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OC OPTIONS CARRIèRES POUR LES éTUDIANTS DES CéGEPS, COLLèGES ET UNIVERSITéS MAGAZINEOPTIONSCARRIERES.COM AUTOMNE 2012 / VOLUME 26 NO 2 14 LES ENTREPRENEURS SOCIAUX : MARC KIELBURGER BRASSE DES AFFAIRES POUR CHANGER LE MONDE 29 LES CENTRES DE CARRIèRES NE SE LIMITENT PAS AUX CV 32 DéMYSTIFIER L'UNIVERSITé POUR LES JEUNES AUTOCHTONES AVEZ-VOUS L’ETOFFE D’UN ENTREPRENEUR? UNE ENTREVUE AVEC DANIÈLE HENKEL ET FRANÇOIS LAMBERT, DRAGONS DE L’ÉMISSION DE LA SRC « DANS L’OEIL DU DRAGON » page 18 KIA ORA (SALUT!) DE NOUVELLE- ZéLANDE! OC S’EMBARQUE POUR UN éCHANGE INTERNATIONAL Début à la MAINTENANT DISPONIBLE SUR VOTRE TéLéPHONE INTELLIGENT ET SUR VOTRE TABLETTE TÉLÉCHARGER UN LECTEUR GRATUIT SUR WWW.ISSUU.COM page 22

Options Carrières Automne 2012

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oc

options carrièrespour les étudiants des cégeps, collèges et universités

magazineoptionscarrieres.comautomne 2012 / volume 26 no 2

14 les entrepreneurs sociaux : marc Kielburger brasse des affaires pour changer le monde

29 les centres de carrières ne se limitent pas aux cv

32 démystifier l'université pour les jeunes autochtones

avez-vous l’etoffe

d’un entrepreneur? Une entrevUe avec Danièle Henkel et

François lambert, Dragons De l’émission De la src « Dans l’oeil DU Dragon »

page 18

Kia Ora (salut!)

de nouvelle-zélande!

OC s’embarque pour un

échange international

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page 22

options carrièresAutomne 2012

7 L’entrepreneuriat : Une expérience uniquePar Jordan Adams

10De jeunes canadiens à la tête d’entreprises ambitieuses : 10 Philippe Vennes13 Anne-Marie Paquette16 Jade Proulx

11L’entrepreneuriat, c’est l’affaire de tousPar Hilary Thomson

14L’entrepreneuriat social, ou le sens des affaires et l’envie de changer le mondePar Jordan Adams

18entrevue avec des Dragons : Les risques et les avantages de l’entrepreneuriatPar Gaël Bachand-Morin

22Fous de sports : L’aventure et les études au pays des kiwisPar Kathryn Young

26Détails pratiques : Trucs pour diminuer le coût des études en Nouvelle-ZélandePar Kathryn Young

29Besoin d’aide pour trouver votre voie? Les centres de carrières ne sont pas juste là pour le curriculum vitæPar Sharon Ferriss

32Démystifier l’université, ou comment amener de jeunes autochtones à s’imaginer faire des études postsecondairesPar Kakwiranó:ron Cook

Jetez-vous à l’eau! Quand l’aventure se mêle aux études à l’étranger page 22

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 3

4 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

[encore pLus] options carrièresLe dernier numéro d’Options Carrières est toujours disponible en ligne à magazineoptionscarrieres.com. pendant que vous y êtes, naviguez sur le reste de notre site Web. Vous y découvrirez d’autres excellents articles vedettes de numéros antérieurs de la revue.

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reprÉsentante De DistriBution | GorDonGroup

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coLLaBorateurs

Jordan Adams Kakwiranó:ron Cook Sharon Ferriss Gaël Bachand-Morin Hilary Thomson Kathryn Young

La revue Options Carrières est publiée deux fois l’an, en janvier et en septembre, par l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs

(ACSEE), 720, av. Spadina, bureau 202, Toronto (Ontario) M5S 2T9

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ISSN : 1712-1183

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Mot Du rÉDacteur

Pleins feux sur les entrepreneurs, les intra-entrepreneurs, la prise de risques et le leadership

ce numéro d’Options Carrières donne la vedette aux entrepreneurs, à ces personnes qui mettent leur travail et leur imagination au service de la création d’une entreprise. C’est une option bien concrète pour les nouveaux diplômés, et nous vous présentons ici certaines des nombreuses réussites. Une multitude de ressources sont également disponibles pour vous aider à démarrer

votre entreprise, et vous trouverez ici quelques-unes des pistes à explorer. Par exemple, les franchises offrent des ressources et des mentors pour vous aider à démarrer votre entreprise, ce qui est précieux puisque rien ne remplace l’expérience. Si vous faites partie de ceux qui aimeraient travailler à leur compte, ces articles s’adressent à vous. Si vous n’êtes pas certain de vouloir travailler à votre compte, ces articles s’adressent aussi à vous. La première question à vous poser est la suivante : « Ai-je l’étoffe d’un entrepreneur? » Une fois que vous y aurez répondu, vous serez davantage en mesure de prendre une décision.

Selon un vieux dicton, à l’université, « les premiers de classe enseignent aux étudiants moyens à travailler pour les étudiants médiocres ». Cela voudrait donc dire que l’étudiant médiocre a l’étoffe d’un entrepreneur. Comme toute forme de généralisation, le dicton est discutable, mais il fait réfléchir et donne de l’espoir aux étudiants qui éprouvent davantage de difficultés. Et nous avons tous entendu parler du succès de Bill Gates, dont le parcours montre que la réussite et la prospérité ne dépendent pas forcément de la réussite scolaire. Ayant moi-même fait partie du clan des médiocres, je puis témoigner d’une chose : nous ne finissons pas tous par avoir un éclair de génie qui nous propulse à la tête d’une fortune. Et je sais aussi que bien des entrepreneurs étaient également des premiers de classe. Le dicton ne passe donc pas le test de la réalité ou celui des fameuses statistiques dont parlaient mes profs. Mais il recèle un fond de vérité.

Le type de réussite qui amène à créer des emplois pour les autres est assez exceptionnel et on y parvient par des chemins peu fréquentés. Cela dit, il y a aussi du mérite à terminer ses études et à trouver un emploi dans une grande société ou dans un ministère. C’est une route très fréquentée qui offre son lot de récompenses. Mais pour ceux et celles qui désirent réussir autrement, il faut emprunter une autre voie, laisser derrière soi la sécurité d’une voie toute tracée et se lancer dans l’inconnu. Cela veut dire prendre davantage de risques, mais aussi récolter davantage de satisfactions. Être son propre patron, c’est effectivement avoir la liberté d’agir selon ses propres lois, mais c’est aussi accepter de parfois en payer le prix, celui de l’échec. Avant de se lancer dans l’aventure, tout entrepreneur en herbe doit donc peser le pour et le contre et savoir jusqu’à quel point il sera prêt à prendre des risques pour récolter sa part de satisfaction.

Le propre d’un entrepreneur est peut-être qu’il tolère mieux le risque que la plupart des gens. C’est aussi ce qui explique en partie pourquoi certains joueurs sont prêts à perdre leur argent (leur famille) et leur temps. Mais certains réfutent cette théorie, études à l’appui. En effet, ces études montrent que les entrepreneurs n’envisageraient pas le risque de la même façon que le commun des mortels. Ils croient tellement en leur projet que la possibilité d’échouer ne leur traverse même pas l’esprit. Donc, qu’elles soient joueuses dans l’âme ou animées par une foi aveugle, ces personnes exceptionnelles sont motivées par quelque chose d’unique qui les pousse à tracer leur propre voie. Selon Statistique Canada, le secteur des petites et moyennes entreprises (PME) est le plus important employeur au pays, et il est logique de penser que la plupart de ces PME sont dirigées par des entrepreneurs. Si le Canada est prospère, c’est en grande partie grâce à des gens qui prennent le risque de créer leur propre entreprise, et cela n’est pas prêt de changer.

Bonne lecture!

pauL D. sMitH est le directeur exécutif de l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE) et rédacteur en chef du magazine Options Carrières. Vous pouvez écrire à Paul à l’adresse suivante : [email protected].

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : acsee.com; careeroptionsmagazine.com

10 Association canadienne de la paie

16 Chambre de l’assurance de dommages

37 Commission des normes du travail du Québec

34 Conseil des ressources humaines de l’industrie minière (RHIM)

6 Conseil sectoriel des produits forestiers

27 DMC Mining Services

3 Education First

2, 34 Enterprise location d’autos

13, 33 Financière Sun Life

3 Fonction publique québécoise

34 Innovation et développement Manicouagan (CLD)

33, 36 Institut canadien des évaluateurs

34 Institut québécois de planification financière (IQPF)

17 Jobillico

15, 33 Revenu Québec

21 Salon national de l’éducation de Montréal

9 Université de Sherbrooke

25 Université Laval

28 Université McGill – Campus MacDonald

nous aiMerons reMercier nos annonceurs...

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 5

p ionnier, opportuniste, innovateur,

intrépide devant le risque – on pourrait

affubler les entrepreneurs d’une

multitude de qualificatifs. Mais qui

sont-ils exactement? Le moins que l’on puisse

dire, c’est qu’un entrepreneur est une personne

qui crée sa propre entreprise, mais c’est plus

compliqué que ça.

C’est le professeur Howard Stevenson, de la

Harvard Business School, qui est le plus souvent

cité quand on veut définir l’entrepreneuriat :

« L’entrepreneuriat est la poursuite d’opportunités

sans égard pour les ressources existantes. »

Selon Dave Valliere, professeur en entrepreneuriat

à l’Université Ryerson, cela veut dire qu’une

opportunité s’impose à vous de telle façon que

vous ne pouvez faire autrement que la suivre –

et ce, même si vous n’avez pas les ressources

nécessaires. Vous tenez simplement pour acquis

que vous trouverez un moyen de parvenir à vos

fins, explique-t-il.

Les attriButs D’un entrepreneurIl n’y a pas d’entrepreneur type, dit Simon Jalbert,

participant au programme national The Next 36,

qui s’adresse aux étudiants de premier cycle

dotés d’un bon sens de l’innovation. Toutefois, la

plupart des entrepreneurs ont quelque chose en

commun : la motivation. Pour réussir, il faut aussi

de l’ambition et une bonne éthique de travail.

« Pour réussir en affaires, il faut aimer travailler de

longues heures, ne penser qu’à son entreprise et

être animé par une bonne dose de passion, ajoute

Claudia Hepburn, directrice générale et cofondatrice

du programme The Next 36. Sans ces ingrédients,

impossible de vendre votre idée à qui que ce soit,

ni de sortir du lit à l’aube ou de vous coucher au

petit matin pour faire en sorte que ça fonctionne. »

Monsieur Jalbert va dans le même sens : « Vous

devez faire quelque chose qui vous passionne.

Certains jours, tout va de travers, et vous ne

tiendrez pas le coup si vous ne faites pas quelque

chose que vous aimez vraiment. »

Beaucoup d’autres qualités peuvent vous aider

à atteindre l’objectif de vous lancer en affaires.

La motivation et l’éthique professionnelle sont

deux choses que l’on ne peut pas vraiment

« apprendre », mais il y a des compétences

précieuses qui, selon les experts, ne sont pas

innées, mais bel et bien apprises.

Par exemple, les gens plutôt introvertis pensent

que la vente est un talent inné – mais c’est faux,

explique M. Valliere. « D’ailleurs, les études

montrent que ce n’est pas inné, précise-t-il.

N’importe qui peut arriver à vendre, apprendre

les rouages de la vente et devenir bon vendeur.

Après avoir observé des entrepreneurs prospères,

on a constaté que toutes sortes de gens réussissent,

ça n’a rien à voir avec la personnalité. »

Rodney Larmand est président du Collège Pro

Painters, une société qui offre aux étudiants

l’occasion de créer leur propre entreprise et

qui produit ainsi 700 entrepreneurs par année.

