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L’équipe des Nouvelles vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année ! URGENCE : reconstruire l’espérance, les communistes engagent le débat Jeudi 17 décembre 2015 - N° 2129 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2129

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Nouvelles N° 2129 du 17 déc.

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Page 1: Nouvelles N° 2129

L’équipe des Nouvelles vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année !

URGENCE : reconstruire l’espérance, les communistes engagent le débat

Jeudi 17 décembre 2015 - N° 2129 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 17 décembre 2015

ACTUALITÉ

Une grève des facteurs en Gironde, soutenue par la CGT FAPT 33, a perturbé la distribution des plis électoraux pour le 2e tour de l’élection régionale en Aquitaine, Limousin, Poitou Charente.« Dans une période de fort trafic notamment en colis, la grève des Facteurs est motivée par l’obtention d’une rémunération spécifique pour la distribution des plis électoraux, du fait de la charge de travail supplémentaire générée », a expliqué le syndicat.« La Poste a touché 60 millions d’euros nationalement pour la distribution des plis électoraux par le ministère de l’intérieur. Lors des négociations dans le cadre des préavis de grève, La Poste a refusé l’attribution d’une prime pour les facteurs. La Poste donne la consigne, pour ce vendredi 11 décembre, de ne distribuer que les plis électoraux, la presse, les recommandés, les colissimos et les chronoposts. Ce qui veut dire que le courrier ordinaire quotidien ne sera pas distribué ce jour là, violant le principe de mission de service public inscrit dans la constitution ! »Les facteurs d’Arcachon (50 %), Gujan Mestras (100 %), Pessac (30 %) et Villenave d’Ornon (100 %) se sont déclarés en grève illimitée.

Non au travail du dimanche

La CGT FAPT 33 organisait également une distribution de tracts aux usagers de La Poste, le mardi 15 décembre à partir de 11h30 à Bordeaux Mériadeck contre la distribution des colis le dimanche 20 décembre 2015, pour la qualité de service public postal due aux usagers 6 jours sur 7 du lundi au samedi, l’amélioration des conditions de travail des postiers et la distribution de tous les colis du lundi au samedi durant cette période.

GREVE DES FACTEURS EN GIRONDE

Plis électoraux non distribués

COMITÉ NATIONAL CHÔMEURS ET PRÉCAIRES CGT

Pour le maintien de l’ouverture des agences Pôle-EmploiLa Direction Générale de Pôle emploi a décidé, de façon unilatérale et contre l’avis des organisations syndicales, de fermer les portes de ses agences tous les après-midis. Une façon de masquer le manque de moyens en personnels…Seules les personnes ayant rendez-vous peuvent avoir accès à Pôle emploi. (Consulter les offres, demander une information sur leur indemnisation, bénéficier d’une aide à la mobilité pour se rendre à un entretien d’embauche…). De plus l’ouverture sur les matinées -bien que maintenue- sera fortement dégradée  : les usagers qui se présenteront ne seront reçus sans rendez-vous que pour des questions liées à l’indemnisation. Pour toute question liée à l’emploi, ils se verront renvoyés vers un rendez-vous ultérieur.Dans un premier temps, quatre régions sont concernées. Picardie, Corse, Guyane et Franche comté. La mise en œuvre continuera ensuite nationalement. Avec leur syndicat CGT, les agents Pôle Emploi demandent le maintien du service les après-midis afin que le service public puisse continuer à remplir ses missions et répondre aux besoins des usagers, demandeurs d’emploi et employeurs de main d’œuvre.Le Comité CGT Chômeurs rejoint les agents du ser-vice public de l’emploi, et demande la réouverture des agences pôle emploi l’après-midi.

Pétition en ligne sur

change.org

SMIC

Seulement 6 euros de plus en 2016Fanny Douamyarou, L’Humanité du 15 décembre

PURITANISME ET CINÉMA

La Vie d’Adèle perd son visa d’exploitation

Salaires. Le gouvernement a confirmé, hier, que pour la troi-sième année consécutive, il ne donnera pas de « coup de pouce » au smic, arguant que « l’impôt reste l’outil le plus juste » pour favoriser le pouvoir d’achat.

Hier matin, devant la Commission nationale de la négociation collec-tive (CNNC), qui rassemble État, syndicats et patronat, la ministre du Travail Myriam El Khomri a confirmé que, pour la troisième année consécutive, le gouvernement ne procéderait à aucun « coup de pouce » en faveur du smic, le salaire minimum, qui concerne 1,7 million de salariés du privé (11,1 % d’entre eux). En fait, le gouvernement a tout de même concédé 0,1 % de hausse par rapport à la progression qui au-rait dû s’appliquer mécaniquement, hors coup de pouce. Depuis 2013, le mode de calcul additionne le taux d’inflation hors tabac pour les 20 % de ménages les plus modestes (- 0,1 %, cette année) et la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire ouvrier de base – ouvrier et employé (+ 0,6 %). La hausse légale du smic aurait dû être de 0,5 %, mais le gouvernement l’a portée à 0,6 %. Au 1er janvier 2016, les smicards toucheront 1 466,62 euros brut, au lieu de 1 457,52 euros.

« Dans le contexte actuel, nous consi-

dérons qu’un ‘‘coup de pouce’’ n’est pas la meilleure solution pour augmenter le pouvoir d’achat, compte tenu de ses effets sur le coût du travail, et donc l’emploi », a justifié la ministre, car, pour l’exécutif, « l’outil le plus juste pour favoriser le pouvoir d’achat et pour réduire les inégalités reste l ’ impôt ». Au nom de l’emploi, l’État compense la faiblesse des salaires dans les entreprises. La ministre s’est toutefois dite sensible aux fins de mois difficiles dans les foyers modestes. Pour preuve, elle sera « très attentive à ce que des négociations s’ouvrent partout où les minima conventionnels seront inférieurs au smic, parce que ça n’est pas acceptable ». Une préoccupation touchante, mais qui ne changera rien pour les salariés concernés, puisque dans les branches où les grilles de salaires commencent sous le smic, les employeurs sont tenus de respecter le salaire minimum légal…

« Le gouvernement continue comme s’ il ne s’ était rien passé », a fustigé hier Jean-Claude Mailly, leader de FO, tandis que Pascal Debay, pour la CGT, qualifiait d’« affligeant » le choix de l’exécutif. Au passage, le gouvernement a confirmé que sa réforme du Code du travail, atten-due début 2016, maintiendra le smic dans le « socle de droits intangibles » qui ne sera pas renvoyé à la négocia-tion. Selon l’AFP, le gouvernement prépare « un ensemble de mesures

nouvelles pour l’emploi » qui seront mises en place « rapidement ». Il faut craindre un nouveau train de mesures de flexibilité.

Cela se passe en France et c’est grave. Saisie par une associa-tion catholique réputée proche de l’extrême-droite, la justice a annulé le visa d’exploitation du film d’Abdellatif Kechiche, palme d’Or au festival de Cannes en 2013.

Dans une décision rendue publique mercredi 9 décembre, la cour admi-nistrative d’appel de Paris a deman-dé à la ministre de la Culture Fleur Pellerin de « procéder au réexamen de la demande de visa » du film dans un « délai de deux mois ». La cour a estimé que La Vie d’Adèle, long-mé-trage d’Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sorti en 2013, qui raconte une pas-sion amoureuse entre deux jeunes femmes, comporte « plusieurs scènes de sexe présentées de façon réaliste, en gros plan » qui sont « de nature à heurter la sensibilité du jeune public ». De ce fait, la ministre « ne pouvait, sans commettre d’erreur d’apprécia-tion » au regard de la loi, « accorder un visa d’exploitation comportant une interdiction limitée aux mineurs de 12

ans », ajoute-t-elle. Comme pour le film de Gaspar Noé, Love, en août dernier, le ministère de la Culture a immédiatement annoncé son inten-tion d’introduire un recours devant le Conseil d’État.

