrion, 159 p.

� LA GUADELOUPE À PARISRodolphe Enoff nous faitdécouvrir les parle-mentaires élus à laGuadeloupe participant àla Convention, ceux de ladeuxième République élusen même temps quel’abolition de l’esclavage (en 1848)et les députés et sénateurs de laTroisième République. Un regardoblique porté sur l’histoire deFrance.Les premiers parlementaires de laGuadeloupe 1789-1889, Rodolphe Enoff,commande 4, rue Renoir, 31120 Portet-surGaronne.

� VISITE GUIDÉE DE MAYOTTEQuelques un de noscollègues ont eu la chancecomme Janine Fourrier,d’être mutés à Mayotte.Dans cette chroniquemahoraise, elle se propose– avec son époux, respon-sable de la santé animale auxservices vétérinaires – de présenterl’essentiel de ce monde comarienmusulman et polygame, sous laforme d’un roman. Un travailpédagogique intéressant.Un M’zoungou à Mamoudzou, chroniquemahoraise, Janine et Jean-ClaudeFourrier, L’Harmattan, 237 p.

UN LIVRE CULTE

Jouons le jeu du souvenir !

FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 37

CULTURES D’AFRIQUEET D’EUROPE

Fatou Diome nousraconte les histoires deson pays et des histoiresqui sont aussi les nôtresissues de ses rencontresavec la France, lesFrançais, le racisme quo-tidien. Ces nouvelles ne sont ninostalgiques, ni pessimistes. Ellesrespirent le blues avec toutes sesdimensions de rire, de révolte, decompréhension des autres et derefus de ce monde qui pratique tropfacilement l’exclusion.La Préférence nationale, Fatou Diome,Présence Africaine.

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38 - US MAGAZINE - N° 562 - FÉVRIER 2002

CULTURECinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

CINÉMATrilogie classique ?Le mari, la femme et l’amant. Le mari est unhuissier de justice intègre mais il est poursuivi parun tigre à lunettes. La femme est une bourgeoisedésœuvrée mais c’est une fréné-tique acheteuse. L’amant échappeà l’image attendue du personnageet c’est un accro du télé-achat. Ilsuffit d’un léger décalage dans lerouage du trio classique pour quel’on ait très vite une comédiesavoureuse et originale. Le jeu descomédiens est en parfaite harmo-nie avec la dérive des situations.Marie Trintignant et Albert Dupon-tel ont un jeu ciselé. C’est élégant,fluide et efficace. Un régal !Petites misères, de P. Boon etL. Brandenbourger.

Cinéma et enseignementUn excellent documentaire pourtous ceux que l’enseignement ducinéma à l’école intéresse. Un instituteur pas-sionné de cinéma initie pendant une année sco-laire les vingt-cinq élèves de sa classe de CM1aux secrets du septième art. Les enfants voient

Corée du Sud, avant la démocratie

On peut jeter la pellicule, le passé ne dis-paraît pas avec les photos. Dès le débutde Peppermint candy, son issue est don-

née et pourtant le récit des vingt ans qui ontprécédé le jour de 1999 où Yongho ( SolKyung-Gu, un acteur prodigieux) fait faceau temps, est un suspense. Il y a un truc, unemétaphore, un train, des travellings sur les railset, à côté de la voie ferrée, des véhicules quiroulent à reculons. Procédé voyant, qui nedésamorce pas l’émotion, fulgurante jusqu’aubout. À partir d’un pique-nique en 1999, le

film revient en arrière, s’arrête aux dates clésde la vie de Yongho, une remontée du tempsqui n’est pas un travail de deuil.Avec son titre sucré, Peppermint candy, est untraité du gâchis humain, de la responsabilitéd’un régime militaire dans la fabrication dessalauds. De la responsabilité aussi de Yonghodevenu tortionnaire, mari trompé, capitalisteruiné et clochardisé par la crise économiquede 1998 en Asie.En 1979, à la sortie du lycée, il voulait êtrephotographe et Sunim, son premier amour,

emballait des bonbons mentholés à l’usine. Unan après, faisant son service militaire, il a dûtirer sur des manifestants, une lycéenne estmorte. Yongho a été blessé au pied. Désor-mais, à chaque étape de son existence, il serarattrapé par une vieille douleur fondatrice desa haine de lui-même.En Corée, Peppermint candy a eu un succèsconsidérable et populaire. Son auteur, LeeChang-Dong, s’est mis à écrire après la tueriede 1980 (deux mille morts à Kwangju) quimarque la prise du pouvoir par Chun DooHwan. « Je n’avais jamais pensé qu’un telmassacre était possible » dit le cinéaste quiajoute que, durant les années de répression(après Chun et après les Jeux olympiques deSéoul en 1988, la dictature a continué), beau-coup de Coréens se sont trahis eux-mêmes.Trahison qui habite son héros : en 1984 (il apassé trois ans à l’armée puis s’est « adapté »au métier de flic), il a refusé l’appareil photoque lui offrait Sunim. Sans l’aimer, il a épouséune barmaid catholique, a quitté la policepour l’entreprise. Ruiné par son associé, il atenté de le tuer. Plus tard, l’ultime geste deSunim qui lui fait porter l’appareil qu’elleavait gardé pour lui, est le signe décisif : il estcoupable d’avoir servi l’indignité du temps.Alors Yongho choisit de revenir au moment leplus pur de sa vie. Mais l’histoire ignore l’in-nocence, le train ne s’arrête pas.Peppermint candy de Lee Chang-Dong. Sor-tie le 20 février 2002. �

Françoise Jeancolas

MUSIQUELe jazz commeMusique de nuitDepuis 15 ans, Musiquede nuit diffuse le jazzet les musiques dumonde en Gironde etplus spéficiquement àBordeaux. Cette année,les animateurs ontdécidé d’inviter un labelindépendant – sousentendu des grandescompagnies – Winter & Winter, allemandd’origine. Il a fait profession de publier desmusiciens oubliés ou totalement sous-esti-més. C’est devenu un grand catalogue et lesconcerts risquent à la fois de déconcerter etd’intéresser. La passion de la musique seravraisemblablement partagée. D’autant quece festival, si tant est que le terme convienne,s’étale sur l’ensemble de l’année. Les concertsont commencé le 18 janvier et se termineronten décembre. Des conférences sont aussiorganisées pour faire connaître et apprécierl’ensemble des musiques.Rens. www.musiques-de-nuit.com, tél. 05 56 28 57 14

des films en salle, rencontrent des réalisateurs,cherchent un sujet, construisent, écrivent unscénario et réalisent un court métrage. Et quandça patine, la détermination du maître est là pourrelancer la machine. Julie Gavras a suivi tout letravail. Sa caméra discrète, saisit un regard, un

élan, la lassitude, l’enthousiasme,les instants de concentration,d’évasion. Rien de spectaculaire etmême si c’est répétitif, ce n’estjamais ennuyeux.Le corsaire, le magicien, le voleur etles enfants, de J. Gavras.

Ciné Junior 9412e édition du Festival cinémaJeune Public en Val-de-Marne du30 janvier au 12 février 2002. Lesenfants de trois à quinze ans etleurs parents sont attendus dansles cinémas et centres culturels dedix-huit villes du Val-de-Marne.Au programme : une compétitionprésentant des films venus de tousles continents, un hommage au

cinéma russe, des adaptations de Roald Dahl, etun passage par le cinéma Le Luxy d’Ivry-sur-Seine pour en fêter la réouverture. Rens. 01 45 46 23 44, www.cinejunior94.com

Comme tous les ans, découvertedes films d’Asie avec, cette année,un hommage à Satyyajit Ray et unpanorama du cinéma vietnamien.

Tél. 03 84 76 55 82Mél. [email protected]

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FÉVRIER 2002 - N° 562 - US MAGAZINE - 39

ExpositionPhotographies de Jellel Gastelli, « Sérieblanche », à L’institut du Monde Arabe (1,rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005Paris, www.imarabe.org) jusqu’au17 février. Entrée libre.

Désir de théâtreQu’est-ce qui motive le désir de faire du théâtre ? Dequoi est-il le signe ? Quelle est sa légitimité ?Questions auxquelles répondent des articles de fondde L. Boucris, J.-M. Vivès, J. Caune, M. Laporte,M. Klein. Ils interrogent les fondements de ce désiren allant du besoin au désir, de l’imaginaire ausymbolique, du jeu comme réparation de soi ouépreuve fondatrice. Comme la partie « Des lieux etdes pratiques » analyse des pratiques théâtrales endes lieux aussi différents que La Comédie française(entretien avec J.-P. Miquel), l’Ecole normale supé-rieure, les « loulous » d’Armand Gatti, l’école de larue. Enfin certains acteurs, connus comme P. Avronou débutants, amateurs ou professionnels, décriventleur parcours personnel ou en tant qu’enseignant dethéâtre.

Désir de jouer, recueil d’articles coordonné par LucBoucris. Avec le soutien du Centre d’étude du théâtre dusiècle de l’université Paul-Valéry, Montpellier. 192 pages,juillet 2000, 11,43 €. Commande avec chèquecorrespondant à ADAPT Editions, 237, bd Saint-Germain,75007 Paris, tél. 01 40 63 27 38, fax : 01 40 63 29 09 ouwww.adapt.snes.edu.

Quand Paris était terre africaineFrank Tenaille, grand spécialiste devant l’Eternel,des musiques africaines, trace leportrait du photographe dans lesnotes liminaires. « Grand Bill »vient du Cameroun et a rejoint laFrance en 1972, au moment oùParis est capitale des musiquesdu monde, en particulier desmusiques africaines.Musafrica, portraits de la musiqueafricaine, photographies de Bill Akwa Bétotè, textes deFrank Tenaille, Editions du Layeur, 96 pages.

Un cinéma différent L’ancien « République » bien connu des cinéphiles achangé d’équipe et s’appelle maintenant « Ciné-alternative ». Films récents (précédés d’un courtmétrage) et séances pour jeune public, trois séancesde courts métrages par semaine, une première étapedans le choix que s’est fixé la nouvelle équipe.Projections de courts métrages dans les mêmescondition que les longs. Les programmes serontvariés, ludiques, thématiques pour trouver un vraipublic. Une billetterie CNC permettra un retourfinancier vers les réalisateurs et les producteurs.« Cinéalternative » poursuivra son travail avec lesscolaires. La salle travaillait surtout avec les écolesélémentaires. Elle souhaite élargir aux collégiens etlycéens et, de surcroît, elle participe maintenant àRéduc’snes.

Cinéalternative, 18, rue du Faubourg-du-Temple, Paris.

Cinéma et InternetLes rencontres cinématographiques d’Alsace et lecinéma d’art et d’essai d’Odyssée en lien avecAdvent, ont décidé de créer un site Internetconsacré au film Princes et princesses de MichelOcelot, destiné aux élèves du CM1 à la Cinquième :www.tonodyssee.com

