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LEs lmm!ms

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LEs VO12K lmm!ms

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PREMIERES POESIES ,

LES VOIX INTIMES

, Ailne ton Dieu toujours,I,e Qankclm, la France,Donne-leur tcs amours,Ilt nzrgllc la sotlffrallcc.

QH$BECIM1’RIlfERIE “DE L.-<F. DE}IEIIS & FRfiRE

30, Rue de la Fal)riclt~e, ~~o—

.——

~?*]rcgjstr6 co”form<mel~t i l’Acte du I’mrlenlent. du Can9cla, en l’ann6emil lluit cent qutltre-vingt-douze, par J.-E. C.\ OcItTTE, au bt]reau du,Ilillistrc de l’Agricultllre.

.——

,

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. . . . . . . . . . ● .,”’.

1’ourquoi unc r)rdface de rnoi, plut6t que dunautre ? l>our la pltls simple des raisons : nos dcri-vains ~edoutent de signer les premiAres ~!ages dulivre <un autre, Nloi, non pls — et voici commentla chose m’apparalt. ~ip~~s avoir lU un livreimprirnd, ~-o~ls c1l faitcs la post-face, devant vosamis, au tours de la co]lvcrsation. <Il)rts avoir lUu~ livre marruscrit, je donne mon cornme~ltnire a~~commencement du volume.

Trous pensez, peut-6tre, qu’ulle prdface doit secomposer de Y&loge de Yauteur, et c’est 1A Ie sujetde votrc tirrlidit6, mais ]uoi qui ne payc pas toujours

i- el~ complirneuts, je n’ai jarnais song~ Lt cet obstacle.

~. Et,arrt libre de mes allures, je remplis le moule aux

t pr~faces dc ce que j’ai trouvi daus le livre.

11 y a trente ans, noITs ]~ous pr~sentiolls Ilous-m&mes aux lecteu rs, attendu (~ue n’ayant pres-que pas d’allc~tres littdraires, nolls ne savions parque]le voie nolls introduirc au milieu dLI public.

—6—

N1ainteuant les jeunes se recommaudcnt ;t noIIs :

faisons aux autres Ce qlle l’orl ~’a Pas 1)11 fairepour nous, M. J-B. Caouette est Iln ddbntal~tque je vous pr6sente parce que ayant fait laconnaissance de ses vers, jc lcs trouve cle bonnecompagnie. Vous pourrez Ies lire saris vouscompromettre. Oest un bon Canadiell de plusclans notre ccrcle, etsi, un jour, il nous dcllappepour passer &la postdrit~, vous ne sercz ni inquietssur son comptc nig~nds de Yavoir connu. Pol~r

le moment, ce travai~eur est au moins estimable ;saluons son arriv4e sul la sc4ne.

Si jc vous disais que M. Caouctte se croit l~ng~andhomme etquec’est ainsiquejele considAre,vous VOLIS moqueriezcle nous; c’est pourtant surce pied-lb que Yonpose ordinairement un 6crivainnouveau,,. h moins qu’on nc Yex4cute en lela~dant.

Tarmi des vers fort bier] tourn&s il s’en ren-contre quelques-uns de tout k fait prosaiques, parexemple :

, .:+-

. . . I’muvre utile et salutaire ‘t-. . ... .

Qu’on nomme le C16frichement. :ji

i. . -.,,..

Mais il y a assez de bonnes pibces pour sanver les:+

Voiw Imtim~es Nun oubli prdmaturd. Le soufflereligieux et national agite noblernent un grand

=, <.

—i—

nombre de pages, ei ccla suffirait pour valoir un:( ccueil favorable A leur autcur.

Pul)]ier LIn livre, c’est pt~tir ell guc~re, s’exposer

comme UIIC cible, attraper Ies rhurnatismes de lacritique, recevoir des colLps de lance, se faire pincerles chaires l.)ar des ballcs qui ricochent saris sa~oiroti e~es vent; mais on est rarernent tu~ h cemdtier et, le plus sou~’ent, on JT ~lguc de s’agll erriret &atteindrc les hau ts gr,ldes.

11 y a longtemps que le dicton roule de l~dr le

monde : “ cc SOnt toLljoLlrs ICS mdmes qll i se fonttuer” — il n’y a done pLs trop de risques A courir.— En al’ant Ies jeunes ! C’est h notre tour ii YOUSregarder faire.

BENJ.4JIIX SVLrE.

.

—11—

Et clcpuis qu’a nos yeux — :t[lrore fortun&e —

S’alluma Ic ciivin flambe:+[l (le 1.hym&n6e,

Lebonheur, tulesais, llo~lS ~ouri:~toujours.

Ilnoussourira m6mcauseinde lasouffrancc:

Parccque nous plagons toutcnotre esp6rance

Dansle Dieu quib6nit et f6conclelesjours!

Septembre 1W6.

.

--

\

—14—

I,es arl)res engourdis naguire

Semblent dressel” plus l]aut le front,

Car la nature, en bonne mere,

Verse la s6ve clans leur tronc.

Au plus Cpais de la ramure

I,es oiseaux pr6p&rent leul’s n i(ls,

,Sans s~occuper si la p~ture

Ou 10 Iin leur seront fournis.

Du sol jaillit plus d’une source

Quc la froicluro emprisonnait ;

Et le ruisseau reprencl sa co~7rse

.k travers clos et ,jardin(;t.

I~on voit le castor vigilant

Tr!nsportcr le bois et les pierres

Po\lr b~tir son gite Atonnaut.

—15—

T.a I)rise, s~,lplli(le ligbrc,

Fait la tour & to[ltes IeS Heur~)

Puis vole elnharuller I’mtrnospll+re

Des l)lus euivrwntes scnte,,rs.

De la cinrc (le nos nrontagnes

,Se pr6ci~)ite le torrent

Qui fertilise nos ealnpagnes

.4vec les eaux (lrr Sfiint I,zilrent.

.1 ILOS fen~tres, l!hirou(lclle

S’:~nrloncc l)ar (les cris joyeux ;

IIlle reviellt A tire-cl’ailc

C~llarlner 10s jellnes et lcs Yicllx.

l.a porte s’ouvre A (Icux I)attants :

niche et pauvre ollt soi~ (le lu]ni+r(>,

D’air pur, cle parfluns o(lola]lts.

!_ 16 —

I’arfois l’on (~uittc sa demeure

I)our aller prendre un gai repas

Stir la pelouse Oti, toutc /L l’heure,

B6b6 fera scs premiers pas.

Plus loin les c$ons sur leur terre

Tritvaillent collrageusement

ii I’muvre utile et salutaire

Qu’on nouune le cl~frichement.

I.es uns creusent, les autres s?ment

OU bien coupent les arbres morts;

Ccs braves btichent, chantent, s’aiment

Et dorulent la nuit saris remords !

--

—17—

Oui, I’homrne, les oiseaux, les plantes

~t I’onde aux bruits myst6rieux

l161ent leurs voix reconnaissances

Pour c616brer le Roi des cieux.

Car tout ce qui vit et respire,

Tout ce qui chante, pleure ou croit,

Reconnait qu’il est sous I’empire

D’un esprit souverain et droit !

l>rintemps, r6veil de la nature,

Oh ! sois Ie bienvenu toujours !

Quand tu parais, la cr6aturc

Esp5re encore (les beaux jours !

C’est toi qui clonnes & la pl:iine

Son riche et n]oelleux v~ternent ;

(;fest toi qLli fais gerl~~er la gr~~ille

D’oh sortira notre aliment !g ,’

— 18 —,

C’est toi qui rends au pulmonaire

I<a force et souvent la sant6 ;

C’est toi que l’Indicn v6n$re

En recouvrant la libert6 !

O printemps, messager c61este,

~~[]llliral)le cousolateur !

‘~on &clat seul nous manifeste

La puissitnce CIU Cr6ateur !

4 jllin ISSi.

SAMUEL CHAMPIJAIN

-—

Staclacon6 tr6nai t clans sa nlajest~ vierge

Au-clessus des flots bleus qui roulaient sur la bcrge

AVCC Ull brl.(issemcllt ~l:~ir,

A truvers les r6senux ({c la vigue embaunl~e.

L’indig?ne vivait daus S:I ll~ltte cnfum~e,

I,ibre comlne l’oisenu (ie l’air,

—20—

Sur l’ilnulense pltlteau courotlu6 (le I-er{lure)

QtLe I.on(le, les rallleaux et l:i brisc o(lorant(!

Versai(>ut. ~ la roix cles 6c11(>s.

Maintes fleurs I:u soleil entr’ouvr:iient leurs corolles

Oti les :Il)eilles (l’or, iucoustautes ct tollcs,

Cueilluie]lt le nliel d61icieux.

St2i(ll*cou6 sen]i~l~tit tressaillir d’al14gresse,

Et (lo clt:~(~ue tilillis un cl]ant relnpli d’i}’resse

JIOntiLit al~ec l’ilrom~ allx cicux.

Ayal) t l’:tir (Ie surgir cles profon(leurs (Ies ~,:~guos,

Jnt(?vrolnpcnt ce (10(1x concert ;

.

>.:.., .-. , . . ---.—

Quel est (ionc l’inconnu c~ui vient fouler ces gl’~ves

Que l’enfant cles for~ts — voyant s;enfuir ses r6ves —

Dispute aux biancs en souveraiu ?

Skuvage, incline -toi devant ce nouveau pere

Qui reuclra ton pays civilis~, prosp$re !

Incline-toi cleyant Clltkmplain !

11 vient, au nom clu roi qui r+gne sur la Frauce:

Dissiper les erreurs, le vice et l’igrlorance

Dans les c(~IITs llaif~ ou Pcrvcrsl

Follder Cn .4m6riqLle une bulnble cOIOniC

De la France 6clairaIlt par son vuste g6nie

Tous les ~)euples cle l’ullivers !

Levant cle l’avenir un coin (Iu voile sombrc,

11 voit cles ennernis le combattre clans l’ombye

Comme clcs tigres enrag6s ;

Mais sa foi, ses vertus, son esprit, sa ~]rudence,

Le feront trionlpller, avec la provi(l~nce)

Des ermemis et (les clangers.

Apres avoir grovi lC rocller gi%~nte~que

Et contempl~ Iongteml)s ic tableau pittoresque

Qui s’ofire & ses regards ravis,

11 regagnc les flots (1u beau fleu~’e qtl’il aime~

Et, tOLlt pr$s de ses bords, il tra~’aille lui-m~~ne

A bitir le premier logis.

***

__ ::; _

11 est +4v@re, soit ! mais juste et charitable ;

Sa bourse} son (:uJur (1’ou, son logis ct S:L tsblc

S’ouYre.)lt ;~ tous les mal}leureux.

Et 1(!s chefs (Ies Lribus algonquine et Iluronne,

Tollchts de ses I]ientsits, I>osent LIIIe couronne

,Sur son front uoble et radieux !

Cet humble hommage 6L11eUt son ~me magnanirne

Et Yattache encor plus h la charge sublime

Qu’il tient de son seigneur et roi j

Car poisque d:tns ces c~urs il a d6j& fait naitre

Un peu de gratit71de, il y fera peut.?tre

Briller les rayons de la foi.

— ~.~ —

11 le ur enseigne & tous l’art de l!agri(~ulturc,

Et, vrai Cincinuatllsj comrneucc uqe Cultllre

Que Dieu couronne cle SUCC6S.

C’cst lui qui, le premier, arrache A cette plage

Le secret de dormer au l)lanc conlme au sauvagc

J.e pain, ce levier (lu Progr@s !

NIais l’illustre Fran~ais ne voit pas tout en rose;

Son front serein nagu~l’c est maintenant morose:

11 pleure sur le sort des siens.

All ! c>est que, par deli les LUOntS et les I’ivi+res:

Hal)itc une autre race, aux instincts s%nguiuaires,

~ui l’outrage et pine ses biens !

C’est la race iroquoise, avi(le et dominante,

Qui veut an6antir cette vine naissante

Et r~gner sur tout le pays.

Elle bait les Hurons et les visages pales

Et caresse l’espoir d’ouir leurs derniers r~les

Et de morclre h leurs flanes roussis !

\

Le soir, notre h6ros~ ento\lr6 (Ie ses l)ravcs

Qui n’ont jamais connu la honte des entraves,

Xfarche all devant des Iroquois.

11 les rejoint A ~aube, au milieu (le leur chLnsc~

Aux bords du lac Champlain . — .issoiff6s de vengeance,

Les Hurons violent. Ieurs carquois.

l)lunlc,s,

C1laulplfiirlj sorfflnt du bois} all premier rang se place,

Et, d’ull (:oup d“arclut:busej crl abat trois sur ~)lace,

I,e chef et scs I)renliers suiv:lnts !

Cc COLLIJ fameux inspire aux Iroquois ia craintc ;

Tls Iuttent chaudement, mais leur bravoure est feinte :

I.a frayeur se lit ditns leurs yeux !

11s reculint bient6’t, en (:ohortc confuse,

Xpou~,ant6s qu’ils sent pur Iis coups d’arquebuse

Que Champl:tin d6ch}lrge SU1, eux !

***

Ilre\’ie]~t au~pl>internps, le~’(E[lls rempli de joie,

.4vec defiers colons iluelal)atrie envoie

Escort6s de religieux.

Asacharge ill}ourra seli\’r[?rsalls rel~clle,

Laissaut aux r6collets la grande et sainte

De gagner d= imes aux cieux !

11 fonde, il 6tablit de florissants villages

Oti nagudre 6mergeaient des bourgad 0s sauvages

Couvertes d’un maigre gazoll ;

A la brise aujourd’hui le I)lfi d’or s’y balance,

Promettant au colon la joie et l’:kbondance

Pour Ies jours de l’hpre saison.

11 instruit I’ignorant, soulage l’il}fortune,

Fait voiraux ennemisl’borreur delarancune

Et pr@che la fr:ttcrnit6;

11 sontieut dcs combats qui IC couvrent de gloire,

Etposeles,jalolls d’ulle l16roi{~ucbistoire

(Ju’il l?gue~ lapost6rit6!

***

Qu6bec n’est plus ce roc a I’aspect morne et sombre

Otl venaient autrefois sereposerhl’ornbre

Le cbevreuil, la bicbe et I’Alan.

La vigne et le noyer sent tombds sous la bathe.

La nature a jet6 son large et vert panache

Pour se couvrir du dral)eau blanc !

,

—29—

L’harmonic et I’zmournesout plus clans les branches

Otil’oiseall sccacllitit, mais (Ians (Iesmaisonsb lanches

Pleines (1’enfantsfrais etmignons.

L& vit de ses suellrs un petit peuple brave

Qui peut d6j~ r6pon(lre ~ l’.inglais qui le brave:

~< J ~<~ttencls l:cffet fle ~OS canons ! 7’ (*)

“Un peuple {Ie h6ros i la trempe ath16tique,

,~ l’ime ~6n6reuse, au c~ur patriotique!

Luttant pollr la Frnnee et ses (lroits j

W peuple qui b6uit du pr$tre l’influence

Et coule sur ce sol uue heureLlse existence

A I’oml)re sainte clc la croix !...

C’est ton wuvre, Chainplain, G gouverneur illastre I

C’est toi qui fis grau(lir! en lui (Ionnant ton Iustrt:,

Ce peuple bonn@te et vigoureux;

{J’est toi qui le soutills aux heures de 17&preuve ;

C’est toi qui l’attachus aux rives cle ce fleuve j

( ,,est toi (i~~i l(. rclldih heureux !

(.) RLL,OnSC (LC Cl,au]i,]ai]l k I:L solnu,ation de David Iicrtk,10 juillct 1628.

—30—

Un [Iuaut de sidcle et plus, tu manias saris tr@ve

],a c}larrlle OU l’(~lltil, 121 parO]e OU le ~lt~i~e

l’our assllrer son avenir.

Et quand la rnort I,ilrut au sellil de tm demeure, —

OiL le pellple asseml)i~ pleur:iit ta clerni$l’e llellre~ _

Saris trcurl,ler to 1:1 ris venir !

West envo16c aux (:ieux, et .li~ I)atrie acclame

Ton nom tou.jours reteutissant.

l’oi~— grain de s~llevi que tll .jetas en terre —

Ces millions (Ie c{~!ur~ te l)roclamcr Ie pire

Dc ce pil~. lil]rc et ~>llissnllt !

11s r?vaient d’6rlger sur 1(; l12ut promontoire,

Otl ton :]stre l)rill:Lnt sc couc]la (Ians sa gloire7

lTn brollzt, dig]le dc reuom;

—.

.

., IJc ciol VOLIS (lolln:~ I’[krt cle l}l:Lire et (:1,? conviii,,cre

.

VOUS aimez — quand le peuple, enchant6, vous acclame, _

A parler, l’mil humide, et la fiert6 clans l’~me,

De ces illustres morts qui furent nos aieux

Et clont les grands exploits vous rcndent orgueilleux ;

Alors vous l+ecevrez, j’en ai la confiance,

Avec votre sourire et votre bienveillance,

Ccs vers que je redis en I’honneur du chr6tien

Que v6n&re et b6nit Ie peuple canadien !

Avril 1891.

LA PRESSE CA3TADIENX 13

>-OS bar(les tour ~ tour ont chaut6 la ramure,

La brise, le soleil, et l’oiseaa qui mtzrmure

En voltigeant cle fleur en fleIIL;

De notre penple ils ont c~l~br~ l’esp~ral~ce,

I.cs (~ua1it4s, la foi, Ies vertus, la souffrance,

Le c16votiment et la valeur,

3

—34—

IIS ont, Ies yeux fix6s aux pages de l’IIistoire,

Redit avcc orgueil l’6clatante victoire

“De nos soldats & carillon;

Et moi, le plus obscul’ (~u ~roupe litt6raire,

,J’ose venir chanter, cl’une voix t6m6raire,

1,’honneur d’un autre bat aillon.

Ce bataillon figure en nos belles annales ;

C’est lui qui cl~fendit nos lois nationals

Contre un farouche potentat;

C’est Iui qui d6tr6na l’infime oligarchic,

Qui, m6prisant nos droits, voulait, par tyrannic,

I{&gner et poss~der 176tat !

11 essuya d’aburd outrage sur outrage,

IJ’exil et la prison j mais, saris perdre courage,

Dans ~a lutte il pers&v6ra.

Alors, ses ennemis, plus orgueilleux que braves,

Cess?rent & regret de mcttre des entravesj

Et l’oligarchic expira,..

—35—

Devant ce bataillou qui s’appelle la Presse,

Chapeau has, Canadiens ! Et que chacun Iui tresse

Une courOnne en ce beau jour ! (*)

Car en brisant Ies iers de notre servitude,

11 s’est ac(~rris des droits a notre gratitude,

A uotre estime, a notre amour !

Et depuis Iors, veillant comme une sentinelle

A la s6curit6 de la nef fraternelle

Qui porte Ies deux nations,

‘La Presse jetterait le premier cri d’alarrne

Si le tyran d’bier osait reprenclre l’arrne

Pour briser nos traditions !

Jamais ne sonuera cette heure malheureuse

Oti notre beau pays, clans une guerre affreuse,

~Ter~~i~ s~s [ils s>e]~tr~go~,gert

Non ! car les m~mes VBUX de paix et d7esp6rance

Font b;~ttre tous les cmurs de la Nouvelle-1’rance,

Flt nul ue songe & se venger !

(*) F6te rurtionsle des Cana(iiens-Fran$ ais, 24 juin 1W8.

—3G—

Elle inspire le gofit cle la litt6ra(llrc,

Iravorise les arts, s17rt0ut l’agricultllre;

Cette mdre CII1 geure Ilumain.

rrOutO muvre intelligellte, honn:le, g6n6rc(ise,

Tout ce qui fait enfin notre existence heureuse,

Porte le:, preinte (1c sa ul:{in !

Devant ce bat~illou qui s’:tppelle la f’resse,

C;hapeau has, Ci]n:~[{iens ! Et que cI1:lcuI1 llli tresse

Uneeouronneen cebeau.iour!

Carenbrisaut lesferscle notreservitu(lt?.

ns’t+st a:quis(iesclroits i notre gratitutle,

A nokre cstime, i notre ~lllour !

,

Au ))ied de sa COUCIIC grossiere

Le petit pauvre a mis son has,

En rnurmurant cette pridre :

Bon ,J6sus, ne m’oubliez pas !

11 ne sait point que la mis~re

Plane au.dessus de son 16 luit,

Et que sa malheurense m+re

N’a fait qu’un repas aujourd!hui !

.—

—38—

11 ignore done, A son ~gej

Que l’on peut souffrir de la fai~n,

Et qu’un fimament saris nllage

Peut devenir sombre demain . . .

11 ne sait qu’une seule chose:

C’est la grande nuit de No&l,

I,a nuit ok l’enfant J6SUS rose

Apporte des prbsents du ciel.

1

11 s’endort sous ales” draps de laine,

Ilun sur l’autre assez mal cOusus j

31ais ces draps valent bien l’haleine

Du bmuf qui- soufflait sur tJ6sus !