Monsieur Larmand signale que les entrepreneurs

sont tous différents. « Bon nombre d’entre eux

sont introvertis. Ils sont motivés et passionnés,

mais ça ne paraît pas toujours. L’expérience

entrepreneuriale que nous leur offrons agit

comme un catalyseur de croissance, car nous

leur enseignons à vendre, à diriger des gens

et à communiquer plus efficacement – autant

d’aptitudes essentielles quand on est à la tête

d’une entreprise, explique-t-il. Depuis 42 ans,

nous avons prouvé que si la motivation de base

est là, le reste s’apprend, notamment le leadership

et la gestion. Plusieurs parmi nos meilleurs chefs

d’entreprise ont un côté introverti, ce sont donc

aussi des personnes qui savent écouter, réfléchir

et tisser des relations personnelles durables avec

leur entourage professionnel, ce qui est essentiel

quand on veut diriger les autres. »

L’entrepreneuriat :

Une expÉrience

UniqUePar Jordan Adams

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 7

Autre chose qui s’apprend : penser comme un

entrepreneur. En fait, des programmes comme la

spécialisation en entrepreneuriat de la Ted Rogers

School of Management, de l’Université Ryerson,

permet justement d’acquérir des compétences

entrepreneuriales.

« Il s’agit de discerner des choses qui n’existent

pas encore et de trouver le moyen de les créer.

Nous nous percevons comme les créateurs ou

les artistes de l’entreprise, précise M. Valliere,

qui est également directeur de l’Entrepreneurship

Research Institute de l’Université Ryerson. Les

entrepreneurs entrevoient le possible, ils voient

ce qui n’existe pas encore. Leurs paramètres

mentaux sont particuliers. »

Par exemple, les ressources techniques

nécessaires pour créer des sites comme Amazon

ou Facebook étaient disponibles bien avant leur

création. On pourrait penser que ces sites n’ont

rien d’extraordinaire puisque « n’importe qui

aurait pu les créer, poursuit M. Valliere. On aurait

pu les créer, mais on ne l’a pas fait. La question

est de savoir comment acquérir cette habileté

à voir les choses avant que quelqu’un d’autre

ne les réalise? Beaucoup de choses crèvent

les yeux une fois qu’elles existent. » C’est ce

que montre le programme de spécialisation en

entrepreneuriat de l’Université Ryerson, en plus

d’enseigner à cerner les opportunités, à planifier

les affaires et à gérer l’innovation.

stiMuLer L’esprit D’entreprise au canaDaDans le cadre de ses travaux, M. Valliere s’est

demandé si la culture a une incidence sur le

fait que, dans une société, les gens vont penser

comme des entrepreneurs.

Beaucoup de personnes estiment que le Canada

ne produit pas suffisamment d’entrepreneurs qui

laissent leur marque en créant des sociétés et

des produits de calibre international. Monsieur

Valliere pense que la culture d’un pays peut influer

sur le nombre d’entrepreneurs qu’il produit : « Les

Canadiens sont très modestes, ils ne nourrissent

pas d’ambitions grandioses. Ils le pourraient, mais

ne le font pas. »

Madame Hepburn et le programme The Next 36

veulent changer l’attitude des jeunes Canadiens pour

les amener à créer des sociétés de premier ordre.

« Nous croyons que beaucoup d’étudiants

canadiens brillants ne visent pas assez haut et

préfèrent intégrer des sociétés où ils mèneront

une vie productive et gagneront un bon salaire,

plutôt que de créer de grandes organisations

comme Facebook ou RIM, estime-t-elle. Pour

bâtir des organisations canadiennes qui laissent

leur marque, il faut offrir des modèles aux jeunes,

et leur permettre d’acquérir les compétences et

la pratique nécessaires. The Next 36 s’est fixé

pour objectif d’accroître la prospérité canadienne

en donnant naissance à une génération

d’entrepreneurs ayant un impact important. »

The Next 36 s’est inspiré d’un excellent cours

donné pendant six ans à l’Université de Toronto

sur l’économie de l’entrepreneuriat. Le professeur

qui donnait ce cours, Reza Satchu, a participé

à la création de ce programme en vertu duquel

on choisit 36 des étudiants les plus brillants du

Canada qui rêvent aussi de fonder leur entreprise.

« Ce cours nous a amenés à penser que

les Canadiens avaient vraiment besoin d’un

programme permettant de choisir, parmi les

meilleurs étudiants et les plus prometteurs, ceux

qui avaient le plus d’ambition et de réalisations à

leur actif, explique Mme Hepburn. Nous avons

donc décidé de créer un programme à nul autre

pareil, que ce soit au Canada ou dans le monde,

qui donnerait aux étudiants l’occasion d’acquérir

une expérience unique et de nouer des liens qui

changeraient la trajectoire de leur croissance. »

Les 36 aspirants entrepreneurs sont sélectionnés

parmi plus de 1 000 candidatures – des étudiants

d’université qui en sont à leur troisième, quatrième

ou cinquième année d’études – et sont répartis

en groupes. La plupart d’entre eux travaillent de

façon isolée les cinq premiers mois. Ils consacrent

leur temps à finir leurs études et à définir leur

projet d’entreprise. Par la suite, au début de

l’été, ils viennent tous à Toronto, et les groupes

vivent ensemble et se concentrent sur leur projet.

Chaque groupe est associé à un mentor, quelqu’un

du milieu des affaires qui connaît l’industrie, par

exemple Jordan Banks, le directeur général de

Facebook Canada. Ils participent à des cours

spéciaux donnés par d’éminents professeurs

de la Rotman School of Management, Harvard

Business School, MIT (Massachusetts Institute of

Technology) et Richard Ivey School of Business.

Les étudiants travaillent sur des projets

d’entreprise liés aux applications mobiles, à la

haute technologie ou à l’Internet, car ce sont les

domaines dans lesquels il est le plus facile et

le moins coûteux de se lancer en affaires en

neuf mois, raconte Mme Hepburn. Les frais

de scolarités sont assumés par des donateurs,

par exemple des membres fondateurs et des

chefs de file du monde canadien des affaires,

comme Jimmy Pattison, W. Galen Weston et

Paul Desmarais. Des investisseurs injectent jusqu’à

80 000 $ dans les entreprises des étudiants.

Le conseil de Mme Hepburn aux futurs candidats

et entrepreneurs? Toujours faire preuve d’intégrité

et de professionnalisme. « Vous devez être crédible,

ce qui veut dire honorer vos engagements. »

Même si vous n’avez pas à votre disposition les

mêmes ressources que ces étudiants, il vous

suffit d’avoir une idée géniale et un plan d’affaires

solide pour trouver un investisseur. Ce n’est pas

aussi difficile qu’on le croit, ajoute M. Valliere.

« Les investisseurs ne tiennent pas à laisser leur

argent croupir à la banque. Ils veulent bien le

donner, mais à quelqu’un qui en vaut la peine.

Si vous avez trouvé un filon et que vous êtes

prêt à l’exploiter, vous trouverez quelqu’un. »

« Mais vous devez avoir fait vos devoirs et être

muni d’un vrai plan d’attaque – quelque chose

de réalisable et pas trop risqué, explique-t-il.

Il est essentiel d’avoir un bon plan d’affaires,

sinon, vous pénétrez en zone dangereuse. »

La part De risQue De L’entrepreneuriat« L’entrepreneuriat est une chose risquée,

et beaucoup d’entreprises échouent, précise

Mme Hepburn. Il ne faut pas être trop idéaliste

ni s’en tenir à ses impressions. Il faut réagir aux

signaux que lance le marché pour savoir si votre

produit n’est pas désiré. »

Le public croit généralement que les

entrepreneurs aiment prendre des risques,

explique M. Valliere, mais ces risques ne le sont

que de l’extérieur. Les entrepreneurs n’aiment pas

prendre des risques... Ils sont en possession de

renseignements que nous n’avons pas. Et c’est ce

que nous enseignons à nos étudiants – comment

voir ce qui reste invisible pour les autres.

Monsieur Larmand signale que le programme du

Collège Pro Painters – qui existe depuis 40 ans,

peut aider à minimiser le risque, car les

participants ont accès à des mentors et à des

cours pour apprendre à diriger une entreprise.

Les étudiants louent une franchise pendant un

an, ce qui leur donne le temps de découvrir les

tenants et les aboutissants de l’entrepreneuriat. Un

8 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 9

programme de formation intense est offert pendant

l’année scolaire pour préparer les étudiants à un

emploi d’été. Ils y apprennent à commercialiser

leurs services, à recruter des employés, à traiter

avec la clientèle, à rédiger des devis, à créer des

budgets, à gérer les finances et à résoudre des

conflits, entre autres aptitudes d’affaires.

Collège Pro Painters veille à ce que les étudiants

entrepreneurs échangent avec les anciens

participants pour avoir une idée de la manière

dont le programme fonctionne. « Ainsi, ils sont

en mesure de comprendre les défis, mais aussi

les hauts et les bas d’une entreprise, explique

M. Larmand. L’excellence des gens dépend de la

rapidité avec laquelle ils apprennent. Ils doivent

comprendre que les erreurs sont inévitables, mais

qu’un bon entrepreneur ne les répète pas deux

fois. La réussite dépend donc de leur capacité à

tirer des leçons de ces erreurs. »

Certains étudiants se demandent peut-être

si leur diplôme les aidera à devenir de bons

entrepreneurs. Mais la question la plus importante

est la suivante : faut-il avoir un diplôme en

commerce pour réussir? Non, d’après M. Larmand.

« Pas plus de la moitié de nos étudiants sont

inscrits à un programme d’études commerciales,

explique-t-il. Beaucoup d’étudiants en arts se

rendent compte qu’ils aiment être à la tête d’une

entreprise. Les étudiants qui ne se spécialisent

pas en commerce apprennent à savoir ce qu’ils

veulent dans la vie et à se lancer dans le milieu

des affaires. Et je crois que plusieurs d’entre eux

vont chercher à avoir un rôle entrepreneurial

dans une société, par exemple en décrochant

un poste de cadre. »

Les aVantaGes De L’entrepreneuriatEn fin de compte, la motivation et la passion sont

les deux plus importants ingrédients du succès

d’un entrepreneur. Si vous faites ce que vous

aimez, et que vous le faites selon vos propres

critères, vous pouvez devenir ce dont beaucoup

rêvent : votre propre patron.

« L’entrepreneuriat est une bonne façon d’atteindre

plusieurs buts à la fois : gagner de l’argent,

améliorer le monde, s’amuser en travaillant et avoir

une carrière intéressante, explique M. Valliere.

Beaucoup de gens choisissent cette voie parce

qu’ils aiment l’autonomie; ils ne veulent pas avoir

de patron. Ils veulent faire les choses à leur façon

et décider de leur emploi du temps. Ou peut-être

veulent-ils transmettre un héritage. »

Pour atteindre la réussite et l’autonomie, il faut

être proactif et motivé. « Si vous avez besoin d’être

dirigé pour agir, vous n’avez pas vraiment l’étoffe

d’un entrepreneur », ajoute M. Larmand.

Plus tôt vous commencez à réfléchir, mieux ce sera.

« Il n’est jamais trop tôt pour commencer à

réfléchir à la manière dont vous pouvez régler un

problème et faciliter la vie des gens », conclut

Mme Hepburn. oc

JorDan aDaMs est titulaire d’un diplôme

en journalisme de l’Université Carleton.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : ryerson.ca/ent, tedrogersschool.ca,

thenext36.ca, collegepro.com,

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10 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

pHiLippe Vennes

» De Jeunes canaDiens à La tête D’entreprises aMBitieuses

Gagnant de multiples prix en

entrepreneuriat. Diplômé de

l’Université Bishop’s en finances et

en économie. Issu d’une famille de

commerçants accomplis. Le jeune entrepreneur,

Philippe Vennes, semble avoir toutes les

chances de son côté pour réussir en affaires.

Le succès qu’il a remporté dans la vingtaine

aurait pu le griser, mais l’actuel directeur du

développement des affaires de la société Fruits et

Légumes Beauport soutient qu’il n’a pas changé

depuis sa participation au programme The

Next 36, qui en était alors à sa première année

d’existence. S’il a réussi, M. Vennes estime que

c’est parce qu’il s’est lancé en affaires « pour les

bonnes raisons » et non pour « faire des profits

rapidement ». D’après lui, la réussite est plutôt

une question de personnalité.

Monsieur Vennes est passionné par sa carrière.

