26
Univerzitet u Sarajevu Filozofski fakultet Odsjek za romanistiku Valeurs du gérondif Dodiplomski rad (Mémoire de licence) Studentica: Emina Džaferović Mentor: doc.dr. Lejla Tekešinović Sarajevo, juli 2015.

MOJ DIPLOMSKI

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: MOJ DIPLOMSKI

Univerzitet u Sarajevu

Filozofski fakultet

Odsjek za romanistiku

Valeurs du gérondif

Dodiplomski rad

(Mémoire de licence)

Studentica: Emina Džaferović Mentor: doc.dr. Lejla Tekešinović

Sarajevo, juli 2015.

Page 2: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

2

Page 3: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

3

Contenu

Abstrait 4

Introduction 5

Verbe 6

Mode, temps et aspect 8

Les modes du verbe 8

Les temps du verbe 10

L’aspect 10

Participe présent et gérondif 11

Gérondif 13

Construction du gérondif 13

Tout 14

En 15

Valeurs du gérondif 17

Valeur sémantique du gérondif 20

Conclusion 24

Bibliographie 26

Page 4: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

4

Abstrait

Notre travail représente d’abord le verbe ou plutôt le

domaine du verbe où l’on positionne le gérondif comme

une des formes du verbe. Après, nous parlons des valeurs

du gérondif, les valeurs temporelles et les valeurs

aspectuelles où l’on présente des différents aspects

donnés par différentes grammaires. En conclusion, nous

renforçons la liaison entre la particule en et les valeurs du

gérondif.

Page 5: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

5

Introduction

Le sujet de notre mémoire représente valeurs du gérondif, une forme impersonnelle

des verbes français. Par exemple :

« En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques

pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin,

général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ; il jurait. »1

Nous commençons de ce qui est un verbe, les modes, les temps et les aspects d’un

verbe. Ici on positionne le gérondif et on continue avec la forme impersonnelle. Avant qu’on

continue avec le gérondif, on reconnait le participe présent qui est souvent confondu avec le

gérondif. Donc, nous consacrons tout un chapitre au participe présent et gérondif.

Après, nous ouvrons le sujet du gérondif où nous présentons la construction du

gérondif aussi bien que l’adverbe tout et la particule en.

L’objectif de notre travail est de relever et de décrire les valeurs du gérondif ce qui est

le chapitre suivant.

Nous croyons que notre mémoire mettra en évidence le rôle sémantique important que

joue le gérondif dans la langue française tout en précisant également sa valeur sémantique

en général.

1 Stendhal, (1839 :49) « La Chartreuse de Parme »

Page 6: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

6

Verbe

Le verbe est l’une des catégories grammaticales les plus importantes. Il apporte une

information sur le thème et sert alors de prédicat dans la phrase.

Ex. Les hirondelles chantent.

2Le verbe est un mot de forme variable, qui exprime une action faite ou subie par le sujet, ou

qui indique un état du sujet :

Ex.3 La princesse mourut en quelques heures ; le fils du prince

ne recouvra sa liberté que dix-sept ans plus tard en

montant sur le trône à la mort de son père.

(…) dirent les geôliers en s’en allant (…)

Rougira-t-elle en m’apercevant ?

Le verbe a un rôle central dans la proposition. Le sujet, le complément d’objet, le complément

circonstanciel intégré, le complément d’agent et les attributs s’organisent autour de lui.

En outre, sous ses différentes formes, le verbe peut assumer les fonctions du nom, de

l’adjectif, ou du complément circonstanciel.

Il varie en mode, en temps/aspects, en voix, en personne, en nombre et, parfois, en genre.

L’ensemble de ces formes est appelé « conjugaison ».

Lorsqu’on parle des conjugaisons, il est nécessaire de mentionner qu’une forme verbale se

décompose en deux constituants: le radical (ou la base) et la désinence (ou terminaison) :

dans chantait, on distingue le radical chant- et la désinence -ait.

4Le radical est l'élément fondamental du verbe: il porte le sens lexical stable du verbe.

Il peut être partiellement ou totalement identique au radical d'un nom ou d'un adjectif:

il reste / le reste; il marche / la marche; il rougit / rouge; il adoucit / doux. Sa forme

est unique pour beaucoup de verbes, notamment ceux du type chanter; elle varie selon

le temps, la personne et le nombre pour certains verbes, notamment les plus fréquents:

il va, allait, ira, qu'il aille. Les variations dues à l'histoire du français ne se sont pas

2Baccus N. (2004 :63), Grammaire française

3 Les exemples ont été repris de Stendhal (1839 :336, 340), « La Chartreuse de Parme »

4 Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :438), Grammaire méthodique du française

thème prédicat

Page 7: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

7

toutes maintenues (ancien français: je desjeune / nous disnons; j'espoir / nous

espérons) ; il est remarquable qu'elles subsistent pour les verbes les plus fréquents.

Cela tient à un besoin de différenciation des formes verbales, qui explique la forte

corrélation entre irrégularité et fréquence élevée.

La désinence se soude à la fin de la forme verbale comme un suffixe. Elle apporte des

informations « grammaticales » sur le mode et, éventuellement, sur la personne, le

nombre et le temps. On peut la segmenter à son tour en plusieurs éléments selon les

informations identifiées par comparaison entre les formes verbales : dans chanteras,

on isole un segment -er- (futur ou conditionnel), suivi de -a- (futur), suivi de -s (2e

personne du singulier).

