Liberation N°9637 - Lundi 07 Mai 2012

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PHILIPPEDESMAZES.AFPNORMAL!1,50 EURO. DEUXIME DITION NO9637 LUNDI 7 MAI 2012 WWW.LIBERATION.FRIMPRIMENFRANCE/PRINTEDINFRANCE Allemagne 2,20 , Andorre 1,50 , Autriche 2,80 , Belgique 1,60 , Canada 4,50 $, Danemark 26 Kr, DOM 2,30 , Espagne 2,20 , EtatsUnis 5 $, Finlande 2,60 , GrandeBretagne 1,70 , Grce 2,60 ,Irlande2,35, Isral 19ILS, Italie2,20, Luxembourg1,60, Maroc16Dh, Norvge26Kr, PaysBas2,20, Portugal (cont.) 2,30, Slovnie2,60, Sude23Kr, Suisse3FS, TOM410CFP, Tunisie2,20DT, Zone CFA 1900CFA.Franois Hollande est luprsident de la Rpublique avec 51,67%des suffrages. Des milliers de personnes ont ft sa victoire Paris.6mai 2012, laBastille effervescenteHLIBRATION LUNDI 7 MAI 20122EVENEMENTFranois Hollande est luprsident de la Rpublique avec 51,67%des suffrages. Des milliers de personnes ont ft sa victoire Paris.6mai 2012, laBastille effervescenteMerci, peuplede France icirassembl, adclar FranoisHollande hier soirplace de laBastille.PHOTOALBERT FACELLYPar NICOLASDEMORANDEnfinLa joie. La joie immense. Celle devoir une parenthse se refermer, unemaldiction se dissiper. Et de quellemanire! Franois Mitterrand naurapas t une anomalie de lhistoiremais le premier prsident de gauche.Il y en a dsormais un deuxime:Franois Hollande. Pour le peuplede gauche, 2012 fait renatre 1981,redonne de la vie et des couleurs ces images vieillies, spia, quisemblaient condamnes aux livresdhistoire. Aux souvenirs intimes desanciens ou des gosses que certainsdentre nous taient alors. 2012efface aussi le 21 avril 2002, cettebrlure, cette blessure. Dix ans plustard, le traumatisme davoir vu, unsoir, la gauche raye du paysagepolitique franais est rpar.Quest-ce que voter gauche?Cest se dire, en dpit delindividualisme des socitscontemporaines, quun nousexiste. Que des ides commela justice, lgalit, le partage etla solidarit peuvent et doiventorganiser la vie publique. Commeces institutions et ces biens publics,crs par le Conseil national dela rsistance, qui nous prexistent etnous survivront aprs nous avoirfaonns. Quil est possible, donc,daller contre les valeurs de lpoquepour faire vivre ce qui rassemble,au lieu de suivre la pente naturelle,dcouter la petite voix qui parle enchacun de nous et engage ne vivrenos vies que pour dfendre desintrts individuels. Dans une Franceabme, qui aurait pu faire le choixde se barricader derriredes frontires fantasmatiques enressassant son pass, la victoire deFranois Hollande dmontre que lepays aura prfr lespoir. Regarddevant et non derrire. Savourons cemoment o un peuple dcide de faireun tel choix. Et de regarder lavenir.Car telle est dsormais la tche quiattend Franois Hollande. Rparerle pays, bien sr. Refaire la socit,videmment. Rduire les ingalitsde destin entre les Franais, quelsquils soient et do quils viennent.Mais pour que tout cela advienne:dessiner, surtout, lavenir. Montrerque la France nest pas quunpatrimoine, une histoire, unegrandeur passe. Quelle peut aussise projeter dans le futur et serinventer. Cette page blanche,inquitante par bien des aspects,exaltante par beaucoup dautres,doit commencer scrire. Demanire rsolue, imprative, pourne pas dcevoir ce vote et laconfiance quil manifeste encoredans la capacit de la politique changer les choses, dfaut de la vie.Le travail ne fait que commencer etil sera rude, ds demain. Maisaujourdhui, soyez heureux et vivezpleinement ce joli mois de mai.DITORIALLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012 H3De la place de la Bastille auCapitole Toulouseenpassant par la place de la Victoire Bordeaux,le peuple de gauche a clbr hier soir la victoire deHollande, trente et unans aprs celle de Mitterrand.UnmomenthistoriqueCoupes champagne enplastique, scnesde joie, embrassades: bienavant 20heu-res, la foule stait masse place de la Bas-tille, Paris, devant le sige du Parti so-cialiste, dans les rues Et ce fut pareil Lyon, Marseille, Lille, partout enFrance. Tour dhori-zon dans la fte dun soir historique.ParisAla seconde olimage de Franois Hollande sestaffiche sur lcran install place de la Bastille,une immense clameur a fus de la foule, dans unefort de bras levs, suivie instantanment par desfumignes. Des rues autour, bloques la circula-tion, des renforts humains hilares ont afflu versla place. Elise, 22 ans, clbre son premier voteprsidentiel une bire la main. Un homme fendla masse compacte avec un sac do il sort undjemb, entamant en rythme unSarko,d-gage!Des centaines de personnes regardent avecjubilationle discours duprsident dfait, poussantdes wouhouh!rprobateurs. Onentendunca-botin!un il fallait y penser avant!La questiondu soir: Hollande viendra-t-il faire undiscours?La scne de concert finit dtre prpare. Premierair tlphon: a, cest vraiment toi. a danse unpeu, lIrakienne Walaa voque une fissure dansle front conservateur, une grande perche aux allu-res de soixante-huitard dit : Cest quand mmemieux quil y a cinq ans, quand on se tapait dessusavec les flics.Ce soir, on fait la fte, poursuit levieux briscard. Demain, on retourne au turbin, eton le surveille.De lautre ct de la place, ds 19h30, le secondtage dusocle de la colonne de la Bastille tait prisdassaut et le drapeau du Parti communiste taitagit avec nergie. Unoriginal sest confectionnunfanion deux faces: unct bleu-blanc-rougeet unautre rouge, frapp de la faucille et du mar-teau. Its a bigstory, note Bruno Waterfield, re-porter auDaily Telegraph. Ungrand pays europenbascule gauche.A20 heures, le 51,90%saffi-che. Cest la liesse. Un peu plus tard, au Caf delopra, juste aprs le discours de Hollande. Maa,20ans, tudiante: Jai vot pour Hollande causede son discours sur lducation. Quand je vois mamre avec ses classes de 35lves primo-arrivants,il faut donner les moyens. Lucile, 20 ans: Moi,cest pour plus de justice sociale, arrter de faire peuravec les trangers.Aquelques stations de mtrode l, sur les trottoirsdserts du canal Saint-Martin, ce sont dabordleurs drapeaux rouges et verts quonrepre. Oli-via, 66ans, Jean-Claude, 77 ans, militants auFrontde gauche et auRseauEducationsans frontires,marchent vers Bastille, certains de revivre unmo-ment historique, mais sans illusion. Larrive dessocialistes au pouvoir, cest la certitude quil vafalloir se battre, dit Olivia. On veut la rgularisa-tion de tous les sans-papiers, et a, on ne laura pascomme a. On sait aussi que les marchs vont ragircontre la France, quil va falloir empcher des usinesdefermer.Ilstaienttousdeuxprsentsenmai 1981. anarienvoir, prvient Jean-Claude,ancieningnieur auCNRS. Nos espoirs ont t dusds 1983!Mme impressionde victoire endemi-teinte pour Eric, facteur quinquagnaire. Le seulprogramme qui vaille, cest celui dune gauche unie,qui se bat pour le partage des richesses. Sans ce pro-jet, les nationalistes seront au pouvoir en 2017. Nelchons rien!Duct de la rue de Solfrino, sige duParti socia-liste, lambiance tait survolte ds 17 heures. Apartir de 19heures, plus rienni personne ne passe:ni rseaux, ni sympathisants, ni caciques du PS,tant la foule est dense. Peuimporte, les leaders so-cialistes affichent une mine rjouie, ycompris Ju-lien Dray, que lpisode de lanniversaire rueSaint-Denis ne semble pas avoir banni des festivi-ts. Le comdien Jacques Weber est venu en fan,Sur la GrandPlace de Lille, hier soir. PHOTOOLIVIERTOURONRue de Solfrino, Paris. PHOTOVINCENT NGUYEN.RIVAPRESSnLIBRATION LUNDI 7 MAI 20124EVENEMENTPlace de la Victoire, hier soir, Bordeaux. PHOTORODOLPHEESCHERMerci, peuple de France ici rassembl, a dclar Franois Hollande, hier soir, place de la Bastille. PHOTOALBERT FACELLYenthousiasm par Franois Hollande. Au dbut,jtais pour Mlenchon. Et puis lhomme ma peu peu convaincu. Aujourdhui, cest un type construit,qui a la stature dun chef dEtat.Beaucoupde res-ponsables europens sont prsents. Le vice-Pre-mier ministre irlandais et leader du Labour, Ea-monGilmore ne cache pas sonenvie daller danser la Bastille: Pour nous, ctait trs important queHollande soit lu, on a besoin de lui pour rengocierle trait en y intgrant plus de croissance. Mmesatisfaction pour le dput europen Thijs Ber-man: La gauche europenne attend Hollande avecimpatience, il y en a assez du ftichisme de laust-rit.Et doser ce joli jeude mots: Moi, Nerlan-dais, je suis trs heureux que, ce soir, la majorit desFranais soient hollandais!ClichysousBoisLes larmes de Zoulika 20heures: Cest fini. Onva se sentir nouveau chez nous.Et puis des rires,des embrassades avec ses amis ducollectif dACle-Feu, qui organisait une garden-party Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ici, on fte la d-faite de Sarkozy plus que la victoire de Hollande.Pendant cinq ans, et mme avant, il nous a faitcomprendre quon ntait pas franais, que nos en-fants taient des voleurs, quon navait pas notreplace. On ne se rend pas compte de la violence de touta. Mais cest fini, rpte Zoulika. MohamedMechmache, prsident dACleFeu, garde la ttefroide: Il ne faut pas que la gauche oublie une nou-velle fois ses promesses. Nous serons l pour lui rap-peler.Premier geste, ce soir, il annonce son in-tention de se prsenter aux lgislatives.MarseilleUne jeune femme approche de la brasserie osontrunis les cologistes marseillais. Alors, cest sr,avatre Hollande?Il nest pas 20heures, les mi-litants ne partagent que des estimations et des sou-rires hsitants. Il y a quelque chose de lordre dela superstition: tant que la tlvision naura pasmontr le visage dunouveauprsident, ondoute.En cas de terrible dsillusion, Europe Ecologie aprvu unsuicide collectif au sommet des marchesde la gare Saint-Charles. Sinon, bal-guincheavec chorba bioet tapas dans cette ancienne bras-serie que les cologistes ont rcupre. Onentenddes Sarko en prison, Sarko en prison! Le d-compte est repris en chur, et voil quapparatle visage de Hollande. Les hurlements couvrent lavoixdes journalistes, unludEurope Ecologie-lesVerts arrose la foule de champagne. Pas de suicidecollectif ce soir. Les klaxons envahissent la rue. Uncouple de militants senlace labri dune portecochre.LyonJarrive un ge o on a une certaine lucidit, ditPatrick. Ce sociologue est venuclbrer la victoirede Franois Hollande au Transbordeur, salle despectacle lyonnaise. En 1981, javais 20 ans etmon enthousiasme tait un peu utopique. L, je saisque a va tre difficile.Michle, enseignante re-traite, cultive le mme ralisme: Je ne pense pasque Hollande va pouvoir tout changer, mais je croisvraiment que a va tre mieuxquavec Sarkozy. Cestun gars trs clair, droit, honnte.Prosper, Walidet Ahmed, eux, exultent: Ce soir, on est heureux,on clbre. On est tellement contents quils dgagenttousCe que Simonretient du premier discoursde Franois Hollande, cest sonappel aurassem-blementqui tranche, selonlui, avec la volont deSarkozy de dresser les Franais les uns contre lesautres.BordeauxDs 15 heures, le PS installe un cran sur la placede la Victoire, rendez-vous des ftards et des tu-diants. Acinq minutes des rsultats, lendroit estnoir de monde. Quatre copines qui se pressent aumilieude la foule sortent des coupes enplastique.On vit un moment historique, les enfantslchelune delle. Le compte rebours est lanc. Descris, des chants et des hurlements saluent lappa-ritionde Franois Hollande sur