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LES ANIMAUX DANS LES SITUATIONS D’ACCUEIL DE … · Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés 5 Glossaire Brucellose – Zoonose bactérienne pouvant atteindre toutes

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LES ANIMAUX DANS LES SITUATIONSD’ACCUEIL DE REFUGIES

UN MANUEL PRATIQUE POURUNE MEILLEURE GESTION

DES ACTIVITES D’ELEVAGE

Remerciements

Notre précieuse reconnaissance est addressée à l’Union mondiale pour la nature (UICN) à Gland, Genèvepour leur expertise et compétence dans la révision de ce manuel pratique pour une meilleure gestion desactivités d’élevage des animaux dans les situations d'acceuil de réfugiés.

Nous exprimons nos remerciements aux coordonnateurs et agents de liaison responsable des activités pourl'environnement sur le terrain et également aux autres collègues pour la pertinence de leurs commentaireset de leurs contributions à la réalisation de cette publication.

Illustrations préparées par Dorothy Migadee, Nairobi, Kenya.

Image couverture et arrière-plan : ©Irene R Lengui/L’IV Com Sàrl, Morges, Suisse.

Conception graphique : L’IV Com Sàrl, Morges, Suisse.

Imprimé par : SroKundig, Genève, Suisse.

Produit par l’Unité de l’environnement, Section de l’appui technique, HCR Genève, et l'UICN, août 2005.

2 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Table des matières

Glossaire et Acronymes 5

Résumé 7

1. Conduite des élevages au cours des opérations d’aide aux réfugiés 91.1 Introduction 91.2 Les activités d’élevage au cours des opérations d’accueil de réfugiés 10

2. Objectifs et mode d’emploi 142.1 Introduction 142.2 Comment utiliser ce manuel 14

3. La gestion des activites d’élevage : quelques considérations de base 163.1 Introduction 163.2 Règles et règlements juridiques et coutumiers 173.3 Des animaux adaptés aux conditions 173.4 Impacts couramment associés à la présence d’animaux domestiques 18

3.4.1 Quelques effets positifs de la présence d’animaux domestiques 183.4.2 Quelques impacts négatifs de la présence d’animaux domestiques 19

3.4.2.1 Répercussions sur les ressources naturelles 193.4.2.2 Conflits sociaux 203.4.2.3 Répercussions sur la santé publique 21

3.5 Mesures de prévention et de lutte contre les maladies 223.5.1 Les maladies les plus courantes des animaux d’élevage 223.5.2 Préserver la santé des animaux 253.5.3 Eviter les problèmes de santé publique 28

3.6 Stabulation 293.7 Capacité de charge du milieu 303.8 Concurrence pour les ressources 32

4. Gestion appliquée des cheptels : quelques options pour améliorer les systèmes d’élevage 334.1 Introduction 334.2 Systèmes de production animale 334.3 Stratégies de pacage adaptées à la capacité de charge 374.4 Complémentation alimentaire et amélioration des pâturages 404.5 Systèmes mixtes de polyculture-élevage 43

4.5.1 Qu’est-ce qu’une exploitation mixte de polyculture-élevage ? 434.5.2 Les avantages des systèmes mixtes intégrés 44

4.6 Recherche des races les mieux adaptées 444.6.1 L’élevage laitier 454.6.2 Les animaux de travail 464.6.3 Les petits ruminants : caprins et ovins 464.6.4 Les volailles 474.6.5 Les poissons d’eau douce 474.6.6 Autres espèces 48

3Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

4.7 Promouvoir l’autosuffisance par une amélioration de la production animale 484.7.1 Génération de revenu par le petit élevage 494.7.2 Races et amélioration génétique 494.7.3 Animaux en environnement urbain 50

4.8 Programmes de reconstitution des cheptels 50

5. De la théorie à la pratique 525.1 Evaluer les besoins et les possibilités 52

5.1.1 Tirer au clair les règles et les droits 525.1.2 Les parties en présence 535.1.3 Caractéristiques de la région 555.1.4 Assembler les pièces du puzzle 55

5.2 Soutenir les activités d’élevage 565.2.1 Le soutien aux activités de formation et de conseil 565.2.2 Le suivi 57

6. Références et compléments de bibliographie 59

Annexe I Des animaux adaptés à chaque situation 61

Annexe II Gestion des cheptels dans les situations d’accueil de réfugiés : aide-mémoire pratique 73

Annexe III Indicateurs utiles pour l’estimation des risques environnementaux fréquemment associés aux activités d’élevage dans les situations d’accueil de réfugiés 75

Annexe IV La transformation des produits d’origine animale 76

4 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

5Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Glossaire

Brucellose – Zoonose bactérienne pouvantatteindre toutes les espèces domestiques et que leshumains peuvent contracter en consommant dulait d’animaux infectés. La maladie, à l’origine defièvres intermittentes rappelant le paludisme (oumalaria), est difficile à diagnostiquer chez leshumains, chez lesquels les symptômes sont varia-bles, différents organes internes pouvant êtreaffectés. Chez les femmes, la brucellose entraînedes avortements ; chez les hommes, elle provoquesouvent une inflammation des testicules. Bouillirle lait permet de détruire complètement les bacté-ries (voir aussi zoonose).

Capacité de charge – Le nombre d’animauxauxquels un territoire donné est capable de subve-nir sans porter atteinte à l’équilibre entre la croissance des végétaux qui s’y trouvent et la pro-duction animale.

La tragédie des biens communs – Une expres-sion économique décrivant le processus par lequeldes biens communs sont surexploités par des indi-vidus. Elle fait référence à un épisode de l’histoirebritannique au cours duquel des terrains commu-naux accessibles à tous furent surpâturés par destroupeaux privés.

Maladies à transmission vectorielle – Maladiesdont la transmission s’effectue par l’intermédiairede vecteurs (insectes, mollusques, rongeurs, etc.).

Maladies endémiques – Maladies attachées à unterritoire particulier à l’intérieur duquel leur pré-valence, au sein d’une population animale don-née, est régulière et prévisible (voir aussi maladiesépidémiques).

Maladies épidémiques (épidémies) – Maladiesdont la prévalence au sein d’une population ani-male s’accroît transitoirement ; les flambées épidé-

miques sont circonscrites dans le temps et dansl’espace, mais tendent à se propager vers d’autresterritoires (voir aussi maladies endémiques).

Maladies transmises par le sol – Maladies dues à des agents pathogènes très résistants auxconditions climatiques (telles que la chaleur et lasécheresse) et capables de survivre longtemps dansle sol.

parasites externes – Parasites qui vivent sur lapeau ou dans le pelage des animaux.

Parasites internes – Parasites vivant dans le sang,les tissus ou le système digestif des animaux qu’ils infestent (par exemple vers ronds, ténias,trypanosomes, etc.).

Pastoralisme – Système de production agricoleaxé sur l’élevage extensif en parcours naturels(voir aussi transhumance).

Races exotiques (ou importées) – Races non-indigènes (par exemple, en Afrique et en Asie, lesraces européennes, américaines ou australiennes,ou encore des races provenant d’autres régions ducontinent).

Ruminants – Espèces animales herbivores carac-térisées par leur mode de digestion particulier, faisant intervenir plusieurs poches stomacalesdans lesquelles les aliments fermentent. Ces ani-maux sont capables de digérer la cellulose desplantes, qui ne peut être assimilée par les humainset les autres espèces herbivores ou omnivores(notamment les porcs et les volailles). Les rumi-nants comprennent les bovins (vaches et zébus),les buffles, les ovins (moutons), les caprins (chèvres), les camélidés (dromadaires et cha-meaux) et de nombreuses espèces sauvages (dontles antilopes et les cerfs). L’expression « petitsruminants » fait référence au groupe constitué parles ovins et les caprins.

Sous-produits agricoles – Résidus de la trans-formation de produits agricoles, par exemple tourteaux de graines oléagineuses, son de riz,mélasse ou levure de bière.

Traitement prophylactique – Administrationde médicaments vétérinaires à des animaux neprésentant pas de symptômes particuliers, dans le

i

but de prévenir la survenue d’une maladie ou delimiter l’incidence économique d’une maladiedont la prévalence est élevée (par exemple, les trai-tements préventifs contre certains parasites)(voiraussi parasites externes, parasites internes).

Transhumance – Système de production animalereposant sur le déplacement saisonnier des trou-peaux. Ce terme remplace aujourd’hui celuimieux connu de “nomadisme”, car il est désormaisbien établi que la plupart des familles qui migrentavec leurs bêtes ont un campement de base auquelelles reviennent régulièrement. Le nomadismeproprement dit, qui désigne le mode de vie degroupes humains et de troupeaux se déplaçantconstamment sans enracinement local, est trèsrare à l’heure actuelle.

Unité bovine tropicale (UBT) – Mesure baséesur les besoins alimentaires d’une tête de grosbétail (vache allaitante de 250 kg) ou du nombrecorrespondant de petits animaux.1 UBT équivautégalement à 1 camélidé ou à 10 ovins (ou caprins).

Zone à climat humide – Zone dont la pluviomé-trie annuelle est supérieure à 1500 mm (voir aussizone aride, zone semi-aride, zone à climatsubhumide).

Zone à climat subhumide – Zone dont la pluviométrie annuelle est comprise entre 1000 et1500 mm (voir aussi zone aride, zone semi-aride,zone à climat humide).

Zone aride – Zone recevant moins de 500mm deprécipitations annuelles (voir aussi zone semi-aride,zone à climat subhumide, zone à climat humide).

Zone semi-aride – Zone dont la pluviométrieannuelle est comprise entre 500 et 1000 mm (voiraussi zone à climat subhumide, zone à climathumide, zone aride).

Zoonoses – Maladies pouvant atteindre à la foisdes animaux et des humains et qui peuvent setransmettre des premiers aux seconds et vice versa.

6 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Acronymes

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agricultureha hectareHCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés km kilomètremm millimètreOIE Office international des épizootiesONG Organisation non gouvernementaleUBT Unité bovine tropicale

Résumé

Les animaux domestiques font fréquemment par-tie du paysage dans les situations d’accueil de réfu-giés et, bien souvent, constituent l’objet centralautour duquel gravitent une bonne partie des acti-vités de tous les jours. Du fait de la gamme impor-tante des produits qu’ils fournissent, ils tendent enoutre, dans le cadre des rapatriements, à êtreconsidérés comme un atout fondamental.

En sus des produits animaux figurant dans letableau ci-dessous, il existe de nombreuses raisonsd’encourager une pratique rationnelle de l’élevagedans les situations d’accueil de réfugiés et de rapa-triés, en particulier :

➤ L’atténuation des répercussions négatives decertaines espèces animales sur l’environne-ment;

➤ La réduction des conflits entre réfugiés etpopulations locales au sujet de l’exploitationdes ressources ;

➤ La création de nouvelles possibilités d’amélio-rer la sécurité de subsistance des réfugiés et desrapatriés ;

➤ La promotion d’activités commerciales cen-trées sur l’élevage ;

➤ La prévention des maladies et de leur propaga-tion à d’autres troupeaux comme aux popula-tions humaines ; et

➤ L’obtention de produits animaux garantis pro-pres à la consommation humaine.

Qu’il s’agisse de réfugiés ou de rapatriés,cependant, les activités d’élevage sont susceptiblesd’être confrontées à des contextes extrêmementvariés, entre leur interdiction pure et simple etleur autorisation plus ou moins officielle, en pas-sant par divers degrés de tolérance. Toutefois, dèslors que des animaux domestiques sont présents, ily a raisonnablement lieu de s’attendre à des réper-cussions sur les situations environnementales,sociales et économiques des communautés deréfugiés ou de rapatriés.

Bien que les activités d’élevage, dans les situa-tions liées à l’accueil de réfugiés, aient un rôlepotentiel considérable à jouer sur le plan de l’amé-lioration du bien-être et de la sécurité des moyensd’existence, elles sont généralement peu réglemen-tées. Il en résulte que les populations locales expri-ment bien souvent des doléances à leur encontre,portant sur la concurrence pour les ressourcesnaturelles (notamment les parcours et les pointsd’eau) et les problèmes sanitaires posés par lebétail. Par ailleurs, les troupeaux de grande tailleattirent souvent les malfaiteurs, dont la présenceest à même de déstabiliser le cours normal desopérations d’aide aux réfugiés ou aux rapatriés.

La publication, en 1998, de l’ouvrageLivestock in Refugee Situations (les animauxdomestiques dans les situations d’accueil de réfu-giés), signa la première tentative du HCR pouraborder les préoccupations les plus fréquemmentassociées aux pratiques d’élevage dans ce type desituation. Aujourd’hui, des expériences ayantentre temps été tentées et de nouvelles approchesétant désormais reconnues, ce premier manuelapparaît trop étroit dans sa définition pour pou-voir aider de manière satisfaisante le personnel etles organismes partenaires chargés de l’encadre-ment dans ce secteur. Le présent ouvrage, intituléLes animaux dans les situations d’accueil deréfugiés : un manuel pour une meilleure ges-tion des activités d’élevage, a été préparé par leHCR dans le souci de rechercher les systèmesd’élevage et de gestion des cheptels les mieuxadaptés au contexte des opérations d’aide auxréfugiés et aux rapatriés. Ce livre, conçu pour êtreun guide pratique à l’attention d’un large éventaild’utilisateurs, vient combler l’importante lacunequi subsistait encore dans la panoplie d’outils etde directives dont dispose le personnel du HCR etde ses partenaires de mise en œuvre.

7Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

abeillespoissonslapinsvolaillesporcsovinscaprinsbovinscamélidés

Produits alimentaires

mielviandeviandeviande, oeufsviandeviande, laitviande, laitviande, lait, sangviande, lait

Autres produits

cire d’abeilleengrais à base de déchetspeaux, fumierfumierfumierpeaux, fumierpeaux, fumierpeaux, fumierpeaux

UTILISATIONS COURANTESTYPES D’ANIMAUX

Pour les besoins de gestion et pour éviter oulimiter les dégradations environnementales touten préservant les relations avec les populationsd’accueil et les différents organes de l’Etat hôte, lesactivités d’élevage et leur conduite doivent êtreprises en considération dès les premiers stades desopérations, puis périodiquement re-examinées parla suite.

Le présent manuel, essentiellement destinéau personnel gestionnaire et généraliste et non pasaux zootechniciens et autres experts en conduited’élevage, se propose, en s’appuyant le cas échéantsur des expériences concrètes, d’examiner quel-ques-uns des impacts les plus couramment associés à la présence d’animaux domestiques,

d’attirer l’attention sur les problèmes à résoudre etde proposer une série d’options qui peuvent êtreappliquées ou adaptées à des situations données. Il y est particulièrement tenu compte du fait queses lecteurs œuvreront aux côtés de personnes susceptibles d’avoir déjà l’habitude de travailleravec des animaux. En effet, les peuples pasteurs debien des pays d’Afrique et d’Asie centrale ont unelongue tradition d’élevage et de pratiques ration-nelles en matière de soins. Les lecteurs de cemanuel doivent donc être préparés à apprendre deces dépositaires de savoirs ancestraux, mais égale-ment à aider et à conseiller les propriétaires detroupeaux et autres sur les éventuelles alternativesqui pourraient se présenter ou s’imposer dans cer-tains cas.

8 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

9Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Conduite des élevages aucours des opérationsd’aide aux réfugiés

1.1 Introduction

Les animaux domestiques – expression qui recou-vre ici les bovins, chevaux, ânes, volailles et autresanimaux entretenus pour la production ou le tra-vail, à l’exclusion des animaux dits “de compa-gnie” – jouent un rôle important, voire fonda-mental, dans les sociétés humaines. Outre lescapacités de trait ou de bât des plus grandes espè-ces, beaucoup de ces animaux sont en mesure defournir une vaste gamme de produits en exploi-tant des ressources non directement utiles auxhumains, telles que des déchets de cuisine, desrésidus agricoles et la végétation des bas-côtés etdes friches. Aux productions directes que sont laviande, les oeufs, le lait et les peaux s’ajoutent lesdéjections (excréments et urines) et le sang, quisont fréquemment utilisés comme engrais pour leschamps, les jardins et les bassins de pisciculture.Chez de nombreux peuples, posséder certainstypes d’animaux en grand nombre octroie par ailleurs un statut social enviable – une considéra-tion susceptible de surclasser, et même parfois decompliquer, n’importe quel bénéfice concret etpratique découlant de l’élevage dans les situationsd’accueil de réfugiés.

Au cours des dernières décennies, beaucoupdes évènements à l’origine de migrations humai-nes ont pris place dans des zones géographiques àclimat aride ou semi-aride. La plupart des réfugiésprovenant d’Afghanistan, d’Erythrée, d’Ethiopie,du Mali, du Niger, du Rwanda, de Somalie, duSoudan et d’autres pays appartenaient à des peuples de pasteurs dont l’économie domestiquetraditionnelle était entièrement ou partiellementtournée vers la production animale et dont lesvaleurs sociales et culturelles étaient essentielle-

ment axées sur les moutons, les chèvres, les zébuset les camélidés (dromadaires et chameaux). Biensouvent, les opérations d’assistance humanitairequi sont intervenues dans de tels contextes ont vuse développer une forte interdépendance entre cespopulations déplacées et leur cheptel – au pointque l’élevage s’est parfois révélé la stratégie de sur-vie préférée des réfugiés, notamment à l’échelonindividuel et familial.

Il est de ce fait courant de constater la pré-sence d’animaux domestiques dans les situationsd’accueil de réfugiés – accompagnée de ses consé-quences sociales, économiques et environnemen-tales évidentes, positives et négatives. Qui plus est,le bétail constitue souvent un aspect fondamentaldes programmes de rapatriement, dont beaucoupfont appel à l’octroi d’animaux de travail ou d’éle-vage comme source de revenu potentielle ou sim-plement en tant qu’aide directe à la survie. Dansle souci de multiplier ou de conforter les moyensd’existence, la gestion raisonnée de l’ensemble dece cheptel – qu’il s’agisse d’animaux de travail,d’une basse-cour familiale ou d’un troupeau deruminants – apparaît donc ici comme la démarchequi s’impose dans le cadre de toute opérationd’aide à des réfugiés ou rapatriés.

Le fait que des réfugiés ou rapatriés possè-dent du bétail n’est pas sans conséquences pour lespopulations locales, elles-mêmes susceptiblesd’entretenir un cheptel important. A l’occasion dela création d’un camp ou d’un site d’installationdans une région d’élevage, les communautésnomades du cru peuvent se trouver brutalementconfrontées à la contestation ou à la suppressionpure et simple de certaines de leur zones de pâturage traditionnelles. D’autres sujets de préoc-cupation viennent encore s’ajouter à ceux-ci, de lasécurité des personnes (le bétail étant souventl’objet de vols et une source de conflits internes) àla transmission de maladies, au commerce et à lasécurité alimentaire.

En dépit de l’importance évidente du secteurde l’élevage, les soutiens directs ont été rares, dumoins relativement à d’autres secteurs tels que laforesterie ou l’agriculture. Si le HCR publia en1998 ses directives relatives aux animaux domesti-ques dans les situations d’accueil de réfugiés(Environmental Guidelines – Livestock inRefugee Situations), la planification et la gestion

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10 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

des activités d’élevage dans ce type de contextesont restées sans autres outils pour les guider.Cette lacune transparaît par ailleurs dans le faitque ce secteur d’activité n’est mentionné qu’à uneseule reprise dans le vaste recueil d’enseignementsdans le domaine environnemental tirés de l’expé-rience des 15 dernières années d’opérations d’assistance (voir l’encadré 1). Il semble doncnécessaire aujourd’hui de se pencher à nouveausur la question importante de la gestion, à la foisappropriée et standardisée, des activités d’élevageà mettre en oeuvre pour assurer des retombéespositives pour les réfugiés comme pour les popu-lations locales et l’environnement.

Les progrès récents de la pensée, de la recher-che et de l’expérience ont permis le développe-ment d’approches et de pratiques novatrices, dontbeaucoup s’inspirent directement de systèmes deproduction traditionnels locaux. Les directeurs deprogrammes, les organismes de mise en œuvre etle personnel de terrain pourraient trouver particu-lièrement intéressant de pouvoir bénéficier de certains de ces nouveaux acquis.

Le présent manuel est essentiellement destinéaux agents d’exécution. En permettant d’identifierles problèmes qui se posent et les options quipourraient s’avérer utiles dans chaque type desituation, il explique concrètement comment par-venir à une meilleure gestion des activités d’éle-vage dans le cadre des opérations d’assistance auxréfugiés et aux rapatriés. Toutefois, comme pourbeaucoup d’autres aspects de l’action humanitaire,

il n’existe pas deux situations parfaitement identi-ques : la réponse aux besoins et aux opportunitésen matière de gestion des cheptels doit doncimpérativement être étudiée et appliquée au caspar cas.

1.2 Les activités d’élevage au coursdes opérations d’accueil de réfugiés

En prenant la fuite, les réfugiés peuvent avoir euou pas la possibilité d’emporter leurs animauxavec eux – notamment les têtes de gros bétail.Quoi qu’il en soit, il n’est pas rare de constater,très vite après la fin de la phase d’urgence, l’appa-rition d’une forme ou d’une autre de productionanimale. A l’instar des travaux agricoles, l’élevageest souvent amené à constituer une part impor-tante des activités de subsistance et de tous lesjours des communautés de réfugiés et de rapatriés.Il peut également contribuer à rapprocher cescommunautés des populations locales qui lesaccueillent sur leur territoire – tout comme serévéler une source supplémentaire de conflit avecces mêmes populations.

