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Mémoire réalisé de la Coopération et du Développement (DUECODEV)
Soutenance
Étudiant : Nicolas DUMONT
Promotion 2015/2016
Sous la direction de : Louis H
Université de Strasbourg
Migration d’Amérique centFaire face à la criminalisation du parcours migratoire
Quelles possibilitésdes migrants et l’insertion
réalisé dans le cadre du Diplôme Universitaire d'Etudede la Coopération et du Développement (DUECODEV)
Contextes interculturels et solidarités
Soutenance les 25, 26 et 27 janvier 2016
Nicolas DUMONT
Louis Huberty et Henri Vieille-Grosjean
Université de Strasbourg - Faculté des Sciences de l'Education7 rue de l'Université
67000 STRASBOURG FRANCE
Amérique centrale aux ÉtatsFaire face à la criminalisation du parcours migratoire
possibilités pour la société civile dans l’accompagnement
l’insertion des populations récemment
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement (DUECODEV)
rosjean
Faculté des Sciences de l'Education
États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire
dans l’accompagnement récemment immigrées ?
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
2 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 1
REMERCIEMENTS
Je remercie Mme Elisabeth HOFMANN, responsable pédagogique de la licence de
« chargé de projet en solidarité et développement durable » de l’université de Bordeaux 3
et ma tutrice,
Messieurs Henri VIEILLE-GROSJEAN et Louis HUBERTY, responsables scientifique et
administratif du diplôme universitaire d’étude de la coopération et du développement de
l’université de Strasbourg (DUECODEV),
L’association INTERCORDIA, qui co-organise le DUECODEV de Strasbourg,
Diane MARAVAL, ma tutrice INTERCORDIA,
Miguel ANGEL PAZ, directeur exécutif de Voces Mesoamericanas (Mexique),
Alex SANCHEZ, directeur exécutif de Homies Unidos (États-Unis),
Les travailleurs de Voces Mesoamericanas et de Homies Unidos,
Toutes les personnes qui, au long de ces deux années, m’ont partagé leur savoir, leur
courage et leur gentillesse,
Ma compagne Hélène, pour son soutien inaltérable.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
2 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 3
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ......................................................................................... 1
TABLE DES MATIERES ................................................................................ 3
INTRODUCTION ............................................................................................. 7
I. Criminalisation du parcours migratoire ..................................................... 9
A. Présentation du Contexte international ................................................................... 9
1. La frontière comme outil géostratégique ............................................................ 9
2. L’ingérence des États-Unis en Amérique Latine .............................................. 11
3. Mexique : de la dépendance économique au rôle d’état tampon ..................... 11
4. Le migrant « illégal » et l’importance des mots ................................................ 13
5. Flux migratoire et démographie des USA ......................................................... 14
B. La migration un parcours de violation .................................................................. 17
1. L’exemple de la « 72 » ...................................................................................... 17
2. L’exemple emblématique d’Amilcar COLON .................................................. 19
3. Genre et migration, exemple du flux Salvador-États Unis................................ 19
4. Record d’Homicide en Amérique centrale ........................................................ 20
C. Quand migration et déportation renforcent les organisations criminelles :
l’exemple des Maras ........................................................................................................ 23
1. Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles............................... 23
2. Les gangs, un problème également prégnant au sein de la communauté
« latino » de Californie. ............................................................................................... 30
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
4 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
II. Les conditions de vie et l’insertion « au Nord » ...................................... 31
A. La discrimination structurelle aux États-Unis....................................................... 31
1. La classification raciale et ethnique aux États-Unis.......................................... 31
2. Définir la discrimination structurelle ................................................................ 34
B. L’intérêt d’étudier les populations afro-américaines pour analyser la situation des
«latinos» .......................................................................................................................... 34
1. Des conditions de vie « inférieures » ................................................................ 34
2. Une communauté mise sous pression................................................................ 37
3. La domination intercommunautaire aux États-Unis.......................................... 39
C. Les quartiers ethniques de Los Angeles et les limites du concept Nord/Sud ....... 40
1. Los Angeles, mégalopole du Sud californien et pôle migratoire. ..................... 40
2. Étude comparative des quartiers de East L.A. et de Beverly Hills. .................. 44
3. Quartier ethnique à Los Angeles, les limites du concept « Nord/Sud »............ 48
4. Impact de l’origine et des conditions de migration ........................................... 48
5. Quartiers communautaires et services ............................................................... 50
III. Quelques possibilités pour la société civile dans l’accompagnement des
migrants et des populations récemment immigrées ........................................ 52
A. Définir une grille d’intervention globale, présentation de l’INTRAC .................. 52
B. L’assistance humanitaire ....................................................................................... 53
C. Les réseaux d’alertes et la création de collectif d’associations............................. 55
D. Proposer des alternatives à la migration, l’exemple des CCT .............................. 57
E. L’approche psychosociale pour soigner le trauma................................................ 59
F. Le volontariat, mais dans les deux sens ................................................................ 63
G. Développer le plaidoyer pour fermer l’Ecole des Amériques et alerter sur la
criminalité migratoire ...................................................................................................... 64
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 5
CONCLUSION ............................................................................................... 66
GLOSSAIRE ................................................................................................... 68
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................... 70
TABLE DES ILLUSTRATIONS ................................................................... 76
TABLE DES ANNEXES ................................................................................ 78
I. Annexe Arbres à Problèmes et à Objectifs ........................................................... 79
II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles) ....................................................... 97
III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés (Los Angeles) ........................... 101
IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol) ............................. 103
V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico ........................................................ 104
VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY........................................................................... 106
VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON .................................... 107
VIII. Annexe : La Vie dans une Mara ......................................................................... 108
IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index .......................................... 110
X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants ........................... 111
XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces MA) ..................... 112
XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos) ..................................................... 114
XIII. Annexe : Sommaire du CD des annexes vidéos ................................................. 119
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
6 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 7
INTRODUCTION
Aborder la problématique du flux migratoire entre Amérique centrale et Amérique
du Nord implique d’avoir une vue de l’intégralité du parcours qu’effectuent les migrants.
C’est également en comparant les situations de départ, de transit et d’arrivée que l’on peut
espérer se saisir des enjeux auxquels sont confrontés états, société civile et citoyens.
C’est pour cela que ce mémoire s’appuie sur deux stages ; deux points
d’observation, de chaque côté de la frontière, et qui se font écho. La confrontation de ces
deux expériences va nous conduire à dessiner le portrait de la migration centraméricaine
d’aujourd’hui et nous permettre d’identifier certaines des solutions envisageables.
La rédaction de cet écrit a débuté en compilant les réflexions consignées dans mon
journal de bord. Leur organisation par thématiques a ensuite permis de créer un espace de
réflexion cohérent et structuré, puis de dégager une problématique. Les enquêtes menées
sur place (cf. arbre à problème; annexe I) et les nombreuses interviews réalisées au
Mexique et aux États-Unis ont, par la suite, étayé notre réflexion. Enfin, des ressources
extérieures - bibliographiques, statistiques – sont venues renforcer et légitimer nos
premières intuitions.
Nous commencerons donc par étudier de quelle façon les relations qui unissent les
États-Unis au Mexique ont façonné la migration entre Centre et Nord-Amérique. Nous
allons également analyser comment cette Histoire récente et le contexte international ont
favorisé la montée de la criminalité dans les sociétés d’Amérique centrale. Nous décrirons
le parcours des migrant-e-s centraméricain-e-s qui, pour fuir la violence ou pour espérer
augmenter leurs revenus entreprennent un dangereux périple, traversant des zones de non-
droit sous le contrôle d’organisations criminelles. Enfin, nous étudierons comment il leur
est possible de s’insérer dans la société américaine, en devant faire face à la discrimination
et au problème spécifique de leur communauté d’accueil ?
Aujourd’hui, la société civile ouvre des voies de résolution pour améliorer les
conditions de migration et d’insertion des migrant-e-s ; Au travers d’une série de
recommandations, nous détaillerons certaines de ces stratégies.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
8 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Problématique : « Les flux migratoires dans la région Centre et
Nord-américaine vulnérabilisent les populations »
Hypothèse 1 : La gestion actuelle des flux migratoires entre centramérique et États-Unis
favorise la criminalité. (Sous-hypothèse 1 : Les déportations de centraméricains depuis les
États-Unis ont favorisé l’organisation de gangs)
Hypothèse 2 : La discrimination structurelle aux États-Unis impacte les conditions de vie
des populations récemment immigrées.
Hypothèse 3 : La société civile est en mesure d’apporter des solutions durables pour aider
à l’accompagnement et à l’insertion des populations migrantes.
Les deux stages :
La première période de stage (Diplôme Universitaire de Coopération et de
Développement), d’une durée de 9 mois a eu lieu en 2013 et 2014 au sein de l’organisation
de la société civile Voces Mesoamericanas. L’association située au Chiapas (Sud du
Mexique) et proche de la frontière avec le Guatemala participe au développement des
populations indigènes et défend les droits des migrant-e-s en transit. Ce stage a également
inclus une période d’observation de deux semaines dans un refuge pour migrants à
Tenosique (frontière avec le Guatemala).
Le deuxième stage, réalisé dans le cadre de la Licence Professionnelle de Chargé de
Projet en Solidarité Internationale et Développement Durable, s’est déroulé à Homies
Unidos, Los Angeles. L’association agit principalement auprès de populations d’origine
centraméricaines dans la prévention de la délinquance et la réinsertion d’anciens membres
de gangs. Homies Unidos milite par ailleurs pour la libération des centraméricains détenus
abusivement aux États-Unis, ayant déjà purgé leur peine mais toujours en attente d’être
libérés ou déportés.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 9
I. Criminalisation du parcours migratoire
A. Présentation du Contexte international
1. La frontière comme outil géostratégique
Depuis 1986 lors de la signature de la réforme migratoire du “Control Act” par le
président Ronald REAGAN, le gouvernement américain a dépensé 187 milliards de dollars
dans le contrôle de la migration. Ce budget est à la hauteur de l’importance stratégique que
revêt la frontière sud des États-Unis.
Le géographe Michel FOUCHER décrit les frontières comme « la matérialisation
des rapports de force »1, notamment entre états. L’histoire de la frontière américano-
mexicaine nous en livre un exemple probant. Observons son tracé en 1834.
Figure 1 : Frontière entre États-Unis et Mexique en 1834. Source Moving Beyond Borders
1 FOUCHER Michel, L’obsession des frontières, Perrin, 2007
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
10 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Nous la voyons telle qu’elle était avant la guerre américano-mexicaine de 1846-
1848 (conflit provoqué par la décision du congrès américain d’annexer le Texas en 1845).
Nous constatons qu’elle se situait très loin du tracé actuel et que le territoire mexicain était
alors bien plus vaste qu’aujourd’hui. En effet, ce n’est qu’après la « Mexican cession »2 et
la signature du traité de Guadalupe HIDALGO, en février 1848, que de vastes régions du
territoire mexicain furent cédées aux États-Unis.
Si l’on remonte encore dans le temps, on observe que la « construction » des États-
Unis a engendré une frontière extrêmement mobile jusqu’en 1853. L’illustration suivante
montre le territoire américain tel qu’il était en 1783 (en violet).
Figure 2 : Expansion du territoire américain entre 1803 et 1853. Source : Thing Link
A partir de 1853, la frontière est restée assez stable dans son tracé. Pour autant les
rapports de force et de domination qu’exercent les États-Unis vont perdurer : au travers du
contrôle frontalier mais aussi dans l’ingérence de la puissance américaine en Amérique
latine.
2 La Cession mexicaine (en anglais : Mexican Cession) est le terme employé pour désigner
les territoires non organisés qui, en plus de la République du Texas (et des territoires
revendiqués par elle), furent cédés par le Mexique aux États-Unis
«Faire
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév
2. L’ingérence des États
En 1946, l’École Des Amériques voit
former militairement les troupes latino
anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre
torture.
Figure 3 : Emblème de l’
Parmi les milliers de militaires ainsi formé
de juntes militaires s’étant rendu
l’exemple du Salvadorien Roberto d’AUBUISSON
fondateur du parti d’extrême droite l’
une figure centrale des « escadrons de la mort
Des Amérique (assassinats, torture
3. Mexique
Historiquement, les
représenté une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapa
effectués par la diaspora, ce sont les deux
dépendance, un temps jugulée
partir de la décennie 1980-1990.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
L’ingérence des États-Unis en Amérique Latine
cole Des Amériques voit le jour. Sa principale mission est alors
les troupes latino-américaines tout en diffusant
anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre
: Emblème de l’Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité
Parmi les milliers de militaires ainsi formés, on retrouve plusieurs
de juntes militaires s’étant rendus coupables de violation des droits de l’H
en Roberto d’AUBUISSON. Passé par l’Ecole des Amériques,
fondateur du parti d’extrême droite l’Alliance Républicaine Nationaliste
escadrons de la mort », où il usera du « savoir
, tortures).
Mexique : de la dépendance économique au rôle d’état
Historiquement, les échanges commerciaux avec les États-
une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapa
par la diaspora, ce sont les deux moteurs de l’économie du pays. Mais c
, un temps jugulée par le nationalisme mexicain, va commencer
1990.
»
Université de Strasbourg 11
Unis en Amérique Latine
le jour. Sa principale mission est alors de
américaines tout en diffusant une doctrine
anticommuniste. L’enseignement incluait entre autre les techniques de contre-guérilla et la
Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité
plusieurs futurs dirigeants
s de violation des droits de l’Homme. C’est
cole des Amériques,
ationaliste (ARENA), il sera
savoir-faire » de l’Ecole
la dépendance économique au rôle d’état tampon
-Unis ont toujours
une part importante de l’économie mexicaine. Avec les rapatriements d’argent
moteurs de l’économie du pays. Mais cette
va commencer à s’accroitre à
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
12 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
« C’est à partir des années 1980 que la crise de la dette [extérieur du
Mexique] et les réformes d’ajustement structurel imposées par les
bailleurs de fonds du gouvernement ont replacé la relation avec les
Etats Unis au centre de la politique économique du pays » 3.
En 1994, est adopté le traité d 'Accord de libre-échange nord-américain ALÉNA
(en anglais, North American Free Trade Agreement). Il crée une zone de libre-échange
entre le Canada, les États-Unis et le Mexique d'environ 480 millions d'habitants. C’est à ce
moment que va se concrétiser «l’externalisation » de la frontière Sud des États-Unis.
L’apparition de cet espace commun va faire naître une relation stratégique dans la gestion
des flux migratoires et le Mexique va accepter de réguler l’entrée des migrants, notamment
en provenance ou en transit par l’Amérique centrale. Cette coopération sera également
enclenchée en matière de régulation des flux d’entrée de stupéfiants aux États-Unis.
Ce rôle de « frontière externe des États-Unis » est voulu par les dirigeants
mexicains ce qu’explique à nouveau très clairement Argán ARAGON :
« Quel intérêt avait le Mexique à devenir la frontière externe des sud
des États-Unis ? L’intérêt était économique. Les réformes impulsées
par Washington avaient fait se former, du jour au lendemain, à la fin
des années 1990 une élite mexicaine extrêmement fortunée qui
bénéficia de la privatisation de secteurs entiers de l’économie et sut
tirer un réel avantage de la libéralisation des échanges agricoles,
industriels, technologiques et financiers avec les États-Unis. » 4
Un câble de l’ambassade du Mexique révélé par Wikileaks en 2010 viendra confirmer
les liens de coopération qui unissent les deux pays dans tous les domaines, et notamment
dans le contrôle migratoire. (cf. Câble de l’ambassade du Mexicaine ; annexe V)
3 ARAGON Argán, Migrations clandestines, d’Amérique Centrale vers les États-Unis,
Presses Sorbonne Nouvelle, 2014, page 164 4 Ibid.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 13
4. Le migrant « illégal » et l’importance des mots
Dans son rapport intitulé « Criminalisation of irregular migrants: a crime without a
victim »5, le conseil de l’Europe définit une typologie des migrants :
- Les migrant-e-s en situation régulière
- Les migrant-e-s « irréguliers »
- Les migrant-e-s victimes de migration forcée (incluant les demandeurs d’asile et les
réfugiés)
- Les migrant-e-s de réunification familiale
- Les travailleuses et les travailleurs migrant-e-s (saisonniers/temporaires)
- Les victimes de trafic d’être humain
- Les étudiant-e-s
Pour autant ce sont les termes de migrants « illégaux » et de migration « illégale »
qui se sont abondamment diffusés, jusqu’à devenir des éléments de langage.
La Déclaration Universelle des Droits de L’Homme (DUDL) est souvent dénoncée
comme étant orientée vers des valeurs « occidentales », comme l’individualisme. Pour
autant ni l’Europe, ni les États-Unis, région initiatrice de cette déclaration, ne semble
respecter l’article 13.2 de la DUDL : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y
compris le sien, et de revenir dans son pays »
Cet amalgame entre des individus et la notion d’illégalité (sensé décrire une action,
non une personne) induit une perception biaisée du phénomène migratoire et peu
déboucher au « Nord » sur des mouvements xénophobes. La migration est un sujet
politique et d’actualités majeures aux USA.
5 STROE Ionuț-Marian, Criminalisation of irregular migrants: a crime without a victim,
Committee on Migration, Refugees and Displaced Persons, 2015
«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire
14 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement
Figure 4 : Patrick Buchanan est un
son livre sur Fox News. Le bandeau titre
introduisent la syphilis et la blennorragie aux
5. Flux migratoire et démographie
Lorsque l’on observe l’évolution de la démographie des États
la croissance fulgurante du nombre de citoyen
la conquête de nouveaux
d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, l
population américaine a été
Figure 5 : Evolution démographique des États
Bureau de « Migration d’Amérique centrale aux États-Unis :
Faire face à la criminalisation du parcours migratoire » DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Patrick Buchanan est un commentateur et homme politique américain
son livre sur Fox News. Le bandeau titre : « Les « migrants illégaux » («
ent la syphilis et la blennorragie aux États-Unis ». Source Fox News Channel.
Flux migratoire et démographie des USA
Lorsque l’on observe l’évolution de la démographie des États-Unis, on est interpe
la croissance fulgurante du nombre de citoyens américains depuis 1790.
territoires associée à une forte immigratio
d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, l
population américaine a été multipliée par 100, passant de 3 à 300 millions d’individus.
démographique des États-Unis sur la période 1790
Bureau de recensement des États-Unis
»
Université de Strasbourg
et homme politique américain venu présenter
illegal aliens »)
. Source Fox News Channel.
Unis, on est interpellé par
s depuis 1790. La colonisation ou
associée à une forte immigration en provenance
d’Europe ont provoqué une véritable explosion démographique. En l’espace de 200 ans, la
par 100, passant de 3 à 300 millions d’individus.
nis sur la période 1790-2010. Source :
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 15
Cet accroissement démographique se fait à un rythme plus soutenu qu’ailleurs dans
le monde et la part de la population américaine au sein de la population mondiale va, elle
aussi, augmenter considérablement. Ainsi au début du 20ème siècle, les américains
représentent 6% de la population mondiale.
Figure 6 : Part de la population américaine dans la population mondiale. 6
Cette croissance démographique exceptionnelle, pour peupler un territoire immense
(les États-Unis constituent le 3ème état le plus vaste au niveau mondial), va également
porter la croissance économique. Tout au long du 19ème siècle, les États-Unis vont monter
en puissance et leur influence culminera en 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale.
Figure 7 : Part du PNB américain dans le PNB mondial. 7
6 LEMARCHAND Philippe, Atlas des États-Unis: les paradoxes de la puissance, édition
Complexe, page 16
7 Ibid.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
16 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Aujourd’hui encore, les États-Unis demeurent la première terre d’immigration.
C’est le pays du monde ayant actuellement sur son sol le plus grand nombre – en volume –
d’immigré-e-s (en 2010 et selon les Nations-Unies, on dénombrait 43 millions
d’américains nés à l’étranger)8. Notons au passage que c’est le Mexique qui, au niveau
mondial, est le premier pays de départ, avec plus de 10 millions de personnes nées dans ce
pays et vivant dans un autre pays, principalement aux États-Unis.
Figure 8 : Nombre et part des immigrés et des émigrés dans quelques pays. 9
8 CASES Chantal, Population & Sociétés, novembre 2010, n° 472 9 Ibid.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 17
B. La migration un parcours de violation
1. L’exemple de la « 72 »
Alors que l’on criminalise les migrant-e-s « illégaux », on oublie de traiter
prioritairement les bénéficiaires de ce Traffic, au premier rang desquels le crime organisé.
En rançonnant les migrants et leurs familles, en organisant les passeurs, les organisations
criminelles ont accès à une source de financement considérable.
Le refuge pour migrant « la 72 » est situé à Tenosique (ville frontalière du sud du
Mexique et voisine du Guatemala). Il fut nommé ainsi en mémoire des 72 migrant-e-s
intercepté-e-s sur la « Bestia » 10 et assassinés le 22 août 2010 à San Fernando.
Figure 9 : Migrants centraméricains grimpant sur un train en marche.
Auteur : Nicolas Dumont
10 La « Bestia » (La « Bête » en français). C’est le nom des trains de marchandises sur
lesquels les migrants centraméricains grimpent pour traverser le Mexique et se rendre aux
États-Unis. Elle est appelée ainsi car « elle mange les hommes ».
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
18 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Le refuge accueille principalement des migrant-e-s en provenance du Salvador, du
Honduras et du Guatemala. Au sein de la 72 est peinte une carte qui indique les différentes
voies de migration et les refuges.
Figure 10 : Carte des voies migratoires, peinte sur un des murs
de la cour intérieure de la 72. Source : New York Times
Les différences d’aplat de couleurs marquent le découpage du Mexique entre les 4
principaux cartels. Les péages sont matérialisés par un billet de banque (chaque migrant-e
devra s’y acquitter de cent dollars aux cartels qui contrôle les axes ferroviaires). Ces cent
dollars ne sont aucunement une garantie contre d’autres exactions (kidnapping, meurtre).
Les points rouges indiquent les zones de risque. Enfin, les zones où les migrant-e-s sont
victimes de manière récurrentes d’assaut et de séquestration sont indiquées par un pistolet.
Le Refuge a mis en place un questionnaire à l’arrivée des migrant-e-s. Il renseigne
–entre autre – l’identité de la personne (âge, sexe, date de naissance), son statut
(notamment le niveau d’éducation et la profession) et son parcours migratoire (nombre de
tentatives, destination). Une photographie de leur visage est également prise pour pouvoir
être utilisée en cas de disparition (enlèvement, meurtre).
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 19
Notons enfin que cette violence à la frontière entre Mexique et Guatemala ne doit
pas faire oublier le caractère tout aussi meurtrier de la frontière « Nord » (entre Mexique et
États-Unis).
Figure 11 : Nombre annuel de migrants morts à la frontière Mexique/États-Unis entre
2001 et 2010 Source : National Foundation for American Policy
2. L’exemple emblématique d’Amilcar COLON
Angel Amilcar Colon est Girafon (minorité hondurienne d’origine africaine). Son parcours
migratoire, entreprit en 2009, expose un large « panel » des abus, commis par le crime
organisé et les agents d’états mexicains, et dont sont régulièrement victimes les migrants.
Une étude de son parcours est disponible en annexe (cf. L’exemple emblématique
d’Amilcar COLON ; annexe VII).
3. Genre et migration, exemple du flux Salvador-États Unis
En 2008, les femmes ont comptées pour moitié dans le nombre de migrant-e-s s’étant
déplacés du Salvador vers les États-Unis11. Notons d’ailleurs que cette parité se retrouve
lorsque l’on regarde le total des immigrés aux États-Unis sur la même période et toutes
origines confondues.
11 En 2008, 51.2% des migrants se déclaraient « homme » et 49.8% « femme ». Source :
Police Migratoire des États-Unis.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
20 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Puisque les femmes constituent la moitié du flux migratoire Salvador-États-Unis, il est
intéressant de se pencher sur leurs conditions spécifiques de migration et de faire
s’interroger genre et migration. Car en plus des risques que nous venons d’évoquer
précédemment, les femmes migrantes sont confrontées à des menaces supplémentaires, au
premier rang desquels se trouvent les sévices sexuelles. Amnesty International estime à
60% le nombre de femmes centraméricaines victimes de violences sexuelles dans leur
parcours migratoire.12
Soulignons par ailleurs, qu’y compris dans leur pays d’origine, les femmes
salvadoriennes sont en proie à des conditions particulièrement difficiles. Le Salvador fait
ainsi l’objet de pressions de la communauté internationale et de nombreux pays pour
apporter une modification à ces lois extrêmement criminalisantes en matière d’avortement
qui envoient en prison des femmes jugées pour avoir fait une fausse couche ou avorté
clandestinement.13
4. Record d’Homicide en Amérique centrale
L’Amérique latine est la région du monde marquée par le plus fort taux d’homicides.
Figure 12 : Homicide « intentionnel » pour 100 000 habitants et par région. Source :
Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
12 Invisible victims migrants on the move in mexico, Amnesty International Publications,
2010, page 18 13À deux doigts de la mort, La violence contre les femmes et l’interdiction de l’avortement
au Salvador, Amnesty International Publication, 2014
«Faire
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév
Au sein du continent et suivant les années c’est
« disputent » le titre de pays au plus for
Figure 13 : Taux d’homicide pour 100
Office des N
Notons par ailleurs que ces
faible. Prenons l’exemple de la
en 2012. Sur la période 2010
100 000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période,
Honduras et le Salvador, dont les
enregistrent des taux d’homicide 2 à 3 fois
14L'indice de Développemen
1990 par le Programme des Nations U
niveau de développement humain
l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et l
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
ent et suivant les années c’est le Salvador et le Honduras qui se
le titre de pays au plus fort taux d’homicide dans le monde.
Taux d’homicide pour 100 000 habitants par pays (1995
Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
Notons par ailleurs que ces taux d’homicide n’entrent pas en corrélation avec un IDH
faible. Prenons l’exemple de la république démocratique du Congo dont l’IDH est de 3,5
Sur la période 2010-2012, le taux d’homicide du pays se situe autour de 2,5 pour
000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période,
, dont les IDH sont nettement supérieurs
des taux d’homicide 2 à 3 fois supérieurs. Cette très forte
oppement Humain (IDH) est un indice statistique
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Il évalue le
développement humain d’un pays en se fondant sur le PIB par habitant,
l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et le niveau de vie.
»
Université de Strasbourg 21
le Salvador et le Honduras qui se
dans le monde.
(1995-2010). Source :
s contre la drogue et le crime
pas en corrélation avec un IDH14
dont l’IDH est de 3,5
2012, le taux d’homicide du pays se situe autour de 2,5 pour
000 habitants (sensiblement le même qu’au Mexique). Sur la même période, le
à celui du Congo
très forte criminalité
composite créé en
(PNUD). Il évalue le
d’un pays en se fondant sur le PIB par habitant,
e niveau de vie.
«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire
22 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement
centraméricaine est en réalité imputable à des particularités régionales,
des gangs.
Figure 14 : Taux d’homicide
A contrario, un IDH
d’homicide très faible. Pour au
de son groupe (en rouge sur la figure 15)
contre 1/100 000 par exemple au Canada
conclure qu’à leur niveau, les
particulièrement criminogène
présentant le même PIB.
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icaine est en réalité imputable à des particularités régionales,
aux d’homicide en fonction de l’IDH pour 2012. Source :
Unies contre la drogue et le crime
élevé (supérieur à 0,85) semble bien corrélé
e très faible. Pour autant les États-Unis semblent légèrement se détacher au sein
(en rouge sur la figure 15). Le taux d’homicide y est de 4/100 000 habitants,
contre 1/100 000 par exemple au Canada ou en Europe de l’ouest.
conclure qu’à leur niveau, les États-Unis semblent aussi présenter
particulièrement criminogènes, puisque le taux d’homicide y est 3 fois supérieur à des pays
»
Université de Strasbourg
icaine est en réalité imputable à des particularités régionales, comme la présence
Office des Nations
corrélé avec un taux
égèrement se détacher au sein
y est de 4/100 000 habitants,
de l’ouest. On peut donc en
nt aussi présenter des facteurs
, puisque le taux d’homicide y est 3 fois supérieur à des pays
«Faire
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Dév
C. Quand migration et
criminelles : l’exemple des Maras
Le terme Maras désigne des gangs centraméricains
grandes Maras sont la « Mara Salvatrucha
appelé calle 18). En 2007, pour
répartis en 381 groupes. 35% d’entre eux ap
Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010)
Figure 15 : Répartition par Maras,
l’ Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.
1. Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.
Dans les années 1970, l
nombreux centraméricain-e
plus souvent allophones, ils
principalement la mafia mexicaine, déjà bien implanté
15 SIMEON CANAS José,
Universidad Centroamericana16 La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe
une série de grandes guerres
d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).
64%
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migration et déportation renforcent les organisations
l’exemple des Maras
désigne des gangs centraméricains (voir glossaire
Mara Salvatrucha » (aussi appelé MS 13) et «
En 2007, pour le Salvador le total des membres était estimé à 16
répartis en 381 groupes. 35% d’entre eux appartenaient à la Mara Barrio 18
Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010)
épartition par Maras, réalisation Nicolas DUMONT à partir des données
Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.
Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.
années 1970, la « crise en Amérique centrale »16 a poussé à l’exode de
e-s vers les États-Unis, et en particulier vers la Californie.
ils se sont retrouvés sous la pression d’institutions
mexicaine, déjà bien implantée sur le territoire.
SIMEON CANAS José, Segundos en el Aire: mujeres pandilleras y sus prisiones,
Universidad Centroamericana (UCA), 2010.
La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe
une série de grandes guerres civiles qui ont éclaté de 1979 à 1990 dans plusieurs pays
d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).
35%
1%
Repartition par Mara
Mara barrio 18
Mara salvatrucha (MS 13)
Autre groupe criminels
»
Université de Strasbourg 23
les organisations
(voir glossaire). Les deux plus
la Mara 18 » (aussi
le Salvador le total des membres était estimé à 16 810
partenaient à la Mara Barrio 18 ; 64% à la
Mara Salvatrucha (MS13) et 1% à d’autres groupes criminels (IUDOP, 2010) 15
à partir des données de
Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador.
Des conflits centraméricains aux émeutes de Los Angeles.
a poussé à l’exode de
vers la Californie. Le
sous la pression d’institutions criminelles,
Segundos en el Aire: mujeres pandilleras y sus prisiones,
La crise en Amérique centrale désigne une période allant de 1979 à 1990. Elle englobe
civiles qui ont éclaté de 1979 à 1990 dans plusieurs pays
d'Amérique centrale (dont le Salvador, le Nicaragua, le Guatemala et le Honduras).
Mara barrio 18
Mara salvatrucha (MS 13)
Autre groupe criminels
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Pour se défendre, les migrant-e-s centraméricain-e-s, principalement des réfugié-e-s
Salvadoriens, Guatémaltèques et Honduriens se sont donc regroupés en imitant le
fonctionnement des gangs. C’est ainsi que sont nées les premières « Maras » à Los
Angeles.
Puis, en 1992 à Los Angeles, survient l’ « affaire Rodney KING » 17. Cette décision
va entrainer de très violentes émeutes durant 6 jours. Des centaines d'habitants de Los
Angeles, principalement des jeunes hommes afro-américains et « latinos » (voir glossaire)
ont pris part à des pillages, des incendies criminels et des meurtres. En tout, ces émeutes
causeront la mort de 55 personnes et feront 2 300 blessés.
Sur les 50 dernières années, l’année 1992 reste marquée comme étant celle ayant
compté le plus d’homicides (1092 homicides).
Figure 16 : Nombre annuel d’homicides à Los Angeles.
Source : Département de police de Los Angeles.
17 Un jury américain acquitte quatre officiers de police accusés d'avoir passé à tabac un
automobiliste noir américain (Rodney KING).
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Plusieurs milliers de personnes furent arrêtées, dont 36 % d'Afro-américains et 52%
d'Hispaniques (Américains originaires d'Amérique latine). Dans les mois qui suivirent,
l’État californien approuva une loi assimilant les délinquants mineurs à des adultes, ce qui
permit aux autorités d’envoyer des centaines de « mareros » (voir glossaire) en prison.
La même année, la guerre civile prend fin au Salvador18. Puisque le conflit a cessé,
le gouvernement américain va donc commencer à déporter massivement les immigrés
Salvadoriens en situation irrégulière. De nombreux mareros qui avaient été incarcérés au
moment des émeutes feront également partie de cette vague de déportation.
Enfin, en 1996, une loi du Congrès américain autorisa l’expulsion de tout
délinquant n’ayant pas la nationalité états-unienne ou qui, récemment naturalisé, ferait
l’objet d’une peine supérieure à un an de prison. Ainsi, entre 1998 et 2005, les États-Unis
vont expulser près de 46 000 Centraméricains ayant purgé leurs peines. Si le nombre de
déportations annuelles depuis le territoire US est sur une hausse tendancielle, les
populations centraméricaines voit leurs taux d’expulsions exploser.
Figure 17 : Origine des personnes déportées, en pourcentage et par an. Source: Bureau de
statistique de l’Immigration des États-Unis. Les mexicains n’apparaissent pas, ils
représentent à eux seuls 80% des expulsions sur la décennie.
18 La guerre civile du Salvador est une guerre civile ayant eu lieu de 1979 à 1992 au
Salvador entre le Front Farabundo Martí de Libération Nationale (FMLN) et le
gouvernement Salvadorien.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Les pays centraméricains qui sortaient de plusieurs années de guerre civile et
venaient de signer des accords de paix étaient sans grande capacité institutionnelle et ne
possédaient pas les mécanismes de sécurité à même d’assurer l’accueil de ce contingent.
Ces gangs, donc nés en Californie, au sein de la diaspora centre-américaine, vont donc se
développer dans toute l’Amérique centrale tout en conservant leur ancrage aux États-Unis.
Ils diversifient alors leurs activités : enlèvements, impôt « de protection », trafic de drogue,
traite humaine des migrants (assassinats, viols, extorsions). Aujourd’hui, les Maras sont
environ 100 000 en Amérique centrale et 30 000 aux États-Unis19.
Figure 18 : En jaune apparaissent les zones où est présente la « Mara 13 ». Source:
National Drug Intelligence Center
Les premières victimes de la violence des Maras, sont les Maras eux-mêmes. Et
l’espérance de vie d’un marero dépasse rarement 25 ou 30 ans. Par ailleurs il est ardu de
chiffrer l’impact des Maras sur le niveau de violence en centramérique. Selon la PNC
(Police Nationale Civile du Salvador) le taux d’homicide directement imputable à l’activité
des « pandillas» (voir glossaire) varie de 10 à 30% sur la période 2009-2013.
19 Banque Mondiale, El Salvador: Estudio Institucional y de Gasto Público en Seguridad y
Justicia, 2012.
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Figure 19 : Nombre et pourcentage d’homicides attribués aux Maras. Source : Unité
d’Analyse et traitement de l’information du PNC.
Pour autant ces chiffres ne reflètent que les cas élucidés. Si l’on prend l’exemple de
l’année 2010 et selon l’Institut médico-légal du Salvador, 10,2% des homicides sont
imputables aux Maras (en rouge sur la figure 20), ce qui correspond aux chiffres de la
police nationale civile (PNC). Pour autant, 73,1% des homicides ont une cause inconnue
(en jaune)
Figure 20 : Mobile associé au Homicides au Salvador (en pourcentage du total).
Source Institut Médico-légal du Salvador.
En l’absence de source statistique de meilleure qualité, il est donc difficile de
chiffrer l’impact des Maras sur le niveau de violence et particulièrement sur le taux
d’homicide (deuxième plus élevé au monde). Si leur impact est assurément conséquent, il
entre en synergie avec d’autres phénomènes criminogènes comme la prolifération des
armes à feu dans la région (trafic d’importation d’armes depuis les États-Unis).
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En 2003, le Salvador adopte la politique de la “mano dura” (la « main dure »). Elle
prévoit l’emprisonnement immédiat de toute personne suspectée d’appartenir à un gang, un
délit passible de peines de 2 à 5 ans de prison, applicables à tout marero de plus de 12 ans.
En l’espace d’un an, 20 000 mareros Salvadoriens ont été arrêtés, mais 95 % ont été remis
en liberté lorsque la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la loi de la “mano dura”,
estimant qu’elle violait la convention des Nations Unies sur les droits des enfants.
Néanmoins, entre 2004 et 2007, la population carcérale du Salvador a doublé,
passant de 6 000 à 12 000 détenus, dont 40 % ont été arrêtés pour leur appartenance à une
Mara. Pratiquement dans le même temps, en août 2003, le Honduras imposait une politique
similaire dite de “tolérance zéro”, partiellement inspirée de l’initiative de l’ancien maire de
New York, Rudy GIULANI. Cette mesure a entraîné une réforme du Code Pénal et le vote
d’une loi qui punissait le délit d’appartenance à une Mara de douze ans de prison, peine qui
fut par la suite portée à trente ans d’emprisonnement.
Paradoxalement, et dans le même temps, la délocalisation vers l’Amérique centrale
de l’économie de la drogue face aux mesures entreprises par les gouvernements au
Mexique et aux États-Unis, va faire bondir le taux d’homicide.
Figure 21 : Taux d’homicide (en rouge) et saisi de cocaïne (en bleu) au Honduras.
Source : Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. On voit qu’au Honduras, le
taux de saisie de drogue bondit en même temps que le taux d’homicide
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 29
Le Guatemala, pour sa part, mettra en place son plan « coup de balai » en janvier
2004. Ces plans, pourtant attentatoires aux libertés fondamentales, sont parfois soutenus
par les populations. Pour elles, il n’est pas question de parler des droits humains des
mareros alors que ceux-ci violent les leurs.
Résurgence des guerres centraméricaines, des « escadrons de la mort »
(organisations paramilitaires d’extrême droite), tel que la « Sombra Negra », vont chercher
à exterminer les mareros, prenant pour cible une jeunesse marginalisée.
Les années suivantes, les gouvernements centraméricains et les États-Unis ont mis
en place des stratégies de lutte commune. Ces initiatives, qui, au départ, semblaient réduire
la délinquance des gangs, connaitront des succès éphémères. Les Maras se sont radicalisées
tout en se faisant plus discrètes (par exemple en effaçant leurs tatouages). Et surtout
aucune répression ne saurait régler les problèmes sous-jacents qui sont à l’origine de ces
phénomènes sociaux.
En réalité, les Mareros sont les boucs-émissaires des gouvernements
centraméricains. Ils tentent ainsi d’occulter les abîmes d’inégalité et de corruption qui
règnent au sein de leurs pays. Depuis quelques années, plusieurs « trêves » entre Maras ont
été signées, faisant chuter significativement le taux d’homicide. Seulement les homicides
repartent à la hausse et une résolution à long terme, tel que la prise en charge et la
réinsertion de milliers d’ex mareros, n’est pas d’actualité. Cela représenterait un coût
financier considérable, surtout au regard de l’aide apportée par les États-Unis. Alors que le
congrès votait en 2014 un budget de 18 milliards de dollars pour renforcer ses services
migratoires, l’administration OBAMA alloue seulement $1 milliard annuel au programme
d’Assistance à l’Amérique Centrale.
Nous faisons une description du mode de vie des « mareros » et des « jainas » en annexe
(cf. La vie dans une Mara : annexe VIII)
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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2. Les gangs, un problème également prégnant au sein de la
communauté « latino » de Californie.
En 2010, la composition « raciale/ethnique » des États-Unis est la suivante 20 :
- « Blanc non hispanique» (voir glossaire) : 63,7%
- « Afro-américain » : 12,6 %
- « Latino/hispanique » : 15 %
- « Asiatique » : 4,8 %
- « Amérindiens » et natifs de l'Alaska : 0,9 % ;
- « Océano-Américains » (natifs des îles Hawaii et autres îles du Pacifique) : 0,2 %
- multiraciaux : 2,9 % et autres : 6,2 %
Observons maintenant les chiffres fournis par le National Gang Center.
Figure 22 : Race/ethnicité des membres de gang. Source : National Gang Center21.
La communauté « Latino », qui ne représente que 15% de la population américaine,
compte pour 50% des effectifs au sein des gangs. On comprend dès lors à quel point la
problématique des gangs est transfrontalière et impacte les centraméricain-e-s, peu importe
où ils se trouvent.
20 Bureau de recensement américain 21 le National Gang Center (NGC) est un projet coordonné par 3 agences fédérales : the
Office of Justice Programs (OJP), Bureau of Justice Assistance (BJA) and the Office of
Juvenile Justice and Delinquency Prevention (OJJDP).
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II. Les conditions de vie et l’insertion « au Nord »
A. La discrimination structurelle aux États-Unis
1. La classification raciale et ethnique aux États-Unis
Figure 23 : Grille de renseignement de la race et de l’ethnicité des patients.
Source : OSHPD
L’encadré ci-dessus est issu des guides de l’OSHPD (Office of Statewide Health
Planning and Development) 22. Ces guides indiquent notamment comment reporter la
« race » et l’ « ethnicité » des patients pris en charge par les services de santé. Le guide
précise par ailleurs que les données sur la race et l’ethnicité sont « d’autant plus précises
que les patients décrivent eux-mêmes leur appartenance raciale et ethnique » 23. Cette
classification est tout à fait officielle puisqu’elle émane des services de santé de l’état et
montre la volonté, aux États-Unis, de séparer les patients – et les individus en général – en
catégorie et sous-catégorie raciale et ethnique.
Alors que l’appartenance raciale fait référence à un panel « large » et plutôt
exhaustif de catégorie raciale (Blanc, Noir, Natif américain/Eskimo/Aleut, Asiatique et
Pacifique, Autre, Inconnu), l’appartenance ethnique n'a que 3 entrées: Hispanique, non
hispanique, autre.
22 Guide de l’enregistrement des patients pour la Californie, 7ème édition, 2014, page 1 23 Ibid.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Il est dès lors intéressant de remarquer que cette sous-catégorie «ethnique » ne
concerne qu’une seule « race », distinguant les « blancs non-hispaniques » des « blancs
hispaniques» (ces « blancs hispaniques » auxquels nous faisons référence sous les termes
de « communauté Latino » ou « population Latino »).
Cette lecture raciste est historique aux États-Unis. Elle découle en premier lieu de la
ségrégation infligée aux populations noires africaines par les populations blanches
originaires d’Europe. Mais c’est également le fruit des migrations. Les migrants européens
furent en leur temps également classés en « sous-catégories », c’est par exemple le cas des
immigrés italiens, considérés comme une minorité et un sous-groupe ethnique par rapport
au groupe sensé définir la « norme » : les européens anglo-saxons. Et c’est lorsque les
populations originaires d’Amérique latine, d’abord considérées comme « blanches », ont
commencé à représenter une part importante de la population américaine qu’a été décidé la
création d’un sous-groupe ethnique « blanc hispanique ». Il est important d’insister sur
cette distinction ethnique/communautaire tant elle est prégnante aux États-Unis.
Par ailleurs, notons qu’un glissement sémantique se produit, reflétant tout de même
l’évolution de cette vision, à l’origine raciste. En effet le terme de « communauté » tant à
supplanter celui de « race ». Outre l’usage d’un vocable moins chargé historiquement, cela
traduit également un changement de fond. Là où la race est attribuée aux individus, le
terme de communauté fait référence à une organisation sociale.
Nous pourrions reprocher à ces statistiques ethniques de renforcer les clivages ou le
racisme, pour autant cela serait occulter le bénéfice de disposer de ressources extrêmement
précieuses dans l’analyse de problématiques affectant particulièrement certaines
populations. Grâce aux statistiques ethniques, l’OSHPD établit que le taux d’admis pour
des complications dûes au diabète est bien plus élevé chez les populations « hispaniques »
et « afro-américaines ». Cela permet une attention particulière lors de l’examen médical
d’individus issus de ces mêmes populations.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 33
Figure 24 : Taux d’admission pour des complications liées au diabète.
Source : OSHPD
Enfin, il faut garder à l’esprit que cette classification est très englobante et qu’une
analyse plus détaillée (par exemple par pays d’origine) est parfois nécessaire. Si l’on
prend l’exemple du groupe « asiatique/pacifique », on observe de très grandes
disparités dans les revenus (les indiens gagnants en moyenne 3 fois plus que les
Hmong).
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Figure 25 : revenu des sous-groupes asiatiques en Californie.
Source : Measure of America
2. Définir la discrimination structurelle
Il convient de distinguer racisme et discrimination structurelle. Et c’est avant tout la
« motivation » qui les différencie. Le racisme est un acte délibéré de maltraitance ou
d’exclusion d’un groupe par un autre. La discrimination structurelle est, pour sa part, un
processus latent et intrinsèque au sein d’une société régie par diverses normes
socioculturelles. Même si des préjugés raciaux ou des sentiments de haine manifestes ne
motivent pas la discrimination structurelle. Les conséquences du racisme et de la
discrimination structurelle sont semblables. 24
B. L’intérêt d’étudier les populations afro-américaines pour
analyser la situation des «latinos»
1. Des conditions de vie « inférieures »
24 ZHENG Wu, Immigrants, sélectivité et santé mentale, Département de sociologie
Université de Victoria (Canada), Rapport de Septembre 2002
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Alors qu’elle fut abrogée il y a près de 70 ans, la ségrégation raciale25 continue
d’influencer profondément les conditions de vie des quelques 40 millions d’afro-
américains vivant aux États-Unis. S’il est indéniable qu’en parallèle de celles des autres
communautés, les conditions de vie des afro-américains se sont elles aussi améliorées, une
certaine « inertie » demeure, tant dans les mentalités que dans l’organisation de la société.
Une des illustrations les plus probantes du phénomène est le décalage observé pour
l’espérance de vie. Un enfant afro-américain qui naît aujourd’hui a une espérance de vie
inférieure de 5 ans à celle d’un enfant « blanc ».
Figure 26 : Evolution de l’espérance de vie par race/ethnicité sur la période 1991-2006
Source : Département de santé publique du comté de Los Angeles, Bureau de la santé.
En 2006, pour pallier aux limites de l’IDH, le PNUD a mis en place des « IDH
désagrégés » permettant de différencier l'IDH au sein d'un pays par tranches de
population26. Les Hommes noirs ont alors un IDH de 0,85, ce qui les situe plus près des
bulgares que des femmes blanches américaines (dont l’IDH dépasse 0,98).
25 La ségrégation raciale débute en 1896 pour s’achever en 1967. Comme l'esclavage avant
elle, cette ségrégation est basée sur les doctrines raciales de l'anthropologie du XIXe siècle
et sur l'intimidation des Noirs par la violence. Source : Wikipedia. 26 Les premiers IDH désagrégés ont concerné 13 pays en voie de développement, aux côtés
des États-Unis et de la Finlande. Source : page internet du PNUD.
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36 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Figure 27 : Indice de Développement Humain « désagrégé » des États-Unis.
Source : manuel de SES de Terminale 27
Depuis 2009, le conseil de recherche en sciences sociales des États-Unis a initié une
série de grande enquête à but non lucratif et non partisan : The Measure of America.
Semblable au rapport mondial sur le développement humain publié chaque année par le
PNUD, ce travail de longue haleine permet de dresser plus clairement le portrait de
l’Amérique d’aujourd’hui et par là-même de mettre à jour les inégalités entre
communautés.
Measure of America utilise un « Indice de développement humain américain »
modifié (en anglais, « American HD index »). Il mesure les mêmes trois dimensions de
base que l’IDH standard mais utilise différents indicateurs afin de mieux refléter le
contexte américain. Par exemple, tandis que l’IDH standard mesure l’accès à la
connaissance en utilisant le nombre moyen d'années que les élèves passent à l'école,
l’ « IDH américain » évalue le niveau d'instruction. (cf. Mode de calcul de l’American HD
Index ; annexe IX).
D’après le rapport de 2009, ce sont les hommes noirs et latinos qui possèdent l’IDH
américain le plus bas. L’espérance de vie des hommes noirs est la même que celles des
27 Nouveau manuel de SES, Terminale, La découverte, 2003
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
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hommes du Guatemala ou du Bangladesh. Selon Measure of America, 3 facteurs entrent en
jeu pour expliquer cette faible espérance de vie : maladie cardiaque, cancer et homicide.
Figure 28 : Classement par race et par genre selon l’ « American HD index »
Source : The Measure of America
2. Une communauté mise sous pression
Un autre marqueur important des conditions de vie défavorables des afro-américain-e-s
est la violence particulière à laquelle ils sont confrontés. Le taux d’homicide reflète bien ce
phénomène : alors qu’il est en moyenne de 5,2 pour 100 000 habitants aux États-Unis, il se
situe à 19,4 pour 100 000 pour les populations « noires » (un taux proche de celui du Brésil
par exemple).
Figure 29 : Homicide pour 100 000 habitants pour les pays à fort IDH en 2012.
Source Office des Nations Unies contre la drogue et le crime
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
38 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Au-delà des homicides, cette communauté est également mise sous pression par la
police. Une page internet collaborative et sourcée mise en place par le Guardian, quotidien
d’information britannique, récence les personnes abattues par la police depuis le début de
l’année 28. Sur les 8 premiers mois, on recense 711 personnes abattues sur le territoire US.
La répartition ethnique est celle-ci :
Figure 30 : Personnes abattues par la police, janvier - aout 2015. Source : The Guardian
Si l’on ramène ces chiffres à la part que représente chaque communauté, on obtient
un ratio d’individu abattus par la police/par million. On constate dès lors que le nombre de
personnes abattues par la police et appartenant à la communauté afro-américaine est 2,5
fois supérieur à celui de la communauté blanche.
Figure 31 : Taux de personnes abattues par la police pour 1 000 000 d’habitants,
Janvier – Août 2015. Source: The Guardian.
Voici la synthèse des taux d’homicide et du ratio d’individus abattus par la police :
Blancs Latinos Noirs
Homicide en 2012
(pour 100 000/ habitants)
2,5 5,3 19,4
28 Pour chaque victime une fiche bibliographique permet d’avoir accès aux publications
relatives aux circonstances de la mort. La fiche présentant le cas emblématique de
Freddie GRAY est disponible en annexe (cf. Fiche Freddie GRAY ; annexe X).
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 39
Personnes abattues par la police
de Janvier à Août 2015
(pour 1 000 000 d’habitant)
1,73 1,87 4,4
Figure 32 : Homicide et personnes abattues par la police.
Réalisation : Nicolas DUMONT
On remarquera au passage que le ratio d’« hispaniques/latinos » abattus par la
police est le même que pour les blancs. Ce chiffre s’explique par l’intégration dans la
police d’élément « latinos ». En effet, le Los Angeles Police District (LAPD) compte dans
ses rangs 45% d’officiers latino. Cette large et visible proportion correspond à une
représentation équitable (environ 50% des habitants de Los Angeles sont latinos).
3. La domination intercommunautaire aux États-Unis
Nous venons de le voir, les afro-américains - descendant des esclaves amenés de
force sur le continent pour servir les exploitations agricoles des colons européens -
expérimentent aux États-Unis des conditions de vie inférieures à celles des autres
communautés. Aujourd’hui, si les lois racistes ont été abrogées, force est de constater que
leurs conditions de vie (éducation, santé, revenus) restent en deçà de celles des « blancs ».
Puisque l’on s’intéresse aux conditions de vie des populations latinos, à leur
« insertion » 29 dans la société américaine, l’étude d’un groupe présent depuis les débuts de
la construction de la nation américaine, et qui semble le plus « dominé », nous renseigne
fort bien sur les mécanismes de discrimination structurelle que doivent affronter les
migrants nouvellement arrivés.
29 Insertion désigne le processus par lequel, tout en étant reconnu comme partie intégrante
de la société d’accueil, l’étranger garde son identité d’origine et ses spécificités
culturelles. Le terme insertion est moins connoté que celui d’ « intégration », et a fortiori
que celui d’« assimilation ».
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
40 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
L’élection en 2008 d’un président noir – Barack OBAMA – demeure un symbole
fort et le signe que cette nation souhaite assumer son passé et sa multiplicité ethnique. Pour
autant et même si la situation n’est plus aussi critique que par le passé, l’appartenance à un
groupe communautaire « dominé » demeure un facteur de handicap social, parfois décisif.
Figure 33 : Manifestation à Baltimore suite à la mort de Freddie GRAY30, Auteur inconnu.
C. Les quartiers ethniques de Los Angeles et les limites du
concept Nord/Sud
1. Los Angeles, mégalopole du Sud californien et pôle migratoire.
30 Freddy GRAY est un jeune homme noir, originaire de Baltimore, tué dans un camion de
police le 12 avril. Sa mort a provoqué d’amples mouvements de protestation aux États-
Unis. La justice a depuis reconnu l’homicide.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 41
Figure 34 : Le centre-ville de Los Angeles et les Monts San Gabriel.
Auteur N. SERRANO.
En 2014, la population de la région du Grand Los Angeles31 était de plus de 18
millions d’habitants. C’est la deuxième plus grande aire urbaine des États-Unis avec 87
000 km². Sa superficie est supérieure à celle de l’Autriche.
31 Los Angeles, Orange, San Bernardino, Riverside et Ventura.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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42 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Figure 35 : Photo satellite de l'extension urbaine du Grand Los Angeles. Source : NASA
La mégalopole est née en à peine un siècle. En 1900, sa population n’était encore que de
250 000 habitants.
Figure 36 : Croissance de la population de la mégalopole du Grand Los Angeles depuis 1900. Source : Bureau de recensement américain
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 43
Cette explosion démographique s’explique par un climat « méditerranéen »
favorable (notamment à l’agriculture), à la disponibilité d’espaces très vastes et à
l’explosion de nombreuses industries (manufacturière, industrie du pétrole, industrie du
film, aérospatial).
Les migrants ont aussi largement contribué au gonflement de la population de la
mégalopole. On observe sur le dernier siècle deux « vagues » migratoires. La première au
début du 20ème (migration originaire d’Irlande, d’Allemagne, Juifs d’Europe de l’est) et en
ce début de 21ème siècle (migration originaire d’Asie et d’Amérique latine). En 2015, près
d’un tiers des californiens (28%) sont nés à l’étranger.
Figure 37 : Part de la population américaine (en noir)
et californienne (en bleu) né à l’étranger32.
.
32 GIBSON Campbell & LENNON Emily, Historical Census Statistics on the Foreign-
born, 1994
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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44 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
2. Étude comparative des quartiers de East L.A. et de Beverly
Hills.
Figure 38 : Pourcentage de personnes mexicaines ou d’origine mexicaine par quartier.
Source : Bureau de recensement américain.
Réalisé par le bureau du recensement américain en 2000, cette carte de Los Angeles
montre le pourcentage de la population «s’auto identifiant comme mexicain de par ses
ancêtres ou son pays d’origine » (en violet). East LA est le quartier qui compte la plus forte
proportion de latinos de Los Angeles. Nous allons le comparer au quartier très « blanc » de
Beverly Hills. Ce dernier n’est pas le quartier le plus « blanc » (il est au 14ème rang), mais il
est très proche d’East L.A. géographiquement : 28km (soit une demi-heure de voiture, une
heure en transport en commun). C’est peu compte tenu de l’ampleur de la mégalopole et
c’est le type de trajet qui est effectué quotidiennement par les « Angelenos » 33.
33 Les Angelenos sont les habitants de Los Angeles.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 45
Figure 39 : Itinéraire pour se rendre d’East L.A. à Beverly Hills. Source : Google maps
La première différence concerne la densité de population :
Los Angeles Beverly Hills East LA
Densité de population (hab/km²) 3067 2290 6509
Si on s’attarde sur la composition ethnique des deux quartiers, la dominante ethnique est
sans équivoque :
Beverly Hills East L.A.
Figure 40 : Composition ethnique à Beverly Hills et East L.A.
Source : Bureau de recensement américain
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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46 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
On voit donc côte à côte un quartier « blanc » (81,8%) et un quartier « latino »
(96,7%). Deux profils donc très différents mais présentant tout de même un point
commun : un index de diversité très faible34. Sur les 265 quartiers de Los Angeles, Beverly
Hills se classe 210ème en terme de diversité. East L.A. se classe dernier.
Les écarts de richesse sont aussi considérables. Beverly est loin des quartiers les
plus riches à 200 000$/an et par foyer, mais avec 96 000$/par an et par foyer en moyenne,
ses habitants ont des revenus 2,5 fois supérieurs à ceux de East L.A (38 000$/an et par
foyer). Soulignons par ailleurs que de nombreux foyers d’East L.A disposent de moins de
20 000$/an.
Si l’on compare le niveau d’éducation, on voit que la plupart des habitants de plus
de 25 ans d’East L.A. ont un niveau inférieur au lycée (« high school »). Seul 3,7%
possèdent un « four year degree » (équivalant au Master Français).
Figure 41 : Nombre de personnes de plus de 25 ans par niveau d’étude
à East Los Angeles. Source : Bureau de recensement américain.
A contrario, les habitants de Beverly Hills ont un niveau d’étude très supérieur,
puisque les plus de 25 ans sont 54,5% à avoir l’équivalent d’un Master. C’est 15 fois plus
qu’à East L.A.
34 L'indice de diversité mesure la probabilité que deux résidents, choisis au hasard, soient
de différentes ethnies.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Le quartier avec le taux de criminalité le plus élevé est Chesterfield Square
(quartier à majorité noir). Le taux de crime violent y est de 123 pour 100 000 habitants.
Malheureusement les données sont incomplètes pour les quartiers d’East L.A. et de
Beverly Hills. Mais nous pouvons regarder leurs quartiers adjacents, aux profils similaires.
West Wood (frontalier avec Beverly Hills) a un taux de crime violent de 6 pour 100 000
habitants. Boyle Heights (proche d’East L.A.) a un taux de crime violent de 29,6 pour
100 000 habitants. Si on est encore loin des tristes « records » de criminalité des quartiers
noirs, on observe tout de même une criminalité trois fois plus élevée dans le quartier
« latino » que dans le « quartier blanc ».
Concernant l’immigration, c’est Chinatown et Koreatown (quartiers ethniques
chinois et coréen qui compte le plus d’habitants nés à l’étranger (autour de 70 %). East LA
se classe tout de même dans les quartiers d’accueil de la migration puisque la moitié
(48,6%) des habitants du quartier est née à l’étranger (dont 90% au Mexique et 4% au
Salvador). Beverly Hills compte également un nombre certes moindre mais tout de même
important d’habitants nés à l’étranger : 38,2% (parmi lesquels 40% d’Iraniens).
A la vue de ces chiffres, on constate que deux quartiers, qui plus est proches
géographiquement, présentent des profils extrêmement contrastés. Le plus frappant est la
différence de composition ethnique. On voit ensuite que le quartier blanc jouie d’une plus
faible densité, de meilleurs revenus, d’un niveau d’étude supérieur, d’une plus grande
sécurité. Ce découpage est frappant sur place et évoque rapidement le « découpage
Nord/Sud ».
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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48 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
3. Quartier ethnique à Los Angeles, les limites du concept
« Nord/Sud ».
C’est l’ancien chancelier allemand William BRANDT qui imagine en 1980 cette
ligne imaginaire séparant les pays « développés » (le « Nord ») des pays
« en développement » (le « Sud ») 35.
Cette limite est aujourd’hui critiquée puisque certains pays du « Sud » comme
l’Argentine ont un IDH (0,811 en 2013) supérieur à des pays du « Nord » (l’IDH de la
Russie est de 0,778 en 2013). L’autre limite apparait dans la comparaison entre les
quartiers d’East L.A. et de Beverly Hills puisque la limite Nord/Sud « serpente » dans la
ville, découpant des zones « développées » et des zones « en développement ».
Si l‘on combine les différences d’IDH observées dans la partie précédente avec les
caractéristiques d’un quartier comme East L.A. - populations latino à 96%, né à l’étranger
ou de parents né à l’étranger, parlant majoritairement espagnol – on est en droit de
questionner voire de remettre en cause ce découpage à la fois grossier et non révélateur de
la complexité de zone à forte immigration tel que la mégalopole californienne.
4. Impact de l’origine et des conditions de migration
Malibu est le quartier le plus blanc de Los Angeles (à 88%). Ses habitants,
lorsqu’ils sont nés à l’étranger proviennent du Canada (10%) ou du Royaume Uni (10%).
Ceux nés aux États-Unis sont le plus souvent d’ascendance allemande (11%) ou
britannique (10%). C’est typiquement l’image parfois fantasmée d’une Amérique blanche,
d’ascendance européenne et incarnée par les « WASP » 36.
35 BRANT Willy, Nord-Sud: un programme de survie. Rapport de la Commission
indépendante sur les problèmes de développement international, Gallimard, 1980 36 WASP (« guèpe ») est l’acronyme de « white anglo-saxon protestant ». Il désigne les
descendants des immigrants protestants d'Europe du Nord-Ouest, dont la pensée et le mode
de vie ont structuré une partie de la nation américaine depuis les premières colonies
anglaises du XVIIe siècle. Source Wikipédia.
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Or, on l’a vu, à Beverly Hills réside une large diaspora iranienne (40% des
habitants de Beverly Hills né à l’étranger viennent d’Iran). Los Angeles abrite par ailleurs,
au niveau mondial, la plus large diaspora iranienne (environ 400 000 personnes). Cette
communauté semble jouir d’un capital – autant culturel (niveau d’étude) que socio-
économique – appréciable et supérieur à la moyenne.
Nous ne détaillerons pas les facteurs qui ont favorisé l’émergence de conditions de
vie favorables au sein de la diaspora iranienne, nous pouvons néanmoins évoquer un
niveau d’éducation élevé chez les migrants iraniens et le fait que les « arabes » étaient
classés comme « blancs » dans la classification raciale états-unienne. Pour autant,
l’immigration iranienne prouve que certaines communautés immigrées parviennent à jouir
de conditions de vie au moins égales, voir supérieures, à celle des blancs.
On peut donc en conclure que le statut d’immigré ne peut pas être considéré comme
condition suffisante pour expliquer les conditions de vie « inférieures » qu’expérimentent
les populations latinos. En réalité les conditions de vie d’une diaspora donnée sont
déterminées par un ensemble de facteurs :
- les motifs de migration (guerre, nécessité économique, etc.),
- les conditions de transit,
- les relations unissant le pays d’origine et le pays d’accueil,
- le niveau d’éducation des migrants,
- la perception de l’opinion du pays d’accueil sur la communauté,
- les réseaux d’entraide au sein de la diaspora,
- l’existence ou non de dispositif discriminatoire (parfois « structurel », parfois
institutionnalisé).
Si l’on considère les populations afro-américaines, leur « migration » forcée est dûe à
l’esclavage, leur transit vers les États-Unis s’est fait dans les pires conditions. Ils furent
considérés comme des « sous-hommes » durant deux siècles, sous la tutelle de leurs
propriétaires, discriminés « légalement », peu instruits, ils n’avaient aucune possibilité de
construire des réseaux d’appui. Les « conditions migratoires » des premiers afro-
américains corroborent avec les conditions de vie de cette communauté deux siècles plus
tard.
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5. Quartiers communautaires et services
Si on peut juger les quartiers ethniques responsables de communautarisme et de
saper le sentiment d’appartenance à un groupe commun, national et pluriethnique, force est
de constater qu’il résulte d’une forme d’adaptation.
Un quartier communautaire n’apporte pas seulement les avantages symboliques
d’une culture commune ; il permet aussi d’offrir des services adaptés aux populations, ou
d’en faciliter l’accès. C’est par exemple le cas des banques communautaires qui vont non
seulement pouvoir proposer aux populations allophones37 une documentation dans la
langue du pays d’origine (coréen, chinois, espagnol, etc.) mais surtout être plus disponible
et moins discriminante envers leur population cible (on peut supposer que les banques
« issues de communautés blanches » sont moins prêteuses pour les populations récemment
immigrées).
Figure 42 : Devanture d’une banque de Los Angeles s’adressant aux populations
parlant coréen. Auteur Inconnu.
37 Le terme « allophone » est utilisé pour parler d’une personne dont la langue maternelle
est distincte de la langue majoritairement parlée dans le pays dans lequel elle se trouve.
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 51
De même, on trouve dans ces quartiers des avocats spécialisés dans les procédures
d’expulsions, les permis de travail, les demandes de regroupement familial et proposant
une prise en charge dans la langue maternelle de leur client.
Figure 43 : Ces avocats proposent à la population latino les services les plus fréquents.
Source : Publicité recueillie à Los Angeles.
Enfin, définir ces quartiers comme étant des ghettos serait réducteur. Ils sont aussi
parfois l’expression d’une cité dont l’identité intègre cette composition multiethnique. Les
habitants de Los Angeles éprouvent une certaine fierté à vivre dans une ville où confluent
des populations venues du monde entier et où 60% des habitants sont bilingues. À travers
la ville, de nombreux musées, tel le Japanese American National Museum retrace cette
histoire pleine de contrastes de la migration.
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III. Quelques possibilités pour la société civile dans
l’accompagnement des migrants et des populations récemment
immigrées
A. Définir une grille d’intervention globale, présentation de
l’INTRAC
L’INTRAC ( International NGO Training and Research Center) est une organisation
fondée en 1991 au Royaume Uni. Son but est de soutenir et de renforcer la société civile
pour établir des sociétés démocratiques. L’association aide les OSC38 à promouvoir un
développement durable et une société juste. L’INTRAC publie de nombreux ouvrages et
articles pratiques via une série de moyens conçus pour les « praticiens » directement
impliqués dans le développement afin qu'ils partagent leurs idées39. En 2006, Oliver
BAKEWELL alors directeur scientifique de l’INTRAC a publié un guide intitulé
« Migration as a Development Strategy: A Challenge to Development NGOs ». Il y
segmente les activités à mener auprès des migrants en six grandes catégories :
- Accès au droit
- Plaidoyer
- Diffusion de l’information
- Assistance sociale
- Intégration dans le pays d’accueil
- Réseau
Sans dresser un panel exhaustif, nous voudrions dans cette troisième partie montrer
comment la migration peut être un moyen de développement durable. Nous souhaiterions
également formuler quelques recommandations auprès des organisations de la société
civile impliquées dans la prise en charge et l’accompagnement des populations migrantes
dans les régions Nord et Centraméricaines.
38 Organisation de la Société Civile 39 Pages de présentation en français de l’association : www.intrac.org
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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B. L’assistance humanitaire
Le rôle des gouvernements dans les pays de transit ou de destination est de protéger
les individus, peu importe leur situation. Les migrants « irréguliers » originaires
d’Amérique centrale et transitant par le Mexique pour se rendre aux USA ou au Canada,
sont – nous l’avons vu – victimes de nombreux abus. En l’état et présentement, il est
indispensable d’envisager des solutions à court terme pour pouvoir soulager ces
populations.
Si l’on regarde attentivement qui assure ce rôle d’assistance humanitaire aux
migrants en transit par le Mexique, on constate immédiatement le rôle majeur et central
que joue les « auberges pour migrants» mises en place par l’église. Il est dès lors
indispensable pour les organisations de la société civile de travailler avec cet acteur à la
fois extrêmement efficient et expérimenté.
L’auberge de la « 72 » est gérée par un père franciscain qui, la plupart du temps
seul, parfois accompagné d’un volontaire, assure l’accueil d’une centaine de migrants
(avec un turn-over très important, les migrants restant en moyenne 3 jours). Parmi eux se
trouvent des personnes nécessitant une attention spécifique : femmes enceintes, « coyotes »
(nom donné au passeur), blessés, etc. La Croix Rouge se rend deux fois par semaine au
refuge pour effectuer des consultations et assurer les soins «minimum».
La population locale, très majoritairement catholique, fournit quotidiennement des
vivres au refuge (principalement des légumes invendus). Cette générosité est impulsée par
la légitimité que possède l’église, et en particulier l’ordre franciscain. Cette figure tutélaire
de l’église influe également sur les mentalités et apaise les tensions entre locaux – parfois
hostiles – et migrants, ou entre les migrants eux-mêmes. Il faut donc veiller à collaborer
avec cet acteur essentiel qu’est l’église, tout en veillant à concilier son caractère
confessionnel avec la charte du développement durable.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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54 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Enfin, soulignons que la « 72 » parvient brillamment à impliquer les migrants dans
leur propre assistance. Tous les migrant-e-s en capacité prennent part au ménage, à la
corvée de bois ou à la préparation des repas. C’est là un point où certaines organisations
« humanitaires » ont tendance à échouer. Pourtant prendre appui sur ces populations et
mettre à profit leur savoir-faire participe à un « mieux-être migratoire ».
Figure 44 : En allant récolter les invendus de la population locale et en faisant participer
les migrants à leur propre prise en charge, Frère Antonio réussit à assurer « seul »
l’accueil d’une centaine de migrants : Efficience maximale. Auteur Nicolas DUMONT.
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C. Les réseaux d’alertes et la création de collectif d’associations
Les ONG focalisées sur la thématique migratoire sont extrêmement nombreuses.
Soulignons par ailleurs que cette thématique est transversale et que de nombreuses
associations peuvent avoir une approche particulière (droits de femmes, mineurs non
accompagnés, etc.). Voces Mesoamericanas présente par exemple la particularité d’avoir
un « double focus » sur les migrants d’une part et les populations indigènes d’autre part.
Cette pluralité de petites ONG/OSC spécialisées est une force, mais pour être
pleinement efficient, ce « maillage associatif » doit être interconnecté. En plus d’assurer
une meilleure coordination et coopération entre associations, la constitution de réseaux
génère un effet de « porte-voix », tout aussi bénéfique dans le cadre d’actions d’urgences
(nécessitant une réponse rapide de la société civile, par exemple séquestration, enlèvement,
violence) ou dans la promotion des projets de développement. Cette action de porte-voix
est d’autant plus importante pour des petites ONG, ne disposent pas toujours de beaucoup
de moyens en terme de communication.
Concernant la migration latino-américaine, cette volonté des associations d’agir en
synergie se matérialise notamment par la création du COMPA (Collectif Migration pour
les Amériques). Ce collectif vise à promouvoir l'intégration de la politique migratoire avec
un accent sur le développement, les droits humains et l'égalité, grâce à des mécanismes de
participation inclusive et démocratique. Il se compose de citoyens et organisations à but
non lucratif, et de réseaux qui ont en commun le travail de créer des conditions nécessaires
pour la jouissance des droits fondamentaux des hommes et des femmes dans un contexte
d’immigration. A ce jour, 129 organisations (dont Voces Mesoamericanas) en sont
membres. Ces organisations sont basées aux États-Unis, au Mexique et en Centramérique.
En tant que webmaster et directeur de la communication de Voces Mesoamericanas, j’ai
régulièrement publié des communiqués du COMPA. Inversement, j’ai pu bénéficier de ce
réseau lorsque je publiai un article.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Figure 45 : Troisième rencontre transnationale du COMPA,
sur la « citoyenneté migrante en action », mars 2014.
Enfin, précisons que le Collectif Migration pour les Amériques n’est pas qu’un
simple réseau de diffusion. En effet, il propose une approche théorique globale, notamment
matérialisée par la tenue de rencontres transnationales entre associations. Ces rencontres
ont d’ailleurs permis l’adoption d’un plan national de développement de 2013 à 2018 et la
publication, pour la première fois au Mexique, d’un Programme Spécial à la Migration.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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D. Proposer des alternatives à la migration, l’exemple des CCT
Le Chiapas est une zone indigène (principalement Tzotzile) « expultrice » de
travailleurs : de nombreux hommes, femmes et enfants migrent vers les États-Unis,
souvent avec l’intention de revenir en ayant accumulé assez d’argent pour pouvoir soutenir
leurs familles, financer l’achat d’une propriété ou la création d’une entreprise.
Pour pallier à ce phénomène qui impacte négativement les communautés indigènes
et favoriser le développement local, Voces Mesoamericanas a impulsé la création de CCT
(Comités Communautaires Transnationaux). Les CCT sont des groupes composés au
minimum de sept personnes, incluant au moins un « retornados » ( un-e migrant-e
retourné-e , voir glossaire).
La formation des CCT vise, entre autres :
- la valorisation des migrants retournés auprès de leur famille et de leur communauté
- l’accompagnement des communautés indigènes dans l’acquisition de capacités
organisationnelles
- à un renforcement technique
- à générer des ressources économiques en vue d’assurer leur propre développement.
Figure 46 : Exemple d’un CCT produisant du miel. Extrait du clip promotionnel
« Apicolas de las montañas » (cf. Apicolas de las montañas ; CD des annexes vidéos)
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
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Les projets ont généralement trait à l’élevage, à la production de légumes ou à
l’artisanat. Voces Mesoamericanas accompagne les populations indigènes, de tradition
orale, dans l’écriture de leurs projets. L’association les aide également à établir un budget,
rechercher des fonds et propose des formations techniques (soins vétérinaires pour
l’élevage par exemple).
Cet accompagnement est l’occasion pour l’association de continuer à promouvoir le
développement durable auprès des membres des CCT (incitation à une agriculture
biologique par exemple).
Figure 47 : Les CCT favorisent un développement durable. Réalisation Estelle GENDRY40
40 GENDRY Estelle, La migration peut-elle contribuer au développement des régions d’origine et sous
quelles conditions ? Licence pro « Chargé(e) de projets de Solidarité Internationale et Développement
durable » promotion 2011/2012
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E. L’approche psychosociale pour soigner le trauma
La migration est, en soi, un processus pouvant s’avérer hautement traumatique. En
effet, la séparation familiale qu’elle induit, la perte de repères, le changement
d’environnement (linguistique, social) déstabilisent profondément les individus. Cette
dimension traumatique est, en un sens, acceptable puisque prévisible. Cependant, il arrive
que la migration engendre un traumatisme profond. C’est notamment le cas lorsque des
individus entreprennent de migrer « illégalement ». Nous l’avons vu, les migrants en
transit peuvent ainsi être victimes d’abus graves, de la part du crime organisé mais aussi de
la part des services d’états (cf. Le cas emblématique d’Amilcar COLON ; annexe VII).
La société civile a un rôle à jouer dans la prise en charge de ce trauma. Cette
mission est capitale si l’on cherche à se prévenir des conséquences délétères que peut
provoquer un traumatisme non soigné (problème de santé et relationnel, dépression,
marginalisation, violence). Voces Mesoamericanas et Homies Unidos dédient une partie de
leurs activités à la prise en charge de ce traumatisme migratoire.
Depuis 3 ans, Voces Mesoamericanas propose ainsi un programme d’attention
psychosocial à l’attention des familles de migrants disparu. En effet, il arrive fréquemment
que des migrants « disparaissent » lors de leurs migrations. Cette disparition peut avoir de
nombreuses origines. Il peut s’agir d’un assassinat, d’un enlèvement, d’un enrôlement de
force par les narcotrafiquants, plus rarement d’une disparition volontaire (abandon). Le
trajet migratoire comporte également des zones désertiques et il arrive que les migrants
succombent à la chaleur (déshydratation) ou à une blessure mal soignée (septicémie).
Dès lors, la famille doit vivre, souvent des années, avec cette douleur et cette
terrible incertitude, celle de ne pas savoir si leur proche est mort ou bien peut être toujours
en vie mais dans l’impossibilité de communiquer. Par ailleurs, si la personne disparue avait
des enfants, le parent restant doit subvenir seul aux besoins du foyer – situation d’autant
plus difficile que la migration aura été entreprise pour des raisons financières. Les parents
de la victime doivent eux faire face à la disparition de leur enfants (ce n’est parfois pas le
premier à disparaitre ainsi). Enfin les enfants doivent grandir avec un parent absent, ce qui
peut gravement nuire à leur développement personnel.
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Aussi, face à cette situation, la première chose est de savoir si la mort de l’individu
est avérée ou non. C’est en ce sens que Voces Mesoamericanas travaille avec
l’EAAF (Equipe Argentine de Médecine Légal) 41. Ainsi, des prélèvements d’ADN sont
effectués dans les morgues des États-Unis ou du Mexique afin de les confronter à ceux
effectués sur les familles. Dans le cas d’une identification avérée, un long processus est
alors mis en place pour pouvoir rapatrier le corps et permettre aux familles de commencer
leur travail de deuil.
Parallèlement, ces familles ayant un proche disparu sont régulièrement réunies par
Voces Mesoamericanas. Le premier objectif est de les informer sur leurs droits : comment
les faire valoir, quelles démarches entreprendre auprès des différentes instances
administratives (du Mexique comme des États-Unis).
Figure 48 : Séance de capacitation et d’accès droit.
Les deuxième objectif est de mettre en place des cercles de paroles et de partager
leur douleur, mais aussi leurs expériences dans ce combat. Si vivre avec un conjoint, un
parent ou en enfant disparu, souvent depuis plusieurs années, est une épreuve longue et
douloureuse, partager leur affliction avec des personnes confrontées à la même situation
permet aux familles de soulager leur souffrance. Sentir que leur combat est commun les
aide à tenir bon et participe à soigner le trauma.
41 L’EAAF a été créé en 1984 pour enquêter sur les cas de 9000 personnes disparues durant
la dictature militaire argentine de 1976-1983.
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Dans la majorité des cas, la personne disparue, lorsqu’elle est retrouvée, est
effectivement décédée. C’est à la fois un soulagement pour la famille puisque cela signe la
fin d’années de recherches et que, parfois, des indices sur les circonstances de la mort
peuvent être communiqués. Mais c’est également une grande déception face à l’espoir
déçu de voir leur proche disparu reparaitre. Le travail de groupe permet là aussi dans une
certaine mesure d’ « amortir » ce nouveau traumatisme.
Deuxième exemple de prise en charge du trauma, mené cette fois à Los Angeles par
Homies Unidos auprès de migrants mineurs récemment arrivés : le programme Joven
Noble. Composé de 10 sessions et dispensé dans les « high school » de la ville42, le
programme se focalise sur la prévention de la violence et la guérison du trauma migratoire.
Le processus d’insertion dans la société américaine entraine très souvent au choc
culturel. Combiné au trauma vécu lors du transit migratoire, aux difficultés à s’intégrer au
sein d’une nouvelle famille (recomposition familiale) et parfois au harcèlement scolaire,
ces jeunes récemment immigrés peuvent être amenés à éprouver un sentiment de colère,
voire adopter des comportements agressifs ou transgressifs - délinquance, enrôlement dans
un gang. (Voir Arbres à problèmes ; annexe I)
Les cercles de paroles que proposent l’association auprès de ces élèves, directement
dans leur école, en plus de les informer sur leur droits, vont leur permettre de partager leur
ressenti. Par ailleurs, Homies Unidos distille des conseils pour les aider à gérer leur colère
et les conflits familiaux. A terme, l’objectif est de faire de ces jeunes, particulièrement
vulnérables à leur arrivée, des modèles « positifs » pour leur communauté.
On constate à cette occasion le rôle d’ « auxiliaire éducatif » des organisations de la
société civile, au côté de l’éducation publique. Elles sont à même de répondre à des
besoins spécifiques rencontrés en milieu scolaire. Cette dimension mériterait que l’on
puisse s’y attarder plus longuement une autre fois.
42 La « high school » est l’équivalant américain des lycées français.
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Figure 49 : Cérémonie de remise de diplôme pour la fin du programme Joven Noble,
Santee High School. Auteur Nicolas DUMONT
Soulignons enfin que Homies Unidos propose des cercles de paroles aux anciens
détenus et membres de gangs (programme « Epifania »). Dans ce cas, l’accomplissement
du programme par les participants leur ouvre le droit à un effacement de tatouage au Laser.
Cet acte médical, en plus de faciliter leur réintégration, possède une portée symbolique
forte et participe à l’amélioration des conditions de vie des individus et fait partie
intégrante du processus de prise en charge intégrale de leur trauma.
Figure 50 : Effacement au laser des tatouages qui couvrent le corps
de cet ancien membre de gang et participant du programme Epifania.
Clinique Sunrise Outreach Center. Auteur : Nicolas DUMONT
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F. Le volontariat, mais dans les deux sens
En 2004, Kofi ANNAN43 déclarait :
« Pour vaincre les inégalités et les horreurs qui affligent le monde, la
coopération entre gouvernements prévoyants ne suffit pas, il est
également nécessaire que les hommes et les femmes de tous les pays
développent leur perception du fait qu’ils sont citoyens du monde. »
Ce sentiment d’appartenance à une « citoyenneté mondiale » sera assurément un
moteur important dans la résolution de conflits qui ne connaissent pas de frontière (flux
migratoire, dégradation de l’environnement).
On le voit se développer au travers de la coopération internationale par exemple.
Cependant, assez classiquement, la relation qui unit une organisation au Nord à une autre
au Sud peut être asymétrique. En effet les ONG disposant de plus de moyens financiers
peuvent « subvenir » à celle de leur voisine. C’est par exemple le cas lorsque la fondation
Kellogg’s subventionne Voces Mesoamericanas.
Figure 51 : D’où proviennent les ressources de Voces Mesoamericanas pour 2015 et
Comment sont-elles utilisées en 2014 ? Réalisation Nicolas DUMONT.
43 Secrétaire général de l’ONU de 1997 à 2006. Prix Nobel de la paix 2001.
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Par ailleurs, si l’on considère que le volontariat international est une option
particulièrement intéressante pour développement de la « citoyenneté mondiale », il ne
faudrait pas que seuls les habitants du « Nord » y aient accès. Si l’idée d’intégrer des
volontaires issus des pays du « Sud » dans des projets de développement au Nord peut
paraitre un contre-sens de prime abord, c’est en réalité l’aboutissement d’une relation
interculturelle basée sur l’entraide et un traitement symétrique.
G. Développer le plaidoyer pour fermer l’Ecole des Amériques
et alerter sur la criminalité migratoire
Lutter pour améliorer les conditions migratoires implique d’agir également aux
« racines du problème ». Elles sont généralement d’ordre politique et historique. Aussi
l’action de plaidoyer est indispensable.
Nous l’avons vu en première partie, l’école des Amériques, qui a tant joué dans la
déstabilisation de la région d’Amérique latine et dans la formation des dictateurs demeure
active. Depuis 1990, une Organisation Non Gouvernementale américaine, la School of the
Americas Watch (SOAW), milite pour la fermeture de cette école militaire. Homies
Unidos, au travers de son programme « youth leadership » entraine des jeunes à faire du
plaidoyer en faveur de sa fermeture, faisant le lien entre ce qui se passe en Amérique latine
et la façon dont cela affecte les communautés latinos sur place, à Los Angeles.
Figure 52 : Tract d’Homies Unidos pour la fermeture de l’Ecole des Amériques.
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« Capaciter » les populations bénéficiaires aux techniques de plaidoyer est un
investissement (temps, moyen financier) considérable. Pour autant, c’est le meilleur moyen
de donner toute sa crédibilité au message.
Pour sa part, Voces Mesoamericanas continue d’exercer des pressions sur le
gouvernement mexicain et celui de l’état du Chiapas en organisant des marches de
protestation. C’est par exemple le cas chaque 18 décembre, pour la journée internationale
des migrants, où une manifestation impliquant des familles de migrants et la société civile
dans son ensemble à lieu à « La Mesilla » (village frontalier du Guatemala.
Figure 53 : Extrait d’une vidéo sur la manifestation pour la journée internationale des
migrants, le 18 décembre 2013. Sur la pancarte au centre on peut lire : « ce corps est le
mien, on ne le touche pas, on ne le viole pas, on ne le tue pas » Auteur Nicolas DUMONT
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CONCLUSION
Nous venons de le voir, à mesure que la frontière sud des États-Unis s’est
externalisée au Mexique, le parcours des migrants centraméricains s’est transformé en un
véritable « chemin de croix ». De plus, dans une région confrontée à une forte violence
endémique, la mauvaise gestion de ces flux est venue renforcer les organisations
criminelles. La responsabilité en incombe ici aussi bien au gouvernement des pays
d’origine, qu’à ceux des pays de transit et de destination.
La résolution de ce problème régional passe, en premier lieu et pour les sociétés
centraméricaines, par la lutte contre la corruption qui entache leurs institutions. La voie la
plus directe pour faire chuter les taux d’homicides est de soutenir les trêves entre Maras.
Des solutions de réinsertion doivent également être envisagées pour ces milliers de jeunes
qui ont intégré les gangs faute d’alternative ou bien souvent par force.
Dans le même temps, il est nécessaire que le gouvernement mexicain incorpore les
recommandations formulées par sa société civile et modifie sa politique publique en
matière de migration afin de garantir le respect des droits des migrant-e-s en transit sur son
sol. Les autorités mexicaines doivent également veiller à ce que ses agents, et notamment
la police migratoire, respectent les migrants, sans égard pour leur nationalité, et assurent
leur mission en conformité avec le respect des droits humains.
Les États-Unis, en tant que puissance locale, ont plusieurs responsabilités. Il est de
leur devoir de réduire leur ingérence en Amérique Latine tout en accompagnant
l’émergence de sociétés démocratiques à travers le continent. Ils doivent également cesser
les déportations et revoir la politique de contrôle des frontières qu’ils ont mené jusqu’ici et
qui a profondément déstabilisé la région centraméricaine. La réorientation des budgets
colossaux alloués à la militarisation des frontières leur permettrait de financer des projets
de développement et de repenser leur politique face aux flux migratoires.
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Enfin, seule la coopération entre les gouvernements centraméricains, mexicains et
états-uniens est en mesure de juguler les organisations criminelles. Ces dernières
rançonnent, pillent, violent et assassinent les migrants, tirant de ces terribles exactions une
manne financière qui se chiffre en milliards de dollars. Cet argent sert, en retour, au
renforcement de ces mêmes organisations et au maintien d’une corruption généralisée.
Aujourd’hui, l’accélération des moyens de communication et de transport ont fait
entrer l’Humanité dans une aire de la globalité. On estime les migrants à 2,8% de la
population mondiale44, répartis de manière égale entre migrations familiales, de travail et
de réfugiés. Pour autant, la mobilité comme droit universel n’est pas garanti pour tous. Les
frontières sont asymétriques, ouvertes ou fermées selon d’où vous venez. Les habitants des
pays du Nord ont la possibilité de jouir d’une mobilité qui leur procure de nouvelles
opportunités (de travail, de voyage, de rencontres) alors que ceux des pays du Sud, faute de
moyen ou d’autorisation sont condamnés à l’immobilité ou à emprunter des voies de
migration onéreuses et dangereuses.
La gestion des flux migratoires fait partie, tout comme la lutte pour la
préservation de l’environnement, de ces problématiques nécessitant impérativement une
action supranationale. La préservation des Hommes et de leur habitat passe par la
compréhension des écosystèmes, qu’il soit naturel ou migratoire. Nous croyons que c’est
cette approche qui aidera les sociétés à tendre vers un monde fluide, respectueux de la
dignité humaine, où les flux humains pourront servir le développement durable et où nul
être ne serait être considéré comme illégal.
44 WITHOL DE WENDEN Catherine, Atlas des migrations dans le monde, réfugiés ou
migrants volontaires, Collection Atlas/Monde, éditions Autrement, 2005, page 6
«Faire face à la criminalisation du parcours migratoire
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Afro-américain, Latino, Asiatique, Blanc
communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose
néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,
l’appartenance culturelle et
Amérique centrale : est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,
Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce
mémoire, le terme « centraméricain
originaires du Guatemala, du Honduras et du Salvador.
Mésoamérique : La Mésoamérique est un
terme qui signifie « entre les deux
Amériques». C’est sur ce territoire que se
sont développées de nombreuses
civilisations jusqu'à la conquête espagnole,
notamment les Olmèques, les Mayas, les
Toltèques et les Aztèques.
Migrant retourné : Traduction littérale de «
séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans
leur pays d’origine. Ils ont parfois décidé par eux
d’origine. Ils ont aussi parfois été «
transit ou de destination.
Maras : Gangs de rue présents en Amérique centrale et aux États
sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).
Pandillas : Sous-groupe au sein d’une Mara.
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GLOSSAIRE
américain, Latino, Asiatique, Blanc : Aux États-Unis, l’usage de ces appellations
communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose
néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,
l’appartenance culturelle et l’origine.
est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,
Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce
centraméricain » fera généralement référence à des indivi
originaires du Guatemala, du Honduras et du Salvador.
La Mésoamérique est un
terme qui signifie « entre les deux
Amériques». C’est sur ce territoire que se
sont développées de nombreuses
civilisations jusqu'à la conquête espagnole,
amment les Olmèques, les Mayas, les
Traduction littérale de « retornados », ce sont les migrants ayant
séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans
origine. Ils ont parfois décidé par eux-mêmes de retourner dans leur pays
d’origine. Ils ont aussi parfois été « expulsé »/déporté par les gouvernements des pays de
Gangs de rue présents en Amérique centrale et aux États-Unis. Leurs membres
sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).
groupe au sein d’une Mara.
»
Université de Strasbourg
Unis, l’usage de ces appellations
communautaires est répandu. Si cette segmentation peut paraitre superficielle, elle repose
néanmoins sur des aspects clivant au sein de la société américaine : l’apparence physique,
est composée de 7 pays (Guatemala, Honduras, Salvador, Belize,
Nicaragua, Costa Rica et Panama). Du fait des populations étudiées au cours de ce
» fera généralement référence à des individus
», ce sont les migrants ayant
séjourné dans un pays étranger, parfois à plusieurs reprises, mais vivant actuellement dans
mêmes de retourner dans leur pays
»/déporté par les gouvernements des pays de
Unis. Leurs membres
sont généralement de culture latine (Mexique, Salvador, Guatemala, Honduras).
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Pandillero/Marero : Membre de gang masculin (le terme « Jaina » désigne un membre
féminin, généralement la compagne d’un marero)
Latinos : désigne aux États-Unis les populations originaires d’Amérique Latine. C’est un
donc un terme très vague. Cependant, au niveau national, les populations latinos sont
grandement originaires du Mexique. En Californie on retrouve également et en nombre
signifiant des « latinos » originaires du Salvador, du Honduras et du Guatemala.
Indigène : populations descendante de celles qui habitaient dans le pays ou dans la région
géographique à laquelle appartient le pays à l’époque de la conquête.
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BIBLIOGRAPHIE
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WITHOL DE WENDEN, Catherine. Atlas des migrations dans le monde, réfugiés ou
migrants volontaires. Collection Atlas/Monde, éditions Autrement, 2005.
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Thèses, travaux universitaires :
GENDRY, Estelle. La migration peut-elle contribuer au développement des régions
d’origine et sous quelles conditions ? Licence pro « Chargé(e) de projets de Solidarité
Internationale et Développement durable » Université de Bordeaux, promotion 2011/2012.
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Université de Victoria (Canada), Rapport de Septembre 2002.
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Ressources statistiques principales :
Bureau de recensement des États-Unis
National Gang Center
Measure Of America
Office of Statewide Health Planning and Development
Office des Nations Unies contre le crime et la drogue
Ressources statistiques secondaires :
Bureau de la Police Migratoire des États-Unis
Institut Médico-légal du Salvador
Institut Universitaire d’Opinion Publique du Salvador
Unité d’Analyse et traitement de l’information du PNC.
The Guardian
National Drug Intelligence Center
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72 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Congrès :
FORO NACIONAL PARA LA CONSTRUCCION DE UNA POLITICA MIGRATORIA
INTEGRAL Y DEMOCRATICA EN EL MEXICO DEL BICENTENARIO, (Volumen
III, Serie Migración, Desarrollo y ciudadanía binacional, 23 et 24 septiembre 2010,
Michoacan, Mexico) « Desarrollo Económico y Migración»: Iniciativa Ciudadanía para la
promoción y la cultura del dialogo, A.C., 2010. 180 pages.
Articles de périodiques :
CASES Chantal, Le nombre et la part des immigrés dans la population : comparaison
internationales. Population & Sociétés, novembre 2010, n° 472
Articles sur le web :
All other persons, Qualité de vie selon la race et le genre (consultée le 13 août 2015),
https://allotherpersons.wordpress.com/2009/04/14/quality-of-life-by-race-and-gender-the-
human-development-index/
Global post, Homicide au Honduras (page consultée le 16 juillet 2015)
http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/americas/141120/miss-honduras-
homicides
Migration policy, Les immigrants salvadoriens aux USA (page consultée le 06 juillet 2015)
http://www.migrationpolicy.org/article/salvadoran-immigrants-united-states#9
Moving Beyond borders, 1848 Treaty (page consulté le 11 août 2015)
http://movingbeyondborders.tumblr.com/post/109957559732/movingbeyondborders-
february-2-1848-the-treaty
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 73
SMH, US target illegal immigration from central america (page consulté le 17 juillet
2015) http://www.smh.com.au/world/us-ad-campaign-target-illegal-immigration-from-
central-america-20150820-gj3knh.html#ixzz3kZd0hSX3
Think Link, Les Etats-Unis en 1793 (page consulté le 11 août 2015)
https://www.thinglink.com
Université d'Annecy, Aide à l’accueil et à la scolarisation des enfants à besoins éducatifs
particuliers (consulté le 31 juillet 2015)
http://www4.acnancymetz.fr/maternelle88/file/Fiche_accueillir_eleve_allophone_maternell
e.pdf
Washington Examiner, Government spent 18 billion on immigration enforcement (page
consultée le 02 août 2015) http://www.washingtonexaminer.com/govt-spent-18-billion-on-
immigration-enforcement/article/2517812
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Amnesty International Publications, 2010, 48 pages.
AMNESTY INTERNATIONAL, À deux doigts de la mort, La violence contre les femmes
et l’interdiction de l’avortement au Salvador, Amnesty International Publication, 2014, 22
pages.
BANQUE MONDIALE, El Salvador: Estudio Institucional y de Gasto Público en
Seguridad y Justicia, 2012.
ENLACE, Una mirada global de los Derechos Humanos en la Frontera Sur de México,
2009, 187 pages.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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74 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
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Development Strategy: A Challenge to Development NGOs »
OSHPD (Office of Statewide Health Planning and Development), Guide de
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UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime), Global study on homicide: trends,
contexts, data, UNODC-Vienne, 2011.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Frontière entre États-Unis et Mexique en 1834
Figure 2 : Expansion du territoire américain entre 1803 et 1853
Figure 3 : Emblème de l’Ecole Des Amériques pour la Coopération de Sécurité
Figure 4 : Patrick Buchanan, commentateur et homme politique
Figure 5 : Evolution démographique des États-Unis sur la période 1790-2010
Figure 6 : Part de la population américaine dans la population mondiale
Figure 7 : Part du PNB américain dans le PNB mondial
Figure 8 - Nombre et part des immigrés et des émigrés dans quelques pays
Figure 9 : Migrants centraméricains grimpant sur un train en marche
Figure 10 : Carte des voies migratoires
Figure 11 : Nombre annuel de migrants morts à la frontière Mexique/États-Unis
Figure 12 : Homicide intentionnel » pour 100 000 habitants et par région
Figure 13 : Taux d’homicide pour 100 000 habitants par pays (1995-2010)
Figure 14 : Taux d’homicide en fonction de l’IDH pour 2012
Figure 15 : Répartition par Maras
Figure 16 : Nombre annuel d’homicides à Los Angeles.
Figure 17 : Origine des personnes déportées, en pourcentage et par an
Figure 18 : En jaune apparaissent les zones où est présente la « Mara 13 »
Figure 19 : Nombre et pourcentage d’homicides attribués aux Maras
Figure 20 : Mobile associé au Homicides au Salvador
Figure 21 : Taux d’homicide et saisi de cocaïne au Honduras
Figure 22 : Race/ethnicité des membres de gang
Figure 23 : Grille de renseignement de la race et de l’ethnicité des patients
Figure 24 : Taux d’admission pour des complications liées au diabète
Figure 25 : revenu des sous-groupes asiatiques en Californie
Figure 26 : Evolution de l’espérance de vie par race/ethnicité sur la période 1991-2006
Figure 27 : Indice de Développement Humain « désagrégé » des États-Unis
Figure 28 : Classement par race et par genre selon l’ « American HD index »
Figure 29 : Homicide pour 100 000 habitants pour les pays à fort IDH en 2012
Figure 30 : Personnes abattues par la police, janvier - aout 2015
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DUMONT Nicolas, janvier 2016
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Figure 31 : Taux de personnes abattues par la police pour 1 000 000 d’habitants
Figure 32 : Homicide et personnes abattues par la police
Figure 33 : Manifestation à Baltimore suite à la mort de Freddie GRAY
Figure 34 : Le centre-ville de Los Angeles et les Monts San Gabriel.
Figure 35 : Photo satellite de l'extension urbaine du Grand Los Angeles
Figure 36 : Croissance de la population de la mégalopole du Grand Los Angeles
Figure 37 : Part de la population américaine et californienne né à l’étranger
Figure 38 : Pourcentage de personnes mexicaines ou d’origine mexicaine par quartier
Figure 39 : Itinéraire pour se rendre d’East L.A. à Beverly Hills
Figure 40 : Composition ethnique à Beverly Hills et East L.A.
Figure 41 : Nombre de personnes de plus de 25 ans par niveau d’étude à East Los Angeles
Figure 42 : Devanture d’une banque de Los Angeles
Figure 43 : Avocats proposant à la population latino les services les plus fréquents
Figure 44 : Frère Antonio réussit à assurer « seul » l’accueil d’une centaine de migrants
Figure 45 : Troisième rencontre transnationale du COMPA
Figure 46 : Exemple d’un CCT produisant du miel.
Figure 47 : Les CCT favorisent un développement durable
Figure 48 : Séance de capacitation et d’accès droit.
Figure 49 : Cérémonie de remise de diplôme
Figure 50 : Effacement au laser des tatouages
Figure 51 : D’où proviennent les ressources de Voces Mesoamericanas
Figure 52 : Tract d’Homies Unidos pour la fermeture de l’Ecole des Amériques.
Figure 53 : Manifestation pour la journée internationale des migrants
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TABLE DES ANNEXES
I. Annexe : Arbres à Problèmes et à Objectifs ......................................................... 78
II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles) ....................................................... 97
III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés durant le stage ........................... 101
IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol) ............................. 102
V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico ........................................................ 103
VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY........................................................................... 105
VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON ................................... 106
VIII. Annexe : La Vie dans une Mara ......................................................................... 107
IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index .......................................... 109
X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants……………………..110
XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces Mesoamericanas) . 111
XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos) ..................................................... 113
XIII. Annexe : Sommaire du CD des Annexes vidéos....……………............……………..118
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I. Annexe Arbres à Problèmes et à Objectifs
Processus d’élaboration :
La réalisation des Arbres à problèmes et à solutions s’est faite de manière participative. Ce
travail s’est établi en collaboration avec :
- L’équipe de Homies Unidos
- Les bénéficiaires
- Les travailleurs d’autres ONG liées à la thématique (Rosemarie ASHAMALA,
directrice de la clinique de tatto remooving, Adam VINE, directeur de Wake the
beast, association de plaidoyer focalisée sur la jeunesse)
Je me suis également appuyé sur :
- Ma participation régulière aux ateliers « El Joven Noble » (prévention de la
délinquance dans les lycées)
- Les rencontres avec Elisa JURADO (sociologue Salvadorienne)
- Les entretiens réalisés dans le cadre du programme Épiphanie (réinsertion
d’anciens membres de gang)
- Les entretiens avec des mères de familles
- Les entretiens avec d’anciens détenus ayant purgé de très longues peines (de 20 à
30 ans de prison)
- De nombreuses recherches pour étayer et confirmer mes choix dans la construction
de l’arbre.
Ce long processus nous a amené a constater que les racines de notre problème central sont
aussi bien économiques, que sociales, psychologiques voire même historiques (migration,
guerre civile au Salvador, …).
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Notice explicative pour la lecture du diagnostic
Le problème central est celui-ci : Dans un contexte violent, des jeunes s’engagent dans
des gangs et se marginalisent.
Ce problème central ne recouvre pas parfaitement l’ensemble de la problématique à
laquelle l’association est confrontée. Il se focalise sur le programme Joven Noble, dont les
bénéficiaires sont ces jeunes originaires de Centre Amérique et récemment arrivés à Los
Angeles.
Précisons que le terme « Jovenes »/Jeunes est utilisé de manière synthétique pour désigner
une population un peu plus spécifique. Il fait référence aux jeunes originaires d’Amérique
centrale et ayant généralement immigrés récemment aux États-Unis.
L’arbre se lit de bas en haut. Toutes les flèches sont montantes.
Ces effets et ces causes du problème se ramifient en sous-élements :
- Les causes principales (en orange) puisent leur origine dans des causes profondes
jusqu’à remonter aux « racines » du problème.
- Les effets majeurs directs (en rouge) entrainent des conséquences secondaires, puis
indirectes ou probables.
«Faire
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« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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»
Université de Strasbourg 81
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Suite à cette notice explicative, commençons la présentation de l’arbre à problème :
Tout d’abord voici l’arbre dans sa totalité, il se compose de 90 causes et de 23 effets.
Un tirage A4 ne permettant pas une lecture correcte, nous proposons ici une vue
d’ensemble simplifiée, où n’apparraissent que les causes et les effets majeurs :
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Les 5 principales causes (orange) du problème sont réparties en :
3 causes directes :
- Les jeunes manquent de modèles/valeurs positives
- Les jeunes sont frustrés par le manque d’opportunités
- Les jeunes grandissent dans un environement qui incite à la transgression et
favorise la délinquance
Et 2 causes profondes/historiques :
- Les familles ont des ressources insuffisantes
- L’insécurité physique et économique dans les pays d’origine [Amérique centrale]
produit un haut niveau de migration, en partie illégal
4 effets directs/majeurs (en rouge) découlent de notre problème central :
- Le haut niveau de violence est générateur de trauma
- Les jeunes adoptent des conduites qui les isolent
- Les jeunes expérimentent encore plus de discrimination
- Des jeunes sont emprisonnés aux États-Unis
Attardons nous maintenant sur les ramifications de ces 6 causes et 4 effets majeurs.
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La première cause de notre problème central est : « Les Jeunes manquent de
modèles/valeurs positives ».
Ce manque de modèles/valeurs positives est dû :
- Au fait que les jeunes possèdent un niveau d’estime personnel très bas
o Car les jeunes ne reçoivent pas de preuves d’affection, en particulier des parents
- Les valeurs sont inversées et la délinquence est valorisée
o Car les gangs ont de l’argent de manière ostentatoire
o Car les jeunes admirent les « old gangster » comme un modèle paternel
o Car l’emprisonnement est vu comme « un rite de passage », une preuve de
valeur
o Car la « sous culture criminelle » (Hip Hop, vêtement,etc.) glamourise la
délinquance
o Car les pairs rejettent le succès social scolaire
- Les femmes sont victimes de discrimination et d’une vision machiste
o Car le statut socio-économique des femmes est inférieur à celui des hommes
o Car la « sous culture Hip Hop» fait l’apologie du sexisme
- Les jeunes ont une vision à court terme et ne se projettent pas dans le futur
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o Car la société américaine fait l’apologie du consumérisme et de la satisfaction
immédiate
o Car l’environnement instable et incertain des jeunes les empêche de se projeter
sur le long terme
- Les jeunes ne connaissent pas l’histoire de leurs racines
o Les parents ne parlent pas à leurs enfants de leur passé pour les préserver
o L’école n’enseigne pas leur histoire et leurs racines aux jeunes immigrés
- Les jeunes manquent d’interlocuteurs fiables pour se confier et chercher des
conseils
o Les structures et les associations qui aident les jeunes en difficulté ne sont pas
assez connues
o Les parents ne sont pas disponibles (accaparés par un travail peu rémunérateur)
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Deuxième grande cause principale de notre problème centrale : « Les jeunes se
sentent frustrés par manque d’opportunités »
Cettre frustration est dûe :
- Au fait que les jeunes vivent dans des quartiers où peu d’activités sont
proposées
o Car la politique urbaine [de Los Angeles] ne priorise pas la réhabilitation
des quartiers défavorisés
o Car la gentrification renforce la ségrégation et les plus faibles
économiquement sont repoussés vers des zones défavorisées
- Les tatouages d’appartenance aux gangs rendent difficile le fait de trouver un
travail
- Les jeunes [Centraméricains] sont discriminés
o Car les parents appartiennent à une catégorie socio-économique « basse »
o Car les jeunes expérimentent le racisme parce qu’ils ont une culture ou une
couleur de peau différente
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o Car les délits même mineurs sont consignés sur le casier judiciaire (la loi
des US est abusive en imposant l’enregistrement au casier judiciaire pour
des fautes superficielles)
- Les activités extrascolaires ne sont pas accessibles
o Car les structures (bilbiothèques, stades) sont difficilement accessibles
o Car les parents ne peuvent pas financer les activités ( achat
d’équipement,etc)
- Les jeunes sont peu qualifiés
o Car certains parents ne valorisent pas les études
o Car les jeunes doivent travailler très tôt pour aider leurs familles
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La troisième grande cause (la plus importante, notamment de par son nombre
d’entrées) est : « Les Jeunes grandissent dans un environnement qui incite à la
transgression et favorise la délinquance ».
Cet environnement qui incite à la transgression et la délinquance est dû :
- À une structure familiale instable qui perturbe le processus de sociabilisation
de ces jeunes
o Car les jeunes qui ont un parent qui est/a été emprisonné ont plus de
« chances » de s’engager dans la violence (reproduction sociale)
o Car l’alcoolisme et les addictions produisent des comportements violents au
sein des familles
o Car le « style » éducatif des parents est inadapté (parents trop permissifs/ ou
trop autoritaires/ ou désengagés)
o Car les jeunes ont trop de temps non supervisé par un référent
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- Les jeunes sont confrontés à des problèmes sanitaires qui les rendent plus
vulnérables
o Car les grossesses précoces, non désirées, maladies sexuellement
transmissibles et avortements sont fréquents (manque de planification
familiale, pas d’usage systématique de moyen de contraception et de
protection)
o Car les jeunes consomment abondamment de l’alcool et des drogues [méta-
amphétamine, cannabis, héroïne, cocaïne]
- Les stéréotypes renforcent le racisme et les affrontements « ethniques »
o Car police discrimine les populations « de couleurs » et commet des abus
o Car en prison les détenus rejoignent - souvent de force - leur groupe basé
sur l’appartenance raciale : Blanc/Noir/Latino (le système pénal californien
et le personnel pénitencier fait usage cette ségrégation raciale)
- Les gangs sont omniprésents et sont vus comme une possibilité de vie
o Car les gangs essayent d’enrôler les jeunes lorsqu’ils sont encore enfants
o Car les gangs offrent une opportunité de gagner de l’argent
o Car les jeunes grandissent dans un environnement où les gangs sont très
présents
o Car les activités des gangs apparaissent excitantes (en particulier pour des
adolescents en recherche de comportements à risque)
o Car les jeunes peuvent être soumis à la pression de leurs pairs pour
s’engager dans un gang
o Car des jeunes peuvent s’engager dans un gang pour se protéger d’un gang
adverse
o Car l’insécurité économique, mais aussi physique, des [récemment]
immigrés favorise la constitution de « pandillas » pour se défendre
- Les jeunes sont victimes d’une violence endémique aux USA
o Car régulation des armes à feu est insuffisante
o Car la police US commet des abus (discrimination, corruption)
o Car les mafias sont puissantes aux USA
o Car le harcèlement est très présent à l’école
o En cas de délit commis, les migrants sont victimes de double peine
(expulsion et traitement inégal)
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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o Les migrants/immigrés sont criminalisés par des lois répressives
- Le processus migratoire fragilise les individus
o Les jeunes sont divisés entre deux cultures parfois contradictoires
o La migration fragilise hautement la structure familiale
o La migration fait apparaitre des conflits parents-enfants ou avec le conjoint
(surtout lorsque le père de famille a migré plusieurs années plus tôt)
o Les migrants doivent affronter un choc culturel lorsqu’ils arrivent aux États-
Unis
o Les migrants peuvent éprouver de la rancœur contre les pays où ils ont été
victimes d’abus (exemple des migrants Centraméricains avec le Mexique)
o Les familles de migrants peuvent venir avec des antécédents de violations,
menaces, traumas
o Les migrants sont victimes d’abus (menaces, coups, viols, extorsions) en
chemin
Une des 2 causes profondes de notre problème central est que les familles doivent
parfois faire face à l’insécurité financière (manque de ressources).
Il en découle deux choses :
- Les parents sont peut présents car ils travaillent tout le temps (travaux peu
rémunérateurs)
- Les familles peuvent rencontrer des problèmes économiques (endettement)
Cette cause profonde vient alimenter les causes directes de notre problème central
(nombreux départs de flèches), puisque cette difficulté financière engendre par exemple le
fait que les jeunes doivent quitter l’école pour aider leur famille ou qu’ils passent beaucoup
de temps sans supervision).
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 91
L’autre cause profonde et historique tient au pays d’origine. L’insécurité physique
[taux d’homicide les plus élevé dans le monde] et économique produit de haut niveau
de migration, en partie « illégal ».
Cette situation délétère en centre Amérique prend sa source dans :
- L’Ecole des Amériques forme des dictateurs dans les pays d’Amérique latine,
favorisant l’usage de la torture et la corruption généralisée
- Les politiques anti-maras autoritaires, comme la « main dure » au Salvador,
génèrent des milices paramilitaires et des violations des droits de l’Homme
- Les guerres civiles des années 70-80-90 en Centre Amérique ont laissé un trauma
collectif
- Les narcotrafiquants et les organisations mafieuses (cartels) font usage d’une
extrême violence.
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92 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Le premier effet de notre problème central est que ce haut niveau de violence est
générateur de trauma.
Ce haut niveau de violence engendre à son tour :
- Un sentiment de « culpabilité du survivant » 45
- Des individus sont victimes de Trouble de Stress Post-Traumatique. 46
45 La culpabilité du survivant est le sentiment éprouvé par des personnes ayant perdu de
nombreuses personnes autour d’eux. Le survivant est rongé par la culpabilité d’avoir
survécu alors qu’il aurait aussi pu mourir. Ce sentiment peut être à l’origine de dépression
sévère. 46 Trouble de Stress Post-Traumatique (PTSD en anglais) désigne un type de trouble
anxieux sévère qui se manifeste à la suite d'une expérience vécue comme traumatisante
avec une confrontation à des idées de mort (American Psychiatric Association, Diagnostic
and statistical manual of mental disorders: DSM-IV, Washington, DC, American
Psychiatric Association, 1994)
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 93
Deuxième effet majeur, les jeunes adoptent des conduites qui les isolent.
Il en découle :
- Une marginalisation
- Une augmentation des comportements addictifs
- Décrochage et échec scolaire
Le troisième effet de notre problème central est que les jeunes vont expérimenter
encore plus de discrimination.
Cet accroissement de la discrimination va générer à son tour :
- Le rejet par leur propre famille
- Une « chronicité » dans les problèmes judiciaires (ce qui peut déboucher sur la
perte du permis de conduire, le non-droit aux bourses47, des difficultés pour trouver
du travail)
- Les jeunes qui paraissent appartenir à un gang sont victimes de discrimination, en
particulier policière
47 En cas de casier judiciaire non vierge, les étudiants, même très modestes, n’ont plus
accès aux bourses d’étude
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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94 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Enfin le quatrième effet direct de notre problème central est que des jeunes vont se
retrouver emprisonnés aux USA.
Cet emprisonnement débouche sur plusieurs effets secondaires :
- En prison, les jeunes vont devoir intégrer des gangs basés sur l’appartenance raciale
(ce qui va venir renforcer les tensions intercommunautaires à un niveau plus
général)
- Les jeunes emprisonnés vont se radicaliser (les ex détenus ayant fait parti d’un
gang en prison « prison jail » renforce la légitimité des gangs de rue)
- Les jeunes n’ayant pas la citoyenneté peuvent être déportés. Ces déportations
détruisent les familles et déstabilisent les pays centraméricains. Les ex mareros
déportés sont très souvent victimes d’assassinat à leur arrivée en Centre Amérique.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Arbre à Objectifs
Il est centré sur notre objectif spécifique : « Les jeunes ne s’engagent pas dans des
gangs et peuvent exprimer leur potentiel dans un contexte positif. »
Les prémisses (en orange) permettent la réalisation de notre objectif spécifique. En rouge
apparaissent les conséquences positives qui découlent de la réalisation de notre objectif
spécifique. Voici une version simplifiée :
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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96 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
Les prémisses (en orange) sont :
- les jeunes sont des leaders positifs [dans leur communauté] et promeuvent le
civisme
- Les jeunes ont plus d’opportunités et peuvent s’épanouir socialement
- Les jeunes grandissent dans un environnement juste, sécurisant et sain
Les prémisses « profondes » (orange, partie basse) sont :
- Les familles disposent de plus de ressources
- De meilleures conditions économiques et une plus grande sécurité dans les pays
d’origine réduisent les niveaux de migration, en partie « illégal »
Les conséquences (en rouge) de notre objectif spécifique sont les suivantes :
- Les jeunes vivent dans de meilleures conditions sanitaires
- Les jeunes [centraméricains] et leurs familles sont bien intégrés dans la société
- Moins de jeunes sont incarcérés aux USA
Enfin, en bleu, nous faisons ici apparaitre les différents programmes menés par Homies
Unidos. La visualisation de l’arbre se prête bien à une projection. C’est très utile en
réunion pour faire un état des lieux des actions menées par l’association.
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Les 4 programmes (en bleu) agissent sur les prémisses et les conséquences :
Les programmes « epiphany » et « noble youth » se focalisent sur les prémisses de
promotion du civisme et la promotion des valeurs positives.
Le programme « tatoo removal » favorise la prémisse qui vise à effacer les tatouages,
faisant chuter la discrimination et permettant aux jeunes de s’éloigner des gangs.
Le programme « libertad con dignidad » agit sur plusieurs fronts, notamment
l’amélioration de l’environnement des jeunes et la réduction des incarcérations.
Enfin le « Youth Leadership program » renforce une des conséquences de notre objectif
spécifique en donnant aux jeunes bénéficiaires des capacités pour les techniques de
plaidoyer.
II. Annexe : Exemple d’entretien (Los Angeles)
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Participant : Edgar Molina, entretien réalisé le 29 avril 2015
1. Since how long are you coming to the workshop?
I’m coming since it’s started. I’ve only missed like two days.
2. How did you know the workshop?
Actually, one of my best friends told me about this program and I came to ask if they had
some kind of help for me. Because I needed help for me to became a better person.
3. What are the different topics you talk about?
We talk about a lot of stuff, like prudential rights. What to do when a cop stops us. How to
be saved in the street as well. What people don’t realize is that there is some cops, they
were trained and come back from Iraq almost stop in their heads. And they get that rush
when they’ve star killing. So when they work, as police force, they look for every open
door to kill persons. So it’s hard to us to not be killed by police officer. So we have to be
calm and not aggressive with the officer.
4. How are helping you Homies Unidos workers?
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 99
They are very nice persons. They helped me a lot. There was time, I was saying “I’m
struggling, I don’t want to come no more” and Melinda used to call me and say to come,
without worried about the times that I missed. The help me pretty much, not only to be a
better person but also to fight inner me.
5. What is thinking your family about these workshops? That helps you to get better relationship with your family?
Actually, I don’t talk to my family that much, but I’ve a close friend of mine, that I call
family. She’s very proud about the step I’ve reach. Before, I never asked for help, because
I like to do things on my own. But, then I started to realize with the [epiphany] program
that you can’t do it on your own. You need to get help on this that we struggle on everyday
life.
6. People come here with their problems. You had some problems too before to come?
I used to have anger problems. Like, recently, I’ve got my girls taken away for something I
did not do. So, I was mad, and didn’t want to talk to no one. I was just completely shut
down for people and push them away. But then, I’ve started to realize that they really want
to (5:36) out. The problem I don’t deal it whit, it’s just a problem that it could be resolved
if I put my efficient to it.
7. To listen others, their experiences, what that brings you?
Yes. Actually I was thinking that I was the only one with problems when I came here but
I’ve started to realize that other peoples have problems. And I could relate me to these
couples that came here, they had the same problems. I was like “whoa! I could relate to
their problems because they are going thru what I’m coming thru”. I feel the same, because
I going thru the same.
8. Since you start workshop, are you feeling a change inside you?
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100 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
I feel like I’ve to continue doing what I’m doing right now, like seek for more help. I took
another program to get more help. It’s like a year program, so I’m stick into it, to see what
I get out of it, not only for me but my daughters also and make them back.
9. Have you ever been in a gang before?
No. I was affiliated with gang before, but I’ve never been former gang. I use to run away
gangs when I was like 17-18 years old
10. What is your point of view now on gangs?
My point of view on gangs is that is a lot of people join gangs because they fill unloved
and unwanted sometimes. And also because most people want that love from parents, and
sometimes parents don’t show it. Sometimes the home is broken and the cases clear with
violence. Kids, get that in their head and they go out with this experience, to see what the
world have to offer, which is drug, alcohol and gangs…
11. Are you talking about your family?
Yes, I grow up in a family, they was dysfunctional, they was no carrying one other. So, I
stat to go around and see gangs. I see how they care one another. I wanted that. So I started
to stay with them. But later, I start to realize that I was messing up. I was not only doing
myself damage but I was doing damage to my all family, my daughters and her mom
because I was never spending time with them
12. Now, what is your point of view now on gangs?
My point of view on gangs is that gangs will always be here. But it’s up to you to change
that life cycle. If only one person can reach up another person, gangs will be less increase.
Because there will be no more violence and no more gang affiliation. If a person thinks
that gangs are not good, that they are fighting for some territory that they’ve not paid for,
it’s not even theirs, why join them? Cars?
13. You will receive a certificate, what is this for?
For the topics we talk about.
14. Do you have long-terms goal?
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 101
My long term goal is to succeed in life and I really want to accomplish what I’m doing
right now. For the very very first time I did DMV test to get my driver license. I made 27.
Also, I turned in a paper form to become a US citizen. So that’s my goals to get that first.
An d them to get a good job.
15. Where do you come from?
My parents are from Guatemala. I came here when I was 3 years old.
16. Then you’ve never been in Guatemala?
Never. Never arrested, never deported.
III. Annexe : Grilles des entretiens filmés réalisés durant le stage de Los Angeles
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102 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
date groupes Nombres de personnes interviewés
18 avril 2015 Compagnes et mères de détenus ayant purgé de longues peines et sur le point d’être déportés
5
29 avril Anciens membres de gangs participant à un programme de réinsertion
5
08 ami Jeunes ayant immigrés aux États-Unis depuis moins d’1 an. Ils participent dans leur lycée à un programme de prévention de la délinquance
4
12 mai Tattoo removing : anciens détenus et membres de gangs se font retirés leurs tatouages (stigmatisants et discriminants) au laser dans le cadre de leur réinsertion
4
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IV. Annexe : Exemple de questionnaire type (version espagnol)
1. ¿Hace cuánto tiempo que vienes a los talleres?
2. ¿Cómo conociste al taller?
3. ¿De que tratan los talleres? ¿Cuál son los tópicos?
4. ¿Cómo te ayudan los trabajadores de Homies Unidos?
5. ¿Te ayudan también con los papeles?
6. ¿Qué piensa tu familia de estos talleres? ¿El taller te ayudo en las relaciones con tu
familia?
7. ¿La gente viene con problemas, tú también tenías problemas antes de venir?
8. ¿Qué te procura escuchar los demás, sus experiencias?
9. ¿Desde qué empezaste, has sentido algún cambio en ti?
10. ¿Este taller te ayudar a dejar las pandillas?
11. ¿Qué punto de vista tienes ahora sobre las pandillas?
12. ¿Vas a recibir un certificado, para qué sirve?
13. ¿Tienes objetivos a medio o largo plazo?
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
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V. Annexe : Câble de l’ambassade de Mexico
Wikileaks est une association à but non lucratif dont le site web lanceur d'alerte publie des
documents ainsi que des analyses politiques et sociales. Sa raison d'être est de donner une
audience aux fuites d'information, tout en protégeant ses sources.
À partir de juillet 2010, les révélations de WikiLeaks sont relayées par de grands
quotidiens nationaux, comme le New York Times, The Guardian, Le Monde, El Pais et
Der Spiegel.
Le présent câble, datant de janvier 2010, est disponible dans la base de données en ligne
de l’association. Il révèle la très étroite collaboration qui lie le Mexique aux usa, dans tous
les domaines. Voici les deux premiers envois de l’ambassade :
1. (SBU) Summary: The U.S.-Mexican bilateral relationship has
never been stronger. We ended 2009 with an unprecedented
commitment from the Mexican government to work closely with us on
an ambitious effort to move beyond a singular focus on high value
targets and address some of the institutional and socio-economic
constraints that threaten to undermine our efforts to combat the
cartels. A truly joint effort to implement a new U.S.-Mexico
strategy is yielding stronger organizational structures on both
sides and a deeper understanding of the threat posed by the drug
trafficking organizations. In the coming year, we will help Mexico
institutionalize civilian law enforcement capabilities and phase
down the military from street patrols, for which it has neither
legal authority nor training. A new dialogue on human rights with
the Mexican government and a defense bilateral working group will
reinforce that effort and help modernize the military.
2. (SBU) As we institutionalize the security agenda we will also
need to give more attention to the economic and social agendas.
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Efforts to strengthen mutually beneficial competitiveness in 2010
will focus on identifying new cross border production
opportunities, spurring innovation, building a modern 21st century
border, and supporting an energy and environment agenda that is a
top priority for the Calderon administration and offers huge
potential for future investment and economic development. Our
economic recovery and Mexico's go hand in hand, and U.S. export-led
successes are depending increasingly on partnering with Mexico's
manufacturing capability. At the same time, we will have to
resolve the lingering trucking dispute and other trade irritants
while using carefully targeted and limited assistance to spur
additional spending on poverty alleviation by the Mexican
government, the IDB and the World Bank. End Summary
Référence Wikileaks
SENSITIVE
SIPDIS
AMBASSADOR FOR THE SECRETARY
SENIOR ADVISOR ALEC ROSS
WHA A/S VALENZUELA AND DAS JACOBSON
AID ADMINISTRATOR SHAH
NSC RESTREPO AND BRENNAN
DOD/OSD STOCKTON
NORTHCOM CDR GENERAL RENUART
DHS ICE ASST SEC MORTON AND ASST SEC BERSIN
DEA A/ADMINISTRATOR LEONHART
DOJ ASSISTANT ATTY GEN BREUER
COMMERCE ITA U/S SANCHEZ
E.O. 12958: N/A
TAGS: PGOV PREL MASS ECON SNAR PHUM MX
SUBJECT: U.S.-Mexico Relations: Progress in 2009, Challenges in 2010
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VI. Annexe : Fiche Freddie GRAY
Fiche de Freddie GRAY sur la page du Guardian recensant les personnes abattus par la
police. Sa mort à provoquer de très puissant mouvement de protestation de la part de la
communauté afro-américaine, notamment dans sa ville d’origine Baltimore. Le 1 mai
2015, la justice a déclaré qu’il s’agit d’un homicide.
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VII. Annexe : L’exemple emblématique d’Amilcar COLON
Angel Almicar Colon appartient à la minorité Girafon (minorité Hondurienne d’origine
africaine). Il est également président de l’organisation fraternelle des noirs honduriens. Il y
a 5 ans, il décide de migrer « illégalement » dans le but de subvenir aux besoins de sa
famille et payer les soins de santé pour son fils ainé atteint d’un cancer. Il paye alors un
passeur qui le trahit puis l’abandonne à la frontière entre le Guatemala et le Mexique.
Remontant le pays caché dans un camion frigorifique, il est à nouveau trahi par un passeur
qui l’enferme dans ue maison isolé près de la frontière avec les USA et le menace de mort.
Lorsqu’enfin les agents du gouvernement mexicain le découvrant, au lieu d’être traité
comme une victime il est présumé coupable de plusieurs chef d’accusation (crime
organisé, possession d’arme) du fait de sa couleur de peau. Il va être torturé par l’armée
puis la police, sans aucune assistance juridique, avant d’être incarcéré.
Le cas d’Angel Amilcar Colon revêt dons ainsi ceci d’intéressant, puisque il
expérimente tout un panel d’abus et de violation dont son fréquemment victime les
migrants de la part des passeurs mais aussi de la part des services gouvernementaux.
Il est l’exemple type d’une personne vulnérable, du fait de son origine, de son statut de
migrant « ilégal » et de sa couleur de peau.
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VIII. Annexe : La Vie dans une Mara
Très souvent, entrer dans une Mara est presqu’une obligation : si on n’est pas dans la
“Mara 13” c’est qu’on appartient à la “Mara 18”, c’est-à-dire à l’ennemi. Entrer dans une
Mara, revient donc à se protéger et à protéger les siens.
L’intégration se fait très jeune, parfois encore enfant. A six ans, les gamins peuvent
déjà faire partie d’une Clica en tant que “ messagers ” et prévenir l’arrivée des policiers.
Entre neuf et douze ans, ils commencent les rites d’initiation. Ces rites inclus un violent
passage à tabac par plusieurs membres. Il est aussi fréquemment de devoir commettre un
assassinat initiatique. Le nouvel intégrant doit aller abattre un membre d’une bande rival
pour prouver sa valeur. Les filles elles, environ 20% des mareros, doivent se soumettre à
des relations sexuels avec plusieurs hommes.
Les tatouages sont extrêmement important est codifie nombre d’information et chaque
gang a ses propres motifs. Ils relatent des épisodes de leur vie, les passages en prisons, leur
mythologie personnelle, le nom de ceux qui comptent pour eux…On retrouve aussi les
noms des compagnons morts et d’autre en souvenir des homicides qu’ils ont commis.
Depuis les années 2000, les mareros se font beaucoup moins tatoué pour éviter de se faire
repérer.
En contrepartie, dans un pays ravagé par le chômage et la précarité, les gangs offrent
aux pré- adolescents un repère identitaire fort et la sensation d’appartenir à une famille.
Les mareros jouissent d’un statut social et bénéficient d’une solidarité totale de leur clique.
Nourris, protégés, on leur fournit argent liquide, voiture, alcool et drogue.
Mais sortir du gang est pratiquement impossible car « vous vivez pour la Mara, vous
mourrez pour la Mara ». Sortir de la Mara, c’est la trahir, et l’on tue les traîtres. Ceux qui
tentent de se « ranger » finissent très souvent assassinés. Et ceux qui arrivent à passer à
travers les mailles du filet, ont du mal à trouver du travail à cause de leurs tatouages.
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Certaines jeunes filles des bidonvilles intègrent les Maras en espérant pouvoir
échapper au destin de victime qu’elles voient leurs mères subir au quotidien.
Comme dit précédemment, pour intégrer la bande les femmes choisissent entre un
passage à tabac, assassiner un rival ou se soumettre à des relations sexuels. La plupart
optent pour la dernière option. Cela peut durer une semaine et inclure 10, voir 20
partenaires. Pour autant ce n’est pas un viol à proprement parler. Leur brutalité les aide à se
différencier des autres filles de leur âge, elles pensent se protéger de la violence en
l’utilisant. Simple fiancée ou messagère au début, elles se sont ensuite impliquées plus
activement dans les activités criminelles. Elles peuvent par exemple servir d’ « appât »
dans les embuscades.
Les mareras (ou « jainas ») peuvent être également amené à cacher de la drogue,
aller récupérer la « renta », c’est-à-dire l’impôt de protection racketté aux commerçants.
Dans certains cas, elles commettent également elles-mêmes certains assassinats. Les
compagnes des mareros sont appelés jainas et doivent se faire tatoué le nom de leur
compagnon. Prétendument égalitaire, les pandillas relèguent systématiquement les
femmes aux rangs inférieurs. Aussi, les cas de Mareras dirigeante sont extrêmement rares.
Elles sont également des victimes privilégiées lors d’affrontement. Si un marero tue un
membre d’une organisation ennemie, cette dernière se vengera en tuant sa compagne. De
même elles peuvent être violées pour « humilié » une bande adverse. On voit ainsi qu’elles
passent en permanence d’un statut de victime (de soumission, de violence, de viol) à celui
de criminelle.
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IX. Annexe : Mode de calcul de L’American HD Index
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X. Annexe : Manifeste pour l’inclusion et les droits de migrants (18 décembre
2013)
Manifiesto por la Inclusión y los Derechos Migrantes Hoy, 18 de diciembre de 2013, organizaciones sociales y civiles, instituciones, ciudadanas y ciudadanos mexicanos y guatemaltecos caminamos para denunciar las persistentes violaciones a los derechos humanos de las personas migrantes por parte de las instituciones que deberían garantizar su cumplimiento. Sin importar el tipo de migración, tanto el Estado mexicano como el Estado guatemalteco insisten en limitar o, en el peor de los casos, negar derechos que son independientes a las condiciones de legal estadía o tránsito por nuestros territorios. A las y los migrantes que han tomado como destino nuestros países les son permanentemente negados los derechos a la salud, a la educación y al trabajo, condenándolos a perpetuar un ciclo de pobreza y exclusión social. Muchas de las y los migrantes que transitan por nuestros países son asesinados, desaparecidos, secuestrados, vejados y humillados en los distintos corredores migratorios Las y los migrantes que regresan a sus comunidades, además de ser estigmatizados, se encuentran con múltiples obstáculos que les impiden incorporarse a sus localidades de manera productiva. Particularmente, nos preocupa las condiciones de las mujeres migrantes y los menores que, viajando acompañados o no, son vulnerables a situaciones que atentan contra su integridad personal y no podemos callar ante las amenazas y ataques sistemáticos contra defensores y defensoras de los derechos de las personas migrantes, como el Albergue "La 72" en Tenosique, Tabasco. Es por eso que hoy, las y los que nos encontramos presentes, exigimos a todas las autoridades mexicanas y guatemaltecas que cumplan con sus compromisos para garantizar, respetar, promover y proteger los derechos de las y los migrantes. Alzamos nuestra voz para recordarle a cada policía, agente migratorio, militar, personal de aduana, personal de hospitales y centros educativos que, como servidoras y servidores públicos, están obligados a actuar conforme a los principios de universalidad, interdependencia, indivisibilidad y progresividad, que caracterizan a los derechos humanos sin importar la nacionalidad de las personas. Nos solidarizamos y reconocemos la auto-organización de los propias migrantes como la labor de la Coalición de Indígenas Migrantes de Chiapas. Saludamos a la "Caravana de Madres Centroamericanas Buscando a sus Migrantes Desaparecidos", quienes el día de hoy concluyen, en Tapachula, el recorrido de más de 18 días por territorio mexicano para exigir verdad y justicia. Enfáticamente solicitamos que el gobierno mexicano incorpore las recomendaciones elaboradas por la sociedad civil organizada, que han surgido en los recientes foros de consulta, para que la política pública en materia migratoria garantice el verdadero respeto de los derechos de las y los migrantes. La labor que realizamos como Mesa de Coordinación Transfronteriza Migraciones y Género es impulsada por la solidaridad que genera la indignación por las terribles condiciones de vida que atraviesan las personas migrantes, refugiadas y desplazadas. Ante ello, nosotras y nosotros manifestamos que NINGÚN SER HUMANO ES ILEGAL y que la dignidad humana debe anteponerse ante cualquier documento migratorio. ¡LOS DERECHOS HUMANOS NO TIENEN FRONTERAS!
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112 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
XI. Annexe : Ordre de mission et proposition de travail (Voces Mesoamericanas)
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Iniciativas Vínculos de
colaboración
Actividades
estratégicas
Tareas
1. Fortalecimiento integral de Comités Comunitarios Transnacionales (CCT)
CCT en municipios
indígenas de la región
de Los Altos que
desarrollan proyectos
socio-económicos
Apoyo a la capacitación
integral de CCT
• Visitas comunitarias para diagnóstico rápido de necesidades de capacitación (técnica y organizativa).
• Seguimiento de proyectos socio-económicos.
• Diseño y facilitación de cursos-talleres. Preparación de materiales didácticos de apoyo.
2. Voces de Jóvenes y Mujeres en las Migraciones
Cuatro Grupos
Culturales Juveniles
(jóvenes migrantes)
Animación y
facilitación de
Encuentros de Jóvenes
y Mujeres en las
Migraciones
• Visitas de conocimiento y diálogo con grupos de jóvenes migrantes que integran los Grupos Culturales.
• Reuniones de diseño y planificación de Encuentros. Elaboración de materiales didácticos de apoyo.
• Realización y sistematización de Encuentros.
• Realización de video documental sobre “Jóvenes Indígenas y Cultura Migrante”.
3. Investigación diagnóstica sobre transmigrantes y acceso a derechos y servicios de salud en México
Mesa de Coordinación
Transfronteriza
Migraciones y Género
(MTMG)
Realización de trabajo
de campo en la
investigación
diagnóstica
• Diseño metodológico con equipo de trabajo.
• Investigación documental en oficina.
• Trabajo de campo: visitas a centros de salud pública y comunitaria; entrevistas a migrantes, funcionarios públicos y agentes comunitarios; documentación de casos.
• Sistematización de información y producción de informe.
• Coordinación interna del equipo
Subequipos de trabajo
de Voces
Mesoamericanas
Planificación,
monitoreo y evaluación
de trabajos del
subequipo y del equipo
de Voces en su
conjunto.
• Reuniones quincenales de subequipos.
• Reuniones mensuales del equipo. • Sesiones de formación interna.
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114 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
XII. Annexe : Avenant de stage (Homies Unidos)
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Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 115
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
116 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
« Migration d’Amérique centrale aux États-Unis : Faire face à la criminalisation du parcours migratoire »
DUMONT Nicolas, janvier 2016
Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg 117
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118 Diplôme Universitaire d'Etude de la Coopération et du Développement – Université de Strasbourg
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XIII. Annexe : Sommaire du CD des annexes vidéos
Piste 1 : présentation des programmes de Homies Unidos (durée 3 minutes), juillet 2015,
Réalisation Nicolas DUMONT
Piste 2 : Vidéo de présentation d’un CCT de production de miel (durée 6 minutes), mai
2014, Réalisation Nicolas DUMONT
Piste 3 : Manifeste pour les droits des migrants, journée internationale de la migration.
Durée (3 minutes), décembre 2013, réalisation Nicolas DUMONT
Piste 4 : Signature historique des accords dans la zone Lacandon (durée 5 minutes), avril
2014, réalisation Nicolas DUMONT