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Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales 24 Novembre 2015

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Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales

2 4 No v emb r e 2 0 1 5

Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes

Les Avis et Contributions

Enseignement supérieur, recherche et

dynamiques territoriales

Rappo r t e u r M. NAVARRO Francis

Président de la commission n°6 «Enseignement supérieur et recherche»

Con t r i b u t i o n n ° 2 0 1 5 - 1 7

24 Novembre 2015

Les Avis et Contributions

Le CESER en quelques mots… Le CESER concourt à l’administration de la région aux côtés du Conseil régional et de son Président. Il s’agit d’une assemblée consultative qui émet des avis (saisines) et contributions (autosaisines). Elle est représentative de la vie économique et sociale de la région. Expression de la société civile dans toute sa diversité, les propositions du CESER éclairent les choix des décideurs régionaux.

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ou retrouvez les informations sur

le site Internet de la Région Rhône-Alpes : www.ceser.rhonealpes.fr

Cette contribution a été adoptée à l’unanimité par le Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes

lors de son Assemblée plénière du 24 novembre 2015

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015

Sommaire

Pages

Introduction 5

1. 1ère partie : Etat des lieux : typologie de l’enseignement supérieur en Rhône-Alpes 7

1.1. Les implantations universitaires dans l’académie de Lyon 8

1.1.1. La Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE) de Lyon 8

1.1.2. L’Université Jean Monnet de Saint-Etienne 10

1.1.3. Le site universitaire de Bourg-en-Bresse 11

1.1.4. Le site universitaire de Roanne 13

1.2. Les implantations universitaires dans l’académie de Grenoble 14

1.2.1. La Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE) de Grenoble 14

1.2.3. Le site universitaire de Valence 17

2. 2ème partie : L’enseignement supérieur et la recherche, leviers du développement socio-économique des territoires 23

2.1. Coordonner et conforter l’offre de formation au niveau régional pour répondre aux besoins et aux projets des territoires 23

2.2. Animer des « Campus » au cœur des territoires 24

2.3. Rendre l’étudiant acteur du lien université/territoires, en s’appuyant sur les formations en alternance 25

2.4. Faciliter l’accès aux ressources universitaires tout au long de la vie, en s’appuyant notamment sur les nouveaux outils numériques 26

2.5. Améliorer la contribution de la recherche au développement socio-économique des territoires 28

Préconisations 29

Conclusion et perspectives 31

Annexes 33

Déclarations des groupes 41

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Introduction

Les travaux de la commission « enseignement supérieur et recherche » du CESER ont visé à répondre à deux problématiques principales :

1- Quelle est la capacité de l’ESR à soutenir le développement économique et social des territoires ?

2- Comment diffuser les dynamiques métropolitaines aux territoires « périphériques » ? La commission a donc procédé à un tour d’horizon des sept pôles d’enseignement supérieur en Rhône-Alpes, à travers des auditions et une journée d’études, dans la chronologie suivante : Grenoble, Lyon, Annecy-Chambéry Valence, Bourg-en-Bresse, Saint-Etienne et Roanne. Cette première approche a permis d’identifier des ambitions et des modèles d’implantation universitaire, mais aussi de dégager des bonnes pratiques pour chaque site. On peut souligner la diversité organisationnelle des modèles recensés (antenne universitaire, université de plein exercice, écoles et grandes écoles, regroupement universitaire à travers une fusion ou une association au sein des COMUEs1 …), qui répond à une diversité de contexte historique et/ou politique. Ces différents exemples ont montré l’intérêt d’une offre de proximité répartie sur le territoire régional pour faciliter l’accès des étudiants à l’enseignement supérieur et assurer un développement économique et social équilibré des territoires. Cette irrigation des territoires, qui contribue à l’égalité des chances, s’appuie sur la formation à des compétences en lien avec les besoins socio-économiques, permettant la constitution d’ « écosystèmes » locaux. Pour le CESER, l’enjeu réside aujourd’hui d’une part dans la capacité de ces « écosystèmes » à répondre aux attentes et besoins des acteurs territoriaux, et d’autre part, à organiser des relations entre ces « écosystèmes » hétérogènes pour assurer leur contribution au « système » rhônalpin d’ESR. Par ailleurs, l’organisation de cette offre de proximité peut désormais s’appuyer sur les ressources offertes par les technologies numériques et l’évolution des usages. Dans un contexte de contrainte sur les moyens (accompagnement des financements sur projet et cadre contractuel généralisé) et de hausse des effectifs d’étudiants, il convient d’identifier les conditions de réussite de cette organisation territoriale de l’ESR et de l’intervention régionale dans ce domaine. Compte tenu de l’implication historique de la Région Rhône-Alpes, l’affirmation d’une vision régionale doit s’appuyer sur un pilotage renforcé, permettant de garantir l’effet levier et la coordination de cette politique2.

1 Les COMUEs (communauté d'universités et établissements) sont des regroupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche, créés

par la loi no 2013-660 du 22 juillet 2013. Les COMUEs ont succédé aux Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES). La région Rhône-Alpes compte deux COMUEs : Lyon et Grenoble-Alpes.

2 Sur ces thèmes, on peut rappeler les contributions du CESER du 14 décembre 2010 : « Optimiser les écosystèmes d’innovation en Rhône-Alpes », et du 8 octobre 2013 « Des leviers d’action pour l’avenir de l’ESR en Rhône-Alpes »

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Encadré 1 : Le contexte d’intervention de la Région Rhône-Alpes en matière d’ESR

Les principes de gouvernance des universités et des établissements ainsi que les modalités d’intervention des collectivités territoriales en matière d’enseignement supérieur et de recherche ont été modifiés par plusieurs textes législatifs récents : La loi dite « Fioraso » du 22 juillet 2013 transforme les PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) en COMUEs (Communauté d’universités et d’établissements). Elle prévoit que « la coordination territoriale est organisée par un seul établissement d'enseignement supérieur pour un territoire donné [académique ou interacadémique] ». Cette loi impacte directement les acteurs rhônalpins de l’ESR qui ont dû choisir leurs modalités de regroupement : fusion, participation, ou association. L’objectif de la loi est de favoriser les coopérations entre acteurs locaux et de renforcer la visibilité internationale et l’attractivité des sites. Un seul contrat pluriannuel d’établissement sera conclu entre le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et les établissements regroupés. La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPAM ou MAPTAM) du 27 janvier 2014 donne la possibilité aux métropoles de mettre en place un programme de soutien et d’aide aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche et aux programmes de recherche en tenant compte du schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. La loi NOTRe du 8 août 2015 prévoit que la Région élabore un schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, en concertation avec les collectivités territoriales et EPCI. Ce schéma s’inscrit dans le respect des stratégies nationales de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les schémas d’enseignement supérieur et de recherche et les schémas de développement universitaire définis par les communes, EPCI, les pôles métropolitains et les départements doivent prendre en compte le schéma régional. La loi ne va pas jusqu’à confier aux Régions, comme initialement proposé, le rôle d’approbation de la carte des formations supérieures et de la recherche mais la Région doit être consultée. Par ailleurs, on peut aussi évoquer la mise en œuvre de la Stratégie Régionale d’Innovation pour une Spécialisation Intelligente (SRI-SI), dans le cadre de la gestion des fonds européens, qui structure désormais la politique de soutien à la recherche de la Région3. L’enchevêtrement de compétences et la multiplication des programmes sur appel à projet (« Investissements d’avenir » notamment), avec des finalités parfois divergentes, complexifient l’intervention publique en matière d’ESR. L’action régionale, historiquement très volontariste dans ce domaine en Rhône-Alpes, doit donc contribuer à harmoniser et à rendre complémentaires les différentes interventions publiques sur son territoire. Une somme de politiques de site ne peut constituer à elle seule une politique régionale. En 2015, le Conseil régional Rhône-Alpes a programmé 17 millions d’euros en investissement, et 25,4 millions d’euros en fonctionnement pour sa politique d’enseignement supérieur (y compris mobilité internationale). En matière de recherche et d’innovation, 34.5 millions d‘euros ont été programmés en investissement et 13.2 millions d ‘euros en fonctionnement.4 On peut aussi évoquer la mise en place de l’AURA (Alliance de l’Université Rhône-Alpes), en septembre 2012, dans l’objectif d’améliorer la coordination, de renforcer les liens entre universités, écoles, et laboratoires, ainsi que la cohérence des politiques d’ESR en Rhône-Alpes.

3 Cf. contribution du CESER du 8 avril 2014 : « La SRI-SI : opportunités et exigences pour le développement de notre région » 4 Source : Budget primitif 2015, Conseil régional Rhône-Alpes

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1. 1ère partie : Etat des lieux : typologie de l’enseignement supérieur en Rhône-Alpes

Cet état des lieux comporte trois parties : . Une carte et un schéma des implantations des établissements d’enseignement supérieur en

Rhône-Alpes ; . Une présentation de ces implantations dans les deux académies de la région, sur la base des

auditions réalisées par la commission. ; . Des données chiffrées sur les effectifs étudiants dans les principales villes de Rhône-Alpes.

Les filières d’enseignement supérieur en Rhône-Alpes en 2013-2014

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Sites sièges et sites secondaires des établissements (en 2013-2014) Les sites d’implantation correspondent aux unités urbaines de l’Insee (2010)

Source : Atlas régional de l’ESR, consultable sur le site du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr)

1.1. Les implantations universitaires dans l’académie de Lyon

1.1.1. La Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE) de Lyon « L’Université de Lyon »5 est une COMUE (statut d’EPSCP) constituée à partir du pôle universitaire Lyon/St Etienne, qui dispose d’un potentiel exceptionnel, puisqu’il constitue le deuxième pôle d’ESR après Paris, avec une vingtaine de grands acteurs (universités, grandes écoles, organismes de recherche…) :

. 130 000 étudiants, soit 65,9% des effectifs régionaux

. 17 écoles doctorales / 5 700 doctorants

. 12 500 étudiants étrangers

. Plus de 7 000 enseignants-chercheurs (11 % des effectifs nationaux)

. 200 laboratoires

5 http://www.universite-lyon.fr/

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Les forces scientifiques et de formation s’organisent en 7 campus thématisés : . le campus de Saint-Étienne : nouvelle manufacture et créativité, . le campus Charles Mérieux : la rencontre des biosciences et des SHS, . le campus Lyon Tech la Doua : l’ingénierie pour le développement durable, . le campus Lyon santé EST : pôle européen pour la formation et la recherche biomédicale, . le campus Porte des Alpes : au carrefour des Sciences de l’homme et du territoire, . le campus Écully : « sciences- business- innovation », . le campus Vaulx-en-Velin : conception et construction de la ville durable.

La COMUE « Université de Lyon » se compose de :

. 12 membres fondateurs : Université Claude Bernard Lyon 1, Université Lumière Lyon 2, Université Jean Moulin Lyon 3, Université Jean Monnet – Saint-Étienne, ENS de Lyon, École Centrale de Lyon, INSA de Lyon, ENTPE, ENISE, IEP de Lyon, VetAgroSup et CNRS.

. 10 établissements associés aujourd'hui et 5 associés de plus en décembre 2015 : Les Établissements et organismes de recherche associés à ce jour par convention : ENSATT, ENSSIB, ENSASE, ENSAL, CPE Lyon, ITECH, ECAM, ISARA, Institut catholique de Lyon, INSERM Les Etablissements et organismes qui seront associés en décembre 2015 : CNSMD, ENSADSE, ENSBAL, ENSMSE, IFSTAR,

La composition de la COMUE "Université de Lyon" sera portée en décembre 2015 à 27 établissements et organismes (4 Universités, 21 écoles, 3 organismes de recherche). L’objectif est de faire accéder l’université de Lyon dans le top 10 européen des universités, en renforçant la coordination de la stratégie de recherche vers plus de visibilité et d’attractivité internationale d’une part, et d’autre part en améliorant la coordination de la stratégie de formation vers plus de lisibilité et de cohérence. Dans cette perspective, la COMUE dispose des compétences suivantes :

. élaboration et mise en œuvre du projet stratégique de site,

. une bannière et une signature (en première mention) communes Université de Lyon,

. délivrance du doctorat de l’Université de Lyon et de diplômes emblématiques,

. politique de transfert et d’innovation notamment confiée à la SATT,

. élaboration de la Stratégie immobilière et de développement des Campus,

. gestion de Grands Équipements,

. création d’une Maison d’Éditions « Université de Lyon »,

. mutualisation des activités « Sciences et Société »,

. politique de vie Etudiante,

. politique de mobilité confiée à une agence pour l’accueil des chercheurs et doctorants internationaux.