Les réfugiés ne sont pas toujours autorisés àposséder des animaux domestiques (voir l’encadré2), mais cette activité devrait leur être permise aumoins dans certains types de situations,notamment :

➤ Au sein même et au voisinage immédiat descamps et des sites d’installation, où des ani-maux peuvent être entretenus sur de petitessurfaces tout en contribuant positivement à laration alimentaire et à l’obtention d’un petitrevenu :

● animaux parqués près des habitations,dans des cages, des stalles ou des enclos(volailles, lapins, porcs et autres animaux depetite taille) et nourris de déchets de cuisineet de matières végétales récoltées àproximité ;

● animaux errant librement autour des habi-tations, où ils recherchent eux-mêmes unepart de leur nourriture ;

● animaux gardés en troupeaux hors du péri-mètre du camp, où ils sont menés paître etboire ; et

Encadré 1�Une étude d’impact écologique est nécessaireavant d’envisager tout projet ayant trait aux

activités d’élevage

Toute intervention portant sur les animauxd’élevage, qu’il s’agisse de reconstituer lestroupeaux, d’aménager des pointsd’abreuvement ou de favoriser la bonne santédu cheptel, a une incidence sur l’environnement.Il peut arriver, par exemple, que les parcourssoient négativement affectés ou que les besoinsen eau excèdent les ressources. Il est doncindispensable de procéder à des étudespréliminaires visant à évaluer les impactsprévisibles de toute intervention de ce type, enparticulier en cas de renforcement du cheptel.

HCR, 2002a.

11Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

● animaux maintenus en zéro-pâturage(généralement des bovins ou des caprinspour la production laitière), en enclos, enstabulation ou à l’attache, abreuvés sur placeet nourris de fourrage (récolté à l’intérieur ouà proximité du camp).

➤ Dans des sites d’installation organisés enmilieu rural où l’élevage est considéré commefaisant partie des activités de subsistance ou deproduction de revenu des réfugiés et des rapa-triés aux termes de programmes d’utilisationdes terres convenus avec les collectivités et lespopulations locales ; et

➤ Dans des sites d’installation spontanés dansdes villes ou des villages, où les réfugiés s’orga-nisent seuls, par des arrangements personnelsavec les habitants ou les collectivités, pour seménager un accès à des terres dans le butd’améliorer leur situation alimentaire et éven-tuellement de générer un revenu.

Les raisons de promouvoir les activités d’éle-vage au sein des communautés de réfugiés et derapatriés sont principalement les suivantes :

➤ Améliorer l’alimentation et la sécurité alimen-taire par la production de lait, de viande,d’œufs, de miel et d’autres produits animaux,élargir les bases d’une autosuffisance et retrou-ver une certaine estime de soi ;

➤ Développer un moyen d’existence afin de :

● renforcer l’autosuffisance;● réduire les coûts de fonctionnement des

organisations humanitaires (par exemple endenrées alimentaires) ;

● acquérir ou perfectionner des savoir-fairepour l’avenir ; et

● contribuer aux économies locales etrégionales ;

➤ Développer les moyens de transport pourl’acheminement des produits, des matériaux etdes personnes ;

➤ Développer une source d’énergie motrice pourfaciliter les travaux agricoles et améliorer lesrendements des cultures.

Il existe d’autres raisons de s’engager dans desactivités de production animale, qui relèvent plusd’une stratégie visant à canaliser le développementdes activités d’élevage, les objectifs étant :

➤ Que la taille des élevages et les systèmes d’ex-ploitation adoptés aient un impact aussi limitéque possible sur l’environnement ;

➤ Que les activités de production animale nesoient pas à l’origine de situations conflictuel-les entre les réfugiés et les populations de la région d’accueil du fait d’une concurrencepour les points d’eau ou les parcours ou de dégâts causés aux cultures ou aux espacesnaturels ; et

➤ Que ces activités bénéficient le plus possible àla population réfugiée, et notamment aux plusdémunis de ses membres.

Encadré 2�Facteurs susceptibles de peser

sur les activités d’élevage

Dans une situation d’accueil de réfugiés ou derapatriés, plusieurs facteurs sont susceptibles dedevoir être pris en considération dans le cadredes activités d’élevage, notamment :■ Le type de culture auquel appartient la

communauté des réfugiés – certains groupessont beaucoup plus étroitement liés qued’autres aux animaux domestiques, voire àcertains types d’animaux bien précis ;

■ Les ressources dont disposent les réfugiés ourapatriés – certains peuvent avoir leur proprecheptel pour la reproduction ou laproduction de denrées recherchées (des oeufsou du lait par exemple) ;

■ Les conditions climatiques et autres del’environnement naturel ;

■ Les droits d’accès à la terre pour laconstruction d’abris pour les animaux, lepâturage et l’abreuvement ;

■ Les aptitudes de chacun à adapter sescompétences et ses savoir-faire en matièred’élevage à la nouvelle situation, àreconnaître les opportunités de nouveauxdébouchés ou à parvenir à une entente avecles communautés locales lui autorisant lapratique de ces activités ; et

■ Les éventuels avantages économiques et/ousociaux que ces activités sont susceptibles deprésenter.

12 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Les populations locales ont souvent elles-mêmes des animaux pour les mêmes raisons :source de nourriture, base d’une activité économi-que et facteur de puissance. Le bétail est égale-ment porteur d’autres valeurs, en particulier chezles peuples éleveurs nomades, pour lesquels il aune grande importance culturelle. Les grandstroupeaux de bovins, ovins, caprins et camélidésdans les zones de parcours extensifs représententnon seulement un compte-épargne « sur pied »,mais encore une assurance contre les sécheresses etles maladies, tandis que les bovins en particuliersont l’objet de croyances et de cérémonies tradi-tionnelles dans de nombreuses régions du mondeentier.

Il est indispensable de travailler avec l’ensem-ble des communautés en présence – réfugiées ourapatriées et locales – non seulement pour parve-nir à une meilleure gestion des animaux et desparcours, à un accroissement des rendements et àune réduction des atteintes à l’environnement,mais également :

➤ Pour veiller à ce que les populations localesbénéficient de quelques retombées positivesdes activités d’élevage des réfugiés, notammentpar la commercialisation des animaux et desproduits d’origine animale ;

➤ Pour limiter l’impact des maladies et des para-sites des animaux et lutter contre leur propaga-tion ; il y a en effet peu d’intérêt à combattreces fléaux dans les élevages d’une région si lesanimaux des populations qui s’y sont réfugiéescontinuent à les héberger ;

➤ Pour s’assurer que les produits animaux soientpropres à la consommation humaine et que lesréfugiés ne soient pas exposés à des produitscontaminés ou à des zoonoses ;

➤ Pour développer, entre les populations réfugiéeet locale, les opportunités de relations écono-miques mutuellement bénéfiques centrées surl’élevage, la transformation des produits ani-maux et le commerce ; et

➤ Pour rechercher et respecter un équilibre opti-mal des effectifs d’élevage dans les populations

réfugiée et locale afin de limiter au maximumles atteintes à l’environnement.

Le secteur de l’élevage, en dépit de sonimportance évidente, reste sans doute l’un desmoins connus et l’un des plus mésestimés des opé-rations d’aide aux réfugiés et aux rapatriés. Cemanuel se propose de commencer à combler cettelacune en abordant certaines des questions les pluspertinentes qui se posent dans ce domaine, en étu-diant les stratégies qui seraient susceptibles d’apporter des améliorations dans différents cas defigure et en proposant des conseils pratiques pourl’estimation des besoins et des opportunités.

Il est ici dûment reconnu que les gouverne-ments des pays hôtes diffèrent dans leur attitudeenvers les activités d’élevage des réfugiés accueillissur leur territoire, certains les autorisant avec plusou moins de latitude, d’autres préférant les décou-rager, voire les interdire totalement par la législa-tion. De même, l’emplacement du camp ou dusite d’installation est déterminant. Si certaines for-mes d’élevage sont possibles dans la plupart desmilieux ruraux, les caractéristiques physique dulieu, l’organisation spatiale interne du camp et ladensité de l’habitat peuvent rendre impossible unélevage conventionnel et imposer d’autres modesde fonctionnement, tels que le maintien des trou-peaux dans des zones de pâturage plus éloignées.

Si la présence d’animaux domestiques estpossible, alors ce manuel propose des conseilspour guider la réflexion et la planification préala-bles aux activités visant à promouvoir une gestionà la fois adaptée et respectueuse de l’environne-ment de ce cheptel. Plus précisément, il permettraau lecteur d’être mieux en mesure de :

➤ Connaître les politiques et les réglementationsen vigueur en matière d’élevage ainsi que lesactivités autorisées ou non autorisées ;

➤ Déterminer quels types d’animaux sont lesplus en demande et pour quelles raisons;

➤ Prendre conscience de certaines répercussionspositives et négatives de la présence des animaux domestiques ;

13Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

➤ Déterminer quelles sont les espèces les mieuxadaptées à chaque situation ;

➤ Décider des approches et des méthodes les plusappropriées ; et

➤ Traduire dans les faits les conseils pratiques dis-tillés au long des différentes sections.

Objectifs et mode d’emploi

2.1 Introduction

Alors que l’importance des diverses formes d’éle-vage chez les populations déplacées est de mieux enmieux comprise et que, de même, les impactsconsidérables et souvent durables de ces activitéssur l’environnement et la situation socio-économi-que de la région sont l’objet d’une prise deconscience croissante, c’est avec une attentionrenouvelée que le regard se pose sur la gestion ducheptel des réfugiés et rapatriés et sur les éventuel-les interactions qui s’ensuivent avec les populationslocales.

Ce manuel a été rédigé dans le but de mieuxappréhender les éléments à prendre en considéra-tion lorsque l’on s’intéresse à la production animale et à la gestion des élevages dans le cadredes opérations d’aide aux réfugiés et aux rapatriés.Tout en s’appuyant sur les directives déjà publiéesen la matière (HCR, 1998), il jette une nouvellelumière sur un certain nombre de problèmesimportants qui se présentent de manière répétéelors de la planification et de la gestion des activitésd’élevage, relate quelques expériences récentes etexpose une sélection d’options à envisager dansdifférentes situations – le tout dans le souci de ren-forcer les systèmes de gestion et de limiter lesrépercussions préjudiciables pour l’environnementet la société qui sont souvent associées à ce typed’activité.

Ce manuel examine divers sujets ayant trait à l’élevage, étudie les possibilités de limiter lesimpacts des animaux sur l’environnement etdonne des précisions pour mettre au point des initiatives adaptées aux conditions locales. Sarédaction est plus spécifiquement axée sur :

➤ Les besoins et les droits des réfugiés, des rapa-triés et des populations qui les accueillentd’utiliser des animaux pour améliorer leursmoyens d’existence ;

➤ L’amélioration des pratiques et des systèmesactuels de gestion des cheptels dans le cadre desopérations d’aide aux réfugiés, notamment parle biais de couplages avec des activités prévuesou en cours dans le secteur de l’environnementet d’autres ;

➤ L’identification d’opportunités susceptibles dese présenter qui permettraient aux populationsaffectées de s’adonner plus ouvertement et avecplus d’efficacité aux activités d’élevage ; et

➤ L’atténuation autant que faire se peut des pro-blèmes environnementaux les plus fréquem-ment associés aux activités agricoles dans lessituations d’accueil de réfugiés.

Dans ce manuel, le lecteur pourra trouver,outre des conseils pratiques, une présentation desprincipaux thèmes clefs de l’élevage dans les situa-tions d’accueil de réfugiés – un secteur bien sou-vent oublié des opérations humanitaires, en dépitde l’importance considérable qui est la siennepour les populations réfugiées et locales.

2.2 Comment utiliser ce manuel

A l’instar des autres titres de cette série, ce manuelest conçu pour le personnel des programmes et lepersonnel technique du HCR, sur le terraincomme au siège, et pour celui de ses partenaires demise en œuvre. Il est surtout destiné aux direc-teurs de projet, aux planificateurs et aux instruc-teurs, dont la formation n’a pas nécessairement étéaxée sur l’agriculture ou la gestion des ressourcesnaturelles. Il pourra même éventuellement, maissans doute pas dans tous les cas, intéresser certai-nes personnes – réfugiées ou membres de la popu-lation locale – pratiquant l’élevage sous une formeou une autre et à quelque échelle que ce soit.

Ce manuel a été conçu pour pouvoir s’appli-quer à des situations diverses, dès la planificationdes mesures d’urgence et la phase d’urgence puis,plus particulièrement, lors de la phase de soins et

14 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

2

15Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

d’entretien et au moment des dispositions à pluslong terme relatives aux installations sur place etaux réinstallations dans le pays d’origine. Ilrépond aux besoins des réfugiés et des rapatriéstout comme à ceux de la population locale au seinde laquelle ils se trouvent.

Il y aura sans doute des lecteurs que certainesparties de cet ouvrage intéresseront plus que d’au-tres. Chacun, selon sa position et sa fonction, estinvité à se porter vers les sections qui lui semble-ront les plus pertinentes. De manière générale,toutefois, ce manuel devrait se révéler particulière-ment utile pour les personnes suivantes :

➤ Les gestionnaires, directeurs et planificateurs ytrouveront un outil d’initiation qui les aidera àincorporer les principales questions relativesaux animaux domestiques dans le cadre de leurtravail ; les sections les plus utiles seront sansdoute celles exposant les considérations de baseet décrivant les différentes alternatives enmatière d’élevage (Section 3) ;

➤ Les éleveurs, y compris les réfugiés et les rapa-triés, seront en mesure d’étudier par eux-mêmes les options possibles, de les adopter oude les adapter le cas échéant lorsqu’ils perçe-vront de nouvelles opportunités d’améliorer lesconditions de l’environnement locales (Section4 et Annexe 1); et

➤ Le personnel, les formateurs et les conseillersagricoles des partenaires de mise en oeuvre ytrouveront une section tout particulièrementdévolue à l’évaluation de la situation sur le ter-rain et à l’application pratique d’une bonnepartie des principes théoriques (Section 5).

Il convient toutefois de souligner que si lesinformations présentées dans les sections qui suivent devraient aider le lecteur à se faire une opinion éclairée après l’analyse attentive des don-nées et de la situation, ce manuel ne saurait enaucune manière remplacer l’expérience pratiqueen matière de conduite des élevages et de soins auxanimaux. L’importance de ce type de savoir, réelledans beaucoup de secteurs, est remarquable dansle cas de l’élevage, et nulle part plus évidente quelorsque l’on œuvre aux côtés de peuples pasteurs.

Un certain nombre de ressources et deconnaissances théoriques et pratiques s’avèrerontutiles pour tirer au mieux parti de cet ouvrage, enparticulier :

➤ Quelques connaissances et une expériencedans le domaine de la production animale etdes questions culturelles et environnementalesconnexes ;

➤ Un esprit ouvert en ce qui concerne laconduite des élevages et la production animale,notamment pour ce qui est d’identifier desapproches originales et plus respectueuses del’environnement à la gestion de ce secteur ;

➤ Des notions de conception et de direction deprojets, particulièrement importantes pour évi-ter que les problèmes touchant aux animauxdomestiques ne soient traités de manière com-partimentée ;

➤ Une possibilité d’accès à Internet ou d’obtenirpar d’autres moyens des documents utiles ; eneffet, pour être utile dans son domaine, unmanuel de ce type ne peut couvrir l’ensembledes sujets en détail et doit nécessairement renvoyer le lecteur à d’autres publications ou àd’autres centres d’informations pour les infor-mations complémentaires ; et

➤ Des fonds, ou des possibilités de financement,pour certaines activités ; un projet classiquepeut nécessiter des programmes de formationet de conseil, du matériel et des médicamentsvétérinaires, sans oublier le cheptel lui-même,qui n’est pas toujours prévu en totalité dans lesbudgets de l’aide humanitaire.

La gestion des activitésd’élevage : quelques

considérations de base

3.1 Introduction

Les animaux domestiques sont souventimportants pour le bien être de beaucoup defamilles et de communautés. Si le changement decontexte, d’une communauté stable à l’état de population déplacée, est peu susceptible demodifier l’essentiel des pratiques liées à l’entretiendes animaux, il tend à affecter, en revanche, lesconditions qui permettent ou interdisent lapossession et l’entretien d’animaux, et toutparticulièrement de gros bétail. La répartition del’espace disponible constitue déjà un premierfacteur qui détermine d’emblée si des animauxpeuvent ou non être hébergés à proximité deshabitations. De même, les quantités de fourrage etd’eau qui peuvent être obtenues sont décisives etdictent quelles formes d’élevage sont envisageablesou pas. Il vient en outre parfois s’ajouter à cescontraintes des restrictions locales en matièred’élevage, motivées par diverses considérations,dont par exemple la crainte des maladies oucertains tabous culturels. Ainsi la présence de têtesde bétail supplémentaires est-elle susceptibled’entraîner une surexploitation du recrû des pâturages après le début des pluies, réduisantle volume de fourrage disponible pour les populations locales pendant la saison sèchesuivante. De même, une augmentation deseffectifs se traduit par un accroissement desbesoins en eau, et des sites biologiquementdiversifiés sont susceptibles d’être soumis à defortes pressions si la taille du cheptel augmentebrutalement.

Bon nombre des décisions dans le secteur del’économie et de la sécurité des moyens d’exis-tence ont directement trait au cheptel. Ce dernier

est important pour les besoins de subsistance,mais la plupart des systèmes pastoraux sont parailleurs bien intégrés dans l’économie de marchéde leur pays. Les produits d’origine animale telsque le lait, la viande et les œufs constituent unesource de protéines de qualité pour l’alimentationhumaine. Dans les sociétés traditionnelles, l’essen-tiel du lait produit est consommé à l’intérieur ducercle familial, tandis que l’argent éventuellementnécessaire provient de la vente d’animaux vivants.Les troupeaux sont ainsi souvent considéréscomme un capital, et leur taille est liée à une stratégie de limitation des risques. Un troupeau de 40 à 60 ovins et caprins ou de 5 à 10 bovins permet tout juste de couvrir les besoins de subsis-tance d’une famille pauvre composée de deuxadultes et d’un ou deux enfants. Au-dessous de ceteffectif, la production perd sa viabilité et les famil-les peuvent être obligées d’abandonner leurs activités dans le secteur de l’élevage.

Les planificateurs en particulier doiventadmettre et respecter les systèmes traditionnelsd’utilisation des terres. Le pastoralisme neconstitue pas, comme certains le pensent parfois,un mode de vie dépassé, mais un procédé deproduction animale très efficace qui, pour denombreuses populations, représente une de leursprincipales stratégies pour faire face aux pénuriesd’eau et de fourrage sur des terres improductiveset semi-arides. Des erreurs dans la sélection del’emplacement des camps et sites d’installation des réfugiés peuvent être à l’origine d’unedégradation de la végétation du fait de la récoltede bois de feu et de matériaux de construction etde l’action des animaux domestiques, ce qui est àmême de désorganiser les systèmes traditionnelsd’exploitation et de gestion des ressources etd’affecter des zones de pâturage saisonnierd’importance vitale. Le résultat peut se révélercatastrophique pour les populations de la régiond’accueil qui dépendent directement de l’élevage,en portant atteinte à leurs moyens d’existence eten suscitant antagonisme et hostilité entre elles etles communautés réfugiées.

Un certain nombre de considérations,passées en revue ci-dessous, doivent êtreexaminées dès le début des opérations. Ce premiertravail permettra par la suite de mieux orienter leschoix relatifs à la gestion des éventuelles activitésd’élevage.

16 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

3

17Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

3.2 Règles et règlements juridiques etcoutumiers

Toutes les activités ayant trait aux animauxdomestiques entretenus par les réfugiés doivent seconformer aux règles et règlements du paysd’accueil, notamment :

➤ Les droits coutumiers en matière de pâturageet d’accès aux points d’eau ;

➤ Les règles d’accès et les statuts d’occupation desterres ;

➤ La législation des services vétérinaire ;

➤ La réglementation relative aux mouvementsdes animaux et à la quarantaine ;

➤ La réglementation concernant les maladies àdéclaration obligatoire ;

➤ Les règles régissant l’importation desmédicaments et des vaccins pour animaux ;

➤ Les règles régissant l’inspection des viandes ; et

➤ La réglementation des marchés.

Bien qu’il puisse sembler laborieux de devoircommencer par examiner chacun de ces différentsaspects avant de décider comment appréhender leproblème de la gestion des activités d’élevage dansun contexte d’accueil de réfugiés ou de rapatriés,il s’agit là de données de base absolumentindispensables qui détermineront et modèlerontl’ensemble des perspectives en la matière.

3.3 Des animaux adaptés aux conditions

Toutes les races ne sont pas utilisables partout,notamment du fait de l’importance des conditionsécologiques du lieu, et au premier chef des préci-pitations. Les conditions sociales peuvent égale-ment être un facteur à prendre en compte dans lechoix des animaux à élever. Ainsi des musulmansdésapprouveraient-ils l’élevage de porcs, tandisque d’autres peuples n’ont d’affinité culturelleforte que pour une seule et unique race bovine. Le Tableau 1 présente à titre indicatif les types

Inspecter les viandes pourpréserver la santé de lapopulation

Troupeaux occasionnels nomadesNomadisme avec migrations sur de longues distancesTous types de nomadisme, transhumance associée à une petite activité agricole Mode semi-nomade ou transhumant avec des activités agricoles plus développéesTranshumance et nomadisme partiel, avec un développement encore plusimportant des activités agricolesAgriculture sédentaire (semi-nomadisme uniquement par tradition)

<5050–200200–400400–600600–1000

>1000

DromadairesDromadairesBovins, caprins, ovins Bovins, caprins, ovinsBovins, caprins,

Bovins, caprins, espècesmonogastriques

Tableau 1. Les principales espèces d’élevage indigènes en Afrique sub-saharienne (d’après Ogle, 1998)

Pluviométrieannuelle (mm) Systèmes de production dominants

Principalesespèces élevées

d’animaux couramment élevés en Afrique sub-saharienne en fonction de la pluviométrie et dusystème de production dominant.

