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Râja-yoga (ou Conquête de la nature intérieure) : conférences faites en 1895-1896 à New York / par le Swâmi Vivekânanda [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Ob b573f6 Raja Yoga Conquete de La Nature Interieure

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  • Rja-yoga (ouConqute de la nature

    intrieure) : confrencesfaites en 1895-1896

    New York / par leSwmi Viveknanda [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Viveknanda, Swami (1863-1902). Rja-yoga (ou Conqute de la nature intrieure) : confrences faites en 1895-1896 New York / par le Swmi Viveknanda ; traduit de l'anglaispar S. W.. 1910.

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  • BIBLIOTHQUE THOSOPHIQME

    Rja-Yogav

    ConqutedelanalureloleorePAR LE

    SWAMI VIVEKANANDA

    Traduit de l'anglais par S. XV.

    PARISPUBLICATIONS THOSOPHIQUES

    IO, BUE SAINT-LAZARE, 10

    IQIO

    didouText Boxhttp://www.mystere-tv.com/

  • TOURS. IMPRIMERIE E. ARRAl'LT ET C,'*

  • RJA YOGA(ou Conqute de la Nature Intrieure)

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    Droits de reproduction rservs pour tous pays, y compri*la Sude, la Norvge et lo Danemark.

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    pJA YOGAV (ou Conqutede la Nature intrieure)

    Confrencesfaites en 1895-1896 New-York

    par le

    SWAMI VIVEKANANDA

    Traduit de l'anglais par S. W.

    PARISPUBLICATIONS THOSOPHIQUES

    10, BUE SAINT-LAZARE, 10

    1910

  • AVANT-PROPOSPAR

    LE PROFESSEUR

    PATRICK GEDDES

    A ce Parlement des religions qu fut l'vne-ment le plus original et le plus instructif, peut-tre, de l'exposition de CFiicngo, en i8o,, nul nesouleva de plus vif intrt que le Swmr Vive-kftnanda, lorsqu'il fit l'expos de fa philosophiehindoue appele Vedanta . Disciple do Rama*-krishna lui-mme, c'tait le plus remarquabledes moralistes hindous contemporains.

    Rarement jusque-l, cette antique plril'osophioavait t prsente au monde occidental: jamais*,a coup sr, avec autant d'loquence et de puis-sance rflchie, jointes a une si gnreuse et ju-vnile ardeur.

  • VI AVANT-PROPOS

    La parole du Swmi fut coute par une foulebeaucoup plus grande qu'on n'aurait pu s'y at-tendre tout d'abord. Car la vie intense et le succsconomique, que Roosevelt et Carnegie reprsen-tentlemieux, nousfonttrop souvcntoublierl'ida-lisme, la discipline morale et mme le renonce-ment l'ambition, traits essentiels du caractreamricain depuis que dbarqurent dans la Nou-velle-Angleterre les Puritains exils.

    Franklin et Emerson n'ont fait qu'riger endoctrine ce que pratiqua plus d'une famille am-ricaine.

    Le Svvmipassa quelques annes en Amriqueau grand dtriment de sa sant, que son retourtrop tardif aux Indes ne put malheureusementrtablir. Mais on publia une grande partie deson enseignement et ce que l'on va lire peut entre considr comme l'introduction.

    Le lecteur sera tout d'abord, peut-tre, tentde sourirede cesexercices physiques trs simpleset de l'importance ducatrice qu'on y attache.Mais ne sont-ils pas tout au moins l'origine decette hyginccrbralc a laquelle les penseurseuropens, les mdecins et les ducateurs ontrv, sans jamais russir 6 la dterminer exp-rimentalement, moins encore l'organiser et al'appliquer? Voici, au contraire, des mthodes

  • AVANT-PROPOS VII

    consacres par l'exprience des sicles, passesdans les usages d'une race, et que l'on retrouveds sa plus haute antiquit, l'origine de sacul-ture. Car c'est bien ainsi que la mre hindoueforme ses enfants et le sage ses disciples.

    .Par l, nous nous initions l'enseignementoriental, comme l'Orient, moins tardif, s'estveill ce qu'il pouvait apprendre chez nous.

    La gnration passe, a, chaque jour davan-tage, essay de ce mode suggestif qu'est l'artjaponais : mais c'est aujourd'hui seulement quenous commenons comprendre et imiter cetteducation merveilleuse des muscles, qui donne l'athlte comme l'artisan japonais ces pro-diges de force et d'habilet. Ne saurons-nouspas acqurir par ces pratiques de l'ducation etde la vie hindoues, un reflet de la discipline pas-sive qui les complte, tout en exerant et endveloppant la fois notre respiration et notrecirculation, notre cerveau et notre pense?

    En Occident, en France surtout, on a faitrcemment de grand progrs dans l'lude de lacrbral]l anormale : l'Orient, avec son antiquepass de vie contemplative et sereine, nVt-ilpas encore quelque chose nous apprendre?N'a-t-il pas, sa faon subjective, plus forte-ment conquis cette puissance de pense, de

  • VIII AVANT-PROPOS

    sentiment et de volont latente sous ce que nousavons coutume de considrer comme notre vienormale, mais qui nous apparat, dans nos heuresd'irradiation, comme une sorte de demi-veille,de demi-sommeil ?

    De tous les stimulants que connat notre Oc-cident, le plus puissant est cet oxygne qui nousbaigne. Ainsi, dit le Raja Yoga, nous avons au*tour de nous l'lment primordial de cette plni-tude devie, de cette abondancedevie laquellenous aspirons littralement. De mme que leplein air a rnov l'art, de mme, non seulementle mdecin, mais l'orateur, le chanteur, com-prennent de plus en plus que l'air pur et l res-piration bien conduite ne sont pas uniquementdes conditions de sant physique, mais consti-tuent des lments de vie plus intense. Quandnous en arrivons l, la Science cde le pas laPhilosophie, la Nature la P'osic ; bien plus :l'Art redevient Culte et la Synthse Religion.

    De la simple respiration son idalisation laplus haute, du souffle l'Esprit, de la parole auVerbe, de la vue ordinaire la plus simple lavision artistique et potique, philosophique etmystique, le Raja Yoga tente de rouvrir pournous la route ferme de l'volution.

    Que tel ge, telle foi, reprsentent cotte vision

  • AYANT-PROPOS IX

    par la colombe ou ta croix; que le lotus ou leerleplaisont d'autres temps,ou qu'il noua con-vienne d'en donner un. nouveau symbole, celadpend des individus, de leur milieu, de leurstraditions j mais en ce sicle qui a vu natre lasynthse, c'est beaucoup que do rconcilier dessujets aussi divers quta physiologie et les reli-gions compares de l'Occident, la simple hygineet le subtil mysticisme d.el'Orient.

    Tels sont quelques-uns des points par lesquelscet antique procd d'auto^ducation touche lafois, ta physiologie et la mdecine, ta psycho-logie et l'ducation europennes, toutes chosessi neuves et si Incompltes encore, bien qu'en

    .constant progrs.A mesnro qu'il avancera dans la lecture de ce

    livre, le lecteur dcouvrira combien le Raja Yogapeut lui suggrer de penses et l'aider dans lavie; combien il peut dvelopper sa personnalitet son savoir ; nous n'allons pourtant pas, bienentendu, jusqu' dire qu'elle le conduira la per-fection dans ces deux ordres d'ides.

    Mais il est sans nul doute un service immdiatque rendront les enseignements du Rja Yoga, savoir : l'mancipation raisonnede l'athltisme,tout-puissant de nos jours dans les coles d'Eu-rope, qu'elles soient sudoises, prussiennes ou

  • AVANT-PROPOS

    anglaises, et qui, l'instar de l'athltisme desgladiateurs romains, se procupe trop exclusi-vement du dveloppement de la force musculaire,trop peu de celui des qualits intellectuelles etmorales. Nous ne demandons pas que l'on aban-donne les exercices physiques en faveur d'unrgime exclusif de passivit et de contemplationqui prsenterait des dangers contraires; maisnous croyons fermement qu'il est ncessaire,sinon urgent, de ramener notre ducation occi-tale la conception des anciens Grecs, dont elleest l'enfant dgnr, ou bien de l'lever au ni-veau de l'ducation japonaise. Car, bien que pardes chemins opposs, c'est le mme idal quepoursuivent l'actif Japonais, le Grec de l'anti-quit, l'Hindou calme et serein : A quelle hau-teur solitaire, mon corps devenu parfait, le-vera-t-il mon me?

  • L'ME DE CHACUN CONTIENT LA DIVINIT EN PUISSANCE.

    LE BUT ATTEINDRE EST DE PAIRE APPARATRE CETTE

    DIVINITQUI ESTEN NOUS,EN DOMINANTNOTRENATUREEXTRIEUREET INTRIEURE.

    ATTEIGNEZ-LE, OU PAR LE TRAVAIL, OU PAR L'ADORA-

    TION, PAR LA DOMINATION PSYCHIQUE, PAR LA PHILOSO-

    PHIE ; PAR UNE SEULE, PAR PLUSIEURS OU PAR TOUTES

    CES MTHODES, ET SOYEZ LIBRE. C'EST L TOUTE LA

    RELIGION*

    LES DOCTRINES, LES DOGMES, LES RITUELS, LES LIVRES,

    LES TEMPLES, LES FORMES, NE SONT QUE DES DTAILS

    SECONDAIRES.

  • PRFACE

    Depuis l'aube de l'histoire, il est questionde phnomnes varis et extraordinaires quiont eu des hommes pour tmoins.

    Il ne manque pas de gens, notre poque,pour affirmer la ralit de pareils vne-ments, et cela au sein d'une socit qui sedveloppe et que la science moderne inondede clart. L'on ne peut ajouter foi la grandemasse de ces tmoignages ; ils nous vien-nent en effet d'ignorants, de superstitieux oude trompeurs*. Dans biens des cas, les soi-disant miracles sont de simples imitationsImitations de quoi ? Un esprit scientifiqueet sincre ne rejette rien sans s'tre livr

  • XIV PRFACE

    d'abord un examen consciencieux. De su-perficiels savants, incapables d'expliquer cesphnomnes remarquables et varis, affec-tent d'ignorer leur existence. Ils sont en celaplus coupables que ceux qui croient la pr-sence au-dessus des nuages, d'un ou de plu-sieurs tres rpondant leurs prires ; pluscoupables que ceux qui comptent sur leurssuppliques pour dcider ces tres modifierla marche de l'univers, Ces derniers ontl'excuse de l'ignorance ou l'excuse, au moins,d'un mauvais systme d'ducation premire,qui leur enseigne demander secours auxtres en question ; cette dpendance est partieintgrante de leur nature dgnre. Lessavants, eux, n'ont mme pas cette excuse.

    Depuis des milliers d'annes l'on a exa-min, tudi, gnralis ces phriomnes.

    Les facults religieuses de l'homme ontt analyses et la science de Raja Yoga estle rsultat tangible de ces recherches. Con-trairement quelques impardonnables sa-vants modernes, Raja Yoga ne nie pas l'cxis-

  • PREFACE XV

    tence de faits trs difficiles expliquer ;d'autre part, il dit aux superstitieux, entermes doux mais fermes, que la supers-tition, croyante en un ou plusieurs tresd'au del les nuages, n'explique en rien lesmiracles, l'efficacit des prires, le pouvoirde la foi, toutes choses vritables en fait, ildit aux hommes que chacun d'eux n'estqu'un canal par o passe l'ocan infini desavoir et de puissance en rserve. 11enseigneque l'homme a des dsirs et des besoins,qu'il a aussi le pouvoir d'y suffire ; quelorsqu'un dsir, un besoin, une prire ontt exaucs, quelque moment, quelqu'en-droit que ce soit, c'est de cette rserveinfinie qu'en est venue la satisfaction, et nonpas de quelque tre surnaturel. La croyanceaux tres surnaturels peut, dans une cer-taine mesure, accrotre l'action chez l'homme,mais elle engendre aussi la dchancemorale. La dpendance, la peur, la supers-tition l'accompagnent ; elle dgnre en unemisrable croyance la faiblesse de l'homme.