lcran. Aupremierrang, AlainRousset, le prsident de la rgionAqui-taine, quelondit ministrable,craseunelarme.Uneroselamain, il dguste le moment.ToulouseDs 19 heures, des chiffres circulentdans la foule de la place duCapitole.Dj, des sourires clairent les visages. Une bou-teille la main, Karine, 52 ans, regarde la tl surson tlphone: On est venu avec des verres, duchampagne et notre cur.Et notre foi, rajouteMichel ses cts. Tout coup, la joie explose.Hollande a gagn. Le bouchonsaute. Les mains setendent, applaudissent. La victoire donne des ailes quelques jeunes qui escaladent la faade de lamairie pour y agiter des drapeaux et faire sonnerla cloche du Capitole.LilleOn ntait pas l en 81, on fait notre 81 comme onpeut. Ils se disent socialistes de cur, ils ontvot Hollande ouMlenchonaupremier tour, Hol-lande hier. Juliette, 24 ans, Christophe, tudiant,et Nicolas. Onles a trouvs sur la Grand-Place deLille. Fanny Bouyagui, ducollectif Art Point M, etAurlienBinder, directeur duZnithde Lille, fontlambiance, bnvolement, avec leurs platines,bazar, ordis. Aleurs pieds, sur la balustrade, unephoto de Hollande. La sono mixe la Vie en rose enhouse, et le Moi, prsident de la Rpublique deHollande. Ona perdu Juliette, Nicolas et Christo-phe dans la foule qui saute et hurle de joie. Sarkozynous a fait comprendrequonntait pas franais, quonnavait pasnotre place. Mais cest fini.ZoulikaClichysousBois, hier soirALEXANDRA SCHWARTZBROD,FRDERIQUE ROUSSEL, LAURE NOUALHAT,CATHERINE MAUSSION ( Paris), ALICE GRAUD( Clichy-sous-Bois), OLIVIER BERTRAND( Marseille), CATHERINE CORROLLER ( Lyon),STPHANIE LACAZE ( Bordeaux), GAL CEREZ( Toulouse) et HAYDE SABRAN ( Lille)LIBRATION LUNDI 7 MAI 2012 nEVENEMENT56EVENEMENTHollande a pass le week-enddans sonfief corrzien, avant de senvoler pour Paris vers 23heures.ATulle, les premiers pas duPrsidentTulle, dimanche 6 mai 2012. Aquoi re-connat-on lhistoire qui se fait? Aunsilence, puis des mots simples et sobrescest bienprononcs autlphone vers18h30 par le candidat qui ap-prend son lection. A ce senti-ment diffus qui court dans lesrues de la petite ville enclave dans un plitroit de la rivire Corrze, plante de sa touradministrative en bton, parmi les15000 Tullistes et les 367 journalistes dp-chs pour couvrir lvnement.20heures. Alapparitiondu visage du vain-queursuruncrangant,uneclameurmonte de la place de la Cathdrale o desmilliers de personnes attendent sonarrive.Franois Hollande met la dernire main sondiscours dans sonbureau du conseil gnralen prsence de Valrie Trierweiler, sa com-pagne. Tandis quAquilinoMorelle, sa plume,planche dans la pice adjacente. Franois,Franois lElyse, scandent les Tullistes,sous des nuages noirs et des trombes deau.Il y aurade lapluie mais pas de larmes, avaitprvenu Hollande un peu plus tt. Bien vu.Hollande prsident, vive Tulle, maintenant lalibert, brandit une dame lunettes rouges.Des troues de bleu apparaissent.21h25. Hollande dbute sa premire allocu-tion prsidentielle. Je mesure lhonneur quimest fait et la tche qui mattend. Devant vous,je mengage servir mon pays avec dvoue-ment, avec exemplarit, dbute-t-il, adoptantuntontrs lent. Beaucoup attendaient ce mo-ment depuis de longues annes, dautres, plusjeunes, ne lavaient jamais connu.Certains avaient eu tant de dcep-tions []. Je suis fier davoir t ca-pable de redonner espoir.AParis, Lionel Jos-pin, lhomme du 21 avril, acquiesce: Cenest pas une cicatrice quon efface, cest unepreuve quon dpasse.Rituels. Ala tribune, sonpoulainreprendsescredo: redressement et rassemblement. De-puis cinq ans, il y a eu trop de fractures, tropde blessures, trop de ruptures []. Je nous saiscapable, nous, peuple de France, de surmonterles preuves, assure-t-il. Avantdepromettredaccomplirlerve franaisdeprogrs etdgalit. Le changement que jevous propose doit tre la hauteurde laFrance. Il commence mainte-nant. Quand il fait monter sacompagne sur scne, la foule crie un bisou,un bisou. Deux accordonistes, dont le pr-sident du conseil rgional, et une clarinet-tiste, jouent la Vie en rose. Aprs avoir signdes autographes, incapable de sarracher son fief, Hollande lance encore: Merci laCorrze, merci ! Nous ne nous sparerons ja-mais. Merci tous ! Que la ville est belle cesoir!Oncroit entendre que lavie est belle.Pour sa dclaration, Hollande a choisi le cen-tre de saville mais nest pas all jusqufaire sonner les cloches, comme les militantsRPRlavaient fait en 1995 pour fter la vic-toireprsidentielledelautreCorrziendadoption, Jacques Chirac. Pendant les lon-gues heures qui ont prcd le rsultat, lepresque prsident a reproduit exactement lemme rituel: bains de foule, changes et em-brassades chaleureuses avec les habitants surle march samedi, ouconversations avec lesjournalistes. Les rites permettent de trouverle rythme, dit-il. Hollande le sait, la politi-que est faite de squences. Pendant tout leweek-end, il savouait anxieuxet faisaitpart de sontat dapprhension. Sans quelonsache sil sagissait de la peur de perdreoude gagner. Une faonaussi de mesurer lepoids de lHistoire, comme le disait Mit-terrand, tout enlapprivoisant. Chaque ren-contre me permet de sentir des impressions.Cest affectueux.Lhistoire est faite dmotions. Dans la salledu Central, lundes repaires de Hollande oil a djeun hier, une dame ge pleure, enembrassant Franois. Beaucoupprennentuntonsolennel: Cest le destin de la Corrzede produire des prsidents, philosophe Gil-bert, unenseignant la retraite. Cest histo-rique. On est terriblement luspardon, mus.Il a beaucoup apport la Corrze, il est prt soccuper de la France, dclare Sophie Des-sus, maire PS dUzerche.Hlicoptres. Dautres indices indiquentquune nouvelle page scrit. Il ya les jeunesduservice de presse qui portent pour la pre-mire fois une cravate. Et la prsence, depuissamedi Tulle, de Nadia, la maquilleuse deHollande, et dOlivier, soncoiffeur person-nel. Cest historique, mais il ny apas de diff-rence entre la coiffure du prsident et celle ducandidat. Je ne vais pas le faire enblond, plai-sante ce dernier. A mesure que les heurespassent, la pressionmonte. Nicolas Sarkozya envoy la scurit civile. Onentendles hli-coptres des chanes dinfo survoler la ville.Les motards des tls se tiennent prts prendre enchasse la Renault beige duprsi-dent Hollande, un modle plus normal quela berline sombre quil utilisait habituelle-ment. Pas questiondedbuter lequinquennatpar les images dune farandole de limousines.Envoy spcial Tulle MATTHIEUCOIFFIER(avec LAURE BRETTON)Franois Hollande avec sa compagne, Valrie Trierweiler, aprs son premier discours de chef de lEtat lu, hier soir Tulle. PHOTOSBASTIENCALVETOnest terriblement luspardon,mus. Il a beaucoupapport la Corrze,il est prt soccuper de la France.SophieDessus mairePSdUzercheREPORTAGEHLIBRATION LUNDI 7 MAI 20128EVENEMENTCourse aux rsultats ct Twitter, poursuites moto ct tl.La tensionmonte duncranIl faudra une image pour se souvenir.Cellequi,lafaondespetitestranches tlmatiques reconstituantune une le visage de Franois Mit-terrandle 10mai 1981, imprimera dansnos mmoires llection de FranoisHollande le 6 mai 2012. TF1 plonge sonstudiodans le noir et, ensurimpression,faonportrait-robot, desfrontsdeSarkozy, des nez de Hollande, des bou-ches de lun de lautre sentrecroisentjusqu former le visage du vainqueur.Sur France 2, une camra nous emmnedans unElyse de synthse: les portessouvrent, le rideau rouge se droule etun gigantesque portrait de Hollandesaffiche. Portrait classicos aussi chezi-Tl et BFM TV, zou: direct sur lesdrapeaux de Solfrino.Ohet allez, ne boudons pas notre plai-sir, on se souviendra sans doute aussides gueules dfilant sur les plateauxtl. Celle de Jean-Franois Cop, lairdavoir mang une hutre pas frache,celle, chiffon, de Nadine Morano. Cellede Nicolas Sarkozy, enfin, lair presquesoulag et incapable de contenir les crisde haine des militants UMPquil a lui-mme attiss pendant des mois.Rveillon. La tl a repris ses droits,et ses gadgets avec: inutiles poursuites moto, vaines attentes devant la portedu bureau de Hollande Tulle et unefixette sentimentalo-people sur ThomasHollande, dont France 2 filme in ex-tensolecoupdefildepapa,telquinscrit sur liPhone. Rsum: []Ouais. [] Ouais.Il est 20heures, et tout le monde savaitdj. Comme lcrit untwitterervers 19h45: Etrange impression dtre un rveillon o lon attend minuit poursembrasser et fter le passage officiel versune nouvelle anne. Sur le site de mi-croblogging, hier, le hashtag#radiolon-dres qui, il y a deux semaines, avaitservi se refiler sous le manteau leschiffres du premier tour avant 20 heu-res, est devenu ringard. Il faut pluttguetter lapparitiondu nombre 53. Unjournaliste affirme ainsi avoir vu53 cureuils se livrer des pratiques quela morale rprouve, un internaute af-firme que le ros tape 53, tandisquuntroisime dcline 53 youpi. Lechiffre vient des sites belges et suisses,oloncontinue de se payer la poire dela France, notamment au Soir, o lona inaugur un fil dinfo en ligne Etdeux heures plus tard: A 10 heures,nous sommes en mesure de vous rvlerqu 8 heures, les bureaux de vote se sontouverts en France.Mais le vritable indicateur sur Twitter,cest le suivi des prparatifs places de laConcorde et de la Bastille. A16 heures,onsactive sur la seconde pendant querien ne se passe sur la premire sinon,croit savoir unjournaliste di-Tl dansunmagnifique lapsus, la mise enplacede barricades. A17h46, onnous an-nonce, photo lappui, lrectionduncrangant Bastille. Puis le Soir belgelannonce: la fte UMPde la Concordeest annule.Tartufferie. Un peu avant 18h30,sur LCI, Michel Fieldbout: Sera-t-il unprsident normal ? Vous le saurez dansuneheureet demie.Paslapeine, voil que, 18h34, SafiaOtokor, lue socialiste, publiesur Twitter la vido tourne linstant mme rue de Solf-rino, montrant les huiles rosesapplaudissant le rsultat. Vingtminutes plus tard, Field est au bord delAVC, dnonant endirect sur LCI legrand moment de tartufferie. Cest que,comme il ya deuxsemaines, plus duneheure avant lannonce officielle, lAFPvient de sortir une dpche: FranoisHollande lu prsident avec 52 53,3%des voix. a, on sen souviendra.RAPHAL GARRIGOSet ISABELLE ROBERTSSur le site de microblogging, hier,le hashtag #radiolondres estdevenuringard. Il faut pluttguetter lapparitiondunombre 53.GuadeloupeMayoeRunionGuyaneMartiniqueLL SLCOND TOUCandidat en tte par dpartementFranois HollandeNicolas Sarkozy52% 48%art|c|pat|on8I,O4%Nouvelle-CaldoniePolynsie franaiseSaint-Pierre-et-MiquelonWallis-et-FutunaSaint-Martin et Saint-BarthlmyIANOISHOLLANDLNICOLASSAkO7Y/yyyzSource : ministre de lIntrieur/ 88/oo/8yy//o8zz8y/z8/yoz /o oz/zzzyz88y8y/88/y8/zoy/zoo 8yz8zz8o/yo8zzAoyo8z//oo8o//z8ozzLa gauche a dsormais la possibilitdinstaller sa politique dans la dure.Drive lUMP, desrves auPSUnquinquennat et puissenvaAprs ValryGiscard dEstaingen 1981, Nicolas Sarkozy estle deuxime prsident de laRpublique sortant ne pastre reconduit pour un se-condmandat. Dfaite lecto-rale pour la droite, droutemorale pour le candidatUMP. Celui qui lavait em-port en 2007 en se posanten rformateurbourr dnergie asombr, ds 2009,dans une impopularit re-cord.Maisil resteradanslHistoire comme le chef delEtat nayant pas hsit fouler aux pieds de grandesvaleurs rpublicaines pourtenter de se faire rlire avecune campagne aux relentsdextrme droite.Signe de cette drive