Quand la désinence comporte deux ou trois éléments, la marque de temps précède la marque

de personne et de nombre: dans chant-ai-t, la désinence s'analyse en un élément -ai- marquant

l'imparfait et un élément -t marquant la troisième personne du singulier.

Nous devons mentionner qu’analyse d'une forme verbale n'est pas toujours possible : on ne

peut pas toujours séparer la désinence du radical verbal. Dans fut et eut, on isole seulement

une désinence écrite de personne -t (par opposition à fus, eus), sans pouvoir décomposer le

reliquat fu-, eu-, où radical et désinence sont amalgamés. Dans il a, ils ont, les formes a et ont

sont inanalysables, même si l'on reconnait dans la seconde un -t de personne.

Page 8: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

8

Mode, temps et aspect

Le terme de mode5 a en linguistique au moins deux acceptions essentielles. La

première et la plus répandue est celle de mode de division (de classification) des formes

verbales. C'est ce que l'on entend par 'mode' lorsqu'on parle de l'existence de quatre modes

personnels (l'indicatif, le conditionnel, le subjonctif et l'impératif) et de trois modes non

personnels (l'infinitif, le participe, le gérondif). La seconde acception fait de ce terme un

synonyme de modalité que l'on définit comme un constituant de la phrase qui caractérise les

rapports entre le locuteur et son énoncé.

Les modes du verbe

Les modes constituent des cadres de classement qui regroupent chacun un certain nombre de

formes verbales. On distingue cinq modes en français: l'indicatif, le subjonctif, l'impératif,

l'infinitif et le participe (auquel on associe le gérondif). 6Le conditionnel, considéré

traditionnellement comme un mode, est traité aujourd'hui par les linguistes comme un temps

de l'indicatif, en raison de ses caractéristiques formelles et sémantiques. La définition

traditionnelle des modes s'appuie sur la notion de modalité: les modes expriment l'attitude du

sujet parlant à l'égard de son énoncé; ils manifestent différentes manières d'envisager le

procès. Ainsi, l'indicatif le présente dans sa réalité (Il est venu), par opposition au subjonctif

qui l'apprécie dans sa virtualité (Qu'il vienne); l'impératif le présente sous la forme directive

d'un ordre ou d'une prière (Venez). L'identification des modes aux modalités ne permet pas de

caractériser chacun d'eux par des propriétés vraiment distinctives. En premier lieu, on ne voit

pas quelles modalités pourraient être exprimées par l'infinitif et par le participe. Et surtout, les

modes du verbe et les modalités ne coïncident pas. Une même modalité peut s'exprimer de

différentes façons, au moyen de modes et de structures de phrases différents; on peut ainsi

exprimer l'éventualité soumise à une condition par des constructions et des modes

grammaticaux divers:

- 7Si vous preniez une aspirine, vous n'auriez plus mal à la tête.

- Prenez une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête.

- Vous prenez une aspirine et votre migraine s'en va.

- En prenant une aspirine, vous n'aurez plus mal à la tête.

5 T.Cristea (2005 :238)

6 Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994 :510)

7 Ibid, p. 511

Page 9: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

9

- Il suffit de prendre une aspirine pour ne plus avoir mal à la tête.

Inversement, un même mode peut exprimer diverses modalités. Selon la tradition, le

subjonctif peut exprimer la volonté, le souhait, le doute, la crainte:

Je veux / souhaite / doute / crains qu'il vienne.

Or, ces différentes modalités sont ici déterminées par le contexte, en l'occurrence le verbe

principal appelant le subjonctif.

En réalité, un mode n'exprime pas en soi la modalité, même s'il peut y contribuer. C'est cette

confusion qui explique l'introduction en français d'un mode conditionnel, qui envisage le

procès comme « soumis à une condition » :

« Si j’étais né noble, répondit le Rassi avec toute l’impudence de son métier, les parents des

gens que j’ai fait pendre me haïraient, mais ils ne me mépriseraient pas. »8

Pourtant, la condition exprimée par une subordonnée hypothétique est loin de rendre compte

de tous les emplois du conditionnel. Et si l'on voulait traiter le conditionnel comme un mode,

il faudrait en faire de même du futur, qui lui est parallèle: le futur serait alors le mode du

probable, de l'éventuel, par opposition au conditionnel, mode de l'hypothèse ou de l'irréel. À

la limite, on pourrait imaginer une langue où à chaque modalité correspondrait un mode du

verbe. On oppose :

Les modes personnels, qui distinguent les personnes au moyen de désinences

spécifiques, totalement (l'indicatif et le subjonctif), ou partiellement (l'impératif).

Mais ces trois modes ne situent pas de la même façon le procès dans le temps:

l'indicatif, qui possède le système temporel le plus complet, est le seul à pouvoir

situer le procès dans les trois époques (passé, présent et futur), alors que le subjonctif

est plus limité en formes temporelles et que l'impératif est essentiellement tourné vers

le futur.

Les modes impersonnels et intemporels, qui ne possèdent pas de désinences pour

distinguer des personnes: l'infinitif et le participe (et le gérondif). Ces modes ne sont

pas aptes non plus à situer le procès dans le temps: c'est le verbe personnel dont ils

dépendent ou le contexte qui assurent le repérage temporel. On considère également

l'infinitif et le participe comme des formes nominales du verbe: le premier possède

certaines propriétés du substantif, le second partage des caractéristiques communes

avec l'adjectif qualificatif. Le gérondif, quant à lui, se rapproche de l'adverbe.