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1.1.2. L’Université Jean Monnet de Saint-Etienne L’université Jean Monnet (UJM) de Saint-Etienne a été créée en 1969 : c’est relativement récent dans le paysage universitaire français. Elle est un des membres fondateurs de la COMUE « Université de Lyon ». Elle se compose :

. de 5 UFR : Sciences et Techniques, Sciences Humaines et Sociales, Arts, Lettres et Langues, Médecine et Droit,

. de 5 Instituts : 2 IUT Saint-Étienne et Roanne, 1 Institut d’Administration des Entreprises, 1 école d’ingénieurs « Télécom Saint-Étienne », 1 Institut du Travail,

. du Centre Universitaire Roannais – CUR,

. de l’Antenne de l’Institut d’Optique Graduate School (Paris Tech),

. de 6 écoles doctorales,

. et de 34 unités de recherche dont 18 unités mixtes (CNRS, INSERM, CEA…). Elle compte 18 000 étudiants en formation initiale (38% de boursiers), dont 2 500 étudiants étrangers, et environ 400 doctorants. Elle délivre 5 500 diplômes par an et accueille 6 600 stagiaires de formation continue. Son budget consolidé représente environ 140 M€, dont 99 M€ de masse salariale (plus de 1 100 emplois statutaires dont 50% d’enseignants-chercheurs ; 500 emplois contractuels permanents). L’UJM a mis en place une stratégie globale pour devenir un acteur incontournable de l’espace universitaire métropolitain Lyon/Saint-Etienne. Elle repose sur 4 axes :

. qualité des formations / insertion professionnelle des étudiants,

. structuration de la recherche en trois pôles principaux (cf. ci-dessous),

. partenariat avec le monde socio-économique, en lien avec la Fondation de l’Université Jean Monnet qui regroupe les grandes entreprises locales,

. vie universitaire attractive. L’UJM appuie sa stratégie de formation et de recherche sur une structuration immobilière ambitieuse, en lien avec les collectivités territoriales dans le cadre du CPER 2015-2020. L’UJM a défini des grands objectifs pour la période 2016-2020 :

. décliner une stratégie formation/recherche autour de trois grands axes stratégiques : Surfaces Interfaces Optique, Santé Sport Ingénierie, Humanités Mutations Territoires,

. conforter le caractère pluridisciplinaire de l’UJM,

. renforcer la mobilité inter-campus et l’interdisciplinarité,

. renforcer la place de l’UJM au sein de la COMUE et dans ses grands projets (IDEX2). En matière de valorisation, l’activité contractuelle représente 1,1 M€, avec 68 nouveaux contrats par an, 24 conventions CIFRE sont en cours avec contrat de collaboration associé, 25 familles de brevets, et 20 k€ de redevances par an. Par ailleurs, 12 créations de start-up ont été accompagnées par « Use'in » depuis 2011.

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Atouts Faiblesses − La participation de l’UJM à la COMUE favorise la

dynamique du site stéphanois, qui compense la perte d’autonomie possible, que l’on peut imaginer en intégrant une organisation de ce type

− L’attractivité est renforcée grâce à la labellisation de formations, à la participation à des projets lauréats du PIA, et à la SATT PULSALYS pour la valorisation.

− Le partenariat avec le monde socio-économique s’appuie sur la fondation UJM, qui a été fondée avec le soutien des grandes entreprises locales (Casino, SNF Fluerger, Angénieux…)

− Dans certains domaines, l’offre de formation pourrait être mieux structurée entre Lyon et St-Etienne : s’il existe une longue tradition de collaboration entre les deux sites, le site stéphanois développe par exemple des projets propres sur la nutrition ou sur la gérontologie.

Opportunités Menaces − Le site de Saint-Etienne a obtenu des fonds

importants dans le cadre du CPER. Il conviendra de veiller à la réalisation des opérations programmées dans des délais raisonnables, ce qui nécessite de prendre en compte l’ensemble des conséquences de ces projets sur la vie étudiante, les transports…

− La stratégie de l’université de St Etienne se projette au-delà du territoire de la Loire.

− Maintien d’une identité propre à l’UJM (domaines d’excellence identifiés …) dans le cadre de l’intégration à la COMUE

− Nécessité de renforcer l’attractivité du site auprès des étudiants.

1.1.3. Le site universitaire de Bourg-en-Bresse Les effectifs sont en progression constante, avec près de 4 800 étudiants ou auditeurs dans l’Ain, soit une hausse de 10% par rapport à 2013-2014. Près de la moitié des étudiants sont originaires de l’Ain, 1/3 du reste de Rhône-Alpes. 94 formations initiales ou continues sont présentes, depuis le BTS jusqu’au Master ou au diplôme d’ingénieur (dont 62 % sur l’agglomération chef-lieu). L’offre de formation est néanmoins concentrée essentiellement sur le 1er cycle, avec une part importante de formations professionnalisantes. Au niveau Bac + 5, on recense : 9 formations de type Master, et 3 formations d’ingénieur. Les domaines de formation dans l’Ain se répartissent de la manière suivante :

. sciences et technologies : 32%,

. santé- social – paramédical et soins : 30.78%,

. agricole et agroalimentaire : 15.35%,

. droit –économie et gestion : 17.74%,

. langues – tourisme –histoire – politique –services : 4.60%.

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Le site de Bourg-en-Bresse regroupe des antennes de plusieurs universités lyonnaises : • L’Université Claude Bernard - Lyon 1 – site de Bourg-en-Bresse compte 683 étudiants répartis dans les

domaines suivants : génie biologique, informatique, génie thermique et énergie, génie des procédés alimentaires, gestion des entreprises et administration

• L’antenne de l’Université Jean Moulin Lyon 3 à Bourg-en-Bresse (Campus CEUBA 01) compte 802 étudiants, dont 63% originaires du département de l'Ain.

On retrouve sur ce campus des composantes de l'Université qui sont : . la faculté de Droit avec la Licence Droit, . la faculté des Lettres et Civilisations avec la Licence Histoire, . l 'Institut d'Administration des Entreprises avec la Licence de Gestion, . les Masters : Marketing Vente et Management Industriel, . la Licence Professionnelle Banque Assurance, la Licence Professionnelle Gestion des

Systèmes d' Information de la Paie et la préparation au Diplôme de Comptabilité et Gestion, . l'Institut Universitaire de Technologie avec la Licence Professionnelle Gestion des Ressources

Humaines, et à la prochaine rentrée, la Licence Professionnelle Assistant de Gestion Administrative,

. la Formation Appliquée Continue avec le Diplôme d'Accès aux Études Universitaires. On compte dans ce campus de Lyon 3 : 157 enseignants dont 73 titulaires. 40% des étudiants en Masters ne sont pas issus de la région, et 45% des étudiants sont boursiers sur critères sociaux (33% en moyenne pour l'ensemble des campus de l’université Lyon 3). On peut aussi noter la présence de l’ESPE de Lyon et de l’IEP de Lyon qui proposent essentiellement une offre de formation au niveau masters. La gouvernance du site est assurée par un comité de pilotage porté par l’agglomération de Bourg-en-Bresse qui réunit les partenaires socio-économiques. L’association Pôle Sup 01 est chargée de favoriser le développement de l’enseignement supérieur à Bourg-en-Bresse et dans le département de l’Ain.

Atouts Faiblesses

− Soutien fort des collectivités territoriales visant à promouvoir l’accès à l’enseignement supérieur du plus grand nombre, en particulier pour les jeunes issus de milieux modestes

− Les formations soutenues sont en priorité liées aux besoins des filières économiques présentes dans le territoire, et disposant d’un réel potentiel de créations d’emplois : agroalimentaire, aéraulique, bois, mécanique industrielle…

− L’enseignement supérieur a un rôle d’entrainement important pour le dynamisme du bassin de Bourg-en-Bresse.

− En matière de gouvernance, des efforts importants ont été réalisés pour favoriser la mutualisation des moyens et des structures sur le site entre les différents acteurs impliqués.

− La lisibilité de l’offre de formation pourrait être améliorée : il s’agit de définir à l’avenir une « étiquette » cohérente pour le site, en lien avec l’écosystème local.

− Par ailleurs, les compétences locales du pôle de compétitivité Plastipolis pourraient être mieux valorisées par une mise en réseau dans le système régional.

− La situation intermédiaire de Bourg-en-Bresse, entre deux grandes métropoles (Lyon et Genève), peut être considérée comme à la fois comme une chance et une difficulté

− L’amélioration des conditions d’accueil et d’enseignement pourrait favoriser l’attractivité du site pour les étudiants et les enseignants.

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Opportunités Menaces

− Les liens avec le monde économique sont très prégnants : les acteurs économiques sont étroitement associés à la gouvernance, ils sont aussi présents dans le cadre des enseignements puisque de nombreux cours sont assurés par des professionnels du territoire. Par ailleurs, les formations sont ouvertes en concertation avec les représentants du monde économique.

− Le suivi des cohortes montre des taux de réussite puis d’accès à l’emploi très élevés, avec une insertion essentiellement dans le tissu local pour les 1ers cycles.

− L’évolution des compétences et les difficultés budgétaires des collectivités locales pourraient remettre en cause leur soutien financier

− La pression financière sur les budgets universitaires nécessitera l’atteinte d’une taille critique pour certaines filières de formation, notamment en masters

1.1.4. Le site universitaire de Roanne L'agglomération roannaise compte aujourd'hui plus de 1 600 étudiants, dans des filières allant jusqu'au diplôme d'ingénieur. L'enseignement universitaire s'est fortement développé dans les dix dernières années, avec des formations délocalisées de :

. l’Université de Saint Etienne - Jean Monnet, dont il est une composante : le Centre Universitaire Roannais - Facultés de Roanne - fondé en 1978, propose une offre de formations pluridisciplinaire allant de la Licence (Bac + 3) au Master (Bac + 5), en Droit économie gestion, et en Sciences technologies santé. Il accueille près de 900 étudiants,

. l’Université Claude Bernard - Lyon I : site décentralisé de Polytech Lyon,

. l’Université Lumière - Lyon II : une Licence professionnelle Habillement, Mode, Textile. En matière de recherche, le Centre Universitaire Roannais accueille un laboratoire rattaché à l’Université Jean Monnet : le Laboratoire d'Analyse des Signaux et Processus Industriels, dont l’activité concerne les outils de la productique permettant d'améliorer la productivité de l'entreprise industrielle en termes de fiabilité, de qualité et de performance. L’agglomération du Grand Roanne soutient activement le développement de l’ESR sur son territoire sur la base d’un Schéma Local de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, initié en 2009. En complément, différents documents ont été produits à destination des étudiants : Guide de l’enseignement supérieur, Guide de l’enseignement professionnel et technologique, Guide pratique Etudiant …

Atouts Faiblesses − Un soutien politique de longue date pour le

développement de l’enseignement supérieur sur le Roannais

− Le développement de nouvelles filières permettant de diversifier l’offre de formation

− Un accès facilité à l’enseignement supérieur pour les jeunes, et une qualité de vie et d’études privilégiée

− Le nombre actuel d’étudiants semble encore insuffisant pour atteindre une taille critique

− La recherche est peu développée

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1.2. Les implantations universitaires dans l’académie de Grenoble

1.2.1. La Communauté d’Universités et d’Etablissements (COMUE) de Grenoble L’université de Grenoble-Alpes6 est une université fédérale construite sous la forme d’une COMUE (statut d’EPSCP). Elle compte :

. 62 000 étudiants,

. 3 700 doctorants,

. 7 000 enseignants et/ou chercheurs. La COMUE est organisée sur 6 campus :

. domaine universitaire de Saint-Martin d'Hères/Gières,

. presqu'ile scientifique de Grenoble,

. campus de Chambéry-Jacob-Bellecombette,

. campus du Bourget-du-Lac,

. campus d'Annecy-le-Vieux,

. campus de Valence. En termes institutionnels, la COMUE rassemble des :

. membres (Université fusionnée, Grenoble INP, CNRS et INRIA),

. associés renforcés (Université de Savoie, IEP, ENSAG, CEA) liés par convention et participant à la gouvernance de la COMUE,

. associés liés par convention (ESAD, GEM, INSERM, CHU, IRSTEA, …). En matière de recherche, la création de pôles transversaux aux établissements vise à coordonner la politique scientifique du site dans les domaines suivants :

. sciences juridiques, politiques et économiques, sociologie et gestion,

. arts, Lettres, Langues, Sciences humaines, cognitives et sociales,

. mathématiques, Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication,

. chimie, Sciences du vivant, Biologie, Santé, 6 http://www.univ-grenoble-alpes.f

Opportunités Menaces − L’implantation de formations délocalisées des

universités stéphanoises, dont Roanne est une des composantes, ou lyonnaises laissent entrevoir des possibilités de développement du site

− Les difficultés financières des universités et des collectivités locales pourraient freiner ce développement

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 15

. physique des Particules, Astrophysique, Géosciences, Environnement,

. physique, Ingénierie, Matériaux. Ces pôles ont pour objectif d’améliorer la visibilité des recherches, de favoriser l’interdisciplinarité, et de renforcer les relations entre universités et organismes de recherche. Les principales compétences de la COMUE sont :

. les compétences issues des PRES (Doctorat de site, aménagement des campus, etc.),

. la stratégie de recherche et transfert,

. la coordination territoriale prévue par la loi ESR du 22 juillet 2013,

. le pilotage de la candidature IDEX. Sa gouvernance est organisée sous la forme suivante :

. conseil d’administration (47 personnes dont une moitié d’élus),

. conseil académique,

. conseil des membres (restreint / élargi aux associés),

. conseil stratégique des composantes,

. bureau (Equipe de direction de la COMUE, représentants des établissements membres, …). Elle s’est fixée dans sa feuille de route trois objectifs principaux :

. construire une université de recherche de rang mondial,

. développer une offre de formation pluridisciplinaire,

. améliorer la qualité du service rendu.