plus oumoinsconsciente,ilare-connu hier soir sa dfaite ensaluant en ses partisans laFranceternelle, chrelcrivainnationaliste Mau-rice Barrs. Dans son inter-vention, pleine de pathos, ilna pas affirm catgorique-ment quil se retirait de la viepolitique, comme il lavaitaffirm au dbut de sa cam-pagne. Je porte toute la res-ponsabilit de cette dfaite,a-t-il lanc. Avant dajouter:Mon engagement dans la viede mon pays sera dsormaisdiffrent.Seule certitude pour lheure,il ne conduira pas la batailledes lgislatives enjuin. Maisson parti, lUMP, va devoirserrer les rangs pour viterlimplosion.Ilestaujour-dhuitiraillentrelesex-gaullistes, les centristes quine se sont pas reconnus dansla stratgie droitire du chefde lEtat sortant, inspire parson conseiller Patrick Buis-son, et sonaile radicale delaDroitepopulaire. Sansparler des luttes de pouvoirqui se profilent entre le se-crtaire gnral, Jean-Fran-ois Cop, et le toujours Pre-mier ministre FranoisFillon. Cest aujourdhui unsentiment de grand gchisqui domine droite.Lagauche, elle, retrouvedonc lElyse aprs trois d-faitesconscutivesdepuis1995. Trente et un ans aprsFranois Mitterrand, unautre socialiste accde lafonctionsuprmeavecunscore peu prs similaire ausien (52%). Comme au pre-miertour,lesFranaissesont rendus en masse auxurnes, avec plus de 80%departicipation. Et les lecteursde gauche se sont largementmobiliss pour sor-tir le sortant, avecdexcellents reportsdevoixdes partisans deJean-Luc Mlenchon.Une partie des lecteurs ducentriste Franois Bayrou agalement suivi son leader,qui avait rendu public sonvote en faveur de Hollande.Depuis Tulle, hier soir, o ila livr sa premire allocu-tion, le nouveauprsident dela Rpublique sest dit fierdavoir t capable de redon-nerespoir. Cethmedelespoir a t le fil conduc-teur de sa campagne depuisplus dunan. Il la systmati-quement oppos auxpeursquil reprochait Ni-colas Sarkozydagiter. Sgo-lne Royal a dailleurs renduhommage la cohrence desa campagne, au cours delaquelle il na jamais dvidesoncap, desaligne.Comme Franois Hollande,tout soncamp sest dit as-sailli dun sentiment de res-ponsabilit, linstar dudi-recteur de campagne, PierreMoscovici.En France, la droite a tou-jours reproch la gauche deconqurir le pouvoir par ef-fraction,lui dniantunecertaine forme de lgitimit lassumer. Tout au long dela campagne, Franois Hol-lande a indiqu quil souhai-tait installer la gauche dansla dure lElyse. Si les l-gislatives confirment le r-sultat dhier, celle-ci dtien-dra quasiment tous lesleviers du pouvoir, au plannational comme au plan lo-cal. Toutes les grandes rfor-mes promises peuvent d-sormais tre engages. Cestdire si le devoir de russiteest grand. Et attendu.ANTOINE GUIRALANALYSEnLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012MONSIEUR LE PRSIDENT, MIEUX QUE DES PROMESSES, DES ACTES.* Retrouvez toutes nos propositions sur www.fnaim.fr/bail-puissance3LacrisedulogementfrappeplusieursmillionsdeFranaisenattente dun logement digne et accessible.Les 12 000 professionnels de la FNAIM, forts de leur exprience sur le terrain, proposent trois solutions concrtes :1 Crer,avecleBailPuissance3*,uneoffrelocativenouvelle loyermodr,en mobilisant le parc ancien pour rsorber immdiatement le dcit de logements.2 Exonrer, sous conditions de ressources, les primo-accdants des droits de mutation.3 Acclrer lco-rnovation du parc ancien. MonsieurlePrsident,denombreuxdfis sont relever. Sur la question du logement, cest maintenant quil faut agir !10EVENEMENTDs aujourdhui, le prsident luva devoirprparer la transition, composer sonquipeet prciser le calendrier des rformes. Charg.Pour les socialistes,le vrai travailcommenceTous leurs coups de fil, hier, d-butaient par une formule onnepeut plus agaante: Le 7 mai,cest le lendemain du 6. Ou com-ment, pour les socialistes, ne pasmanger la consigne ense rpandantsur le jour daprsdunouveauchefde lEtat. Pas encore lu, le candidatavait donn le ton ces dernires se-maines: vu lampleur de la tche, lechangement, cest ce matin.LES PREMIERS JOURSCelui qui a jur quil serait unprsi-dent normal sera Paris, entre sonappartement et le QGde campagne,avenue de Sgur, dont le bail courtjusqu samedi. Loin du dner duFouquets et duyacht Paloma, il fautfaire tout simple, recommande St-phane Le Foll. Riennest arrt, maison ne refera pas le Panthon, ajoutele dput europen. Allusion Fran-ois Mitterrand, qui, le jour de sonentre enfonction, tait all sincli-ner sur les tombes de Jaurs, Moulinet Schlcher. Sans se forcer, les huitjours qui viennent reclent quantitde gestes symboliques potentiels. Dsdemain, lanniversaire de larmisticede 1945, la fte de lEurope mercredipuis la commmorationde la victoiredu10mai 1981, jeudi. En1995, Fran-ois Mitterrandavait convi JacquesChirac, qui sapprtait lui succder,aux crmonies officielles du 8 Mai.Mais, a insist Hollande, je ne de-mande rien, je peux aller partout enFrance.Notamment enCorrze, oil a laissentendre quil serait de toute faonde retour ce week-end. Viendrontensuite la passationde pouvoirs et lanominationduPremier ministre, en-visageslundiprochain,celledugouvernement (mardi), le premierConseil des ministres et la visite Berlin(mercredi) pour rencontrer lachancelireAngelaMerkel seulgeste annonc par Hollande. La ru-meur a couruque lquipe PSsouhai-tait acclrer les choses, envisageantune passationde pouvoir ds la pro-clamationdes rsultats par le Conseilconstitutionnel, attendue jeudi ouvendredi. Encore une fois, nous nesommes demandeurs de rien, rpliqueledirecteurdecampagne,PierreMoscovici. Nicolas Sarkozy est prsi-dent jusquau 15 mai minuit.UNEBAUCHEDEGOUVERNEMENTDes vacances, personne ny pensevraiment dans lquipedecampagne.Mme si Valrie Trierweiler, sa com-pagne, plaide, unpeu dans le dsertpour linstant, pour unbreak de tren-te-six heures. Une nuit, une journepourseplanquer.Dscematin,lquipe de transitiondes piliers dela campagne mais aussi des petitsnouveauxsinstalleavenuedeSgurpour lasemaine. Lechangement dansla continuit. Et une premire es-quisse dquipe ministrielle? Leplus important, cest de nommer ceuxqui seront lElyse, pas dattribuer desmaroquins avant lheure, corrige unex-ministre. Surtout, le futur secr-taire gnral de lElyse, pice strat-gique dudispositif prsidentiel. Lan-cienprfet de Corse et actuel dircabde Jean-Pierre Bel, prsident du S-nat, Pierre-Ren Lemas, est pressenti ce poste. Il connat Hol-lande depuis la promotionVoltaire lENA en 1980.Tout comme lemeilleurpote, Jean-Pierre Jouyet,qui pourrait cependant de-venirlesherpadeHol-lande. Unposte dimen-sion conomique et financire plus quediplomatique, rapporte un habitudes sommets internationaux. Soit leprofil type de lactuel prsident delAutorit des marchs financiers.Economistetrsimpliqudanslacampagne et banquier chez Roths-child, Emmanuel Macron pourraittresecrtairegnraladjointdelElyse ou aller Matignon. Mais lesecret le mieux gard de Hollande,cest le nomde sonfutur chef de gou-vernement. Le dput-maire de Nan-tes, Jean-Marc Ayrault, tient la corde.Plus connue, la premire secrtaireduPS, Martine Aubry, est plbiscitepar les sondages. Ncartez pas tropviteMichel Sapin[ex-ministredelEconomie, ndlr], recommandaithier soir un conseiller du prsidentlu. Pour le gouvernement, Hollandea donn les grandes lignes: quinzeples, dont unddi lindustrie,la croissance verte et la mondialisa-tion, et une quipe paritaire. Sauf queson cercle rapproch nest pas trsfminis. Onparle cependant de Ma-risol Touraine aux Affaires sociales etde la maire de Rouen, Valrie Four-neyron, aux Sports. Sont galementpressenties Elisabeth Guigou et lamaire de Reims, Adeline Hazan. Lestrentenaires Delphine Batho, NajatVallaud-Belkacem et Aurlie Filip-petti pourraient galement entrer augouvernement. Ct hommes, les so-cialistes pensent Laurent Fabius auxAffaires trangres, Manuel Valls lIntrieurouStphaneLeFolllAgriculture, et peut-tre BertrandDelano la Justice. Un poste quevise aussi le dput Andr Vallini.Quiddes partenaires duPS? Le nomde Ccile Duflot, chez les cologistes(lire ci-contre), est le plus cit maisaussi ceux de Jean-Vincent Plac etde leurodput Yannick Jadot,comme celui de la radicale ChristianeTaubira. Plus dlicate est lintgra-tionde personnalits de la socit ci-vile. Hollande ny est pas favorablea priori, mais on parle toutefois delex-patronne dAreva Anne Lauver-geon (1) ou du directeur gnral delOMC, Pascal Lamy.HIRARCHISER LES URGENCESPour tre prt, il faut tre prcis, r-pte depuis des mois Fabius, chargde la missionpremire anne. Lespremiers textes de dcrets sur labaisse dutraitement duchef de lEtatou le rtablissement de la retraite 60 ans ont donc t rdigs pourque Hollande puisse agir ds sonen-tre enfonction. Sonmmorandum destination des pays de lUE pourrclamer unpacte de croissance etde responsabilit est prt. Le plussensible, estime Jean-Yves Le Drian,pressenti auministre de la Dfense,cest la prparationdes rendez-vousinternationaux qui sannoncent: G8de Washington(18au19mai) et som-metdelOtanChicago(20au21 mai). Se profilent ensuite les som-mets du G20, au Mexique mi-juin,celui sur lenvironnement Rio+20auBrsil et enfinle Conseil europenfinjuin. Il faut rpondre auxsollicitationsde ltranger et commencer envoyerdes missaires, confirme Moscovici.Mais Franois Hollande connat ladifficult de la transition: Ce ne serapas forcment simple de faire une diplo-matie parallle.LAURE BRETTON(1) Aujourdhui, prsidente du conseilde surveillance de Libration.Valrie Trierweiler, sa compagne,plaide, unpeudans le dsert,pour unbreakde trente-sixheures. Une nuit, une journepour se planquer.Lors de linauguration du sige de campagne, le 11 janvier, avenue de Sgur Paris, PHOTOS SBASTIENCALVETLe 29 avril Bercy. Le dputmaire de Nantes, JeanMarc Ayrault, tiendrait la corde pour Matignon.Franois Hollande (ici le 11 janvier Paris) a tenu garder le secret sur sa future quipe.,HLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012EVENEMENT11Ministres, lgislativesLe Front de gauche et les cologistes veulent peser dans la majorit.Le PS face loffensive allieEux aussi sont alls laBastille. Front de gau-cheetcologistessesont dabordrjouis hier soirde ce quils jugent essentiel:la dfaite de Nicolas Sarkozy.Onlavir !aattaquJean-LucMlenchondansun large sourire depuislUsine, son QG de campa-gne aux Lilas (Seine-Saint-Denis) : Sarkozy, cest fini,enfin![]Ainsiestrgllecompte du fossoyeur des ac-quissociauxetdesservicespublics de notre Rpublique.Pour Ccile Duflot, secr-taire nationale dEuropeEcologie-les Verts (EE-LV),cette victoire donne un coupdarrt aux pulsions de divi-sion, dopposition des citoyensentre eux [], elle rend possi-ble une relance du processuseuropen sur de bonnes ba-ses. Les Franais se sont li-brsdunpouvoirquilesampriss et agress pendantcinqans, a dfendu PierreLaurent, chef du PCF. Unenouvelle priode souvre. Onva savourer. Mais les urgencesvont vite arriver.Marche. Car, au Front degauche, on met en garde lecamarade Hollande: Il nyaurapasdtatdegrce.Depuis des semaines, Mlen-chon annonce une attaquede la financecontre laFrance. Onvaaborder les l-gislativesdansuncontexteeuropentrs chahut, souli-gne Olivier Dartigolles, por-te-paroleduPCF. Dsledbut du quinquennat, M-lenchon et ses allis veulentmettrelapressionsurletrait dunionbudgtaire delUE promis rengociationpar Hollande et