Plus de soixante dix théâtres et lieux culturels endiverses régions participent à REDUC’SNES depuisplusieurs années en offrant un tarif préférentiel surprésentation de la carte SNES après réservation. Labase est maintenant accessible en ligne sur le siteInternet du (www.snes.edu) dont les pages culturecontiennent aussi des informations complémentairesà la sélection ici proposée. Chansons et musiques :• Mot compte triple avec Gracien, Sally, Wrez etdeux pianistes, chaque lundi et mardi jusqu’au 26février au Théo-Théâtre (75015, M° Convention 01 4554 00 16 Réduc’snes = 11 €). En permanence diversautres spectacles de jeunes compagnies théâtrales,comme Marie passionata d’après le journal intime deMarie Bashkirtseff, jusqu’au 24/2, ou Parler pour nerien dire par la Cie « A quoi je sers ? » jusqu’au 16/2.• J’attends un soleil, Bernadette Rollin chante HenriGougaud, jusqu’au 25 mars, au Théâtre Les Cinq Dia-mants (75013, M° Corvisart 01 45 80 51 31 Réduc’snes= 8 €). Simultanément, chaque dimanche jusqu’à finfévrier, une revue des grands airs de l’opéra tradi-tionnel dans une mise en scène de Luc Dessois del’Opéra de Paris, et les Fausses confidences de Mari-vaux, mise en scène par la directrice du Théâtre,Catherine Brieux, Jeu de l’amour et du calcul, jus-qu’au 16 mars, ainsi qu’une adaptation de Robinson Cru-soé proposée par Marc Debono. Créations théâtrales :• Catégorie 3:1 de Lars Noren, jusqu’au 24/2 auThéâtre des Amandiers de Nanterre (92 – RER A Nan-

terre-Préfecture puis navette; 01 46 14 70 70,Réduc’snes = 13€ au lieu de 25, spectacle de 7 h 30entractes compris avec possibilité de restauration).Tableau clinique de l’envers du libéralisme dont le ver-nis social n’en finit pas de se craqueler, mis en scènepar Jean-Louis Martinelli, récemment arrivé à ladirection du Théâtre des Amandiers. « Un théâtrequi se fermerait au mouvement du monde contem-porain, dit-il, serait condamné, mais pour autant lesmots du poète n’ont pas à courir derrière l’actualitéet la poésie n’est pas à confondre avec l’informa-tion ». Jacques Rebotier crée Une poésie courbe, (du12 au 17/2).• Seule avec lui par et de la Compagnie Histoired’amour, d’après « Dans ces bras-là » de Camille Lau-rens (Ed. P.O.L., prix Fémina 2000), créée en décembreau Théâtre du Chaudron-Cartoucherie, reprise auThéâtre Firmin Gémier le 12 mars (Antony – 92 –Réduc’snes = 12,5 € ; 01 46 66 02 74). Odile Roire estseule en scène. Une présence, une mise en espace nelaissant pas un moment de répit. De l’humour et del’émotion. Un sujet qui nous interpelle sur nos itiné-raires amoureux et sur notre vie. Par la force de sonjeu, « Elle » impose et suspend toutes ces questionsconscientes ou inconscientes sur le pourquoi toi,pourquoi moi, vous, l’autre, l’amour, le « désamour »,la passion, la fusion, l’oubli... et nous laisse pantois,sans réponse, parce que tout simplement il n’y a pasde réponse.

SORTEZ ! avec les réductions du

Pionnier des théâtres de décentralisation,hors les murs de Paris, dans les débuts duthéâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis,

José Valverde créa un spectacle particulièrementnovateur Libérez Angela Davis tout de suite, aumoment même où l’emprisonnement injusted’Angela Davis occupait l’actualité. Aujour-d’hui, il renoue avec la même audace, à l’oc-casion de la 180e création du très original théâtrede l’Essaïon (*), qu’il dirige depuis des annéesen menant un combat permanent pour faireentendre et monter des spectacles d’auteursvivants d’expression française.« Quel président de tribunal peut se permettred’appeler, à la barre des témoins, le présidentde la République, le Premier ministre, 56 % desFrançais, des ministres décédés et deux millionsde soldats du contingent en Algérie ? » Lethéâtre peut le faire et cette pièce se le permeten n’utilisant que les déclarations officiellesdes uns et des autres. La gravité du sujet abordéne lui fait pas oublier que « le théâtre sert à sedivertir, c’est-à-dire à se détourner des préoc-cupations quotidiennes, le mal de tête, la famille,les traites pour le logement, le travail... pouraller gratter le nombril des questions sansréponse. C’est un exercice de liberté qui sert à

dérouiller les neurones coincés. » Une œuvrethéâtrale mise en route avant même le procès encorrectionnelle. Elle ne peut nous laisser indif-férents. Une nouvelle occasion de soutenir lesefforts méritoires de l’équipe de ce théâtre pourfaire connaître le travail des auteurs vivants. Nepas manquer aussi de découvrir ce lieu étonnantoù une scénographie pas ordinaire a été spé-cialement inventée pour ce procès théâtral nonmoins ordinaire... �

Philippe Laville

(*) 6, rue Pierre-au-Lard, 75004 Paris (M° Hôtel-de-Ville), réservations : 01 42 78 46 42 (Réduc’snes 20 €

au lieu de 25), jusqu’au 30 mars. La plus petitesalle accueille Le testament d’un rémouleur, de et parMarcos Malavia, jusqu’au 23/2, puis C’est un fait,l’indien crache trop, de Jacques-Henri Pons, textehumoristique mis en scène par Sylvain Thirolle.

Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas Benies, Francis Dubois,Françoise Jeancolas, Philippe Laville, Jacqueline Nacache.

TEMOIGNAGE

Théâtre et mémoire

Page 39: Rédacteur en chef (hebdomadaire) - SNES

L’utilisation d’un ordinateursuppose avant tout l’instal-lation d’un programme

appelé système d’exploitation, leS.E. ou Operating System. Onpeut citer Windows, le plus utilisé(mais aussi le plus instable et leplus sensible aux virus), pour lesPC ; MacOS pour les Macintosh ;et Linux, le petit poucet quimonte, héritier d’Unix, connupour ses grandes qualités de sta-bilité (un PC sous Linux peutfonctionner plusieurs mois sansavoir besoin d’être redémarré,c’est dire !) et de sécurité (lesdonnées des utilisateurs sont sépa-rées et protégées, ce qui expliqueen partie sa faible vulnérabilitéaux virus) pour les PC et pourMacintosh. Le S.E. est le pro-gramme de base qui gère le maté-riel (processeur, mémoire, impri-mante...).Ensuite, seulement, l’utilisateurpeut faire fonctionner d’autresprogrammes appelés « applica-tions »: traitements de texte(Word, StarOffice, WordPerfect,Abiword...), traitements d’image(Photoshop, Gimp...), tableurs,navigateurs (pour l’Internet), jeux,logiciels éducatifs...

