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Mémoire réal de la Coo So Étudiant : Nicolas DU Promotion 2015/2016 Sous la direction de : L Université de Migration d’A Faire face à la c Quelles possibilités des migrants et l’ins lisé dans le cadre du Diplôme Universitaire d' opération et du Développement (DUECODEV Contextes interculturels et solidarités outenance les 25, 26 et 27 janvier 2016 UMONT Louis Huberty et Henri Vieille-Grosjean e Strasbourg - Faculté des Sciences de l'Educ 7 rue de l'Université 67000 STRASBOURG FRANCE Amérique centrale aux État criminalisation du parcours s pour la société civile dans l’acco sertion des populations récemmen 'Etude V) an cation ts-Unis : migratoire ompagnement nt immigrées ?

Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

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Page 1: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

Mémoire réalisé de la Coopération et du Développement (DUECODEV)

Soutenance

Étudiant : Nicolas DUMONT

Promotion 2015/2016

Sous la direction de : Louis H

Université de Strasbourg

Migration d’Amérique centFaire face à la criminalisation du parcours migratoire

Quelles possibilitésdes migrants et l’insertion

réalisé dans le cadre du Diplôme Universitaire d'Etudede la Coopération et du Développement (DUECODEV)

Contextes interculturels et solidarités

Soutenance les 25, 26 et 27 janvier 2016

Nicolas DUMONT

Louis Huberty et Henri Vieille-Grosjean

Université de Strasbourg - Faculté des Sciences de l'Education7 rue de l'Université

67000 STRASBOURG FRANCE

Amérique centrale aux ÉtatsFaire face à la criminalisation du parcours migratoire

possibilités pour la société civile dans l’accompagnement

l’insertion des populations récemment

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement (DUECODEV)

rosjean

Faculté des Sciences de l'Education

États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire

dans l’accompagnement récemment immigrées ?

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

2 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Page 3: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 1

REMERCIEMENTS

Je remercie Mme Elisabeth HOFMANN, responsable pédagogique de la licence de

« chargé de projet en solidarité et développement durable » de l’université de Bordeaux 3

et ma tutrice,

Messieurs Henri VIEILLE-GROSJEAN et Louis HUBERTY, responsables scientifique et

administratif du diplôme universitaire d’étude de la coopération et du développement de

l’université de Strasbourg (DUECODEV),

L’association INTERCORDIA, qui co-organise le DUECODEV de Strasbourg,

Diane MARAVAL, ma tutrice INTERCORDIA,

Miguel ANGEL PAZ, directeur exécutif de Voces Mesoamericanas (Mexique),

Alex SANCHEZ, directeur exécutif de Homies Unidos (États-Unis),

Les travailleurs de Voces Mesoamericanas et de Homies Unidos,

Toutes les personnes qui, au long de ces deux années, m’ont partagé leur savoir, leur

courage et leur gentillesse,

Ma compagne Hélène, pour son soutien inaltérable.

Page 4: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

2 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Page 5: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 3

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ......................................................................................... 1

TABLE DES MATIERES ................................................................................ 3

INTRODUCTION ............................................................................................. 7

I. Criminalisation du parcours migratoire ..................................................... 9

A. Présentation du Contexte international ................................................................... 9

1. La frontière comme outil géostratégique ............................................................ 9

2. L’ingérence des États-Unis en Amérique Latine .............................................. 11

3. Mexique : de la dépendance économique au rôle d’état tampon ..................... 11

4. Le migrant « illégal » et l’importance des mots ................................................ 13

5. Flux migratoire et démographie des USA ......................................................... 14

B. La migration un parcours de violation .................................................................. 17

1. L’exemple de la « 72 » ...................................................................................... 17

2. L’exemple emblématique d’Amilcar COLON .................................................. 19

3. Genre et migration, exemple du flux Salvador-États Unis................................ 19

4. Record d’Homicide en Amérique centrale ........................................................ 20

C. Quand migration et déportation renforcent les organisations criminelles :

l’exemple des Maras ........................................................................................................ 23

1. Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles............................... 23

2. Les gangs, un problème également prégnant au sein de la communauté

« latino » de Californie. ............................................................................................... 30

Page 6: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

4 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

II. Les conditions de vie et l’insertion « au Nord » ...................................... 31

A. La discrimination structurelle aux États-Unis....................................................... 31

1. La classification raciale et ethnique aux États-Unis.......................................... 31

2. Définir la discrimination structurelle ................................................................ 34

B. L’intérêt d’étudier les populations afro-américaines pour analyser la situation des

«latinos» .......................................................................................................................... 34

1. Des conditions de vie « inférieures » ................................................................ 34

2. Une communauté mise sous pression................................................................ 37

3. La domination intercommunautaire aux États-Unis.......................................... 39

C. Les quartiers ethniques de Los Angeles et les limites du concept Nord/Sud ....... 40

1. Los Angeles, mégalopole du Sud californien et pôle migratoire. ..................... 40

2. Étude comparative des quartiers de East L.A. et de Beverly Hills. .................. 44

3. Quartier ethnique à Los Angeles, les limites du concept « Nord/Sud »............ 48

4. Impact de l’origine et des conditions de migration ........................................... 48

5. Quartiers communautaires et services ............................................................... 50

III. Quelques possibilités pour la société civile dans l’accompagnement des

migrants et des populations récemment immigrées ........................................ 52

A. Définir une grille d’intervention globale, présentation de l’INTRAC .................. 52

B. L’assistance humanitaire ....................................................................................... 53

C. Les réseaux d’alertes et la création de collectif d’associations............................. 55

D. Proposer des alternatives à la migration, l’exemple des CCT .............................. 57

E. L’approche psychosociale pour soigner le trauma................................................ 59

F. Le volontariat, mais dans les deux sens ................................................................ 63

G. Développer le plaidoyer pour fermer l’Ecole des Amériques et alerter sur la

criminalité migratoire ...................................................................................................... 64

Page 7: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 5

CONCLUSION ............................................................................................... 66

GLOSSAIRE ................................................................................................... 68

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................... 70

TABLE DES ILLUSTRATIONS ................................................................... 76

TABLE DES ANNEXES ................................................................................ 78

I. Annexe Arbres à Problèmes et à Objectifs ........................................................... 79

II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles) ....................................................... 97

III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés (Los Angeles) ........................... 101

IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol) ............................. 103

V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico ........................................................ 104

VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY........................................................................... 106

VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON .................................... 107

VIII. Annexe : La Vie dans une Mara ......................................................................... 108

IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index .......................................... 110

X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants ........................... 111

XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces MA) ..................... 112

XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos) ..................................................... 114

XIII. Annexe : Sommaire du CD des annexes vidéos ................................................. 119

Page 8: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

6 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Page 9: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 7

INTRODUCTION

Aborder la problématique du flux migratoire entre Amérique centrale et Amérique

du Nord implique d’avoir une vue de l’intégralité du parcours qu’effectuent les migrants.

C’est également en comparant les situations de départ, de transit et d’arrivée que l’on peut

espérer se saisir des enjeux auxquels sont confrontés états, société civile et citoyens.

C’est pour cela que ce mémoire s’appuie sur deux stages ; deux points

d’observation, de chaque côté de la frontière, et qui se font écho. La confrontation de ces

deux expériences va nous conduire à dessiner le portrait de la migration centraméricaine

d’aujourd’hui et nous permettre d’identifier certaines des solutions envisageables.

La rédaction de cet écrit a débuté en compilant les réflexions consignées dans mon

journal de bord. Leur organisation par thématiques a ensuite permis de créer un espace de

réflexion cohérent et structuré, puis de dégager une problématique. Les enquêtes menées

sur place (cf. arbre à problème; annexe I) et les nombreuses interviews réalisées au

Mexique et aux États-Unis ont, par la suite, étayé notre réflexion. Enfin, des ressources

extérieures - bibliographiques, statistiques – sont venues renforcer et légitimer nos

premières intuitions.

Nous commencerons donc par étudier de quelle façon les relations qui unissent les

États-Unis au Mexique ont façonné la migration entre Centre et Nord-Amérique. Nous

allons également analyser comment cette Histoire récente et le contexte international ont

favorisé la montée de la criminalité dans les sociétés d’Amérique centrale. Nous décrirons

le parcours des migrant-e-s centraméricain-e-s qui, pour fuir la violence ou pour espérer

augmenter leurs revenus entreprennent un dangereux périple, traversant des zones de non-

droit sous le contrôle d’organisations criminelles. Enfin, nous étudierons comment il leur

est possible de s’insérer dans la société américaine, en devant faire face à la discrimination

et au problème spécifique de leur communauté d’accueil ?

Aujourd’hui, la société civile ouvre des voies de résolution pour améliorer les

conditions de migration et d’insertion des migrant-e-s ; Au travers d’une série de

recommandations, nous détaillerons certaines de ces stratégies.

Page 10: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

8 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Problématique : « Les flux migratoires dans la région Centre et

Nord-américaine vulnérabilisent les populations »

Hypothèse 1 : La gestion actuelle des flux migratoires entre centramérique et États-Unis

favorise la criminalité. (Sous-hypothèse 1 : Les déportations de centraméricains depuis les

États-Unis ont favorisé l’organisation de gangs)

Hypothèse 2 : La discrimination structurelle aux États-Unis impacte les conditions de vie

des populations récemment immigrées.

Hypothèse 3 : La société civile est en mesure d’apporter des solutions durables pour aider

à l’accompagnement et à l’insertion des populations migrantes.

Les deux stages :

La première période de stage (Diplôme Universitaire de Coopération et de

Développement), d’une durée de 9 mois a eu lieu en 2013 et 2014 au sein de l’organisation

de la société civile Voces Mesoamericanas. L’association située au Chiapas (Sud du

Mexique) et proche de la frontière avec le Guatemala participe au développement des

populations indigènes et défend les droits des migrant-e-s en transit. Ce stage a également

inclus une période d’observation de deux semaines dans un refuge pour migrants à

Tenosique (frontière avec le Guatemala).

Le deuxième stage, réalisé dans le cadre de la Licence Professionnelle de Chargé de

Projet en Solidarité Internationale et Développement Durable, s’est déroulé à Homies

Unidos, Los Angeles. L’association agit principalement auprès de populations d’origine

centraméricaines dans la prévention de la délinquance et la réinsertion d’anciens membres

de gangs. Homies Unidos milite par ailleurs pour la libération des centraméricains détenus

abusivement aux États-Unis, ayant déjà purgé leur peine mais toujours en attente d’être

libérés ou déportés.

Page 11: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 9

I. Criminalisation du parcours migratoire

A. Présentation du Contexte international

1. La frontière comme outil géostratégique

Depuis 1986 lors de la signature de la réforme migratoire du “Control Act” par le

président Ronald REAGAN, le gouvernement américain a dépensé 187 milliards de dollars

dans le contrôle de la migration. Ce budget est à la hauteur de l’importance stratégique que

revêt la frontière sud des États-Unis.

Le géographe Michel FOUCHER décrit les frontières comme « la matérialisation

des rapports de force »1, notamment entre états. L’histoire de la frontière américano-

mexicaine nous en livre un exemple probant. Observons son tracé en 1834.

Figure 1 : Frontière entre États-Unis et Mexique en 1834. Source Moving Beyond Borders

1 FOUCHER Michel, L’obsession des frontières, Perrin, 2007

Page 12: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

10 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Nous la voyons telle qu’elle était avant la guerre américano-mexicaine de 1846-

1848 (conflit provoqué par la décision du congrès américain d’annexer le Texas en 1845).

Nous constatons qu’elle se situait très loin du tracé actuel et que le territoire mexicain était

alors bien plus vaste qu’aujourd’hui. En effet, ce n’est qu’après la « Mexican cession »2 et

la signature du traité de Guadalupe HIDALGO, en février 1848, que de vastes régions du

territoire mexicain furent cédées aux États-Unis.

Si l’on remonte encore dans le temps, on observe que la « construction » des États-

Unis a engendré une frontière extrêmement mobile jusqu’en 1853. L’illustration suivante

montre le territoire américain tel qu’il était en 1783 (en violet).

Figure 2 : Expansion du territoire américain entre 1803 et 1853. Source : Thing Link

A partir de 1853, la frontière est restée assez stable dans son tracé. Pour autant les

rapports de force et de domination qu’exercent les États-Unis vont perdurer : au travers du

contrôle frontalier mais aussi dans l’ingérence de la puissance américaine en Amérique

latine.

2 La Cession mexicaine (en anglais : Mexican Cession) est le terme employé pour désigner

les territoires non organisés qui, en plus de la République du Texas (et des territoires

revendiqués par elle), furent cédés par le Mexique aux États-Unis

Page 13: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév

2. L’ingérence des États

En 1946, l’École Des Amériques voit

former militairement les troupes latino

anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre

torture.

Figure 3 : Emblème de l’

Parmi les milliers de militaires ainsi formé

de juntes militaires s’étant rendu

l’exemple du Salvadorien Roberto d’AUBUISSON

fondateur du parti d’extrême droite l’

une figure centrale des « escadrons de la mort

Des Amérique (assassinats, torture

3. Mexique

Historiquement, les

représenté une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapa

effectués par la diaspora, ce sont les deux

dépendance, un temps jugulée

partir de la décennie 1980-1990.

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

L’ingérence des États-Unis en Amérique Latine

cole Des Amériques voit le jour. Sa principale mission est alors

les troupes latino-américaines tout en diffusant

anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre

: Emblème de l’Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité

Parmi les milliers de militaires ainsi formés, on retrouve plusieurs

de juntes militaires s’étant rendus coupables de violation des droits de l’H

en Roberto d’AUBUISSON. Passé par l’Ecole des Amériques,

fondateur du parti d’extrême droite l’Alliance Républicaine Nationaliste

escadrons de la mort », où il usera du « savoir

, tortures).

Mexique : de la dépendance économique au rôle d’état

Historiquement, les échanges commerciaux avec les États-

une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapa

par la diaspora, ce sont les deux moteurs de l’économie du pays. Mais c

, un temps jugulée par le nationalisme mexicain, va commencer

1990.

»

Université de Strasbourg 11

Unis en Amérique Latine

le jour. Sa principale mission est alors de

américaines tout en diffusant une doctrine

anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre-guérilla et la

Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité

plusieurs futurs dirigeants

s de violation des droits de l’Homme. C’est

cole des Amériques,

ationaliste (ARENA), il sera

savoir-faire » de l’Ecole

la dépendance économique au rôle d’état tampon

-Unis ont toujours

une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapatriements d’argent

moteurs de l’économie du pays. Mais cette

va commencer à s’accroitre à

Page 14: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

12 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

« C’est à partir des années 1980 que la crise de la dette [extérieur du

Mexique] et les réformes d’ajustement structurel imposées par les

bailleurs de fonds du gouvernement ont replacé la relation avec les

Etats Unis au centre de la politique économique du pays » 3.

En 1994, est adopté le traité d 'Accord de libre-échange nord-américain ALÉNA

(en anglais, North American Free Trade Agreement). Il crée une zone de libre-échange

entre le Canada, les États-Unis et le Mexique d'environ 480 millions d'habitants. C’est à ce

moment que va se concrétiser «l’externalisation » de la frontière Sud des États-Unis.

L’apparition de cet espace commun va faire naître une relation stratégique dans la gestion

des flux migratoires et le Mexique va accepter de réguler l’entrée des migrants, notamment

en provenance ou en transit par l’Amérique centrale. Cette coopération sera également

enclenchée en matière de régulation des flux d’entrée de stupéfiants aux États-Unis.

Ce rôle de « frontière externe des États-Unis » est voulu par les dirigeants

mexicains ce qu’explique à nouveau très clairement Argán ARAGON :

« Quel intérêt avait le Mexique à devenir la frontière externe des sud

des États-Unis ? L’intérêt était économique. Les réformes impulsées

par Washington avaient fait se former, du jour au lendemain, à la fin

des années 1990 une élite mexicaine extrêmement fortunée qui

bénéficia de la privatisation de secteurs entiers de l’économie et sut

tirer un réel avantage de la libéralisation des échanges agricoles,

industriels, technologiques et financiers avec les États-Unis. » 4

Un câble de l’ambassade du Mexique révélé par Wikileaks en 2010 viendra confirmer

les liens de coopération qui unissent les deux pays dans tous les domaines, et notamment

dans le contrôle migratoire. (cf. Câble de l’ambassade du Mexicaine ; annexe V)

3 ARAGON Argán, Migrations clandestines, d’Amérique Centrale vers les États-Unis,

Presses Sorbonne Nouvelle, 2014, page 164 4 Ibid.

Page 15: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 13

4. Le migrant « illégal » et l’importance des mots

Dans son rapport intitulé « Criminalisation of irregular migrants: a crime without a

victim »5, le conseil de l’Europe définit une typologie des migrants :

- Les migrant-e-s en situation régulière

- Les migrant-e-s « irréguliers »

- Les migrant-e-s victimes de migration forcée (incluant les demandeurs d’asile et les

réfugiés)

- Les migrant-e-s de réunification familiale

- Les travailleuses et les travailleurs migrant-e-s (saisonniers/temporaires)

- Les victimes de trafic d’être humain

- Les étudiant-e-s

Pour autant ce sont les termes de migrants « illégaux » et de migration « illégale »

qui se sont abondamment diffusés, jusqu’à devenir des éléments de langage.