La justice avait été saisie par l’asso-ciation Promouvoir, proche des milieux catholiques traditionalistes d’extrême-droite et de son avocat et cofondateur, André Bonnet, ancien responsable du MNR de Bruno Mégret, qui estimait que le film aurait dû être interdit aux moins de 18 ans. L’association Promou-voir, créée en 1996, avait été déboutée en première instance, en septembre 2014, par le Tribunal administra-tif de Paris de sa demande d’annulation du visa d’exploi-tation du film. Procédurier accompli, André Bonnet n’en est pas à son coup d’assai. Au magazine Première, André Bonnet expliquait l’objet de son association : « défendre la dignité de la personne humaine et protéger les mineurs, à tra-vers la «promotion des valeurs

judéo-chrétiennes» »…

Dans un communiqué, l’ARP, la société des auteurs-réalisateurs-pro-ducteurs a réagit vivement à la déci-sion de la justice : « Nous ne pouvons nous satisfaire de voir la culture et la liberté de création soumises au joug des tendances moralistes », une décision qui « donne raison aux arguments honteux d’une association résolument obscurantiste ».

C’est ce que coûterait un vrai coup de pouce au Smic, de 1 143 euros à 1 500 euros. L’équivalent de l’aug-mentation des dividendes versés aux actionnaires des seules entreprises du CAC 40 sur un an…

milliards d’€9

Nombre de salariés qui étaient au SMIC début 2015. En hausse de plus de 60 000 par rapport à 2014.

Avec + de 30 %, c’est dans « l’ héber-gement et la restauration » que la part, en pourcentage, des salariés au Smic est la plus importante, suivi du secteur « Santé humaine et action sociale », près de 25 %, et des « Autres activités de services » avec plus de 20 %.

million1,7

INTE-CE / SECOURS POPULAIRE

Une belle soirée de solidarité

L’association ABICE*, les CE de Aquitanis, Atos, BNP Paribas, CAL, CPAM, Orange SO, Sabena technique, La Monnaie de Paris et Thales services, avec les animateurs de l’UCPA, le soutien matériel des villes de Bordeaux et Mérignac, ont offert une soirée de magie à 850 personnes (parents et enfants) accompagnées par le Secours populaire de la Gironde.S’adressant à la salle au nom de l’Inter-CE, marie-Dominique Moreaux a évoqué les événements dramatiques du 13 novembre à Paris, affirmant que la meilleure réponse est « de vous accueillir ce soir au Palais des Congrès pour participer à l’Arbre de Noël de l’inter-CE. » « Cette année, a-t-elle rappelé, c’est aussi l’occa-sion de fêter les 70 ans du Secours populaire et les 10 ans de collaboration entre ABICE et le SPF. »« Nous essayons chaque année d’innover, de faire du beau, du féérique, du spec-taculaire et je pense que cette année, de nouveau, vos CE ont fait le bon choix et nous sommes heureux de partager avec vous ce moment de fêtes qui fait rimer Noël avec solidarité. Après le spectacle, nous vous invitons à rejoindre l’espace de convivialité ou le goûter et les animations de l’UCPA feront de ce moment privilégié qu’est Noël un instant de plaisir, de fraternité, de détente et d’échange que nous souhaitons comme un de ces moments de partage qui nous manque parfois ». Une invitation reçue par des applaudissements nourris. À la sortie du spectacle, le Royaume des glaces, enfants et parents avaient des étoiles plein les yeux.

* Association créée par les CE pour promouvoir le développement culturel et touristique auprès des salariés

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Les Nouvelles 17 décembre 2015 • 3

EditorialACTUALITÉ

Ma campagne… des questions

Comme pour tous les communistes, cette cam-pagne aura été un saut d’obstacles permanent, mélangeant construction d’un rassemblement avancé autour d’un contenu porteur de réponses alternatives aux attentes des citoyens, dans un espace de démocratie piétinée par toutes les forces libérales, jusqu’à l’horreur du 13 novembre.

Ma campagne, dans ces bouleversements, je l’aurai menée avec des communistes et citoyens debout et rassemblés.

Cette force dynamique commençait à interpeller nos concitoyens sur les véritables enjeux de cette élection, y compris ce déni de démocratie autour d’un découpage territorial voulant éloigner les gens de ce pouvoir institutionnel, formaté pour la construction d’une autoroute Europe –Région – Métropole répondant à l’avidité des puissances financières.

Nos discussions, nos rassemblements, comme celui de Bègles, rendaient lisibles ces avancées idéologiques, même si cela restait fragile.

Et puis vint ce 13 novembre, cette horreur humaine, politique, effaçant de beaucoup ces tous premiers pas de rassemblement populaire. Touchés, meur-tris mais toujours debout, après quelques jours de deuil ce combat reprenait, mais avec des questions touchant à notre positionnement devant l’attitude équivoque du gouvernement.

Pourquoi ne pas avoir interpellé ces dirigeants, et par delà nos concitoyens, sur la justesse démocra-tique de maintenir ces élections aux dates prévues, sachant que le poids de l’émotion, justifiée, ferait vaciller les consciences ?

Pourquoi notre parti n’a pas su éclairer sur tous les dangers que portait l’état d’urgence, quel que soit le positionnement de nos élus dans leur fonction particulière ?

Nous retrouvons là cette question permanente depuis des dizaines d’années : comment faire vivre les spécificités du parti et de ses élus du peuple, ou alors se posera toujours, en contradiction anta-gonique, le rôle et l’utilité de nos élus, pourtant si nécessaires.

Bien sûr, j’évacue ici les questions idéologiques de recomposition sociétale ultra conservatrice dans notre pays, comme celles du rassemblement popu-laire qu’il nous revient de construire ou reconstruire.

Ce qui est sûr, pour moi, c’est que ce combat si difficile, mené par les militants de la transforma-tion sociale lors de cette élection, nous laisse le pouvoir, les moyens, avec les citoyens rencontrés, d’assumer cet enjeu de reconstruction, et ce n’est pas rien face à toutes les velléités libérales de recomposition politique.

Max GuichardMembre du Comité

exécutif du PCF 3

COP 21

L’accord de Paris affiche bien mais agit peuavec Reporterre.netSignal politique important, l’ob-jectif de limiter le réchauffement en dessous de 2 °C ne fait pas tout. Sensible à la menace des États-Unis de ne pas l’endosser, il s’est vidé de sa substance autant que de sa contrainte.

Portée juridique de l’accord

L’accord de Paris, qui devrait rentrer en vigueur en 2020, compte 17 pages. Il est précédé d’une « décision » de la Conference of parties de 22 pages, dans laquelle sont précisés certains points de l’accord, ainsi que l’action à mener avant 2020.La décision de COP a un pouvoir juridique relativement faible : elle peut être contredite par la décision de la COP suivante.En revanche, l’accord constitue un traité, s’il est ratifié par 55 pays repré-sentant 55 % des émissions, et c’est un acte juridique international dont les dispositions engagent les États qui le ratifient.Cependant, la force juridique d’une proposition dépend de plusieurs critères – place et formulation. Une proposition peut être contraignante si elle se trouve dans un article ou non contraignante si elle est placée dans le préambule de l’accord. Elle peut être contraignante si elle est formulée au présent ou au futur simple mais pas contraignante si elle est formulée au conditionnel. Mais, de toute façon, la contrainte est toute politique, puisque l’ONU ne prévoit pas de sanction pour les mauvais élèves.