De quelle liberté s’agit-il ?Tous ces logiciels sont soumisau respect des droits d’auteur et àune licence d’exploitation.Celles-ci sont de plusieurs sortes :• La licence de type « proprié-taire » et payante.C’est la plus restrictive : l’auteur(ou la société d’édition) vend ledroit d’utiliser le programme surun ou plusieurs ordinateurs.Toute copie autre que de sauve-garde est interdite sous peine desanctions pénales et civiles cequi fait de beaucoup d’utilisa-teurs des délinquants. Attention,notre statut de fonctionnaire nenous protège évidemment pascontre d’éventuelles poursuites,même si la copie est faite pour etdans le cadre de notre travail. Lecode source, c’est-à-dire la « for-mule » qui a permis de fabriquerle logiciel n’est pas fourni. Seulest fourni le programme sousforme binaire, directement utili-

CULTUREMultimédia

sable par l’ordinateur maisincompréhensible par l’utilisa-teur, même très averti. Il est ainsiimpossible de vérifier si un logi-ciel a des fonctionnalités cachées.Il est d’ailleurs interdit de modi-fier le programme, même à titrestrictement personnel, mêmepour corriger un bogue ! Exem-ples typiques : les logicielsMicrosoft.• A l’opposé, les logiciels... libres(les LL) et gratuits. C’est la formule la plus libre.L’auteur autorise (et souvent en-courage) expressément la copie, lamodification, l’amélioration duprogramme (et la divulgation deson code source). Seul impératif,le nouveau programme ainsi créédoit être soumis à la mêmelicence, pour éviter qu’une sociétés’approprie un logiciel libre aprèsl’avoir modifié.• Entre les deux, les logiciels ditsen « Open Source ».Le programme est modifiablepour un usage personnel et lecode source est fourni (parexemple la suite bureautiqueStarOffice).Dans tous les cas, il est bon de lirela licence fournie avec le logiciel,car il peut y avoir des variantes. Il faut aussi faire une distinctionentre libre et gratuit.Ces deux termes se traduisent par« free » en anglais mais certainsprogrammes sont gratuits et nonlibres (Internet Explorer deMicrosoft, Netscape...) : vousn’avez pas le droit de les modifier(c’est d’ailleurs impossible sans lecode source).

Code source et « libertés »Des conséquences assez impor-tantes découlent de l’accès ou

non au code source. Dans le casd’un LL, n’importe qui (de com-pétent) peut corriger un bogue.Dans le cas de logiciels proprié-taires, il faut attendre que l’édi-teur (lui seul peut le faire) pro-pose un correctif. Encore faut-ilqu’il le veuille (le produit peut neplus être développé) ou que lasociété n’ait pas disparu.Un autre aspect intéresse chacun,utilisateur ou non d’un ordina-teur. N’oublions pas que l’infor-matique c’est « le traitementautomatisé de l’information ».En utilisant un programme pourconsulter un site Web, votre ordi-nateur pourrait, à votre insu,livrer au serveur consulté des

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Par manque de place, de nombreux LL n’ont pas été listés, mais vouspourrez les retrouver très facilement grâce aux liens situés plus bas. Leslogiciels indiqués ici sont adaptés à Windows mais il en existe bien plussous Linux, lequel peut être installé sans problème sur un PC côte à côteavec Windows.Bureautique• StarOffice 5.2 de la société Sun. Suite très complète avec traitementde texte (lit les fichiers Word), tableur, présentation et diapositives (dustyle PowerPoint), création d’images (vectorielles et bitmap, donc desdeux types incontournables), navigateur Web... Défaut : lancement un peulong, toutes les fonctions étant activées au démarrage. La version 6.0,qui doit sortir au printemps, ne devrait pas avoir cet inconvénientpuisque ces fonctions seront lancées par module au fur et à mesure desbesoins. Site francophone non officiel, très clair : http://www.starof-fice.online.fr/ Site de téléchargemement : http://www.sun.com/products/staroffice/5.2/get.htmlManipulation d’image• Le Gimp est un outil très puissant. Documentation à partir dehttp://raymond.ostertag.free.fr/html/news.php3 ou sur http://www.aljacom.com/~gimp/ Téléchargement sur http://www.gimp.org/~tml/gimp/win32//downloads.html

Mathématiques• Lilimath et Lilimini. Ensemble d’exercices du primaire au lycée. http://lilimath.free.fr/• Déclic. Petit programme (356 ko) pour Windows 3.1 à 9x avec denombreuses fonctions de tracé géométrique (par exemple un triangle etses bissectrices) http://home.nordnet.fr/~eostenne/declic.htmGéographie• Connais-tu l’Europe ? : http://users.skynet.be/bd/europe/Sciences• Open Universe. Logiciel de simulation 3D en temps réel du systèmesolaire. http://charger.tuxfamily.org/index.php3 • Anatomie : http://users.skynet.be/bd/europe/Quelques sites de logiciels éducatifs libres/gratuits• http://charger.tuxfamily.org - http://lilimath.free.fr/ - http://admi.net/graticiels/index.html • http://www.arfe-cursus.com/Licence GPL• Traduction (non officielle) avec renvoi sur le texte original en anglais :http://www.april.org/gnu/gpl_french.html

PETITE SÉLECTIONDE LOGICIELS GRATUITS/LIBRES POUR WINDOWS

QUAND INTERNET RIME AVEC LIBERTÉ ET GRATUITÉ. On peut trouver des logiciels gratuits ou alternatifs à ceux de Microsoft pour éviter les circuits balisés par les transnationales. Ci-après, un petit aperçu de l’existant, a commencer par Linux…

