Planete Metisse

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    Planète MétisseTo mix or not to mix ?

    Exposition d’anthropologieGalerie Ouest

    18 mars 2008 – 19 juillet 2009

    Commissaire de l’exposition : Serge Gruzinski

    Adjointe au commissaire : Alessandra Russo

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    SOMMAIRE

    * Editorial par Serge Gruzinski, commissaire de l’exposition  p 3 

    * « Musiques métisses, musiques populaires » par Carmen Bernand p 4

    * Parcours de l’exposition p 6

    1. Métis ? p 6 2. Chocs et rencontres des mondes p 83. La fabrique des métissages p 114. Horizons métis ? p 14

    * Biographie de Serge Gruzinski p 16* Autour de l’exposition p 17

    Visite guidée de l’exposition p 17Parcours audioguidé p 17 Le cycle cinéma « Planète Métisse » p 17Le cycle de conférences « Villes Métisses » p 17Le site internet « Planète Métisse » p 18Le catalogue de l’exposition p 19

    * Informations pratiques p 20

    * Sélection de visuels disponibles pour la presse p 21

    * Les partenaires de l’exposition p 24

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     * EDITORIAL par Serge Gruzinski, commissaire de l’exposition

    « Métissages, « chocs des civilisations », mondialisations, colonisations… Le musée du quai

    Branly ne pouvait rester à l’écart des questions majeures qui traversent les vies et lesimaginaires de nos contemporains.

    Au-delà de la notion de mélange biologique à quoi on ramène trop souvent le phénomènedu métissage, Planète Métisse questionne l’imaginaire des visiteurs, au cours d’un parcoursnon exhaustif qui fait dialoguer les objets entre eux.

    Il est souvent malaisé de définir les contours des objets métis, car on les aborde rarementcomme tels. Formes, fonctions, croyances, matériaux… n’ont cessé de se mélanger depuisles premiers contacts entre l’Homo  Sapiens  et l’Homme de Neandertal. Ma perspectived’historien des Amériques m’a conduit à privilégier un moment de l’histoire de l’humanité,les XVe-XVIe  siècles, et à analyser les répercussions de l’expansion européenne,principalement ibérique, sur les autres civilisations. Je définirai donc l’objet   métis commel’expression d’une création humaine surgie à la confluence des mondes européens etdes sociétés d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Ces sociétés se sont construites à distancedu Vieux Monde et parfois, c’est le cas des Amériques, sans aucun contact avec lui.L’irruption des Européens a déclenché, à son tour, des contacts directs entre l’Afrique etl’Amérique, puis entre l’Amérique et l’Asie, sources d’autres métissages tout aussidéterminants pour l’avenir.

    Cette exposition sur les objets et les arts métis attire donc l’attention sur ce que les peupleset les individus ont inventé à l’interface des sociétés et des civilisations. En un parcours à lafois réflexif et ludique, le public est amené à observer les phénomènes de métissage, à les

    interroger dans leurs contextes, et à en mesurer les implications. »

    Serge Gruzinski

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    * « Musiques métisses, musiques populaires » par Carmen Bernand,Université de Paris X-Nanterre, Institut Universitaire de France (IUF)

    Extrait du catalogue de l’exposition

    « La musique est, par excellence, le creusetdes métissages. Les industries culturelles duXXe siècle et les moyens de diffusionmodernes (radio, disques, enregistrements,cinéma, média audiovisuels divers ) ontaccéléré de façon jusque là inédite lemélange des genres musicaux, qui s’étaitproduit avant ces inventions techniques.Pour virevolter autour de ces tourbillons

    sonores, le continent américain servira icide guide. Ce choix n’est pas arbitrairequand on sait que les Amériques ontinventé les deux grandes musiquescontemporaines ayant une diffusionuniverselle, celles dites « latines », parmi

    lesquelles le tango, la samba brésilienne, la rumba cubaine, la cumbia et la salsa, pour n’enciter que les plus connues et le jazz. Bien évidemment l’histoire de ces différents styles n’est

     jamais linéaire et les rebondissements les plus improbables ne sont pas des exceptions; unemélodie européenne s’alanguit sous les tropiques à Cuba et devient « habanera », inspirant àson tour le compositeur Georges Bizet dans « L’amour est un oiseau sauvage » de« Carmen »1. La rumba des Caraïbes, inventée par les Noirs et les mulâtres et enrichie

    d’éléments européens retourne aujourd’hui en Afrique et devient le genre très prisé de la« rumba congolaise ». Les vers « folkloriques » des Repentistas, ambassadeurs lumineux despaysans cubains sur la scène du Musée du quai Branly, appartenaient jadis à la culturesavante espagnole, avant de tomber en désuétude au cours du XVIIe siècle et de se réfugierdans les campagnes. Dans l’impossibilité de retracer tous ces allers retour, on se bornera àprésenter les grandes lignes de cette musique métisse dont les genres dépassent le demi-millier selon Michel Plisson2.

    Ces musiques métisses américaines, il est bon de le rappeler, sont le produit d’untriple héritage : indien, africain et européen. L’Europe notamment a introduit à partir duXVIe siècle les instruments les plus courants aujourd’hui: guitares, violons et violes, harpes,piano, orgue, trompettes, suivis au XIXe siècle du bandonéon et de l’accordéon. Ils ont tous

    été apprivoisés très vite aussi bien par les élites que par les couches les plus humbles de lasociété. Les Noirs, arrivés sur le continent par la traite, ont imprimé à leur tour une marquetrès profonde, en imposant leurs structures rythmiques et en accentuant les contre-temps etles syncopes. Les Indiens, surtout dans la Cordillère des Andes, ont conservé leurs flûtes etleurs grelots, mais ils ont adapté à leurs mélodies les harpes et les violons, les guitares,l’orgue et les trompettes.

    Le chroniqueur péruvien Guaman Poma de Ayala est probablement le premier à avoirparlé de musique créole (« criolla ») et à l’associer au métissage et aux joutes amoureuses,condiment indispensable de toute musique populaire et « latine ». Parmi les nombreusesillustrations qui accompagnent sa chronique, une image attire le regard, celle d’un jeunehomme métis, habillé à l’espagnole, qui entonne à la guitare une chanson d’amour à

    1 Alejo Carpentier, La musique à Cuba, Paris, Gallimard, 1979. Cet auteur a insisté sur ces influences réciproques.2 Michel Plisson, « Systèmes rythmiques, métissages et enjeux symboliques des musiques d’Amérique Latine », Cahiers deMusiques Traditionnelles, 13, 2000.