3.4 Impacts couramment associés à laprésence d’animaux domestiques

L’une des principales craintes que suscite laprésence d’animaux est l’effet que ce typed’activité est susceptible d’avoir surl’environnement proche et sur la situation socio-économique. Une étude soigneuse d’évaluationdes impacts est nécessaire ici afin de déterminerles répercussions les plus probables des différentesformes d’élevage. Ces informations peuventensuite servir pour tenter de réguler les pratiquespour le bien de tous ceux concernés (voir parexemple l’encadré 3).

La question d’autoriser ou non la présenced’animaux domestiques dans les sites d’installationdes réfugiés et à proximité immédiate (se reporterégalement à la section 4) doit être tranchée enpesant les avantages et les inconvénients de chaquealternative tout en prenant en compte les règles etréglementations qui s’appliquent (voir la section3.2). La décision pourra s’appuyer sur les pointsénumérés ci-dessous.

3.4.1 Quelques effets positifs de la présenced’animaux domestiques

Les avantages cités ci-dessous sont ici à prendre encompte, bien qu’ils ne soient pas tousnécessairement spécifiques des situations d’accueilde réfugiés.

Fertilisation des sols. Le fumier est unengrais de valeur couramment utilisé partout pouraugmenter les rendements agricoles. Son emploiréduit les quantités d’engrais minéraux desynthèse nécessaires, ce qui permet de réduire lescoûts tout en enrichissant le sol et en enpréservant la structure. Ainsi la récolte tropassidue des bouses de bovins comme combustiblepeut-elle priver le sol et les plantes de précieuxéléments nutritifs.

Stimulation de la croissance des plantes.Un pâturage modéré, qui passe presque toujourspar la garde des troupeaux et par une bonnecoordination entre gardiens, peut , en perturbantlégèrement la couverture du sol, stimuler lacroissance de certaines plantes.

Limitation du ruissellement. Lastimulation de la végétation sur les parcoursatténue les risques d’érosion du moment que lacapacité de charge du milieu est respectée (chargeanimale conforme à la biomasse disponible).

Utilisation performante des ressourcesnaturelles. Beaucoup de sous-produits et derésidus de la transformation des produits agricoles

18 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Les produits d'origine animale ontde multiples effets bénéfiques

Encadré 3�Agriculture et élevage

Les peuples agropastoraux du Nigeria utilisentl’effet du piétinement de leurs bêtes pourpréparer le sol avant la culture de petitesespèces céréalières. En concentrant le troupeausur des surfaces restreintes préalablementdéfrichées, ils induisent l’ameublissementprogressif de la surface du sol par l’actionrépétée des sabots. Cette technique permet deréduire le travail nécessaire pour préparer le sol: les semences sont simplement semées à lavolée le lendemain matin sur la parcelle ainsitraitée.

Une autre utilisation judicieuse des troupeauxs’observe au Proche Orient, où les paysansdésherbent leurs champs avec des chèvres.Cette stratégie apparaît tout d’abord commeune aberration, mais l’astuce consiste à laisser letroupeau calmer sa faim dans un parcoursnaturel avant de le faire passer dans les culturesde céréales. Les animaux tendent alors à neconsommer que les mauvaises herbes.

D’après Reijntjes, Haverkort et Waters-Bayer, 1992.

19Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

peuvent être utilisés comme aliment pour bétail :il s’agit là d’une nette valorisation de ressourcessans grande utilité par ailleurs.

Economie d’énergies renouvelables et nonrenouvelables. Les animaux domestiques peuventcontribuer à économiser de l’énergie – sous desformes renouvelables ou non renouvelables (tellesque le bois de feu, l’essence ou le gazole) – enfournissant :

➤ Leur force – les bovins, les buffles, les ânes etles camélidés peuvent servir d’animaux desomme pour les travaux agricoles et letransport (par exemple pour faire tourner desmoulins à huile, tirer de l’eau ou labourer depetites surfaces) ; et

➤ Un combustible – les excréments des animaux,et plus particulièrement des bovins, sontutilisés comme combustible pour lapréparation des repas dans de nombreusesparties du monde ; le fumier est également lamatière première la plus utilisée pourl’alimentation des installations de productionde biogaz, qui produisent du gaz pour lacuisine et l’éclairage (voir HCR, 2002b).

Apport alimentaire et génération derevenu. Les animaux sont une source précieuse dedenrées alimentaires, notamment dans les sociétéspastorales où des produits laitiers sontdisponibles. La présence d’animaux de productionalimentaire réduit la quantité de nourriture quidoit être importée d’autres provenances pendantles phases d’urgence et de soins et d’entretien (voirégalement l’encadré 4). Ainsi qu’il estfréquemment souligné dans ce manuel, laproduction animale constitue l’une des meilleuresstratégies pour promouvoir l’autosuffisancealimentaire dans les populations de réfugiés et derapatriés.

3.4.2 Quelques impacts négatifs de laprésence d’animaux domestiques

Un certain nombre d’interrogations se font jour àl’occasion des opérations d’accueil de réfugiés,notamment lorsque ces derniers apportent aveceux leur bétail. Ces sujets d’inquiétude varientconsidérablement en fonction des conditionslocales, et surtout des caractéristiques del’environnement, des systèmes sociaux et de la

situation en matière d’élevage. Un certain nombrede ces effets préjudiciables, qui peuventquelquefois l’emporter sur les aspects positifsénumérés plus haut, sont abordés ci-dessous.

3.4.2.1 Répercussions sur les ressourcesnaturelles

Dégradation de la couverture végétale/surpâturage. Lorsque leurs effectifs augmentent,les animaux sont susceptibles d’infliger des dégâtsaux parcours et aux cultures et d’entraîner unedégradation plus ou moins profonde des terres. Lesurpâturage intense et la fragilisation de lacouverture végétale par le piétinement s’observentle plus souvent aux alentours des camps deréfugiés et autres lieux d’habitation, des pointsd’eau et des marchés aux bestiaux. Le nombre detêtes de bétail peut augmenter au point d’excéderla capacité de charge des parcours, faisant reculerla productivité des animaux comme des terrespâturées. Les troupeaux, lorsqu’ils sont malgardés, sont en outre à même de détruire parabroutissement et piétinement une partie ou latotalité de la récolte de champs peu protégés.

Abattage d’arbustes et d’arbres. Lesgardiens de troupeaux coupent fréquemment desarbustes et des arbres pour confectionner desenclos temporaires nocturnes à l’intention de leursbêtes. En outre, des branches feuillées sontégalement prélevées et distribuées aux animauxcomme fourrage d’appoint. Ces deux habitudespeuvent significativement contribuer à ladéforestation de certains secteurs.

Lorsqu'ils ne sont pas contrôlés, lesanimaux sont susceptibles d'endommagerles arbres et les récoltes

Destruction de plantules et d’arbres. Nonprotégés, les plantules et jeunes plants d’arbressont à la merci des animaux, et en particulier descaprins. Rares sont ceux qui survivent et sedéveloppent après l’abroutissement de leur poussede l’année.

Réduction de la biodiversité. Beaucoup desociétés traditionnelles ont mis au point des règlesparticulières destinées à régir la coexistence desanimaux domestiques et sauvages. Dans lessituations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés, oùles conditions sont rarement aussi stables que dansune société normale, des activités d’élevage laisséesà s’accroître finissent généralement par avoir unimpact négatif sur la faune et la flore locale,notamment par l’aggravation de la pression decompétition pour la nourriture et l’eau. Ladestruction, la dégradation et la fragmentation desmilieux naturels dues au surpâturage peuvent,avec le temps, contribuer à l’extinction decertaines espèces sauvages.

L’appauvrissement des ressources en eau.Dans les sites d’installation de réfugiés, lesressources en eau sont souvent limitées. Sans unmécanisme de contrôle strict appliqué à temps, laprésence de troupeaux importants est susceptiblede les polluer et de les surexploiter.

3.4.2.2 Conflits sociaux

Désorganisation des modes traditionnels deproduction animale. Dans la plupart des régionsd’Afrique et d’Asie, les humains ont élaboré desmodes d’utilisation des terres bien adaptés.Lorsque des groupes migrent avec leurs animauxvers d’autres pays, ces systèmes de productionorganisés ne peuvent plus se poursuivre à l’identi-que. La perte des troupeaux qui en résulte jette cesréfugiés dans une position pénible en ce qu’ils doi-vent laisser sans doute la seule activité économi-que qu’ils connaissent bien et, peut-être plusdéroutant encore, le centre autour duquel étaientorganisées leur vie de famille et leur culture.

Concurrence pour les parcours. Lesanimaux des réfugiés entrent en concurrence avecceux des populations locales pour l’accès à desressources limitées. La productivité des troupeauxlocaux peut décliner suite à l’accroissement de ladensité globale de bétail.

Conflits avec les populations locales. Laconcurrence pour les parcours et la destructiondes cultures sont des motifs relativement fré-quents de différends entre des populations réfu-giées et autochtones. Les systèmes traditionnelslocaux de pâturage sont susceptibles d’être désta-bilisés si le régime foncier et les droits de pacagene sont pas respectés.

20 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Encadré 4�Contribution des produits alimentaires et connexes

à la valeur totale de la production animale (d’après Ogle, 1998)

L’importance de quelques services de base fournis par certaines espèces domestiques est souventméconnue. En Afrique de l’Est, des études ont montré que la valeur du fumier et de la capacité de travaild’un animal équivaut à celle de sa viande (voir le tableau ci-dessous). Extrapolé à la région sub-saharienneen son entier, ce calcul revalorise la valeur brute totale des produits animaux d’environ trente pour cent.Avec l’extension des exploitations mixtes de polyculture-élevage (voir la section 4.4), l’importance relativede la traction animale et du fumier en tant qu’engrais est amenée à se développer.

Afriquesub-saharienne

313

4715

46 486

Afrique del’Ouest

214

5611

81 460

Afrique Centrale31

7912

5349

Afrique de l’Est39

33817

33 747

Afrique Australe26

258

95

930

Types deproductionTravailFumierViandeLaitOeufsTotal

Pourcentage de la valeur brute de la production

3.4.2.3 Répercussions sur la santé publique

Pollution de l’eau. Lorsque les animauxsont abreuvés sans précautions, les risques existentd’une pollution de l’eau par les excréments favori-sant la propagation de maladies à l’intérieur ducheptel et leur transmission aux humains.

Pollution atmosphérique. Dans certainesconditions, les allées et venues de grands trou-peaux dans les camps empoussièrent l’atmosphèreau point d’occasionner des problèmes respiratoireschez les habitants.

Déchets d’abattage. L’abattage non encadrédes animaux dans les camps et sites d’installationde réfugiés constitue un risque sanitaire pour lapopulation, notamment lorsque le contexte nepermet pas le stockage et la cuisson de la viandedans des conditions satisfaisantes. Les déchetsd’abattage sont en outre susceptibles de polluer lesol et l’eau lorsqu’ils ne sont pas éliminés commeil se doit.

Risques sanitaires dus à l’emploi mal maî-trisé des médicaments vétérinaires. Lorsque desmédicaments vétérinaires sont fournis aux réfu-giés, il est impératif d’en encadrer l’utilisation.Beaucoup de substances prophylactiques ou cura-tives sont potentiellement dangereuses pourl’homme. Par exemple :

➤ Les solutions acaricides ou insecticidesemployées en application externe contre lesacariens et les autres parasites de la peau sontsusceptibles de contaminer le sol, les alimentset les récipients utilisés pour conserver les den-rées alimentaires ; et

➤ La plupart des substances médicamenteuses,une fois administrées, se retrouvent dans lestissus des animaux traités, notamment dans lagraisse et la viande, ainsi que dans le lait ; toutepersonne consommant la viande ou le lait deces animaux avant qu’une certaine période –spécifique de chaque substance – ne se soitécoulée depuis le traitement ingère égalementune petite dose du médicament en question ets’expose à des effets indésirables qui peuventêtre graves.

Transmission de maladies. Dans le contextedes camps de réfugiés, la transmission des zoono-ses est facilitée par la proximité physique entrehumains et animaux (voir le Tableau 2). La mal-nutrition, le stress et les problèmes de santé affai-blissent le système immunitaire des réfugiés etaggravent l’impact de ces zoonoses.

En parallèle, d’autres maladies, dont certai-nes peuvent prendre des proportions épidémiquessi elles ne sont pas jugulées à temps, se propagentau sein de la population animale par contact

Mal conduits, lesbovins peuventdétruire des récoltes

21Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

direct ou par l’intermédiaire de vecteurs tels quedes tiques ou des mouches hématophages (pourplus d’informations sur ces maladies, se reporter àla section 3.5).

3.5 Mesures de prévention et de luttecontre les maladies

Une exploitation performante passe par un chep-tel en bonne santé. Si les soins vétérinaires préven-tifs permettent généralement une nette améliora-tion de la production, ils sont également coûteuxet bien souvent hors de portée des réfugiés et desrapatriés. Dans les systèmes traditionnels, les pro-priétaires de bétail tentent d’agir en amont pouréviter les ennuis sanitaires en adoptant une com-binaison de stratégies qui pourraient facilementêtre appliquées dans les situations d’accueil deréfugiés. Ces stratégies comprennent notamment :

➤ Le recours aux remèdes vétérinaires tradition-nels locaux ; et/ou

➤ La gestion des maladies par dilution des ris-ques, par exemple en mélangeant différentesespèces au sein des troupeaux, en utilisant desanimaux résistants aux maladies de la région eten évitant les contacts entre différents trou-peaux.

3.5.1 Les maladies les plus courantes desanimaux d’élevage

Les personnes risquent souvent de contracter desmaladies auprès de leurs animaux, un phénomènequi ne peut être enrayé et limité qu’avec l’instau-ration – et le contrôle régulier – de pratiques opti-males en matière de conduite des élevages. LeTableau 2 présente quelques unes des zoonoses(maladies transmissibles des animaux auxhumains et inversement) les plus importantes.

La transmission des maladies entre animauxest l’un des risques principaux de mettre encontact des bêtes provenant de différentes régions.Lorsqu’ils ne sont pas vaccinés, les individusimportés d’ailleurs tendent à être très peu résis-tants aux maladies présentes localement. Lesmaladies peuvent être de nature épidémique(contagieuses) ou transmises par des vecteurs particuliers ou par le sol. Les principales maladiescontagieuses qui prévalent en Afrique et en Asiefigurent dans le Tableau 3.

Dans les sites où les réfugiés sont installés àplus long terme – par exemple lorsque la phase desoins et d’entretien se prolonge pour diverses raisons – une certaine vigilance est de mise enversla possibilité que des réfugiés, ayant réunis quel-que revenu, veuillent acquérir de nouveaux animaux auprès des populations autochtones. Cesopérations, très courantes, reviennent à importerdes individus de l’extérieur et peuvent exposerl’ensemble du cheptel à des épidémies.

D’autres maladies ne se transmettent pasdirectement d’un animal à un autre mais par l’intermédiaire de vecteurs ou du sol. L’agentinfectieux est transporté par des hôtesintermédiaires tels que des moustiques, desmouches, des tiques ou des puces. La prévalencede la maladie est alors étroitement corrélée à ladensité et à la nature du vecteur. Dans le cas des maladies transmises par le sol, les agentsinfectieux sont capables de survivre trèslongtemps dans le sol et d’infecter les animaux auniveau de plaies ou par voie orale, lorsqu’ilsbroutent dans des zones infestées. Le Tableau 4récapitule les principales maladies à transmissionvectorielle et à transmission par le sol.

22 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Le matériel nécessaire pour veiller à labonne santé des animaux

23Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

BovinsBovins, ovins, caprinsBovins, ovins, caprinsBovins, volaillesVolaillesToutes espècesBovins, ovins, caprinsCaprinsChiens, chats, bovins, ovins, caprinsChiensBovins, porcsToutes espèces

Tuberculoses humaine et bovineBrucellosesCharbon bactéridienSalmonelloseCryptococcoseMycoses à TrichophytonFièvre de la vallée du Rift Ecthyma contagieuxRageEchinococcose (hydatose)TéniasPuces et acariens

Directe (air, lait)Lait, plaiesViandeExcrémentsAirContactContact (plaies)ContactMorsures, plaiesExcrémentsViandeContact

Tableau 2. Maladies transmissibles des animaux à l’homme

Maladies Hôtes principauxModes detransmission

BovinsOvins, caprinsBovinsCaprinsBovins, ovins, caprins, camélidés, porcsBovins, ovins, caprins, camélidés, volaillesPorcsPorcsEquidésEquidésVolailles

Peste bovinePeste des petits ruminants (PPR)Péripneumonie contagieuse bovine (PPCB ou CBPP) Pleuropneumonie contagieuse caprine (CCPP) Fièvre aphteusePoxvirosesPeste porcine classiquePeste porcine africainePeste équine africaineMorveMaladie de Newcastle (pseudopeste aviaire)

OuiOuiOuiOuiOuiOuiOuiNonOuiNonOui

Tableau 3. Quelques maladies contagieuses importantes des animaux d’élevage en Afrique et en Asie

Maladies Principales espèces affectéesVaccination

possible

Remarque : La plupart de ces maladies sont des viroses pour lesquelles il n’existe pas de traitement.Elles peuvent prendre une forme suraiguë, les animaux atteints mourant quasi instantanément, ouaiguë. Des taux de mortalité très élevés sont à prévoir. Les traitements antibiotiques sont parfoisefficaces contre la péripneumonie contagieuse bovine et la pleuropneumonie contagieuse caprine.

En Afrique, les maladies à transmissionvectorielle les plus importantes sur le planéconomique sont les trypanosomoses, qui serencontrent à travers de vastes territoires desrégions sub-humides mais sont absentes des zonesarides et semi-arides du continent. Elles sontessentiellement propagées par les mouches tsé-tséet peuvent affecter la totalité d’un troupeau quiarriverait d’une région indemne dans une autreinfestée de ces insectes.

Les arthropodes piqueurs (hématophages)transmettent des maladies et constituent eux-mêmes par ailleurs une contrainte pour laproduction animale. Les mouches piqueuses et lestiques, notamment, en suçant le sang, ont un effetnégatif sur la croissance des animaux et laproduction laitière.

Une manière de prévenir et de juguler cesmaladies à transmission vectorielle, notammentcelles transmises par les tiques, est d’utiliser desacaricides et des insecticides dans des bains pourbétail. Cette méthode permet aux éleveurs d’avoir

un cheptel plus productif et d’augmenter ainsi lesrendements, dans la mesure où les animaux quibénéficient d’une résistance naturelle tendent encontrepartie à produire moins de viande et de laitque les autres. Les bains acaricides n’ont d’effetqu’à court terme, cependant, et n’affectentdurablement ni les populations de tiques ni lesmaladies. Qui plus est, les tiques développent unerésistance aux substances employées. Comme lesraces locales de bovins et de caprins sontgénétiquement plus résistantes que les racesexotiques plus productives, il peut se révélerintéressant d’investir d’emblée dans ces animaux.Il convient en même temps de s’informer sur lesprogrammes de la FAO (Organisation desNations Unies pour l’alimentation et l’agriculture)de lutte contre les tiques et les maladies qu’ellestransmettent, qui encouragent notamment lesméthodes de lutte intégrée faisant appel àl’immunisation (lorsqu’elle est possible) et quisensibilisent les populations aux problèmes del’apparition, chez les tiques, de résistances auxproduits acaricides utilisés (voir égalementl’encadré 5).

24 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Traitement/ administrationTrypanocides (injection)

Trypanocides (injection)

Plusieurs substances injectablesPlusieurs substances injectablesPlusieurs substances injectablesAntibiotique (injection)Antibiotique (injection)aucunaucun

Antibiotique (injection)aucun (maladie suraiguë)

aucun (maladie suraiguë)aucun (maladie suraiguë)aucun (maladie suraiguë)

Principales espèces affectéesBovins

Camélidés, équidés

BovinsBovins, ovins, caprinsBovinsBovinsBovinsEquidésOvins

Bovins, ovins, caprinsBovins, ovins, caprins, camélidés,équidés, porcsOvins, caprins, bovinsBovins, ovinsOvins

Mode detransmission/vecteurMouches tsé-tsé(glossines)MouchespiqueusesTiquesTiquesTiquesTiquesTiquesMoustiquesMoustiques

MouchesSol

SolSolSol

VaccinNon

Non

NonOuiOuiNonOuiOuiOui

NonOui

OuiOuiOui

MaladiesTrypanosomoses bovines

Surra (trypanosomose àTrypanosoma evansi)AnaplasmosesBabésiosesTheilériosesCowdrioseFièvre de la Vallée du RiftEncéphalomyélites virales équinesFièvre catarrhale du mouton(blue-tongue)Kérato-conjonctivite infectieuseCharbon bactéridien

EntérotoxémiesCharbon symptomatiqueHépatite infectieuse nécrosante

Tableau 4. Quelques maladies importantes d’Afrique et d’Asie transmises par des vecteurs ou par le sol

25Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Traitement/mode d’administrationAntibiotique (injection)Antibiotique (pulvérisation)Acaricide (bains, pulvérisation, pour-on)Sulfamides et autres anticoccidiens (injection ou additif alimentaire)Anthelmintiques (breuvage, dragée, injection)

Principales espèces affectéesBovins, buffles, yaksBovins, ovinsOvins, caprins, camélidés, bovinsBovins, ovins, caprins, volaillesToutes espèces

VaccinsOuiNonNonNonNon

MaladiesPasteurellosesPiétinGaleCoccidiosesVers ronds

Tableau 5. Maladies des animaux liées aux conditions d’élevage en Afrique et en Asie

Il existe également des maladies dues à desmicro-organismes ou à des vers qui sonthabituellement présents chez tous les animauxsans poser de problème. Dans des conditionsnormales d’élevage, les animaux développent unecertaine résistance à la présence de ces agents, maisen cas de stress supplémentaire (nourritureinsuffisante ou déplacements fatigants sur delongues distances, par exemple) leur sensibilitéaugmente et les symptômes apparaissent. Unexemple classique de ce phénomène est lapasteurellose, également connue sous le nom defièvre des transports : lorsque les troupeaux sontconduits avec soin, les animaux porteurs de labactérie Pasteurella responsable n’en sontnormalement pas affectés, mais la maladie estsusceptible de se déclarer, typiquement, àl’occasion d’un regroupement pour transport oupendant les saisons humides et froides (voir leTableau 5).