La Déclaration Universelle des Droits de L’Homme (DUDL) est souvent dénoncée

comme étant orientée vers des valeurs « occidentales », comme l’individualisme. Pour

autant ni l’Europe, ni les États-Unis, région initiatrice de cette déclaration, ne semble

respecter l’article 13.2 de la DUDL : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y

compris le sien, et de revenir dans son pays »

Cet amalgame entre des individus et la notion d’illégalité (sensé décrire une action,

non une personne) induit une perception biaisée du phénomène migratoire et peu

déboucher au « Nord » sur des mouvements xénophobes. La migration est un sujet

politique et d’actualités majeures aux USA.

5 STROE Ionuț-Marian, Criminalisation of irregular migrants: a crime without a victim,

Committee on Migration, Refugees and Displaced Persons, 2015

Page 16: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire

14 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement

Figure 4 : Patrick Buchanan est un

son livre sur Fox News. Le bandeau titre

introduisent la syphilis et la blennorragie aux

5. Flux migratoire et démographie

Lorsque l’on observe l’évolution de la démographie des États

la croissance fulgurante du nombre de citoyen

la conquête de nouveaux

d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, l

population américaine a été

Figure 5 : Evolution démographique des États

Bureau de « Migration d’Amérique centrale aux États-Unis :

Faire face à la criminalisation du parcours migratoire » DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Patrick Buchanan est un commentateur et homme politique américain

son livre sur Fox News. Le bandeau titre : « Les « migrants illégaux » («

ent la syphilis et la blennorragie aux États-Unis ». Source Fox News Channel.

Flux migratoire et démographie des USA

Lorsque l’on observe l’évolution de la démographie des États-Unis, on est interpe

la croissance fulgurante du nombre de citoyens américains depuis 1790.

territoires associée à une forte immigratio

d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, l

population américaine a été multipliée par 100, passant de 3 à 300 millions d’individus.

démographique des États-Unis sur la période 1790

Bureau de recensement des États-Unis

»

Université de Strasbourg

et homme politique américain venu présenter

illegal aliens »)

. Source Fox News Channel.

Unis, on est interpellé par

s depuis 1790. La colonisation ou

associée à une forte immigration en provenance

d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, la

par 100, passant de 3 à 300 millions d’individus.

nis sur la période 1790-2010. Source :

Page 17: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 15

Cet accroissement démographique se fait à un rythme plus soutenu qu’ailleurs dans

le monde et la part de la population américaine au sein de la population mondiale va, elle

aussi, augmenter considérablement. Ainsi au début du 20ème siècle, les américains

représentent 6% de la population mondiale.

Figure 6 : Part de la population américaine dans la population mondiale. 6

Cette croissance démographique exceptionnelle, pour peupler un territoire immense

(les États-Unis constituent le 3ème état le plus vaste au niveau mondial), va également

porter la croissance économique. Tout au long du 19ème siècle, les États-Unis vont monter

en puissance et leur influence culminera en 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale.

Figure 7 : Part du PNB américain dans le PNB mondial. 7

6 LEMARCHAND Philippe, Atlas des États-Unis: les paradoxes de la puissance, édition

Complexe, page 16

7 Ibid.

Page 18: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

16 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Aujourd’hui encore, les États-Unis demeurent la première terre d’immigration.

C’est le pays du monde ayant actuellement sur son sol le plus grand nombre – en volume –

d’immigré-e-s (en 2010 et selon les Nations-Unies, on dénombrait 43 millions

d’américains nés à l’étranger)8. Notons au passage que c’est le Mexique qui, au niveau

mondial, est le premier pays de départ, avec plus de 10 millions de personnes nées dans ce

pays et vivant dans un autre pays, principalement aux États-Unis.

Figure 8 : Nombre et part des immigrés et des émigrés dans quelques pays. 9

8 CASES Chantal, Population & Sociétés, novembre 2010, n° 472 9 Ibid.

Page 19: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 17

B. La migration un parcours de violation

1. L’exemple de la « 72 »

Alors que l’on criminalise les migrant-e-s « illégaux », on oublie de traiter

prioritairement les bénéficiaires de ce Traffic, au premier rang desquels le crime organisé.

En rançonnant les migrants et leurs familles, en organisant les passeurs, les organisations

criminelles ont accès à une source de financement considérable.

Le refuge pour migrant « la 72 » est situé à Tenosique (ville frontalière du sud du

Mexique et voisine du Guatemala). Il fut nommé ainsi en mémoire des 72 migrant-e-s

intercepté-e-s sur la « Bestia » 10 et assassinés le 22 août 2010 à San Fernando.

Figure 9 : Migrants centraméricains grimpant sur un train en marche.

Auteur : Nicolas Dumont

10 La « Bestia » (La « Bête » en français). C’est le nom des trains de marchandises sur

lesquels les migrants centraméricains grimpent pour traverser le Mexique et se rendre aux

États-Unis. Elle est appelée ainsi car « elle mange les hommes ».

Page 20: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

18 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Le refuge accueille principalement des migrant-e-s en provenance du Salvador, du

Honduras et du Guatemala. Au sein de la 72 est peinte une carte qui indique les différentes

voies de migration et les refuges.

Figure 10 : Carte des voies migratoires, peinte sur un des murs

de la cour intérieure de la 72. Source : New York Times

Les différences d’aplat de couleurs marquent le découpage du Mexique entre les 4

principaux cartels. Les péages sont matérialisés par un billet de banque (chaque migrant-e

devra s’y acquitter de cent dollars aux cartels qui contrôle les axes ferroviaires). Ces cent

dollars ne sont aucunement une garantie contre d’autres exactions (kidnapping, meurtre).

Les points rouges indiquent les zones de risque. Enfin, les zones où les migrant-e-s sont

victimes de manière récurrentes d’assaut et de séquestration sont indiquées par un pistolet.

Le Refuge a mis en place un questionnaire à l’arrivée des migrant-e-s. Il renseigne

–entre autre – l’identité de la personne (âge, sexe, date de naissance), son statut

(notamment le niveau d’éducation et la profession) et son parcours migratoire (nombre de

tentatives, destination). Une photographie de leur visage est également prise pour pouvoir

être utilisée en cas de disparition (enlèvement, meurtre).

Page 21: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 19

Notons enfin que cette violence à la frontière entre Mexique et Guatemala ne doit

pas faire oublier le caractère tout aussi meurtrier de la frontière « Nord » (entre Mexique et

États-Unis).

Figure 11 : Nombre annuel de migrants morts à la frontière Mexique/États-Unis entre

2001 et 2010 Source : National Foundation for American Policy

2. L’exemple emblématique d’Amilcar COLON

Angel Amilcar Colon est Girafon (minorité hondurienne d’origine africaine). Son parcours

migratoire, entreprit en 2009, expose un large « panel » des abus, commis par le crime

organisé et les agents d’états mexicains, et dont sont régulièrement victimes les migrants.

Une étude de son parcours est disponible en annexe (cf. L’exemple emblématique

d’Amilcar COLON ; annexe VII).

3. Genre et migration, exemple du flux Salvador-États Unis

En 2008, les femmes ont comptées pour moitié dans le nombre de migrant-e-s s’étant

déplacés du Salvador vers les États-Unis11. Notons d’ailleurs que cette parité se retrouve

lorsque l’on regarde le total des immigrés aux États-Unis sur la même période et toutes

origines confondues.

11 En 2008, 51.2% des migrants se déclaraient « homme » et 49.8% « femme ». Source :

Police Migratoire des États-Unis.

Page 22: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

20 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Puisque les femmes constituent la moitié du flux migratoire Salvador-États-Unis, il est

intéressant de se pencher sur leurs conditions spécifiques de migration et de faire

s’interroger genre et migration. Car en plus des risques que nous venons d’évoquer

précédemment, les femmes migrantes sont confrontées à des menaces supplémentaires, au

premier rang desquels se trouvent les sévices sexuelles. Amnesty International estime à

60% le nombre de femmes centraméricaines victimes de violences sexuelles dans leur

parcours migratoire.12

Soulignons par ailleurs, qu’y compris dans leur pays d’origine, les femmes

salvadoriennes sont en proie à des conditions particulièrement difficiles. Le Salvador fait

ainsi l’objet de pressions de la communauté internationale et de nombreux pays pour

apporter une modification à ces lois extrêmement criminalisantes en matière d’avortement

qui envoient en prison des femmes jugées pour avoir fait une fausse couche ou avorté

clandestinement.13

4. Record d’Homicide en Amérique centrale

L’Amérique latine est la région du monde marquée par le plus fort taux d’homicides.

Figure 12 : Homicide « intentionnel » pour 100 000 habitants et par région. Source :

Office des Nations Unies contre la drogue et le crime

12 Invisible victims migrants on the move in mexico, Amnesty International Publications,

2010, page 18 13À deux doigts de la mort, La violence contre les femmes et l’interdiction de l’avortement

au Salvador, Amnesty International Publication, 2014

Page 23: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév

Au sein du continent et suivant les années c’est

« disputent » le titre de pays au plus for

Figure 13 : Taux d’homicide pour 100

Office des N

Notons par ailleurs que ces

faible. Prenons l’exemple de la

en 2012. Sur la période 2010

100 000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période,

Honduras et le Salvador, dont les

enregistrent des taux d’homicide 2 à 3 fois

14L'indice de Développemen

1990 par le Programme des Nations U

niveau de développement humain

l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et l

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

ent et suivant les années c’est le Salvador et le Honduras qui se

le titre de pays au plus fort taux d’homicide dans le monde.

Taux d’homicide pour 100 000 habitants par pays (1995

Office des Nations Unies contre la drogue et le crime

Notons par ailleurs que ces taux d’homicide n’entrent pas en corrélation avec un IDH

faible. Prenons l’exemple de la république démocratique du Congo dont l’IDH est de 3,5

Sur la période 2010-2012, le taux d’homicide du pays se situe autour de 2,5 pour

000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période,

, dont les IDH sont nettement supérieurs

des taux d’homicide 2 à 3 fois supérieurs. Cette très forte

oppement Humain (IDH) est un indice statistique

Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Il évalue le

développement humain d’un pays en se fondant sur le PIB par habitant,

l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et le niveau de vie.

»

Université de Strasbourg 21

le Salvador et le Honduras qui se

dans le monde.

(1995-2010). Source :

s contre la drogue et le crime

pas en corrélation avec un IDH14

dont l’IDH est de 3,5

2012, le taux d’homicide du pays se situe autour de 2,5 pour

000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période, le

à celui du Congo

très forte criminalité

composite créé en

(PNUD). Il évalue le

d’un pays en se fondant sur le PIB par habitant,

e niveau de vie.

Page 24: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire

22 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement

centraméricaine est en réalité imputable à des particularités régionales,

des gangs.

Figure 14 : Taux d’homicide

A contrario, un IDH

d’homicide très faible. Pour au

de son groupe (en rouge sur la figure 15)

contre 1/100 000 par exemple au Canada

conclure qu’à leur niveau, les

particulièrement criminogène

présentant le même PIB.

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

icaine est en réalité imputable à des particularités régionales,

aux d’homicide en fonction de l’IDH pour 2012. Source :

Unies contre la drogue et le crime

élevé (supérieur à 0,85) semble bien corrélé

e très faible. Pour autant les États-Unis semblent légèrement se détacher au sein

(en rouge sur la figure 15). Le taux d’homicide y est de 4/100 000 habitants,

contre 1/100 000 par exemple au Canada ou en Europe de l’ouest.

conclure qu’à leur niveau, les États-Unis semblent aussi présenter

particulièrement criminogènes, puisque le taux d’homicide y est 3 fois supérieur à des pays

»

Université de Strasbourg

icaine est en réalité imputable à des particularités régionales, comme la présence

Office des Nations

corrélé avec un taux

égèrement se détacher au sein

y est de 4/100 000 habitants,

de l’ouest. On peut donc en

nt aussi présenter des facteurs

, puisque le taux d’homicide y est 3 fois supérieur à des pays

Page 25: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév

C. Quand migration et

criminelles : l’exemple des Maras

Le terme Maras désigne des gangs centraméricains

grandes Maras sont la « Mara Salvatrucha

appelé calle 18). En 2007, pour

répartis en 381 groupes. 35% d’entre eux ap

Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010)

Figure 15 : Répartition par Maras,

l’ Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.

1. Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.

Dans les années 1970, l

nombreux centraméricain-e

plus souvent allophones, ils

principalement la mafia mexicaine, déjà bien implanté

15 SIMEON CANAS José,

Universidad Centroamericana16 La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe

une série de grandes guerres

d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).

64%

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

migration et déportation renforcent les organisations

l’exemple des Maras

désigne des gangs centraméricains (voir glossaire

Mara Salvatrucha » (aussi appelé MS 13) et «

En 2007, pour le Salvador le total des membres était estimé à 16

répartis en 381 groupes. 35% d’entre eux appartenaient à la Mara Barrio 18

Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010)

épartition par Maras, réalisation Nicolas DUMONT à partir des données

Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.

Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.

années 1970, la « crise en Amérique centrale »16 a poussé à l’exode de

e-s vers les États-Unis, et en particulier vers la Californie.

ils se sont retrouvés sous la pression d’institutions

mexicaine, déjà bien implantée sur le territoire.

SIMEON CANAS José, Segundos en el Aire: mujeres pandilleras y sus prisiones,

Universidad Centroamericana (UCA), 2010.

La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe

une série de grandes guerres civiles qui ont éclaté de 1979 à 1990 dans plusieurs pays

d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).

35%

1%

Repartition par Mara

Mara barrio 18

Mara salvatrucha (MS 13)

Autre groupe criminels

»

Université de Strasbourg 23

les organisations

(voir glossaire). Les deux plus

la Mara 18 » (aussi

le Salvador le total des membres était estimé à 16 810

partenaient à la Mara Barrio 18 ; 64% à la

Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010) 15

à partir des données de

Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.

Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.

a poussé à l’exode de

vers la Californie. Le

sous la pression d’institutions criminelles,

Segundos en el Aire: mujeres pandilleras y sus prisiones,

La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe

civiles qui ont éclaté de 1979 à 1990 dans plusieurs pays

d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).

Mara barrio 18

Mara salvatrucha (MS 13)

Autre groupe criminels

Page 26: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

24 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Pour se défendre, les migrant-e-s centraméricain-e-s, principalement des réfugié-e-s

Salvadoriens, Guatémaltèques et Honduriens se sont donc regroupés en imitant le

fonctionnement des gangs. C’est ainsi que sont nées les premières « Maras » à Los

Angeles.

Puis, en 1992 à Los Angeles, survient l’ « affaire Rodney KING » 17. Cette décision

va entrainer de très violentes émeutes durant 6 jours. Des centaines d'habitants de Los

Angeles, principalement des jeunes hommes afro-américains et « latinos » (voir glossaire)

ont pris part à des pillages, des incendies criminels et des meurtres. En tout, ces émeutes

causeront la mort de 55 personnes et feront 2 300 blessés.

Sur les 50 dernières années, l’année 1992 reste marquée comme étant celle ayant

compté le plus d’homicides (1092 homicides).

Figure 16 : Nombre annuel d’homicides à Los Angeles.

Source : Département de police de Los Angeles.

17 Un jury américain acquitte quatre officiers de police accusés d'avoir passé à tabac un

automobiliste noir américain (Rodney KING).

Page 27: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 25

Plusieurs milliers de personnes furent arrêtées, dont 36 % d'Afro-américains et 52%

d'Hispaniques (Américains originaires d'Amérique latine). Dans les mois qui suivirent,

l’État californien approuva une loi assimilant les délinquants mineurs à des adultes, ce qui

permit aux autorités d’envoyer des centaines de « mareros » (voir glossaire) en prison.

La même année, la guerre civile prend fin au Salvador18. Puisque le conflit a cessé,

le gouvernement américain va donc commencer à déporter massivement les immigrés

Salvadoriens en situation irrégulière. De nombreux mareros qui avaient été incarcérés au

moment des émeutes feront également partie de cette vague de déportation.

Enfin, en 1996, une loi du Congrès américain autorisa l’expulsion de tout

délinquant n’ayant pas la nationalité états-unienne ou qui, récemment naturalisé, ferait

l’objet d’une peine supérieure à un an de prison. Ainsi, entre 1998 et 2005, les États-Unis

vont expulser près de 46 000 Centraméricains ayant purgé leurs peines. Si le nombre de

déportations annuelles depuis le territoire US est sur une hausse tendancielle, les

populations centraméricaines voit leurs taux d’expulsions exploser.

Figure 17 : Origine des personnes déportées, en pourcentage et par an. Source: Bureau de

statistique de l’Immigration des États-Unis. Les mexicains n’apparaissent pas, ils

représentent à eux seuls 80% des expulsions sur la décennie.