Des songes d’or bercent son &me ;

11 voit, clans l’ombre qui grandit,

Un esprit aux ailes de flamme, :

Voltiger autour de son lit,

#

I

—39—

Et clans son bas mettre un n161ange

De fruits vermeils et de bonbons;

Puis le r~veur, d’un geste ~trange~

‘rend les menottes vers ccs dons . . .

Debout, la m6re c,t la qui pleure,

I,e cmur bris6 par le cha~rin)

(Jar pas d’argent clans la clemeure,

Et pas un seul rnorceau de pain !

~’

Un douloureux transport l’agite j

Son regard se voile un instant;

Son cmur h se rompre palpite,

Et son esprit va d61irant:,

(( Dieu donne au riche l~opUlenCe.

—.— ---- ——

—40—

(( Le ]~i~}le eu]plit cle frianclises

Le bas so~~eux de son barnbin,

Et ]noi je n’ai que des rel)rises

A faire au has de l’orphelil~..

(( ~lais je bl~sl)ll+lne, 6 Dieu ! Pardonne,

Dit-elle, en tombant & genoux ;

>fa pauvre langue dkraisonnel

Car c’est toi qui veilles sur nous.

(( Sombl,e ou rose est notre existence :

De ton amour c’est le secret ;

A notre ~me i] faut la souffrance,

Comme & l’or il faut le creuset. “

Minuit sonne. La cloclle appelle

Le peuple aupr$s du saint berceau

La veuve, & cette voix si belle,

Eprouve un sentiment nouveau.

;

–41—

(I Pell(lal]t que lnou fiugc sommeille,

Fait-clle, en essuyant ses ~~t+Llx,

] Allous i la creche vermeille

A(lorer l’envo~,6 (Ies cieux. ‘~

Dans le temple clc ht. l)liere

Elle p6n?trc en chancelant,

car 1a doL~leur et lt~ misdre

Ont rendu son corps (l~faillant.

{ Pr@s d’elle, un homme charitable

Qui cornptc di,j~ de longs jours,

Devine, d son air lamentable,

Qu’elle v6g$te saris sccours.

.;

11 la (jonna.it et la v6n4re,

Et, d6sirant l’aider uu pen,

11 sort et vole ~ la chaumi6re

De celle qui prie au saint lieu.

.- _.. __ —____

,q~us effort il ouvrc l:L pOrte,

J,a port(? ferm6e mu loquet,

D4pose le falot qu’il porte

Et, met sur la table un paq~[et.

11 va sortir, cIuan(i la voix fraiche

De l’enfant bredouille tout bas:

‘~ I,e bon JASUS sort de la cr~che

I( pour emplil, tous les petits bas ! ‘>

Tlhomme, 6mu par cc songe strange,

Fuit et revientl en quelques bonds

Glisser clans le bas du bel ange

Des pidces &or et des bonbons . . .

***

11 est jour. Le soleil inondc

La chaumiGre de mine feux.

Soudain, levant sa t~te blond(+,

llenfant pousse des cris ,joyeux.

—43_

La mdre, i C<?S tons d’al16gresse,

,Se l+ve. et, croit rdvcr encor !

Lenftknt. l’enil,r:Lsse et la caresse

En lui molltr~Lnt lcs ~)i$ccs cl’or. .

~~UV&S ! SaUT6S ! exclame-t-elle !

— Enfant, cl’oti vient cc tr6sor-lA ?

— Tf@re, la chos(? est natl~relle !

11 vient CIU bon .T6sus, l-oil~ !

Tntelligentt? aut~~nt que sage,

I,a m6Ye ~levinc J l’instaut ;

Et, c14crochant une humble image,

Elle dit en s’agenouiliant:

~~ Ellfallt, clevant CCttC madOne,

Diso12s, ence joursolennel:

Oh! b6nissez celuiquidonne

1,’011 et les bonbons cle NTOE1 ! “

% d6cembre 1890.

—46—

1/hirondelle se rit des naives cal.esse~

Quc le riche prodigue i ses oiseaux ainl~s ;

La libert6, voil~ sa corbeille (1’ivresses !

E1le aimc le grand air et les nids parfumas.

Elle habite partout : Ia terre cst sa patrie.

Des rivages du Gange aux bords du ~aint-Laurent,

Le laboureur l’accueille avec idol~trie,

(;;r cct oiscau, pour Iui, c’est plus qu’un conqL16rant !

Puis quand le }Ilorue Iliver, C(?L h6te impitoyable,

D6ronle SLlr nos pr6s son tal)is (Ie frimas;

{]uand le nid des anloLlrs devieut inhabitable,

Klle l)reu(l son essor vel,s de l)lus cllau(ls climats.

pOLISS~Ut s011 vol. altier ~ travers les empirtis,

Les fleuves, lcs d6serts, les pies vertigiueux,

Elle bcrcc, en volant, sur l’~~ile cles z6pl~ires

k$es suaves accords qui rnoutent vers les cieux.

Mais vienue Ie printenlps avec ses nids de mousse,

Son radieux soleil, scs bosquets enchant6s,

On 18 voit aussitbt, comme une amante deuce,

Joycuse, revenir aux ]ieux qu’elle a quitt6s.

Puissd-je encor lollgtemps, ~ gentille ~liron~ellej

Ecouter ta romance et tes cris de bonheur !

Al] ! reviens SOUS nos cieux> messa~~re fiddle)

Mettre un rayon c~espoir clans notrc pauvre caur !

Juin 1878.

I

J’[ii~ue i te visiter, 6 n~odeste (:olonue,

Qui rappelles le nonl de rnon p&ro cl,6ri ;

Devaut toi je ln)iliclinc en ferrna.nt les paupi6res,

Et nlon finle re(iit de ferventes pridres

.

— 50 —

BOUQUET DE VIOI-, 12TTES

N-OS aieux, sur ce sol, a~rcc lonr here 6116e

Ont 6crit co grand nlot : cirilis:ktion !

N-OUS, avec la c,l]arrue, acllevous 1.6pol)6e

Par cc ternle viril : colo[lis[ltioil !

—52—

1,.k PltEssE

I,a presse, c’cst lC phare ill Luninant le monde,

I,e phare t~uil’6pandsalL1~~li$re f6coiide

DarIsles uombreuxesprits otll’e~,le[~lexistait.

Ifaisla mauvaisepresse attaque la morale,

,Sape l’autorit6, provoque le scandale

I;t renvel’serait toLlt, siDieurle l’arr@tait!

De lwrichesse naitquelqucfois l’tlvavice,

Etlec@ur del’avareest toujours lllallleul,eux;

JIaisde lapallvret6 ja111aisrle ~iellt<]e~,ice,

VoilA pourqnoilepauvre estsisouvent joycux.

Une orphe]ine, unjour, demandait~ sanl$re

Pourquoi, soiret matinj elle priait!J6sus? r-

~’estquej v6pon(lit-ell(?, en luije vois IIn p$re

LE DOIGT DE DII.:U

LA RECONNAISSANCE

Par un froid de d6cembre, une trembla.nte m$re

Chez un riche orgueilleux alla tendre la m%in;

Le riche en blasph6rnant repoussa sa pri$re,

Mais l’ange de la mort Ie foudroya soudain.

Tout bienfaiteur a droit ~ la reconnaissance ;

L’fitre supreme h qu] nous devons l’existence

A les pr6mices de ce droit.

C7est un devoir auquel chaque bienfait nous lie,

Et I’ingrat est un monstr% indlgne de la vie,

Un ~tre & l’esprit trop 6troit !

MA POI.ITIQUE

Ma politique & moij voulez-vous la connaitre ?

—Non, dites-vous ?—AIors, ce sera plus tat fait !

D’ailleurs, je vous dirais qu’elle est encore i naitre :

Quoi ! cela vous Stonne ? et pourtant c’est un fait,

..— 54 -—

.\[, ! 1,1.:s 1?s 1,.\xTs !

Et qllan(l ees pauvres sots s’efforcent (le paraitre,

11s soJ]t pris cn piti6 llar Ics IIonlnles sens6s !

—55—

Le mot patrie est CIOUX i l’oreillc de l’l~omme ;

L’crrf:int, saris le colnprcndr~, avCc ~lllour le noll~me;

L’adulte en l’entendant sent palpiter son cmur.

A ce mot nous VO1OL)S sur le champ de bataille,

Et IJour lui nous bravo~is lC fer (Ie la mitraille ;

Ce mot veut dire enfirl: pays) falllille, horlnc~lr !

N octobre 1sS7.

IJA SAINT–JEAN-BAPTISTE

A M. A}lEDkE ROBITAILLE

Pr6sident g6n6ral de la soci6t6 St-Jean-Baptiste.

Quand brine ~ l’horizon le jo~r de la patrie,

Les Canadiens-Frangais, l’ime toute attendrie,

C616brent des aieux les vertus, les exploits;

Et, 16guant ~ l’oubli tout ce qui les divise,.

11s suivent l’~tendard qui porte leur devise:

~~ NOE institutions, notre langue et nos lois ! “

—5s —

Et Iors(lu’ils out otiert aLl ciel un l)ur 120mlllago,

Ils retourncnt cllaCLln feStOy Cr sOUS l’OIIlb~age

Des 6rablos l)lant~s cn l’llonneur de saint .Jean.

O les joyeux refrains ~ue cllalltent les l>oitrines !

Quc (Ie nlots r61>6t6s p:tr dcs voix argentillcs

Et qui mettent la joie au cmul~cle l’indigent.,.

/

— 59 —

.Puis, le soir, ils s’en vent sur la ~)lace publique

OtI cl’~loquents tribuns, ~ la voix sympatlliq[lc.,

Reclisent I:t valeur (le ceux {~ui ne sent. plus ;

11s sent Ileure[lx (1’cilten(lr(? exalter 13 m~moire

De ces fameux hires [lollt nous l)aule I’llistoire:

~t,jurent (i’imitor leurs brillant,,s ve,t{lx !

10 Canacliens-Fl,allg:lis (1’une m6me cro~~ancc,

r\ l’o LIs dent le fier esl)rit 6gale la vaillanccj[;

F&tez avec Sclat cc jour !“~

Portant cle Carillon l’immortelle baunidre,%,.Illez au champ d’llonneur v6n6rer in poussidrc

(Des guerloiers morts pour votre amour !

IL SEIIA. I’RfiTRE !

A 11.il)A\Ilt 14. G. \r...

C~LIe c“est C101IC merveillellx cett(+ c6r6monie !

Q[lel c+~che~ (Ie gr:ul(ieur, de saiLlte po~~ie

Ne,]onticntclle pas?

‘[,i\reront i Satrmet ses corllpagrlolls cl’armes

D(> v[)leureux combats !

I***

I.(? sxng (Ie votre sang !

—64—

11 sera pr6tre ! Ainsij jo~reux, il abandonne

I.es passagers plaisirs auxqucl~ pho~n~lle s’adoll~le~

Et qui font son nlalheur ;

11 quitte saris regret ~misj parel~t~j ricllesscs;

Son cmur—brtil:~nt foyer des pures all6gresses-

Pfllpite }Lvec f~rdeur !

Ses nlains que vous pressie~ ~adis ~~veo tendresse,

Toucheront d6sornl&iS, durant la Saillte ~llesse~

Le co~’ps, lC sang de Dieu ;

Ses pieds qu’avec tiinour vous baisiez clans les lauges

Servirout & porter I’auguste pain des anges

Aux lnortelsj en tout lieu !

Felnlne, vous u’aurez pas l.orgueil d’ttrc~ gr:~nd’lnere,

l[ais votre fils uuiqu<; aura, sur cette terrr?

Une post6rit6:

Elle renferulera le grand, Ic prol~tail’e j

Le vieillard et l’enfant le noullneront ‘( lnoll ptre “,

]>leine d’p)llotiol].

Juill ] 87!).

~e }’ie[lx fauboLllg ~aint-Rocl] s!inclin(, SU1, ie l~ol.cl

;. De l’ause sablonneuse oh le Saint-Cll:Lrle en,iort

SOn flOt bl~Ll ~LLi ~>~i~itC ;

C’est 1A quc l:L ]~rrt[l ronl:line lit toujour.s

— 68 —

c’est l;L (lue ~artier vint, ~?olll’ la p]emi~re fois,

Enno})lir uotre sol en J plallt:krlt la Croix

Sous I’ombragc IIes l~@tr(?s ;

C’est li que sent cml}reints les l~as (les d6colIvreurs,

C’est li qu’ont aborc16 nos v:Lillants laboureul’s

.lvc)c llrrs ~)r(?mi(’rs l)r@Lres !

.J !aime (3c vieux faubourg coquet et fiOrissant,

~flleric~le~ sat:Lble:]ccLlei llele l)assant

(~uidema]l(le une obole;

(;ar c’est$ la (Ine s!exerce avec sinll)!icit6

I,a bienf[i!sant(’ loi de l’l)osl.)italitf

Qui rayit et console!

0 ui, je t’aime, 0 saint-~toch ! A toll pass6 r~~~ant,

Parfois ,je crois ouir 1111 podule 6mollvn.nt

Dans ltl rumeur de l’ondc

Oti se mirent les toits de in fi+re cit&

Dent l’immortcl Champlain clcvin:~ la l)eaut6

Qui charme I(, T7icux-Mondc !

Je t’aime I car je sais qu’j l’ombre d~~ la croix

Vaillamment tu luttas pour difendre nos droits

~ontre Ie despotism ;

Et qll’en toi bat lc cmur de notrc nation,

O boule~’ard b6ni de la religion

Et flu patriotism!

M&i 18S0

.1 I.,\ BRISE

3,,

Haleil]e cltl printemps, 6 l~rise parfl~]ll&e:

Errant de flel~r {~n fleur, de valloll CI1 vallon !

l.’amol~re{~x, pour ouir ta roulade anim6e,

S’arracll(+ saris regret aux plaisirs (Ill salon,

11 pIace sl~r toll aile, ~imable messagdre,

\

_72—

Que de fois Ie podtc a redit sur sa lyre

Les gracieux accords qui vibraient clans ttL voix,

Et que de fois l’oiscau clans un joyeux d61ire

S’est mis A les chanter sous les arceallx des bois !

Obrise, enivrc-moi longtelnpsde ton arome!

Viensrafralchirmon ~me otigerme ladouleur!

~assed8vant mesyeuxcomKne unlsgel’fantdme,

Et porte jusqu’~ Dieu 1’6cho cle Inon nlalheur !

Mti 1SS?.

1~,.i**s pOIIr l’cxi16, q[li, loin do S& rrfitrio,Expir~ saris entendre llne rmrolo ~mio ;Iso16 d~rrs sa Tie, iso16 (inns SL mort,Persorrne nc riendri dormer Ilnc priiro,T,’zrrm6ne d’urle Iarmc h IR tolnbe 6trangLrc !Qui Pense A l’incon]ltl qui sous 1>~ terre dort ?

OCT.\VJ’: C1lfiMAZ1l; ,

S’il est un nom qui rime avec la po6si[’,

C’est celui (le ]’illustre Octave Cr6ul~\zie,

I,e nom cl’un barde l~ien.nimf ;

D’un barcle qui creusa, comrne 1~ I’ieil lloraCC,

Dans le champ du g6nie uno profoncie trace

Quc suivent Fr6chettc et I,emay.

— 74 —

11 cllanta les vallous tapiss6s (l,’ verdure

Que le ciel a jet6s, alnsi ,iu’ulle i)orcturc,

SUI les rives clu Saint-I,a.urellt ;

11 chanta les ruisseaux, les lt~cs ot lGS rivi?res

Qui f~cou(]ent le sol, et les cinlcs alti$res

Oti gronde et, ~]o~~~iit Ie tOr~e*~t.

—75—

11 cllal]tn tour i tollr le z61)l]yr, l’l~iron[lellc,

Le site nlcrveillcux (lc notrc cita(lolle

Et 110s mod(>st(>s Illon(ll])c:]lts.

~J$h fOi (1C llOS lllart~+ illSllir[Lit S(>S 11161 :LllgeS

Bien des ans ont passs depuis cettc llcurc so]nbre !

Cr6ulwLic, cu voyant th son 6toile ull~ ou~l)re,

A fui lC lieu de ses m~llleurs...

11 a V6CU longtemps sur la terre 6traug@re,

Abanclorll16 de 10US, en ~roio ~ la lnistre~

‘Vidant la coupe dcs doule~irs I

.4ujour[l’lll~i,. ,Il,ais silcnc(’ !,.. T1 somm(?ille sous terre

]{egois :IV(!C Le]l(lr!’ss(’, 6 l)nr(l~! ~]llc ,j’~~lnlire,

~es vers que je rerlis slIr ma crailltive lyre,

Et qIIe l’auliti6 ]~1’iuspira !

ruisseut Ies C:ina(liens (Ir(!sser i ta m6moire

SLIr lc roc (1c Qu6bec 1111 ll~ollunlcnt (le gloire I

Et l’.Arn6ri{~tLe appl:Lu(li]a !

ICI aotit 1877

LA CITti DE CHA311’LAIN

T)u fle71v(. StkiI1t-I,:ll[rttllt ;

I12LU1111C?

I)lanc...

comte A.-II. ,3(! \Tillon~L,, ,:<

*

,

—80—

Mais Dieu prit I’(>rl)llelill S()(IS x:i l, Llisstlnte 6gicle

J,es smurs cle cliarit~ ! ,I([c,lles i’cnllnes (liviues I

—81—

Ouij ces so;llrs-c4i1e lit ljrovi{lcnce

Eprouve et l.,~llit tour ii tour—

Accueil]irellt ,Jose~)ll-Orance

.~~’ec un vr:ii trcl~s},ort L1’21UIOUU.

Et le bel angc oul>li:i vile

J,e pzuvre roit CLC ses nieux,

Puisqu’il av:~it—o[[tre le gite—

TrouT6 (les cwllr’s aflectueus..

Ses yeux riiyonn:licnt cl’al16gresse ;

Ses l@vres gazouilhiient toujours ;

Ses mains ne (lom~aient que caresse

.4 cellcs qui charlncient ses jotrrs.

Oh! que [Ie ehaucls l>aisers sa l)ouche

lmprimait :iu front (Ie la smurj

Qui, pench6e oul)res c~e sa couche,

I,ui l~~irlait (Iu (ii~~in $auveur !6

En savour:lllt ce pur l[~ugage,

plus (Iollx {~ue Ic cllaut (Ie l’oiseau,

11 cro]’ait voi r l)i~uguste im2tgo

De la Vierg(+ sur son b(?rce;tu !

Et Iorsqu]il cnteu[lait vectire

T,e nom si C1OUX cle l’Etcrnel,

I?t to~lrrler ses yeux vers le ciel. f

Cctte IIuulhl(+ et Ulilgiqtlc pri$re :

—83_

Dans la saison des fleurs (Ie 18 pr6sente ann6e,

Par Une r:%clieusc et Chau(le matin~e,

Un prttre en cet asile entrait ;

11 &tzit lC portcur c1’un aiinable message,

Et la joie 6clairant son al~stdre visage

IIiellx quc sa I)ouclie l’annon;ait.

if MCS bollll(+s SWUrS, {iit. il, j)arrive dc la ~ranCO,

Et .je vieus en votre imc a(ioL[cir la souffrance

(~ue Ie ciel y Verse souve]lt j

Un comte cle I>aris, pi(, ux et charitable,

Von(lrait po{~r h6ritier (1(> son titre honorable

I;n orphelin intelligent ;

QG .._---- ,

Dent les ]is et les chants- harmonicux m6langes-

Pourraicut uo~ls faire filje{[l~ir... .’

De clloisir l’orpheli]l qIIe c(+ gr~n(l (>atholi(]ll(? f

~estinc au p~LIs 1)(’1 av(>]lir ! “

I,ors(~u’on le ulit clans Ie s~’cret...

Et la sc~+ur Saint-Yincellt, cI1.7’il apl~elait Sa< m+re,

lJe petit sc cachait clans les plis (le S2 robe :

Tellc contre une fleur l’:kk)eillc se (16PoL(:

.4 l’mil du ravisseur sournois !

Et la Saur voulait dire ~ ce joli rel)elle :

N1ais la clouleur gla(;:tit sc voix.

— 8.; —

Le pr~trc lbvait I)r6v u les Iarmcs douloureuses

Que verseraieuL l’cnf:~nt et Ics religieuses

,\ l’l]t,ure tvisto (lcs a(lie{lx ;

Aussi, poLIr 1(,s s6clIcr, trou~’a-~-il CICS paroles

~71r(s conlnIe 1 e JTli(’1 qlli tollll)cut (Ies corolles,

l~t deuces comme un charlt des cieux !

Levant tle l’:ivenir [l]] coin flu voile rose,

11 pcignit J l’cufaut le (Icstiu gr:~n[lios~>

Que lC Seigne17r lui r6seuv~~it.

LCS plcLl~s brillai(?llt cneor SOLIS plUS {~UDe paUpi@l,e~

Jlais (1C tolls ces cc~{lrs l)LIrs LIn(L ar(-lente pridre

V(?rs le I-ast(! ciel s’aler:tit !