  • 31V1 PRFACE

    H n'est pas, dit le Yogi, de manifestationssurnaturelles ; il en est de grossires et desubtiles, dans la nature. Celles-ci sont lesauses, celles-l les effets. Il est ais, grce.aux sens, de percevoir les manifestationsgrossires, mais non point les subtiles; or,pratiquer Raja Yoga met notre porte lesplus subtiles d'entre elles.

    Tous les systmes orthodoxes de la philo-sophie hindoue n'ont en vue qu'un seul but rlibrer l'me par la perfection. On y parvientpar ta mthode de Yoga. Ce nom embrasseun trs vaste enseignement ; mais l'cole deSnkkya et l'cole Vedantiste tendent toutes

  • PRFACE XYII

    dontelle se rclameainsi que son livre saint.Les autres philosophies, bien qu'en dsac-cord, iparfois, sur quelques points, se,ratta-chent, en gnral, la mthode de pratiquerde Paanjali.

    iLa (premire partie de ce livre rassemble-un certain mombre de confrences faites pacl'auteur New-York.

    La seconde traduit assez librement etcommente les aphorismes (Sutras) de Paan-jali; on s'est efforc d'viter les expressionstechniques et de conserver l'allure libre etfacile de la conversation. L'lve dsireux de

    pratiquer trouvera dans la premire partieun certain nombre d'indications ; mais, peud'exceptions prs, l'enseignement direct d'unmatre est indispensable si l'on ncvcutpa^faire fausse route ; on ne manquera pas d'entrouver un, si ces causeries parviennent faire natre le dsir d'en savoir plus long.

    Le systme de Paanjali est bas sur celuides Snkhyas et en diffre peu. Il s'en carteen deux points principaux :

  • XVIH PRFACE

    i Paanjali admet un Dieu personnel, quiserait un premier matre, tandis que le seulDieu admis par les Snkhyas est un tre

    presque parfait, temporairement charg d'un

    cycle.2 Les Yogis soutiennent que l'intelli-

    gence pntre toutes choses avec l'me ou Ptirusha (1), et les Snkhyas ne le croientpas.

    L'AUTEUR.

    (1) Dans tous les mots sanscrits Vu se prononce ou.N. D. T.

  • CHAPITRE PREMIER

    INTRODUCTION

    Tout notre savoir est bas sur l'exprience.Ce que nous appelons science dductive, danslaquelle nous raisonnons du gnral au particu-lier, a l'exprience pour base.

    Les sciences dites exactes, nous rendent facilel'accs de la vrit parce qu'elles font appel l'exprience personnelle de chacun de nous.L'homme de science ne nous impose aucunecroyance; par sespropres expriences il acquiertcertains rsultats qu'il raisonne, et quand il nousdemande d'y croire, il fait appel en quelquesorte l'exprience universelle de l'humanit. Atoute science exacte il est une base universelle,commune toute l'humanit ; en sorte que nouspouvons juger aussitt si tas conclusions qu'onon tire sont vraies ou fausses.

  • 2 R.tjA YOGA

    La religion s'appuic-t-ollo ou non sur do pa-reilles bases? Telle est ta question qui so pose. Ilm'y faudra rpondre ta fois par oui et par non.

    La religion, tcllo qu'onl'enseigncgnralemcntdans le monde entier, passe pour tre basesurla foi et sur la croyance; dans la majorit descas elle ne consiste qu'en diffrents ensemblesdo thories; voil pourquoi nous voyons les dif-frentes religions tre en conflit les unes avecles autres. Ces thories sonl leur tour basessur la foi. Un homme dit qu'il y a un tre puis-sant qui trne au-dessus des nuages et qui gou-verne tout l'univers; il me demande de le croireuniquement parce qu'il l'affirme. Mais je peuxavoir, moi aussi, mes ides; jo veux les imposer d'autres, et si on me demande de les expliquer,je n'en peux rien faire. C'est pourquoi la reli-gion et ta mtaphysique sonl en dfaveur de nosjours. Tout homme instruit semble dire : Oh !ces religions sont do purs amas de thories;chaque individu prche les siennos I La reli-gion a, pourtant, sachez-le, une base de croyanceuniverselle, croyance qui domine toutes les tho-ries diverses et loules les ides varies des secteset des hommes des divers pays. L encore,ce sont les expriences universelles que noustrouvons leur base.

  • INTRODUCTION

    Analysez d'abord, jo vous lodemande, les dif-frentes religions do ce monde. Vous trouvorozqu'elles se divisent en deux catgories : cellesqui ont un livre et celles qui n'en ont pas.

    Les premires sont los plus puissantes; ellesont les plus nombreux adeptes. Presque toutesles autres ont pri ; et les quelques religions nou-velles sonl peu suivies. On s'accorde pourtant reconnatre que les vrits qu'elles enseignent r-sultent d'expriences dtermines. Lo chrtienvous demando do croire en sa religion, au Christ,incarnation do Dieu; de croire en un Dieu, uneme, un tat plus parfait de celte me. Si je luidemande ses raisons : c'est ma croyance rpond-il. Eh bien ! remontez la source du chris-tianisme. Vous verrez qu'il est bas sur l'exp-rience. En effet, le Christ a dit avoir vu Dieu, sesdisciples ont dit l'avoir senti, et ainsi do suite.

    Le Bouddhisme est l'exprience de Bouddha.Bouddha constata certaines vrits; il les vit, lesconnut, il les prcha au monde. Chez les Hindous,les Rishis, ou sages, diclarcntdans leurs livresavoir t tmoins de certaines vrits, et il les en-seignent. Il ressort clairement do ceci que toutesles religions ont une base unique, universelle,adamantine, qui est notre savoir.EJlcs procdentde l'exprience directe. Les Instructeurs ont tous

  • 4 ll.lJA YOG\

    vu Dieu, ils ont tous vu lourame, leur ternit,leur avenir; et ils ont prch co qu'ils ont vu.Seulement, le mal est quo, do nos jours, ta plu-part do ces religions exigent quo nous croyionsimpossible ta rptition do semblables exp-riences; elles no furent, nous dit-on, ta porteque do quelques hommes, fondateurs des reli-gions qui portrent leur nom parla suite;mais,ces expriences, on ne poul plus les faire aujour-d'hui ; c'est pourquoi la foi seule nous rendla religion accessible. Or voil co quo jo nioformellement. Si, en ce monde, et dans quelquebranche do savoir que ce soit, une exprience apu tre faite une fois, il s'ensuit immanquable-ment qu'elle et t mille fois possible aupara-vant et qu'elle le sera ternellement. L'unifor-mit est la loi rigoureuse de la nature : ce quiest arriv une fois peut toujours arriver.

    Les matres qui enseignent la science du Yogadclarent donc que la religion n'est pas seule-ment base sur l'exprience des temps passs;l'homme, ajoutent-ils, ne peut pas tre religieuxtant qu'il n'a pas prouv lui-mme dos percep-tions religieuses. Le Yoga est la science qui nousenseigne en connatre. Il est vain de parlerreligion tant qu'on n'a pas senti la religion.Comment expliquer tant de troubles, tant de

  • ivriiomn.Tio.N ft

    luttes et de controverses autour du nom du Sei-gneur? Sa cause a fait verser plus do sang quetoulo nuire; et cela parce quo jamais les hommesne sont romonls ta sourco ; ils so sont con-tents d'approuver mentalement les coutumesde leurs anctres et ont voulu que les autres enfissent autant. De quel droit un hommo dira-l-ilqu'il a uno me, s'il ne ta sent pas, ou qu'il y aun Dien^s'il ne le voit pas? Nous dovons voirDieu s'il existe Si nous avons une mo, nousdevons la pntrer; mieux vaut, s'il n'en oslpas ainsi, ne pas croire; tre plutt franchementathe qu'hypocrite. D'une part l'ide modernepousse l'hommo instruit juger futiles la re-ligion, la mtaphysique et toute recherche d'untre suprme ; tandis que les Hommes qui ontreu une demi-instruction semblent croire quoces choses n'ont, en somme, pas de base, et queleur seul mrite est de nous pousser faire dubien en ce monde. Les hommes qui croient enDieu, disent-ils encore, peuvent devenir sages,moraux, et faire de bons citoyens. Nous ne sau-rions les blmer de penser ainsi, si nous son-geons que tout l'enseignement religieux qu'ilsreoivent consiste en un ternel rabchage demots vides de sens. On leur demande de se con-tenter de mots : le peuvent-ils ?Je n'aurais pas la

  • o IIAJA YOGA

    moindre estime pour ta nature humaine s'il entait ainsi. L'homme a besoin de vrit, il abesoin do constater la vrit par lui-mme, de tasaisir, do la comprendre, do ta sentir au plusprofond do son coeur: c'est alors, seulement,disent les Vcdas, que tous les doutes s'vanouis-sent, que les tnbres se dissipent et que louloerreur est redresse.

    O vous, enfants de l'immortalit, vous-mmesqui vivez sur les plus hauts sommets, la routeest trouve; il est un moyen de sortir de l'ombre,et ce moyen, le seul, car il n'y en a pas d'autre,est de percevoir Celui qui est au del de touteobscurit.

    La science de Raja Yoga sepropose de donner l'humanit une mthode la fois pratique etscientifiquement applique, de connatre cette v-rit. Et il importe d'tudier chaque science selonla mthode qui lui convient. Si, voulant devenirastronome, vous vous asseyez et criez: Astro-nomie, astronomie! elle ne viendra jamais vous. Voulez-vous tudier ta chimie? Allezau laboratoire, prenez diverses substances, m-langez-les, conbinez-les et faites des expriences..C'est ainsi que vous apprendrez cette science. S'ilvous plat d'tre astronome, il vous faudra aller l'observatoire, prendre un tlescope, tudier les

  • INTRODUCTION ?

    toiles et les ptantos. Chaque science doitavoir ses mthodes propres. Jo pourrais vousprcher mille sormons et cela no vous rendraitpas roligioux lant que vous n'aurez pas pratiqula mthode Voil co que vous diront les sogesdo tous les pays, de tous les temps, hommes pursot dsintresss, dont lo seul but est de faire lobien. Tous dclaronl avoir trouv quelque vritplus haulo que celle quo les sons peuvent nous r-vler et ils demandent qu'on ta vrifie. Ttoz dema mthode, disent-ils, el appliquez-la conscien-cieusement, cl si, alors, vous ne dcouvrez pasta vrit suprieure que je vous annonce, libre vous de dire qu'elle n'existe pas ; avant d'avoiressay par vous-mme, vous n'tes pas fond nier le vrai de mes assertions. Travaillons detoute notre me selon les mthodes prescrites etla lumire se fera.

    Pour acqurir la science, nous nous servons degnralisations qui sont basessurl'obscrvation.

    Notre attention se porte d'abord sur des faits;nous gnralisons ensuite, puis nous tirons nosconclusions, nosprincipes. Il est impossible d'ar-river connatre l'me, qui est ta nature cachede l'homme, ta pense, sans avoir eu d'abordla force d'observer ce qui se passe en nous.

    Les incidents de la vie extrieure sont faciles

  • 8 H.UA YOGA

    observer. On a invent mille instruments pourcela; mais aucun qui nous aido tudier lemonde intrieur. Pourtant nous savons qu'il nousfaut observer, si nous convoitons uno sciencevritable. Sans analyse approprie toute sciencesera sans rsultat, elle restera thorio pure ; voilpourquoi depuis toujours, les psychologues n'ontcessdese disputer l'exception du petit nombred'entre eux qui ont su observer.

