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enduits dans les chaux Les sables et les OUTIL PÉDAGOGIQUE ENTRETIEN ET RESTAURATION DES BÂTIMENTS ANCIENS

Les Chaux et les sables dans les enduits

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Entretien et restauration des bâtiments anciens

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Page 1: Les Chaux et les sables dans les enduits

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entretien et restauratiOn des bâtiments anciens

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Avec le soutien finAncier dela région Bretagnela région Pays de la loirela direction régionale des affaires culturelles de Bretagnela direction régionale des affaires culturelles des Pays de la loire

Couverture : Église paroissiale Saint-Mendulphe (vers 1845), Saint-Molf (44)

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Peinture de la série « Paysages de Loire aux tireurs de sable », Messemin (1880-1844) - Musée de la Loire de Cosne-sur-Loire (58)

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L’enduit protège et révèle l’architecture.Monique Le Corre, architecte, chargée de mission au CAUE de Loire-Atlantique

Réaliser ou refaire un enduit sur les façades d’un bâtiment, quelle que soit sa nature, nécessite la mise en correspondance de plusieurs préoccupations, d’ordre à la fois technique, d’usage et d’esthétique. Le sujet de cet ouvrage, qui traite exclusivement de la question des enduits à la chaux pour les bâtiments anciens -c’est-à-dire principalement des bâtiments en pierre, parfois en terre ou à pan de bois- n’échappe donc pas à ces questions d’ordre architectural.

L’un des aspects fondamentaux, celui de la recherche de la résistance et de la protection du mur par rapport aux agressions internes et externes, y est largement développé. Ces questions techniques, du choix des matériaux, de la maîtrise des mélanges, de la reconnaissance des supports et des techniques de pose qui en découlent, font particulièrement appel au savoir-faire des hommes de l’art que sont les artisans. C’est cette même maîtrise qui leur permet de répondre aux questions d’usage. Ils orienteront leurs mélanges et leurs choix de mise en œuvre en fonction des conditions physiques du support dans son contexte. Ce qui peut conduire, selon le type de mur, à des interventions variées, dans l’épaisseur et sur la surface visible du revêtement. On envisagera, par exemple, de traiter différemment un soubassement, parce qu’il sera plus sollicité, de varier la finition de l’enduit, plus ou moins couvrante, en fonction des orientations ou de la mise en scène du bâtiment dans l’espace public.

Avant-propos

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Il en découle des incidences esthétiques importantes pour l’architecture du bâtiment. C’est le résultat concret, donné à voir, sur lequel s’appuieront toutes les appréciations. Les termes de « parement », de « revêtement » ou de « ravalement », renvoient bien à cette idée autant que de protection, qui peut nécessiter l’apport de compétences spécifiques, d’architectes, d’architectes du patrimoine*, d’historiens, d’archéologues.

S’agissant de la restauration des façades de bâtiments existants, on s’interrogera sur l’intérêt architectural et culturel du bâtiment concerné : a-t-il un intérêt patrimonial ? Quelles sont les caractéristiques architecturales de ses façades ? Que transmet-il au travers de son architecture ? L’intervention préservera-t-elle cette expression ? La réponse à ces questions donnera des points d’appui qui pourront guider les choix esthétiques et techniques retenus pour la réfection des façades.

En opposition à l’engouement de ces dernières décénies pour la mise en évidence de la pierre de construction, qu’elle soit de taille ou sous forme de moellons, les recherches historiques démontrent que la plupart de ces édifices étaient protégés par des enduits ou badigeons* de chaux, que le temps a par la suite altérés. Le moellon, et parfois la pierre de taille calcaire, étaient avant tout des éléments structurels qui nécessitaient une protection contre les intempéries. Leur intérêt décoratif était limité aux éléments de modénature de pierres taillées ou sculptées. Parmi des exemples de restauration récents, le château et les façades de la cathédrale de Nantes, ou encore le château de Noirmoutier, offrent une apparence lumineuse, à la faveur d’un badigeon* de chaux qui vient protéger les enduits de même nature et les tapisseries de pierres calcaires. Ces badigeons*, extérieurs ou intérieurs, ont servi aussi, selon les époques et les régions, de support à la réalisation de décors polychromes à base de chaux pigmentées. Ainsi, la nef gothique de la cathédrale de Quimper, longtemps plongée dans les ténèbres du granite, offre aujourd’hui au visiteur une impression de lumière dans un décor aux teintes claires et chaudes. Ces choix esthétiques ont été guidés par un souci de restauration d’un état antérieur, jugé important dans l’histoire de ces bâtiments, qui s’ajoute à la nécessaire protection des ouvrages.

