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Licence 3 et Magistère de Physique Fondamentale (2010-2011) Milieux diélectriques 1 Plan du chapitre « Milieux diélectriques » 1. Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2. Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3. Susceptibilité diélectrique 4. Polarisation en régime variable 5. Aspects énergétiques des milieux diélectriques

Plan du chapitre « Milieux diélectriques · Milieux diélectriques 1 Plan du chapitre « Milieux diélectriques » 1. Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

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Milieux diélectriques 1

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 2

Milieux diélectriques

  On considère pour l’instant des isolants, au sein desquels on ne peut trouver de courant (macroscopique) de charges libres   Le champ E peut y être non nul !

  Expérience de Faraday :   L’introduction d’un isolant entre les armatures d’un

condensateur en modifie la capacité

  Dans ce chapitre, on considèrera des champs éventuellement variables dans le temps

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Milieux diélectriques 3

  Une molécule peut être assimilée à grande distance à un dipôle

  Un milieu à structure moléculaire sera caractérisé, à grande distance, par sa densité volumique de moments dipolaires (électriques)   On pose :

  Un milieu diélectrique est une substance qui peut acquérir un moment dipolaire électrique sous l’action d’un champ électrique extérieur

P = d p

dVDensité volumique de moment dipolaire

ou polarisation

C/m2

Cm

m-3

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Milieux diélectriques 4

  La polarisation peut être spontanée ou induite

  La polarisation spontanée (très rare) concerne les milieux :   Pyro-électriques (spontanément polarisés lorsqu’ils sont

chauffés)  Exemple : la tourmaline

  Ferro-électriques (une polarisation persiste après qu’ils aient été soumis pendant un temps à un champ électrique extérieur)  Exemple : le titanate de baryum (BaTiO3)

  La polarisation induite concerne a priori tous les matériaux

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Milieux diélectriques 5

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 1.  Moments dipolaires des atomes et des molécules 2.  Polarisation électronique 3.  Polarisation ionique 4.  Polarisation dipolaire

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 6

Cas d’un atome

  Un atome isolé dans son état fondamental aura un moment dipolaire nul puisque les barycentres moyens G+ et G- seront superposés (principe de Curie)

  Un champ E appliqué va décaler G+ et induire un moment dipolaire (électrique)

  Ceci reste valable tant que E < seuil d’ionisation

  Concerne par exemple He, Ne, Ar, Kr (gaz nobles)

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Milieux diélectriques 7

Cas d’une molécule

  Il existe deux types de molécules, en fonction des positions relatives des barycentres G+ et G- :   Les molécules apolaires possèdent un centre de symétrie

 Mol. diatomiques constituées du même atome (H2, N2, O2)  Mol. linéaires (CO2)  Mol. à symétrie tétragonale ou benzémique (CH4, C6H6)

  Les molécules polaires ne possèdent pas de centre de symétrie  Molécules diatomiques constituées

de 2 atomes différents (HCl) ou molécules non linéaires (H2O)

 Molécules plus complexes

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Milieux diélectriques 8

Dipôles permanent et induits

  Les molécules polaires possèdent un moment permanent

  Les molécules apolaires sont polarisables par un champ E externe : elles se polarisent mutuellement sous l’action du moment dipolaire électrique instantané de l’autre molécule

  Pour une molécule apolaire, il peut exister les 2 types de moments   Entre dipôles permanents : force de Keesom   Entre dipôles permanents et induits : force de Debye   Entre dipôles induits : force de London

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Milieux diélectriques 9

Ordre de grandeur

  Les distances inter-moléculaires sont ≈ 0,1 nm, les moments dipolaires sont en ordre de grandeur :

  On exprime souvent les moments dipolaires en Debye   1D = 10-18 unité CGS de moment dipolaire (10-3/c)

  Les moments dipolaires sont alors voisins de l’unité :   1,08 pour HCl ; 1,85 pour H2O et 1,5 pour NH3

p ≈ e d ≈1,6×10 −19 ×10 −10 ≈1,610− 29 Cm

1 D ≈ 0,3336×10 −29 Cm ≈1310− 29 Cm

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Milieux diélectriques 10

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 1.  Moments dipolaires des atomes et des molécules 2.  Polarisation électronique 3.  Polarisation ionique 4.  Polarisation dipolaire

