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Psychologie 3 1 Les grands domaines de la psychologie Les premières fondations de la psychologie se sont édifiées au XIX siècle (Wilhelm Wundt). À cette époque, l’intérêt porte sur les contenus de la conscience , étudiés par méthode introspective. Le behaviorisme est devenu ensuite le modèle dominant de la recherche sur les comportements humains (1920-1950). Premier postulat : une analogie cerveau-boîte noire (boîte noire de Skinner). Seuls les comportements manifestes 1 , considérés comme uniques données objectives, étaient étudiés. Il y avait une volonté d’aboutir à une vision rationaliste de l’activité humaine. Second postulat : l’homme est capable de déductions logiques. Ce courant s’est ensuite essoufflé. Dans les années 50, du fait de l’impasse de la méthode introspective et du caractère restrictif des théories behavioristes, les théoriciens ont tenté de trouver de nouvelles voies dans d’autres champs. Psychologie cognitive La cognition (cogito en latin) fait référence à la connaissance . Dans les années 40 et 50, suite à l’apparition de nouvelles technologies (cybernétique, technologie informatique), un pôle pluridisciplinaire de nouvelles disciplines ayant comme intérêt fondamental l’information et la communication, se développe. 1 Comportement manifeste : ensemble des activités motrices par lesquelles un individu répond aux sollicitations de l’environnement.

Les grands domaines de la psychologie Psychologie · systématiques du développement de l’enfant, avec Bühler, Freud, Gesell, Piaget, Vygotsky, Wallon

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1 Les grands domaines

de la psychologie

● Les premières fondations de la psychologie se sont édifi ées au XIXe siècle (Wilhelm Wundt). À cette époque, l’intérêt porte sur les contenus de la conscience , étudiés par méthode introspective.

● Le behaviorisme est devenu ensuite le modèle dominant de la recherche sur les comportements humains (1920- 1950).

● Premier postulat : une analogie cerveau- boîte noire (boîte noire de Skinner). Seuls les comportements manifestes1, considérés comme uniques données objectives, étaient étudiés.

● Il y avait une volonté d’aboutir à une vision rationaliste de l’activité humaine.

● Second postulat : l’homme est capable de déductions logiques.

● Ce courant s’est ensuite essouffl é.

● Dans les années 50, du fait de l’impasse de la méthode introspective et du caractère restrictif des théories behavioristes, les théoriciens ont tenté de trouver de nouvelles voies dans d’autres champs.

Psychologie cognitive

● La cognition (cogito en latin) fait référence à la connaissance .

● Dans les années 40 et 50, suite à l’apparition de nouvelles technologies (cybernétique, technologie informatique), un pôle pluridisciplinaire de nouvelles disciplines ayant comme intérêt fondamental l’information et la communication , se développe.

1 Comportement manifeste : ensemble des activités motrices par lesquelles un individu répond aux sollicitations de l’environnement.

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● La psychologie cognitive, terme introduit en France par J. Piaget et Bruner, en est issue.

● Globalement, cette discipline étudie la cognition et les capacités cognitives : la perception, la mémoire , l’intelligence, la conscience…, dans une visée scientifi que.

● Le traitement de l’information est la base de cette approche de l’esprit humain. Le cerveau est assimilé à un ordinateur qui traite l’information.

● La visée de départ était de comprendre par l’observation des comportements , comment l’individu acquiert, traite et stocke l’information.

● Cette discipline s’étend ensuite à l’étude des stratégies mentales mobilisées dans la résolution de problèmes (Bruner).

● Aujourd’hui son objet est de spécifi er les représentations mentales et les processus en action pour accomplir les tâches cognitives auxquelles le sujet est soumis.

➜ Postulats généraux

● Le système cognitif est un système actif de traitement de l’information.

● L’information est traitée par une suite de processus cognitifs (encodage, stockage, récupération).

● Chaque processus prend du temps pour traiter l’information. Par la méthode d’analyse des temps de réaction, les chercheurs tentent de préciser l’existence et les caractéristiques de ces processus.

