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MONTAGNE NOIRE Regards sur un patrimoine LOUBATIÈRES

Montagne noire, regards sur un patrimoine

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MONTAGNE NOIRERegards sur un patrimoine

LOUBATIÈRES

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Rien n’était plus frais et plus charmant – il y a une douzaine d’années – que la matinée d’été où, parti deMazamet de bonne heure, je gravissais lentement les pentes de la Montagne noire, après les gorges de l’Arnette,à travers la forêt d’Hautaniboul. Le soleil de huit heures pénétrait dans le sous-bois aéré d’airelles et de mûres,faisait briller de chaque côté de la route deux bandes de mousse humide, ressuyait la forêt aussi tendrementqu’une femme qui tord sa chevelure, éclairant l’une après l’autre des clairières petites et jeunettes, si fraîches etsi matinales que malgré soi au fond de chacune d’elles on s’attendait d’entendre chanter le coucou. À chaquelacet qui me hissait plus haut le long de cet espalier tout emperlé d’une rosée baptismale, la respiration se fai-sait plus légère – au nord, de plus en plus loin, sous les réseaux de la brume, on voyait s’étendre les vastes plai-nes du Castrais – et de virage en virage il me semblait que je me haussais vers les royaumes du Matin.

Julien Gracq – Lettrines – 1967 – Éd. José Corti

Pour moi, enfant né au pied de la Montagne noire, il y avait deux mondes bien distincts : la plaine ouverte, clai-re, facile… la Montagne mystérieuse et fermée… le Bout du Monde c’était la fin de l’univers connu et la portedu monde féerique…

Jean Mistler – Sorèze – Membre de l’Académie française

Nous tenons à remercier tous ceux qui ont permis la réédition de cet ouvrage, et tout particulièrement Madame Paule Carayol, Monsieur Donatien Rousseau,

ainsi que les Villes d’Arfons, d’Aussillon, de Caunes-Minervois, Dourgne, Labruguière, Sorèze et Saint-Amans-Soult.

© Éditions Loubatières, 20052e édition 200910 bis, boulevard de l’Europe – bp 2731122 Portet-sur-Garonne [email protected] 2-86266-586-3

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Loubatières

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Le Pic de Nore, vu depuis les environs de la communautéd’agglomération Castres-Mazamet.

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Les cascades de Cupserviès offrent140 m de dénivelée.

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Au seuil de Naurouze, sur un monument élevé à la mémoire de Pierre-PaulRiquet, la Montagne noire est représentée par une femme nymphe ou déesseversant d’un vase incliné une eau abondante qui se répand en deux coulées

symbolisant le partage des eaux.

C’est un massif de roches anciennes – granite, schistes, gneiss, calcaire – quiculmine au Pic de Nore (1 210 m) et s’étend des Causses du Minervois au Laura-gais, séparant la plaine de Castres de celle de Carcassonne. Le réseau hydrogra-phique se dirige d’un côté vers l’Atlantique, de l’autre vers la Méditerranée. Cesdeux influences, en lutte constante, perturbent le climat créant des dépressionssoudaines : l’Autan souffle par rafales rasantes, le vent d’ouest plus régulier, plushaut est bien sûr plus froid.

Ces contrastes se retrouvent dans le paysage. Au nord : hêtres, chênes, châtai-gniers, résineux accompagnés d’aubépines, de prunelliers, de houx, de buis, defougères, de bruyères, de myrtilles, de landes d’ajoncs et de genêts balais sansoublier les tourbes ou sagnes, sortes d’éponges gorgées d’eau qui l’été, restituentleur réserve aux ruisseaux et rivières.

Au sud se mêlent conifères, chênes verts, chênes lièges, amandiers, cerisiers,oliviers et garrigues de genévriers, arbousiers, asphodèles, cistes, lentisques, roma-rins, lavandes, thyms, serpolets et vignes du « pays bas ».