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 11

  Elle concerne tous les milieux et résulte du déplacement des nuages électroniques autour des atomes sous l’action d’un champ El. On observe expérimentalement que :   Pour une molécule apolaire

  Pour une molécule polaire

p = α ε0 E

δ p = α ε0

E

G+- : barycentre des charges + et - α : polarisabilité de la

molécule

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Milieux diélectriques 12

  Sous l’action d’un champ El, un milieu va acquérir une polarisation supplémentaire P donnée par :

P = n p = n α ε0

E

αPhysique = 4 π αchimie

  En chimie, on utilise souvent les unités CGS. On a alors :

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Milieux diélectriques 13

Modèle de Mossotti (1/2)

  On assimile un atome à un noyau (charge Ze) et à une distribution de charge électronique uniforme ρ de rayon a. L’application d’un champ Ea extérieur déplace le nuage électronique wrt au noyau

  Neutralité électronique :

  On note r le déplacement du noyau wrt au centre du nuage

  Forces s’exerçant sur le noyau :   Force électrique :   Force exercée par le nuage :

Nuage Noyau

r

Z e E a

Gauss : ⇒ le champ E créé par ρ à la distance r s’écrit :

4 π r2 E =1ε0×43π r3 ×ρ ⇒

E = ρ

3ε0 r = − Z e

4 π ε0

r a3

Z e +43π a3 ρ = 0

Z e E

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Milieux diélectriques 14

Modèle de Mossotti (2/2)

  L’équilibre du noyau s’écrit :

  Il apparaît un moment dipolaire induit :

  La polarisabilité devient :

Z e E a −

Z e( )2

4 π ε0

r a3 =

0 ⇒

r = 4 π ε0 a3

Z e E a

p = Z e r

p = α ε0 E a ⇒ α = 4 π a3

αMQ =18 π a3

αExp = 8.42×10 − 30 m3 αMossotti =1.86×10 − 30 m3 αMQ = 8.37×10 − 30 m3

  En mécanique quantique, on obtient :

  Pour H2 dans son état fondamental, a = 52.9 pm

La polarisabilité a la dimension d’un volume !

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Milieux diélectriques 15

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 1.  Moments dipolaires des atomes et des molécules 2.  Polarisation électronique 3.  Polarisation ionique 4.  Polarisation dipolaire

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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  Si une distribution de charges (globalement neutre) est soumise à un champ E, les charges + et – se séparent légèrement d’où apparition d’un moment dipolaire :   Au niveau moléculaire (déformation du nuage électronique)

  Polarisation électronique   Au niveau du réseau cristallin (déformation des mailles)

  Polarisation ionique   Pour un cristal cubique tel que NaCl, on observe :

  S’ajoute à la polarisation électronique qui apparaît pour un champ plus faible

  On appelle parfois polarisation par déformation les polarisations électronique et ionique

P = n p = n α ε0

E

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Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 1.  Moments dipolaires des atomes et des molécules 2.  Polarisation électronique 3.  Polarisation ionique 4.  Polarisation dipolaire

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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  Concerne les molécules qui possèdent un moment dipolaire électrique permanent (H2O, HCl).

0 ≤ P ≤ n p

Les dipôles tendent à minimiser leur

énergie potentielle

Ep = − p . E

⇒ orientation préférentielle dans le sens du champ

P = 1

V p = 0 ∑

Les dipôles se répartissent avec une orientation

aléatoire

⇒ moyenne nulle car n très élevé

n : densité moléculaire volumique

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Milieux diélectriques 19

Lien avec la Physique Statistique

  Langevin a montré par la physique statistique que

  Si x << 1 (T ≈ 300 K) : P // E

 Forte variation avec T

  Si x >> 1 :   Les dipôles sont tous alignés

sur le champ : saturation de la polarisation

P(x) = n p L(x) avec L(x) = coth(x)− 1x

et x =p EkB T

L(x) : fonction de Langevin

P = n α ε0

E ⇒ α =

p2

3ε0 kB T

P ≈ n p

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Milieux diélectriques 20

  Egalement appelée polarisation par orientation

  On retiendra que la polarisation dipolaire varie fortement avec la température :

  Ce n’est pas le cas de la polarisation par déformation :   La polarisation électronique ne dépend que de la nature de la

molécule   La polarisation ionique ne dépend que de la structure du cristal

αor =p2

3ε0 kB T

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Milieux diélectriques 21

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 22

  Dans l’expérience de Faraday, la capacité C = Q/Φ augmente à charge constante :

  Le champ E doit donc diminuer : des charges opposées aux charges des armatures doivent apparaître. D’où viennent-elles ?