Si tout bâtiment ne présente pas une valeur patrimoniale, au sens monumental du terme, nombreux sont ceux qui illustrent les styles architecturaux des périodes auxquelles ils ont été édifiés. Pour préserver cette lecture, témoin de notre histoire collective, on doit donc s’inspirer de l’état originel supposé du bâtiment. C’est l’ensemble des éléments visibles de la façade, de leur nature, de leur teinte et de leur organisation entre eux, qui doit être pris en compte pour orienter les choix spécifiques à l’enduit. Par exemple, la façade ordonnancée d’un bâtiment du XVIIIe siècle sera remise en valeur par des aplats d’enduits pleins, très serrés, sur lesquels se démarquent encadrements de baies, jambages, linteaux et corniches de pierres taillées. De même, pour beaucoup de maisons de bourg édifiées dans le courant du XIXe siècle, l’enduit couvrant et serré * Lexique pages 120-121-122-123

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met en valeur la répartition des baies, et leurs encadrements de pierres ou de briques.

Beaucoup de bâtiments ou d’ensembles de constructions modestes témoignent, par leurs formes et leurs assemblages spécifiques, de l’histoire et de l’activité des hommes sur un territoire. C’est particulièrement le cas dans l’architecture rurale où se côtoient des bâtiments de formes variées dont les parties réservées à l’habitation des hommes recevaient généralement un enduit plus soigné, de même que certains bâtiments à caractère industriel, artisanal ou agricole. Cette évocation économique et sociale peut être maintenue à la faveur d’une mise en œuvre qui fait varier l’apparence des enduits, selon les bâtiments, du « couvrant » au « pierres-vues », et sa texture, du plus rustique à gros grains au plus fin, taloché serré.

Outre la texture, la tonalité de l’enduit offre aussi une indication, parfois subtile, en rapport avec la situation géographique du bâtiment. Les architectures des bords de Loire sont ainsi caractérisées par la finesse et la faible coloration des sables roulés et lavés de Loire, tandis que dans certaines régions, la présence d’argiles ou de terres colorées apporte des tonalités plus soutenues. Ces assemblages de sables et terres, étaient largement utilisés pour ajouter à la plasticité du mortier et à son hydraulicité, tandis que la teinte dans la masse qui en résultait n’apparaissait qu’avec la patine du temps. Aujourd’hui, le goût pour la matière conduit à « vieillir » prématurément l’enduit, par des techniques de brossage ou de lavage dans « le frais », rendues possibles grâce aux propriétés de la chaux aérienne.

Enfin, la réussite d’un ravalement de façade est largement tributaire de la précision du traitement des détails : l’intégration de coffrets électriques, le passage des réseaux, la nature et l’accroche des descentes d’eaux pluviales, l’ajout d’un contrevent, le traitement d’un angle ou d’un soubassement, la rencontre entre l’appui de fenêtre et sa menuiserie, le rapport des teintes entre elles, conditionnent l’équilibre et l’élégance de l’ensemble.

Tout ceci relève du souci, d’authenticité et de qualité, du maître d’ouvrage qui passe la commande, de la connaissance et de l’interprétation assurés en amont par le concepteur, et de la compétence de l’homme de l’art averti et expérimenté qui en assurera la réalisation.

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La variété des enduits dans l’architecture bretonne.Mickaël Delagrée, chargé de mission, Association Tiez Breiz - Maisons et Paysages de Bretagne

Les architectures vernaculaires* sont issues de logiques d’implantation, d’orientation, de volumes, de fonctions, de proportions, et d’utilisation de matériaux locaux.La pierre, le bois et la terre étaient les matériaux incontournables d’une construction. La chaux, du fait de la rareté du calcaire dans le sol breton, était parfois importée.Cependant, on la retrouve dans chaque maison ancienne, en chaulage, en rejointoiement, en enduits et plus rarement en mortier de hourdage*. Peu de maisons rurales étaient maçonnées à la chaux. La terre, plus disponible et plus économique, était le principal liant.

En façade, pour se protéger des intempéries, et afficher un peu de richesse, l’enduit à la chaux est devenu plus courant sur ces constructions à partir du milieu XIXe siècle. Plus accessible pour le paysan-constructeur, la chaux était parfois utilisée pour le décor de façade qui embellit et apporte une distinction.

Dans les Abers, ou sur les îles bretonnes, à Belle-île ou encore à Ouessant, les enduits s’imposaient du fait du climat sur l’ensemble des parois extérieures, même en scellement des ardoises en couvertures, pour se protéger des vents violents et humides qui frappaient les habitations.

De Loudéac (22) à Rennes (35), ou encore à Cherrueix (35) ou Lantic (22), dans des secteurs où la construction en bauge* domine, les façades exposées aux intempéries, au sud, mais aussi à l’ouest, recevaient des enduits pelliculaires à la chaux. La faible épaisseur de ces enduits était obtenue en appliquant, avec un balai de bouleau ou de genêt, le mortier de chaux qui était jeté ou balayé. Les aspects de l’enduit variaient, mais ces derniers participaient systématiquement à la protection des murs en terre. Ces enduits spécifiques, peu onéreux, légers et adaptés à la terre crue, ne sont que trop peu appliqués aujourd’hui, victimes de la perte de savoir-faire, des DTU qui ont prescrit l’enduit en trois couches, et d’un manque de regard sur notre patrimoine.

