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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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L'inclusion numérique :un enjeu sociétal ?

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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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À propos de Sofrecom

Sofrecom, filiale du Groupe Orange, est une entreprise de conseil et d’ingénierie spécialisée dans le secteur des télécommunications. Sofrecom conseille, accompagne et pilote le développement et la transformation numérique des opérateurs télécoms, des gouvernements et des institutions internationales.

L’expérience de Sofrecom des marchés matures et des économies émergentes, conjuguée à sa solide connaissance des évolutions structurantes du marché des télécommunications, en font un partenaire incontournable.

L'offre de services & solutions de Sofrecom, embarquant conseil, développement IT et ingénierie des réseaux, est globale et couvre ainsi l’ensemble des besoins des opérateurs, des gouvernements ou des institutions internationales pour réussir leurs projets : stratégie & marketing, transformation - digitale, innovation, modernisation technologique et conduite du changement.

Ces dernières années, plus de 200 acteurs majeurs, dans plus de 100 pays, ont confié à Sofrecom la conduite de leurs projets stratégiques et opérationnels.

Riche de sa diversité, avec plus de 2 000 consultants et experts répartis dans 11 bureaux à travers le monde et issus de plus de 30 nationalités, Sofrecom est avant tout un réseau de femmes et d'hommes, un puissant réseau de savoir faire et d’expertises qui relie ses clients, les experts Orange, ses partenaires industriels et locaux.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.sofrecom.com/fr.

Sofrecom, The Know-How Network

P.4 Les enjeux de l'inclusion numérique

P.6 Les opérateurs télécoms, moteurs de l’écosystème numérique

P.8 Sept leviers pour rendre l’internet haut débit accessible à tous

P.10 Le rôle des gouvernements pour faire des services financiers mobiles un facteur d’inclusion financière

P.12 L'identification numérique : une porte d'entrée de l'inclusion numérique

P.14 Bénin : une école de la fibre comme pilier d’une économie numérique forte

P.16 Le classement Doing Business incite à des politiques numeriques sources de développement économique

P.18 Orange œuvre pour une société numérique inclusive et responsable

P.20 La Fondation Orange pour faire du numérique un levier pour l’égalité des chances

P.22 Orange Digital Center, un concept innovant de lutte contre l’exclusion numérique

P.24 Sofrecom, engagée pour l’inclusion

Sommaire

Nous vivons dans un monde de plus en plus digital et connecté. Internet révolutionne nos sociétés, nos usages et représente d’innombrables opportunités. Il n’y a pas un domaine de l’activité humaine qui n’est pas ou ne sera pas profondément transformé par

le digital. Aujourd’hui pourtant, plus de 50% de la population mondiale n’a pas accès à Internet. Or, être hors du Web

aujourd’hui signifie bien plus que l’impossibilité de se connecter à Internet. Etre hors du web, c’est être privé d’un puissant moteur de

développement individuel et collectif, d’un canal d’accès prioritaire à l’éducation, la formation, l’emploi, la santé, au lien social, aux services publics et privés notamment financiers, à la mobilité et même à l’exercice de la démocratie.

Contrairement à une idée reçue, la fracture numérique n’est pas qu’une question de couverture : sur les 4 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à Internet, 3,2 milliards sont couverts par des réseaux mais n’utilisent pas Internet, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens, soit parce qu’elles ne sont pas formées.

Les personnes exclues du numérique ne sont donc pas seulement des populations des pays en développement où la couverture réseau reste immature, mais bien des populations réparties dans le monde entier. En France par exemple, 13 millions de citoyens vivent éloignés d’Internet. Le dialogue qu’Orange s’attache à y mener avec ses parties prenantes révèle des réalités surprenantes. Si précarité numérique rime souvent avec précarité sociale, l’exclusion numérique touche aussi les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les jeunes : certains virtuoses des réseaux sociaux ne savent pas se servir d’Internet pour des usages utiles à leur insertion socio-professionnelle !

L’inégalité numérique est bien devenue un défi sociétal majeur du 21ème siècle.

Orange en a fait une des principales ambitions de son plan stratégique Engage2025. Mais les opérateurs de télécommunication, seuls, ne peuvent porter cette responsabilité. Il faut que les gouvernements, les organismes internationaux, bailleurs de fonds, les associations et les autres acteurs du numérique se saisissent de cet enjeu pour faire d’Internet une chance pour tous.

Je suis heureux de partager avec vous cette publication. Elle vous apporte des éclairages sur l’inclusion numérique et vous propose des témoignages sur les actions d’accompagnement et de formation aux usages numériques que mettent en œuvre les équipes d’Orange partout dans le monde. Il est temps de réduire les inégalités sociales, culturelles et générationnelles d’accès à Internet et de donner à chacun le pouvoir de maîtriser sa vie.

Stephane RichardPrésident et Directeur Général,

Orange Group

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par GeoPill (Kenya, Tanzanie, Uganda, Ghana, Nigeria, et en Côte d’Ivoire), auprès de jeunes de 18 à 35 ans montre un taux d’usage supérieur à 28%. Dans tous ces pays, le principal usage du mobile money est le jeu en ligne (63%) devant le paiement par Internet et la TV payante.

L’enjeu pour tous les acteurs impliqués, locaux comme internationaux, est donc de développer une offre à la fois suffisamment attractive pour les utilisateurs potentiels et réellement utile au développement économique et social des pays. Pour ce faire, le rôle des opérateurs, des gouvernements et des bailleurs est clé comme l’illustrent nos articles page 10 « Le rôle des gouvernements pour que les services financiers mobiles soient un facteur d’inclusion financière », et page 16 « Le classement Doing Business incite à des politiques numériques volontaristes pour favoriser le développement économique ».

Enfin, certains prérequis sont indispensables pour que le numérique devienne un réel facteur d’inclusion pour tous.

Tout d’abord la qualité des infrastructures : l’histoire récente a montré que certains réseaux déployés sont inopérants et ne permettent, ni le développement de

l’accès ni celui des services.

Les télécommunications sont un domaine où l’expertise est nécessaire. Le développement de compétences locales tant dans le domaine des infrastructures que celui des développements digitaux est également incontournable. Les projets comme l’école Fibre au

Bénin (page 14) ou les Orange Digital Centers (page 22) sont deux outils complémentaires qui visent un transfert de compétences efficace et durable et sont également des leviers pour l’inclusion des femmes.

D’autres facteurs clés de succès tels que la mise en place d’un SI gouvernemental et d’un Système National d’Identification Digital sont tout aussi

nécessaires pour le développement de services administratifs digitaux. Il convient également de prendre en compte la sécurité et la gouvernance des données publiques dans un souci de confidentialité et de maîtrise des coûts.Ce livre blanc propose, au travers d’illustrations concrètes, les principales clés pour faire du numérique un réel facteur d’inclusion. En s’appuyant sur des roadmaps à la fois ambitieuses, réalistes et concertées entre les différents acteurs impliqués, le numérique peut devenir pour les pays en développement un réel accélérateur, tant par sa capacité à créer de l’emploi et de la richesse que pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts de fonctionnement des services publiques. C’est également un grand vecteur de transparence économique et politique apprécié par tous les investisseurs.

Les enjeux de l'inclusion numérique

L’inclusion numérique, ou e-inclusion, est un processus qui vise à rendre le numérique accessible à chaque individu et à lui transmettre les compétences numériques qui lui permettront de faire de ces outils un levier de son insertion sociale et économique.

Le premier enjeu de l’inclusion numérique est l’accessibilité aux services numériques.

Au niveau mondial, encore près de la moitié de la population n’a pas accès aux services Internet, avec des disparités fortes entre les pays et entre les territoires. Le second enjeu consiste à favoriser l’émergence des services et des conditions permettant au numérique de devenir un véritable facteur d’inclusion sociale, économique et citoyenne, sans se limiter au développement de l’usage des réseaux sociaux par exemple.

Un long chemin reste à parcourir pour rendre accessibles à tous, les services numériques. Malgré une progression exponentielle sur ces 4 dernières années, de profondes disparités persistent : selon l’ITU, près de 87% des habitants des pays développés utilisaient l'Internet en 2019, contre 47 % dans les pays en développement.

D’autres disparités existent également entre les villes et les zones rurales, entre les hommes et les femmes, les jeunes et les populations plus âgées. Cette problématique est trop souvent réduite à des questions de couverture des réseaux, sans prendre en compte les autres freins potentiels : les tarifs d’accès, le prix des smartphones, les connaissances de base du digital, voire l’alphabétisation. Or, s’il est vrai que la couverture des zones rurales reste un réel défi, y compris dans les pays les plus développés, dans les pays en développement la question du prix est clé. A titre d’exemple, « l’Alliance for affordable Internet »

considère que l’accès à Internet est raisonnable lorsque le prix de 1 Gbit d’Internet mobile est inférieur à 2% du revenu mensuel moyen par habitant. En Afrique, seulement 10 pays sur 45 atteignent ce seuil, et la moyenne du continent est de 7,1%. Cette fracture financière n’est pas irréductible, notre article page 8 sur « Sept leviers pour rendre l’Internet haut débit accessible à tous » détaille les moyens de la réduire significativement.

Pour être inclusif, le numérique doit également permettre l’accès à des services qui améliorent le développement et la vie des personnes (éducation, santé, services publics, emploi) et ne pas se limiter à du divertissement.

Le développement du mobile money en Afrique est ainsi considéré comme un réel vecteur de bancarisation sur le continent. Mais lorsqu’on y regarde d’un peu plus près, l’étude récente réalisée

Marianne Brunat - Directrice Commerciale, Sofrecom

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5G). Il ne s’agit pas uniquement de former des cadres marketing et commerciaux, des ingénieurs et des techniciens supérieurs, mais de former à l’ensemble des métiers à commencer par ceux du génie civil, de l’accès et du raccordement…

Conscients de cet enjeu, de nombreux opérateurs, notamment en Afrique, s’impliquent fortement dans la formation autour des métiers du numérique. Cette implication prend plusieurs formes :

• des partenariats académiques,

• la création de formations professionnelles, avec des formats courts (moins d'un an), co-définis avec les entreprises, en particulier sur les métiers d’ouvrier (génie civil) et de technicien (raccordement...). Ces formations s’adressent à des publics pas ou peu diplômés et ont vocation à déboucher sur un emploi. Elles peuvent aussi embarquer des salariés des opérateurs et des entreprises en charge du déploiement pour les faire monter en compétences,

• le développement de structures de formation ; ces dernières servent les besoins propres des opérateurs mais aussi ceux de l’écosystème. En Ethiopie, Ethio Telecom a ainsi développé un partenariat de formation entre son université d’entreprise, TExA, et les universités locales. Orange Côte d’Ivoire a créé la Digital Academy pour former des jeunes aux métiers du numérique.