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Milieux diélectriques 23

  On remplace (par la pensée) la plaque par un empilement de dipôles:   La charge volumique sera nulle   La charge surfacique sera non nulle

  On appelle charges de polarisation les excédents locaux de charges engendrés par la polarisation

Plaque uniformément polarisée

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Milieux diélectriques 24

  En remplaçant la polarisation par un empilement de dipôles, on observe cette fois que les densités volumiques et surfaciques sont non nulles

  Il apparaît un excédent de charges de polarisation dans le volume, lié à ∂P/∂z

Exemple d’une polarisation dépendant de la position

z

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Milieux diélectriques 25

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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  On appelle (V) le volume du diélectrique (initialement neutre) et (S) la surface qui l’entoure. Le potentiel scalaire correspondant au diélectrique s’écrit :

  On a :

  D’où :

Φ(M ) =1

4 π ε0

P .QMQM 3 d3QDiélectrique∫∫∫

∇ Q .

P

QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ =

∇ Q

P ( )

QM+ P . ∇ Q

1QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ =

∇ Q

P ( )

QM+ P . QM

QM 3

Φ(M ) =1

4 π ε0

∇ Q .

P

QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ −

∇ Q .

P ( )

QM

⎣ ⎢ ⎢

⎦ ⎥ ⎥ d3QDiélectrique∫∫∫

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Milieux diélectriques 27

  Le potentiel Φ créé par la distribution de dipôles qui constitue le diélectrique est donc égal au potentiel créé par une distribution surfacique σP et une distribution volumique ρP telles que :

Φ(M ) =1

4 π ε0

∇ Q .

P

QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ −

∇ Q .

P ( )

QM

⎣ ⎢ ⎢

⎦ ⎥ ⎥ d3QDiélectrique∫∫∫

Φ(M ) =1

4 π ε0

P

QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ . n dS(S)∫∫ −

14 π ε0

∇ Q .

P ( )

QM

⎣ ⎢ ⎢

⎦ ⎥ ⎥ d3QDiélectrique∫∫∫

Théorème de la divergence

σP = P . n et ρP = −

∇ . P Savoir

refaire ce calcul

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Milieux diélectriques 28

  Tout se passe comme si on pouvait remplacer le diélectrique et sa polarisation par les distributions de charges σP et ρP appelées charges de polarisation

  D’un point de vue macroscopique, la polarisation P du diélectrique est équivalente pour Φ (ou E) à une distribution macroscopique de charges de polarisation

σP = P . n et ρP = −

∇ . P

Φ(M ) =1

4 π ε0

P

QM⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ . n dS(S)∫∫ −

14 π ε0

∇ Q .

P ( )

QM

⎣ ⎢ ⎢

⎦ ⎥ ⎥ d3QDiélectrique∫∫∫

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Milieux diélectriques 29

  Ces charges ne sont pas des charges « comme les autres ». Ce ne sont pas des charges libres. On les appelle charges liées

  La signification physique du terme charge liée apparaîtra dans l’étude des régimes variables

  Attention à bien distinguer σP et ρP des densités de charges libres σ et ρ si le milieu contient les deux types de charge

  Pour un régime statique, les charges de polarisation sont fictives du point de vue macroscopique. Les deux descriptions (en polarisation ou en charges) sont équivalentes

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Milieux diélectriques 30

  La charge totale portée par le diélectrique est :

  On retrouve que le diélectrique est globalement neutre (car constitués de dipôles)

Q = ρP dV + σP(S)∫∫(V )∫∫∫ dS = − ∇ . P dV +

P . n (S)∫∫(V )∫∫∫ dS

Q = − P . n dS(S)∫∫ +

P . n dS(S)∫∫ ʹ′ d après le théorème de la divergence

Q = 0

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Milieux diélectriques 31

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1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 32

  Dans un diélectrique de polarisation P, (MG) s’écrit :