Pour se distinguer, dans les bourgs ou centres villes, on retrouve des maisons dont seule la façade sur rue était enduite. Cet enduit était couvrant et mettait en valeur le relief des modénatures saillantes (encadrements d’ouverture, bandeau*, chaînages d’angle, corniches) en pierre de taille (du pays ou rapportées). Une architecture composée qui s’inspirait de l’architecture savante*, affichant sa richesse ou sa fonction. Il en est de même pour les bâtiments communautaires, les mairies, les écoles, les églises, les presbytères, dont l’architecture dicte les choix de finition des enduits. La lecture des architectures et la connaissance des maçonneries s’avèrent donc indispensables, pour déterminer les surfaces à enduire, les sables a utiliser et les finitions adaptées.

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La transmission des savoirs et leur reconnaissancesont des préalables indispensables à la qualité des réalisations. Yannick Février, chargé de mission Patrimoine & Développement durable, CAPEB Pays de la Loire

Intervenir sur du bâti ancien, en entretien comme en restauration, exige des connaissances et des compétences spécifiques. Il faut en effet identifier, diagnostiquer, prescrire et réaliser des travaux avec des mises en œuvre et des matériaux souvent locaux et adaptés à ce bâti.

S’agissant des enduits à la chaux, le professionnel du bâtiment doit assurer la (re)decouverte ou la transmission de ces savoir-faire traditionnels. Leur maîtrise risquait de se perdre du fait des départs à la retraite, du développement des produits préformulés, mais aussi par l’absence du repérage organisé des compétences clés nécessaires à une transmission réussie.

Les partenaires du patrimoine, organisations professionnelles, organismes de formation, associations... ont donc repéré les bonnes pratiques et développé des outils pédagogiques et une offre de formations techniques, qu’elles soient initiales, (mention complémentaire, bac pro...) ou continues (stages) pour l’artisan comme pour ses compagnons.Les savoir-faire spécifiques ainsi acquis sont valorisés par des signes de reconnaissance : charte, label, qualifications... portés par ces mêmes partenaires.Ces savoir-faire à forte valeur ajoutée pour la mise en œuvre de la chaux associée à des matériaux locaux souvent naturels sont aussi adaptés à l’écoconstruction pour des matériaux sains ou bio-sourcés.

Enfin, ces savoir-faire permettent de soutenir ou développer localement l’activité économique, l’éco-fillière, l’emploi et l’attractivité des entreprises du bâtiment qui proposent des prestations de qualité pour un patrimoine local à l’intérêt culturel renforcé.

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Sommaire

1- Les caractéristiques d’un enduit ......... 15Définition et fonctions ...........................................................................16Performances de l’enduit .......................................................................18Conformité à une prescription et garanties légales ........................... 22

2- La chaux ........................................... 25Un liant : la chaux ..................................................................................26Chimie des liants ....................................................................................31 Terminologie .......................................................................................... 33 Réglementation ..................................................................................... 38Caractéristiques ..................................................................................... 41

3- Les sables .......................................... 47Définition et classification ....................................................................48Nature et forme .....................................................................................49Granulométrie ........................................................................................50Les fines .................................................................................................. 53Composer un bon sable pour le bâti ancien ....................................... 58Une démarche ........................................................................................59La réhabilitation des sables locaux ......................................................66

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5- Le chantier ........................................ 75L’objectif de l’intervention .................................................................... 77Le diagnostic du bâtiment ...................................................................80Le descriptif ............................................................................................82La préparation du support et du mortier ............................................84Les essais ............................................................................................... 90La mise en œuvre...................................................................................92Les situations particulières ..................................................................95Les finitions ............................................................................................98La coloration ........................................................................................ 102

4- Les autres constituants de l’enduit ..... 69L’eau ........................................................................................................70L’air ...........................................................................................................71Les adjuvants ......................................................................................... 72

6- Les fiches-chantier ........................... 107

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Peinture de la série « Paysages de Loire aux tireurs de sable », Messemin (1880-1844) - Musée de la Loire de Cosne-sur-Loire (58)

