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Naviguer pour explorer le monde Mucem Journal gratuit de l’exposition Aventuriers des mers, Méditerranée—océan Indien, VII e —XVII e siècle 7 juin—9 octobre 2017    

Naviguer pour explorer le monde...27 000hommes (des soldats, des interprètes, de nom-breux savants). Il s’agissait non pas de conquérir, mais de conduire des opérations de prestige,

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    deMucem        Journal gratuit de l’exposition Aventuriers des mers, Méditerranée—océan Indien, VIIe—XVIIe siècle 7 juin—9 octobre 2017    

  • Les richesses de l’Orient

    De nombreux peuples ont cherché à accéder aux richesses de l’océan Indien et à s’enrichir de leur commerce. L’or, les épices, l’ivoire, les porcelaines, les soieries : toutes ces richesses venues d’Inde, de Chine, de Malaisie et d’Indonésie éblouissent les hommes du Moyen Âge et suscitent toutes les convoitises.Ces grands empires ont très tôt utilisé le commerce mari-time, plus rapide que les routes commerciales terrestres, et l’océan Indien est devenu le principal marché de ces échanges. La maîtrise de la navigation était le fait de civili-sations anciennes, à une époque où les Latins ne s’aventu-raient pas plus loin que la mer Méditerranée.

    On sait par exemple que les Chinois utilisaient une aiguille indiquant le Sud pour s’orienter (la boussole sera utilisée en Méditerranée à partir du XIIIe siècle), que les habitants des îles du Pacifique construisaient aussi des cartes de

    navigation – à l’aide de tiges de feuilles de palmier – et que ce sont des habitants de Malaisie qui ont peuplé l’île de Madagascar, située à environ 6 000 kilomètres des côtes malaises au VIIIe siècle.

    C’est dans la concurrence pour accéder à cet espace convoité que se sont déroulées les grandes aventures maritimes fondatrices du monde d’aujourd’hui, entre les navigations indonésiennes, persanes et arabes, les expé-ditions chinoises et les aventures européennes.

    Les représentations du monde connuPour les Européens, la connaissance géographique de l’Orient est très sommaire jusqu’à la fin du Moyen Âge. Depuis Alexandre le Grand, on sait que de grandes civilisa-tions possèdent des richesses sans mesure avec ce que l’on trouve en Occident, mais on ne sait pas localiser la Chine et encore moins l’Indonésie. Le cœur du monde habité est constitué des terres situées sur le pourtour de la mer Méditerranée. Un océan unique enferme toute la surface de la Terre. L’Orient se situe donc dans l’une de ses marges encore inexplorées.

    Le monde musulman, qui a eu non seulement accès aux ouvrages des géographes grecs de l’Antiquité, mais aussi aux connaissances des navigateurs malais et chinois, se représente un monde plus vaste : au centre des cartes

    figure la péninsule arabique. L’océan Indien est symétrique à la mer Méditerranée et occupe la partie orientale du globe. Pour autant, ses limites restent mal connues, et il est régulièrement représenté comme une mer fermée.

    À l’autre bout de l’Orient, il est peu probable qu’on connaisse la géographie de l’Europe avant une époque tardive. L’Em-pire mongol du XIIIe siècle, qui étend son territoire du Moyen-Orient à la Chine, a sans doute favorisé des échanges réciproques de savoirs et de connaissances. Mais il est vrai que l’Europe n’exporte aucun produit manu-facturé vers l’Orient. C’est le monde musulman qui sert d’intermédiaire en achetant des produits dans l’océan Indien pour les revendre aux Méditerranéens.

    L’invention de nouvelles routes maritimesEn Europe, le monde a changé de dimension avec la décou-verte de nouvelles routes maritimes au xve siècle. Celles-ci ont permis de repousser les limites du monde connu et de définir un nouvel équilibre géopolitique et économique mondial.

    Les plus belles cartes maritimes de cette époque, destinées non pas aux navigateurs mais aux princes, aux armateurs et aux riches commerçants investissant dans le commerce lointain, représentent un monde de plus en plus précis.

    Pourtant, la découverte de ces nouvelles routes repose autant sur des hypothèses géographiques héritées de l’An-tiquité que sur des connaissances empiriques. De grands navigateurs, aussi déterminés qu’intrépides, et convaincus d’agir selon la volonté divine, ont rendu ces grandes décou-vertes possibles.