Libres... les « logiciels alternatifs »

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Actuellement, le développe-ment des LL est très impor-tant et concurrence très for-

tement les logiciels propriétaires.Cependant, l’existence des LLn’est pas du goût de tout le monde,principalement des grandes mul-tinationales qui y voient une pertede pouvoir et de revenus. Un trèsfort lobbying est fait auprès desadministrations européennes etnationales pour rendre possible lebrevet logiciel en Europe. Celui-ciexiste aux USA et au Japon avecdes conséquences extrêmementnéfastes. En effet, les logiciels sont, c’estnormal, protégés par le droit d’au-teur pour empêcher que quelqu’uns’approprie indûment le travaild’un autre. Le brevet, lui, ne pro-tège pas les logiciels eux-mêmes,

mais permet de s’approprier lesconcepts sous-jacents. Par com-paraison, les œuvres littéraires sontprotégées de la copie illicite et duplagiat ; mais l’écriture des romansde cape et d’épée est libre et iln’est pas besoin de demanderl’autorisation aux héritiersd’Alexandre Dumas pour en écrireun ; de même, Picasso n’a pas bre-veté le cubisme et les formulesmathématiques ne le sont pas plus. L’adoption du brevet logiciel surle vieux continent serait un véri-

table « Tchernobyl informa-tique » en bloquant l’innovationet la création libre au profit degrosses sociétés disposant d’im-portants moyens financiers pourse payer dépôts de brevets etcabinets d’avocats, pour assurerleur domination. Les récentesaffaires de brevets sur les médi-caments dans des pays du tiersmonde (cf. Afrique du Sud et lesida), le brevetage de séquencesd’ADN (matériel génétique) par-ticipent du même mouvement. �

Articles réalisés par Claude Micouin, rubrique suivie par Alain Prevotpour Adapt-SNES, 237, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, 01 40 63 27 70, [email protected]

Cet article est soumis à la licence libre GPL, c'est à dire que sa reproduction exacte et sa distribution intégrale sont permises sur n'importequel support, à autant d'exemplaires que vous le désirez, pourvu que cette notice et les mentions de copyright soient préservées.

POUR EN SAVOIR PLUS• Des infos sur les brevets logiciels : http://www.abul.org/brevets/articlesou http://europa.eu.int/comm/internal_market/en/indprop/appendix50.pdfet .../appendix44.pdf• Un livre, Le hold-up planétaire ou la face cachée de Microsoft, de RobertoDi Cosmo, chez Calmann-Lévy.

Brevet, logiciel : quels enjeux ?

Comme la plupart des LL sontgratuits, ils sont hors com-merce et ne font pas l’objet

de promotion. L’auteur, bénévole,ne peut investir dans la publicité.De ce fait, ils sont peu ou pasconnus, à l’inverse de ceux pro-duits par les gros éditeurs quevous trouvez en magasin ou pré-installés sur votre PC. Donc, il

faut aller à leur recherche sur leNet (c’est la source d’approvi-sionnement la plus directe, maispour des programmes dépassantles 10 Mo, le temps de téléchar-gement avec un modem est assezimportant), dans les centres aca-démiques de ressources informa-tiques, les CDDP ou dans cer-tains magazines comme Freelogou Login.On peut parfois avoir intérêt àpayer car acheter à prix symbo-lique un cédérom avec StarOffice(ou une revue) économise uneconnexion longue et permet réins-tallation rapide. De toute façon,on peut en faire profiter proches etcollègues, la copie étant autorisée.Une simple recherche sur le Netavec les mots « graticiels » ou« logiciels libres gratuits » afficheune longue liste de sites.Certains logiciels sont en anglais,mais les auteurs acceptent sou-vent volontiers l’aide de béné-voles bilingues pour des traduc-tions... �

Tous les articles multimédia parus dans l’US magazine, descentaines de tests de cédéroms, de nombreux liens, le catalogue despublications d’Adapt (commande en ligne possible) surhttp://www.adapt.snes.edu

vis derecherche@

Si vous êtes intéressés par leslogiciels libres, vous pouvez nousaider à alimenter une rubriquedans ces deux pages. Ecrire à[email protected] tester des cédéroms édu-catifs, nous recherchons des tes-teurs dans toutes les disciplineset de façon urgente en françaislangue étrangère. Inscrivez-vous vite par un message à[email protected] (0140632770).

• La physique c’est fantastique, site interactif de physique-chimie bienadapté aux collégiens : http://phys.free.fr/• Doc pour Docs, site incontournable des documentalistes. Actualités,ressources, dépannages, chat, nombreux liens pour les TPE, etc.http://perso.club-internet.fr/agl/• Rectificatif. Nous n’aurions pas du, lors du précédent numéro, vousinviter à visiter webmatin pour son « humour » ! En principe nous revi-sitons tous les liens avant parution mais nous nous sommes mal coor-donnés au sein de l’équipe, sans quoi nous n’aurions pas retenu ce sitebien éloigné de « l’esprit » du SNES.

NOS SITES DU MOIS

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ENTRETIENAhmed Djebbar et Jean Rosmorduc

répondent aux questions de Catherine Elzière et Gérard Hatab

Quels étaient vos objectifs en écrivant un livresur l’histoire de la science arabe ?J.R. : L’idée première était de rétablir unevérité, de rendre justice à une période quidans le monde occidental a été souventniée. Historiquement il nous semblaitimportant de rétablir l’importancescientifique incontestable de la civilisationarabo-musulmane entre le VIIIe et leXIIIe siècle. Nous avons choisi pour notrelivre la forme de l’entretien pour qu’il soitplus vivant et plus accessible à tous.