Ne pas dépasser 1,5°C, sans date et sans moyens

Les pays se sont fixé un objectif de long terme réellement ambitieux :

« [Contenir] l’ élévation de la tempéra-ture moyenne de la planète nettement en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et [poursuivre] l’action menée pour limiter l’ élévation des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels ».Cette mention à une limite de 1,5°C a été portée par les pays les plus vulné-rables au changement climatique, en premier lieu les petits États insulaires, qui ont réussi à imposer leur volonté face aux réfractaires (Arabie Saoudite, en premier lieu). Cependant, l’accord ne spécifie aucun moyen véritable pour atteindre cette ambition.Les États ne devront plus émettre de GES qu’ils ne seraient pas capables d’absorber (en plantant des forêts, en changeant de pratiques agricoles de sorte à améliorer le stockage du carbone dans le sol, etc.). Chaque État doit se donner des objectifs de réduction des émissions de GES, indiqués dans une contribution nationale remise à la Convention-cadre des Nations Unies sur le chan-gement climatique (CCNUCC). Aujourd’hui, 189 pays ont remis leurs contributions.Mais ces efforts nationaux addi-tionnés ne suffisent pas à contenir le réchauffement sous la barre des 2°C, a fortiori de 1,5°C, comme le reconnaissent les parties. Un cycle de révision de cinq ans des contri-butions nationales a donc été inscrit dans l’accord mais le premier bilan mondial des contributions nationales n’aura lieu qu’en… 2023. Un peu tard pour rectifier le tir.

Pas d’action concrète pour limiter les émissions

Les moyens concrets de lutte contre le changement climatique sont éjectés de l’accord et renvoyés à des décisions ultérieures des COP (la prochaine aura lieu en novembre 2016 à Mar-

rakech, au Maroc), à la portée juri-dique moindre. Les énergies renou-velables ne sont mentionnées que dans le préambule de la décision, et seulement en ce qui concerne les pays en développement et en particulier l’Afrique. Rien sur les émissions liées aux transports maritimes et aériens, ni sur les énergies fossiles.

Victimes, les pays pauvres privés de recours juridique

Tout a été bordé pour que les recours juridiques des pays en développement contre les pays développés, pour les obliger à assumer leurs responsabili-tés de pollueurs historiques, soient quasiment impossibles.En 2009, lors de la conférence de Copenhague, les pays développés avaient promis aux pays en dévelop-pement de leur fournir 100 milliards de dollars de financements climat, chaque année à partir de 2020. Les pays en développement étaient arrivés à la COP21 avec trois revendications relatives à ces 100 milliards : la garantie d’arriver à rassembler cette somme ; le respect d’un équilibre entre aide à l’atténuation (déploie-ment d’énergies renouvelables, par exemple) et l’aide aux projets d’adap-tation aux changements climatiques (construction de digues pour lutter contre la montée du niveau des mers, par exemple) ; la promesse que ces 100 milliards constitueront un plancher, régulièrement rehaussé après 2020.La somme de 100 milliards associée à la notion de plancher a été rejetée de l’accord et reléguée dans la décision de COP. Rien non plus sur le fait que ces financements seront addition-nels à l’aide au développement déjà apportée, ce qui laisse craindre que certains se contenteront de requalifier en « financements climat » l’aide déjà apportée par ailleurs.

Tandis que les gouvernants finalisaient, samedi au Bourget, l’accord sur le climat, les peuples manifestaient, à Paris, pour plus de justice clima-tique. Avec pour mot d’ordre, « On ne lâche rien », la société civile a transformé Paris en terre de résistance. Naomi Klein, invitée à la tribune du dernier rendez-vous de la journée au Champ-de-Mars, l’a bien compris. « Paris a repris la rue, c’est son pouvoir ! » a-t-elle lancé à la foule. Au terme d’une journée militante, festive, Jon Palais, porte-paroles de Bizi ! a appelé à la mobilisation : « Les gouvernements ont failli à leur tâche. Nous décrétons l’état d’urgence climatique ! ».

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4 • Les Nouvelles 17 décembre 2015

2 ND TOUR RÉGIONALES 2015

ALPC

Une victoire du PS sur fond de recomposition politique

Avec 44,1% des suffrages, le socia-liste Alain Rousset devance nette-ment sa rivale de droite Virginie Calmels, l’adjointe d’Alain Juppé (34,2%). Le PS, avec son allié EELV, seule liste à gauche ayant pu fusionner au second tour, conserve ainsi la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Jacques Colombier, le candidat Front national, obtient 21,7% des voix, un score inférieur à celui obtenu au premier tour.

Le PS aura 90 sièges et les écologistes 17 dans la nouvelle assemblée, la droite, 47, le FN, 29. Le président de la nouvelle région sera élu le 4 janvier.« Une victoire riche d’enseignements dans un contexte de marée montante irrésistible du FN ! se réjouit le député socialiste Gilles Savary, sur les réseaux sociaux. Sans doute la qualité de vie de cette Région y est-elle un peu pour quelque chose, mais c’est la seule qui a porté un socialiste en tête dés le pre-mier tour dans une Région recompo-sée dont 7 des 12 départements sont à droite depuis les dernières élections départementales ! »« Quand on regarde les résultats du premier tour et plus encore du second, poursuit-il, on observe qu’il a fait la décision sur Calmels dans des villes de droite, en se payant le luxe d’arriver en tête dans les 12 départements et même à Bordeaux dans le jardin de Juppé et de Calmels ! C’est clair, l’Aquitaine s’est gagnée au centre, même si les reports à Gauche ont été irréprochables ! Il n’y a qu’à Paris que nos amis fron-deurs sont encore habités d’un appel mystique pour la peau de chagrin de la Gauche de la Gauche ! Hollande serait bien avisé de susciter la création d’un nouveau Parti de centre Gauche pour siphonner les voix de la Droite modérée, sans avoir besoin de se prosterner devant les Morin, Lagarde et Bayrou, en d’obscures combinai-sons d’anciens combattants dont les français sont lassés ! » Cela a le mérite d’être clair, on parle bien d’une recomposition politique que le secrétaire départementale du PCF qualifie de « majeure ».« Ne pensez pas que ce gouvernement est sourd à ce qui s’est exprimé dans les urnes, il l’a très bien entendu, affirme Sébastien Laborde. Il vise sa réélection en 2017 et parie comme la droite sur le fait d’affronter le FN. Il doit donc séduire l’électorat centriste et de droite, pas les millions d’élec-teurs de gauche qui ne se déplacent plus que quand il y a péril, ils se déplaceront en 2017 quoi que fasse ce gouvernement. La droite elle, fait le même pari, et

hésite soit à s’adresser elle aussi à l’électorat centriste, soit à essayer de reconquérir un électorat populaire de droite qui vote aujourd’hui Fn. Elle est en train de faire les deux.Donc droite et Parti socialiste vont tirer le débat à droite durant 18 mois. C’est une recomposition poli-tique majeure qui est à l’oeuvre, le tripartisme qui est en train de tuer la gauche.Cette stratégie nous mène tout droit dans le mur. Quand je dis nous, je parle du monde du travail et de la création, des salariés, des jeunes, de celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre. »Le responsable PCF de la Gironde in-vite les communistes et tous ceux qui souhaitent les rejoindre à construire une nouvelle espérance collective, à repenser la gauche, le rassemblement, l’action politique, le débat, le progrès, la justice sociale, la démocratie, le partage des richesses, l’accès aux savoirs et à la culture, la laïcité.