18 La guerre civile du Salvador est une guerre civile ayant eu lieu de 1979 à 1992 au

Salvador entre le Front Farabundo Martí de Libération Nationale (FMLN) et le

gouvernement Salvadorien.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

26 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Les pays centraméricains qui sortaient de plusieurs années de guerre civile et

venaient de signer des accords de paix étaient sans grande capacité institutionnelle et ne

possédaient pas les mécanismes de sécurité à même d’assurer l’accueil de ce contingent.

Ces gangs, donc nés en Californie, au sein de la diaspora centre-américaine, vont donc se

développer dans toute l’Amérique centrale tout en conservant leur ancrage aux États-Unis.

Ils diversifient alors leurs activités : enlèvements, impôt « de protection », trafic de drogue,

traite humaine des migrants (assassinats, viols, extorsions). Aujourd’hui, les Maras sont

environ 100 000 en Amérique centrale et 30 000 aux États-Unis19.

Figure 18 : En jaune apparaissent les zones où est présente la « Mara 13 ». Source:

National Drug Intelligence Center

Les premières victimes de la violence des Maras, sont les Maras eux-mêmes. Et

l’espérance de vie d’un marero dépasse rarement 25 ou 30 ans. Par ailleurs il est ardu de

chiffrer l’impact des Maras sur le niveau de violence en centramérique. Selon la PNC

(Police Nationale Civile du Salvador) le taux d’homicide directement imputable à l’activité

des « pandillas» (voir glossaire) varie de 10 à 30% sur la période 2009-2013.

19 Banque Mondiale, El Salvador: Estudio Institucional y de Gasto Público en Seguridad y

Justicia, 2012.

Page 29: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 27

Figure 19 : Nombre et pourcentage d’homicides attribués aux Maras. Source : Unité

d’Analyse et traitement de l’information du PNC.

Pour autant ces chiffres ne reflètent que les cas élucidés. Si l’on prend l’exemple de

l’année 2010 et selon l’Institut médico-légal du Salvador, 10,2% des homicides sont

imputables aux Maras (en rouge sur la figure 20), ce qui correspond aux chiffres de la

police nationale civile (PNC). Pour autant, 73,1% des homicides ont une cause inconnue

(en jaune)

Figure 20 : Mobile associé au Homicides au Salvador (en pourcentage du total).

Source Institut Médico-légal du Salvador.

En l’absence de source statistique de meilleure qualité, il est donc difficile de

chiffrer l’impact des Maras sur le niveau de violence et particulièrement sur le taux

d’homicide (deuxième plus élevé au monde). Si leur impact est assurément conséquent, il

entre en synergie avec d’autres phénomènes criminogènes comme la prolifération des

armes à feu dans la région (trafic d’importation d’armes depuis les États-Unis).

Page 30: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

28 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

En 2003, le Salvador adopte la politique de la “mano dura” (la « main dure »). Elle

prévoit l’emprisonnement immédiat de toute personne suspectée d’appartenir à un gang, un

délit passible de peines de 2 à 5 ans de prison, applicables à tout marero de plus de 12 ans.

En l’espace d’un an, 20 000 mareros Salvadoriens ont été arrêtés, mais 95 % ont été remis

en liberté lorsque la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la loi de la “mano dura”,

estimant qu’elle violait la convention des Nations Unies sur les droits des enfants.

Néanmoins, entre 2004 et 2007, la population carcérale du Salvador a doublé,

passant de 6 000 à 12 000 détenus, dont 40 % ont été arrêtés pour leur appartenance à une

Mara. Pratiquement dans le même temps, en août 2003, le Honduras imposait une politique

similaire dite de “tolérance zéro”, partiellement inspirée de l’initiative de l’ancien maire de

New York, Rudy GIULANI. Cette mesure a entraîné une réforme du Code Pénal et le vote

d’une loi qui punissait le délit d’appartenance à une Mara de douze ans de prison, peine qui

fut par la suite portée à trente ans d’emprisonnement.

Paradoxalement, et dans le même temps, la délocalisation vers l’Amérique centrale

de l’économie de la drogue face aux mesures entreprises par les gouvernements au

Mexique et aux États-Unis, va faire bondir le taux d’homicide.

Figure 21 : Taux d’homicide (en rouge) et saisi de cocaïne (en bleu) au Honduras.

Source : Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. On voit qu’au Honduras, le

taux de saisie de drogue bondit en même temps que le taux d’homicide

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 29

Le Guatemala, pour sa part, mettra en place son plan « coup de balai » en janvier

2004. Ces plans, pourtant attentatoires aux libertés fondamentales, sont parfois soutenus

par les populations. Pour elles, il n’est pas question de parler des droits humains des

mareros alors que ceux-ci violent les leurs.

Résurgence des guerres centraméricaines, des « escadrons de la mort »

(organisations paramilitaires d’extrême droite), tel que la « Sombra Negra », vont chercher

à exterminer les mareros, prenant pour cible une jeunesse marginalisée.

Les années suivantes, les gouvernements centraméricains et les États-Unis ont mis

en place des stratégies de lutte commune. Ces initiatives, qui, au départ, semblaient réduire

la délinquance des gangs, connaitront des succès éphémères. Les Maras se sont radicalisées

tout en se faisant plus discrètes (par exemple en effaçant leurs tatouages). Et surtout

aucune répression ne saurait régler les problèmes sous-jacents qui sont à l’origine de ces

phénomènes sociaux.

En réalité, les Mareros sont les boucs-émissaires des gouvernements

centraméricains. Ils tentent ainsi d’occulter les abîmes d’inégalité et de corruption qui

règnent au sein de leurs pays. Depuis quelques années, plusieurs « trêves » entre Maras ont

été signées, faisant chuter significativement le taux d’homicide. Seulement les homicides

repartent à la hausse et une résolution à long terme, tel que la prise en charge et la

réinsertion de milliers d’ex mareros, n’est pas d’actualité. Cela représenterait un coût

financier considérable, surtout au regard de l’aide apportée par les États-Unis. Alors que le

congrès votait en 2014 un budget de 18 milliards de dollars pour renforcer ses services

migratoires, l’administration OBAMA alloue seulement $1 milliard annuel au programme

d’Assistance à l’Amérique Centrale.

Nous faisons une description du mode de vie des « mareros » et des « jainas » en annexe

(cf. La vie dans une Mara : annexe VIII)

Page 32: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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30 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

2. Les gangs, un problème également prégnant au sein de la

communauté « latino » de Californie.

En 2010, la composition « raciale/ethnique » des États-Unis est la suivante 20 :

- « Blanc non hispanique» (voir glossaire) : 63,7%

- « Afro-américain » : 12,6 %

- « Latino/hispanique » : 15 %

- « Asiatique » : 4,8 %

- « Amérindiens » et natifs de l'Alaska : 0,9 % ;

- « Océano-Américains » (natifs des îles Hawaii et autres îles du Pacifique) : 0,2 %

- multiraciaux : 2,9 % et autres : 6,2 %

Observons maintenant les chiffres fournis par le National Gang Center.

Figure 22 : Race/ethnicité des membres de gang. Source : National Gang Center21.

La communauté « Latino », qui ne représente que 15% de la population américaine,

compte pour 50% des effectifs au sein des gangs. On comprend dès lors à quel point la

problématique des gangs est transfrontalière et impacte les centraméricain-e-s, peu importe

où ils se trouvent.

20 Bureau de recensement américain 21 le National Gang Center (NGC) est un projet coordonné par 3 agences fédérales : the

Office of Justice Programs (OJP), Bureau of Justice Assistance (BJA) and the Office of

Juvenile Justice and Delinquency Prevention (OJJDP).

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 31

II. Les conditions de vie et l’insertion « au Nord »

A. La discrimination structurelle aux États-Unis

1. La classification raciale et ethnique aux États-Unis

Figure 23 : Grille de renseignement de la race et de l’ethnicité des patients.

Source : OSHPD

L’encadré ci-dessus est issu des guides de l’OSHPD (Office of Statewide Health

Planning and Development) 22. Ces guides indiquent notamment comment reporter la

« race » et l’ « ethnicité » des patients pris en charge par les services de santé. Le guide

précise par ailleurs que les données sur la race et l’ethnicité sont « d’autant plus précises

que les patients décrivent eux-mêmes leur appartenance raciale et ethnique » 23. Cette

classification est tout à fait officielle puisqu’elle émane des services de santé de l’état et

montre la volonté, aux États-Unis, de séparer les patients – et les individus en général – en

catégorie et sous-catégorie raciale et ethnique.

Alors que l’appartenance raciale fait référence à un panel « large » et plutôt

exhaustif de catégorie raciale (Blanc, Noir, Natif américain/Eskimo/Aleut, Asiatique et

Pacifique, Autre, Inconnu), l’appartenance ethnique n'a que 3 entrées: Hispanique, non

hispanique, autre.

22 Guide de l’enregistrement des patients pour la Californie, 7ème édition, 2014, page 1 23 Ibid.

Page 34: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

32 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Il est dès lors intéressant de remarquer que cette sous-catégorie «ethnique » ne

concerne qu’une seule « race », distinguant les « blancs non-hispaniques » des « blancs

hispaniques» (ces « blancs hispaniques » auxquels nous faisons référence sous les termes

de « communauté Latino » ou « population Latino »).

Cette lecture raciste est historique aux États-Unis. Elle découle en premier lieu de la

ségrégation infligée aux populations noires africaines par les populations blanches

originaires d’Europe. Mais c’est également le fruit des migrations. Les migrants européens

furent en leur temps également classés en « sous-catégories », c’est par exemple le cas des

immigrés italiens, considérés comme une minorité et un sous-groupe ethnique par rapport

au groupe sensé définir la « norme » : les européens anglo-saxons. Et c’est lorsque les

populations originaires d’Amérique latine, d’abord considérées comme « blanches », ont

commencé à représenter une part importante de la population américaine qu’a été décidé la

création d’un sous-groupe ethnique « blanc hispanique ». Il est important d’insister sur

cette distinction ethnique/communautaire tant elle est prégnante aux États-Unis.

Par ailleurs, notons qu’un glissement sémantique se produit, reflétant tout de même

l’évolution de cette vision, à l’origine raciste. En effet le terme de « communauté » tant à

supplanter celui de « race ». Outre l’usage d’un vocable moins chargé historiquement, cela

traduit également un changement de fond. Là où la race est attribuée aux individus, le

terme de communauté fait référence à une organisation sociale.

Nous pourrions reprocher à ces statistiques ethniques de renforcer les clivages ou le

racisme, pour autant cela serait occulter le bénéfice de disposer de ressources extrêmement

précieuses dans l’analyse de problématiques affectant particulièrement certaines

populations. Grâce aux statistiques ethniques, l’OSHPD établit que le taux d’admis pour

des complications dûes au diabète est bien plus élevé chez les populations « hispaniques »

et « afro-américaines ». Cela permet une attention particulière lors de l’examen médical

d’individus issus de ces mêmes populations.

Page 35: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 33

Figure 24 : Taux d’admission pour des complications liées au diabète.

Source : OSHPD

Enfin, il faut garder à l’esprit que cette classification est très englobante et qu’une

analyse plus détaillée (par exemple par pays d’origine) est parfois nécessaire. Si l’on

prend l’exemple du groupe « asiatique/pacifique », on observe de très grandes

disparités dans les revenus (les indiens gagnants en moyenne 3 fois plus que les

Hmong).

Page 36: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

34 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Figure 25 : revenu des sous-groupes asiatiques en Californie.

Source : Measure of America

2. Définir la discrimination structurelle

Il convient de distinguer racisme et discrimination structurelle. Et c’est avant tout la

« motivation » qui les différencie. Le racisme est un acte délibéré de maltraitance ou

d’exclusion d’un groupe par un autre. La discrimination structurelle est, pour sa part, un

processus latent et intrinsèque au sein d’une société régie par diverses normes

socioculturelles. Même si des préjugés raciaux ou des sentiments de haine manifestes ne

motivent pas la discrimination structurelle. Les conséquences du racisme et de la

discrimination structurelle sont semblables. 24

B. L’intérêt d’étudier les populations afro-américaines pour

analyser la situation des «latinos»

1. Des conditions de vie « inférieures »

24 ZHENG Wu, Immigrants, sélectivité et santé mentale, Département de sociologie

Université de Victoria (Canada), Rapport de Septembre 2002

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 35

Alors qu’elle fut abrogée il y a près de 70 ans, la ségrégation raciale25 continue

d’influencer profondément les conditions de vie des quelques 40 millions d’afro-

américains vivant aux États-Unis. S’il est indéniable qu’en parallèle de celles des autres

communautés, les conditions de vie des afro-américains se sont elles aussi améliorées, une

certaine « inertie » demeure, tant dans les mentalités que dans l’organisation de la société.

Une des illustrations les plus probantes du phénomène est le décalage observé pour

l’espérance de vie. Un enfant afro-américain qui naît aujourd’hui a une espérance de vie

inférieure de 5 ans à celle d’un enfant « blanc ».

Figure 26 : Evolution de l’espérance de vie par race/ethnicité sur la période 1991-2006

Source : Département de santé publique du comté de Los Angeles, Bureau de la santé.

En 2006, pour pallier aux limites de l’IDH, le PNUD a mis en place des « IDH

désagrégés » permettant de différencier l'IDH au sein d'un pays par tranches de

population26. Les Hommes noirs ont alors un IDH de 0,85, ce qui les situe plus près des

bulgares que des femmes blanches américaines (dont l’IDH dépasse 0,98).

25 La ségrégation raciale débute en 1896 pour s’achever en 1967. Comme l'esclavage avant

elle, cette ségrégation est basée sur les doctrines raciales de l'anthropologie du XIXe siècle

et sur l'intimidation des Noirs par la violence. Source : Wikipedia. 26 Les premiers IDH désagrégés ont concerné 13 pays en voie de développement, aux côtés

des États-Unis et de la Finlande. Source : page internet du PNUD.

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36 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Figure 27 : Indice de Développement Humain « désagrégé » des États-Unis.

Source : manuel de SES de Terminale 27

Depuis 2009, le conseil de recherche en sciences sociales des États-Unis a initié une

série de grande enquête à but non lucratif et non partisan : The Measure of America.

Semblable au rapport mondial sur le développement humain publié chaque année par le

PNUD, ce travail de longue haleine permet de dresser plus clairement le portrait de

l’Amérique d’aujourd’hui et par là-même de mettre à jour les inégalités entre

communautés.

Measure of America utilise un « Indice de développement humain américain »

modifié (en anglais, « American HD index »). Il mesure les mêmes trois dimensions de

base que l’IDH standard mais utilise différents indicateurs afin de mieux refléter le

contexte américain. Par exemple, tandis que l’IDH standard mesure l’accès à la

connaissance en utilisant le nombre moyen d'années que les élèves passent à l'école,

l’ « IDH américain » évalue le niveau d'instruction. (cf. Mode de calcul de l’American HD

Index ; annexe IX).

D’après le rapport de 2009, ce sont les hommes noirs et latinos qui possèdent l’IDH

américain le plus bas. L’espérance de vie des hommes noirs est la même que celles des

27 Nouveau manuel de SES, Terminale, La découverte, 2003

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 37

hommes du Guatemala ou du Bangladesh. Selon Measure of America, 3 facteurs entrent en

jeu pour expliquer cette faible espérance de vie : maladie cardiaque, cancer et homicide.

Figure 28 : Classement par race et par genre selon l’ « American HD index »

Source : The Measure of America

2. Une communauté mise sous pression

Un autre marqueur important des conditions de vie défavorables des afro-américain-e-s

est la violence particulière à laquelle ils sont confrontés. Le taux d’homicide reflète bien ce

phénomène : alors qu’il est en moyenne de 5,2 pour 100 000 habitants aux États-Unis, il se

situe à 19,4 pour 100 000 pour les populations « noires » (un taux proche de celui du Brésil

par exemple).

Figure 29 : Homicide pour 100 000 habitants pour les pays à fort IDH en 2012.

Source Office des Nations Unies contre la drogue et le crime

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38 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Au-delà des homicides, cette communauté est également mise sous pression par la

police. Une page internet collaborative et sourcée mise en place par le Guardian, quotidien

d’information britannique, récence les personnes abattues par la police depuis le début de

l’année 28. Sur les 8 premiers mois, on recense 711 personnes abattues sur le territoire US.

La répartition ethnique est celle-ci :

Figure 30 : Personnes abattues par la police, janvier - aout 2015. Source : The Guardian

Si l’on ramène ces chiffres à la part que représente chaque communauté, on obtient

un ratio d’individu abattus par la police/par million. On constate dès lors que le nombre de

personnes abattues par la police et appartenant à la communauté afro-américaine est 2,5

fois supérieur à celui de la communauté blanche.

Figure 31 : Taux de personnes abattues par la police pour 1 000 000 d’habitants,

Janvier – Août 2015. Source: The Guardian.

Voici la synthèse des taux d’homicide et du ratio d’individus abattus par la police :

Blancs Latinos Noirs

Homicide en 2012

(pour 100 000/ habitants)

2,5 5,3 19,4

28 Pour chaque victime une fiche bibliographique permet d’avoir accès aux publications

relatives aux circonstances de la mort. La fiche présentant le cas emblématique de

Freddie GRAY est disponible en annexe (cf. Fiche Freddie GRAY ; annexe X).