3.5.2 Préserver la santé des animaux

Un sujet en bonne santé convertit beaucoup plusefficacement sa nourriture, aussi est-ilparfaitement sensé de faire en sorte que lesanimaux soient toujours en condition optimale. Sila prévention reste la méthode reine pour éviterque le cheptel ne contracte des maladies, cetteapproche n’est pas toujours à la portée d’unparticulier ou d’une communauté – qui plus estdans un contexte de population déplacée.

L’approvisionnement en produits vétérinaireset la prise en compte des besoins sanitaires ducheptel sont les interventions les plus importanteset les plus efficaces sur le plan économique pourparvenir à une meilleure productivité des animauxdes réfugiés. Un cheptel en meilleure conditionsanitaire augmente la capacité de charge desparcours, ce qui permet d’augmenter lerendement de chaque hectare. La mise en œuvrede campagnes massives de prophylaxie,comprenant par exemple des vaccinations et untraitement antiparasitaire préventif, nécessite uneévaluation préalable soupesant les coûts et lesbénéfices des campagnes de prévention oud’éradication de chaque maladie ainsi que leséventuelles alternatives.

Dans certaines situations, l’intervention d’unvétérinaire apparaîtra avec évidence comme laseule ou la meilleure solution envisageable.D’autres cas appelleront plutôt l’examen desautres stratégies possibles, un exercice pour lequell’Annexe II propose une série de questionsdestinées à orienter l’évaluation des priorités. Lesstratégies qui peuvent être considérées utiles pourprévenir, combattre ou faire reculer les maladiescomprennent en particulier :

Encadré 5�Méthodes traditionnelles

de prévention des maladies

Une manière efficace de préserver les animauxdes maladies à transmission vectorielle estd’éviter les zones à risque pendant certainespériodes. Ainsi les gardiens de troupeaux Fulanides régions sub-humides d’Afrique de l’Ouestévitent-ils les zones de parcours infestées etlimitent au maximum la durée des passages auxpoints d’eau, où les vecteurs sontparticulièrement abondants. Pendant la saisondes pluies, les bêtes ne sont envoyées aupâturage que tard dans la matinée, après queles probabilités de contracter des vers –maximales tôt le matin – se soient atténuées.Des feux sont allumés près des parcs à bétailpour éloigner les insectes piqueurs pendant lanuit et, en cas de flambée épidémique, lesgardiens de troupeaux évitent les régionsatteintes.

FAO, 2001

➤ Le contrôle des mouvements (contrôles auxfrontières, y compris entre districts, restrictionsdes importations, délivrance de certificats sani-taires, contrôle des marchés aux bestiaux) ; laplupart du temps, en cas d’afflux massif et sou-dain de réfugiés accompagnés de leurs ani-maux, le contrôle des mouvements s’avèredifficile à mettre en application ;

➤ Le contrôle de chaque troupeau (restrictionsdes achats et des ventes d’animaux, clôtures,désinfections, quarantaine, destruction desanimaux malades ou à risque, élimination desanimaux morts ou abattus) ;

➤ Le suivi des maladies ;

➤ La vaccination et les traitements prophylacti-ques ; et

➤ La lutte contre les vecteurs de maladies

Une fois l’étude d’évaluation réalisée, ildevrait se dessiner un certain nombre d’options,dont notamment celles énumérées ci-dessous.

Les campagnes de vaccination. Lorsqu’ellessont bien planifiées, les campagnes de vaccinationsont les interventions vétérinaires qui jouissent dumeilleur rapport efficacité-prix et les seules capa-bles de combattre les maladies virales endémiqueset épidémiques telles que la peste bovine ou la fiè-vre aphteuse. Le type de programme de vaccina-tion à suivre ne peut être déterminé qu’avec l’ex-périence des vétérinaires locaux.

Les plans des campagnes de vaccination demasse peuvent également être discutés avecl’Office international des épizooties (OIE)(http://www.oie.int/fr/fr_index.htm), qui esten mesure donner un avis sur la nécessité et la fai-sabilité des différentes options. En cas d’épisodeépidémique associé à de nombreux cas de morta-lité, un expert doit être appelé pour examiner lasituation et donner un diagnostic formel.

Les traitements prophylactiques contre lesparasites internes et externes. Le deuxième typede traitement de masse concerne les parasites. Desanimaux débarrassés de leurs parasites internes etexternes ont plus de chances de survivre à despériodes de stress alimentaire et sont moins

réceptifs et sensibles aux maladies infectieuses. Lestraitements antiparasitaires permettent d’accroîtrele taux de conversion des animaux et, partant, lacapacité de charge des parcours. Selon leur préva-lence, d’autres maladies peuvent être couvertes parces campagnes de traitements préventifs, parexemple les trypanosomoses, les babésioses et lestheilérioses. Les principales options qui se présen-tent pour lutter contre les parasites sont lessuivantes :

➤ La lutte contre les endoparasites (vers ronds,vers plats) – vermifugation stratégique; et/ou

➤ La lutte contre les ectoparasites (tiques, aca-riens, puces, mouches) – bains, pulvérisationsou pour-ons insecticides et/ou acaricides.

La lutte contre les trypanosomoses. Lesdifférents moyens de lutte contre les trypanoso-moses peuvent être classés de la manière suivante :

➤ La lutte contre les vecteurs, les mouches tsé-tsé(ou glossines) : les épandages aériens d’insecti-cides et la destruction de l’habitat spécifique deces espèces par défrichement sont difficiles àjustifier d’un point de vue environnemental etéconomique et ne doivent être utilisés qu’aprèsl’examen méticuleux de toutes les alternatives,y compris celle du statu quo ; une méthode res-pectueuse de l’environnement, bien quedemandant une main d’œuvre importante,consiste à réaliser des pièges imprégnés desubstances naturelles attirant les mouchestsé-tsé ; une autre technique a recours au lâcherd’un grand nombre de mouches mâles préala-blement stérilisées par un traitement auxrayons ; et/ou

➤ La chimiothérapie et la chimioprophylaxie : letraitement prophylactique des animaux à l’aidede substances trypanocides ne se justifie écono-miquement que dans des situations de trèsforte prévalence de la maladie ; le traitementcuratif des sujets malades améliore significati-vement leur productivité, notamment dans lecas d’animaux de production laitière.

Services sanitaires vétérinaires à l’échelonde la communauté. Toutes les opérations d’aide àla production animale dans le cadre depopulations déplacées devraient comprendre des

26 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

27Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

programmes de formation de techniciensvétérinaires locaux, sélectionnés parmi lapopulation réfugiée. Ils sont essentiellementattachés à la lutte antiparasitaire (administrationde médicaments vermifuges, d’acaricides etd’insecticides) mais peuvent également, s’ils sontsuffisamment formés, prendre part auxprogrammes de vaccination sous la direction d’unvétérinaire. Dans le domaine curatif, leur fonctionse limite au traitement des blessures, des troublesgastro-entériques simples et des maladiesinfectieuses sans gravité. L’administration demédicaments injectables tels que des antibiotiqueset des trypanocides est normalement à réserver auvétérinaire, dans la mesure où toute erreurd’administration est susceptible d’entraîner deseffets secondaires indésirables sur les animaux etsur les personnes qui en consommeraient laviande ou le lait.

Les techniciens vétérinaires locaux sontégalement chargés d’autres tâches importantes. Ilsremplissent la fonction de conseillers pour lesactivités d’élevage et, lorsqu’ils ont été formés à destechniques de suivi simples, d’informateurs deterrain concernant le développement desactivités d’élevage et l’évolution des maladies.

Remèdes traditionnels. Toutes lessociétés avec une tradition d’élevagedétiennent un riche corpus de savoirsaccumulés sur les soins à donner aux animauxmalades. Cet ensemble peut être mis à profitpour économiser de précieuses ressources etsusciter une atmosphère de confiance entre lesréfugiés et le personnel d’encadrement. Lespraticiens traditionnels dans ce domainedevraient être recherchés et contactés, chez lesréfugiés ou au sein de la populationautochtone, et pourraient éventuellementbénéficier d’une formation de technicienvétérinaire local.

Les remèdes traditionnels sont unealternative viable à la médecine vétérinaireoccidentale conventionnelle, surtout lorsquecette dernière n’est pas disponible localementet qu’elle est financièrement hors de portée ousimplement inappropriée. Toutefois, si cettemédecine ethno-vétérinaire est en mesure detraiter à peu de frais des problèmes sanitairessimples, elle reste assez inopérante, dansl’ensemble, contre les maladies infectieuses.

La médecine vétérinaire traditionnelleemploie un grand nombre des plantesgénéralement faciles à obtenir, mais égalementd’autres ingrédients. Ainsi de la bière tiède est-elleadministrée aux femelles ayant mis bas afin de lesaider à expulser le placenta et des toiles d’araignéessont appliquées sur des coupures pour arrêterl’écoulement du sang. Certaines plantes utiliséesont des usages multiples, telles que le goyavier(Psidium guajava), le bambou (Bambusa vulgaris),le riz (Oryza sativa), le curcuma (Curcuma longa),l’aloès (Aloe vera), le bananier (Musa spp.) etKalanchoe pinnata. Elles peuvent toutes êtretrouvées sur les petites exploitations agricoles ousont faciles à cultiver. Beaucoup ont par ailleursd’intéressantes propriétés alimentaires : des

Des services vétérinaires pour préserver la santé du cheptel

bananes vertes en surplus peuvent ainsi être pilées,bouillies puis données aux bêtes commecomplément alimentaire riche en glucides et enfer, tandis que les fruits et les feuilles du goyaviercontiennent plusieurs vitamines utiles.Cymbopogon citratus et Ocimum gratissimum sonten outre délicieux en infusion. Les plantesutilisées pour traiter les ruminants serventessentiellement à soigner des parasites internes,des lésions internes et externes et des problèmesliés à la gestation. Les plantes sont habituellementbouillies en décoction, mais d’autres sont utiliséesen infusion, auquel cas de l’eau bouillante estversée sur les feuilles fraîches qui sont ensuitelaissées à infuser hors du feu. Ces préparationssont utilisées immédiatement ou sur une périodede plusieurs jours. Elles sont administrées auxanimaux à l’aide d’un morceau de bambou, d’unebouteille à goulot étroit ou d’autres instrumentsadéquats. Toutefois, comme avec toute autreméthode, il convient d’user de prudence dansl’utilisation des remèdes et savoirs traditionnels. Ilreste que l’étude plus attentive de ce potentielmédicinal pourrait mettre en évidence un vasteréservoir de connaissances utiles dans dessituations reculées, loin de tout accès à unemédecine moderne (FAO, 2001).

3.5.3 Eviter les problèmes de santé publique

Les questions de santé publique devraient resterprioritaires partout où des activités d’élevage sontenvisagées ou pratiquées dans le cadred’opérations d’aide à des réfugiés ou rapatriés. Denombreux facteurs doivent ici être pris enconsidération, y compris l’attraction des moucheset d’autres insectes potentiellement vecteurs demaladies autour des concentrations d’animauxdomestiques, les problèmes de transmission demaladies des animaux aux humains et la bonnemanière d’employer les médicaments vétérinaires.

La prudence dans l’emploi desmédicaments vétérinaires. Les médicamentsvétérinaires doivent uniquement être administréspar des techniciens formés. Comme la toxicité deces substances varie, les précautions élémentairesci-dessous sont recommandées :

➤ Les techniciens vétérinaires locaux sonthabilités à traiter les plaies, à administrer desvermifuges et certains types d’insecticides etacaricides ; en l’absence de techniciens formés,le traitement des plaies et des parasitosesinternes peut être confié aux éleveurs eux-mêmes, après explication de la marche à suivre ;

➤ La plupart des acaricides sont très toxiques etne doivent être administrés que par despersonnes expérimentées qui doivent seprotéger en portant des gants en caoutchouc ;

➤ Les antibiotiques et les autres médicamentsanti-infectieux doivent être administrés par desvétérinaires ou, en leur absence, par unpersonnel paramédical vétérinaire ;

➤ Les bassins destinés au traitement collectifd’animaux contre les parasites externes (bainsinsecticides ou acaricides) doivent être installésà une certaine distance des habitations et géréspar des personnes spécialement formées ; ilsdoivent être d’une étanchéité parfaite ;

➤ Toutes les substances médicamenteusesdoivent être entreposées hors de portée desenfants et des campagnes de sensibilisationdoivent informer les familles des risquesd’intoxication.

Les abattoirs. L’abattage des animaux ausein des camps doit impérativement être confiné àdes sites particuliers réservés à cet effet, enpériphérie des zones d’habitation. Il importe,avant toute installation d’un abattoir, de résoudrele problème de l’élimination des déchetsd’abattage. La plupart des sous-produits peuventêtre convertis en aliment pour animaux parstérilisation, séchage et broyage. Des ouvragestechniques décrivant comment concevoir despetites unités de production d’aliments pouranimaux sont disponibles auprès de la FAO(www.fao.org). Tous les déchets d’abattage nonutilisés doivent être éliminés à une distancesuffisante des habitations, si possible incinérés oualternativement déposés au fond de fossesprofondes d’au moins deux mètres.

28 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

La séparation des points d’eau affectés auxhumains et aux animaux. Pour réduire les ris-ques de contamination, les points d’eau utiliséspar la population humaine doivent être stricte-ment séparés de ceux réservés à l’abreuvement desanimaux. Les puits où est puisée l’eau destinée à laconsommation humaine doivent être entourésd’un mur ou d’une clôture pour empêcher les ani-maux de s’en approcher. Les points d’abreuve-ment le long des cours d’eau doivent être situés enaval du camp ou de la zone d’habitation, et en avalde tous les points de collecte d’eau potable.

La répartition des points d’eau et leurs horai-res d’utilisation ont des conséquences immédiatessur la qualité des parcours. Les zones sous-utiliséesdu fait du manque de points d’eau devraient sipossible être répertoriées, et de nouveaux pointsd’eau créés afin de mieux répartir la pression depâturage. Les groupes d’éleveurs autochtonespourront prendre part à ces aménagements, quidevraient profiter à tous.

Si l’approvisionnement en eau est insuffisant,il est possible de réfléchir à des projets de récupé-ration et de stockage par des techniques tradition-nelles ou modernes, tels que des bassins de récep-tion des eaux de ruissellement.

La prévention des zoonoses. Les stratégiesde prévention de la transmission de zoonoses desanimaux à la population humaine devraientcomprendre les mesures suivantes :

29Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Actions à envisagerSuivi et dépistage réguliers desmaladies des animaux d’élevageSensibilisation aux zoonoses, àl’hygiène alimentaire, à la propretédes parcs/locaux d’élevage et à lanécessité de vacciner les animauxTests de dépistage sur le cheptel ;exclusion et élimination en toutesécurité des animaux ayant desrésultats positifs ; les conseillersdoivent surtout insister surl’hygiène alimentaire, par exemplela stérilisation du lait par ébullitionTests de dépistage sur le cheptel ;exclusion et élimination en toutesécurité des animaux ayant desrésultats positifs ; vaccination desveaux ; les conseillers doiventsurtout insister sur l’hygiènealimentaire, par exemple lastérilisation du lait par ébullitionVaccination régulière des chats etdes chiens ; contrôle et éliminationdes animaux infectés, qu’ils soientdomestiques ou sauvages Inspection régulière des aliments(viandes)

Secteurs d’activité/maladiesMesures générales

Programmes devulgarisation et de conseil

Tuberculoses

Brucelloses

Rage

Ténias

30 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

3.6 Stabulation

Les animaux domestiques vivent, par définition, àl’intérieur et à proximité immédiate deshabitations humaines. Selon les espèces, ils aurontleur place littéralement dans la maison, dans unpetit enclos ou dans une dépendance attenant aubâtiment principal ou au sein de troupeaux gardésà une certaine distance. Certaines races sonthabituellement parquées pour la nuit. Lesavantages de la stabulation et des gestions de cetype sont très divers ; on peut citer :

➤ La protection contre les conditions climatiques ;

➤ La gestion des déjections – la récolte du fumiercomme combustible ou engrais étant plusfacile sur de petites surfaces ;

➤ La lutte contre les maladies;

➤ La protection contre le vol et les agissementsdes prédateurs ;

➤ L’économie de temps et de main d’œuvre ;

➤ Le contrôle de la qualité de la production ; et

➤ La prévention des dégâts aux cultures.

La stabulation des animaux d’élevage néces-site toutefois des investissements supplémentaireset peut par ailleurs poser certains problèmes envi-ronnementaux, notamment le bois à couper pour

ériger les abris et les enclos, et la concentration desdéplacements et de l’alimentation des animaux surde petites surfaces. Diverses méthodes existentdans le domaine de la stabulation et de la limita-tion des déplacements des animaux (cette dernièrepouvant contribuer à atténuer certains impactssur l’environnement), notamment le pâturage enenclos, le pâturage au piquet avec déplacementjour après jour, le zéro-pâturage avec affourage-ment en vert et récolte régulière du fumier. Ladécision de garder ou non des animaux à l’inté-rieur d’un local n’est pas sans importance : unpoulailler construit avec des matériaux simplespermet de réduire les pertes dues à la prédation etaux maladies et d’accroître la productivité desvolailles d’au moins 20%.

Toutes les formes de stabulation exigent uneprotection contre le vent, le soleil et la pluie ainsiqu’une ventilation adéquate. En parallèle, ilconvient de veiller à ce que les animaux bénéfi-cient de suffisamment d’espace, car la surpopula-tion rejaillit sur leur santé et, du même coup, surleur productivité. Des solutions rationnellesdevraient être recherchées en fonction des condi-tions climatiques locales : ainsi, au lieu de couperdes arbustes pour fabriquer des enclos pour lesruminants, les réfugiés devraient-ils être encoura-gés à planter des haies vives comprenant des espè-ces épineuses qui, en se développant, pourrontoffrir un complément de fourrage et un abricontre les éléments. La stabulation de bovins,ovins et caprins à l’intérieur des camps devrait êtrelimitée à de petits effectifs et seulement autoriséesi l’espace est suffisant et si des services sanitairesvétérinaires de base sont disponibles localement.Une vache laitière requiert un espace d’au moins 5 m2, surface qui peut être ramenée à 1 m2 pourun ovin ou un caprin. Quatre poules adultes peu-vent être élevées sur 1 m2.

3.7 Capacité de charge du milieu

La capacité de charge peut être définie comme lenombre maximal d’animaux herbivores qui peu-vent être maintenus sur un territoire donné sansexcéder la production de la végétation qui s’ytrouve (ou alternativement le nombre d’animauxqui peuvent être maintenus sur un territoiredonné sans porter atteinte à l’équilibre qui existeentre la croissance de la végétation et la produc-Le petit élevage peut contribuer à bien alimenter sa

famille et à se créer un revenu

tion animale). Il s’agit d’un des concepts les plusimportants pour la conduite des troupeaux degros et petit bétail.

La plupart des chercheurs travaillant sur lesparcours pour bétail s’accordent aujourd’hui pourdire que l’impact du pâturage extensif sur l’envi-ronnement a été considérablement surestimé.Dans les régions semi-arides d’Afrique, duMoyen-Orient et d’Asie Centrale, l’élevage trans-humant est maintenant considéré comme uneforme d’exploitation des terres à la fois adéquateet durable, moins dangereuse pour l’environne-ment que les activités agricoles proprement dites.

La taille des troupeaux évolue selon un cyclerégi par l’alternance des périodes sèches et pluvieu-ses et par la survenue régulière de sécheresses.Entre ces dernières, les troupeaux atteignent rare-ment la capacité de charge des parcours, et il estrare que suffisamment de têtes de bétail puissentêtre gardées jusqu’à la fin de la saison sèche pourque ces effectifs posent un quelconque problèmeaux pâturages lors de la saison des pluies suivante.

Le schéma des déplacements migratoires etalimentaires des troupeaux transhumants reflèteune stratégie d’exploitation maximale des terrespour un appauvrissement minimal des ressources.Un mécanisme de contrôle en retour (feed-back)agit constamment sur le système formé par les ani-maux et les plantes qu’ils consomment :

➤ Les années à pluviométrie normale, les ani-maux et les plantes sont en relatif équilibre ;

➤ Dans les secteurs semi-arides et arides, l’inter-action entre les animaux herbivores et lavégétation est rarement équilibrée ; lorsque lavégétation est surpâturée, la productivité destroupeaux accuse un net recul : les effectifschutent ou les troupeaux migrent vers d’autressecteurs ; les semences survivent dans le sol etgerment à l’occasion des pluies suivantes pourformer une nouvelle couverture végétale ; et

➤ Une pression de pâturage contrôlée, modérée,combinée à l’effet fertilisant des déjections desanimaux est susceptible d’améliorer la qualitédes parcours.

Il est fondamental de bien comprendre que lesurpâturage comme le sous-pâturage sont tout lesdeux à même de susciter le développement d’unevégétation ligneuse ou non consommable par lesanimaux, portant par là atteinte au potentiel deproduction du territoire affecté. L’élevage est unsystème de gestion des zones improductives quiest susceptible de maximiser la production ali-mentaire pour une quantité minimale d’intrants.

Les troupeaux, notamment d’ovins et decaprins, se remettent rapidement des sécheresses,ce qui indique que les dégâts aux parcours sontpeu importants à long terme. Dans bien desrégions d’Afrique, les effectifs ont continué à s’accroître sur plusieurs décennies en dépit d’allé-gations de surpâturage. Il n’aurait pas été possibled’augmenter ainsi le cheptel si les parcoursn’avaient pu en supporter la pression.