● Cette démarche récuse l’introspection pour privilégier la démonstration scientifi que.

● Les phénomènes sont provoqués en laboratoire par des procédures expérimentales, les résultats sont traités statistiquement.

● Ces méthodes de recherche se veulent scientifi ques. La visée de ces recherches est notamment la création de programmes de prévention ,

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d’éducation ou encore de dépistage massif. Ceux- ci sont utilisés également en ingénierie.

● Cette discipline appartient donc au champ des sciences cognitives à l’instar des neurosciences, de l’intelligence artifi cielle, de la linguistique, disciplines qui s’intéressent au fonctionnement de la pensée (humains, animaux, machines).

● Cette discipline de la psychologie se situe donc à l’intersection entre la psychologie et l’ingénierie.

Psychopathologie

● La psychopathologie est l’étude des phénomènes pathologiques. De façon schématique c’est « la science des phénomènes pathologiques de la vie psychique ». La psychopathologie est l’étude des troubles mentaux et des phénomènes psychiques dont la connaissance conditionne la psychiatrie.

● L’histoire de cette discipline est récente. Au XIXe siècle, la psychiatrie connaît un grand essor avec notamment Falret, Clérambault, Jasper, Kraepelin. La littérature de cette époque est un trésor clinique. Kraepelin propose de différencier chaque maladie par rapport à son évolution.

● T. Ribot2 voit dans la désorganisation pathologique un véritable substitut à la méthode expérimentale. Selon lui, on peut mieux comprendre le fonctionnement dit normal en étudiant les dysfonctionnements qui semblent suivre un ordre établi.

● La psychopathologie devient l’étude de la pathologie mentale en tant qu’entité clinique autonome.

● La nosographie classique des psychopathologies établit trois structures : les névrose s (névrose hystérique, névrose de guerre, obsessions…), les psychose s (schizophrénie , paranoïa, psychose hallucinatoire chronique, paraphrénie) et les perversions.

2 T. Ribot (1839- 1916).

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● Les premiers travaux importants émergent dans les années 1870 ; ils portent sur la psychose, le délire et son contenu ainsi que sur l’hystérie3.

● P. Janet4 porte un grand intérêt à la méthode pathologique, à la rencontre et l’observation des malades. Il envisage des catégories larges qui englobent des ensembles d’actes ayant une signifi cation, un but et une unité.

● Freud , médecin neurologue, travaille au départ sur le système nerveux central. Il étudie à la Salpêtrière auprès du neuropathologiste J.- M. Charcot qui y donnait des cours dans ce domaine. Il va alors se rendre compte que dans certains cas, il ne s’agit pas de troubles neurologiques mais psychiques. J.- M. Charcot prenait aussi en charge des hystériques avec lesquelles il utilisait l’hypnose.

● Selon Freud, l’origine des représentations pathologiques était à chercher dans le symptôme.

● Les hystériques ne présentaient pas d’atteinte organique, un traitement médicamenteux ne paraissait donc pas indiqué. Il s’agissait alors de traiter les processus sous- jacents responsables de la désorganisation constatée.

➜ La psychopathologie psychanalytique

● Freud, en mettant au point le dispositif analytique, reste attaché à la nosographie psychiatrique classique de l’époque et y apporte de nouvelles avancées.

● L’idée avancée depuis un moment était que l’apparition de troubles de la conduite pouvait être conditionnée par un événement de la vie suscitant une grande émotion.

● La théorie analytique prend en compte le symptôme, invention particulière propre au sujet qui lui permet de faire tenir sa réalité.

3 Des femmes pour la plupart qui manifestaient des émotions, voire un certain mécontentement par des hurlements, convulsions et états nerveux.4 P. Janet dirige le laboratoire de psychologie pathologique à Paris en 1890, à la clinique de la Salpêtrière.

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● À l’heure du DSM5, les grandes nosologies psychiatriques tendent à se dissoudre.

● On poursuit une approche scientifi que (épidémiologique, génétique, neurosciences), descriptive, normative.

● Le symptôme devient le signe d’un trouble auquel est associé un traitement.