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Dans cette mosaïque végétale, le soleil façonne des décors grandioses colo-rés en automne, par les feuillus aux teintes ocre et parfois rouges. Ici et là, brillentdes micaschistes argentés, des monticules rocheux dont la lumière redessine lescontours.

De nombreux torrents dévalent le massif creusant de profondes vallées, sculp-tant des falaises abruptes d’où s’échappent quelques fois des cascades impression-nantes comme celle de Cubserviès.

Des sentiers serpentent dans les vallées, courent le long des crêtes, traver-sent des villages aux maisons de pierres sèches, aux toits de lauzes et aux ruellesdallées. Les bergeries en ruine, les murets effondrés, les empreintes des chariotssur les voies romaines, les charbonnières encore très visibles dans les sous-bois,les grottes et leurs dédales de galeries souterraines témoignent d’une présencehumaine très ancienne. La découverte de nombreuses statues menhirs et dolmensconfirme l’existence d’une civilisation mégalithique importante. L’occupation wisi-gothe reste visible dans certains sites et au Moyen Âge, des abbayes sont construi-tes à Saint-Papoul, Villelongue, La Chartreuse de la Loubatière, Caunes-Miner-vois, Sorèze, Saint-Pons ainsi que les habitats fortifiés dressés aux sommets desocles rocheux pour permettre un contrôle total sur les voies de pénétration de lamontagne : Lastours, Saissac, Saint-Denis, Mas Cabardès, Miraval, Roquefère,Hautpoul, Berniquaut…

La nature du sol, le relief, le climat, la végétation ont imposé aux hommesleur mode de vie.

La présence eau-fer-bois est déterminante pour comprendre la Montagnenoire.

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Toit de lauzes.

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Sagne, entre Lespinassière et le Pic de Nore.

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Première richesse, l’eau, présente partout, a alimenté le Canal du Midi, œuvrede Pierre Paul Riquet et a été à l’origine de toute l’économie locale – moulins àgrains, à papier, forges, foulons à laine, marteaux hydrauliques, filatures, délai-nages, mégisseries… –, le fer dont l’exploitation a commencé environ 60 ans avantJésus Christ et s’est développée pendant plusieurs siècles utilisant le charbon debois fabriqué un peu partout dans les forêts. Le bois également utilisé au XVIe etXVIIe siècle par les gentilshommes verriers sur les pentes nord du massif et dont laproduction pouvait rivaliser avec les maîtres de Murano.

L’histoire des hommes a imprégné tout le massif, les gestes des anciens sedevinent à chaque détour de chemins, ceux qui ont labouré, creusé, bâti, élevé destroupeaux, leur savoir-faire est impressionnant ainsi que leur surprenante ingé-

Une des glacières de Pradelles-Cabardès

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niosité. Comme à Pradelles où au XVIIIe siècle les premières glacières furent creu-sées dans le sol pour conserver la neige de l’hiver, sortes de puits empierrés etvoûtés, la glace ainsi obtenue était ensuite transportée la nuit dans des charretteset livrée à Carcassonne, Narbonne, Sète ou Mazamet.

Chaque génération a laissé son empreinte, les paysages ont subi des transfor-mations importantes au cours des siècles et l’histoire a soufflé parfois avec tumulte.Vallées encaissées, massifs dressés comme des barrières naturelles ont fait de laMontagne noire un refuge idéal pour les cathares, les protestants et plus récem-ment les résistants.

Cette montagne singulière a inspiré un grand nombre de poètes, écrivains,plasticiens. Raimon de Miraval, le troubadour du Cabardès, et Arnaut Vidal, néà Castelnaudary vers 1270, furent les premiers à « chanter » la montagne. Beau-coup d’autres firent partager avec leurs mots leur vécu, leurs émotions, leurs rêves,ainsi Prosper Estieu, Jean Mistler, Henri Pevel, René Rouquier, Louisa Paulin,René Nelli, Joseph Delteil, Joë Bousquet, Charles Cros, Pierre Reverdy, JulienGracq, etc.