BOURGOGNE- FRANCHE-COMTÉ

34,7%

NORMANDIE

36,1% 36,4% 27,5%

ÎLE-DE-FRANCE

42,2% 43,8% 14%

BRETAGNE

51,4% 29,7% 18,9%

AQUITAINE- LIMOUSIN- POITOU-CHARENTES

44,3% 34,1% 21,7%

LANGUEDOC- ROUSSILLON-MIDI-PYRÉNÉES

44,8% 21,3% 33,9%

NORD-PAS-DE-CALAIS-PICARDIE

57,8% 42,2%

PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

PAYS-DE- LA-LOIRE37,6% 42,7% 19,7%

CENTRE-VAL-DE-LOIRE

35,4% 34,6% 30%

DIVERSGAUCHE

GAUCHE

DROITE

RÉGIONALISTE

FN

TOTAL GAUCHE32,1%

TOTAL DROITE40,2%

RÉGIONALISTE0,5%

FN27,1%

RÉSULTATS NATIONAUX

zoom sur la région ALPC

CHARENTE- MARITIME

DEUX-SÈVRES

VIENNE

CHARENTE

GIRONDE

LOT-ET- GARONNE

LANDES

PYRÉNÉES- ATLANTIQUES

DORDOGNE45,87%

46,77% 33% 20,23%

38,18% 36,39% 25,43%

41,17% 34,61% 24,22%

42,50% 36,82%

20,68%

47,77% 32,67% 19,56%

38,70% 30,37%

47,85% 35,20% 16,95%

42,26%

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Les Nouvelles 17 décembre 2015 • 5

2 ND TOUR RÉGIONALES 2015

ÉTAT DES LIEUX APRÈS LE 2E TOUR

Derrière le bleu et le rose, le FN grignote l’espacepar Sébastien Crépel, mardi 15 décembre, l’Humanité

Progression du FN qui crève son plafond de 2012, victoire par défaut de la droite, délabrement de la gauche dont le recul drama-tique en voix rend urgente une complète refondation loin des recompositions politiciennes à courte vue électorale…

Les 3,85 millions d’électeurs en plus à s’être rendus aux urnes, dimanche, ont sans doute évité une catastrophe au pays, avec l’élection de présidents et de majorités Front national dans une à trois régions, si ce n’est plus. Le sursaut de par-ticipation observé (58,4 %, + 8,5 points par rapport au premier tour) a ainsi réconforté ceux qui redoutaient une complète banali-sation du FN au point de le laisser s’emparer, dans l’indifférence, de leviers importants du pouvoir.

Plus 11 points de votants en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine ; + 10 en Bourgogne-Franche-Com-té, Centre-Val de Loire et Langue-doc-Roussillon-Midi-Pyrénées ; + 9 en Auvergne-Rhône-Alpes et Normandie ; + 8 en Corse, Île-de-France et Paca ; + 7,5 en Pays de la Loire ; + 7 en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes et + 6,5 en Nord-Pas-de-Calais-Picardie…

Pourtant, le paysage électoral montre une réalité plus préoccu-pante que ce que laisse apparaître la carte des couleurs politiques des nouveaux exécutifs régionaux (sept régions à droite pour cinq à gauche, et une aux nationalistes corses). État des lieux d’un scrutin.

La droite ne progresse vrai-ment que dans deux régions sur treize

Avec sept rég ions sur t reize emportées dimanche (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Nord-Pas-de-Calais-Picar-die, Normandie, Pays de la Loire, Paca), qui agglomèrent douze anciennes régions sur 22, soit un gain de onze régions (elle dirigeait la seule Alsace jusqu’à présent), la droite a procédé à un rééquilibrage spectaculaire dimanche. Avec 40,2 % dimanche, contre seule-ment 31,7 % le 6 décembre, soit un gain de 3,2 millions de voix entre les deux tours, la droite « Les Républicains » (LR)-UDI-Modem apparaît confortée. Observés de près, les résultats montrent pour-tant une tout autre réalité.

Si on compare les résultats d’un second tour des régionales à l’autre, la droite apparaît considérable-ment gênée par les triangulaires provoquées par le FN dans toutes les régions cette année (contre « seulement » dans 12 sur 22, il y a cinq ans). Le score de la droite est en baisse dans six régions sur treize : Bourgogne-Franche-Comté (32,9 %, -3 points), Bretagne (29,7 %, -3), Centre-Val de Loire (34,6 %, -1), Corse (27,1 %, -1), Languedoc-Roussillon-Midi-Py-rénées (21,3 %, -9), toutes régions qu’elle a échoué à conquérir, et même en Pays de la Loire qu’elle a pourtant conquise (42,7 %, -1). Dans deux autres régions qu’elle a gagnées dimanche, sa victoire a masqué la modestie des progrès : c’est le cas en Île-de-France (43,8 %, + 0,5 sur 2010, en duel face à Jean-Paul Huchon à l’époque) et en Normandie (+0,2).

Si on ôte enfin les trois régions où ses gains sont essentiellement imputables à l ’effet du « front républicain » sur ses candidatures (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Nord-Pas-de-Calais-Pi-cardie, Paca), la droite ne progresse substantiellement que dans deux régions sur treize : Aquitaine-Li-mousin-Poitou-Charentes, restée à gauche, mais où Virginie Calmels obtient 34,1 % (+ 2 points sur 2010), et surtout Auvergne-Rhône-Alpes, où Laurent Wauquiez, qui a enlevé la région au PS Jean-Jack Queyranne, obtient 40,6 % (+ 5 points sur 2010). Pas de quoi plas-tronner, ni en tirer de validation définitive d’une ligne plus ou moins droitière ou centriste.

FN : pas de région, mais de l’élan pour 2017

Pas besoin de chercher loin le coupable du relatif échec de la droite républicaine à retrouver ses scores de 2010 : les voix que le Front national a siphonnées au premier tour, l’extrême droite les a conservées au second, où elle était qualifiée partout. Pis, avec un score à peu près équivalent à celui du 6 décembre (27,1 %, contre 27,7 % une semaine plus tôt), dans un contexte de participation en nette hausse, c’est plus de 800 000 voix supplémentaires qu’a engrangées le FN dimanche (6,82 millions), crevant son plafond de la présiden-tielle de 2012, où Marine Le Pen avait recueilli 6,42 millions de voix. Un nouveau record pour le FN, qui relativise le soulagement que les

progressistes et les démocrates ont pu ressentir à le voir échouer dans sa conquête d’exécutifs régionaux.

Reste la réalité crue : à part en Île-de-France et en Corse, le FN gagne partout des voix entre les deux tours, dans une fourchette allant de 16 000 électeurs supplémentaires dans les Pays de la Loire à 172 000 en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Pour Marine Le Pen, avec un tri-plement du nombre de conseillers régionaux FN (356 contre 117 jusqu’alors, et qui seront, pour l ’anecdote, autant de parrains potentiels d’une candidature pré-sidentielle sur les 500 à réunir), ces régionales sont donc, sinon une consécration, en tout cas un trem-plin pour 2017. C’est d’ailleurs vers cette échéance que s’est propulsée la représentante de l’extrême droite dès dimanche soir, son parti comp-tant s’appuyer sur cette « nouvelle étape dans la progression et l’ancrage territorial du FN », selon son secré-taire général, Nicolas Bay.

À gauche, la carte des régions masque la calamité des chiffres

Avec cinq régions conservées, les apparences jouent en faveur de la gauche. Mais là aussi, les taches roses et bleues sur la carte de France sont trompeuses. D’abord, parce que le score des listes de gauche est une calamité au plan national : avec 32,1 % des voix dimanche soir, elles font jeu égal avec le résultat du second tour des départementales de mars, une triste référence en la matière, et accusent un retard de plus de cinq points sur leur score du premier tour (37,5 %, toutes listes de gauche confondues). Malgré la hausse de la participation, la gauche perd donc 60 000 voix entre les deux tours, dépassant à peine les 8 millions d’électeurs, dimanche. Le désistement du PS pour faciliter le barrage au FN dans deux régions (Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca) comptant ensemble 4,7 mil-lions de votants dimanche dernier a certes pesé dans la balance.

Dans le détail, si la gauche récolte des voix supplémentaires entre les deux tours dans la plupart des onze régions où elle était présente, ses listes ne parviennent pas à faire mieux en pourcentage que son total du premier tour dans la plupart d’entre elles (avec des variations de +/- 1,8 point près). À trois notables

exceptions : Corse et Normandie (deux régions qu’elle perd), où l’on constate un fort recul par rapport au premier tour (respectivement -6 et -3 points), et la Bretagne (+ 4 points).

La comparaison est particuliè-rement cruelle avec les résultats du second tour de 2010, puisque la gauche perd de 15 à 25 points dans chacune des dix régions où ses partis avaient officiellement maintenu des listes (compte non tenu, donc, de la liste divers gauche de Jean-Pierre Masseret en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, qui n’avait le soutien d’aucun grand parti).