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    l’adresse d’une jeune indienne. Le battement du pied chez l’homme et le claquement desdoigts chez la femme, suggèrent qu’ils esquissent un pas de danse3. Guaman était uncontempteur des métissages et par conséquent, de cette nouvelle musique qu’il jugeait tropsensuelle pour être honnête. Mais son dessin nous intéresse en cela qu’il résume la triplefonction de la musique créole : le son, la danse et la parole chantée, sollicitant à la fois lecorps, les sens et la parole. Ici le métis chuchote à sa belle des paroles d’amour en quechua :

    « pourquoi es-tu ici, rose en fleur ? Pourquoi es-tu ici, fleur de grive ? Pourquoi es-tu ici, petitlys ? ». Le chanteur répète un refrain, « murmure, ombre » , puis « murmure en secret ».Dans ces paroles si brèves il y a déjà la rhétorique poétique de la chanson andine. Lecaractère profane de la scène, l’allusion au « secret » et les métaphores pour désigner labien-aimée révèlent le lien étroit entre cette sérénade musicale et l’érotisme.

    La sensualité de la musique métisse qui se dégageait des  zambras morisques, avaitété remarquée non sans inquiétude par l’Eglise. Ces danses, agrémentées de castagnettes etde tambourins, animaient les réjouissances familiales et les cortèges mais elles neressemblaient plus à celles que pratiquaient les frères musulmans des morisques espagnolsen Afrique du Nord. Elles avaient une touche andalouse qui les ferait dériver vers leflamenco. Dans une gravure allemande intitulée « Danza morisca » on distingue un couple

    qui marque la cadence en claquant les doigts, comme la jeune fille péruvienne de GuamanPoma4. De façon impropre mais révélatrice, le mot d’origine arabe réapparaît au Mexique, en1600, sous la plume d’un jésuite. Le religieux fait l’éloge des fêtes organisées par la confrériedes esclaves noirs, qui remplacent avantageusement « les danses et les  zambras  qu’ilsavaient coutume de faire tous les dimanches »5. En somme tout ce qui sort du canonoccidental classique fait désordre. Les Indiens aussi sont attirés par les nouvelles musiquesintroduites par les Européens. Au Michoacán, sous la tutelle des missionnaires, ils dansentaussi bien « à l’ancienne » que dans le style « espagnol ». (…) »

    3 Guaman Poma de Ayala, Nueva Corónica y buen gobierno. Paris, Institut d’Ethnologie, 1936, fol. 856. Le texte de la chansonest reproduit par Richard Pietschmann à la page XXII.4 Rachel Arié, España musulmana (siglos VIII-XV), Barcelone, Labor, 1984, p. 321.5 Monumenta Mexicana VII [1599-1602], Rome, Institutum Romanum Societatis Jesu, 1981, p. 588.

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    * PARCOURS DE L’EXPOSITION

    Le parcours de Planète Métisse est à la fois thématique, chronologique et géographique.  Ilinvite à passer à travers quatre sections, sans seuil ni rupture, mais par des changements derythme. Alors que la première partie, « Métis ? » se veut être un moment de découverte, detrouble et de perplexité, la seconde section de l’exposition est une phase decontextualisation, « Chocs et rencontres des mondes ». Celle-ci mène vers la séquence « Lafabrique des métissages », qui traite du processus de création de l’objet métis, pourterminer par la section « Horizons métis ? », offrant un aperçu des manifestationscontemporaines des métissages, à travers l’exemple du cinéma.

    Deux cent quatre-vingt dix objets sont exposés pendant toute la durée de l’exposition.

    1. MÉTIS ?

    La première partie de l’exposition part de la question suivante : pourquoi nous est-il si

    difficile de penser l’intermédiaire, de l’expliquer et de le montrer ?Ce parcours vise à remettre en question le goût marqué de l’Occident pour le dualisme, lesoppositions tranchées et les « rhétoriques de l’altérité ». A l’issue de la première partie del’exposition, le visiteur peut déjà comprendre que les objets métis exposés sont les résultatstangibles de la rencontre des différentes parties du monde, et des interactions qui se sontnouées entre elles.

     « To mix… »

    Trésor métisDans ce qui s’apparente à une salle au trésor, le visiteur découvre d’abord une présentationd’objets métis, où différents continents se côtoient : mêlés à la création d’un grand couturierparisien, des outils venus de sociétés qu’on imagine restées à l’origine des temps, mais aussides objets témoins de la naissance de l’Amérique latine.

    Les Castas : une imagerie exotiqueLes Cuadros de Castas, cycles de tableauxréalisés au XVIIIe siècle au Mexique,mettent en scène les multiplesmanifestations de métissage biologique etculturel qu’on observe dans la sociétécoloniale de l’époque. Destinés à être

    exportés en Espagne pour y exhiber lasingularité métisse et la diversité del’Amérique tropicale, ces tableaux enoffrent une représentation exotique etpittoresque à la manière des scènes degenre alors en vogue sur le continenteuropéen.

    Un théâtre d’anatomiePour comprendre ce qu’est un objet métis, le visiteur est invité à entrer dans un théâtred’anatomie, un de ces laboratoires d’autrefois où les médecins exploraient les mystères de la

    vie, afin d’examiner un objet déployé sur la table d’observation. Quels secrets recèle donc cecorps précieux ? Les experts qui l’entourent peuvent-ils nous aider à l’identifier ? 

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     « … Not to mix »

    Le visiteur est ensuite confronté à une série d’oppositions communes qui entravent notrecompréhension des métissages :

     Antique ou Primitif ?

    Une statue antique du Louvre fait face à une statue océanienne du musée du quai Branly,illustrant la distinction entre l’Antique et le Primitif, enseignée à l’école et par les musées.Alors que l’art gréco-romain incarne une pureté classique censée symboliser les sourcesprestigieuses de notre civilisation, les arts dits Primitifs évoquent l’austérité et lestâtonnements des origines.