***

Un mois s’est 6cou16 clepuis l’heure touchante

Oh nous 6tions t6moins dc la sc6nc bmouvante

Que ne peut renclrc mon pinceau j

L’orphelin que Ie pr6tre a tir6 de l’hospice,

Et qui (levait plus tard boire I’amer calice,

Loge & Paris clans un chiteau...

—s6—

Ses nobles protecteurs, le comtc et la comtesse,

Dent ]’Ame est un foyer d’a.moul’ et de telldresse,

Lui prodignent tous les &g:lrds ;

11s l’entonrent des soins que perrnet la fortune,

Afin de {lssiper la tristesse importune

Qui trouble parfois ses regards j

Car, ici, dan~ l’asile oil brilla son @toile, 1

11 a quitt6 deux s~urs qui suivirent la voile ,

L’emportant sur le flot moqueur... ~$

Souvent il les appelle au milieu de ses fates ;

lit la ~]uit, clans le songe, il brave les temp~tes

Pour Ies serrer contre son cmur...

[

Mais la tristesse, un jour, s’enfuira de son &me, i

Car elle est, chez l’enfant, semblable & cette flamme

Qui Iuit et s’efface aussitdt.

Puis une heure viendra—joyeuse et fortun6e—

Oti I’ange comprendra sa haute destin6e,

Et cette heure viendra bient6t ! ~$if

Quc sera-t-il ~)lus tarci ? myst~re !

C’est le se(~ret du C1.6ate.ur.

P!’ions pour que ce jeune fr?re

Soit notre gloire et notre llonneur !

15 juillet 1%6.

— :)() ––

Mais l’llo~loge li-haut sonllc (l~j{i ,Iix 11(, !1],...,

Et le p?re et le pain surtoUt n“:lrrive~lt [)as !

(f J~ai fairn ! J}ai froid ! dtl feU ! ‘; Ce ch:~llt de la nlis@re—

Douloureuse clarneur—retentit de nOLIYe:Lll.1

T/un des jeunes martyrs sollicite sa mire I

De r6duire en brasier les planches du l~erceau,..

$,.***

Ecoutez ! au clehors des voix sourdes mur]uurent:

Aux malheureux saris c~oute on vient porter secours. s

Pr6tez l’oreille encor ! mais qu!est-cc’? ccs $’oix jurent .

Et rnaudissent le Dieu qui veille sur nos jours ! . . .

Qui done ose approcher: le blasphdme i la bouche,

Du seuil oh la mis~re 6tend son voile noir ?

—Ce sent deux artisans, avin6s, l’mil f:~rouche,

Qui trainent sur Ie sol un homme affreux & ~roir.

Et cet homme est le chef (le 1:1 r,zuvre fsmille-

C’est 10 p&re annoncg t:knt~t comme Itn sauveur !—

Voyez-le, sous les f~tlx [Ie la ll~ne qui ~Jrille}

Etendu SLIr le SeUil sails voix et Saris VigUeUr !

I,a femme o(~vre la portt, et, tre)llblante: s’ernpresse

Aupr$s du nlalheureux dent les traits SOLlt f16tris ;

Paraissant oublier sa peine ct sa d6tresse,

Elle lui parle m?me avec un doux souris !

L’ivrogne veut r6pondre ~ ces 61aus sublimes,

Mais de profonds soupirs entrecoupent sa voix.

A leur tour ses enfauts, 0)1 plut6t ses victimes,

I,ui demandent du pain~ des v$telnents, du bois !

H61as 1 pauvres petits, votre pribre est vaine !

Vains aussi vos sanglots, vos plaintes, vos douleurs !

Car votre pdre i mis l’argent de la se:naine

Au cabaret,.. S6chez ces inutiles pleurs !

DII Inauvais artisan c(’t ivrognc cst l“image,1

‘car I’ivresse affaiblit lcs ceurs les l)lIIS vaillwuts ;

Elle 6tend snr notre ime l~u lugubre nuago[

Qui lui cache du citl Its horizons brillnnts ;

$Elle &loigne l’61?oux (In foyer clomcstiqlle,

Oh lougtemps il gotita la joie et 10 bonheur,

Et Iorsqu!il y revient$ sombre et m~lancolique,

11 porte sur Ie front le sceau du d~shonneur !

Cct homme 6tait jaclis uu artisan mod$le ;

On vantait sa sagesse et son habilet6 ;

An dur labeur jamais il n’atait infid~le,i

Et c’est la qu’il puisait la force et la sant6.

— !):; —

~Tos bienfaits trouveront lllille 6c110s (Ians le(lr &me_

DLL lnauvais artisan et (1c ses liabitu(ies

T1 II(? leur rcstcr:~ (~u’LuI l)l[e souvenir.

.Joyeux, ils re]nplirollt, 1(3R t~ches les plus rucies,

1 er octobre 18${,..{

— :)(; —

**%

~lUS 6111U qUe COllteUt dCS 1)~~0](’S dLl ViCUX—

paroleS q~,i ~lessaient mes sentiments picl~~—

,1‘abo),dai s I Ir la route ~~n l]omme aII do ux ~ri sage,

IJn IIonnne (lent Uesprit me parut droit et sage,

Et j(, ILli (Iem:lu(lai, d’uIl ton respectueu~,

De r4soL~clI’e pour rnoi ]C probl+me Spineux.

[Jne lueur d’csl~oir 6clair:~ sa figllrc,

k;t$ s’inclinaut, il (lit cl’une voix mile et pure :

‘~ I,a vie est pour conuaitre et servir 1e Seignellr,

Reccvoir sa (loctrine a!’ec joie et douceur,

Imiter les vertus dLl Cht’ist—divin nlod?le-

Afin de ~’ivre un jour tle sa vie immortelle.

ff La vie e~t un foyer qu’alimente la foi ;

Un Iivre oti Ie Scigneur a burin~ sa loi ;

Un creuset oh llotre ame, au feu de la souffrance,

S’6pure et sent grandir en elle l’esp6rance.

11 vit, I’llomme qui szit ses crimes pardonn6s,

11 entrevoit du ciel les justes couronn6s j

En mourant au p6ch6, son ~me se d~lie.

Et recouvre aussit6t la v~ritable vie.

Vivre enfin, ici-has, c’est souffrir et lutter j

Vivre aussi, c’cst IC Christ ! mourir, c’est triompher [ ~

N-otre corps, jc le sais, est tir6 de la terre.

Et doit, :~pres la mort, rcdovenir poussidre ;

Mais l’%me—sou~e pnr sorti du cmur de Dieu—

Quitters pour toujours ce mis6rable lieu ! “

Ah I s’il ffiut vivre ainsi, lui disje, je veux vivre !

Vivre sous les regards de Celui qui d61ivre

L’tie de sa prison pour la conduire au port ;

Oui, ~c VCLLX triompher dL~ vice et de la mort 1

Jaillct 18w.

7

ADIEU~A LA N-OLTVELLE-fiCOSSE

l’itce tra[lllite (1c l’aLLglt, is

Quelque soit tori clestin, 6 Ina ~ou~-elle-3cosse_

DOLIX nid que le clevoir, clans sa rigueur :]troce,

MJordonna de quitter—jusqu’au dernier soulqir

Je jure de~garder ton tendre sout,enir !

A tes inonts que l’6t6 couronne <ie verdure,

A ton SOI g6n6reUX qui doune saris meSLlre,

Aux oGtes de grarlit qui te fol~t uu relnl]rrrtj

J’i~ccorde volontiers (Ie u~on cmur une part !

.;:

Dans tes ~~ieilles for$tsvglan(les comme un royaume—

LO sapin rssineux l“61~and ‘son (Ioux aroale ;

~t} (l~fiant tolljours l’ouragi~n furieUX,

Le ch6ne y (Iress( aLtssi son froLlt ulajostueLlx I

Une fleur que ma main a souvent caress6e ;

Son nom est Ma?j,f(o?(;er, l’orgu(+il (1c i’Ecossais,

,Je n’aurai ~)lLls pe{lt-6tre, UYI jour, l’lleureuse chance

De pou~’oir t’a(lmir(’r, lieu cllcr cle ma naissance !

Mais (la moins (~(IaIld IILeS y cux ~’(+rrollt la l~a!/ .fiower,

11s la cont(+mplt’rent longtemps aLoc k)onheur,..

A(licu, N’o(ivelle-E(:osse, 6 ma l)elle l~atrie !

~noiqu(? 610ign6 clc toi, ,je t’aim(: /1 la folie !

SL les Lns (?ntre nolls l)assent cornm(> 1(?S f10tS7

31OU amour gr:Lu(lira. nourri par m(’s sanglots !

LOUIS FRECHETTE

POETE LAURfiAT DE L’ACADEYIIE ~RAXgAISE

—#

Ilest denotrepeuple etl’orgueil et lagloire

Ce barde dent Ie nom, au livre de l’Histoire7

Aura sa place & part.

Ilquitte cepaysqu’ilaime etqu’il admire

Pour aller retremper son g6nie et sa lyre

A la source de l!art !

,...

Ilsentque, l)arl’eflort (Ic .~ol~ iutclligence,

Ilsaul$a recll@illira{t chau]l~ (Iela science

Desmoissous (1{, ]auriers;

Carn’a-t-ilpa+I121g11@re, affro12talltl acritique,

ConcIuis la palme d’or a(l tournoi po6ti(~ue

Sur cent esprits altiers ?

De notre histoire ouvrant Ies pa:es vgn~rables,

Sur sa lyre il dira les Iuttes admirable

De nos ~~aillants aieux;

11 en composers de suave+ po$mes

Qt7e la France Iira, mieux (lue ses ~uvres m$mest

Des Iarmes plein les yeux !

— 10:1 —

La France %cclalncr~ la uouvclle 6pop6e

De ce barfle (~ui suit la trace (Ie Copp6c

Et (Ic ~~ictor II~]go j

Cl]iteauguay, Carillon, et mainte autre victoire,

Pour clle brillcront au temple de M6moire

Al [taut <Iue.kfarcngo !

Et la France bient6t, grice h Louis Fr6chette,

Grice ~ uos ~crivairls, prosateur ou podte,

Se souviendra cle nous.

Alors elle viendra visittir nos rivages

Oti fleurisseut ses lois, sa langue et ses usages,

Et 11017s b6nira tous !

22 octobre 1W7.

LE MOIS DNS MORTS

Le sol n’est plLIs velout6 de verdure j

Le vent g~mit, et le chantre des bois

Aiguillonn6 par la faire, la froidure,

Redit ses chants pour la dernidre fois.

Les mine flcurs qui cloraient la prairie

Ont disparu sous un &pais frimas.

Adieu, parfums ! Adieu, mousse fleurie

Oh nous prenions de si joyeux 6bats !

a

??

L’astre du jour, derri+re Ies nuagesy

Cache ses feux. T/a nature est en deuil. ;.

Hier, la neige, aujour(l.llui, les orages :

Tout se transform et passe en un clin-d’~iI-

Le moissonneur ne tresse plus les gerbes

Qui ravissaient son cmur reconnaissant j

Le sol est mort. Nos montagnes superbes

Dressent au loin Ieur faite ,iaunissant. k

,

Dnraut ce ulois (le (i(!uil et de trist(?sse,

Cllr6ticus, fllyolls 1(JS frivoles l)laisil,s ;

Pensons aux morts qui soupirent saris cesse

Aprds le ciel, objets cle leurs clssil,s.

Ah 1 oui, l)ensons i l’atirenx purgatoire,

Oti Dieu l)e{~t-~tre un ,jour nous conviera,

Car du l)6cl16 c’est l’urne 61,uratoire,

Inevitable, oil notre ime expiera !

— 108 —

ii oyez ! Ia CIOChe sonn~

son hynlne monotone

Au clocher du saint liel~ ;

Cette voix g6missante

S’&l$ve, suppliant,

Jusqu’au tr6ne cle Diel~ !

C’est le sanglot cl’~~ne ~n)e

Qui soupire et r6claIne

Dans Sa prison de feU.

Eh ! bien, qu’unc pri~l’e

Monte, monte, sinc$re>

De nos cmurs jusqu’~ Dicu ~

Entendez-vous ces plaintes d6cllirautes:

Ces longs appels, ces sanglots douloureux ?.,.

Prions ! Prions ! Nos pri~res ardentcs

D6fivreront des flots dc malheurcux.

Puis quand la mort, au jour de ses veudanges,

De notre vie aura trancl16 le tours,

AIors ces saints— devenus nos l~ons anges-

h’ous pr6teront leur merveilleux secours 1

— 10$) —

(f ~ycx ! la cloclie sonne

Son hyl~llle Illo]lot 011(?

All clocher tlu s:li]lt li~!u ;

Cctte voix g6missante

s.616ve, Sul~i)lial~te,

JI.7squ’au tr6n(3 (1c Dieu !

~)est le sallglot d’une &me

~ui sol~pire et ricl:~rne

Dalls S:L l>risoll (le feu j

EII ! bien, qll!ulle l)ri?re

lfo~lte, ]uolltej sinc@re,

DC lIOS ~:CELLrS jlIs(]u’i Dieu ! “

Ier novembre 1881.

Jfuscs S*ntOnes.

Toutc ric est ml tloL C1O la mer de douleur,J4eu r [Imcrt tT me u1l jour scra ton am broisic,CUr i ‘llr]lc ~c la gloire et de la noisic,

N(, SC, rcm[)lit qtle de nos pleurs !

Ne (lai,gllnit nl’accorcler (lU’UU ‘{ sil c]lc(~ llloqueur. ‘L

1

Alors, en grommelant: jc rcjetai ma plume

QUC j’avais pris la peine, entre vingt, de choisit !

Ma foi, j’aurais troqu6 mon luth contre l’enclume!

Que l’artisan du coin fait vibrer ;, loisir...I

Je vouais h Pluton Pob,jet de ma tcndresse-

~a muse qui m’avait tant de fois conso16— h

Quand l’on vint me remottre un chant, ~ mon adresse,tj

Que votre ly-re avait, la veillc, modu16. [

(( SaGl,ons l(~ttcr ! “ ‘~c,l cst le titre (1II po6me

OtI votre 5mc meurtrie 6panclIe ses (loule[lrs,

Implorant l:L pitifi poII r l,> ]nwllleurellx m~me 1Dent le fol Cgoisme a (>allsb VOS Inalhcurs ! !

L’6goisme a chwss4 l’ange {[c l’eslj6rance

11 nc YOUS rcste ],l(Is ql~c l’ami~r(> souffrance,

1 Ah! votrc cmur croyait-avce r:~ison saris doute_

1 Que l!homme parvenu doit 6tre bienfmisant,

~ Quand le hasard, un soir, plaga sur votle roLltc

Un sot que la fortune a rendu rn6prisant !

VOtre cmur ignOrait qu’ici-has, en graud nomble,

11 est des ~trcs vils au visage [Ie saint

Qui se cachent parfois, co,nme un serpent daus I’ombre,

Pour nous lancer le dar(i qui perce n otre sein...

Commc vous j’ai souffert dc la malice hll,naine ;

De vieux amis j’ai vu l’affreusc trahisoll ;

D’illustres vaniteux j’ai n]6rit6 la h:~inc,-

M’6tant permisde rire uu peude l(!urhlason...

Et pour avoir, ja(lis, pro(:l:Lm6 que martLce

Secoucrait t6t ● U tar(l l’i[]sLlpl)ort:L131e atfro]lt

Devivrc soLlsle,joug, j’:~ipay6cett(? au(lace

Dc16se-loyaut6,.. mais,jc ti[~nsll:~~~tlefrontl

8

— 114—

Barde, vous l’avez c{it: /[ 11 fa~,t ,collffrir, I)l~Llr(?r.I

Lasouffrance ~toutfroIlt( loit lncttrcsOll (~ll~prciute

Et toujoLlrs et saris cesse ell(? (levr:L (] IIrer,

Et pasun n’est exempt Cle sa fatale 6treint(~. ”

Mais ne (i~sesp~rons ni (le Di(~u T]i (1(:s Ilommcs :

Dieu recompense LUl jour ccux qui salent 1 utter,

Et nous, p~llvres llumains-ctie~[r to~)~[)i.s (~lle nous sonlnles_

Si nous causons Lies torts, sacllolls les raclleter !

Avril 1867.

Donncz ! ponr t(re ai1116s (III Dicu ciui se fit hmnnIr,Poux (Iuc le m6cll:lllt mfinl(> en S’inalillant l,ous nomme,Pour que votrc fos,er soit (I:hlme et fraterncl ;Donl~cz ! tfin qn’lln jour i ~,ot~c llcuro dernitrc,COntre tous vos Pdcl16s vons ayic:z la l)riLrc

D’un mcnditnt ~)uissznt aII cicl.

Y[cro[t IIUGO.

Qu’il fait froid, ~ mon Dieu, clans la l~auvre cllauuli~r(> !

Plus de bois, lli de pain I)ollr les enfauts en PIOIIJS !

La m~rc vers le ciel exl~ale sa l)ri$re,

Et ce parfum de I’ime adoucit ses n]altlel~rs I

Apl$ds a~roir redit lC sublime sj,mb~)ls

Et prii lC Scigueur (1c b6uir ses cnf[tlltsj

Elle s)~~pprocllc d’+.ux, et—gracieuse obolc—

Leur donno des baisers ;L d6faut d’~~liulcnts !...

$

,

—ll(;—

C’est le premier ,le l“,tn.}:

(.’} ,(z 10 ricllr on festonne j &

Des fruits en 1,~-r:~n)i(l(+ (’t (les ~itL?xux cllarmants

Un bon feu (1’oCi jzillil IUIC :Lr(lente CIIZ1(,IIY.

L’on voit brillcr I,arto{lt la joi~~ et le bo]]l]e[~r ;

—117—

1] fait froid. l,c sol(’il, sous L7n &])ais nuage,

D6robc ]es reflets (1c scs LaJ-OUS (10r6s ;

AU loin le vent mllgit, solc?rm(?l eII sa r8gc,

Et soL~l/?ve la ],cigc e]l tourl)illons s(rr6s.

~ette femme (l~bile, 5 la (l~rnsrche Iente,

Qui brave en grelottant le froi[l in]p6tucux,

.4 laiss~ la chaumi$re, et, con2me une ~nie errantc,

S’en va tendre la main fiux portes des beureux.

Elle franehit le seuil cl’trne villa gothique

Aux magrrifiques arcs, aux superbes balcons~

Mais ld, sa voix rencontre un cmur clur et sceptique

Qui m~prise str plainte ot rit c[e ses haillons...

.

— 118 —

Le Icndemairl au soir de co jOur n161norable,

Vers la chaunli@re allait IC bon cur6 CIU lieu.

11 fr6nlit en voyant-spectacle 6pOUvantakle_

Trois cadavres blottis pr3s de i’5tre saris feu !

I

IIs ~taient rnorts, la nuit, cle peine et de misbre~

Pend&nt quo les heLlrel~x f~taient jusqtl’atl matin... f

Mais ne les plaignons pas, car Dieu, ce tendre p~re,

Los avssit convi&s ;~ l’6ternel festin...(

Janvier 1S79.

O d6f<?nseurs de nos droits politi(~lles,

Fiers rejetons d’un peuplc valeureux,

Vous qui diotez des lois pa~riotiques,

Vivez longtelnps, surtout vivez IIeureux [

Rouges ou bleus—qu’importe la nuance,

N’6tes-vous pas de nos droits les gardiens ?—

Or moi je dis avec ind6p~ndance :

soyez b~nis de tous les Canadiens !

— 120 —

Soyez b~nis par le c61este P$rc,

Vous, oitoyens, qui travaillez toujours

Pour assurer un avenir prosp$r<~

Au Canada, mon pays, rites a~7zotLrs !

Votre travail reste saris r~compense :

Le monde, h61as ! est compos& d’ingrats...

Mais la patrie, elle, aime et r~compe~lse

Ses braves fils qui Iui pr6tent Ieurs bras !

Faites la guerre au sombre fanatisrne,

Ce ver hideux qui ronge tant de c~urs ;

Luttez aussi contre le n~potisme

Qui donne au l~che un titre et des honneurs..,

De ses devoirs instruisez la jeunesse

Que Dieu destine aux luttes & venir,

Afin qu’elle ait pour flambeau la sagesse,

Et pour seul r6ve un honn?te avenir.

/

— 121 —

Pzrlez parto~lt l’llarlllorlie~lx laugage

Qu’avec le lait vo{is l]llisicz au berceau ;

Consorve~-lc colnnle Iul ~lcl l16ritage :

De notre race il CSL l,> uol)le sccaI.i !

Ah ! p?atiql~ez ({es :tieux ]a (ic>vise :

I( Vivre en ‘Fra]lgais CL Ino[iuir (ln Cllr6tien I “

,Soyez.unis ; et (~lle volr(~ ilue vise

A rendre llellrcus le l)eLI1)lc canaclien !

A l’orr~ertrrre des chzmbres, 1S80.

Lorsque la renol~m16e elul)ouche sa trompette

Pour redire aux 6chos le nom d’un Canadienl

Ernule de ‘Yach6, de Casgrain, de Fr&chette,

11 me semble tou,jours que cc nom cst le tieu !

C:~r d6j~, mon ami, des po~tes ~le FY~rlcc~

—Des rivaux fraternel s—applaudissent tes chants.

LeLlr 610ge flatteur exprime l’osp~rance

Quo ta muse obtiendra des succ@s Aclatants.

Moi qui pr~te ~ ta lyre unc oreille attentive,

Qui m’enivre parfois aux flots de l’art divin,

Qui des sons dc mon luth quelquefois te ravive,

Je m’unis i ccs cmLlrs pour te serrer la main !

6 juin 1880.

.

,.

ELLE 1:S’1’ 310RTE !

Ros,~ avait tlix se~}t ans ; elle @tait belle et blonde ;

Sur sol] front Ies rayons de la c:~ndcLlr brillaicnt j

I.cs perl(’s de sa bouc]le enckla~ltaient tout le mo]lde ;

Ses clieveux t?n flots d’or ,jus(llI’& ses ~>ieds ro[~laicnt.

Ses ldvres soIIriaient comme (~elles d’un ange ;

Son wil (1’:IzIIr jetait ~~n vif rayonnemellt ;

Sa voix avait parfois une llarmonie Atrange

— 1?(; —

Aux coul)es (Ie l’(!spoir nOIIS :11~]’c[ivions Ilotre A:uc j

Un lleureux areuir l~rill:lit (1:~])~ le lointain ;

L’IIynlen allait bieutc,t lIoII.~ \-(,ISC’r .-on clictatne,

llais, 1161us ! nous Coull)tions s:Ius IC cr~zel clestin !

Et ~naintenant, voyez : elle est 1:~ (lui repose

Sous lwterre oiI cllacnn tot ou tar(l (loit (Iorlnir !

Et tol~t ce c{ui nle reste aujoLlrcl’llui (1c lna Rose,

(~’est le parfu!n que ~n’a laiss~ sol, souvenir..,

Avril 18i9.

Dr2p6 (1211s son m271tea11 (1(; verdure o(lorante,

En face de Qu6k~ec, CIC l’Ile ct de 1,6vis7

~cauport baigne ,s(,s I}i(.(ls clans l’onclc InurlnlIrante

DLI fle[lve (Iont uos yeux sent saris cesse ravis.

Son temple—vrai bijoll (lLle (Ies mains artistiques

Ont orn6 de tableat7x aux riantes couleurs—

Dresse vers le cicl bleu ses (leux fl$ches gotl)iques

QLle souvcnt Ie soleil <lore cie ses Iueurs. (*)

L’habitant de Bcauport es~ do Breton Ic t~pe :

Charitable, jo~-euxj prompt, vif et grancl parleur;

Puis en morale il a l’ziclmirable l)rincipe:

De garder A nos Inc[l(rs leur antiql~(? spl (?ndcur.

C’cst {1(; 1A (lLLC I)artaient CFS bombes menrtrieres

Qt~i,jetaient la terrellr au milieu CICS Anglais,

Qual~(l ce~lx-ci, s’+lran;:~ut s~lr lelLrs longues voilidres,

T“oulaicnt ra~ir (Ju6bec aLI pouvoir cles Frangais.

Parfois on y d6couvre, en rcmuant la terre,

Des sabres, des boulets, des d6bris d’arme ~ feu;

Et l’on m’a racont6 qu’on v trouvait nagu+re

Des ossements humsins, car tollt parle en ce lieu.

Ces objets que la rouille :~ rong6s sous la glaise,

Rappelleut A n(>s cmurs les u16morables ,jours

Oti nos peres luttaicut coutrc 1’ar1116e anglaise

Pour d~fendrc Ic[irs droits, leurs foyers, Ieurs amours.

Ce lieu poss@de encore, en ses riches annales,

Plus d’un illustre llonl par les llommes chiri ;

G’eSt ]i qL1’out vu lC jour deux gloires Saris riva]es:

L’humbl e Etienne l’~lrellt et (I(J S~laberry !

***

D@s que 1, l,rinte,nl,s brine, et ,jusques i l’automne,

J’habite sous ton cicl, 6 village euchauteur !

De la villc ,ic fuis le ,fracas monotone;

L’air irnpur, la ]>o(~ssi+re et l’ardt~nte chaleur.

9

,,

20 juillct 18S7.

Douze sanglbts ont l’ibr~ clans l’espmce,

—Sent-ce les pleurs du lugubre beffroi ?

—C’est l’al’enir jetant it l’an qui passe,

A\’ee m6pris, Lul adieu sombre e~ froicl !

Un nou~-el an, constell~ de promesses,

Vient de surgir des ~~astes profondeurs j )

Accordons-lui nos plus tenclres caresses,

Car il promet d’incffables bonllcurs.

— 132 —

L’an dcrnier fut d6sastreux et terrible :

11 a sen16 partout tant de revers...

11 a chaug6-ce despote inflcxible—

Nos r@ves d’or en r;lille maux diver: !

N’en parlons plus ! Et saluons I’aurore

DLL nouveau jour qui l)rillc d’ l’}lorizon j

Que de nos cmurs parte un hymne sonore

Pour acclamer l’lldte (Ie la saison !

Voyez li-l)as, clans la pauvre chaumi~re,

Lc rualheureux amaigri par la faire :

Du nouvel an, il atte~ld, il espere

PIUS c~e bon.heur et le morcea.u cle pain!

Sous les lan]l)~isj oti la pourpre rayonne,

Le ricl~e allssi formule scs d6sirs : ‘

(( ~el ~nj (~it.il, ti~un pur 6clat couronne

Nos doux I)anquots, I1OS f~tes, uos plaisirs ! “

!,

— 133-r

!

Au saint autel, le pratre v6n6rable

Pour le p6cheur implore le bon Dieu ;

Son chant damour-cri de joie admirable-

Comme l’encens monte vers le ciel bleu...

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

D?s ce moment, oublions nos rancunes ;

A l’ennemi pr6sentons notre main.

Apr?s les jours de noires infortuneg,

Dieu nous r6serve un heureux lendemain I

ler de l’an 1882.

JfONSIEUR I;. N... qui vient de perdre sa femme.

‘rout est fini ! 1.a tombe

Te couvre pour toujours...

Mon pauvre cmur succombe

Sous le fardcau cles jours...

Dieu m’a ravi la joie

En t’appelant aux cieux,

Et la douleur c16ploie

Son voile sur mes yeux !

-– 1:16 —.

Du haut d~l ciel, O fe]nn]e,

Veille sur nos cnfants,I

Afin que leur ,jeune i~nc I

Re~selnble [~up~lrencens. ,

Obtiens-leur l’avantage

Desuivresa loi sage,

D’imiter ses vertus !~

Et lorsque lasouffral~ce I

Donne-lcur la vaillance 3

De bien la supporter.

Oui, fais qu’i ton exemple,

Aujour deladouleur, 1’

11s aillent clans le temple

I1nplorer Ie Scigueur. I

— 137 —

Et moi qui suis Ie p+re

De ces trois malheureux,

Jc serzi, jel’csp+re,

Un meddle pour eux.

***

Adieu, femme ador6e !

Dors souscetertre en fleurs

Que mon ~rne navr6e

F&conde de ses pleurs ! ,

15 ueptembre 1%6.

A N1. L. O. DAYID.

O peuplc canzclien, tressaillc d!all~grosse,

Plongo ton nok)le cmur clans une sainte ivresse,

Entonlle des hymnos d’anlour !

Dgroule avec orgucil les plis de tes I)anni?res,

Fais retentir partout tcs fanfares gltcrri$rcs,

Car de Saiut.,Jean c’est le beau jour !

— 1+0 —

La for~t, secouanr sit (~rinidre brillaute,

Male au concert. (l(?s llois sa sua~-e hlkrrnonie ;

L’airain lance aux 6chos s:k m{ile symphonic:

Tout sous le solcil chantt~ [In hymnc au Cr6ateur 1

Joignant ta voix aus voix de la nature entidre,

Peuple, au pied des autels, courbant ta t~te alti&re,

Va chanter et prier ton glorieux patl’on. ,

Pour retremper ton cmur aux sources de la gloire,

Etale les feuillets de ta sul~lirne I]istoire,

De tes fastes ~oras rouvre Ie pantl~60n !

I

C’est toi qui, cl~couvrant 110s fOr@ts et 110s ondes,

T,cs haptisa ~1’un no~n franqa.is,

Et c’est toi clui I)lautas sur ces ri~-es f6coucles

I.e clollx sylnl)olc (Ie I:k l)aix.

,

J,a splen(leur du soleil phlit de jol]r en jour ;

.Sur l’arbre (16pouil16 quc le frinl:is enlace,

ll’oiseau ne rcdit plus sa ronlance {1’axnour.

La nature a souilli la robe 61)louissante

Qui parait les coteaux de ses replis soye~~x;

I,es fleurs ont clisparu j l’abcillc vigilante

Ne ciore plus nos bois cle son nliel savoureux.

— 144 —

Les torrents :Curneux, grandis par les orages,

Font rctentir les airs de lugubrcs sauglots;

Et, bondissant soudain par clessus les rivages,!D6vastent les moissous de lel~rs terribles Hots.

QLIand tu parais, autornne, aussitdt la tristesse

SUY notre front serein pose son noir bal~deau;

TU viens ravir aux champs leur brillante jeunesse,

TU nous donnes cIes jours sombres comme urr tombeau [

Au vieillarcl que 1;s ans inclinent vers la tombc,

Et qui plonge son cmur aux sources des plaisirs,

‘Pu (Iis :,[( I,pve Ia t~te, et vois ce fruit (llli tombe~

Aiusi tu tornberas avec tes vains d~sirs.. .“

~ — 145 —

JJes jours callnes et (i~u~ s~llt nos jours saris remor(ls ;

Les bosquets d61111d6S rappellellt ]e vieil ~ge,

!La neig: et les f~iln~s, le IIl~UC lillceul dos lnorts !...

I

El] biell ! k)uisq~lc I’autolnnc ell souverain colnmande,

Inclizlons tolls nos frouts devan~ sa maj(+sti;

Car sa voix Cst l’~Cllo ~lu Dieu qui r4priInande

Ceux qui nc pellsent pas ~ lcur 6 t(?rnit6 !

1rNovcmbrc 18s3.

10

AUX CtiLIBArrAIRES

Allons, debout ! pauvres c61ibataires,

Vous que la fe~nme abreuve de ln6pris !

Abandonnez vos gites solitaires,

Oti l’on ne voit que dcs chats favoris !

De votre cmur b~nnissez la souffrance ;

Ne soyez plus dksornlais soucieux ;

Et saluez avec joie, esp6rancc,

~ nouvel an qui brine au front des cieux !

/

Elle (?lnl)ellit (ie flems ses longs c11[?v(311x ;

A son f:Lux CO1 ra~-OI)IIC l’ipingl(’tt(’

QLL’elle reyut ,In soil :Lv(’c V(OS T(,JUX !

M~is InOIl ofe]ls(> cst-e 11~ imphrtlonll:~blc ?

011 ! 11011 ; alors, leprellez 111(JS scYlnellts, .“

,

149 -–

***

Maricz.volis! l’EvaTlgile l’orclonllc;

C’estlln (lc~-oir sacr6 pollrlc c11r6ticn.

Auxl~ons611011xl>arfois le Seigncurdonne

Lapaixdel’~nle f?tl(?pail~q~lotidicn.

C’est le sollllait, k)l>a~es (~61ibatfiires,

Que je fornllllc cn ce k)eau ,jollr do 1 ‘zn.

A1’avenir} soyc~nloins solit~i~esj

Renclez d(+sl)oirltsa l~x})lI~sj elll~esgalantsl #

SUk L’ALBUM DE MLT.E D. M..,...,

LO souvenir c’est tout;C’est l’$me de l& yie.

J’aime souvent, l’ail perdu clans l’espacc,

Arenlonter 1’6cllelle d’orduteulps; I

Jevoisalors, commeunca ubequipasse,

L’6clair ser(+in de mcs premiers printemps.

Et j’apergois la pauvre maisonnette

Oti je naquis et coulai d’heureux jours,

Les beaux enfants i la figure honn@te

Qui me jura.ient cle m’estimer toujours !

\ ,

NOUS descendions la peute tlela vie,

Insoucieux dcs heurcs & 77euir ;

Et nous pensions, (lans notre 6t(]urderie,

Quc le bonheur ne IJeUt jamais finir !

H61as ! pourtant (pcnser (~ui 1110 Chagrine)

Dieu moissonlla lnes ~nlis tol~~ ~ tol~r...

Jc m’inclinai clcvant sa loi divine,

Car je compris pour l’enf:lnt son amour.

***

Huit ans plus tard, je rcncontrai vos fr&res—

Que le hasard sur ma route n~’ait nlis—

En entendant leurs paroles sincdres,

Je m’~criai : soyons tonjours unis ! ‘

Leur amiti6 fut l’6cho de la rnienne:

Nous 6tions faits, je crois, pour nous airner 1

Et leur gait6—leur gaitd canadienn+

Sut de tout temps me plaire et me ch~rrner.

,,..* *

‘Mais, aujourd!hui, (I)ieu, que le morl~le change 1)

Vous n’~tes r)lus lt~ ~[ ~~>tito !’ d~autrc?fois ;

Vous ~)oss6dez 1:~ sagcsse d’un :tng~+;

VOus &tcs grtlud(> et s:~vaute ii la fois !

.:.- W

— 154 —

Vous avez eu-superbe r6compense-

.4 l’examen une m6daille d’or :

C’est lC fruit mtir d’une belle semence,

Oh! gardez-lt, comrne on garde un tr~sor [

Sur votre front rayonne l’al16gressc:

Rendez-eu gr&ce au divin Cr&atcur j

Demandez.lui, pOLIF unique richesse,

D’6terniser en vous tant de bonheur !

— 155 —

(ver~ &crits stir l~rr album au-(lossous (1’ II1lc pitce signte : N. L~G~N~RE.)

Madame, si, collln~e ~Jcgel~(l~e)

J’6tais un l)UY litt6ratel~r,

Et si j’avais votre voix tendre

Qui ch~~rme l’oreille et le cmur,

Je chanterais la Canadicnllc)

Au front rayonllallfi ~le candet~r~

Je chanter:l.is cette gardien~le

Denotrefoi, denotrehonneur.

Mais, h61as !jen’aiqu’une lyre

Peut.&tre indignc do ce nom

Qui ne saurait jamais redire

I,es vertus de cette Eve ; oh ! non...

Septembre 1885.

— 1.”)(; —

A~ril 18?8.

Autrefois Lie mon cmur 1:1 joi{ &tait bannie,

Kt j’appelais la nlort t:~nt j“6t:lis mallleurcux 1

Mais votre CIOUX regar(l me rfitta(lle & la vie,

,

Et lorsque je vous vois, j,, ,leri,:l,s tout joyeux...

Mai IWO.

PIUS ]illre (~u(’ le lis (?t (fue Ie 1)41)6 ~o~e :

(;’i.st la frauc}le alniti~.

(A mon bienfaiteur ct vieil aj,li, M. Phi16as IIuot.)

—-

fl ofrit t 1(G FI,alhce et 80n ctiur et 8U vie.***

EI~ I’an de grace mil hl~it cent soixante et quatre,

Dans le froid 6&libat vivait Pierre Francmur ;

Contre l’aulour son &lne avait VOUIL1 combattre,

Jlais i l:L fin l’amour &tait rcst6 vainquel~r !

t-n soir, se l)ro:ncnant sllr l’inlmense terl’asse

Qui couronue le front dtl hau~ Cal) Di/lmant,

Pierre avait apergu — vrai tyl~e ~ie sa race —

L?ne blonde fillette au visage cllarmant.

11 se souvint qu’un jour, quittant la ~atll~dralel

La jcune fine et lui s’6taient vus en passant;

11 avait m~me 0S6 Iui tendre l’eau lustrille,

Qu’elle avait accel,t6e en le remerciant..

.

- 1(;() —

,

— li;l .–

Pierre 6tait r(’st~ 1;(, (lroi t comme uue statUe,

~(:gar(~aIIt S’CIIYOICr l’ob.jet r~e SeS amours ;

car il l’aimait (ifi.j~, (:e~tc ~Jcll(+ inconnue,

Et sol~ cmur llli (lis;~it (111’11 l’aimerait toujonrs !

11 y rt~-ait cllcOr, quand l’airain de l’6glisc,

Egrenant (I:L1lS kS airs 1(>s IIo~(?s (le minuit,

T.c tira (Ic son r6vcj c’tj l~roml>t comme la brise,

11 col~rllt ailssitfit v(:rs son IIllnll)le riduit.

IJe lendc!~lain m:ltin, avec 13 pile aurore,

Ilose s’~tait lcv6c en l)roie J la douleur.

Pcusive, ell(? icol[tait l]lIYIUUC dou.y t>t sonore”

Que les cli:~ntres :,i16s oiressaient an Seigneur.

Puis (i(is l:trIll(!s voil:ii(?rlt l’~(:lat tle sa prunelle ;

Sa bollehe nlnrmllrait (l(ls roots incollirents.(( ,Je le re~e~~:Li (1 OI10, iCi, $o~l~?ir:~-t-elle,

D(I moiI1s c’(,st 1(, (16sir (1(? mes t(?ndres parents,. .“

11

Etait ,J:Lccluos Eenoit. 11 ne recloutait rien j

11 CIJt vcrs6 s011 s:tlig Pollr la foi catholiqlle;

11 st) gloritiait d’$tre u6 (;an:k(lien !

l’i[,rl C enfin SC couc)la j mais l’am$re illsomnie

.1 ns(jll(~s au point (1U jour tortura son cerveaLl j

Esp6ra]lt Illettre un terme & sa 10 IlgL[e agonie,

Dans sa forge il alla rnanccuvrer Ie marteau.

11 tenait it ~aint-RoclI l~ne large boutique

0~1 1P bruit (Ie l’encl[lu~e aux rires se nl~l:lit.

T,e soir, apr~s souper, pour parler politiqucl

Sons ce toit enfun16 souvent I’OU s’assemblait.

–- 16:3 —

]’ierre, ~F3 ~llatin-li, suait ~ grosses gouttesj

~,,,i, ] ~ ~tii fOrgeron a~l~ bras si vigoureux !

.il, ! ~>est ~U’alOrS Sorl CWUr Cntrctenait des doute~

~,lr l~acc(llmP1issernent de ses pro jets heureux..

;{ ~l”,[rfiant, se disait-il, il fa~~t quc je connaisse

~;ct ange bl on~l qui fait ma jOie et mon tourment;

.Ji, “Cux Hlettre 5 son front, otl brine la jeLmesse,

~,(~+ roses cle l’llyul(~n — clivin couronnem~nt ! !~

(;inq jours plus tar~, assis sur la sel~il de sa portej

] I r(~spirait du soir l’agr~able fraicheur;

Dcvant lui c16filait la nombreuse cohorte

DCS braves ouvriers revenant du labeur.

— .Ell ! boll<jo~lr, .wessiet~ Fierre ! cxclamalt tout Ie monde,C:Lr, i] ~t~it COII1lU parmj les travailleurs ;

on procla:x~ait sa force unc lieuc a la rorrde:

.i lui se~~ 1 ii a~’ait ross~ trois batailleurs . . .

Jfais l>ierre, tout & Coupj s’61anqa clans la rue~>o,lr saisi~ ~ln coursier flui venait au &~loP~

‘~rirnbal:Lrlt dfins rrn fiacre une enfank 6perdue

Dent la tel,reur offrait le plus triste tableaL~.

.

j

—T70US @tcs trol) flfltte~lr ; je ljasse la trentalne

Depnis clu:ttre l)ri~ltenl]~s.

— X“e vous cl~solez pas,

Car, :L trentc-cluatre :LrIs, la vieillesse est lointaine,

C’~st l’igc oi~ l!on no voit clue ties flcurs sous ses I>2~s.”

IJaissons-les cliscourir, cn prellant le breuvage,

Sur l’~trange inci(]cnt qui les a r6unis,

Etrcvcllons;t Iiosc. Ellcvcillc aum6nage,

l-mettantunc a~lresseet (ies soins infinis.

1

— l(;(; --

ses Inains out tout l,an,<~ clans un or(lrc itdlnirZLbl C,

Depuis lcs ol~,jets (1’art.jusqu’au luisant Iniroir ;

Et, parlaportCo llT’ert(+,o nal)ergoit Ia table

SIu’lai~uOlle (’st servi l’}]unlblc re~)asclusoir.

SZLU1&r(?, ~-ieille femme, arrivede l’sglisej

ot~souvent clle va prier le roides cieux ;

3faissur son front de suite 6clate IasYrPrisc

Enne voyaut quo ltose apparaltre ;L scsyeux.~~ Et toll bOII p$re, enfant ‘~—

—lJas deretoLlr encore !

—Pauvrcvieux! de cetrainil scrabient6tnlort !

Carpour trouvercelui que tajeune imeaclore,

11 pe(lt mcttre i l’euvers tout QL16bfIC et Bcaul~ort...

~~ciel ! q,le vois.je ‘? fit I+osc)en courfint verslaporte:—

IIonpt)re quirevient avecnotrc inconnu...

Ifais, r~prinlaut alors l’mrdeur qui la transport,

Elle rccule et dit :Qu’il soit Ie bienvenu ! ‘!

En e&et aussit6t SaLXt$rent de voiturc

Pierre et Jacques Benoit, ce vieux ltoger-Bontemps.

La gaitb rayonnait sur leur bonne figure,

31ais, h61as ! la g~it6 ne dura pas Iongternps !

,

IJorsque la j(:lulc fine ouit 1:] voix vibrmnte

DC l!houune qu!elle ainlaitj son cmur battit bien fort ;

E1lc rOUgit) s’~]ll~~t; et sa 13~rre bytiliJ1lte

lJaissa tornber un cri (1’inefiablc transport !

(i ]~~r(~ip,]~,~ ! ,lu’~~.t,l (] OIIC, O mon cufallt c116rie,

S!6cria lC vicillar(l, lui saisissaIlt 1~ main ;

No17s t’aiInons, tll le saisj a~’ec i~~olatrie,

Et voulons (1u bonheur te tracer le chemiu.

3fonsieur I’i(~rre Fraucmur — (iuc tout le molldc approche,

Et que jc suis lleurc>ux de rece’:oir chcz nloi-

Est IIU uoble artisln SaLIs peur et saI1s reproche,

Qlli serait enchant6 (le vivre soils ta loi ;

11 m’a faik cet aveu qu and j’6tais i sa table,

, (car tu sauras tant6t comment je l’ai connu ).

Catholique fervent, honnete et charitable,

Enfaut, tel est celui quc tu crois inc07tnu !

Tu pleures i pr6sent ! voyons, vo~rons, petite!

S@che ces vilains l~leurs qui rougissent tes yeux ;

Prouve i ce beau Mousicur q~’ici la Joie habite

Et qtle notre 6tiquette est celle cles aieux !

— 16s —

iROSe) en ef~et~ L)lcur:lit, ! SCS I)i(mf:tisantes Iarm es, ;

Comme des diamants, jusqu’{L scs pie(ls roulaient j

Cet aimable chagrin fais:lit brillcr scs (~llarnles ;

Pierre et les dellx vicillar(ls, l:~\,is, 1s coutcmplaient. <

Oui, cette enfant l)lellrait ! mais lu1 t)llaste dalice )sous ce voile dC pl~urs alors se (16guisait j

Elle avait mis S% I$vre & l’cmivrant calic(’,

Et pleurait lC boulleur qIIC son cmllr y l~uisait !

O larmes pr6cieuscs, I

Deuces, silencieuses, \,:Baume consolatcur, 1,

In6na~rablc joie,

Des grands yeux bleus de Rosej

Coule, ros6e dclose

Du pur et saint 2JInOU1’ j

All 1 rafraicl]is son &rne

Dent la soif te r6clame ;

Oui, coule en ce beau joul’ ! /

I

I

I

-— n;!) ----,-

Le g:~l:~nt :~cccpta l:h franche ljolitess(~,

Puis, erl lkommc cl’usagc, il I)ut ct ]llaug(,:t l)eu.

De rose il admira la l)eaut6, la finesse,

Et la co:]ll)lil,]eilta sur l!exquis l>ot.:~u.feu.

- .

–- ];()_.

(~ co~n~nc~,t lo trollves.tu, 1?0s(?? et toi, t)onn(? vioille T

Doman(la levieillarcl, qll:Lrlci l'icrr(, fL1tl3arti, ‘

ltose, joJ,ctlse, dit :

— Y-raimcnt il m’6nlerveille !

Et s~ mtre ajouta :

—C’est nn famc~lx parti !.. .“

— 171 —

Di~,l ! que lcs vrais plaisirs sOnt cle COurte dur6c !

Pcnsaitj ell Cllemin:intt lC j~l~nc Ilonlme ~mour~nx;

Jo veux garcler touiours dc ln~~ t)t~lle soirie,

Dans les plis (1c mon cmur, Ic souvenir }leurcux !

Dans le bourg ~ainte.Fo]e, aupr+s cle la barritre,

S’61evait un logis en tour6 (Ie bouleaux;

Sur ses mLlrs crcvass6s le lloublon et le lierrej

Ainsi que (ies serpcIILs, (16ronlaient leLlrs ann(~:lux.

C’6tait un bo~u soir (1’aofit. Dans Lln Ciel SZ$US nuages~

L’astrc dujourlallgait sa(lerniirc ILleur,

Et Ies oiscaux rntlaient leLlrs gracieuxrammges

A la voix du z6plIyr volant de fieur cu fleLlr.

L’air 6tait tout rempli des senteurs odorantes

Quc le foin, en s6cl,ant, exllalait & foison ;

Et la gentille a}>eill e, aLIX ailes transparentesj

Bnvait avec ivresse anx perles clll gazon.

Qui st,it ,Iir(+ A ~)rol,os tol,to la v6ritL ;

J1ie\lx qu(? lui j(? cennais votre doux c:il’itctbre,i

II

— ~~ DC grice, c’(>st itssez ! :Isst!z ! r6pliqua-t-elle,

Je ne m6~ite l]as tous C(’S b,?aux compliments;

Spirituals moqu(>urs, ventz sous la tonnelle

(It, nous rctrou~crons mes C?XC(> Ilcnts l~arents.”

1\f

----174 —

.\-c nl(> rcpousse ])as, i(lolc cle m:i vie,

Toi (Iui pc)rtf>s:~ll frol~tiasl~:\Ie candeur! I

.4u banquet, (1G l’hymen le Seig,leu~ no(ls convie :

() ROSC, acccp~c f[onc avec moi cet hOllneUI’ ...”

Roscavait rep:Lrti: i

(( ,J~a(l,nirc ta f~allC~liSC

llt les ficrs sentirncuts (lL~e tu vicns (1’exprimer;

]Iais, S:LUS voir mcs parents a~lxt~ucls je snis soumise,

.Je ne puis te ril)ou[lro : 11s pourraient me blame 1’.”

*..% %

Pierre, 10 lenclemaiu, rayonnaut (1’esp~ral~ce

.Et frais comme une flcut’, al,riv:~it chez Beuoit.

1,0 bollllomme lui (lit:_~( Ecolltez ula sentence :

vous vouleti tl)ouser l]ia iillctte ‘/ . . eh bien, soit !

Dans les premiers joLlrs cl’aotit, aule]lez 31. Fable,

Ce llotaire gal~mt (~uo nous estimons tons ;

]1 manic encor mieux la plumo c~{le le s:~bre}

Qnoiqu!il poi’te cette arme avec un soin jaloux.

-–175—

(~ ~“01,< Otr.s fIl) I-O1(IILIJ (lit ci] sollri:~l]t ltose ;

.Jc )Ic VO!LS (Iol]]]e point cc l>otit l):~iser-l;l !

Quoi ! r(prit le l]ot:~ire, il ~:it[tlrs, ,i( s,,pposc,

Pour 6tr(? ~)ar(lonl16, Yells rcillott,lt) CPI:L ?

Conlmellt, VOus oscricz !)... non, non, riposta-t-ellcr

Je pr6f6rc CXCLISCr i)lLlt6t T-otre larcin ;

Vous avcz (1c l’esplit, 011 ! olli, pl(,in la cervc]le,

3fais je n’approLlve I)as vot rc llarcli (lcsscin.. .“

— C’est l)ien, filisous l’accor(l, lua l)onn(? (iemoiselle,

Et, Conlille la nlllsi(jll(! (-s t l’a(;{; ()/.(2 1(?, meilleur,

V(?lLillez (lol]c nous ch:lutcr 1:~ romilnc(’ no{l\’olle”

Qtle vieut (le pul)lipr l’artist(; r,:tvi~llellr.”

Qumn(l l’:~ctc fut sigll$, lcs chsnsmls et 1(~ rira

ltotentircnt longtemps clans cc logis llourc+ux ;

I,es (leux fi~t!lrs 6[]o(Ix~—illusnirc (161i:,c —

Crilrcnt que leur bol]heur vml:~it c(:lui (lCS cie~lx !...

— 177—

Mais quand il ape~gut Rose en toilette blanche

Etlefront cOurOllll& deSfleUPS del’oranger,

11 ne ~)L~t reteUiL cettc parole franche :

(~ l,e (;r6:Lte[lr on toi Ile peut riell corriger !

Acc:epte ces i)ouquets, ca(lcaudujeune pr6tre,

L’airnable etg61~6rellx ctlr6cle Charlesbourg ;

11 ~~oit, aLI saint autel, implorcrl(’ grand Jlaitre

Pour (lu’il (laigilc l)6nirllotre si11c4realnoLlr. ”_(( ~,[i, j’:~~~(!pt.c Ges flellrs, ]llcrci CIU fOll(l (le l’~me 1

V(?nille assurer 1’:L1)I)6 dc mon I)rOfO1ld Yespect j

Pnisscdc s:t.ve.rtl~l:~(ioL~coct saintcflamme

Prorlllireslllllolls clellxsoll s$illltaire eff(~t,.. ”

Apr5ss’&tr(’ adrcss(? les comp]itnents d’usage,

12

.

— 17!) —

,

(~ar devant lalfaclone

lJn ap6tre leur dOnnO

Sa b~nddiction;

~t, selon Sa promess(?,

1.e roi des cieux s’empresse

De sccller l!union.

{jr, avec cette force,

(Primant celle du Corsc

I.e gra12d N&po160n) ‘

Ces 6poux seront braves

Et rirout des entraves

Quc dresse le ci~mon !

O divin m~riage,

● Toi I(, ficl~le gage

Du bonheur des 6POUX,

Puissent l’homme et la

Irnprinler en leur &nle

Ton souvenir si doux !.

*

femme

–- 1?() –

— 1s1 --

Di\ll~ U]I nilnbe l)rillant montait vers le ciel bleu !

11s ig]]orai,!]lt (~ue I.liomme a (Ies songes moroscs,

{~t,e ~,ls ~($IIX qu~.l(fuefois sent rougis par les pleurs;

Ces ang,’s ne \-oy:\ient que joie et r~\’es roses

OtL l’llo]l,]lle trof, so17Yenc n“aper~oit que malllei[rs !...

,., . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ....... ........ . . . . . .. . . . . . .

Rose c]lcrch:~it saris cesse, ell fel~lllle ailnable et bo~ne)

A pr6vellir les gotits clu maitre cie son cmur ;

EIIC y r67[~si~s:~iG, gr~ce ~~ l.llulnble ~IacIolle/

Qu’elle implorait toujours ~vec grande ferveur.

De notr(’ Cal]aclicnne elle ~tait Ie ~~rai type :

Taillc Illoyel]ue, ,nil L~OLIX et teint plein de fraicheur ;

En morale, elle avnit l’aclmirable principe

De garcler ~ lIOS tllm(~rs leur antique splencleur.

.,I

Seuls les angt,s (1u (:iel sur leur (livine lyre I

Auraient P{l r{>tra(”el’ ce~ s~?ntiments picux !

~

Dans les dcLlx ,jnnleauX l~lon(ls X11X yeux intelligents ;

Nous leur enseignerons la rout,, qu’il faut suivre

Pour accomplir le bieu, cli~aient (’es bolls parents.

Jfais cc r~ve enchanter, et’s pro.jets fort louables

~e dev:lient, 1)3s :Iroir leur accomplissernent,

Car Dieu, dent les {lEcrets so]lt tons imp~n~trablcsjI

Allait an~an tir leur r@ve en lin moment.

\Le t~ois septembre au soirj par un beau clair de lune, \Pierre, la rame en mains, refoulait le courant.

Lair 6tait embaum~, mais le sournois Neptune

Agitait quelquefois les flots dLL Saint-I,aurent.

Rose et les ch~rubins se tenaient pr+s de Pierre,

Assis, en Cercle, ~[1 fonil de l’e~~~rcatioll,

Pierrej (lel)~lis Iollgteull)x observait lC .~ilcnct. :

UII llOir p~c.~elltim(’tlt ftli<LLit I):ittr(> ~0]1 ~(ILll~ }

11 avait l~eau llltter, SC’ f:liri! violence!

11 rcstait ail l,ouvoir (1c l“occLll te oppresseur.

Allssi redoutnit-il ces l,{)[[rrasclues fr6([uente.~

Qui sent le caucll{ln:~P (Iu collragcux marin:

‘Car le vent soulevtiit 1(’s v:tgucs ~euu~kntes,

I.’air (ievenait p] us lourcl, et le cicl moins serein.

Tout & coup uu 6cl:Lir, lln 6clair grandiose,

D6crivit clans I“espa.cc uu long serpent de fell, r

Et l’orage 6clata. Les {Ieux enfants et ROSC,

Affo16s cle terreur! tre~nt~iaient en priant Dieu.

Quoi ! l~lourir {i cet ;ge otl l:t \-ie est si belle, f

Oti tout Soll$ le soleil 11011s I)2Lr1~ JOl(>, :imours...

lfourir ! lorsc{u!on poss6de une 6pouse mod?le

Dent l’esprit, les },ertus en] bellissent nos jours...

— Is+j —

11 se mit ;l .jou(, r {Ill ])ie(l et (1(, l!i lnain.

Le uageur f.luelflu(:foi.s (Iisl)%raissuit l~ans I’on(lej

Entrain6 ptir sa femme et I’un cle ses enfauts ;

N’importcj il n’allrait pus-pout’ lcs tr6sor~ clu monde—

“VOLLIU laissel, l~~rir ces [Ieus &tres charmants !

IIais ses forces (1’J[ercule {( la fill s’6puis4rent j

Le ~aint-IJaureUt ullait s{, reff’rmer sur eux,

Quan,l six rol)ustes l)ra.~ I)restern[+nt I(,+ tir~rent

De cc gonfire, ou plut6t (le ce totnl)cau llouleux !

Les sat~veurs 6taient tr~~is bat~’liers {Ie Saint-l’ierre,

En route pour Qu6bce avec Iul lot CIC l~ois.

11s avaient a])erfLL sur le fleur(~ ~’n Colire,

Cet hommc qu(’ la vt~gue enreloppait parfois.

11s fircnt 5 la hitc un lit (Ie fraiche paille,

Au fon(l de leur I)atcmu, pour les trois malheureux.

Mais, d fa.talit6 ! 1(’ sort> (Ie sa te~laillc,

Voulait bro~~er le cmur (Iu p+re courageux.

Car, spectacle navraut ! c!~tait clcLzx corps livides,

Deux CaClaV],eS qLIe Pierre aVait. ral-is aLLx flots !

11s 6taient l;i, gisant sLzr les grabats llnmi(les~

Le visage 6clair6 p:lr Ie fcu (Ies falots...

— 186 –-

Picrre Atait atterr6. Dcs Iarmes abondantes

Iuondaient sa figLlrC aux traits miles et beaux;

Debout, pile, muet, il ressemblait aux pl:~rltes

(~ui vivellt san * c:halcLIr i I’olnl)r(* dcs tombeaux ~

1I

11 avait toLlt pcrdll tlans l’espacc (1’u])e heure : jSon adorable fcnmle (?t ses ficrs rejetons;

I11 ne lUi restait plus [lLIc sa sombre dellleUre i

c)~l Ies sanglots allaicnt reml)lacf~r 10s chansons !

\

I.es bateliersj 6mus, rogarclaicnt en silence.- 1

L’610quentc (louleur de notrt? infortlm6, \

Et suppliaiont tout bas la saintc Providencei{

De consoler ce brave aLl chagrin dcstin6.1

\Mais Pierre, tout ii coup, vaincu par la so~.lffrauce! t

—Ce mal clont les humains doivent subir la loi—I~

Roula sur Ie carreau, priv6 de connaissance,

En s’~criant: 1

~(( sei~neur, ~vez piti6 de nlOi ! “ f

Trois semaines apr$s cette sctnc terrible,

Que la plurnc ne peut fid$lement tracer,

Pierre quitt;tit le lit. 11 6tait impossible,

Po~Ir qui I’avait connll, ({e le vOir sails P1e~~rer.

Cc n’&tait plus ceL lloj]unfi i la forte cncolurp,

Au visag(? screi117 aux brls si ~igourcux !

Du vieillard il avait (I;ji toute l!allure,

~ La tristesse trbnait sur so]] front auguleux.

11 ne ressentait plus cle doul(+urs corporelles ;

Son estom:kc pollv:Lit reccvoir tolls Ies mcts,

Mais l’imcj 11411s ! portait (Ies blessures crLIcllcs

Que Ies prillc[>s de l’:~rt lie gu&rissent ,jamzis . . . .

C’est en v~tin qu’il cllercll:iit souvent A se (listrair<>

En lisi~ut les jouruaux ou q~lelqlles bons rornans ;

Ilinexorable sort semblait toujou~s se plaire

II lUi rendre odieux ccs dons amLlseLnents.

Alors il s’6criaitj la voix plcine de larrnes :([ 4ccol.clez.llloi, moll Dicu, la r6sign~tion,.

Ou faites-moi gotiter Ies clouceurs dc vos cllarmes

En daignaut m!appeler clans la sainte Sion ! “

,’— 1ss —

Entin Dieu lui (lonn:i la force et Ie COUrUge

De portt+r de+ revers Ic piniblc? fardeau.

A 1:~ forge bientot il col)clllisait l’ouvrage

lJen(laut qu~ t,rois gaillards ulanf~}uvr:lierlt le marteau.

Tln illustre (16f[u]t {~\li vit dnns la m~moire

Des hommcs (1’~~~ljo~lr(l’lltli, [e bc)n c~t~d Cl~aresij

“Vcnait l)~~rfois lc voir po~lr lui parler (~histoire

Mt surtout dcs li6ros qLLC Fra~lccnur a(lmirait.

Le malade 6co(1ta.it, lcs r6cits du vieus pr~tre,

R6cits qui l’ellfl:lrllll]ai(!rlt au supr@lUc clegr6 ;

AL7 seul 110111 Clc 1s l~r:,ll(:c, il serltttit tout son &tl’c

‘fressaillir. All ! ce UOIL1 6tait l)our lui sacri.

.4ussi, c’es! qu’il l’aim:~it ce beau pays de France,

—Soleil que lcs Prnssiens ne pourront obscurcir !—

C’est lh que ses aicux prirent jadis naissance,

Et c7est 1A qu’il aurait voultL vivre et ruourir !

Or, clepuis que l.k mort de sa faux re(loutable

A~ait rnoissonni ROS(I et ses deux chers enfants,

11 ne nourrissait plus qu.71n (16sir admirable:

Cornb%ttre en Calzadien contre les Allemands !

— Is!) —

11 Iui fallait partir, cal I’eau de notre tieLIvc

Rappelait i son ALUC un spectacle navrant:

Tonjonrs il cro)ait voir—insupport:kble ~l)reuve-

Les t16funts cntr[~iu6s par l’llorriblc courant,..

Jtais un autre nlotif pills gr:hnfi (Iue b~ soufirance

L’engageait i partir pour le sol Ftranger ;

11 se clis~~it souvellt :(( ~J,l:ln~I on ainle 1~ l~r:tllCc,,

Ou cloit la sccollrir i l!llenrc (IU (I:lngcr ! “

111

C’est le ~li]nauclke zh[.r soir. ( .ne foLLlc iuuolnbrable

Enva]lit le foruul (place ,lacf~ues-Cartier) j

On clirait, i la voir, (~u’uli nuilileur effroy:~l)lc

Jlenace lf~s rnort(+ls d{? 1‘l~]liv(+rs ell tier.

(~LIC s’est-i] dOnc pass~ {le si gr:Lncl sOUs les astres

pour que sur tous ccs frOnts ~clate Ie chagrin ?

.411 ! la Franc< sc meurt ! db,ji quatre d~sastres :

~reisscnl})o~zrg, l{ei+cllofeuj Forl)acll et Spickerin 1

Nh ! oui, voil~i pourcl[loi l’on pl(~ure et 1’011 murmure

Dans la villc oil graudit l’l16roi(I!le l’aleUr ;

Qtutlld la I~ranct’ recoi~ au ca>ur une k)lcssure,

T,es l,+~l~itnnts (1’ici tress:Lille]lt (1(+ CIOUIOITr !

(( Je ~o]~ ~ SOil seCOLIPS, S>6Cri[? Llll patriote>

Et vais au coLlsulat otirir mes faik)les m:~ins.

Et si je dois tomber sous le fer du despote,

,fe ]noul]ai, saris regret, commo> les vicllx Ronlains

II p:~rt, la t$te llaute et l’~~~il plein de lunli&re,

llt Ya CII[’Z 1(, CO]]SU1, qui l!~tccu(+ille fort bien.~{ Jlapl)a! ti~ns, F, Xccllcnce, ;l ~:t classe oll~’ri+]”e>

Dit-il, ct j’ai l.holulcur d’~tre n6 (.;ana(iien.

Or, ,j’appreuds qlle la France 0;1 naquirent nos pires,

—B(+lle Fraucc q\Ie .j’aime autant que mon pays !—

Nst soumise i cettt? heure :~.ux troupes uleurtriires

Que commfindent. lJon IIolkc ot ses cruels mnis !

!

Ellbi(+njmille tamboLlrs ! jc VCUCIS maison, boutique,

Pour allcr~lle ral]ger soussorl]loblt? clral)eau ~

O~li, si.j’o~)ti~lls [~e~ous tlnel)ibcc a(ltlle~lti{~ue,

.Te trofl~~er&il’Outil (~ontrelc cll:~ssel)ot

—((QtlCl eSttloll~~ot~cn O1n,l LOIIllll(J 1)1

!>

in (le Courage ?

Et (l(~lJllis cet instant je ne fiiis quo l)leurer,,.

_lf (j lC 1,, s F13rouj~6 des 61)OUX et des pires !P

.Jc coul~)rcn(ls vos m.alb curs ct sais y compfitir ;

~~o~ls~tcslm l16ros t(:l que l’olln’ellvoitglldres~

Etb L ~l)[LnCC (1C VOUS rl’;lUr2L1):lS/l 10LL~ir.

.,. -

Derneure des trois anges

Que follement j’aimais

Et que les viles farrges

~e salirent jamais !

Adieu, cl~arnlante femme,

Adie~l, fruits de son flarlc:

.k vous, j’offre mon ~me,

A la France, mon sang 1

Demain, avant l’aurorej

,Jo quitte]-ai ,ces lieux ;

—VOL7S rev(,rvai:je encore ?

Oui, ~Jlus tard, (lans les cieux 1 ,,

Mais, vivt] inquietude,

Qui me remplacera ?

]ln cette solitude

(Jlli vous visiter:l ?

1:3

— 1!)4—

N-OI), c:ir l’1301nme se Iivre

Ici-bas aux plaisirs,

Et n’aspire qll’~ vi~-l’e

Pollr cornbler s(~s (16sirs !.,

El] biel~, puisquc 1(? nlorltle

h’e sorrge qll!~ jouil,

Moi, stir 1:) terrc et l’onde,

Po~lr vous je T-eux sollffrir !

i

“1i

I

—- 195 —

I,aissons (Ior,nir en paix (Iaus leur sombre retraite

Ces trois infOrtUrl&Sj c t rejoignoyls Francmur,

Qui, pres (le Cll~tilloi~, IL l:t lL~tie ~’~~l~l)r~te

Sous ie Commandelllenk (1’l;n g6n6ral de cmllr.

11 a pu parvenir jusque l~L sails entrave,

Grace h l’aimable pli ~lu consul q~~6bec~lLlois ;

DU reste, eu le voyant, 0~1 c~e~’illait un bra~’e

Dans les ~Teines d~~quel coulait le sang gaulois !

I.a France tous les jours ~prollvc (I(es d6faites;

.Scs vaillants Sol{l<ats sent par Ie n ombre e(~ras~s ;

Et d6ji Ies P1.ussiens se pr~parent cles f6tes

Dans les ric}les ll:>nleaux qu!ils ont ycr?~~anisis.

I 1s ne respectent rien ! ces couqu6r:~nts (1’Line Ileure !

11s insultent l’enfant, la fern.ne, le vieillar,:l,

D6truisent la rnoisson et brfilent la clemeure

Oh vit paisiblemel]t l’klonu6te montaguarcl.

,, .

,,-

Ivres cl.or et (le sang, ils attaquent les vines

Qu!ils pillent aussit6t et plongent clans le deuil ;

Puis, l’esprit 6bran16 l)ar leL~rs succ~s faciles,

I 1s lancent, sur Paris Un envienx coup cl’mil !

Halte-1~ ! car Paris, le \rrai cmur de la France,

Le royaume {ies arts, l’iulprenable cit~,

Seeoue avec 6clat sa folle insouciance

Et veut garcier encor son immortality !

Jules Favre aux Prussiens clemantie un armistice,

Afin cl’examiner leurs nombre\lx arnlcments;

Mais {Ie Bismark rtpon,l :

([ ,Ie ]~e l,llis, en justice!

Ilaccorcler.. .Agr6ez ult’s meillellrs sentiments ! !’

,Cf)tte froicie r~l}ouse alluuie la col@re

Et I’inttignation clans l’ime ~les Fran!ais.

(1 Cjest bien, ciisent. plnsieurs, .fertiiisons la terre,

Les cadarres pr,hvs:en.v nolts servironi Zengrai.v !

*+A

‘rout Paris se pr6pare A combattre les reitres,

T.es jeunes et les vieux lnarchent sous les drapeaux j

On jnre de tuer, saris piti6, tous Ies traitres

Et de livrer Ieur chair en p~tu~e aux corbeaux ! (

J.es fusilsj lcs canous, les ho~llets et la poudre

.Sont vite fabriqu6s et remis aux soldats;

Et, quand sollnera l’~leure, allssi prompts que la foudre}

Ces terribles engins ferOnt mine d~gats...

C’est Ie vingt-deux septembre. Escort6 de ~es troupes

Le g6n4r:~l Ducrot traverse Cllitillon j

Les habitants (lu lieu7 qui se tiennent par g~’OUPes/

Agitent devant Iui maint et maint pavillon.

Duerot s’incline et dit:

1[ Priez pour nous, mes freresl

Afin que uu combat nous sortions triomph%~ts j

Demain nous carnperons pr$s des .Hautes-Bru~TGres

Oh les Prussiens encor se montrent turbulent.”

Et, quittant ~ regret ce peuple qu’il estimej

Esclavc du devoir, il poursuit son chemin ;

11 n’a plus qulun d6sir—d6sir vraiment subIime—

Lutter, et, s’il le faut, mourir le lendemain !

De boune llenrc, I)ucrot lC l~n(lemain arrive

A l!endroit re(loutal)lc avee scs I)ataillons.1

Ii ‘peuez.vous, lellr dit.il, tolls sur 13 (l~fensivep t

C;:lr l’en~lemi (16,j;\ (loi t cllargcr ses canons.1

En lanqant de, ol)lls i travers les l)os(~uets ;

31ais Ducrot, s>tns frw~rel[r, {i ses soldats r6p@te :

Laissez-les d61)enscr lcLlr force et leurs I)oulets !

Cepen(lant les Trussiens-{{{le [’e silence intrigue-

Osent se d6couvrir aux regar(ls (ies Franqais.

Ducrot les voit vellirj et, ficr dc son intrigue,

,Jubile en l)res sentant lln glouicu.x succds ! ,~i .~ 1~(nlz~7rc ! or(~o~~~~e.t.il ; cl~l>lantez-moi ces rnstres

Que l’orgueil a rendu m6chants, audaciellx !

La France attend ({e vous lcs faits les I)lUS illustres,/

Allons done, en avant ! 6 soldz~ts valeureux ! “ *

Aussit6t d(’s millicrs de bonlets et CIC banes

‘Fombe]lt comule 1111 orage all miliell des Prussicns.

Et l’air redit alors (les clameurs infernsdes

Q,[i rcssemb]cllt allx cuis d’une mcut(~ de chiens !

~:h et 1;( (1(?s I)lt)ssis tt(’n(lus cI1 gaud nombre

Exhalent lg(l~s (loulcLIrs et mau(lissent le sort,

Puis d’;~(~tres efTray6s par c(+ spectacle sornbre,

SOLLS ICS bois Iront se l~lettre ~ l’~~~i de la mort,

I,es cllcvaux, l’(~?il cn f(?u, les naseaux pleius d’icumer

Affo16s de terl’cur, s’e~:lllcent :111 ga~oP)

Mutilant cle lcurs fcrs lC cti(ltirre qui fume

S71r Ic sol d6treml)6 par Ie sang et par l’eau I

C’est un sau\,cqui-peut : leg6n6ral lui-m$rne,

Espdce de CO1OSSC au cmur ambitiellx,

Est oblig6 ~e fuir ; et, [ians sa rage extr6me}

Maudit, en se sa?~va?tt, ]es Fran$ais et les dieux...

,

lfai]ltc]lal~t, gr&cf+ au ciel, sur les Hautes-Bruy&res,

1

;,Le vieux drapeau frangais c16roule au vent ses pfis ; t11 semble c16fier les Ilordes meurtri@res IQui uourrissent l’espoir de bomt)arder Paris.

1

**.*

A’euf jonrs ont fui. Ducrot k clleval se pron~ne 1En r~vant au plaisir de revoir l’ennemi, ICar il I’attend. Depnis bient~t une semaine ICe g6n6ral fameux n’a presque point dormi.

i

Au d6tour d’une route, A travers le feuillage, 1

11 croit voir onduler clans le lointain brumeux

Une mer de soldats : tel on voit du rivage

Mollement s’avancer les flots silencieux. ~

Tiens ! ce sent les enfants de la blonde Allemagne, {

Se dit le prorneneur, en mettant son lorgnon j

Nous leur ferons danser, ici, clans la montagne,

Un joli moulinet aux accords du canon...

Es aiment ce jeu-ln, si j’en crois ma m6moire,

Eh bien, ces beaux danseurs ne seront pas dh~us I. Mais ! ils sent tr6s nombreux: la plaine en est tout noire 1

=A ! qu’importe leur nombre, ils seront bien regus !

-– 201 —

sur ce, le g~nfil’~1 pique :LL1 franc s:L monture

Et s’61auce an g:llop vC1’X I(S c~lamp des soldats.

~~_.4ux armes ! leur (lit-il, (Ie s:l voix m%le et pure,

Les Allemands surllolls s’tlv:Lncent ~ grands pas!

Leurnolllbr~?e~tl~gionj Inai*vous ~tesdesbral’es

~ui ne comptez jamais 10 nombre des rivaux i

Sivousuevoulez pasderenir lellrsescla~’es,

Nim?me leurlivrer vosglorieux drapeaux,

Alors, repoussez-les! ~’:~yez aucunecrainte,

Soldats, ~~6tr(l vaincus j non ! Iuttez vaillamment}

,Sousle regard de Dieu, carvotre cause estsainte

Et Dieu vous aidera jusclu’au dernier moment I “

‘Tousles solclats enc]lmLlr~\ cetappelr6pondent :

—~ollsvous stli\-rol]s partotltj6 noble’g6n6ral !

_Ah! ,ll<?rci, fait Ducrot; I-oscris puissantsi nondent. 4ttendez le signal !lfon Ame d’. allegre. sse . . . .

L’heure succ~de a l’heure et l’ombre & la Iumiere ;

La nuit sur la nature 6tend son voile noir,

Laltlne, au borddL~ciel, montrant sat~tealti~re,

Scintille tout~ coup commc unbelostensoir.

~OUtestsilel]ci(+llx. Dnclot et son aru~~c I

Attenclent, l’arlIIeal~Xk)roS,l(.} icrribIcluoment

ofilat ourbe prussieiluc-ivrc de ren0mm6c-

l~iendra Ies atta(~ucr cl;~~~s le~~r retrauchcment.

Les belliqucux Flal]gais sent (!nnuy4s d’atterldre ;

Ilsneredoutent pasleurs enuemis, ob ! non !

C:~rlellrulliqlle\m(], maintcnaut, est(l’entendre 1

I.avoixdela trornpctte el CCIIC(I1l canon. .

N6armloins, imi~ani du g6n6ral l“exernple,

11s offrent au Seigneur les pr6mices du jour,

Etce champ cle combat sccol]vertit cntomple

D’oti rnontent vers le ciel des pri$res cl’amour.

~uis,(>e> (Ievoir rempli)lcs cuisiniers pr6parcut,

Avechabilet6, lemocleste repas.

La marmitc est au feu. Tous les soldats s’ernpareut

De leurs l)rillants col~teaux pour trancher le lard gras.

Bref, letoutestservi. Lacloche carillonne,

Invitant lamilicei manger sansfafon.

Le vin ne manque pas. La bonn e humeur ray onlIe i

Sur les fronts? et les emurs vibrent i l’unisson.

t —

Eu >~ll~ll~t ct Y(’lluut sur son collr~i(?r au trot.

— 204 —

~,a UIO~t, S811S ~)~6f6~~IlCCt elll;~~ :iLIx (](.UX 2ru16~S

Des hommes de valeur, qlle (Iis-je ? (les h6ros !

Elle n’a pxs (t’6gar(l ~JOUr leurs jellnes ann6es,

NOII ! comme Ies b16s mtlrs ils tombent sous sa faux 1 ,

0 mort, cruelle nlO~t ! pour ~Lsso~lvir ta IItline,

Tu fais couler ~i Hot le sang de tolls ces preux ;

Tu plonges A la fois ~lalls ]e (lel~il et 1~~ l~eine

Des m?res n[l ca’nr (~’or et CICS enfauts heureux !

11s n’ont plus de soutien, ils 11’out plus d’espcrance I

Ah ! qui IIO1lC C]ssormais leur [ionnera (1u ~)ain ?

Qui les consolers iluand ]’an~5re souffrance

Posers sur lcur front sa re~l{)utable main ?..

Mais la mOrt ne fiOrt pus, aLL contraire elle veille

Et moissonne i son gr6 .les faibles et les forts:

On a beatt 7a #Tier, elle n!a point d’oreille I

Pour bcouter nos voix, nos douloureux accords...

Elle 6pargne A pr6sent les soldats de la Prusse IEt frappe les Frangais qui luttent vainement ;

Ceux-ci vent succomber, quan(l Ducrot, plein d’astute,

91jfi _-— .,

Le pauvrc g6n6ral a la douleur clans I’ame:

~qx cents vingt-deux ~lcs siens <out au nombre des morts f

Que faire ? ~ra. t-ii f[lir ‘! .\”on ! ce serait inf~me,

Et partout le suivrait “la IIont(? ou le remords...

Ifais il devra Iutter, 11612s ! stills t+spoil m~me,

Car Ies Prussiens i p(~ine ont perdu cent soldats.

(i &T>i]~~~orte ! ie ,,~o[[rrtti l>our la Franc(+ (Iue j’aimc,

Dit-il : un Franqais m~iurt) nluis ii uc se rend pas.. .“

11 <}rie ~, ses ]16ros : ~~ (~uittons notre ret]’site

Et derecl~efnllon* all poste del’honneur;

La resignation brine sLIrla figure

Dcccsl)raves sol(l~ts l~lttantvingt contrecentj

Ma.is persoune nejetteune l}lainte, un rnurmure,

Ilsontd6ji{ jtll~cl,~r ~p:,,lclrel e(lrsang!

7,..— 20(; —

i

J,fjg~ll@rill:~lor+;i le[~r t6te se place

~,, le{lr clisant : (I Snl(lats, imit(~rls llos aiel~x j

Lorsqll~+ (Ies ennemis s’eml)sraierlt (~~lne place,

llsles c]l (l(;logenicnt} (ZII bicu, faisons commc cux ! 11

SUr ce, I’cnil cllfl:Juun6, lC voilli ql~i s’(.l~ncc, [

~crsl:il’~ste~l~ilii’rco~l r+glleut lesr~el~to~ls;

Ily psrvieilt l)iellt6tj trO.l?p(-’Ilt leLlririgilanc(?,i

Et l’:lit l,l(llvoir sllr ,,[,x le fer ,1(, S(S (I:L1):~r)Y. Ii

_ joy —h

~,eSFrallg:Lis Illttelltbit?ll. I.ebruit dclarnitraille,

IJOill (le les cffrayor, rsllgmcutc le.ur arclcur ;

[]s vclllellt ;L tout prix gagner cettc trataille

(~ui rtt]lferluc 1)our cnx le salut et I’honueur !

~.[:jis, (Iu.est,-ce ‘? cnt.cn(lez-vo~~s les hourras fr6n6tiques

CJ1l.ils poussc’nt Yers Ie cic 1 en co.nblittant toujours ?

Ils vicnncnt (lo ravir a~lx st~jets germaniqlles

Do:Iz(! on tr(’ize c211011S a~lx 6110rnlcs contours !

.$lors lcs ~illemaIl(ls, 1P front charg6 (1c ra.g(?,

l~ont lnine (1’av:tn(cr so(is If? feu (Ies Franqais,

/,

-– 208 —,1

J,tais ce [~l~anccux tire~~r q~l(? l’h~roisnle gllide~

Polura-t-il r6sisfier aux collps (Ies ennernis ?

lle~lr(lez-le : (1(, s2ug s:~ t~lni(l:lc est lll~mide;

~’importe ! il llltte encor, lcs membres to~~t meurtris [P[~is, ~ honhcur ! il voit que I’ellnemi recule j j

T1 a~~ance A la course avec ses COmpagnons,

Ponrsuivant les fuyar~ls, les tuant saris scrupule,/

Comme on 6crzsertiit CIU pied Cles nlol~cherons ~.. ~

‘rout ~ coup il terrassf? lln soldat h6roique J I

Qui vient (le (16robcl’ aux l“rtlnqrsis un (irapeau ;[

T] arraclle aL7 voleur cett~ ~)clle reli~Ll~}!

~lLIS llllre /L SeS re~?r(lS ~Ile le criStal (i~ l’eKLU !

Qrrol est douc cc l16ros it la fi~re encolure

QUO Bcllone a charg6 (les laul’iers dU vainque~lr ?

Wxaminczles traits tle sanoblc figllre,

Ktrol(s reconnaitr(~zle forgeiol~ ~ranca~llr!..

J,es malhcurs ont blanchi scs 1~(’alix cheveux (i’6bine

Et creus6 sur SOI1 front 11X1 glorieux sillo~l;

Bless67 rnais uou soumis, il (?st scrnblableauch$ne

Qui r&siStO 10ngt(’rnlJs aux coLlps ,{11 btlcherorl...

‘J1 l]aise avec alnollr le drapeau (Je ses I)dres,

jipr~s l’avoir press~ t(?n(ll’elllcnt sur soil c(~+~~r;

]Itjsans resl~ectlllimainj r6citecicspri>res

Que sa faulillc, au (}iel, cloit r~l)~ter en chmur !

.

~,):trf~~:[]rcliezles Prussiens semblen ninstantrenaitre,

~:~rle[~rlnitraillegrol~de en(:ore:~vec~clat;

]f:~is, d’~~n collp d’a+il, il est)ais~(le reconnaitre

QUC c’ust le d6scspoir qui les pousse au combat.

11 tolul)esul Ie sol, tl}~fitro (lo sagloirej

Cc ulo~leste artis:luque rienn’intimida,

En lul~rnlllrant ces mot.s qlleje livre h l’lIistoirc+:

.&die[I, 17r:Lncc cll~uic! Iidien, I)(?:ju (~anada,..

Ior f6Yri[r 18S7.

14

SONNETS

Le commerce fleurit ou flcurissait la rose,

Car il :1 d6tr6n4 le r@grre v6g6tal;

La voix de la vapeur — moderne virtuose —

Fait retentir 1 (:s airs d’uu Il]mne magistral.

La vlt (Iarls l’harmonic uu peuple l16t6rogi11e

Dent les filsj chaquc jour, ~lescendent d~ns l’arine

Au seul mot d’industrie ou de prosp6rit6,

11s r~vent d’6tablir sur ce sol historique

Une vine prosp~re, heureuse, magnifiquc,

Et ce beau rave touche & la r6alit6 !

ler mars 1W9.

.

.

.—.. 21-1 —

De superbes palais emk)cllirorlt ses rues;

Des hbtels clresserorlt lrllrs {ldmes (Inns les nues j I

Et l’il~lmortel.Cba]]lljlaill :i(lra so]~ monument !$t

Asatige pen(lait, 1111 l)ot~t (1c satin rose

Oti j’aperpus Ic IIo:n d’un ange aux tr%its cllzrnla]l ts

Qu’autrefois ,j’alor:~i; ux~isj fleliri ~)eine~close~

Lalnoxt ~rilltl ii(>tlc?illiric l[l:~t(]rze printemps.,.

Je pri:ti c~ soir.l;l — l,! cmur l)lein cl<. tristessc —

Pour celleciui (lora~zul~e (lemajcunesse

Des rayons les l)IIIs p(lrs (Its l)l:~isirs et cles ris...

Depuis, uuauLre ?tulol]r agerm6(lans n]on5]lleP

Etjcvois tousles jourssa bicnfaisantc flarnme

Illurniner Ie c@Llr dc mes e]lfauts cll~ris.

lerjuin 1889. ‘

A l’occasion de sonmariage

Au banquet de l’hyllietl lG Scigllcur te (:on~’ie; .

Accel)tc avccfiert4, jeunellc)mlll(?, cet honneur.

Un ange d’ici-bas te cons:~ore s:, vie,

Son:tmo(lr,’scs secrets, ses espoirsdebonllcur!

Ilfautsemaricr! C’cst bienl& cequ’envic

‘rout ~treraisollnitblc et dou6 d’unbonemur;

Mais)d:ms cesi&cle otil’~mcil’orcst asservie,

Trop de femmes, h61as! ne r6vcllt que grandeur!.,

Soisheureux! soisheureux danston hl~mblem6nagel

Chasse loin les soucis, et que pas un nuage

N’assombrisse un instant Ie ciel de tos amours! IDieu te donne aujourd’h~li — recompense ineffable —

Une 6pouse au c~ur d’or, intelligent, affable,

Qui fera de ta vic un tissu de beaux jours !

Juillet 1881.!

--217—

va sur le Saint-T,a{lr(+utj 6 ma muse ch~ri?,

Offrir url humblo hommage aux marins valeureux

Qui viennent snr nos I)ords, l’~mc toute attendri(?,

Pour voir ce betan pays fon(16 par Ieurs :~ieux !

0 muse, ne trains PaS cl’$tre mal accl~eilliej

Les Franq~is sent toujol~rs cOurfiois et g~n~reuX ;

S’ils s’arment quelqucfois du d:hrd de l’ironic,

Ce n’est que pour punir les sots, Ies orgueil~euX.

Dis-leur que~ sur le sol de la libre Am4rique,

Deux millions cle cmurs, {~ la trenlpe inergique~

Ont promis aux Fran&%is un 6ternel amour ;

Et dis-leur que, malgr6 l’~preuve et ~i~ souffrance,

b haine ctes tyrans et l’oubli de la France,

11s n’ont VOUIU trahir leur promesse un seul jour !

ler aott 1878,

I{il’ossl:

I

011! q~l'ils sol]tl)~,:l~lxc C~sjollrso ~~lasaintee sll6rallc0

Entonllait (lallslllollillle ullcllantplein dedouceur!

I[onr?ve sc l~ris:l, j(; col~nlls lasoufir;knce

Et~Jlcurai, ll~:~isorll~:~ill, ccsmoments de bonheur...

Bert]le~i\r:litl)oLlrllloi ; ,j’avais sa confiance.

D’LIU amour griln~}iss:~llt I1OL7S ~otitions la saveur j

Lepr6trc allait bio11t6t l)6]lir ]Lotl’e alliance,

3faisBel’tl](> un soir partit pourull nlondemeillcur~

JesoLlffl’o Ill~til]tt~l]:~]lt -o~li, jc souffreensilence —

Etpollrtallt jel)6i]is l’:~ust&l,ePro~,idc~lce

Qui mc versa l’al)sintl,c et Illi tendit Ie miel !

JcgarderiLi tol~jo~L14s, mon ami, souvenance

Dcccllc(~~li (Ioralongtempsm onexistence

Et bl’illc c16sor]~lais (l:Lrls lcssplendeL~rs duciell

1

— 21!1 —

Et ,je songe (IUO Ii, CI:LIIS lCU~ ~eL~~ite O~SCU~C)

Iies IIurons, autrefois, vivaicllt r)ai~iblelnent;

Mais sur tes I)ortls u1o]1 nil ]le voit plus la figure

D’un seul (le ces 116L’os : ils sent morts \~%illannnent...

Que {[e fois, 6 I)eau Iac, ap~?s UIIC l’i~toi~~j

IJes IIutons rcvenaient, lC front cllal’g6 (~e gloire}

Reposer pl?s de toi lcurs menll)rt?s tout nleurt~is ;

Et, que [le fois zussi, l’llulfll)lc l~lissiOllllai~~\

pOrtallt pOllr l> OLLCliel. la Cl+Oi X) lC Sc:LPulaire~

AIIait y consoler ces nu~lllcurcLlx conscrits !

ler ao~t 1s80.

.\ IIOA’S113GR ()...

Depuis CICUX allsj pO@tC tl l’fimc iendrej I~a lyre c1’or :L slisp(~n(li[ scs (ihants. I

Ton noble cmllr (Ioit poul’oir sc d6fendre

Du c16scspoir it cles chagrins cuisants.

Tolls nos peliscrs, tll le ~ais, (loivent tendre

Trers le s6jollr illl }I:titre des puissants.

,Sois couragt?{ix ! cal~ c’est clans la souffrance

Que nos aieux retrempaient leur ~aillance

Qllancl ils luttaieut pour la foi du cllr6tien ]

Ot~i, chante encor : ta voix m610dieuse

Fera counaitre i la France oublieuse

I,es grands exploits ([u pellple canaclieu !

8 septembre 1885.

.;’7L——..

RtPossE

Et l’instl)umcnt [li~ril~ re~~(iit e:~cor~. un SO]).

\ c,...

L~ gi;re a disl)aru. I.’oiseall d:lns la ram6e

Exhale vcrs le cicl ses chants m~lodic~]x;

J,’aurorc verse /h flots sllr la rose embaumsej

Comme dcs l)erles (l!or, Ies larmcs de ses yeux.

C~est le printernps v(’rmeil: la brise parfum~e

Male au bruit du ruisscau son murmure joyerrx;

Dans les bosq~lets en fleur, l’abeille, ranimse,

BoLlrdonne en bLltinant le micl d61icieux.

O r6surrectior~ de la grande nature !

Doux pri~]temps, j’ainic h voir ta riante verdure

D6rou1er sur le sol son tapis cie velours!

IQuand tLl brines, le front (1u rnalheilrcux se dresse;

J,es cmurs, ,jeunes ou vieux, tressaillent d’[~llagresse~

Et (1’une u16mc voix c61d\>rent les betiux jours !1

Otli, puisqll’il pltit & Bieu de te f:]ire podte,

conragc done, jeunc homme, au front plcin de fiert6

Et, malgrs les clame Llrs de la foLlle inquit!te,

Redis-nous plLls Souvent tes C[lallts de pi6t~.

ch~l~te Zussi nos for~ts, llotre ril~e coquette,

I,a jeunesse, l’a~our et les b~a~lx soirs d’at~ ;

Exalte les gran(ls noms qllc l’I1istoire r6p$te,

C61&bre Ies aieux, chante la libert6 !

Chante avec Ies r17isscaux, les oisea[lx et la brise.

Rappelle-toi toujours que l’art nous civilise

Et. ~fait noitre l’espoir daus tout cm17r ulc~rt.

Souvie]ls-toi que chacun s(} doit A. sa patrie,

Et que l’homme oubliant son talent, son g6nie,

ltst indigne d7avoir au front ce fell sacr~.

w,.,

A otlt 1 S77. .

,

‘“q

~ul)lier c(> cons(’il (1’l]n icriv:~in notoire !

I.u & l’amiral P~r UUG o~pllclil~c (~es SWUrS de la Charit6—

Notre imc a tressailli de joie et d’al16gresse,

O pieux amiral, quand notre bon pasteur

NOUS a trallsnlis ces nlots, doux comme une caresse:

~[ I,a France vOus envoie un noble visiteur ! “

hTOL7S Connaissiolls ~16jA Ies vertus, la tendresse

DO l~augc dent Vcuillot parle en admil’ateur; (*)

Vous avez h6rit6 de sa grande sagesse,

Puisque votrc France est celle du Sacr6-Cmur I

Ah! nous l’aimons aussi votrc admirable France!

Son nom est burin~ daus lc cmur de l’enfance

Et brine en Iettres d’or sur tous nos mont7mcnts.

Par elle nos a!eux se sent couverts de gloire;

Or comment voulez-vons qu’en Iisant leur histoire,

,Nous n’aimions pas la m+re autant qu% les enfants...

19 sofit 1891.

(*) Madame de Cil,,erville, n,?re de I’an,ira]. ‘15

UN

A

NOM GLORIEUX

kIES PllTITS ENFANTS

11 est un nom que tout chr6tien v~n$re

E* qu’il apprcnd ~ ch~rir ~U berceau~

mm nom qui brine au ciel et sur la terre,

~ans la cit6, comme ~~ns le h~meau.

~n nom puissant qui calme l’onde am$re

Nt m?ne au port le fl’agile vaisseau~

Nom glorieux que des hommes de guerre,

~n lettres d’or, mettent SUr leur drapeau !

Et cc grand nolll, C’est Ie Vbtre, ~ Marie!

Nom que redoute et respecte l’impie

mt quc, parfois, il invoque ~ genoux...

Que votre nom, 6 m$re virginale !

Soit le deruier que notre bouche exhale

Quand s’ouvrira l’6ternit6 pour nous !

1I HYMNES, ROMANCES

ET”

CHANSONNETTES

1,A CRhCHE DE N0131J (*)

Musiq\l(~ de M. N. Cr6pault\

1

Il~pre saison d6roule sur la terre

~ Son lourd manteau de neige et de frimas ;

Le vent du soir soupire avec myst@re

Dans la ramure oti brine le verglas.

11 est minuit. Le carillon du temple

Jett(+ aux ~chos un hymne triornphant,

{

Et le chrstien, & deux genoux, contempleBis.

Avec amour un aclorable enfant.

D6cembre 1887,,

(*) Didi6 au r4v6rend M. F.-II. B61anger, curg de St-Rocll, Qu6bea

\

II

11 est plus grand qu,? tous les rois du monde,

Plus Iadicux que l’:~stre unilrersel,

Plus Aloquent que la foudre qui gronde,

Plus pur et saint qtle les anges du ciel !

Et eependant, il est n~ sur la paille j

Son divin corps 6prouve des douleurs...

{

~i3 Q~le l’univers d’all~gresse tressaille,

. Car cet, enfiant rachat e nos~malheurs !

Au front dn ciel une Ktoile rayonne,

Guidant les pas (les rois les plus puissants

Qui vent ofirir - en guise de couronne —

Au nouveau-n6 l’or, la myrrhe et l’encens !

AlIons chr~tiens, & l’exemple des lf%gesf

Nous prosterner devant Ie R6dempteur !

{

Adressons-lui nos vertueux hommagesBis.

Et rc?disons : Gloire au I,ib6rateur !

LA GANADIENNE

Sur l’air de: ‘~ La Huronne n

I

Ra~issante est la Canadienne

Avec ses yeux pleins de douceupv

Son teint ros6, son port de reine,

Qu’admire Ie fin connaisseup.

En robe de soie ou d’indienne,

Elle plait toujours au galant !

{

Chantons I’aimable Canadienne,Bit.

Amis, clans un joyeux 61an !

11

,Jadis, s(lr 1( cIIzu1l) (1c I):itaille,

Elle cueillit ],lus (1’ull lallrier,

Et clc nos jollrs clle tra~aill{~

A mainteuir l’or(lre au fo~-er;

De notre foi c’est la garclienue,

Lc champion ferme et vail]ant.

{

Chantons I.aimahle Canaclienne:Bi>v.

Amis, clans un joyeux 61an !

111

Regardez-la (Ians Ime f~te

Rire et l)arler asec chaleur,

Puis souvent faire la conqu~te

De celui qu’ell{, a pour causeur !

On la proclame ?)2agicimne,

Certes, c!est bien l’equivalent...

{ Chantons 1 !aimable Canadienne,Bis,

t Amis, tlans uu jo>-eux &lan !

I

Charitable autxnt. que gentillcj

Elle \isite le r~duik

Oil le feu rarement p6tille,

Oti le bonheur jamais ne Iuit I

Et l’or cle cettc humble chr6tienne

S$che les pleurs (le l’artisan...

{

Ah! oui, chantons la Cana~lienne7Bis

Amis, clans un joyeux 61an 1

JanPier lWI.

AUX RAQUETTEURS

DE SHERBROOKE

Ati: ~fIIiouppe! l~iouppe! surlarividre, etc.”

I

{

Sherbrooke, c’est la vineBis.

Oti la franche gait6,

Sur tousles fronts scintille,

L’hiver conlme l’6t6.

REFRAIN:

‘Hiouppe! Hiouppe! surlaraquette

~antant la ehansonnette,

Hiouppe ! IIioupp e ! sur la raquette

Nous ne fatiguons pas!

— 2:16 —

l/1.: Fl{A1s :

Hiollpl)e! Hiouppt! surl~raquette

Chanta]lt la chansonnette,

Hiouppe! IIiol]l}pr! surlarnquctte

NOUS ne f:~tiguons PIS !

[II

R*: FR.kIx :

Hiouppe ! IIiouppe ! sur la raquette

Chantant la chansonnette!

Hiouppe ! Iiiouppe ! sur la raquette

Nous ne fatiguons pas !

_ ‘).)--!) J —

N

TIs aimcnt la raquettc

Puis sarcll t la porter;

I.eur gentille toilette

F:Lit plus d’uII cmursauter.

ItI?lJIt.iIx :

~Iiouppe! kIiouppe! surlarnquette

Chantant la cllansorLnette

Hiouppe ! IIioupl~e ! sur la raquette.

AIOLIS ne fatiguolls pm !

v

11s sent tl@<jh quaraute,

-~ part 1<> comiti,

Et compterorlt soixante

A~rant la Trinit6 !

Itl?t~rL.iIx :

Hiouppe ! Hiou ppe ! SLU” la raquette

Chant ant la chansonuett.e,

Hiouppe ! Hiouppe ! sur la raquett~

Nous ne fatiguons p5s !

(.~ar Ioute Iajeunesse

D6sirf, raquet[er ;

Xlle coulprend I’ivresse

tju’on dprouve ~ trotter.

llioupi]c ! lliOu~~pe ! sur la raquette

Chxntant la cllansonnetitc,

~Tiou]~I~e ! I~iouppe ! sur la raquette

Nou: ne fatiguons pas !

vrr

Et, bravant la temp+tej

Le froid, l’ilumidit6,

Elle clit et r~pete :

Conrir, c.est la santi !,

Hiouppt’ ! fiiouppe ! sur la raquette

Chantant Iiz chansonnette,

Jliouppe ! Iriouppe ! sur la raquette

Nons ne fatiguons pas !

VIII.

Honneur d la raquette

A son anciennetk,

L sa forme coquette,

A son utilit6.

REFR.41N :

Hiouppe ! IIionppe ! sur la raquette

Chantant la chansonnette,

Hiouppe ! Hiouppe ! sur 1:1 raquette

N7011s ne fatiguons pas !

Cc soulier po6tiqlie

Fut jaclis inventd,

Sur le sol cl’.tmsrique

Par un homme fut~ !

~louppe ! I~iouppe ! sur la raquette

Chantant la chansounette,

IIioup~)e ! Hiol]pp(, ! sur la raquette

ATOUS ne fatiguons pas !

— 240 —

x

I

REJFR.(IS:

Hiouppe! T{io~lppe! sur]araquette

Cllantant lacllansonnette,

~~iou~)pe! Hiouppe! sur]araquette

Nous ne fatiguons pas! I

0 railuctte, nos p+res

Aimaient ~ te porter ;

11s ne te Iaissaient ~mares

Qu”un instant pour lutter !

1? EFR.41S :

Hiouppe ! Hiouppe ! su~’ la raquette

Cllantant la chansonnette,

Hiouppe ! ~Iiouppe \ sur la r&qUGtte

N“ous ne fat.iglons pns !

xl]

Ftl;Fri.4rX :

IIioilpp{, ! Ilioul)l)e ! sur 1* raqu(?tte

Cllallt:tut 1:1 (’hansonuette,

llioupl)(, ! ~IIOUppP ! sur la raquette

NOIIS II e filtiguous pas!

XIII

Hioupl)e! IIiouppe! surlaraquette

Chantant la chansonnette,

Hiouppe! Hiollppe! surlaraquette~. ous ne fatlguons peas !

16

— ~.1.)-—

xl\-

Rh:I:li.iIS :

.-

IIusique de If. N. Cr6pault

Entendez-vous ce glxs, sombre llarrnonie,

Qui cause& l’~me un douloureux transport?

C’est le sanglot d’un fr&re & 17agonie

Qui lutte en vain contrc l’avide mort !

h’agu$re au banquet de la vie

11 prenait place avec Ilonneur,

Et sa figure ~panouie .

~emblait ref16ter Ie bonlleur.

~fais uuc voix e]lch~nteresso

IJIIi glisse tL l’orcille ces roots :

~~ .Je suis la grice et la tenc[resse,

J c soulage et g[16ris les maux.

w

~flk ! clipctiel)s, ljrious I]ollr cc fr?re

Qui 11011s a dit un triste adieu,

Et cro,yons qIIe uotrc I)ridrc

~tten(lrir~l lC c(I?ur de Dieu I

Entcndez-~ous lcs soIIs m&laucoliques

Que l’orgl.[e ln~le all gl:~s nl~, st6rieux ?

Joignant 11OS voix A ces ~’oix ang61iq[lcs,

Poul’ notre fr+re intercidolls les cicux I

NoYembrc 1882.

BLANCHE, T13 SO U V1 ~lNT-IL ?

llusique de Jf. Edouard l~incelette

I

‘re souvient-il de ccs jours 6pl16m@res

Oti le bonheur dorait notre chemin,

Otl nous causions sous ‘les ycux de nos mires,

Cmur pr?s du cml~r, et la main clans la main;?

En souriant, tu m’appelais ton frdre;

Je te nommais avec plaisir ma smur.

~uis un matin-l,6nlinisccnce am?re —

Tu me laissas en proi<~ & 18 douleur...

Blanchej te souvieut-il ?

Blanche, te souvieut-il ?

En t’~crivant (]uantl jc scrai IA-l)as ! “

Et je suivis (les yells l:L i)lanch(} voile

Qui t’emportait Ll:Lns lC loint[],in brumcux;

Je priai Dicu cl’allumf:r cctte 6toiIc

Qui In$ne au port ]e VOY/L~CU~ }~~Ll~~ux.

Blanch(’, te souvi(?llt-il ?

B]anchej te souvicnt-il ?

TII

‘~u m’av:~is alit, (lLI’avcc 1(s hiron(lcl]es

Tu revicn(lrais l)oL[r nc plus mc quitter...

Le printcm])s I>rille, ct lcs oiscar7x fid~les

~ont revenlls Soils ]n{>n toit s’t~~)ritcr.

Toi seule, h~las ! 6 l]]a tendrc colombe,

~e voles pas J mon partcrre en fleur j.

Lo ciel a-t.il ouvert pour toi la tombe,

Ou bien le temps a-t-ii frrma ton cmur ?, .

Blanche, t(? sol.lrrient-il ?

Blancllej te Soul’ient-il ?

Jui,l 1S$.3.

1

h’oLIs subissons comme 110s ] )Pres,

~ans murmllr(+r, le l)oicls (1(1 jour ;

Mais nous aimonsj joyeux comp+res,

.$ur la r~cluett(t ~L f:lire Lm tol~r !

Alors 110s cmLIrs ~)leins c~’all~g!’esse

Vibrent toujours {L l’unisson ;

Et, sous le froicl qui J1OUS ct~rcsse,

A-OLIS rcdisons notre cll:tu son !

0 FrontenacJ illustre gou}’erneur,

Notre patl$on (1u club do la ra~luettc i

Pour exalter tm gloire et ton llonneurj

A’ous tc f$tons k la bonne fl>atlquette !

11

Lorsque Ie cicl couvre la terre

D’un uIaute:LU blanc wux plis moelleux,

Et clue la lune, avec myst+re,

Dorc Ies chalnps cle mine feux,

11 f{LUt IIOLIS VOir, ,~Uatl”C pal’ qUatt)e,

Ra(~uette aux l,ieds, fendrc Ie vent!

Comme des preux qui vout combattre~

Nous r6p6tol]s tous : En avant !

RE[?I:.!IS :

O Frontenac, illustre gouverneur,

Notre patron (1u club de la raquette f

Po~ll. exalter tagloireet tonhonneurr

Nou+ te f~tons ~L la bonnc frar,quette !

111+

Lom de la vine, assis h table

Et pr?s cl’un potle anx flancs rougis.

No~7sbuvonsunvin delectable

— ~~1 —

Puis, suil’a)lt la vieille coutume,

Un an]ateur sort le Tiolon ;

Et nous ~lansOus} cllgran~lcostunle,

0 ~rontc’na(:, illustjre gouverneur,

N’otrc patl’oll du clul) cle la raquette !

Pour exalter ta gloirc ct ton honneur,

~ollS tc f~to~~s ~, la l)ollnc franq17ctte r

Parfois I’aurorc aux teints dc rose ,

“Viont nous surprenclre /t sauiillcr !

Et notr~ frol~t sc fait morose,

Pui.qu.il noLls faut capituler...

Mais la gait6—(loucc compagne-

Renait souclain quaucl nous partous,

Car la raquette et lC champagne

~oLLs font chanter sur tous les tons !

R~17a.41N :

0 FrOntCnQC) illustre gouverlleur~

Notre ~)atron CIU club de la raquette t

Pour cxal ter ta gloire et ton honneur,

Nous te f6tons Ala bonne franquette !

1{1.:11{,11s :

Vr

[

. . —

I

IO i:rol~teunc, illllstre gou~”(>rucur,[

15 f6~ricr 1889.

lIYMNE A SAIXT’-Fll.kX~OIS D’ASSISE

.Lir: ‘~ I~fiibles ]nortels ‘~

I

O noble saint l~rangois d’4kssi5e,

Pr@tf+fi l’oreille i nos accents :

Nous c61&brons ~~1’ec l’Eglise

~os t)ienfaits toujoLlrs reusissants !

Presque UL1 sellil de rotre existel]c:e,

Vous cllarnliez Ie pw171~re p~clleur

Par votre anlour pour le Saulvcurl

Vos suavcs conseils et \otrc p~nitence !

Toujours, ange des cieux, toujours gardez nos ctnurs

Contre toutes les nlalices

Et les artifices

Des espri ts tentateurs !

011 ! notre ~nle

T’o us p roclanlc~

I,e plus puissant cles divins bienfai tcurs I

. .