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 39

Personnes abattues par la police

de Janvier à Août 2015

(pour 1 000 000 d’habitant)

1,73 1,87 4,4

Figure 32 : Homicide et personnes abattues par la police.

Réalisation : Nicolas DUMONT

On remarquera au passage que le ratio d’« hispaniques/latinos » abattus par la

police est le même que pour les blancs. Ce chiffre s’explique par l’intégration dans la

police d’élément « latinos ». En effet, le Los Angeles Police District (LAPD) compte dans

ses rangs 45% d’officiers latino. Cette large et visible proportion correspond à une

représentation équitable (environ 50% des habitants de Los Angeles sont latinos).

3. La domination intercommunautaire aux États-Unis

Nous venons de le voir, les afro-américains - descendant des esclaves amenés de

force sur le continent pour servir les exploitations agricoles des colons européens -

expérimentent aux États-Unis des conditions de vie inférieures à celles des autres

communautés. Aujourd’hui, si les lois racistes ont été abrogées, force est de constater que

leurs conditions de vie (éducation, santé, revenus) restent en deçà de celles des « blancs ».

Puisque l’on s’intéresse aux conditions de vie des populations latinos, à leur

« insertion » 29 dans la société américaine, l’étude d’un groupe présent depuis les débuts de

la construction de la nation américaine, et qui semble le plus « dominé », nous renseigne

fort bien sur les mécanismes de discrimination structurelle que doivent affronter les

migrants nouvellement arrivés.

29 Insertion désigne le processus par lequel, tout en étant reconnu comme partie intégrante

de la société d’accueil, l’étranger garde son identité d’origine et ses spécificités

culturelles. Le terme insertion est moins connoté que celui d’ « intégration », et a fortiori

que celui d’« assimilation ».

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40 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

L’élection en 2008 d’un président noir – Barack OBAMA – demeure un symbole

fort et le signe que cette nation souhaite assumer son passé et sa multiplicité ethnique. Pour

autant et même si la situation n’est plus aussi critique que par le passé, l’appartenance à un

groupe communautaire « dominé » demeure un facteur de handicap social, parfois décisif.

Figure 33 : Manifestation à Baltimore suite à la mort de Freddie GRAY30, Auteur inconnu.

C. Les quartiers ethniques de Los Angeles et les limites du

concept Nord/Sud

1. Los Angeles, mégalopole du Sud californien et pôle migratoire.

30 Freddy GRAY est un jeune homme noir, originaire de Baltimore, tué dans un camion de

police le 12 avril. Sa mort a provoqué d’amples mouvements de protestation aux États-

Unis. La justice a depuis reconnu l’homicide.

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 41

Figure 34 : Le centre-ville de Los Angeles et les Monts San Gabriel.

Auteur N. SERRANO.

En 2014, la population de la région du Grand Los Angeles31 était de plus de 18

millions d’habitants. C’est la deuxième plus grande aire urbaine des États-Unis avec 87

000 km². Sa superficie est supérieure à celle de l’Autriche.

31 Los Angeles, Orange, San Bernardino, Riverside et Ventura.

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42 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Figure 35 : Photo satellite de l'extension urbaine du Grand Los Angeles. Source : NASA

La mégalopole est née en à peine un siècle. En 1900, sa population n’était encore que de

250 000 habitants.

Figure 36 : Croissance de la population de la mégalopole du Grand Los Angeles depuis 1900. Source : Bureau de recensement américain

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 43

Cette explosion démographique s’explique par un climat « méditerranéen »

favorable (notamment à l’agriculture), à la disponibilité d’espaces très vastes et à

l’explosion de nombreuses industries (manufacturière, industrie du pétrole, industrie du

film, aérospatial).

Les migrants ont aussi largement contribué au gonflement de la population de la

mégalopole. On observe sur le dernier siècle deux « vagues » migratoires. La première au

début du 20ème (migration originaire d’Irlande, d’Allemagne, Juifs d’Europe de l’est) et en

ce début de 21ème siècle (migration originaire d’Asie et d’Amérique latine). En 2015, près

d’un tiers des californiens (28%) sont nés à l’étranger.

Figure 37 : Part de la population américaine (en noir)

et californienne (en bleu) né à l’étranger32.

.

32 GIBSON Campbell & LENNON Emily, Historical Census Statistics on the Foreign-

born, 1994

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44 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

2. Étude comparative des quartiers de East L.A. et de Beverly

Hills.

Figure 38 : Pourcentage de personnes mexicaines ou d’origine mexicaine par quartier.

Source : Bureau de recensement américain.

Réalisé par le bureau du recensement américain en 2000, cette carte de Los Angeles

montre le pourcentage de la population «s’auto identifiant comme mexicain de par ses

ancêtres ou son pays d’origine » (en violet). East LA est le quartier qui compte la plus forte

proportion de latinos de Los Angeles. Nous allons le comparer au quartier très « blanc » de

Beverly Hills. Ce dernier n’est pas le quartier le plus « blanc » (il est au 14ème rang), mais il

est très proche d’East L.A. géographiquement : 28km (soit une demi-heure de voiture, une

heure en transport en commun). C’est peu compte tenu de l’ampleur de la mégalopole et

c’est le type de trajet qui est effectué quotidiennement par les « Angelenos » 33.

33 Les Angelenos sont les habitants de Los Angeles.

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 45

Figure 39 : Itinéraire pour se rendre d’East L.A. à Beverly Hills. Source : Google maps

La première différence concerne la densité de population :

Los Angeles Beverly Hills East LA

Densité de population (hab/km²) 3067 2290 6509

Si on s’attarde sur la composition ethnique des deux quartiers, la dominante ethnique est

sans équivoque :

Beverly Hills East L.A.

Figure 40 : Composition ethnique à Beverly Hills et East L.A.

Source : Bureau de recensement américain

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46 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

On voit donc côte à côte un quartier « blanc » (81,8%) et un quartier « latino »

(96,7%). Deux profils donc très différents mais présentant tout de même un point

commun : un index de diversité très faible34. Sur les 265 quartiers de Los Angeles, Beverly

Hills se classe 210ème en terme de diversité. East L.A. se classe dernier.

Les écarts de richesse sont aussi considérables. Beverly est loin des quartiers les

plus riches à 200 000$/an et par foyer, mais avec 96 000$/par an et par foyer en moyenne,

ses habitants ont des revenus 2,5 fois supérieurs à ceux de East L.A (38 000$/an et par

foyer). Soulignons par ailleurs que de nombreux foyers d’East L.A disposent de moins de

20 000$/an.

Si l’on compare le niveau d’éducation, on voit que la plupart des habitants de plus

de 25 ans d’East L.A. ont un niveau inférieur au lycée (« high school »). Seul 3,7%

possèdent un « four year degree » (équivalant au Master Français).

Figure 41 : Nombre de personnes de plus de 25 ans par niveau d’étude

à East Los Angeles. Source : Bureau de recensement américain.

A contrario, les habitants de Beverly Hills ont un niveau d’étude très supérieur,

puisque les plus de 25 ans sont 54,5% à avoir l’équivalent d’un Master. C’est 15 fois plus

qu’à East L.A.

34 L'indice de diversité mesure la probabilité que deux résidents, choisis au hasard, soient

de différentes ethnies.

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Le quartier avec le taux de criminalité le plus élevé est Chesterfield Square

(quartier à majorité noir). Le taux de crime violent y est de 123 pour 100 000 habitants.

Malheureusement les données sont incomplètes pour les quartiers d’East L.A. et de

Beverly Hills. Mais nous pouvons regarder leurs quartiers adjacents, aux profils similaires.

West Wood (frontalier avec Beverly Hills) a un taux de crime violent de 6 pour 100 000

habitants. Boyle Heights (proche d’East L.A.) a un taux de crime violent de 29,6 pour

100 000 habitants. Si on est encore loin des tristes « records » de criminalité des quartiers

noirs, on observe tout de même une criminalité trois fois plus élevée dans le quartier

« latino » que dans le « quartier blanc ».

Concernant l’immigration, c’est Chinatown et Koreatown (quartiers ethniques

chinois et coréen qui compte le plus d’habitants nés à l’étranger (autour de 70 %). East LA

se classe tout de même dans les quartiers d’accueil de la migration puisque la moitié

(48,6%) des habitants du quartier est née à l’étranger (dont 90% au Mexique et 4% au

Salvador). Beverly Hills compte également un nombre certes moindre mais tout de même

important d’habitants nés à l’étranger : 38,2% (parmi lesquels 40% d’Iraniens).

A la vue de ces chiffres, on constate que deux quartiers, qui plus est proches

géographiquement, présentent des profils extrêmement contrastés. Le plus frappant est la

différence de composition ethnique. On voit ensuite que le quartier blanc jouie d’une plus

faible densité, de meilleurs revenus, d’un niveau d’étude supérieur, d’une plus grande

sécurité. Ce découpage est frappant sur place et évoque rapidement le « découpage

Nord/Sud ».

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48 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

3. Quartier ethnique à Los Angeles, les limites du concept

« Nord/Sud ».

C’est l’ancien chancelier allemand William BRANDT qui imagine en 1980 cette

ligne imaginaire séparant les pays « développés » (le « Nord ») des pays

« en développement » (le « Sud ») 35.

Cette limite est aujourd’hui critiquée puisque certains pays du « Sud » comme

l’Argentine ont un IDH (0,811 en 2013) supérieur à des pays du « Nord » (l’IDH de la

Russie est de 0,778 en 2013). L’autre limite apparait dans la comparaison entre les

quartiers d’East L.A. et de Beverly Hills puisque la limite Nord/Sud « serpente » dans la

ville, découpant des zones « développées » et des zones « en développement ».

Si l‘on combine les différences d’IDH observées dans la partie précédente avec les

caractéristiques d’un quartier comme East L.A. - populations latino à 96%, né à l’étranger

ou de parents né à l’étranger, parlant majoritairement espagnol – on est en droit de

questionner voire de remettre en cause ce découpage à la fois grossier et non révélateur de

la complexité de zone à forte immigration tel que la mégalopole californienne.

4. Impact de l’origine et des conditions de migration

Malibu est le quartier le plus blanc de Los Angeles (à 88%). Ses habitants,

lorsqu’ils sont nés à l’étranger proviennent du Canada (10%) ou du Royaume Uni (10%).

Ceux nés aux États-Unis sont le plus souvent d’ascendance allemande (11%) ou

britannique (10%). C’est typiquement l’image parfois fantasmée d’une Amérique blanche,

d’ascendance européenne et incarnée par les « WASP » 36.

35 BRANT Willy, Nord-Sud: un programme de survie. Rapport de la Commission

indépendante sur les problèmes de développement international, Gallimard, 1980 36 WASP (« guèpe ») est l’acronyme de « white anglo-saxon protestant ». Il désigne les

descendants des immigrants protestants d'Europe du Nord-Ouest, dont la pensée et le mode

de vie ont structuré une partie de la nation américaine depuis les premières colonies

anglaises du XVIIe siècle. Source Wikipédia.

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Or, on l’a vu, à Beverly Hills réside une large diaspora iranienne (40% des

habitants de Beverly Hills né à l’étranger viennent d’Iran). Los Angeles abrite par ailleurs,

au niveau mondial, la plus large diaspora iranienne (environ 400 000 personnes). Cette

communauté semble jouir d’un capital – autant culturel (niveau d’étude) que socio-

économique – appréciable et supérieur à la moyenne.

Nous ne détaillerons pas les facteurs qui ont favorisé l’émergence de conditions de

vie favorables au sein de la diaspora iranienne, nous pouvons néanmoins évoquer un

niveau d’éducation élevé chez les migrants iraniens et le fait que les « arabes » étaient

classés comme « blancs » dans la classification raciale états-unienne. Pour autant,

l’immigration iranienne prouve que certaines communautés immigrées parviennent à jouir

de conditions de vie au moins égales, voir supérieures, à celle des blancs.

On peut donc en conclure que le statut d’immigré ne peut pas être considéré comme

condition suffisante pour expliquer les conditions de vie « inférieures » qu’expérimentent

les populations latinos. En réalité les conditions de vie d’une diaspora donnée sont

déterminées par un ensemble de facteurs :

- les motifs de migration (guerre, nécessité économique, etc.),

- les conditions de transit,

- les relations unissant le pays d’origine et le pays d’accueil,

- le niveau d’éducation des migrants,

- la perception de l’opinion du pays d’accueil sur la communauté,

- les réseaux d’entraide au sein de la diaspora,

- l’existence ou non de dispositif discriminatoire (parfois « structurel », parfois

institutionnalisé).

Si l’on considère les populations afro-américaines, leur « migration » forcée est dûe à

l’esclavage, leur transit vers les États-Unis s’est fait dans les pires conditions. Ils furent

considérés comme des « sous-hommes » durant deux siècles, sous la tutelle de leurs

propriétaires, discriminés « légalement », peu instruits, ils n’avaient aucune possibilité de

construire des réseaux d’appui. Les « conditions migratoires » des premiers afro-

américains corroborent avec les conditions de vie de cette communauté deux siècles plus

tard.

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50 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

5. Quartiers communautaires et services

Si on peut juger les quartiers ethniques responsables de communautarisme et de

saper le sentiment d’appartenance à un groupe commun, national et pluriethnique, force est

de constater qu’il résulte d’une forme d’adaptation.

Un quartier communautaire n’apporte pas seulement les avantages symboliques

d’une culture commune ; il permet aussi d’offrir des services adaptés aux populations, ou

d’en faciliter l’accès. C’est par exemple le cas des banques communautaires qui vont non

seulement pouvoir proposer aux populations allophones37 une documentation dans la

langue du pays d’origine (coréen, chinois, espagnol, etc.) mais surtout être plus disponible

et moins discriminante envers leur population cible (on peut supposer que les banques

« issues de communautés blanches » sont moins prêteuses pour les populations récemment

immigrées).

Figure 42 : Devanture d’une banque de Los Angeles s’adressant aux populations

parlant coréen. Auteur Inconnu.

37 Le terme « allophone » est utilisé pour parler d’une personne dont la langue maternelle

est distincte de la langue majoritairement parlée dans le pays dans lequel elle se trouve.

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 51

De même, on trouve dans ces quartiers des avocats spécialisés dans les procédures

d’expulsions, les permis de travail, les demandes de regroupement familial et proposant

une prise en charge dans la langue maternelle de leur client.

Figure 43 : Ces avocats proposent à la population latino les services les plus fréquents.

Source : Publicité recueillie à Los Angeles.

Enfin, définir ces quartiers comme étant des ghettos serait réducteur. Ils sont aussi

parfois l’expression d’une cité dont l’identité intègre cette composition multiethnique. Les

habitants de Los Angeles éprouvent une certaine fierté à vivre dans une ville où confluent

des populations venues du monde entier et où 60% des habitants sont bilingues. À travers

la ville, de nombreux musées, tel le Japanese American National Museum retrace cette

histoire pleine de contrastes de la migration.

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III. Quelques possibilités pour la société civile dans

l’accompagnement des migrants et des populations récemment

immigrées

A. Définir une grille d’intervention globale, présentation de

l’INTRAC

L’INTRAC ( International NGO Training and Research Center) est une organisation

fondée en 1991 au Royaume Uni. Son but est de soutenir et de renforcer la société civile

pour établir des sociétés démocratiques. L’association aide les OSC38 à promouvoir un

développement durable et une société juste. L’INTRAC publie de nombreux ouvrages et

articles pratiques via une série de moyens conçus pour les « praticiens » directement

impliqués dans le développement afin qu'ils partagent leurs idées39. En 2006, Oliver

BAKEWELL alors directeur scientifique de l’INTRAC a publié un guide intitulé

« Migration as a Development Strategy: A Challenge to Development NGOs ». Il y

segmente les activités à mener auprès des migrants en six grandes catégories :

- Accès au droit

- Plaidoyer

- Diffusion de l’information

- Assistance sociale

- Intégration dans le pays d’accueil

- Réseau

Sans dresser un panel exhaustif, nous voudrions dans cette troisième partie montrer

comment la migration peut être un moyen de développement durable. Nous souhaiterions

également formuler quelques recommandations auprès des organisations de la société

civile impliquées dans la prise en charge et l’accompagnement des populations migrantes

dans les régions Nord et Centraméricaines.

38 Organisation de la Société Civile 39 Pages de présentation en français de l’association : www.intrac.org

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 53

B. L’assistance humanitaire

Le rôle des gouvernements dans les pays de transit ou de destination est de protéger

les individus, peu importe leur situation. Les migrants « irréguliers » originaires

d’Amérique centrale et transitant par le Mexique pour se rendre aux USA ou au Canada,

sont – nous l’avons vu – victimes de nombreux abus. En l’état et présentement, il est

indispensable d’envisager des solutions à court terme pour pouvoir soulager ces

populations.

Si l’on regarde attentivement qui assure ce rôle d’assistance humanitaire aux

migrants en transit par le Mexique, on constate immédiatement le rôle majeur et central

que joue les « auberges pour migrants» mises en place par l’église. Il est dès lors

indispensable pour les organisations de la société civile de travailler avec cet acteur à la

fois extrêmement efficient et expérimenté.