1.2.2. L’Université de Savoie Mont-Blanc (USMB) L’Université de Savoie Mont-Blanc (USMB) compte aujourd’hui 13 500 étudiants. Elle bénéficie d’un soutien fort de l’assemblée des Pays de Savoie. Elle est membre associée à la COMUE « Université de Grenoble-Alpes ». Ses missions sont les suivantes :

. développer et démocratiser le service public d’enseignement supérieur et de recherche sur son territoire,

. participer au développement scientifique, intellectuel, économique, social et culturel,

. prendre part à l’écosystème universitaire régional, national et international,

. contribuer au développement personnel et professionnel des étudiants. L’offre de formation est structurée autour de 6 grands champs de formation et de recherche :

. comportements, Images, Cultures, Sociétés (CICS),

. entreprise, Gouvernance, Responsabilités (EGR),

. montagne, tourisme, sports, santé (MT2S),

. sciences fondamentales, Terres, Environnement (SFTE),

. technologies : Mécatronique, Energie-Bâtiment, Numérique (TMEBN),

. métiers de l’enseignement.

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Il s’agit pour l’université de faire des choix sur des niches en lien avec le territoire et de renforcer le travail pluridisciplinaire autour de thématiques identifiées (montagne, tourisme, environnement…). L’entreprenariat constitue aussi un axe fort de la stratégie de l’université de Savoie, qui s’appuie notamment sur un incubateur d’entreprises. En matière de recherche, on dénombre 19 unités de recherche, essentiellement liées à l’université de Grenoble, qui se répartissent dans les domaines suivants :

- sciences et génie de l’environnement, - systèmes intelligents et technologies avancées, - mathématiques, Physique, Chimie, - organisations et territoires, représentations et cognitions.

En matière de valorisation, l’objectif de l’université de Savoie est d’aller au-delà des publications en facilitant le transfert de la recherche et de l’innovation : cette stratégie volontariste se traduit par de nombreux partenariats avec les entreprises, une politique de valorisation des brevets, et du transfert de technologie. L’université de Savoie participe aussi au capital de la Société d’accélération de transfert de technologies Grenoble Alpes Innovation FastTrack (SATT GIFT), et soutient la mobilité des doctorants vers les entreprises. Les relations avec le monde socio-économique s’appuient sur un Club des entreprises qui rassemble 100 membres entreprises et institutionnels, 7 000 membres étudiants. Il propose 2 000 offres de stage. Au total, ce sont plus de 1 000 entreprises qui, sous différents formes, sont partenaires de l’université de Savoie. Les effectifs étudiants se répartissent sur plusieurs campus : Chambéry, Jacob‐Bellecombette, Bourget-du-Lac, et Annecy-le-Vieux. L’objectif de l’université est de renforcer et de progressivement « monter en gamme » sur son offre de masters.

Atouts Faiblesses

L’université de Savoie est étroitement liée aux spécificités de son territoire : − l’affirmation d’une forte identité, d’un sentiment

d’appartenance − un positionnement spécifique en Rhône—Alpes et

au sein des regroupements universitaires (PRES puis COMUE)

− une situation doublement transfrontalière et européenne

− un dynamisme démographique et économique − un réseau de villes moyennes à la qualité de vie

reconnue − des relations fortes avec le tissu économique

− un positionnement spécifique en Rhône-Alpes et au sein des regroupements universitaires (PRES puis COMUE)

− l’absence de grande métropole

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 17

Opportunités Menaces − c’est un territoire qui connaît un essor économique

remarquable malgré l’absence de grandes métropoles

− dans le contexte actuel, l’objectif prioritaire de l’université de Savoie est de rester une université de plein exercice

− un risque de marginalisation dans le cadre des regroupements universitaires en cours ?

1.2.3. Le site universitaire de Valence Le Pôle universitaire Drôme-Ardèche, antenne de l’Université de Grenoble-Alpes, s’affirme comme le 1er pôle universitaire délocalisé de France : environ 4000 étudiants universitaires pour 54 diplômes (au total, 9500 étudiants du post-secondaire, pour 120 diplômes). On dénombre 55 formations universitaires en Drôme-Ardèche dans les domaines suivants :

. droit, économie, gestion et commerce (18 diplômes),

. arts, lettres et langues (7 diplômes),

. sciences, technologies, sport (20 diplômes),

. environnement, agriculture, tourisme et développement territorial (9 diplômes). Au-delà des formations universitaires, le site se caractérise par l’importance des formations post-bac, notamment en filières courtes : 61 BTS et BTSA, 5 écoles de formation en soins infirmiers, 4 CPGE, et diverses écoles spécialisées. On peut aussi noter la présence d’une école d’ingénieur ESISAR (Ecole nationale supérieure d'informatique, systèmes avancés et réseaux), membre du groupe Grenoble INP. En Drôme-Ardèche, l'ensemble des personnels universitaires représente (enseignants/chercheurs + administratif et technique) : 323 équivalents temps plein (ETP) occupés par 380 personnes. En matière de recherche, plusieurs laboratoires sont implantés :

. le LCIS (Laboratoire de Conception et d'Intégration des Systèmes), à Valence : activités de recherche principalement orientées vers les systèmes embarqués et communicants,

. le CERMOSEM, plateforme du développement territorial, "poste avancé" de l’université en Ardèche, spécialisé, sur les dynamiques territoriales, le tourisme, les pratiques récréatives, l'environnement et la gestion du patrimoine,

. le CERAG, atelier de recherche « hors sol » sur la banque, intégré au CERAG (Centre d'Etudes et de Recherches Appliquées à la Gestion - UMR CNRS),

. le Pôle ECOTOX (ou Rovaltain Research Company) : une fondation de coopération scientifique adossée à une SAS, en écotoxicologie et toxicologie environnementale. S’adressant aussi bien aux laboratoires académiques qu’à l’industrie. Basée sur une combinaison de projets innovants et de services de type « tests règlementaires » pour évaluer les risques potentiels des contaminants chimiques et biologiques.

Le site se caractérise par la proximité : à près de 70%, les étudiants accueillis sont originaires de Drôme-Ardèche, 54% d’entre-eux logent chez leurs parents (contre 23% à Grenoble). Les formations universitaires de Drôme-Ardèche accueillent une proportion d’étudiants boursiers bien plus élevée (43%) que celle relevée sur l’ensemble de l’académie de Grenoble (24%).

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On note aussi un choix privilégié de formations plus courtes et professionnalisantes (par rapport au reste de l'académie grenobloise et de la Région Rhône-Alpes) : les formations du supérieur non universitaires sont ainsi majoritaires (56%) en Drôme-Ardèche. La dynamique du site s’appuie sur l’originalité de la structuration de l’ADUDA (Agence de développement universitaire Drôme-Ardèche) en Groupement d’intérêt public (GIP), regroupant les universités grenobloises et les collectivités locales. L’ADUDA est par ailleurs reconnu en tant qu’opérateur de l’Etat dans ses missions à l’interface des acteurs de l’ESR en Drôme-Ardèche, à travers :

. la promotion et le développement de l’enseignement supérieur dans les territoires, - l’organisation,

. et l’animation de la vie étudiante,

. la concertation stratégique et opérationnelle entre universités et collectivités.

Atouts Faiblesses − Une dynamique de développement qui repose sur

la volonté politique des collectivités, des universités grenobloises, et de l’Etat, sans revendication d’une université de plein exercice

− La mutualisation des moyens, tant humains, d’équipements que financiers, à travers une structure opérationnelle dédiée (ADUDA)

− Cette stratégie a permis d‘atteindre une masse critique importante (env. 10 000 étudiants), avec une offre de formation large

− Le pôle universitaire remplit pleinement sa mission de démocratisation de l’accès à l'enseignement supérieur pour la population de Drôme-Ardèche, et parvient à amener vers l'enseignement supérieur, une population socialement plus en difficulté que celle du site universitaire de Grenoble

− Le positionnement du site (« pôle de développement universitaire » axé sur la proximité) pose un problème de visibilité, notamment pour les enseignants chercheurs. Si la proximité peut constituer une opportunité de travail collaboratif en recherche, elle s’avère être aussi une difficulté pour la collecte de moyens

− Le modèle économique du Pôle ECOTOX de Rovaltain ne semble pas viable en l’état : il nécessitera des investissements importants pour maintenir les équipements aux standards internationaux et devra donc s’appuyer sur une stratégie de développement à l’international pour trouver de nouveaux débouchés

Opportunités Menaces − Un positionnement précurseur sur l’ensemble du

post-bac, à la charnière entre secondaire et supérieur, qui va dans le sens des actions engagées en faveur du rapprochement entre l’Education nationale et l’ESR (dans l’esprit de la Loi, œuvrant à la passerelle Bac-3/Bac+3)

− Une volonté de renforcer les formations professionnalisantes, facteurs de « caractérisation » du site, c’est-à-dire les filières d’excellence : bois, agro-bio, loisir-environnement, informatique, réseaux embarqués, nucléaire, logistique, gestion de l’eau, développement territorial...

− La fusion des universités de Grenoble et la création de la COMUE peuvent susciter des craintes sur la représentation institutionnelle, le pilotage, et l’organisation des formations universitaires de Valence-Drôme-Ardèche

− Les évolutions du cadre législatif et les difficultés budgétaires des collectivités locales pourraient fragiliser le modèle valentinois

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Nombre d'étudiants inscrits dans les établissements, par unité urbaine

Effectifs par cycle dont formations Implantations 1er 2ème 3ème Iut Ingénieurs Santé Total

Annecy 3628 808 1 1761 236 0 4437 Bourg-en-Bresse 626 91 0 0 0 0 717 Chambéry 5557 2803 9 614 377 0 8369 Grenoble 21022 19258 3517 3704 4403 4090 43797 Lyon 50400 43395 4367 5090 6859 11589 98162 Oyonnax 0 105 0 0 105 0 105 Roanne 1421 143 0 606 0 0 1564 Saint-Etienne 10484 5430 314 1637 1247 2657 16228 Valence 2948 712 0 833 378 0 3660 Vienne 227 0 0 150 0 0 227

Rhône-Alpes 96313 72745 8208 14395 13605 18336 177266 Source et méthodologie : Atlas régional des effectifs d’étudiants en 2013-2014, Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la

Recherche, juin 2015

NB : il s’agit des effectifs d’étudiants inscrits dans les établissements sous tutelle exclusive du MENESR, ces chiffres ne tiennent pas compte des effectifs inscrits dans les écoles. Le mode de recensement utilisé par le Ministère peut expliquer les écarts avec les chiffres

indiqués dans les présentations précédentes. Les sites d’implantation correspondent aux unités urbaines de l’INSEE.