Ces résultats sont intéressants car ils font litière de certains arguments, comme celui brandi par le PS du défaut d’union dès le premier tour qui aurait coûté la victoire à la gauche. Les chiffres montrent que l’équation à résoudre était sensi-blement plus compliquée. Alors que les électeurs des listes du Front de gauche et d’Europe Écologie-les Verts (EELV) se sont massivement reportés sur les listes conduites par le PS au second tour (à plus de 80 %, selon Ipsos), et malgré le sur-saut citoyen de l’entre-deux-tours, cela n’a pas suffi, dans six régions sur onze, aux listes de la gauche rassemblée pour passer devant la droite (ou devant les nationalistes en Corse). Et si la gauche sauve cinq régions au final, deux l’ont été in extremis (moins de 9 000 voix et 0,85 point d’écart en Centre-Val de Loire, et 20 000 voix et 1,8 point en Bourgogne-Franche-Comté).

C’est donc un chantier d’une autre nature que celui de l’addition de ses forces à telle ou telle échéance élec-torale qui attend la gauche. Alors qu’on reparle du possible « dépasse-ment » du PS dans un nouveau pôle « réformateur », qui aurait vocation à répondre à la nouvelle « triparti-tion » du champ politique – une expression reprise par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis – en rassemblant du centre à l’aile gauche du PS en passant par les écologistes dans un parti démocrate à la française, d’autres à gauche appellent à ne pas esquiver le débat sur le fond des orientations mises en œuvre. C’est le cas du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, qui appelle à « sortir la gauche et le pays du piège du tripartisme » en s’extrayant « de l’austérité et des dogmes du libéra-lisme ».

CORSE

28,5% 27,1% 35,3% 9,1%

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

36,8% 40,1% 22,5%

BOURGOGNE- FRANCHE-COMTÉ

34,7% 32,9% 32,4%

ALSACE-CHAMPAGNE-ARDENNE-LORRAINE

15,5% 48,4% 36,1%

PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

54,8% 45,2%

zoom sur la région ALPC

VIENNE

HAUTE- VIENNE

CHARENTE

CORRÈZE

LOT-ET- GARONNE

CREUSE

DORDOGNE45,87% 30,19% 23,94%

44,02% 37,64% 18,34%

24,22%

42,79% 36,13% 21,08%

30,37% 30,93%

34,86% 22,87%

45,70% 34,40% 19,90%

Page 6: Nouvelles N° 2129

6 • Les Nouvelles 17 décembre 2015

EN DÉBAT

ASSISES ET AGORAS DE L’HUMANITÉ

Un appel de Patrick Le Hyaric, directeur du journal l’Humanité

À PROPOS DE LA GAUCHE

Hervé Le Corre : quel choc ?En ce funeste lundi 7 décembre, l’Humanité titre à propos de la progression du Front national aux régionales : Le Choc. Sûr, ça tape, en une. C’est censé électriser le lecteur, le gifler, le tirer de son apathie. Faire vendre un peu plus son quotidien préféré, qui, comme on sait, en a grand besoin.

De fait, si on sort d’une cure de sommeil de six mois, on peut en effet redouter qu’une catastrophe majeure s’est produite : attaque terroriste, chute d’une météorite, tsunami sur la Côte d’Azur, meurtre de masse en direct à une heure de grande écoute, bref, qu’a surgi un de ces événements terrifiants qui nous saisissent et font vaciller autour de nous les quelques repères qu’à grand-peine on a réussi au fil des ans à se construire. Face à l’imprévisible, à l’imparable, à l’improbable (mais pas impossible, la preuve tous les jours…), on se trouve en état de sidération, de stupeur (même étymologie que stupide : on fait dans ces cas-là comme on peut), ou même d’urgence, et l’on peut se laisser fléchir, on peut perdre de sa capacité de réflexion ou de critique, on peut même dire des bêtises, le genre de propos qu’on regrette aussi-tôt qu’on les a proférés. Bref. Le choc. L’état de choc. Le coup sur la gueule au coin d’un bois, la tuile qui tombe du toit, l’intolérable accident dont serait victime le gus se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment.

Or, rien n’est plus éloigné de la situation merdeuse dans laquelle nous nous trouvons au lendemain de ce premier tour d’élections. Ou bien alors faut-il assimiler ce choc dont parle l’Huma à la pichenette qui met KO un boxeur déjà dans les cordes après dix rounds de branlée ininterrompue.

Le Front national ? Depuis quand ce qui n’était qu’un groupuscule fasciste, ramassis d’anciens waffen-ss, de nostalgiques pétainistes et de terro-ristes de l’OAS, dirigé par un ancien parachutiste tortionnaire, depuis quand ce parti, fosse septique de la droite française, a-t-il commencé sa progression, depuis quand aligne-t-il les succès électoraux, chaque fois interprétés comme autant de chocs qui auraient dû alerter démocrates et républicains, comme s’auto-dé-signe depuis des années l’aréopage politique des « gentils » ?

Depuis combien de temps le PS et les avatars successifs du parti « gaulliste » jouent-ils avec le feu, dînent-ils avec le diable, usant de cuillères de plus en plus courtes, jusqu’à plonger le groin dans la même gamelle dégueulasse ? On ne va pas refaire ici l’histoire des complaisances, de la bienveillance, puis de l’alignement pur et simple sur les thématiques sécuritaires et racistes dont ces politiciens se sont rendus coupables au fil des ans et des événements prétextes.

Et quant au fond : depuis combien d’années les politiques économiques et sociales, partagées par ces deux

tendances du néo-libéralisme, ra-vagent-elles notre pays, et l’Europe tout entière ?

Le terreau est là. Le fumier macère à l’ombre des discours lénifiants. La Bête s’en gave, elle engraisse, elle se fortifie, elle prospère. SOUS NOS YEUX. Qui ne l’a pas vue venir chuchoter à l’oreille de la classe ouvrière (27 % des syndiqués à la CGT votent FN, 35 % des salariés : sondage paru dans l’Humanité de ce jour, 8 décembre) ? Qui n’a pas compris, depuis des années, et dit, et écrit que la première insécurité, la sociale, faite de précarité, de pressions et de harcèlement au travail – lieu de toutes les violences –, de chômage, évidemment, de peur de l’avenir, pour soi-même, pour les enfants, était la matrice de toutes les intolé-rances, les peurs, les violences dont on se sent porteur à l’égard de l’autre, l’étranger, l’immigré, le réfugié ? Combien d’articles, d’études, de comptes-rendus, de livres, n’ont-ils pas été publiés sur l’effondrement des solidarités, sur la victoire idéologique de la peste néo-libérale, semence de toutes les méfiances, les haines, les désarrois dont le Front national ré-colte aujourd’hui la moisson brune ?

C’est sans parler de la complicité ac-tive, consciente, mais toujours niée au nom de la fameuse (fumeuse ?) déon-tologie, des grands médias ? Chaque jour était imposée ( et ce n’est qu’un début…) à des téléspectateurs déso-rientés, confortés dans leur paresse intellectuelle (cousine de la bêtise, mais pas seulement, et là s’ouvre sans doute un débat sous-jacent), la pré-sence des dirigeants d’extrême-droite débitant leurs raisonnements biaisés et leurs arguments pervers, réduits le plus souvent à des éléments de lan-gage, comme on dit, proches du slo-gan facile à mémoriser et à réutiliser, usant d’une rhétorique simpliste mais efficace qui recourt au mensonge et aux constats manipulés et tordus. Chaque jour les chiens couchants des radios et télés leur apprenaient, mine de rien, à utiliser l’outil médiatique, à huiler leur discours, à instiller la désespérance haineuse dans des esprits déjà désinformés, déstabilisés par la propagande libérale du TINA (le « There Is No Alternative » de Thatcher).

Voilà pour le prétendu choc, qui n’est jamais, et c’est de toute façon tragique, que la goutte d’eau qui fait déborder le vase que chacun a vu se remplir.