Il estime avoir un tempérament persévérant

et intrépide, en plus d’aimer innover. L’une

des clés de sa réussite est d’appréhender les

défis « comme une occasion de s’améliorer »

et d’affronter les obstacles avec confiance.

Ce diplômé ambitieux confie également ne pas

« aimer les zones de confort » et aller au-delà de

ce qu’il connaît pour étancher sa soif d’apprendre.

Ainsi, M. Vennes se lance quotidiennement dans

des situations hors de l’ordinaire pour prendre des

risques commerciaux, mais de manière éclairée

et responsable, ce qui l’amène à se réinventer

et à se dépasser sur le plan professionnel.

Avec une feuille de route comprenant déjà la

gestion d’un portefeuille évalué à 450 000 $,

pourrait-on chercher un meilleur modèle de

succès entrepreneurial à un si jeune âge? oc

L’une Des cLÉs De sa rÉussite est D’apprÉHenDer Les DÉFis « coMMe une occasion De s’aMÉLiorer » et D’aFFronter Les oBstacLes aVec conFiance.

Des étudiants en pharmacie à la tête d’une entreprise?

Beaucoup de gens pensent qu’il faut faire des études en

commerce pour réussir en affaires. Ce n’est pourtant pas

toujours le cas. Quelle que soit votre discipline ou spécialité –

les soins de santé, le travail communautaire ou même l’armée –, vous avez

peut-être les connaissances nécessaires pour lancer votre entreprise.

Jeff Wandzura participe au programme The Next 36, en vertu duquel

36 étudiants d’universités canadiennes sont divisés en neuf groupes de

quatre et mis au défi de trouver une idée de produit, puis de le créer, le

commercialiser et le vendre – en d’autres mots, démarrer une entreprise.

Monsieur Wandzura entame bientôt sa quatrième année d’un baccalauréat

en pharmacie à l’Université de la Saskatchewan. Depuis peu, il est aussi

président-directeur général d’une entreprise, EDO Mobile Health. La toute

nouvelle compagnie a mis au point une application mobile appelée MobiCare,

qui aide à soigner les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Monsieur Wandzura explique que cette application permet d’envoyer des

alertes et des appels à l’aide électroniques à l’équipe de soutien de la

personne malade, ce qui aide à la coordination des soins. Elle permet

aussi de suivre la progression de la maladie d’Alzheimer, dans la mesure

où les aidants peuvent saisir des données sur les symptômes de la

personne concernée pour les comparer à ceux d’autres personnes atteintes

de la même maladie.

MobiCare est le fruit d’un travail de collaboration, ajoute M. Wandzura.

En effet, son équipe « voulait faire quelque chose dans le domaine des soins

de santé et il se trouve que deux de nos coéquipiers étaient touchés de près

par la maladie d’Alzheimer ». Il estime important d’introduire la technologie

dans le domaine des soins de santé, et MobiCare y contribue.

Monsieur Wandzura a participé à The Next 36, car il ne se voyait pas

occuper un emploi routinier dans une pharmacie.

« Quand on a sa propre entreprise, on peut rapidement voir les résultats

d’un travail acharné, explique-t-il. Le temps investi porte fruit et on rencontre

beaucoup de gens intéressants. »

The Next 36 n’est pas le seul programme soutenant les jeunes entrepreneurs

canadiens. En effet, le programme Enterprise Co-op, de l’Université de

Waterloo, permet aux étudiants de créer leur propre entreprise au lieu de

travailler pour une société déjà établie dans leur domaine d’études.

Logan Fuller est un étudiant en génie électrique qui a profité pleinement

du programme Enterprise Co-op. Il a créé le prototype d’une application

appelée Oikoi (signifiant « maisons » en grec) qui va aider les étudiants à

trouver un logement.

Monsieur Fuller a eu cette idée en fouillant dans sa propre expérience et

dans celle d’autres étudiants avec qui il a discuté. Il affirme que la plupart

L’entrepreneuriAt, c’est L’aFFaire De tous

Par Hilary Thomson

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 11

des étudiants cherchent un appartement en consultant Kijiji ou Craigslist,

mais que ces sites ne sont pas adaptés aux besoins d’un étudiant

cherchant un endroit où vivre.

« Il y a une méfiance générale à l’égard des annonces paraissant sur

ces sites, explique M. Fuller. On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre

exactement. »

Oikoi se servira de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour donner

aux étudiants davantage de renseignements sur le quartier et sur le logement

à louer ou à sous-louer. Grâce à une autre fonctionnalité d’Oikoi actuellement

en développement, il sera également possible d’évaluer le degré de

compatibilité entre personnes, pour ceux qui cherchent des colocataires.

Selon M. Fuller, être entrepreneur est exigeant, surtout quand on n’a

aucune expérience dans le domaine, mais c’est aussi très gratifiant.

« Je suis sans cesse en train d’apprendre de nouvelles choses sur le

domaine des affaires, précise-t-il. Il faut être polyvalent quand on est à

la tête d’une nouvelle entreprise. »

Monsieur Fuller trouve que le programme Enterprise Co-op est très

précieux, car il permet non seulement de créer sa propre entreprise, mais

aussi d’acquérir de l’expérience dans sa spécialité.

« Les professeurs nous incitent à sortir des sentiers battus, raconte M. Fuller.

L’Université de Waterloo appuie vraiment l’entrepreneuriat. »

Monsieur Fuller va prendre une année sabbatique pour faire d’Oikoi une

entreprise rentable, ce que Waterloo appuie sans hésitation, conclut-il.

Grâce à une organisation internationale, Students in Free Enterprise (SIFE),

des étudiants provenant de plusieurs facultés peuvent se regrouper et

miser sur l’expertise de chacun pour créer quelque chose de nouveau.

L’équipe SIFE de l’Université Memorial de Terre-Neuve, à St. John’s, est

extrêmement compétente. Elle a gagné plusieurs concours ces dernières

années, y compris la Coupe du monde SIFE, en 2008.

Shane Skinner, président de SIFE à l’Université Memorial, précise que

chaque équipe universitaire SIFE a une mission particulière. À Memorial,

la mission est de trouver des « solutions locales à des difficultés

économiques mondiales », explique-t-il, non sans ajouter que SIFE est

là pour donner un coup de main, et non pour faire la charité.

Le programme Bright Futures est l’une des réalisations de SIFE –

Université Memorial. Il permet à des personnes handicapées ne pouvant

occuper un emploi régulier de trouver des moyens de rentabiliser une

chose qui les passionne.

Jackie Squire fait partie de ceux qui ont largement profité du programme.

À cause de son handicap, elle a longtemps été victime d’intimidation,

mais elle n’avait jamais eu le courage d’en parler.

Maintenant, à la mi-trentaine, Mme Squire a écrit et illustré un livre

racontant les combats qu’elle a dû mener à cause de son handicap et

l’intimidation dont elle a été l’objet. Monsieur Skinner précise qu’en vertu de

Bright Future, SIFE – Université Memorial a passé en revue les techniques

commerciales avec Mme Squire, en plus de lui offrir un encadrement

sur la gestion des finances personnelles et le réseautage. Il ajoute que

Mme Squire a jusqu’ici vendu plus de 300 exemplaires de son livre et

enregistré un profit de plus de 3 000 $.

Si la faculté d’administration des affaires de l’Université Memorial offre

un énorme soutien au programme SIFE, M. Skinner souligne que les

64 membres proviennent de toutes les facultés.

« C’est un atout d’avoir des étudiants venant de plusieurs facultés. Chacun

a accès à différentes installations et enrichit les projets de son propre vécu,

explique M. Skinner. Cela permet d’avoir un groupe équilibré, qui n’a de

cesse de développer les meilleurs projets qui soient pour aider les

personnes qui en ont besoin. »

Bien que l’université soit un milieu stimulant et propice à la naissance de

nouvelles idées, et même à la création d’entreprises, l’idée géniale qui

débouchera sur une entreprise peut aussi naître ailleurs.

Fred Aubin est le fondateur de Strategic Red Team Consulting, un cabinet

de consultation s’inspirant des idées et des valeurs qu’il a acquises au

cours de sa longue carrière dans l’armée.

Monsieur Aubin a travaillé partout dans le monde, à titre d’officier des armes

de combat dans les Forces canadiennes. À la fin de sa carrière dans les

Forces canadiennes, il était planificateur en chef de campagne. Lorsque le

moment de prendre sa retraite est venu, M. Aubin s’est vu offrir plusieurs

postes au sein du gouvernement et du secteur privé, mais aucun ne l’attirait.

« Je n’aimais pas les produits qu’ils offraient, dit-il. Ils correspondaient juste

à ce qui était dans l’air du temps. »

C’est ainsi qu’est né Strategic Red Team Consulting. Monsieur Aubin précise

que dans l’armée, il faut être bon communicateur, discipliné, stratégique et

organisé – autant de qualités qui, pensait-il, pourraient servir dans le

monde des affaires.

Lorsqu’il a fondé son entreprise, il a donc délibérément affiché son

expérience militaire, et ses clients estiment que c’est la plus grande force

de Strategic Red Team Consulting. « Je n’ai pas honte de faire partie de la

vieille école », ajoute-t-il.

Monsieur Aubin croit que, pour réussir, un entrepreneur doit s’inspirer des

succès passés tout en innovant et en se distinguant. Il faut aussi aimer ce qu’on

fait et en tirer du plaisir, ajoute-t-il avant de citer le Joker du Chevalier noir :

« Si vous faites bien quelque chose, ne le faites pas gratuitement. » oc

HiLary tHoMson étudie en journalisme à l’Université Carleton.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : thenext36.ca, cecs.uwaterloo.ca/students/enterprise, oikoi.co,

edomhealth.com, sifememorial.ca, stratredteam.com,

magazineoptionscarrieres.com

12 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 13

on a souvent une image stéréotypée de

l’entrepreneur. On imagine souvent un

homme d’affaires en veston-cravate,

marchant au centre-ville, une mallette

à la main. C’est peut-être une scène courante dans

nos sociétés métropolitaines, mais pas forcément

l’idéal en vue duquel nous œuvrons.

Anne-Marie Paquette, architecte de formation

devenue entrepreneure, nous incite à jeter un œil

critique sur le monde des affaires. Cocréatrice

de StrokeLink, une application mobile qui relie

les survivants d’accidents cérébraux vasculaires

à des réseaux de réadaptation, cette diplômée

de l’Université McGill nous livre un conseil qu’il

est crucial de comprendre si l’on veut réussir en

affaires : « L’entrepreneuriat n’est pas un choix

de carrière, mais bien un mode de vie. »

Madame Paquette veut dire par là que les pionniers

dans l’âme doivent élargir leurs horizons pour mieux

« cerner », « évaluer » et « mettre en valeur »

ce qu’elle appelle « les opportunités camouflées »

dans le quotidien. Cet art, Mme Paquette a appris

à le maîtriser grâce à The Next 36, qui l’a mise

en contact avec des entrepreneurs chevronnés.

Ils lui ont parlé « de leurs réussites et de leurs

échecs », et elle en a tiré des enseignements.

Son stage au Burkina Faso a également été

formateur. Elle a alors « pris conscience du fait que

les entrepreneurs ayant peu de ressources sont

beaucoup plus créatifs » que les entrepreneurs de

nos sociétés occidentales, pourtant privilégiées.

C’est donc pendant cette période que Mme

Paquette a découvert que l’entrepreneuriat est

exactement ce que l’on en fait, principe qui l’incite

encore aujourd’hui à « créer des choses à partir

de rien » et qui la pousse à recommander aux

entrepreneurs en herbe de simplement poursuivre

leur passion toujours avec la même motivation. oc

anne-Marie pAquette

» De Jeunes canaDiens à La tête D’entreprises aMBitieuses

« L’entrepreneuriat n’est pas un cHoix De carrière, Mais Bien un MoDe De Vie. »

est-ce que vous aimeriez éliminer de

la société un problème en particulier?

Avez-vous le sens des affaires et cultivez-

vous les idées novatrices? Pourrait-on

vous dire passionné, motivé et optimiste?