L’ancien paradigme de la tragédie des bienscommuns fait ici place à l’idée que les populationspastorales ont su mettre au point des formes efficaces de gestion collective des parcours.

L’impact des animaux herbivores sur la strateherbeuse et donc sur la capacité de charge dépendde plusieurs facteurs, dont le climat, la structure dela végétation et les autres utilisations de la terredans la région. Les zones sub-humides sont plussensibles au surpâturage que les zones semi-arides,et les plantes pérennes beaucoup plus que les plan-tes annuelles. La présence transitoire d’une densitéimportante de bétail a des effets préjudiciables surla végétation, et l’impact du surpâturage peutencore être aggravé par des systèmes de culture ina-daptés et le prélèvement immodéré de bois de feu.

Il apparaît donc que les chiffres de capacitéde charge publiés dans la littérature devraient êtreétudiés d’un œil critique. Il a été estimé que, dansles zones arides recevant 200 mm de pluie par an,la capacité de charge à ne pas dépasser serait d’en-viron 7 UBT (unités bovines tropicales) par km2,soit 7 bovins ou 70 ovins ou caprins. De même,dans une zone semi-aride recevant 600 mm deprécipitations, la capacité de charge serait d’envi-ron 20 UBT par km2, soit 20 bovins ou 200 ovinsou caprins.

31Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

3.8 Concurrence pour les ressources

Il est probablement inévitable que les animauxpossédés par les réfugiés ou les rapatriés entrent enconcurrence avec ceux des populationsautochtones de la région. Le principal déficonsiste ici à limiter autant que faire se peut leniveau de compétition et de dégradation.

Herbes, arbustes et autres composantes de lavégétation, ainsi que l’eau, sont ce dont la plupartdes animaux domestiques ont fondamentalementbesoin, y compris lorsqu’ils sont confinés dans desparcs ou en stabulation. Il est importantd’empêcher les animaux d’aller endommager leschamps des agriculteurs comme d’éviter lepâturage dans les zones écologiquement fragilesou le surpâturage de manière générale. Laconcurrence entre les animaux domestiques et lafaune sauvage peut également devenir un facteurlimitant lorsque cette dernière est susceptibled’être à la base d’un autre mode de génération derevenu, par exemple dans le cadre d’une forme oud’une autre d’écotourisme.

La présence d’animaux d’élevage peutfacilement peser sur les rapports entre lespopulations locales et la communauté des réfugiésou rapatriés. Bien que la concurrence pour desressources en quantité limitée telles que lavégétation consommable, l’eau et les matériaux deconstruction d’enclos puisse susciter des conflitsentre les deux populations, au même moment desarrangements réciproques et des collaborationsdans les domaines de la production, du commerceet de la valorisation des produits posent parfois lesjalons pour l’instauration de bonnes relations devoisinage. Il est important que les gestionnairescomprennent la dynamique de base de la situationauquel ils sont confrontés, tenant compte desparticularités propres à chaque cas – car de l’acuitéde leur perception dépend directement lapossibilité pour les réfugiés ou les rapatriés deposséder certains types d’animaux.

32 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

La capacité de charge du camp estdéterminante pour les activités d'élevage

33Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Gestion appliquée descheptels – quelques

options pour améliorer lessystèmes d’élevage

4.1 Introduction

Toute situation qui force des personnes à quitterleur maison et leurs terres et à devenir des réfugiésest susceptible d’avoir de multiples conséquencesgraves pour les troupeaux, par exemple :

➤ Beaucoup d’animaux peuvent être abattus ouvendus par leur propriétaire, avant ou pendantla migration forcée, ou encore volés par dessoldats ou par des populations affamées ;

➤ Si les familles sont en mesure d’emporter leursbêtes avec elles lorsqu’elles fuient vers d’autresrégions, le fourrage peut se révéler insuffisantou inadapté ; leurs animaux sont susceptiblesd’entrer en contact avec d’autres troupeaux auniveau des points d’eau et d’être exposés à desépidémies locales contre lesquelles ils ont peude résistance – inversement, ils peuvent exposerles animaux autochtones à des maladies qu’ilsauront importées dans la région ; et

➤ Lorsque les mouvements migratoires sontrapides, les réfugiés sont parfois obligés delaisser leurs bêtes derrière eux (voir la Figure 1); certains membres des familles tentent alorsquelquefois de rester avec les troupeaux, maisfinissent souvent par rallier des secteurs un peuplus sûrs où les animaux se concentrent,provoquant les mêmes problèmes écologiquesque ceux induits par les réfugiés migrant versd’autres pays.

En outre, la dislocation des sociétés pastora-les peut déclencher un certain nombre de problè-

mes sociaux. Les familles qui sont entièrementdépendantes de la production animale deviennentvulnérables lorsqu’elles perdent leurs bêtes. Desconflits se déclarent souvent entre la populationdu pays hôte et les réfugiés, suite à la concurrencepour les zones de pâturage et les points d’eau et àla destruction de champs cultivés par des grandstroupeaux en mouvement.

Les risques environnementaux et sociaux quereprésentent les animaux domestiques des réfugiéset rapatriés devraient être compensés par les pro-grès dont ils sont porteurs dans les domaines de lasécurité alimentaire, la génération de revenu, laproduction de combustible et d’engrais pour lesjardins et les petits champs, le transport et la miseen place de solutions durables. Les réfugiés prove-nant de sociétés pastorales et devant retrouver unmode de vie durable après leur rapatriementauront besoin d’un cheptel – composé d’espèces etde races adaptées à leurs besoins et aux conditionslocales. Les interventions envisageables sont briè-vement récapitulées dans le Tableau 6 avant d’êtreexaminées en détail plus loin.

4.2 Systèmes de production animale

Il existe pour chaque espèce quantités de systèmesde production très différents, qui varient en fonc-tion de facteurs tels que les conditions climatiqueset écologiques locales, les disponibilités en eau, lesdisponibilités en fourrage, les schémas locaux d’af-fectation des terres, les risques de maladies, lecapital disponible, la sécurité et les risques de prédation, les races qu’il est possible de se procu-rer, les capacités de gestion, les besoins de lafamille et bien d’autres. En dépit de cette com-plexité, les systèmes de production animale dansle contexte qui nous intéresse peuvent être classésen quelques grandes catégories, à savoir :

➤ L’élevage en liberté correspond à un système àniveau de gestion limité, dans lequel lesanimaux contribuent, certes, mais de manièreaccessoire, à l’économie domestique et à lasubsistance de la famille. Dans ce système, desanimaux en petit nombre – généralement desvolailles, des porcs, des ovins ou des caprins –sont lâchés sans surveillance autour deshabitations et dans le voisinage. Ils doivent leplus souvent subvenir eux-mêmes à leurs

4

34 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Figure 1. Effets possibles des migrations des réfugiés sur les systèmes de production animale

MIGRAMIGRATION DESTION DESPOPULAPOPULATIONSTIONS

RAPRAPAATRIEMENTTRIEMENTRETRETARDÉARDÉ

LES ANIMAUX SONT DÉPLACÉS

LES ANIMAUX SONT VOLÉS

SURPÂTURAGE

ÉROSION

MANQUE DENOURRITURE ET

D’EAU

BAISSE DU COURSDES ANIMAUX

LA PRESSION DESMALADIES S’ACCROÎT

ACCROISSEMENT DESPERTES D’ANIMAUX

LA DENSITÉ DESANIMAUX S’ACCROÎT

LES TROUPEAUXSONT DÉCIMÉS

PERSPECTIVES DEREVENUS EN BAISSE

AUGMENTATION DELA RÉCEPTIVITÉ ET DELA SENSIBILITÉ AUX

MALADIES

AUGMENTATION DESRISQUES DEMALADIES

ACCROISSEMENT DESVENTES ET DES

ABATTAGESD’ANIMAUX

INSUFFISANCE DEL’ÉQUIPEMENT ET DELA PRÉPARATION DES

SERVICESVÉTÉRINAIRES

LES ANIMAUX SONTLAISSÉS SUR PLACE

besoins alimentaires et à leur abreuvement etsont très exposés à la prédation, au vol et auxmaladies. Les soins sanitaires et la lutte contreles parasites et les maladies sont peu courants,et si les coûts de production sont bas, lesrendements sont médiocres. Les animauxentretenus de la sorte sont en outresusceptibles de porter atteinte à d’autresressources et activités de production telles queles potagers et les pépinières d’arbres.

➤ L’élevage extensif met en jeu le déplacementd’un grand nombre d’animaux sur de vastes

territoires dans lesquels ils recherchent leurnourriture. Les animaux sont souvent regrou-pés en troupeaux gardés, et sont généralementabreuvés et traités pour prévenir ou combattreles maladies. Camélidés, bovins, ovins etcaprins sont les principales espèces concernées.Ce système d’élevage requiert plus d’attention,dans la mesure où les animaux sont surveillés etgardés de manière permanente ou semi-perma-nente. Les investissements sont égalementsupérieurs : le niveau de connaissances requisest plus élevé, notamment en ce qui concerne

35Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Interventions au niveau des systèmes sociaux● Utilisation des savoirs locaux● Contrats de pacage et

de gardiennage

● Remèdes traditionnels

● Prise en compte des loiscoutumières (par ex. sur les droitsde pacage et d’abreuvement)

Apports techniques

● Compléments alimentaires(fourrage, concentrés, sous-produits agricoles)

● Traitement de la paille● Blocs à lécher mélasse-urée● Amélioration des pâturages● Vaccinations● Traitements prophylactiques

(insecticides, acaricides,vermifuges)

● Dépistage des zoonoses● Vaccinations des animaux (par ex.

brucellose, rage)● Construction de petits abattoirs● Construction de points d’eau

séparés pour les humains et lesanimaux

● Reconstitution des troupeaux● Stabulation des animaux

Gestion et formation● Ajustement des charges animales ● Garantir la possibilité de déplacer

les troupeaux● Activités intégrées d’agriculture et

d’élevage● Sylvopastoralisme

● Stratégies de lutte contre lesmaladies

● Services sanitaires vétérinaireslocaux

● Gestion prudente des médicamentsvétérinaires

● Formation et conseil● Inspection des aliments● Récupération de l’eau

● Programmes d’améliorationgénétique

● Prise en compte des lois et desréglementations

Systèmes depâturage

Aliments

Etat sanitaire desanimaux

Santé publique

Eau d’abreuvement

Génération derevenu

Autres

Tableau 6. Interventions possibles favorisant une bonne gestion des cheptels

la santé et le comportement des animaux, et lesintrants nécessaires sont plus importants (parexemple insecticides et acaricides contre lesparasites externes, vaccins, antibiotiques), dansla limite des ressources financières disponibles.La reproduction, tant sur le plan de la chrono-logie que sur celui de la sélection des reproduc-teurs, tend à être peu contrôlée.

➤ L’élevage intensif est une formule quidemande plus d’intrants, plus de connaissanceset de savoir-faire et une approche plus carté-sienne de la production. La reproduction, l’ali-mentation et la santé sont surveillées et la qua-lité et la quantité de l’eau de boisson sontcontrôlées. L’environnement immédiat desanimaux est généralement aménagé, par exem-ple par la construction de locaux spécialementdestinés à cet usage. Il arrive parfois que la

nourriture des animaux soit cultivée sur place,à consommer en champ ou sous forme de four-rage vert distribué. Les risques économiquessont plus importants et reflètent la plus grandevaleur des races utilisées, habituellement plusproductives. Les coûts de l’alimentation et dessoins vétérinaires tendent également à être éle-vés, mais il en va de même des retours d’inves-tissement en termes de rendement et de qualitéde la production. Les bovins, les caprins, lesporcs, les volailles et les lapins peuvent parfai-tement être élevés en système intensif.

➤ Les systèmes intégrés combinent un élevageintensif ou semi-intensif avec d’autres activitésde production, telles que des cultures, ou plu-sieurs activités d’élevage en interaction. Cetteformule permet de réduire les coûts (relative-ment aux systèmes intensifs) en produisant la

36 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Connaissances etsavoir-faire requis

Besoins en espace eten ressourcesnaturelles

Productivité etimpact sur le niveaude vie

Besoins en maind’œuvre et entravail

Besoins en intrantset coût associé

Répercussions surl’environnement

Tableau 7. Les caractéristiques des principaux systèmes d’élevage

Elevage intégréNiveau élevé deconnaissances et desavoir-faire dans uncertain nombre dedomaines de l’élevage etde l’agriculture

Besoins importants enressources locales, enutilisant, adaptant etrecyclant ce qui estdisponible ; fortengagement en faveurde la santé et de lagestion globale par lebiais de systèmesbiologiques Productivité élevéepossible ; peutégalement être tout àfait durable Travail important aumoment de la mise enplace, puis productionstable possible pour uneffort limité

Besoins limités enintrants

Système à risqueslimités, réduisant lesimpacts surl’environnement etstimulant la productionanimale ; grandeimportancegénéralement accordéeau bien être desanimaux et auxquestionsenvironnementales

Elevage extensifNiveau de compétencepeu élevé

Besoins importants enressources naturelleslocales telles que deszones de végétationherbeuse et arbustive ;nécessité d’un accès àdes surfacesrelativement étendues

Productivité peuimportante et sensibleaux variationssaisonnièresBesoins parfoisimportants en maind’œuvre

Très faible

Risques importants dedégradation parpiétinement et/ousurpâturage danscertains secteurslocalisés, entraînantdestruction de milieuxnaturels, érosion des solset pollution desressources en eau

Elevage intensifBesoin élevé enconnaissances et ensavoir-faire pertinentsdans quelques domainesparticuliers (santé,aliments et alimentationdes animaux) Requiert généralementdes complémentsalimentaires et desaliments de qualitésupérieure (produitslocalement ouimportés) ; l’expositionaux parasites accroît lesbesoins en produitssanitaires Productivité élevée, maiscoûts et risquesimportants

Besoins importants entravail et encompétences,occasionnellementréduits par l’utilisationd’intrants Besoins importants etcontinuels en intrants, cequi rend ce systèmecoûteux et sensible auxfluctuations de ladisponibilité et du prixdes ressources Risques importants depollution et decontamination du fait dela concentration desdéjections et des déchetspharmaceutiquesvétérinaires

Elevage en libertéCompétences de baseuniquement

Besoins limités enressources, les animauxse nourrissant dedéchets et de lavégétation disponible

Productivité médiocre

Négligeable

Aucun

Risques sanitairesimportants pour lapopulation humaine, lesanimaux pouvanttransmettre desmaladies et desparasites ; risquesenvironnementaux

37Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

nourriture ou les compléments alimentairesnécessaires aux activités d’élevage et en luttantcontre les ravageurs et les maladies sans dépen-dre autant de ressources externes, tout envisant un niveau de production élevé.

Dans le souci de faciliter le choix du systèmele mieux adapté à chaque situation, les avantageset les inconvénients de chacun sont récapitulésdans le Tableau 7.

Outre les animaux eux-mêmes, l’élevagerequiert des intrants de toutes sortes, dont lematériel nécessaire pour les soins et les divers trai-tements, les médicaments (médicaments conven-tionnels et remèdes traditionnels) et le matériel destockage et de conditionnement hygiénique desproduits obtenus (bouteilles pour le lait, etc.). Lessubstances pharmaceutiques doivent de plus êtreelles-mêmes rangées dans des boîtes hermétiqueset hygiéniques les protégeant des températuresextrêmes et des contaminations. Le matériel vété-rinaire doit être nettoyé, stérilisé et rangé dans desboîtes propres et bien fermées.

Tout cet équipement n’est pas toujours oné-reux à obtenir, mais il y a lieu de prévoir desdépenses supplémentaires et des difficultés logisti-ques pour s’assurer de sa disponibilité. Chaquepièce doit être utilisée avec soin et efficacité pourpouvoir remplir son rôle sur toute sa durée de vieprévue. Leur perte ou leur dégradation, ainsi quel’éventuelle impossibilité de les remplacer, sontsusceptibles de rejaillir sur l’état sanitaire et le bienêtre des animaux comme sur la santé et la positionéconomique de leur propriétaire.

4.3 Stratégies de pacage adaptées àla capacité de charge

Des stratégies de pacage bien réfléchies etrespectées constituent l’un des piliers d’une bonnegestion de cheptel quelle que soit la situation,mais tout particulièrement dans les cas d’accueilde réfugiés ou de rapatriés, où des communautésdifférentes se trouvent fondamentalement enconcurrence pour des ressources naturellessouvent peu abondantes. Des discussions avec lespersonnalités influentes de la région devraientpermettre de dégager plusieurs possibilitésd’arrangements dans le temps et dans l’espace

pour que les réfugiés puissent emmener paîtreleurs animaux, ce qui devrait orienter un peu lesprises de décision et les suivis. Les principauxpoints à prendre en considération à ce stade (voirégalement le Tableau 7) sont les suivants :

Mobilité des troupeaux. Les effets d’unsurpâturage localisé peuvent être atténués si lesgroupes de pasteurs sont autorisés à déplacer leursanimaux. Quantité de facteurs sont susceptiblesd’entrer ici en ligne de compte, notamment lesconditions du milieu, la densité de la populationhumaine, le mode d’occupation des terres, lessystèmes d’utilisation des terres et les autorisationsformelles des autorités nationale et locale.

Ajustement de la charge animale. Lepâturage tournant et l’utilisation de troupeauxmixtes conviennent bien à la gestion des savanesen zone semi-aride. Les quatre principaux types deruminants élevés en troupeaux – les bovins, lesovins, les caprins et les camélidés – présentent descomportements alimentaires différents : les ovinset les bovins, ainsi que les yacks et les buffles,consomment principalement la végétationherbacée, qui couvre le sol, tandis que lescamélidés et les caprins sont plus sélectifs etpréfèrent le feuillage des arbustes et des arbres. Ilen résulte que les troupeaux mixtes sont enmesure de présenter une meilleure productivitépar unité de surface et que la capacité de charged’une zone de parcours donnée est plus grandeavec un troupeau mixte (caprins et ovins parexemple) qu’avec un troupeau monospécifique.

Savoirs locaux. Les systèmes traditionnelsutilisés par les groupes de pasteurs locaux pourestimer la capacité de charge d’un territoire sontbasés sur le suivi subjectif d’une série d’indicateursenvironnementaux, par exemple, les espèces com-posant la végétation, la quantité et la qualité desplantes consommables, la dégradation du milieuet le comportement de la faune sauvage. Les inter-ventions telles que la mise au point des stratégiesde pacage, l’amélioration des pâturages ou desprojets de récupération de l’eau auraient avantageà s’inspirer de ce corpus de connaissances locales.

Contrats de pacage. Si la couverture végétale permet un accroissement transitoire deseffectifs des troupeaux, la population et les autori-tés locales doivent être consultées quant à l’usage

qu’on se propose de faire de la zone de parcours.Il est alors possible que des contrats de pacage doi-vent être négociés, soit directement par les réfu-giés intéressés, soit par l’intermédiaire d’un tiers(souvent un partenaire de mise en œuvre repré-sentant les réfugiés). Dans ce cas, il peut s’avérerutile d’offrir à la communauté locale une contre-partie – par exemple une aide pour l’ouverture denouveaux points d’eau – en échange de droits depacage pour les animaux des réfugiés.

Contrats de gardiennage. Les animaux desréfugiés peuvent être temporairement mêlés auxtroupeaux locaux sur la base de contrats de gar-diennage. En contrepartie du service de gardien-nage qu’ils fournissent, les gardiens de troupeauxde la population autochtone reçoivent une rétri-bution en nature, par exemple le droit d’utiliser lelait ou une partie de la production du troupeaupour leurs propres besoins. Cette manière d’opé-rer non seulement peut générer des emplois degardiens de troupeaux pour les réfugiés, maisencore permet aux propriétaires des bêtes de récu-pérer leur cheptel au moment de leur rapatrie-

ment. Cette option n’est toutefois susceptible defonctionner correctement que lorsque les réfugiéset la population locale appartiennent à des grou-pes ethniques proches.