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Introduction

Quand et pourquoi réaliser un enduit à la chauxLes enduits à la chaux peuvent être réalisés sur tout type d’édifice, même contemporain, ne serait-ce que pour les qualités et la richesse des solutions esthétiques qu’offre ce matériau, à condition cependant de s’adapter au support, qu’il soit intérieur ou extérieur. Outre ces préoccupations d’aspect, les enduits à la chaux trouvent plus particulièrement leur justification dans le domaine des bâtiments anciens. La chaux a été le principal liant utilisé jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elle continue d’être le liant le mieux adapté à ces maçonneries à base de pierre et de terre. Elle présente en effet de nombreuses qualités que les liants contemporains n’ont pas su réunir pour ce type de support : adhérence, élasticité, plasticité, faible retrait, perméance. Sa microperméabilité favorise l’évaporation et les échanges hygrométriques à l’intérieur du mur tout en protégeant celui-ci des eaux de ruissellement. Enfin, elle présente un bon comportement au feu et une bonne isolation thermique et phonique. Elle procure un effet de transparence qui laisse ressortir la couleur des agrégats. Il nous a paru nécessaire de définir les fonctions et caractéristiques de l’enduit et de ses constituants avant d’aborder, à partir de cas concrets, la pratique par le chantier. Cet ouvrage traite uniquement des chaux aériennes et des chaux hydrauliques naturelles, considérant qu’elles constituent le matériau de base à utiliser par l’artisan dans un savoir-faire adapté.

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« Le mot « enduit » n’est pas exclusivement un terme de bâtiment. Il est principalement

utilisé en architecture, mais on le retrouve également en médecine. Cette similitude de langage entre les deux disciplines est

relativement fréquente. Les mots résonnent de l’une à l’autre produisant un écho

souvent riche de sens. En l’occurrence, il nous rappelle ici que l’enduit d’un

bâtiment n’est pas un simple élément rapporté sur une maçonnerie, mais qu’il

fait « corps » avec son support. Non seulement sa dégradation nuit à la santé

de l’édifice, mais sa composition a des conséquences sur la tenue dans le temps (la

longévité) de la maçonnerie. Dans ce pays de pierre, devant l’ampleur des problèmes

soulevés par la détérioration du tuffeau, la disparition d’un type d’enduit traditionnel

à la chaux peut apparaître comme un phénomène mineur. Il suffit cependant

d’y regarder de plus près pour constater les qualités du matériau et la beauté de

certaines finitions. Chaque type d’enduit est porteur d’une très longue expérience qu’il serait dramatique de laisser perdre.

Nous avons le devoir de la poursuivre bien au-delà de la conservation. Cette

expérience, nous devons la transmettre à nos enfants, enrichie d’un savoir que nous

aurons développé : « que la maison soit encore plus belle quand nous la quittons

qu’au moment de notre arrivée »1

Alain Marinos, Architecte et Urbaniste en chef de l’État.

Le rôle majeur des sablesLe choix d’un sable pour la réalisation d’un mortier n’est pas un acte neutre.Le sable représente 80% de la masse d’un mortier d’enduit. Vitruve, dans son traité de construction, soulignait déjà l’importance de ce choix il y a 2000 ans. Au cours des siècles qui nous séparent de cet ouvrage, nous avons expérimenté de nouvelles techniques et de nouveaux constituants.Aujourd’hui, le sable c’est toujours 80% de la masse d’un mortier. Son rôle et ses effets varient, parfois à l’extrême, selon la nature du liant utilisé.

Dans un mortier réalisé avec des chaux naturelles :RésistanceLe sable constitue l’ossature des mortiers tandis que les parties les plus fines participent à leur plasticité tout en contribuant à la résistance mécanique.ColorationL’effet de transparence de la chaux laisse ressortir la coloration des sables utilisés.Variation de l’aspectLe bâtiment ancien est caractérisé par la diversité des matériaux, souvent locaux, qui le constituent et la technique de l’artisan qui les a mis en œuvre. La variété des agrégats utilisés (forme, taille, répartition, couleur, mise en œuvre) personnalise l’aspect du mur.

Dans un mortier réalisé avec des ciments et chaux hydrauliques artificielles :Fonction de masseLe ciment assure à lui seul la résistance du mortier. Le sable doit être le plus neutre possible.Neutralité de couleurLes ciments sont opaques et colorent uniformément de leur teinte, souvent grise, les mortiers.UniformitéL’industrialisation uniformise les composants et leur mode d’application en vue d’obtenir des « standards » qui puissent s’appliquer partout. L’artisan devient alors applicateur.

L’homogénéité et la neutralité demandées pour les mortiers au ciment ont su trouver rapidement leur réponse dans l’industrialisation « d’un sable » uniformisé. A contrario, les enduits réalisés à partir de chaux naturelles nécessitent l’emploi de « sables » variés dont le choix est déterminant dans l’aspect et la qualité de l’enduit. Ce choix est basé sur des éléments de connaissance historique, scientifique, technique et économique que cet ouvrage propose de mettre à jour.

1 - Extrait de Georges Steiner« l’homme invité de la vie »,

Documentation française, 1997.