    La science do Rja Yoga veut fournir auxhommes le moyen d'tudier ce qui se passe eneux. Elle indique un instrument qui est l'intelli-gence elle-mme. La puissance d'attention con-venablement conduite et dirige vers la vie int-rieure, nous permettra d'analyser notre me etclairera bien des faits. Les forces de l'espritressemblent des rayons pars ; qu'on les con-centre, ils illuminent tout. C'est l l'unique sourcede savoir quo nous possdions. Tous y puisent,dans le monde extrieur comme dans le mondeintrieur; et cette observation minutieuse, parl'homme de science, du monde extrieur, le psy-chologue devra l'apporter au monde intrieur;il lui faudra pour cela un long entranement. Onnous enseigne, ds notre enfance, ne faireattention qu'aux choses extrieures, jamais auxchoses intrieures, el presque tous nous avons

  • INTRODUCTION 9

    perdu ta facult d'obsorver ce mcanisme int-rieur. C'est une rude besogne quo d'enchanernotre pense, do l'empcher de se dtourner, puisdo la concentrer toute sur elle-mme afin qu'elleconnaisse sa propre nature, afin qu'elle s'analyseelle-mme. C'estpourlant l lo seul moyend'abor-dcr scientifiquement un sujet.

    Cetto science dont nous parlons, quoi sri-elle? D'abord le savoir est en lui-mme ta plusbelle rcompense du savoir; il a aussi son utilit :il nous affranchit do toute misre. Pour l'hommequi, par l'analyse de sa propre intelligence, setrouve face face avec quelque chose d'impris-sable, de naturellement et ternellement pur etparfait, finie sa misre, fini son malheur.Toute misre nat soit de la peur, soit d'un dsirinassouvi. Quo l'homme se convainque qu'il nemourra jamais, il n'aura plus peur de la mort.Qu'il se sache parfait, il n'aura plus de vainsdsirs; supprimez ces deux causes, vous tuez lamisre; vous crez le bonheur parfait, mmependant notre existence actuelle.

    Pour conqurir ce savoir il n'existe qu'unemthode: ta concentration. Le chimiste dansson laboratoire concentre toutes les forces de sonintelligence en un foyer ; il en enveloppe lesmatires qu'il analyse et surprend ainsi leurs

    1.

  • 10 n.tJA YOGA

    secrets. L'astronome concentre toutes les forcesde son intelligence et les projclto sur les cieux travers son tlescope. Lo soleil, ta lune, lestoiles lui deviennent familiers. Plus je con-centre ma pensesur le sujet dont je vous parlo,plus je l'clairo. Vous m'coulcz, et plus vousconcentrez la vtre, mieux vous comprenez mesparoles.

    Toute la science acquise jusqu'ici, quoi tadevons-nous sinon la concentration des forcesde l'esprit? La nature est prle nous livrer sessecrets pourvu que nous sachions les lui deman-der. Seule ta concentration nous le permet. Lopouvoir do l'intelligence humaine est sanslimite.11 augmente avec ta concentration; tel est losecret.

    Il est plus ais de concentrer sa pense surdes objets extrieurs; la pense se porte natu-rellement sur eux; mais lorsqu'il s'agit do reli-gion, de psychologie, de mtaphysique, le sujetet l'objet de ta concentration ne font qu'un. Cetobjet est en nous, c'est notre esprit, et c'estlui qu'il nous faut tudier: tude de l'intelligencepar l'intelligence.

    Nous savons qu'il existe un pouvoir de l'espritnomm : pense rflexe. Je vous parle et je suisen mme temps comme une seconde personne

  • INTRODUCTION 11

    qui sait cl qui entend co quo je dis. Vous travail-lez, et, tout en travaillant, vous pensez. Un peu dovotre intelligence est l, prsente, qui s'en rendbien compte. Les forces de la pense doivent seconcentrer, seretourner sur In penseelle-mme;et, de mme que les rayons pntrants du soleilvisitent les recoins les plus sombres, de mmola ponse concentre aura raison do sos propressecrets les plus profonds. Et ceci nous conduit ta base de la croyance, la vraie religion nalu-relie. Nous saurons alors par nous-mmes si nousavons une me, si la vie dure cinq minutes oul'ternit, s'il est un Dieu ou s'il n'en est pas.Tout nous sera rvl. Voil ce que le Rja Yogase propose d'enseigner. Son but unique est donous apprendre concentrer notre pense, savoir dcouvrir ce qui se passe en nous, g-nraliser les phnomnes dont nous seronstmoins el tirer nos propres conclusions. C'estpourquoi le Rja Yoga ne demandejamais quellereligion est la ntre, si nous sommes distes ouathes, chrtiens, juifs ou boudhistes. Noussommes des hommes : cela suffit. Tout tre hu-main a le droit de raisonner, de demander lo pour-quoi ds choses, et de rpondre lui-mme sespropres questions, s'il en veut prendre la peine.

    L'tude du Rja Yoga nencessile donc aucune

  • 12 RJA YOGA

    foi, aucune croyance. Ne croyez rien que vousn'ayez vrifi vous-mme, voil ce qu'il nousdit. La vrit se passede tuteur qui la soutienne.Pensez-vous vritablement qu'il nous faille desrves pour nous prouver la ralit des faitsobservs en notre tat de veille ? Non pas 1L'tude du Rja Yoga demande une pratiquelongue, constante. Cette pratique est en partiephysique, mais elle est surtout mentale. A me-sure que nous avancerons nous constaterons lelien intime entre l'esprit et le corps. Si*nouscroyons que l'esprit n'est qu'une partie plusaffine du corps et qu'il agit sur ce dernier, demme il nous faut croire que le corps agit surl'esprit. A corps malade, intelligence atteinte.A corps sain, forte et saine intelligence. Lacolre trouble notre esprit et le corps s'en res-sent. Le corps, chez la majorit des humains,domine l'intelligence ; l'esprit est trs peu dve-lopp. Pardonnez-moi de prtendre que la grandemasse des hommes ne s'lve gure au-dessusdes animaux infrieurs. Nous dominons faible-ment noire pense. C'est pourquoi certains ad-juvants physiques sont indispensables nousdonner cette matrise de notre corps et de notrepense; ce n'est que lorsque nous dominonsd'assoz haut notre corps que nous pouvons len-

  • INTRODUCTION 13

    ter d'atteindre notre me. Nous pourrons alorsla dompter, la ptrir, la concentrer > notreguise.

    D'aprs le Rja Yoga, le monde extrieur n'estque la manifestation grossire du monde int-rieur ou subtil. Le plus subtil est toujours lacause, et le plus grossier est l'effet. Ainsi lemonde extrieur est l'effet et le monde intrieurla cause. De mme, les forces extrieures sontsimplement les parties les plus grossires d'untout "dont les forces intrieures sont les plussubtiles. Celui qui a su dcouvrir, qui a appris diriger les forces intrieures, se rend matre detoute la nature. Le Yogi ne se propose rien moinsque de matriser l'univers tout entier, de dominertoute la nature. Il veut en arriver au point o cequ'on nomme lois naturelles n'aura plusd'influence sur lui, et o il pourra franchir leursbornes, H sera matre de toute la nature aussibien interne qu'externe. La civilisation et lesprogrs humains consistent simplement domi-ner cette nature.

    Les moyens d'acqurir cette domination va-rient avec les races. Il en est d'elles comme desindividus, les uns se proposent de vaincre lanature extrieure, les autres ta nature intrieure.D'aucuns disent qu'en dominant le nature int-

  • 11 nJA YOGA

    rieure nous devenons matres de toutes choses;d'autres que celte matrise parfaite est l'apanagede ceux qui dominent la nature extrieure. Pous-ses l'extrme ces deux affirmations sontvraies;il n'exisle en effet rien d'extrieur ou d'intrieur.La limite qu'impliquent ces termes est fictive;elle n'a jamais exist. Ceux qui soutiennent res-pectivement ces deux systmes sont destins se rencontrer le jour o chacun d'eux aura at-teint l'extrme limite de son savoir. De mmequo le mdecin qui va jusqu'aux limites de lascience cl la voit cesser d'tre science pour deve-nir mtaphysique, de mme le mtaphysiciens'apercevra que les termes : esprit et matire nemarquent que des distinctions purement appa-rentes et qui devront disparatre pour toujours.

    La fin et le but de toute science est de trouverune unit, ce UN d'o naissent tant de choses di-verses, ce UN qui est multiple. Le Rja Yogapropose que l'on prenne comme point de dpartle monde intrieur, qu'on l'tudi, et quo l'on ar-rive, par celte tude, dominer la fois le mondeextrieur elle monde intrieur. La tentative esttrs ancienne. L'Inde en a t le thtre princi-pal, mais on l'a vu essayerchez d'autres peuples.En Occident, on traite cesystme de mystique. Onbrla ou on tua comme sorciers ceux qui voulu-

  • INTRODUCTION 15

    rent le mettre en pratique, et, pour des causesdiverses, il tomba dans l'Inde aux mains do gensqui supprimrent yo p. 100 de la science ettchrent de faire grand mystre- du reste.De nos jours, beaucoup de soi-disant matresont surgi, et plus mauvais que ceux de l'Inde,car ceux-ci savaient quelque chose, tandis queces aptres modernes ne savent rien.

    Il importe do repousser d'abord tout ce qui,dans les systmes du Yoga, est secret ou mys-trieux. L'nergie est le meilleur guide dans tavie. En religion comme en toute autre chose,rejetez bien loin de vous toul ce qui peut vousaffaiblir. Tout trafic avec le mystrieux affaiblitle cerveau humain. La science du Yoga a faillien prir, mais il faut dire que c'est assurmentune dessciences les plus belles. Depuis l'poquede sa dcouverte, voici plus do /|.ooo ans, elle at parfaitement dlimite, formule et prchoaux Indes ; et il est frappant de voir que les er-reurs commises sont d'autant plus grandes quelo commentateur est plus moderne. Plus l'au-teur est ancien, plus il est rationnel. La plupartdes auteurs contemporains parlent de toutessortes de mystres. C'est ainsi que la sciencetomba aux mains de quelques individus qui lotinrent secrte nu lieu d'y laisser pntrer l'-

  • 16 RAJA YOGA

    clat du jour et de la raison; le but de ceshommes en agissant ainsi fut de se rserver lapuissance.

    Il n'y a aucun mystre en mes enseignements.Le peu que je sais, je vais vous le dire. Je vousexpliquerai tout ce que ma raison comprend,mais quand je ne saurai pas moi-mme, je vousdirai simplement : voil ce que disent les livres.Il est mauvais de croire aveuglment. Raisonnez,jugez par vous-mmes, faites l'preuve, vrifiezsi ce qu'on vous a dit est exact ou non. Il vousfaut entreprendre l'lude de celte science prci-sment selon les mmes mthodes que celles quevous appliqueriez toute science d'ordre mat-riel. Elle ne prsente ni danger ni mystre. Sielle est vraie, on devrait la prcher sur la placepublique, au grand jour. Toute tentative pourl'envelopper de mystre est trs dangereuse.