Psychologie sociale

● « L’homme est un animal à la fois rationnel et social6. »

● La rationalité est enracinée dans la société humaine.

● La psychologie sociale s’intéresse aux transformations des comportements et des caractéristiques psychiques qu’un individu subit en société.

● Dans cette discipline des méthodes expérimentales en laboratoire et en milieu naturel sont utilisées, parfois de façon complémentaire.

● Les auteurs qui ont participé au développement de la psychologie sociale sont :

• Wundt : il étudie le langage en tant que fait social, la religion, la magie, les mythes, les coutumes ainsi que les phénomènes cognitifs. Tous sont considérés comme produits par le milieu collectif et ne peuvent être expliqués par un abord individuel.• Durkheim : il étudie les représentations collectives. Selon lui, le suicide est un « fait social » et non une prise de décision individuelle.• Moscovici : il est l’initiateur en France de cette discipline qui deviendra autonome. Il s’intéresse aux représentations sociales et à la psychologie des foules.

● À cette époque, on étudiait le groupe , les attitudes collectives. Les travaux sur l’individu n’existaient pas ou peu. On cherchait à étudier le

5 DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, classifi cation anglo- saxonne des troubles mentaux.6 Aristote.

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phénomène d’interaction entre la conscience collective et les représentations collectives.

● Dès les années 50 et 60, la psychologie sociale commence à être plus individuelle, on parle d’infl uence à partir de l’individu ou de dissonance.

● Aujourd’hui, il s’agit d’étudier les interactions sociales (conversations, échanges, regards, étude des stéréotypes, des préjugés, des rapports entre les groupes). Cela consiste à essayer de comprendre et d’expliquer comment les pensées, les sentiments et les comportements des individus sont infl uencés par la présence imaginaire, explicite ou implicite des autres. La question des rôle s sociaux y est aussi traitée.

● La psychologie sociale présente 4 centres d’intérêts :• la pensée (raisonnement intellectuel, représentations, processus cognitifs), les sentiments, les comportements ;• les interactions sociales (notion « d’autres ») ;• la présence imaginaire explicite, implicite des autres ;• la notion d’infl uence, thème de recherche central.

● La première expérience en psychologie sociale a été réalisée par Triplet aux États- Unis en 1897, époque où la forme du travail change, passant d’un travail individuel à un travail collectif. Il étudia les effets que pouvait avoir la présence des autres sur le rendement des individus.

Psychologie de l’enfant et du développement

● Dans l’histoire des connaissances humaines, le concept d’enfance est récent. Cette discipline s’est constituée comme une branche de la psychologie générale à la fi n du XIXe siècle. À cette époque l’enfant était considéré comme être humain en devenir, dans un contexte évolutionniste.

● C’est surtout dans le premier tiers du XXe siècle que vont être élaborées les premières grandes théories et les études empiriques systématiques du développement de l’enfant, avec Bühler, Freud, Gesell, Piaget, Vygotsky, Wallon…

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➜ Premiers postulats

● Primauté des facteurs endogènes : au cours de l’enfance, les processus de transformation sont principalement régis de l’intérieur.

● Étapes chronologiques et universelles, « stades de développement » : cette notion jouera un rôle fondamental dans de nombreuses théories du développement (notamment chez Piaget).

● L’étude de l’enfant va apparaître comme la voie royale pour connaître et expliquer l’organisation psychique achevée, dans ses formes normales et pathologiques.

● Suite aux travaux de Lamarck sur l’évolution des espèces et de Darwin sur la sélection naturelle, une conception de l’enfant va se développer.

● Elle sera centrée sur l’analyse des processus fonctionnels d’adaptation (théories de Piaget, Vygotsky, Wallon), se décalant de l’idée d’un développement fondé sur la réalisation dans le temps d’un programme préétabli (Lamarck).

● A. Binet7 élabore un dispositif technique pour décrire le développement de l’enfant de façon générale mais aussi et surtout, pour évaluer les développements individuels. Ce dispositif est connu sous le nom d’échelle métrique d’intelligence.

