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Les Les gendarmeries gendarmeries de Saint-Pée- de Saint-Pée- sur- sur- Nivelle Nivelle Buruxkak N° 5

Les gendarmeries de Saint-Pée- sur- Nivelle · PDF fileLeur zone d’action est limitée ... Il écrira au sous-préfet à Bayonne le 26 janvier 1833 : « la brigade des préposés

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Les Les gendarmeriesgendarmeriesde Saint-Pée-de Saint-Pée-sur-sur-NivelleNivelle

BuruxkakN° 5

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Le choix du sujet peut paraître aussi surprenantque le tramway objet du Buruxkak N 2 qui a°sollicité la curiosité des Senpertar.

Ils ont la même source : le trésor patrimonialconstitué par les comptes rendus des délibérationsdu conseil municipal.

La lecture de ces pages soigneusement écrites à lamain, tire de l oubli progressif les efforts des’générations précédentes pour donner à Saint Pée-toute sa place dans le développement et lamodernité. Les écoles seront d ailleurs le thème’d un prochain numéro.’

Disposer de sa propre gendarmerie a été l objet’d une longue lutte d influence entre notre village et’ ’sa sœur voisine Sare, comme le furent, entre autres,le tramway et le marché.

Les noms de notables connus surgissent au fil despages, Goyenetche, Adema, Dufau, Dourisboure ettant d autres.’

Notre association a voulu partager avec vous lefruit de ses lectures et vous remercie de votresoutien.

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Un peu d’Histoire :de la maréchaussée à la gendarmerie.

La maréchaussée est l’ancêtre de la gendarmerie française. Lesmaréchaux de France disposaient de corps de militaires chargés de lasécurité intérieure du royaume. La mission de la maréchaussée futd’abord limitée aux affaires militaires, mais elle devint peu à peu lebras armé de la justice du roi par l’intermédiaire des prévôts installésdans tout le royaume. Ainsi, en 1536, François Ier étendit sa mission :vagabonds, étrangers non domiciliés, vols avec armes, vols sur lesgrands chemins.

La maréchaussée s’illustra en particulier dans son action pour lasécurité des voies royales appelées grands chemins. Les villes n’étaientpas en principe dans sa juridiction mais à l’occasion de fêtes ou foires,la police municipale pouvait l’appeler en renfort.

L’ordonnance de 1720 dessine l’essentielde ce qu’est l’implantation de lagendarmerie aujourd’hui. Les grandestroupes armées de la maréchaussée enchevauchée cèdent la place àl’implantation tout au long des grandschemins de brigades de 8 hommes dont 3officiers. Leur zone d’action est limitée à50 ou 60 km. La même année, lamaréchaussée est rattachée organi-quement à la gendarmerie de France issuede la cavalerie lourde, les « gensd’armes » revêtus d’armures de la périodemédiévale. En 1779, le royaume compteenviron 800 brigades. La gendarmerie deFrance sera dissoute en 1788 mais le nomde gendarmerie subsistera.

Ainsi, Le 16 février 1791, après avoir supprimé la justice prévôtale aunom de la séparation des pouvoirs, l’Assemblée Constituanteréorganise la maréchaussée sous le titre de gendarmerie nationale.« C’est une force instituée pour assurer, dans l’intérieur de la République, lemaintien de l’ordre et l’exécution des lois. Une surveillance continue etrépressive constitue l’essentiel de son service ».

Le député D’Iturbide y fait des propositions « sur la manière deformer la gendarmerie nationale pour les trois districts d’Ustaritz, de

Gendarme du 18ème siècle

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Saint-Palais et de Mauléon habités par environ 150000 Basquesfrançais ».

Les autorités révolutionnaires renforcent le réseau des brigades héritédu XVIIIème siècle. La Seconde République achève l’entreprise endécidant, par la loi du 25 juillet 1850, d’installer des gendarmes dansles cinq cents cantons encore dépourvus. Successivement, lagendarmerie est nationale puis impériale, royale, de nouveau impérialeavant d’être nationale à partir de 1870.

Sous le premier empire, pendant la guerre d’Espagne, la gendarmeriedevait être omniprésente sur la frontière. Le centre de commandementse trouvait à Auch.