8 Stendhal, (1839 :231)

Page 10: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

10

Les temps du verbe

Chaque mode comporte différents « temps ». Le terme temps est très ambigu en

français, car il peut désigner le concept de temps ou la forme grammaticale qui l'exprime;

certaines langues distinguent ces deux sens à l'aide de deux termes distincts, respectivement

time et tense (anglais), Zeit et Tempus (allemand). Il est indispensable de distinguer les deux

« temps » possibles, car le temps dénoté et le temps grammatical ne coïncident pas

nécessairement. Une même époque peut être indiquée par des temps verbaux différents et,

inversement, un même temps verbal peut situer le procès dans des époques différentes. Ainsi,

l'imparfait de l'indicatif peut situer le procès dans n'importe laquelle des trois époques:

• 9Cet homme parlait à la femme de chambre des blessures qu’il avait reçues. (passé)

• Si tu étais ici, quel bonheur ! (actuel)

• 10

S'il se défendait, il appellerait. (futur)

Les appellations des temps du verbe ne correspondent donc pas forcément aux temps de la

réalité dénotée. Il est difficile de parler de « présent » pour les modes impersonnels comme

l'infinitif, qui ne distinguent pas par eux-mêmes les époques et qui peuvent évoquer un procès

aussi bien à venir que passé.

11L'aspect

L'aspect est la manière dont s'expriment le déroulement, la progression,

l'accomplissement de l'action. Cela se marque notamment dans l'opposition entre l'indicatif

imparfait et le passé simple, l'action étant considérée comme inachevée dans un cas, comme

achevée dans l'autre. Cela est réalisé aussi par les temps composés, qui expriment l'accompli

- j'ai parlé / je parle.

L'aspect se manifeste en outre par les semi-auxiliaires (§§ 819-821), ou encore par des

suffixes (buvoter opposé à boire) ou des préfixes (retravailler) ou par le sens même des

verbes.

9 Stendhal, (1839 : 447)

10 Andre Malraux (1933 : 6)

11 M.Grevisse, A.Goose (1993 : 981)

Page 11: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

11

Participe présent et gérondif

En travaillant sur ce mémoire-ci, nous avons consulté plusieurs grammaires, mais nous

voudrions séparer et accentuer la notion du gérondif dans les quatre12

grammaires françaises.

En général, le gérondif et le participe présent sont mentionnés dans le même chapitre.

Homonymes par leur radical verbal [V] et leur désinence invariable [-ant], elles ne sont pas

toujours faciles à distinguer. Morphologiquement le gérondif a pourtant un syllabe de plus

que le participe présent, notamment la particule en. En plus, la construction gérondive, c’est-

à-dire la relation entre le gérondif et son verbe régissant, demande le plus souvent un élément

de dynamisme. Le participe présent n’est pas soumis à cette contrainte.

Syntaxiquement, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes.

Le gérondif est la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme

régie et subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son cote, est

la forme adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il

ne peut pas assumer la fonction de complément circonstanciel.

En tant que formes verbales, et contrairement à l'adjectif, ils sont susceptibles13

:

1. d'avoir des compléments d'objet et d'autres compléments spécifiques au verbe;

2. d'être mis au passif et

3. d'exprimer certaines nuances temporelles.

Le participe présent en tant qu’attribut libre détaché et antéposé peut, sous certaines

conditions, alterner avec le gérondif, et c’est justement ce cas de figure du participe présent

qui est présenté pour souligner les convergences entre les deux formes. Il est vrai que le

participe présent dans cette position est très employé dans toute sorte de textes aujourd’hui. Il

faut pourtant comparer les autres fonctions du participe présent à celles du gérondif pour

montrer que les divergences entre les deux formes sont encore plus frappantes. Dans aucun

autre cas de figure, le participe présent ne peut remplacer le gérondif ou vice versa.

Mon impression, après avoir lu les exposés des grammaires ci-dessus, est que le gérondif n’a

pas été pris au sérieux par les grammairiens traditionnels. L’on aperçoit immédiatement la

12

M.Arrivé, F.Gadet, M.Galmiche (1986), La grammaire d'ajourd'hui – guide alphabétique de linguistique

française

M.Grevisse, A.Goose (1993), Le bon usage – grammaire française

M.Riegel, J.-C.Pellat, R.Rioul (1994), Grammaire méthodique du française

K.Togeby (1983), Grammaire française (vol.3) 13

M.Grevisse, A.Goose (1993 : 1145)

Page 12: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

12

tradition très forte de traiter le gérondif et le participe présent ensemble. Le bon usage –

grammaire française voit avant tout les ressemblances entre les deux formes. D’après ce que

je peux voir, La grammaire d’aujourd’hui – guide alphabétique de linguistique française et

Grammaire méthodique du français sont celles qui précisent clairement les différences

syntaxiques entre le gérondif et le participe présent. Une question intéressante qu’aborde La

grammaire d’aujourd’hui est la « concurrence » entre le gérondif et l’infinitif.

Page 13: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

13

CONSTRUCTION DU GÉRONDIF

en + participe présent = gérondif

en + parlant = en parlant

CONSTRUCTION DU PARTICIPE PRÉSENT

On part de la premiere personne du pluriel du

present. On ajoute –ant au radical.

Ex. Nous aim-ons → aim-ant = aimant

Ex. Nous lis-ons → lis-ant = lisant

Trois exceptions de la règle pour la

construction du participe présent :

être → étant

avoir → ayant

savoir → sachant

Gérondif

Nous avons déjà introduit la différence entre le participe présent et le gérondif dans le chapitre

précédant. Ici, on présente les généralités sur gérondif.