    Néo-classique ou Premier ?Le Classique traverse les siècles de l’histoire européenne pour renaître en Néo-Classique. Laconfrontation d’une statue néo-classique du Louvre et d’une statue océanienne du musée duquai Branly rappelle que face à l’idéal occidental de beauté, ce qui est dit Premier nousrenvoie vers des mondes archaïques, radicalement différents du nôtre.

    Classique ou Ethnique ?La mode et les industries culturelles n’échappent pas à cespartages dont elles offrent une déclinaison plus contemporaine.Comme l’illustre le face à face entre un mannequin Chanel etun mannequin Jean-Paul Gaultier, le Classique renvoie à unesobriété et une élégance épurée qui dissimule de subtilescombinaisons de savoir-faire, alors que l’Ethnique nous plongedans un flamboiement de mélanges et dans l’expression d’uneculture parisienne sophistiquée.

    Folklorique ou Exotique ?La notion de Folklorique nous renvoyant au traditionnel desvilles et campagnes occidentales, témoin de modes et d’usagesrévolus, l’Exotique correspond quant à lui à l’image quel’Occident se crée des mondes lointains et tropicaux, en lachargeant d’une étrangeté insolite et séduisante.

    Ces questions sont posées à partir d’un objet-phare :le Codex Borbonicus, un calendrier divinatoire, quin’est ni classique, ni primitif, ni ethnique, nifolklorique ; il appartient à deux mondes à la fois,celui des anciens Mexicains et des conquérants

    espagnols. Il s’agit d’un objet métis conçu pour êtredéchiffré par des Indiens mais aussi par desEuropéens. L’histoire qu’il révèle est tisséed’affrontements, de chocs et d’emprunts.

    Le Codex Borbonicus  représente les grandes cérémonies religieuses qui scandaientl’existence des anciens Mexicains. L’irruption de l’écriture alphabétique et de la langueespagnole tout comme la mise en forme du document révèlent pourtant l’influence subtilede la tradition occidentale. Ainsi, le découpage de l’information imite les pages d’un livre,des lignes tracées à la règle encadrent des glyphes traduits en espagnol, et descommentaires en espagnol sont insérés au sein d’espaces laissés libres à cet effet.

    ₪ Un programme multimédia présente la transformation d’un objet en objet métis, à partirde l’exemple du Codex Borbonicus : un codex préhispanique se transforme en codex colonial,influencé par le livre.

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    2. CHOCS ET RENCONTRES DES MONDES 

    Les métissages se déploient dans l’espace et le temps : leur exploration doit doncobligatoirement passer par l’histoire des sociétés et des civilisations. Les débuts del’expansion européenne, aux XVe  et XVIe  siècles, marquent un moment privilégié dansl’histoire de la fabrication des métissages. Cela ne signifie en aucun cas que l’histoire des

    métissages se confond avec celle de notre continent, mais qu’elle mobilise sans cessed’autres passés, d’autres points de vue, d’autres mémoires, tous et toutes confrontés auxassauts de la colonisation européenne et des formes d’occidentalisation dont elle étaitporteuse.

    Les arrivées

    La découverte de l’Amérique (1492) et le tour dumonde de Magellan (1521) ouvrent l’ère de lamondialisation moderne, entraînant pour lapremière fois la plupart des habitants de laplanète dans une histoire commune. EnAmérique, en Afrique et en Asie, des artistesobservent l’arrivée des Européens. Ils peignent ousculptent l’irruption de ces intrus dans la viequotidienne ; mêlant éléments européens etéléments indigènes, ces œuvres sont descréations métisses.

    Ainsi, le Codex Azcatitlan  associe des conventions préhispaniques à des motifs européens

    tirés des gravures européennes envoyées dans le Nouveau Monde : chevaliers en armure,oriflammes… Il a été réalisé pour les Indiens de Mexico mais également pour les nouvellesautorités espagnoles. Le métissage des images permet plusieurs interprétations, en fonctiondes regards. 

    Trois objets phares proposent trois regards sur ces arrivées : le Codex Duran  offre unereprésentation de l’irruption des Espagnols au Mexique par des peintres indiens au XVIe 

    siècle, le Codex Casanatense de la rencontre des Portugais avec les sociétés de l’océan Indienet le biombo  (paravent) japonais du débarquement des Portugais au Japon, à la fin XVIe  –début XVIIe siècle. Face à ces objets, le visiteur découvre un chef d’œuvre européen : le

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    Theatrum orbis terrarum de A. Ortelius, premier atlas du monde, dont les couleurs restituentla diversité du monde.

    ₪  Un  programme multimédia  présente une vidéo du Codex Durán, ( Biblioteca Nacional,Madrid) montrant l'irruption des Espagnols au Mexique vue par des peintres indiens au XVIe

     siècle, et du Codex Casanatense ( Bibliothèque Casanatense , Rome) qui illustre la rencontre

    des Portugais avec les sociétés de l'océan Indien.

    Le tour du Monde

    L’AfriqueLe continent africain est le premier à être touché par la colonisation européenne : dès laseconde moitié du XVe siècle, les Portugais visitent régulièrement ses côtes et des groupesmétissés apparaissent. Alors que se développent la traite des esclaves et le commerce de l’or,des artistes s’inspirent de modèles européens pour créer des pièces d’ivoire et de métal :salières, plats et défenses sculptées… Objets métis et esclaves sont envoyés en Europe et en

    Amérique ; ces trafics se perpétuant pendant des siècles.

    ₪  Un  programme multimédia  est consacré au plat d’argent de Siegen, un objet du Pérouenvoyé en Afrique.

    Les AmériquesL’Amérique est conquise, colonisée et christianisée au XVIe  siècle par les Espagnols et lesPortugais. Du choc avec les populations indiennes et de l’arrivée en masse des esclavesd’Afrique surgissent des sociétés coloniales au sein desquelles les êtres, les croyances et lesmodes de vie se métissent. Les indigènes réagissent en réinterprétant leurs traditions et ens’adaptant aux exigences des missionnaires et des colonisateurs. Des tableaux andins,

    sculptures et codex mexicains en offrent des exemples.

