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Lost Paradise

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Nadia Fakhoury Book (2)

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À mon père

To my father

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Paradise Lost

Nadia Fakhoury

dwellings

30 east 67th street new york

new york 10021

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Ever since she was 14, Nadia Fakhoury has always had a camera on hand. In the 1980’s, she bought a Polaroïd Spectra which only professionals used at the time for preliminary li-ghting effects. Her photographs were not distributed and she would not show them but to a very private circle of friends. Thanks to a great number of trips, notably to North America, China and Russia, her eye was always nourished and stimulated by a wealth of horizons. As soon as it was developed, any photo that did not meet with her immediate and instinctive ap-proval was immediately and remorselessly destroyed.

Two tragedies led her to swing over from her amateur’s work to a more urgent, indeed exis-tential approach.

In 1989, she had a terrible accident in which she was thrown into a plate glass window. Her first reflex was to protect her eyes from the splinters. She has kept two scars, one of which she sports on her brow as some claim of her experience. She lost her eyesight, and during the endless hours in the emergency ward nobody could reassure her as to her condition. She was petrified by the threat of being possibly blind for ever. The emotional shock was such that she lost her ability to speak.

Then photography became the redeeming tool, her only way of communicating with the outside world. Taking pictures of people is her own manner of conveying it to them that she loves them. Whoever dodges her lens is rejected at once as the slightest rejection is an attack on her personal integrity. Taking those photos is a pressing need, it is a matter of survival., in much the same way as Pascal Quignard twice lost speech, at 18 months and then again when he was 16 years-old. In his book Le nom sur le bout de la langue, he reveals his secret: «I do not write out of desire, habit, willpower or because it is my trade. I write to survive. I wrote be-cause it was the only way for me to speak while remaining silent.» Nadia Fakhoury found this haven beyond words. The privacy of her work was enough for her. She produced pictures, yet she found no need to show them. That sweet therapy gradually helped her recover language.

In late 2001, another terrible event occurred: her father died. This was another crack in her well-off Parisian life. Shortly afterwards, she had the opportunity to discover South Africa. The pleasure trip became an exorcism of pain. She acutely felt the bereavement everywhere and it shows through all the pictures.

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An elephant, photographed from the back with a calculated blur, prefigures death in the sense that, as American Indians do, elephants know how to vanish before they die. Doesn’t that dark tree, entirely stripped of all its foliage, stuck in the middle of nowhere and with boughs as sharp as thorns embody a climactic time of pain? The grieving tree is recreated almost life-size. What with those sunsets that have nothing in common with pretty-pretty postcard ones ? In another work, a nocturnal diptych, the clouds literally have a pictorial touch, which reminds one of Oscar Wilde’s statement in The Decay of Lying: « All that I desire to point out is the general principle that life imitates art far more than art imitates life. ( ... ) At present, people see fogs, not because there are fogs, but because poets and painters have taught them the myste-rious loveliness of such effects. There may have been fogs for centuries in London. I dare say there were. But no one saw them, and so we do not know anything about them. They did not exist till Art had invented them. »

A real picture becomes a painting, a conceptual work accomplished by the pertinence of its author’s eye. This is as disturbing as Gerhard Richter’s work (one of her crucial references). Richter, starting from archive photos of the Baader Group, transcends these into works of art, making oil paintings inspired by the photoengravings in old encyclopedia illustrations.

For her first exhibition, in New York, Nadia Fakhoury will be displaying 25 color photo-graphs in different formats and in Cibachrome print. A few photos are reproduced in miniature oval frames, conferring on them a certain refinement.

All framings are extremely incisive and definitive, they are right on target. The techno-logical ingenuousness of those pictures is deeply moving. they require no sophisticated appa-ratus, no flash or darkroom, no touching up, no reframing.

What gives the rendering its striking quality is the emotional content, the existential urgency and the determination in the eye. This suggests Edouard Boubat’s statement: «The purpose of photography is not to make pretty pictures but to awaken the eye.»

Even before Nadia Fakhoury developed these pictures, they were there in her. As she was taking them she was certain that one day she would show them. This exhibition is about how photography came into Nadia Fakhoury’s sight.

Jacqueline Germé Traduction de Luc Dambert.