A.D. : Il y a en France 5 millions demusulmans qui, à 80 %, sont Français et leresteront. Connaître ses racines culturelles,pouvoir dire avec fierté «nos ancêtres deTolède ou d’Alexandrie», savoir qu’on estissu d’une société qui, à une époque, aproduit de la science, une civilisation qui aparticipé indirectement au développement denotre pays actuel, la France, cela permet deretrouver une dignité et de mieux s’intégrerau milieu dans lequel on vit. C’est plusmotivant que la sensation d’être un gosseperdu des banlieues qui n’est chez lui nullepart et se sent rejeté ou au mieux absent dela société. Cela n’a rien à voir non plus avecle communautarisme qu’on apprend dans lesarrière-cours de mosquée. La pratiquescientifique est le chaînon d’une aventurehumaine universelle qui a eu des relais, unefois en Chine, une fois en Inde, une fois enGrèce, une fois dans les pays musulmans,maintenant dans les pays occidentaux.Revenir à l’aspect universel de ses propresracines permet de prendre conscience qu’onpeut participer à la construction de la sociétédans laquelle on vit.C’est l’objectif de ce livre, c’est aussi ceque j’essaie de faire comprendre demanière indirecte aux élèves des ZEP,lorsque je vais leur parler de l’histoire desnombres ou de la naissance de l’algèbre.C’est souvent pour eux une découvertetotale - et leur étonnement me semblepositif si l’on a bien insisté sur l’aspectuniversel de la science, sur la notion demaillon dans la grande aventure de laconnaissance.

On dit souvent que les pays d’islam onttransmis à l’Europe l’héritage de la Grèce et duProche-Orient. Est-il juste de parler detransmission ?A. D. : Ce mot ne reflète pas la réalité. Caril y a eu appropriation, mais aussi

transformation et production d’un savoirnouveau. Au cours des conquêtes, de laPerse à l’Espagne, les savants des paysd’Islam se sont initiés au savoir des paysconquis, l’ont assimilé, et l’ont transforméselon les besoins de la société de leurépoque. Ils ont intégré par exemple lapensée d’Aristote mais l’ont développée enfonction de leurs pratiques sociales, dansune société qui devenait marchande et selibéralisait. A l’image de ce qui s’estproduit dans bien des civilisations à leurpériode d’apogée, la société arabo-musulmane s’est approprié l’héritage deses prédécesseurs puis, à cause d’unemultitude de facteurs comme la liberté depensée, l’essor économique et la curiosité

intellectuelle, une dynamique est née, unsaut qualitatif s’est produit et une réaliténouvelle est apparue dans toute sonoriginalité : on peut vraiment parler entreles VIIIe et XIIIe siècle d’une « sciencearabe » qui a été une étape importante dansla connaissance du monde. C’est doncbeaucoup plus qu’une simple transmission.

J. R. : Les sciences d’aujourd’hui en effet neseraient pas ce qu’elles sont sans la sciencearabe. Des civilisations ont été très créativesà certains moments de l’histoire puisd’autres ont pris le relais. La civilisationarabo-musulmane, du temps de la splendeurabbasside, figure parmi ces grandespériodes, au même titre qu’Alexandrie,l’Europe de la Renaissance, la Révolutionfrançaise. Ce sont des étapes

incontournables dans l’histoire de la science.Pourquoi ? Enormément d’éléments entrenten jeu. Byzance par exemple, qui a eu unecivilisation si brillante sur le plan artistique,aurait pu développer plus que d’autres lesconnaissances scientifiques car elle avait à sadisposition un immense héritage. Elle l’aconservé puis transmis à l’Europe de laRenaissance, mais ne l’a pas fait fructifier.Sans doute à cause d’une religion qui, à cetteépoque, étouffait la science.

Pour désigner cet apogée de la scienceméditerranéenne au Moyen-Age, vous utiliseztoujours les termes «pays d’islam» ou«civilisation arabo-musulmane» : la religionjouait-elle un rôle déterminant dans le

développement scientifique ?A.D. : Ces termes sont un demi-mal : cettecivilisation s’est épanouie dans un empireoù la religion dominante était l’islam, bienqu’il y eût aussi des chrétiens, des juifs,des sabéens et bien d’autres puisquel’Empire allait de l’Asie centrale àl’Espagne et que bien souvent les peuplesconquis conservaient leur religion. Leterme « pays d’islam » convient mieuxpuisqu’il désigne de manière plus neutre etplus politique les pays assujettis au pouvoirmusulman. Et l’on dit aussi «sciencearabe» – alors que l’empire comprenait desPersans, des Berbères, des Espagnols, etc.– parce que la pratique scientifique s’estfaite et nous a été transmise dans la languearabe. Cette science n’est cependant pas liée à la

La science arabe médiévale

Au cours des conquêtes, de la Perse à l’Espagne,

les savants des pays d’islam se sont initiés au savoir des pays

conquis, l’ont assimilé, et l’ont transformé selon les besoins

de la société de leur époque.

DR

Le Coran, à traversses lectures éclairéesdes VIIIe-IXe siècles,semble avoir joué un rôlefacilitateur, puisquele croyant y estouvertement encouragéà développer son savoir.

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par Ibn Kaldûn, cette fois à propos de lacapitale de l’Empire perse. Mais deshistoriens européens ont pu démontrer quecette légende avait été créée à des fins demobilisation contre l’ennemi. Dansl’ensemble, aux premiers temps de laconquête, il n’y a pas eu de stratégie dedestruction. Il restait d’ailleurs des livres à Alexandrie :un des grands traducteurs du VIIIe siècle,Hunayn Ibn Ishâq, dit y avoir trouvé unecopie d’un ouvrage d’Aristote qu’il avaitcherché toute sa vie.