Des artistes comme Georges Artemoff ou Dom Robert contribuèrent certai-nement à la notoriété de ce territoire.

Aujourd’hui, beaucoup de ce patrimoine exceptionnel reste encore à décou-vrir. Ce livre très documenté, même s’il n’est pas exhaustif, se veut à la fois unepréservation de la mémoire tout en témoignant de la mutation de la société ruraled’autrefois à la société contemporaine.

Paule Carayol

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Charbonnière aux Cammazes.

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Les anciens pays de l’Aude, comme d’ailleurs beaucoup d’autres régions, ontconnu une forte implantation monastique au cours du Moyen Âge. Parmi ces

établissements religieux, certains étaient situés en Montagne noire, ou du moinsdans les franges de ce massif montagneux.

Il s’agit des abbayes bénédictines de Saint-Papoul et de Saint-Pierre deCaunes, du monastère cistercien de Sainte-Marie de Villelongue et de la chartreusede la Loubatière.

L’ABBAYE DE SAINT-PAPOUL

Située dans la verdoyante vallée du Limbe, petit affluent de la rive gauche duFresquel, cette abbaye, qui a certainement pour origine l’existence d’un ermitagecontemporain des Ve-VIe siècles, connaît une certaine importance sous les règnes deCharlemagne et Louis-le-Pieux. Au cours du XIe siècle, la vie spirituelle de ce monas-tère régi par la règle bénédictine transparaît à travers la vie de saint Béranger. Cenoble toulousain, qui avait pris l’habit monastique à Saint-Papoul, meurt en odeurde sainteté dans la nuit de l’Ascension de l’an 1093. Après sa mort, les miracles semultiplient sur sa tombe : guérisons d’aveugles et de paralytiques. Il est même préciséqu’une femme stérile étant venue prier sur le lieu de la sépulture de ce moine setrouva enceinte. Au début du XIVe siècle, l’église abbatiale de Saint-Papoul devientcathédrale, dans le contexte de la réforme du pape Jean XXII. En 1320, est effec-tuée la rédaction de statuts régissant la vie du chapitre cathédral. Ce documentfournit quantité de renseignements sur la vie quotidienne des chanoines.

Chapiteau historié de l’égliseabbatiale de Saint-Papoul.Daniel dans la fosse aux lions,maître de Cabestany, XIIe siècle.

ABBAYES ENMONTAGNE NOIRE

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Au XVe siècle, l’évêque Pierre Soybert rédige un mémorial très détaillé concer-nant les travaux divers entrepris à l’évêché entre 1426 et 1431.

Lors de la révolution, l’église cathédrale devient simple église paroissiale.

Il convient de visiter l’église et notamment son chevet qui offre des chapi-teaux romans, œuvre du maître de Cabestany. L’un de ces chapiteaux représenteDaniel dans la fosse aux lions. Le cloître offre également quelques sculptures inté-ressantes.

En conclusion, on peut dire qu’après l’existence d’un premier sanctuaire auxdimensions assez réduites s’est édifiée une abbatiale contemporaine du XIe siècle.La nef a subi maints remaniements, notamment après que l’abbatiale soit deve-nue cathédrale. Le palais épiscopal actuel a vu le jour au cours des dernières annéesdu XVIIe siècle. La grande grille de l’entrée, portant les armes de la famille d’Haut-poul a été refaite vers 1840.