➜ Les courants de pensée

● Au XXe siècle, la majorité des théories du développement tentent de rendre compte des changements qui se produisent au cours de l’enfance.

● Différents courants de pensée cohabitent et parfois s’opposent :• Le courant maturationniste et innéiste : dès la naissance, l’individu possède un ensemble de compétences, un héritage biologique, un bagage génétique le déterminant . Le développement

7 A. Binet (1857- 1911). Docteur en médecine, il travaille dans plusieurs services de psychiatrie. S’intéresse à de nombreux domaines de la psychologie : le raisonnement, l’intelligence, la suggestibilité. Il fonde en 1900 la « Société pour l’étude psychologique de l’enfant ». Va travailler en collaboration avec T. Simon, leurs travaux vont servir de base à la réalisation de l’échelle métrique : le test Binet- Simon.

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serait un processus normal, irréductible. Seule la maturation a un rôle.• Le courant behavioriste8 : il se focalise sur les données observables, quantitatives et sur les méthodes d’évaluation. Tout apprentissage réalisé par un enfant dépend d’un conditionnement. L’environnement y a une place centrale.• Le courant éthologique9 : il compare le développement de certaines espèces animales avec celui de l’homme et montre le rôle de l’environnement et des interactions sociales dans le développement d’une espèce.• Le courant psychanalytique  : la sexualité infantile sert de base au développement affectif futur sous l’infl uence du milieu et des relations que le jeune enfant entretient avec son entourage.• Le courant interactionniste : il souligne l’importance des interactions entre le sujet et son environnement. Le concept d’adaptation y est central, fondamental pour la survie de l’être humain (Piaget).

● Il peut sembler diffi cile de se repérer parmi ces divers courants de pensée qui s’opposent le plus souvent. Toutefois, chacun d’entre eux se pose des questions spécifi ques ne s’intéressant pas aux mêmes pans du développement. Tantôt l’accent est porté sur l’aspect cognitif du développement, tantôt affectif, psychique ou encore biologique.

● Aujourd’hui, de façon générale, la psychologie du développement met l’accent sur la continuité de l’enfant à l’âge adulte. Cette discipline s’intéresse de façon plus globale à l’ensemble des changements qui se produisent au cours de la vie d’un individu :

• à chaque âge correspond une étape spécifi que de développement, à la fois au niveau du fonctionnement cognitif mais aussi affectif et social ;• l’âge adulte ne correspond pas à un état stable ;• certains événements, certaines transformations, provoquent des modifi cations dans l’organisation psychologique et psychique (la parentalité, la retraite, le chômage…).

● Il n’y a donc pas d’âge d’adulte qui se caractériserait par une absence de changement, le développement humain n’étant jamais achevé. Toutefois, cela ne signifi e pas non plus que l’enfance n’a pas ses spécifi cités.

8 En anglais, behavior signifi e « le comportement ».9 Éthologie est l’étude du comportement animal.

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18 La démarche et les outils

en santé publique

Méthodologie de la démarche de santé publique

● Plusieurs thématiques rejoignent la santé publique (médecine épidémiologique, sociale et économique) dans des contextes divers (environnement, histoire, culture…). Un projet est programmé par ses actions pour atteindre un objectif précis.

● Défi nition Afnor de la démarche de projet en santé publique : « Un projet se défi nit comme une démarche spécifi que qui permet de structurer méthodiquement et progressivement une réalité à venir. »

● Un projet évite de partir vers une solution toute faite avec des idées reçues, de construire une action sans connaître l’avis de la population ciblée, de mésestimer les tenants de la situation : le type de demande, les actions déjà réalisées…, de parler un langage différent entre les partenaires…

● Les problèmes de santé et l’appréciation de leur importance seront déterminés par une enquête (questionnaire, recherche bibliographique, entretiens…) permettant l’identifi cation très précise du problème ou de la situation à interroger : maladie ou déterminant, qualité des populations touchées, qualité de la réponse « médicosociale »…

● La démarche de santé publique vise à expliciter les éléments sur lesquels s’appuient l’identifi cation et le choix des différents problèmes de santé, la défi nition des objectifs et l’identifi cation des actions à mener.