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  • L’Empire musulman entre Orient et OccidentUn territoire ouvert aux échanges

    La cartographie dans le monde musulman accompagne l’expansion de l’islam et la constitution d’un vaste empire allant de l’Espagne jusqu’en Asie centrale.L’amplitude de ces territoires a très tôt fait prendre conscience aux musulmans de la relativité de l’espace méditerranéen, en même temps que de l’étendue, de la richesse et de la puissance du dâr al-islam (les contrées où l’islam est présent), à cette époque.

    À partir de la dynastie abbasside (VIIIe—XIIIe siècle), le commerce maritime, déjà très dynamique, se structure : des agents sont envoyés dans les ports de commerce étran-gers et les ports de l’Empire prélèvent une taxe sur les marchandises qui y transitent. Les musulmans possèdent ainsi des comptoirs sur la côte est de l’Afrique, en Inde, en Indonésie et commercent même directement avec la Chine.

    Le voyage d’Ibn Battûta (1304-1377)

    Tous comme les Européens, les Arabes sont fascinés par les richesses des puissants empires qui se trouvent en Orient. En témoigne le récit du plus grand voyageur de son temps, Ibn Battûta, qui vécut au XIVe siècle et parcourut pendant plus de vingt ans l’Ancien Monde, jusqu’à la Chine en passant par la Perse, l’Anatolie, l’Afrique orientale, l’Inde occidentale, Ceylan, les Maldives, le Bengale et Sumatra. On estime qu’il aurait parcouru cent vingt mille kilomètres !

    Son récit, très vivant, décrit avec une étonnante précision les pays visités, leur géographie, leur histoire, les techniques découvertes, et Ibn Battûta prend plaisir à s’attarder sur les coutumes, les arts culinaires et la beauté des femmes.Son histoire rend compte de ce qu’était l’océan Indien au XIVe siècle : un espace organisé et connecté entre plusieurs grandes et puissantes civilisations, le plus grand marché du monde dont les Européens prennent tout juste la mesure.

    Pour aller plus loin, la librairie du Mucem vous propose :

    Ibn Battûta, Voyages (3 tomes), Paris, La Découverte, 1997

    Idrîssî, La première géographie de l’Occident, Paris, Garnier-Flammarion, 1999

    Christophe Picard, La mer des Califes, Paris, Éditions du Seuil, 2015

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    Le planisphère Sud / Nord d’Al-Idrîsî

    Ce grand planisphère est l’œuvre du géographe Al-Idrîsî, qui l’a réalisé dans les années 1150 pour le roi Roger II de Sicile. Il constitue une véritable synthèse des connaissances géogra-phiques de l’époque. La carte nous est difficile à lire car elle est orientée du sud au nord, conformément à la tradition cartographique arabe 1. Le monde habitable connu comprend l’Europe, l’Asie et une partie de l’Afrique. Un océan unique encercle l’ensemble des terres et l’océan Indien semble être une mer fermée,

    une représentation du monde héritée du géographe Ptolémée (IIe siècle apr. J.-C.), dont les Arabes ont traduit les ouvrages. La pénin-sule Arabique, située au centre de la carte, est encadrée par l’Europe et l’Afrique à l’ouest, l’Asie à l’est : un monde vaste et déjà parcouru par les musulmans. On reconnaît aussi les pays du pourtour de la Méditerranée, alors que le Nord de l’Europe est esquissé avec moins de précision. Le pourtour de l’océan Indien est également précis. À l’extrémité du monde

    connu se situent la Chine et des îles, peut-être le Japon. S’agissant de ses sources contempo-raines, Al-Idrîsî met au point une méthode rigoureuse : il interroge en premier lieu les livres de la géographie arabe, puis il vérifie l’informa-tion auprès des savants et des voyageurs expé-rimentés. Il écarte alors les informations contradictoires et dépêche des émissaires pour confirmer les dires de ces témoins.

    1. Il faut retourner le document pour lire la carte dans le sens usuel Nord-Sud.

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  • Le monde vu par les ChinoisLa puissance chinoise au XVe siècle

    La Chine est l’une des plus grandes puissances du monde médiéval, tant par les richesses qu’elle produit (la soie, la porcelaine, les produits laqués, etc.) que par l’étendue de son territoire.

    Elle commerce ainsi depuis longtemps avec les pays du Moyen-Orient, par voie terrestre ou maritime. L’immense

    empire mongol du XIIIe siècle, qui relie l’ouest du monde islamique au monde chinois, a intensifié ses échanges. Des inventions techniques, adoptés beaucoup plus tard par les Européens—comme la boussole, le gouvernail d’étambot—permettent de faire naviguer des bateaux de gros tonnage, avec une centaine d’hommes à leur bord.