« Le gérondif est tout simplement la combinaison de la préposition en avec le participe

présent en fonction adverbiale. »14

Construction du gérondif

Le gérondif, qui a la même forme que

le participe présent et qui est invariable

comme lui, est généralement construit

avec la préposition en (elle-même pouvant être précédée de l'adverbe tout). Il se rapporte

d'ordinaire à un nom ou à un pronom de la phrase, lesquels sont les agents de cette forme

verbale, mais, en même temps, détaché qu'il est de ce nom ou de ce pronom, il équivaut

souvent à un complément adverbial (de temps, de

manière, etc.) :

« Cet officier, jeune réquisitionnaire assez

leste, possédait pour tout bien, en entrant

dans ce Palais, un écu de six francs qu’il

venait de recevoir à Plaisance. »15

« Tout en tournant mes phrases, je voyais, dans une salle à manger toute de marbre,

douze laquais et des valets de chambre

vêtus avec ce qui me semblait alors le

comble de la magnificence. »16

« Il trouva le document, conserva le

portefeuille, traversa la chambre presque

en courant, ferma à double tour, mit la clef dans sa poche. »17

Nous parlons du gérondif tout le temps se référenciant au gérondif simple. Donc, il existe

aussi le gérondif composé18

.

14

K.Togeby (1983:48) 15

Stendhal, (1839 : 9) 16

Ibid, p. 9 17

Andre Malraux, (1933 : 11)

Page 14: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

14

DEUX TYPES DU GERONDIF :

Gérondif simple (gérondif présent)

o en + participe présent

en + parlant = en parlant

Gérondif composé (gérondif passé)

o en + participe présent d’auxiliaire avoir ou d’auxiliaire être + participe passé

en + étant + arrivé = en étant arrivé

en + ayant + vendu = en ayant vendu

Dans le français contemporain, le gérondif est considéré comme une forme verbale

impersonnelle composée à l’aide d’une préposition (particule) en qui précède la forme

verbale invariable de désinence –ant qui s’ajoute à la base verbale de la première personne

du pluriel du présent de l’indicatif :

Réagir → nous réagiss-ons → en réagissant

Manger → nous mange-ons → en mangeant

19

Le gérondif opère l’insertion, en tant que localisateur, d’un procès dans une relation inter-

procès, indépendamment de toute détermination de celui-ci autre que sa mention notionnelle.

Un verbe au gérondif n’a ni conjugaison, ni détermination aspect-temporelle autonome. Il

puise l’une et l’autre du procès qu’il localise.

Dans le gérondif, la fonction de en composé au verbe au participe présent est de fonder ce

verbe comme un procès localisateur dont la propriété est de ne se déterminer qu’en fonction

du procès qu’il localise. En outre, le participe présent ainsi constitué comme localisateur se

comporte, à travers cette mise en relation, comme un intérieur ouvert, du fait du

fonctionnement spécifique de en.

Tout

La préposition en peut être, elle-même, précédée par l’adverbe tout. En général,

les grammaires annoncent que tout précédant le syntagme gérondif souligne sa simultanéité

ou marque une opposition ou une concession : « en faisant précéder en de l’adverbe tout, on

souligne la simultanéité, le contexte suggérant souvent une nuance d’opposition »20

. Il est

18

Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, J., (1964 : 374) 19

Franckel J.J. « Etude de quelques marqueurs aspectuels du français », (1989 :168) 20

Grevisse, M. Le Bon usage. Paris : Ducolot, (1993 :1152-1153)

Page 15: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

15

nécessaire de connaître le contexte sinon la construction peut paraître douteuse. O. Halmøy21

préfère utiliser plutôt le mot blocage au lieu de concession et le mot discordance au lieu

de opposition (de adversité)22

.

23 Tout en travaillant, il ne réussit pas.

Elle eut un geste de recul et voulut s’enfuir. Mais la vieille l’en empêchait tout

en la fixant de ses yeux perçants.

En

Dans le passé, c’est-à-dire pendant la période de l’ancien français et du français

classique, l’emploi de en était souvent négligé, ce qui peut être, également de nos jours, le cas

dans la langue littéraire :

24 – Justin, répondis-je, pesant les mots, je ne sais pas ce qui pourrait empêcher.

(Duhamel, G., Vue de la terre promise)

À présent, le gérondif est nécessairement composé de trois morphèmes : la préposition

en, un radical du verbe et la désinence –ant. Il est ainsi généralement impossible de rencontrer

le gérondif sans particule en comme c’était possible auparavant, jusqu’au XVIIIe siècle.

Aujourd’hui le gérondif se distingue nettement du participe présent par l’utilisation de ce en.

Pourtant le statut de en dans le syntagme gérondif n’est pas très clair. Les linguistes se

divisent en deux groupes à propos de cette problématique : certains considèrent en comme

préposition, en s’appuyant sur la diachronie. Suivant cette opinion, en a évolué de la

préposition latine in, il reste toujours une préposition comme il pouvait auparavant commuter

avec d’autres prépositions (pour, à, de, par…). De cela vient l’opinion de certains linguistes

pour lesquels le gérondif n’est qu’une variante combinatoire de l’infinitif prépositionnel25

.