Le déchirement de l’Espagne pendant la première guerre carlisteentre 1833 et 1840 sera une autre occasion d’établir des postestemporaires le long de la frontière des Pyrénées. Entre 1836 et 1840,certains sont transformés en brigades permanentes. En 1845, ledépartement compte trente brigades permanentes et huit temporairesinstallées principalement en Pays Basque. Notamment : Ainhoa, auxAldudes, Bedous, Bidarray, Lécumberry, Sare et Ustaritz.

Le rythme d’implantation des brigades de gendarmerie au XIX sièclen’a pas été régulier. Les suppressions et les déplacements ont éténombreux. Vers 1830 /1860 la brigade d’Ossès est transférée à Irissarytandis que celle de Sare s’établit à Saint-Pée-sur-Nivelle. Le but étantde mettre en place un réseau à mailles de plus en plus régulières. Leschefs lieux de canton, les relais de poste et les localités plusimportantes situées sur les axes de communication constituent lespoints d’ancrage du filet.

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Plus de 60 ans de concurrence entre Sare et Saint-Pée

Si la méfiance des populations locales a étédurable ce qu’atteste le faible nombre derecrutements locaux au XIXème siècle, lesautorités communales ont toujours été trèsattachées à la présence d’une gendarmeriequi renforçait leur autorité comme lemontreront les luttes d’influence entre lesmaires de Sare et de Saint-Pée.

Sare a toujours défendu la nécessitéd’une surveillance spéciale de la frontièretandis que Saint-Pée au centre d’un vasteréseau de voies de communication,considérait être dans un emplacementstratégique.

Chacun des édiles avait ses soutiens,préparait ses dossiers en secret auprès descommandants de gendarmerie de Bayonneet de Pau, des conseillers généraux etutilisait tous ses réseaux d’influence.

La première trace retrouvée de la présence des gendarmes à Saint-Pée figure dans le compte rendu du conseil municipal du 12 mai 1821.Le Sieur Jean Barnetche, adjoint faisant fonction de maire, écrit dans larubrique police : « La police s’exécute dans ce moment avec une tellerégularité qu’elle peut servir de modèle à la ville la plus policée, soitpar l’évacuation des cabarets le soir, soit pendant les officesdivins, grâce à l’intervention de la gendarmerie dont nous avons tant àremercier le gouvernement pour notre tranquillité et sûretégénérale ».

Cette volonté de police au service de la religion n’est pas nouvellepuisque en novembre 1819, le maire du village écrivait : « il ne sepeut Messieurs qu’aucun de nous ignore que cette partie de mesdevoirs ponctuellement exécutés et parce que mon habitation éloignéede la partie de celle qui est agglomérée à la commune, j’ai un devoir dechoisir un commissaire spécial pour faire évacuer les aubergespendant les offices divins et au moment de la retraite, conformément àun arrêté de Monsieur Serriès, en dirigeant la garde nationale àlaquelle je fais faire les dimanches et les fêtes chômées un serviceactif dans l’objet de la tranquillité publique ».

Uniforme de la Gendarmerie

en 1885

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Jean Blaise Goyenetcheun maire d'exception.

Cet homme remarqué par Napoléon est nommé en 1808 lieutenantde la Garde basque et la même année, adjoint au maire de Saint-Pée.Son intervention est décisive lors de l'incursion d'une troupe deguérilleros espagnols sur la commune de Sare le 8 octobre 1812. Ilhéberge le roi Joseph, frère de Napoléon, lorsque celui-ci est chasséd'Espagne et participe à l'organisation de la défense du territoire enétant nommé le 3 juillet 1813 chef adjoint des gardes nationaux del'arrondissement de Bayonne.

Sous la Restauration, il devient maire de Saint-Pée en 1821. Il lerestera jusqu’en 1834. Il a probablement utilisé tous ses réseaux pourobtenir l’installation d’une gendarmerie à Saint-Pée.

Il écrira au sous-préfet à Bayonne le 26janvier 1833 : « la brigade des préposésaux douanes à la résidence d’Amotz duprésent lieu, ayant arrêté vers midi, lenommés Ignacio, Miabé et Baptiste Erreiza,réfugiés espagnols, se dirigeant d’aprèsleurs dires sur Sare pour y chercher dutravail. En exécution de vos ordres, j’ail’honneur de vous les adresser sousl’escorte de la gendarmerie ».

La gendarmerie était-elle alors à Sare, à Saint-Pée ou dans les deux villages ?