Et aujourd’hui, il faudrait que les électeurs aillent faire barrage au FN ? Quel barrage quand les terres sont déjà submergées ? Au nom de quel salutaire réveil quand on n’était pas endormi ? Pour empêcher quoi qui ne se soit déjà produit ?

Dans bien des régions, le PS en appelle au reste de la gauche (bref : à la gauche, la nôtre) pour faire cause commune. Avec nos 5 % au plan national, laminés, inaudibles, nous ne serions plus, désormais, que les supplétifs d’une opération de survie ? C’est à cela que toutes les luttes,

tous les efforts militants, toutes les espérances que nous avons nourries seraient réduits ?

On ne va pas tarder, si ce n’est déjà fait, à nous parler de résistance. On cuisine le mot à toutes les sauces quand on ne sait plus quoi dire ni surtout quoi faire. On en appelle aux mânes de l’Histoire, aux fusillés, déportés, combattants de l’armée des ombres, seulement armés d’un courage fou, porteurs du feu au plus profond de la nuit. Mais ces rappels allusifs de cette époque, de ces com-bats, ne disent plus rien aux jeunes générations. Ces imprécations, pour bouleversantes qu’elles soient au cœur de nombre d’entre nous, n’ont plus d’écho au sein d’une jeunesse qui, par définition, est toute tournée vers l’avenir. Vers un avenir sans horizon d’attente. Et c’est là que le bât blesse, et c’est là-dessus que nous avons failli. Alors on peut toujours se rassurer avec nos cultes anciens, fleurir nos mau-solées, pratiquer cette archéologie émouvante, ça revient à se raconter des souvenirs au coin du feu, l’hiver.

Sauf que l’hiver est bien là (méta-phore pourrie, dans le contexte de réchauffement climatique) et qu’il risque de durer longtemps, et l’invo-cation de nos fantômes tant aimés ne servira jamais à conjurer la société de morts-vivants qui se construit autour de nous.

La question a été maintes fois posée, mais il faudra désormais y répondre vraiment, s’il n’est pas déjà trop tard : comment, pourquoi la gauche (une fois de plus, et pout toutes : il n’est pas, il n’est plus question ici du Parti socialiste) est-elle incapable de faire naître chez ceux qui aujourd’hui se trompent de colère une quelconque espérance ? Quels rendez-vous avons-nous manqués avec le peuple, les salariés, les jeunes ? Quelles ruptures n’avons-nous pas osé effectuer avec les vieux modèles ? Je pense à celui, mortifère, qui nous entraîne dans le gouffre, de « l’union de la gauche » face-à-face stérile et faux-cul avec les socialistes ; je pense au productivisme industriel, norme conçue par le capitalisme et qu’adoptèrent les pays du « socialisme réel » ( le genre de réel qui tue tous les rêves !), et dont nous sommes encore prisonniers dans nos analyses communes.

L’année 2015 aura été une année noire. Une de plus, en fait. Du coup d’État financier de l’Europe en Grèce et l’effondrement d’une belle espérance, jusqu’aux attentats terroristes de janvier et novembre, en passant par le désespoir des réfugiés qui fuient le chaos et la guerre pour mourir en Méditerranée ou s’épuiser sur les routes des Balkans, et j’en laisse et j’en oublie…, ces derniers mois auront infligé à nos espoirs des défaites terribles.

Alors, dans ces conditions désas-treuses, que sera 2016 ? Rien de bien enivrant, sans doute. Ce seront les douze derniers mois avant 2017, les élections, et un autre « choc » qui devrait nous assommer et nous laisser pour de bon sur le carreau ?

« À un rythme régulier, des conférences avec des intervenants de grande qualité seront organisées dans des lieux publics pour que se rencontrent nos lectrices et lecteurs et, bien au-delà, tout citoyen en recherche d’une alternative à cette société cadenassée. »Les désastreux résultats des élections régionales, qui viennent après d’autres, sont la conséquence d’une longue bataille idéologique entamée, au cœur de la crise générale, par les forces réactionnaires contre tout ce qui fait le progressisme à la française. Cela fait des années que des forces qui ont table ouverte dans les médias travaillent à déconstruire le récit français, son histoire, sa révolution, sa résistance, ses progrès sociaux et démocratiques. La vie intellectuelle du pays est noyée par les petites phrases et les postures, par la promotion ardente des idées les plus rétrogrades, tandis que les pen-seurs progressistes sont ignorés, que les syndicalistes sont dénigrés, que les partis politiques sont déclarés hors-jeu pour faire place nette au gouverne-ment de l’argent roi. Tout cela s’avère d’une grande efficacité, jusqu’à effacer de nombreuses consciences l’idée même d’un possible progrès qui, pour d’autres, s’incarne aujourd’hui dans le soutien à l’extrême droite.Cette situation alarmante et dange-reuse est confortée par les bruyants échos d’un monde disloqué. La menace terroriste, la guerre, les replis identitaires et religieux s’adjoignent à une funeste offensive financière transnationale. Comment ne pas voir que sur ce terreau disparaissent chaque jour un peu plus des parcelles d’humanité, que la pensée humaniste et progressiste s’assèche au profit du radotage identitaire et inégalitaire maquillé en « bon sens » ? Des alterna-tives et résistances existent mais peu visibles et souvent étouffées.

Il est temps de penser active-ment le monde qui cherche et peine à naître

Suivant l’adage de Marx selon lequel « le mouvement de la pensée n’est que le reflet du mouvement réel », nous allons nous mettre à la disposition d’une contre-offensive idéologique et culturelle. Nous allons aider toutes les bonnes volontés à engager un intense travail de réflexion sur l’état du monde et de notre société, interroger les contradictions à l’œuvre, les progrès technologiques, aux potentiels consi-dérables, phagocytés par des intérêts égoïstes, le travail qui subit des muta-tions spectaculaires et pose de nou-

veaux défis à l’intelligence humaine, l’état de notre modèle républicain qui exclut au moins autant qu’il fédère, la recomposition chaotique de la géopo-litique mondiale.Il est temps de penser activement le monde qui cherche et peine à naître, de mobiliser les intelligences pour construire les bases d’un nouveau projet de société, d’aider nos conci-toyens à s’emparer des grands enjeux contemporains. C’est en ce sens que nous créons un espace de réflexion, de débat, de pédagogie, de partage des connaissances et du savoir.À un rythme régulier, des conférences avec des intervenants de grande qua-lité seront organisées dans des lieux publics pour que se rencontrent nos lectrices et lecteurs et, bien au-delà, tout citoyen en recherche d’une alter-native à cette société cadenassée. Des penseurs, des intellectuels, des syn-dicalistes et responsables politiques, divers dans leurs approches et leurs parcours, faisant autorité dans leurs domaines respectifs, seront sollicités sur les grands thèmes dont il faut parler aujourd’hui pour dégager des issues progressistes.

La première rencontre se tien-dra le samedi 9 janvier autour du thème de la République

Cette initiative prendra le nom des Agoras de l’Humanité, dans le prolon-gement de ce que nous faisons depuis longtemps à la Fête de l’Humanité.La première rencontre se tiendra le samedi 9 janvier prochain au musée de l’Histoire de l’immigration, autour du thème de la République, aujourd’hui si malmenée et dévoyée.Une journée pour penser la Liberté, l’Égalité et la Fraternité en compa-gnie de Pierre Rosanvallon, Cynthia Fleury, Benjamin Stora, Michel Terestchenko, Michèle Riot-Sarcey et Sophie Wahnich.Elle sera précédée, le vendredi 8 janvier au soir, d’une discussion organisée par les Amis de l’Humanité, à la Maison des métallos à Paris, avec Régis Debray, Marie-José Mondzain et Charles Silvestre.Penser la situation présente pour trans-former le monde en sollicitant toutes les intelligences libres reste la plus belle réponse que nous puissions opposer à l’obscurantisme assassin comme aux idées brunes qui se déploient dange-reusement.C’est aussi l’étape indispensable pour construire le projet émancipateur qui frappe à la porte.