    Comme l’illustre la base de la colonne mexicaine exposée, les Indiens avaient coutume de recycler despièces préhispaniques dans les nouvelles constructionschrétiennes, ce qui explique que de nombreux fontsbaptismaux ont des origines païennes.

    L’ivoire philippin la  Sainte Madeleine  fait partie desnombreux ivoires (de Goa, de Chine et de Manille)arrivés sur les marchés péruvien et mexicain, grâce auxliaisons maritimes régulières qui relient l’Amérique àl’Asie, à partir de la seconde moitié du XVIe siècle.

    ₪  Un  site internet   est consacré à La Nueva Coronica de Guaman Poma de Ayala, unechronique de la conquête et de la colonisation des Andes abondamment illustrée de dessins del’auteur

    L’AsiePendant longtemps, les Européens ne sont que des prédateurs de passage ou d’habilescommerçants. Les puissances asiatiques - l’empire du Grand Moghol en Inde, l’empirechinois, le Japon des Togukawa - limitent les tentatives de colonisation, ce qui n’empêche

    pas toute forme de métissage d’apparaître. En effet, arts asiatiques et arts de la Renaissancese mêlent pour satisfaire le goût des connaisseurs d’Asie, d’Amérique et d’Europe. Ivoires de

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    Goa, miniatures indiennes, porcelaines chinoises et laques japonaises font l’objet d’uncommerce international des plus prospères.

    En Asie portugaise, l’art chrétien  puise dans les traditions artistiques et iconographiqueslocales, comme l’illustre l’ivoire de Goa Le Bon Pasteur, une représentation du Christ quiévoque à la fois Krishna enfant et la figure de Sidhaarta (Bouddha) méditant. Le piédestal en

    forme de rocher rappelle les kalaisas  de l’Inde, élévations sur lesquelles on présentait lesdivinités.

    Les peintres moghols adaptent librement des thèmes empruntés aux gravures européennesqui entrent en Inde et parviennent entre leurs mains, sans qu’aucune pression colonialen’oriente ces métissages. Le caractère composite et éclectique de ces œuvres éclaire sur leschoix esthétiques de la cour moghole et le goût des Empereurs pour ces amalgames.

    Les porcelaines chinoises reprennent des thématiques occidentales destinées à satisfaire àla fois le marché européen et le goût local pour des thèmes insolites et exotiques. Cemétissage est donc indissociable de l’essor commercial suscité par l’arrivée des européensdans les ports d’Asie.

    Le démarrage spectaculaire de la christianisation du Japon suscite une grande productiond’objets d’inspiration japonaise liée au culte catholique : autel portatif, Christ d’ivoire, SaintSébastien… Un art métis qui prend fin avec la fermeture du Japon au christianisme dans lapremière moitié du XVIIe siècle.

    La mondialisation islamiqueL’Europe chrétienne n’est pas l’unique région du monde qui affronte d’autres civilisations.Pendant des siècles, les mondes de l’islam  dominent les échanges entre les rivages del’océan Atlantique (Espagne et Maroc) et la Chine comme l’attestent, en Turquie, les plats decéramique dits « aux raisins » qui soumettent les motifs chinois à des réinterprétationslocales. La mondialisation islamique, bien antérieure mais aussi dynamique etexpansionniste que sa rivale européenne, est parvenue ainsi à étendre son influence sur unepartie du globe.

    L’EuropeL’Europe de la Renaissance exporte ses arts en Amérique, en Afrique et en Asie. Elle reçoitégalement des œuvres et des matériaux du monde entier. Transformées et adaptées au goûtdes cours et des collectionneurs, ces pièces – nautiles, calebasses, ambres - sont réunies ausein de cabinets de curiosités qui furent les premiers musées d’Europe. Recyclages,escamotages, détournements, adaptation au goût européen : ces métissages exprimentautant la rencontre des arts du monde que la domination de l’Europe sur de vastes régionsde la planète.

    Ce survol planétaire souligne l’ampleur du phénomène. La troisième section de l’expositionpropose d’en approfondir les ressorts et les mécanismes.

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    3. LA FABRIQUE DES METISSAGES 

    Cette section présente les objets dans des configurations triangulaires : le modèle dutriangle permet de faire ressortir la diversité des origines pour un même objet, et la manièredont le mélange opère. A la différence de l’objet exotique, le métissage est uneappropriation par l’indigène de ce qui vient d’ailleurs, une lecture, une réaction, et une

    création. Rarement libres, ces choix ne sont jamais arbitraires : les intérêts de la religion, dela politique, du commerce mais également le plaisir et le jeu guident la main qui métisse.

    Espace et colonisation 

    Au Mexique, la  cartographie  de l’époquepréhispanique réunit des informations de caractèregéographique et des données historiques. Conçudans une dimension temporelle, l’espace permet devisualiser des récits généalogiques, des conquêtes

    et des migrations. L’Histoire toltèque-chichimèque garde ainsi la trace de la carte en diagramme enusage avant la conquête espagnole. Au XVIe  siècle,après l’arrivée des conquistadores, les peintrestlacuilos apprennent à introduire dans leur traditiondes emprunts aux arts de la Renaissanceeuropéenne, comme le paysage, avant de seconfronter à la cartographie du Vieux Monde.

    La carte de Cuauhtinchan n°1 raconte les migrationsindigènes dans une région du centre du Mexique. Aucentre de la carte le peintre indien a représenté un

    paysage de montagnes probablement inspiré degravures envoyées d’Europe. Il continue néanmoinsde respecter les principes d’orientation légués par lacosmologie préhispanique: pour lire la carte, l’œilindigène - et donc occidental - doit en faire le tour.

    ₪ Un programme multimédia explique comment lire et interpréter la carte de Cuauhtinchan. 

    La carte de Cholula, Historia Tolteca-chichimeca, est une  carte réalisée après l’arrivée desEspagnols mais restée fidèle au plan en diagramme d’origine préhispanique. La cité de

    Cholula y est représentée avec ses quartiers en suivant des principes géométriques alors quela disposition des chemins et des pyramides dans l’espace central correspond à leursituation réelle sur le terrain.