Le différend entre les deux villages continuerapendant une trentaine d’années avec destiraillements et des démarches répétées auprèsde la préfecture et du commandant de lagendarmerie de Pau. Il est sûr qu’en 1864, lagendarmerie est à Sare.

Jean Blaise Goyenetche ?

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1ère gendarmerie connue : HodieniaAujourd'hui bâtiment sud hôtel Arocena

Saint-Pée a bien préparé ses dossiers et un coup de théâtre survient :une décision ministérielle du 30 juin 1864 permet à Saint-Pée de ravirà Sare la caserne de gendarmerie et le logement des gendarmes.

Le conseil municipal du 8 janvier 1865 est réuni en présence deMonsieur le maire et en vertu de l’autorisation du sous-préfet du 7 dumême mois : « Monsieur le maire a exposé par décision ministérielledu 30 juin dernier la brigade de gendarmerie actuellement à Saredevant être transférée à Saint-Pée qu’il y a lieu de s’occuper dulogement de la brigade. Je me suis concerté à cet effet avec MonsieurAdema propriétaire de la maison à louer pour l’installation desgendarmes. J’ai au nom du département offert 450 francs par an.Monsieur Adema a refusé cette offre et m’a formellement déclaré nevouloir louer sa maison moins de six cents francs l’an. Si vous ne voyezpas d’inconvénient à ce que la commune de Saint-Pée contribue pourune partie à la dépense de la location, je vous proposerais Messieurs levote de la somme nécessaire à compléter le prix exigé par MonsieurAdema. Le conseil, sur proposition de Monsieur le maire, a voté lasomme de cent francs à titre de contribution pour le prix du loyer de lapremière année ».

Le bail est effectivementsigné le 25 février 1865 avecMonsieur Jean Blaise Ademacomme l’atteste le documentci-contre. Il stipule entreautres aménagements que surla façade un ferrement devraporter l’inscription :

« Gendarmerie impériale ».

Nb : Jean Blaise Adema est leneveu de Jean BlaiseGoyenetche.

Hôtel Arocena

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Sur les listes électorales de 1874, figurent les noms des gendarmesde Saint-Pée :

M. Castaing, 38 ans, maréchal des logisj. Duplex, 27 ans, gendarmeA. Lacoste, 26 ans, gendarmeJ. Oliviani, 38 ans, gendarmeJ. Puyo, 38 ans, gendarme

La brigade semble avoir compté en permanence 4 à 5 hommes.

Garder les gendarmes était trèsimportant pour les maires qui se sontsuccédés. Ainsi le maire de Saint-Péeécrit à Monsieur Darcangues le 10Avril 1877 : « J’ai compris qu’il étaitquestion de retirer la brigade degendarmerie de Saint-Pée pour latransporter aux Aldudes. Il estpossible qu’une brigade degendarmerie serait bien placée auxAldudes, mais je ne comprends pasque l’on songe à retirer celle deSaint-Pée.

Saint-Pée, comme vous le savez estune commune d’une grande étenduequi touche à neuf communesfrançaises et à deux communes espagnoles, Urdax et Zugarramurdy. Ilest sillonné de routes dans tous les sens et l’étendue de son bois peutêtre un refuge pour les malfaiteurs. Quoiqu'il y ait une brigade degendarmerie à Sare et une autre à Ainhoa, le territoire de Saint-Péetouche à ces deux communes et aboutit à Urdax et Zugaramurdy estassez vaste pour couvrir une voie toujours ouverte aux malfaiteursvenant d’Espagne qui, la brigade de Saint-Pée étant enlevée,pourraient circuler librement jusqu’à Bayonne.

La brigade de Sare qui probablement serait chargée de lasurveillance de Saint-Pée, serait impuissante pour arrêter cesmalfaiteurs. On l’a déjà constaté en d’autres temps et je crois que c’estle principal motif qui a fait rétablir à Saint-Pée une brigade qui déjàune fois avait été retirée de cette commune pour être transportée àBéhobie. Aussi bien que nous, mon cher Monsieur, vous savez lanécessité d’une brigade de gendarmerie à Saint-Pée et je viens vousprier au nom de la commune que j’administre depuis 22 ans dedemander le maintien de cette brigade à Saint-Pée, si la question deson retrait est portée devant le Conseil général ».