    Avant d'aller plus loin je vais vous dire quel-ques mots de la philosophie Snkhyasuv laquelleest bas lout le Rja Yoga. Toute perception, ditcette philosophie, est due des instrumenls,comme les yeux, par exemple ; les yeux transmet-tent la perception aux organes, les organes l'intelligence, l'intelligence la facult dtermi-native, qui la livre Puntsha (l'me) ; celle-cirenvoie les ordres, en quelque sorte, par ces

  • INTRODUCTION 17

    mmes degrs. C'est ainsi que nous frappent lessensations. A l'exception de Purusha, tous ceslments sont d'ordre matriel, mais l'intelli-gence est d'une matire bien plus subtile que lesinstruments extrieurs. La matire dont l'intelli-genceest faite devient plus grossire et se trans-forme en ce qu'on appelle Tanmlras. Devenueplus grossire encore, elle constitue les lmentsextrieurs. Telle est ta psychologie de Snkhya.De sorte qu'enlre l'intelligence et la matire ex-trieure plus grossire, il n'existe qu'une diff-rence de degr. La Purusha seule est immat-rielle. L'intelligence est comme un instrument del'me qui lui permet de percevoir les objets ext-rieurs. Cette intelligence change cl vacille con-stamment; cllcpeuts'attacher plusieursorganes, un seul, ou ne s'attacher aucun. Si, par exemple,j'coute trs attentivement ta pendule, peut-trene verrais-je rien autour do moi, bien que mesyeux soient grands ouverts ; ce qui prouve quel'intelligence n'tait pas en rapport avec le sensde la vue, encore qu'elle le ft avec l'oue. Demme l'intelligence peut simultanment tre enrapport avec tous les organes. Elle a le pouvoirrflchi do scruter ses propres profondeurs. C'estce pouvoir quota Yogi se propose d'atteindre. Ilconcentre sa pense, il la replie sur lui-mme, et

  • 18 RAJA YOGA

    cherche savoir ce qui se passe en lui. 11nes'agit point ici d'une simple croyance mais deranalysclaquelleselivrentcertainsphilosophcs.Des physiologistes modernes disent que les yeuxne sont pas les organes de la vue, mais que cesorganes se trouvent au centre nerveux du cer-veau et qu'il en est de mme pour tous les sens ;ils ajoutent que ces centres nerveux sont com-poss des mmes matires que le cerveau lui-mme. Les Snkhyas vous tiendront le mmelangage, mais d'un ct, c'est une allgation du

    point de vue physique et de l'autre une allgationdu point de vue psychologique; elles sonl pour-tant pareilles. Mais au-del de ces allgations,il nous faut dmontrer.

    Le Yog se propose d'atteindre cet tatsubtil qui lui permettra de percevoir loules ceschoses. Il veut arriver la perception mentale detous les tats diffrents. Ainsi nous percevronscomment lo sensation voyage, comment l'intel-ligence la reoit, et comment elle atleint lafacult dterminalive qui, elle, la transmet auPurusha. Chaque science demande une prpara-tion, une mthode qui lui soit propre, et tantque nous ne nous y conformons pas, nous n'ar-rivons pas comprendre celle science; il en estde mme du Rja Yoga.

  • INTRODUCTION 19

    Il est ncessaire de se soumettre certainesrgles d'alimentation; il faut choisir la nourri-ture qui donne l'me la plus pure. Si vous allezdans une mnagerie, vous en aurez ta preuve im-mdiate. Voici les lphants, animaux normes,mais calmes et doux; et voici les lions et lestigres; vous les trouvez enperptuel mouvement ;cela vous montre bien les consquences dues la diffrence de nourriture. Ce sont les alimentsqui font natre toutes les forces de notre corps;nous le constatons chaque jour. Si vous jenez,votre corps s'affaiblit, vos forces diminuent; aubout de quelques jours votre intelligence fai-blira son tour. La mmoire vous fera d'aborddfaut; puis le moment viendra o vous nepourrez mme plus penser, et encore moins suivreun raisonnement quel qu'il soit. Nous devonsdonc tout d'abord surveiller notre alimentation ;quand nous serons devenus ussez robustes, cl mesure que nous avancerons dans celle pra-tique, nous pourrons tre moins rigoureux sousce rapport. Pendant su croissance, ta plante abesoin tre protge; puis, quand elle de-vient arbre, on supprime lo tuteur; elle estassez forte pour rsister par elle-mme.

    Un Yog doit se garder des deux extrmes,du luxe et de l'austrit. Il ne doit ni jener ni

  • 20 RAJA YOGA

    torturer sa chair; celui qui agirait d ta sortene saurait tre un Yog, dit la Gia; il n'ensaurait tre un non plus celui qui jene, ou quiveille, ou qui dort trop ; celui qui travaille tropet celui qui ne travaille pas du tout.

  • CHAPITRE II

    LES PREMIERS DEGRS

    Rja Yoga se divise en huit degrs. Le premierest Varna : ne pas tuer, ne pas mentir, ne pasvoler, observer la continence, ne pas recevoir deprsents. Niyama est le suivant : il enseigne lapropret, lccontcntcmcnt, ta mortification, l'ludeet la soumission Dieu. Ensuite vient Asana,ou les postures; Pranyma, ou ta matrise desforces vitales du corps; Pratyhra, qui exercel'me l'examen intrieur ; Dhrran, ou la con-centration ; Dhyna ou la mditation ; et Sam-dhi, ou lo supra-conscience. Nous voyons queYama et Niyama comportent un entranementmoral ; et si on ne les prend pas pour bases il estimpossible de pratiquer le Yoga avec succs. Amesure qu'il suivra ces pratiques le Yogi com-mencera en recueillir les fruits ; s'il ne s'exerce

  • 22 RAJA YOGA

    pas, tous ses efforts resteront striles. Un Yogne doit songer faire de mal personne, pas plusen pense qu'en parole ou en fait ; pas plus auxanimaux qu'aux hommes. Qu'il ne rserve pas eux seuls sa piti, mais qu'il retende l'universtout entier.

    L'tape suivante se nomme Asana, ou pos-ture. Chaque jour, il faut faire des sries d'exer-cices physiques et mentaux, jusqu' ce qu'on aitatteint certains tats plus levs. 11est donc in-dispensable de trouver une attitude que l'onpuisse conserver longtemps. La position la plusnaturelle chacun est celle qu'il convient d'adop-ter. Tel individu sesenlira trs l'aise pour penseren telle posturequi serait intenable pour un autre.

    Nous verrons plus tard, ce sujet, que pen-dant l'lude de ces questions psychologiques, locorps travaille avec intensit. Il faudra dplacercertains courants nerveux et leur imprimer unedirection diffrente. On prouvera desvibrationsnouvelles, et il semblera que la constitution en-tire se transforme. Mais la colonne vertbralesera le sige principal de cette action, de sorlcqu'elle devra do toute ncessit rester libre, ver-ticale, maintenant la poitrine, le cou et la tleen ligne droite. Tout le poids du corps porterasur les ctes; on arrive ainsi une posture corn-

  • LES PREMIERS DEGRS 23

    mode et naturelle. Vous constaterez par vous-mme que l'on ne peut pas avoir des pensesleves quand la poitrine est creuse. Cette par-tie du Yoga ressemble un peu au Hatha Yogaqui s'occupe exclusivement du corps et qui a pourbut de lui donner une grande force physique.C'est une question que nous n'tudierons pasici ; le rsultat qu'elle se propose est trs difficile atteindre ; on ne saurait y prtendre en un jour ;il ne mne aucun dveloppement spirituel. Dcl-sarte et divers autres matres s'tendent sur cechapilrc et enseignent la manire de donner aucorps diffrentes postures ; mais c'est l un butphysique, non pas psychologique. Il n'est pasun muscle de son corps sur lequel l'homme nepuisse exercer son empire ; il peut arrter soncoeur ou le laisser battre, sa guise; il peut aussifaire agir selon son gr chaque parlie de sonorganisme.

    Le rsultat de cette parlie du Yoga est de nousfaire vivre vieux. La saute, voil l'ide dominante,le seul vrai but du Hatha Yog. L'homme quiest dcid ne jamais tomber malade se portetoujours bien. Il vit longtemps. Atteindre la cen-taine, cela n'est rien pour lui ; centeinquanteansil est jeune et dispos, et il n'a pas un cheveublanc. Mais c'est lout. Un orbro banyan vil

  • 24 KAJA YOGA

    parfois cinq mille ans ; mais ce n'est qu'un arbre,rien de plus. De mme, l'homme qui vit long-temps n'est pas autre chose qu'un animal bienportant. Une ou deux leons de Hatha Yoga sonttrs utiles. Ainsi, quelques-uns d'entre vous setrouveront peut-tre bien, pour lutter conlre lemal de tte, d'absorber par le nez, chaque matin,au lever, une certaine quantit d'eau froide ; votrecerveau en sera rafrachi et rendu plus clair pourtoute la journe et vous ne vous enrhumerezjamais. La chose est d'une application facile :mettez votre nez dans l'eau et faites avec ta gorgeun mouvement d'aspiration.

    Aprs avoir appris s'asseoir dans une posi-tion verticale, le disciple doit, suivant certainescoles, pratiquer ce qu'on appelle la purifica-tion des nerfs. Cet exercice a t rejet par quel-ques personnes, comme n'appartenant pas auRja Yoga, mais je crois devoir en faire mentionpuisqu'il est recommand par la grande autoritdu commentateur Sankarchrya; voici sespropres instructions, tires des commentairesdu Svelvatara Upanishad.

    L'intelligence qui a t purifie par Pr-ndyma se fixe on Brahman, c'est pourquoi Pr~nyma est ncessaire. Il faut d'abord purifierlesnerfs eU'onpeutensuitc pratiquer PrnAymo.

  • LES PREMIERS DEGRS 25

    H faut boucher ta narine droite avec le pouce etaspirer par ta narine gauche autant d'air quepossible. Puis, sans arrt, l'on expire par tanarine droite en fermant la gauche. Respirant nouveau par la narine droite, on rejette l'air parla gauche.

    Cet exercice doit serpter trois ou cinq foisde suite et quatre reprises par jour, aux heuressuivantes : avanl le lever du soleil, au milieu dujour, le soir et minuit ; au bout de quinze joursou d'un mois les nerfs sont purifis ; alors com-mence Prnyma.

    La pratique de cet exercice est indispensable.Vous pouvez vous asseoir l et m'couter toutle jour, sans faire un seul pas en avant si vousne pratiquez pas en personne. Car tout est l.Nous ne pouvons pas comprendre ces phno-mnes avant de les avoir expriments.11 nousfaut les sentir et les voir parnous-mmes; et nousaurons beau prter l'oreille aux thories et auxexplications, cela ne nous servira de rien. Il peuty avoir plus d'un empchement pratiquer soi-mme; ta maladie en constitue un premier; si lecorps n'est pas en bon tat, la pratique seraentrave. Nous devons donc nous maintenir enbonne sant; veiller co que nous mangeons,buvons, faisons; pour demeurer robuste, ayez-

    2

  • 20 RAJA YOGA

    en lo dsir trs sincre; faites cet effort moralque conseille ta Christian science. Et voiltout. Il n'y a rien do plus dire au sujet ducorps. N'oublions pas, en effet, quo ta sant n'estqu'un moyen d'atteindre le but et non pas lo butlui-mme. Car s'il ontait ainsi, nous serions pa-reils aux animaux, el les animaux sont rarementmalades.

    Le doute constituo un second empchement.Nous doutons toujours des choses quo nous novoyons pas. L'homme ne peut pas vivre de mots,encore qu'il l'essaye. Nous doutons, et nousnous demandons si ces choses sont vraies oufausses; lo meilleur d'entre nous pourra douterparfois. Aprs quelques jours d'exercice, unelueur natra; elle suffira pour vous donner cou-rage et espoir.