L’entrepreneuriat social pourrait bien correspondre

à ce que vous recherchez. Non seulement aurez-

vous la satisfaction de travailler à votre compte,

mais également d’œuvrer pour les autres, dans

l’intérêt de toute la société.

Deux chefs de file canadiens de l’entrepreneuriat

social ont contribué à changer la culture entourant

les activités et œuvres caritatives. Il s’agit des

frères Kielburger, Marc et Craig. Leurs organismes,

Enfants Entraide et Me to We, ont inspiré toute une

génération à agir pour améliorer la société.

« L’entrepreneuriat social, c’est créer un mode

de vie visant à faire de meilleurs choix pour créer

un monde meilleur », explique Marc Kielburger,

cofondateur d’Enfants Entraide et Me to We,

qui s’est entretenu avec Options Carrières lors

d’une activité récente destinée aux jeunes

entrepreneurs du programme The Next 36 –

un programme national permettant de cibler

les meilleurs entrepreneurs parmi les étudiants

inscrits à un programme d’études universitaire

de premier cycle.

Les entreprises sociales peuvent être lucratives

ou pas – mais elles ont toutes pour objectif

de régler un problème social. Par l’entremise

de programmes nationaux et de coopération

internationale, l’organisme sans but lucratif Enfants

Entraide s’est donné pour mission d’aider les

jeunes à sortir de la pauvreté et de l’exploitation,

et de les inciter à développer leur conscience

sociale pour devenir des citoyens du monde.

Lorsque les deux frères ont fondé leur œuvre

caritative, en 1995, il n’était pas très « cool »

de vouloir changer le monde. « J’ai passé ma

neuvième année dans un casier », raconte

M. Kielburger, non sans ajouter qu’il est important

de rendre l’action sociale « cool » pour réussir

dans l’industrie de l’entrepreneuriat social.

« L’idée est donc de se servir de la pression des

pairs de façon positive. Pour ce faire, il faut créer

des événements, saisir des occasions, passer par

des célébrités et utiliser Facebook », explique-t-il.

Les frères Kielburger ont réalisé cela à l’aide de

« We Day » – une manifestation pancanadienne

dont l’objectif est d’amener les jeunes à sentir

qu’ils ont le pouvoir de changer les choses et de

les engager à faire du bénévolat.

Depuis quelques années, l’entrepreneuriat social

gagne en respect et en attention, précise Claudia

De Simone, directrice des Programmes, Venture,

Fellowship et des partenariats universitaires

chez Ashoka Canada, une association mondiale

d’entrepreneurs sociaux. « Je pense qu’il y a

dix ans, et même cinq ans, les gens ne

comprenaient pas l’expression “entrepreneuriat

social”, dit-elle. Mais je crois que de plus en plus

de jeunes sont décidés à faire leur part pour

améliorer les choses dans le monde, et envisagent

même d’en faire un moyen de subsistance. »

« L’entrepreneuriat social sera la force dominante

du changement social, par opposition aux œuvres

caritatives traditionnelles », soutient M. Kielburger.

Le moment est propice à la création d’une

entreprise sociale. « Embarquez pendant qu’il en

est encore temps et vous pourrez vous distinguer

dans un nouveau secteur plutôt que de suivre une

voie toute tracée dans un secteur déjà bien établi. »

Alors, quel conseil donneraient aujourd’hui de

jeunes entrepreneurs bien établis à des étudiants

du niveau postsecondaire? Il faut par-dessus tout

L’entrepreneuriat sociaL,

ou Le sens Des aFFaires et L’enVie de cHanGer Le MonDe

Par Jordan Adams

14 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 15

avoir le feu sacré; sans ça, les moments difficiles

seront trop durs à traverser.

« Ne commencez pas avant d’avoir trouvé un

problème qui vous passionne au point où ne pas le

régler vous rendrait fou », lance Heather Payne, qui

a créé sa propre entreprise sociale, appelée Ladies

Learning Code. Son organisme sans but lucratif

existe depuis un peu plus d’un an et 1 700 femmes

(et quelques hommes, qui sont aussi les bienvenus)

l’ont déjà fréquenté pour acquérir des compétences

dans le domaine des nouvelles technologies,

par exemple en création de sites Web ou édition

de photos. Ces cours sont donnés par plus de

400 bénévoles de la communauté des technologies

de Toronto. L’objectif de Mme Payne est de réduire

les inégalités qui touchent les femmes en matière

de maîtrise des nouvelles technologies.

« Nous avons trouvé une façon de créer un environ-

nement vraiment accueillant pour les femmes.

Elles s’y sentent à l’aise et elles peuvent apprendre

avec plaisir. De plus, nos ateliers sont offerts à prix

modique », précise Mme Payne. Moyennant 50 $,

elles peuvent passer toute une journée avec un

spécialiste en nouvelles technologies.

Madame Payne travaillait dans une entreprise

débutante spécialisée en technologies, mais elle

a préféré se lancer dans l’entrepreneuriat

social. « Mon but n’est pas de créer le prochain

Farmville. J’aime l’entrepreneuriat social, car il

permet de se pencher sur un problème social et

de se dire : “Je crois que nous pouvons trouver

une solution qui nous permettra au moins d’aller

dans la bonne direction.” »

Madame Payne, qui a aujourd’hui 25 ans, avoue

qu’il était un peu risqué et effrayant de fonder

une entreprise sociale, mais que, finalement,

ça en a valu la peine – elle ouvre maintenant

une succursale à Vancouver et prévoit en ouvrir

d’autres au Canada, mais aussi aux États-

Unis. Sa formation en commerce et sa fibre

entrepreneuriale l’ont aidée à prospérer dans

l’entrepreneuriat social. « J’adore le fait que

l’entrepreneuriat social permette d’associer les

principes du monde lucratif à des problèmes

sociaux qu’il faut vraiment régler, ce qui donne des

entreprises novatrices, intéressantes et durables. »

Une fois que vous avez trouvé la cause qui vous

allume, Mme De Simone dit qu’il faut vous lancer.

« Prenez un risque… si rien ne se produit, créez

quelque chose. » Elle pense qu’il est beaucoup

plus facile d’attirer des investisseurs ou des

partenaires lorsqu’on a déjà une idée et un plan.

Selon M. Kielburger, quand vous aurez trouvé le

« pourquoi » de votre entreprise – c’est-à-dire le

problème social que vous voulez régler – passez

au « comment ». Il faut être exagérément idéaliste

et « avoir une vision plus grande que ce que vous

pensez pouvoir faire ».

« Sortez de votre zone de confort! » oc

JorDan aDaMs est titulaire d’un diplôme

en journalisme de l’Université Carleton.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : freethechildren.com,

metowe.com, canada.ashoka.org,

ladieslearningcode.com,

magazineoptionscarrieres.com

16 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

Vous voulez faire votre marque dans le monde des affaires? Alors,

foncez, vous dirait Jade Proulx, entrepreneure récemment diplômée de

l’Université McGill, qui s’est déjà fait un nom dans un délicieux domaine :

la gastronomie.

Lauréate de plusieurs prix en sciences, Mme Proulx s’était déjà fait

remarquer alors qu’elle était toute jeune et occupait des postes de

leadership. Cette ancienne étudiante en chimie alimentaire estime que

son parcours parascolaire a eu l’effet d’un tremplin et l’a menée à la

réussite qu’elle connaît aujourd’hui à titre de cofondatrice d’Atlus inc.,

une entreprise qui achemine aux consommateurs des recommandations

de restaurant par téléphone intelligent.

Madame Proulx précise qu’elle a été très sagement conseillée par ses

mentors dans le cadre du programme The Next 36. Ils lui ont notamment

appris qu’il n’y a pas de « plan parfait » pour l’entrepreneuriat, et qu’elle

aurait à surmonter des obstacles au cours de sa carrière.

Il n’est donc pas surprenant que cette participante soit sortie du

programme The Next 36 avec une carapace qui l’aide à rester optimiste

en tout temps. Madame Proulx parvient à garder son sang-froid même

dans les moments de grand stress, notamment lorsque ses services font

directement concurrence à de grandes sociétés comme Foursquare et

Yelp. De plus, Mme Proulx ne traite pas un problème comme un échec,

mais plutôt comme une occasion de tirer des leçons de ses erreurs.

Elle demeure optimiste quant à son avenir de jeune entrepreneure,

car elle sait maintenant qu’il est possible d’accumuler bien des réussites

au début de l’âge adulte. Ce pourrait bien aussi être votre cas. oc

JaDe prouLx

» De Jeunes canaDiens à La tête D’entreprises aMBitieuses

eLLe DeMeure optiMiste Quant à son aVenir De Jeune entrepreneure, car eLLe sait Maintenant Qu’iL est possiBLe D’accuMuLer Bien Des rÉussites au DÉBut De L’âGe aDuLte. ce pourrait Bien aussi être Votre cas.

Par Gaël Bachand-Morin

Les risQues et Les aVantaGes De L’entrepreneuriat

entreVue aVec Des

DraGons

18 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

L’ entrepreneuriat vous intéresse,

mais vous désirez en connaître un

peu plus sur les aléas du métier?

Qu’à cela ne tienne! Pour obtenir des

conseils de pros, nous avons invité deux dragons

de l’émission de Radio-Canada, « Dans l’œil du

Dragon », à répondre à nos questions. Voici donc

Danièle Henkel et François Lambert, qui ont

accepté de nous accorder une entrevue afin

de nous faire profiter de leur expérience.

options carrières : à Quoi resseMBLe Le QuotiDien D’un entrepreneur?

MMe HenKeL : C’est l’inconnu tous les jours

(rire)! Un entrepreneur n’a pas « d’heures ».

Il ne sait pas toujours à quelle heure sa journée

va commencer, ni à quelle heure elle va se

terminer. L’adaptabilité et l’organisation « non

conventionnelle » font partie du quotidien

d’un entrepreneur.

M. LaMBert : Un entrepreneur choisit de l’être

par passion, parce qu’il n’est pas libre. La vie de

famille, ça n’existe pas. Les loisirs avec les amis,

vous allez les manquer. Que vous le vouliez ou

non, les problèmes du bureau vont souvent passer

avant tout. Ça occupe nos pensées 24 h par jour.

oc : QueLs sont Les risQues et Les aLÉas De L’entrepreneuriat?

MMe HenKeL : Les risques financiers sont

omniprésents. Quand on démarre en affaires,

on se pose beaucoup de questions sur le

financement. Lorsqu’on est en affaires depuis un

an ou deux, c’est une évolution. Plus on grandit,

plus les risques deviennent importants parce que

pour grandir, il faut plus de ressources humaines,

donc plus de ressources financières.

M. LaMBert : Il faut toujours garder un œil sur

la concurrence pour savoir comment faire évoluer

son entreprise. C’est aussi très important de

toujours écouter le marché. Il faut savoir l’écouter

et s’y adapter constamment, car c’est lui qui nous

apporte du pain!

oc : QueLs sont Les aVantaGes D’être un entrepreneur?

MMe HenKeL : Le mot « avantages » me

dérange un peu (rire)! On ne démarre pas en

affaires pour en tirer des avantages personnels

ou financiers. On se lance en affaires parce

qu’on aime ça et parce qu’on a d’abord la

« fibre entrepreneuriale ». Être entrepreneur,

c’est être son propre patron. On se lance en

affaires parce qu’on veut être indépendant.

M. LaMBert : Tu as tous les avantages (rire)!

Autant un entrepreneur n’a pas de liberté, autant

il a de la liberté. On doit faire attention quand

on est son propre patron. En fin de compte,

c’est le pouvoir de décider, de pouvoir changer

le monde un petit peu à sa façon, mais surtout

c’est le sentiment de satisfaction personnelle.

Quand tu fais un bon coup, tu sais que c’est toi

qui l’as fait. Toi et ton équipe, bien entendu.

On récolte ce que l’on sème!

oc : QueLLes sont Les QuaLitÉs D’un entrepreneur Qui rÉussit?

MMe HenKeL : La ténacité, la persévérance

et la passion. L’une des grandes qualités d’un

entrepreneur est de savoir dédramatiser. Il faut

prendre l’adversité comme une expérience. C’est

ce qui vous fait grandir. Il ne faut pas s’arrêter au

problème, mais plutôt à la façon de le résoudre.