  On introduit donc naturellement le vecteur D tel que :   D est un vecteur axial   La définition de D est

étendue au vide pour lequel

  Le théorème de Gauss s’écrit   Sous sa forme locale :   Sous sa forme intégrale :

∇ . E = ρlibre +ρP

ε0

⇒ ∇ . ε0

E ( ) = ρlibre −

∇ . P ( ) ⇔

∇ . ε0

E + P ( ) = ρlibre

D = ε0

E + P

∇ . D = ρlibre

D .d S (S)∫∫ = Qlibre

Déplacement électrique - Induction électrique - Excitation électrique -

Densité de flux électrique - Vecteur D

C/m2

D = ε0

E

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Milieux diélectriques 33

Quand utilise-t-on D ou E ?

  Dans le cas général :

  Les calculs avec E (et donc Φ) utilisent les densités totales. Les calculs avec D utilisent uniquement les densités de charges libres

  Il est possible d’utiliser E ou D indifféremment

  En particulier, si « P est uniforme », alors

∇ . D = ρlibre ⇔

∇ . E = ρlibre +ρP

ε0=ρtotε0

D .d S (S)∫∫ = Qlibre ⇔

E .d S (S)∫∫ =

Qtotε0

ρP = − ∇ . P ≡ 0

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Milieux diélectriques 34

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1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 35

  Milieu linéaire si les composantes de sa polarisation sont des fonctions linéaires des composantes du champ électrique :

  Valable pour E « pas trop fort ». La limite dépend de chaque corps

  [χe] est le tenseur de susceptibilité diélectrique (matrice 3x3 sur une base orthonormée). Il existe une base principale sur laquelle :

  Les éléments diagonaux χi sont les susceptibilités diélectriques principales

P = ε0 χe[ ]

E

χe[ ] =

χ1 0 00 χ2 00 0 χ3

⎢ ⎢ ⎢

⎥ ⎥ ⎥

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Milieux diélectriques 36

  Milieu homogène si [χe] est indépendante du point de l’espace considéré

  Milieu isotrope si aucune direction n’est privilégiée. Cela signifie en particulier que P n’a aucune raison d’être dans une autre direction que E :

  χe est un nombre réel positif sans dimension   La susceptibilité électrique χe est parfois appelée simplement

susceptibilité (et notée χ) lorsqu’il n’existe pas de risque de confusion

P = ε0 χe(M ,

E ) E χe : susceptibilité

électrique

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Milieux diélectriques 37

  Milieu linéaire, homogène et isotrope (ou lhi) si les valeurs propres de [χe] sont égales (isotropie) et indépendantes de l’espace (homogénéité) et du champ (linéarité) :

  Quelques valeurs :

P = ε0 χ

E

Matériau Phase χe Air Gaz 0.0057 H2 Gaz 0.228 O2 Gaz 0.507

H2O Liquide polaire 80 Benzène Liquide non polaire 2.8

NaCl Solide cristallin 5.8 BaTiO3 Solide cristallin 1760 à 120°C

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Milieux diélectriques 38

Déplacement électrique pour un lhi

  Dans un lhi :

  Le théorème de Gauss s’écrit alors :

⇒ D = ε0

E + P = ε0 (1+ χ)

E = ε0 εr

E = ε

E

Permittivité relative Permittivité absolue

∇ . D = ρlibre ⇔

∇ . E = ρlibre

ε0 εr=ρlibreε

D .d S (S)∫∫ = Qlibre ⇔

E .d S (S)∫∫ =

Qlibreε0 εr

=Qlibreε

P = ε0 χ

E

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Milieux diélectriques 39

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1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 40

  Le champ E0 d’un système de conducteurs dans le vide vérifie :

  Par la pensée, on peut remplacer le vide par un lhi. Le champ E vérifie alors :

  Soit encore :

  On en déduit que E vérifie :

∇ × E 0 =

0

∇ . E 0 =

ρlibreε0

(MF) (MG)

∇ × E = 0

∇ . ε0 εr

E ( ) = ρlibre(MF) (MG)

∇ × εr

E ( ) =

0

∇ . εr

E ( ) =

ρlibreε0

(MF) (MG)

E = E 0εr

< E 0

Le champ dans le diélectrique lhi est toujours plus faible

que dans le vide !!