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Depuis l’âge de 14 ans, Nadia Fakhoury a toujours eu à portée de main un appareil photo. Dans les années 80, elle s’offrit un Polaroïd Spectra que seuls les professionnels utili-saient alors pour faire des essais préliminaires sur la lumière. Ses photos ne circulaient pas et elle ne les montrait guère si ce n’est à un cercle très restreint d’intimes. Grâce à de nombreux voyages, notamment en Amérique du Nord, en Chine et en Russie, son œil, confronté à des horizons divers, n’a cessé d’être nourri et stimulé. Aussitôt révélée, toute photo qui n’avait pas son approbation immédiate et instinctive était détruite sur le champ, et ce sans tergiversation ni remords.

Deux drames dans sa vie feront basculer son travail d’amateur en une démarche plus impérieuse, voire existentielle.

En 1989, un accident terrible la projette à travers une porte vitrée. Son premier réflexe fut de protéger ses yeux des éclats de verre. Les traces, à ce jour, sont deux cicatrices, dont l’une qu’elle porte crânement au front comme une affirmation de son vécu. Elle perd la vue et durant les urgences interminables, nul ne peut la rassurer quant à son état. Durant des heures, elle vit avec la menace d’un glaive sur ses paupières, pétrifiée par l’angoisse d’une éventuelle cécité à vie. Au bout de dix heures, elle recouvre la vue. Le choc émotionnel est tel qu’elle en perd le langage.

Dès lors, la photo devient l’outil rédempteur, son unique moyen de communiquer avec le monde extérieur. Photographier les gens, c’est sa manière à elle de leur signifier qu’elle les aime. Ceux qui se refusent à son objectif sont d’emblée rejetés, le moindre refus devenant une atteinte grave à son intégrité personnelle. L’impériosité de prendre ces photos relève pour elle de la survie, de la même façon que Pascal Quignard qui par deux fois, à 18 mois et à 16 ans, fut atteint de mutisme. Dans son livre Le Nom sur le bout de la langue, il nous livre son secret: « Je n’écris pas par désir, par habitude, par volonté, par métier. J’ai écrit pour survivre. J’ai écrit parce que c’était la seule façon de parler en se taisant.» Nadia Fakhoury a vécu ce havre de la dépossession. L’intimité de son travail lui suffit. Elle produit des images mais n’éprouve nullement le besoin de les montrer. C’est une douce thérapie qui, progressivement, lui permet de recouvrer le langage.

Fin 2001, un autre drame survient: la mort de son père. A nouveau, une fêlure dans son existence dorée et parisienne. Peu de temps après, elle eut l’occasion de découvrir l’Afrique du Sud. Ce voyage d’agrément va se transmuer en un exorcisme de la douleur. Le deuil est omni-présent dans toute son acuité et toutes les images en attestent d’une manière ou d’une autre.

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Cet éléphant, photographié de dos dans un flou calculé, préfigure la mort car tout comme les Indiens d’Amérique, les éléphants savent disparaître pour mourir. Cet arbre sombre, en-tièrement dénudé de tout feuillage, planté au milieu d’aucun paysage, aux branches acérées comme des épines n’incarne-t-il pas une phase paroxystique de la douleur? Cet arbre avec son immense désolation nous est restitué quasiment grandeur nature. Que dire de ces couchers de soleil qui n’ont rien de la mièvrerie de tous les couchers de soleil de carte postale. Dans ce diptyque nocturne où il est frappant de constater que les nuages ont une touche à proprement parler picturale, l’on rejoint la thèse d’Oscar Wilde dans Le Déclin du mensonge: « L’objet de ma démonstration, c’est ce principe général que la vie imite l’art bien plus que l’art n’imite la vie. ( ... ) De nos jours, les gens voient les brouillards, non parce qu’il y a des brouillards, mais parce que peintres et poètes leur ont appris le charme mystérieux de tels effets. Sans doute y eut-il à Londres des brouillards depuis des siècles. C’est infiniment probable, mais personne ne les voyait, de sorte que nous n’en savions rien. Ils n’eurent pas d’existence tant que l’art ne les eut pas inventés. »

D’une image réelle, advient un tableau, une œuvre conceptuelle, exécutée par la perti-nence du regard de son auteur. C’est aussi troublant que le travail de Gerhard Richter (l’une de ses références cruciales) qui, partant de photos d’archives de la bande à Baader, transcende ces images en œuvre d’art par une facture picturale à l’huile inspirée de la qualité des photo-gravures d’anciennes illustrations d’encyclopédie.