L’auberge de la « 72 » est gérée par un père franciscain qui, la plupart du temps

seul, parfois accompagné d’un volontaire, assure l’accueil d’une centaine de migrants

(avec un turn-over très important, les migrants restant en moyenne 3 jours). Parmi eux se

trouvent des personnes nécessitant une attention spécifique : femmes enceintes, « coyotes »

(nom donné au passeur), blessés, etc. La Croix Rouge se rend deux fois par semaine au

refuge pour effectuer des consultations et assurer les soins «minimum».

La population locale, très majoritairement catholique, fournit quotidiennement des

vivres au refuge (principalement des légumes invendus). Cette générosité est impulsée par

la légitimité que possède l’église, et en particulier l’ordre franciscain. Cette figure tutélaire

de l’église influe également sur les mentalités et apaise les tensions entre locaux – parfois

hostiles – et migrants, ou entre les migrants eux-mêmes. Il faut donc veiller à collaborer

avec cet acteur essentiel qu’est l’église, tout en veillant à concilier son caractère

confessionnel avec la charte du développement durable.

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54 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Enfin, soulignons que la « 72 » parvient brillamment à impliquer les migrants dans

leur propre assistance. Tous les migrant-e-s en capacité prennent part au ménage, à la

corvée de bois ou à la préparation des repas. C’est là un point où certaines organisations

« humanitaires » ont tendance à échouer. Pourtant prendre appui sur ces populations et

mettre à profit leur savoir-faire participe à un « mieux-être migratoire ».

Figure 44 : En allant récolter les invendus de la population locale et en faisant participer

les migrants à leur propre prise en charge, Frère Antonio réussit à assurer « seul »

l’accueil d’une centaine de migrants : Efficience maximale. Auteur Nicolas DUMONT.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 55

C. Les réseaux d’alertes et la création de collectif d’associations

Les ONG focalisées sur la thématique migratoire sont extrêmement nombreuses.

Soulignons par ailleurs que cette thématique est transversale et que de nombreuses

associations peuvent avoir une approche particulière (droits de femmes, mineurs non

accompagnés, etc.). Voces Mesoamericanas présente par exemple la particularité d’avoir

un « double focus » sur les migrants d’une part et les populations indigènes d’autre part.

Cette pluralité de petites ONG/OSC spécialisées est une force, mais pour être

pleinement efficient, ce « maillage associatif » doit être interconnecté. En plus d’assurer

une meilleure coordination et coopération entre associations, la constitution de réseaux

génère un effet de « porte-voix », tout aussi bénéfique dans le cadre d’actions d’urgences

(nécessitant une réponse rapide de la société civile, par exemple séquestration, enlèvement,

violence) ou dans la promotion des projets de développement. Cette action de porte-voix

est d’autant plus importante pour des petites ONG, ne disposent pas toujours de beaucoup

de moyens en terme de communication.

Concernant la migration latino-américaine, cette volonté des associations d’agir en

synergie se matérialise notamment par la création du COMPA (Collectif Migration pour

les Amériques). Ce collectif vise à promouvoir l'intégration de la politique migratoire avec

un accent sur le développement, les droits humains et l'égalité, grâce à des mécanismes de

participation inclusive et démocratique. Il se compose de citoyens et organisations à but

non lucratif, et de réseaux qui ont en commun le travail de créer des conditions nécessaires

pour la jouissance des droits fondamentaux des hommes et des femmes dans un contexte

d’immigration. A ce jour, 129 organisations (dont Voces Mesoamericanas) en sont

membres. Ces organisations sont basées aux États-Unis, au Mexique et en Centramérique.

En tant que webmaster et directeur de la communication de Voces Mesoamericanas, j’ai

régulièrement publié des communiqués du COMPA. Inversement, j’ai pu bénéficier de ce

réseau lorsque je publiai un article.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

56 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Figure 45 : Troisième rencontre transnationale du COMPA,

sur la « citoyenneté migrante en action », mars 2014.

Enfin, précisons que le Collectif Migration pour les Amériques n’est pas qu’un

simple réseau de diffusion. En effet, il propose une approche théorique globale, notamment

matérialisée par la tenue de rencontres transnationales entre associations. Ces rencontres

ont d’ailleurs permis l’adoption d’un plan national de développement de 2013 à 2018 et la

publication, pour la première fois au Mexique, d’un Programme Spécial à la Migration.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 57

D. Proposer des alternatives à la migration, l’exemple des CCT

Le Chiapas est une zone indigène (principalement Tzotzile) « expultrice » de

travailleurs : de nombreux hommes, femmes et enfants migrent vers les États-Unis,

souvent avec l’intention de revenir en ayant accumulé assez d’argent pour pouvoir soutenir

leurs familles, financer l’achat d’une propriété ou la création d’une entreprise.

Pour pallier à ce phénomène qui impacte négativement les communautés indigènes

et favoriser le développement local, Voces Mesoamericanas a impulsé la création de CCT

(Comités Communautaires Transnationaux). Les CCT sont des groupes composés au

minimum de sept personnes, incluant au moins un « retornados » ( un-e migrant-e

retourné-e , voir glossaire).

La formation des CCT vise, entre autres :

- la valorisation des migrants retournés auprès de leur famille et de leur communauté

- l’accompagnement des communautés indigènes dans l’acquisition de capacités

organisationnelles

- à un renforcement technique

- à générer des ressources économiques en vue d’assurer leur propre développement.

Figure 46 : Exemple d’un CCT produisant du miel. Extrait du clip promotionnel

« Apicolas de las montañas » (cf. Apicolas de las montañas ; CD des annexes vidéos)

Page 60: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

58 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Les projets ont généralement trait à l’élevage, à la production de légumes ou à

l’artisanat. Voces Mesoamericanas accompagne les populations indigènes, de tradition

orale, dans l’écriture de leurs projets. L’association les aide également à établir un budget,

rechercher des fonds et propose des formations techniques (soins vétérinaires pour

l’élevage par exemple).

Cet accompagnement est l’occasion pour l’association de continuer à promouvoir le

développement durable auprès des membres des CCT (incitation à une agriculture

biologique par exemple).

Figure 47 : Les CCT favorisent un développement durable. Réalisation Estelle GENDRY40

40 GENDRY Estelle, La migration peut-elle contribuer au développement des régions d’origine et sous

quelles conditions ? Licence pro « Chargé(e) de projets de Solidarité Internationale et Développement

durable » promotion 2011/2012

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 59

E. L’approche psychosociale pour soigner le trauma

La migration est, en soi, un processus pouvant s’avérer hautement traumatique. En

effet, la séparation familiale qu’elle induit, la perte de repères, le changement

d’environnement (linguistique, social) déstabilisent profondément les individus. Cette

dimension traumatique est, en un sens, acceptable puisque prévisible. Cependant, il arrive

que la migration engendre un traumatisme profond. C’est notamment le cas lorsque des

individus entreprennent de migrer « illégalement ». Nous l’avons vu, les migrants en

transit peuvent ainsi être victimes d’abus graves, de la part du crime organisé mais aussi de

la part des services d’états (cf. Le cas emblématique d’Amilcar COLON ; annexe VII).

La société civile a un rôle à jouer dans la prise en charge de ce trauma. Cette

mission est capitale si l’on cherche à se prévenir des conséquences délétères que peut

provoquer un traumatisme non soigné (problème de santé et relationnel, dépression,

marginalisation, violence). Voces Mesoamericanas et Homies Unidos dédient une partie de

leurs activités à la prise en charge de ce traumatisme migratoire.

Depuis 3 ans, Voces Mesoamericanas propose ainsi un programme d’attention

psychosocial à l’attention des familles de migrants disparu. En effet, il arrive fréquemment

que des migrants « disparaissent » lors de leurs migrations. Cette disparition peut avoir de

nombreuses origines. Il peut s’agir d’un assassinat, d’un enlèvement, d’un enrôlement de

force par les narcotrafiquants, plus rarement d’une disparition volontaire (abandon). Le

trajet migratoire comporte également des zones désertiques et il arrive que les migrants

succombent à la chaleur (déshydratation) ou à une blessure mal soignée (septicémie).

Dès lors, la famille doit vivre, souvent des années, avec cette douleur et cette

terrible incertitude, celle de ne pas savoir si leur proche est mort ou bien peut être toujours

en vie mais dans l’impossibilité de communiquer. Par ailleurs, si la personne disparue avait

des enfants, le parent restant doit subvenir seul aux besoins du foyer – situation d’autant

plus difficile que la migration aura été entreprise pour des raisons financières. Les parents

de la victime doivent eux faire face à la disparition de leur enfants (ce n’est parfois pas le

premier à disparaitre ainsi). Enfin les enfants doivent grandir avec un parent absent, ce qui

peut gravement nuire à leur développement personnel.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

60 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Aussi, face à cette situation, la première chose est de savoir si la mort de l’individu

est avérée ou non. C’est en ce sens que Voces Mesoamericanas travaille avec

l’EAAF (Equipe Argentine de Médecine Légal) 41. Ainsi, des prélèvements d’ADN sont

effectués dans les morgues des États-Unis ou du Mexique afin de les confronter à ceux

effectués sur les familles. Dans le cas d’une identification avérée, un long processus est

alors mis en place pour pouvoir rapatrier le corps et permettre aux familles de commencer

leur travail de deuil.

Parallèlement, ces familles ayant un proche disparu sont régulièrement réunies par

Voces Mesoamericanas. Le premier objectif est de les informer sur leurs droits : comment

les faire valoir, quelles démarches entreprendre auprès des différentes instances

administratives (du Mexique comme des États-Unis).

Figure 48 : Séance de capacitation et d’accès droit.

Les deuxième objectif est de mettre en place des cercles de paroles et de partager

leur douleur, mais aussi leurs expériences dans ce combat. Si vivre avec un conjoint, un

parent ou en enfant disparu, souvent depuis plusieurs années, est une épreuve longue et

douloureuse, partager leur affliction avec des personnes confrontées à la même situation

permet aux familles de soulager leur souffrance. Sentir que leur combat est commun les

aide à tenir bon et participe à soigner le trauma.

41 L’EAAF a été créé en 1984 pour enquêter sur les cas de 9000 personnes disparues durant

la dictature militaire argentine de 1976-1983.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 61

Dans la majorité des cas, la personne disparue, lorsqu’elle est retrouvée, est

effectivement décédée. C’est à la fois un soulagement pour la famille puisque cela signe la

fin d’années de recherches et que, parfois, des indices sur les circonstances de la mort

peuvent être communiqués. Mais c’est également une grande déception face à l’espoir

déçu de voir leur proche disparu reparaitre. Le travail de groupe permet là aussi dans une

certaine mesure d’ « amortir » ce nouveau traumatisme.

Deuxième exemple de prise en charge du trauma, mené cette fois à Los Angeles par

Homies Unidos auprès de migrants mineurs récemment arrivés : le programme Joven

Noble. Composé de 10 sessions et dispensé dans les « high school » de la ville42, le

programme se focalise sur la prévention de la violence et la guérison du trauma migratoire.

Le processus d’insertion dans la société américaine entraine très souvent au choc

culturel. Combiné au trauma vécu lors du transit migratoire, aux difficultés à s’intégrer au

sein d’une nouvelle famille (recomposition familiale) et parfois au harcèlement scolaire,

ces jeunes récemment immigrés peuvent être amenés à éprouver un sentiment de colère,

voire adopter des comportements agressifs ou transgressifs - délinquance, enrôlement dans

un gang. (Voir Arbres à problèmes ; annexe I)

Les cercles de paroles que proposent l’association auprès de ces élèves, directement

dans leur école, en plus de les informer sur leur droits, vont leur permettre de partager leur

ressenti. Par ailleurs, Homies Unidos distille des conseils pour les aider à gérer leur colère

et les conflits familiaux. A terme, l’objectif est de faire de ces jeunes, particulièrement

vulnérables à leur arrivée, des modèles « positifs » pour leur communauté.

On constate à cette occasion le rôle d’ « auxiliaire éducatif » des organisations de la

société civile, au côté de l’éducation publique. Elles sont à même de répondre à des

besoins spécifiques rencontrés en milieu scolaire. Cette dimension mériterait que l’on

puisse s’y attarder plus longuement une autre fois.

42 La « high school » est l’équivalant américain des lycées français.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

62 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Figure 49 : Cérémonie de remise de diplôme pour la fin du programme Joven Noble,

Santee High School. Auteur Nicolas DUMONT

Soulignons enfin que Homies Unidos propose des cercles de paroles aux anciens

détenus et membres de gangs (programme « Epifania »). Dans ce cas, l’accomplissement

du programme par les participants leur ouvre le droit à un effacement de tatouage au Laser.

Cet acte médical, en plus de faciliter leur réintégration, possède une portée symbolique

forte et participe à l’amélioration des conditions de vie des individus et fait partie

intégrante du processus de prise en charge intégrale de leur trauma.

Figure 50 : Effacement au laser des tatouages qui couvrent le corps

de cet ancien membre de gang et participant du programme Epifania.

Clinique Sunrise Outreach Center. Auteur : Nicolas DUMONT

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 63

F. Le volontariat, mais dans les deux sens

En 2004, Kofi ANNAN43 déclarait :

« Pour vaincre les inégalités et les horreurs qui affligent le monde, la

coopération entre gouvernements prévoyants ne suffit pas, il est

également nécessaire que les hommes et les femmes de tous les pays

développent leur perception du fait qu’ils sont citoyens du monde. »

Ce sentiment d’appartenance à une « citoyenneté mondiale » sera assurément un

moteur important dans la résolution de conflits qui ne connaissent pas de frontière (flux

migratoire, dégradation de l’environnement).

On le voit se développer au travers de la coopération internationale par exemple.

Cependant, assez classiquement, la relation qui unit une organisation au Nord à une autre

au Sud peut être asymétrique. En effet les ONG disposant de plus de moyens financiers

peuvent « subvenir » à celle de leur voisine. C’est par exemple le cas lorsque la fondation

Kellogg’s subventionne Voces Mesoamericanas.

Figure 51 : D’où proviennent les ressources de Voces Mesoamericanas pour 2015 et

Comment sont-elles utilisées en 2014 ? Réalisation Nicolas DUMONT.

43 Secrétaire général de l’ONU de 1997 à 2006. Prix Nobel de la paix 2001.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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64 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Par ailleurs, si l’on considère que le volontariat international est une option

particulièrement intéressante pour développement de la « citoyenneté mondiale », il ne

faudrait pas que seuls les habitants du « Nord » y aient accès. Si l’idée d’intégrer des

volontaires issus des pays du « Sud » dans des projets de développement au Nord peut

paraitre un contre-sens de prime abord, c’est en réalité l’aboutissement d’une relation

interculturelle basée sur l’entraide et un traitement symétrique.

G. Développer le plaidoyer pour fermer l’Ecole des Amériques

et alerter sur la criminalité migratoire

Lutter pour améliorer les conditions migratoires implique d’agir également aux

« racines du problème ». Elles sont généralement d’ordre politique et historique. Aussi

l’action de plaidoyer est indispensable.

Nous l’avons vu en première partie, l’école des Amériques, qui a tant joué dans la

déstabilisation de la région d’Amérique latine et dans la formation des dictateurs demeure

active. Depuis 1990, une Organisation Non Gouvernementale américaine, la School of the

Americas Watch (SOAW), milite pour la fermeture de cette école militaire. Homies

Unidos, au travers de son programme « youth leadership » entraine des jeunes à faire du

plaidoyer en faveur de sa fermeture, faisant le lien entre ce qui se passe en Amérique latine

et la façon dont cela affecte les communautés latinos sur place, à Los Angeles.

Figure 52 : Tract d’Homies Unidos pour la fermeture de l’Ecole des Amériques.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 65

« Capaciter » les populations bénéficiaires aux techniques de plaidoyer est un

investissement (temps, moyen financier) considérable. Pour autant, c’est le meilleur moyen

de donner toute sa crédibilité au message.

Pour sa part, Voces Mesoamericanas continue d’exercer des pressions sur le

gouvernement mexicain et celui de l’état du Chiapas en organisant des marches de

protestation. C’est par exemple le cas chaque 18 décembre, pour la journée internationale

des migrants, où une manifestation impliquant des familles de migrants et la société civile

dans son ensemble à lieu à « La Mesilla » (village frontalier du Guatemala.

Figure 53 : Extrait d’une vidéo sur la manifestation pour la journée internationale des

migrants, le 18 décembre 2013. Sur la pancarte au centre on peut lire : « ce corps est le

mien, on ne le touche pas, on ne le viole pas, on ne le tue pas » Auteur Nicolas DUMONT

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

66 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

CONCLUSION

Nous venons de le voir, à mesure que la frontière sud des États-Unis s’est

externalisée au Mexique, le parcours des migrants centraméricains s’est transformé en un

véritable « chemin de croix ». De plus, dans une région confrontée à une forte violence

endémique, la mauvaise gestion de ces flux est venue renforcer les organisations

criminelles. La responsabilité en incombe ici aussi bien au gouvernement des pays

d’origine, qu’à ceux des pays de transit et de destination.

La résolution de ce problème régional passe, en premier lieu et pour les sociétés

centraméricaines, par la lutte contre la corruption qui entache leurs institutions. La voie la

plus directe pour faire chuter les taux d’homicides est de soutenir les trêves entre Maras.

Des solutions de réinsertion doivent également être envisagées pour ces milliers de jeunes

qui ont intégré les gangs faute d’alternative ou bien souvent par force.

Dans le même temps, il est nécessaire que le gouvernement mexicain incorpore les

recommandations formulées par sa société civile et modifie sa politique publique en

matière de migration afin de garantir le respect des droits des migrant-e-s en transit sur son

sol. Les autorités mexicaines doivent également veiller à ce que ses agents, et notamment

la police migratoire, respectent les migrants, sans égard pour leur nationalité, et assurent

leur mission en conformité avec le respect des droits humains.

Les États-Unis, en tant que puissance locale, ont plusieurs responsabilités. Il est de

leur devoir de réduire leur ingérence en Amérique Latine tout en accompagnant

l’émergence de sociétés démocratiques à travers le continent. Ils doivent également cesser

les déportations et revoir la politique de contrôle des frontières qu’ils ont mené jusqu’ici et

qui a profondément déstabilisé la région centraméricaine. La réorientation des budgets

colossaux alloués à la militarisation des frontières leur permettrait de financer des projets

de développement et de repenser leur politique face aux flux migratoires.

Page 69: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 67

Enfin, seule la coopération entre les gouvernements centraméricains, mexicains et

états-uniens est en mesure de juguler les organisations criminelles. Ces dernières

rançonnent, pillent, violent et assassinent les migrants, tirant de ces terribles exactions une

manne financière qui se chiffre en milliards de dollars. Cet argent sert, en retour, au

renforcement de ces mêmes organisations et au maintien d’une corruption généralisée.

Aujourd’hui, l’accélération des moyens de communication et de transport ont fait

entrer l’Humanité dans une aire de la globalité. On estime les migrants à 2,8% de la

population mondiale44, répartis de manière égale entre migrations familiales, de travail et

de réfugiés. Pour autant, la mobilité comme droit universel n’est pas garanti pour tous. Les

frontières sont asymétriques, ouvertes ou fermées selon d’où vous venez. Les habitants des

pays du Nord ont la possibilité de jouir d’une mobilité qui leur procure de nouvelles

opportunités (de travail, de voyage, de rencontres) alors que ceux des pays du Sud, faute de

moyen ou d’autorisation sont condamnés à l’immobilité ou à emprunter des voies de

migration onéreuses et dangereuses.

La gestion des flux migratoires fait partie, tout comme la lutte pour la

préservation de l’environnement, de ces problématiques nécessitant impérativement une

action supranationale. La préservation des Hommes et de leur habitat passe par la

compréhension des écosystèmes, qu’il soit naturel ou migratoire. Nous croyons que c’est

cette approche qui aidera les sociétés à tendre vers un monde fluide, respectueux de la

dignité humaine, où les flux humains pourront servir le développement durable et où nul

être ne serait être considéré comme illégal.

44 WITHOL DE WENDEN Catherine, Atlas des migrations dans le monde, réfugiés ou

migrants volontaires, Collection Atlas/Monde, éditions Autrement, 2005, page 6

Page 70: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire

68 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement

Afro-américain, Latino, Asiatique, Blanc

communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose

néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,

l’appartenance culturelle et

Amérique centrale : est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,

Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce

mémoire, le terme « centraméricain

originaires du Guatemala, du Honduras et du Salvador.

Mésoamérique : La Mésoamérique est un

terme qui signifie « entre les deux

Amériques». C’est sur ce territoire que se

sont développées de nombreuses

civilisations jusqu'à la conquête espagnole,

notamment les Olmèques, les Mayas, les

Toltèques et les Aztèques.

Migrant retourné : Traduction littérale de «

séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans

leur pays d’origine. Ils ont parfois décidé par eux

d’origine. Ils ont aussi parfois été «

transit ou de destination.

Maras : Gangs de rue présents en Amérique centrale et aux États

sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).

Pandillas : Sous-groupe au sein d’une Mara.

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

GLOSSAIRE

américain, Latino, Asiatique, Blanc : Aux États-Unis, l’usage de ces appellations

communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose

néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,

l’appartenance culturelle et l’origine.

est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,

Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce

centraméricain » fera généralement référence à des indivi

originaires du Guatemala, du Honduras et du Salvador.

La Mésoamérique est un

terme qui signifie « entre les deux

Amériques». C’est sur ce territoire que se

sont développées de nombreuses

civilisations jusqu'à la conquête espagnole,

amment les Olmèques, les Mayas, les

Traduction littérale de « retornados », ce sont les migrants ayant

séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans

origine. Ils ont parfois décidé par eux-mêmes de retourner dans leur pays

d’origine. Ils ont aussi parfois été « expulsé »/déporté par les gouvernements des pays de

Gangs de rue présents en Amérique centrale et aux États-Unis. Leurs membres

sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).

groupe au sein d’une Mara.

»

Université de Strasbourg

Unis, l’usage de ces appellations

communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose

néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,

est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,

Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce

» fera généralement référence à des individus

», ce sont les migrants ayant

séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans

mêmes de retourner dans leur pays

»/déporté par les gouvernements des pays de

Unis. Leurs membres

sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).

Page 71: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 69

Pandillero/Marero : Membre de gang masculin (le terme « Jaina » désigne un membre

féminin, généralement la compagne d’un marero)

Latinos : désigne aux États-Unis les populations originaires d’Amérique Latine. C’est un

donc un terme très vague. Cependant, au niveau national, les populations latinos sont

grandement originaires du Mexique. En Californie on retrouve également et en nombre

signifiant des « latinos » originaires du Salvador, du Honduras et du Guatemala.

Indigène : populations descendante de celles qui habitaient dans le pays ou dans la région

géographique à laquelle appartient le pays à l’époque de la conquête.

Page 72: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

70 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

BIBLIOGRAPHIE

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ARAGON, Argán. Migrations clandestines, d’Amérique Centrale vers les États-Unis,

Presses Sorbonne Nouvelle, 2014. 265 pages.

BRANT, Willy. Nord-Sud: un programme de survie. Rapport de la Commission

indépendante sur les problèmes de développement international, Gallimard, 1980, 535

pages.

FOUCHER, Michel. L’obsession des frontières. Perrin, 2012, 219 pages.

GIBLIN, Béatrice. Géographie des conflits. La Documentation française, 2012, 64 pages.

GIBSON, J. Campbell & LENNON, Emily. Historical Census Statistics on the Foreign-

born. 1994.

LEMARCHAND, Philippe. Atlas des États-Unis: les paradoxes de la puissance. Édition

Complexe, 1998. 288 pages.

SIMEON CANAS, José. Segundos en el Aire: mujeres pandilleras y sus prisiones.

Universidad Centroamericana (UCA), 2010.

STROE, Ionuț-Marian. Criminalisation of irregular migrants: a crime without a victim.

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WITHOL DE WENDEN, Catherine. Atlas des migrations dans le monde, réfugiés ou

migrants volontaires. Collection Atlas/Monde, éditions Autrement, 2005.

Page 73: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 71

Thèses, travaux universitaires :

GENDRY, Estelle. La migration peut-elle contribuer au développement des régions

d’origine et sous quelles conditions ? Licence pro « Chargé(e) de projets de Solidarité

Internationale et Développement durable » Université de Bordeaux, promotion 2011/2012.

ZHENG, Wu. Immigrants, sélectivité et santé mentale, Département de sociologie

Université de Victoria (Canada), Rapport de Septembre 2002.

Ouvrages scolaires :

Nouveau manuel de SES, Terminale, La découverte; Édition : 3e éd. (1 mai 2003), 800

pages.

Ressources statistiques principales :

Bureau de recensement des États-Unis

National Gang Center

Measure Of America

Office of Statewide Health Planning and Development

Office des Nations Unies contre le crime et la drogue

Ressources statistiques secondaires :

Bureau de la Police Migratoire des États-Unis

Institut Médico-légal du Salvador

Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador

Unité d’Analyse et traitement de l’information du PNC.

The Guardian

National Drug Intelligence Center

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

72 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Congrès :

FORO NACIONAL PARA LA CONSTRUCCION DE UNA POLITICA MIGRATORIA

INTEGRAL Y DEMOCRATICA EN EL MEXICO DEL BICENTENARIO, (Volumen

III, Serie Migración, Desarrollo y ciudadanía binacional, 23 et 24 septiembre 2010,

Michoacan, Mexico) « Desarrollo Económico y Migración»: Iniciativa Ciudadanía para la

promoción y la cultura del dialogo, A.C., 2010. 180 pages.

Articles de périodiques :

CASES Chantal, Le nombre et la part des immigrés dans la population : comparaison

internationales. Population & Sociétés, novembre 2010, n° 472

Articles sur le web :

All other persons, Qualité de vie selon la race et le genre (consultée le 13 août 2015),

https://allotherpersons.wordpress.com/2009/04/14/quality-of-life-by-race-and-gender-the-

human-development-index/

Global post, Homicide au Honduras (page consultée le 16 juillet 2015)

http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/americas/141120/miss-honduras-

homicides

Migration policy, Les immigrants salvadoriens aux USA (page consultée le 06 juillet 2015)

http://www.migrationpolicy.org/article/salvadoran-immigrants-united-states#9

Moving Beyond borders, 1848 Treaty (page consulté le 11 août 2015)

http://movingbeyondborders.tumblr.com/post/109957559732/movingbeyondborders-

february-2-1848-the-treaty

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DUMONT Nicolas, janvier 2016

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SMH, US target illegal immigration from central america (page consulté le 17 juillet

2015) http://www.smh.com.au/world/us-ad-campaign-target-illegal-immigration-from-

central-america-20150820-gj3knh.html#ixzz3kZd0hSX3

Think Link, Les Etats-Unis en 1793 (page consulté le 11 août 2015)

https://www.thinglink.com

Université d'Annecy, Aide à l’accueil et à la scolarisation des enfants à besoins éducatifs

particuliers (consulté le 31 juillet 2015)

http://www4.acnancymetz.fr/maternelle88/file/Fiche_accueillir_eleve_allophone_maternell

e.pdf

Washington Examiner, Government spent 18 billion on immigration enforcement (page

consultée le 02 août 2015) http://www.washingtonexaminer.com/govt-spent-18-billion-on-

immigration-enforcement/article/2517812

Rapports et guides :

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Amnesty International Publications, 2010, 48 pages.

AMNESTY INTERNATIONAL, À deux doigts de la mort, La violence contre les femmes

et l’interdiction de l’avortement au Salvador, Amnesty International Publication, 2014, 22

pages.

BANQUE MONDIALE, El Salvador: Estudio Institucional y de Gasto Público en

Seguridad y Justicia, 2012.

ENLACE, Una mirada global de los Derechos Humanos en la Frontera Sur de México,

2009, 187 pages.

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DUMONT Nicolas, janvier 2016

74 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

INTRAC (International NGO Training and Research Center) « Migration as a

Development Strategy: A Challenge to Development NGOs »

OSHPD (Office of Statewide Health Planning and Development), Guide de

l’enregistrement des patients pour la Californie, 7ème édition, 2014.

UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime), Global study on homicide: trends,

contexts, data, UNODC-Vienne, 2011.

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DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 75

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

76 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Frontière entre États-Unis et Mexique en 1834

Figure 2 : Expansion du territoire américain entre 1803 et 1853

Figure 3 : Emblème de l’Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité

Figure 4 : Patrick Buchanan, commentateur et homme politique

Figure 5 : Evolution démographique des États-Unis sur la période 1790-2010

Figure 6 : Part de la population américaine dans la population mondiale

Figure 7 : Part du PNB américain dans le PNB mondial

Figure 8 - Nombre et part des immigrés et des émigrés dans quelques pays

Figure 9 : Migrants centraméricains grimpant sur un train en marche

Figure 10 : Carte des voies migratoires

Figure 11 : Nombre annuel de migrants morts à la frontière Mexique/États-Unis

Figure 12 : Homicide intentionnel » pour 100 000 habitants et par région

Figure 13 : Taux d’homicide pour 100 000 habitants par pays (1995-2010)

Figure 14 : Taux d’homicide en fonction de l’IDH pour 2012

Figure 15 : Répartition par Maras

Figure 16 : Nombre annuel d’homicides à Los Angeles.

Figure 17 : Origine des personnes déportées, en pourcentage et par an

Figure 18 : En jaune apparaissent les zones où est présente la « Mara 13 »

Figure 19 : Nombre et pourcentage d’homicides attribués aux Maras

Figure 20 : Mobile associé au Homicides au Salvador

Figure 21 : Taux d’homicide et saisi de cocaïne au Honduras

Figure 22 : Race/ethnicité des membres de gang

Figure 23 : Grille de renseignement de la race et de l’ethnicité des patients

Figure 24 : Taux d’admission pour des complications liées au diabète

Figure 25 : revenu des sous-groupes asiatiques en Californie

Figure 26 : Evolution de l’espérance de vie par race/ethnicité sur la période 1991-2006

Figure 27 : Indice de Développement Humain « désagrégé » des États-Unis

Figure 28 : Classement par race et par genre selon l’ « American HD index »

Figure 29 : Homicide pour 100 000 habitants pour les pays à fort IDH en 2012

Figure 30 : Personnes abattues par la police, janvier - aout 2015

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DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 77

Figure 31 : Taux de personnes abattues par la police pour 1 000 000 d’habitants

Figure 32 : Homicide et personnes abattues par la police

Figure 33 : Manifestation à Baltimore suite à la mort de Freddie GRAY

Figure 34 : Le centre-ville de Los Angeles et les Monts San Gabriel.

Figure 35 : Photo satellite de l'extension urbaine du Grand Los Angeles

Figure 36 : Croissance de la population de la mégalopole du Grand Los Angeles

Figure 37 : Part de la population américaine et californienne né à l’étranger

Figure 38 : Pourcentage de personnes mexicaines ou d’origine mexicaine par quartier

Figure 39 : Itinéraire pour se rendre d’East L.A. à Beverly Hills

Figure 40 : Composition ethnique à Beverly Hills et East L.A.

Figure 41 : Nombre de personnes de plus de 25 ans par niveau d’étude à East Los Angeles

Figure 42 : Devanture d’une banque de Los Angeles

Figure 43 : Avocats proposant à la population latino les services les plus fréquents

Figure 44 : Frère Antonio réussit à assurer « seul » l’accueil d’une centaine de migrants

Figure 45 : Troisième rencontre transnationale du COMPA

Figure 46 : Exemple d’un CCT produisant du miel.

Figure 47 : Les CCT favorisent un développement durable

Figure 48 : Séance de capacitation et d’accès droit.

Figure 49 : Cérémonie de remise de diplôme

Figure 50 : Effacement au laser des tatouages

Figure 51 : D’où proviennent les ressources de Voces Mesoamericanas

Figure 52 : Tract d’Homies Unidos pour la fermeture de l’Ecole des Amériques.

Figure 53 : Manifestation pour la journée internationale des migrants

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78 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

TABLE DES ANNEXES

I. Annexe : Arbres à Problèmes et à Objectifs ......................................................... 78

II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles) ....................................................... 97

III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés durant le stage ........................... 101

IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol) ............................. 102

V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico ........................................................ 103

VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY........................................................................... 105

VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON ................................... 106

VIII. Annexe : La Vie dans une Mara ......................................................................... 107

IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index .......................................... 109

X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants……………………..110

XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces Mesoamericanas) . 111

XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos) ..................................................... 113

XIII. Annexe : Sommaire du CD des Annexes vidéos....……………............……………..118

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 79

I. Annexe Arbres à Problèmes et à Objectifs

Processus d’élaboration :

La réalisation des Arbres à problèmes et à solutions s’est faite de manière participative. Ce

travail s’est établi en collaboration avec :

- L’équipe de Homies Unidos

- Les bénéficiaires

- Les travailleurs d’autres ONG liées à la thématique (Rosemarie ASHAMALA,

directrice de la clinique de tatto remooving, Adam VINE, directeur de Wake the

beast, association de plaidoyer focalisée sur la jeunesse)

Je me suis également appuyé sur :

- Ma participation régulière aux ateliers « El Joven Noble » (prévention de la

délinquance dans les lycées)

- Les rencontres avec Elisa JURADO (sociologue Salvadorienne)

- Les entretiens réalisés dans le cadre du programme Épiphanie (réinsertion

d’anciens membres de gang)

- Les entretiens avec des mères de familles

- Les entretiens avec d’anciens détenus ayant purgé de très longues peines (de 20 à

30 ans de prison)

- De nombreuses recherches pour étayer et confirmer mes choix dans la construction

de l’arbre.

Ce long processus nous a amené a constater que les racines de notre problème central sont

aussi bien économiques, que sociales, psychologiques voire même historiques (migration,

guerre civile au Salvador, …).

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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80 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Notice explicative pour la lecture du diagnostic

Le problème central est celui-ci : Dans un contexte violent, des jeunes s’engagent dans

des gangs et se marginalisent.