Page 7: Nouvelles N° 2129

Les Nouvelles 17 décembre 2015 • 7

EN DÉBAT

Les communistes organisent des assemblées d’adhérents dans les sections pour analyser les résultats des 1er et 2e tour des élections régionales. D’ores et déjà, des initiatives sont programmées pour le mois de janvier.PCF BORDEAUX. Vendredi 15 janvier : Présentation des Voeux de Vincent Maurin, suivi d’un Repas de section. PCF BÈGLES. Tout au long du mois : Galettes républicaines dans les quartiers. Fin janvier, présentation des voeux et Repas de section fin janvier.

INITIATIVES COMMUNISTES

Rendez-vous de janvier

Les dons sont limités à 7 500 € par personne

Les versements ouvrent un droit à déduction de 66% du don dans la limite de 20% des revenus nets imposables.

Ainsi, un don de 100 € permettra une réduction d’impôt de 66 €

Je verse ……………………………… € (ma remise d’impôt sera de 66% de ce montant)

Nom-Prénom ………………………………………………

Adresse ……………………………………………………

………………………………………………………………

Chèque à l’ordre de ADF PCF 33

Retournez à PCF - 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux

APPEL À LA SOUSCRIPTION

M. FOURMOND Clément, BèglesMme PAYO Angèle, Castets-en-DortheM. Brisset Jacques, CadillacMme VEGA Marie, BordeauxM. GORSE Pierre, TalenceMme ELORRI Sophie, BordeauxM. TARIS Ludovic, BordeauxMme SENTEX Fabienne, BordeauxM. MAUD Philippe, BordeauxM. GRAND Francis, CanejanM. LATRY Guy, EysinesM. & Mme RIZALDOS Pablo, Le TeichM. BORDES J-Jacques, Bordeaux

M. ALMEIDA Joaquim, Ambarès-et-LagraveM. ARAUZO J-Fraçois, St-André-de-CubzacMme BEUGNETTE Ghislene, St-Médard-en-JallesM. BROUSTE Michel, Mouliets-et-VillemartinM. MARTOS Antoine, St-GervaisM. GERMY Janick, GajacM. BLONDEAU Achile, Lege-Cap-FerretMme SEGURA Andrée, Carbon-BlancM. GROS Serge, Carbon-BlancM. FLIPO J-Luc, Carbon-BlancMme FLIPO Marie-Therese, Carbon-Blanc

Ils ont donné : 1 926€

BORDEAUX

Repas de sectionVendredi 15 janvier, 20h, salle Pierre Tachou, Bacalan

Réservation : [email protected] // 06 88 96 87 03

• Vendredi 8 janvier, 18h. Emission Radio d’Espaces Marx à RIG 90.7 animée par Joël Guérin, Jean Casset et Jean-Claude Masson qui accueillent un invité surprise… dans les locaux de RIG à Blanquefort.• Jeudi 21 janvier, 18h. Rencontres d’Espaces Marx accueille Jacques Ralite, autour de son livre « La pensée, la parole, la politique » à La Machine à Lire.

Espaces MarxRendez-vous de janvier

Ce texte est une invitation au débat, un point de départ et non un point d’arrivée.Rédigé par le Comité national du projet du Parti communiste français et rendu public le 20 mai à l’occasion du lance-ment d’une «Convention nationale du projet» (www.pcf.fr/71357), ce document rassemble des réflexions pour des nou-veaux chemins d’émancipation, il pro-pose des chantiers d’action prioritaires ou des mesures d’urgence ouverts à toutes les contributions pour les enrichir et les redéfinir.

LA FRANCE EN COMMUN

Invitation à écrire un projet d’émancipation humaine

Un site internet recueille ces contributions :contribuer.projet.pcf.fr

Ou bien ce temps que nous pouvons encore maîtriser saurons-nous le mettre à profit pour nous redresser et vaincre le pire au lieu de se contenter de l’empêcher ? La Gauche – nous tous – saura-t-elle assumer ses rup-tures, taire ses querelles que je tiens désormais pour criminelles au regard

de l’Histoire, proposer enfin des perspectives enthousiasmantes et crédibles ?

Je n’ose imaginer une réponse néga-tive à ces questions qui sont tout sauf rhétoriques.

Je n’ose pas, parce que j’ai peur. Et

que je veux, parce qu’il le faut, croire encore un peu que le pire n’advien-dra pas.

Hervé Le Corre, écrivain et profes-seur de collège, le 8 décembre 2015

ÉCONOMIE

Benjamin Coriat « À chaque élection, un cri d’alarme social est envoyé… sans réponse »entretien réalisé par Clotilde Mathieu, mardi 15 décembre 2015 l’Humanité

Pourquoi le gouvernement doit rompre avec les politiques néolibé-rales qui accroissent le chômage et nourissent le FN.Benjamin Coriat est économiste, membre des Économistes atterrés

Quelle est votre réaction au lendemain de ces élections régionales ?Benjamin Coriat. Nous venons d’assister à une séquence politique catastrophique. Pourtant, un pre-mier signal avait été envoyé lors des élections municipales. Or, le « je vous ai compris » a été d’installer le plus droitier des membres du PS, monsieur 5 %, avec la nomination de Manuel Valls. Depuis, le gouver-nement mène une politique néolibé-rale effrénée, en cassant les services publics, en libéralisant le marché du travail et en refusant toute aug-mentation des salaires. Rien n’a été entendu, y compris après les élections départementales où les Français ont envoyé un nouveau message encore plus assourdissant. C’est à chaque élection un cri d’alarme social qui est envoyé, auquel le gouvernement reste sourd. Nous assistons à une prophétie

autoréalisatrice, où les politiques néo-libérales, accroissent le chômage, avec 660 000 chômeurs de plus depuis l’élection d’Hollande, ce qui nourrit le vote FN. Ce vote d’extrême droite est interprété comme étant celui d’un corps électoral de droite, ce qui conduit François Hollande et son gouvernement à poursuivre sa stra-tégie. Valls a envoyé un message très clair, dimanche soir : pour protéger les Français, il faut plus de sécurité. Le chômage, la précarité sont passés à la trappe.

Comment expliquez-vous que le FN soit considéré comme une alternative crédible pour beaucoup d’électeurs ?BC. Leur programme se nourrit de mesures, de gauche mais essentielle-ment de droite, sans aucune cohé-rence. Leur projet ne tient pas debout mais les candidats d’extrême droite font preuve d’une telle démagogie qu’ils ont réussi à se faire passer pour le parti qui allait protéger économi-quement les Français. Sauf que ce n’est pas en se repliant sur soi-même que l’on se protège. Ce n’est ni un modèle économique ni un modèle de société viable.

Au 1er tour, plusieurs listes ont porté une alternative politique, rompant avec les théories néo-libérales. Comment expliquez-vous leur échec ?BC. Pour le moment, nous ne pou-vons que constater que cette alter-native n’est pas audible. Il y a une difficulté de la gauche de la gauche à se constituer en alternative crédible. D’abord, parce que cette voix alterna-tive est totalement émiettée : au Parti socialiste, avec les frondeurs, chez les écologistes, au Parti communiste, au Parti de gauche… Et ces différentes forces n’ont pas été capables de mar-cher en commun. Les électeurs ont compris que cette force politique n’existe pas encore et qu’elle ne peut se constituer à la va-vite au moment des élections, par le jeu des alliances. Il reste beaucoup de travail devant nous et nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Ce n’est pas un chemin simple. Mais il est possible de faire autrement. Notre site (des Éco-nomistes atterrés – NDLR) regorge de mesures qui seront efficaces pour lutter contre le chômage, la précarité et protéger les Français.

POINT DE VUE

Yves-Claude Lequin « Refonder et approfondir notre démocratie »Dans une société marquée par le recours aux nouvelles technologies de l’information et de la commu-nication, la vie démocratique et politique doit être réévaluée.