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« Or dans les maçonneries de moellon, d’abord il faut s’enquérir du sable. Qu’il soit propre au corroyage* du mortier et ne contienne pas de terre mélangée.Or les genres des sables de carrière sont ceux-ci : le noir, le blanc, le rouge, le tuf noirâtre. Parmi eux celui qui, frotté dans la main, sera criant sera excellent. Au contraire, celui qui sera terreux n’aura pas l’âpreté (du son). De même le sable terreux, jeté sur étoffe blanche, puis chassé par secousse ou par choc : s’il ne l’a pas souillée et que de la terre n’y soit pas restée, il sera convenable.Mais s’il n’y a pas de carrière d’où le sable puisse être extrait, alors, il faudra tamiser du sable extrait des cours d’eau ou provenant du gravier. Au besoin même du rivage de la mer. Mais celui-ci a dans les maçonneries, les défauts suivants : il sèche difficilement et le mur ne comporte pas une exécution qui fait croître la charge* d’une manière continue, mais doit se reposer par intermittence, et ne résiste pas à l’effort des voûtes. Et le sable marin, en plus de cela, a encore cet inconvénient : que les parois lorsque des enduits leur auront été appliqués, rejetant la salure, détachent la croûte d’enduit. Au contraire les sables de carrière employés en maçonneries sèchent rapidement. Et les enduits se maintiennent.

Et les maçonneries résistent à l’effort des voûtes : mais seulement ceux qui sont récemment extraits des carrières ; si en effet, après leur extraction, ils séjournent trop longtemps, brûlés par le soleil et la lune et la brume ils se désagrègent et deviennent terreux. A cet état, lorsqu’ils sont incorporés à la maçonnerie, ils ne peuvent maintenir les moellons ; mais ceux-ci s’écroulent et tombent, et les parois ne peuvent supporter les charges. Par contre, ces sables de carrière récemment extraits, tandis que dans les maçonneries, ils ont de si grands avantages, dans les enduits ne conviennent pas.Parce que la chaux ayant de la paille mêlée à sa pâte ne peut, à raison de la violence de sa prise, sécher sans fente.Au contraire, le sable de rivière, à raison de sa ténuité*, prend dans les enduits, comme le béton damé, de la solidité sous les coups de battes*. »

Vitruve 3, 1er siècle av. J-C.« Du sable et de ses espèces » Livre II, chapitre IV3- Vitruve, architecte romain du 1er siècle av. JC, auteur du Traité « De Architectura », principal écrit qui nous est parvenu de cette période concernant l’architecture, les matériaux et les procédés de mise en œuvre. Auguste Choisy est un auteur de l’une des traductions de l’ouvrage de Vitruve.

Un sable, des sablesAu cours des siècles qui nous précèdent, les maçons avaient acquis, par l’expérience et la transmission des savoirs, un ensemble de données qui leur permettait d’utiliser le sable local dans l’élaboration d’un mortier de qualité. Il en est pour preuve de nombreux enduits anciens à la chaux, encore en place aujourd’hui et en bon état.Les sables utilisés étaient extraits localement sans traitement spécifique. Un sable tiré du sol était juste passé à la claie* pour ôter les végétaux et les trop gros éléments. Quant au sable de rivière, il était récolté là où l’eau l’avait tamisé. L’appellation de « sable » intégrait les grains de gros diamètre et les cailloux qui donnaient des nuances de couleur et cassaient l’uniformité de la surface, ainsi que des particules très

fines qui coloraient le mortier et influaient sur sa prise et sa plasticité.De tous temps, des recherches ont été menées (nature et traitements des sables, obtention de la chaux, préparation des mortiers) pour perfectionner ces maçonneries. C’est au début du XIXe siècle, à la suite des travaux de Vicat2 sur le classement des liants suivant leur hydraulicité, et de la découverte du ciment, que disparaîtra progressivement l’usage de la chaux et donc des savoirs et pratiques qui lui étaient associés.

2 - Vicat Louis-Joseph (1786-1861), ingénieur des Ponts et Chaussées. Il apporte dès 1813 des notions précises des causes et mécanismes de l’hydraulicité, c’est-à-dire du durcissement des liants sous l’eau, ce qui conduira à la découverte et à la fabrication des ciments artificiels.

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Les caractéristiques d’un enduitDéfinition et fonctions ...........................................................................16Performances de l’enduit .......................................................................18Conformité à une prescription et garanties légales ........................... 22

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L’enduit fait partie du tout qu’est la maçonnerie, inscrite elle-même dans un ensemble architectural. Fonction esthétique et fonction technique sont indissociables.L’enduit doit protéger la maçonnerie sans l’altérer. La protection se manifeste à la fois à la surface et dans l’épaisseur du mur. Le mur possède des propriétés qui dépendent de la nature des matériaux utilisés, des mortiers les unissant et de l’épaisseur de la maçonnerie. L’enduit complète ses propriétés et contribue à l’effet esthétique de l’édifice dans lequel s’inscrit cette maçonnerie. Le mur doit donc être compris dans sa globalité. S’agissant d’un ouvrage existant, la nature du mur oriente fortement le choix du type d’enduit et de finition. Mais c’est aussi le choix préalable de l’aspect final d’un bâtiment qui guide la façon d’appareiller*, la nature des matériaux à mettre en œuvre, les finitions et la mise en valeur de certains éléments de la maçonnerie.