La Région Rhône-Alpes comptait au total 259 675 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en 2013-2014, dont :

. 159 522 inscrits dans les universités,

. 23 455 inscrits en sections de technicien supérieur et assimilés,

. 8 504 en classes préparatoires aux grandes écoles,

. Le reste des effectifs se répartit dans les écoles et instituts publics ou privés : INPG, écoles de commerce, ESPE, écoles d’ingénieurs, ENS, écoles paramédicales et sociales, écoles supérieurs d’arts et de culture…

Cet état des lieux suscite plusieurs observations : . Les implantations universitaires dans les villes moyennes et villes universitaires intermédiaires

s’appuient en Rhône-Alpes sur une diversité de formes d’organisation (antennes, université de plein exercice, écoles et grandes écoles…) qui ne nuit pas à leur qualité. Cette diversité d’organisation apparait au contraire comme un facteur d’efficacité.

. Les implantations locales, qu’il s’agisse de formations supérieures ou de laboratoires de recherche, s’appuient sur un rôle décisif de l’intervention publique, en particulier des collectivités territoriales. Dans un contexte budgétaire délicat, il convient de rappeler cette action déterminante des pouvoirs publics en matière de développement territorial de l’ESR, en particulier dans la région Rhône-Alpes.

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Si l’on peut souligner plusieurs points positifs, comme l’accès facilité à l’enseignement supérieur pour le plus grand nombre, ou la volonté des acteurs locaux de s’organiser pour répondre aux besoins des acteurs socio-économiques du territoire, on peut aussi identifier plusieurs points d’amélioration :

. il serait nécessaire de mieux coordonner et de « rationaliser » l’offre de formation sur le territoire régional, afin d’en améliorer la lisibilité,

. la connexion et la mise en réseau d’ « écosystèmes » locaux globalement performants doivent être développées par des échanges de compétences, au profit de « l’écosystème » régional : les initiatives locales doivent ainsi davantage soutenir et conforter une politique régionale. Ce sera sans doute un enjeu essentiel dans la grande région Auvergne-Rhône-Alpes avec l’ajout de l’écosystème de Clermont-Ferrand.

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 21

Encadré 2 exemples d’initiatives locales relatives à l’enseignement supérieur en Rhône-Alpes

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Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 23

2. 2ème partie : L’enseignement supérieur et la recherche, leviers du développement socio-économique des territoires

Après avoir recensé la diversité d’organisation de l’ESR en Rhône-Alpes, cette deuxième partie a pour objet d’identifier les conditions de réussite des différents « écosystèmes », en matière de formation et de recherche, et leur contribution au système rhônalpin d’ESR. Il s’agira notamment de s’inspirer des bonnes pratiques relevées dans les écosystèmes les plus performants pour contribuer au développement socio-économique de l’ensemble des territoires.

2.1. Coordonner et conforter l’offre de formation au niveau régional pour répondre aux besoins et aux projets des territoires

Sans multiplier encore les antennes universitaires, il est souhaitable d’atteindre une masse critique dans les implantations existantes pour que les campus puissent fonctionner et apporter des ressources dans les territoires. Il y a intérêt, comme l’exemple de Valence le montre bien, à raisonner sur l’ensemble du post bac, en insérant dans la réflexion sur les villes moyennes l’ensemble des filières de formation universitaires et post secondaires et en soignant leur articulation aux enseignements secondaires délivrés dans les lycées sur leur territoire. Il est aussi souhaitable de s’orienter vers un développement des licences professionnelles à vocation pluridisciplinaire portant sur de nouveaux métiers de niveau intermédiaire. Ces licences professionnelles sont un moyen :

. de répondre aux nécessités de développer des formations en adéquation avec les nouveaux besoins des employeurs publics et privés,

. de formuler de nouvelles voies professionnelles par conjugaison des disciplines, à même de relever les enjeux complexes de notre société,

. de former des jeunes à des niveaux intermédiaires sur des sujets innovants. Les formations permettant de conjuguer plusieurs disciplines peuvent même être dispensées dans une métropole, autant que sur un territoire plus éloigné. Elles seront peut-être l’occasion de conjuguer des formations entre établissements métropolitains et établissements en ville moyenne. Le système universitaire a pour vocation de former des cadres supérieurs. L’offre de formation dans les villes moyennes ne doit donc pas uniquement se limiter au niveau de la licence ou sur des filières trop étroites. Il ne faut pas s’interdire de proposer une offre de masters dans ces villes moyennes :

. professionnalisant et ciblés en correspondance avec des besoins du territoire,

. ou plus généralistes et pluridisciplinaires, toujours en lien avec les métiers d’avenirs. La création de nouveaux masters doit cependant s’appuyer sur les forces spécifiques et distinctives de chaque site : tissu économique, activités de recherche… L’idée selon laquelle la professionnalisation est un vecteur principal de la relation entre l’université et les territoires fait consensus. Cette professionnalisation peut se penser à tous les niveaux post-bac, L, M et D. Par le jeu des stages, contrats de professionnalisation, contrats d’apprentissage, il se noue une relation très forte entre chaque responsable de formation et son espace d’intervention.

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Il est nécessaire de : . veiller à ce que les universités et établissements métropolitains puissent travailler avec les

territoires éloignés, . renforcer le travail des ARC7 notamment pour financer des thèses en relation étroite avec les

milieux professionnels sur le modèle des conventions CIFRE8. La Région doit pouvoir s’impliquer en vue d’une carte régionale des formations. Les initiatives d’excellence accélèrent la créativité au sein de chaque COMUE mais pas à l’échelle inter-COMUE, ni régionale. Il apparait indispensable pour chaque futur étudiant rhônalpin :

. de bénéficier d’une offre lisible et compréhensible,

. de bénéficier de possibilités étendues, quelle que soit son origine sociale et géographique. Il est donc très précieux que la Région intervienne par le financement de projets, même de façon modeste, et impulse une réflexion de cohérence régionale. L’action régionale doit favoriser la diffusion des ressources métropolitaines vers les territoires, et participer ainsi à leur irrigation. La mise en place d’un « hub régional » permettant de recenser les ressources universitaires à disposition des entreprises, des étudiants et des citoyens pourrait être envisagée.

2.2. Animer des « Campus » au cœur des territoires La notion de « campus » et de vie de campus apparaît très importante car elle porte en elle une dynamique qui génère les rencontres et les destins improbables. Le campus conçu comme une unité de vie, apporte aux étudiants une variété d’offre de formations et donc de réorientation, de services y compris culturels, et la possibilité de créer des liens avec le monde économique et la société civile en impactant directement les territoires sur lesquels il se développe. Il n’est pas superflu de mettre en œuvre une communication « offensive » pour favoriser dans ce cas les rencontres entre ces différents acteurs. Innovation, formation supérieure, entrepreneuriat constituent d'ores et déjà le triptyque insécable de la création de valeur, pour les territoires, les individus et les entreprises. C'est la raison pour laquelle il faut rapprocher et relier des structures et activités qui pouvaient se penser séparément, mais dont la valeur ajoutée réside aujourd'hui dans leur articulation. Ceci peut s’organiser dans des "tiers lieux" qui peuvent héberger à la fois des espaces de co-working, des appuis administratifs et financiers , des structures ou modules de formation , des activités culturelles et sportives, en présentiel ou en e-learning. Les campus universitaires, et les écoles spécialisées (écoles de commerce, d’art, d’architecture ou d'ingénieurs) peuvent offrir dans leurs locaux des structures adaptées à des professionnels, des fab'lab d'entreprises souhaitant bénéficier de la richesse intellectuelle et du dynamisme d'une Université ou d'une Grande Ecole, par ses étudiants, ses professeurs, ses chaires.

7 Les communautés de recherche académique Rhône-Alpes : Issus de la Stratégie Régionale de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’innovation (SRESRI), les ARCs font suite aux Clusters de recherche, réseaux de laboratoires de recherche publics de la région Rhône-Alpes qui visent à structurer des communautés de recherche autour des principes de coopération et de coordination régionales. http://www.arc.rhonealpes.fr 8 Le dispositif CIFRE - Conventions Industrielles de Formation par la REcherche - subventionne toute entreprise de droit français qui embauche un

doctorant pour le placer au cœur d'une collaboration de recherche avec un laboratoire public. Les travaux aboutiront à la soutenance d'une thèse en trois ans.

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 25

Le système d’enseignement supérieur, à travers son mode d’implantation sur les territoires, est un moyen potentiel d’atténuer les déséquilibres territoriaux actuellement à l’œuvre. Il convient non pas de tracer un chemin balisé et linéaire aux créateurs d'entreprise ou porteurs de projet d'innovations, mais d'apporter l'ensemble des ressources disponibles pour les accompagner et les faire réussir. Il s'agit bien de contribuer au développement :

. d’une culture entrepreneuriale, scientifique et industrielle sur les territoires, en s'appuyant sur une coopération efficace des acteurs des formations supérieures avec le tissu économique, social et industriel,

. d’une évolution de l’égalité des chances par la percolation de l’excellence des activités académiques métropolitaines.

Une telle réflexion ouvre les portes vers un modèle d’université et d’économie collaboratives, créateur de valeur pour les acteurs du territoire, interconnectés et tournés vers l'innovation : communauté d’étudiants, de chercheurs, d’entrepreneurs, de créateurs, d'utilisateurs et de collectivités locales. Malgré le phénomène irrémédiable de concentration urbaine, il s’agirait d’entrer dans l’ère du décloisonnement, dans un monde d’interconnexion, dans une ère de l’action, à même d’atténuer quelques déséquilibres sociaux, culturels et économiques.

Encadré 3 : Les Fablabs9

Les fablabs (FABrication LABoratory) sont des ateliers de fabrication d'objets à partir d'outils numériques qui pourraient bien être l'équivalent moderne des cercles de fermières ; selon la définition de Wikipedia, ce sont les coopératives du futur. En fait, ce sont des espaces où l'on met des machines-outils et des matériels informatiques et électroniques à la disposition des participants ; les bidouilleurs du numérique s'en serviront pour fabriquer rapidement des objets à partir d'un concept conçu sur l'ordinateur. Les fablabs sont des espaces collaboratifs, lancés le plus souvent par des "institutions-mères" universités, musées, fondations, centres de sciences, ou par des groupes d'individus qui se sont parfois rencontrés dans des espaces virtuels, sur les médias sociaux, qui décident de se retrouver physiquement et de mettre en commun leurs idées pour fabriquer des objets réels. Les fablabs réunissent des "bricoleurs, designers, ingénieurs, hackers, électroniciens et roboticiens", amateurs ou plus aguerris.

2.3. Rendre l’étudiant acteur du lien université/territoires, en s’appuyant sur les formations en alternance

La relation université/territoire se joue en partie sur les différentes formes de formation en alternance : apprentissage, stages, et contrats de professionnalisation… mais aussi dans le cadre de jobs étudiants ou emplois d’été. Certains dispositifs, comme le dispositif « StaRTer », visent d’ores et déjà à valoriser la ressource « stage » pour remédier au déficit d’attractivité des territoires non métropolitains. Les stagiaires issus des grandes universités métropolitaines sont par exemple accueillis dans des structures de développement territorial. Les mises en situations concrètes d’étudiants se multiplient actuellement dans tous les établissements, mettant en action concrètement la notion de « territoire-école ». 9 Source : http://cursus.edu/article/18267/tout-faut-savoir-sur-les-fablabs/#.VieLWKMxjo4

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Dans cette perspective, la Région pourrait prendre l’initiative de développer ce dispositif à d’autres territoires, en s’appuyant sur un recensement des stages réalisés dans d’autres territoires de la région. Ces expériences en situation de travail peuvent permettre aux jeunes de rester proche de leur territoire d’origine ou d’y revenir après leurs études : pour cela, il faut leur donner la possibilité de rester connecter à ces espaces. Le développement des formations en alternance dans le supérieur est donc une opportunité pour renforcer le lien entre les universités, les étudiants et les territoires. Il est conditionné par une lisibilité et une stabilité des dispositifs et une vraie volonté de favoriser stages…alternances et expériences en entreprises en mettant en place les moyens nécessaires pour accompagner les jeunes à se loger notamment loin de leur base… (Certains doivent même avoir plusieurs logements pendants l’année) 10

Encadré 4 : « L’InTERface Université-Territoires et le dispositif StaRTer » Le dispositif StaRTer, soutenu par la Région Rhône-Alpes depuis 2009, vise à renforcer les liens entre universités et territoires éloignés des métropoles et réseaux académiques, par le biais des stages effectués par les étudiants en formation supérieure. En partenariat étroit avec les structures locales de développement (EPCI, syndicats mixtes...), l’objectif est de susciter et de faciliter la venue et l’accueil de stagiaires sur le territoire, mais également de les mettre en réseau, toutes disciplines confondues, au service du projet de territoire et du repérage d’éventuels potentiels d’innovation. Expérimenté dans la vallée de la Drôme (GPRA Biovallée) depuis 2009, puis étendu aux départements de la Drôme et de l’Ardèche, StaRTer est intégré depuis avril 2013 à l’Interface Université-Territoires portée par l’Université de Grenoble, en partenariat avec celle de Lyon. Tous les territoires de Rhône-Alpes intéressés peuvent être associés au dispositif. http://uniter.rhonealpes.fr

2.4. Faciliter l’accès aux ressources universitaires tout au long de la vie, en s’appuyant notamment sur les nouveaux outils numériques

Le « territoire » de l’université peut aujourd’hui s’envisager à différents niveaux : . l’université s’ouvre de plus en plus à son environnement proche, en développant les

rencontres, les partenariats, les manifestations… et en s’adressant à différents types de publics en tant que « lieu ressources » en matière de savoirs et de formations,

. mais le « territoire » de l’université doit désormais s’envisager au-delà de son seul lieu d’implantation : les outils numériques permettent notamment de diffuser le savoir et les ressources universitaires dans un périmètre beaucoup plus large.

Le numérique ou « digital » impacte en effet tous les secteurs et tous les métiers. L’enseignement supérieur n’échappe pas à la règle, il est même un lieu où l’innovation se développe et où les modalités de travail ont déjà changé. Il faut accélérer le rythme pour rester « compétitif » dans une économie de la connaissance mondialisée, où les étudiants peuvent désormais suivre des cours en ligne à distance (MOOCS) organisés par les universités du monde entier. La place des outils numériques dans la formation supérieure pose la question générale de la répartition du temps d’enseignement et des contenus de formation, en présentiel et à distance. 10 Cf. contribution du CESER sur le développement de l’alternance en Rhône-Alpes, décembre 2015

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 27

Comme le digital va recomposer le paysage des modalités pédagogiques pour toutes les filières et tous les niveaux, la question de l’éloignement géographique pourrait devenir moins prégnant. De fait si tous les étudiants doivent accéder à des ressources en ligne, ou se connecter pour écouter une conférence sur le WEB, les plus éloignés dans les territoires ne seront pas défavorisés par rapport à ceux des métropoles. En revanche, la question de la qualité du débit internet en zone éloignée se pose… La vraie question pour les établissements est plutôt celle du nouveau métier des enseignants qui sont autant des médiateurs de connaissances (disponibles par chaque étudiant en ligne) que des animateurs de réflexion, des tuteurs de TD… L’université doit se poser la question de la formation des enseignants à ces nouvelles pratiques. L’université doit remettre à plat le système pour fixer la proportion de présentiel et de distanciel, les objectifs des séquences pédagogiques en présentiel et en distanciel, la place du travail collaboratif à distance, les critères d’évaluation des étudiants,… De la même manière, on voit émerger une nouvelle discipline à enseigner aux étudiants « apprendre à apprendre et à travailler avec les outils numériques ».11 Si une partie des cours est délocalisée sur le net, ou en visioconférence, on peut imaginer une moindre occupation des locaux, notamment des amphis pour de grands nombres, et un travail de l’enseignant davantage orienté vers le coaching, l’évaluation…. Pour cela, il faut investir résolument dans la conception pédagogique de demain. Dans un tel schéma, l’étudiant est moins dépendant d’une université « physique » mais plutôt d’un parcours de formation « modulaire ». La question de la mutualisation des ressources et outils pédagogiques à distance de la part de toutes les universités de la future région Auvergne-Rhône-Alpes est posée. Ces évolutions technologiques doivent contribuer à rendre plus accessibles les ressources universitaires, pour différents types de publics : demandeurs d’emploi et salariés dans le cadre de la formation continue, VAE, « université pour tous », etc. En complément et cela donnerait une image de réciprocité, nous pourrions aussi imaginer de pouvoir utiliser les ressources numériques des établissements depuis l’ensemble des médiathèques réparties sur le territoire de la Région, ce qui là encore conduirait à une meilleure utilisation des investissements publics au bénéfice de tous. Nous pourrions ainsi multiplier les « tiers lieux » sans de voir mobiliser des ressources au niveau des collectivités territoriales. Le développement des outils numériques dans l’enseignement supérieur nécessite cependant des moyens importants : il doit s’appuyer sur des équipes de professionnels, et sur une ingénierie de formation adaptée, grâce notamment à la présence d’« ingénieurs pédagogiques ». Son appropriation par les équipes enseignantes et par les étudiants doit s’appuyer sur une démarche de co-construction de nouveaux protocoles pédagogiques. Deux niveaux de développement sont envisageables :

. au niveau local, dans le cadre de la formation,

. au niveau national et international, sous la forme de MOOCS, il peut générer des ressources financières et participer à un nouveau modèle économique de l’enseignement supérieur.

11 A ce sujet, on peut se reporter aux actes du colloque co-organisé par le CESER et l’AGERA en 2014 : « Innover pour apprendre, et apprendre pour

innover »

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2.5. Améliorer la contribution de la recherche au développement socio-économique des territoires

Des passerelles entre les laboratoires de recherche et les entreprises existent et ont fait progresser la recherche partenariale mais elles ne répondent pas encore de manière satisfaisante à la coopération souhaitée entre les établissements et le monde socio-économique pour favoriser le développement des territoires et accroitre l’impact économique de la recherche publique sur l’ensemble de la région Rhône-Alpes. Les structures d’accompagnement et de valorisation sont très souvent focalisées sur la proposition de solutions financières (subventions, montage de projets, …), ce qui ne devrait pas être leur finalité première. Elles devraient prioritairement développer leurs actions d’animation de l’ensemble des acteurs des écosystèmes et des réseaux locaux. Le bilan du transfert et de la collaboration entre les établissements d’ESR et les entreprises est contrasté et il faut bien distinguer :

. au niveau des entreprises, les grands groupes qui ont su créer des connexions nombreuses avec les laboratoires pour améliorer leur compétitivité, des PME pour lesquelles il existe une marge de progrès ;

. au niveau du territoire, les métropoles qui bénéficient d’écosystèmes d’innovation organisés en réseau dense, des villes moyennes qui ne bénéficient pas du même réseau, ni de la même masse critique ;

. au niveau des disciplines, il est nécessaire de distinguer la recherche scientifique, technologique et médicale où la recherche finalisée sur contrat s’est développée, de la recherche en sciences humaines et sociales qui reste traditionnellement plus éloignée du monde de l’entreprise, même si des progrès importants ont été réalisés. Ces disciplines pourraient utilement trouver de l’intérêt à contribuer à un développement harmonieux des territoires.

Cette situation contrastée a des racines culturelles fortes souvent fondées sur une méconnaissance réciproque des deux mondes qui conduit à des clichés et à des opinions dogmatiques favorisant une forte défiance vis-à-vis des partenariats potentiels. Une modification des comportements de part et d’autre est nécessaire. Par ailleurs, un effort particulier pourrait être initié à destination des secteurs socio-économiques qui restent traditionnellement plus éloignés des coopérations avec l’enseignement supérieur et la recherche publique : monde agricole, économie sociale et solidaire, collectivités locales…

. la connaissance réciproque des acteurs universitaires et socio-économiques se crée dès la formation des étudiants, recherche et formation sont étroitement liées. Les passerelles sont à organiser dans le cadre du cursus de formation, en particulier dans les formations par alternance :

. au niveau Bac +5, les stages de Master en entreprises et en collectivités sont une forte opportunité de tisser des liens à la condition que les enseignants s’impliquent dans la relation avec la structure d’accueil du stagiaire afin de pérenniser une coopération,

. au niveau Bac+3 et IUT où les stages peuvent être l’occasion d’apporter une culture d’innovation dans les secteurs moins intensif en R&D,

. dans le cadre de thèses en entreprises favorisant des ruptures méthodologiques, organisationnelles ou technologiques.

D’une manière générale, la formation à l’entreprenariat permettant de faciliter le passage de l’innovation à la création d’entreprise, pourrait être développée dans les formations supérieures.

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 29

Préconisations

� Améliorer la lisibilité de la carte des formations et débattre de son évolution à l’échelle régionale : une offre de formation peut être développée dans les villes moyennes au-delà de la licence, en s’appuyant sur les forces distinctives du territoire : il s’agit de concilier maillage du territoire rhônalpin et spécialisation locale. Il est par ailleurs nécessaire de raisonner dans chaque site sur l’ensemble de l’offre de formation post Bac. Les licences et les masters créés devraient être d’une part professionnalisants en rapport avec les besoins du territoire, et d’autre part des formations pluridisciplinaires répondant à des besoins définis en concertation avec les acteurs socio-économiques (branches professionnelles…), conduisant à des métiers nouveaux et porteurs.

� Mettre en cohérence les politiques de site dans le cadre d’une stratégie régionale d’ESR : il n’y a pas de modèle unique « d’écosystème » en Rhône-Alpes, mais une diversité d’organisation territoriale des acteurs de l’ESR qui est un atout. La Région doit avoir pour ambition, avec le schéma régional d’ESR et la SRI-SI, de faire travailler ces « écosystèmes » plus étroitement ensemble, car une somme de politiques de site ne fait pas une politique régionale. De plus, la Région peut maintenant donner son avis sur l’offre de formation des établissements d’ESR dans le cadre du CREFOP, ce qui peut permettre d’en améliorer la cohérence. Il s’agit de fédérer et coordonner l’action des COMUEs, pour atténuer les effets des appels à projets (IDEX…) qui les placent exclusivement dans une posture de concurrence. Dans cette perspective, la mise en place d’un espace régional de concertation entre universités, écoles, et laboratoires de recherche semble essentielle.

� Faire des établissements d’ESR des « lieux ressources » du territoire, pour l’ensemble de la

population et des acteurs sociaux économiques, dans le cadre de campus intégrés rapprochant innovation, formations supérieures, et entrepreneuriat. Cette ambition doit s’accompagner de la volonté d’intégrer les innovations technologiques et de développer des processus de formation numérique à distance. La mise en place d’un « hub régional » recensant les ressources universitaires et scientifiques présentes en région pourrait aussi être envisagée.

� Favoriser la mise en réseau des acteurs socio-économiques locaux avec les établissements

d’enseignement supérieur et les organismes de recherche y compris dans le domaine des sciences humaines et sociales, afin de répondre aux attentes et besoins du monde économique, des collectivités et des territoires, et faire émerger des projets répondant à ces attentes et besoins. La question des lieux et du niveau territorial adaptés à l’émergence de ces besoins et des réponses à apporter reste cependant posée, tant pour la formation que pour la recherche. Il serait cependant opportun de s’inspirer des bonnes pratiques identifiées dans certains territoires (Savoie, Valence…)

� Mieux intégrer les acteurs locaux aux réseaux régionaux, afin que les ressources métropolitaines puissent davantage bénéficier aux territoires. Il s’agit de conforter le rôle des structures régionales (ARDI…), mais aussi d’affirmer davantage la vocation régionale des pôles de compétitivité. A cet égard, on peut citer la fusion récente du pôle Minalogic avec le Pôle Optique Rhône-Alpes de Saint Etienne, ou le partenariat renforcé entre Lyon Biopôle et le Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA). D’une manière générale, les actions d’animation conduites par les structures régionales actives dans le domaine de l’innovation (pôles de compétitivité, clusters…) et capables de développer la créativité et les transferts de technologie doivent être renforcées prioritairement aux actions d’ingénierie et de financement de projets.

30 Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015

Ces actions d’animation des « écosystèmes » et des réseaux locaux sont à mener par des « passeurs » capables :

. d’établir des liens entre un besoin et un laboratoire pertinent,

. de développer une culture de l'innovation et du transfert,

. d’organiser des événements de « réseautage » favorisant les rencontres,

. de susciter l’envie de coopération par des témoignages et la valorisation des « success stories ».

� Créer les conditions de la confiance pour les PME en s’appuyant sur les communautés d’entrepreneurs :

branches, syndicats…. Elles peuvent constituer un relai facilitant la coopération entre l’entrepreneur, l’enseignement supérieur et la recherche. Ce relai est à organiser de manière plus systématique par une mise en relation avec l’ensemble des structures chargées de l’animation des écosystèmes.

� Favoriser l’accueil des doctorants dans les PME, les collectivités et les organismes publics : le dispositif régional des ARC pourrait par exemple être élargi vers des co-financements de thèses associant une PME et un laboratoire régional. Plus globalement, les appels à projets régionaux pourraient être davantage orientés vers des collaborations établissements / organismes de recherche / entreprises et leurs représentants / collectivités.

� Favoriser l’implication des secteurs et des disciplines les plus éloignés de la recherche partenariale, en mobilisant les GEM (Groupement d'Employeurs) susceptibles d'offrir à plusieurs entreprises d'un territoire des fonctions supports (RH, juridique, propriété intellectuelle ...), et en développant l’accueil d’étudiants, stagiaires, thésards,… dans les collectivités locales (en particulier dans leur rôle d'animateur économique du territoire), les agences, les associations, les organismes parapublics…

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 31

Conclusion et perspectives En conclusion, le CESER souhaite insister sur plusieurs éléments qui lui semblent essentiels :

. il est nécessaire de conforter le maillage territorial et la diversité d’organisation des sites universitaires rhônalpins, qui constituent un atout indéniable en matière d’accès à l’enseignement supérieur et de réponse aux besoins socio-économiques des territoires ;

. ce maillage territorial doit cependant s’accompagner d’une exigence affirmée en matière de coordination, de rationalisation et de lisibilité de l’offre de formation, afin d’en améliorer la cohérence et l’efficience ;

. une juxtaposition de sites et d’ « écosystèmes » locaux, certes efficaces et bien organisés, ne peut suffire à construire un projet régional : la mise en réseau des acteurs locaux et régionaux doit être améliorée pour que les territoires puissent mieux bénéficier des ressources métropolitaines.

Quelle stratégie régionale pour l’ESR dans la future région Auvergne / Rhône-Alpes dont la géographie renforcera encore davantage la question de l’équilibre dans les dynamiques territoriales ? Dans un contexte budgétaire contraint, il s’agira de faire des choix et de définir des priorités, de mettre en place des leviers publics et privés permettant de mieux articuler les enjeux nationaux et territoriaux, et garantir une irrigation durable du territoire régional. Il s’agira aussi de mettre en œuvre un pilotage renforcé tant au niveau régional que local pour contribuer au développement d’ « écosystèmes » performants. Ce sont notamment les enjeux de la mise en cohérence des SRI-SI, et des CPER de l’Auvergne et de Rhône-Alpes, mais surtout de l’élaboration de la prochaine Stratégie régionale d’enseignement supérieur et de recherche, incluant le territoire auvergnat (en 2016), à laquelle le CESER souhaite être pleinement associé.

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Annexes

Annexe 1 La carte des Ecoles membres de l'AGERA 34

Annexe 2 Filières de l’enseignement supérieur en Auvergne 35

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Annexe 1 La carte des Ecoles membres de l'AGERA

Source : www.agera.asso.fr

43 écoles, 28 500 étudiants sur la Région AURA, 17 de ces 43 Ecoles sont en dehors de Lyon et Grenoble

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Annexe 2 Filières de l’enseignement supérieur en Auvergne

Source : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr

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Bibl iographie AGERA et CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL RHONE-ALPES, « Innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur, développement économique et social », Innover pour apprendre et apprendre pour innover, Lyon, 18 novembre 2014, AGERA et CESER Rhône-Alpes, 2014, 59 p. BERGER Vincent, Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche : rapport au président de la République, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, décembre 2012, 87 p. BERTRAND Claude, Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mars 2014, 36 p. CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL RHONE-ALPES, La SRI-SI : opportunités et exigences pour le développement de notre région, CESER Rhône-Alpes, avril 2014, 29 p. CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL RHONE-ALPES, Des leviers d’action pour l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche en Rhône-Alpes, CESER Rhône-Alpes, octobre 2013, 82 p. CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL RHONE-ALPES, Améliorer la condition étudiante en Rhône-Alpes : un enjeu pour la réussite, CESER Rhône-Alpes, juin 2013, 39 p. CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL RHONE-ALPES, Optimiser les écosystèmes d’innovation en Rhône-Alpes, CESER Rhône-Alpes, décembre 2010, 70 p. CONSEIL REGIONAL RHONE-ALPES, Stratégie régionale de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation : SRESRI, Conseil régional Rhône-Alpes, mars 2011, 29 p. GOULARD François, L’enseignement supérieur en France : état des lieux et propositions, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, mai 2007, 150 p. LE DEAUT Jean-Yves, Refonder l’université, dynamiser la recherche, mieux coopérer pour réussir, Premier ministre, janvier 2013, 152 p. LEVY Rachel, SOLDANO Catherine, CUNTIGH Philippe et FILATRE Daniel, L’université et ses territoires : dynamismes des villes moyennes et particularités des sites, Presses universitaires de Grenoble, 2014, 182 p. Loi n°2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, Journal officiel de la République française, 23 juillet 2013 MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE, Atlas régional : les effectifs d’étudiants en 2013-2014 - édition 2015, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, juin 2015, 199 p. Sites Web

« Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », <http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/> « Université de Lyon », <http://www.universite-lyon.fr/> « Université Grenoble Alpes », <http://www.univ-grenoble-alpes.fr/>

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Glossaire AGERA : Alliance des grandes écoles de Rhône-Alpes ARC : Communauté académique de recherche ARDI : Agence régionale pour le développement de l’innovation CEPRRA : Conférence des établissements publics de recherche Rhône-Alpes COMUE : Communauté d’universités et d’établissements CPER : Contrat de plan Etat-Région CIFRE : Convention Industrielle de Formation par la REcherche CREFOP : Comité régional de l’emploi, de la formation, et de l’orientation professionnelle EPSCP : Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel ESR : Enseignement Supérieur et Recherche IDEX : Initiative d’excellence MENESR : Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche MOOCS : Massive Open Online Courses PIA : programme des investissements d’avenir PRES : Pôle de recherche et d’enseignement supérieur SATT : Société d’accélération du transfert de technologie SRESR : Stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche SRI-SI : Stratégie régionale d’innovation et de spécialisation intelligente

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Remerciements Nous exprimons nos remerciements à tous ceux qui ont accepté d’éclairer notre réflexion et de participer à nos travaux, et plus particulièrement aux personnes auditionnées : Monsieur Sébastien BERNARD, Vice-président de la COMUE « Université de Grenoble-Alpes », le 25 juin 2014 Madame Martine CHANAS, Déléguée Générale de la COMUE « Université de Lyon », le 25 juin 2014 Monsieur Jean-Baptiste LESORT, Président de l’AGERA, le 09 juillet 2014 Monsieur Dominique PELLA, Délégué régional de l’INSERM, Président de la CEPRRA, le 09 juillet 2014 Monsieur Jean CHABBAL, Représentant des pôles de compétitivité au CESER, le 09 juillet 2014 Monsieur Denis VARASCHIN, Président de l’Université de Savoie Mont-Blanc, le 08 octobre 2014 Madame Rachel BOCQUET, Vice-présidente de l’Université de Savoie Mont-Blanc, le 08 octobre 2014 Monsieur Frédéric GAFFIOT, Directeur de la DEFI3S au Conseil Régional Rhône-Alpes, le 12 novembre 2014 Monsieur Bruno COMBOURIEU, Directeur scientifique du Pôle ECOTOX, le 21 novembre 2014 Madame Nadine GUILLEMOT, Directrice de l’INP / ESISAR, le 21 novembre 2014 Madame Ouassila CHOUIKHI, Chargée de mission au Conseil général de la Drôme, le 21 novembre 2014 Monsieur Florent MICHALON, Directeur de l’Agence de développement universitaire Drôme-Ardèche (ADUDA), le 21 novembre 2014 Monsieur Vincent BOSC, Chargé d’observation à l’Agence de développement universitaire Drôme-Ardèche (ADUDA), le 21 novembre 2014 Monsieur Grégoire FEYT, Maître de conférences à l’Université de Grenoble Alpes, le 21 novembre 2014 et le 01 juillet 2015 Monsieur Philippe CUNTIGH, Professeur associé à l'Institut de géographie alpine de l'université de Grenoble-Alpes, et chargé de mission à la DEFI3S du Conseil Régional Rhône-Alpes, le 21 novembre 2014 et le 1er septembre 2015 Monsieur Philippe MADIES, Directeur de l’Institut d’Administration des Entreprises – Valence, le 21 novembre 2014 Monsieur Hugues THIRCUIR, Responsable de l’antenne STAPS de l’Université Joseph Fourier à Valence, le 21 novembre 2014 Monsieur Laurent LEFEVRE, Directeur adjoint du Laboratoire de Conception et d’Intégration des Systèmes (LCIS) de Valence, le 21 novembre 2014 Monsieur Jacques NORIGEON, Directeur de l’Ecole Supérieure d’Art et Design de Valence, le 21 novembre 2014 Monsieur Sylvain BRANCO, Président de l’Association Valentinoise des Etudiants (AVE), le 21 novembre 2014

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 39

Monsieur Claus HABFAST, 12ème Vice-président à la recherche et à l’enseignement supérieur - Grenoble Alpes Métropole, le 10 décembre 2014 Monsieur Jacki MICHAUD, Directeur de l’Education et de l’Enseignement Supérieur au Conseil Départemental de l’Ain, le 14 janvier 2015 Monsieur Gilles DUBOIS, Directeur adjoint - Université Jean Moulin Lyon 3, site Bourg en Bresse, le 14 janvier 2015 Monsieur Aron GABOR, Directeur adjoint à l’IUT Lyon 1, le 14 janvier 2015 Madame Michèle COTTIER, Vice-présidente de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, le 11 mars 2015 Monsieur Alain FAYOLLE, Vice-président de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, le 11 mars 2015 et le 1er juillet 2015 Monsieur Alain COZZONE, Responsable scientifique de l’ARC 1, Professeur émérite à l’Université Lyon 1, le 13 mai 2015 Madame Valérie ROCCHI, Chargée de mission de l’ARC 8, Grenoble INP – Laboratoire G-SCOP, le 13 mai 2015 Monsieur Jean-Paul BRET, Vice-président de la Métropole de Lyon, le 10 juin 2015 Monsieur Georges JOBARD, Président du Fonds de dotation pour l’innovation industrielle (F2I), le 1er juillet 2015 Monsieur Patrick VUILLERMOZ, Directeur de Plastipolis, le 1er juillet 2015 Monsieur Pierre BECCAT, Directeur de l’IFPEN Lyon, le 1er juillet 2015 Monsieur Yves CIMBARO, Président d’ANASUP, le 1er juillet 2015 Monsieur Luc SINKIEWICZ, Personnalité qualifiée au Conseil d’administration de l’Université de Savoie Mont-Blanc, le 1er juillet 2015