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Milieux diélectriques 41

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1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 42

  Plaque lhi plongée dans un condensateur

  Les charges libres des armatures créent le champ

  E0 induit dans le diélectrique une polarisation P de même sens

  Il apparaît sur les faces du diélectrique des densités de charges de polarisation

  Ces charges créent un autre champ dans le diélectrique

E 0 =

σlibreε0

u z

E P =

− σPε0

u z = −

P ε0

σ = P . n = ± P

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Milieux diélectriques 43

  EP est de sens opposé à E0

  Le champ total dans la plaque vaut :

E = E 0 +

E P =

E 0 −

P ε0

E P = −

P ε0

  Généralisation : le champ EP créé par la polarisation est toujours de sens opposé à E0 (loi de modération). On l’appelle champ dépolarisant (même s’il n’est associé à aucun mécanisme de dépolarisation)

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Milieux diélectriques 44

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 45

Equations de Maxwell

  Pour une polarisation statique :

  On en déduit :   (MF) : continuité de ET   (MΦ) : continuité de BN   (MA) : discontinuité de BT

  (MG) : discontinuité de DN

∇ . D = ρlibre

∇ × B = µ0

J

∇ × E = 0

∇ . B = 0

(MG) (MA) (MF) (MΦ)

E T2 =

E T1

B T2 −

B T1 = µ0

K × n 1→2

B N2

= B N1

Seule modification par rapport au vide

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Milieux diélectriques 46

Discontinuité de DN

  σlibre : densité de charge libres sur la surface de séparation dans un modèle surfacique. On a :

  La condition de passage pour la composante normale de E s’écrit :

  Ou encore pour DN :

σP1 = P 1 . n 1→2 et σP2 = −

P 2 . n 1→2

E 2 −

E 1( ) . n 1→2 =

σtotε0

=σlibre +σP1 +σP2

ε0

ε0 E 2 +

P 2( ) . n 1→2 − ε0

E 1 +

P 1( ) . n 1→2 = σlibre ⇔

D 2 −

D 1( ) . n 1→2 = σlibre

D N2

− D N1

= σlibre n 1→2

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Milieux diélectriques 47

Réfraction des lignes de champ pour 2 lhi

  Si σlibre = 0, on en déduit :

  D’où :

  Cette relation caractérise la réfraction des lignes de champ à la traversée de la surface (S)   En passant dans un milieu de ε plus élevé, le champ E s’écarte de

la normale

D N2

− D N1

= σlibre n 1→2

E T2 =

E T1

ε1 E1 cos(α1) = ε2 E2 cos(α2)

E1 sin(α1) = E2 sin(α2)

tan(α1)ε1

=tan(α2)ε2

⇒tan(α1)εr1

=tan(α2)εr2

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Milieux diélectriques 48

Exemple de la sphère uniformément polarisée

  Les champs internes Ei et externe Ee créés par une polarisation P selon uz sont (cf TD) :

  A l’extérieur, on retrouve le champ d’un dipôle de moment placé au centre de la sphère

E i =

− P

3ε0et E e =

P3ε0

R3

r32 cos(θ) u r + sin(θ) u θ[ ]

p = 43π R3 P

Le signe « - » est très général et caractérise le champ dépolarisant

P, E et D créés par la sphère

(différents des champs totaux)

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Milieux diélectriques 49

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 50

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique

2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique 1.  Approche intuitive des charges de polarisation 2.  Densités de charges équivalentes 3.  Vecteur D 4.  Relations constitutives 5.  Milieu lhi plongé dans un champ constant 6.  Exemple du condensateur à lame diélectrique : champ dépolarisant 7.  Séparation de deux milieux lhi 8.  Force électromagnétique s’exerçant sur un milieu diélectrique 9.  Complément sur les densités de charges équivalentes

3.  Susceptibilité diélectrique 4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 51

  Pour passer des densités vraies aux densités nivelées, on utilise une fonction de nivellement continue, centrée sur la charge en ri et à symétrie sphérique, vérifiant :

  Une charge ponctuelle qi en ri est remplacée par la fonction continue ρi :

  La densité nivelée s’écrit :

  La forme de la fonction f fait que dans la pratique, seules les charges proches de r sont prises en compte

f ( r ) dVEspace∫∫∫ =1

ρi = qi f ( r − r i )

ρ = qi f ( r − r i )i∑

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Milieux diélectriques 52

  On extrapole ceci aux charges liées :   On coupe le diél. en groupe de particules de charge totale nulle   On note rN la position du centre de masse du groupe N et rNk les

positions relatives par rapport au centre de masse des k charges qui composent le groupe N

  Comme la charge qk est située en , la densité nivelée devient :

  De la même manière, on peut écrire la polarisation P à partir des moments pN :

ρ( r ) = qNk f ( r − r N − r Nk )

k∑

N∑

r N + r Nk

P ( r ) =

p N f ( r − r N )N∑ avec p N = qNk

r Nkk∑

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Milieux diélectriques 53

  Par définition, f varie peu à l’échelle des variations de ρ, d’où :

  On en déduit ρ :

  Finalement :

ρ( r ) = qNk f ( r − r N − r Nk )

k∑

N∑

ρ( r ) ≈ qNkk∑⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟

N∑ f ( r − r N )− qNk

r Nkk∑⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟

N∑ .

∇ f ( r − r N )[ ]

= 0 car la charge totale de chaque groupe est nulle

p N = qNk r Nk

k∑Moment dipolaire du

groupe N

ρ( r ) ≈ − p NN∑ .

∇ f ( r − r N )[ ]

f ( r − r N − r Nk ) ≈ f ( r − r N )−

r Nk . ∇ f ( r − r N )[ ]

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Milieux diélectriques 54

  On peut écrire :

  Puisque seul f dépend de r, on a :

  En comparant avec l’expression de ρ du transparent précédent, il reste :

  Cette expression ne conserve que le caractère dipolaire de la distribution. Les autres termes ne sont pas pris en compte

∇ .( f p N ) = f

∇ .( p N )+

p N . ∇ ( f )

P ( r ) =

p N f ( r − r N )N∑

∇ . P = p N

∇ f ( r − r N )( )

N∑

ρ( r ) ≈ − ∇ . P

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Milieux diélectriques 55

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique

3.  Susceptibilité diélectrique 1.  Champ local El 2.  Formule de Clausius-Mossotti 3.  Variations de la susceptibilité 4.  Cas particuliers

4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 56

Champs microscopiques et macroscopiques

  Le champ microscopique e est le champ dans le vide entre les particules du milieu. Il a une structure très « tourmentée »   Dans un solide cristallin, il varie considérablement sur des

distances de l’ordre de la maille (quelques Å)

  Le champ macroscopique E est la moyenne spatiale de e au voisinage du point M

  E varie plus lentement que e. C’est E qui est utilisé dans les équations de Maxwell

E = 1

V e dVV∫∫∫ V : volume mésoscopique

  On ne peut plus raisonner ainsi avec la polarisabilité

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Milieux diélectriques 57

  On soumet un diélectrique à un champ E0 constant créé par un condensateur

  On considère une molécule M du diélectrique. Le champ qui agit sur M n’est pas E qui est la moyenne spatiale du champ au voisinage de M. Le champ à considérer est le champ créé en M par toutes les molécules autres que M   Ce champ local El est le champ ressenti par la molécule   C’est lui qui intervient dans le moment dipolaire

E = E 0 +

E P avec

E P = −

P ε0

EP : champ dépolarisant dû aux charges de polarisation portées par le diélectrique

  Le champ macroscopique E dans le diélectrique est :

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Milieux diélectriques 58

  Pour les molécules apolaires, on utilise pour El une expression due à Lorentz (1920)   On suppose que la présence ou non de l’élément polarisable ne

modifie pas le champ autour de M   On obtient alors :

E l =

E +

P 3ε0

E est le champ macroscopique

  Cette expression n’est qu’une approximation pour les milieux denses (liquides et solides) et est complètement fausse pour les cristaux non cubiques

  Pour les molécules polaires, on utilise pour El une expression plus complexe due à Onsager (1936)

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Milieux diélectriques 59

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique

3.  Susceptibilité diélectrique 1.  Champ local El 2.  Formule de Clausius-Mossotti 3.  Variations de la susceptibilité 4.  Cas particuliers

4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 60

Clausius-Mossotti (1/2)

  On a (en supposant la forme de Lorentz du champ local) :

  Soit pour un milieu lhi :