L’enduit protègeIl protège des agressions extérieures une maçonnerie parfois fragile. Il joue un rôle d’écran pour limiter les réactions chimiques entre l’air et les constituants de la maçonnerie. Mais il doit également laisser respirer l’ouvrage et permettre l’évacuation de l’humidité interne. Il doit limiter les effets de la circulation d’eau à l’intérieur du mur : • éviter l’entraînement par lessivage des éléments constitutifs, tels que la terre utilisée pour maçonner,• freiner la pénétration des eaux de pluie pour améliorer le confort intérieur et éviter la désagrégation due au gel.

L’enduit donne à voirIl revêt le bâtiment et accompagne souvent la composition architecturale. Avec les percements et l’ensemble des matériaux visibles, il influe sur l’aspect général : texture, coloration, lumière, patine, etc.Il permet également de redresser des parements et de les homogénéiser.

Définition & fonctions1 - Les

caractéristiquesd’un enduit

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Varier les techniquesTraditionnellement l’enduit intérieur était exécuté à partir des matériaux locaux (les sables, la terre, etc.) mais tenait compte aussi de la vocation des bâtiments. Ainsi, les murs des dépendances et greniers reçoivent un enduit à pierres-vues recoupé, réalisé au moindre coût. Dans les pièces de vie, l’enduit est plus élaboré et recouvre toute la maçonnerie à l’exception des parements en pierre de taille. Régulièrement, pour assainir et rendre propre, on le revêt d’un badigeon* blanc ou coloré suivant les moyens, le goût, voire la mode. Aujourd’hui, pour répondre aux exigences thermiques et de confort, tout en conservant l’esprit de patrimoine, on utilise des enduits de chanvre et de chaux, permettant les mêmes finitions.L’artisan peut aussi utiliser des techniques originaires d’autres régions : les enduits méditerranéens, plus décoratifs, à base de poudres de pierres mélangées à la chaux, ne craignant pas l’humidité, peuvent remplacer avantageusement les faïences dans les endroits humides. Pour apporter plus de décor, l’enduit à la chaux constitue le fond idéal des frises et autres dessins au pochoir ou au poncif. Mais surtout, la fresque, reine des techniques des peintures murales, ne conserverait pas sa fraîcheur pendant des siècles, sans cette alchimie entre l’enduit du maçon et les terres colorantes du peintre qu’il dépose sur le mortier encore frais.

Pierre Blandin, artisan Terre, chaux & décors, Plessé (44).

Retrouvez le geste Avant, les maçons faisaient un enduit qui était d’abord une protection. Ils faisaient bien avec des matériaux locaux, et il se trouve que ce qui était ainsi réalisé nous plaît car parfaitement adapté à la construction et en harmonie avec le paysage bâti et naturel.Pendant des décennies, les techniciens ont voulu, ont dû, partir des bases nouvelles en reniant tout ce qui se faisait par le passé.Actuellement, après avoir constaté les dommages causés sur les bâtiments anciens par l’emploi inconsidéré et systématique du ciment, nous revenons à des techniques et des matériaux adaptés, utilisés jusqu’au début du siècle par des maçons qui les maîtrisaient parfaitement. Certains hommes de métier retrouveront facilement le geste et la manière ; d’autres, plus jeunes auront à apprendre.

Chaux aérienne et techniques de mise en œuvre. Association Tiez Breiz, Maisons et Paysages de Bretagne. 1981.

Les enduits intérieursIls complètent la protection des murs en constituant, parfois mêlés à des isolants spécifiques, le revêtement intérieur de l’habitation. Peu soumis aux conditions climatiques, ils offrent une variété et une liberté de traitements, constitutions et finitions, en permanente évolution. Des techniques de l’enduit à celles de la fresque, le champ de la création est large, captant la

lumière, épousant l’architecture intérieure, sa volumétrie, ou, au contraire, recouvrant le volume initial d’un décor, d’un revêtement. L’artisan, l’homme de l’art, exerce dans ces techniques un prolongement de leur talent et de leur savoir-faire. Une activité qui permet à l’entreprise de maçonnerie d’exercer, même en période d’intempéries.

L’enduit protecteur unifie la façade et favorise la lisibilité de son architecture.

Badigeon* sur enduit restauré.

Enduit à la chaux taloché.

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La tenue au supportL’enduit tient au support selon deux principes simultanés :• l’accrochage par les formes (liaison mécanique),• l’adhérence entre les matériaux (liaison physico-chimique).Cette liaison varie selon la nature du parement à enduire :• un parement plan : pierre de taille et joints dans le plan de la pierre, pisé*, bauge*, brique, etc.• un parement irrégulier : maçonnerie de moellons et joints en creux. La composition de l’enduit et la technique de mise en œuvre seront adaptées à la morphologie de la surface à enduire pour bénéficier au mieux des deux modes de liaison.