M. LaMBert : Il faut évidemment un bon produit!

En entrepreneuriat, il faut avoir le goût du risque

et être capable de le gérer. Quand on est en

affaires, chaque jour est un risque. Le souci du

bon produit, le goût du risque et la persévérance

sont les qualités d’un entrepreneur.

oc : à Quoi un Jeune entrepreneur Doit-iL Faire attention?

MMe HenKeL : Il faut faire attention à ne pas être

arrogant. L’arrogance est le signe d’un manque

d’intelligence. Quand on est arrogant, c’est parce

qu’on a peur et qu’on essaye de compenser un

manque de confiance.

M. LaMBert : Il faut savoir s’entourer.

Il y a très peu d’entrepreneurs qui réussissent

seuls aujourd’hui. Que ce soit dans le cadre

d’un mentorat ou d’un partenariat, le plus grand

conseil que je peux donner c’est de ne pas avoir

peur de s’entourer. Mais il faut que tout le monde

travaille dans la même direction et que chacun

accepte son rôle.

oc : QuanD est-ce Qu’une « Bonne iDÉe » est en Fait une « MauVaise iDÉe » seLon Vous?

MMe HenKeL : Quand notre projet devient

comme un poids, qu’on a l’impression que c’est

un fardeau. Quand on se sent emprisonné dans

une boîte et qu’on a l’impression que la créativité

n’est plus là. Une idée n’est pas nécessairement

« bonne » ou « mauvaise ». Il faut être conscient

de nos sentiments personnels par rapport à l’idée.

M. LaMBert : Une mauvaise idée, c’est lorsqu’on

devient trop émotif et qu’on ne voit plus clair.

Quand on s’entête à essayer de faire fonctionner

un projet qui enregistre des pertes. C’est normal

d’enregistrer des pertes occasionnelles, mais il

faut savoir arrêter d’investir dans un projet qui ne

rapporte pas. On doit être conscient du moment

où l’émotivité nous empêche d’être lucide.

oc : coMMent saVoir reconnaître Le MoMent où L’on Doit aBanDonner un proJet?

MMe HenKeL : Un projet qui n’évolue pas.

Un projet peut prendre des mois ou des années

avant de se concrétiser. Mais si l’idée du projet

n’évolue pas dans les trois premiers mois, elle

n’est pas bonne. S’il faut plus de trois mois pour

franchir une étape, si petite soit-elle, c’est que

l’idée ou le projet n’est pas bon.

M. LaMBert : On démarre souvent un projet

sous le coup d’une émotion, après un « flash ».

Mais cette même émotion peut venir nous « tuer »

plus tard lorsqu’on reste trop émotif. Pour lancer

un projet, il faut le sentir dans nos tripes, être

émotif, naïf et même aveugle. Mais pour faire

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 19

« rouler » le projet une fois qu’il est démarré, il

faut savoir mettre l’émotion de côté. Il n’y a pas de

moment précis ou de recette. On le sait comme

investisseur quand l’effort requis est trop grand

par rapport au gain potentiel.

oc : QueLs conseiLs DonnerieZ-Vous à un ÉLèVe Du seconDaire Qui DÉsire poursuiVre ses ÉtuDes au niVeau coLLÉGiaL ou uniVersitaire Dans Le But De DeVenir entrepreneur?

MMe HenKeL : Pour moi, l’éducation est une

obligation, un devoir et un droit. Pour être

entrepreneur, il faut avoir certaines compétences

de base. Il faut savoir compter, gérer et avoir

des connaissances générales. Si, pour quelque

raison que ce soit, on n’a pas tout ce bagage,

il faut savoir s’entourer. Les études sont les

fondations qui nous soutiendront tout au long

de notre vie.

M. LaMBert : Ça prend des qualités innées

pour être entrepreneur : être un leader, avoir

le goût du risque et de la persévérance. Mais

je crois qu’il faut une éducation pour devenir

un bon entrepreneur. Il faut être capable de

gérer un budget et de parler avec les gens.

L’éducation nous donne les outils pour réussir

en entrepreneuriat. On n’est pas obligé de tout

savoir, mais il faut en connaître assez pour être

capable d’échanger avec tout le monde.

oc : QueLs conseiLs DonnerieZ-Vous à un Jeune entrepreneur LorsQue Vient Le teMps De parLer D’arGent?

MMe HenKeL : L’argent est un outil de travail.

Il faut être capable de parler d’argent comme

on parle d’un outil courant. C’est une façon de

démystifier l’argent. Il faut avoir confiance en soi.

Il faut savoir parler clairement de son objectif.

M. LaMBert : Si vous faites un projet pour

faire de l’argent, vous allez être déçu. Parce que

l’argent n’arrive pas tout de suite. Il ne faut pas

travailler pour l’argent. On doit d’abord travailler

avec passion. Quand on est jeune et qu’on se

lance en affaires, on a besoin de demander de

l’argent pour commencer. Il faut croire en ses

chiffres. Il ne faut pas avoir peur de l’argent et

il faut poursuivre ses rêves. Si l’argent devient

une fin, c’est la fin de notre projet.

oc : aVec toute L’expÉrience Que Vous aVeZ acQuise auJourD’Hui, Qu’aurieZ-Vous aiMÉ saVoir De Votre MÉtier LorsQue Vous aVeZ DÉButÉ?

MMe HenKeL : Je vous réponds

personnellement, mais je crois qu’il valait

mieux que je ne le sache pas! Toutes les

passions que vous avez vous feront vivre des

défis quotidiens. Je dirais « vas-y, qu’est-ce que

tu as à perdre, sinon t’émerveiller tous les jours? »

Quand tu auras relevé un défi, tu seras content.

Fais-toi donc confiance!

M. LaMBert : Ce qui aurait été bien qu’on

me dise, même si je ne l’avais pas écouté, c’est :

« Tu crois que tu vas travailler beaucoup et tout

le temps, mais en fait tu vas travailler encore

plus que ça! » Jamais je n’aurais pensé travailler

aussi fort. « Es-tu prêt à travailler sans arrêt

pendant les 10 à 15 prochaines années de ta

vie, et n’avoir que ça à l’esprit? » Si la réponse

est oui, vas-y. oc

« toutes Les passions Que Vous aVeZ Vous Feront ViVre Des DÉFis QuotiDiens. Je Dirais “Vas-y, Qu’est-ce Que tu as à perDre, sinon t’ÉMerVeiLLer tous Les Jours?” »

GaëL BacHanD-Morin est rédacteur

à la pige.

pour De pLus aMpLes renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : radio-canada.ca/emissions/

dans_l_oeil_du_dragon/2011-2012/,

magazineoptionscarrieres.com

20 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

De Jeunes canaDiens cHercHant une expÉrience intÉressante à L’ÉtranGer trouVent Des occasions inespÉrÉes – et Des pays coMMe La nouVeLLe-ZÉLanDe accueiLLent à Bras ouVerts Les ÉtuDiants ÉtranGers. »

Par Kathryn Young

Fous de sports :

L’aVenture et Les ÉtuDes au pays Des KiWis

22 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

saut à l’élastique, descente de rivières

souterraines, zorb, jetboat, héliski :

la Nouvelle-Zélande est le paradis des

sports d’aventure, lance Julia Thrift,

19 ans, de Colombie-Britannique.

« Pourquoi ne pas étudier au royaume du tourisme

d’aventure? » demande Mme Thrift, qui est inscrite

au programme d’administration des sports de neige

du Collège Queenstown Resort, situé sur l’île du Sud,

en Nouvelle-Zélande. « Mes amis en sont jaloux. »

Dans ce collège, la spécialisation en sports de

neige fait partie du programme d’administration

du tourisme d’aventure. Le programme ne met pas

seulement l’accent sur l’expérience du visiteur, mais

également sur le développement et l’exploitation

de différents modèles d’entreprises en tourisme

d’aventure, et sur l’acquisition de compétences en

leadership, en marketing, en gestion des ressources

humaines, en élaboration de plans d’affaires,

de communications, et plus encore.

« Ces études sont transférables à l’étranger »,

explique Chris Warburton, directeur de

programme. En fait, le Collège Queenstown Resort

a conclu une entente avec l’Université Thompson

Rivers, en Colombie-Britannique, selon laquelle

les titulaires d’un diplôme du Collège peuvent

automatiquement entrer en troisième année du

programme d’études de l’Université Thompson

Rivers. Il existe également des ententes avec

d’autres établissements, par exemple l’Université

de Guelph, en Ontario, permettant aux étudiants

d’étudier à l’Université Lincoln, en Nouvelle-

Zélande, pendant un ou deux semestres, mais de

payer des frais de scolarité réguliers équivalents

à ceux de l’Université de Guelph plutôt que les

frais de scolarité élevés normalement réservés

aux étudiants étrangers.

Le tourisme d’aventure n’est que l’un des

nombreux programmes d’études postsecondaires

en sport ouverts aux étudiants canadiens.

Education New-Zealand courtise ouvertement

les étudiants étrangers, surtout en Amérique du

Nord, pour ces programmes sportifs qui vont bien

au-delà du sport d’élite. Ils comprennent des

programmes en administration du sport, gestion

des loisirs, massage sportif, leadership et plein air,

et même gestion des terrains de sport.

un MiLieu extraorDinaire pour Le sport« Très peu de gens sont des athlètes d’élite,

précise Don Milham, chef d’équipe à l’École des

sciences du sport et de l’activité physique de

l’Institut de technologie de Waikato, connu sous le

nom de Wintec. Mais la santé et le bien-être font

partie de la vie de tous. Nous baignons dans un

milieu extraordinaire pour ça. »

Wintec est situé dans la petite ville de Hamilton,

sur l’île du Nord, où la température hivernale

oscille entre 10 °C et 14 °C le jour. C’est ce qui

contribue à faire en sorte que les Néozélandais

soient fous du sport : il est facile d’aller dehors

et d’être actif lorsque le thermomètre descend

rarement sous zéro, et encore, seulement en

région montagneuse.

« C’est une société très axée sur le sport,

souligne Stewart Brougham, directeur du service

d’internationalisation de Wintec. C’est-à-dire

qu’on valorise la pratique du sport... c’est une

passion qui alimente l’industrie. Il faut des gens

pour diriger et gérer des clubs de sport, pour

gérer et coacher les équipes, travailler dans des

entreprises ou enseigner le sport à l’école. »

La Nouvelle-Zélande offre aux étudiants

canadiens des possibilités intéressantes sur

le plan des études postsecondaires (qu’ils

appellent « tertiaires »). Vous pouvez étudier au

pays du kiwi pendant un ou deux semestres,

suivre des cours pendant une année de congé

d’études, participer à un programme d’échange,

suivre du début à la fin un programme d’études

débouchant sur un diplôme ou un grade,

ou encore simplement y perfectionner votre

anglais grâce à une foule de programmes. Vous

pouvez même accumuler des crédits qui seront

reconnus par votre collège ou votre université au

Canada, que ce soit en vertu d’une entente entre

établissements ou d’une négociation personnelle

avec votre établissement. Étudier à l’étranger

peut représenter un compromis entre prendre un

congé des études pour voyager ou ne pas voyager

pour faire ses études postsecondaires.

« Je voulais vraiment voyager, mais ma mère

voulait que je poursuive mes études, explique

Mme Thrift, de Whiterock, en Colombie-

Britannique. On a donc trouvé un compromis :

le Collège Queenstown Resort. Cette expérience

m’a renversée. On fait plein de rencontres.

Et j’ai fait des choses que je n’aurais jamais

faites autrement, par exemple du canyoning. »

Jenn Halliday, également de Colombie-

Britannique, est étudiante à l’Université Lincoln.

Elle exhorte les étudiants canadiens à poser

leur candidature à des programmes d’études en

Nouvelle-Zélande. « On ne peut pas savoir si c’est

possible tant qu’on n’a pas essayé, lance-t-elle.