Il existe par ailleurs une autre stratégie sus-ceptible de révéler intéressante, peut-être enconjonction avec des systèmes ou des pratiquesmixtes mieux intégrés : l’utilisation des jachères.La jachère se rapproche de la culture itinérante ence que les sites de culture (y compris des herbages)sont déplacés tous les deux ans et qu’une partiedes terres est laissée inculte pour se régénéreravant une nouvelle mise en culture. Dans beau-coup de systèmes traditionnels, la période dejachère dure une dizaine d’années, mais elle tendactuellement à être abrégée, voire même totale-ment éliminée, dans certaines régions, sous l’effetde la pression foncière. Du point de vue des acti-vités d’élevage, il est important de respecter et defaire respecter les jachères, soit par mise en défens(aucun pâturage autorisé), soit en y conduisant unpâturage léger sélectif – l’avantage étant que lesdéjections des animaux contribuent à la fertilisa-

38 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Les grands troupeaux de bovins doivent être menés paître hors du camp, dans des zonesoù cette activité est autorisée

39Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Phase d’urgence● Contrats de pacage et de gardiennage● Utilisation des savoirs locaux● Vente d’animaux● Désignation des zones de pâturage

● Contrats/négociations avec la populationautochtone

● Désignation des zones de pâturage● Pose de clôtures● Désignation des zones de pâturage● Désignation des zones de pâturage● Désignation des zones de pâturage● Plafonnement de la taille du cheptel

● Aide alimentaire● Désignation des zones de pâturage

● Contrats/négociations avec la populationautochtone

● Désignation des zones de pâturage● Séparation des points d’eau affectés aux

humains et aux animaux● Limitation de la présence d’animaux au

sein des zones d’habitation

● Recrutement de personnel vétérinairelocal

● Limitation de la présence d’animaux ausein des zones d’habitation

● Contrôle des mouvements des animaux● Désignation de l’emplacement des

exploitations● Campagnes de vaccination d’urgence

Phase de soins et d’entretien● Pâturage tournant / ajustement de la

charge animale● Amélioration des pâturages● Approvisionnement alimentaire

(compléments alimentaires, paille, foin,sous-produits agricoles)

● Réserves de fourrage

● Haies vives● Désignation des zones de pâturage

● Désignation des zones de pâturage● Approvisionnement en eau dans les

zones de parcours éloignées ● Forages et puits● Récupération de l’eau ● Contrats de pêche● Désignation des zones de pâturage

● Contrats/négociations avec la populationautochtone

● Désignation des zones de pâturage

● Création de petits abattoirs et de sitesd’élimination des déchets d’abattage

● Formation et conseil/vulgarisation

● Formation et conseil/vulgarisation● Dépistage chez les animaux● Vaccination ● Amélioration du diagnostic vétérinaire● Formation et conseil/vulgarisation● Services sanitaires vétérinaires locaux● Amélioration des services de santé

animale ● Vaccination, traitements prophylactiques

Dégradation de la couverture végétale /surpâturage

Destruction des récoltes

Abattage d’arbres et arbustes Destruction de plantules

Réduction de la biodiversité Epuisement des ressources en eau

SurpêcheDésorganisation des modes de productionanimale traditionnelsConcurrence pour les zones de parcours

Pollution de l’eau

Pollution atmosphérique

Déchets d’abattage

Risques sanitaires dus à l’emploianarchique de médicaments vétérinairesTransmission de maladies des animaux aux humains

Prévalence accrue des maladies desanimaux

Tableau 8. Atténuation des répercussions indésirables des animaux des réfugiés sur l’environnement pendant lesphases d’urgence et de soins et d’entretien

tion des sols. Certaines jachères sont délibérémentcultivées en herbe ou en légumineuses dans lesouci d’activer la régénération du sol. Les plantesainsi cultivées peuvent alors être utilisées commefourrage.

4.4 Complémentation alimentaire etamélioration des pâturages

Au cours de la phase d’urgence d’une opérationd’aide à des réfugiés, l’approvisionnement en ali-ments pour bétail est susceptible de passer ausecond plan, derrière le besoin impérieux d’assurerla protection, l’alimentation, l’hébergement, l’eauet les soins de santé de la population humaine.Toutefois, pendant la phase de soins et d’entretienqui suit, la complémentation alimentaire des ani-maux peut devenir possible – soit de manière iso-lée, soit dans le cadre d’un programme de micro-crédit ou de prêts pour d’autres intrants agricolestels que des semences ou des outils. Selon la situa-tion économique des réfugiés, l’approvisionne-ment gratuit en aliments pour animaux peutconstituer la première étape d’un programmed’aide à l’autonomie.

Affouragement. Un approvisionnement enfourrage pour les animaux des réfugiés est enmesure d’atténuer la pression de pâturage sur leszones de parcours environnantes et d’alléger laconcurrence qui existe avec le bétail autochtonepour les ressources naturelles. Les animauxbénéficiant de compléments alimentaires peuventse contenter de parcours de moins bonne qualité,

permettant d’éviter le surpâturage des végétaux lesplus appétents. Il reste cependant que cetteformule, très onéreuse, n’est possible que lorsquesuffisamment de fourrage existe dans la région. Ildoit être soigneusement veillé à ce que lesprélèvements de fourrage dans ce but n’entraînentaucun effet négatif, écologique ou social, sur lelieu de récolte.

Sous-produits de l’agriculture. Il estpossible de se procurer les principaux élémentsnécessaires pour l’alimentation des animaux dansbeaucoup de pays tropicaux, notamment leséléments apportant de l’énergie, tels que du grain,des tubercules et de la mélasse, des éléments richesen protéines tels que des légumineuses, destourteaux d’oléagineux, des farines de viande oude poisson, et des éléments fibreux tels que dessous-produits de céréales ou de canne à sucre. Descompléments alimentaires minéraux peuvent êtreobtenus à partir de poudre d’os. Un grandnombre de sous-produits de l’agriculture sontutilisables en alimentation animale, y compris parexemple la pulpe de café et de cacao, les coques decacahuètes, les bananes, la pulpe d’ananas, la ballede riz, les feuilles de manioc et bien d’autres. Lessous-produits des industries du poisson et del’élevage (déchets d’abattage, litière de volaillesstérilisée, déchets de poisson et de crevettes)peuvent entrer dans la ration alimentaire desruminants. Dans le but d’évaluer les possibilitésd’améliorer l’alimentation animale pendant lesphases d’urgence et de soins et d’entretien, il estconseillé de faire l’inventaire des disponibilitéslocales en résidus et sous-produits agricoles.

Paille, foin et ensilage. Si le fourrage vert –comprenant l’herbe fraîche, le foin et l’ensilage – etla paille sont de précieux aliments pour bétail, ilssont coûteux en termes de transport et exigeants enconditions de stockage (nécessitant de l’espace etune protection contre les éléments). L’herbe verteet ses dérivés demandent peu de complémentsalimentaires, tandis que la paille présente unevaleur nutritive médiocre et ne suffit généralementpas à couvrir les besoins énergétiques desruminants. Il existe cependant des moyensd’augmenter la valeur nutritive de la paille par destraitements physiques et chimiques (voir l’encadré6). Les traitements physiques consistentnotamment à hacher ou à moudre la paille ; desmodèles simples de haches-paille peuvent être

40 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Les composantes de l'alimentation animale enzéro-pâturage

fabriqués localement par des forgerons. Quant auxtraitements chimiques à l’urée, à l’ammoniaque ouà la soude caustique, ils sont en mesure d’améliorerla digestibilité et de la paille et de multiplier pardeux la quantité d’énergie que les animauxpeuvent en extraire.

Elevages, cultures et arboricultures intégrés.Le recyclage des éléments nutritifs est l’un desfondements de tout système de production agricole.Les animaux peuvent être menés dans les champsaprès la récolte afin de mettre à profit les résidusagricoles que constituent les chaumes de céréales,les cannes de maïs et de sorgho et la partie épigéedes plants de cacahuètes. La plantation et l’entretiend’arbres fourragers est bénéfique à plusieurs titrepour l’environnement. Les légumineuses sont unebonne source de protéines et contribuent parailleurs à enrichir les sols en fixant l’azoteatmosphérique. Les arbustes épineux, plantés enguise de clôture (haies vives) autour des enclos,finissent avec le temps par également apporter dufourrage, une protection contre les éléments et dubois de feu, voire des matériaux de construction.

Blocs multinutritionnels mélasse-urée.Dans les pays hébergeant des industries de trans-formation de la canne à sucre, la production deblocs à lécher multinutritionnels pourrait êtreenvisagée pour contribuer à compléter l’alimenta-tion animale. Ces blocs apportent de l’énergie etdes protéines aux animaux qui n’ont que des par-cours de mauvaise qualité à leur disposition, tan-dis que leur fabrication et leur commercialisationsont susceptibles de constituer pour la populationlocale un moyen supplémentaire de générer desrevenus. Les coûts de production des blocs multi-nutritionnels dépendent dans une large mesure dela facilité d’obtention des divers ingrédients et ducoût de la main d’œuvre. En Afrique, ces coûts deproduction sont évalués à environ 100 à 150 dol-lars US par tonne, sans compter le prix du maté-riel requis pour réaliser les mélanges, c’est à diredes bétonnières, des moules (éventuellementfabriqués sur place) et des pelles. Il convient enoutre de prévoir des frais de transport pour lalivraison des blocs. Le Tableau 9 précise lesingrédients nécessaires pour réaliser ces blocsmultinutritionnels.

41Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Encadré 6�Traitements d’ingestibilité

et de digestibilité de la paille

Il existe de nombreuses méthodes pour utiliserla paille comme aliment pour les animaux, parexemple la consommation sélective, le hachageet le trempage, l’obtention génétique ouculturale de paille de meilleure qualité ou plusabondante et le recours à des systèmesculturaux et à des types d’animaux adaptés.Beaucoup de procédés ont été mis au pointpour rendre ce matériau plus digeste ou plusappétent. Les plus simples comprennent lehachage et le trempage, et certains des pluscomplexes font appel à des traitements à lavapeur.

Les approches les plus commodes utilisent del’urée. Une solution d’urée à 2 % peut parexemple être pulvérisée sur la paille à raisond’un poids égal de solution et de paille, ce quirevient à un type de complémentationcatalytique. Plus précisément, 4 kg d’urée sontdilués dans 50 à 100 l d’eau, et la solutionobtenue aspergée sur 100 kg de paille. Lemélange est maintenu en tas sous une bâcheimperméable pendant une à trois semaines, à lasuite de quoi il peut être employé commealiment, accompagné ou non de complémentsalimentaires. Ce traitement permetd’augmenter l’énergie extractible des fibres dela paille tout en apportant de l’azote pour unmeilleur fonctionnement du rumen.L’expérience montre que ce procédé estparticulièrement intéressant lorsque : ■ De la paille sèche, exempte de champignons

(moisissures), est disponible en grandesquantités ;

■ Les agriculteurs locaux produisent de la paillefine, de riz, de blé ou d’orge, plutôt que desmatériaux grossiers tels que des cannes demaïs, de sorgho ou de millet ;

■ Le prix de paille est modique par rapport àcelui des autres fourrages et aliments, et lesfourrages verts et les zones de pâturage sontrares ;

■ L’eau est disponible facilement en grandesquantités ;

■ Le prix de l’urée n’est pas excessif et le prixdes bâches de couverture en polyéthylène estpeu élevé ;

■ La main d’œuvre est abondante (bien que laquantité de main d’œuvre nécessairedépende de la quantité de paille à traitersimultanément) ;

■ Le niveau de production des animaux estmodéré (lait ou viande) ; et

■ Les produits, tels que le lait, peuvent êtrevendus à un prix rémunérateur.

D’après FAO (1988) et Singh et Schiere (1995).

42 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Amélioration des pâturages. Lorsque lesdégradations sont graves et la situation critique, ilest possible de sursemer les zones de parcours.Cette technique est surtout à envisager dans lespays compris dans l’aire de répartition des espècesdisponibles en semences, mais l’introduction d’es-pèces exotiques, herbacées pérennes ou légumi-neuses, peut également être considérée. Il restequ’une telle amélioration des parcours dans lessituations d’urgence n’est possible que si les pluiessont suffisantes. Lorsque de grandes superficiessont concernées, le sursemis est à réaliser paravion.

L’introduction de légumineuses dans les her-bages et les jachères est un moyen économique decontribuer à l’amélioration de la production ani-male dans les zones dégradées. Un grand nombred’espèces de légumineuses peuvent s’établir parsimple épandage de semences sur la surface, sanstravail du sol ni engrais et sans gestion particulièredu pâturage par la suite. Certaines de ces espèces,adaptées à un pâturage intense, se multiplientalors rapidement. Toutefois, pour pouvoir se faireune idée des résultats qui pourront être obtenusde cette manière, les expériences d’introductionde ces légumineuses dans le pays devront êtreévaluées.

Le fumier constitue généralement un excel-lent amendement pour les sols, dont il préserve lastructure et reconstitue les réserves d’élémentsnutritifs constamment prélevés par la végétation.Les excréments et les urines contiennent plusieursde ces éléments, notamment de l’azote (essentielpour la croissance), du phosphore (indispensablepour la floraison, la fructification et le développe-ment d’un système racinaire robuste) et du potas-sium (important pour la croissance des tuberculeset des fruits et pour la bonne santé des tissus végétaux).

La quantité et la qualité des urines et desexcréments produits dépendent du type d’animal,de sa taille et de son régime alimentaire, ainsi quede la manière avec laquelle l’élevage est conduit.D’après Defoer et al. (2000), la quantité de fumierproduite peut être évaluée de la manièresuivante :

➤ Un animal d’un poids vif de 250 kg ingèrequotidiennement l’équivalent de 2,5 % de sonpropre poids vif de matière sèche en moyenne.Il consomme donc 250 x 365 x 0,025 = 2 280kg de matière sèche par an. Avec un coefficientde digestibilité moyen de 55 %, cet animalproduit chaque année 0, 45x 2 280 = 1 026 kgde poids sec de fumier ;

➤ Les petits ruminants de 25 kg consommantchaque jour 3,2 % de leur poids vif de matièresèche en moyenne, ce qui revient à 25 x 365 x0,032 = 292 kg de matière sèche par an. Leurcoefficient de digestibilité étant estimé à 60 %,on peut calculer qu’un petit ruminant produitannuellement environ 117 kg de poids sec defumier.

La teneur du fumier – comme des autresengrais organiques – en éléments nutritifs varie enfonction de son mode de stockage et de gestion etde la qualité de l’alimentation reçue. Les concen-trations approximatives des principaux élémentsnutritifs présents dans le fumier de bovins et depetits ruminants ainsi que dans d’autres engraisorganiques sont données dans le Tableau 10. Enoutre, le pourcentage de matières sèches du fumierest très variable : de moins de 15 % chez unevache sur un pâturage luxuriant riche en eau, ilpeut dépasser 50 % chez des ovins au fourrage sec.

4036895

1.5

0.50.10.1

MélasseSon de bléUréeCimentSelCarbonate de chaux (CaCo3

pour l’alimentation animale)Phosphate monocalciqueSulfate de cuivreSulfate de zinc

Tableau 9. Composition des blocs multinutritionnelsmélasse-urée

Ingrédients Composition (%)

Source: FAO Technical Cooperation Programme with Swaziland,TCP/SWA/2251

4.5 Systèmes mixtes de polyculture-élevages

4.5.1 Qu’est-ce qu’une exploitation mixte depolyculture-élevage ?

Beaucoup d’agriculteurs des pays tropicaux ettempérés survivent en gérant de front des culturesdiverses et un ou plusieurs élevages. Une formesimple de système mixte consiste à utiliser les rési-dus des récoltes pour nourrir les animaux et àemployer les déjections de ces derniers pour ferti-liser les champs. D’autres combinaisons existent,par exemple lorsque les animaux pâturent sous desarbres fruitiers pour limiter la croissance de lavégétation concurrente ou lorsque les déjectionsdes porcs sont utilisées comme complément ali-mentaire dans des bassins de pisciculture.

Une grande diversité de systèmes mixtes sem-blables ont traditionnellement été utilisés dans lemonde entier. Beaucoup de systèmes de productionagricoles biologiques, dont la permaculture, ontleurs racines dans l’intégration d’activités culturaleset d’élevage. Ces systèmes sont essentiels pour lasubsistance des paysans et pour la production dedenrées alimentaires et autres à destination des villes et des marchés de l’exportation. Qui plus est,certains systèmes agricoles hautement spécialisésdes pays développés et en voie de développementredécouvrent à l’heure actuelle les avantages de laproduction mixte.

Il existe actuellement de nombreuses formesdifférentes de systèmes mixtes, qui varient en fonc-tion des caractéristiques du climat et du sol, desprix du marché, de la stabilité politique, du niveaude développement technologique, de la composi-tion de la famille ou de la communauté et de l’ingéniosité de l’exploitant. D’une certaine façon,les éleveurs en système extensif (tels que les peuplespasteurs) peuvent être considérés comme des pro-ducteurs mixtes en ce que leur existence dépend dela gestion de plusieurs espèces animales et de diffé-rentes ressources alimentaires pour celles-ci. A l’autre extrême, plusieurs paysans peuvent seregrouper pour coopérer, chacun spécialisé dans sapropre branche, par exemple l’un produisant deslégumes pour la consommation humaine, un autredes cultures fourragères et divers aliments pourbétail, un autre encore du fumier pour fertiliser leschamps et ainsi de suite, l’ensemble étant coor-donné en complexe d’exploitations mixte.D’autres formes comprennent notamment la culture de plusieurs espèces dans un même champ(par exemple des associations de millet et de haricots à œil noir, ou de millet et de sorgho), voiremême de plusieurs variétés d’une même espèceprésentant des cycles différents, ce qui permet uneutilisation optimale de l’espace et une meilleurerépartition des risques.

Les systèmes de polyculture-élevage ne sontpas nécessairement très complexes et présententde nombreuses possibilités d’application dans lessituations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés,

43Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Source: d’après une compilation de Defoer et al (2000)

azote (N)

1,4–2,80,5–2,31,5–2,5

2,2–3,7

2,0–4,30,3–0,90,2–0,90,2–0,6

phosphore (P)

0,5–1,010,22–0,81

0,2–0,6

0,25–1,87

0,1–0,30,07–0,170,05–0,50,1–0,6

potassium (K)

0,5–0,60,77–5,44

1,5–2,0

0,88–1,25

1,0–3,40,14–1,30,1–2,11,1–2,7

matière sèche

15–2540–6030–50

50–70

Types d’engrais organique

Bovins Fumier frais Avec litière Sans litière

Caprins et ovinsFumier frais

AutresEngrais vert fraisCompostDéchets de cuisineCendre de cuisine

Tableau 10. Teneurs du fumier et d’autres engrais organiques (en pourcentage) en éléments nutritifs

44 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

l’intégration de l’agriculture et del’élevage permettant d’optimiserl’exploitation des ressources.L’élevage de volailles à petiteéchelle est un moyen efficace delutter contre beaucoup d’animauxindésirables et de parasites descultures (des ravageurs liés àl’eau, par exemple, dans lecas de canards), une prati-que simple qui s’associeavantageusement à la production maraî-chère et qui permetd’éviter des traitements phytosanitaireschimiques coûteux et souvent nuisibles. Dessystèmes aussi simples que celui-ci sont ainsi sus-ceptibles de renforcer les moyens d’existence tirésde la production de produits agricoles frais et dupetit élevage en donnant aux ménages la possibi-lité de vendre leur production (par exemple delégumes et d’œufs) pour se créer quelque revenu eten représentant pour beaucoup de personnesdéplacées une forme de sécurité financière. Ungrand nombre de sous-produits de l’élevage ont enoutre une certaine valeur, comme par exemple lefumier comme engrais ou comme combustiblepour la préparation des aliments.

4.5.2 Les avantages des systèmes mixtesintégrés

L’intégration d’activités culturales et d’élevage estconsidérée de manière très répandue comme unnet progrès vers la durabilité des productionsagricoles en général, essentiellement du fait durecyclage plus poussé de la matière organique etdes éléments nutritifs que permet ce typed’exploitation. En effet, les résidus de plusieurstypes de cultures représentent une sourceimportante de matière organique et d’élémentsnutritifs directement disponible sur place. Lesanimaux y trouvent une place centrale en tant quecapital de sécurité et compte-épargne, à la fois surle plan financier et sur celui des éléments nutritifsà réinvestir dans l’exploitation. Il arrive parfois, aucours de certaines phases des opérations d’aide auxréfugiés et notamment lorsqu’il y a pénurie decombustible, qu’une concurrence s’installe pourdes résidus agricoles recherchés pour plusieursutilisations, tels que les cannes de maïs parexemple.

4.6 Recherche des races les mieuxadaptées

Les animaux ont des fonctions multiples : produc-tion de viande, de lait, d’œufs, de laine et de cuir,ou matérialisation d’un capital et d’une formed’épargne. Dans la plupart des situations mettanten jeu des personnes réfugiées, l’attention se porteprincipalement sur les bovins, les camélidés, lesovins, les caprins, les porcs, les ânes et les poules.Il existe toutefois d’autres animaux – tels que lesbuffles, les chevaux, les pintades, les canards, lesabeilles, les lapins et les pigeons – qui sont égale-ment adaptables à toutes sortes de conditions. Cesespèces moins conventionnelles sont souvent desanimaux de petite taille qui présentent l’avantagede se reproduire rapidement, ce qui permet à untroupeau de se reconstituer dans un délai relative-ment bref après un événement catastrophiquecomme une sécheresse, une inondation ou uneépidémie. L’entretien d’espèces telles que celles-ciconstitue donc une stratégie utile pour la survieéconomique de bien des ménages. Les bovins sontfréquemment les premiers animaux à succomberpendant les sécheresses. Ces épisodes sont généra-lement suivis d’une reconstitution progressive ducheptel en commençant par les petits ruminants,dont le cycle de reproduction est court et le

Une exploitation mixte

rythme de multiplication soutenu. La vente descaprins ou ovins ainsi accumulés permet ensuited’aller ré-acquérir des bovins à l’extérieur.

Les différentes espèces domestiques sont trai-tées de manière plus approfondie à l’Annexe I.Toutefois, il est intéressant ici de s’arrêter un peusur quelques options susceptibles d’améliorer lessystèmes d’élevage.