    Les métissages des croyances 

    Les métissages religieux  ont été particulièrement intenses sur toute l’étendue del’Amérique latine. Au christianisme imposé par les missionnaires espagnols et portugais, lespopulations indigènes réagissent en adaptant la nouvelle foi à leurs croyances ancestrales :ajustements, détournements et réinterprétations engendrent un christianisme indigène etmétis. La production de mosaïques de plumes dans le Mexique colonial témoigne de cettehistoire : adoption de thèmes chrétiens mais préservation d’un matériau précieux, la plume,lié à la matérialisation du rayonnement divin dans le monde précolombien.

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    La Messe de Saint Grégoire, œuvre réalisée à Mexico en 1539 par des plumassiers indigènes,interprète avec des centaines de plumes multicolores une gravure européenne représentantun miracle advenu lors d’une messe célébrée par Saint Grégoire : alors qu’il élève l’hostie, lePape a la vision du Christ au tombeau. Destinée à être offerte au Pape Paul III, la mosaïquedevait illustrer, de l’autre côté de l’Océan, le génie artistique et la rationalité des Indiens duMexique.

    ŒUVRE ORIGINALE

    Israhel van Meckenem, La Messe de saint Grégoire, 1490-1500, Paris, Musée

    du Louvre, collection Rothschild

    ŒUVRE METISSE

    La Messe de Saint Grégoire, Mexico,1539, mosaïque de plumes,

    68 x 56 x 23 cm., Auch,Musée des Jacobins

    PLUMES INDIGENES

    Coiffe Campa, Pérou, Plumes, fibrevégétale, inv.71.1881.110.1, musée du

    quai Branly, photo Patrick Gries 

    ₪ Un programme multimédia présente des Images du Codex de Florence sur les plumassiers :le passage de la symbolique amérindienne à celle du christianisme.

    Les métissages du pouvoir

    Les formes de pouvoir se mêlent autant que les religionset les sociétés. Pour soumettre les populations à ladomination coloniale les Européens ont partout négocié

    avec les chefferies et les royaumes indigènes ; cescompromis sont aussi source de métissages. Ils nousrappellent que le pouvoir colonial ne parvient às’enraciner qu’en collaborant avec les élites locales.

    A l’apogée de la colonisation britannique, l’empire deVictoria se partage avec la France la domination del’Afrique. Sculptée par un artiste yoruba, la Reine Victoria (1819-1901), impératrice des Indes, apparaît sous lestraits d’une souveraine africanisée. Cette interprétationafricaine a bénéficié de la vogue internationale de laphotographie qui popularise l’image de la reine.

       L  a  r  e   i  n  e   V   i  c   t  o  r   i  a   ©   m

      u  s   é  e   d  u  q  u  a   i   B  r  a  n   l  y ,  p   h  o   t  o   P  a   t  r   i  c   k   G  r

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    Magies et religions métisses

    A Haïti, comme dans le reste des Caraïbes, les esclaves déportés d’Afrique cherchent àrésister aux colons européens. Pour survivre et se forger une nouvelle identité, lespopulations d’origine noire inventent l’une des plus fameuses religions métisses, le vaudou.

    Expression privilégiée des Amériques noires, levaudou mêle la mémoire de l’esclavage et lescroyances africaines aux influences du christianismepopulaire et de la franc-maçonnerie.

    Le drapeau vaudou exposé est l’un des multiplesobjets qui diffusent ce sacré recomposé. Aujourd’hui,les effets du tourisme transforment ces croyances etles migrations des Haïtiens les propulsent jusqu’aucœur des Etats-Unis.

    Le drapeau vaudou - drapo - est un objet rituel quimatérialise à la fois la vitalité du culte et la

    complexité des métissages dont il est le fruit. Commedes milliers d’autres drapeaux, il confronte et associedes éléments européens à des éléments venusd’Afrique, souvent du Congo et du Dahomey. Sansperdre la force entraînante de ses origines militaires,le drapeau vaudou manifeste la présence active desesprits : ici Ogoun  Badagri,  esprit guerrier, souventassocié à Saint Georges.

    Musiques métisses

    Les musiques d’Afrique conquièrent tout le continent américain. Au Brésil, comme ailleurs,elles sont introduites par les esclaves noirs qui ne cessent de les recréer en les mêlant à desrythmes et à des mélodies d’origine indienne et européenne. Un arbre généalogique évoqueles générations de sons qui se succèdent de l’époque coloniale à la fin du XXe siècle : lundu,samba, bossa nova, afro samba, rock…

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       B  r  a  n   l  y ,  p   h  o   t  o   P  a   t  r   i  c   k   G  r   i  e  s   /   V  a   l   é  r   i  e   T  o  r  r  e

    4. HORIZONS METIS ? 

    La quatrième et dernière section de Planète Métisse propose une exploration des imaginairesmétis d’aujourd’hui, à travers les cinématographies asiatiques et hollywoodiennes. Lecinéma mondial apparaît comme un puissant révélateur des métissages contemporains et lediffuseur inlassable de nouveaux imaginaires… Il est possible d’observer ces phénomènes à

    l’œuvre sur l’une des grandes frontières métisses du monde : celle qui traverse le Pacifiqueet sépare les Etats-Unis et l’Occident des mondes asiatiques. Chaque film révèle à quel pointdes styles, des manières de voir et de se comporter s’affrontent et se fondent sur les écrans.Le manga, inspiré des dessins animés américains, est à son tour devenu pour Hollywood unesource de renouvellement. Le visiteur est également amené à s’interroger sur les futurs quenous proposent les films de science-fiction. Les films présentés ici sont toujours à considérerà la fois comme des œuvres d’art et comme les illustrations d’un type de métissage.

     Affiches africaines

    En Afrique, des affiches souvent peintes à la main diffusent lesproductions d’une industrie locale du film vidéo spécialisée dans lecinéma gore et de science-fiction. Ces affiches envahissent l’espacepublic et mêlent, comme les films dont elles s’inspirent, des élémentsafricains à des emprunts à la culture de masse mondialisée parl’Occident.

    Horizons asiatiques

    En fin d’exposition, une série de trois écrans illustre le brassage qui est à l’oeuvre dans lacréation cinématographique asiatique. Il est abordé sous plusieurs angles : d’une part, lesavatars du western et du film d’action dans le cinéma asiatique et, d’autre part, les regardsasiatiques portés sur les Amériques et sur le futur de la planète.