Ce problème central ne recouvre pas parfaitement l’ensemble de la problématique à

laquelle l’association est confrontée. Il se focalise sur le programme Joven Noble, dont les

bénéficiaires sont ces jeunes originaires de Centre Amérique et récemment arrivés à Los

Angeles.

Précisons que le terme « Jovenes »/Jeunes est utilisé de manière synthétique pour désigner

une population un peu plus spécifique. Il fait référence aux jeunes originaires d’Amérique

centrale et ayant généralement immigrés récemment aux États-Unis.

L’arbre se lit de bas en haut. Toutes les flèches sont montantes.

Ces effets et ces causes du problème se ramifient en sous-élements :

- Les causes principales (en orange) puisent leur origine dans des causes profondes

jusqu’à remonter aux « racines » du problème.

- Les effets majeurs directs (en rouge) entrainent des conséquences secondaires, puis

indirectes ou probables.

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«Faire

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

»

Université de Strasbourg 81

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

82 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Suite à cette notice explicative, commençons la présentation de l’arbre à problème :

Tout d’abord voici l’arbre dans sa totalité, il se compose de 90 causes et de 23 effets.

Un tirage A4 ne permettant pas une lecture correcte, nous proposons ici une vue

d’ensemble simplifiée, où n’apparraissent que les causes et les effets majeurs :

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 83

Les 5 principales causes (orange) du problème sont réparties en :

3 causes directes :

- Les jeunes manquent de modèles/valeurs positives

- Les jeunes sont frustrés par le manque d’opportunités

- Les jeunes grandissent dans un environement qui incite à la transgression et

favorise la délinquance

Et 2 causes profondes/historiques :

- Les familles ont des ressources insuffisantes

- L’insécurité physique et économique dans les pays d’origine [Amérique centrale]

produit un haut niveau de migration, en partie illégal

4 effets directs/majeurs (en rouge) découlent de notre problème central :

- Le haut niveau de violence est générateur de trauma

- Les jeunes adoptent des conduites qui les isolent

- Les jeunes expérimentent encore plus de discrimination

- Des jeunes sont emprisonnés aux États-Unis

Attardons nous maintenant sur les ramifications de ces 6 causes et 4 effets majeurs.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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84 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

La première cause de notre problème central est : « Les Jeunes manquent de

modèles/valeurs positives ».

Ce manque de modèles/valeurs positives est dû :

- Au fait que les jeunes possèdent un niveau d’estime personnel très bas

o Car les jeunes ne reçoivent pas de preuves d’affection, en particulier des parents

- Les valeurs sont inversées et la délinquence est valorisée

o Car les gangs ont de l’argent de manière ostentatoire

o Car les jeunes admirent les « old gangster » comme un modèle paternel

o Car l’emprisonnement est vu comme « un rite de passage », une preuve de

valeur

o Car la « sous culture criminelle » (Hip Hop, vêtement,etc.) glamourise la

délinquance

o Car les pairs rejettent le succès social scolaire

- Les femmes sont victimes de discrimination et d’une vision machiste

o Car le statut socio-économique des femmes est inférieur à celui des hommes

o Car la « sous culture Hip Hop» fait l’apologie du sexisme

- Les jeunes ont une vision à court terme et ne se projettent pas dans le futur

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 85

o Car la société américaine fait l’apologie du consumérisme et de la satisfaction

immédiate

o Car l’environnement instable et incertain des jeunes les empêche de se projeter

sur le long terme

- Les jeunes ne connaissent pas l’histoire de leurs racines

o Les parents ne parlent pas à leurs enfants de leur passé pour les préserver

o L’école n’enseigne pas leur histoire et leurs racines aux jeunes immigrés

- Les jeunes manquent d’interlocuteurs fiables pour se confier et chercher des

conseils

o Les structures et les associations qui aident les jeunes en difficulté ne sont pas

assez connues

o Les parents ne sont pas disponibles (accaparés par un travail peu rémunérateur)

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

86 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Deuxième grande cause principale de notre problème centrale : « Les jeunes se

sentent frustrés par manque d’opportunités »

Cettre frustration est dûe :

- Au fait que les jeunes vivent dans des quartiers où peu d’activités sont

proposées

o Car la politique urbaine [de Los Angeles] ne priorise pas la réhabilitation

des quartiers défavorisés

o Car la gentrification renforce la ségrégation et les plus faibles

économiquement sont repoussés vers des zones défavorisées

- Les tatouages d’appartenance aux gangs rendent difficile le fait de trouver un

travail

- Les jeunes [Centraméricains] sont discriminés

o Car les parents appartiennent à une catégorie socio-économique « basse »

o Car les jeunes expérimentent le racisme parce qu’ils ont une culture ou une

couleur de peau différente

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 87

o Car les délits même mineurs sont consignés sur le casier judiciaire (la loi

des US est abusive en imposant l’enregistrement au casier judiciaire pour

des fautes superficielles)

- Les activités extrascolaires ne sont pas accessibles

o Car les structures (bilbiothèques, stades) sont difficilement accessibles

o Car les parents ne peuvent pas financer les activités ( achat

d’équipement,etc)

- Les jeunes sont peu qualifiés

o Car certains parents ne valorisent pas les études

o Car les jeunes doivent travailler très tôt pour aider leurs familles

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

88 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

La troisième grande cause (la plus importante, notamment de par son nombre

d’entrées) est : « Les Jeunes grandissent dans un environnement qui incite à la

transgression et favorise la délinquance ».

Cet environnement qui incite à la transgression et la délinquance est dû :

- À une structure familiale instable qui perturbe le processus de sociabilisation

de ces jeunes

o Car les jeunes qui ont un parent qui est/a été emprisonné ont plus de

« chances » de s’engager dans la violence (reproduction sociale)

o Car l’alcoolisme et les addictions produisent des comportements violents au

sein des familles

o Car le « style » éducatif des parents est inadapté (parents trop permissifs/ ou

trop autoritaires/ ou désengagés)

o Car les jeunes ont trop de temps non supervisé par un référent

Page 91: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 89

- Les jeunes sont confrontés à des problèmes sanitaires qui les rendent plus

vulnérables

o Car les grossesses précoces, non désirées, maladies sexuellement

transmissibles et avortements sont fréquents (manque de planification

familiale, pas d’usage systématique de moyen de contraception et de

protection)

o Car les jeunes consomment abondamment de l’alcool et des drogues [méta-

amphétamine, cannabis, héroïne, cocaïne]

- Les stéréotypes renforcent le racisme et les affrontements « ethniques »

o Car police discrimine les populations « de couleurs » et commet des abus

o Car en prison les détenus rejoignent - souvent de force - leur groupe basé

sur l’appartenance raciale : Blanc/Noir/Latino (le système pénal californien

et le personnel pénitencier fait usage cette ségrégation raciale)

- Les gangs sont omniprésents et sont vus comme une possibilité de vie

o Car les gangs essayent d’enrôler les jeunes lorsqu’ils sont encore enfants

o Car les gangs offrent une opportunité de gagner de l’argent

o Car les jeunes grandissent dans un environnement où les gangs sont très

présents

o Car les activités des gangs apparaissent excitantes (en particulier pour des

adolescents en recherche de comportements à risque)

o Car les jeunes peuvent être soumis à la pression de leurs pairs pour

s’engager dans un gang

o Car des jeunes peuvent s’engager dans un gang pour se protéger d’un gang

adverse

o Car l’insécurité économique, mais aussi physique, des [récemment]

immigrés favorise la constitution de « pandillas » pour se défendre

- Les jeunes sont victimes d’une violence endémique aux USA

o Car régulation des armes à feu est insuffisante

o Car la police US commet des abus (discrimination, corruption)

o Car les mafias sont puissantes aux USA

o Car le harcèlement est très présent à l’école

o En cas de délit commis, les migrants sont victimes de double peine

(expulsion et traitement inégal)

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

90 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

o Les migrants/immigrés sont criminalisés par des lois répressives

- Le processus migratoire fragilise les individus

o Les jeunes sont divisés entre deux cultures parfois contradictoires

o La migration fragilise hautement la structure familiale

o La migration fait apparaitre des conflits parents-enfants ou avec le conjoint

(surtout lorsque le père de famille a migré plusieurs années plus tôt)

o Les migrants doivent affronter un choc culturel lorsqu’ils arrivent aux États-

Unis

o Les migrants peuvent éprouver de la rancœur contre les pays où ils ont été

victimes d’abus (exemple des migrants Centraméricains avec le Mexique)

o Les familles de migrants peuvent venir avec des antécédents de violations,

menaces, traumas

o Les migrants sont victimes d’abus (menaces, coups, viols, extorsions) en

chemin

Une des 2 causes profondes de notre problème central est que les familles doivent

parfois faire face à l’insécurité financière (manque de ressources).

Il en découle deux choses :

- Les parents sont peut présents car ils travaillent tout le temps (travaux peu

rémunérateurs)

- Les familles peuvent rencontrer des problèmes économiques (endettement)

Cette cause profonde vient alimenter les causes directes de notre problème central

(nombreux départs de flèches), puisque cette difficulté financière engendre par exemple le

fait que les jeunes doivent quitter l’école pour aider leur famille ou qu’ils passent beaucoup

de temps sans supervision).

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 91

L’autre cause profonde et historique tient au pays d’origine. L’insécurité physique

[taux d’homicide les plus élevé dans le monde] et économique produit de haut niveau

de migration, en partie « illégal ».

Cette situation délétère en centre Amérique prend sa source dans :

- L’Ecole des Amériques forme des dictateurs dans les pays d’Amérique latine,

favorisant l’usage de la torture et la corruption généralisée

- Les politiques anti-maras autoritaires, comme la « main dure » au Salvador,

génèrent des milices paramilitaires et des violations des droits de l’Homme

- Les guerres civiles des années 70-80-90 en Centre Amérique ont laissé un trauma

collectif

- Les narcotrafiquants et les organisations mafieuses (cartels) font usage d’une

extrême violence.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

92 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Le premier effet de notre problème central est que ce haut niveau de violence est

générateur de trauma.

Ce haut niveau de violence engendre à son tour :

- Un sentiment de « culpabilité du survivant » 45

- Des individus sont victimes de Trouble de Stress Post-Traumatique. 46

45 La culpabilité du survivant est le sentiment éprouvé par des personnes ayant perdu de

nombreuses personnes autour d’eux. Le survivant est rongé par la culpabilité d’avoir

survécu alors qu’il aurait aussi pu mourir. Ce sentiment peut être à l’origine de dépression

sévère. 46 Trouble de Stress Post-Traumatique (PTSD en anglais) désigne un type de trouble

anxieux sévère qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante

avec une confrontation à des idées de mort (American Psychiatric Association, Diagnostic

and statistical manual of mental disorders: DSM-IV, Washington, DC, American

Psychiatric Association, 1994)

Page 95: Migration d’ Amérique cent rale aux États -Unis : Faire

« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 93

Deuxième effet majeur, les jeunes adoptent des conduites qui les isolent.

Il en découle :

- Une marginalisation

- Une augmentation des comportements addictifs

- Décrochage et échec scolaire

Le troisième effet de notre problème central est que les jeunes vont expérimenter

encore plus de discrimination.

Cet accroissement de la discrimination va générer à son tour :

- Le rejet par leur propre famille

- Une « chronicité » dans les problèmes judiciaires (ce qui peut déboucher sur la

perte du permis de conduire, le non-droit aux bourses47, des difficultés pour trouver

du travail)

- Les jeunes qui paraissent appartenir à un gang sont victimes de discrimination, en

particulier policière

47 En cas de casier judiciaire non vierge, les étudiants, même très modestes, n’ont plus

accès aux bourses d’étude

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

94 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Enfin le quatrième effet direct de notre problème central est que des jeunes vont se

retrouver emprisonnés aux USA.

Cet emprisonnement débouche sur plusieurs effets secondaires :

- En prison, les jeunes vont devoir intégrer des gangs basés sur l’appartenance raciale

(ce qui va venir renforcer les tensions intercommunautaires à un niveau plus

général)

- Les jeunes emprisonnés vont se radicaliser (les ex détenus ayant fait parti d’un

gang en prison « prison jail » renforce la légitimité des gangs de rue)

- Les jeunes n’ayant pas la citoyenneté peuvent être déportés. Ces déportations

détruisent les familles et déstabilisent les pays centraméricains. Les ex mareros

déportés sont très souvent victimes d’assassinat à leur arrivée en Centre Amérique.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 95

Arbre à Objectifs

Il est centré sur notre objectif spécifique : « Les jeunes ne s’engagent pas dans des

gangs et peuvent exprimer leur potentiel dans un contexte positif. »

Les prémisses (en orange) permettent la réalisation de notre objectif spécifique. En rouge

apparaissent les conséquences positives qui découlent de la réalisation de notre objectif

spécifique. Voici une version simplifiée :

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

96 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Les prémisses (en orange) sont :

- les jeunes sont des leaders positifs [dans leur communauté] et promeuvent le

civisme

- Les jeunes ont plus d’opportunités et peuvent s’épanouir socialement

- Les jeunes grandissent dans un environnement juste, sécurisant et sain

Les prémisses « profondes » (orange, partie basse) sont :

- Les familles disposent de plus de ressources

- De meilleures conditions économiques et une plus grande sécurité dans les pays

d’origine réduisent les niveaux de migration, en partie « illégal »

Les conséquences (en rouge) de notre objectif spécifique sont les suivantes :

- Les jeunes vivent dans de meilleures conditions sanitaires

- Les jeunes [centraméricains] et leurs familles sont bien intégrés dans la société

- Moins de jeunes sont incarcérés aux USA

Enfin, en bleu, nous faisons ici apparaitre les différents programmes menés par Homies

Unidos. La visualisation de l’arbre se prête bien à une projection. C’est très utile en

réunion pour faire un état des lieux des actions menées par l’association.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

DUMONT Nicolas, janvier 2016

Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 97

Les 4 programmes (en bleu) agissent sur les prémisses et les conséquences :

Les programmes « epiphany » et « noble youth » se focalisent sur les prémisses de

promotion du civisme et la promotion des valeurs positives.

Le programme « tatoo removal » favorise la prémisse qui vise à effacer les tatouages,

faisant chuter la discrimination et permettant aux jeunes de s’éloigner des gangs.

Le programme « libertad con dignidad » agit sur plusieurs fronts, notamment

l’amélioration de l’environnement des jeunes et la réduction des incarcérations.

Enfin le « Youth Leadership program » renforce une des conséquences de notre objectif

spécifique en donnant aux jeunes bénéficiaires des capacités pour les techniques de

plaidoyer.

II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles)

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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98 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

Participant : Edgar Molina, entretien réalisé le 29 avril 2015

1. Since how long are you coming to the workshop?

I’m coming since it’s started. I’ve only missed like two days.

2. How did you know the workshop?

Actually, one of my best friends told me about this program and I came to ask if they had

some kind of help for me. Because I needed help for me to became a better person.

3. What are the different topics you talk about?

We talk about a lot of stuff, like prudential rights. What to do when a cop stops us. How to

be saved in the street as well. What people don’t realize is that there is some cops, they

were trained and come back from Iraq almost stop in their heads. And they get that rush

when they’ve star killing. So when they work, as police force, they look for every open

door to kill persons. So it’s hard to us to not be killed by police officer. So we have to be

calm and not aggressive with the officer.

4. How are helping you Homies Unidos workers?

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 99

They are very nice persons. They helped me a lot. There was time, I was saying “I’m

struggling, I don’t want to come no more” and Melinda used to call me and say to come,

without worried about the times that I missed. The help me pretty much, not only to be a

better person but also to fight inner me.

5. What is thinking your family about these workshops? That helps you to get better relationship with your family?

Actually, I don’t talk to my family that much, but I’ve a close friend of mine, that I call

family. She’s very proud about the step I’ve reach. Before, I never asked for help, because

I like to do things on my own. But, then I started to realize with the [epiphany] program

that you can’t do it on your own. You need to get help on this that we struggle on everyday

life.

6. People come here with their problems. You had some problems too before to come?

I used to have anger problems. Like, recently, I’ve got my girls taken away for something I

did not do. So, I was mad, and didn’t want to talk to no one. I was just completely shut

down for people and push them away. But then, I’ve started to realize that they really want

to (5:36) out. The problem I don’t deal it whit, it’s just a problem that it could be resolved

if I put my efficient to it.

7. To listen others, their experiences, what that brings you?

Yes. Actually I was thinking that I was the only one with problems when I came here but

I’ve started to realize that other peoples have problems. And I could relate me to these

couples that came here, they had the same problems. I was like “whoa! I could relate to

their problems because they are going thru what I’m coming thru”. I feel the same, because

I going thru the same.

8. Since you start workshop, are you feeling a change inside you?

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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100 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

I feel like I’ve to continue doing what I’m doing right now, like seek for more help. I took

another program to get more help. It’s like a year program, so I’m stick into it, to see what

I get out of it, not only for me but my daughters also and make them back.