Les opérateurs deviennent ainsi pôles d’expertise locale et pérenne dans le domaine des réseaux, des systèmes d’information et du marketing, et viviers de compétences pour un secteur des TICS en pleine croissance. Soutenir le lancement de start-up numériques innovantes

Les opérateurs sont souvent moteurs dans la structuration et la création d’un écosystème numérique par leur implication dans la formation mais aussi par leur soutien à la création d’entreprises dans le secteur du numérique.

Orange, par exemple, apporte son soutien aux start-ups et aux entrepreneurs à travers diverses initiatives. On peut citer son réseau de FabLab, d’incubateurs et de Centres de Développement comme Orange Development Center en Tunisie, ou Orange Fab Sénégal au Sénégal. Orange organise également des concours comme le Orange StartUp Cup Challenge Business Model Competition lancé par Orange Egypte en partenariat avec l’Université du Nil

et destiné à promouvoir et à faciliter l’entreprenariat.

Contribuer à l’appropriation des usages numériques

Enfin, et de façon moins visible, les opérateurs, qui comptent en général parmi les plus grosses entreprises dans leur pays, sont souvent précurseurs dans l’introduction et la diffusion des usages numériques :

• via la digitalisation interne (ERP, système d’information RH, réseau social d’entreprise …) qui familiarise les salariés avec les e-services et l’usage du mail.

• par la généralisation de systèmes de paie par virement, qui oblige l’ensemble des salariés à avoir un compte bancaire et favorise le développement de la bancarisation dans la population.

Ces usages se diffusent par capillarité au reste de la société, posant une base supplémentaire à l’adoption du numérique et à la réduction des inégalités.

La transformation digitale de l’Afrique aura plusieurs effets positifs : dynamiser l’économie du continent, créer des emplois, identifier et encourager l’entreprenariat, former et retenir les talents, et créer une culture numérique propre au continent. Les opérateurs de télécommunications sont un des piliers de cette transformation et doivent être conscients des rôles multiples qu’ils y tiennent.

Les opérateurs télécoms, moteurs de l'écosystème numérique Sylvie Pierrot Allain - Directrice Conseil Change Management & Capacity Building, Sofrecom

Le niveau de pénétration d’Internet en Afrique subsaharienne est le plus faible du monde, et se situe à la moitié de la moyenne mondiale. Les raisons de ce déficit

sont multiples mais la première en est le manque de capacité et d’infrastructures. Les opérateurs de télécommunications non seulement apportent connectivité et services mais ils sont également pionniers dans l’introduction de nouveaux métiers, de nouveaux usages, et de nouvelles méthodes de travail, soit les 3 piliers qui permettent d’évaluer les connaissances et la maturité digitale

d’un pays. Pour créer un écosystème numérique puissant, réel accélérateur de développement économique et social, les opérateurs peuvent agir à plusieurs

niveaux.

Déployer le socle indispensable : infrastructures numériques et offres de services

En charge du déploiement d’infrastructures haut débit en collaboration avec les gouvernements, les opérateurs assurent l’accessibilité aux services à l’ensemble de la population, et notamment le désenclavement des zones rurales et la connexion des écoles et des universités. L’impact de ces projets n’est plus à prouver : une augmentation de 10% dans le taux de pénétration de la connexion à large bande dans les ménages correspond à une augmentation du PIB d’un pays, comprise entre 0,1% et 1,4%. Les bailleurs de fonds ne s’y trompent pas : ils financent massivement les déploiements dans les pays en voie de développement et en font une condition de développement des pays moins avancés.

Cependant la disponibilité d’infrastructures numériques n’est que le début de la solution, il faut également développer une offre de services accessibles, adaptée aux usages, besoins et moyens financiers des entreprises et des citoyens.

Dans des pays où le téléphone mobile reste le premier mode d’accès à Internet, il importe, d’une part, que les offres de connectivité haut débit soient abordables pour tous, et, d’autre part, de développer des solutions innovantes garantissant l’accès à des services digitaux y compris en 2G. Le digital doit être à la disposition du plus grand nombre pour devenir une réalité et soutenir un réel développement en facilitant les échanges, la création d’entreprises et d’emplois. Les opérateurs ont ainsi été moteurs dans le développement de solutions innovantes à bas coût comme les services financiers mobiles, ou des offres packageant téléphonie et énergie en Afrique.

Acteurs de l’accessibilité, les opérateurs sont également partie prenante dans le développement des stratégies d’e-gouvernement, fournissant les infrastructures, la connectivité, certains services et garantissant une couverture optimale des territoires en partenariat avec les gouvernements. Développer les compétences numériques

Mais au-delà des infrastructures et des services, les opérateurs jouent également un rôle dans le développement des compétences.

Le développement des infrastructures et services numériques ne pourra s’inscrire dans la durée qu’à deux conditions : que les infrastructures soient correctement déployées et entretenues, et que les opérateurs disposent aussi des compétences marketing et commerciales nécessaires à la création et à la commercialisation d’une offre de services qui permettra d’exploiter pleinement la capacité disponible. Or aujourd’hui, on constate un réel déficit de compétences dans ces domaines dans la plupart des pays.

En ce qui concerne les infrastructures, les opérateurs et fournisseurs d’équipements font appel soit à de la main d’œuvre non expérimentée, soit à des travailleurs issus d’autres pays et d’autres cultures. Dans le premier cas, le résultat est : une qualité de déploiement souvent médiocre, ce qui dégrade la qualité de service et des délais de déploiement rarement respectés. Dans le deuxième cas, le projet a un impact nul voire négatif sur le développement de compétences locales.Pour pallier ce problème, il faut former en amont aux métiers du réseau, que ce soit sur les technologies de la fibre ou des réseaux mobiles (4G, et bientôt

Les opérateurs contribuent au développement de l'emploi et des compétences dans le numérique.

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Sept leviers pour rendre l'internet haut débit accessible à tousMaria Macra - Directrice de projets gouvernementaux, Sofrecom

Les deux socles de l’accessibilité au haut débit

L’extension de la couverture d’un territoire par des réseaux fixes et mobiles de qualitéEn Europe, malgré les objectifs ambitieux de l’UE, des zones blanches subsistent et une fracture persiste à l’Est (pays baltes). En Afrique, les efforts des gouvernements pour accélérer la couverture mobile se heurtent souvent à des difficultés structurelles. Outre le manque de moyens financiers des opérateurs locaux, les contraintes géographiques (grandes distances, zones montagneuses ou désertiques) ou encore l’absence d’infrastructures routières ou d’approvisionnement énergétique rendent les déploiements extrêmement coûteux.

Le prix d’accès pour l’utilisateur finalPour évaluer le caractère abordable du prix d’une connexion haut-débit pour une population, l’Alliance pour un Internet Abordable (A4AI) définit un indicateur (indice d’accessibilité financière) auquel les opérateurs et gouvernements pourraient se référer davantage. Elle estime que le coût de l’accès à 1 Go de données doit être inférieur

à 2% du revenu moyen (PIB par habitant). Parmi

les 99 pays en développement

inclus dans son étude sur les

coûts de l’Internet mobile en 2018, seuls 10 se situent sous ce

seuil. Les contrastes sont forts : l’indice du Sri Lanka est de 0,24% ; celui de la République Démocratique du Congo de 33,5%. Pour des prix bas : des leviers financiers, techniques et réglementaires

Divers leviers peuvent être actionnés pour installer un cercle vertueux favorable à l’émergence d’un écosystème du numérique efficient, et donc de prix bas. Ils concernent la rentabilité des infrastructures, la localisation des contenus, la régulation du marché de gros et de l’accès, le niveau de concurrence et le prix des terminaux.

S’appuyer sur les financements des bailleurs de fonds internationauxDe nombreux donneurs d’ordre internationaux visent la réduction de la brèche technologique.

En Europe, l’UE finance dans les pays baltes des Réseaux d’Initiative Publique (RIP) qui ont vocation à couvrir les zones blanches sans objectif de rentabilité.

En Afrique, dans plusieurs pays, la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Européenne d’Investissement et un certain nombre d’agences nationales de développement financent, par dons et prêts, la construction de backbones nationaux, accessibles à tous les opérateurs et gérés soit dans le cadre d’un partenariat public-privé, soit par un consortium d’opérateurs, soit par une société de gestion de patrimoine. Au-delà du financement initial, ces organisations permettent également d’assurer maintenance des biens dans la durée et

gestion rentable.

Séparer opérateurs d’infrastructure et opérateurs de servicesIl existe plusieurs modèles de séparation, qui visent tous à rendre une ressource coûteuse (l’infrastructure) accessible aux différents opérateurs de services dans des conditions de transparence et prix définis par les coûts.

Cette séparation structurelle permet aux opérateurs de services de ne pas dupliquer des investissements en infrastructures (plusieurs réseaux dans une même ville) tout en assurant une couverture extensive du territoire. Les économies d’échelle réalisées, tant sur le déploiement que sur l’exploitation, bénéficient au secteur tout entier.

Héberger localement les contenusL’installation de points d’échange Internet (IXP) et de mini-data centers (CDN) sur le backbone permet d’héberger localement des copies de contenus lourds ou fréquemment recherchés par les internautes (ex. vidéos YouTube). En limitant l’accroissement des besoins en capacité internationale et en réduisant les coûts de transport des données, elle génère des économies répercutables sur les prix d’accès.

Rendre accessible le prix d’attribution des fréquencesTrop souvent les gouvernements, soucieux de créer des apports de devises à court terme, exigent des tarifs trop élevés pour les licences alors que l’intérêt du pays serait de bénéficier rapidement de la technologie la plus performante. Les opérateurs, en quête de rentabilité, renâclent ensuite à déployer de manière extensive.Certains gouvernements semblent avoir appris des erreurs passées : en France, le prix de réserve exigé pour les licences 5G sera raisonnable en échange d’exigences supplémentaires de couverture et de services « verticaux ».

Réguler les prix du marché de grosLa régulation des prix sur le marché de gros constitue une des solutions les plus efficaces pour éviter l’intégration verticale de l’opérateur détenteur des infrastructures. C’est d’ailleurs l’axe majeur de la réorganisation de la régulation européenne qui a maintenu la régulation du marché de gros alors que le marché de détail est presque complètement libéralisé.

Moduler la concurrence au sein d’un même paysQuand la densité de couverture est inégale, ou lorsqu’il existe d’importants écarts de revenus

selon les zones géographiques d’un même pays, la « modulation » du niveau de concurrence apparait comme une solution efficace. Le modèle adopté par le Portugal est très intéressant : le régulateur portugais a modulé les obligations des opérateurs en fonction du niveau concurrentiel des 3 marchés qu’il a défini dans le pays. Dans les grandes villes, l’opérateur historique a été obligé d’ouvrir ses infrastructures alors qu’il n’a pas été tenu de le faire systématiquement dans les petites villes ; dans les zones de service public, un opérateur unique bénéficie d’un monopole de zone, limité au temps estimé nécessaire à l’obtention d’un ROI.