La ville de Tolède en Espagne a-t-elle étévraiment un grand centre intellectuel ?A.D. : Oui, son importance estincontestable. C’était déjà une descapitales du christianisme et ce fut lapremière à tomber entre les mains desmusulmans en 711, sans doute avec l’appuid’une partie de la population, lassée de ladomination des Wisigoths. (Ce fut aussid’ailleurs la première à être reprise par leschrétiens en 1085, bien avant Grenade).Les communautés chrétiennes et juives ontpu conserver leur religion, commed’ailleurs ensuite après la Reconquête, lesmusulmans ont pu conserver la leur etpoursuivre leurs recherches scientifiques,

religion. Il s’agissait d’une pratiqueintellectuelle profane obéissant aux règlesscientifiques universelles dans soncontenu, sa méthodologie, une pratiquescientifique sans frontière. A une époqueoù en Europe occidentale, toute activitéintellectuelle devait être interne à lareligion, la science gréco-indo-arabe aapporté une nouvelle manière de réfléchiren interrogeant la nature elle-même et cecien faisant la synthèse de tout ce qui étaitconnu alors : les savants ont intégré lestraditions chinoise et indienne et lesystème hypothético-déductif des Grecs.

J.R. : Le Coran, à travers ses lectureséclairées des VIIIe-IXe siècles, semble avoirjoué un rôle facilitateur, puisque lecroyant y est ouvertementencouragé à développer sonsavoir. La science estdevenue dans les siècles del’apogée un élément dupouvoir comme l’était laculture en général. Ce n’estque plus tard que desthéologiens se sont inquiétésdes contradictions quipouvaient exister entre lesconclusions de la science etles grands principes de lareligion. Mais beaucoup plusque les textes sacrés, c’estcertainement le dynamismemême d’une société en pleinessor qui peut expliquer cetteformidable explosion de lascience en pays d’islam.

On reproche pourtant souventaux Arabes d’avoir brûlé labibliothèque d’AlexandrieA.D. : On sait aujourd’hui que quand lespremières troupes du calife Omar sontarrivées en Egypte, la grande bibliothèquen’existait plus en tant que telle. Elle avaitété endommagée à plusieurs reprises parles Romains puis par les orthodoxes.Mais c’est une légende véhiculéeparadoxalement par les Arabes eux-mêmesà partir du XIIe siècle : à une époque oùl’Empire musulman était attaqué de toutesparts, il fallait mobiliser les citoyens eninvoquant le jihad pour se protéger, ilfallait combattre ceux qui mettaient l’islamen danger et l’on savait déjà que les livrespouvaient être de véritables bombes. Oninvoquait alors l’exemple du calife Omarqui aurait ordonné de brûler labibliothèque d’Alexandrie. La légende veutqu’Omar aurait dit à son général étonnépar tous les livres trouvés en Egypte :« S’ils renferment un guide pour la vérité,Dieu nous en a donné un meilleur, et s’ilsne contiennent que des mensonges, Dieunous en aura débarrassés » On retrouvecurieusement la même légende racontée

jusque sous Alphonse X le Sage au XIIIe

siècle, mécène éclairé qui a beaucoupfavorisé l’activité intellectuelle.

J.R. : Tolède a été pendant plusieurssiècles un très grand centre de traduction,de l’arabe au latin, à l’hébreu, au castillan,et comme les Arabes avaient traduit tout cequi était accessible (en particulier le corpusaristotélicien), cela a permis une intensecirculation des savoirs autour de laMéditerranée.C’est une période de dynamismeintellectuel remarquable, au carrefour descivilisations.

Un des grands apports de la science arabe estdans le domaine de l’astronomie. Etait-elle liée

à l’astrologie ? Oui, comme partout. Le désirde prévoir l’avenir a toujourspoussé les hommes àcomprendre les phénomènescélestes et l’astrologie quin’est rien moins quescientifique a souvent – etencore bien plus tard commedu temps de Kepler – stimuléles vraies recherches. S’ysont ajoutés dans lacivilisation musulmane lesbesoins d’une nouvellepratique religieuse comme ladétermination de la directionde La Mecque et la nécessitéd’un calendrier lunaire pour,en particulier, fixer la périodedu ramadan. Mais cesproblèmes ont été résolustrès tôt et ne peuventexpliquer le formidable essor

de l’astronomie qui a suivi. Le facteurprincipal me semble avoir été l’absence deconflit frontal entre les astronomes et lamosquée. On a pu examiner par exempleen toute sérénité l’hypothèse d’une Terrequi tournerait sur elle-même et lareconnaître comme valable sans être brûlépour autant. Les pays d’islam ont eu, entrele IXe et le XIe siècles, des théologienséclairés ou d’un niveau culturel (et parfoismême scientifique) relativement solide quiles rendaient complices de la communautéscientifique. Et ces recherches neconcernant que l’élite ne leur paraissaientpas dangereuses. Ce climat de tolérance apermis des avancées aussi riches quequantitativement importantes : fabricationd’instruments astronomiques, descriptiondes étoiles, astronomie sphérique,trigonométrie, étude des modèlesplanétaires et, surtout, élaboration destables astronomiques.

C’est dans les mathématiques que lesinnovations sont les plus connues...J.R. : Pour ce qui est de l’histoire de la

Historiquement il nous

semblait important de rétablir

l’importance scientifique

incontestable de la civilisation

arabo-musulmane entre le VIIIe

et le XIIIe siècle.

Ahmed Djebbar, docteur en mathématiques etdocteur en histoire des mathématiques, enseigne àl’université d’Orsay. Il a été ministre de l’Educationnationale en Algérie de 1992 à 1994.

Jean Rosmorduc, physicien, est professeur émérited’histoire des sciences à l’université de Brest.

Ils viennent de publier Histoire de la science arabe,Points sciences, Seuil.

DR

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numération, rappelons que le zéro n’a pas étéinventé en pays d’islam : ce sont les Indiensqui avaient bien avant mis au point le systèmedécimal. En revanche les mathématiciensarabes l’ont développé, adapté et ont assuré sacirculation : à partir du IXe siècle, descentaines de manuels ont été consacrés à cesystème de numération, qui est devenu l’outilde calcul par excellence.