Sélection des problèmes de santé

● Le terme de « problème de santé » désigne les maladies qui retentissent sur l’état de santé de la population ainsi que les principaux

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déterminants associés à la survenue de ces maladies, à leur aggravation ou à l’importance de leur retentissement.

● Cette analyse par pathologie ou par déterminant peut être complétée par une analyse transversale permettant de mettre en évidence les problèmes communs à des groupes de population ainsi que par l’identifi cation de services rendus par le système de santé dont l’amélioration est jugée importante.

● Les critères :• d’une part, permettent l’expression de valeurs de notre société à un moment donné, en termes d’importance relative accordée à différents événements de santé ou à différents groupes démographiques et sociaux ;• d’autre part, apportent des éléments décrivant le retentissement du problème sur la santé en termes de morbidité et de mortalité évitables, de limitations fonctionnelles et de restrictions d’activité ou de qualité de vie des personnes atteintes…

● Le calcul du nombre d’années potentielles de vie perdues (APVP) permet de préciser et de compléter cette notion, en attribuant à chaque décès la différence entre l’espérance de vie moyenne du groupe de population auquel appartient la personne décédée, ou une limite arbitraire (65 ans par exemple), et l’âge au décès.

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APVP : une autre mise en évidence des maladies évitables

La prise en compte de cet indicateur peu connu permet de comprendre certaines

orientations de santé publique. Ainsi, il existe un plan cancer mais pas de plan

contre les maladies cardiovasculaires alors qu’elles représentent pourtant une

mortalité à peine inférieure au cancer. Cependant, les décès par cancers en France

représentent entre 2003 et 2005 près de 28 % des APVP contre 10 % pour

l’ensemble des décès de causes cardio- vasculaires. De même, les morts violentes

(suicides, accidents) ne représentent qu’une part très réduite de la mortalité

(moins de 40 000 décès annuels sur 530 000) mais 25 % des APVP25.

25 Notes de Philippe Perrin, éco- infi rmier, accessible sur le site www.eco- infi rmier.fr

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➜ Les données de morbidité

● Les données de morbidité décrivent la fréquence des maladies, ou plus généralement des événements de santé indésirables.

● L’incidence dénombre les nouveaux cas survenant au cours d’une période donnée. Elle refl ète la dynamique d’évolution d’une pathologie au sein de la population ou de groupes spécifi ques.

● Pour les maladies ou les altérations de l’état de santé dont la durée dépasse la période étudiée, la prévalence dénombre l’ensemble des cas présents au cours de cette période ; elle indique ainsi à un instant donné la part de la population qui est touchée par la pathologie.

● Les problèmes de santé sont classés par priorités d’après la description du retentissement des maladies en termes d’incapacité fonctionnelle (retentissement sur la réalisation des activités de la vie quotidienne par exemple) ou d’altération de la qualité de vie.

● Ces dimensions prennent cependant une importance croissante compte tenu du vieillissement de la population et des progrès réalisés par le système de soins pour assurer la survie des personnes présentant des lésions organiques ou des maladies chroniques.

● La notion de qualité de vie reçoit désormais une traduction opérationnelle dans le domaine de la santé au travers des altérations fonctionnelles appréciées par l’évaluation subjective de la santé par chacun des individus touchés.

● Les objectifs nationaux de la politique de santé sont déterminés de façon réaliste et compte tenu de l’échéance pluriannuelle choisie, en fonction de la situation actuelle et de l’existence de stratégies d’action potentiellement effi caces.

● L’identifi cation des conditions requises et l’estimation des ressources (humaines, budget et matérielles) nécessaires sont des préalables indispensables à la sélection des stratégies à mettre en œuvre dans le cadre d’un plan stratégique : lieu de l’action, référentiel de compétences (article R 4311.2.3.15), autres professionnels et bénévoles, partenaires.