Performances de l’enduit

À chaque type de matériau une cohérence de mise en œuvre :• L’accrochage par les formes C’est le principe le plus couramment observé sur les maçonneries anciennes de nos régions. Le mortier doit pénétrer profondément dans les aspérités de l’ouvrage par les joints. Il tient ainsi par « accrochage mécanique* » sur les blocs qui constituent le mur. L’adhérence sur les matériaux qui constituent le corps du mur étant faible, le revêtement travaille indépendamment de ceux-ci aux variations de température et d’hygrométrie, sans risque de fissuration.

• L’adhérence entre les matériaux Pour les maçonneries sans relief et certains supports tendres, l’adhérence peut être favorisée par le passage d’une couche d’accroche au lait de chaux. Pour obtenir une continuité de l’ensemble, un crépissage* avec une barbotine* ou « gobetis » est réalisé. Un piquetage préalable est parfois nécessaire.

Accrochage d’un enduit à la chaux sur un mur en pierres à joints larges peu résistants. D’après une étude et des illustrations réalisées par le Pact-Arim du Languedoc-Roussillon. Chargé d’études Luc NEPLES. mars 1995.

Continuités : 1 - entre le nouveau joint et l’ancien, 2 - entre le joint refait et le corps d’enduit,3 - entre les passes d’enduit.

Accrochage par la porosité* « micro-mécanique ».

Accrochage épitaxique

chaux/pierrefaible.

ANCIEN JOINT.

PIERRE.

CORPS D’ENDUIT.

NOUVEAU JOINT.

Peu ou pasde collage entrel’enduit etla pierre.

Le plus important : l’accrochage

macro-mécanique par les joints.

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1 - Lescaractéristiques

d’un enduit

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Nature du mur L’imperméabilisation est assurée par :

Le contrôle de la perméabilitéest favorisé par :

Mur épais, maçonnerieextérieurenon enduite.

la maçonnerie • l’épaisseur du mur,• un appareillage serré et dressé de façon à favoriser le ruissellement, • des joints minces, • une architecture qui protège le mur : débords, retroussis*, larmiers*, coyaux*....• la nature du matériau.

Mur épais, maçonnerie rejointoyéeou enduite.

le complexe maçonnerie + enduit

• l’épaisseur du mur, • un appareillage serré, • une passe d’enduit dressé ou mis en œuvre de façon à favoriser le ruissellement (ex. : une passe d’enduit prise dans le mortier de pose du mur afin d’assurer une continuité avec celui-ci), • un enduit fonctionnant comme une tuile : - il se sature en eau, - l’eau en surplus ruisselle, - il sèche très rapidement. • une architecture qui protège le mur.

Mur de faible épaisseur,maçonnerie enduite,rupture étanche en pied d’ouvrage.

l’enduit • un enduit qui favorise l’imperméabilité en 2 ou 3 couches, comprenant le corps d’enduit et une finition serrée, • des murs soigneusement montés, • une architecture qui protège les murs. (appuis, couvertines, acrotères, etc.)

La technique du badigeon* et celle de la fresque reposent sur une liaison

physico-chimique entre les matériaux.

Sur un parement en moellon, l’accrochage se réalise par les formes, en particulier

dans le creux des joints en partie repiqués.

Enduit pelliculaire à la chaux posé au balai sur un mur en bauge*

La perméabilitéLa plupart des maçonneries anciennes contiennent une humidité permanente, de taux variable. Elles fonctionnent « naturellement » avec des transferts d’eau. Elles ne se dégraderont pas tant que ceux-ci ne seront pas bloqués. L’enduit doit freiner la pénétration des eaux de pluie sans bloquer l’évacuation des eaux condensées et des eaux internes au mur (sources de salpêtre et de tâches blanchâtres lorsqu’elles ne sont pas éliminées). L’enduit doit rester perméable à la vapeur d’eau.

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Perméance* et capillarité* On parle de perméance* pour les échanges sous forme de vapeur d’eau et de capillarité* pour les remontées à l’état liquide. Une perméance* élevée doit toujours être recherchée.La porosité* d’un matériau est due à la présence de pores. Mais, selon les matériaux, ces pores sont plus ou moins reliés entre eux par des pores canaux, de diamètres différents, qui forment des réseaux capillaires*. Ils influent sur les remontées d’humidité en favorisant le passage de l’eau. Il est vraisemblable que le serrage ou le talochage (de bas en haut dans le mouvement appuyé) favorise la formation de capillaires* préférentiellement dans l’une des directions, verticale ou horizontale.On observe que les transferts d’eau par capillarité* augmentent avec le dosage en chaux aérienne. À l’inverse, ceux-ci sont affectés par l’utilisation de liants hydrauliques et disparaissent progressivement avec l’apport de produits hydrofuges. L’enduit d’imperméabilisation est une notion récente, généralement incompatible avec le