Vous pouvez y arriver et vous pouvez venir ici. »

Pour Mme Halliday, étudier à l’Université Lincoln

est un rêve devenu réalité, mais elle a travaillé

d’arrache-pied pour payer une partie des frais qui y

sont associés. Il est vrai qu’étudier à l’étranger peut

revenir plus cher, mais elle a pu diminuer le coût

de son baccalauréat en gestion du sport et des

loisirs (voir l’article « Détails pratiques », en page

26). De plus, les étudiants au doctorat devraient

savoir ceci : vous paierez les frais de scolarité

réservés aux Néozélandais, et non pas les frais plus

élevés que paient les étudiants du premier cycle.

« Le fait d’étudier dans un autre pays est une

richesse, estime M. Brougham. On devient un

peu plus réfléchi, on apprend à être plus tolérant.

Ça transforme. » Et cela se produit quel que soit

le pays de destination.

Il est facile de vivre et d’étudier en Nouvelle-

Zélande. La culture y est assez différente de

la nôtre pour être intéressante, mais assez

semblable pour que l’on s’y sente à l’aise parmi

des personnes amicales.

« La Nouvelle-Zélande est comme le

Canada, confie Mme Halliday, mais avec ses

L’équipe du magazine Options Carrières aimerait remercier tous ceux qui ont contribué à faire de sa visite en Nouvelle-Zélande une expérience mémorable et éducative. Les personnes citées dans les articles et plusieurs autres ont généreusement donné de leur temps et de leurs ressources, et nous leur en sommes profondément reconnaissants. Nous remercions tout particulièrement education New Zealand et Air New Zealand qui ont vraiment fait de ce voyage une réalité.

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 23

particularités. Les avantages sont nombreux :

on se découvre en même temps que l’on

découvre d’autres cultures. »

une FouLe De proGraMMes sportiFsEn plus d’offrir des diplômes au niveau du

baccalauréat, l’Université Lincoln offre des grades et

des certificats d’études supérieures en physiologie

du sport et de l’exercice, en gestion des parcs, des

loisirs et du tourisme, ainsi qu’une bourse en sport

d’élite, et l’Académie de soccer de l’Asie-Pacifique.

Wintec offre un certificat en massage sportif, en

éducation et activités récréatives de plein air, et

une formation à l’industrie du conditionnement

physique. Les programmes de baccalauréat sont

disponibles en coaching, nutrition, physiologie

de l’exercice et biomécanique. Il existe aussi un

programme d’un an en éducation. L’école de

communications offre également un programme

en journalisme sportif.

L’école polytechnique d’Otago – située à Dunedin,

sur l’île du Sud, mais ayant des campus ailleurs

– offre des programmes de certificat ou d’autres

diplômes dans une variété de disciplines : instructeur

en sports de neige; sécurité en cas d’avalanche;

leadership et gestion des activités de plein air;

conditionnement physique; gestion des terrains

de sport, ainsi qu’un baccalauréat en sciences

appliquées en activité physique, santé et bien-être.

Le programme en gestion du tourisme du

Collège Queenstown Resort, qui comprend une

spécialisation en gestion des sports de neige,

propose des stages rémunérés.

Ces quatre établissements d’enseignement –

et une douzaine d’autres en Nouvelle-Zélande

– offrent des cours d’anglais aux étudiants qui

veulent apprendre cette langue ou la perfectionner

avant de s’inscrire au programme de leur choix.

La durée des cours d’anglais varie, allant d’un

mois ou presque à trois ans. Chaque programme

et établissement a ses propres exigences quant

à la maîtrise de l’anglais – il faut donc vérifier

auprès de chaque établissement.

La Nouvelle-Zélande compte seulement

quatre millions d’habitants, par conséquent,

ses collèges, universités et écoles polytechniques

(établissements décernant des diplômes qui sont

à mi-chemin entre un collège et une université)

ne sont pas très grands. Les classes sont à

dimension humaine et les professeurs ont

vraiment l’occasion de connaître leurs étudiants.

« Un étudiant m’a dit : je n’arrive pas à croire que

tu nous donnes ton numéro de téléphone portable

pour qu’on puisse t’appeler, raconte

Chris Hutchinson, coordonnateur pédagogique

en gestion du sport à l’Université Lincoln.

Ici, on s’appelle par nos prénoms. »

« Ici, n’importe qui peut devenir quelqu’un »,

dit M. Milham.

acQuisition De coMpÉtences pratiQuesLes programmes sportifs – que ce soit à

l’université ou au collège – mettent l’accent sur

l’apprentissage de compétences pratiques et

sur le développement de carrière.

« De vraies personnes avec de vraies

compétences décrochent de vrais emplois. Ça

a toujours été ma philosophie », explique Gary

Smith, directeur du programme en gestion

des terrains de sport de l’École polytechnique

d’Otago, dans le cadre duquel les étudiants font

des stages rémunérés en gestion de terrains de

golf, de terrains de rugby et de cricket – puis se

font ravir par des employeurs.

« Quand vous sortez de ces programmes

d’études, vous êtes prêts à intégrer l’industrie,

raconte David James Moseley, 20 ans, qui étudie

en gestion et leadership en plein air, à l’École

polytechnique d’Otago. L’année dernière, nous

avons vécu sur une plage pendant une semaine,

et nous avons fait de l’escalade et du kayak de

mer. » Depuis qu’il a terminé son stage, un poste

l’attend dans le domaine du kayak de mer,

et il le prendra dès la fin de ses études.

« Certains établissements d’enseignement perdent de

vue l’objectif ultime, qui est d’avoir un emploi, précise

Charlie Phillips, président-directeur général du

Collège Queenstown Resort. Notre but est de fermer

la boucle. Les étudiants sont traités comme des

professionnels dès leur arrivée au Collège. On les

accueille en disant : “Bienvenue. Vous commencez

dès aujourd’hui, et non dans deux ans.” »

Les étudiants portent des uniformes adaptés à

leurs études – les étudiants en tourisme d’aventure

portent un pantalon de survêtement noir et un

t-shirt noir à l’effigie du collège – et leur apparence,

leur participation et leur ponctualité sont également

notées. « Il s’agit de les préparer à travailler dans

l’industrie, poursuit M. Phillips. Quatre-vingt-dix

pour cent de nos diplômés décrochent un emploi. »

Le diplôme en gestion du sport et des loisirs

de l’Université Lincoln exige que les étudiants

fassent 480 heures de travaux pratiques dans

ce domaine. Par exemple, des étudiants ont

récemment organisé un gala olympique d’une

journée à l’intention de 800 élèves du primaire;

d’autres se sont occupés des inscriptions au Tour

de la Nouvelle-Zélande, une course de cyclisme

de 10 jours sur toute la longueur de l’île du Sud,

et des installations nécessaires à la ligne d’arrivée.

« Nous offrons un programme d’études pratique

et amusant, mais les choses amusantes sont

« L’annÉe Dernière, nous aVons VÉcu sur une pLaGe penDant une seMaine, et nous aVons Fait De L’escaLaDe et Du KayaK De Mer. »

24 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 25

toujours précédées de cours théoriques rigoureux,

explique M. Hutchinson. Nous travaillons

en étroite collaboration avec l’industrie, pas

seulement à Christchurch, mais dans toute la

Nouvelle-Zélande. »

participation rapiDe à Des actiVitÉs De recHercHePlusieurs des programmes sportifs mettent aussi

l’accent sur la participation des étudiants de premier

cycle à des projets de recherche, « ainsi, au moment

où ils arriveront à la maîtrise, ils auront déjà acquis

une certaine expérience de la recherche »,

précise M. Milham, qui nous fait faire un tour des

laboratoires de biomécanique de Wintec. Un étudiant

saute régulièrement sur une assiette en métal posée

au sol, parfois en faisant bouger ses bras, parfois

non, tandis que ses camarades de classe surveillent

l’écran d’un ordinateur portable mesurant l’impact

des sauts. Un autre laboratoire abrite une machine

simulant l’altitude et une chambre thermique où les

étudiants peuvent contrôler la chaleur et l’humidité

pendant leurs expériences.

Leah Hutching, 22 ans, est en deuxième année

de maîtrise en biomécanique et mène des

recherches sur les chaussures normales par

opposition aux chaussures à orteils séparés, ainsi

que sur les changements mécaniques qui se

produisent dans le corps humain à différentes

vitesses. Une fois ses études à Wintec terminées,

elle espère décrocher un emploi chez un fabricant

de chaussures de sport.

À l’Université Lincoln, Mike Hamlin, coordonnateur

pédagogique du programme de bourses en

sports, explique que la recherche dans le domaine

des nouvelles technologies vise à stimuler la

performance. Il suffit de penser aux vêtements de

compression, à la formation au jeu en altitude pour

les joueurs de rugby allant à Johannesburg, et

l’incidence de la réduction du débit sanguin sur les

athlètes de netball lorsqu’ils s’entraînent. Résultat :

amélioration de la force et de l’endurance

musculaires (le netball ressemble au basketball).

Jenn Halliday estime que ses études en Nouvelle-

Zélande sont ce qui pouvait lui arriver de mieux.

Elle parle régulièrement avec ses parents au

moyen de Skype. « Ils m’appuient et sont fiers

que j’aie eu le courage d’affronter le monde »,

raconte-t-elle.

Alors, quel message voudrait-elle lancer aux

étudiants canadiens qui songent à partir étudier

en Nouvelle-Zélande?

« Je leur dirais : Foncez!, s’exclame-t-elle.

Arrêtez d’en rêver et faites-le! » oc

KatHryn younG est directrice de la

rédaction d’Options Carrières. Education

New Zealand et Air New Zealand l’ont

invitée à faire une tournée d’établissements

d’enseignement tertiaires en Nouvelle-

Zélande et ont commandité son voyage.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : airnewzealand.ca, newzealandeducated.

com, learnmorestressless.com,

newzealandpostgraduate.com, lincoln.ac.nz,

apfa.co.nz, queenstownresortcollege.com,

otagopolytechnic.ac.nz, wintec.ac.nz,

magazineoptionscarrieres.com

V ous aimeriez étudier à l’étranger, mais les coûts qui y sont

associés vous inquiètent? C’est compréhensible, de surcroît

parce que les étudiants étrangers payent généralement des

frais de scolarité plus élevés que les natifs d’un pays. Mais tout

n’est pas perdu, car il y a des façons de réduire considérablement ces coûts.

« En fin de compte, ça vous coûtera quelques milliers de dollars de plus

par rapport au Canada », estime Jenn Halliday, une Canadienne inscrite

au baccalauréat en gestion du sport et des loisirs à l’Université Lincoln,

juste à côté de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

Pour payer ses études, la jeune femme de 20 ans a obtenu un prêt étudiant

canadien et décroché un emploi à temps partiel. Voici comment elle s’organise :

•Laboursed’excellencedel’UniversitéLincoln,octroyéeenfonctiondes

notes et des recommandations, s’élève à 5 000 $ néozélandais (NZ), soit

4 046 $ canadiens (CAN) par année. « Cette bourse m’a vraiment aidée »,

lance Mme Halliday.

•Unprêtenvertuduprogrammedeprêtd’étudescanadien,équivalentà

13 505 $ NZ, soit 11 000 $ CAN.

•Unemploiàtempspartiel,quiluipermetdetravaillerdehuitàdouzeheures

par semaine dans une école, où elle aide des enfants à faire leurs devoirs et

d’autres activités après les heures de classe. « Pour rester ici, je dois travailler »,

précise-t-elle. Le salaire minimum est de 13,75 $ NZ, soit 11,12 $ CAN.

•Letauxdechangedesdevisescanadiennesendevisesnéozélandaises

favorise les Canadiens. « C’est vraiment un atout en ce qui concerne

les prêts étudiants », ajoute Mme Halliday, non sans préciser que cela

a également joué dans sa décision d’aller en Nouvelle-Zélande.

•Elleaobtenudeséquivalencespoursonannéed’étudesàl’Université

de Colombie-Britannique, elle a donc commencé ses études en

deuxième année à l’Université Lincoln.

« J’ai toujours senti que l’on m’appuyait, dit Mme Halliday au sujet de sa

décision de partir à l’autre bout du monde. On a répondu à chacune de

mes questions. Le conseiller international a été très utile. »

En Nouvelle-Zélande, les frais de scolarité pour étudiants étrangers vont

de 16 000 $ à 18 000 $ NZ par année (12 946 $ CAN à 14 564 $ CAN).