A.D. : C’est en algèbre que l’essor a été leplus spectaculaire. Plusieurs nouveautésdans le domaine de l’algèbre classique :avoir pensé à mettre ensemble deséléments disparates et en avoir fait unediscipline nouvelle ; faire de cettediscipline nouvelle un instrumentincontournable pour d’autres domainescomme l’astronomie ou le calcul ;développer cette discipline en essayant depasser de la résolution des équations du 1er

et 2e degré à celles du 3e degré. L’échec decette tentative a amené à l’élaborationd’une théorie géométrique des équationscubiques, avec en parallèle de nouveauxprocédés de résolution par approximation.Ebauche aussi d’une nouvelle orientationde l’algèbre dès le XIe siècle – qui seradéveloppée en Europe plus tard – et quel’on pourrait appeler l’algèbre desstructures, même si le terme paraîtanachronique : étude des objets pour eux-mêmes et non dans le but de résoudre deséquations avec l’étude des notions depuissance, de monôme, et de polynôme. Lamanipulation des polynômes a débouchénaturellement sur le triangle arithmétiquequi permet d’avoir les coefficients dubinôme par démarche purementalgébrique. Le symbolisme algébriqueapparaît au XIIe siècle dans certains textesmais il n’a pas été exploité dans ledomaine de la recherche, empêchant ainsicertains sauts qualitatifs.Sans oublier, à partir de préoccupationslinguistiques, de surprenantes contributionsen combinatoire.

Les autres domaines scientifiques ont-ilsconnu aussi à cette époque-là des avancéesnotoires ? J.R. : On peut citer par exemple enphysique la découverte majeure du rayonlumineux. Depuis les Grecs, on pensaitqu’une sorte de « rayon visuel » permettait

ENTRETIEN

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Egyptiens au XIIIe siècle avant JC (sansdoute à cause de la momification) et laRenaissance en Europe qui, avec le retourà la dissection, a commencé à comprendrel’anatomie. Ce qui est sûr, c’est que, dansles pays d’Islam, au Xe ou XIe siècle, on seriait de la médecine occidentale, perçue àtravers les Croisés. Enrichie par l’apport dedifférentes traditions, grecque, indienne oupersane, la médecine arabe était plusthéorique ; et son développement s’estaccompagné d’une organisationhospitalière certaine, en particulier enOrient, permettant d’évoquer la naissanced’une politique de santé.

Il semble qu’il reste beaucoup à découvrir enhistoire des sciences...Oui, beaucoup reste à faire. Dans ledomaine de la science arabe par exemple,les ouvrages biobibliographiquesnécessitent de savoir lire l’arabe oul’allemand (parce que certains d’entre euxont été traduits dans cette langue dès leXIXe siècle) ! En français bien peu a été faitdans ce domaine.L’histoire de la médecine, de l’agronomie,des mathématiques et de l’astronomie aprogressé ces vingt dernières années. Maisdans les autres domaines, on est parfois austade du balbutiement. Il faut dire que cesactivités de recherche ne sont pasreconnues par l’institution pour ce qu’ellesreprésentent réellement. Le ministère vient récemment de créerquelques postes de maître de conférencesen histoire des sciences, mais cinq par anpour toutes les sciences, c’est trèsinsuffisant au regard de la demande à lafois au niveau de la formation desétudiants, de la diffusion des résultats dela recherche et du développement decette même recherche. Or commentencourager un étudiant à faire une thèsedans un domaine, s’il n’y a pas de posteà la clé ? Il ne peut pas y avoir derecherches en histoire des sciences tantqu’on ne crée pas suffisamment de postesà l’université. �

de voir les objets, c’est-à-dire qu’un rayonlumineux partait de l’œil et éclairait l’objet.Avoir considéré le rayon lumineux commeune réalité physique en soi représente unchangement qualitatif majeur. A.D. : Qui plus est, le traité d’optiqued’Ibn al-Haytham sur le rayon lumineux aaussi une importance méthodologique : ilen finit avec le pragmatisme qui privilégiele résultat et élabore une théorie de laméthode expérimentale, à based’expériences, d’inductions, deraisonnements, de retours à l’expérience.Bref, un discours sur la science, capitaldans la constitution des futures sciencesexpérimentales.

J.R. : L’apport en optique est d’ailleurs telqu’on en vient quasiment à attribuer la loi dessinus sur la réfraction à Ibn Sahl au Xe siècle.A.D. : Il y a eu une chimie, et pas

seulement une alchimie, même si ce sontsurtout les ouvrages ésotériques qui ont ététraduits en latin à partir du XIIe siècle. Cespeuples avaient des bombes, des fuséesincendiaires, connaissaient le salpêtre, lepétrole, savaient faire du papier mais on n’atrouvé aucun écrit : secrets de fabricationpeut-être ? Il existe beaucoup de documentsqui n’ont pas encore été analysés.

Et la médecine ?J.R. : La médecine n’est devenuescientifique qu’avec Pasteur. Avant iln’existait dans le monde que des pratiquesempiriques. Mais il semble bien qu’il y aiteu un énorme trou dans la connaissancedu vivant, entre ce que savaient les

Connaître ses racines culturelles, pouvoir dire avec fierté

« nos ancêtres de Tolède ou d’Alexandrie », savoir qu’on est issu

d’une société qui, à une époque, a produit de la science,

une civilisation qui a participé indirectement au développement

de notre pays actuel, la France, cela permet de retrouver

une dignité et de mieux s’intégrer au milieu dans lequel on vit.

Les pays d’islam ont eu,entre le IXe et le XIe

siècles, des théologienséclairés ou d’un niveauculturel (et parfoismême scientifique)relativement solide quiles rendaient complicesde la communautéscientifique

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