Développer le reconditionnement local des terminaux mobilesLe prix des terminaux mobiles permettant l’accès aux services de données reste un frein majeur dans les pays à très faibles revenus. La mise en place d’usines de reconditionnement vise à réduire ce frein, tout en bénéficiant à l’emploi local. Ainsi, le reconditionnement est déjà largement développé dans les pays du Maghreb. La Mauritanie et le Niger ont aussi intégré dans leurs stratégies numériques des projets d’implémentation de petits centres de reconditionnement.

S’il est impossible d’apporter une réponse universelle à la question de l’accessibilité à Internet, divers leviers permettent de réduire le prix de la connectivité. A chaque gouvernement d’adapter sa stratégie en fonction des caractéristiques physiques du pays et du pouvoir d’achat de la population. Les politiques doivent être envisagées à moyen terme, un plan de développement du haut débit ne donnant des résultats concrets qu’au bout de 5 à 7 ans.

Ce qui est certain c’est que chaque nouvelle technologie réinterroge le sujet. Le déploiement de la 5G demandera des investissements technologiques massifs. Même s’ils seront très sollicités, les investissements privés n’iront pas partout. Pour éviter d’accentuer la fracture numérique mondiale, la coordination entre acteurs privés et acteurs publics sera plus que jamais d’actualité.

Partout dans le monde, la couverture fixe et mobile d’un territoire constitue la base d’un accès équitable des populations à une connexion Internet haut débit de

qualité. Dans les pays émergents, les gouvernements doivent faire face à un autre facteur déterminant pour la réussite de leur stratégie numérique : le pouvoir d’achat. Pourtant, divers leviers permettent d’abaisser le coût d’une connexion Internet pour rendre son accès abordable.Si l’usage de l’Internet progresse, 43% de l’humanité n’est pas connectée [1]. Le

contraste reste saisissant entre pays développés et pays émergents (95% de taux de pénétration dans le Nord de l’Europe vs 12% en Afrique centrale).

[1] Digital Report 2019 We Are Social et Hootsuite

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l’un des principaux obstacles à l’ouverture d’un compte.Il s’agit par ailleurs de définir des procédures de lutte contre le blanchiment de capitaux (LBC) et le financement du terrorisme (FT) adaptées au niveau de risque, y compris des formalités de vérification de l’identité des clients (KYC : Know Your Customer) susceptibles de simplifier les obligations de vigilance à l’égard des clients (CDD : customer due diligence) en fonction du risque particulier présenté par chaque produit. La solution passe par un régime LBC/FT souple, prenant en compte les risques et couplé à un système d’identification national complet et accessible (identification numérique ou biométrie, par exemple).

Protéger les consommateurs grâce à des règles garantissant l’accès à l’information, le traitement équitable et les mécanismes de recours

Les bonnes pratiques pour la protection des consommateurs de services financiers, définies par la Banque mondiale, soulignent la nécessité d’informer clairement les clients sur les modalités et conditions d’utilisation des produits.

Il s’agit de faciliter les comparaisons entre les offres, d’aider les consommateurs à prendre des décisions financières en connaissance de cause et de prévenir

des risques comme le surendettement. Il convient en outre d’introduire une réglementation limitant les pratiques commerciales abusives et facilitant l’accès à des mécanismes de recours.

Encourager le développement de produits financiers innovants adaptés aux attentes spécifiques des usagers en fonction de leurs profils et lieux d’habitation

Pour maximiser leur impact socio-économique, les services financiers mobiles (SFM) doivent apporter de la valeur aux personnes qui se trouvent au bas de la pyramide économique. Les populations mal desservies rencontrent des problèmes spécifiques et ont des besoins financiers particuliers. Pouvoirs publics et prestataires de SFM devront coopérer pour éliminer les barrières comportementales qui font

obstacle à l’utilisation de ces services et accroître l’utilité de ces derniers. Pour cela, il faut :

a) Identifier les attentes et besoins spécifiques des populations rurales pour créer des services accessibles à tous : la compréhension des nuances dans la manière dont les consommateurs ruraux gagnent, épargnent et dépensent leur argent peut aider les prestataires à définir une proposition de valeur pertinente pour les utilisateurs ruraux, qui n’est pas forcément la même que pour les utilisateurs urbains.

b) Trouver des solutions à l’absence de pièces d’identité formelles. L’absence d’un enregistrement obligatoire de la population et de pièces d’identité constitue un obstacle courant à une adoption généralisée des services financiers mobiles. Sur la plupart des marchés, la réglementation joue un rôle important : l’adaptation des formalités de vérification de l’identité des clients (KYC) en fonction des montants en jeu ou celle des documents d’identité requis peuvent faciliter l’adoption de ces services par les citoyens notamment en zones rurales.

c) Investir dans l’éducation financière des citoyens. Pour développer l’adoption par les citoyens des services financiers mobiles, il faut investir de façon significative dans la formation pour l’utilisation des SFM. Gouvernement, collectivités locales et prestataires de services pourront ainsi mettre en place des formations financières de base. A l’issue desquelles les participants auront la possibilité d’ouvrir un compte et de s’appuyer sur des clients actifs, qui joueront le rôle d’ambassadeurs en accompagnant leurs concitoyens dans l’utilisation et les avantages du service. Favoriser un apprentissage entre pairs de l’utilisation des SFM peut jouer un rôle déterminant dans le développement de la pénétration.

Enfin, ces approches complexes et longues à mettre en œuvre, appellent une coordination entre acteurs publics et privés, et leur déploiement nécessite des ressources et une action publique à un haut niveau. Il est par conséquent encourageant de constater qu’à ce jour, des services financiers mobiles sont offerts dans plus de 60 % des pays en développement et que de plus en plus de gouvernements ont formulé des stratégies nationales d’inclusion financière qui fixent leurs objectifs stratégiques et définissent les réformes à mener.

Le rôle des gouvernements pour faire des services financiers mobiles un facteur d'inclusion financièreClaire Khoury - Directrice Marketing, Communication et RSE, Sofrecom

Les télécommunications ont pris une importance significative dans l’économie de la plupart des pays. En cela, ce secteur est une source indéniable de croissance économique et de développement. Les avantages du digital profitent également au secteur de la microfinance et contribuent à favoriser sa double mission financière et sociale. Veiller à la mise en place de cadres réglementaires plus favorables, permet au secteur de continuer à se développer. Il s’agit de toucher

plus de clients dans des zones éloignées à un moindre coût, de sécuriser les transactions et d’améliorer leur transparence.

Le secteur des services financiers mobiles (SFM) continue à se développer. L’accès à ces services facilite le quotidien et aide les ménages et les entreprises à anticiper le financement d’objectifs à long terme ou à faire face à des imprévus. Pour accroître l’accès et le recours du plus grand nombre à ces produits, gouvernements et régulateurs doivent agir sur plusieurs leviers :

Promouvoir et accompagner la diversité des modes de distribution

On sait depuis longtemps que le fait de se cantonner aux agences bancaires traditionnelles est l’un des principaux obstacles à l’inclusion financière. Le manque d’infrastructures dans les zones rurales complique la gestion des agents et la distribution des espèces. L’exploitation de partenariats locaux, un financement flexible des agents et une meilleure utilisation des données transactionnelles permettent aux prestataires de relever ces défis.

Pour toucher plus de clients dans des zones éloignées à un moindre coût, il est indispensable de se doter d’un cadre juridique et réglementaire qui autorise différents types d’établissements et qui applique des règles et un contrôle adaptés au niveau de risque de tous les acteurs. Cette diversité doit s’accompagner de politiques qui favorisent un environnement concurrentiel et équitable pour tous les prestataires.

Dans bien des pays, on constate que des approches réglementaires autorisent des modes de distribution atypiques, tels que des magasins de vente au détail locaux servant d’intermédiaires financiers, ou l’installation de prestataires innovants qui exploitent

les divers moyens à leur disposition : technologie, réseaux de clients existants, infrastructure, big data.... Ces modes de distribution contribuent à baisser le coût des transactions et à fournir des produits financiers parfaitement adaptés aux besoins des consommateurs à faible revenu. Elles permettent de renforcer à moindre coût l’implantation matérielle de prestataires financiers et d’apporter des services essentiels à ceux qui n’ont pas accès. Définir un cadre réglementaire équitable et souple

Sur de nombreux marchés, l’absence d’un agrément habilitant ou d’un cadre d’autorisation permettant aux prestataires non bancaires d’accéder au marché de l’argent mobile, reste la barrière la plus importante et la plus courante au lancement ou au développement de services financiers par les prestataires.

Il est essentiel que ces règles soient équitables et simples. En effet, l’expérience montre que les barrières réglementaires peuvent ralentir à la fois la naissance du marché et l’adoption par les clients. Selon le rapport Global Findex 2017 sur l’inclusion financière, plus de 300 millions d’adultes dans le monde estiment que l’excès de formalités constitue

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L’identification numérique : une porte d’entrée de l’inclusion numériqueHicham Saoud - Responsable BSS et Digital Gouvernement, Sofrecom

1 milliard d’habitants de la planète sont des citoyens invisibles. Parce qu’ils n’ont pas d’identité légale, ils sont exclus de la vie citoyenne et ne contribuent pas au développement socio-économique de leur pays. Restés longtemps des « oubliés » de l’inclusion numérique, ils commencent à bénéficier de programmes de soutien favorisant le développement, par les gouvernements, de systèmes d’identification

numérique. Une démarche complexe à mettre en œuvre mais très efficiente...

L’identification : un défi mondial

On considère que l’inclusion numérique repose sur trois volets : le déploiement d’infrastructures, le développement des services et des contenus et l’aptitude à utiliser le numérique (People). Cependant, le volet People se réduit souvent à de la formation. Il exclut de facto les « invisibles » : ces citoyens du monde non reconnus comme tels parce que leur naissance n’a pas été enregistrée et qu’ils n’ont pas d’identité légale. Des études récentes ont permis de mesurer l’ampleur du problème et de localiser les zones où l’identification représente un défi d’inclusion pour les Etats.

• selon les estimations de la Banque mondiale (Enquête #ID4D-Findex 2018), 1 milliard de personnes à travers le monde ne sont pas en mesure de prouver leur identité. 48% d’entre elles vivent en Afrique Subsaharienne et 33% en Asie du Sud.

• l’UNICEF, quant à lui, estime que près des deux tiers des enfants africains âgés de moins de cinq ans n’ont pas de certificat de naissance.