.)~,(j ___— -,,

1[

A l~fige screin (le 1:, yi<>

Oti l’llomnlc> se li~-rc> aux plaisirs,

Vous renoneicz, 1.3u1c ravie,

ALI moucl<’ av(~(~ SC>S vains c16si~s.

La cllaritij (Iirin(? ~toil(~,

Dalls notre Ame attisait ses fe17x;

Et ,J6SUS mont.rait d, vos yeu.Y

SUr lit nl(;r CIC CIOUle~IIS VOLrC esql~if ~ la voile!

Toujoursj ange des cieux, toujours gar~tez nos CmUrS

Contre toll tcs les malices

Et les artifices

Des esprits tentateurs !

Oh ! notre ~rne

Vo~7s proclame

Lc plus ~)uissant cles clivins l~ienfaiteur.s !

11 vous disait: ‘( Va par le monde

Pr4chcr & tous ma sainte loi;

Va combattre lc vice immonde,

Fais naitre d~ns lcs cmurs la foi 1“

Nouveau soldat l]lein de courage,

Votls ob~ites k sa voix,

Frenant ]Iour seule arme sa croix,

Pour unique dra})cau sa radie7~se image~~

Toujours, ange des cieux, toujours gardcz nos cmuls

Contre toutes les malices

Et Ies artifices

D(!s esprits tentatcurs !

oh ! notre &me

VOU$ proclame

Le plus l>uissant des divins bierlfaiteur:

17

_ .) -)< __.

{.”iIll:l’J: :

Puis {luancl sonna l’lleure clernidre,

Dieu Yous trouva mtir pour le ciel:

%“ou+ xviez bu l’absint}le anl&re,

Et vous alliez boire le miel...

O saint Frau? o’is, ami {Le I’ordre,

IIettez la l)aix en notre cmur

.& fin qu’ilclevi(?nlle meilleLlr,

Et pl’opagwz })artollt~ otr(:wtlvl’e: lcrriers-ordre!

Toujoul’s, angeclescieux, toLLjours garCleznoscaLlrs

Contre toutesles malices

Et les artifices

DescsI)rits tentateurs !

Oh ! notre Sme

~TOLl~ l>rOClame

Le l)lLLs puissaut des clivins bienfaiteurs !

~

1j!

T’.RANCE l?’p CANA D.!

Air : ‘( Elle ne savait pas,” JIusique de A. Thomas

I

Ellc ignora lougtern])s I’heureuse ct fitre France

Qllc nolls l!ailnions toujollrs mrdgr~ son abandon,

Et que nons conservions-syrnbole d’esp&rance-

Son dr%p eau rayonrlan t clc gloire {1 Cari non !

Rl:J~RAix :

Lc cicl, ~ travers la ternp~te,

~uicla nos pas vers le succds.

{) patric, en ce jour nous c616brons ta f$te !

0 saint Jean> l)rot6gcz (his) Ic Canada fran$ais I “

1?1,1!! \lY :

111

24 jtlin 18$9..

ItErJ:.\lx :

ReI>oson~-notIs, joye~]x confr?res,

De nos la~)enrs, (1c nos rfforts.

Amusons-t]o:ts com}tle nos pdresr

SoJ~on+ Ilnis ponr +tre forts !

En \’rais lurons,

Silr to[]s lcs tons,

Ct:antoos, chantons !

\

— 21;.1 —

Reposons-nous, joyeux confrires,

De nos labeurs, cle nos efforts.

.4musons-nous comrne nos pdres,

Soyons unis pour ~tre forts.

En vrais lurons,

Sur tons les tons}

Cllantons, cllantons !

.—

. . .. . .

.— :(; (; —

,j,~l]l{, (.:ol:rijEl~

6:1111, (’(111,1.KT

1tl:171L.41S :

Denos lat)eurs,(i~+n{)s efforts.

Amusons-nous comrnc nos l)?res~

,~o~-ons.unis pour @tre forts.

En vrais luronsj

Sllr tous lcs tons

Cl]antons, cllalltons !

Septembre 1801.

— b

1~~ CO UI’I.ET

Nous_accollrolis ici, bicn-ain~ss pdre (~t illdre,

Avcc~nos fiers enfants pour f6tcr cc beau jour

Oti le ciel, ex:iL[~ant notre ardeute pridre}

B6nitzvos~cillclLlante ans de ~)onllcul’ et (~ ’:uucur.

REFUAIS :

Xos c~urs reoonnaissmnts

D6bordent d’alldgressej

De vmux et de tendresse

Pour VOLIS) nobles pal’cuts !

. . ,,

Vousauricz ~)11

Et m6mc les honncllrs q[lc rtve l’orgllcillcux,

Mais T-ous avez coln~)ris, cI:I115 ~,otrc llUIIII)lC sagess C,

Que I’honu?te labeur rcu(l l“l,o,n,,,e ],1,,, heureux.

3@n2e Coul,I,nT.

Ecrite en votre honnour, v6n6rables par(.nts !

~nissej clans sa bont6, la saintc Provi(i<:l\ce

VOlls accordcr clcs jours non] bucilx (lt (:o]lsolants

Votrc lune cle micl

Qui (16sormais scint;lle

,ilyx yeux (Ie la famil lo,

Reluira clans le cicl ! (Bi.s)

.

LA CAPRICIEUSE

MLlsique de M. Edouard Vincelette

Quand je vous vois, petite,

Sur moi fixer les yeux, .

.410rs mon cmur palpite,

Etje me sens heureux.

Mais si j’ose, m6chante~

Vous dire un mot d’amour,!

Vous prenez l’hpouvante1 Bis.

En me criant : bon jour 1 J

18

— 274 —

II

Qu:~n~J je cause et rica,]e

A\recun beau minois,

Vous m’engendrez chicane

Et m’appolez : sournois !

Mais si j!entre en colire,

~n instantj contre VOUS7

votrc~ bonche profdre1 Bis.

Aussit6t cles roots cIoux ! ~

Quancl je pleure et soupir{,

T-ous riez :111X @clat$ ;

Et quan,l,je ris,,c’est pire:

Vous pleurez comme un glas !

Quan(l je clis : ‘( ,Je c16sire

Vous entenclre chauter, ”

~-ous ‘O”s ‘l’ettcz a ‘ire I ~]i,

f. . .

Ou bi(>n ;I ul~[litcr !

1‘J

.Je subis ces caprices

Depuis Iongternps, h61as !

IIais de vos artifices

Aujourcl’l~ui je suis las.

Moi, .je veux une amante

A1l cmur noble et pieux:

Vous 6tes trop changeante

}Bis.

POLU> rendre un homme heureux !

20 aofit 18S6.

T,,

LA CHAATSONDU PETIT PORTEUR

—-

1

Vous qui coulez unc deuce existence

Danscette villeotitant de malheureux

Mangent le pain amer de l’indigence,

Encebeaujour, ahl soyezg6n6reuxl

Entendez-vous frapper a votre porte ?

Allez ouvrir & l’enfant matinal

Qui, plein d’espoir, fid$lement vous Porte,

Avec scs v~ux, la challsOn ~iu jOurnal.

..—

rl

11 n’est pas gra]ld, n&annloins il est llomme

Par lC courage et surtout par l’honncur.

En le voyant~ l’abonn6 le surnornrne

I,e messagcr(lc joie ct de bonheur.

IIais il est pauvre, et s’en fait unegloirej

Voulant saris tlout(? imiter le Sauveur !

En q{icl(jLLes roots il coutr son histoire

Dent le r6cit 6nleut tout nol)lc CQUU !

111

Regardez-le : sou petit corps frissoune

Sous les baisers de la neige et dL~ vent;

l161as ! il n’s, pour l’hiver ct l’autoulne,

Qu’un mince habit raccomrnod~ ~o,~l,e,lt !

Malgr6 Ie froicl, il marche saris rel~che

Pour ob6ir & la voix (ILI devoir,

Et rien ne pout le ravir A sa tichc

Tant qu’il Iui reste uu souscripteur ~ voir !

_- zig _

Ah ! n’est-il p%s (douloureuse pens6c)

Le seul appui d’un infirmc vieillarcl,

Qui, sous Ie toit de sa butte glac~e,

Souffre en levant vcrs le ciel son regard ?.,

Et ce vieillard — sublime pro16taire —

,Jadis peut-~tre a v~ill amment lU tt~

Contre les fils de la fi@re Angleterre,

Pour notre langue et notrc libert~...

v

O Canadiens, en ce jour d’al16gresse~

Pr&tcz l’oreille aux soupirs du porteur I

De scs parents soulagez la d6tresse,

11 vous supplie au nom du Cr6ateur !

Donncz-lui done cette part du bien-atre

Qui sert parfois h votre vanit6 ;

Et clans vos cmurs alors Dieu

Les purs r~yons de sa fblicit~

Ior de l’an 1887.

-

ROSE, ECOUTE-MO1

Musique de M. N. Cr&pault

I

Tourquoi, ma mignonne,

Ne souris-tu pas

Quand ma main couronne

Ton front de lilas ?

Tu fais la pleureuse~C’est folie a toi ;

Sois done plus joyeuse :

}Bis.

Rose, 6coute-moi !

_ ~s.)-—

11

Dcl)t~is (lenx mois, Rosej

non cwur est en fen ;

.Ie t’a(lore et. ,j!ose

‘Fen faire l’a~.eu.

(Jtloi ! cela t’ofiense ?

TU ris (le ma foi ?

C’est trol> d’insolen(!e :

\Bis.

I<ose. &collte-]noi !

—2s3 —

Un .jour, ma coquette,

‘ru d&sireras

L’amoureux po~te

Et ses doux lilas ;

Jfais dlune autre reine

11 sera le roi,

Et dira saris peine :

Rose, 610igne-toi !

12 f6vrier 1882..

Bis.

1t.kYONS “ET OMBRES

3fusique de 31. N. Cr6pault

1—

1

!/ .J’avais cru que la vie,

1 Dans ma simple candeur,

N’4tait qu’une s6rie

De jours pleins de bonheur j

{i Qne les mortels, sur cette terre?f1 Buvaient le miel de l’a niti6,

— 2s(; —

I{61as ! l161as ! ces r@ves roses,

,S071s la faux do destiu:

~omme les belles roses,

‘~omb@rent UII matih !. .

Depuis ce ,jour, mou Zme ~~leure

Et ne croit pll]s A la gait:.

Et le diraisje ? i certain<> lleurc,

,Je doute de la }’&rit6 !

Sa]]s cesse en proie A la soutirancc,

Rien ne me semble heal].

Et la d+sesp~ranee

Me conduit au tombeau !

---111

011 ! qu’ai~e dit ? lnon Dieu, pardonne

A ma faiblesse, & ma doulcur !

En me plaignant, je d6raisonue,

Car n’es-tu pas lnon protecteur ?

Dtl ciel, @coutc ma pri+re

Qui s’616vc vers toi;

Sois toujours ma lumierc,

Jfon espoir et ma foi !

1

— .-

I

:1,11S CANADTENR

lfusique (Ie M. Joscpl? T’6zin:,

1

Les Canadiens ont pour les f~tes

U~I gotit qu!ils ticnnent cles aieux ;

Les charnles (Ies plaisir~ honn6tes

S6duisent leurs cmurs g6n4reux.

11s ont t)rav6 tous les orage9

Saris jamais per(lre leur fiert~,

I?t cultiv& sur nos rivages

La fleur de l’hospitality.

19 ,

*

—- ~!)() . .

!11

.

Septcmbre 1891.

—2!)1 —

Jls sent les lrrais fils cle la France

I’ar le caract~re et le cmur,

Car au milieu (Ie la souffrance

~~s, e,onservent Ieur belle humeur !

Oui, t<~~Lj~ll:s gais comme leurs l~?res,

Jfais plus he>u:e~>x en v6rit6~

11s vivent dtisorrna+ p:?sl)bres,

Dans la paix et la libert? f

UNE GERBE D’ACIiOSTICIIllS

I

:

Src.,(l(li,e ,te l’Acac16,,, i. (1,.5 ,lI,isc.3 ,Vf,,lt<>,bts, J Ii(,l](in, F,aitce >

— ,.

J

Asile (~u po$te, 6 belle Aca~16nlic, .%

Congr$s oh si$gc sOLI1 lt? talent ~~COllllL17 *

All ! tu daigues oi~rir, trop g6n6rcuse :Lmic,

l}ans ton teml>le un fauteuil FL nloi7 b:~rdc inconnu !

Ell ! que l~ourraisje faire au milic~~ (If’ con frdres

Mtiris par la science et lc ru[le labeur;

Xmberbe (~ue jc suis ? —,J’oubli:~is : lcurs lumiires

~cl:iircrollt la voic i mon esprit r@veur,

DL~ reste, pour ~]voir un titre A leur cstime

Et le (lroit pr6cieux de suivre lcurs le$ons,

Souvent je Ieur (lirai daus le langage iutime :

Ma lyre potzr 1a France atlra toxours des sons !

Wnissant rnes accorcls & ceux de nos po~tes,

suite, Gingras, Gauvreau, Fr6cllette et Beaucheminl

En ch~ur nous chanterons 5(?S brillalltes conqu~tes,

Sa grancleur, S8 richcsse ct son heure(lx destin !

Sait-elle assez comment nolls l)aimous, cette France ?Ah! ~lo~s le lui CIirons aVCC un fier accent.

NoLLs avons p:lrtag~ sa gloire et sa souffrance,

T&rrass6 ses rivaux, lutt6 vingt contre cent...

Oui, j’acceptc, Morlsiollr, vos offrt?s gracieuses !

Nos muses d~sormais fr~nchiront l’oc6an;

Et voyagcant ensemble elles dirontj joyeuses :

SL~cc?s, gloire A Qu6bec ! Sllcc+s, gloire & Royan I

10 avril 1885.

.

LA F~MME C1lN.4DIENNE

N’oublions pas l’h6roique &ardienneDe nos berceaux et de notre foyer;Chantons en chmur lt~ femme cana{~enne,Et couronnons sa ttte de lzuricr !

PHILfiAS kIUOT.

Le touriste qui foule un instant nos rivages

Autrefois habit6s par des hordes sauvages,

~raint-il de rencontrer au bord du Saint-Laurent,

Arm6 d’un long poignard, quelque barbare errant?

Non, car il X1OUS connait, admire nos victoires,

Aime & venir r~ver sur nos fiers promontoires

D’oti son regard embrasse un f6erique tableau,

image suspendue entre Ie ciel et l’eau I

Et l’orsqu’il apergoit la femme canadienne—

Noble cmur, que le ciel nous donna pour gardicnne—

Nul autre objet ne peut d6sormais le ravir,

Et son plus grand bonheur serait de la servir I

– 2!)s -–

llouce aL7tallt que modeste, elle sOUffre le bl$me

00 parfois le reltve avec llabilet6—

ZJ~~issaut la finesse i la franche gait6—

Ohasse de nos foyers la folle zizanie

Et fait r6gner partout la joie et l’harmonic.

***

C’e5t pour elle Un bonheur ~1’assister I’irldigent,

H61as! abandonn6par lerichesouvent.

AuchevetdumaIade, elleaccourt lapremi@re,

Ram+nel’esp$rance auseuil delachaumibre,

Eylculque dansl.esprit desjeunesetdes vieux

‘Eoutprineipe qui doit reudrel’honlme pieux.

Aux kerrnesses du pauvre, elle dresse la table,

=adine en d~ployant UI1 courage indomitable ;

Ze riche a~~ec pla.isir Iui donne & pleine main ;

Et, grace ~ son bon cmur, le pauvre aura du pain I

—-——

-– 301 —

llonneur lui soit rendu ! car aux jours de sout~rance,

Escortant le superbe &tendard de la France,

~iante~ clle volait toujours aU premier rang,

Offrant & son pays son courage et son sang...

11s ne sent I)lUS ces jours of~ l’llumble Cauadienne

quclquefois ripostait ~ la bane indienne.

Wn autre saint devoir o(:crrpe son esprit:

Enscigncr i ses tils la foi de J6sus-Christ !

Sit ~,oix _- Ra Clouce voix i nullc autre pareillc —

inspire 1(? respect et churme notr(: oreille ;

L’oratenr, le podte et le vieil Arudit

l~cout(’rlt cette voix que ma mus(; applaudit...

Pour savoir la raisoIl (Iu respect qll’ellc ins~)ire,

Allons consultcr ceux (~ui sent sous son empire,

Et tous nous r61)ondrorlt five(: ile fiers accents :

R-ous savons que son cmur est pur co]lnnc l’enceus t

{$ui de nous oserait contester A cet @tr(?

Une telle vertu, la plus grande peut-?kre’?

11 semit, celui-lh, (j’en oppelle au Iect(+ur)

Konni (Ie tous les sions comme un vil inlpost$eUr !

Oui, la Conadienl~e est I’honneur de notre race ;

A’ous so.]mles trjs heu!’eux de marcher sur sa trace.

..”. -

.

-

,

A cclle qui coml)ren[l le (lo~oil’1l~t~terll<’1.

— 304 —

UtileL sonpa~s, cettelll~readlllirable

Kemplit al~ Canada son r61e ‘comparable

A\,ccuu hZr?~smei nflexibIe, enchanteul.)

~ns1)i16p arl!amorrrdivin d~l Cr~ateur.

Tendl’epourses cnfar:t$, m~~is tendL’e sansfaible55c _

J16sirant 610ignerlcvi~e quilesblesse _

I~&bcccad!un a~ltre~ge, elle ~r(?ille sur eux,

Et f:Lit naitre en leur cwur (~~~S germes vigoureUx,..

~cs el~fmnts ont prouva d6ja qu’ils sent ties homme$;

~oldats, pr?tres> tribulls, artisans, agrOklonleS,

l~;n millc cnduoits ils ont —.jc Ie dis fi~rement _

ll~fend[l notre Ilonrreur en luttant Vaillamulent.

llt (1(> nos jollrs encore, ils colllbattent ensemble

~ur 1~)] i~(ltre th~~tre oti la foi lcs rassemble.

Arlorant l’Eternel, ils ~16fen~~ent sos droits,

Uaissent lcurs t~llents clans dcs combats adroits,

‘Eour116 {Ic lcur amour, Di eu les immortalise

1.lu voulant c~[[e l!ilu d’eux soit prince de l’llglise.., (’)

T,ouous 1s C:Lnaclie]lne ! exaltons sa beaut6,

Ma gloirc, scs \,crtus et son urbanit6 !

J (Ii. 1S8{1.

(*) Son Rll]irrcr)cc Ie Cilrtlinll E.-A. Taschereau.

.k MES POtiSIES

C’en csi ft~it mainten~nt, l)al$eils aux hiron delles,Partez; qu’~ur m6me but \,ous retmuve fi(liles.

Et moi, pour~,u qu’cn YOS conbzlsDe votre foi UU1 caur nc clonte,IIt q(l’unc imc en secret 6r011tcCc quc vous lui (lirex tout has.. .

***

Ali ! mes I)auvres oiscaux que j’~levais cn c~gc,

~K6s:~nges ,lont lcs chants dissipaicnt ma dol]leur !

W.u essaim vous volez vcrs ml riant bocage

S:LUS ,savoir que l’aspic se c:~che so us la fleur, . .

Pourquoi done avez-vous aiusi quitt6 ma chanlbre

Oh Ie mfi ct l’amour vous Staient prodigu6s ?

Et votre nid moelleux toujours chaud quau(? c16cembre

SacCage la ramure oh tr6naient vos ain6s ?

Ivres de libert6, de gloire et d’aventure :

Eh ! oui, voil~ l’~pp~t qui fascille et capture

Si souvent les oiscaux... et nl?llle les llulnains !

>

— :30s —

PAGGT,a, ci t6 do Ch:l,nlp Iai~l ..,. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77TJn orphelin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

1,0 nlois (l(!smorts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105S~Lcho]ls luttcr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111I,a mis+rc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ., 115Aux politicic~ls . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119A mon ami IM. W. Ch:hpmau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~ ~~

Elle estmorte ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~ 25

.E16gie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

Au peuple c$tnadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,, 1391,’autornne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143Aux c61ib~taires.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147Sur l’album de Mile D. M . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151A Madarnc B., cantatrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155Surl~albumde Mile R. D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156Sur l’album de Mllc J. M. F.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156Sur I’album de Mme Dr. M. F . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157Sur l’alburn de Mllo A. H, T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157Un h6ros do 1870 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

~. . .

lf(}ntr6nl . . . . . . . . . . . . . . . . . .

(J1161)e(; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— 309 —

soxx~’rs

r,\(;n

. . . . . . . . . . . . ,., , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214

llyMxEs,l<oLvANcEsET CHANSONNETTES

La Cr@chede A“061 99g................, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . “4

La Canadienne... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

Auxraquetteursd eSherbrooke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

Chant d’adieu.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

Blanche, te souvient-il v, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . %7

— 310—

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Hymne &St. Frang()is.d'Assis(> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . g~~

Lachansondu~)ctit l)ort(?~lr,..., . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377

UNE GERBE 1) ’ACROSfICIIES

*AM. V. Billaud, (lel’.[caddr,zied es. Vuses 8a7ttones, . . . . . . ?!]3

I.afemme car.adi(jr.n( . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ~u~

A pies poksies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30;