4.6.1 L’élevage laitier

Le lait est un produit qui est souvent valorisé chezles animaux gardés par des réfugiés ou des rapa-triés, bien qu’il ne soit pas le seul. Il reste que laqualité de l’alimentation disponible n’autorise pasune production élevée, même si les espècesconcernées acceptent de consommer de la paille,de l’herbe et des feuilles. Les caprins et les ovinsont un comportement alimentaire différent decelui des bovins et des buffles, et un troupeaumixte permet d’optimiser l’utilisation des ressour-ces disponibles sur l’exploitation et aux alentours.En outre, plusieurs races de bovins et de bufflesexistent, de taille et de caractéristiques diverses. Ilest important de bien comprendre ici que lepoids, l’aptitude à la production laitière et la tolé-rance aux maladies sont les trois facteurs quidéterminent en grande partie l’adéquation d’uneespèce ou d’une race au contexte particulier d’unélevage donné

Le Tableau 11 présente la produc-tion laitière approximativedes différents types d’ani-maux. La quantité de laitproduite dépend denombreux de facteurs,dont la taille de l’ani-mal, son patrimoinegénétique, son étatsanitaire, son alimen-tation et la conduitede l’exploitation. Unsujet de 600 kg, biennourri et appartenantà une grande race, estfacilement enmesure de donnerdeux fois plus delait et de viandequ’un sujet de

200 à 300 kg, uniquement du fait de la différencede taille. Les caprins et les ovins produisent parconséquent beaucoup moins de lait que lesbovins, mais ils ont également besoin de quantitésde nourriture bien inférieures – d’une manière trèsgénérale, que l’animal soit de grande ou de petitetaille, la production de lait par kilogramme denourriture ingérée reste relativement uniforme. Lechoix peut également être dicté par des préféren-ces traditionnelles pour certaines races laitières,identifiées par la forme de leurs cornes, la couleurde leur peau, la teneur du lait en matière grasse

Litres/jour0,5–1

2–42–7

15–30

Durée de lalactation50–100

50–150100–200

300–350

Type d’animalRaces caprines tropicales depetite tailleRaces caprines commercialesRaces bovines tropicales depetite tailleRaces bovines occidentales

Tableau 11. Production laitière des races commerciales ettropicales de caprins et de bovins

45Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Une vache produit du laitpour toute la famille

(plus importante chez les buffles que chez lesbovins), la couleur du beurre (de blanc pur à jaunefoncé), etc.. Certains types de lait sont crédités depropriétés médicinales, tel le lait de chèvre qui estsouvent conseillé aux personnes asthmatiques etque la répartition plus fine des matières grassesrend plus digeste.

4.6.2 Les animaux de travail

Beaucoup d’espèces peuvent être utilisées pour letravail, dont les bovins, les buffles, les ânes, lesmulets, les chevaux, les camélidés et les éléphants.Pour des millions de familles dans le mondeentier, ils représentent un outil indispensable à lasubsistance et plus encore. Les animaux desomme, de trait ou de bât, sont par exemple unmoyen d’intensifier la production agricole, detransporter des denrées et des personnes à peu defrais ou de contribuer au pompage de l’eau pourl’irrigation et à la mouture des grains et des légumineuses.

4.6.3 Les petits ruminants : caprins et ovins

C’est en Afrique et sur le sous-continent indienque l’on rencontre les plus fortes concentrationsde caprins et d’ovins, mais chaque continenthéberge des races qui lui sont propres. Certainessont plus intéressantes sur le plan de la boucherie,d’autres sont plus laitières, mais les ovins et lescaprins des exploitations mixtes sont essentielle-

ment des animaux polyvalents. Ils produisent dela viande, du lait, du cuir et de la laine, se multi-plient, font office de compte-épargne et sont unesource d’argent immédiate en cas de besoin.

Une des craintes les plus fréquemment expri-mées au sujet des caprins est leur réputation d’êtreun facteur de dégradation et d’érosion des sols. Enréalité, le dégât vient moins de leur comporte-ment alimentaire – qui n’est pas nécessairementdestructeur en soi – que du fait que ces animauxsont souvent laissés sans surveillance à rechercherleur nourriture, qui plus est souvent en nombrerelativement important. Les caprins consommentde préférence les feuilles des espèces ligneuses etparviennent généralement à couvrir leurs besoinsjournaliers en 4 à 5 heures de pâturage – contrai-rement aux bovins, pour lesquels deux fois plus detemps est nécessaire. Ils ne sont pas sélectifs, etsont en mesure d’exploiter des aliments de qualitémédiocre, y compris les déchets de cuisine, lepapier et le carton. Rapportée à leur taille, leurproduction laitière est bien supérieure à celle desbovins, et leur taux de reproduction est plusimportant que celui des bovins et de beaucoup deraces ovines. Leur lait constitue une source inté-ressante de protéines pour l’alimentation humaineet peut être vendu frais ou fermenté dans lescamps de réfugiés et sur les marchés locaux. Enoutre, la viande des caprins est très recherchéedans beaucoup de pays.

46 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Ovins et caprins menéspaître hors du camp

Pour les peuples nomades, les dromadaires sont unmoyen de transport, une source de nourriture et,parfois, un outil pour l'agriculture

Leur taille réduite et leur prix abordable fontqu’ovins et caprins sont à la portée des paysans àrevenus modestes et de beaucoup de réfugiés et derapatriés. Dans les camps et les sites d’installation,si les bovins appartiennent presque tous à deshommes, il n’est pas rare de voir des femmes et desjeunes adultes posséder des caprins.

4.6.4 Les volailles

La volaille regroupe plusieurs espèces d’oiseaux ;ce sont des animaux qui produisent des œufs, dela viande, du fumier et des plumes. Ce termerecouvre des espèces telles que les canards, les oies,les poules, les dindes et dindons, les oiseaux chan-teurs et les coqs de combat. La volaille contribuesouvent à la subsistance d’une famille en recher-chant elle-même sa nourriture dans les déchets oudans les champs de riz après la récolte. Les avanta-ges que présentent ces animaux sont leur petitetaille, leur facilité de reproduction, le faible inves-tissement qu’ils demandent et leur aptitude à tirerparti des déchets de cuisine, grains brisés, vers,escargots et insectes divers. Une bande de volaillesse nourrissant de détritus n’exige pratiquementaucun apport particulier et peut néanmoinsconstituer une contribution intéressante au bien-être des ménages.

Il est presque partout possible d’élever quel-ques poules. Lorsque la concurrence est faible, ellespeuvent trouver elles-mêmes de quoi s’alimenterau sol. Il est également possible de les nourrir desous-produits agricoles tels que des balles de céréa-les et du son. La vente d’œufs et de poulets de bou-cherie constitue souvent une option viable degénération de revenu, notamment dans les situa-tions promises à perdurer. Des races améliorées depoules ainsi que d’autres espèces telles que canards,oies et pintades peuvent être introduites si unenourriture adéquate est disponible.

Dans le souci d’encourager l’autosuffisance(en particulier pendant la phase de soins et d’en-tretien), de petites unités de production de volail-les peuvent être créées sur le principe d’une coo-pérative, un groupe de quelques femmes se parta-geant la responsabilité des oiseaux. Une conditionpréalable à de tels projets est la fourniture dematériaux pour la construction du poulailler etd’un cheptel de départ comprenant entre 20 et 50femelles et un ou deux mâles. La vaccination

contre la maladie de Newcastle (pseudopesteaviaire) est impérative pour tous les oiseaux.Concernant les autres maladies des volailles (tellesque la bursite infectieuse ou maladie deGumboro, la variole aviaire et la maladie deMarek), la vaccination dépend de la prévalence dechacune d’entre elles dans la région, qui peut êtreestimée par les vétérinaires locaux.

Ces petites unités de production de volaillesne sont viables que si l’alimentation des oiseauxest garantie. Dans le cas de races peu productives,les aliments peuvent être mêlés à des résidus etsous-produits de l’agriculture. Les aliments doi-vent comprendre au moins une composante éner-gétique (des grains ou des déchets de mouture) etune composante protéique (par exemple des fari-nes de poisson ou des graines oléagineuses).

4.6.5 Les poissons d’eau douce

Un élément d’aquaculture intégré dans un sys-tème de production agricole permet d’accroître laproduction globale de l’exploitation et d’optimi-ser l’utilisation des ressources. En Asie du Sud-Est,l’élevage de poissons dans les rizières immergéesou dans des mares associées à des basses-cour decanards, poules, porcs et caprins est une techniqueau point et bien adaptée. Les poissons se nourris-sent directement des déchets d’aliments et desdéjections ou de micro-organismes. Les animauxpeuvent être élevés dans des cages au-dessus del’eau ou leurs excréments jetés dans les mares avecles résidus de cuisine et les mauvaises herbes desjardins. Des projets de pisciculture peuvent parailleurs être intégrés à des programmes d’irriga-tion, les champs étant directement ou indirecte-ment fertilisés par les déjections des poissons et lesdéchets de la nourriture qui leur est distribuée.

Beaucoup d’espèces de poissons conviennentà ce type d’utilisation. L’une des plus polyvalente

47Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Des poules et des canardspour assurer un revenu etaméliorer l'alimentation

est le tilapia du Nil, un poisson d’eau douce originaire d’Afrique mais qui se rencontre égale-ment désormais en Asie et en Amérique Latine dufait d’introductions délibérées. Cette espèce esttrès productive, avec un intervalle intergénéra-tionnel de 4 à 6 mois seulement, et réussit parfai-tement avec une alimentation à base de résidusagricoles, ce qui en fait une espèce très économi-que d’entretien. Baptisé “le poulet aquatique”, ilpeut être élevé dans des arrières-cours commedans des unités de pisciculture industrielles.

Bien que la pratique de l’aquaculture soit peurépandue et rarement encouragée dans les situa-tions d’accueil de réfugiés ou de rapatriés, cetteactivité facile à mettre en œuvre est porteuse d’unpotentiel prometteur. Les poissons d’eau douce,qui représentent une source intéressante de protéi-nes et de matières grasses, sont généralement trèsrecherchés et peuvent être vendus frais, séchés ausoleil ou fumés pour une meilleure conservation.

4.6.6 Autres espèces

L’alimentation humaine et les moyens d’existencepeuvent être améliorés par toute une gamme d’au-tres espèces dont l’élevage est moins convention-nel. Ce sont par exemple, parmi beaucoup d’autres, le lapin, l’agouti, le cobaye, les escargots,

les abeilles et le ver à soie. Avant toute introduc-tion, il convient toutefois de prendre en considé-ration les habitudes de la population, les infra-structures nécessaires pour la commercialisation etles disponibilités en nourriture.

4.7 Promouvoir l’autosuffisance parune amélioration de la productionanimale

Faire progresser le bien être et la sécurité de sub-sistance des individus et des familles est l’une desprincipales raisons d’entretenir des animaux dansles situations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés(voir aussi l’encadré 7). Une manière d’agir sur lessystèmes de gestion des activités d’élevage – sur lechoix des espèces par exemple – est d’étudier lesopportunités officielles et informelles d’en com-mercialiser les produits ou les animaux vivants.Les opérations d’aide aux réfugiés voient bien sou-vent, une fois la phase d’urgence passée, se créerdes marchés très animés, où de nombreux ani-maux sont ouvertement négociés entre réfugiés,rapatriés et membres des populations autochtones– les possibilités de générer des revenus et d’amé-liorer le niveau d’autosuffisance sont donc réelles.

L'apiculture fournit àla collectivité du mielet des insectespollinisateurs pourles cultures

Encadré 7�L’élevage mixte

Les paysans, quelle que soit l’échelle de leurexploitation, peuvent tirer profit d’une plusgrande diversité de ressources alimentaireslorsqu’ils entretiennent plusieurs espècesdomestiques au lieu d’une seule. Dans lessecteurs à dominante pastorale, les camélidéspâturent jusqu’à 50 km des points d’eau, tandisque les bovins ne peuvent s’en éloigner de plusde 10 à 15 km. D’autre part, si les camélidés etles caprins se nourrissent préférentiellement defeuilles d’arbres et d’arbustes, les ovins et lesbovins consomment essentiellement desespèces herbacées. Posséder des espècesdifférentes permet en outre de bénéficier d’unplus grand choix de produits : les camélidés etles bovins fournissent du lait et leur forcephysique pour le transport et le trait, les caprinset les ovins tendent à être abattus pour laviande tandis que les poules sont souventvendues pour couvrir les menues dépenses duménage.

Entretenir plusieurs types d’animaux estégalement une stratégie de minimisation desrisques. Les épisodes épidémiques n’affectantsouvent qu’une seule espèce, la famille estmoins exposée à la perte intégrale etsimultanée de ses actifs. En outre, lesdifférences qui existent entre les rythmes dereproduction de toutes ces espèces facilitent lareconstitution du cheptel après les sécheresses.

48 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

4.7.1 Génération de revenu par le petitélevage

L’élevage de petites espèces peut s’avérer intéres-sant pour générer un revenu ou contribuer à l’au-tosuffisance, notamment pour les femmes – unestratégie qui devrait être encouragée du momentque les aspects environnementaux sont dûmentpris en considération. Dans le cadre de leur straté-gie personnelle ou familiale, les femmes, en parti-culier, investissent dans les petits ruminantsjusqu’à ce que ce capital accumulé suffise pourpouvoir acquérir par exemple une vache, qui doitnormalement rapporter plus de bénéfices, à longterme, à son propriétaire.

Le principal obstacle à l’élevage, y compris depetites espèces, dans l’enceinte des camps ou dessites d’installation est bien souvent le manque denourriture. Tant que les effectifs globaux restentpeu importants, les races indigènes de poules,porcs et caprins sont capables de survivre sur demaigres ressources qu’ils recherchent eux-mêmes.Les porcs peuvent être entretenus sur les déchetsde cuisine et les poules parviennent normalementà trouver de quoi s’alimenter en errant dans le voisinage. L’introduction de races améliorées etl’accroissement des effectifs ne sont toutefois pos-sibles que si suffisamment de nourriture peut être

distribuée aux animaux – nourriture que les réfugiés devront pouvoir se procurer localement.

La transformation et la vente des produitsd’origine animale, dont certains sont détaillésl’Annexe IV, sont susceptibles de relever significa-tivement les niveaux de revenus.

4.7.2 Races et amélioration génétique

Le choix des animaux à élever, tout aussiimportant que les considérations relatives à lanourriture et à l’espace disponible, dépendranotamment du type d’environnement, rural ouurbain (se reporter également à la Section 5.4). Demanière générale, les races locales sont plusrésistantes aux maladies endémiques de la régionet mieux adaptées au climat et aux ressourcesalimentaires qui y prévalent, mais elles sont parailleurs peu performantes. L’améliorationgénétique des races de bovins, ovins, caprins,porcs et volailles est envisageable si lesinfrastructures nécessaires (c’est à dire des servicesappropriés en matière d’élevage) sont disponibles.La viabilité économique de l’introduction de racesaméliorées dépend du rapport coûts/bénéfices del’opération – lié au coût de l’alimentation et auxprix de vente des animaux et de leurs produits –relativement au rapport coûts/bénéfices d’utiliserdes races locales. Si la situation autorisel’amélioration de la race, des centresd’amélioration génétique doivent être créés, quipourront produire des animaux croisés et lesdistribuer aux éleveurs. Il reste que lesprogrammes de sélection doivent s’accompagnerde mécanismes de suivi permettant de comparerles taux de mortalité, les progrès en matière derendements et le rapport coûts/bénéfices des raceslocales et améliorées.

49Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Le petit élevage, source de revenu

Des porcs pour uneproduction animale àpetite échelle

4.7.3 Animaux en environnement urbain

Dans beaucoup de pays en voie de développementil est courant d’entretenir des animaux deproduction en ville. Le HCR a déjà par le passécontribué à la création d’unités avicoles intensives,par exemple, en proposant des micro-crédits. Laplupart des fermes urbaines et des petitesexploitations péri-urbaines situées à proximité desagglomérations s’attachent au premier chef à laproduction de protéines animales à titre privé,dans le cadre d’une économie de subsistance. Cesélevages à petite échelle génèrent en outre desrevenus en écoulant leurs produits sur les marchéslocaux, en fournissant des services (par exemple detransport) et en produisant du fumier pourfertiliser les champs.

Si les opportunités sont nombreuses enmatière d’élevage en zone urbaine, il convientcependant de ne pas oublier que ces activités peu-vent poser quelques problèmes. La transmissionde maladies entre animaux et des animaux auxhumains, ainsi que les difficultés présentées par lerespect des normes d’hygiène dans les processus deproduction figurent parmi les principaux motifspour lesquels les municipalités tentent d’interdireles animaux dans leur agglomération. Toutefois, laplupart des interventions législatives visant àexpulser les animaux des villes ont échoué, et l’élevage en zone urbaine connaît à l’heure actuelleun développement soutenu. Interdire ce type d’ac-tivité priverait les habitants pauvres et beaucoupde familles sans terre, y compris des réfugiés, decertaines possibilités de revenu et aggraveraitencore la qualité de leur alimentation.

4.8 Programmes de reconstitutionsdes cheptels

La reconstitution des troupeaux est une option àenvisager pendant la phase de soins et d’entretienet pendant la préparation au rapatriement dans lebut de renforcer les moyens d’existence des réfu-giés. Le principal objectif de ces programmes estd’acquérir des animaux dans des secteurs géogra-phiques où leur densité est relativement élevée etde les distribuer aux réfugiés ayant perdu leurcheptel, afin de leur permettre de retrouver un cer-tain degré d’autosuffisance. A ce jour, l’essentiel de

ces programmes a été mis en œuvre à petite échellepar des ONG, avec l’aide occasionnelle du HCR.Une bonne planification préalable peut se révélerici de la plus grande importance (voir l’encadré 8).Dans la période qui suit une sécheresse et pendantle rapatriement proprement dit, la demande enfemelles reproductrices tend à devenir très forte, cequi entraîne une hausse des prix. A moins que leHCR ou ses partenaires de mise en œuvre puissentintervenir, sur le moment ou à l’avance, et conve-nir d’un prix ferme avec des vendeurs, certainsménages se trouveront dans l’impossibilité de seprocurer des bêtes. Il est cependant conseillé, dansle souci d’éviter des problèmes de santé dus à des

50 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Encadré 8�Les ânes dans la dotation de cheptels aux réfugiés

Les animaux sont un élément central de l’éco-nomie rurale et des systèmes de productionvivrière de l’Erythrée. Ces systèmes vont del’agriculture de montagne dépendant de bœufspour le labour au pastoralisme des basses terress’appuyant sur des troupeaux mixtes de caméli-dés, de bovins, de petits ruminants et d’ânes.

Dans le cadre du Programme pour la réintégra-tion des réfugiés et la réhabilitation des zonesde réinstallation en Erythrée (Programme forRefugee Re-integration and Rehabilitation ofResettlement Areas in Eritrea), des ménages derapatriés revenant de l’est du Soudan devaientrecevoir gratuitement un petit cheptel compre-nant différents types d’animaux. Toutes lesfamilles de rapatriés furent interrogées sur leurspréférences. Le budget ayant été fixé à 420 dol-lars US par famille, chacune était en mesure dechoisir plusieurs espèces. Les animaux de loinles plus fréquemment sélectionnés furent lesovins (92 % des familles), les caprins (90 %) etles ânes (61 %), avec des résultats similairesque le chef de famille soit un homme ou unefemme. Il fut intéressant de constater, cepen-dant, que les entretiens individuels révélèrentune préférence marquée pour les ânes, ce quitranchait complètement avec les espèces quiavaient été retenues dans le plan de projet ini-tial. Cette observation vient encore soulignerl’importance d’une participation suffisante desparties prenantes dans les prises de décisionsde ce type.

D’après Catley, A. et Blakeway, S. Donkeys and the Provisionof Livestock to Returnees: Lessons from Eritrea. In: Donkeys,People and Development, Starkey, P. et Fielding, D. (Eds).ACP-EU Technical Centre for Agricultural and Rural Co-operation, Wageningen, Pays Bas.

défauts de résistance aux maladies locales, den’acheter d’animaux qu’aux marchés des environsou à ceux des régions voisines. L’introduction deraces exotiques pour stimuler la croissance ducheptel ne doit être considérée que dans quelquescas bien particuliers, lorsque suffisamment denourriture est disponible et que les pressions desmaladies et du climat sont modérées.

L’octroi de bêtes de somme pour le travail etle transport peut devenir critique lorsqu’il estprévu que les personnes déplacées rentrent dansleur région d’origine à pied sur de longues distan-ces. En fonction des circonstances, il doit êtredécidé si les animaux seront donnés, gratuite-ment, ou vendus à un prix subventionné ou auprix du marché. La fourniture de bêtes de trait telsque des bœufs, des buffles, des ânes ou des camélidés peut être une mesure prioritaire visant àrelever les rendements agricoles.

Les projets de reconstitution des troupeauxsont des entreprises onéreuses qui ne peuvent nor-malement concerner qu’un nombre relativementlimité de familles. Si l’ensemble de la commu-nauté ne peut être pourvue, une sorte de chepteltournant peut être constitué, fonctionnantcomme une banque d’animaux. Un certain nombre de familles sont alors sélectionnées pourrecevoir quelques bêtes, par exemple deux vachespleines ou cinq chèvres ou brebis, à la conditionexpresse qu’une partie de la progéniture obtenue –un veau ou deux agneaux ou chevreaux par exem-ple – soit redistribuée à d’autres ménages. Ce typed’opération pourrait être combiné à un pro-gramme d’amélioration génétique, avec la création d’une petite station d’élevage compre-nant un taureau et de cinq à dix vaches, ou cinqbéliers ou boucs et une vingtaine de brebis ou chèvres. Les races locales seraient alors amélioréespar application d’un programme bien conçu de

sélection et de croisement avec des races exoti-ques. Toutefois, pour qu’une telle entreprise réus-sisse, les objectifs doivent en être défini en prenanten considération les disponibilités en nourriture,les maladies qui prévalent dans la région et touteune gamme de facteurs environnementaux, dont les changements saisonniers. Comme desexpériences d’amélioration des races locales ontdéjà été tentées dans la plupart des pays, les orga-nismes nationaux de recherche et de vulgarisationen la matière sont généralement en mesure dedonner des conseils concernant les programmesde sélection.

Il est difficile de s’accorder sur le nombred’animaux qui pourrait ou devrait être octroyé àun ménage. Dans la plupart des cas, du fait descontraintes budgétaires, seuls les besoinsminimaux peuvent être couverts. Pourtant,lorsque l’effectif du cheptel accordé aux famillesest trop faible, le programme de donation perd enviabilité, car beaucoup de ces familles, incapablesd’accéder à l’auto-suffisance, devront continuer àêtre soutenues à long terme. Inversement, si lesfamilles bénéficiaires reçoivent trop d’animaux,l’intervention perd en efficacité économique dufait du moindre nombre de ménages aidés et dudéséquilibre introduit.