Pas d’inclusion, ni de croissance possibles sans identité

Sans certificat de naissance, carte d’identité ou passeport, il est impossible pour ces habitants du monde d’exercer leurs droits citoyens. Ils ne possèdent pas le sésame qui donne accès aux services de santé, aux aides sociales, à l’éducation, au monde du travail et à l’entrepreneuriat. Ils sont aussi dans l’incapacité de consommer des services publics et privés (services bancaires, téléphonie, énergie). De ce fait, ils ne participent pas à la croissance de leur pays.

Des programmes de soutien à l’identification numérique

Désormais reconnue comme un levier de développement socio-économique, l’identification bénéficie, à l’échelle mondiale et à l’échelle africaine, d’initiatives récentes portées par les bailleurs de fonds : la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, les agences de développement. Leurs programmes financent soit des études, soit des projets de déploiement de systèmes d’identité, de production de cartes d’identité et de passeports biométriques. Ainsi, l’identification est portée par :

• Le point 9 du 16ème Objectif de Développement Durable (ODD) adopté par les Nations Unies, qui prévoit de « garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l’enregistrement des naissances » à l’horizon 2030. L’identification joue par ailleurs un rôle clé dans la réalisation de nombreux autres ODD.

• L’Initiative ID4D (Identity for Development) de la Banque mondiale qui vise à apporter du support, du conseil et du financement aux pays pour construire des systèmes d’identification digitale.

• Au niveau africain, l’initiative ID4Africa. Ce forum regroupe tous les acteurs de l’écosystème identitaire – gouvernements africains, bailleurs de fonds et fournisseurs de solutions d’identité – qui réfléchissent ensemble aux solutions à mettre en œuvre pour réduire le taux des invisibles et à la manière dont le numérique peut accélérer le processus de régularisation de ces personnes.

Une émergence de projets visant la création de systèmes d’identité intégrés

Forts de ces soutiens, de nombreux projets

d’identification numérique fleurissent notamment sur le continent africain. Ces initiatives travaillent sur diverses dimensions :

• L’enregistrement des faits d’Etat civil, notamment des actes de naissance qui constituent le socle de l’identification. Dans son rapport de 2019 sur la gouvernance en Afrique, la Fondation Mo Ibrahim souligne que huit pays africains seulement disposent d’un système d’enregistrement des naissances couvrant au minimum 90%.• Les registres de la population : données socio-démographiques fiables permettant aux Etats et bailleurs de fonds d’élaborer des politiques nationales de développement du pays.• La constitution de bases de données biométriques, soit à des fins électorales, soit pour servir des besoins sectoriels (faciliter l’octroi de subventions à des agriculteurs, à des étudiants...).• La modernisation des titres sécurisés : cartes d’identité nationales, passeports biométriques, permis de conduire.

Pour rendre ce type de projet plus lisible, la Banque Africaine de Développement (BAD) a apporté une vision holistique. Elle recommande, plutôt que de traiter chaque registre en silo, de construire un Système National d’Identité Numérique intégré regroupant trois registres : registre national de l’Etat civil, registre national de la population et registre national biométrique.

L’identité numérique, un écosystème complexe

Le déploiement d’un système d’identité numérique est une démarche complexe qui ne se réduit pas à un sujet de digitalisation. Si l’offre existante permet aux Etats de bénéficier de systèmes d’identité numérique robustes, sécurisés et aptes à assurer la protection des données personnelles, la technologie ne représente qu’un aspect du sujet.C’est pourquoi Sofrecom aide les gouvernements à se construire une vision de leur Système National

d’Identité Numérique en phase avec celle de la BAD. Ses consultants et experts les accompagnent dans le cadre d’études de faisabilité couvrant l’analyse d’un grand nombre d’enjeux :

• Les enjeux juridiques : pour réviser des textes de loi sur l’Etat civil ou la protection des données à caractère personnel en tenant compte notamment du RGPD.• Les enjeux politiques : pour inclure l’ensemble de la population, quelle que soit l’ethnie représentée au pouvoir.• Les enjeux de gouvernance : pour décider qui est responsable de l’identité ? Qui la produit ? Comment les bénéficiaires accèdent à ces données de façon sécurisée ? Il existe, à cet égard, plusieurs initiatives de création d’Offices nationaux d’identification des personnes qui s’occupent de l’identité et de la production de titres sécurisés.• Les enjeux organisationnels : comment enrôler les personnes pour nourrir les plateformes de données ? C’est complexe, il faut des moyens.• Les enjeux financiers et environnementaux.

Un ROI rapide

Les déploiements réalisés à ce jour témoignent d’un retour sur investissement rapide. Un système d’identification numérique fiable contribue à inclure des personnes dans la santé, l’éducation, la vie économique. Il accroît l’efficacité de l’administration. Il réduit les fraudes et les pertes. L’Inde est un exemple bien connu : il ne lui a fallu qu’un an et demi pour épargner plus d’argent que n’en représentait le coût de son système d’identification biométrique des personnes. Le pays a également réduit les fraudes à l’identité ou aux identités multiples. L’identification numérique a par ailleurs augmenté le taux de bancarisation et d’accès des personnes aux services publics et économiques, créant ainsi de la croissance et de la richesse.

Pour constituer une réelle porte d’entrée à l’inclusion citoyenne et numérique, le déploiement d’un projet d’identification numérique requiert une certaine union nationale : la convergence des efforts de la société civile, de l’administration, du gouvernement et des acteurs économiques. Ces derniers peuvent contribuer à l’effort en réinventant les modèles économiques : en s’appuyant par exemple sur des partenariats publics privés. Les banques comme les opérateurs télécoms sont d’autant plus légitimes pour contribuer à ce grand projet qu’ils constituent déjà des tiers de confiance amenés à collecter, voire à utiliser les données d’identité de leurs clients dans le cadre de leur mission.

Le marché de l’identification numérique en chiffres

• Selon ID4D, les besoins de l’Afrique en matière d’identification numérique et d’enregistrement des faits d’état civil représentent un investissement global de 6 milliards de dollars.• Une étude du cabinet Acuity Market Intelligence estime les revenus annuels du marché d’identité électronique dans la zone MEA à 1,3 milliards de dollars d’ici 2021.L’écosystème intéresse de nombreux acteurs économiques : les banques, les assurances, les opérateurs télécoms, les opérateurs d’énergie…

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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ? L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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Le développement du numérique repose sur le déploiement de réseaux haut débit de qualité sur tout le territoire. Quel est le niveau de couverture du Bénin ?

Depuis 2017, nous avons déployé et réhabilité plus de 2 000 km de fibre optique. 47 communes bénéficient actuellement d’un point de présence haut débit. L’ambition est de couvrir les 77 communes du Bénin. L’ADN est en train de finaliser les financements d’un nouveau programme de construction de 1 200 km supplémentaires de fibre optique. L’enjeu est de sécuriser l’infrastructure existante par un chemin redondant et de connecter les communes non couvertes, notamment à l’Ouest du côté de la frontière avec le Togo. Il est aussi essentiel de développer des boucles métropolitaines pour rapprocher les grands centres d’activité des entreprises.

Afin de profiter des nouveaux usages permis par cette infrastructure haut débit, nous construisons en outre, au Nord de Cotonou, un Data Center national qui fournira notamment un accès sécurisé aux services et données de l’administration.

L’éducation aux usages du numérique est un des piliers de votre ambition d’inclusion numérique et sociale. Quels sont vos projets dans ce domaine ?

Le programme gouvernemental intègre trois projets d’infrastructures pour généraliser l’usage du numérique dans le domaine de l’éducation et contribuer ainsi à la maturité numérique du Bénin : un réseau d’éducation et de recherche qui connecte les universités et verra le jour mi-2020 ; il sera interconnecté à l’ensemble des établissements de recherche d’Afrique et d’Europe ; un réseau des établissements secondaires et de formation professionnelle ; enfin, dans le futur, un réseau de connexion des 3 000 écoles primaires.Au-delà de l’infrastructure, nous développons les usages en mettant en place des salles numériques dans certains des établissements. 30 à 40 postes informatiques

permettent aux étudiants d’apprendre ce qu’est le numérique et d’apprendre en utilisant l’outil numérique.

Quels sont les enjeux de l’Ecole de la Fibre que vous prévoyez de lancer en 2020 ?

Lors du premier plan de déploiement de la fibre optique, nous avons eu des difficultés à trouver des compétences locales. A quoi sert de construire des milliers de km de fibre, de faciliter le travail des FAI qui font du déploiement FTTH et même celui des opérateurs mobiles, donc de rapprocher le haut débit des utilisateurs entreprises et particuliers, si nous ne disposons pas des savoir-faire pour non seulement installer mais superviser et maintenir ce réseau ? L’idée d’une Ecole de la fibre, soufflée par notre partenaire Sofrecom, a tout de suite intéressé le Bénin. Pour faire vivre le marché de la fibre au Bénin, il est indispensable de former des spécialistes. En outre, cette Ecole donnera, chaque année, à 40 à 60 apprentis et étudiants l’opportunité d’apprendre un métier durable et de s’insérer dans la vie professionnelle.

Comment fonctionnera cette Ecole ?

Une étude va être lancée auprès de toutes les parties prenantes qui ont donné une impulsion à ce projet après que l’ADN ait obtenu des garanties de financement auprès du Trésor français : les Ministères du numérique et de la digitalisation ; de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, des enseignements secondaires, techniques et de la formation professionnelle. Le projet devrait se centrer sur l’apprentissage professionnel, concerner des élèves pré et post bac et mixer des apprentissages de courte durée avec des formations plus longues. Focalisé sur les métiers de la fibre au démarrage, il s’étendra à d’autres métiers du numérique. Je souhaite qu’il voie le jour rapidement afin de dupliquer ce modèle original dans le nord du pays, afin de toucher l’ensemble du territoire, et même de l’exporter dans les pays voisins. L’Ecole de la fibre constitue un pilier essentiel de la mise en œuvre des ambitions d’inclusion numérique du Bénin et de la réussite de son projet phare « Généraliser l’usage du numérique par l’éducation et la formation ». Le réseau fibre, le data center et les e-services que nous déployons n’aurons de sens que s’ils peuvent être opérés par des compétences qualifiées.

Quelle est l’ambition du Bénin en matière de numérique ?

Le gouvernement du Bénin veut faire du pays, la plate-forme de services numériques en Afrique de l'Ouest, pour accélérer la croissance économique et l'inclusion sociale. Cette ambition est portée par de nombreuses institutions : le Ministère du Numérique et de la Digitalisation (MND), l’Agence pour le Développement du Numérique (ADN), l’Agence des Services et Systèmes d’Information (ASSI), l’Agence Nationale pour l’Identification des Personnes (ANIP)… Comment cette ambition concilie-t-elle l’inclusion numérique avec l’inclusion sociale ?

Dans le programme d’actions que le Président Patrice Talon a défini pour son gouvernement après son élection en 2016, l’inclusion sociale est indissociable de l’inclusion numérique.

Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) « Bénin Révélé » repose sur 45 projets de croissance dans les secteurs clés de l’économie et une quinzaine de réformes structurantes. Il s’avère que le numérique occupe une place importante dans chacun de ces projets, même lorsque ces derniers s’inscrivent dans d’autres secteurs que le numérique. Le numérique est donc un moteur clé de l’accélération de la croissance économique et du développement social du Bénin.Trois exemples emblématiques de cette ambition :

• Le projet ARCH de développement social du Bénin comporte notamment un volet d’assurance maladie pour les populations les plus défavorisées, un volet de formation en particulier pour les artisans et un volet d’accès au microcrédit. Pour identifier les bénéficiaires dans les lieux les plus reculés du territoire et s’assurer de la bonne allocation des ressources et du retour social sur des investissements élevés, le projet s’appuie sur l’identification biométrique des personnes et la distribution de cartes d’identité électroniques.

• Afin de développer certaines filières du secteur agricole sur lequel repose une grande partie de l’économie du Bénin, nous avons monté, en coopération avec la Banque mondiale, un projet de développement de la pénétration du numérique dans les zones agricoles. Grâce à la mise en œuvre de banques de données et de services numériques fournis par des start-up, des agriculteurs pourront augmenter leurs ratios de production.

Pour ce faire, ils sont amenés à se connecter à Internet dans leur activité professionnelle.

• Nous avons créé une quarantaine de centres communautaires numériques équipés d’une connexion Internet, d’un terminal et de services dans un environnement bien alimenté en électricité et climatisé.

Les citoyens qui n’ont pas Internet à la maison ou sur leur mobile peuvent se faire aider pour accéder à des services numériques et se familiariser avec le numérique.

Benin : une école de la fibre comme pilier d'une économie numérique forte

Pour soutenir le déploiement et la maintenance de réseaux très haut débit ainsi que le développement des usages du numérique dans l’économie, le secteur du numérique au Bénin a lancé un projet original d’Ecole de la Fibre. Cette Ecole de formation professionnelle aux métiers du numérique a vocation à servir de modèle de référence en Afrique de l’Ouest.

L’ADN

Créée en 2017, l’Agence pour le Développement du Numérique est une agence d’exécution de projets phares du Gouvernement du Bénin dans le secteur du numérique. Elle contribue à la concrétisation d’une économie numérique forte pour le développement des infrastructures haut et très haut débit et des usages numériques.

Serge Adjovi - Président, Agence pour le Développement du Numérique (ADN), Benin

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Le classement Doing Business incite à des politiques numériques sources de développement économiqueKarime Bensaid - Consultant e-gouvernement, Sofrecom

Pour David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale : « l'élimination des obstacles pour les entrepreneurs est synonyme d’amélioration de l’emploi, de hausse des recettes fiscales et d’augmentation des revenus, soit autant d'éléments requis pour réduire la pauvreté et améliorer les niveaux de vie ». Ainsi les gouvernements qui s’efforcent de simplifier les processus administratifs et de fournir des services numériques innovants aux entreprises, génèrent des

bénéfices directs et indirects pour leur pays.

La digitalisation du secteur public et la simplification de ses procédures administratives restent insuffisantes si elles ne contribuent pas à réduire les inégalités, à lutter contre la dégradation de l’environnement et à éliminer la pauvreté.Selon l'Union internationale des télécommunications (UIT), près de 87% des habitants des pays développés utilisaient l'Internet en 2019, contre seulement 47 % dans les pays en développement. Le numérique se doit avant tout d’être largement accessible, inclusif et inscrit dans la durabilité. Il est capital que les stratégies publiques donnent les moyens de l’inclusion numérique particulièrement aux populations ayant des besoins spécifiques, à savoir les peuples autochtones et les personnes vivant dans les zones rurales, les personnes handicapées, les femmes et les jeunes filles, les jeunes et les enfants.

Faire de l'inclusion numérique une réalité c'est donner aux individus la possibilité de réaliser leur potentiel grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Être connecté à internet, c’est avoir la possibilité de s’informer, d’accomplir à distance des formalités administratives (faits d’état civil, propriété, impôts …), de suivre des formations, de chercher de l’emploi, de faire des consultations médicales, de bénéficier de services d’alertes, de rester en contact avec ses proches…

L’amélioration du climat des affaires est l’un des moyens pour limiter la fracture numérique

Depuis 2003, le rapport annuel Doing Business de la Banque mondiale, analyse les règlementations de 190 économies dans 12 domaines. Il mesure la facilité de faire des affaires pour les petites

et moyennes entreprises. Ce rapport éclaire la conception de réformes nationales et motive ces réformes par le biais d’une analyse comparative par pays.

Les critères d’évaluation des économies vont de l’électrification à la facilité de création d’entreprise, en passant par la pression fiscale et la protection du droit à la propriété. Même si la digitalisation n’est pas un critère en soi, celle-ci transcende tous les autres. Son impact est très fort sur le classement et en particulier sur celui des économies africaines où l’innovation numérique constitue un moteur de la croissance économique.

Ce classement a incité les gouvernements du monde entier à entreprendre des réformes destinées à améliorer le cadre d'activité des entreprises, avec en ligne de mire une croissance économique durable.

L’Afrique et le Moyen-Orient en tête des pays ayant initié des réformes

La Banque mondiale a recensé depuis 2005, près de 3 850 réformes réalisées à travers le monde. Selon

son tout dernier classement, Doing Business 2020, 115 pays ont mis en œuvre 274 réformes entre mai 2018 et mai 2019. L’Afrique sub-saharienne porte à elle-seule, 25% de ces réformes. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ne sont pas en reste puisque 13 des 20 pays de la zone ont déployé 57 réformes (21%). Parmi les 10 économies qui ont le plus progressé dans ce dernier classement se trouvent l'Arabie Saoudite, la Jordanie, le Bahreïn et le Koweït.

Doing Business : moteur des investissements dans le numérique

La digitalisation des processus et des services est l’un des principaux moyens utilisés par les économies pour les rendre plus simples, plus efficaces et, in fine, toujours plus utiles aux entreprises comme au Gouvernement lui-même. Regardons plus précisément quelques exemples.

a) Le Bahreïn, pays qui a mis en œuvre le nombre record de neuf réformes entre mai 2018 et mai 2019, a progressé dans neuf des dix domaines évalués par l'étude et son classement général est passé de 62 à 43 entre 2019 et 2020, gagnant 19 places d’un coup.

En observant de plus près la nature de ces réformes, on constate rapidement que la transformation digitale du secteur public du Bahreïn est l’ultime recette de cette belle performance. On peut à ce titre citer plusieurs initiatives telles que :

• la mise en œuvre d’une plateforme en ligne Benayat pour la gestion de permis de construire,

• la numérisation et la publication des

informations pour le raccordement à l'électricité pour plus de transparence,

•ou encore le paiement électronique des cotisations d'assurance sociale pour faciliter le règlement des impôts par les entreprises.

Enfin, le Bahreïn a facilité l'exécution des contrats en créant un tribunal de commerce spécialisé, et en autorisant la notification électronique pour les assignations.

b) Le Maroc quant à lui a réalisé un bond de 7 places grâce notamment à l’accélération du commerce transfrontalier. Pour cela, il a introduit le paiement électronique pour les frais de port et a généralisé la dématérialisation du circuit de dédouanement.

c) En Arabie Saoudite, les demandes de permis de construire sont désormais traitées via une plateforme en ligne.

d) Au Togo c’est également l’approche utilisée. C'est un des 10 pays les plus actifs en matière d’amélioration de la règlementation des affaires en Afrique subsaharienne. Le pays a ainsi rendu tous les documents nécessaires, les reçus d’approbation et les frais, disponibles en ligne.

Pour que les entreprises puissent bénéficier au mieux des nouveaux services numériques proposés par leurs gouvernements, il est bien évidemment indispensable de déployer auparavant des infrastructures modernes et de qualité sur l’ensemble du territoire. Les ambitions Doing Business contribuent ainsi à motiver les gouvernements dans la mise en œuvre de plans stratégiques numériques inclusifs et ambitieux.

e) Le Gouvernement du Niger, à titre d’exemple, en partenariat avec la Banque Africaine de Développement, avait confié à Sofrecom la réalisation de trois études complémentaires au projet de la Dorsale Transsaharienne à fibre optique. Ce projet d’envergure va contribuer à l’augmentation effective de la connectivité au niveau régional et à la réduction du coût élevé des télécommunications. En facilitant l’accès des populations, des administrations et des entreprises à des services numériques de qualité, ce projet vise également à favoriser l’émergence d’une économie numérique.

L’analyse des actions menées par les Etats en faveur du climat des affaires et de leur classement Doing Business ancre une nouvelle fois l’idée que ces progrès ne sauraient avoir lieu sans la transformation digitale du secteur public. De manière directe et indirecte, cette dernière repose sur des investissements dans les infrastructures télécoms et des services qui, in fine, contribuent au développement économique et social des pays.

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Orange oeuvre pour une société numérique inclusive et responsable

S’il répond une préoccupation sociétale récente, l’engagement d’Orange en faveur d’une société numérique inclusive est inscrit dans son ADN. Il s’est manifesté tout au long de son histoire et de son développement dans près de 30 pays du globe. Dans le nouveau plan stratégique 2020-2025 du Groupe, il s’affirme comme un socle de sa croissance et de sa responsabilité sociale.

Quelles sont les ambitions du Groupe Orange en matière d’inclusion numérique ?

L’inclusion figure au frontispice de l’expression du nouveau plan stratégique du Groupe Engage 2025 qui a pour ambition d’agir pour l’égalité numérique, l’un des deux piliers de l’engagement responsable du Groupe avec la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, dans le cadre de la récente loi PACTE qui demande aux entreprises de définir le sens profond de leur contribution à la société et à la planète, le groupe a réaffirmé sa volonté d’exemplarité sociale en formalisant ainsi sa raison d’être : « Orange est le partenaire de confiance qui offre à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable » et la mission qui en découle : « garantir que, dans tous nos champs d’activité, le numérique soit pensé, mis à disposition et utilisé de façon plus humaine, plus inclusive et plus durable ».

Pourquoi Orange souhaite renforcer son modèle d’entreprise engagée et responsable vis-à-vis de ses collaborateurs, de ses clients et de l’ensemble de la société ?

Parce que nous avons la conscience et la conviction que le numérique est au centre de bien des activités humaines et un puissant moteur de leur développement. Être exclu du numérique, c’est vivre une forme de déclassement social et souvent économique. En Afrique, où nous opérons depuis plusieurs décennies, nous constatons le lien très étroit entre l’accès à des services numériques, tels qu’Orange Money adopté par 45 millions de clients, et le soutien au développement social et économique. Ce sont les mêmes constats dans les domaines de l’éducation,

de la formation, de l’agriculture... Les programmes que la RSE et la Fondation Orange déploient depuis plusieurs années nous confortent dans la certitude que la réduction des inégalités numériques passe par des actions d’inclusion des populations.