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Établissement d’une stratégie d’actions

● Il s’agit d’identifi er les stratégies d’action qui peuvent être effi caces. L’analyse critique des meilleures connaissances disponibles doit permettre de préciser explicitement les arguments sur lesquels se base cette présomption d’effi cacité, qu’il s’agisse de démonstrations expérimentales transposables, de présomptions basées sur l’expérience acquise dans des interventions analogues ou de recommandations d’experts :

• circulaire du 14 mai 2007 sur le développement de l’éducation du patient atteint de maladies chroniques.

● Il s’agit alors de décrire toutes les modalités d’action prévues en répondant aux questions : qui fait quoi, pour qui, quand, comment, avec qui, avec quoi, dans quel ordre… ?

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23 Le fi nancement des soins

et de la santé ● La loi de réforme de l’assurance maladie d’août 2004 concerne les

retraites, l’assurance chômage (le Revenu minimum d’insertion devient Revenu minimum d’activité), l’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

● Différents moyens sont mis en place pour maîtriser les dépenses de sécurité sociale.

● Le principe de la prise en charge des dépenses est que le bénéfi ciaire de soins apporte sa contribution, comme la « franchise » pour les assurances, sous forme de ticket modérateur pour les soins (part de la dépense restant à la charge de l’assuré) :

• forfait journalier à l’hôpital ;• part non remboursée par la sécurité sociale pour les consultations ou les médicaments.

● Ce qui implique une plus grande participation de la part des ménages (paiements directs ou versement de cotisations à des organismes de protection complémentaire6).

● Les 4 principes de cette loi sont :• les mesures fi nancières ;• le développement de la qualité des pratiques professionnelles ;• le parcours de soin (médecin traitant) ;• la nouvelle « Gouvernance hospitalière ».

● En ce qui concerne l’aspect fi nancier :• le ticket modérateur n’est pas remboursé par les régimes complémentaires ;• il y a une franchise d’1 euro par consultation ;• les impôts sur les entreprises ou les particuliers (CSG, CRDS) contribuent à augmenter les recettes de la sécurité sociale .

6 Accessible sur le site www.vie- publique.fr

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La part de l’offre et de la demande

● La demande augmente :• augmentation du vieillissement de la population ;• médicalisation de la société ;• libre choix.

● L’offre augmente également :• les effectifs et leurs qualifi cations ;• la technologie ;• la croissance des industries de santé ;• les prescriptions libres ;• l’obligation des moyens à mettre en œuvre.

Structure du fi nancement de la CSBM (20087)

Sécurité sociale de base 75,5 %

État, collectivités locales 1,3 %

Mutuelles, assurances 13,7 %

Ménages 9,4 %

● La CSBM est de plus en plus fi nancée par les ménages et les mutuelles.

Financement en 2007 Sécurité sociale Mutuelles Ménages

Soins hospitaliers 91,1 % 2,9 % 2,5 %

Soins ambulatoires 65,5 % 11,5 % 12,3 %

Médicaments 67,6 % 11,4 % 13,5 %

● Le nouveau système de fi nancement des hôpitaux, la tarifi cation à l’activité (T2A), semble porteur d’une infl ation des dépenses : dépassement de l’ONDAM hospitalier et hausse de l’activité des établissements de santé publics et privés.

● L’absence de contrôles explique la tendance infl ationniste des dépenses hospitalières :

• risques de sélection des patients afi n de ne pas prendre en charge les patients les plus coûteux ;• ou inversement infl ation du nombre d’admissions ;• baisse de la qualité des soins ;

7 Source : DREES – Structure du fi nancement de la dépense courante de soins et de biens médicaux – Données 2008.

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• ou encore recours au report de charges ;• risques de falsifi cation du codage des pathologies pour bénéfi cier d’un fi nancement plus avantageux (incitation à transformer des consultations externes en séjours par exemple, car ils offrent un fi nancement plus important)…

● Nécessité d’un dispositif de régulation ? L’agence et l’hôpital devront défi nir un volume annuel d’activité, en cohérence avec le niveau d’activité défi ni à l’échelle régionale dans le cadre des SROS (Schémas régionaux d’organisation sanitaire).