L’avenir de notre République ne repose pas seulement sur des programmes et des résultats électoraux : il dépendra (de plus en plus) d’un élargissement de notre démocratie, avec conquête, par les citoyens, de pouvoirs croissants sur et dans les « mécanismes » qui régentent nos existences et remodèlent notre société. Car la domination des grandes puissances économiques s’exerce aussi (et même d’abord) par des systèmes « techniques ». Organi-sation de la production industrielle ou agricole et du tertiaire, informa-tisation, intrusion croissante, dans nos vies et nos comportements, de systèmes « numériques » (Google, Apple, Facebook, Amazon et autres) et de « plateformes » (type Uber) qui, sous le dehors de commodités pratiques, s’interposent dans nos pensées, nos pratiques, dans les services et déman-tèlent notre organisation sociale.

Contrairement à une vision, étroite mais dominante, les grands systèmes techniques ne sont ni « neutres » ni « scientifiques » : toujours, ils sont construits sur des choix fondamen-taux (stratégies de développement, in-génierie) empreints de visées sociales, financières, politiques et idéologiques. C’est à ces choix stratégiques qu’il conviendra d’élargir la citoyenneté et la démocratie ; c’est cela que nous nommons « démocratie technique » : une démocratie souveraine à inventer, où – comme humains, comme actifs, comme consommateurs, comme citoyens – nous parviendrions à prendre ou reprendre la main sur ces systèmes « techniques » hyperpuissants qui régentent nos vies.Autrement dit, ce n’est pas ou pas seulement notre République qui est à bout de souffle, c’est la démocratie « libérale » qui tire à sa fin. Pensée au XVIIIe siècle, solidement fondée en 1789 et sous Napoléon, peu ou prou amendée par les Républiques successives, elle a conjointement instauré une délégation des pouvoirs (les citoyens délèguent leurs vœux

à des représentants, généralement issus des classes supérieures) et un système d’organisation du système social où les techniques de pouvoir sont placées hors des choix citoyens. Depuis Sieyès, Dupont de Nemours et autres libéraux des années 1770, le pouvoir économique, de plus en plus concentré, reste détenu par une caste de grands possédants, et – pour l’essentiel – il échappe aux citoyens : nous redevenons des « citoyens passifs », version Sieyès. Emploi, organisation du travail, consommation, informa-tion, loisirs, etc., nous dépendons quotidiennement de choix fondamen-taux, qui sont faits hors et loin de nos pouvoirs restreints de citoyens.C’est d’abord là, fondamentalement, que s’usent la confiance et l’espérance que portent les citoyens à nos institu-tions républicaines. Une démocratisa-tion de ces pouvoirs dits « techniques » contribuera à renouveler le contrat démocratique. Yves-Claude Lequin agrégé d’histoire

PCF

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8 • Les Nouvelles 17 décembre 2015

AUGMENTATION DE CAPITAL

AVIS DE CONSTITUTION

HOLDERGSASU au capital 1.000 € porté à

72.400 €Siège social : 113 rue des Pins Francs

33200 BORDEAUXRCS Bordeaux 804 065 308

Par délibération du 30 octobre 2015, l’associé unique a décidé :De procéder à la nomination de M. Martin SCHNAPPER, demeurant 3, avenue Georges Clémenceau à Ce-non (33150) comme commissaire aux comptes titulaire et de Mme Béatrice PREVOTEAU-OTMANI, demeurant 167, Avenue René Cassagne à Cenon (33150) comme commissaire aux comptes suppléante.De procéder à une augmentation de ca-pital de 71.400 € par apport en nature.La modification des statuts appelle la publication des mentions suivantes :Article 6 - mention complémentaire : Apport en nature de 71.400 €Article 7 - Capital socialAncienne mention : capital social 1.000 €Nouvelle mention : capital social 72.400 €Modification au RCS de Bordeaux

Pour avis, le Président

Avis est donné de la constitution d’une société dont les caractéristiques suivent :Forme : SARLDénomination : GILVASiège social : 48 rue Saint Sernin 33000 BordeauxObjet : Restauration traditionnelleDurée : 99 ansCapital : 5 000 €Gérants : M. Gilles NGUYEN demeurant 4 rue des Bahutiers 33000 Bordeaux, M. Valentin CAURETTES demeurant 67 rue des remparts 33000 Bordeaux

Immatriculation au RCS de Bordeaux

ANNONCES LÉGALES

CULTURES & SOLIDARITÉS

49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges par Jeanne R.M.

Disponible à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado

33800 BORDEAUX

14€

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

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« Non coupable » décembre 2015

Mais qu’est-ce que j’ai fait  ? Tout s’agite autour de moi, que se passe t-il, ce grand vertige, le cahot dans cette pièce, je vais tomber. Tout ce sang. Je reconnais des gendarmes, des pompiers peut-être un médecin. Le cosmos, ça hurle comme une sirène et ça bouge dans tout les sens. Mon corps est ailleurs, je ne bouge pas, où sont mes bras, mes jambes et tout ce qui me constitue ? Mon cerveau est là, j’entends le vacarme, je vois des gens comme je regarde un film défiler, je ressens et n’y peux rien.

Je crois que l’ambulance m’emmène, j’ai froid. Un pom-pier me donne des claques sur les cuisses, me demande où je suis et quel jour nous sommes. On prend mon bras pour me perfuser de ce liquide désagréable, il ouvre ma bouche pour enfiler le tube qui respire, j’ai mal. La route cabossée me malmène, je voudrais dormir et ne plus me réveiller. Tout ce sang sur les murs !

Et toi mon ange secret, où es-tu maintenant, qu’ont-il fait de toi ? Je t’avais préparé cette petite couverture rose pour que tu n’aies pas froid dans ton pays de paix et de douceur, j’espère que tu es bien. J’ai aimé notre aventure à tous les deux, c’est le meilleur moment de ma vie, enceinte. J’aime être enceinte, partager pendant quelques mois ce rêve de paradis où tu ne souffres pas. Dans mon ventre depuis le début, tu vis et je te protège. Il ne t’arrivera aucun malheur, tu y seras bien. Tu manges, tu dors, tu joues et je suis là pour t’entourer. Neuf mois de bonheur intense qui nous appartiennent et que personne, aucun dieu, ne nous prendra. Tu me donnes ces petits coups de pieds, tu me tends ton dos à caresser, tu hoquettes pour mon plus grand plaisir, indicible, inaudible. Tu es ma vie, mon bonheur, j’aimerais que nous restions ainsi unis l’éternité durant et mourir avec toi dans moi.

J’ai accumulé tous les malheurs, croisé la malfaisance, subi les violences. J’étais enfant quand personne ne me protégeait et tous profitaient. J’ai imaginé qu’un autre monde fut possible dans ce réel qui défile comme un goutte à goutte sans saveur. Et pourtant il n’y a que toi, dans mon ventre protégé qui me donnera tout ce qui m’a manqué. Nous sommes deux et je t’aime à la hauteur de ce que je veux de meilleur pour toi, un monde avec une maman qui te tient chaudement dans ses bras, un papa qui joue et t’apprend, un enseignant qui te fera grandir, une société dans laquelle tu t’épanouiras. Ce monde idéal que je ne connais pas, nous le vivrons tous les deux pendant neuf mois. C’est beaucoup neuf mois dans ma vie, tu me fais le plus beau cadeau, le plus doux de toute mon existence.

Tu ne peux pas naitre, tu ne dois pas voir ce jour, il est vilain et sordide. Je te protégerai de toute cette dou-leur, tu dois rester intègre et ne pas le connaitre. Reste dans les limbes, reste heureux de toute ta virginité, ta candeur et ton innocence. Tu as connu le meilleur et j’empêcherai le monde de t’approcher, de te polluer, va mon petit, mon plus grand amour. Je reste en vie pour t’éviter la souffrance de vivre. J’ai hâte de te retrouver dans mon ventre perdu. Ce coussin sera ta liberté, et je m’en retournerai en prison, définitivement en enfer.

CHRONIQUE

par Jeanne R.M.