demandentquecetextesignsousSarkozy mais nonratifi parle Parlement soit soumisrfrendum. Onvaenfaire un des piliers de la cam-pagne lgislative, insisteEricCoquerel,auPartidegauche (PG).Aprs les 11,1%obtenus parMlenchonau premier tour,le Front de gauche comptedonc sur les lgislativesdejuinpourgrimperunemarche. Convaincre ceslecteurs qui ont prfrlutilit du vote Hollande le22 avril. Nous, cest lassu-rance gauche, affiche M-lenchon, faisant remarquerque les communistes ont tou-jours amlior leur score de laprsidentielle auxlgislati-ves. Lobjectif compli-quest dobtenir ungroupeparlementaire suprieur aux19dputs actuels. Et emp-cherunemajoritabsolueduPSauPalaisBourbon.Mlenchonensera-t-il? Jeparticiperai peut-tre cettebataille des lgislatives si onendcide, que ce soit Paris ou Marseille, a-t-il lanc ven-dredi.Ladcisiondevraittre prise cette semaine.Quant augouvernement,Mlenchonet le PGnense-ront pas. Les communistestrancheront, eux, cette ques-tion lors dune confrencenationale aprs consulta-tion des militants post-l-gislatives. Mais la possibilitde voir des ministres com-munistes est peu probable.On ne participera pas ungouvernement si Franois Hol-landecontinuediremonprogramme sinon rien, r-pte Pierre Laurent. Reste trouver lquilibre pour quelautonomie conquranteprne ne donne pas le sen-timent quon dit rendez-vousdansdixans,explique-t-on au PCF.Ribambelle. Enrevanche, EE-LV, il y a du monde auportillon: Eva Joly, CcileDuflot, Jean-Vincent Plac ettoute une ribambelle de ca-dres ne diraient pas non desministres trois, esprent-ils avecdesprfrencespourlEnergie,lesTrans-ports, le Logement oulAgri-culture. Aprs avoir acceptde participer la majoritparlementaire, via laccordavec le PS sign fin novem-bre, les cologistes doiventdcider demain, auterme deleurconseil fdral, sousquelles conditions ils pour-raient participer un gou-vernement. Surtout si le Pre-mier ministre sappelleJean-Marc Ayrault, maire deNantes et initiateur de la-roport Notre-Dame-des-Landes dont les cologistescombattent le projet. Il nyaura pas de blocage personnelmaisunediscussionsurlefond, carte-t-on EE-LV.Et sils ont reuduPS lassu-rance dun groupe lAs-semble, le pitre score deJoly(2,3%) fragilise des can-didats qui voient se dresserface eux des dissidencesPS. Front de gauche et colo-gistes comptent bien profi-ter, eux aussi, du succs.LILIAN ALEMAGNAQuandlesenseignantssemobilisentpourraliserleurs projets, ils crent leur propre banque. En permettant lpargnedetoussesSocitairesdefinancerlesprojetsdechacun,laCASDENdmontre depuis 60 ans la performance dun systme bancaire coopratif. 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Le dputmaire de Nantes, JeanMarc Ayrault, tiendrait la corde pour Matignon.Franois Hollande (ici le 11 janvier Paris) a tenu garder le secret sur sa future quipe.,LIBRATION LUNDI 7 MAI 2012 H12EVENEMENTMaplacenepourraplustrelammeNicolas Sarkozy, qui a obtenu48%des suffrages, na pasannonc hier sonretraitde la vie politique.Je porte toute la responsabilit decette dfaite.Devant une sallede la Mutualit survolte, biendcide couvrir les mots deleur champion dans une ultime liesse,Nicolas Sarkozy a le visage tendu. Sonton est grave: Jai beaucoup souffertquelesinstitutionsquejereprsentaisnaient pas t respectes, ne donnons pasle mauvais exemple. Et, comme si legot de cette dfaite tait, pour lui, d-finitivement amer: Je ne serai jamaiscommeceuxquinousontcombattus,nous aimons notre pays.Les militantslui crient : Merci; Cest pas fini;2017; On taime. Ce soir, don-nonslameilleureimagedelaFrance,dune France rayonnante, dune Francequi napasdehaineaucur,duneFrance dmocratique, dune Francejoyeuse, dune France ouverte qui ne bais-sera pas la tte, dune France qui ne re-garde pas lautre comme un adversaire,comme un ennemi.Honneur. Aprs quil a confi avoir t-lphon Franois Hollande quelquesminutes aprs la publicationdes rsul-tats, il lui souhaite bonne chance aumi-lieu des preuves. Etrangement, laMutualit, il nvoque pas unretrait d-finitifdelaviepolitique,commeillavait annonc de nombreuses repri-ses. Il se contente de parler dunenga-gement qui seraitdsormaisdiff-rent. Dans cette nouvelle poque, jeresterai lun des vtres. Mais ma place nepourraplus tre lamme, a-t-il prcis.Pourtant lElyse, une heure aupara-vant, il avait assur devant les tnors delUMPquil ne serait plus jamais candi-dat auxmmes fonctions. Donc quil nese reprsenterait plus une prsiden-tielle. La page du sarkozysme est donca priori tourne.Avec 48%des suffrages, cest une d-faite franche, mais pas massive. Beau-coup droite auraient achet ce scorecompte tenu des sondages de dbut desemaine qui annonaient un cart de6 9 points entre les candidats. Mais laprophtie de Sarkozy ne se sera finale-ment pas ralise. Depuis des mois, ilrptait que lissue duscrutinsera trsserr. a se jouera 50-50, avait-illhabitude de dire ses interlocuteurset aux journalistes. Ce 52-48 vient unenouvelle fois le contredire. Pour sa d-fense, onpeut objecter quil ne pouvaitpas dire autre chose. Prvoir une largevictoire eut t pour le moins prsomp-tueux. Anticiper une dfaite, totale-ment dmobilisateur. Avec ce rsultat,la dbcle est vite.Au QGde campagne, certains avaientfix la barre de la racle au-dessusde 53%. Mais, avec la dynamique de lasemaine, on va pouvoir lviter, pro-nostiquait un membre de lquipe enfin de semaine. Mme avec le choix deFranoisBayroudevoterHollande,lespoir navait pas quitt les plus opti-mistes des proches du candidat. Ilstaient une minorit, mais une mino-rit sincre: lincroyable victoire taitpossible. Hier soir, Henri Guaino, leconseiller spcial duPrsident et plumede ses principaux discours, a dailleursvoqu une injustice.Paradoxalement, ce score, honorable,est le pire des scnarios pour la droite.Dabord, cela prouve que, malgr lanti-sarkozysme et la violence de la criseconomique, cette lectiontait peut-tre gagnable. Surtout, une dfaite fran-che et massive aurait permis de crucifierune bonne fois pour toutes loptionul-tradroitire de cette campagne et soninspirateur, PatrickBuisson. La guerrerisque maintenant dtre terrible. Pa-trick Buisson a dabord voulu que la droitemaurrassienne gagne plutt que le sarko-zysmelemporte, nousconfiaitunmembre de lquipe il y a peu, commeunavant-got des futurs rglements decomptes.Militant. Nous aurons fait une campa-gne inoubliable contre toutes les forces, etDieu sait quelles taient coalises contrenous, a hier dclar le prsident sorti,comme pour prempter le futur dbatsur lopportunit de cette campagnedroitire. Dbat qui va pourtant secouerla majorit dans les jours et les semainesqui viennent. Hier la Mutualit, unhomme sest assis par terre, sonman-teau pour cacher son visage. a merappelle 81, atrocesoupire un vieuxmilitant. Les derniers mots de NicolasSarkozy seront pour ses supporteurs:Vous tes une France ternelle!Tel unultime cho de sa campagne.GRGOIRE BISEAUNicolas Sarkozyaprs sonallocution devantles militants UMP,hier soir laMutualit, Paris.Je resterai lundes vtres, atildclar.PHOTOLAURENTTROUDEAh je le crois pas, cest le flan! sexclame Catherine, 48 ans. On va voir satte pendant cinq ans, cest horrible. Il est 20heures et le visage deFranois Hollande assorti du score de 51,90%vient dapparatre sur lesdeux crans qui encadrent lestrade de la Mutualit. Des cris. Puis un longsilence. Pleurs. Puis quelques slogans bravaches fusent: Merci Sarko!Merci Sarko! Puis trs vite: On est dans la merde, on est dans la merdesur lair dOn est les champions. Le pire, poursuit Nathalie, a va tre pourles impts! Personne na rien compris, mais on va tous tre pris la gorge,expliquetelle en joignant un geste sa parole. Et vous limaginez ct deBarack Obama, lui? Non, mais je me marre. Appuyes sur le mur au fondde la salle, de jeunes filles sanglotent. Trop pour commenter la dfaite deleur candidat. Les Franais nont rien compris, siffle sur un ton haineux uneautre militante, agrippe son drapeau franais. Ils viennent de signer laperte de la France sur le plan conomique et international. Dsormais nousallons tre ridicules. La liesse de la Bastille retransmise sur les crans esttrop difficile supporter. Elle prfre quitter la salle. Un jeune hommesexclame: Jai peur pour la France, jai peur pour lavenir de laFrance.L.Eq., C.R. et V.L.ON VA TOUS TRE PRIS LA GORGEHLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012EVENEMENT13Aprs unultime revers lectoral, la droite se contraint lunion.Cest jour dfaite lUMPDroite, anne zro. Jamais danssonhistoire, elle ne sera tombeaussi bas. Pour lUMP, cette fa-millequi prtendait fdrer gaullistes,libraux et dmocrates-chrtiens, ladfaite dhier conclut une impression-nante srie de revers. Depuis 2004, loccasiondunedemi-douzainedescrutins, le parti aura perdutout ce quilpouvait perdre: les cantons, les com-munes, les rgions, le Snat et, enfin, laprsidence de la Rpublique. Huit an-nes de dfaites, aumilieudesquelles lavictoire de Sarkozyen2007 ferait pres-que figure daccident de parcours.Pluralisme. Ds 20 heures, hier,tous les dirigeants de la majorit sor-tante ont insist sur limportance cru-ciale des lections lgislatives des 10et17 juin. Ce nest pas fini, nous avons untroisime tour dcisif. Il faut du pluralismedans le pays, a expliqu Jean-PierreRaffarin. De sonct, Xavier Bertrandappelait lui aussi les Franais unvotedquilibre aprs une dfaite qui faitsuite celles de onze autres gouverne-ments europens, balays par la crise.Au lendemainde ce revers, la droite seconsolera enconstatant quelle ne peutgure tomber plus bas. La bonne nou-velle, cest que nous allons recommencer gagner des lections, confiait hier unresponsable de la majorit.Ds aujourdhui, lUMPdoit se remettreen ordre de bataille. Sous lautorit dequel chef, alors que Jean-Louis Borloolanait hier tous ceuxqui dfendentune vision sociale et humaniste lerejoindre dans la bataille des lgislati-ves? Aujourdhui, 15h30, la questionsera lordre du jour du bureau poli-tique convoqu par le secrtaire gnralde lUMP, Jean-Franois Cop. Hier, surle plateau de TF1, ce dernier a garantiquil ny avait aucune tension entreles dirigeants de lUMP: Nous sommesdtermins tre trs rassembls et trssouds, a-t-il prtendu. ChristianEstrosi ex-sarkozyste de choc, rcem-ment ralli Jean-Franois Cop aprvenuquil ne laisserait personne re-mettre en cause la lgitimitdu patronde lUMP. Jean-Pierre Raffarin lui adonn raison. Mais, de Jupp Fillon,plusieurs dirigeants de lUMPont clai-rementindiququilsntaientpasdisposs reconnatre le leadership deCop. Tt ou tard, la guerre de succes-sion aura bien lieu. Laurent Wauquiezaestimquunereconstructionenprofondeur du parti tait ncessaire.Pour Xavier Bertrand, la direction delUMPne peut tre que collgiale. Il ladit hier soir sur France 2: Alain Jupp,Franois Fillon, Jean-Pierre Raffarin etmoi-mme, nous prendrons toute notrepartlacampagnepourleslectionslgislatives.Bataille. Alors quil leur annonaitquil se mettait enretrait de la vie poli-tique, Nicolas Sarkozya appel sonsoncamp ne pas se diviser pour ga-gner la bataille des lgislatives. Quel-ques minutes plus tard, son Premierministre, Franois Fillon, dclarait auxorphelins de sa famille politiquequiltait prt relever le flambeau.ALAIN AUFFRAYMarine Le Penveut profiterde lchec de la droite poursimposer aux lgislatives.LeFrontsefrotteles mainsPour Marine Le Pen, la victoire de