    Un commentateur de la philosophie Yogadit : Qu'une preuve russisse, si minime soit-elle, et nous aurons alors foi en tous les ensei-gnements de Yoga. C'est ainsi qu'aprs quel-ques mois d'entranement et d'tude vous vousapercevrez que vous commencez lire les pensesd'autrui ; elles se prsenteront vous, telles desimages. Peut-tre qu'en concentrant votre espritet en vous efforant, vous entendrez des bruitsextrmement loigns. Ces lueurs vous viendront

  • LES PREMIERS DEGRS 27

    ples au dbut, mais suffisantes pourvousdonnerla foi, ta force et l'espoir. Si, par exempta, vousconcentrez vos penses sur lo bout do voire nez,vous sentirez aprs quelques jours dos odeurstout fait exquises; il n'on faudra pas davan-tage pour vous dmontrer que cerlaino percep-tions mentales peuvent nous devenir sensiblessans lo contact d'objols matriels. Mais nousdevons nous rappeler toujours qu'elles ne con-stituent que les moyens; librer l'me, tel est lebut, la fin, l'idal que nous poursuivons partout cet entranement. Et cet idal no doit trerien moins que la domination absolue do la na-ture. C'est nous, non pas elle, qui devons tre lesmatres; nous ne devons subir le joug ni do l'in-telligence ni du corps; n'oublions pas que c'estnotre corps qui nous appartient et non pasnous qui appartenons notre corps.

    Un dieu et un dmon allrent trouver un grandsage pour apprendre de lui ce qu'tait le Moi .Aprs de longues tudes, le sage leur dit enfin : Vous tes vous-mmes l'lre que vous cher-chez. Tous deux crurent que leur corps taitleur Moi . Nous possdons tout , dirent-ils, puis allrent rejoindre les leurs et dirent : Nous avons appris tout ce qu'on peut ap-prendre : manger, boire et tre joyeux ; nous

  • 28 RAJA YOGA

    sommes le Moi ; rien no nous est suprieur. Le dmon tait d'un naturel ignorant et obtus;

    il n'essaya pas d'en savoir davantago, parfaite-ment convaincu do l'ide qu'il tait dieu, quopar lo Moi , on entendait le corps. Mais ledieu availune nature plus pure. Il commit d'abordl'erreur de croire. Moi, co corps quo voici, jesuis Brahman ; il faut donc lo consorver vigou-reux et sain, le bien vtir et lui procurer toutessortes de jouissances matrielles. Mais, quel-ques jours aprs, il comprit quo toi n'avait putre le sens des enseignements du sage, leurmatre, el qu'il devait y avoir quelque chose deplus lev.

    Alors il revint et dit : Matre, m'avez-vousenseign que ce corps-ci est le Moi ? S'il enest ainsi, je vois mourir tous los corps cl le Moi ne peut pas mourir. Le sage dit : D-couvre-le; tu es Cela. Alors le dieu crut quele sage voulait parler des forces vitales qui ani-ment le corps. Mais, peu de temps aprs, il ob-serva que, s'il mangeait, ses forces vitales res-taient vigoureuses, que, par contre, elles faiblis-saient s'il venait jener. Alors le dieu retournaauprs du sage et lui dit: Matre, voulez-vousdire que ce sont les forces vitales qui constituentle Moi ? Le sagedit : Trouve toi-mme, lu

  • LES PREMIERS DEGRS 29

    es Cela. Le dieu s'en alla encore et crut quo le Moi , c'tait l'intelligence, mais bientt il son-gea que les pensos sont inconstantes, parfoisbonnes, parfois mauvaises, et il en conclut quota pense tait trop variable pour quo co ft ellelo Moi . Il alla retrouver le sage et lui dit : Matre, je ne crois pas que l'intelligence soit le Moi ; est-ce l ce quo vous vouliez dire?

    Non, rpondit le sage, tu es Cela, trouve l'ex-plication toi-mme. Le dieu s'en fut do nouveauet dcouvrit enfin qu'il tait le Moi au delde toute pense; Celui qui n'a ni naissance nimort, que l'pe ne peut transpercer, le feu br-ler, l'air desscher, l'eau dissoudre, qui n'a nicommencement ni naissance, l'intangible, l'om-niscient, l'tre omnipotent, qui n'est form nid'un corps ni d'une intelligence, mais de quelquechose de bien suprieur tout cela. Il fut satis-fait ainsi, mais le pauvre dmon ne put atteindre la vrit parce qu'il aimait trop son corps.

    Ces natures dmoniaques sont nombreuses ence monde, mais il y a quelques dieux aussi. Quequelqu'un se mette enseigner une science ca-pable d'augmenter les plaisirs des sens, il trou-vera des foules prtes l'couter. Mais celui quiveut enseigner l'humanit le but suprme nerencontre que l'indiffrence de tous. Trs peu

    2.

  • 80 1AJA YOGA

    d'hommes sonl capables de comprendre co quiest le plus lev; moins encore ont ta patienced'y atteindro; mais quelques-uns savent aussique si le corps vivait mille ans le rsultat seraitfinalement lo mme. Il se dsagrge lorsque lesforces qui lo maintenaient l'abandonnent. Au-cun hommo n'a jamais pu un seul moment arr-ter la transformation constante de son corps.Le corps est le nom mme d'une succession dochangements. Il en est du corps comme d'unerivire, o vous voyez avec leur mme forme lesflots changer chaque instant et d'autres flotsnouveaux prendre la place des premiers. Maisil importe de conserver au corps sa force etsa sant; car c'est lui noire meilleur instru-ment.

    Le corps humain est le corps le plus parfaitdci'univcrs, comme la cr.alure humaine est laplus parfaite des cratures. L'homme est sup-rieur tous les animaux, suprieur tous lesanges; nul n'est plus grand que lui. Les devaseux-mmes auront redescendre sur terre etc'est sous une forme humaine qu'ils gagnerontleur salut. Seul, l'homme atteint la perfectionque les devas eux-mmes ne connaissent pas.Selon les Juifs et les Mahomttms, Dieu cral'homme aprs avoir cre les anges et tout le

  • LES PREMIERS DEGRS 81

    reste do l'univers; il dit alors aux anges dovenir et do lo saluer, ce que tous firent, saufIblis; alors, Diou lo maudit et il dovint Satan.Cette allgorie cache une grande vrit; la^nais-sance de l'hommo ost la plus belle de toutesles naissances. La cration infrieure, repr-sente par l'animal, est obscure; elle procdesurtout de Tamas. Los animaux no peuventavoir do belles penses; les anges, non plus quelesdevas, ne peuvent conqurir directement leurlibert, sans une renaissance humaine. Do mmedans ta socit des hommes, un excs de richesseou de pauvret est un puissant obstacle au dve-loppement suprieur de l'me. Les grands de cemonde surgissent de la classe moyenne. Chezelle les forces sont quitablement reparties elelles so balancent.

    Revenons noire sujet. Voici maintenant Pr-nyma ou rgles de la respiration. Quel rap-port cela a-t-il avec le pouvoir de concentrationdu mental? La respiration est comme le volantde notre machine. Dans une machine puissante,c'est le volant qui se met en marche d'abord ;son mouvement se transmet des rouages demoins en moins grossiers, jusqu' co que lesplus dlicats marchentd'accord avec l'ensemble.Eh bien, 1arespiration est ce volant qui fournit

  • 32 RAJA YOGA

    et rgularise la force motrice dont chaque par-celle de notro corps a besoin.

    Il y avait uno fois lo minislro d'un grand roi ;il tomba un jour en disgrro, etlo roi, pour lechtier, le fit enfermer tout on haut d'uno hautetour. Il voulait l'y laisser mourir. Mais co ministreavait une femme fidle, qui, la nuit, vint latour, appela son mari ot lui demanda de quelsecours elle lui pouvait tre. Il lui rpondit derevenir la nuit suivante et d'apporter uno longuecorde, uno ficelle solide, un gros fil, un fil desoie, un blatte et un peu de miel. Trs intrigue,la brave pouse obit et lui apporta les objetsdemands. Le mari lui dit d'attacher solidementle fil de soie la blatte, de barbouiller ensuiteses antennes d'une goutte de miel, et de ta lchersur lo mur de ta tour, la ttc pointant vers lesommet. Elle se conforma toutes ces prescrip-tions et la blatte se mit en routo pour son longvoyage. Sentant le miel devant elle, elle grimpadans l'espoir de l'atteindre, lentement, toujourson avant jusqu' ce qu'elle et finalement gagnle sommet de la tour; le ministre saisit alorsl'insecte, et s'empara du fil de soie, l'autre ex-trmit duquel il pria sa femme d'attacher le grosfil. Lorsqu'il l'eut en main il renouvela l'opra-tion avec la grosse ficelle et finalement avec la

  • LES PREMIERS DEGRS 3:}

    corde. La suite tait facile ; lo ministre l'aidedo la corde descendit do ta tourot s'vada. Dansnolro corps le mouvemont respiratoire est comme le fil de soie ; rendons-nous on matre; enapprenant le dominer nous nous saisirons dugros fil, c'est--diro dos courants nerveux ; ceux-ci nous donneront le fil plus fort de nos penses,puis enfin ta cordo de Prna ; et lo jour o nouson serons matres, nous aurons atteint 1alibert.

    Nous ne savons rien de notre propre corps, etnous n'en pouvons rien savoir. Tout au plus pou-vons-nous prendre un cadavre ot le dissquer; ily a mme des personnes qui se livrent co travailsur des animaux vivants, afin de voir ce que lecorps renferme. Mais cela n'a rien faire avecnolro propre corps, dont nous no savons quo trspeu de chose; pourquoi en est-il ainsi? Parce quenous manquons de discernement pour percevoirles mouvements trs dlicats qui se produisenten dedans de nous. Nous ne pouvons y parvenirque si l'intelligence pntre en quelque sorte locorps et devient plus subtile. Avant de possderce degr de subtilit il faut commencer par desperceptions plus grossires ; nous devons nousrendre matres de ce qui met toute ta machineen mouvement. Or, c'est Prna qu'appartientce rle, Prna dont la respiration constitue la

  • 84 NAJA YOGA

    manifestation ta plus tangible. Grce lui, nouspntrons lentement dans le corps, o nous pour-rons dcouvrir co que sont ces forces subtiles,comment les courants nerveux agissent dans lecorps entier et ds quo nous les aurons perus etquo nous aurons appris les sentir, nous com-mencerons les matriser et, par eux, dominerl'ensemble do nolro corps. L'intelligence tantgalement mue par ces divers courants nerveux,nous atteindrons finalement cet tal de matriseparfaite du corps et de l'intelligence, dont nousaurons fait nos serviteurs. La science, c'est dota force; il nous faut acqurir celte force; nousdevons commencer par lo commencement, parle Prnyma qui domine le Prna. Ce Pr-nyma forme un sujet tendu, et il nous faudraplusieurs leons pour l'expliquer compltement.Nous l'tudicrons partie par partie, chapitre parchapitre.

    Nous verrons au fur et mesure les raisonsqui justifient chacun des exercices, et les forcescorporelles que chacun d'eux exerce. Petit petit, nous comprendrons, mais il nous faut pra-tiquer d'abord avec constance et la pratiqueamnera la preuve. Il n'est pas de raisonnementque je puisse vous faire, capable de vous con-vaincre tant que vous n'aurez pas fait l'exprience

  • LES PREMIERS DEGRS 86

    Yous-mmo. Ds que vous commencerez res-sentir l'action de ces courants dans tout votretre, vos doutes disparatront ; mais uno pratiquoquotidienno et opinitre s'impose pour cela. Hfaut vous exorcor au moins deux fois par jour;lo malin ol le soir sont les moments les mieuxchoisis do la journe A l'aube, au crpuscule,il se produit un tat do calme relatif. Lo pointdu jour et les premiers instants du soir sont lesdeux ples de co calme. Nous devons profiler doces conditions naturelles et nous mettre alors pratiquer. Faitos-vous uno rglcdo ne pasmangeravant d'avoir fait vos exorciees et si vous suivezcette rgle ta seule faim aura raison de votre pa-resse. Aux Indes on enseigne aux enfants nojamais manger avant d'avoir pratiqu et tailleursdvotions ; en trs peu do temps, leur naturel seconforme cet usage, et un jeuno garon n'aurajamais faim avant do s'tre baign et oxerc.