Mais les étudiants au doctorat payent la même chose que les étudiants

néozélandais – environ 5 000 $ à 8 000 $ NZ (4 046 $ CAN à

6 473 $ CAN).

Les étudiants canadiens désirant faire des études à l’étranger devraient

chercher tous les programmes de prêts et de bourses possibles et déposer

des demandes. Les établissements d’enseignement ont généralement

une page réservée aux « Étudiants étrangers » sur leur site Web, et vous

y trouverez la liste de toutes les possibilités d’aide financière. Surtout,

n’hésitez pas à demander l’aide du conseiller pédagogique responsable des

étudiants étrangers dans votre établissement – ils VEULENT que vous veniez

étudier en Nouvelle-Zélande.

« Le Collège Queenstown Resort fera tout en son pouvoir pour vous

aider à venir », souligne Julia Thrift, 19 ans, originaire de Colombie-

Britannique, et titulaire d’une bourse du Collège Queenstown Resort,

où elle étudie en sports de neige. « J’étais vraiment contente, ils m’ont

aidée à tout organiser. »

Il faut également se loger, ce qui entre en ligne de compte dans les

considérations financières. Vivre en résidence est une possibilité qui

a l’avantage de favoriser des rencontres avec des gens dès le premier

semestre, mais c’est plus cher que de partager un appartement avec des

colocataires. Les loyers varient d’une ville à l’autre. Ce peut être aussi peu

que 85 $ NZ (69 $ CAN) par semaine, mais Mme Thrift paye 124 $ NZ

(100 $ CAN) par semaine pour un appartement en colocation à Queenstown.

DÉtaiLs pratiQues : trucs pour diminuer Le coût des études en nouVeLLe-ZéLAnde

Par Kathryn Young

26 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

6 / coMMenceZ Vos ÉtuDes. Votre établissement d’enseignement vous offrira des séances d’orientation sur le campus et dans la ville où vous habiterez.

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 27

Certains établissements d’enseignement ont des représentants au Canada. Ils sont là pour vous renseigner sur leur établissement, sur la vie en Nouvelle-Zélande, ainsi que sur les programmes et les démarches à suivre pour faire une demande d’inscription. Outre les représentants, les établissements d’enseignement et Education New Zealand, il existe beaucoup de guides présentant les étapes à suivre pour faire des demandes d’inscription à des programmes d’études, demander un visa d’étudiant, un visa de travail et trouver un logement. Vous y trouverez tous les renseignements dont vous avez besoin pour vous aider à remplir des formulaires.

Voici un aperçu Des DÉMarcHes à entreprenDre »

4 / procureZ-Vous une assurance MÉDicaLe et une assurance VoyaGe. Les étudiants étrangers ne sont pas couverts par le système de soins de santé de la Nouvelle-Zélande, vous devrez donc vous procurer votre propre assurance médicale et assurance voyage. Votre établissement d’enseignement pourra vous y aider. Par exemple, l’École polytechnique d’Otago transige avec Uni-Care qui, à raison de 510 $ NZ (413 $ CAN) par année, offre un régime d’assurances combinées aux étudiants étrangers.

5 / prÉpareZ Votre VoyaGe. Certains établissements vont même aller vous chercher à l’aéroport et vous amener jusqu’à votre nouveau domicile!

3 / trouVeZ un LoGeMent. Votre établissement d’enseignement vous aidera dans cette tâche, que vous vouliez habiter dans une résidence universitaire (appelée « Halls of residence »), dans une famille d’accueil ou avoir votre propre appartement. Le coût de la vie est généralement moins élevé en Nouvelle-Zélande qu’au Canada.

2 / Faites une DeManDe De Visa ÉtuDiant. C’est nécessaire si vous restez plus de trois mois en Nouvelle-Zélande. si vous voulez travailler en Nouvelle-Zélande, n’oubliez pas de l’indiquer sur le formulaire de demande de visa, en cochant les cases qui s’appliquent. Les étudiants étrangers peuvent généralement travailler jusqu’à 20 heures par semaine pendant l’année scolaire, et à temps plein pendant les vacances, à condition que leur programme d’études dure plus d’un an.

1 / Faites une DeManDe D’inscription Dans un ÉtaBLisseMent D’enseiGneMent. Une fois que l’établissement vous aura offert une place, payez vos frais de scolarité. Vous aurez besoin du reçu pour demander un visa étudiant.

28 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

L’autre solution est d’habiter chez une famille Kiwi, ce qui coûte environ

240 $ NZ (194 $ CAN) par semaine, les trois repas quotidiens compris.

La Nouvelle-Zélande veut que les étudiants étrangers soient en sécurité et que

l’on s’occupe bien d’eux. Pour rassurer vos parents, montrez-leur le Code de

pratiques pour le service pastoral des étudiants étrangers (Code of Practice

for the Pastoral Care of International Students), publié par le ministère de

l’Éducation de la Nouvelle-Zélande. oc

La Nouvelle-Zélande est située dans l’hémisphère austral, les saisons et l’année scolaire sont donc inversées. Le premier semestre (automne) a lieu de février à juin; le deuxième (printemps), de juillet à novembre. Les vacances estivales vont de décembre à février. La date limite pour faire une demande d’inscription dans un établissement d’enseignement est généralement le 30 novembre.

selon l’endroit où vous habitez au Canada, vous trouverez que les hivers sont beaucoup plus cléments en Nouvelle-Zélande. en août (hiver), la température moyenne est de 11°C à Dunedin, sur l’île du sud, de 5°C au centre de l’île du sud et de 12°C à Auckland, sur l’île du Nord. généralement, la neige tombe seulement en montagne.

La Nouvelle-Zélande se trouve dans un seul fuseau horaire, de l’autre côté de la ligne internationale de changement de date, et il y a 16 heures de décalage avec le centre du Canada.

Les Kiwis conduisent à gauche, pas à droite! Même si vous décidez de ne pas conduire, soyez vigilants avant de traverser la rue ou même en marchant sur le trottoir ou en montant des escaliers, car si vous restez à droite, vous aurez l’impression d’être un poisson qui nage à contre-courant.

Les cHoses sont inVersÉes en nouVeLLe-ZÉLanDe! souVeneZ-Vous De ceci »

KatHryn younG est directrice de la rédaction d’Options Carrières.

Education New Zealand et Air New Zealand l’ont invitée à faire une

tournée d’établissements d’enseignement tertiaires en Nouvelle-

Zélande et ont commandité son voyage.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : Ministère de l’Immigration de la Nouvelle-Zélande :

immigration.govt.nz; Programme canadien de prêts et bourses :

hrsdc.gc.ca/eng/learning/canada_student_loan/index.shtml;

Code de pratiques pour les étudiants étrangers : minedu.govt.nz/

NZEducation/EducationPolicies/InternationalEducation/

ForInternationalStudentsAndParents.aspx; assurance médicale et

assurance voyage d’Uni-Care : uni-care.co.nz; airnewzealand.ca;

newzealandeducated.com; learnmorestressless.com;

newzealandpostgraduate.com; magazineoptionscarrieres.com

Besoin d’Aide pour trouVer

Votre Voie?Les centres De carrières ne sont pas Juste Là pour Le curricuLuM Vitæ

Par Sharon Ferriss

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GaGnez de l’expérienCe »

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 29

Q ue vous commenciez vos études ou

que vous les terminiez cette année,

vous aurez besoin des meilleurs

conseils qui soient sur la manière

de planifier votre carrière – et de décrocher

cet emploi de rêve. Le centre d’orientation

professionnelle de votre université ou collège

pourrait bien être l’un des secrets les mieux

gardés du campus.

La majorité des étudiants qui ont recours aux

services d’un centre d’orientation professionnelle

le font au sujet de la préparation d’un curriculum

vitae. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Les services offerts varient d’un centre à l’autre,

cependant la plupart peuvent vous offrir de l’aide

et des conseils personnalisés pour chercher un

emploi, mettre à profit vos compétences, acquérir

une expérience professionnelle, vous préparer à

un entretien, et plus encore.

L’Université de l’Alberta offre un service aux

effets impressionnants, dont la popularité croît de

façon exponentielle : l’observation en milieu de

travail. Pendant la semaine de relâche, plus de

100 employeurs invitent des étudiants à passer

jusqu’à quatre jours dans leurs bureaux pour y

vivre une expérience du type « une journée dans

la vie de… », explique Blessie Mathew, directrice

du programme de formation au cheminement de

carrière du centre d’orientation professionnelle,

appelé CAPS : Your U of A Career Centre. Elle

affirme que ce genre d’expérience aide les

étudiants à avoir une meilleure idée de leurs

objectifs de carrière.

Le centre de développement de carrière de la

Schulich School of Business de l’Université York offre

pour sa part un service spécialisé de guide-expert,

explique le directeur général, Joseph Palumbo. Par

exemple, si vous avez un entretien à la CIBC, le

centre va communiquer avec un ancien qui travaille

dans cette banque et qui pourra vous coacher.

La Schulich School of Business met également

l’accent sur les compétences générales, par

exemple l’étiquette à table, l’apparence, et ce qu’il

faut faire et ne pas faire sur les médias sociaux. Les

étudiants peuvent même participer à des séances

de dégustation de vin, de bière ou de whisky. « Il

s’agit simplement de perfectionner les habiletés

des étudiants pour qu’ils aient un avantage qui leur

ouvre des portes, qu’ils franchissent le seuil de ces

portes et qu’ils y restent », explique M. Palumbo.

À l’Université Laval, plus de 70 pour cent des

étudiants des 17 facultés sont inscrits au centre

d’orientation professionnelle, mais nombreux sont

ceux qui se contentent de consulter le tableau

d’affichage des offres d’emplois. Les étudiants

peuvent être déçus s’ils ne trouvent pas une offre

d’emploi directement liée à leur discipline, par

exemple la philosophie, affirme André Raymond,

directeur adjoint du service de placement de

l’Université. « Nous devons leur expliquer que

nos services ne se limitent pas à offrir un tableau

d’affichage des offres d’emploi. »

aLLeZ-y Vite, aLLeZ-y souVentLes spécialistes des centres d’orientation

professionnelle s’entendent pour dire que

beaucoup trop d’étudiants ont recours à leurs

services une fois qu’il est trop tard pour en tirer

pleinement parti.

« Le centre est très achalandé quand les

étudiants cherchent un emploi d’été, ou qu’ils

cherchent un poste après avoir obtenu leur

diplôme, raconte Mme Mathew. Ils sont alors

confus et se demandent ce qu’ils vont faire. »

Elle aimerait voir passer davantage d’étudiants

du premier cycle – première, deuxième et troi-

sième année –, mais aussi d’étudiants commençant

à peine leurs études supérieures. D’ailleurs,

précise-t-elle, le centre est ouvert tout l’été.

Monsieur Raymond croit que si les étudiants ne

viennent pas plus tôt, c’est parce qu’ils ne savent

pas à quel point la recherche d’un emploi peut

être difficile. « Très souvent, ils ne se présentent

qu’après avoir essuyé plusieurs déceptions au

cours de leur recherche d’emploi, explique-t-il. Ils

croient qu’il suffit de préparer un curriculum vitae

et de l’envoyer en réponse à une offre d’emploi.

Ils pensent aussi qu’il est très facile de passer un

entretien, jusqu’à ce que le premier soit un échec. »

Le DÉVeLoppeMent De carrière : un processus sans Fin« Votre carrière ne commence pas le jour où

vous obtenez votre diplôme, mais au moment

où vous mettez le pied sur le campus, précise

Mme Mathew. L’Université est l’occasion de

trouver ce que vous aimez et ce que vous

n’aimez pas, et d’établir des contacts. »

Monsieur Palumbo veut que les étudiants

comprennent ceci : « Le développement de

carrière est un processus qui dure toute une vie.

Plus tôt vous commencez, mieux c’est. » Il affirme

que les étudiants peuvent s’attendre à changer

plusieurs fois de carrière – d’organisation, de

secteur, d’endroit. L’important, c’est de connaître

vos compétences, ce que vous avez d’unique à

offrir aux employeurs, et les conditions du marché.