Cependant, du point de vue synchronique, d’autres auteurs traitent le en comme seul

marqueur de la fonction du gérondif comme c’est le cas de de dans Il est interdit de fumer ;

d’autres le considèrent même comme un préfixe du gérondif (M. Haspelmath)26

. La linguiste

O. Halmøy pense plutôt « à un cas de grammaticalisation en voie d’achèvement où en n’a

21

Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003 22

Ibid., p. 125–139. 23

Les deux exemples ont été repris de Grevisse, M. (1993:1152–1153) 24

Ibid. 25

Arrivé, M. ; Godet, F. ; Galmiche, M. (1986 : 297–298) 26

« French en in en chantant could perhaps be regarded as a prefix » voir Haspelmath, M. The Converb as

a cross-lingvistically valid category. In Haspelmath, M. & E. König (éd.). Converbs in cross-linguistic

perspective. Berlin: Mouton de Gruyter, 1995, p. 9.

Page 16: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

16

qu’un sens très affaibli »27

. Mais, parce que la préposition en a une description sémantique

très large, il est difficile de déterminer son vrai statut dans le gérondif.

Nous penchons pour l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que

c’est surtout son contenu sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur

circonstancielle de simultanéité du gérondif28

. En effet, le contenu sémantique de en et celui

du gérondif se recouvrent : en introduit souvent un grand nombre de compléments de manière

(en gros, en silence…) et il marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner

avec à temporel pour marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là)29

. Ces

valeurs de la préposition en sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un

certain parallèle entre des valeurs de en et celle du gérondif. Il nous semble donc que par la

réunion de en avec le « participe », les sémantismes des deux se combinent et se renforcent

l’un l’autre pour faire émerger la valeur circonstancielle, la temporalité de simultanéité et

l’aspect inaccompli typiques pour le gérondif. Pour cela, nous dirions que en conserve ses

valeurs de préposition dans le gérondif.

27

Halmøy, O. (2003 : 62–63) 28

Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 591–592) 29

Ibid., p. 642–645.

Page 17: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

17

Valeurs du gérondif

Un verbe au gérondif est susceptible de prendre des valeurs qui varient en fonction de

différents facteurs, parmi lesquels celui de son positionnement dans l’énoncé est l’un des plus

facilement observables.

En général, on peut distinguer deux classes des valeurs que gérondif peut avoir. Ce sont :

valeur de temps30

valeurs circonstancielles (parmi lesquelles on distingue valeur de cause, de moyen ou

de manière et valeur de condition).

Néanmoins, il n’est pas tellement facile de distinguer toujours les valeurs ci-dessus. Donc,

parfois, il s’agit des valeurs composites.

« En faisant très attention, nous pouvons

nous servir d'eux, c'est tout. »31

valeur de

condition

Si nous faisons très attention,

nous pouvons…

« En passant devant le vestiaire, Kyo

regarda l'heure : deux heures du matin. »32

valeur de

temps

pendant qu’il passait devant…

En position antéposée, le gérondif peut prendre tantôt une valeur de repère temporel :

« En passant devant le vestiaire, Kyo regarda l'heure : deux heures du matin. »33

tantôt une valeur de cause :

« Il prenait fort au sérieux le renseignement de Clappique : celui-ci avait sauvé, à Pékin, en

le prévenant que le corps de cadets dont il faisait partie allait être massacré, l'Allemand qui

dirigeait maintenant la police de Chang-Kaï-Shek, Kônig. »34

tantôt des valeurs composites35

:

« En voyant Clappique sortir de la brume, il avait eu la révélation de sa propre folie. »36

En position postposée, le gérondif peut être facilement associé à une valeur de « complément

de manière » :

30

Bien que la valeur de temps soit considérée par quelques grammaires en tant que valeur circonstancielle, il

existe aussi l’opinion que la valeur de temps représente une catégorie séparée d’autres catégories aspectuelles

(Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256) 31

Ibid, p. 134 32

Ibid, p. 24 33

Ibid., p. 24 34

Ibid., p. 195 35

Des valeurs composites sous-entendent plusieurs valeurs en même temps comme dans ce cas-ci : la valeur

temporelle et la valeur de cause 36

Ibid, p. 264

Page 18: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

18

« Il lui tendit le papier, alluma son briquet en le protégeant de la main. »37

ou de « complément de cause » :

« En mettant tout au pire, avec cette police, j'ai une heure devant moi, pensa Kyo. Tout de

même, ça vat-il durer longtemps?»38

(J’ai une (seulement) heure devant moi, car tout était mis au pire, avec cette police.)

39La position respective de la proposition au gérondif (désormais notée PG) et de la position

principale (désormais notée PP) est directement liée au type de repérage qui les articule. La

proposition placée en tête d’énoncé tend à prendre la fonction de repère.

La fonction propre du gérondif se manifeste de façon radicalement différente selon que PP est

postposé ou antéposé.

En antéposition, PG fonctionne comme repère dans un repérage interpropositionnel.

Postposé, son fonctionnement est intrapropositionnel. Il joue non plus le rôle d’un repère mais

celui d’un spécifiant.

Du point de vue morphologique, le gérondif n’a pas de marque temporelle ni

personnelle (même si sur le plan « virtuel », il est possible de lui attribuer un sujet40

et une

valeur de temps qui sont implicitement présents en lui tout comme dans l’infinitif).

Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle.

Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelle et aspectuelle41

.

Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il

obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès,

c’.-à-d. celui exprimé par le verbe principal42

. En général, les grammaires affirment que le

gérondif exprime le procès simultané et inaccompli par rapport au procès désigné par son

verbe régissant (VR) : « il indique un procès en cours de réalisation, simultané par rapport au

procès exprimé par le verbe principal (Il travaille en chantant) »43

. La valeur de simultanéité

37

Ibid, p. 32 38

Ibid, p. 27 39

Franckel J.J. (1989 : 170) 40

Moignet, G. (1981 : 69–70) 41

Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In Travaux

linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256 42

Ibid. 43

Riegel, M. ; Pellat, J.-Ch. ; Rioul, R. (2009 : 592)

Page 19: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

19

est aussi bien compatible avec la préposition en formant le gérondif. On a reconnu trois

types44

de temporalité du gérondif :

1. Le gérondif exprime le procès coïncidant au procès exprimé par la principale :

les bornes initiales et finales des intervalles de référence du procès au gérondif et du procès

dont il dépend sont coïncidentes.