    Ceux d'entre vous qui le peuvent feront biendo rserver une pico uniquement ta pratique;n'y dormez pas; co lieu doit restor saint; n'yentrez pas sans vous tre baign, et sans treparfaitement pur do corps et d'esprit. Que celtepice soit toujours garnie de fleurs : un Yogne saurait avoir de meilleure compagnie qu'elles ;qu'aux murs pendent d'agrables tableaux. Br-

  • 30 RUA YOGA

    loz-y de l'encens malin cl soir. Que co lieu noconnaisse ni disputes, ni colre, ni penses pro-fanes. N'en permettez l'accs qu' ceux dontles penses sont pareilles aux vtres; petit petit, dans cetlo chambre rgnera uno atmo-sphre de saintet, et quand vous vous sentirezmalheureux, triste, en proie au doute, ou bienl'me troublo, lo seul fait d'y pntrer vous cal-mera. Telle est ta raison d'tre du temple et del'glise ; de nos jours encore on la retrouve dansquelques temples, quelques glises, mais pourla plupart l'ide premire a disparu. Ello con-siste croire qu'en maintenant en ces sanctuairesdes vibrations saintes, ils s'illuminent et demeu-rent illumins. Ceux qui n'ont pas le moyen doconsacrer une pice cet usage peuvent faireleurs exercices l o ils veulent. Asseyez-vousbien droit et adressez ta cration tout entireun courant de sainte pense. C'est par l qu'ilfaut commencer. Dites et redites mentalementces paroles : Que tous les lres soient heu-reux, que tous les tres soient en paix ; quotous les tres soient bienheureux. Lancez cesmots vers l'est, le sud, le nord el l'ouest. Etplus vous ferez cet exercice et mieux vous voussentirez. Vous finirez par dcouvrir que le meil-leur moyen de se bien porter est de veiller co

  • LES PREMIERS DEGRS 37

    quo les autres soient en bonne sant, et que tamthode la plus sro pour se sentir heureux estde veiller co quo les autres soient heureux.Aprs cela, ceux qui croient en Dieu doiventprier, mais prior non point pour qu'il leur soitaccord argent, sant, ou pour gagner le ciel;prier pour conqurir le savoir el la lumire;touto autre prire est goste. Ensuite il faut pen-ser son corps. Veillez ce qu'il soit fort et sain;vous ne possdezpas de meilleur instrument quelui. Imaginez-vous qu'il est aussi robuste que l'a-cier el que, grce lui, vous traverserez cet ocande la vie ; les faibles n'atteindront jamais la lib-ration; dpouillez toute faiblesse, dites votrecorps qu'il est puissant, votre intelligencequ'elle est forte; ayez en vous-mme une foi etun espoir sans bornes.

  • CHAPITRE III

    PRANA

    Contrairement ce que croient quelques per-sonnes, Prnyma no traite pas seulement dela respiration ; Prnyma n'a quo peu de rap-ports avec elle, si tant est qu'il en ait du tout.

    La respiration n'est qu'un des nombreux oxer-cices dont la pratique nous conduit au vritablePrnyma. Prnyma c'pst ta matrise, la do-mination de Prna. Selon les philosophes del'Inde, l'univers tout entier se compose de deuxmatires, dontl'uneportele nomdoAksha. C'estl'existence partout prsente et qui pntre tout.Tout ce qui a forme, tout ce qui est le rsultatde mlanges, procde de cet Aksha. C'est deYAksha que proviennent l'air, les liquides et lessolides; c'est VAksha qui se transforme ensoleil,terre, lune, toiles et comtes ; lui encore, qui

  • PRANA 39

    devionl corps humain ou animal, plantes, toutce que nous voyons, tout ce quo nous sentons,tout ce qui existe. L'on no peut pas perce-voir VAksha lui-mmo ;sa subtilit ost telle qu'ilest au-del do loute perception ordinaire, et l'onne peut lo voir que lorsqu'il s'est matrialis,qu'il a pris forme. A l'origine de ta cration cetAksha existe seul ; la fin du monde les so-lides, liquides ot gaz se fondent do nouveauen lui de qui procdo d'une manire semblableta cration suivante.

    Quel est donc le pouvoir qui produit cet Akshadans l'univers? Co pouvoir est Prna. Do mmeque Aksha est ta matire infinie, partout pr-sente de cet univers, de mme Prna en est lepouvoir infini, omniprsent, qui se manifeste. Audbut et ta fin d'un cycle, tout devient Aksha,et toutes les forces de l'univers se rsolvent etretournent en Prna; dans le cycle suivant,c'est de ce Prna que dcoule tout ce que nousappelons nergie et force. Le mouvement estuno manifestation de Prna. lien est de mmede la gravitation et du magntisme. Les mou-vements du corps, les courants nerveux, taforce do la pense sont des manifestations dePrna. De la pensejusqu' ta force physiquela plus grossire, tout n'est que manifestation

  • 10 HAJA YOGA

    de Prna. Prna est le nom de la somme totalede toutes les forces de l'univers, mentalesou physiques, revenues leur tat d'origine. Quand il n'y avait encore ni tout, ni rien, quandl'ombre noyait l'ombre, qu'existait-il? CetAksha existait sans mouvement. Le mouve-ment physique du Prna ne se faisait pas sen-tir, mais le Prna existait tout de mme. Toutesles nergies actuellement parscs dans l'universet que la science moderne nous a fait connatresont invariables. La somme totale des nergiesde l'univers reste toujours constante ; seulement, la fin d'un cycle, ces nergies s'apaisent, de-viennent potentielles et au dbut du cycle suivantse rveillent, frappent YAksha et, procdant decelui-ci, se manifestent sous des formes varies; mesure que YAksha semodifie, Prna setrans-forme aussi en toutes les manifestations diversesde l'nergie. La connaissance et la matrise dece Prna sont ce que l'on dsigne sous le nomde Prnyma.

    Ceci nous ouvre la porte sur un pouvoir pres-que illimit. Supposez par exemple, qu'unhomme possdt parfaitement le Prna, et ftcapable do le diriger, quel pouvoir sur terre nopossderait-il pas ? Il pourrait dplacer le soleilcl les toiles el tre matre de l'univers tout entier

  • PRANA 41

    depuis les atomes jusqu'aux plus grands soleils,parce qu'il possderait ta matrise du Prna.Tels sont la fin et lo but du Prnyma. Au Yogdevenu parfait, rien dans la nature ne rsistera.Les dieux s'avanceront sur son ordre s'il leurcommande do venir lui, et les disparus appa-ratront s'il lui plat de le leur enjoindre. Toutesles forces de la nature lui obiront en esclaves ;et lorsque les ignorants verront la puissance duYog ils crieront au miracle. C'est un des traitsde l'esprit hindou, qu'il recherche toujours lagnralisation la plus complte, avant d'entamerl'examen des dtails. Les Vedas posent la ques-tion suivante : Quelle est la chose dont la con-naissance quivaut pour nous la science uni-verselle? Ainsi le seul but de tous les livreset de toutes les philosophies que l'on a crits, at dedterminer cette chosedontlaconnaissanceconfre le savoir universel. L'homme qui aurait taprtention de connatre cet univers dans tous sesdtails, devrait examiner individuellement cha-que grain de sable, ce qui ncessiterait un tempsinfini; la chose est d'ailleurs impossible. Alors,comment savoir? Comment l'tude des dtailspeut-elle conduire l'homme l'universel savoir?Ces dtails, disent les Yogis, cachent uno gn-ralisation. Derrire toute ide particulire est une

  • 42 RAJA YOGA

    ide gnrale, un principe abstrait ; comprenez-le et vous avez tout compris. C'est ainsi que lesVedas ont gnralis l'univers entier en unecxis-tance absolue. Et qui a compris celte existence,a compris tout l'univers. Ainsi donc toutes lesforces ont t gnralises en ce Prna, et celuiqui a saisi le Prna est devenu matre de touteste3 forces mentales ou physiques de l'univers.Quiconque s'est rendu matre du Prna a conquissa propre intelligence ainsi que toutes les autresintelligences du monde. Dominer le Prna c'estdominer son corps ainsi quetous les autres corps,parce que Prna est ta manifestation gnralisede la force.

    Arriver ta domination du Prna, tel est lebut unique que se propose le Prnyma'. C'est cela que tendent tous ses exercices et tous sesentranements. Chaque homme doit regarder,d'abord autour de lui eleommencer par apprendre dominer ce qui l'entoure. Notre corps est cequi nous est le plus proche; rien ne ne nous estplus proche au monde, et notre pense est tapense qui nous louche de plus prs. Le Prna,qui donne ta vie notre penseet notre corps,cstjcolui do tous les Prnas qui est le plus prs denous. La petite vague du Prna qui reprsentenos propres nergies, mentales cl physiques, est

  • PRANA 43

    de toutes les vagues de l'ocan infini do Prnacelle qui nous approche le plus ; nous arrivons matriser cette petite vague et alors seulementnous pouvons esprer dominer le Prna toutentier. Le Yogi qui a pu faire cela, atteint laperfection ; il n'est plus alors l'esclave d'aucunpouvoir. Le voil devenu presque tout puissant,presque omniscient. Nous trouvons dans tous lespays des sectes qui ont tent de dominer ainsi lePrna. Il y a dons ce pays des mind healers des faith healers (i) desspirites, des adeptesdel Christian science , des hypnotiseurs etc.;si nous examinons ces sciences diverses, nousconstaterons qu'elles ont une base commune, clquo cotto base est qu'elles le sachent ounon ta domination du Prna. S'il vous plaisaitdo fondre en un creuset toutes leurs thories,vous verriez quo le rsidu en serait lo mme.C'est par ta mme force qu'ils oprent tous, maissans lo savoir. Ils ont dcouvert une force, ontbutt contre elle, et ils ignorent de quelle natureelle est, mais ils usent inconsciemmentdesmmespouvoirs que lo Yog, pouvoirs qui dcoulentdu Prna.

    Ce Prna constitue lo force vitale de chaque

    (1) Gurisseurs par l'esprit, gurisseurs par ia Toi.

  • 44 RAJA YOGA

    tre, dont la plus subtile et ta plus haute mani-festation rside dans ta pense. Mais cette penseelle-mme, ainsi que nous le voyons, n'est pointtout. Il y a aussi une penseparticulire que nousnommons instinct, penseinconsciente, et qui estau niveau le plus bas de l'action. Qu'un mous-tique nous pique, et sans que nous y pensions,automatiquement, instinctivement, notre mainl'crasera. C'est l une manifestation de la pen-se. Toutes les actions rflexes du corps appar-tiennent ce niveau de ta pense.

    La pense consciente plane plus haut. Je rai-sonne, je juge, je pense, j'envisage le pour et lcontre de certaines choses; ce n'est pourtant pastout. Nous savons que la raison a seslimites ; ellene peut les dpasser; elle s'y arrte. Le cercleo elle se meut est en vrit extrmement res-treint. Nous voyons pourtant la fois certainsfaits qui font irruption dans co cercle. Ainsi quedes comtes, il est des choses qui, pntrant dansle cercle, arrivent assurment du dehors, bien quenotre raison ne puisse concevoir cette zone ext-rieure. Il faut chercher au dehors les causes detel phnomne qui se passe dans ces troiteslimites. La raison et l'intelligence ne peuvent pasles concevoir: mais, dit le Yogi, ce n'est pointtout. La pense peut exister sous une forme plus

  • PRANA 45

    levcencore ;celle del supra-conscience. Quandla pensea atteint cet tat, nomm Samdhi, concentration parfaite, supra-conscience, ellefranchit les limites de la raison et se trouve enprsence de faits que nul instinct, nulle raisonne peuvent jamais connatre. Tous ces exercicesdes forces subtiles du corps et des diverses mani-festations du Prna, donnent, bien conduils,l'essor la pense, et l'lvent plus haut tou-jours, jusqu' la supra-conscience; et c'est alorsque la pense agit.