    Zheng He, l’amiral des mers de l’Ouest

    L’empire chinois lance au début du XVe siècle, sous la dynastie Ming, les célèbres expéditions de l’amiral Zheng He. Nommé « amiral des mers de l’Ouest », il quitta la Chine en juillet 1405 à la tête d’une flotte de 200 navires abritant 27 000 hommes (des soldats, des interprètes, de nom-breux savants). Il s’agissait non pas de conquérir, mais de conduire des opérations de prestige, destinées à prendre contact avec de nouveaux peuples, à acquérir des connais-sances (dont la cartographie du monde connu), et à affir-mer la puissance de l’Empire chinois.

    Il y eut sept expéditions au total, durant lesquelles Zheng He explora les côtes indiennes, le sud de l’Arabie, le golfe Persique ; il atteignit aussi l’embouchure de la mer Rouge et longea l’est des côtes africaines.On évoque souvent que l’une de ses expéditions atteignit le cap de Bonne-Espérance, et ce plusieurs années avant sa découverte officielle par Bartolomeu Dias en 1488. L’empire chinois y met fin en 1436, considérant que ces expéditions coûtent plus qu’elles ne rapportent. En se retirant de l’océan Indien, les Chinois laissent sans le savoir la place libre aux Européens qui y pénètrent cinquante ans plus tard.

    Pour aller plus loin, la librairie du Mucem vous propose :

    Timothy Brooks, La carte perdue de John Selden, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2016

    Timothy Brooks, Sous l’oeil des dragons, Paris, Payot, 2012

    Patrick Boucheron (dir), Histoire du monde au XVe siècle (2 tomes), Paris, Pluriel, 2012

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    La Carte Kangnido (dite « Carte historique des pays et des villes »)

    La carte Kangnido a été réalisée en 1402 en Corée, à partir de cartes chinoises. Elle est antérieure de presque cent ans aux expéditions portugaises dans l’océan Indien. C’est l’une des plus anciennes cartes asiatiques connues qui représente l’ensemble de l’Asie avec la Corée et le Japon, ainsi que l’Afrique et l’Europe. En son centre, la Chine occupe une place prépondérante et surdimensionnée, tout comme

    la Corée. L’Europe, l’Afrique et la péninsule Arabique sont représentées de manière relativement connue. La Méditerranée, la péninsule Ibérique, l’Italie et l’Adriatique sont clairement figurées : on dénombre plus de cent indications pour les seuls territoires européens. La forme générale de l’Afrique, en particulier sa pointe sud, montre un continent que l’on peut contourner par la mer, ce

    qui n’est pas le cas sur les cartes européennes de la même époque. Si la science de la cartographie est ancienne de plusieurs siècles chez les Chinois, la carte Kangnido intègre aussi des connaissances venues du Moyen-Orient : les noms de lieux utilisés pour l’Afrique et l’Europe proviennent de l’arabe et du persan.

  • Les premières expéditions portugaises dans l’océan IndienTrouver la route de l’Inde

    L’intérêt pour la cartographie coïncide en Europe avec l’ex-pansion économique de la fin du Moyen Âge.Les expéditions maritimes dans lesquelles se lancent les Portugais et les Espagnols sont motivées par une raison unique : accéder directement aux richesses de l’Orient, contourner les routes commerciales détenues par les

    musulmans et maîtriser le très riche marché contrôlé par les navigateurs arabes, persans, indiens et indonésiens.Les Portugais choisissent de longer l’Afrique pour trouver un débouché sur l’océan Indien. Ce choix s’explique aussi par l’attrait que représente ce continent, où l’on cherche un accès aux mines d’or dont parlent les récits antiques et la Bible.

    L’expédition de Vasco de Gama (1469-1524)

    Les Portugais explorent pendant environ un siècle les côtes de l’Afrique et installent des comptoirs tout au long de la côte. Lorsque Vasco de Gama arrive dans l’océan Indien en 1498 en contournant le sud de l’Afrique, les Portugais font irruption sur les territoires de très anciennes civilisations. Ils font escale dans des comptoirs commerciaux africains et indiens développés, qui commercent avec les marchands musulmans, mais aussi juifs et italiens, en Inde.