L’ABBAYE SAINT-PIERRE DE CAUNES

En Minervois, au pied de la Montagne noire, le monastère de Caunes faitpartie des établissements monastiques créés au cours des dernières décennies duVIIIe siècle. Dans ses débuts, le monastère est certainement modeste ; en effet, il nedevait aucun cens en argent à l’empereur Louis-le-Pieux en retour de sa protec-tion, mais seulement des prières. En outre, les moines bénédictins ne possédaientpas de reliques, ces corps saints dont la présence, comme le précise Marcel Durliat,était un gage d’expansion matérielle et religieuse. Il faut attendre la deuxièmemoitié du Xe siècle pour constater la possession, par l’abbaye, de reliques. Il s’agitdes « saints martyrs de Caunes » : l’évêque Amand et ses frères Luce, Alexandreet Audalde, cités pour la première fois dans un texte de 983.

Page de droite :Chevet de l’abbatiale Saint-Pierre de Caunes-Minervois.

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Au XIIIe siècle, la prospérité du monastère se traduit par l’accroissement dunombre des religieux : quatorze en 1236, ils atteignent le chiffre de vingt-quatreen 1346. Toutefois, la mise en place de la commende dès 1467 entraîne un affai-blissement du monastère qui ne compte qu’une quinzaine de moines en 1486, puisà peine sept en 1547.

Au cours du XVIIe siècle, l’abbaye connaîtra plusieurs réformes dues à Jeand’Alibert, abbé commendataire originaire de Caunes, puis avec l’affiliation à lacongrégation bénédictine de Saint-Maur en 1660.

La suppression des ordres religieux par la Révolution eut pour conséquencel’extinction du monastère, l’abbatiale devenant église paroissiale.

Arcatures aveugles sur pilastres, la partie supérieure du chevet de l’abbatiale Saint-Pierre de Caunes-Minervois.

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En ce qui concerne les bâtiments, des fouilles archéologiques récentes ontpermis de mettre au jour les vestiges d’une abside quadrangulaire, sans doute cellede l’église carolingienne de la fin du VIIIe siècle. La décision de reconstruire l’ab-batiale carolingienne a certainement été prise après l’arrivée des reliques. Cetteéglise du XIe siècle était dotée d’une nef unique très large, recouverte d’une char-pente. Les deux bras du transept apparaissent au cours du XIIe siècle. C’est égale-ment au XIIe siècle que sont édifiés le portail et le porche. Le logis abbatial duXVIIe siècle est l’œuvre de Jean d’Alibert.

L’ABBAYE SAINTE-MARIE DE VILLELONGUE

C’est en 1149 que, venus du monastère de Bonnefont-en-Comminges, descisterciens s’établissent à Compagnes, au nord-ouest de Saissac. Devant l’ingrati-tude des lieux, ils viennent se fixer vers 1170 au hameau de Villelongue, l’une despossessions du monastère de Compagnes. L’abbaye de Villelongue connaît une grandeprospérité au cours des premières décennies du XIIIe siècle. Étant donnée son atti-tude lors de la croisade de 1209 et son soutien à Simon de Montfort elle est large-ment récompensée par les chefs croisés. Elle reçoit plusieurs propriétés confisquéesaux hérétiques, en particulier le château, les dîmes et ensuite tout le village de Saint-Martin-le-Vieil. En 1220, les religieux font l’acquisition du village de Carlipa. Cetafflux de richesse permet l’accélération de la construction des bâtiments conven-tuels. Cependant dès les années 1340, les difficultés surviennent. Beaucoup de terressont en friche. Le XVe siècle est synonyme de décadence : fraudes lors des élections,moines ayant rejoint le monde. L’ancien régime connaît une abbaye en sursis. Quandla Révolution éclate, seuls deux moines sont présents dans le monastère.

Les bâtiments qui subsistent témoignent d’un esprit cistercien qui a évoluéau cours des siècles comme le prouve la présence de sculptures aussi bien dansl’église que dans le cloître, sculptures qui ne s’accordent pas avec l’esprit des fonda-

Chapiteau de l’abbayede Villelongue.

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Voûtes gothiques de l’abbaye de Villelongue.

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teurs de l’ordre cistercien. Par contre la simplicité et l’austérité des premiers cister-ciens se rencontrent dans la salle capitulaire.