Nous reconnaissons deux cas de cette coïncidence :

A) les procès sont liés par une relation référentielle de co-appartenance à une même

vue, c’est-à-dire que les procès se déroulent tous les deux dans une même époque. Par

exemple :

45« Ce fut en jurant qu’il mangea son chocolat. »

B) les procès sont liés par une relation d’identité référentielle, c’est-à-dire que les

procès sont signalés par une synonymie, une hyperonymie ou une hyponymie. Par exemple :

« Trois dames parurent, s’effarèrent, traversèrent en fuyant à petits pas. »

Dans ces cas-là, le procès exprimé au gérondif détermine celui de la principale à la

façon d’un complément de manière (de moyen, de concomitance, de repère temporel, de

concession).

2. Le gérondif désigne un procès antérieur par rapport au procès de la principale – la

borne initiale de l’intervalle du procès au gérondif est antérieure à celle du procès

principal. C’est le cas de la causalité ou le cas où les procès ne peuvent se dérouler

simultanément pour des raisons pragmatico-référentielles. Par exemple :

« Alors, en se retournant, Claude aperçut Chaîne agenouillé près du poêle, achevant

de dépailler un vieux tabouret pour enflammer le charbon. »

3. Le gérondif désigne un procès qui recouvre un procès de la principale. Dans ce

cas-là, le gérondif n’a pas une valeur circonstancielle comme dans les cas précédents,

mais il s’agit plutôt du cadre temporel au procès principal.

« Le pis était qu’en passant sur le quai, elle venait d’acheter cette botte de roses… »

Par contre, G. Kleiber affirme que le gérondif peut exprimer la postériorité logique, c’.-à-d. en

cas où le gérondif dénote la conséquence, le but, la finalité, le résultat ou l’effet, parce qu’une

action postérieure ne peut localiser temporellement une action antérieure46

.

44

Amourette, C. n°19, 2006, p. 234–256 45

Cet exemple ainsi que les exemples suivants sont tirés de : Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect

par le participe présent et le gérondif. In Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, 2006, p. 234–256.

Page 20: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

20

Concernant la simultanéité du G, G. Kleiber est d’avis que la simultanéité n’est pas

un trait intrinsèque du gérondif47

. Il part de l’hypothèse que

le G + le verbe ≈ avec + SN48

ou N

Il s’agit ainsi d’une composition, c’est-à-dire que le gérondif conduit à créer une union ou

association de deux procès qui n’est pas de type jointive, mais intégrative. On parle donc de

l’intégration d’une prédication dans l’autre et cette union de résultat fait émerger une

interprétation circonstancielle d’où naît la valeur temporelle (simultanéité ou antériorité) du

gérondif. Il ajoute que dans la plupart des emplois s’effectue la simultanéité, parce que la

plupart des emplois circonstanciels que connaît le gérondif ne se comprennent que s’il y a

simultanéité.

Pour conclure, nous affirmons que le gérondif marque le plus souvent un procès

simultané par rapport à un autre procès, généralement comme se déroulant en un même lieu,

sa valeur aspectuelle est typiquement inaccomplie, le procès est exprimé dans son

déroulement sans préciser les bornes finales ni initiales. Par contre, le gérondif n’est pas

capable d’exprimer un procès postérieur par rapport au procès de la principale comme l’est

capable le participe présent.

Valeurs sémantiques du gérondif

La construction gérondif (CG) formée du gérondif et de son verbe régissant exprime la

relation entre deux procès. Le premier est exprimé par le verbe régissant et le second est

exprimé par le gérondif. L’action exprimée par le gérondif est conçue comme l’action

accompagnant celle qui est exprimée par le verbe régissant : « Une image du temps qui

comporte une part d’accompli et une part d’accomplissement est adéquate à inclure en elle le

déroulement d’une tension verbale concomitante, avec des effets de sens de simultanéité des

deux procès (...) »49

. Généralement, les grammaires affirment que cette concomitance

exprimée par le gérondif peut avoir une valeur essentiellement temporelle ou se charger

d’autres valeurs selon le contexte, ce sont la circonstance de manière, de moyen, de condition,

de cause ou d’opposition. Voici la liste typique des effets de sens que proposent la plupart des

grammaires:

46

Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux linguistique du Cerlico, n°

20, 2007, p. 109–123. 47

Ibid. 48

SN = le syntagme nominal, N = le nom. 49

Moignet, G. (1981 : 69–70)

Page 21: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

21

« Tout en écoutant son mari qui parlait d’un air

grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude

les mouvements de trois petits garçons.»50

-

(opposition)51

(Bien qu’elle ait écouté son mari qui parlait d’un air

grave, l’œil de Mme de Rênal suivait avec inquiétude

les mouvements de trois petits garçons.)