9. Have you ever been in a gang before?

No. I was affiliated with gang before, but I’ve never been former gang. I use to run away

gangs when I was like 17-18 years old

10. What is your point of view now on gangs?

My point of view on gangs is that is a lot of people join gangs because they fill unloved

and unwanted sometimes. And also because most people want that love from parents, and

sometimes parents don’t show it. Sometimes the home is broken and the cases clear with

violence. Kids, get that in their head and they go out with this experience, to see what the

world have to offer, which is drug, alcohol and gangs…

11. Are you talking about your family?

Yes, I grow up in a family, they was dysfunctional, they was no carrying one other. So, I

stat to go around and see gangs. I see how they care one another. I wanted that. So I started

to stay with them. But later, I start to realize that I was messing up. I was not only doing

myself damage but I was doing damage to my all family, my daughters and her mom

because I was never spending time with them

12. Now, what is your point of view now on gangs?

My point of view on gangs is that gangs will always be here. But it’s up to you to change

that life cycle. If only one person can reach up another person, gangs will be less increase.

Because there will be no more violence and no more gang affiliation. If a person thinks

that gangs are not good, that they are fighting for some territory that they’ve not paid for,

it’s not even theirs, why join them? Cars?

13. You will receive a certificate, what is this for?

For the topics we talk about.

14. Do you have long-terms goal?

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 101

My long term goal is to succeed in life and I really want to accomplish what I’m doing

right now. For the very very first time I did DMV test to get my driver license. I made 27.

Also, I turned in a paper form to become a US citizen. So that’s my goals to get that first.

An d them to get a good job.

15. Where do you come from?

My parents are from Guatemala. I came here when I was 3 years old.

16. Then you’ve never been in Guatemala?

Never. Never arrested, never deported.

III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés durant le stage de Los Angeles

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date groupes Nombres de personnes interviewés

18 avril 2015 Compagnes et mères de détenus ayant purgé de longues peines et sur le point d’être déportés

5

29 avril Anciens membres de gangs participant à un programme de réinsertion

5

08 ami Jeunes ayant immigrés aux États-Unis depuis moins d’1 an. Ils participent dans leur lycée à un programme de prévention de la délinquance

4

12 mai Tattoo removing : anciens détenus et membres de gangs se font retirés leurs tatouages (stigmatisants et discriminants) au laser dans le cadre de leur réinsertion

4

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 103

IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol)

1. ¿Hace cuánto tiempo que vienes a los talleres?

2. ¿Cómo conociste al taller?

3. ¿De que tratan los talleres? ¿Cuál son los tópicos?

4. ¿Cómo te ayudan los trabajadores de Homies Unidos?

5. ¿Te ayudan también con los papeles?

6. ¿Qué piensa tu familia de estos talleres? ¿El taller te ayudo en las relaciones con tu

familia?

7. ¿La gente viene con problemas, tú también tenías problemas antes de venir?

8. ¿Qué te procura escuchar los demás, sus experiencias?

9. ¿Desde qué empezaste, has sentido algún cambio en ti?

10. ¿Este taller te ayudar a dejar las pandillas?

11. ¿Qué punto de vista tienes ahora sobre las pandillas?

12. ¿Vas a recibir un certificado, para qué sirve?

13. ¿Tienes objetivos a medio o largo plazo?

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104 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico

Wikileaks est une association à but non lucratif dont le site web lanceur d'alerte publie des

documents ainsi que des analyses politiques et sociales. Sa raison d'être est de donner une

audience aux fuites d'information, tout en protégeant ses sources.

À partir de juillet 2010, les révélations de WikiLeaks sont relayées par de grands

quotidiens nationaux, comme le New York Times, The Guardian, Le Monde, El Pais et

Der Spiegel.

Le présent câble, datant de janvier 2010, est disponible dans la base de données en ligne

de l’association. Il révèle la très étroite collaboration qui lie le Mexique aux usa, dans tous

les domaines. Voici les deux premiers envois de l’ambassade :

1. (SBU) Summary: The U.S.-Mexican bilateral relationship has

never been stronger. We ended 2009 with an unprecedented

commitment from the Mexican government to work closely with us on

an ambitious effort to move beyond a singular focus on high value

targets and address some of the institutional and socio-economic

constraints that threaten to undermine our efforts to combat the

cartels. A truly joint effort to implement a new U.S.-Mexico

strategy is yielding stronger organizational structures on both

sides and a deeper understanding of the threat posed by the drug

trafficking organizations. In the coming year, we will help Mexico

institutionalize civilian law enforcement capabilities and phase

down the military from street patrols, for which it has neither

legal authority nor training. A new dialogue on human rights with

the Mexican government and a defense bilateral working group will

reinforce that effort and help modernize the military.

2. (SBU) As we institutionalize the security agenda we will also

need to give more attention to the economic and social agendas.

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 105

Efforts to strengthen mutually beneficial competitiveness in 2010

will focus on identifying new cross border production

opportunities, spurring innovation, building a modern 21st century

border, and supporting an energy and environment agenda that is a

top priority for the Calderon administration and offers huge

potential for future investment and economic development. Our

economic recovery and Mexico's go hand in hand, and U.S. export-led

successes are depending increasingly on partnering with Mexico's

manufacturing capability. At the same time, we will have to

resolve the lingering trucking dispute and other trade irritants

while using carefully targeted and limited assistance to spur

additional spending on poverty alleviation by the Mexican

government, the IDB and the World Bank. End Summary

Référence Wikileaks

SENSITIVE

SIPDIS

AMBASSADOR FOR THE SECRETARY

SENIOR ADVISOR ALEC ROSS

WHA A/S VALENZUELA AND DAS JACOBSON

AID ADMINISTRATOR SHAH

NSC RESTREPO AND BRENNAN

DOD/OSD STOCKTON

NORTHCOM CDR GENERAL RENUART

DHS ICE ASST SEC MORTON AND ASST SEC BERSIN

DEA A/ADMINISTRATOR LEONHART

DOJ ASSISTANT ATTY GEN BREUER

COMMERCE ITA U/S SANCHEZ

E.O. 12958: N/A

TAGS: PGOV PREL MASS ECON SNAR PHUM MX

SUBJECT: U.S.-Mexico Relations: Progress in 2009, Challenges in 2010

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106 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY

Fiche de Freddie GRAY sur la page du Guardian recensant les personnes abattus par la

police. Sa mort à provoquer de très puissant mouvement de protestation de la part de la

communauté afro-américaine, notamment dans sa ville d’origine Baltimore. Le 1 mai

2015, la justice a déclaré qu’il s’agit d’un homicide.

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 107

VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON

Angel Almicar Colon appartient à la minorité Girafon (minorité Hondurienne d’origine

africaine). Il est également président de l’organisation fraternelle des noirs honduriens. Il y

a 5 ans, il décide de migrer « illégalement » dans le but de subvenir aux besoins de sa

famille et payer les soins de santé pour son fils ainé atteint d’un cancer. Il paye alors un

passeur qui le trahit puis l’abandonne à la frontière entre le Guatemala et le Mexique.

Remontant le pays caché dans un camion frigorifique, il est à nouveau trahi par un passeur

qui l’enferme dans ue maison isolé près de la frontière avec les USA et le menace de mort.

Lorsqu’enfin les agents du gouvernement mexicain le découvrant, au lieu d’être traité

comme une victime il est présumé coupable de plusieurs chef d’accusation (crime

organisé, possession d’arme) du fait de sa couleur de peau. Il va être torturé par l’armée

puis la police, sans aucune assistance juridique, avant d’être incarcéré.

Le cas d’Angel Amilcar Colon revêt dons ainsi ceci d’intéressant, puisque il

expérimente tout un panel d’abus et de violation dont son fréquemment victime les

migrants de la part des passeurs mais aussi de la part des services gouvernementaux.

Il est l’exemple type d’une personne vulnérable, du fait de son origine, de son statut de

migrant « ilégal » et de sa couleur de peau.

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108 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

VIII. Annexe : La Vie dans une Mara

Très souvent, entrer dans une Mara est presqu’une obligation : si on n’est pas dans la

“Mara 13” c’est qu’on appartient à la “Mara 18”, c’est-à-dire à l’ennemi. Entrer dans une

Mara, revient donc à se protéger et à protéger les siens.

L’intégration se fait très jeune, parfois encore enfant. A six ans, les gamins peuvent

déjà faire partie d’une Clica en tant que “ messagers ” et prévenir l’arrivée des policiers.

Entre neuf et douze ans, ils commencent les rites d’initiation. Ces rites inclus un violent

passage à tabac par plusieurs membres. Il est aussi fréquemment de devoir commettre un

assassinat initiatique. Le nouvel intégrant doit aller abattre un membre d’une bande rival

pour prouver sa valeur. Les filles elles, environ 20% des mareros, doivent se soumettre à

des relations sexuels avec plusieurs hommes.

Les tatouages sont extrêmement important est codifie nombre d’information et chaque

gang a ses propres motifs. Ils relatent des épisodes de leur vie, les passages en prisons, leur

mythologie personnelle, le nom de ceux qui comptent pour eux…On retrouve aussi les

noms des compagnons morts et d’autre en souvenir des homicides qu’ils ont commis.

Depuis les années 2000, les mareros se font beaucoup moins tatoué pour éviter de se faire

repérer.

En contrepartie, dans un pays ravagé par le chômage et la précarité, les gangs offrent

aux pré- adolescents un repère identitaire fort et la sensation d’appartenir à une famille.

Les mareros jouissent d’un statut social et bénéficient d’une solidarité totale de leur clique.

Nourris, protégés, on leur fournit argent liquide, voiture, alcool et drogue.

Mais sortir du gang est pratiquement impossible car « vous vivez pour la Mara, vous

mourrez pour la Mara ». Sortir de la Mara, c’est la trahir, et l’on tue les traîtres. Ceux qui

tentent de se « ranger » finissent très souvent assassinés. Et ceux qui arrivent à passer à

travers les mailles du filet, ont du mal à trouver du travail à cause de leurs tatouages.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 109

Certaines jeunes filles des bidonvilles intègrent les Maras en espérant pouvoir

échapper au destin de victime qu’elles voient leurs mères subir au quotidien.

Comme dit précédemment, pour intégrer la bande les femmes choisissent entre un

passage à tabac, assassiner un rival ou se soumettre à des relations sexuels. La plupart

optent pour la dernière option. Cela peut durer une semaine et inclure 10, voir 20

partenaires. Pour autant ce n’est pas un viol à proprement parler. Leur brutalité les aide à se

différencier des autres filles de leur âge, elles pensent se protéger de la violence en

l’utilisant. Simple fiancée ou messagère au début, elles se sont ensuite impliquées plus

activement dans les activités criminelles. Elles peuvent par exemple servir d’ « appât »

dans les embuscades.

Les mareras (ou « jainas ») peuvent être également amené à cacher de la drogue,

aller récupérer la « renta », c’est-à-dire l’impôt de protection racketté aux commerçants.

Dans certains cas, elles commettent également elles-mêmes certains assassinats. Les

compagnes des mareros sont appelés jainas et doivent se faire tatoué le nom de leur

compagnon. Prétendument égalitaire, les pandillas relèguent systématiquement les

femmes aux rangs inférieurs. Aussi, les cas de Mareras dirigeante sont extrêmement rares.

Elles sont également des victimes privilégiées lors d’affrontement. Si un marero tue un

membre d’une organisation ennemie, cette dernière se vengera en tuant sa compagne. De

même elles peuvent être violées pour « humilié » une bande adverse. On voit ainsi qu’elles

passent en permanence d’un statut de victime (de soumission, de violence, de viol) à celui

de criminelle.

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110 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 111

X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants (18 décembre

2013)

Manifiesto por la Inclusión y los Derechos Migrantes Hoy, 18 de diciembre de 2013, organizaciones sociales y civiles, instituciones, ciudadanas y ciudadanos mexicanos y guatemaltecos caminamos para denunciar las persistentes violaciones a los derechos humanos de las personas migrantes por parte de las instituciones que deberían garantizar su cumplimiento. Sin importar el tipo de migración, tanto el Estado mexicano como el Estado guatemalteco insisten en limitar o, en el peor de los casos, negar derechos que son independientes a las condiciones de legal estadía o tránsito por nuestros territorios. A las y los migrantes que han tomado como destino nuestros países les son permanentemente negados los derechos a la salud, a la educación y al trabajo, condenándolos a perpetuar un ciclo de pobreza y exclusión social. Muchas de las y los migrantes que transitan por nuestros países son asesinados, desaparecidos, secuestrados, vejados y humillados en los distintos corredores migratorios Las y los migrantes que regresan a sus comunidades, además de ser estigmatizados, se encuentran con múltiples obstáculos que les impiden incorporarse a sus localidades de manera productiva. Particularmente, nos preocupa las condiciones de las mujeres migrantes y los menores que, viajando acompañados o no, son vulnerables a situaciones que atentan contra su integridad personal y no podemos callar ante las amenazas y ataques sistemáticos contra defensores y defensoras de los derechos de las personas migrantes, como el Albergue "La 72" en Tenosique, Tabasco. Es por eso que hoy, las y los que nos encontramos presentes, exigimos a todas las autoridades mexicanas y guatemaltecas que cumplan con sus compromisos para garantizar, respetar, promover y proteger los derechos de las y los migrantes. Alzamos nuestra voz para recordarle a cada policía, agente migratorio, militar, personal de aduana, personal de hospitales y centros educativos que, como servidoras y servidores públicos, están obligados a actuar conforme a los principios de universalidad, interdependencia, indivisibilidad y progresividad, que caracterizan a los derechos humanos sin importar la nacionalidad de las personas. Nos solidarizamos y reconocemos la auto-organización de los propias migrantes como la labor de la Coalición de Indígenas Migrantes de Chiapas. Saludamos a la "Caravana de Madres Centroamericanas Buscando a sus Migrantes Desaparecidos", quienes el día de hoy concluyen, en Tapachula, el recorrido de más de 18 días por territorio mexicano para exigir verdad y justicia. Enfáticamente solicitamos que el gobierno mexicano incorpore las recomendaciones elaboradas por la sociedad civil organizada, que han surgido en los recientes foros de consulta, para que la política pública en materia migratoria garantice el verdadero respeto de los derechos de las y los migrantes. La labor que realizamos como Mesa de Coordinación Transfronteriza Migraciones y Género es impulsada por la solidaridad que genera la indignación por las terribles condiciones de vida que atraviesan las personas migrantes, refugiadas y desplazadas. Ante ello, nosotras y nosotros manifestamos que NINGÚN SER HUMANO ES ILEGAL y que la dignidad humana debe anteponerse ante cualquier documento migratorio. ¡LOS DERECHOS HUMANOS NO TIENEN FRONTERAS!

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112 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces Mesoamericanas)

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 113

Iniciativas Vínculos de

colaboración

Actividades

estratégicas

Tareas

1. Fortalecimiento integral de Comités Comunitarios Transnacionales (CCT)

CCT en municipios

indígenas de la región

de Los Altos que

desarrollan proyectos

socio-económicos

Apoyo a la capacitación

integral de CCT

• Visitas comunitarias para diagnóstico rápido de necesidades de capacitación (técnica y organizativa).

• Seguimiento de proyectos socio-económicos.

• Diseño y facilitación de cursos-talleres. Preparación de materiales didácticos de apoyo.

2. Voces de Jóvenes y Mujeres en las Migraciones

Cuatro Grupos

Culturales Juveniles

(jóvenes migrantes)

Animación y

facilitación de

Encuentros de Jóvenes

y Mujeres en las

Migraciones

• Visitas de conocimiento y diálogo con grupos de jóvenes migrantes que integran los Grupos Culturales.

• Reuniones de diseño y planificación de Encuentros. Elaboración de materiales didácticos de apoyo.

• Realización y sistematización de Encuentros.

• Realización de video documental sobre “Jóvenes Indígenas y Cultura Migrante”.

3. Investigación diagnóstica sobre transmigrantes y acceso a derechos y servicios de salud en México

Mesa de Coordinación

Transfronteriza

Migraciones y Género

(MTMG)

Realización de trabajo

de campo en la

investigación

diagnóstica

• Diseño metodológico con equipo de trabajo.

• Investigación documental en oficina.

• Trabajo de campo: visitas a centros de salud pública y comunitaria; entrevistas a migrantes, funcionarios públicos y agentes comunitarios; documentación de casos.

• Sistematización de información y producción de informe.

• Coordinación interna del equipo

Subequipos de trabajo

de Voces

Mesoamericanas

Planificación,

monitoreo y evaluación

de trabajos del

subequipo y del equipo

de Voces en su

conjunto.

• Reuniones quincenales de subequipos.

• Reuniones mensuales del equipo. • Sesiones de formación interna.

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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »

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114 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos)

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 115

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116 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

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118 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg

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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 119

XIII. Annexe : Sommaire du CD des annexes vidéos

Piste 1 : présentation des programmes de Homies Unidos (durée 3 minutes), juillet 2015,

Réalisation Nicolas DUMONT

Piste 2 : Vidéo de présentation d’un CCT de production de miel (durée 6 minutes), mai

2014, Réalisation Nicolas DUMONT

Piste 3 : Manifeste pour les droits des migrants, journée internationale de la migration.

Durée (3 minutes), décembre 2013, réalisation Nicolas DUMONT

Piste 4 : Signature historique des accords dans la zone Lacandon (durée 5 minutes), avril

2014, réalisation Nicolas DUMONT