Comment avez-vous défini le nouveau programme d’actions qui servira l’ambition d’inclusion numérique d’Orange ?

Nous avons identifié les causes de la fracture numérique, puis analysé la façon de réduire les inégalités sur l’ensemble de nos géographies, sachant que nous y occupons des positions très différentes. Trois problématiques constituent des freins à l’inclusion numérique :

• La couverture réseau. Si elle est mature en Europe, il existe des marges de progrès significatives en Afrique et Moyen-Orient.• La connectivité. Dans l’introduction de son ouvrage « Human Web », notre Président, Stéphane Richard constate que près de 4 milliards d’individus sur la planète n’utilisent pas Internet alors même que 3 milliards d’entre eux sont sous couverture. Les raisons ? Leur incapacité financière à s’offrir un smartphone, le non-accès à une source d’énergie, l’absence de compétences adéquates. • L’illectronisme ou illettrisme numérique. Les dialogues que nous organisations avec nos parties prenantes révèlent des situations surprenantes : des populations, souvent jeunes, virtuoses dans l’art d’utiliser les réseaux sociaux pour leur développement relationnel personnel, ne savent pas toujours se servir du numérique pour trouver un emploi, faire des démarches en ligne, rechercher des informations.

Sur quels leviers la RSE d’Orange s’appuiera pour réduire la fracture numérique ?

Notre engagement va s’organiser autour de quatre actions structurantes pour tous les pays Orange :

1. Accroître la couverture du réseau en fonction des besoins identifiés dans chaque géographie : couverture des zones blanches et amélioration des débits en France, déploiement de la 5G en Europe et de milliers de nouveaux sites 4G déployés sur la zone MEA.

2. Accompagner les usages du numérique : nous déploierons, d’ici 2025, au moins un Orange Digital Center dans chacun de nos pays. Ces structures sont réellement emblématiques de notre engagement dans le domaine de l’inclusion numérique. Elles regroupent en un seul et même lieu quatre briques de la chaine de valeur de l’inclusion numérique : la formation au codage, un atelier de prototypage numérique de projet, un FabLab Solidaire, atelier de formation et fabrication numérique pour des jeunes en insertion exclus du numérique, un accélérateur de start-up et un accompagnement financier de l’entrepreneuriat. Elles fonctionneront en réseau afin qu’une start-up puisse bénéficier d’un écosystème élargi à d’autres pays. Elles intègreront progressivement des actions d’inclusion par la formation, déployées ces dernières années dans les pays, comme le concept à succès #SuperCodeurs. En complément, nous ouvrirons une Fondation Orange dans chaque pays pour déployer tous nos programmes d’accompagnement dont la vocation est de faire du numérique un facteur d’égalité des chances pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté.

3. Proposer une offre inclusive dans chaque pays, dans la continuité de premières expériences européennes. En France, nous avons développé pour des familles du Nord qui cumulent précarité sociale et numérique, une offre solidaire Coup de Pouce intégrant, pour un prix très bas, un accès Internet/téléphone fixe, un PC recyclé et une formation gratuite. Aujourd’hui, nous étendons cette offre au niveau national. En Espagne, le programme Gigas Solidarios propose à des clients de reverser leurs données non utilisées à des familles en situation de précarité à qui Orange fournit gratuitement un accès Internet et une tablette équipée.

4. Développer une offre de smartphones abordables, à moins de 20$ pour un 3G et moins de 40$ pour un 4G en MEA par exemple. En Europe, nous nous positionnerons sur le marché très dynamique des mobiles reconditionnés.

Vous souhaitez également capitaliser sur la dynamique d’engagement solidaire des collaborateurs d’Orange…

Nos collaborateurs sont toujours plus nombreux à

soutenir nos efforts d’inclusion numérique. Leur mobilisation est remarquable ! Ainsi 8 000 bénévoles interviennent pour la Fondation Orange et au sein des deux premiers Orange Digital Centers ouverts en Tunisie et au Sénégal. Dans nos boutiques, partout sur les territoires, ils animent des ateliers numériques. Avec le lancement du plan stratégique Engage 2025, leur engagement solidaire prend un sens nouveau. Nous voulons mieux accompagner et soutenir ce dynamisme de partage de compétences numériques à travers du mécénat de compétence, du bénévolat de proximité, du volontariat de formation et d’autres formats à inventer.

Votre politique d’inclusion numérique est-elle différenciée en fonction des pays ?

Pour donner de la lisibilité à un engagement de longue date et accroître l’efficacité de nos efforts, nous sommes dans une logique de passage à l’échelle de notre politique d’inclusion. Néanmoins, dans la mise en œuvre des actions, chaque pays s’appuie sur son dialogue avec ses parties prenantes pour répondre aux attentes et besoins particuliers de son environnement, de ses partenaires, des autorités. En outre, la dynamique d’innovation qui irrigue les pays n’a pas systématiquement comme origine le siège du Groupe. C’est en Tunisie que s’est développé le concept d’Orange Digital Center. Et, à bien des égards Orange Money, déployé dans 14 pays en Afrique, a préfiguré Orange Bank !

Mesurez-vous l’efficacité de vos actions d’inclusion numérique ?

Depuis presque 3 ans, nous nous attachons à mesurer, notamment en Afrique et en France, l’impact socio-économique non seulement de nos actions cœur de métier, mais de nos engagements de RSE. Les résultats se traduisent en points de PIB. Ils sont souvent significatifs : l’empreinte économique globale d’Orange est, par exemple, évaluée à plus de 10 points de PIB en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Ces mesures sont aussi utiles pour nous que pour les parties prenantes qui soutiennent nos efforts. Ils permettent une prise de conscience collective.

La mobilisation qui traverse notre organisation constitue un autre indicateur précieux du bien-fondé de notre engagement historique pour une société inclusive, un engagement profondément ancré dans la culture de l’entreprise. Nous sommes tous convaincus que le numérique est un facteur de développement des individus, des populations, des entreprises et des pays. A l’heure où la lutte contre l’inégalité numérique est devenue un enjeu sociétal, notre bilan en la matière renforce cette conviction et nous donne envie d’aller toujours plus loin.

Matthieu Belloir - Directeur de la RSE, Groupe Orange

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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ? L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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• En France, dans le cadre d’un programme porté par le mécénat de compétence, des salariés Orange forment des jeunes et des femmes au sein de 7 800 ateliers numériques gratuits. Ils leur apprennent à se servir du numérique - CV en ligne, usage des réseaux sociaux, e-réputation – pour trouver un emploi.

• En Afrique, nous avons ouvert 820 écoles numériques dans les zones reculées de 16 pays où les enfants n’ont ni livres, ni cahier, ni crayon. La Fondation équipe gratuitement les écoles de kits composés de tablettes connectées à un mini-serveur local et chargées du contenu pédagogique nécessaire pour acquérir les bases essentielles et le programme scolaire du pays.

Vers les femmes, vous avez lancé des maisons digitales : quel est leur rôle et comment fonctionnent-elles ?

Les 250 maisons digitales ouvertes dans 20 pays d’Europe et d’Afrique Moyen-Orient dont 101 en France, aident des femmes sans qualification et sans emploi à acquérir une autonomie financière via un parcours de formation de 6 à 12 mois, basé sur le numérique. Suivant les besoins identifiés dans chaque pays, les femmes apprennent le calcul, la prise en main d’un ordinateur, les usages d’Internet pour trouver ou créer un emploi, l’utilisation de certains logiciels professionnels...

Chaque femme travaille à l’élaboration d’un projet personnel. Elle est accompagnée dans la recherche d’une activité rémunérée. Chaque année la Fondation sélectionne parmi les projets personnels

de création d’activité, une dizaine de « coups de cœur » qu’elle soutient. Souvent ces projets permettent à la femme non seulement d’acquérir une autonomie financière mais aussi de créer des emplois au sein de son village pour faire vivre d’autres familles. C’est un cercle vertueux.

Quels sont les facteurs de réussite de ces maisons digitales ?

Avec le recul, nous réalisons que ces lieux de formation digitale sont aussi des lieux d’insertion sociale où les femmes partagent leurs expériences, leur histoire de vie sur toutes les problématiques qu’elles rencontrent : sociales, familiales, professionnelles. La réussite de ces maisons digitales repose sur deux facteurs : l’accompagnement dont les femmes bénéficient au quotidien de la part du formateur et du médiateur (ONG, association) pour monter leur projet et trouver un emploi ; l’implication de l’équipe locale Orange qui apporte de la consistance au projet et contribue au succès final.

Quel bilan faites-vous des actions de la Fondation ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2019 nous avons accompagné près de 50 000 jeunes et femmes formés au numérique en France, 200 000 écoliers formés sur nos tablettes digitales en Afrique et 5 000 femmes conduites vers l’emploi au sein de nos maisons digitales. Nous sommes très approchés par les Ministères en Afrique, les mairies et les collectivités locales en France avec qui nous travaillons par ailleurs sur des projets communs de Tiers Lieux solidaires dans lesquels la Fondation donne un accès à Internet et de la formation numérique.

Le nouveau plan stratégique d’Orange renforcera cet engagement sociétal fort. Il prévoit le déploiement dans tous les pays du Groupe d’un nouveau concept lancé en 2019 à Tunis puis à Dakar : les Orange Digital Centers. Ces lieux d’inclusion et d’innovation numériques permettront notamment à des jeunes et des femmes de s’inscrire dans un parcours d’éducation, de formation et d’entrepreneuriat professionnalisant.

La Fondation Orange pour faire du numérique un levier d'égalité des chances

Quel rôle joue la Fondation dans la réalisation de l’ambition d’égalité numérique du Groupe ?

Faire du numérique un facteur d’égalité des chances dans les 30 pays où elle intervient constitue une des grandes missions de la Fondation Orange. Cette ambition, inscrite dans la stratégie du Groupe, contribue plus globalement à son engagement sociétal d’entreprise responsable : soutenir et accompagner durablement le développement économique et social des territoires où il intervient.Pour cela, la Fondation Orange agit en faveur de l’insertion, par l’éducation et la formation numérique, de populations fragiles. Ces dernières années, elle a orienté son action sur deux priorités : l’insertion professionnelle des jeunes et l’autonomisation des femmes par le numérique. Les grands programmes qu’elle déploie dans tous les pays s’appuient sur le numérique pour :

• Aider les écoliers les plus démunis à accéder au programme scolaire, former et remotiver des jeunes sans emploi et les préparer aux métiers de demain.