    -  La traversée des arts martiaux Les arts martiaux constituent l’une des expressionstraditionnelles de la Chine et du Japon. Depuis un demi-siècle,ils ne cessent d’inspirer l’Occident : les films de samouraïs etde kung fu ont profondément influencé les westerns et lesfilms d’action américains. En retour, avec la multiplication deseffets spéciaux, les productions hollywoodiennes ont marquéles cinémas d’Asie.Cette partie présente des extraits des films : Les sept samouraï  d’Akira Kurosawa, Les sept mercenaires  de John Sturges,Cleopatra Jones  de Jack Starrett, La rage du tigre  de ChangCheh, Les larmes du tigre  noir de Wisit Sasanatieng et Lescendres du temps de Wong Kar-Wai.

    -  Quand la Chine regarde les AmériquesPendant des siècles, on a vu les Amériques à travers les yeux

    des voyageurs, des peintres et des photographes européens. Aujourd’hui, l’Asie s’est mise à

    regarder les Amériques : tandis que Wong Kar-wai observe et recrée l’Argentine depuis laChine de Hong Kong, Ang Lee explore les Etats-Unis depuis la Chine de Taïwan.

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    Extraits des films : Happy Together de Wong Kar-Wai, Wedding Banquet (Garçon d’honneur)et Brokeback Moutain d’Ang Lee.

    -  Métis du futurHéritiers des réplicants de Blade Runner (Ridley Scott, 1982), mi-hommes mi-robots, « âmes »greffées sur des machines, les métis de demain sont les victimes de pouvoirs totalitaires

    dominant des mondes apocalyptiques. Réveil de peurs ancestrales devant le triomphe de lamachine et les mystères du mélange, ou rejet de l’ultime métissage que nous réserve notreplanète ?Extraits des films : Natural City  de Min Byeong Cheon et Ghost in the shell  2  de MamuroOshi.

    JEUX ET DEFIS DU METISSAGE 

    «L’honnête homme est un homme mêlé »Michel de Montaigne. Les Essais III, chap. IX « De la vanité »

    « How does newness come into the world? How it is born? Of what fusions, translations,conjoinings it is made? »

    « Comment la nouveauté fait-elle irruption dans le monde ? Comment naît-elle ? De quellesfusions, de quelles traductions, de quels assemblages est-elle faite ? »

    Salman Rushdie. Versets sataniques, 8

    L’exposition s’achève sur une étonnante encyclopédie des savoirs du monde : les cartes del’artiste ivoirien Frédéric Bruly Bouabré jonglent avec les formes et les idées, illustrant que lemétissage, indispensable à la perpétuation des êtres et des sociétés, est aussi jeu et création.Si le métissage comprend une part de jeu, c’est aussi qu’il exige un investissement personnelet expose à des risques.

    Objets et arts métis incitent à réévaluer la différence, et à établir – ou restituer – des pontsentre nous et l’Ailleurs. Ils pointent les flux et les mouvements, les échanges et les conflits,les chocs et les mélanges, les frontières et les franchissements de frontière. Ils invitent àplacer contacts et affrontements (invasions, colonisations, annexions…) au centre d’unemémoire européenne et planétaire.

    La scénographie de l’exposition a été réalisée par Reza Azard, de l’agence Projectiles. L’idée

    de mouvement, de circulation, d’échange – mais également d’affrontement, et de choc –rythme le parcours qui exploite au maximum les singularités de l’espace d’exposition, marqué par une absence d’angles et des lignes sinueuses.

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    * BIOGRAPHIE DE SERGE GRUZINSKI

    Spécialiste international du Nouveau Monde, SergeGruzinski a déjà collaboré avec le musée du quai

    Branly. En 2004, il avait la direction scientifique ducolloque L’Expérience Métisse, qui proposait deconfronter différents regards sur la problématiquedu métissage dans les civilisations du monde. 

    Serge Gruzinski est historien, directeur de rechercheau CNRS et directeur d'études à l’Ecole des HautesEtudes en Sciences Sociales (EHESS) ; il est l’auteurde plusieurs livres fondateurs. Après avoir consacréun ouvrage à la guerre des images que s’étaientlivrée les Espagnols et les Indiens mexicains durant

    les premiers siècles de la colonisation (Guerre des Images – de Christophe Colomb à « Blade

    Runner » (1492 – 2019), Fayard, 1990), il signe, en 1999, un essai plus largement développé :La pensée métisse. Il est également l’auteur de L’aigle et la sibylle, Fresques indiennes duMexique, édité par l’Imprimerie nationale et de Les quatre parties du monde, Histoire d’unemondialisation paru chez La Martinière.

    Dans La pensée Métisse, Serge Gruzinski distingue métissages, uniformisation etmondialisation. Il refuse de voir dans la « World Culture » - et ses productions « exotiques » -un simple effet de l’industrie culturelle de masse. Au contraire, il existe des liens subtilsentre métissage et identité. Serge Gruzinski emprunte les outils de la sociologie, del’anthropologie et de l’histoire pour débusquer les phénomènes de mélanges culturels, etleurs rejets – comme on parle du rejet d’une greffe. La pensée métisse interroge aussi nospropres limites à tolérer l’hybridation de « nos » mythes.

    Alessandra Russo, adjointe au commissaire d’exposition, est  Assistant Professor  àl’Université de Columbia (NY).

    Bibliographie de Serge GruzinskiLa colonisation de l'imaginaire, Paris, Gallimard, 1988.L’Aigle et la Sibylle, Paris, Imprimerie nationale, 1994.La Pensée métisse, Paris, Fayard, 1999.Les quatre parties du monde. Histoire d’une mondialisation, Paris, La Martinière, 2004.

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    * Autour de l’exposition

    VISITE GUIDEE DE L’EXPOSITION 

    Visite guidée de l’exposition « Planète Métisse, To mix or not to mix ? »à partir du 8 avril 2008 – durée 1h30 / Tous publicsDes codex indiens du Mexique à la rencontre du western et du kung-fu, la visite guidée del’exposition « Planète Métisse » permet de mieux comprendre les mécanismes complexes dumétissage culturel.

    PARCOURS AUDIOGUIDE 

    Un parcours audioguidé, disponible en français, anglais et espagnol, permet d’approfondir lavisite. Il est commenté par Serge Gruzinski, commissaire de l’exposition, Alexandra Russo,historienne et assistante du commissaire et Boris Jeanne, historien.