FranoisHollande est sans surprise. Elle constitue niune bonne ni une mauvaise nouvelle, a-t-elledclar hier soir, renvoyant dos dos droite etgauche: Lapolitique quils mnent est lamme. Lesdirigeants de lUMP ont tu dans luf les chancesde rlection de Nicolas Sarkozy en dclarant quilsappelleraientvotersocialisteauxlgislatives,cest--dire pour des dputs qui veulent le droit devote pour les trangers et la rgularisation des clan-destins.Lors de son discours du 1ermai, place de lOpraParis, lanciennecandidatedextrmedroiteavaitappel voter blanc. Hier soir, elle dclarait se sen-tir nullement responsable de la dfaite de NicolasSarkozy. Mieux, elle lattendait, sinon lappelaitde ses vux. Elle mise maintenant sur une recom-positionde la droite, dont elle espre profiter. Faceau nouveau prsident socialiste, elle entend in-carner la seule opposition. Tout au long de sacampagne et encore dans sondernier discours, le1ermai, elle avait dnonc les deux candidats enlice comme les reprsentants du systme mondia-lis,dunbipartismesoigneusemententretenu.Nous assistons maintenant un concours de recru-tement, un entretien dembauche pour engager undirecteur des oprations de la Banque centrale euro-penne sous tutelle du Fonds montaire internatio-nale, avait-elle dclar. Mme si elle avait rservses attaques les plus virulentes Nicolas Sarkozy,raillant ses assauts de tendresse, sadanse duventrespectaculaire et ses changements radicaux de pos-tureen direction des lecteurs frontistes. Uneescroquerie lectorale, avait-elle condamn.La prsidente du FNprpare maintenant le troi-sime tour de la prsidentielle, les lgislatives.Toujours place de lOpra, elle avait appel seslecteurs rendre lAssemble nationale au peu-ple: Vous seul pouvez colorer le Parlement de bleumarine. Avec ses 17,9% obtenus le 22 avril, lacandidate arrive en troisime position entendbien rendre lUMP, trs critique son gard, lamonnaie de sa pice. Le FN, qui promet de prsen-ter des candidats dans toutes les circonscriptions,pourrait se maintenir en triangulaire dans plusde 350. Avec, cette anne, lespoir de dcrocherquelques siges de dputs. Pour le FN, la situationidale serait darriver entte ouendeuxime posi-tion derrire le candidat de gauche.LUMP devra alors choisir entre appeler au frontrpublicain contre les candidats FNet faire lireun candidat PS ou ne rien dire, ne rien faire.Jusqu prsent, les responsables de lUMP onttoujours privilgi la premire solution. Plusieursmembres de lancienne quipe gouvernementaleont dj annonc quils prfraient llectiondunsocialiste celle dunfrontiste. Alors, pour le Frontnational, la dfaite sera annonce, quoi quendiseMarine Le Pen.CHRISTOPHE FORCARILes dirigeants de lUMPont tudans luf les chances de rlectionde Nicolas Sarkozyendclarantquils appelleraient voter PS.MarineLePenpropos des lgislatives, hier soirLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012 H14EVENEMENTDes premiers doutes face la dynamique socialiste unentre-deux-tours axsur les thmes duFN, retour sur sept mois derrements duprsident sortant.Sarkozy, Front enavantet droit dans le murLa dfaite! Mme si Nicolas Sarkozyna jamais voulu lenvisager devantses proches, dautres y ont penspour lui. a sera dautant plus durque tout le monde va mettre son chec sur le dosde sa personnalit. Sil perd, il va souf-frir.Cest Jean-Pierre Raffarin, quiparle. Nous sommes le 15 fvrier, latable dunrestaurant parisien. Dans quelquesheures, le Prsident va rompre unfaux sus-pense et annoncer, sur le plateaude TF1, sonentre encampagne. Raffarinlui accorde unechance sur trois de gagner. Il promet une ba-taille dure, physique. Lancien Premier mi-nistre de Jacques Chirac a mme sa petiteide sur la stratgie: Aupremier tour, onru-nit son noyau dur droite. Mais au second, onlargit sa base. Cest toujours comme a: unecampagne se gagne au centre.Raffarinavaitraison, mais pas sur lessentiel : Sarkozy abien tout tent, mais dans une campagnedentre-deux-tours ultradroitire.Dans la Creuse le 11 octobre 2011Avec ses graniums aux fentres, ses voletsblancs et sonplatane centenaire, la mairie dupetit village de Noux, dans la Creuse, estune parfaite image de campagne prsiden-tielle. Tout est l. Agauche, unclocher de laFrance tranquille de Franois Mitterrand. Encontrebas, les vaches de Jacques Chirac. Le11 octobre, autour dunbuffet campagnard,Nicolas Sarkozy discute avec des agricul-teurs. Jean-Michel Goudard, lami, le confi-dent, se tient lcart. Sacoche en cuir lamain, il vient prendre le pouls de soncandi-dat. Dans quatre mois, il devra avoir trouvlesloganetlaffichedelacampagne.A72 ans, cet ancien publicitaire atteint dunegrave maladie orpheline en est sa cin-quime campagne prsidentielle. Et il nestpas optimiste. Les dbuts duquinquennat ontlaiss des cicatrices dans lopinion qui vont tretrs difficiles faire disparatre, confie-t-il.Juste avant de schapper, il glisse dans unsoupir: Onne peut pas tre prsident et couriraprs sa femme. Cest pas possible.Quelques minutes plus tard, devant1500personnes Aubusson, le prsident pasencore candidat parle sans notes. Comme silanimal politique avait renifl le bruit etlodeur de la campagne.Comptetenu du nombre de dplacements que jefais, je souhaite bon courage ceux quime suivent et, surtout, la mme nergie. AGuret, quelques kilomtres de l, MartineAubry, finaliste de la primaire socialiste, estvenue le dfier sur le terrainde la dfense desservices publics. La guerre de mouvement acommenc. Pendant de longues semaines,Sarkozy va thoriser une non-campagne,sans quipe, sans programme (deux ou troisides suffiront, disait-il). Mais avec une ti-quette (capitaine dans la tempte), uncap(lemodle allemand) et une mesure (la TVAso-ciale, rebaptise antidlocalisation). Maissurtout une conviction: Hollande va seffon-drer dbut fvrier.En Guyane le 22 janvier 2012Ce dimanche 22 janvier aprs-midi, JulienVaulpr vient dallumer sonposte de tlvi-sion. Aprs avoir fait la campagne de 2007,Vaulpr a t le monsieur sondages de NicolasSarkozy pendant quatre ans. En septembredernier, 36 ans, il a choisi de quitter lEly-se mais reste encontact permanent avec laSarkozie. Cet aprs-midi, il veut entendre lediscours de Franois Hollande au Bourget. Ily a cinq ans, en janvier 2007, la Porte deVersailles, Sarkozy avait fait de sonpremiergrandmeeting untremplinqui lui avait per-mis de prendre dfinitivement le large surSgolne Royal. Au bout de dix minutes,Vaulpr est bien oblig de reconnatre queHollande est bon. Entout cas meilleur queprvu. Alors que le candidat socialiste lancesa charge contre la finance, le tlphonesonne. Cest un ancien de lElyse. Cestpli, Sarko ne reviendra plus, lui lche unevoix dpite, impressionne par le socialiste.Vaulpr nest pas loin de penser la mmechose: il faudrait unmiracle ouune machinede guerre pour renverser la vapeur. Il pres-sent quil ny aura ni lun ni lautre.Aumme moment, 7000kilomtres de l, Cayenne, enGuyane, le prsident toujourspas candidat prsente ses vux la Francedoutre-mer. La veille, il a invit dner lavingtaine de journalistes qui le suivent. Etconfi avant le dessert quencas de dfaite,il arrtera la politique. Le moral de la droiteest au plus bas. Les sondages annoncent unHollande vainqueur plus de 60%. Tout lemonde sent confusment que la non-campa-gne du prsident-jusquau-boutne fonc-tionne pas. Il faut changer. Et vite. Dbut f-vrier, ladcisionestprise : lentreencampagneestavancedunedizainedejours. Une interviewdans le Figaro Magazinetrace lhorizon: droite toute! Priorit lacritique de lassistanat, aubesoinde protec-tionet de frontires, la lutte contre limmi-gration. Cest le grandretour de lidentit na-tionale. Elle lavait fait gagner en2007, alorspourquoi pas en 2012? Un homme tient sarevanche: Patrick Buisson, lex-patron dujournal dextrme droite Minute et conseillerdu chef de lEtat. Cest lui qui va inspirer(dicter?) la deuxime campagne de NicolasSarkozy. Henri Guaino, la plume qui a in-vent le travailler plus pour gagner plusde 2007, devra se contenter dcrire les dis-cours.ABayonne le 1ermarsDans les rues ducentre historique dAnnecy(Haute-Savoie), le 16fvrier, Nicolas Sarkozyprendsonpremier bainde foule de candidat.Dans quelques heures, enmeeting, il sera lecandidat duhors-systme, pourfendeur descorps intermdiaires. Enattendant, il serreles mains dans une cohue bienveillante etbon enfant. Il se ditheureuxdtrel.Quand soudainunjeune excit arborant untee-shirt Casse-toi pauv consurgit. Il estaussittinterceptettoutlemondefaitcomme si rienne stait pass. Mais deuxse-maines plus tard, le 1ermars, Bayonne (Py-rnes-Atlantiques), cest lincident. Aprsavoir t conspu par des militants indpen-dantistes basques et des partisans de Hol-lande, Sarkozy est oblig de se rfugier dansun caf. Dehors, des ufs volent, la petitefoule crie Sarkozy, dgage. Le candidat dela France forte se dcouvre fragile. Menac, chaque coinde rue, par undbordement ouune manifestation. Lagenda de ses dplace-ments devient un sujet ultrasensible.Dans le TGVle 28 marsDans le TGVqui le mne Lyon(Rhne), cemercredi 28mars, Xavier Bertrand, le minis-tre du Travail, est au tlphone en train dengocier son heure de passage sur les pla-teaux de tl pour la soire lectorale dupre-mier tour (qui na pourtant lieu que danstrois semaines). Il souhaite le crneau de21 heures. Convaincuque lentre-deux-tourssera crucial, il veut en tre.En attendant, il a rendez-vous le soir mme avec desjeunes militants UMPdans labote de nuit lyonnaise FirstRevolution. Comme beau-coup de ministres, Bertrand fait campagnedans son coin. Seul, en duo ou en triplette.Il joue sa propre musique, qui nest pas exac-tement celle de soncandidat. Dj, lpisodede la viande halal avait soulev des haut-le-cur dans la majorit. Alain Jupp, no-tamment, lavait dit de vive voix Sarkozy.Qui avait cout et, comme dhabitude, rienretenu. Aprs les tueries de Toulouse et deMontauban, plutt que de retrouver unpeude hauteur prsidentielle, celui-ci va encoredurcir sondiscours. La droite sociale et mo-dre rumine en silence. Si la victoire est ce prix-lCe qui compte, cest laprs, con-fie Pierre Mhaignerie.Les intentions de vote remontent lentementmais srement. Ce jour-l, sur son Black-berry, Xavier Bertrand vient de recevoir lesondage Ifopdujour: Sarko grappille encoreundemi-point. Rien nest fait, jubile-t-il.Le vendredi 6 avril : lcart (toujours selonlIfop)entreSarkozy(29%)etHollande(26,5%) na jamais t aussi grand :2,5 points. Mais quinze jours du premiertour, la petite dynamique sondagire dupr-sident sortant va sarrter net.Le 11 octobre Noux, dans la Creuse. PHOTOPATRICKARTINIAN. CONTACT PRESS IMAGES Le 1ermars, pris partie dans le centre de Bayonne. PHOTOBOBEDME. APEt dire que certains me conseillaientde faire campagne aucentre.Nicolas Sarkozylesoir dupremier tour delaprsidentielleRCITPar GRGOIREBISEAULIBRATION LUNDI 7 MAI 2012EVENEMENT15AlElyse le 22 avrilAune heure de lofficialisationdes rsultatsdupremier tour, le 22 avril, dans le salonvertde lElyse qui fait office de salle de runion,Nicolas Sarkozya runi toute sonquipe. Etdire que certains me conseillaient de faire cam-pagne au centre, lche le chef de lEtat. Unefaonde tuer dans luf le dbat: la campa-gne la droite de la droite a t la seule possi-ble. Et il veut voir dans ses rsultats la confir-mationde ce choix. Le candidat UMPstaitfix deux objectifs : sortir en tte devantFranois Hollande, et siphonner les voix deMarine Le Pen. Tant pis si aucun des deuxnest rempli. Pour justifier la contre-perfor-mance, les partisans de PatrickBuissonsontprts expliquer srieusement que si Sarkozynest pas sorti en tte, ce serait cause desappels du pied Franois Bayrou et des der-niers discours de Guaino, jugs tropcentris-tes. Ds lors, Nicolas Sarkozy ne va plusparler quaux lecteurs du Front national. Ilest convaincu que cest l que se trouve sonrservoir de voix. Il sy lance corps perdu.Dans ses discours, il invente un appel des700mosques voter Franois Hollande, fus-tige les lites et la gauche caviar, sort desonchapeauune fte du vrai travail, hyst-rise les supposes menaces dune islamisa-tionrampante de la socit franaise, et d-cline toutes les sauces le mot frontire.Le rsultat est mathmatique: les absten-tionnistes du FN reculent et le candidat delUMP rattrape un peu de son retard.Au QGde campagne le 30 avrilOnvagagneretvousalleztredanslamerde.Ce lundi 30avril, Nathalie Koscius-ko-Morizet, la porte-parole de Sarkozy, nousreoit dans sonbureau au QGde campagne.Elle sent des mouvements. a bouge,dit-elle. Et la voil qui se lve de sonfauteuilet se met rciter haute voix un Evangile.Une prire? Elle insiste pour quonvisionnela vido du restaurant Jose de la rue Saint-Denis, Paris (IIe), o Julien Dray a reu leweek-enddernier pour sonanniversaire unepartie de lquipe de campagne de HollandeetDSK. Quelle honte!lche-t-elle avecgourmandise. Il reste quatre jours de campa-gne pour renverser la table. La runion duTrocadro est un succs. Mais le dbat tl-vis, unchec. Nicolas Sarkozy devait ex-ploserHollande. Il a t la peine, manifes-tementsurprisparlapugnacitdesonadversaire. Le lendemain, onreoit unSMSdAlain Minc, lami et confident du chef delEtat: Hollande connatra cela dans cinq anscontre Sarko, quand il sera candidat.Le 15 avril, meeting en plein air place de la Concorde. PHOTOLAURENT TROUDE AVouvray (IndreetLoire), le 23 avril, avec des vignerons. PHOTOLAURENT TROUDELIBRATION LUNDI 7 MAI 201216EVENEMENTLuniversitaire Jean-Nol Jeanneneycompareles lections de Mitterrandet de Hollande:1981, 2012:des victoires aprsde longs exilsHistorien, universitaire ethomme politique, Jean-Nol Jeanneney vient depublierlEtat bless(Flamma-rion), un essai accablant pour lequinquennat Sarkozy. Pour Lib-ration,ilreplacecettepriodedans lhistoire.Comparer 1981 et 2012 a-t-il un sens?Si lonconsidre le long terme, la victoire dela gauche survient, enlune et lautre occur-rence, aprs unlong exil dupouvoir. Dix anscette fois, vingt-trois ans jadis une pleinegnration. Do un renouvelle-ment du personnel entre 1958et 1981: le nouveau pouvoir ex-cutif ne comptait que deux anciens minis-tres, Franois Mitterrandet GastonDefferre.En 2012, au contraire, va se mettre en placeune diversit de sensibilits et dexpriences.La mmoire de lexercice du pouvoir tantplus rcente, cela empchera de rver autant.En 1981, Jack Lang avait parl dun passagede lombre la lumire : personneaujourdhui nira jusque-l. Lutopie le re-grette, la sagesse sen rjouit, mfiante en-vers les tristes retours des nirvanas dsols,attache la protectionduchamppriv, per-suade, comme les pres de la Rpublique,que le gradualisme des rformes prompte-ment conduites doit permettre de changernotre paysage collectif, de servir la justicesociale, les aspirations culturelles de tous.Au rythme du court terme, diffrence pri-mordiale avec 1981, laffirmation du rledInternet, lirruptiondes rseaux sociaux etla multiplicationdes chanes de radioet tl-vision, notamment dinformationcontinue.En1981 il nexistait que trois chanes de tl-vision et quatre radios gnralistes!Dterminantes, ces technologies en 2012?Dterminantes, non, importantes, oui. Onenexagre la nouveaut quant la prompti-tude de circulationdes nouvelles: ne ngligezpas les multiples ditions des journauxpopu-laires et la vivacit des radios, de flash enflash, nagure. Plus de frnsie, avec limm-diatet des sons mais aussi des images encontinu multipliant les risques de lapsus etde querelles drisoires. Surtout les rseauxsociaux, dans leur jeurticulaire, ochacunse fait metteur, contribuent cristalliser leschoix des citoyens selon une alchimie nou-velle, plus complexe et plus riche, probable-ment positive dunpoint de vue civique, unefois cart le poisondes rumeurs. Observeznanmoins avec quelle vigueur subsistent lesanciennes manires de faire campagne: leporte--porte, les meetings, ces ftes collec-tives chres nos anctres depuis Gambetta,oule dbat de lentre-deux-tours, rituel plusrcent mais vieux dj de trente-huit ans.Leffet de tout cela sur les programmes?Le sentiment se rpand, chaque fois, que lacampagne encours est plus mdiocre que laprcdente, mais la mmoire est slective.Aprs coup, on ne se rappelle queles dbats essentiels, on oublie lamousse. Audemeurant, le temp-rament du prsident sortant a s-rement contribu un sentimentde tohu-bohu. Mitterrandtait etFranois Hollande sen est sre-ment inspir un homme de lalongue rflexion; bouscul, son jugementtait dailleurs moins sr. Le tempramentde Nicolas Sarkozy, en revanche, lui a visi-blement interdit de prendre en compte cesrythmes de la dure qui tissent lhistoire enmarche. Pour lui, celle-ci ntaitquunmagasinde rfrences po-ses sur des tagres, parmi les-quelles il piochait pour servir ses proccupa-tions momentanes.En 1981, il y avait lUnion de la gauche,en 2012, a merg le Front de gaucheEn 2012 nexiste plus qu peine ce Particommuniste qui reprsentait un quart dessuffrages en 1945 et un cinquime au dbutdes annes 70, soumis une puissance tran-gre et donc propre provoquer, aucentre et droite de lchiquier, unviolent rejet. Dansles ractions auFront de gauche, riende cetteintensit. QuandNicolas Sarkozy stigmatiseune CGTdfilant, horreur, derrire des dra-peaux rouges, on repense Michel Ponia-towski, homme lige de Valry GiscarddEs-taing, annonant les chars sovitiques auxportes de Paris. Absurde lpoque, drisoire prsent, dans un monde chang par lachute du Mur. En 1981, en revanche, lex-trme droite tait si faible quelle ne parve-nait pas runir les signatures ncessaires une candidature. Voil une symtrie inverseentre les deux priodes, la droite de 2012tantautantembarrasseparlextrmedroite que la gauche de 1981 ltait par le PCF.Plus peut-tre: on est loin, du ct du FN,des gnrosits de bien des militants com-munistes de lpoque. Encore une rsonancede 1981: audbut de sonmandat, ValryGis-card dEstaing avait accompli des rformesde vrai progrs: vote 18 ans, lgalisationdelIVGMais, la fin, il avait durci sa politi-que, avec la loi scurit et libert. Les quel-ques rformes institutionnelles utiles ouges-tes symboliques de Nicolas Sarkozylorigine, auservice de la diversitnotam-ment, ont t oblitres par sa course follevers les thses incarnes par Jean-Marie etMarine Le Pen.Rgne-t-ondiffremment selonquonest unprsident de droite ou de gauche?Aulong duXXesicle, biendes ides portespar la gauche ont t peu peuadoptes parla droite. Sans compter que le gaullisme (levrai, celui du Gnral) a brouill les cartes,et que la constructionbienheureuse de lEu-rope et la mondialisation diminuent la lati-tude dactionde lEtat central, lieu focal desoppositions entre le parti du mouvementet celui de lordre tabli, comme ondisaitau XIXesicle. Pourtant il survient toujoursdes vnements imprvisibles qui font quechacunsait soudain quelle famille il appar-tient. Lhistoire retrouve alors sa logique decontinuit. Et elle va maintenant redonnerleur lustre nos grands hommes de gaucheet ce quils incarnent, ceux-l mmequHenri Guainoavait mis, tort et travers,dans la bouche de Nicolas Sarkozy, en 2007et ensuite: Blum, Jaurs, Clemenceau, Saint-SimonBlumnous rappellent quil nous fautfaire litire des hsitations devant le pouvoir,en accepter, comme il disait, le calice etse persuader que les compromis peuventntre pas des compromissions. Clemenceaua honor une dfense rigoureuse de la lacit(pas positive, plonasme): cest un desdomaines o lhritage du prsident prc-dent restera le plus sombre. Car il senest pris sonessence, endformant, endirectiondescatholiques, la nature mme de la loi de s-paration, qui fut de tolrance. Et cest lemme qui a exig de nos compatriotes mu-sulmans une lacit impeccable Ce nestplus lheure daccabler Nicolas Sarkozy. Maisje tiens que, loin dapparatre comme unsymptme dune volutionirrversible quant la manire de traiter lEtat et ses serviteurs,sonquinquennat apparatra comme une pa-renthse, refermer. Dcidment, oui, lave-nir vient de loin.Recueilli par ALEXANDRA SCHWARTZBRODDRINTERVIEWLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012EVENEMENT17Professeur dhistoire, Michel Margairaz revient sur les prcdentes accessions duPS aupouvoir:Depuis 1983, lagauchesinscrit dans ladureProfesseur dhistoire contempo-raine luniversit Paris-I, MichelMargairaz travaille sur la gaucheet lconomie auXXesicle. Il revient icisur les expriences prc-dentes daccessionau pou-voir de la gauche.Trs prudent, Franois Hollandenapasfait de promesses inconsidres. Est-ceunepremireauregarddes prcdentescampagnes victorieuses de la gauche?Cest eneffet unpeu diffrent des pr-cdents sous la VeRpublique. Notam-ment de 1981 quandle programme pr-sidentiel sappuyait sur unprogrammecommun, dont la partie labore par lessocialistes tait titre Changer la vie,dans une perspective de grande trans-formation, de rupture avec le capita-lisme. Cest undbat lintrieur de lagauche. En1981, la premire gaucheregroupeautourdeFranoisMit-terrandtait favorable cette perspec-tive transformatrice. Avec Michel Ro-cardouJacques Delors, une deuximegauchedfendait une autre attitude,elle voulait promettre moins mais tenirplus. Ce secondcourant semble lavoirprogressivement emport au Parti so-cialiste, et Franois Hollande syinscrit.Minoritaire en1981, ce courant a pris unascendant dcisif avec le ralliement dePierre Mauroy en1982-83. Le contexteinternational de grave crise a sans doutejou aussi unrle dans le choix de Hol-lande pour cette campagne.La gauche a-t-elle souvent gagn partemps de crise?Rarement la gauche est arrive aupou-voir ensituationtrs calme. En1936, secombinaient une crise conomique, unecrise internationale et une crise politi-que. 1944-47 ne saurait tre qualifie depriode calme. En1956, la France con-nat la croissance mais aussi la situationalgrienne, et une instabilit financireet montaire extrieure. En1981, cestle dbut du chmage de masse, et si lasituation est moins critiquequaujourdhui, elle est vcue lpo-quecommedifficile.Ilnyagurequen1988 que ce fut plus calme, avecune reprise conomique dont le gouver-nement Rocard a pu profiter.La gauche a-t-elle parfois t porte aupouvoir par un mouvement social ?En1936, la mobilisationsuit la victoireaux lgislatives, une grande grve dusecteur priv et nonde la fonctionpu-blique, contrairement aux schmas ac-tuels2 3 millions de grvistes, avecdes occupations ce qui tait nouveau.En1981, 1988, ouen1997, il nya enre-vanche pas de mobilisation forte. Lesmouvements sociaux se sont produitssousdesgouvernementsdedroite,en 1995 ou en 1968.Lavnement delaVeRpubliquesembleavoir chang lexprience de la gaucheaupouvoir, enlui permettant dedurerLes trois expriences de la gauche ant-rieures 1958 sont eneffet trs brves.Un an en 1936. Ala Libration, la gau-che clate avec la guerre froide, et lessocialistes se trouvent vite marginaliss.En1956, quelques mois. Les trois exp-riences de la Cinquime (1981, 1988,1997) durent, elles, toute la lgislature.Le systme institutionnel qui privilgieet renforce lexcutif donne les moyensqui manquaient aux gouvernements de36oude 56, soumis des majorits fra-giles. Jusquen1981, la gau-che avait intrioris lideque sonrle consistait ac-cder aupouvoir, faire passer quelquesmesures sociales avant de devoir senaller,commeen1936.En1982-83,Pierre Mauroy a opr une vritablemutation culturelle en choisissant desinscrire dans la dure.Les thmatiques qui ont port la gaucheau pouvoir sont-elles diffrentes selonles cas?Il y a souvent plusieurs thmatiques luvre. Certaines relventdudomainepolitique,durapport la Rpublique, auxliberts publiques et la d-mocratie, dautres delmancipationsociale ouduprogrs conomique. Le do-sage a vari selon les cas, etce nest pas toujours le dosage initialqui la emport. En36, la gauche gagnesur le thme du pain, de la paix et de lalibert. Le pain, cest la lutte contre lacrise, la paix celle contre le fascisme lextrieur, la libert celle contre le fas-cisme lintrieur. Cest une vague an-tifasciste, avec le ralliement des radi-caux, qui avaitportlagaucheaupouvoir. Mais du fait de lagrve massive des salaris dupriv, ce sont des mesuressociales qui seront les plusmarquantes. La gauche ar-rive toujours aupouvoir avecla promesse de certaines me-sures mais se retrouve face dautres questions, anticipes ou non.Cette fois, la campagne a bascul versla fin sur des questions mises en avantpar lextrme droite, il nest pas sr dutout quune fois aupouvoir les socialis-tes garderont cet ordre de priorit, lesquestions et financires reprendrontcertainement le dessus.Recueilli par SYLVAIN BOURMEAUDRAChteauChinon (Nivre) ,le 10mai 2011,pour le30eanniversairede llectionde FranoisMitterrand lElyse.PHOTOMARCCHAUMEIL .FEDEPHOTOBythewayCreacom Crdit Coopratif, socit cooprative anonyme de Banque Populaire capital variable 33, rue des Trois Fontanot 92000 Nanterre 349 974 931 RCS Nanterre Illustration : ArtusINTERVIEWLIBRATION LUNDI 7 MAI 201218EVENEMENTLes Etats-Unis reculonsvers linconnuJusque parmi les proches deBarackObama,onironisaitencoreces derniers jours :Franois Hollande? Pour moi, ila plutt la tte dun Premier ministreque dun prsident, a lanc RahmEmanuel, ex-bras droit dObama la Maison Blanche et maire deChicago, lors dune rception larsidencedelambassadeurdeFrance Washington. Interloqus,les diplomates franais ont plaidque beaucoup dhommes dEtatneremplissaientvraimentleurcostume prsidentiel quaprs leurentre en fonction. Peine perdueauprs de RahmEmanuel qui, entant que professionnel, nima-gine pas nonplus Hollande gran-dir dans la fonctionEntre le socialiste et les Amri-cains, pour une fois, lignoranceest mutuelle: Hollande nest pasvenu se prsenter Washingtondurant sa campagne, et il a mmeannulunvoyageprparparlambassade des Etats-Unis Parisqui lui aurait permis de rencontreraumoinsHillaryClinton. LesAmricains lui rendent cette indif-frence aucentuple. Mme parmiles francophiles, peu dentre nous leconnaissent, avoue JimHoagland,ditorialiste au Washington Post.Avec lui, ce sera linconnu. Ainsisuggre-t-il aufutur prsident desinspirer de Franois Mitterrand,quiavaitrapidementenvoyWashingtonle diplomate PhilippeFaure: Il avait directement accsMitterrandet pouvait expliquer quiil tait aux Amricains. Il avait trsvite chang son image Washing-ton, rappelle ce journaliste quisuit lapolitiquefranaisede-puis 1961. Ce que je suggrerais Franois Hollande, cest denvoyertrs vite unreprsentant NewYork,pour rassurer les marchs qui sonttrs nerveux, ajoute undiplomatebas Washington.Leseulmotsocialiste fait encore peur aux in-vestisseurs.Insulte. Dune faon gnrale,les Etats-Unis nont pas vraimentide de qui est Franois Hollande etils ne sen soucient gure, rsumeEzra Suleiman, professeur Prin-ceton. Mais dans les cercles cono-miques et politiques, on se souvientquavec la gauche franaise, il y atoujours unpeudantiamrica-nisme.PlusieursdespositionsdeHollande, sur lEurope, lAfghanis-tan ou lOtan, les soucient aussi. Jene dirais pas quil fait peur, mais onne sattend pas une relation facile.Hollande a aussi un lectorat qui,par le pass, na pas t trs pro-amricain. On se souvient aussi quela gauche franaise est plus propa-lestinienne.Le pch originel deHollande est quil se dit fier dtresocialiste, un terme qui reste consi-dr ici comme une insulte politique.Mais il nest pas vu comme un ido-logue, assure JonathanLaurence,professeur auBostonCollege, sou-lignant que les diffrences avec leprsident sortant pourraientntre que subtiles: Hollandeest plus susceptible de reprendre lechemin du dfi la prminence desEtats-Unis, tandis que Sarkozysemblait plus sincrement attir parle modle amricain.Signaux. Ces interrogations ex-pliquent assez bienpourquoi, jus-quau premier tour,la MaisonBlancheavait mis des si-gnaux inhabituels desoutien Sarkozy(Obamaallantjus-qu laisser filmer unde leurs appels tlphoniques, lademande de lElyse). Il est nor-mal quun prsident amricain sesoucie de maintenir jusquaubout debonnes relations avec son homolo-gue, ddramatise unofficiel am-ricain, assurant que le contact estdj bientabli avec le campHol-lande: Nous sommes en 2012, pasen1975. Mme si nous sommes par-faitement conscients quil existe destendances antiamricaines chez cer-tains dans la gauche franaise.De notre correspondante WashingtonLORRAINE MILLOTLe Mrbrillante vertumystrieusede la ChineEn chinois, Franois Hollande ne sappellepascommelenomdupays(laHol-lande), mais Ao-lang-de (littralement:brillante vertumystrieuse). Mais si le prsi-dent lu a dj sonnomchinois, il na pourtantjamais mis les pieds enChine. La crainte, peut-tre, dycommettre des impairs. Sgolne Royalne sen tait pas prive en 2007, en saluant lesmrites de la justice chinoise dont les tribunauxsont plus rapides quen France. Peut-tre aussipar peur dy tre mal reu, le rgime se mfiantpar nature des opposants, mme trangers.Sonenvoy Laurent Fabius, qui sest rendu P-kin en fvrier dans lespoir dy rencontrer aumoins un ministre, en est reparti furax ds lelendemainaprs avoir appris quonne lui propo-sait dentrevue quavec des dirigeants de ranginfrieur. Il faut dire que le Parti communistechinois, qui a sign en 2009 un accord aveclUMP, votetraditionnellement droite. Pkina consacr grands amis de la Chine JacquesChirac, AlainPeyrefitte et Jean-Pierre Raffarin.Agauche, personne, pas mme uncommuniste.Sans surprise donc, Hollande a t trs large-ment ignor par la presse officielle.Les Chinois qui veulent en savoir plus sur Hol-lande peuvent toutefois se tourner vers le Xin-jingbao (Nouveau Journal de Pkin), qui aconsacr unarticle ausocialiste le mois dernier:Hollande se targue dtre lhomme ordinaire na-tureloumonsieur ordinaire. Il veut se distinguerdunSarkozy ausurnomde bling-bling, qui mnelavieluxueuseetnarcissiquedunestar. Demme, il est prsent par le site Beifang commeunmonsieur gentil, surnomm lhomme tran-quille. Sa capacit trouver unconsensus seraitsonpoint fort, et sondfaut celui dtre indcis.Chose trange pour nous, souligne aussi ce m-dia, il aeuquatre enfants avec Sgolne Royal, maisne sest jamais mari.Ce grandinconnudes Chinois a tout de mme tsond sur le terraindes relations conomiques.Dans un entretien tlvis avec la correspon-dante Paris dumagazine financier chinois Cai-jing, Hollande dit vouloir rquilibrer les chan-ges et stimuler les investissements dans lesdeux sens. Sur le yuan, il explique que quandon a un excdent commercial, la logique conomi-que veut que la monnaie se rvalue. Sans fairedirectement rfrence la rencontre de Sarkozyavec le dala-lama, que Pkin avait rprouve,il accuse la droite davoir t inconstante vis--vis de la Chine. Nous, poursuit Ao-lang-de,sans dire sil boycottera le Nobel de la paix, nousessayerons de dire les choses trs clairement.De notre correspondant PkinPHILIPPE GRANGEREAULe 16 dcembre, Rome, au sige du Parti dmocrate italien. PHOTOFREDDUFOUR. AFPAla gare de SaintPancras, lors dun dplacement Londres, le 29 fvrier. PHOTOMARCCHAUMEIL . FEDEPHOTOOnse souvient quavec la gauchefranaise, il ya toujours unpeudantiamricanisme.EzraSuleimanprofesseur PrincetonLIBRATION LUNDI 7 MAI 2012EVENEMENT19Les tractationsdj blocenAllemagneNous travailleronstroitement avec laFrance, peu importequi remporte les lectionsEnfinde semaine, le minis-tre allemand des Finances,WolfgangSchuble, avait en-terr tout espoir de retrouverlquipe de Nicolas SarkozyaulendemaindusecondtourIl y a encore quelquesmois, mmechezlesso-ciaux-dmocrates, onne pa-riait pas uncentimesurFranois Hollande. Son dis-cours endcembre devant lecongrs duSPDBerlinnavait remport quunint-rt poli. Mme surprise dansles rangs du gouvernement.Ni Angela Merkel ni son fi-dle ministre des Financesne connaissent directementle socialiste.Ledbatnapastoujourst simple, mais des changesont eulieuet les quipessont mieux prpares tra-vailler ensemble que celanavait t le cas en 2007,assure Chantal Mairesse, dela fondation allemandeGenshagen.Dautantqula diffrence de Sarkozyvoicicinq ans, Hollande compteplusieurs germanophilesdans sonentourage et BerlinseflicitequelundeuxJean-Marc Ayrault, ancienprofesseur dallemandsoitpressenti auposte de Premierministre. Entre la France etlAllemagne, ce nest pas unehistoire de personnes, insisteledputchrtien-dmo-crate Andreas Schockenhoff.Les deux quipes devronttravailler de faon construc-tive, et surtout ne pas perdrede temps.Isolement. La grande in-quitude de Merkel concerneles marchs financiers quivude Berlinattendent unralliement rapide de la nou-velle quipe auPacte budg-taire, entout cas avant le r-frendum en Irlande. Si laFrance trane des pieds, lesIrlandais diront non, et ceseralafindelamonnaiecommune, estime-t-ondansles rangs de la CDU. Pournous, le Pacte budgtaire nestpas rengociable, prvientle secrtaire dEtat auxAffai-res europennes, le libralMichael Link. Un avis par-tag par les observateurs desdeuxctsduRhin,con-vaincus dans lensemble quele nouveau prsident viterade heurter de front les int-rts allemands. Mais Merkelest bien consciente quil luifaudraassouplirsondis-cours. Berlin, menac diso-lement en Europe, aura be-soindusoutiendeParis.Dans ses dernires allocu-tions, la chancelire a da-vantage parl de croissancepour combattre la crise de ladette, sans pour autant rel-cher la pressionsur le terrainde la discipline budgtaire.Un nouveau prsident a be-soinde prsenter quelquessuccs et il faudra reformulertelleoutelleligneduPactebudgtaire, rappelleAn-dreas Schockenhoff. Il y ades fondamentaux respecter,estime pour sa part StefanSeidendorf, de linstitutfranco-allemanddeLud-wigsbourg. Mais il reste unemarge de manuvre relle sion mne une ngociation intel-ligente.Reliquats. Trois des quatrepropositionsqueFranoisHollande entendprsenter sespartenaireseuropenspour relancer la croissancesont acceptables auxyeuxdeBerlin: davantage de possi-bilits de financement de laBanque europenne dinves-tissement,lamobilisationdetouslesreli-quats des fondsstructurels euro-pens inutiliss etla cration dunetaxe sur les tran-sactions financi-res,laquellelaCDUdeMerkel est favorable, mmesi le projet est pour linstantbloqu enAllemagne par leslibraux du FDP.Seule la quatrime proposi-tion, la crationdeuro-obli-gations, essuie unrefus cat-gorique. Pour les Allemands,ilesthorsdequestiondemutualiser la dette des paysduSud. Dumoins pour lins-tant. Quand Angela Merkeldit quelle ne bougera pas, onsaitquellechangeradavisdemainouaprs-demain,raille le dput social-dmo-crate Axel Schfer dont leparti,pourtantlongtempshostile auxeuro-obligations,vient de sy rallier.De notre correspondante BerlinNATHALIE VERSIEUXLes deux quipes devrontsurtout ne pas perdre detemps.Andreas Schockenhoff dputCDULa peur de la dsillusionauRoyaume-UniAprs le gros succs du Labouraux lections locales britanni-ques, jeudi, la victoire de Fran-oisHollandepourraitmarquerledbut dunretour ducentre gauche enEurope. Entretienavec Olaf Cramme,directeur du thinktankinternationalPolicy Network.Un tournant samorce-t-il ?Les populations europennes sont deplus enplus frustres avec les gouver-nements de centre droit. Cest unpeula deuxime manche, aprs la crise fi-nancire. La premire avait vu le cen-tre droit se positionner comme tantle mieux plac pour grer la crise.Quatre ou cinq ans plus tard, ce nestplus le cas. Nous passons maintenant la deuxime manche.Sagit-il donc, en France comme auRoyaume-Uni, dun vote sanction?Llectorateuropenrestetrspeuconvaincupar le modle de gouverne-mentducentregauche.Lerisquedune trs forte dceptionaprsune arrive au pouvoir est grand. AuRoyaume-Uni, la large victoire duLa-bour aux lections locales, jeudi, ne setraduit pas par unregainde confiance.Llectorat reste trs sceptique face lacapacitdEdMiliband[lechef duLabour, ndlr] dtre un meilleur Pre-mier ministre que le conservateur Da-vid Cameron. Les conservateurs sontencore, endpit du dsaveu des lec-tions, considrs comme plus comp-tents en matire dconomie. Le La-bour a plus gagn par dfaut, parceque le gouvernement conservateur acommis rcemment une srie der-reurs qui ont marqu les esprits.Que manque-t-il donc aucentre gau-che pour susciter ladhsion?Tony Blair et sonquipe avaient vrai-ment une vision pour lavenir. CellesdEdMilibandetde Franois Hollanderestent encore difficiles percevoir. Ladsillusion est le plus gros problmeauquel le Franais va avoir faire face.Il va devoir grer la dette, lesdficits publics, quandses lec-teurs lattendent sur des notionsdgalit, de justice.Il sagit dune renaissancetimideducentregauche. Ilexiste encore un grand vide remplir.Jesuisprudemmentoptimiste. Duct duLabour, il va fal-loir accepter que le centre de gravit dela social-dmocratie europenne sestdfinitivement dplac de Londres versParis. Mais cest une chance. Sans ex-primentationet sans nouvelles idesde gouvernement, la gauche ne peutpas retrouver sonancienlan. AFran-ois Hollande de sengager sur ce che-min pour montrer la voie lEurope.Recueilli parSONIA DELESALLE-STOLPERCorrespondante LondresEnItalie, droite et gauche unanimesJespre que le petit Pinocchio vamordrelapoussire. CommeSilvio Berlusconi, dont il fut leporte-parole, le directeur duquotidienIl Foglio, Giuliano Ferrara, a confirmhier quune bonne partie de la droiteitalienne soutenait Franois Hollandecontre Nicolas Sarkozy. Nonseulementensouvenir de la confrence de pressedelautomne,lorsqueleprsidentfranais encompagnie dAngela Mer-kel stait moqu du Cavaliere unescne offensante et mprisante selonFerrara, mais aussi parce que le can-didat socialiste a fait entendre sa voixcontrelexcsdepolitiquedaustritsans croissance de Merkel.Alors que la pninsule assiste la mul-tiplicationdes cas de suicide dentre-preneurs et de salaris, le quotidienconomique Il Sole 24 Ore saluait ga-lement hier la perspective dune vic-toire de Franois Hollande: Enremet-tant en discussion laxe Paris-Berlin, cesuccs pourrait donner une nouvelle vi-gueur la sortie de crise.Duct duParti dmocrate, onestimequunsuccs dudput de Corrze estde bonaugure pour la gauche italienneet pour une rorientationde la politi-que europenne. Nous esprons queFranois Hollande nira pas uniquementrechercher le dialogue franco-allemand,mais quil trouvera une entente avec dif-frents pays, commencer par lItalie etlEspagne, pour obliger Merkel treplus ouverte sur la question de la crois-sance, souligneleparlementaireSandroGoziqui,toutefois,metengarde: Il nest pas dans lintention dugouvernement Monti ni mme du Partidmocrate de rouvrir oude diluer le Pacteeuropen.Sur la questionde la rvisionduPacte,les dclarations de Hollande ont sus-cit une certaine perplexit. Pour d-samorcer lincomprhension, le socia-liste a dpch le mois dernier RomeElisabethGuigou, qui y a rencontr leministredesAffaireseuropennes,Enzo Moavero Milanesi. Dans lentou-rage de ce dernier, on souligne, ras-sur, que les craintes sur les cons-quences dune remise en cause du pactefiscal sont partages par une bonne par-tieduproprecampdeFranoisHol-lande: Nous comptons sur lui pour levolet croissance avec des convergences,par exemple, sur la proposition de MarioMonti de sortir les dpenses dinvestisse-ments productifs des critres de lendet-tement. Il y aura peut-tre des discus-sions sur la libralisation du march dutravail laquelle nous sommes favora-bles.Entre la rigueur de Merkel et larelance de Hollande, lItalie de Montise voit en mdiatrice.De notre correspondant RomeRIC JOZSEFUne bonne nouvelle pour la PolognePour Tadeusz Iwinski, dput delAlliance de la gauche dmocra-tique (SLD, ex-communiste, op-position), le Parti socialiste franais estloindtre undinosaure: Cest la for-mationsociale-dmocrate laplus intres-sante dEurope, enthorie et enpratique,les 35 heures en sont un des exemples.Le SLDavait dailleurs invit FranoisHollande au dbut de la campagne.Nous le connaissons depuis une ving-taine dannes, cest un responsable quia mri, explique ce dput.Paradoxalement il nya pas que la gau-che polonaise qui espre beaucoup dellection de Hollande. Pour les lib-raux, sa victoire semble tre plus pro-metteuse que la rlectionde Sarkozy.Dans larelationfranco-polonaise,beaucoup de belles dclarations sont res-tesstriles,dploreleurodputPawel Zalewski (Parti populaire euro-pen, droite) rappelant que lquipede Sarkozy a ouvertement remis enques-tionen2004le sens de llargissement delUnion europenne aux nouveaux pays.Hollande signifie une nouvelle ouverturepour lEurope et la Pologne. A ct delaustritduPacte,il prneplusdecroissance pour sortir lUEde lacrise. LaPologne peut tre un partenaire attractifpour lui, car elle fait partie des bons l-ves.LaPologneaffichelameilleurecroissance dEurope..Mais Hollande reste une grande incon-nue sur le plan europen. Les questionseuropennes nont pas t au centre de lacampagne, remarque Dorota Liszc-zyk, analyste lInstitut polonais desaffaires internationales Pism, qui es-pre que le tandem franco-allemandsera moins exclusif et ouvert une co-oprationavec dautres partenaireseuropens,toutenlegardantcommemoteur principal de lUE.KonstantyGebert, journaliste et direc-teur dubureauduthinktankeuropen(European Council on Foreign Rela-tions), est tout aussi heureux de lanouvelle donne: Sarkozy devait trelenfant prodige de la droite franaise, oril sest montr, comme souvent les en-fants prodiges, insupportable.Mieuxvaut avoir affaire un prsident franaisrformable quirrformable, comme Ni-colas Sarkozy, prcise-t-il avec unsou-rire. Car Franois Hollande semble trequelquun qui coute.De notre correspondante VarsovieMAJA ZOLTOWSKAHollande va devoir grer ladette, les dficits publics, quandses lecteurs lattendent sur desnotions dgalit, de justice.Olaf Crammeduthink tank Policy NetworkLIBRATION LUNDI 7 MAI 201220EVENEMENTDeTullelElyse, lalonguemueducandidat normalDepuis janvier 2011, le dput deCorrze sest construit une stature deprsidentiable stable et rassembleur.Par LAUREBRETTONet MATTHIEUCOIFFIERDelanaphorecommesignedune mtamorphose. Le2 mai 2012, enconclusiondudbat tlvisdelentre-deux-tours, le candidat socialiste rpteseize fois Moi, prsident de la Rpubli-queentrois minutes devant unNico-las Sarkozy sans voix et 17 millions detlspectateurs. Il le dit et cela paratcomme une vidence. Mais cela na past toujours le cas. LElyse, je my suisprpar. Tel est le mantra que rpteFranois Hollande. Jai pris la route, mon rythme, sans tenir compte des pro-nostics, des coteries, des commentairesgoguenards de ceux qui prvoient tout etqui ne voient rien.En plus dun an, celui qui est devenuhier le secondprsident socialiste de laVeRpubliqueaprsFranoisMit-terrand a accompli une mue person-nelle et politique. Riende myst-rieux ou de mystique, mais unparcours jalonn dtapes, toutespenses et balises par lintress par-tir dune analyse politique qui sest r-vele gagnante.La maturationLe 12 janvier 2011, Librationtitre lout-sideret demande: Et si ctait lui ?Avec ungros point dinterrogation. Car,si le dput de Corrze enregistre uneprogressiondans les sondages parmi lessympathisantssocialisteslasssdesatermoiements de Dominique Strauss-Kahn, lalors patron du Fonds mon-taire international (FMI) reste trs loindevant lui. Il ny a pas de candidat pro-videntiel, martle Hollande, qui oppose la volatilit des sondages sacrant sonrival le rapport quil a install avec lesFranais, fond sur le srieux, le travail,lacohrence. Cette approche met dutemps apparatre. Je ne suis pas au bout duchemin. Lhistoire de la campagne estcrite dans cet entretien. Jusqu laf-frontement final avec Nicolas Sarkozy,qui se fera sur lespoir ou la peur. Levisage, aminci, est loindes rondeurs delex-premier secrtaire du Parti socia-liste aux synthses molles. Hollande amis un bmol son humour pour sesortir de la caricature duMonsieur pe-tites blagues. Jai accompli une matu-ration, une sorte de retour lessentiel. Lacrise oblige aussi un dpassement. []Jai beaucoupsacrifidemoi-mmecomme de mes ambitions. En 2007, nousavions des candidats de transgression. En2012, il faudra un candidat normal, pasbanal mais grave, stable et rassembleur.La dclarationLe 31 mars 2011 Tulle, Hollande se d-clare candidat depuis le conseil gnralde Corrze. Lvnement nattire pasencore la presse. Je me suis prpar cemoment depuis plusieurs mois, la foispolitiquement, psychologiquement, pres-que physiquement mme, confie-t-ilalors Libration. Jai dcid de prsen-ter ma candidature llection prsiden-tielle travers la primaire du Parti socia-liste, lance-t-il. Le voil candidat lElyse et pas seulement linvestituresocialiste. Nuance. Le tonest ferme, lavoix pose, seules les paupires lgre-ment contractes trahissent lmotiondumoment. La scnographie a t dli-brment bricole, enraisondumanquede moyens. Et pour prendre le contre-pied de DSKet de son aropagede communicants. La Corrzecontre Washington, ctait une fa-on subliminale de montrer lancrage deFranois face celui qui voulait atterrir,confie Olivier Faure, unde ses stratges.Dans son bureau, Hollande prfre cejour-l rappeler que sa stratgie vise lechef de lEtat : Jai dit quil fallait unprsident normal car Nicolas Sarkozy nestpas normal.Dans le concept de candi-dat normal, il y avait 75%contre Sarkozyet 25%destins Strauss-Kahn. Vis--vis duquel cela a jou avec une efficacitencoreplusgrandequonnepouvaitlimaginer! savoure Michel Sapin.Le premier meetingLe 27 avril, unande la prsidentielle,il se jette leauet organise sonpremiergrandmeetingClichy(Hauts-de-Seine), o habitait Pierre Brgovoy etdontJacquesDelorsatmaire. Comme le thtre Ru-tebuf se remplit lentement,le groupe des