• Donner ou redonner une autonomie financière à des femmes sans qualification et sans emploi.

Les programmes de la Fondation Orange se déploient-ils de façon identique dans toutes ses géographies ?

Les modalités d’interventions diffèrent selon les

régions et les pays parce que les topographies, les accès à la connectivité, la situation socio-économique et le contexte sécuritaire sont spécifiques. C’est la raison pour laquelle, dans chaque pays, nous travaillons en étroite collaboration avec les acteurs locaux de proximité qui connaissent bien les bénéficiaires qu’ils adressent à la Fondation : les Ministères, les Institutions publiques et les ONG en Afrique ; les associations locales (Missions Locales) et Pôle Emploi en France. Ces différents acteurs sont impliqués dans le choix des programmes pédagogiques, l’animation des formations. Dans chaque pays, les équipes locales Orange s’engagent également pour accompagner les actions : de nombreux collaborateurs bénévoles accompagnent les formations et transmettent à nos bénéficiaires leur savoir et leurs compétences.

Quels types d’actions menez-vous et comment les adaptez-vous aux différents contextes ?

Trois programmes sont orientés vers les jeunes :

• Les 105 FabLab solidaires ouverts dans 17 pays d’Europe et Afrique-Moyen-Orient donnent à des jeunes défavorisés ou en échec scolaire, l’opportunité de mettre sur pied un projet au sein d’ateliers de co-conception et de co-fabrication numériques en se servant d’imprimantes 3D, de fraiseuses numériques, de découpeuses laser. Ce parcours de formation gratuit est un tremplin vers une autre formation ou un travail.

La Fondation Orange porte une ambition forte du Groupe : faire du numérique un facteur d’égalité des chances pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation précaire. Dans les 30 pays où elle est présente, elle décline des programmes d’éducation et de formation numérique centrés sur l’employabilité des femmes et des jeunes. Au-delà de cet engagement, la Fondation mène des actions solidaires dans des domaines vitaux pour des populations particulièrement fragiles : l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation et, dans certains territoires, à la culture.

Françoise Cosson - Déléguée générale de la Fondation OrangeProjets de femmes formées dans une maison digitale, soutenus par le programme Coups de Cœur de la Fondation Orange

En Tunisie, Ghzela Bayar, 59 ans a développé un atelier de tissage, recruté 2 salariés. Elle projette d’acheter un 2ème métier à tisser et de recruter une autre femme.En RDC, Julienne Zawadi, 26 ans, a créé un commerce d’œufs dans son village.Au Sénégal, Penda Mbaye, 23 ans, a créé sa petite entreprise de bureautique et de sérigraphie et recruté deux femmes. En Espagne Matilde Manzano Salazar, 46 ans a créé son site d'e-commerce d’une ligne de lingerie qu’elle a créée.En Pologne Anna Wojcik, 32 ans, va créer et vendre un objet anti-stress pour soulager les problèmes respiratoires liés aux crises d’angoisse.

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L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ? L'inclusion numérique : un enjeu sociétal ?

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Orange Digital Center, un concept innovant de lutte contre l'exclusion numériqueAsma Ennaifer - Directrice du programme Orange Digital Center Afrique et Moyen Orient, Orange

Pour aider des jeunes et des porteurs d’idées innovantes à bénéficier de la révolution digitale, le Groupe Orange a l’ambition stratégique d’ouvrir un Orange Digital Center dans toutes ses régions y compris en France. Asma Ennaifer a joué un rôle moteur dans le développement et l’ouverture du premier Orange Digital Center inauguré à Tunis en avril 2019. Elle explique en quoi ce concept est une

vitrine de l’engagement d’Orange en faveur de l’inclusion numérique.

Orange Digital Center est un réseau de structures d’appui aux jeunes et spécifiquement aux entrepreneurs, qui a commencé à se déployer dans les pays Orange en Afrique et au Moyen Orient (MEA).Chaque Orange Digital Center concentre en un même lieu trois programmes :

• une Ecole de codage, centre technologique libre d’accès et gratuit;

• un FabLab solidaire de la Fondation Orange, atelier de fabrication permettant de passer de l’idée à la création et de prototyper avec des équipements numériques;

• un Orange Fab, accélérateur de start-up.

S’y ajoute Orange Digital Ventures Africa, le fonds d’investissement du Groupe Orange doté de 50 M€, qui finance les start-up innovantes des pays de la région MEA.

Orange Digital Center a vocation à former au numérique, encadrer et accompagner des jeunes, diplômés ou non, ainsi que des porteurs d’idées innovantes, pour les encourager à entreprendre dans le numérique ou les préparer aux emplois de demain (IA, Cyber-sécurité…). C’est une structure de soutien à l’employabilité et à l’entrepreneuriat dans des pays où le chômage des jeunes est élevé. Ainsi l’Ecole du code s’adresse particulièrement aux étudiants, aux geeks, aux jeunes développeurs et porteurs de projets. Le FabLab solidaire cible les mêmes publics mais également des jeunes sans diplôme et sans emploi. Orange Fab accompagne le développement commercial des start-up les plus prometteuses, tandis qu’Orange Digital Ventures Africa les aide à construire des partenariats commerciaux avec le

Groupe Orange et le réseau mondial des Orange Fabs.

Les Orange Digital Centers contribuent à la formation professionnelle des jeunes et des femmes

Orange Digital Center dispense aux jeunes, et particulièrement aux filles et aux femmes, des formations pratiques opérationnelles et un accompagnement de qualité. En les faisant travailler sur des projets réels et concrets, la structure se positionne ainsi à l’interface de l’université et du marché du travail. Elle répond bien aux besoins des entreprises qui recherchent des profils immédiatement opérationnels alors que les formations académiques restent souvent trop théoriques. Les Orange Digital Center contribuent à l’inclusion numérique des jeunes et des femmes en les préparant à l’exercice d’un métier dans un environnement proche du monde professionnel. Ils leur permettent ainsi de devenir acteurs à part entière du monde de demain.

Comment fonctionne un Orange Digital Center ?

La valeur ajoutée d’un Orange Digital Center réside principalement dans la création de synergies entre les quatre lieux qui le structurent : après avoir été formé aux dernières tendances du numérique à

l’Ecole du code, un jeune pourra concrétiser son prototype et faire aboutir son projet technologique au sein du FabLab solidaire, puis choisir de lancer sa propre start-up en bénéficiant d’une incubation technologique ou de s’orienter vers le marché de l’emploi pour lequel il sera opérationnel. En outre, grâce à leur fonctionnement en réseau, ces lieux permettent un échange d’expériences et d’expertises qui bénéficient aussi bien aux étudiants, aux jeunes diplômés ou non, aux travailleurs en reconversion professionnelle, qu’aux entrepreneurs.

Le 1er Orange Digital Center a été lancé à Tunis

L’Orange Digital Center de Tunis associe de nombreux acteurs notamment le gouvernement, les ONG locales et internationales et le monde académique avec 27 universités partenaires. L’implication de ces parties prenantes est indispensable pour garantir que la structure répondra au mieux aux enjeux d’inclusion du plus grand nombre, et à l’ensemble des attentes : celles des gouvernements, mais aussi celles des jeunes et du monde professionnel. Cette implication garantit également la pérennité et l’efficacité de l’impact des programmes déployés par l’Orange Digital Center.

Le concept s’est bâti en Tunisie sur le retour d’expérience significatif de différentes initiatives lancées dans le pays depuis 10 ans. En effet, c’est à Tunis qu’en 2010, Orange a ouvert son premier « Orange Developper Center » en Afrique, c’est-à-dire

sa première Ecole du code, gratuite et ouverte à tous. Parallèlement, ont été lancés 5 FabLabs solidaires avec l’appui de la Fondation Orange, puis un Orange Fab. Au final, depuis 10 ans Orange Tunisie a formé 18 000 jeunes au numérique dans son Ecole du code et au sein de 27 universités. Elle a accompagné 38 start-ups, initié au code 1 000 adolescents et déployé dans les universités 5 Orange Digital Center Club, filiale de l’Ecole du code dans les universités.

L’Orange Digital Center lancé à Dakar fin 2019 a été conçu sur le modèle tunisien tout en tenant compte du contexte local

Doté d’une superficie de 2 000 m² sur six étages, l’Orange Digital Center de Dakar est le premier de l’Afrique de l’Ouest. Comme son voisin tunisien,

il intègre les 3 programmes d’accompagnement : l’Ecole du code « Sonatel Academy », un FabLab solidaire déployé en collaboration avec une ONG locale et le support de la Fondation Orange, ainsi qu’un Orange Fab accélérateur de start-up. Il s’appuie également sur Orange Digital Ventures Africa. Calqué sur le modèle tunisien, il s’adapte néanmoins au contexte local et surtout aux attentes de ses bénéficiaires.

D’ici 2025, Orange ouvrira, un Orange Digital Center dans tous ses pays.

La stratégie RSE du groupe Orange et la politique de la Fondation Orange reposent principalement sur une vision concertée d’aide au développement. En 2025, il n’y aura pas de performance économique sans exemplarité sociale. C’est pourquoi, Orange s’engage durablement pour l’égalité numérique, avec des éléments de preuves concrètes, comme le déploiement d’un Orange Digital Center dans chacun de ses pays en Afrique Moyen-Orient et en Europe.. C’est une approche simple et inclusive pour encourager l’innovation, l’entrepreneuriat et soutenir le tissu numérique local des pays concernés.

Pour la région MEA, je coordonne sous la direction de la RSE d’Orange et en étroite collaboration avec les chefs de projet de chaque filiale impliquée, l’équipe de gestion du programme basée en Tunisie. Les prochaines ouvertures sont prévues notamment au Cameroun, en Ethiopie et en Jordanie sur le 1er semestre 2020. Dans les autres pays Orange en MEA, les déploiements se feront en 2020 et 2021. tous les pays européens et les divisions opérationnelles en France seront équipées à horizon 2025.

Il faut souligner, par ailleurs, qu’Orange a signé en décembre dernier un accord de partenariat sur 3 ans avec la GIZ, bailleur de fonds du Ministère Fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), pour soutenir l'employabilité des jeunes à travers le déploiement et le renforcement du réseau des Orange Digital Centers. Cette alliance stratégique et son fonds de soutien de 30 M€ contribueront au développement des compétences numériques d'au moins 20 000 jeunes et à la création de 8 000 emplois dans 14 pays de la région MEA : Tunisie, Sénégal, Maroc, Jordanie, Cameroun, Éthiopie, Mali, Madagascar, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, Égypte, Burkina Faso, Guinée et Libéria.

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très qualifiés de développeurs informatique, d’intégrateurs, d’architectes, d’experts DevOps, de coaches agiles…L’initiative la plus symbolique est sans doute la création, en janvier 2019 au Maroc, de la Sofrecom Academy. Basée à Casablanca, ce programme de formation de 8 semaines a vocation à améliorer l’employabilité et l’insertion professionnelle des jeunes marocains diplômés en informatique, à travers une formation complémentaire qualifiante et certifiante.