« L’époque où l’on restait 30 ans dans la même

firme n’est plus », lance M. Palumbo. De nos

jours, ce que les étudiants doivent gérer, c’est

30 ans de carrière en marketing, en comptabilité

ou dans une chaîne d’approvisionnement.

« Chaque décision est une décision professionnelle »,

c’est le message que lance aux étudiants le

Collège communautaire de Nouvelle-Écosse.

« Le “qui suis-je” est ce qui préside au dévelop-

pement de carrière. Il faut ensuite voir comment

cela s’intègre au monde du travail », explique

Laurie Edwards, directrice du développement de

carrière au Collège communautaire.

Son collègue, Clarence DeSchiffart, coordonnateur

des services professionnels et de compétences

essentielles, explique que son établissement

adopte une approche globale en matière de

counseling professionnel. Cela veut dire que l’on

aide les étudiants à faire des prises de conscience

sur eux-mêmes afin qu’ils puissent prendre les

meilleures décisions dans les circonstances qui

seront un jour les leurs, qu’il s’agisse de s’occuper

de leurs enfants ou de leurs parents vieillissants.

« Nous voulons que les gens se sentent prêts à

composer avec le changement », précise-t-il.

au-DeLà Des centres D’orientation proFessionneLLeDe nos jours, il est fort probable que les étudiants

reçoivent les services du centre d’orientation

professionnelle sans même s’en rendre compte.

En effet, ces centres ont maintenant tendance à

travailler en étroite collaboration avec les facultés

(qui ont la confiance et l’attention des étudiants)

pour intégrer la formation au développement de

carrière au contenu enseigné en classe.

À la Schulich School of Business, tous les

étudiants du premier cycle et du MBA se servent

d’un outil appelé CareerLeader dans le cadre de

leurs cours, afin d’explorer ce qui les intéresse,

ce qui les motive et de cerner leurs compétences.

Ils apprennent des choses essentielles à leur sujet :

« Qui êtes-vous, quelles sont vos forces, et quel

est le meilleur endroit pour mettre à profit ces

forces », poursuit M. Palumbo.

30 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 31

Outre les bureaux de son centre de développement de carrière, l’Université

de l’Alberta a maintenant un agent de développement de carrière au sein

de la faculté des Arts, afin d’aider les étudiants à cibler les professions et

l’expérience de travail adaptées à leurs études. La faculté des Sciences

devrait aussi bientôt avoir son bureau satellite.

Beaucoup de centres universitaires de développement de carrière,

y compris celui de l’Université Laval, ont de plus en plus recours à la

technologie pour offrir des services d’orientation professionnelle. L’Université

Laval publie ses ateliers, par exemple sur la rédaction de curriculum vitae et

de lettres de présentation, sur YouTube. Étant donné que plus d’étudiants

suivent des cours à distance ou étudient à temps partiel, l’Université

a également commencé à offrir des conseils en ligne au moyen

d’applications fonctionnant avec une caméra Web, comme Skype.

Le Collège communautaire de la Nouvelle-Écosse s’apprête à laisser plus

de place aux échanges informels au sujet du développement de carrière,

par exemple autour d’un café et de déjeuners-causeries.

Les conseiLLers en orientations De carrière ne MorDent pas (proMis)Il est compréhensible que les étudiants ne connaissent pas l’existence du

centre de développement de carrière de leur établissement d’enseignement.

« Les étudiants peuvent être dépassés par la somme d’information qui leur

est donnée au cours des premières semaines », explique Mme Mathew.

Quand un étudiant consulte un conseiller en orientation de carrière,

il est souvent agréablement surpris. « Ils sont habitués aux formalités

et à la bureaucratie universitaires. Mais nous ne leur imposons ni dates

ni échéances, précise M. Palumbo, en parlant du personnel du centre

de développement de carrière de la Schulich School of Business.

Nous sommes très chaleureux, on peut nous rencontrer facilement et

nous nous intéressons à chaque étudiant et à son avenir professionnel. »

Monsieur Palumbo sait qu’il n’est pas facile, surtout pour les étudiants du

premier cycle, de demander de l’aide. Ils vont plutôt demander à leurs

parents ou aux gens qu’ils connaissent, parce qu’ils se disent : « Mes

copains ne vont pas au centre de développement de carrière, alors pourquoi

est-ce que j’irais? » C’est une erreur selon M. Palumbo, car chaque étudiant

gagnerait à consulter le centre de développement de carrière.

Toutefois, il incombe à l’étudiant de prendre l’initiative, conclut M. DeSchiffart.

« La réponse n’est pas entre les mains d’une seule personne. Il faut la

trouver ensemble. » oc

sHaron Ferriss est directrice du Marketing, du Web et des

nouveaux médias à l’Institut canadien d’éducation et de recherche en

orientation, un organisme caritatif voué à l’avancement de l’éducation

et de la recherche en orientation et développement de carrière.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : ceric.ca, caps.ualberta.ca, yorku.ca/careers,

spla.ulaval.ca, nscc.ca, magazineoptionscarrieres.com

sur les flancs du mont Royal, à Montréal, les activités de

sensibilisation des jeunes autochtones sont si bien enracinées à

l’Université McGill qu’elles s’étendent maintenant partout sur « l’île

de la Tortue ». Depuis six ans, l’Université est résolue à améliorer le

parcours éducatif de jeunes autochtones venant de milieux urbains et ruraux

des quatre coins du pays. Pour ce faire, elle s’attarde sur un étudiant à la fois.

À titre de coordonnateur de la liaison avec la communauté autochtone, je suis

heureux d’affirmer que je n’aurais pu avoir de poste plus gratifiant à McGill.

Il est important de démystifier les études universitaires bien avant qu’un

jeune ne soit prêt à faire une demande d’admission. Ainsi, nous invitons

de jeunes autochtones à venir prendre le pouls de McGill, ce qui les aide

à s’imaginer vivre dans ce milieu ou fréquenter tout autre établissement

d’enseignement postsecondaire. Une équipe spécialisée de la Maison des

Premières Nations travaille en collaboration avec nos étudiants, autochtones

comme non autochtones, ainsi qu’avec d’anciens étudiants, des employés,

des professeurs et des administrateurs, qui agissent tous comme modèles

et donnent de leur temps et de leur énergie pour faciliter l’organisation

d’événements sur le campus, mais aussi à l’extérieur. Des étudiants

autochtones de 12 à 18 ans sont invités à participer à des ateliers interactifs

et à des camps organisés par différents représentants de l’Université, au

cours desquels ils explorent leurs aspirations professionnelles.

Rien n’est plus éloquent pour les jeunes que d’entendre le directeur des

admissions de l’Université McGill leur dire combien notre établissement tient à

accroître le taux d’inscription des autochtones. Nous espérons que ce message,

conjugué au témoignage d’étudiants autochtones actuellement inscrits à

l’Université et aux discussions avec le seul professeur autochtone de notre

établissement, restera gravé dans l’esprit des jeunes jusqu’à ce qu’ils terminent

leurs études secondaires et se préparent à des études postsecondaires.

Pendant toute l’année scolaire, nous organisons des activités de

sensibilisation, la première étant le Pow Wow de McGill, qui a lieu en

septembre. Nous accueillons alors environ 125 élèves autochtones

provenant d’écoles secondaires de la région montréalaise. Ils participent

aux festivités et nous leur donnons un aperçu des différents programmes

Par Kakwiranó:ron Cook

DÉMystiFier L’uniVersitÉ, OU COMMeNT AMeNer De JeUNes AUTOCHTONes à s’iMAgiNer fAire Des ÉtuDes post- seconDaires

32 AUTOMNe 2012 MAgAZiNeOPTiONsCArrieres.COM

offerts à l’Université, par exemple l’éducation physique, la physiothérapie

et l’ergothérapie, ou le travail social. Plusieurs jeunes joueurs de crosse des

territoires mohawks avoisinants sont également invités à rencontrer l’équipe

de crosse des Redmen, qui s’est dotée d’un agent se consacrant à la liaison

avec les communautés autochtones.

Notre plus importante activité de sensibilisation, l’Eagle Spirit High

Performance Camp, a lieu au printemps. Les activités de ce camp sont

également partagées entre le sport et les études. Elles visent à promouvoir

les études postsecondaires et l’importance d’un esprit sain dans un corps

sain. Les carrières dans le domaine de la santé sont alors à l’honneur.

Nous nous associons à la Faculté de médecine de l’Université McGill

pour offrir à la trentaine de participants venus de partout au Canada une

expérience très pratique. Par exemple, dans le laboratoire d’anatomie, les

participants ont l’occasion de tenir entre leurs mains un cœur, des poumons,

un foie, des os. Ils vont ainsi – c’est le cas de le dire – au cœur de ce que

peut ressentir un étudiant en médecine. Même passé trente ans, je trouve

encore l’expérience assez bouleversante et je ne peux qu’imaginer ce que

ressentent des jeunes du secondaire aspirant à poursuivre des études en

médecine. Il y a à peine une semaine, j’ai accompagné un groupe de jeunes

mohawks de Kahnawake invités à visiter l’hôpital Douglas de l’Université

McGill. Ils ont vu et tenu des cerveaux humains conservés dans la seule

banque de cerveaux du Canada. Ils en ont appris beaucoup sur le sujet,

et des chercheurs en neurosciences leur ont parlé de leur travail.

À titre de recruteur d’étudiants autochtones à l’Université McGill,

j’ai l’occasion de voyager partout au pays pour participer à des activités

de recrutement. Jusqu’à présent, je suis allé en Colombie-Britannique,

en Saskatchewan, en Ontario, en Alberta et dans les Territoires du Nord-

Ouest. Nous tenons également un kiosque dans le cadre de la conférence

semestrielle organisée par Indspire, intitulée « Essor : Conférence sur les

carrières à l’intention des jeunes autochtones ». Selon l’endroit où se déroule

la conférence, entre 500 et 1 000 élèves du secondaire y participent.

Lors de mes déplacements, quand c’est possible, je m’arrête dans des

collectivités pour parler de McGill aux jeunes, aux parents, aux enseignants,

aux entraîneurs et aux conseillers en orientation. Parfois, si j’en ai le temps,

j’anime même des ateliers sur les choix de carrière. Ici, dans ma province

natale, je vais à Expo-sciences autochtone Québec avec des représentants

de la section Parlons sciences de McGill, qui offre des ateliers pratiques

intéressants et stimulants.

Je ne dirai jamais assez combien il est important pour les jeunes

autochtones de s’imaginer faire des études postsecondaires. Pour eux,

les défis sont nombreux – dans l’une des communautés cries du Québec que

j’ai visitées l’année dernière, le directeur de l’école m’a confié qu’aucun élève

n’avait obtenu son diplôme d’études secondaires au cours des trois dernières

années. J’ai d’abord été choqué puis, après réflexion, je me suis dit qu’à

mon époque, sur les 12 étudiants autochtones qui fréquentaient mon école,

juste à côté de la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud,

j’ai moi-même été le seul à terminer mes études secondaires. Si j’ai persévéré,

c’est bien sûr grâce au soutien de ma famille et de l’école, mais aussi grâce

aux modèles et aux mentors que j’ai croisés plus jeune sur mon chemin.

McGill a adopté une stratégie à long terme pour inciter les jeunes

autochtones à suivre des études postsecondaires, ce qui aidera le Canada à

répondre à ses besoins croissants en ressources humaines – après tout, les

peuples autochtones enregistrent le taux de natalité le plus élevé. Je trouve

qu’il est inspirant de voir combien il y a de bénévoles engagés à McGill et je

vous encourage de tout cœur à donner une place aux jeunes autochtones

au sein de votre organisation. Le but est d’inciter les jeunes autochtones à

devenir des partenaires amicaux à part entière. oc

KaKWiranó:ron cooK fait partie de la nation Akwesasne

Mohawk et de la nation Oglala Lakota Sioux. Il occupe depuis

février 2010 les fonctions de coordonnateur de la liaison avec la

communauté autochtone et de conseiller en orientation de carrière à

l’Université McGill.

pour pLus De renseiGneMents, VeuiLLeZ consuLter : mcgill.ca/fph, mcgill.ca/deanofstudents/aboriginaloutreach,

indspire.ca, magazineoptionscarrieres.com

OPTiONs CArrières AUTOMNe 2012 33

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