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2016-2017 l Reims onisep.fr Les littéraires et l'entreprise Des qualités à valoriser Les étudiants en Lettres et Sciences Humaines se dirigent majoritai- rement vers la fonction publique et notamment l’enseignement. Pourtant, leurs compétences – capacités d’analyse, de synthèse et d’argumen- tation, d’aisance rédactionnelle et à communiquer – peuvent tout à fait intéresser les entreprises privées. Sans compter qu’avoir réussi son cursus universitaire est aussi un gage d’autonomie et d’adaptabilité ! Des nouveaux débouchés pour les littéraires Aujourd’hui, à l’issue d’une formation appropriée, ils peuvent occuper des fonctions très variées aussi bien dans le secteur du commerce, du droit, que dans celui des arts du spectacle ou même du paramédical. Et sur internet ! Il est évident que la crédibilité d’une entreprise se joue aussi sur la qualité de sa présentation, de sa communication dans un contexte international et sur les médias numériques. L’université de Reims Champagne-Ardenne propose un Master qui forme les littéraires à ce secteur en plein essor. (voir encadré Zoom sur... page 2) Et si les philosophes, les historiens, les linguistes, et autres littéraires avaient leur place en entreprise ? En Angleterre, la réponse ne fait aucun doute. En France, les représentations commencent tout juste à bouger et plus que les employeurs, ce sont les élèves et les étudiants qu’il faut convaincre. Les cadres issus de sciences humaines font souvent preuve également d’une certaine ouverture d’esprit. Ils ont une vision plus transversale des choses. Ils peuvent comprendre l’environnement dans lequel ils travaillent de façon plus globale. L’entreprise étant organisée comme un système, il est important de comprendre tous les tenants et les aboutissants. Ces profils de candidats savent adopter une certaine hauteur de vue et ont aussi acquis un bon sens de l’analyse, pour la plupart du moins. Source : Courrier cadres et dirigeants février 2015 La parole d’un recruteur : Christophe Chumin, directeur de l’agence de recrutement «Page Personnel» « Ce sont des étudiants qui savent se débrouiller, chercher l’information, la synthétiser et se mouvoir dans un environ- nement complexe. Ils ont une grande autonomie de travail. Autant d’aptitudes très utiles dans le monde de l’entreprise, mais aussi quand il faut préparer un examen ou un concours. » Source : LE MONDE février 2017 La parole d’un recruteur : Pierre-Henri Tavoillot, maître de conférences en philosophie à Paris-Sorbonne (Paris-IV)

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2016-2017 l Reims onisep.fr

Les littéraires et l'entreprise

Des qualités à valoriserLes étudiants en Lettres et Sciences Humaines se dirigent majoritai-rement vers la fonction publique et notamment l’enseignement. Pourtant, leurs compétences – capacités d’analyse, de synthèse et d’argumen-tation, d’aisance rédactionnelle et à communiquer – peuvent tout à fait intéresser les entreprises privées. Sans compter qu’avoir réussi son cursus universitaire est aussi un gage d’autonomie et d’adaptabilité !

Des nouveaux débouchés pour les littérairesAujourd’hui, à l’issue d’une formation appropriée, ils peuvent occuper

des fonctions très variées aussi bien dans le secteur du commerce, du droit, que dans celui des arts du spectacle ou même du paramédical. Et sur internet ! Il est évident que la crédibilité d’une entreprise se joue aussi sur la qualité de sa présentation, de sa communication dans un contexte international et sur les médias numériques. L’université de Reims Champagne-Ardenne propose un Master qui forme les littéraires à ce secteur en plein essor. (voir encadré Zoom sur... page 2)

Et si les philosophes, les historiens, les linguistes, et autres littéraires avaient leur place en entreprise ?En Angleterre, la réponse ne fait aucun doute. En France, les représentations commencent tout juste à bouger et plus que les employeurs, ce sont les élèves et les étudiants qu’il faut convaincre.

Les cadres issus de sciences humaines font souvent preuve également d’une certaine ouverture d’esprit. Ils ont une vision plus transversale des choses. Ils peuvent comprendre l’environnement

dans lequel ils travaillent de façon plus globale. L’entreprise étant organisée comme un système, il est important de comprendre tous les tenants et les aboutissants. Ces profils de candidats savent adopter une certaine hauteur de vue et ont aussi acquis un bon sens de l’analyse, pour la plupart du moins.

Source : Courrier cadres et dirigeants février 2015

La parole d’un recruteur : Christophe Chumin,

directeur de l’agence de recrutement «Page Personnel»

« Ce sont des étudiants qui savent se débrouiller, chercher l’information, la synthétiser et se mouvoir dans un environ-nement complexe. Ils ont une grande autonomie de travail.

Autant d’aptitudes très utiles dans le monde de l’entreprise, mais aussi quand il faut préparer un examen ou un concours. »

Source : LE MONDE février 2017

La parole d’un recruteur : Pierre-Henri Tavoillot,

maître de conférences en philosophie à Paris-Sorbonne (Paris-IV)

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Zoom sur...

Le master professionnel Gestion multilingue de l’information (GMI) vise à former des étudiants aux techniques du traitement de l’information (réception de l’info, rédaction/conception, diffusion, veille) dans le domaine des nouvelles technologies et dans un cadre multilingue. Les candidats sont le plus souvent issus de licence de langues (LLCE anglais, allemand, espagnol, Langues étrangères appliquées) ou de lettres. Cette formation pluridisciplinaire en trois semestres de cours et un semestre de stage en entreprise forme des professionnels qui s’insèrent dans des secteurs divers allant des collectivités territoriales aux grandes entre-prises, où ils occupent des postes aussi variés que chef.fe de projet web, gestionnaire des réseaux sociaux, chargé.e de communication, spécialiste en référencement, rédacteur.rice web, etc. Les promotions de petite taille permettent un suivi individuel des étudiants, qui assure un taux d’insertion élevé aux diplômés.

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Le Master Gestion multilingue de l’information de l’université de Reims Champagne-Ardenne

Depuis la rentrée 2016, une bi-licence lettres-informatique est proposé depuis la rentrée 2016 à l’uni-versité Paris-Sorbonne. Ce cursus donne des atouts considérables pour aborder les nouveaux métiers du

numérique. Recrutement sur dossier : bacheliers S mention bien ou TB avec une bonne formation littéraire et excellents littéraires ayant suivi une formation de renforcement en mathématiques présentent a priori un

profil idéal pour cette formation. Proposant une formation scientifique et littéraire de haut niveau, ses débouchés sont les mêmes que ceux d’une licence de lettres modernes ou d’une licence d’informatique. Il permet en outre de développer des compétences indispensables dans de nombreux domaines d’activités, à la fois professionnels (journalisme et data journalisme, fouille d’opinions, édition, collecte et conservation des productions du web, documentation, conception et création de scenarii pour les jeux vidéo, écriture numérique etc.) et universitaires (humanités numériques, fouille de textes, traitement automatique des langues et de la littérature, etc.). Il fournit une excel-lente formation pour s’orienter, à l’issue des trois années de licence :

• soit vers des masters d’informatique (notamment en fouille de données, intelligence artificielle ou sciences du logiciel),• soit vers des masters professionnels de lettres modernes appliquées ou d’édition, ainsi que vers des écoles de journalisme,• soit vers des masters de recherche en littérature,• soit vers la préparation des concours de la fonction publique et des métiers de l’ensei-gnement,• soit vers un master spécialisé dans les humanités numériques qui sera prochainement mis en place et qui permettra d’offrir un débouché universitaire aux spécialistes de ce domaine naissant.

La bi-licence lettres-informatique de l’université Paris-Sorbonne

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2016-2017 l Reims onisep.fr

Après une CPGE littéraire la BEL, Banque d’épreuves littérairesLa banque d’épreuves littéraires (BEL) ouvre largement les perspectives d’accès aux grandes écoles pour les étudiants en classes préparatoires.À partir des épreuves écrites des concours des Ecoles nationales supérieures (ENS), les candidats peuvent être admis-sibles — c’est à dire se présenter à une seconde série d’épreuves en vue de l’admission définitive — aux écoles parte-naires de la BEL.

Liste des écoles partenairesCELSA (Université Paris Sorbonne)Concours Banque commune d’épreuves (BCE) (25 écoles)Concours Ecricome (6 écoles)Les écoles : École nationale des Chartes - École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT, Université Sorbonne nouvelle Paris 3) - Institut supérieur du management public et politique (ISMaPP) - Institut de management et de communication interculturels (ISIT) - Instituts d’Etudes Politiques : Sciences Po Aix - Sciences Po Lille - Sciences Po Lyon - ESM Saint Cyr.

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Les métiers d’avenir du numérique : le Big dataLa France développe dorénavant des écoles de pointe pour former ces professionnels polyvalents qui doivent posséder à la fois des compétences en mathématiques, en sciences humaines, en informatique… Et où même les littéraires sont les bienvenus ! Car ces métiers où il faut à la fois être créatif, adaptable, communicatif,

inventer des algorithmes, savoir programmer, gérer et analyser des données massives et leur trouver une utilité demandent un grand spectre de connais-sances et, du coup, de nouvelles façons d’aborder les formations.

Source Pôle emploi

Dans l’académie de Reims : l’UTT (Université de technologie de Troyes) a ouvert son cursus d’ingé-nieur «ISI» (Informatique et systèmes d’informations) aux étudiants de deuxième année de prépa lettres et sciences sociales (B/L) en janvier 2014. Pour «accom-pagner» les évolutions du métier d’ingénieur en systèmes d’information.

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« Ce sont des profils riches et intéressants pour nos écoles, ils séduisent les entre-

prises, parce qu’ils ont une double culture, managériale et littéraire. »

Source : LE MONDE février 2017

La parole d’un recruteur : Stéphan Bourcieu,

directeur de la «Burgundy School of Business»

La parole d’un recruteur : Jean-Guy Bernard,

directeur de «l’EM Normandie»

« Nous cherchons à attirer un public aussi diversifié que possible. Les recruteurs nous demandent d’ailleurs

d’éviter le clonage, c’est pourquoi nous voulons encourager ces étudiants à nous rejoindre. Enseignants et responsables de business schools multiplient les interventions dans les classes préparatoires littéraires. »

Source : LE MONDE février 2017

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Bernard DeforgeAncien professeur de grec ancien à l’université de Caen et associé chez PwC, co-fondateur

et coordinateur de l’opération Phénix

Lancé en 2006, le projet Phénix a pour vocation de créer une passerelle entre les cursus en sciences humaines et les entreprises.

Nous trouvions qu’il fallait diversifier les origines de formations de nos jeunes recrues. Le système français privilégie les candidats qui sortent des écoles de commerce. Le but ne consiste pas à dire du mal de ces forma-tions, évidemment, car elles procurent des jeunes qui correspondent aux attentes des entreprises mais avec un certain formatage, et cela peut être sclérosant, même si ces écoles commencent à diversifier aussi leur recru-tement. Nous trouvions dommage de ne pas recruter des profils différents, d’autant plus que dans les cabinets à l’international, notamment en Grande-Bretagne, c’est parfaitement dans les normes d’embaucher des gens qui viennent de tous les horizons.Que peuvent apporter ces étudiants au monde de l’entreprise ?Les diplômés de Sciences humaines ont généralement une réflexion plus poussée, ce qui leur permet de regarder les choses en s’interrogeant au lieu d’agir de manière automatique. Le projet Phénix concerne des gens qui ont terminé leur master et qui seront recrutés immédiatement. Aujourd’hui ce sont presque 200 diplômés qui ont été recrutés grâce à Phénix.

«J’étais passionnée de philosophie et d’histoire. J’ai fait une classe prépa, puis un master en histoire des cultures et mentalités à Nanterre. J’avais la possibilité de réaliser une thèse, mais j’avais l’impression de devenir un rat de bibliothèque... Je voulais me rapprocher du commun, de la vie ! J’ai alors pris connais-

sance du projet Phénix et je mes suis intéressée au métier d’audit interne. Le programme m’a permis d’être recrutée en CDI chez Renault en septembre 2010 pour une prise de poste en février 2012. Cette expérience m’a apporté une très bonne connaissance de l’entreprise et une perspective stratégique de ses enjeux. Aujourd’hui, je m’oriente vers un poste de rédactrice en cheffe adjointe du magazine de l’entreprise. Mon expérience en sciences humaines m’a servi en tant qu’auditrice car elle m’a appris à me poser des questions et à analyser les causes et conséquences. Puis en entreprise, peu de gens savent rédiger. C’est un atout quelle que soit la fonction occupée.»

Anaëlle CorrecAuditrice interne chez Renault en

reconversion vers la communication en entreprise

Rémy a toujours été tenté par l’entrepreneuriat et a suivi une prépa économique et commerciale. Mais il n’a pas souhaité poursuivre en école de commerce et s’est lancé dans les études de philosophie jusqu’au master. «Après la prépa, il fallait que je fasse quelque chose qui me plaisait. Je pensais que si l’on s’investit, il n’y a pas de problème pour trouver des débouchés, quelle que soit la filière.» Son diplôme en poche, il entre à Sciences po et obtient un master affaires publiques. Puis il crée son entreprise. «La philosophie pousse à prendre de la distance et à donner une direction à ce que l’on fait. Elle aide à être plus stratégique en essayant de voir le mouvement de fond qui anime les choses. Le fait de travailler sur des textes très ardus, qui ne livrent pas directement la pensée de l’auteur, demande de la concentration et la capacité à mettre en connexion diffé-rentes choses entre elles. Un auteur peut utiliser une dizaine de mots propres à son vocabulaire, il faut donc apprendre et s’approprier son langage. Cela exige de la souplesse et cette aptitude s’applique directement à l’entreprise. Par exemple, en tant que CEO, je vais parler à des programmateurs, des designers. Mes études m’ont sûrement aidé à mieux comprendre leurs problématiques.»

Rémy KonéChief executoire officier (CEO), Twelve Monkeys Compagny

Source : Courrier cadres et dirigeants février 2015

Ils sont de formation littéraire, en entreprise et ils témoignent