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Cette lettre montre bien que Sare après avoir perdu sa gendarmerieau profit de Saint-Pée en 1864, a obtenu qu’elle y soit réinstallée etque Saint-Pée à son tour a failli perdre la sienne treize ans plus tard.

Mais la réorganisation des services n’était pas le seul motif pour ledéplacement d’une gendarmerie et Saint-Pée a failli voir la sienne s’enaller au début du siècle suivant pour ne pas avoir suffisamment veilléau confort des familles.

Le loyer de la maison Hodieniapassera successivement de 600 à 750puis 850 Francs. Les pourparlers derenouvellement du bail sont entamésen septembre 1915. La gendarmeriea besoin de réparations importantesmais Mademoiselle Adema héritièretergiverse et la situation se détérioreau point que le 2 avril 1916, àl’expiration du bail, le préfet informemademoiselle Adema que les locauxsont réquisitionnés par l’autoritémilitaire. Le différent a du être réglépuisque le 16 mai 1918, le préfetconfirme son accord pour renouvelerle bail mais exige que toutes lesréparations prévues par le service degendarmerie soient enfin effectuées. Mademoiselle Adema ne donnerapas satisfaction aux demandes réitérées des gendarmes, au point demettre le conseil municipal en grande difficulté quatre ans plus tard.

Photo prise lorsque la gendarmerie nationale était à Hodienia

Uniforme des gendarmesen 1914

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Lettre du Préfet à Mr le Maire de Saint-Pée-sur-Nivelle en exécution de la loi du 22 juillet 1921

En 1922, l’avenir de la gendarmerie met en émoi le conseilmunicipal : « Il nous semble nécessaire de vous exposer un dossierparticulièrement sensible qui a longuement préoccupé notremunicipalité au cours de l’année 1922. Il s’agit du positionnementstratégique de la gendarmerie. Le 30 juin 1864, une décisionministérielle a permis à Saint-Pée-sur-Nivelle de ravir à Sare lamaréchaussée, sa caserne, et le logement des gendarmes. Quatregendarmes et leurs familles résidèrent dans notre village pendant delongues années jusqu’à ce que la loi du 22 juillet 1921 ne porte notrebrigade de 4 à 5 gendarmes ».

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Le maire se réfère à une lettre du préfet en date du 2 juin qui luienjoint de trouver un logement à l’extérieur de la caserne pour lecinquième gendarme et dont le coût sera supporté par la municipalitéde Saint-Pée et dans une moindre mesure par celle de Sare.

Le commandant de lagendarmerie de Pau vient serendre compte sur place et suiteà sa visite, Mr Dufau, le maire,lui confirme que le conseilmunicipal a voté à l’unanimité laquote part du loyer del’habitation du cinquième gen-darme et qu’il entreprend lesdémarches nécessaires pourtrouver un logement.

Il retient un logement auprèsde Monsieur Larrea. Onze moisplus tard, alors qu’il n’a aucunenouvelle, il apprend que lemaréchal des logis chef a reçul’ordre de chercher hors de lacaserne le cinquième logement. Entre temps, le propriétaire du localretenu, Monsieur Larrea a disposé de son bien croyant l’affaire classée.

Mr Dufau maire de St-Pée

Tenue du gendarme en 1922

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Le logement des familles : un point décisif ?

Le maire inquiet, assure le maréchal des logis qu’il trouvera unlogement très convenable et écrit le 26 mai au capitaine degendarmerie de Bayonne : « Je mets provisoirement à votredisposition 2 pièces en parfait état, un local pour le bois et débarras,une partie du jardin potager de notre mairie et cela gratuitement ».

Toujours sans nouvelles, ce n’est qu’au mois d’août que MonsieurDufau reçoit un coup de téléphone de Mr Goyenetche, conseillergénéral du canton d’Ustaritz qui l’appelle de Pau pour l’informer qu’il setrouve là « pour débattre du transfèrement de la gendarmerie deSaint-Pée-sur-Nivelle à Sare ».

Le rapport du préfet présenté à la commission dit « que cette casernene permet pas l’installation du cinquième gendarme et que leslogements sont défectueux et insalubres ». Le commandant de lagendarmerie « propose le déplacement de la brigade et son installationà Sare afin de faciliter la surveillance de la frontière ». Il signaleégalement dans la localité de Sare un vaste immeuble que le

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propriétaire consentirait à louer après aménagement pour une durée de30 années moyennant 4300 Francs par an.