P = n α ε0

E l = n α ε0

E +

P 3ε0

⎝ ⎜

⎠ ⎟ ⇒

P = n α

1− n α /3ε0 E

Polarisabilité

χe =n α

1− n α /3

Savoir refaire ce

calcul

εr =1+ χe

µ = n MN0

µ  : masse volumique M : masse molaire N0 : nombre d’Avogadro

εr −1εr +2⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ =

N0 α3

Formule de Clausius-Mossotti

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Milieux diélectriques 61

Clausius-Mossotti (2/2)

  L’énorme intérêt de ce modèle est de permettre une mesure de α (paramètre microscopique) à l’aide de paramètres macroscopiques

  Pour un milieu peu dense (χe << 1) :

εr −1εr +2⎛

⎝ ⎜

⎠ ⎟ =

N0 α3

εr −1( ) ≈ N0 α

χ ≈ n α

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Milieux diélectriques 62

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique

3.  Susceptibilité diélectrique 1.  Champ local El 2.  Formule de Clausius-Mossotti 3.  Variations de la susceptibilité 4.  Cas particuliers

4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 63

Variation de la polarisabilité avec la température

  Pour un milieu peu dense :

  Milieux apolaires :   Uniquement polarisation électronique et ionique qui ne

dépendent pas de la température  α ne doit pas dépendre de T

  Milieux polaires :   La polarisation dipolaire dépend de la température :

α = αelec +αion +αdipolaire = α0 +p02

3ε0 kB T

Polarisations électronique et ionique

χ ≈ n α

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Milieux diélectriques 64

  La pente de ses courbes fournit le moment dipolaire   L’ordonnée à l’origine fournit la polarisabilité α0

  On en déduit que :   HCl a un plus grand moment dipolaire que HI   HI a une plus grande polarisabilité électronique que HCl (HI est

plus grosse)   CH4 est apolaire (logique puisque possède un centre de

symétrie)

CH4

HI

HCl

α = αelec +αion +αdipolaire = α0 +p02

3ε0 kB T

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Milieux diélectriques 65

Plan du chapitre «  Milieux diélectriques  »

1.  Sources microscopiques de la polarisation en régime statique 2.  Etude macroscopique de la polarisation en régime statique

3.  Susceptibilité diélectrique 1.  Champ local El 2.  Formule de Clausius-Mossotti 3.  Variations de la susceptibilité 4.  Cas particuliers

4.  Polarisation en régime variable 5.  Aspects énergétiques des milieux diélectriques

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Milieux diélectriques 66

« Catastrophe de polarisation » ou ferroélectricité (1/2)

  χe va diverger pour n α/3 = 1

  Exemple du titanate de Baryum BaTiO3   A 400°C, diélectrique « ordinaire »

(χe ≈ 500)   Si T ↓, n ↑ et χe ≈ plusieurs milliers   Lorsque T atteint sa température de Curie (120°C), apparition

d’un état ferroélectrique, caractérisé par l’apparition d’une polarisation spontanée en l’absence de champ appliqué (χe = ∞)

  P est alors due à l’existence pour les ions Ti4+ et Ba2+ de nouvelles positions d’équilibre décalées wrt aux nœuds du réseau initial

χe =n α

1− n α /3

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Milieux diélectriques 67

« Catastrophe de polarisation » ou ferroélectricité (2/2)

  La susceptibilité d’un ferroélectrique suit une loi de Curie :

χe =CsteT −Tc

  La polarisation d’un ferroélectrique dépend de l’histoire du cristal   On obtient une courbe

d’hystérésis en faisant varier lentement E

Ec : champ coercitif Pr : polarisation rémanente

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Milieux diélectriques 68

Piézoélectricité

  Dans certains cristaux dépourvus de centre de symétrie, un déplacement relatif des ions dû à une contrainte mécanique peut engendrer une polarisation en l’absence de champ appliqué

  Permet de transformer une grandeur mécanique en une grandeur électrique (ex : mesure de force ou de pression)

  Inversement, un cristal piézoélectrique se déforme sous l’action d’un champ E (ex : production d’ultra-sons)

  Les cristaux de quartz ont des vibrations propres très peu amorties. Ce sont donc de très bons résonateurs mécaniques que la piézoélectricité permet de coupler à des circuits électriques   Montres à quartz !