« En arrivant à Amiens il souffrait beaucoup du coup

de pointe qu’il avait reçu à la cuisse. »52

- (valeur

purement temporelle)

« En disant ces paroles il veut forcer le passage et

pousse le vieux colonel qui tombe assis sur le pavé du

pont. »53

- (moyen)

« (…) le comte peut, en gémissant, contresigner un décret infâme, mais il a de l’honneur. »54

- (manière)

« Mais comme elle aperçut que ce nom de Fabrice faisait une impression pénible, elle ajouta

après un moment de repos et en serrant légèrement la main du comte : (…) »55

- (manière)

« (…) mais enfin si je ne puis rien obtenir, même en sacrifiant un peu de ma dignité, je plante

là cet homme (…) »56

- (condition)

« (…) un bourgeois tel que vous, envoyant de l’argent à son ami en prison, croit se ruiner en

lui donnant dix sequins (…) »57

- (condition)

« Au sortir de chez la princesse Isota, qui avait grandement rougi en recevant l’aveu de la

passion du premier ministre (…) »58

- (cause)

Néanmoins, la linguiste O. Halmøy traite cette question plus en détail, elle simplifie et

systématise considérablement ces énumérations des effets de sens. Elle affirme qu’au sein

50

Stendhal, (1830 : 12) 51

Le gérondif exprime l’opposition surtout dans les cas où il est précédé par l’adverbe tout 52

Stendhal, « La Chartreuse de Parme » (1839), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits », p. 87 53

Ibid., 81 54

Ibid., 308-309 55

Ibid., 313 56

Ibid., 318 57

Ibid., 332 58

Ibid., 334

Valeurs du gérondif:

- valeur temporelle

(valeur de temps)

- valeurs aspectuelles

(circonstancielles)

moyen

maniere

opposition

condition

cause

Page 22: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

22

de la CG, il peut s’instaurer deux types principaux de relations entre le verbe régissant (VR) et

le syntagme gérondif (SG) qu’elle nomme la configuration A et la configuration B et auxquels

s’ajoutent leurs sous-types A’ et B’ ainsi qu’une valeur purement temporelle :

1. Configuration « A » : la relation qui s’y impose entre le gérondif et le verbe

régissant exprime la cause, la condition ou le moyen. Dans ce cas-là, la relation

gérondif-VR est toujours orientée dans le temps et les actions exprimées sont

dans un rapport de dépendance. Le gérondif exprime ainsi le procès

logiquement antérieur au procès principal. Par exemple :

« Il essayait de réchauffer ses pieds en les frottant entre ses mains. »

(Dai Sije)59

1.1 Configuration « A’ » représente le sous-type de la configuration A. Il

s’agit de la relation d’inclusion ou d’équivalence : le VR, abstrait,

imaginé, métaphorique est « hyperonymique » par rapport au SG, dans

la mesure où le SG en constitue une réalisation concrète, possible parmi

d’autres. La frontière entre la catégorie « A » et « A’ » n’est pas

toujours nette60

. Par exemple :

« Prudent, le ministre de la défense a jeté l’éponge en décidant la fin

de ces opérations qualifiées par les militants pacifistes de ‘nettoyage

ethnique’. » (Le Monde)61

2. Configuration « B » : au sein de la CG s’instaure la relation de concomitance

(circonstance d’accompagnement). Contrairement au type A, le procès exprimé

par le G ne connaît donc aucun rapport logique avec celui exprimé par le VR.

Par exemple :

« Le chef faisait les cent pas en fumant sa pipe en bambou. » (Dai Sije)62

2.1 Configuration « B’ » : représente le sous-type de la configuration B.

Dans ce cas, il y a la relation d’hyponymie (manière) dans la CG.

Le verbe régissant et le G expriment une seule action, il y a une

coïncidence totale des deux prédicats. Le verbe de la construction

gérondive est en relation d’hyponymie avec son verbe régissant en

59

Halmøy, O. (2003: 97) 60

Ibid., p. 100. 61

Ibid., p. 99. 62

Ibid., p. 101.

Page 23: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

23

précisant la manière, le verbe régissant est soit le verbe de parole soit le

verbe de déplacement, par exemple :

« Je prononçai la phrase finale en imitant la voix off sentimentale et

fatale. » (Dai Sije)63

3. Repère temporel : si la relation entre deux actions au sein de la CG est

purement temporelle, il s’agit de « repère temporel ». O. Halmøy a repris cette

désignation de H. Gettrup : « si la relation entre deux actions au sein

du syntagme gérondif est purement temporelle, il s’agit de ‘repère temporel’

»64

. Par exemple :

« Je la retrouve en descendant dans la cuisine. » (Gavalda)65

Par sa nature, la proposition incise (PI) implique premièrement les syntagmes

gérondifs (SG) de configurations B et B’, c’est-à-dire les cas où le G décrit une circonstance

d’accompagnement du VR, souvent la manière. À propos de cela, O. Halmøy mentionne :

« la configuration B est très fréquente dans les œuvres de fiction, et tout particulièrement dans

les propositions en incise, de type dit-il en riant »66

, et elle ajoute plus loin à propos de la

configuration B’ que « les propositions en incise présentent de nombreuses occurrences de ce

cas de figure »67

. Elle ajoute que le gérondif est toujours rhématique dans ces syntagmes ; il

porte le contenu sémantique et le verbe dire peut donc être considéré comme redondant, dans

la mesure où il contient les mêmes sèmes que le gérondif, par exemple :

dit-il en hurlant → hurla-t-il68

.

63

Ibid., p. 105. 64

Ibid., p. 92. 65

Ibid. 66

Ibid., p. 104–105. 67

Ibid. 68

Ibid.