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 41

Déclarations des groupes

Intervention de M. Jean CHABBAL, au nom du collège I

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues, L’enseignement supérieur et la recherche contribuent positivement au développement économique et social des territoires, cet impact est difficile à mesurer mais il est largement démontré par la réussite des écosystèmes ayant su créer des relations fortes entre les universités, les centres de recherche, les entreprises et les collectivités locales. Si la concentration des laboratoires de recherche dans un nombre limité de pôles est nécessaire pour bénéficier d’une masse critique créatrice d’un niveau d’excellence et d’une forte attractivité vis-à-vis des talents nationaux et internationaux; il est indispensable que la diffusion des résultats et des connaissances se fasse sur l’ensemble du territoire rhônalpin et touche également le plus grand nombre. L’enjeu est donc de s’assurer que, au delà des métropoles de Lyon et de Grenoble, l’ESR répond localement aux besoins de développement économique et social des territoires. La région Rhône-Alpes dispose de sept implantations locales des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, cela parait aujourd’hui suffisant pour couvrir les besoins de l’ensemble de la région. Cependant le collège 1 souligne que ces implantations se sont développées avec un soutien financier important des collectivités locales; dans un contexte de diminution des ressources financières cette implication croissante des collectivités locales dans l’ESR présente un risque économique car les horizons partagés par chacune des parties de même que leurs objectifs sont parfois décalés et que la participation de la collectivité ne s’inscrit pas toujours dans une logique cohérente. Ces implantations géographiques jouent bien leur rôle dans la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Selon une étude récente de France Stratégie, « La géographie de l’ascension sociale », la mobilité sociale ascendante apparait faiblement liée au dynamisme économique des territoires. Elle est en revanche fortement liée à l’éducation, en particulier à l’obtention d’un diplôme du supérieur. Leurs diversités organisationnelles liées au contexte local et à l’implication d’acteurs locaux constituent un atout pour répondre aux besoins de terrain et pour nouer des relations avec les milieux socio-économiques. Cette diversité doit s’accompagner d’une définition claire des missions respectives de chaque établissement en cohérence avec le schéma régional de l’ESR. Nous regrettons cependant au niveau régional le manque d’indicateurs (budget, niveau d’ouverture sociale, taux d’échecs, taux d’insertion, nombre de contrat de recherche collaborative, brevets, …) permettant de mesurer l’impact des établissements de l’ESR sur les territoires et leur efficience. Les préconisations et les conclusions de cette contribution proposent des voies concrètes qui vont dans le sens d’une plus grande responsabilisation et une plus grande implication de l’Université et de ses enseignants chercheurs vis à vis des enjeux sociaux et économiques de la région Rhône-Alpes. En particulier la mise en place de partenariat avec les acteurs socio -économiques locaux est essentielle, elle demande un effort accru d’animation sur le terrain par des structures dédiées travaillant en réseau: pôles, clusters mais aussi organisations professionnelles et organismes consulaires, ainsi qu'une volonté de coopération partagée par tous les acteurs. Le collège 1 s’inscrit dans ces orientations. La loi NOTRe prévoit que la Région élabore un schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous souhaitons que dans ce cadre, la politique régionale incite les établissements de l’ESR à jouer pleinement un rôle dynamique dans le développement des territoires, les préconisations de cette contribution doivent l'y aider. La Région doit également susciter une coopération renforcée des établissements au sein d’un réseau cohérent tant sur la plan de l’offre de formation que sur les compétences en recherche et rendre l’ensemble lisible par les citoyens et les acteurs sociaux économiques. Enfin la Région doit veiller à une spécialisation des établissements fondée sur les atouts et les forces des territoires locaux, afin de créer des pôles d’excellence focalisés et complémentaires. Le collège 1 souhaite mettre l’accent sur des besoins des entreprises qui ne sont aujourd’hui que partiellement satisfaits par les établissements d’enseignement supérieur et de recherche Rhônalpins au niveau des territoires locaux. Dans le domaine de la formation, la compétitivité des entreprises et la création de solutions innovantes nécessiteront des compétences et des métiers qui devront plus s’appuyer sur la recherche, la créativité et l’entrepreneuriat. Des formations adaptées devront être créées, les méthodes pédagogiques devront évoluer et il sera nécessaire de faire appel aux moyens numériques. Les entreprises et les branches professionnelles doivent être associées à la définition de ces nouvelles formations. Alors que des métiers de cadre sont en tension en Rhône Alpes notamment dans l'industrie mécanique, la santé et l'action sociale, le marketing numérique, les services informatiques, le tourisme, ..., l'employabilité des diplômés de certaines filières universitaires est problématique, par exemple le taux d'insertion des filières Lettres, langues, Arts est inférieur à la moyenne. Les étudiants doivent être informés des débouchés des formations et des besoins des entreprises en terme de compétences afin de finaliser leur choix en toute connaissance de cause. Enfin la formation supérieure par l'apprentissage doit être favorisée. Dans le domaine du transfert et de la recherche collaborative, alors que les nouvelles technologies permettent de communiquer facilement avec l’ensemble du monde, il n’en reste pas moins que le développement de projets en partenariat est grandement facilité par la proximité des acteurs. La proximité géographique joue ainsi un rôle clé pour l’identification de partenaires et leur mise en relation. Les collaborations de R&D entre entreprises et organismes publics de recherche constituent un levier majeur pour dynamiser l’innovation des entreprises locales. Si les transferts de résultats de la recherche publique se sont multipliés ces dernières années sous l’impulsion de politiques publiques incitatives, ils restent insuffisants au regard des besoins en innovation des

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PME et TPE qui doivent être une priorité. Autour des pôles de compétitivité une articulation de tous les acteurs doit se développer pour créer un accompagnement spécifique des entreprises au niveau local. Un recensement et un benchmark des initiatives de transfert présentes au sein des pôles et des clusters, permettraient de généraliser les meilleures pratiques au niveau de l’ensemble de la région. Dans le domaine de la gouvernance, la participation généralisée des représentants du monde économique au conseil d’administration des établissements est nécessaire pour intégrer dans leur stratégie les attentes des entreprises en terme de formation initiale, de formation continue et de recherche. Au sein de ces organes de gouvernance, les acteurs sociaux économiques et les universitaires doivent mieux travailler ensemble au bénéfice de la compétitivité et du développement de la région. Le collège 1 souligne la qualité de cette contribution et remercie la commission 6 de son travail. Nous voterons cette contribution.

Intervention de M Bruno LAMOTTE, au nom de la CFDT

Madame la Présidente, mesdames et messieurs les conseillers, Avec les réformes récentes des collectivités territoriales, le Conseil Régional de la future grande région va devoir se positionner sur les questions de développement économique, d’innovation et de stratégie internationale. Ce sera dans un espace nouveau qui intègrera Rhône-Alpes et Auvergne. A n’en pas douter, un aspect de ces questions sera le volet enseignement supérieur et recherche, même si il ne s’agit pas d’une compétence centrale pour les régions. La contribution que propose Francis Navarro au titre de la commission n°6 aborde ce lien entre développement et ESR en insistant opportunément sur l’importance de l’ESR pour le développement territorial et régional, prolongeant ainsi les réflexions issues des débats sur la SRI-SI et le CPER. Au niveau des territoires, notre organisation estime que l’implantation universitaire au plus près du citoyen de l’étudiant et de l’entreprise, tout en satisfaisant à la nécessité de la taille critique, est la meilleure assurance de poursuite de la démocratisation de l’enseignement supérieur déjà engagée. C’est une bonne solution aux problèmes d’accessibilité des universités à tous, jeunes et moins jeunes, acteurs du monde professionnel ou citoyens soucieux d’améliorer leurs connaissances. C’est aussi la voie pour améliorer la liaison entre le Bac-3 et le Bac +3. C’est enfin un atout pour que les territoires définissent leur entrée dans une stratégie de spécialisation intelligente tirant le meilleur profit possible de leurs écoles, des compétences de leurs salariés et de leurs forces productives. Au niveau régional nous approuvons l’analyse que fait le rapport des limites des contrats de site portés par les actuelles Comue dans la construction d’une vraie stratégie régionale. L’addition de deux conceptions indépendantes portées par Lyon-Saint-Etienne et Grenoble-Alpes ne peut pas fournir une stratégie régionale assurant le développement de l’ensemble des territoires. Or les réformes récentes de l’ESR et la mécanique de concours d’excellence comme celle des Idex poussent les universités à raisonner de façon disjointe dans leurs académies. Dans le futur, l’addition d’une stratégie supplémentaire portée à Clermont-Ferrand peut augmenter cette difficulté de la région à appuyer sa stratégie de développement sur ses universités. Les occasions de coopération et de recherche de complémentarité entre les écosystèmes universitaires se font rares et la région, comme la préfecture de région, sera un acteur essentiel dans la création de ces opportunités, même en y consacrant des moyens mesurés comme c’est le cas actuellement. Cette contribution évoque les points que j’ai mentionnés et les développe utilement. Elle est un vrai apport dans le développement du travail de cette commission. La CFDT votera cette contribution et vous remercie de votre attention.

Intervention de Mme Caroline BELZE, au nom de la CGT

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues,

L'avis soumis à notre Assemblée sur "enseignement supérieur et dynamiques territoriales" constitue pour notre groupe CGT, une prise de position du CESER Rhône-Alpes particulièrement importante. Les contributions au cours des années précédentes concernant l'enseignement supérieur, recherche ont donné lieu à des désaccords profonds sur une question essentielle. Concentration, sélectivité, concurrence poussée à l'extrême ou au contraire irrigation de l'ensemble des territoires à partir des besoins de ceux-ci. Nous prenons acte positivement d'un changement de posture au sein de notre Assemblée dans les préconisations proposées par l'avis autour d'une idée centrale. Conforter le maillage territorial et la diversité d'organisation des sites universitaires rhônalpins qui constituent un atout indéniable en matière d'accès à l'enseignement supérieur et aux réponses à destination des besoins socio-économiques des territoires.

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 43

Nous sommes très loin de l'avis de notre CESER de 2011 dans lequel il était indiqué: "Le rééquilibrage territorial rentre en contradiction avec l'exigence d'excellence". Ou bien encore: "Nous regrettons que la stratégie régionale ne soit pas la recherche de pépites d'excellence". Nous retrouvons désormais une nouvelle conception de l'excellence qui n'est pas une concurrence exacerbée mais une excellence intégrante, multidimensionnelle. L'excellence, ce sont en permanence les équipes de travail, l'équilibre territorial, la cohésion sociale, la réponse aux besoins. Le travail effectué par la commission, les différentes auditions, le séminaire avec une diversité d'acteurs auront permis de vérifier la pertinence d'une clé d'entrée dans le domaine de l'ESR comme dans d'autres domaines "le territoire". Le territoire, ce n'est pas que l'entreprise, que l'attractivité ou la compétitivité. Le territoire, c'est des besoins économiques, sociaux, culturels, de justice sociale, d'accessibilité pour tous à la promotion sociale. L'université, l'enseignement supérieur, la recherche peuvent jouer un rôle important pour répondre à l'ensemble de ces ambitions. En ce sens, l'avis, les diverses auditions également, se prononcent pour une réflexion des différents acteurs sur les conditions nécessaires à l'identification des besoins territoriaux dans leur diversité. Nous considérons que cette question pourrait à l'avenir faire l'objet d'un travail de notre Assemblée. L'exécutif régional nouvellement élu au cours des prochaines semaines devra élaborer un schéma régional enseignement supérieur – recherche. Notre organisation partage les préconisations de l'avis dans ce domaine. � Respecter la diversité des organisations territoriales. � Favoriser « le travailler » ensemble en opposition avec la logique de concurrence. � Faire des établissements ESR, des lieux ressources du territoire dans la diversité de celui-ci. � Favoriser les initiatives permettant d'identifier les besoins, ce qui suppose une participation des différents acteurs. � Prendre à bras le corps, la question centrale du nouveau périmètre régional et la place de l'ESR au sein des 12 départements. � Enfin, faire de l'irrigation durable du territoire régional, une priorité. Pour conclure, nous voterons cet avis et nous insistons une nouvelle fois sur la pertinence pour notre Assemblée à travailler dans une vraie logique de confrontation d'idées. L'avis est issu du travail des conseillers mais également des auditions diversifiées. En ce sens, la forme "séminaire d'une journée" nous apparaît pertinente. Elle permet d'avoir un regard plus large, plus diversifié et de se sortir de la seule audition de spécialistes pour aller vers une approche d'acteurs différents. Au fond, à l'image de ce quoi doit être un CESER.

Intervention de M. Eric BLACHON au nom de FO

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues,

Le groupe Force Ouvrière tient à souligner la capacité d’écoute et de synthèse du Président de la Commission. Nous tenons, aussi, à remercier Tristan Desfrenes et les équipes du CESER qui ont su rendre lisible un thème qui de premier abord serait une affaire réservée aux seuls initiés du monde universitaire. La mise en perspective des différentes réformes qui charpentent aujourd’hui l’ESR en Rhône-Alpes, au-delà de la symbolique transformation des PRES en COMUE, ne manque pas d’interpeller quant à la cohérence d’ensemble que l’on pourrait trouver avec le recul nécessaire pour ce genre d’exercice. En effet, la loi Notre remettra probablement en cause le schéma cible qui se concentrait sur les deux métropoles Lyon et Grenoble. Le synoptique nous situe dans l’espace, il dresse un panorama des campus et des volumétries d’étudiants accueilli sur chaque site. Avec la nouvelle donne, évoquée ci-dessus, nous serons amenés à nous questionner sur l’état des lieux. S’agissant de l’offre de formation, la grille d’analyse utilisée permet, de manière non exhaustive, de dégager des tendances. Pour Force Ouvrière, si la notion de force ou de faiblesse parait très pertinente au premier abord, la possibilité de retournement de la conjoncture économique ou encore de mutation d’un territoire impose une certaine prudence sur l’aspect définitif de la lecture. Pour notre groupe, si cette offre de formation peut faire l’objet d’une concertation avec l’Etat, elle ne saurait être à la seule main de la Région. Nous constatons que les moyens dégagés en investissement et en fonctionnement pour l’Université et/ou la Recherche sont en évolution, mais à des niveaux trop modestes, compte tenu des défis à relever et face à la demande d’accès aux cursus d’enseignement supérieur toujours en progression. Sur ce dernier point, nous aurions apprécié que la commission procède à une évaluation des moyens déployés sur l’ensemble des territoires face à une demande qui voit parfois des étudiants sans solution de parcours de formation ou des amphithéâtres surpeuplés.