À sa première exposition, à New York, Nadia Fakhoury nous montre 25 photographies en couleurs de format divers en tirage Cibachrome. Quelques photos sont reproduites en mi-niature dans un encadrement en bois ovale, ce qui leur confère un cachet particulièrement précieux.

Tous les cadrages, extrêmement incisifs et définitifs, ont la précision d’un cœur de cible. Il y a de quoi être édifié et bouleversé par la quasi-candeur technologique de ces images qui n’ont nécessité ni appareillage sophistiqué, ni flash, ni chambre noire, ni retouche, ni reca-drage. La qualité du rendu réside dans la teneur émotionnelle, l’urgence existentielle et la dé-termination du regard. A ce propos, on ne peut s’empêcher d’évoquer cette phrase d’Edouard Boubat: « La photographie ne sert pas à faire de belles photos mais à créer du regard. »

Avant même de voir ces photos révélées, elles préexistaient dans son regard et au mo-ment même où elle les prenait elle eut la conviction qu’un jour elle les montrerait. Cette expo-sition est la genèse d’un regard, celui de Nadia Fakhoury.

Jacqueline Germé

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[...] thou hast attained the sumOf wisdom; hope no higher, though all the starsThou knew’st by name, and all the ethereal powers,All secrets of the deep, all Nature’s works,Or works of God in Heaven, air, earth, or sea,And all the riches of this world enjoy’dst,And all the rule one empire; only addDeeds to thy knowledge answerable; add faith,Add virtue, patience, temperance; add love,By name to come called charity, the soulOf all the rest; then wilt thou not be lothTo leave this Paradise, but shalt possessA Paradise within thee, happier far. [...]

Paradise Lost, Book XII,John Milton, 1667

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[...] tu as atteint la somme de la sagesse. N’espère rien de plus haut, quand même tu connaî-trais toutes les étoiles par leur nom, et tous les pou-voirs éthérés, tous les secrets de l’abîme, tous les ouvrages de la nature, ou toutes les œuvres de Dieu dans le ciel, l’air, la terre ou la mer, quand tu jouirais de toutes les richesses de ce monde, et le gouverne-rais comme un seul empire. Ajoute seulement à tes connaissances des actions qui y répondent, ajoute la foi, ajoute la vertu, la patience, la tempérance ; ajoute l’amour, dans l’avenir nommé Charité, âme de tout le reste. Alors tu regretteras moins de quitter ce Paradis, puisque tu possèderas en toi-même un Paradis bien plus heureux. [...]

Le Paradis perdu, Livre XII,John Milton, 1667

traduit par A.-F. de Chateaubriand, 1836

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The long voyageLe long voyage

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Indian Atlantic

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The unforgetableL’inoubliable

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BenBen

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The seaLa mer

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The reunionLes retrouvailles

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SorrowTristesse

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Cape of Good HopeLe cap de Bonne Espérance

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Pain of mindLa douleur de l’esprit

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LibertyLiberté

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Look at me nowRegarde-moi

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The parallelLa paralèlle

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The leopardLe léopard

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The perfect harmonyL’harmonie parfaite

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A lost soulUne âme perdue

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Tawny eagleAquila rapax

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GloryLe ciel en gloire

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The AfricanL’Africain

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And the sun came downEt le soleil se coucha

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In the name of the fatherAu nom du père

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EKG

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EEG

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Heavenly heavenCiel céleste

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Nadia Fakhoury lives and works in New York and Paris.

Nadia Fakhoury vit et travaille à New York et Paris.

A special thanks toUn grand merci à

Ford, Stephen, Alexander,Benjamin, Geoffrey, Jacqueline,

Isabelle, Ham, Max, Thomas

© W

.G.

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© Nadia Fakhoury, 2005

Photoengraving/PhotogravurePayton, Bilbao

Printing/ImpressionCastuera I G, Pamplona

Achevé d’imprimer en septembre 2005

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