    I) y a dans cet univers une masse continue chaque niveau d'existence, Physiquement par-lant, l'univers est un ; il n'y a pas de diffrenceentre le soleil et vous. L'homme de science vousdira que prtendre le contraire est une pure fic-tion. Il n'y a pas de diffrence vritable entrecelte table et moi. La table est un point do l'amasde matire et j'en suis un autre. Chaque formereprsente comme un tourbillon dans l'ocaninfini de ta matire et ces tourbillons no se res-semblent pas toujours. C'est ainsi que, dans untorrent imptueux, il peut y avoir des milliers detourbillons, dans chacun desquels l'eau toutinstant se renouvelle, tourne sur elle-mme pen-dantquelquessecondes, et s'coule, tandis qu'uneeau nouvelle vient son tour alimenter le tour-

    3.

  • 46 RAJA YOGA

    billon; l'univers tout entier est un amas de ma-tire changeant constamment dans laquelle noussommes de petits tourbillons. Une certaine quan~tit de matire entre en nous et tourbillonneet se transforme en l'espace de quelques annesen un corps humain; puis elle se modifie pourprendre la forme d'un animal peut-tre; de lelle s'chappe et devient, au bout d'un certainnombre d'annes, un tourbillon nouveau sous taforme d'une masse minrale. C'est un perptuelchangement. Aucun corps n'est constant. Votrecorps ou mon corps n'existent qu'en paroles. Enfait il n'y aqu'une seule massenorme de matire;et sesdiverses parties s'appelleront lune, soleil,homme, lerre, plante, minral. Aucune d'ellesne sera constante, car tout change sans cesse;la matire s'agrge et se dsagrge ternelle-ment. De mme la pense.L'lher y reprsenteta matire; lorsque l'action du Prna est ta plussubtile, co mmelhcr, dons un-modeplus dlicatde vibration, reprsentera ta penseet il compo-sera encore alors une niasse indivise. Si vouspouvez atteindre simplement cclto vibrationsubtile, vous verrez et vous sentirez que l'universentier est compos do ces vibrations subtiles.11y a certaines drogues qui ont le pouvoir debouleverser en quelque sorte nos senset qui nous

  • PRANA 47

    mettent en cet tat. Beaucoup d'entre vous sesouviennent sans doute de cette clbre aventurede sir Humphrey Davy, ananti par le gaz hila-rant et restant, pendant une confrence, sansmouvement, stupfi, purs disant ensuite quel'univers entier tait fait d'ides ; pendant letemps que dura cet tat il semble que les vibra-tions grossires auraient cess et que seules,les vibrations subtiles, auxquelles il donnait lenom de penses, lui auraient t sensibles. IIne pouvait voir autour do lui que les vibrationssubtiles; tout tait devenu pense, l'universentier tait un ocan de pense; il s'tait Irans-form, cl tous les autres avec lui, en petits tour-billons de pense.

    Ainsi, mme dans l'univers de ta pense, noustrouvons cette unit, et enfin, quand nous arri-vons au Moi, nous savons quo le Moi ne peutlre qu'Un. Au del du mouvement il n'y a quel'unit. Mme dans le mouvement apparent il n'ya qu'une unit. On ne peut plus nier ces faits quola science moderne a dmontrs. La physiquemoderne o galement dmontr que ta sommetotale des nergies qui existent dons l'universest constante. Il a t prouv aussi que la somme(olalo de l'nergie seprsente sous deux formes :elle existe d'abord en puissance, puis l'tat de

  • 48 RAJA YOGA

    repos et de calme, puis elle se manifeste soustoutes ces forces diverses; do nouveau elle re-tourne l'tat de calme et de nouveau clic semanifeste. Ainsi l'nergie volue sans cesse tra-vers l'ternit ; ainsi que nous l'avons dj dit,la matrise de ce Prna est co que l'on nommePrnyma,

    Ce Prnyma s'occupe trs peu do la respi-ration, si ce n'est titre d'exercice. Le mouve-ment des poumons est, dans le corps humain, tamanifestation la plus visible de ce Prna; si cemouvement cesse, la vie cesse, et toutes lesautres manifestations de forces dans le corpscessent galement. Il y a des personnes quiarrivent par l'entranement faire que leur corpscontinue vivre, mme aprs l'arrt du pou-mon. Certains individus peuvent rester enterrspendant des mois; ils continuent vivre sans res-pirer. Mais, pour le commun des mortels, la res-piration constitue lo mouvement grossier princi-pal du corps. Pour parvenir aux mouvementsplus subtils, il nous faut nous aider des plusgrossiers comme point do dpart, et cheminerlentement vers les plus subtils jusqu' ce quenous ayons atteint notre but. Le plus visible desmouvements du corps est celui des poumons; ilest comme le votant qui met toutes les autres

  • PRANA 49

    forces en marche. En ralil, Prnyma signifieta matrise de ce mouvement des poumons, le-quel est associ la respiration : et ce n'est pasque la respiration produise cemouvement, maisau contraire ce mouvement qui produit la respira-tion. Le mouvement aspire l'air la faon d'unepompe. Prna fait mouvoir les poumons, et lemouvement despoumons aspire l'air. Desorte quePrnyma n'est pas la respiration elle-mme,mais la matrise du pouvoir musculaire qui metles poumons en mouvement. Ainsi, ce pouvoirmusculaire, transmis aux muscles parles nerfs,et par les muscles aux poumons, qu'ils meuventd'une manire dlermine, estle Prna qu'il nousfaut savoir dominer pour pratiquer lePrnyma,Une fois matres de ce Prna, nous nous aperce-vrons aussilt que toutes les autres manifesta-tions de Prna, dans le corps, tomberont lente-ment sous notre contrle. J'ai vu, de mesyeux,des hommes qui ont su matriser peu prstous les muscles de leur corps. Et pour quoin'en serait-il pas ainsi ? Si je domine certains demesmuscles, pourquoi nepourrois-jepas dominertous mes nerfs et tous mes muscles? Quelle im-possibilit y aurait-il cela ?Actuellement, cettedomination n'existe plus et le mouvement estdevenu automatique. Nous ne pouvons pas

  • 60 RAJA YOGA

    remuer les oreilles volont mais nous savonsque les animaux le peuvent. Nous n'avons pasce pouvoir, parce que nous no cherchons pas l'avoir. C'est l tout simplement de l'atavisme.

    Nous savons encore que des mouvements quisont devenus latents peuvent tre appels de nou-veau se manifester. Par un travail assidu etpar la pratique, on arrive se rendre tout faitmatre de certains mouvements du corps, mmeles plus endormis. En raisonnant do ta sorte, nousarrivons dire qu'il est, non seulement pas im-possible, mais encore probable, que nous puis-sions nous rendre absolument matres de cha-que parlie de notre corps.

    Le Yog y arrive par le/Vd/jdf/rma. Quelques-uns d'entre vous ont peut-tre lu que, selon lePrnyma, vous devez, quand vous respirez,remplir tout votre corps do Prna. Dans la tra-duction anglaise, on donne Prna le sens de res-piration , et vous tes tent de demondercommentil peut en tre ainsi. La traductioncsl mauvaise;on peut remplir chaque parlie du corps de Prna,de celle force vitale, et, cela fait, on domine lecorps tout entier. Alors, non seulement l'onpourra matriser parfaitement toute motadio ettoute misre du corps, mais encore sero-t-oncapable de dominer lo corps d'un autre. Tout est

  • PRANA 61

    contagieux en ce monde, le bien comme le mal.Si votre corps est nerveusement tendu, il seraport produire chez d'autres un tat nerveuxsemblable au sien. Vous tes fort el bien por-tant et ceux qui vivent vos cts ont une ten-dance devenir eux aussi forts cl sains;'soyezau contraire malade et faible, et voire entouragetendra devenir faible et malade comme vous.Les vibrations de votre corps seront en quelquesorte transmises un autre corps. La premirepense d'un homme qui cherche en gurir unautre est simplement de lui transmettre sa pro-pre sant. Et c'est l ta forme primitive de l'artde gurir. Consciemment ou inconsciemment, tasant peuttre transmise. Un homme trs robustefortifiera l'homme faible auprs duquel il vivra,que celui-ci le veuille ou non. Cette action estd'autant meilleure etrapide qu'eecstconscicntc.Nous savons que dons certains cas un hommequi n'est pas trs bien portant, peut pourtantdonner de ta sant un autre. Cet homme dominealors davantage le Prna; il peut, pour un tempsdonn, l'augmenter en quelque sorte, l'amener un certain tat de vibration et le transmettre un tiers.

    Il y a eu des exemples de cette action dis-tance; mais en ralit il n'existe pas de distance,

  • 52 RAJA YOGA

    si l'on veut attribuer ce mot lo sens d'inter-ruption, do rupture. Quelle est la distance quin'impliquepas une solution de conlinuit? Y a-t-ilquelque chose de semblable cela entre vous etle soleil? Ce qu'il y a, c'est une masse continuede matire; le soleil est un des points de celtemasse et vous un autre. Exisle-t-il uno interrup-tion entre les diffrentes parties d'une mmerivire? Et alors pourquoi toute force ne pour-rait-elle pas se transmettre? Aucune raison nes'y oppose. Les cas o cela se produit sont par-faitement rels, et lo Prna peut tre transmis de trs grandes distances; seulement, pour uncas de transmission vritable, il y a des centainesde tromperies. La chose n'est pas aussi facilequ'elle le semble. Vous pouvez constater quedans les cas les plus frquents de gurison, lesgurisseurs profitent simplement de lo sant g-nralement bonne du corps humain. 11n'existepas de maladie qui tue la majorit des personnosqu'elle frappe. Mmo pendant une pidmie decholra, si, pendant quelques jours, la mortalitatteint 60 p. 100,le nombre desdcs tombe bien-tt 3o ou 30 p. 100, et le surplus des maladesse rtablit. Voici un mdecin allopalhe, qui pros-crit sa mdication ; en voici un autre, homopathe,qui, son tour, donne ses conseils et gurit

  • PRANA f>3

    peut-tre plus de malades parce qu'il n'a pastroubl leur conomie et qu'il a laiss la naturefaire son oeuvre; le gurisseur par la foi russiramieux encore parce qu'il apportera la force desa pense pour aider supporter le mal ; il sti-mulera, par la foi, le Prna engourdi du patient.

    Mais les gurisseurs par la foi commettentconstamment uno erreur : ils croient que c'est lafoi elle-mme qui gurit directement le malade.Elle ne suffit pas elle seule. Il y a certainesmaladies, dont la pire manifestation consiste enco que le malade ne s'en croit pas atteint. Celteprofonde croyance du malade est, en soi, un dessymptmes de son mal, et indique en gnralqu'il mourra promplemcnt. Le principe de tagurisonpar la foi n'est pas applicable aides caspareils. Si ta foi pouvait gurir tous les cas,elle gurirait bien ceux-l aussi. Mais c'est lePrna qui est lo source de la vritable guri son.L'homme pur, qui a domin ce Prna, peut pro-voquer chez ce dernier un certain tat de vibra-tion, transmissible d'autres, et qui veille eneux des vibrations similaires. L'on constate celadans les vnements de tous les jours. Jo suisen train de vous parler. Quel est mon but? Ilest, pour ainsi dire, de chercher mettre mapense en un certain tat de vibration ; et plus

  • 61 RAJA YOGA

    j'y russis, plus je vous impressionne par le tan-gage que je vous tiens. Vous savez bien tousque ce sont les jours o je suis le plus enthou-siaste, que vous jouissez le plus de nos cause-ries ; lorsque je le suis moins, au contraire, votreintrt semble faiblir.