    LE CYCLE DE CINEMA « METISSAGES DE L’IMAGE, METISSAGES DU REGARD » 

    Du 12 au 23 novembre 2008Salle de cinéma (accès libre dans la limite des places disponibles)Croisement des regards, influences, une vingtaine de séances nous invite à découvrir ce quele cinéma peut montrer du choc et de la rencontre des cultures, des films de Joseph vonSternberg à ceux de John Woo, des réalisations américaines au cinéma asiatique, en passantpar l’Afrique et l’Amérique du Sud.

    LE CYCLE DE CONFERENCES « VILLES METISSES » 

    Villes métisses : cycle de rencontres mensuelles organisé par Serge GruzinskiChaque dernier samedi du mois à 16h, en salle de lecture Jacques Kerchache  Entrée libre dans la limite des places disponibles au rez-de-chaussée dans le hall du muséeLSF : interprétation en langue des signes françaiseLes métissages qu'explore Planète métisse  se développent de manière privilégiée dans lesmétropoles du monde. Mois après mois, le musée du quai Branly propose un tour du mondedes villes métisses grâce à des témoignages divers, rencontres et projections, afin de creuserles pistes ouvertes par l'exposition et pendant toute sa durée.

    Début de la programmation

    Samedi 29 mars 2008Mexico  par Serge Gruzinski, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à

    l’EHESS, commissaire de l’expositionIntervention suivie de la projection du film: Amours chiennes de Alejandro Gonzales Iñarittu

    Samedi 26 avril 2008Rio de Janeiro par Luis Felipe de Alencastro, Paris IV

    Intervention suivie de la projection du film: Orfeu Negro de Marcel Camus

    Samedi 31 mai 2008Buenos Aires  par Carmen Bernand, professeur à l'Institut Universitaire de France et à

    Paris-X Nanterre, puis rencontre avec Maïra Muchnik autour de la pluralisation religieuse àBuenos Aires Interventions suivies de la projection du film: Bolivia d'Adrian Caetano

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     Samedi 28 juin 2008

    Dakar par Odile Georg, professeure Paris Diderot-Paris VII Intervention suivie de la projection d’un film (voir sur le site Internet www.quaibranly.fr)

    Samedi 30 août 2008

    Kinshasa par Filip De Boeck, anthropologue, Professeur à l’Université de Leuven, Belgique Intervention suivie de la projection du film La vie est belle  (1987) de Benoit Lamy etDieudonné Mwenze NganguraF. De Boeck & M.-F. Plissart, 2005, Kinshasa. Récits de la ville invisible. (Bruxelles:Renaissance du Livre). http://soc.kuleuven.be/arc/ 

    CYCLE DE CONFERENCES DE L’UNIVERSITE POPULAIRE 

    Histoire mondiale de la colonisation : métissagesThéâtre Claude Lévi-Strauss (accès libre dans la limite des places disponibles)Entre septembre 2008 et mai 2009, treize conférences abordent le thème du métissage,

    autour des métisses en Afrique, des villes du Sénégal, des Africains en terre d’exil, duMexique, du Brésil, de la fabrication de la nation indienne, de l’Afrique du Sud et desmétissages musicaux, culinaires, sportifs.

     ArtistesThéâtre Claude Lévi-Strauss (accès libre dans la limite des places disponibles)En janvier et février 2009, Maria de Medeiros, Mathilde Monnier et Georges Moustakitémoignent de leur expérience métisse et de leurs pratiques artistiques.

    LE SITE INTERNET « PLANETE METISSE » 

    Le musée du quai Branly consacre un site spécial à l’exposition Planète Métisse, afin depermettre aux internautes de préparer, prolonger et enrichir leur visite. Dès l’ouverture, lesite internet propose :- le parcours de l’exposition avec ses quatre sections illustrées- des exemples illustrés et musicaux de métissages opérés sur les différents continents- un volet de documentation regroupant une bibliographie et les actes du colloque« Expérience Métisse » qui s’est tenu en octobre 2004 sous la direction de Serge Gruzinski,commissaire de l’exposition Planète Métisse - un agenda qui présente les manifestations qui ont lieu autour de l’exposition : cycle deconférences Villes Métisses, cycle de cinéma…

    Dans un deuxième temps, de nouvelles rubriques seront ajoutées :

    - des chroniques sur les spectacles, expositions et autres manifestations relatives auxquestions de métissage- des dossiers thématiques- des expositions virtuelles- un carnet numérique dans lequel les internautes sont invités à fournir des commentaires etautres contributions.

    Accès depuis le site www.quaibranly.fr 

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    LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION 

    PLANÈTE MÉTISSE

    To mix or not to mix ?Sous la direction de Serge Gruzinski

    224 pages au format 24 x 26 cm150 illustrations environPrix de vente public : 45 €Couverture cartonnéeEAN: 978-2-915133

    Coédition musée du quai Branly – Actes Sud

    Sommaire

    Métis ?1. Planète Métisse ou Comment parler du métissage, Serge Gruzinski 2. Le Codex Borbonicus, corps-document : Anatomie du visuel, Alessandra Russo 3. Regards d’anthropologue sur l’ambiguïté des mélanges, Carmen Bernand 4. Les autres jeux des perles de verre, Lucia Hussak van Velthem

    Chocs et rencontres des Mondes5. Mondialisations et métissages, Serge Gruzinski 6. Musiques métisses, musiques populaires, Carmen Bernand 

    7. Variations mogholes sur le thème de Tobie et de l’Ange, Amina Okada 

    La Fabrique des métissages8. À travers l’image. Invention et fabrique des métissages, Alessandra Russo 9. Images du pouvoir en miroir, l’Oba et la reine Victoria, Hélène Joubert  10. Une religion métisse : le vaudou haïtien, Erwan Dianteill 

    Horizons métis11. Cinéma, terre d’Asie, Charles Tesson 12. Du territoire de l’autre au métissage des trajectoires, Boris Jeanne 13. Nous n'avons jamais été humains : Le néotène, les chimères et les robots, Marika Moisseeff  

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    * Informations pratiques 

    Le musée

    Horaires d’ouvertureMardi, mercredi, dimanche : de 11h à 19hJeudi, vendredi, samedi : de 11h à 21hGroupes : de 9h30 à 11h, tous les jourssauf le dimancheFermeture hebdomadaire le lundi, sauf pendant lesvacances scolaires (toutes zones) à partir du 7 avril2008

    RéservationsFnac: www.fnac.com / 0 892 68 46 94 (0,34 € /min)Ticketnet: www.ticketnet.fr / 0 892 39 01 00(0,34 € / min)RenseignementsTéléphone : 01 56 61 70 00Mail : [email protected] Internet : www.quaibranly.fr 

    LieuL’exposition se trouve sur la galerie suspendue Ouest dévolue aux expositions d’ « anthropologie ».L’accès se fait par le plateau des collections.