Le conseiller général Etcheverry-Anchart du canton de Saint Etiennede Baigorry chargé de la mission de rapporteur propose donc le départde la gendarmerie de Saint-Pée. Monsieur Goyenetche se lève etdemande que la municipalité de Saint-Pée soit d’abord mise endemeure d’assurer le logement de la brigade et de surseoir la solutiondéfinitive à la session d’avril. Sa proposition est acceptée à l’unanimitéce qui montre bien l’embarras du conseil devant la nécessité detrancher en faveur de l’un ou l’autre village.

Le préfet assure « très aimablement » le maire de Saint-Pée lorsd’un conseil de révision que la gendarmerie ne sera pas déplacée si lamunicipalité trouve à la loger convenablement. Mais le généralinspecteur de la gendarmerie en tournée dans son secteur, ne l’entendpas de cette oreille et fait savoir au préfet qu’il estime que lasurveillance spéciale qui incombe à la brigade sera mieux exercée àSare qu’à Saint-Pée et que le Ministère de la Guerre sera appelé àtrancher la question.

Remarque ironique du maire : « La question du local semble passerau second plan et soudain, au bout de 59 ans, on a découvert que lafrontière de Sare bien calme pourtant avait besoin d’une surveillanceparticulière ». avec l’accord unanime du conseil municipal, le maireconclut : « Nous ne pouvons admettre qu’une modification soitapportée à l’état actuel des choses et nous devons consentir à tous lessacrifices plutôt que de permettre, par notre faute, le départ de notrebrigade de gendarmerie ».

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La délibération du conseil quiproteste énergiquement contre leprojet de transfèrement est soigneu-sement calligraphiée et envoyée àMonsieur Ybarnegaray député afinqu’il intervienne auprès du Ministre dela Guerre.

Cette intervention a du être efficacecar Saint-Pée gagne la dernièremanche dans la partie qui l’opposedepuis plus d’un demi siècle à sarivale et garde depuis lors sagendarmerie.

La gendarmerie qui se trouvaitinitialement à Hodienia, à l’empla-cement actuel de l’hôtel Arocena a

laissé quelques traces : à la place de la salle à manger où sont servisaujourd’hui les petits déjeuners se trouvaient la cour avec son puits etderrière, un potager pour chacun des gendarmes.

Dans cette salle, la porte d’accèsarrière est restée intacte ainsi que lesoupirail muni de solides barreaux de laprison de Saint-Pée.

La municipalité qui avait bien comprisque les conditions de logementpouvaient servir de prétexte pour laremise en question du choix del’emplacement de la gendarmeriedécida en 1925, de donner aux famillesde meilleures conditions d’habitat etpour avoir le contrôle de la situation,de devenir elle même bailleur.

Le conseil municipal de 1922 avait déclaré être « prêt à consentirtous les sacrifices » pour que ses gendarmes ne partent pas à Sare eteffectivement le prix à payer a été très élevé.

Portes des écuries de lagendarmerie

Soupirail de la prison maisonHodienia

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2 ème gendarmerie à Franchaenea aujourd'hui Maison pour Tous

Le maire, lors du conseil municipal du 15 février 1925, rappelant qu’ilavait été mis en demeure de trouver un nouveau local indiquaque : « Madame veuve Duronea étant propriétaire d’un immeubleconnu sous le nom de Franchaenea consistant en une vaste et bellemaison avec une dépendance, une cour et une belle pièce de terre…s’est offerte à vendre le dit bien moyennant le prix de 45000 Francs ».

Le conseil donna son accord mais l’aménagement coûta plus cher quel’achat lui même. Le 19 décembre 1926, le maire déclara qu’il fallaitajouter à la somme initiale 10 000 Francs de frais d’actes et que lestravaux avaient coûté 77 908 ,91 Francs sur lesquels seuls 40 000avaient été réglés et qu’il y aurait des dépenses imprévues.

Comme cela avaittoujours été fait à Saint-Pée dans les momentsdifficiles, le conseilpensa à la mèrenourricière, la forêt, etdécida sur propositiondu maire une coupeextraordinaire « de1500 pieds environopérée dans la sectiond’Amotz où la forêt n’apas été touchée depuisune trentaine d’an-nées ».