    Les tres dous de formidables forces de vo-lont, ceux qui remuent le monde, peuvent porterleur Prna un tat de vibration intense, si forte,si puissante qu'elle subjuge les autres en un ins-tant ; ces tres attirent alors eux des milliersde gens, et la moiti du monde adopte leurpense. Les grands prophtes possdaient auplus haut degr ta matrise du Prna, et c'est coqui leur donnait une force de volont consid-rable. Leur Prna avait atleint son plus hautdegr de vie, et il en rsultait pour eux le pou-voir d'entraner le monde. Toutes les manifes-tations de puissance naissent de cette domina-tion. Les hommes peuvent en ignorer les causessecrtes ; telle est pourtant la seule et vritableexplication.

    Parfois, ta provision de Prna qui est en nousafflue plus ou moins vers tel ou tel point denotre corps, l'quilibre est alors rompu, et docelte rupture do l'quilibre du Prna s'ensuitun tat particulier que nous nommons mata-

  • PRANA 65

    die . Pour gurir cette maladie, il faut ou sup-primer le Prna superflu, ou en fournir l o ilmanque. Et c'est encore Prnyma qui nousenseigne reconnatre qu'en telle ou telle partiedu corps il y a trop ou trop peu de Prna. Nossensations deviendront si subtiles et si fines qu'ilnous sera permis de sentir qu'il y a dans notreorteil ou notre doigt moins de Prna qu'il y endevrait avoir et de leur fournir ce qui en man-que. Telle est une des fonctions varies du Pr-nyma. On ne peut, apprendre ces fonctionsque lentement et graduellement. Le grand butde Rja Yoga est donc, vous le voyez, d'ensei-gner ta matrise et la domination du Prna sousses formes diverses. Un homme, en concentrantses nergies, devient matre de son proprc/Vd/ta.La mditation est aussi, chez l'homme, une ma-nire de concentrer le Prna.

    L'ocan est form de vogues normes sem-blables desmontagnes, devogues moinsgrosses,puis de plus en plus petites, jusqu' n'lre plusque de simples ondulations, mais au fond desunes comme des autres est l'ocan infini. L'on-dulation d'une part, la vague immense d'autrepart, se rattachent toutes deux l'ocan infini. Demme, le gant et le nain se rattachent tousdeux l'ocan infini de l'nergie; ceci constitue

  • 56 nAjA YOGA

    le droit commun de toute crature. Toute mani-festation do la vie cache une provision d'nergieinfinie. C'est, l'origine, un peu de fange, ouquelque toute petite bulle microscopique, quipuise sans cessc cette inpuisablesource d'ner-gie, et qui lentement, trs lentement, se trans-forme, pour devenir, grce au temps, d'abordune plante, puis un animal, puis cnsuilo unhomme, et finalement Dieu. Il faut des millionsd'oeons pour en arriver l, mais qu'est-ce que letemps? Une course plus rapide, une lutte plusintense peuvent diminuer d'autant ta distance.

    Le Yogi dit que tel travail qui, normalement,demande beaucoup de temps, pourra tre ac-compli d'autant plus vile que l'effort sera plusintense. L'homme qui puisera lentement et sanscesse, dans la masse infinie, l'nergie qui existedans l'univers, mettra cent mille ans peut-tre,pour devenir un devo, cinq cent mille pourmonter plus, et, qui sait? cinq millions d'annespour devenir parfait. Plus il s'lvera vite, moinsil lui faudra do temps pour atteindre ce but.Pourquoi n'orriverait-il pas la perfection ensix mois ou en six ans? Il n'y a pas de limita-tion de temps pour cela et l'exprience lo prouvo.Voil uno machine qui, avec uno certaine quan-tit de charbon, parcourt deux lieues l'heure ;

  • PRANA 67

    donnez-lui plus de charbon et elle fera la routeen moins de temps. De mme, pourquoi notreme ne pourrait-elle pas, en intensifiant sonaction, atteindre au but dans ta vie prsente?Tous les tres finiront par s'lever la perfec-tion que nous connaissons. Mais qui se soucied'attendre tous ces millions d'oeons? Pourquoin'atteindrait-on pas le but immdiatement, dansce corps-ci, sous la forme humaine? Pourquoids maintenant la science infinie, l'infini pou-voir ne me seraient-ils pas donns?

    Tel est l'idal du Yogi ; toute la sciencede Yogatend vers ce seul but : apprendre aux hommes gagner du temps en augmentant l'effort; rendrele pouvoir d'assimilation plus intense et abrgerde la sorte le temps qu'il faut pour atteindre laperfection, au lieu d'avancer petits pas en at-tendant que toute l'humanit se soit dveloppeet soit devenue parfaite. Que sont tous les grandsprophtes, les saints, les voyants de ce monde?Ils ont, dans l'espace d'une simple vie, vcutoute lo vie de l'humanit, franchi tout le tempsqu'il faut l'humanit normale pour atteindre la perfection. En celte vie ils se perfectionnenteux-mmes, ils n'ont point d'autres penses, res-pirent dans ce seul espoir, et ne vivent jamaisun instanl pour une autre ide; ils abrgent ainsi

  • 68 RAJA YOGA

    le chemin. Voil ce que veut dire se con-centrer , rendre l'action ou l'assimilation intenseet gagner du temps. Or, Rja Yoga est ta sciencequi nous apprend acqurir ta puissance de con-centration.

    Quel rapport y a-t-il entre le Prnyma etle spiritisme ? Le spiritisme est aussi une mani-festation du Prnyma. S'il est vrai que lesesprits des morts existent, sans que nous puis-sions les voir, il est tout fait probable que descentaines et des millions d'enlrc eux vivent icimme et que nous ne pouvons ni les voir, ni lessentir, ni les loucher. Peut-tre ne cessons-nounpas de passer et de repasser par leurs corps, elpeut-tre aussi ne nous sentent-ils et ne nousvoient-ils pas. C'est un cercle dans un cercle, ununivers dans un univers. Seuls peuvent se voirceux qui sont sur le minc.plan. Nous avons cinqsens et chacun de nous reprsente le Prna dansun tat dtermin de vibration. Tous les tresdont l'tat devibration sera semblable se verrortentre eux, mais ceux dont le Prna vibrera undegr plus lev chapperont la vue despremiers. Nous pouvons accrotre l'intensit deIn lumire jusqu' ce qu'il nous devienne impos-sible do voir, mais il peut y avoir des tresau regard assez puissant pour supporter l'clat

  • PRANA 59

    de celle lumire. Aussi bien, quand les vibrationssont trs faibles, y a-t-il certaine lumire que nousn'arrivons pas discerner, tandis qu'il est desanimaux, comme les chais ou les hiboux qui lepeuvent; notre limite de vision correspond unniveau diffrent du Prna. L'atmosphre, purexemple, se compose de couches superposes;mais les couches les plus proches dota terre sonlplus denses que les couches suprieures, et l'at-mosphre devient de plus en plus lgre mesureque vous vous levez. Plus l'on descend profon-dment dans l'ocan cl plus la densit de l'eauaugmente; les animaux qui vivent au fond de lanier ne peuvent monter sa surface, car ils ypriraient.

    Reprsentez-vous l'univers tout entier commeun ocan d'lher, qui vibre sous l'action duPrna, cl qui est form de couches superposesvibrant chacune plus ou moins intensment;dans les couches extrieures, les vibrations sontmoindres; elles deviennent do plus en plus ra-pides mesure que l'on s'approche du centre etet chaque catgorie, ou mode de vibration, cons-titue un plan. Figurez-vous tout cela comme uncercle donllc centre serait ta perfection ;plus vousvous loignez du centre, plus les vibrations seralentissent. L'corce extrieure csl la matire,

  • 60 RAJA YOGA

    puis vient l'intelligence, enfin l'esprit,qui formele centre. Supposez ensuite que ces tendues devision soient dcoupes en tranches, une cat-gorie de vibrations se produisant tant de mil-lions de lieues, une autre tant de millions delieues plus haut, et ainsi de suite. Il est parfai-tement certain alors que ceux qui vivent au niveauqui rpond un certain tat de vibrations aurontle pouvoir de se reconnatre les uns les autres,mais ne pourront reconnatre ceux qui se trouventau-dessus ou au-dessous d'eux. Cependant, demme qu'au moyen du tlescope ou du micros-cope nous pouvons accrotre l'intensit de notrevue, et voir des vibrations (dus ou moins nom-breuses, de mme chaque homme peut s'ame-ner lui-mme l'tat de vibration de ta catgorievoisine et voir ainsi ce qui s'y passe. Supposezque celte pice soit pleine d'tres que nous nevoyions pas. Ils reprsentent certaines vibra-tions dans le Prna et nous en reprsentonsd'autres. Admettez encore qu'ils reprsentent lesvibrations rapides et nous les lentes. Ils sonlcomposs de Prna, au mme titre que nous;eux et nous faisons parlie du mme ocan dePrna, et seule l'intensit des vibrations diffre.Si je peux arriver vibrer plus rapidement, jechangerai immdiatement de niveau; je ne vous

  • PRANA 01

    verrai plus, vous disparatrez pour moi et lesautres se montreront mes yeux. Quelques-unsparmi vous savent peut-tre que ce que je vousdit est vrai. Dans le Yoga, le fait d'amener l'intel-ligence un tat de vibrations suprieures, s'ex-prime par le mot Samdhi. Tous ces tats devibrations suprieures, de vibrations sub-cons-cientes de l'intelligence, sont groups en ce seulmot : Samdhi et les tats infrieurs de Sam-dhi nous font voir ces tres. Dans l'tat le pluslev de Samdhi nous voyons lo vraie chose,nous voyons de quelle manire sont compossces tres tous les degrs; et quand nous con-naissons ce morceau d'argile que voici, nous con-naissons toute l'argile de l'univers.

    Nous voyons ainsi que le Prnyma renfermetout ce qui est vrai, mme dans le spiritisme. Demme vous remarquerez que toujours, l o unosecte ou une association cherche dcouvrirquclqucchose d'occulte, de mystique ou dcoch,c'est toujours ce Yoga, cette tentative do dominerle Prna qui s'exerce. Vous verrez que chaquefois qu'il se produit une manifestation de pouvoirextraordinaire, c'est ce Prna qui est enjeu. Lessciences physiques elles-mmes peuvent trecomprises aussi dans le Prnyma, A quoi estd le mouvement de lo machine vapeur? Au

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  • (52 RAJA YOGA

    Prna agissant par la vapeur. Que sont tous cesphnomnes lectriques sinon lo Prna ?Qu'est-co que la science physique? C'est le Prnymapar des moyens extrieurs. Le Prna lorsqu'il semanifeste comme un pouvoir mental no peut tredomin que par des moyens mentais. La partiedu Prnyma qui tente de dominer les manifes-tations physiques de Prna, par des moyensphysiques, se nomme science physique etla partie du Prnyma qui lche de dominer lesmanifestations de Prna comme force mentale,par des moyens mtaphysiques, s'appelle RjaYoga.

  • CHAPITRE IV

    LE PRNA PSYCHIQUE

    Les Yogs disent que l'pine dorsale est lesige de deux courants nerveux auxquels ilsdonnent les noms d'A/d et de Pinyal.

    Ils nomment Sushumn un canal creux qui enforme le centre. A l'extrmit infrieure de cecanal se trouve ce qu'ils appellent le Lolus duKundalint . Ils le dcrivent comme tant d'uneforme triangulaircct disent qu'il renferme un pou-voir quo le langage symbolique des Yogis d-signe sous le nom de Kun