44 Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015

Au-delà des règles de sécurité, cela interroge sur la capacité ou la volonté de notre Etat Républicain d’organiser et d’articuler un ensemble de moyens avec divers intervenants. Au risque de se répéter, cette question tout comme celle des moyens (MAPAM un seul contrat) ne peut pas se régler de manière binaire. Il faut envisager des complémentarités faisant l’objet d’une contractualisation avec une évaluation en amont et en aval. Les nouveaux outils numériques comme les moocs remportent un franc succès que ce soit en formation initiale ou continue. Toutefois, il ne remplace pas, le face à face pédagogique qui demeure la base de toute formation de qualité. Les nouveaux outils quels qu’ils soient n’interviennent qu’en appui pour compléter un enseignement universitaire éprouvé. L’exemple des fab labs trouvent des applications inédites où le toujours plus peut faire rêver, c’est un tremplin qu’apprécient notamment les innovateurs de l’Arche dans le bassin Grenoblois. S’agissant du dispositif Starter, nous restons très attentifs à ce que son application ne se traduise pas par un mécanisme préjudiciable au plan territorial. Pour conclure, le groupe Force ouvrière s’étonne de trouver dans les préconisations la question : « La somme des politiques de site ne peut constituer une politique régionale ». En effet, quid d’une politique régionale : élitiste, courir après le classement de Shanghai pour faire la une des gazettes locales ? Dirigiste et ballottée au gré des alternances démocratiques ? Le groupe Force Ouvrière est très attaché au modèle républicain qui malgré ses imperfections et son jacobinisme reste le socle indispensable d’un vivre ensemble apaisé. Ces remarques étant faites, le groupe Force Ouvrière votera pour l’avis proposé par la commission Enseignement supérieur et Recherche. Je vous remercie de votre attention.

Intervention de Mme Patricia DROUARD, au nom de FSU

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues,

L'avis, comme son titre l'indique, a ciblé le lien de l'Enseignement Supérieur et la Recherche avec les besoins du territoire. Pour la FSU, l'Enseignement Supérieur ne peut se résumer à ce seul enjeu. Certes cela n'est pas dit dans le texte, mais la FSU préfère réaffirmer que l’enseignement, quel que soit le niveau, doit aussi comporter une dimension émancipatrice et de formation citoyenne. Le sujet de l'avis n'a pas permis de prendre en compte la dimension des publics (les étudiants en particulier): d'où viennent-ils? Restent-ils sur le territoire où ils ont été formés ? Le désirent-ils ? .... Même si le texte porte sur l'apport de l'enseignement supérieur et la recherche aux besoins, essentiellement économiques, du territoire, il apporte une vision beaucoup moins étriquée que le simple "adéquationnisme", ce que la FSU ne peut qu'approuver. Il préconise des formations professionnalisantes mais avec un contenu suffisamment large, et parfois une pluridisciplinarité, qui permette aux individus une meilleure sécurisation de leurs parcours professionnels. Ce texte met en exergue la nécessité pour l'enseignement supérieur de couvrir l'ensemble du territoire avec des formations de haut niveau afin de ne pas les réduire aux seuls campus des métropoles. Pour cela, il prévoit une diffusion des savoirs et de la recherche entre établissements, il met en avant la cohérence des formations et préconise une moindre concurrence entre établissements, même si la notion de projet demeure. La FSU s'oppose à toute forme de compétition, qui serait néfaste et ne répondrait pas à l'équilibre souhaité, entre territoires. L'outil numérique a été présenté comme une solution à certaines situations, pour la FSU il est porteur de potentialités considérables mais ne doit pas servir de palliatif au manque de postes. Il faut combiner sessions en présentiel et à distance pour les étudiant-es et salarié-es non totalement disponibles. Ce texte ne répond pas entièrement aux attentes de la FSU: équilibre sur le territoire national, indépendance de la recherche, cadrage national des formations, mais la plupart de ces questions ne sont pas de compétence régionale. Cependant la FSU déplorerait qu'une pression, notamment financière, s'exerce sur les enseignant-es chercheurs afin qu'ils répondent à des lobbies (territoriaux) plus puissants que les autres. Elle remarque aussi que ce rapport offre de meilleures perspectives en ce qui concerne l'équilibre des formations (y compris post licences) entre les territoires, la cohésion et la collaboration en opposition à la concurrence entre établissements, un contenu de formation plus riche que le simple adéquationnisme. En tenant compte de ces appréciations, la FSU votera cet avis.

Enseignement supérieur, recherche et dynamiques territoriales • CESER Rhône-Alpes • 24 Novembre 2015 45

Intervention de M. Fabien COHEN-ALORO, au nom de l’UNSA

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues,

L’intérêt de mettre en lumière le lien entre les territoires et l’enseignement supérieur et la recherche dans une relation susceptible de faire progresser l’activité et l’emploi en favorisant l’innovation est reconnu comme un enjeu majeur dans le contexte de la mondialisation. Trois éléments récents interrogent la place et le rôle des territoires, et tout particulièrement des Régions, dans ce temps de formation qui va de la classe de seconde à la licence, voire au-delà. (Une parenthèse : l’UNSA porte la revendication d’un nécessaire continuum bac-3/bac+3 ; c’est pour cela que nous situons le début du temps de formation en seconde) Tout d’abord, la loi de refondation de l’Ecole de la République confie aux Régions la responsabilité de la définition de la carte des formations qui gagnent là une compétence nouvelle qu’elles réclamaient fortement. Le second élément à prendre en compte est la réforme territoriale avec la construction de la future Région au périmètre très élargi. Enfin, la loi ESR dans la suite de la LRU a acté et accéléré les regroupements d’universités. Si ces nouveautés n’ont pas d’impact direct sur les contenus de formation et les aspects pédagogiques, elles peuvent concerner plus directement l’implantation des formations. La dimension et les implications économiques peuvent conduire à spécialiser les formations au regard du tissu industriel et du marché de l’emploi local. Si cette approche facilite la relation établissements/entreprises et alimente la demande de main d’œuvre territoriale, elle risque aussi d’enfermer les étudiants dans un choix limité de formation. Or l’on sait que dans ce cas, ce sont les jeunes des familles les moins favorisées qui subissent le plus ces contraintes. Plus encore que ce n’est actuellement le cas, il existe un risque fort d’universités ou de formations supérieures à deux vitesses. D’un côté des regroupements de taille très importante, visant à pouvoir s’inscrire dans le classement de Shanghai (par leur nombre d’étudiant, de formations, d’enseignants, de thèses soutenues ou de brevets déposés). De l’autre, des établissements de petite taille, n’offrant pas la possibilité d’ouvrir toutes les filières ou de proposer tous les diplômes. Pour l’UNSA, il n’y a pas de corrélation entre la taille des universités et le résultat des étudiants. La réussite des étudiants, leur insertion professionnelle sont des points d’excellence tout aussi cruciaux. Poser la question de maillage territorial nécessite d’interroger la dimension de mise en réseau des formations du supérieur. Dans ce cadre, on ne peut dissocier la dimension enseignement de la dimension recherche. En effet, la caractéristique de l’université est d’enseigner les résultats de la recherche et de contribuer à celle-ci par la formation des étudiants et des futurs chercheurs. Lorsque ce cycle fonctionne il est un cercle vertueux, formation et recherche se renforçant mutuellement. A l’inverse, toute rupture conduit à un appauvrissement de la recherche et à un appauvrissement des formations. Il est donc impératif qu’en parallèle de la définition de la carte des formations post-bac les territoires investissent dans des plans de développement de la recherche publique et de renforcement de l’emploi scientifique. Une stratégie régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche est rendue plus que jamais nécessaire avec la croissance des effectifs et l’évolution du public qui en découle. Dans le contexte actuel où le recours à d’autres sources de financement se fait par des projets souvent liés au rayonnement de l’établissement et à sa recherche, les stratégies s’opèrent sous le signe de la course à l’excellence où la concurrence prend une place importante. Au final, pour l’UNSA, l’enjeu revient à concilier l’exigence de compétitivité et d’excellence tout en préservant proximité, démocratisation et développement local. La contribution présentée aujourd’hui et ses préconisations constituent autant de pistes intéressantes pour que la Région dispose du potentiel nécessaire pour entrer avec les meilleures chances de succès dans l’économie de la connaissance. L’UNSA la votera.

Intervention de M Dominique PELLA, au nom du Collège 3 et 4

Madame la Présidente, Mesdames Messieurs, Chers Collègues,

Cette contribution nous permet d’avoir une approche précise de la cartographie de l’ESR en Rhône-Alpes et nous présente dans sa première partie « très pédagogique » les différentes situations, les différents systèmes locaux qui se sont mis en place au cours des dernières décennies. Les entretiens menés par la commission 6 auprès des acteurs de l’ESR ont renforcé l’idée qu’un modèle unique voir « décrété » n’est pas souhaitable. Nous avons également noté que le milieu, le monde de l’ESR a énormément changé, évolué depuis 2005 et que cette mutation n’est pas terminée.

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Evolution structurelle par exemple : Autonomie des universités, Regroupements – fusion, Création de COMUE. Evolution fonctionnelle également : Notamment financement de la recherche en grande partie sur appel d’offres (nationaux, européens, et internationaux). Cette évolution continue actuellement : Lyon et Grenoble candidatent à l’appel d’offres IDEX. Les collèges 3 et 4 sont convaincus que la force, que le poids de l’ESR en Rhône-Alpes constitue un véritable ATOUT pour nos territoires. Le pari fait sur la recherche, le savoir, l’intelligence, par l’Etat à travers les PIA pour booster le développement socio-économique de notre pays doit nous amener à nous interroger à l’échelle de notre région pour identifier et développer tous les moyens à mettre en place pour atteindre ces objectifs, ces résultats de développement. Les collèges 3 & 4 ont relevé l’intérêt de voir une implantation de l’ESR au plus près des territoires notamment pour l’accès au plus grand nombre d’étudiants -les exemples de Valence, Bourg, Roanne illustrent bien cela-, mais également pour des échanges fructueux avec les milieux socio-économiques. Mais nous sommes également convaincus que ces implantations multiples ne sont pas incompatibles avec le positionnement de grands centres de recherche (Lyon-Grenoble) nécessaires à la visibilité et à l’attractivité. En conclusion, les travaux menés par la commission 6 constituent une photographie à l’instant T. Un prolongement de la réflexion devra être mené très rapidement compte tenu de la nouvelle Région Auvergne Rhône-Alpes, la mutation engagée de l’ESR. Cette Réflexion devra associer à la fois les acteurs de l’ESR et ceux de l’Innovation. Les collèges 3 & 4 voteront cette contribution.

Quelle est la capacité de l’enseignement supérieur et de la recherche à soutenir le développement économique et social des territoires ? Comment diffuser les dynamiques métropolitaines aux territoires « périphériques » ? C’est pour répondre à ces enjeux que le CESER a procédé à un tour d’horizon des principaux pôles d’enseignement supérieur en Rhône-Alpes. Cette première approche a permis d’identifier des ambitions et des modèles d’implantation, mais aussi de dégager des bonnes pratiques pour chaque site. Ces différents exemples ont montré l’intérêt d’une offre de proximité répartie sur le territoire régional pour faciliter l’accès des étudiants à l’enseignement supérieur et assurer un développement économique et social équilibré des territoires. Cette irrigation des territoires, qui contribue à l’égalité des chances, s’appuie sur la formation à des compétences en lien avec les besoins socio-économiques, permettant la constitution d’ « écosystèmes » locaux. Dans un contexte de contrainte sur les moyens et de hausse des effectifs d’étudiants, il convient d’identifier les conditions de réussite de cette organisation territoriale de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de l’intervention régionale dans ce domaine. Compte tenu de l’implication historique de la Région Rhône-Alpes, l’affirmation d’une vision régionale doit s’appuyer sur un pilotage renforcé, permettant de garantir l’effet levier et la coordination de cette politique. Enseignement supérieur � Université � Grandes écoles � Communauté d’universités

et d’établissements � Stratégie régionale de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation � Région Rhône-Alpes