Mais le résultat del’opération ne fut peutêtre pas suffisant ou les revenus utilisés pour faire face à d’autresdépenses imprévues. Le 28 août 1927, le conseil se trouva dansl’obligation de constater que le budget accusait un déficit de 39000Francs qui représentait le reliquat des sommes dues pourl’aménagement de la nouvelle gendarmerie. Il décida de solliciter unprêt de 50 000 Francs auprès de particuliers au taux de sept pour centl’an.

En 1932, on constate que la toiture est en très mauvais état et lamunicipalité doit de nouveau payer 3490,40 Francs de réparations.

Maison Franchaenea

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Aujourd’hui encore, à l’angle de laMaison pour Tous, sur la route deSaint-Jean-de-Luz, on peut voir lestrois soupiraux de la prison avec latrace des barreaux qui ont été sciés.

Motocyclistes de la gendarmerie

Gendarme au carrefour de Saint-Pée

Soupiraux de la prison

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Cérémonie devant la mairie avec les gendarmes, les pompiers et lesdouaniers.

Gendarmes et Senpertar dans la cour de Franchaenea

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3ème gendarmerie : celle d'aujourd'hui.

Dans les années 1970 les gendarmes font valoir auprès de la mairieque les locaux de Franchaenea ne sont plus adaptés autant pour lesbureaux que pour le logement des familles. Le conseil municipal sousl'égide de M. Cami, maire, achète un terrain à la famille Hirigoyen et en1979, la gendarmerie quitte Franchaenea pour rejoindre des locauxtout neufs construits et loués par la commune, où elle se trouveaujourd’hui. Le centre de secours quittera quelques années plus tardses locaux exiguës à coté du fronton pour un vaste bâtiment édifié surla même plate-forme afin de regrouper l'ensemble des services desécurité.

Inauguration de la gendarmerie(Photo donnée par l'adjudant Christian Ibarra).

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La gendarmerie aujourd'hui

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Le nouveau projet.

En 2010, dans le cadre de la réorganisation nationale entre les zonesde police et de gendarmerie, Saint-Jean-de-Luz et Bidart passent enzone de police. Saint-Pée est reconnu comme une commune forte avecun centre de secours important actif des deux côtés de la frontière.

La gendarmerie de Saint-Pée sera donc chargée d’assurer la sécuritéégalement dans les communes d’Ascain, Ahetze et Sare ainsi quel’application des accords de Schengen avec les autorités espagnoles.Mais la condition est que les bureaux et l’ensemble des logements desfamilles soient regroupés dans la commune.

Madame le maire informe le conseil municipal le 7 juin 2010, de cettenouvelle situation et de la nécessité de prévoir 13 logements et desbureaux et services adéquats. Tout comme le fit 90 ans plus tôt, sonprédécesseur Monsieur Dufau : « Madame le maire propose au conseilmunicipal d’affirmer la volonté quant au maintien de la caserne degendarmerie à Saint-Pée-sur-Nivelle et de mener une étude defaisabilité sur un projet de création de la nouvelle gendarmerie ». Laproposition est approuvée par le conseil.

En décembre 2014, le conseil municipal sur proposition dumaire : « réaffirme la volonté d’un maintien d’une gendarmerie àsaint-Pée avec la création de locaux de services et techniques ainsique treize logements et bureaux » mais décide en raison du contextebudgétaire et financier contraint de la commune de confier laréalisation du projet à un opérateur tiers sur un terrain que lacommune cédera ».

Le feuilleton bicentenaire du logementdes gendarmes continue....

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Sources

Archives de la municipalité de Saint-Pée-sur-Nivelle.Service historique de la Défense (Ministère de la Défense).GIGN historique (site Internet).

Remerciements aux Senpertar qui nous ont aidé à rassembler ces informations et documents et en particulier à Mmes Lucie Borthaire, Pierrette Dourisboure et M. et Mme Larrea.

Merci également à la générosité des mécènes qui nous permettent, jusqu'à présent, de distribuer gratuitement les numéros de Buruxkak.

Depuis sa création en 2008, Culture et Patrimoine Senpere a également publié :

Aux éditions La Cheminante : Le guide de 8 itinéraires de promenade Saint-Pée-sur-Nivelle Personnages et combats de 1813. Gertaera eta erantzule, Senperen, 1813ko gerlan

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CULTURE et PATRIMOINE [email protected]://cultureetpatrimoinesenpere.fr/

Reketenia – Ibarron – 64310 Saint-Pée-sur-Nivelle