Page 24: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

24

Conclusion

Le sujet de notre travail était « Valeurs du gérondif », du gérondif qui représente

forme impersonnelle du verbe, et qui ne porte pas de marques de personne ou de nombre, ni

de temps ou d’aspect. Afin d’analyser et traiter le sujet, il fallait donner quelques mots sur le

verbe en général et positionner la forme du gérondif dans l’histoire du verbe. En l’y

positionnant, nous avons rencontré une autre forme impersonnelle très similaire à celle du

gérondif, la forme du participe présent. Avec la même désinence, il est souvent difficile de les

distinguer. La chose unique qui les distingue au plan visuel, c’est la particule en. Au plan de

syntaxe, le gérondif et le participe présent assument des fonctions différentes. Le gérondif est

la forme adverbiale du verbe. En tant que forme adverbiale, il est une forme régie et

subordonnée par le verbe régissant de la phrase. Le participe présent, de son côté, est la forme

adjectivale du verbe, rattachée à un support nominal. Contrairement au gérondif, il ne peut pas

assumer la fonction de complément circonstanciel.

Alors, nous avons passé au gérondif. Dans ce chapitre-là, nous sommes allés un peu

plus loin concernant la particule en pour donner un peu plus d’explication. Nous avons

présenté différents aspects sur ce sujet et à la fin de ce chapitre-là, nous avons penché pour

l’opinion que en n’a pas perdu son statut de préposition et que c’est surtout son contenu

sémantique temporel de préposition qui souligne la valeur circonstancielle de simultanéité du

gérondif. En effet, le contenu sémantique de en et celui du gérondif se recouvrent : en

introduit souvent un grand nombre de compléments de manière (en gros, en silence…) et il

marque l’aspect duratif (en été, en trois minutes…) et peut alterner avec à temporel pour

marquer cet aspect duratif (en ce moment = à ce moment-là). Ces valeurs de la préposition en

sont aussi les valeurs principales du gérondif. Il y a ainsi un certain parallèle entre des valeurs

de en et celle du gérondif, ce qui nous conduit vers le chapitre suivant – Valeurs du gérondif.

Dans ce chapitre au-dessus, nous avons exploré les différentes approches au sujet des

valeurs du gérondif. En conclusion, il s’agit des deux types des valeurs : valeur temporelle et

valeur aspectuelle. Lorsqu’on dit valeur aspectuelle, on assume des différentes valeurs :

valeur de moyen qui nous indique avec quel moyen l’action dans la phrase principale a été

faite, ensuite valeur de cause qui nous indique la raison pour laquelle l’action de la principale

se déroule (s’est déroulée) comme ça, ensuite valeur de manière (comment l’action s’est

passée), valeur de condition (condition pour l’action de la principale) et valeur d’opposition

quelquefois avec ambiguïté. Quelques auteurs ne mentionne de tout la dernière, mais nous

Page 25: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

25

l’avons mentionnée car nous trouvons cela très important, surtout en liaison avec l’adverbe

tout dont nous avons suffisamment parle dans le chapitre « Gérondif ».

Pour conclure, les valeurs du gérondif représentent un champ très intéressant pour la

recherche, car bien que ce sujet soit mentionné dans toute grammaire, il n’est pas

suffisamment exploré et il n’existe pas de formules exactes qu’on peut utiliser pour distinguer

clairement les différentes valeurs du gérondif. Souvent, ça dépend du contexte aussi.

Le gérondif n’est ainsi pas capable d’exprimer par lui-même la situation temporelle.

Ce n’est qu’à partir du contexte qu’émergent ses caractéristiques temporelles et aspectuelles.

Pour cette raison le gérondif doit chercher dans le contexte un repérage par rapport auquel il

obtient sa valeur temporelle et aspectuelle. Ce repérage est le plus souvent un autre procès,

c’est-à-dire celui exprimé par le verbe principal.

Page 26: MOJ DIPLOMSKI

Valeurs du gérondif

Emina Džaferović

26

Bibliographie

Amourette, C. L’expression du temps et de l’aspect par le participe présent et le gérondif. In

Travaux linguistiques du Cerlico, n°19, (2006)

Arrivé M., Gadet F., Galmiche M. (1986), La grammaire d'aujourd’hui – guide

alphabétique de linguistique française, Presses Universitaires de France

Baccus N. (2004), Grammaire française, Diffusion France et étranger : Flammarion

Chevalier, J.C., Blanche-Benveniste, C., Arrivé, M., Peytard, (1964) J. Grammaire du

français contemporain. Paris : Larousse

Cristea T. (2005), Grammaire française, Editura Fundaţiei România de Mâine

Dubois J., Jouannon G., Lagane R. (1961), Grammaire française, Librairie Larousse, Paris

Franckel J.J. (1989), « Étude de quelques marqueurs aspectuels du français », Genève-Paris

Grevisse M., Goose A. (1993), Le bon usage – grammaire française, De Boeck et Larcier,

s.a.

Halmøy, O. Le Gérondif en français. Paris : Ophrys, 2003

Haspelmath, M. & König E. (1995), (éd.). Converbs in cross-linguistic perspective. Berlin:

Mouton de Gruyter,

Kleiber, G. La question temporelle du gérondif : simultanéité ou non ? In Travaux

linguistique du Cerlico, n° 20, (2007)

Moignet, G. (1981), Systématique de la langue française. Paris : Klincksieck

Riegel M., Pellat J.-C., Rioul R. (1994), Grammaire méthodique du française, Presses

Universitaires de France

Togeby K. (1983), Grammaire française (vol.3)

Le Corpus

Malraux A. « La Condition humaine » (1933), Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »

Stendhal, (1830), « Le Rouge et le Noir » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »

Stendhal, (1839), « La Chartreuse de Parme » Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »