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Puissances navales L a flotte de guerre russe connaît depuis la fin des années 2000 une profonde et ambitieuse mutation qui vise à en faire un outil moderne et polyvalent à l’horizon du début des années 2020. Si l’épisode syrien a permis de constater les premiers résultats des efforts entrepris, il n’en demeure pas moins que le défi industriel, technologique et humain reste de taille avant que la Russie ne se hisse au rang de puissance navale. Outre la dissuasion nucléaire, Moscou privilégie à moyen terme d’articuler son redressement naval autour de l’édification d’une « flotte forteresse » qui lui permette de verrouiller ses approches maritimes, s’inscrivant ainsi dans une stratégie asymétrique d’interdiction de zone qui reste ancrée dans la représentation que la Russie a développée de son propre territoire. De fait, les intérêts maritimes de Moscou restent en majeure partie concentrés dans les « eaux vertes » (1) et la zone économique exclusive (ZEE) russes, hormis quelques exceptions pouvant entraîner la projection de certains bâtiments vers des zones plus éloignées, comme le Levant. Aux origines de la flotte d’un État-continent enclavé Avec près de 38 000 kilomètres de frontières maritimes et des fleuves figurant parmi les principaux cours d’eau du monde (Volga, Amour…) qui sillonnent son immense territoire, la Russie semble pleinement insérée dans un environnement maritime. Pour autant, les contraintes d’ordre climatique et géographique ont façonné la pensée et l’outil naval russe au cours des trois derniers siècles, en faisant de la flotte une composante militaire a priori secondaire, jusqu’à l’avènement de l’atome à la fin des années 1950. Sa marine de guerre, la Russie la doit, comme beaucoup d’autres choses, à Pierre le Grand (2). Dès sa naissance, l’outil naval russe se doit de disposer d’une forme d’ubiquité en se partageant entre des théâtres maritimes aussi éloignés que celui de la mer d’Azov et de la Baltique, avant que ne viennent se rajouter au fil des décennies et des conquêtes ceux de la mer Noire (fin XVIII e siècle), de la mer Caspienne et du Pacifique (XIX e siècle), et celui des eaux polaires, avec la création de la flotte du Nord en 1933. Afin de combler le retard accumulé par la Russie en matière navale sur ses voisins et adversaires turcs et suédois, Pierre I er importe massivement le savoir- faire et les techniques depuis l’Europe occidentale, en s’appuyant notamment sur l’expertise britannique et hollandaise. La flotte est d’emblée pensée comme un outil au service de la défense des approches du territoire de l’Empire et du désenclavement territorial, dont Pierre le Grand a fait un des topoï de sa politique extérieure. En temps de guerre, elle appuie les opérations terrestres, se retrouvant subordonnée à la guerre continentale et, par voie de conséquence, dépourvue de toute doctrine qui lui serait propre, puisqu’elle dépend traditionnellement du rapport de force qui prévaut à terre. La flotte russe ne s’émancipe véritablement de la « tutelle terrestre » et ne s’affranchit d’une fonction purement guerrière qu’à partir de la fin des années 1950, grâce à l’œuvre de l’amiral Gorchkov (3). Véritable artisan de la marine hauturière soviétique qui émerge dans les années 1960 et 1970, il lui confère le rôle d’ambassadrice de la puissance de l’URSS et dessine les contours d’une diplomatie navale qui se déploie alors sur tout le globe. Depuis 1991 : vers une lente résurrection À maints égards, la flotte de la Russie contemporaine conserve une forte identité soviétique : la plupart des bâtiments de surface et des sous-marins en service aujourd’hui ont été conçus, construits et mis à l’eau par le complexe militaro-industriel de l’URSS. Le sous- financement qui affecte les forces armées russes au cours des années 1990 et au début des années 2000 touche particulièrement la flotte de surface, tandis que la composante sous-marine stratégique est relativement épargnée du fait de son rôle dans la triade nucléaire (4). Bien que des unités aient été admises au service actif au compte-gouttes au cours des années 1990 et 2000, il faut attendre le début des années 2010 pour que la Russie s’engage de plain-pied dans le redressement de sa marine. Voté en 2010, le programme d’armement 2011-2020 prévoit que le gouvernement russe investisse l’équivalent d’environ 500 milliards d’euros (au moment du vote du plan) dans l’achat de matériels neufs pour ses forces armées. La part attribuée à la flotte dans ce programme s’élève à 23,5 % de cette somme (117 milliards d’euros), dont 47 %, soit 55 milliards d’euros, doivent servir au financement de la construction de nouvelles unités, tandis que 30 % (35 milliards d’euros) iront à la réparation et à la modernisation de bâtiments déjà exploités. Les efforts entrepris visent avant tout à mettre un terme à l’hémorragie capacitaire qui a touché la marine depuis 1991, et à lui donner les moyens de mettre en œuvre les missions élémentaires qui lui incombent. Assez Par Igor Delanoë, docteur en histoire et directeur- adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou. M arine russe Un outil en voie de redressement Photo ci-dessus : L’Amiral Kouznetsov, commandé en 1981 et opérationnel depuis 1995, est le seul porte-avions russe. (© Mil.ru) Les Grands Dossiers de Diplomatie n° 33 Juin - Juillet 2016 68

Puissances navales Marine russe · PDF file(destroyer du Projet 23560 Lider, et porte-avions du Projet 23000). La marine russe se

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Puissances navales

La flotte de guerre russe connaît depuis la fin des années 2000 une profonde et ambitieuse mutation qui vise à en faire un outil moderne et polyvalent

à l’horizon du début des années 2020. Si l’épisode syrien a permis de constater les premiers résultats des efforts entrepris, il n’en demeure pas moins que le défi industriel, technologique et humain reste de taille avant que la Russie ne se hisse au rang de puissance navale. Outre la dissuasion nucléaire, Moscou privilégie à moyen terme d’articuler son redressement naval autour de l’édification d’une « flotte forteresse » qui lui permette de verrouiller ses approches maritimes, s’inscrivant ainsi dans une stratégie asymétrique d’interdiction de zone qui reste ancrée dans la représentation que la Russie a développée de son propre territoire. De fait, les intérêts maritimes de Moscou restent en majeure partie concentrés dans les « eaux vertes » (1) et la zone économique exclusive (ZEE) russes, hormis quelques exceptions pouvant entraîner la projection de certains bâtiments vers des zones plus éloignées, comme le Levant.

Aux origines de la fl otte d’un État-continent enclavéAvec près de 38 000 kilomètres de frontières maritimes et des fleuves figurant parmi les principaux cours d’eau du monde (Volga, Amour…) qui sillonnent son immense territoire, la Russie semble pleinement insérée dans un environnement maritime. Pour autant, les contraintes d’ordre climatique et géographique ont façonné la

pensée et l’outil naval russe au cours des trois derniers siècles, en faisant de la flotte une composante militaire a priori secondaire, jusqu’à l’avènement de l’atome à la fin des années 1950. Sa marine de guerre, la Russie la doit, comme beaucoup d’autres choses, à Pierre le

Grand (2). Dès sa naissance, l’outil naval russe se doit de disposer d’une forme d’ubiquité en se partageant entre des théâtres maritimes aussi éloignés que celui de la mer d’Azov et de la Baltique, avant que ne viennent se rajouter au fil des décennies et des conquêtes ceux de la mer Noire (fin XVIIIe siècle), de la mer Caspienne et du Pacifique (XIXe siècle), et celui des eaux polaires, avec la création de la flotte du Nord en 1933. Afin de combler le retard accumulé par la Russie en matière navale sur ses voisins et adversaires turcs et suédois, Pierre Ier importe massivement le savoir-faire et les techniques depuis l’Europe occidentale, en s’appuyant notamment sur l’expertise britannique et hollandaise. La flotte est d’emblée pensée comme un outil au service de la défense des approches du territoire de l’Empire et du désenclavement territorial, dont Pierre le Grand a fait un des topoï de sa politique extérieure. En temps de guerre, elle appuie les opérations terrestres, se retrouvant subordonnée à la guerre continentale et, par voie de conséquence, dépourvue de toute doctrine qui lui serait propre, puisqu’elle dépend traditionnellement du rapport de force qui prévaut à terre. La flotte russe ne s’émancipe véritablement de la « tutelle terrestre » et ne s’affranchit d’une fonction purement guerrière qu’à partir de la fin des années 1950, grâce à l’œuvre de l’amiral Gorchkov (3). Véritable artisan de la marine hauturière soviétique qui émerge dans les années 1960 et 1970, il lui confère le rôle d’ambassadrice de la puissance de l’URSS et dessine les

contours d’une diplomatie navale qui se déploie alors sur tout le globe.

Depuis 1991 : vers une lente résurrectionÀ maints égards, la flotte de la Russie contemporaine conserve une forte identité soviétique : la plupart des bâtiments de surface et des sous-marins en service aujourd’hui ont été conçus, construits et mis à l’eau par le complexe militaro-industriel de l’URSS. Le sous-financement qui affecte les forces armées russes au cours des années 1990 et au début des années 2000 touche particulièrement la flotte de surface, tandis que la composante sous-marine stratégique est relativement épargnée du fait de son rôle dans la triade nucléaire (4).Bien que des unités aient été admises au service actif au compte-gouttes au cours des années 1990 et 2000, il faut attendre le début des années 2010 pour que la Russie s’engage de plain-pied dans le redressement de sa marine. Voté en 2010, le programme d’armement 2011-2020 prévoit que le gouvernement russe investisse l’équivalent d’environ 500 milliards d’euros (au moment du vote du plan) dans l’achat de matériels neufs pour ses forces armées. La part attribuée à la flotte dans ce programme s’élève à 23,5 % de cette somme (117 milliards d’euros), dont 47 %, soit 55 milliards d’euros, doivent servir au financement de la construction de nouvelles unités, tandis que 30 % (35 milliards d’euros) iront à la réparation et à la modernisation de bâtiments déjà exploités. Les efforts entrepris visent avant tout à mettre un terme à l’hémorragie capacitaire qui a touché la marine depuis 1991, et à lui donner les moyens de mettre en œuvre les missions élémentaires qui lui incombent. Assez

Par Igor Delanoë, docteur en histoire et directeur-adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou.

Marine russe Un outil en voie de redressement

Photo ci-dessus : L’Amiral Kouznetsov, commandé en 1981 et opérationnel depuis 1995, est le seul porte-avions russe. (© Mil.ru)

Les Grands Dossiers de Diplomatie n° 33Juin - Juillet 201668

Puissances navalesschématiquement, il s’agit de moderniser la composante stratégique à travers la mise en œuvre d’un nouveau programme de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE ; code OTAN : SSBN) du Projet 955 Boreï, et la mise au point d’un nouveau missile balistique intercontinental, le Boulava. D’autre part, ce programme doit permettre à la flotte d’imposer sa supériorité sur les approches maritimes du territoire russe, en particulier en mer Noire, à travers la mise en œuvre d’opérations de déni d’accès et d’interdiction de zone (A2/AD). Pour ce faire, le plan prévoit principalement la construction d’une série de bâtiments de surface de second rang (frégates) et de troisième rang (corvettes lance-missiles, patrouilleurs) disposant d’un degré plus ou moins poussé de polyvalence, et de submersibles classiques. Ces nouvelles unités, évoluant dans les zones littorales russes généralement sous la couverture de puissants systèmes de missiles antiaériens (S-300) et antinavires (batteries Bastion) déployés à terre, contribuent, le cas échéant, à interdire l’accès à une zone grâce à leur système de missiles (Kalibr par exemple). S’inscrivant dans une stratégie asymétrique, la marine russe contemporaine ne cherche pas à s’opposer frontalement aux flottes otaniennes, mais à créer un environnement à la permissivité sensiblement réduite afin de contraindre l’action des marines adverses, dont celles de l’OTAN font partie.À l’issue de l’accomplissement de ce plan – qui doit être ajusté dans le cadre du programme d’armement 2016-2025 –, la marine russe conservera encore une forte dimension soviétique compte tenu de la large part réservée à la modernisation de bâtiments mis à l’eau dans les années 1980, et dont la durée de vie sera prolongée jusque dans les années 2020. Il est ainsi prévu de moderniser des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA ; code OTAN : SSN) du Projet 945A et du Projet 971M, en les équipant notamment de missiles de croisière Kalibr. Cependant, le programme d’armement prévoit aussi la construction de submersibles de nouvelle génération comme les SNLE du Projet 955 Boreï déjà cités et les sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière (SNA ; code OTAN : SSGN) du Projet 885 Yasen, dont respectivement 8 et 7 unités ont été commandées dans le cadre du plan 2011-2020. La livraison des dernières unités devrait cependant intervenir au cours de la première moitié des années 2020 compte tenu du retard accumulé lors de leur construction. Le ministère russe de la Défense a par ailleurs commandé un lot de 6 sous-marins classiques d’attaque (code OTAN SSK) du Projet 0636.3 pour la flotte de la mer Noire. Ces submersibles sont équipés de missiles de croisière Kalibr. L’un eux, le B-237 Rostov-sur-Don, en a fait la démonstration le 17 novembre 2015 en frappant Rakka, en Syrie, depuis les eaux du Levant. L’intégralité de la flotte de surface hauturière est encore aujourd’hui « soviétique » (l’unique porte-avions russe, l’Amiral Kouznetsov ; les croiseurs lance-missiles du Projet 1164 et ceux, nucléaires, du Projet 1144 ; les grands bâtiments de lutte anti-sous-marine du Projet 1155) et le restera au moins à moyen terme dans la mesure où ces plates-formes font l’objet de programmes de modernisation, et qu’il n’est pas prévu de les remplacer par de nouveaux bâtiments dans le cadre du programme 2011-2020.Au plan humain, les équipages russes continuent d’être fortement spécialisés. Autrement dit, la taille moyenne des équipages par bâtiment est plus élevée dans la marine russe qu’elle ne l’est par exemple dans les marines otaniennes, où la polyvalence du marin est privilégiée. Par exemple, les nouvelles frégates russes du Projet 11356M (3900 tonnes de déplacement) nécessitent un équipage de 220 hommes pour les servir, tandis que le BPC Mistral (22 000 tonnes de déplacement) dispose d’un équipage de 180 marins.

Le futur : d’incertaines ambitions océaniques Dans un contexte de restrictions budgétaires, la flotte risque d’être plus fortement impactée que les autres armes, car, pour des raisons d’ordre culturel et historique, l’armée de terre et l’aviation drainent plus de financements en Russie que la marine, dont les détracteurs au sein de l’élite politico-militaire russe décrient le coût exorbitant et, selon certains, peu justifié, des grands programmes de surface. La pertinence et l’utilité de l’édification d’une flotte hauturière font aujourd’hui débat dans le milieu des experts et des décideurs russes. Tandis que les uns critiquent un projet qui relève avant tout d’une « grande politique » peu cohérente avec la réalité stratégique et économique du pays, les autres – notamment les industriels – mettent en avant les enjeux de souveraineté, et le

risque de décrochage définitif vis-à-vis de puissances navales établies (États-Unis) et émergentes (Chine).La construction de grands bâtiments de surface hauturiers (porte-avions, destroyers) n’est pas budgétée dans le plan 2011-2020, mais des études ont été réalisées (destroyer du Projet 23560 Lider, et porte-avions du Projet 23000). La marine russe se trouve par ailleurs face à un défi en matière amphibie et de capacités de projection, que le contrat Mistral devait en partie permettre d’acquérir. Toutefois, la campagne syrienne a démontré que la Russie pouvait s’en passer pour intervenir avec succès sur un théâtre relativement éloigné, durant une période de temps suffisamment longue, en mobilisant, une fois encore, des plates-formes navales ex-soviétiques (grands navires de débarquement des projets 775 et 1171). Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de navires différents, et que la flotte russe ne dispose guère de capacités de projection « au-delà de l’horizon » (au-delà des 30 nautiques/55 km). Le bureau d’étude Krylov (Saint-Pétersbourg) a proposé son transport de chalands de débarquement du Projet Lavina (Avalanche), tandis qu’un second projet, complémentaire, préparé par le bureau d’étude Nevsky (Saint-Pétersbourg) a également été présenté : le Projet Priboï (Lame de mer). Côté submersible, deux plates-formes semblent émerger : le Projet Husky, un SSN disposant d’un déplacement de 6000 à 7000 tonnes, dont la construction pourrait débuter à la fin de la décennie, et le Projet Kalina qui fait référence à un SSK disposant d’une propulsion anaérobie, qui fait aujourd’hui défaut à la marine russe.La marine russe devrait d’ici le début des années 2020 posséder une voilure réduite mais d’une plus grande polyvalence, lui permettant d’interdire l’accès aux approches maritimes de la Russie, tout en disposant de capacités hauturières limitées. Toutefois, la construction de plates-formes navales et sous-marines de nouvelle génération constitue un défi pour le complexe militaro-industriel qui fait face à de véritables verrous technologiques difficilement surmontables en l’absence de coopération avec les pays occidentaux et dans un contexte de pression économique accrue. La constitution d’une flotte océanique russe semble aujourd’hui être un objectif coûteux et lointain, et qui ne fait guère l’unanimité dans les cercles politiques et militaires russes.

Igor DelanoëNotes(1) La classification américaine distingue les marines de haute mer (capables d’opérer en « eaux bleues »), littorales (opérant en « eaux vertes », se cantonnant à la défense des côtes) et fluviales (naviguant en « eaux brunes »).(2) Pierre Ier (1672-1725). Un embryon de flottille a bien été construit sous le tsar Michel Ier (1596-1645) sur les chantiers de la Volga dans les années 1630, mais son existence fut très courte.(3) Sergueï Gueorguievitch Gorchkov (1910-1988) occupe le poste de commandant en chef de la marine soviétique entre 1956 et 1985.(4) Elle comprend les éléments contribuant à la dis-suasion nucléaire : troupes de missiles stratégiques, aviation stratégique et sous-marins lanceurs d’engins.

Fédération de RussieEffectif de la marine : 148 000 personnes

Porte-avions : 1Sous-marins : 62> Stratégiques : 13> Tactiques : 49Croiseurs : 6 Destroyers : 18Frégates : 10

Source : Military Balance 2016 (IISS). NB : seuls les bâtiments actifs sont comptabilisés.

Photo ci-dessus : Le SNLE Iouri Dolgorouki de classe Boreï remis à la marine russe en janvier 2013. Ce nouveau type de sous-marins de quatrième génération doit constituer la future épine dorsale de la dissuasion nucléaire océanique russe. Il sera équipé du missile balistique Boulava, d’une portée de 8000 km. (© DR)

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