    Si les deux expéditions de Gama sont considérées comme un succès prometteur au Portugal et dans toute l’Europe, le voyage est un échec du point de vue des relations

    diplomatiques avec le râja de Calicut. Celui-ci, déçu par les marchandises de peu de valeur que Gama lui propose – miel, chapeaux, pots de chambre – refuse les avantages commerciaux qu’il demande (expulsion des marchands arabes, installation d’une garnison portugaise) et exige le paiement de taxes commerciales dont s’acquittent tous les commerçants.

    Les Portugais, suivant une logique de conquête et de colo-nisation, mettront une dizaine d’années pour prendre, par les armes, le contrôle systématique des comptoirs com-merciaux indiens les plus stratégiques.

    Pour aller plus loin, la librairie du Mucem vous propose :

    Sanjay Subrahmanyam, Vasco de Gama, Paris, Points, 2014

    Sanjay Subrahmanyam, L’empire portugais d’Asie, Paris, Points, 2013

    Francesca Trivellato, Corail contre Diamants, Paris, Éditions du Seuil, 2016

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    L’atlas catalan

    Voici une mappemonde réalisée dans les années 1450 en Espagne, avant les Grandes Découvertes européennes. Elle représente l’Ancien Monde entouré d’un océan unique. Des données récentes y figurent : le tracé de la Chine s’appuie certainement sur les narrations de Marco Polo (1254-1324) et la forme de l’Afrique intègre les explorations récentes des Portugais sur la côte ouest (découverte du cap Vert en 1444). Avec les portraits des maîtres du désert, c’est l’une des premières

    cartes européennes à représenter le pouvoir islamique dans la région méditerranéenne. Les royaumes indiens y figurent aussi en bonne place. Pourtant, le sud du continent africain semble mystérieusement inachevé : après le golfe de Guinée, un cours d’eau relie l’océan Atlantique à l’océan Indien, mais plus bas, les terres sont étonnamment vierges d’information. Plus étonnant encore, le Paradis est figuré sur la carte, dans la corne de l’Afrique. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les chrétiens sont certains de

    son existence matérielle. Il est protégé des incursions par le mythique royaume du prêtre Jean et, au nord, par six montagnes de dia-mants d’où jaillissent des flammes. Adam et Ève y sont représentés debout, de part et d’autre de l’Arbre de vie. Des créatures hybrides et inquiétantes peuplent aussi la carte, non pas dans les contrées inconnues d’Afrique ou d’Asie, mais au nord de l’Europe !

  • Le planisphère de Cantino

    Réalisée en 1502, cette carte est l’une des plus anciennes connues à figurer les découvertes portugaises du Nouveau Monde.. La conception du monde héritée de l’Antiquité est abandon-née : la Terre n’est plus représentée sous forme de disque ovale et les premiers territoires

    découverts dans le continent américain sont situés à leur emplacement géographique réel. Les contours des Amériques laissent pen-ser qu’il s’agit d’un nouveau continent nettement séparé des Indes. Au niveau des Antilles, un passage vers la Chine semble

    possible. Ces nouvelles découvertes sont jalou-sement tenues secrètes par les pays qui les financent. La carte de Cantino est en réalité la copie d’une carte portugaise qui a été dérobée par un espion génois.

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    Explorer le Nouveau MondeUne accélération des découvertes

    Après que les Portugais eurent atteint par voie de mer pour la première fois le cap de Bonne-Espérance en 1488, la compétition pour la route des Indes entre l’Espagne et le Portugal s’intensifie en quelques dizaines d’années. Quatre ans plus tard, en 1492, Christophe Colomb, qui cherche un accès aux Indes et à la Chine par la route de l’ouest accoste

    sans le savoir aux Antilles. L’exploration du nouveau conti-nent américain progresse dans les années suivantes : l’île de Terre-Neuve au large du Canada en 1497, le Labrador en 1498, le Venezuela en 1499. Le Brésil est officiellement «découvert» en 1500…

    La découverte fortuite du Nouveau Monde par Christophe Colomb

    La prise de conscience qu’un nouveau continent a été découvert fait progressivement son chemin. Pourtant, Christophe Colomb, qui conduit quatre expéditions dans les Antilles et en Amérique entre 1492 et 1502, reste per-suadé jusqu’à la fin de sa vie d’avoir exploré des îles situées au large de la Chine et du Japon.