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28 Les droits de l’homme, de l’enfant,

de la personne âgée, de la personne vivant un handicap

Repères

● Révolution Française, Droits de l’Homme et du citoyen en 1789.

● Seconde Guerre mondiale, Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1946.

● Valeurs universelles :• universalité ;• interdépendance ;• indivisibilité ;• égalité ;• non discrimination.

Droits de l’enfant

● Droit au suivi scolaire : article L 1110- 6 (loi du 4 mars 2002) : « Dans la mesure où leurs conditions d’hospitalisation le permettent, les enfants en âge scolaire ont droit à un suivi scolaire adapté au sein des établissements de santé. » Il y a donc des conventions qui sont signées avec l’éducation nationale.

● L’éducation selon l’UNESCO : processus global de la société par lequel les personnes et les groupes sociaux apprennent à assurer […] le développement intégral de leur personnalité, de leur capacité, de leurs attitudes, leurs aptitudes et de leur savoir.

● Quelques lois :• Loi 1874 sur le travail des enfants mineurs.• La Déclaration de Genève en 1924.• La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948.

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• La Déclaration des droits de l’enfant en 1959.• La Charte européenne de l’Enfant hospitalisé en 1988.

● L’UNICEF demande 6 mesures pour éliminer le travail des enfants :• L’élimination immédiate de l’emploi des enfants à des tâches dangereuses.• L’organisation d’un enseignement gratuit et obligatoire.• L’élargissement de la protection légale des enfants.• L’enregistrement de tous les enfants à leur naissance (de manière à pouvoir déterminer leur âge sans fraude possible).• Une collecte et un contrôle adéquats des données (de manière à connaître avec exactitude l’ampleur du travail des enfants).• L’établissement de codes de conduite.

Droits des personnes agées

● Selon l’OMS, la réglementation française indique qu’une personne est « âgée » à partir de 60 ans (3e âge, de 60 à 80 ans et 4e âge, à partir de 80 ans).

● Les principes humanistes sont :• Égalité ;• Dignité ;• Indépendance.

● Les droits sociaux sont :• la protection sociale ;• le travail et la retraite ;• une vie sociale, culturelle et politique.

● Les soignants apportent une assistance en fi n de vie, un accompagnement contre la douleur physique et morale. Ils respectent les convictions et les consentements de la personne. Ils respectent le droit du malade à mourir (loi d’avril 2005).

● Une aide sociale concernant les soins personnels et les tâches ménagères est apportée.

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● Quelques principes restent encore à travailler : « Le rôle des familles doit être reconnu. Ces familles doivent être soutenues », « Les soins que requiert une personne âgée dépendante doivent être dispensés par des intervenants formés ».

Droits des personnes en situation de handicap

● Le handicap est la limitation des possibilités d’interaction d’un individu causée par une défi cience qui provoque une incapacité, permanente ou présumée défi nitive et qui elle- même mène à un handicap moral, intellectuel, social ou (et) physique.

● Le handicap est une défi cience vis- à- vis d’un environnement, que ce soit en termes :

• d’accessibilité ;• d’expression ;• de compréhension ;• d’appréhension.

● Il s’agit donc plus d’une notion sociale que d’une notion médicale.

● La nouvelle défi nition selon la loi du 11 février 2005 :

● « Constitue un handicap toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou défi nitive, d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »

● L’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées :

• pour vivre en citoyen ;• avec les mêmes droits ;• grâce à la solidarité nationale ;• un droit à la « compensation » ;• une aide adaptée au contexte ;• dans le cadre d’un projet de vie.

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● Le droit à l’éducation pour tous les enfants quel que soit leur handicap, est un droit fondamental.

● Scolarisation en milieu ordinaire pour parcours scolaire continu et adapté. Il s’agit du Projet personnalisé de scolarisation (PPS). Les différentes structures coordonnées par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) sont :

• Écoles maternelles et primaires ;• Centre national d’enseignement à distance (CNED) ;• École régionale d’enseignement adapté (EREA) ;• Classe d’inclusion scolaire (CLIS) ;• Unité localisée d’inclusion scolaire (ULIS) ;