    TarifsMusée du quai Branly (Plateau des collections,expositions d’« anthropologie » et « dossier ») :Tarif plein : 8,50 €Tarif réduit : 6 € (étudiants)

    Billet « un jour au musée » (musée + Galerie jardin)Tarif plein : 13 € ; Tarif réduit : 9,50 €(étudiants)

    Gratuité aux collections permanentes et expositions temporaires pour les moins de 18 ans, chômeurs,bénéficiaires des minima sociaux, grands mutilés de guerre et grands handicapés civils, détenteurs du« Pass musée du quai Branly».

    AdhésionLes Pass du musée du quai Branly donnent un accès illimité à tous les espaces du musée, servent de

    coupe-file en cas d’affluence, et permettent de bénéficier de réductions sur les spectacles du théâtre.Le Pass est disponible pour les jeunes (15 euros), pour les adultes single (45 euros), ou en « duo » (70euros), ou encore pour les collectivités (35 euros).

    Accès piétonsL’entrée au musée s’effectue par les 206 et 218 rue de l’Université ou par les 27, 37 ou 51 quai Branly,Paris 7e.

    Accès handicapésL’accès pour les personnes handicapées s’effectue au 222 rue de l’Université, Paris 7e.

    TransportsMétro: Pont de l’Alma (RER C), Bir Hakeim (ligne 6), Alma-Marceau (ligne 9), Iéna (ligne 9).

    Bus: ligne 42 : arrêt La Bourdonnais ou Bosquet-Rapp ; lignes 63, 80, 92 : arrêt Bosquet- Rapp ; ligne72 : arrêt musée d’art moderne – Palais de Tokyo

    Navette fluviale : arrêt tour Eiffel (Batobus, Bateaux parisiens et Vedettes de Paris).

    ParkingParking payant accessible aux voitures par le 25 quai Branly, 520 places.

    Contact presse Contacts musée du quai Branly

    Pierre LAPORTE

    Communicationtél : 33 (0)1 45 23 14 14 /[email protected]  

    Nathalie MERCIER,

    directeur de la communicationtél : 33 (0)1 56 61 70 20 /

    [email protected]  

    Magalie VERNET,

    chargée des relations médiastél : 33 (0)1 56 61 52 87 /

    [email protected]  

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    * Sélection de visuels disponibles pour la presse

    Téléchargement de visuels sur http://ymago.quaibranly.fr - Accès fourni sur demande

    Affiche de l’exposition© musée du quai Branly

    Statuette figurant un chasseurbois, cauris, laiton, cuir

    Afrique, 19e siècle73.1970.3.2

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries/Valérie Torre

    Paravent à six voletsEncre, couleurs et feuilles d’or sur papier

    Japon, début de l’époque d’Edo, début du 17e siècle

    Paris, Musée Guimet32399© Daniel Arnaudet

    Radio enveloppée de perles, Afrique du Sud,vers 1940

    70.1999.11.210 a© musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    La reine Victoriastatue en bois, Yoruba, Nigeria70.2003.18.1

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries/VincentChenet

    Drapeau vaudouCaraïbes71.1988.25.1 a

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    Petit paquet Congo

    Haïti71.1949.92.40 b© musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    Hochet-sonnaille

    Haïti71.1941.38.1 b© musée du quai Branly, photo Patrick Gries

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     Brûle-parfum, Sahumador 

    Métal et nacre, Lima, Pérou71.1964.92.47 c

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    SébileCoupe surmontée d'une figurine debout dans un

    porche et entourée de deux clochettesLima, Pérou 

    71.1964.92.51 a© musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    Codex BorbonicusEcorce de ficus battue, Mexique colonial

    32397© Bibliothèque de l¿Assemblée Nationale, Photo Irène

    Andréani

    Codex azcatitlanAmérique

    32400© Bibliothèque nationale de France

    Socle d'image religieuse71.1878.1.113 Am a

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    Tableau de métissageAmérique

    71.1971.97.1© musée du quai Branly, photo Patrick Gries

    Carte de CuanhtinchanManuscrit figuratif en couleurs sur papier d’agave

    Méxique, 16e siècleMss., Mexicain 375

    © Bibliothèque nationale de France

    Effigie funéraire Batak(personnage tenant un sabre)

    bois, Sumatra, Indonésie70.2001.27.484

    © musée du quai Branly, photo Patrick Gries/BrunoDescoings

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     Israhel van Meckenem, La Messe de saint Grégoire 

    1490-1500, Paris, musée du Louvre, collection Rothschildcote 99-019700, n° inv. 441LR 

    La Messe de Saint Grégoire Mosaïque de plumes - 68 x 56 x 23 cm

    Mexico, 1539Auch, Musée des Jacobins

    Inv. n. 986.1.1

    Coiffe CampaPlumes, fibre végétale, Pérou

    71.1881.110.1© musée du quai Branly, photo Patrick Gries 

    Salière sapi-portugaiseIvoire, Afrique

    32479© Museum für Völkerkunde, Vienne

    Modèle GaultierBoléro en plumes de perroquets multicolores : collection

    Jean Paul Gaultier, Paris Printemps/Eté 199732478

    © Jean Paul Gaultier

    Affiche de film : "Demonic cat"Afrique

    70.2003.25.2© musée du quai Branly, photo Patrick Gries/Valérie Torre

    Les sept samouraïs32395

    © Connaissance du Cinéma / D. R.

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    LES PARTENAIRES DE L’EXPOSITION