    Pourquoi a-t-il cherché une route des Indes à l’ouest ? Depuis l’Antiquité, des savants pensent que la Terre est ronde et cette théorie n’a jamais disparu, même au Moyen Âge. Christophe Colomb s’appuie donc sur une théorie répandue, mais il se trompe sur le calcul de la circonfé-rence de la Terre, qu’il imagine beaucoup plus petite qu’elle n’est réellement. La difficulté du voyage réside moins dans les distances parcourues que dans la possibilité de trouver des points intermédiaires de ravitaillement en eau.

    Le tour du monde accompli par Magellan

    Douze ans après le dernier voyage de Christophe Colomb, en 1514, l’équipage de Magellan achève un tour du monde initié trois ans plus tôt. Il accède aux îles du Pacifique en contournant l’Amérique par le sud, à une lati-tude bien plus basse qu’il ne l’avait imaginé. On prend alors conscience de l’étendue du monde, en particulier de la zone Pacifique que les Européens supposaient plus petite jusqu’alors.

    Le coût humain des Grandes Découvertes

    Les conditions de tels voyages constituent une véritable épreuve humaine : les équipages doivent affronter les imprévus météorologiques, les conditions climatiques extrêmes, la faim, les maladies qui déciment, les mutineries durement réprimées.Les pertes humaines ont été très lourdes : Vasco de Gama revient avec la moitié de son équipage ; parmi les 200 marins de Magellan, soixante font demi-tour au bout

    de quelques mois de voyage et seulement une soixantaine reviennent au point de départ en ayant fait le tour du monde.Les pertes humaines valent peu en comparaison des richesses rapportées par le seul bateau épargné : ses cales remplies d’épices permettent de couvrir les frais exorbi-tants de l’expédition et de dégager un bénéfice substantiel.

    Pour aller plus loin, la librairie du Mucem vous propose :

    Stefan Zweig, Magellan, Paris, Librairie générale française, 2012

    Serge Gruzinski, Les quatre parties du Monde, Paris, Seuil, 2006

    Christophe Colomb, La découverte de l’Amérique, Paris, La Découverte, 2015

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  • En lien avec l’exposition  « Aventurier des mers », un événement « L’Appel du large »Arles, Martigues, Marseille, Aubagne

    Du 1er juillet au 30 septembre 2017

    L’exposition « Aventuriers des mers » s’inscrit dans l’événement « L’Appel du large », première édition d’une mani-festation culturelle et touristique qui rassemble huit expositions et quatre villes autour d’un thème : le voyage maritime. Un itinéraire au goût iodé qui se prolonge sur terre ou sur l’eau avec une sélection de boutiques, de restaurants et d’excur-sions originales dans chaque ville.

    Un projet de Bouches-du-Rhône Tourisme.

    Balades maritimes

    Du 5 juillet au 30 août, chaque mercredi à 14h au départ de la darse du Mucem (sous réserve de modifica-tion). Durée : 2h30, Tarif : 30€

    À l’occasion de l’exposition, la tartane marseillaise La Flâneuse propose des excursions inédites au départ du Mucem. Au milieu du cadre unique de la rade de Marseille, la balade per-met de s’initier aux manœuvres à bord tout en découvrant la navigation des Anciens, avant le GPS et la carte marine.

    « Les petits aventuriers »Espace pour les 6-12 ans

    Du 8 juillet au 3 septembre 2017Fort Saint-Jean, bâtiment Georges Henri Rivière, tous les jours de 11h à 18h. Tarif enfants : 4,5€ ; pour adultes accompagnateurs : entrée libre sur présentation du billet expositions.

    Dans un espace scénographié et à l’aide d’un animateur, les petits aventuriers découvrent l’univers de la mer, apprennent à naviguer à bord d’un bateau à voile, font connaissance avec les grands explo-rateurs qui ont marqué l’histoire et suivent leurs traces à travers les grandes routes maritimes.

    En partenariat avec le service éducatif de l’Institut du monde arabe.

    Le Mucem est ouvert tous les jours sauf le mardi, le 1er mai et le 25 décembre.

    Réservations et renseignementsT 04 84 35 13 13 de 9h à 18h, [email protected]

    L’exposition est réalisée en coproduction avec l’Institut du monde arabe.

    Avec le soutien de Groupama Méditerranée et de la fondation d’entreprise Total.

    Commissariat général : Vincent Giovannoni (Mucem), Nala Aloudat et Agnès Carayon (Institut du monde arabe).

    En coproduction avecEn partenariat avec :Avec le soutien de

    Image en couverture : Dhow Zanzibar © Christine Coulange / Sisygambis