LA CHARTREUSE DE LA LOUBATIÈRE

La forêt domaniale de la Loubatière s’étend sur environ 400 hectares dansle territoire de la commune de Lacombe, au nord de Fontiès-Cabardès.

À l’époque de la féodalité, les seigneurs d’Aragon et Saissac disposaient decette partie de la Montagne noire. À la suite de la croisade de 1209 conduite parSimon de Montfort, les seigneurs d’Aragon et de Saissac furent dépouillés de leursbiens. L’évêque de Carcassonne reçoit la forêt de la Loubatière.

C’est aux environs de 1315 que Pierre de Rochefort, évêque de Carcassonne,fait venir des moines chartreux dans la forêt de la Loubatière où le prélat, vers1310, avait fait édifier une église dédiée à Notre-Dame : Notre-Dame de Belloc(Beaulieu). Toutefois, les revenus n’étant pas suffisants, la situation du monastèreresta très précaire. En 1423, l’évêque de Carcassonne, Geoffroy de Pompadourapprouve l’union de la chartreuse de la Loubatière à celle de Saïx, située non loinde Castres. Cette union est confirmée le 6 janvier 1427 par le pape Martin V. Cetteunion, comme le précisent certains documents, avait été rendue nécessaire étantdonné la rigueur du climat et la présence des voleurs et des loups. En 1569, lesreligieux, chassés de la chartreuse de Castres, demandèrent à s’établir à Toulouseoù ils s’installent, en 1571, dans l’ancien collège de Moissac.

L’ABBAYE D’EN CALCAT

De création récente (1890), l’abbaye se situe dans le territoire de la communede Dourgne (TARN). Occupée par des moines bénédictins, elle jouit d’un très grand

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Tapisserie de Dom Robert.

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prestige. Sans doute cela est-il dû à la présence de moines-artistes. Les tapisseriesde Dom Robert, décédé en 1997, sont connues dans le monde entier.

Mais l’abbaye d’En Calcat c’est aussi un lieu de retraite pour celui qui voudrait,l’espace de quelques jours, se « retrouver » au sein d’une atmosphère de recueille-ment, de silence et de piété. Non loin de là, s’élève le monastère de Sainte-Scho-lastique abritant une communauté de moniales bénédictines. Dom Romain Banquetet Mme Marie Cronier sont à l’origine de ces deux monastères. (Jean Blanc)

L’ABBAYE DE SAINT-PONS DE THOMIÈRES

À l’origine, c’est une abbaye de bénédictins fondée 936 à proximité de lasource du Jaur. Raymond Pons, comte de Toulouse, lui donna son nom. Elle accueillitle pape Urbain Il en juin 1096, sur le chemin qui le menait de Clermont, où ilavait prêché la première croisade, à Rome. L’église actuelle, essentiellement destyle roman, remonte à la fin du XIIe siècle et est le fruit de la reconstruction quifit suite à la mise à sac des anciens bâtiments par Roger Trencavel. En 1317, lepape français Jean XXII crée le diocèse de Saint-Pons, l’abbatiale devient ainsi cathédrale. Vers lafin du XVe siècle, les travaux de construction d’unchœur gothique sont entamés, mais les Guerres dereligion et la destruction du chantier par les protes-tants en 1567 laissent le chœur en ruine jusqu’audébut du XVIIIe siècle. C’est en 1711 qu’une façadede style classique est édifiée à l’emplacement duchœur détruit. En 1772, l’orgue actuel est installépar Micot père et fils, facteurs d’origine parisiennemais installés à Toulouse. En 1790, avec la suppres-sion du dicocèse, la cathédrale redevient abbatiale.

Ordination dans l’abbatiale d’En Calcat.

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Porte centrale de la façade ouest de l’ancienne cathédrale de Saint-Pons de Thomières, scène de la Crucifixion.

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ISBN 978-2-86266-586-3

29€Photographie de couverture : Donatien Rousseau