Dispensé par des formateurs Sofrecom, le cursus inclut des formations techniques en développement informatique ainsi que des enseignements méthodologiques et comportementaux, comme la culture agile. A la fois théorique et pratique, la formation comporte un tronc commun d’enseignements et un parcours d’immersion dans les projets de Sofrecom Maroc, suivi d’une évaluation des compétences opérationnelles acquises. Il ouvre aux jeunes de chaque promotion un accès au monde du travail.Sofrecom est par ailleurs partenaire de plusieurs associations qui agissent en faveur de l’orientation

des jeunes et de l’intégration professionnelle des personnes qui rencontrent des difficultés accrues d’accès à l’emploi, comme les jeunes issus de milieux défavorisés ou les personnes handicapées.Ce sont ces personnes qui rencontrent des difficultés accrues d’accès à l’emploi, comme les jeunes issus de milieux défavorisés ou les personnes handicapées.

Sofrecom, engagée pour l'inclusionClaire Khoury - Directrice Marketing, Communication et RSE, Sofrecom

Le développement de compétences numériques locales, tant dans le domaine des infrastructures que celui des développements digitaux, est un prérequis indispensable pour faire du numérique un facteur d’inclusion dans chaque pays du globe. Fort des compétences pointues de ses experts et consultants et de 50 ans d’expérience dans plus de 100 pays, Sofrecom agit pour l’emploi et pour la

formation aux métiers du numérique partout où il intervient.

A l’instar du Groupe Orange dont il fait partie, Sofrecom met l’humain au service de son développement et de celui de ses clients. Il a structuré sa mission autour de trois engagements forts qui participent aux enjeux de l’inclusion numérique :

Contribuer à l’emploi local par le recrutement de talents porteurs de diversité

Pour accompagner la transformation digitale et le développement de ses clients partout dans le monde, Sofrecom s’appuie sur 11 implantations locales qui regroupent 2 000 experts et consultants. Ces derniers représentent plus de 30 nationalités ! En effet, dans le cadre de sa politique de RSE, Sofrecom encourage le recrutement et la formation de talents locaux et promeut l’accès des femmes aux filières techniques et aux postes à responsabilité. Sofrecom a d’ailleurs été, en 2015, la première entité du Groupe Orange labellisée Diversité AFNOR pour sa politique de promotion des diversités, de non-discrimination et d’égalité professionnelle. Sofrecom a la conviction que la multiculturalité est un levier pour renforcer son insertion dans les écosystèmes locaux et y développer des partenariats. C’est aussi une de ses façons de contribuer au développement social et économique des pays dans

lesquels il intervient. En Tunisie, Sofrecom a

ainsi recruté +700 jeunes diplômés

depuis 2011. Au Maroc,

Sofrecom Services Maroc réunit déjà près de

500 collaborateurs dont la moyenne d’âge est de 32 ans. 89% sont des ingénieurs télécoms et IT parmi lesquels 42% de femmes ingénieurs. Notre filiale marocaine devrait créer 200 emplois supplémentaires d'ici 2023, constitués en grande majorité, d’ingénieurs et de développeurs.

Mettre en œuvre le transfert de compétences

Sofrecom envisage ses interventions auprès de ses clients, opérateurs et gouvernements, comme une co-construction dynamique : nous associons nos clients à la construction de leur futur et aidons leurs collaborateurs à devenir acteurs du changement. Que ce soit sur des projets de déploiement de fibre optique ou de supervision des réseaux, pour des métiers de techniciens ou d’ingénieurs, nos experts et consultants partagent leurs connaissances pour contribuer à la montée en compétence des acteurs locaux et favoriser leur autonomie dans la mise en œuvre et le pilotage de leurs infrastructures. Ils leur apportent de la formation en concevant des parcours d’apprentissage sur-mesure, ainsi que des méthodes et des outils.

Former aux métiers du numérique : la Sofrecom Academy

Parce qu’en Afrique décrocher un premier emploi n’est pas toujours facile, et que l’adéquation entre formation-emploi est rarement garantie, Sofrecom a signé, au Maroc et en Tunisie, plusieurs conventions de partenariat avec des écoles d’ingénieurs et le monde académique. Ces partenariats permettent à des étudiants et à de jeunes diplômés de développer leurs compétences dans des secteurs porteurs comme la mobilité, la sécurité, la gestion de données, le cloud et l’offshoring IT en forte croissance dans la zone. Ils offrent à Sofrecom et à ses clients l’opportunité de recruter des profils

Sofrecom a accompagné, durant un an, le Ministère du Développement de l’Economie Numérique & des Postes du Burkina Faso dans le déploiement d’un réseau d’interconnexion internationale avec le Ghana, soit 300 km de fibre optique.

Enjeux : offrir aux citoyens et aux entreprises une connexion Internet abordable et de qualité et faire du numérique un levier de développement socio-économique. Dans le cadre de cette mission, nos consultants ont contribué à l’emploi local et à la formation des employés du Ministère.

Nos experts ont géré ce projet de bout en bout. Ils ont spécifié et conçu le design du réseau, puis supervisé et contrôlé son déploiement par Huawei et procédé aux vérifications de conformité afin de garantir le respect des standards internationaux et une qualité durable.Nos équipes ont également veillé à ce que le déploiement de l’infrastructure contribue à l’emploi local, notamment celui des femmes, et à la qualification des intervenants : ainsi plus de

2 600 habitants des agglomérations traversées ont été formés et employés, dont 800 ouvrières, pour un total de 39 000 journées travaillées. Les femmes ont notamment été impliquées dans le rebouchage des tranchées, une tâche minutieuse qui requiert une attention particulière pour atteindre le niveau de qualité spécifié dans les normes internationales.Nos consultants ont par ailleurs formé aux missions de contrôle 4 agents du Ministère. Au terme de 4 jours de formation théorique et pratique, et de 2 semaines d’accompagnement sur le terrain, ces agents ont pleinement assumé leurs nouvelles responsabilités au sein du projet. Ils assurent désormais leurs missions en toute autonomie et peuvent diffuser à leur tour leurs compétences numériques en formant des collègues.

Le Burkina Faso dispose donc de premières ressources locales qualifiées pour mener à bien de futurs projets.

Au Burkina Faso, Sofrecom contribue à l’emploi et à la formation

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Nos bureaux et implantations

Inclusion numérique : enjeu sociétal ? est publié par :

Sofrecom24, avenue du Petit Parc94307 Vincennes cedex, FranceCapital social : 7 120 000, RCS Créteil

Directrice de la publication :Claire Khoury

Responsables éditoriaux :Aurore Guichard

Contributeurs : Serge Adjovi, Matthieu Belloir, Karim Bensaid, Marianne Brunat, Françoise Cosson, Asma Ennaifer, Claire Khoury, Maria Macra, Sylvie Pierrot-Allain, Hicham Saoud

Conception graphique : Assia Derni, Aurore Guichard

Édition : Imprimé en France sursite Imprim'Vert - PEFC FSCPapier Creator Silk Blanc 135get 250g

SOFRECOM S.A France24 avenue du Petit Parc 94307 Vincennes Cedex France +33 1 57 36 45 00

SOFRECOM Algérie19, rue de Cirta - Hydra Alger Algérie+213 21 60 70 67

SOFRECOM ArgentineReconquista 609 C1003ABM Buenos Aires Argentine+5411 45 15 90 00

SOFRECOM BéninQuartier Saint Jean 01 BP 5650 Cotounou Bénin

SOFRECOM Côte d’Ivoire7, Avenue Noguès Immeuble BSIC, 5ème étage BP5754 AbidjanCôte d’Ivoire+225 47 32 77 87

SOFRECOM Géorgie34 Chavchavadze Ave., Pixel Building, 7eme étage, TbilisiGeorgia

SOFRECOM IndonésieGraha Aktiva, 4th floor JI. HR. Rasuna Said Blok X-I Kav.3 Jakarta 12950 Indonesia+ 62 21 52 92 03 50

SOFRECOM Middle Eastsite de DubaïDubai Silicon OasisAuthorityTechno Hub 2 - GroundFloorDubaï – United Arab Emirates+971 4307 5588

site de Riyad2920 al amir faisal ibn turki ibnabdul azizAl Murabaa districtUnit number 2927Riyadh 12626 – 6070

SOFRECOM Services Marocsite de RabatTechnopolis Batiment B0, 2eme étage11100, Sala Aljadida Maroc+212 5 37 27 99 00

site de CasablancaCasanearshore ParkShore 22 1100 bd AL QodsSidi Maarouf, Casablanca Maroc+ 212 5 22 86 11 19

SOFRECOM TunisieImmeuble Matrix Rue du Lac Constance Les Berges du Lac Tunis Tunisie+216 71 162 800

La transformation digitale suscite l’engouement à tout niveau. En quelques années, elle est devenue un enjeu

capital pour l’économie et la société de demain. Bien que les pouvoirs publics et de plus en plus d’acteurs du numérique œuvrent à la mise en place de cadres pragmatiques, de bonnes pratiques et que les initiatives se multiplient, il reste beaucoup à faire afin

que le numérique profite véritablement à tous.

Paradoxalement, l’arrivée du numérique dans le quotidien peut être un véritable frein pour certaines personnes,

voire un facteur d’exclusion, même sur les activités qui nous semblent aujourd’hui si simples. Un fossé peut ainsi se creuser entre, d’une part, ceux qui utilisent les potentialités du numérique pour leur accomplissement personnel ou professionnel, et d’autre part, ceux qui ne sont pas en état d’exploiter ces potentialités, faute d’accès aux différentes technologies ou à cause d’un déficit de compétences.

Des discriminations et des inégalités peuvent ainsi s’instaurer ou se renforcer dans différents domaines tels que: l’accès à l’emploi, à la formation et aux possibilités d’apprentissage continu, l’accès aux biens de consommation et aux services; des modalités inégales d’accès aux services publics et à la participation démocratique,….

Le processus social de l’inclusion numérique doit ainsi incorporer trois dimensions essentielles : réduire la fracture numérique, exploiter les opportunités numériques, favoriser l’implication et l’expression de tous dans la société de l’information.

A l’heure où le Covid-19 touche tant de sociétés et d’économies, nous voyons une fois de plus l’importance du numérique que cela soit pour garder le lien social, poursuivre les activités professionnelles, ou lutter contre la propagation du virus.

Nous avons souhaité au travers de cette publication, analyser différentes pistes et proposer des solutions pour que le formidable essor du numérique soit une opportunité et un facteur de développement pour tous. Nous espérons y être parvenus.

Guillaume BoudinCEO, Sofrecom

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