bâti ancien car il empêche le mur de « respirer » en bloquant les transferts en eau à l’intérieur du mur.En cas de blocage des transferts hydriques* par l’enduit, notamment s’il s’agit d’un enduit hydraulique, la zone humide remonte dans le mur mettant au passage en solution divers composés solubles (eau + sels). Dans ce cas :• sur les surfaces dites chaudes (ensoleillées ou soumises à un vent quasiment parallèle au mur), il se produit une évaporation du solvant (l’eau) tandis qu’apparaît, sous la forme d’efflorescence, la fraction solide de ce solvant (sels).• sur les surfaces dites froides (zones toujours à l’ombre), il y aura condensation ou humidité permanente, situation favorable au développement de micro-organismes.Les enduits à la chaux, du fait de leur propriété capillaire* et de la présence d’ions calcium dans les eaux capillaires*, permettent d’éviter ces désordres.

Vue d’un mortier de chaux en microscopie à balayage. Cette vue fait apparaître un réseau

complexe constitué d’enchevêtrements de particules et de fibres qui donnent une rigidité à l’ensemble.

Cette structure présente une grande porosité* et un aspect cristallin.

Cliché Michel Rotureau. Laboratoire de cristallographie. Institut des sciences de la terre.

Université d’Orléans.

Les contraintes mécaniquesLe revêtement doit posséder la même souplesse que le mur qu’il revêt. Une résistance à la compression proche de celle des éléments les plus faibles de ce mur, c’est-à-dire des joints, sera recherchée. Lors de la liaison entre deux matériaux, l’un dur et l’autre tendre, c’est le matériau le plus tendre qui subit le premier les dégradations. C’est particulièrement le cas pour les pierres calcaires tendres telles que les tuffeaux. Par contre, l’élasticité la plus grande sera retenue. Les chaux aériennes, CL et DL4, satisfont à ces exigences.

Pores canaux

Pores fermés

Des capillaires* relient les pores entre eux favorisant la circulation de l’eau. 4 - Voir classification des chaux de construction page 40.

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L’enduit, protecteur du mur, doit posséder des caractéristiques de résistance inférieures à celles des blocs employés et un coefficient de capillarité* supérieur.

La résistance à l’usureLes enduits doivent résister à deux types de sollicitations qui nécessitent une dureté de surface :

• les sollicitations mécaniques : frottements et chocs de toutes natures, particulièrement en rez-de-chaussée, lessivage et entraînement de matières par les eaux de pluie, chocs thermiques.

• les réactions chimiques : dissolution et transport des éléments liants par la « mise en solution » dans l’eau (la chaux carbonatée* reste faiblement soluble).On cherchera donc à obtenir une dureté de surface, dans un délai le plus court possible. On utilisera des techniques appropriées au support qui maintiennent une évaporation correcte de l’eau et donc un temps de séchage le plus court possible. Il faut cependant prendre garde à ne pas procurer à l’enduit des résistances mécaniques trop importantes qui entraîneraient des désordres tels que décollement, fissuration, arrachement, et qui nuiraient à la tenue, dans le temps, de l’ensemble de la maçonnerie. Le compromis permettant de satisfaire ces contraintes peut être trouvé dans le choix des liants et des procédures d’application.

Généralement sollicités, les soubassements nécessitent un traitement particulier.

Un entretien périodique par chaulage* ou badigeon* prolonge l’action de l’enduit.

Dureté de surface et choix du liantQuelques règles simples sont à respecter :• apporter aux mortiers la résistance nécessaire en utilisant des sables appropriés qui contiennent si nécessaire des matériaux de renfort tels que terre cuite concassée, faible pourcentage d’argile...• conserver la couche superficielle de l’enduit. La laitance de chaux et la couche cristalline, obtenue par carbonatation*, qui se sont formées à la surface lors de l’application, participent à sa protection. • serrer* la couche superficielle avec la taloche ou le dos de la truelle.• si besoin, effectuer un apport simultané de chaux par graissage*, badigeon* ou chaulage* afin de renforcer la couche superficielle, de nourrir la zone sujette aux migrations et de freiner le processus d’érosion.

• dans un environnement trop agressif, il peut être nécessaire de recourir à l’utilisation de liants qui présentent de bonnes résistances mécaniques, dans les limites de la compatibilité avec l’édifice. Les chaux hydrauliques de classe 5 (NHL 5) apportent de trop fortes résistances, entre 5 et 15 MPa. Les chaux hydrauliques de classe 2, avec des résistances comprises entre 2 et 5 MPa paraissent plus adaptées. Celles de classe 3,5 sont à utiliser avec précaution car elles présentent des résistances pouvant aller de 3,5 à 10 MPa. (voir p43)• entretenir périodiquement la surface de l’enduit par des chaulages* ou badigeons* qui compenseront les actions de dissolution, les lavages provoqués par les pluies et les remontées capillaires*. L’habitude du chaulage* des bâtiments qui perdure encore en milieu rural allait dans ce sens.