Lorsque les ménages ayant bénéficié d’unprogramme de reconstitution des troupeauxreçoivent par ailleurs une aide alimentaire, leurviabilité économique augmente dans la mesureoù, devant vendre moins d’animaux pour couvrirleurs dépenses, elles sont en position de fairecroître progressivement leur cheptel. L’expériencea montré que des familles issues de sociétéspastorales et dotées chacune de 30 caprinscontinuaient à dépendre d’autres types de revenuspendant plusieurs années.

51Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

52 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

De la théorie à la pratique

5.1 Evaluer les besoins et lespossibilités

Il y a un monde entre aider des réfugiés à garderquelques volailles autour de leurs habitations etsoutenir la constitution et l’entretien de grandstroupeaux bovins ou d’unités de productionintensive de poulets. Le niveau d’analyse de l’éva-luation des différentes possibilités devrait de cefait tenir compte d’un certain nombre de facteurs,y compris de l’expérience de ceux tentés par lesactivités d’élevage, de leurs besoins, de l’échelle deleurs projets et des risques d’atteintes à l’environ-nement. Les exercices ci-dessous s’avèreront utilespour se faire une idée précise des besoins et desalternatives envisageables :

➤ Rechercher et interpréter les éventuels règles etdroits qui s’appliquent en matière d’animauxdomestiques dans la situation qui se présente ;

➤ Identifier les parties prenantes et se mettre enrapport avec elles à tous les niveaux, notam-ment pour déterminer leur expérience, mieuxcerner leurs besoins et leurs préférences etrecenser les ressources disponibles susceptiblesde contribuer aux activités d’élevage ;

➤ Déterminer les principales caractéristiques dela région – les facteurs environnementaux etsocio-économiques à même d’orienter leschoix quant à la composition et à l’effectif ducheptel qu’il serait possible d’entretenir ; et

➤ Réunir et assimiler l’ensemble des informa-tions afin de dresser le profil général de lasituation ; s’entretenir ensuite ouvertementavec toutes les parties prenantes au sujet desrecommandations concernant les actions àprendre.

La planification préalable et les actions auniveau décisionnel doivent avoir pour but de créerun environnement qui soutienne et encouragedivers niveaux de production animale au sein despopulations réfugiées, rapatriées et locales. En cequi concerne les petits élevages – volailles, porcsou lapins – confinés à l’intérieur du périmètre descamps ou des sites d’installation, il est peu proba-ble que l’Etat hôte, la communauté d’accueil oules divers organismes fassent montre d’un intérêtparticulier ou entreprennent d’imposer des res-trictions. En revanche, dans le cas d’animaux deplus grande taille, et notamment d’espèces néces-sitant de l’espace et des ressources naturelles au-delà du voisinage immédiat du camp, leur visibi-lité et leur impact sont plus susceptibles de susci-ter l’intérêt et les réserves des collectivités et despopulations locales.

5.1.1 Tirer au clair les règles et les droits

Il convient dans un premier temps de se penchersur le contexte juridique afin de s’enquérir deslimitations et des opportunités existant dans lestextes législatifs qui s’appliquent à l’échelon inter-national et local ainsi que dans les accords et lesrègles touchant aux opérations d’aide aux réfugiés.Qu’est-il possible de faire et, inversement,

5

Une équipe dedécideurs évalue lesbesoins et étudie lespossibilités

qu’est-ce qui n’est pas autorisé ? Quelles politiqueset quels principes sont-ils à même d’influer sur la promotion et l’adoption d’activités axées surl’élevage ? Ainsi :

➤ La législation du pays d’accueil aborde-t-elle laquestion des animaux domestiques dans lessituations d’accueil de réfugiés ? Commentl’interpréter dans les conditions du cas quinous intéresse ?

➤ La législation offre-t-elle des opportunités sus-ceptibles d’aider à promouvoir des pratiquesdurables et respectueuses de l’environnement ?

➤ Quels accords concernant les activités d’éle-vage des réfugiés existent entre l’organismechef de file d’aide aux réfugiés et le gouverne-ment du pays hôte ? Comment les interpréter ?

➤ Quelles autres organisations, institutions etindividus ont le droit de participer aux discus-sions et de contribuer aux décisions ? Quellessont leurs opinions respectives ?

Les consultations initiales doivent être aussilarges que possible, notamment auprès des popula-tions réfugiée et locale. Il est également indispen-sable de prendre l’avis des institutions des NationsUnies – et du HCR en particulier – des autresorganisations humanitaires, des services de l’Etathôte et des organisations non gouvernementales(ONG). Il peut s’avérer nécessaire, dans certainscas, de rechercher ici les conseils de spécialistes.

L’analyse des parties prenantes et des institu-tions permettra de mieux répertorier et compren-dre les intérêts et les rôles de chacun et de lancerle processus de définition des responsabilités etdes droits, à savoir, les responsabilités dévolues ousous-entendues (dans le cas des organes dépen-dant des institutions ou du gouvernement) et lesdroits légaux ou moraux dans le cas des popula-tions réfugiée et autochtone. Ainsi sera-t-il possible de commencer à discerner ce qui est possible ou non d’entreprendre à ce moment pré-cis, et éventuellement à l’avenir.

La prochaine étape consiste à déterminer lesperspectives et les contributions possibles de cha-cun d’entre eux. Le Tableau 12 expose unemanière d’y parvenir.

L’analyse des règles et des droits des partiesprenantes permet de traiter d’entrée un certainnombre de points importants. Les autres ques-tions qui auront peut-être à être soulevées sont lessuivantes :

➤ Quel niveau de présence animale sera ou nonacceptable ?

➤ Qui est légalement responsable de quoi dans lecontexte d’accueil de réfugiés ?

➤ Quels intérêts et droits locaux doivent être prisen compte ?

➤ Comment les intérêts et les responsabilités dechaque partie prenante peuvent-ils être trans-formés en soutien et/ou en participationconstructive aux activités d’élevage desréfugiés ?

➤ Quelles activités d’élevage peuvent entraînerdes processus susceptibles d’avoir des consé-quences ailleurs ?

➤ Quelles sources d’expertise technique, desavoirs locaux et de compétences en vulgarisa-tion sont accessibles ou disponibles ? Quellesprocédures d’appel et quels aspects du suivi etde l’évaluation peuvent et doivent être mis aupoint ? et

➤ Quelles sont les autres sujets à prendre enconsidération ? De quelle manière peuvent-ilsavoir une incidence ?

5.1.2 Les parties en présence

Il est important de bien comprendre certains aspects de la culture, des intérêts et desbesoins auxquels l’on est confronté. Les activitésde projet doivent s’appuyer sur le corpus deconnaissances déjà acquis par les membres de lapopulation et reconnaître leurs positions et leurspriorités. Il est également important de bienappréhender les rôles et les responsabilités de chacun, les processus de prise de décision auniveau de la famille et de la communauté ainsi queles facteurs à même de peser sur ces décisions. Il sera ainsi possible de mieux répondre aux questions suivantes :

53Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

54 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Enjeu ou domaine à analyserQuelles sont les parties qui imposentune réglementation (y compris lesdéclarations de principes, règlementsd’application et décrets) qui touche àl’utilisation des ressources et à lamise en place d’activités agricoles ?Fournir une brève interprétation deces règlements pour chaque partie.Quelles organisations, organismes,ministères, etc. sont légalementresponsables de la terre et/ou desressources du secteur, ou sontdirectement ou indirectement affectéspar la présence de réfugiés ? Fournirune brève interprétation desresponsabilités pour chaque partie.Quelles communautés ont un droitlégal sur la terre et/ou sur lesressources du secteur, ou desprétentions recevables dans cedomaine ? De quelle manière leursdroits, leurs intérêts et leurs besoinspeuvent-ils être pris en considération? Résumer brièvement lesrevendications de chacune.Qui sont officiellement en charge dusoutien et de l’orientation desactivités d’élevage et dudéveloppement des moyens desubsistance ? Quels sont leursmandats ? Sont-ils en mesure de lesremplir ? Fournir un bref résumépour chacun. Quelles communautés sont-ellestouchées par l’utilisation, acceptableou abusive, des ressources dans lesecteur affecté par les réfugiés ?Résumer brièvement lesconséquences pour chacun.Quelles seront les approches adoptéespar les différentes parties prenantesdans leurs contributions à laconception, à la planification, ausoutien et au suivi des activitésagricoles ? Fournir un bref résumé dechaque.(D’autres points ou domaines sontsusceptibles d’être relevés au coursde la planification et de la conduitede cette analyse).

Les règles, droits et rôles des diverses parties prenantes

Tableau 12. Un outil pour analyser les règles, les droits et les rôles

Ce qui en ressortCes réglementations vont-elles dans le même sens ?Quelles en sont lesimplications ?

Comment prendre encompte ces intérêts et cesresponsabilités ?

Comment résoudre lesconflits de droits, debesoins et d’intérêts ?

Lorsqu’il y a plusieursdétenteurs d’intérêts,l’ensemble des intérêts etdes ressources sont-ilscompatibles ?

De quelle façon leursintérêts et leurs besoinspeuvent-ils être pris encompte ?

Fusionner les intérêts et lesbesoins.

Le HCR

Le gouvernement

hôte Les ONG

Les groupes issus de la

population locale Autres

➤ Qui prend les décisions en matière d’élevage ?Les hommes par exemple, sont plus fréquem-ment responsables des bovins, tandis que lesovins et caprins dépendent plutôt des femmes– mais la garde des troupeaux est souvent l’affaire de jeunes hommes, voire d’enfants ;

➤ Qui, dans la communauté (réfugiée ou locale),est en position d’influencer les prises de déci-sions ?

➤ Quels types d’animaux et en quel nombre lesréfugiés ont-ils emportés avec eux ?

➤ Quelle forme d’élevage les réfugiés connais-sent-ils le mieux ?

➤ Qu’est-ce que les individus doivent savoiravant de pouvoir prendre des décisions enmatière d’élevage ? Qu’est-ce qui influenceleurs décisions (leur histoire, leurs besoins,leurs connaissances, leurs savoir-faire et leurssensibilités) ?

➤ Quelles organisations oeuvrant dans la régionou auprès des réfugiés peuvent apporter leursoutien aux activités d’élevage ?

5.1.3 Caractéristiques de la région

Partout où des activités d’élevage sont envisagées,quel qu’en soit le contexte, il est essentiel de :

➤ Bien connaître les paramètres de l’environne-ment – le climat, les ressources en eau, les solset les différents types de végétation – afind’orienter la sélection des animaux et de déter-miner la capacité de charge du milieu ;

➤ Relever les éléments ou les secteurs susceptiblesd’avoir des répercussions sur la santé ou la productivité des animaux dans la zone où sontprésents les réfugiés ;

➤ Relever les secteurs susceptibles d’être mis àmal par les animaux, tels que les espaces proté-gés, des zones très fragiles ou précieuses, lessites consacrés, les champs et les points d’eau,et tout site où les animaux peuvent poser desproblèmes aux populations ;

➤ Relever les ressources particulières de la régionqui, du fait de leur vulnérabilité, devraient êtrepréservées des animaux ;

➤ Relever les menaces éventuelles pesant sur lesactivités d’élevage, telles que le vol, et les pro-blèmes de concurrence avec les animaux despopulations locales pour le pâturage ;

➤ Etre conscient des maladies et des autres nuisances, pour les activités d’élevage, qui prévalent ou sont susceptibles d’exister dans larégion ; et

➤ Se familiariser avec les utilisations traditionnel-les des secteurs accueillant les réfugiés.

Lorsque des activités d’élevage sont prévues,avec notamment des effectifs significatifs debovins, ovins, caprins et d’autres animaux de taillesimilaire, il est conseillé d’évaluer, en comman-dant une étude d’impact sur l’environnement, lesrépercussions sociales, économiques et environne-mentales potentielles qui pourraient en découleret qui seraient susceptibles d’être prévenues ouatténuées par des actions responsables en tempsopportun. Il convient ici de se reporter aux direc-tives du HCR en matière d’évaluation environne-mentale (HCR, 2005).

5.1.4 Assembler les pièces du puzzle

S’il est facile de réunir une grande quantité d’information, l’interprétation de ces donnéess’avère souvent plus problématique, surtout en cequi concerne l’exploitation des résultats.

A ce stade, le plus utile et le plus commodeconsiste à tenter de se donner une vue d’ensemblede la situation – présente et potentielle – et demettre au point une stratégie simple. Ce travailpeut prendre la forme d’un texte rédigé ou deschémas, préférablement dans le cadre d’un exer-cice d’équipe auquel participeraient des partiesprenantes locales afin de s’assurer qu’elles nesoient pas exclues d’entrée. Les principaux pointsà ne pas oublier lorsqu’il s’agit d’élaborer une stratégie en matière d’élevage sont les suivants :

➤ Les règles régissant les activités d’élevage,notamment dans le cas des espèces les plusgrandes ;

55Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

➤ Les points d’eau ;

➤ Le fourrage saisonnier ; la répartition des zonesde pâturage et leur accès ;

➤ Les pratiques zootechniques des populationslocales et des peuples nomades éventuellementprésents dans la région ;

➤ La prévention et le contrôle des maladies ;

➤ Les opportunités de commercialisation ;

➤ Les responsabilités en matière de gestion desactivités d’élevage – les personnes chargées degarder les troupeaux et ainsi de suite ; et

➤ Les zones interdites – les sites remarquables surle plan biologique ou culturel et les terrains encours de restauration – éventuellement sur unmode saisonnier uniquement.

L’examen et la discussion de ces différentesquestions permettront de construire une réponseplus précise et plus pertinente au problème desactivités d’élevage. Cette stratégie globale pourrapar la suite être réajustée en cas de modification del’un des paramètres, par exemple de la taille ducheptel ou de sa composition.

5.2 Soutenir les activités d’élevage

5.2.1 Le soutien aux activités de formationet de conseil

Les projets mettant en jeu des animaux domesti-ques sont susceptibles de nécessiter une assistanceà de multiples niveaux. Les personnes peu expéri-mentées en la matière qui sont tentées par l’éle-vage en tant que moyen de se procurer un revenudevront être constamment épaulées, du moins audébut, dans le choix des animaux et des systèmesde production les mieux adaptés. Les éleveurs déjàrompus aux bases du métier auront sans doutemoins besoin d’aide à ce niveau, mais pourronttrouver nécessaire ou avantageux de bénéficierd’informations sur la lutte contre les maladies, lespossibilités d’améliorer l’alimentation des bêtes etles options de gestion mieux adaptées au contexteparticulier dans lequel ils se trouvent en tant queréfugiés ou rapatriés.

En outre, dès que des activités mercantilescommencent à se développer autour de l’élevage,avec la transformation et la vente de petits pro-duits ou l’abattage régulier de têtes de gros bétailpour en écouler la viande sur les marchés, une cer-taine dose d’encadrement et d’assistance peuts’imposer. Les éleveurs auront ici besoin d’êtreconseillés et formés et d’avoir accès à des spécialis-tes connaissant bien la santé animale, les techni-ques vétérinaires et les substances pharmaceuti-ques. Dans le même temps, il pourra s’avérernécessaire de mettre en place des mesures régle-mentaires pour s’assurer que les viandes commer-cialisées soient surveillées et contrôlées dans le butde protéger les consommateurs de toute contami-nation.

Dans le cadre des opérations d’aide aux réfugiés du HCR, une bonne partie de ce travailde réglementation est pris en charge par les sec-teurs de la santé et de l’environnement. Des orga-nismes spécialisés, généralement responsables del’assainissement, de la gestion des déchets, de lacommercialisation des produits alimentaires et del’éducation à l’environnement, sont habituelle-ment mandatés pour construire un dispositifd’abattage approprié et pour mettre en place unmécanisme efficace d’inspection des viandes. Ilreste toutefois important de se mettre en relationavec cet organisme en charge afin de bien se fairespécifier ses rôles exacts et les limites de ses responsabilités et de relever tout sujet de préoccu-pation particulier en rapport avec les pratiquesd’élevage (par exemple l’incidence locale de mala-dies à déclaration obligatoire ou d’autres épidé-mies susceptible de rejaillir sur l’évolution desprojets d’élevage et la production animale).

Il est par ailleurs possible d’aider les systèmesd’élevage plus performants par :

➤ L’identification des stratégies de formation etde vulgarisation ou conseil les mieux adaptéesaux circonstances et à la population ;

➤ La constitution d’une équipe de personnes à lafois compétentes sur le plan technique etdotées de bonnes aptitudes à communiquer ;

➤ La mise en place d’un accès aux intrants néces-saires et d’un mécanisme veillant à leur bonnedistribution ; et

56 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

➤ La recherche de moyens de soutenir les activi-tés d’élevage après la fin des aides extérieures auprojet.

Les directeurs et les organismes de mise enœuvre doivent faire aussi rapidement que possiblel’inventaire des compétences et savoir-faire pré-sents au sein de la communauté en matière d’éle-vage. Les systèmes de conseil et de vulgarisationseront ensuite conçus en fonction de ces savoirs,tout en tenant compte des personnes dont leniveau de connaissance est inférieur mais qui dési-rent néanmoins s’engager d’une manière ou d’uneautre dans ce type d’activité. Les participants, ettout particulièrement ceux de cette seconde caté-gorie, seront ainsi aidés pour lancer leur activité,réduire autant que possible les risques pour l’envi-ronnement et maximiser les bénéfices qu’ils pour-ront tirer de leurs animaux en termes de moyensd’existence. En s’appuyant sur cette premièreassise, les services de conseil et de vulgarisationpourront et devront alors permettre aux réfugiéset rapatriés de gagner progressivement en autono-mie en les aidant à devenir :

➤ Compétents sur le plan théorique etpratique dans plusieurs domaines relevant del’élevage ;

➤ Engagés en faveur de l’adoption et de la miseen application de pratiques d’élevageappropriées pour la région, à savoir, adaptéesaux conditions du milieu et respectueuses desactivités économiques et des sensibilitésculturelles des populations autochtones ;

➤ Capables de se donner les moyens d’accéderaux ressources nécessaires pour les systèmes deproduction qui les concernent (tels que desinstruments et des substances vétérinaires ou lematériel pour le maniement des animaux) ; et

➤ Prêts à investir le temps et les effortsphysiques nécessaires pour mettre en place etpoursuivre les orientations techniques etéconomiques choisies.

Les services sanitaires vétérinaires constituentle point de contact à partir duquel amorcer unecollaboration avec les éleveurs. Bien que cesderniers ne recherchent pas toujours des conseils

techniques, ils ont cependant souvent besoin de disposer d’une aide en cas de problèmessanitaires (tels que des maladies ou des blessures)et d’avoir accès à des substances pharmaceutiquesvétérinaires. Un réseau destiné à traiter lesproblèmes de santé animale devra disposer :

➤ De techniciens vétérinaires suffisammentcompétents sur le plan théorique et technique ;

➤ D’un accès au matériel et aux médicamentsvétérinaires pertinents ;

➤ De mécanismes de financement pour rétribuerce personnel et rembourser le coût desmédicaments utilisés ;

➤ De mécanismes pour veiller à ce que lestechniciens vétérinaires soient tenusresponsables en ce qui concerne leur travail etleur usage des médicaments ; et

➤ Dans la mesure du possible, de l’appui devétérinaires.

Les techniciens vétérinaires auront parailleurs à conduire des activités de conseil et devulgarisation, permettant aux propriétairesd’animaux de bénéficier des nouvellesconnaissances et techniques et d’améliorer leurssystèmes de gestion et de production.

5.2.2 Le suivi

Comme c’est le cas avec tout type d’activité, unsuivi attentif et détaillé est l’élément indispensablequi permet d’intervenir à temps et avec succès surtous les aspects des projets de soutien aux activitésd’élevage et à la gestion rationnelle des cheptels.Ces initiatives pouvant avoir des dimensionsmultiples, il est impossible de décrire ici uneprocédure standard de suivi. Une fois récoltées lesdonnées de référence en rapport avec les activitésconcernées, des indicateurs clairs et mesurablesdevront être choisis en collaboration avec desreprésentants des populations participantes et desorganismes de mise en œuvre, en prenant soind’attribuer de manière explicite les responsabilitésdu suivi des différents aspects à des personnes ouà des groupes de personnes bien déterminées.

57Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

58 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Des réunions seront alors organisées périodique-ment pour rencontrer les parties prenantes intéressées et partager ouvertement, régulièrementet en temps opportun les informations réuniesdans le cadre du processus décrit ci-dessus, dans lebut de pouvoir prendre des mesures correctrices lecas échéant. Quelques indicateurs utiles sont

présentés à l’Annexe III afin d’aider le lecteur àévaluer les risques environnementaux les plus fréquemment associés aux activités d’élevage dansles situations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés.Certains contextes particuliers exigeront cependant que d’autres indicateurs soient spéciale-ment mis au point.

Référénces etcompléments de

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59Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

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60 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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L’élevage d’abeilles ou apiculture

IntroductionL’apiculture est une activité peu coûteuse qui permet, avec un niveau de compétences élémentaire et unpeu de ressources, de produire du miel – un aliment énergétique précieux présentant de multiples autresintérêts, y compris médicinaux. Plus le savoir-faire et les connaissances sont développés, plus la qualité dela production est élevée.

Paramètres de l’environnementIl est possible d’élever des abeilles dans des régions à climat tempéré, semi-aride ou tropical dès lors qu’ilexiste une végétation abondante produisant des fleurs régulièrement tout au long de l’année, sur delongues périodes. Les abeilles doivent en outre avoir accès à de l’eau.

Répercussions sur l’environnement L’apiculture est sans doute l’une des activités d’élevages les plus inoffensives qui soient sur le planécologique. Si les impacts négatifs sur l’environnement sont toujours rares – lorsqu’ils existent – enrevanche, les répercussions positives sont nombreuses.

Il reste que les abeilles récoltent le nectar des fleurs, y compris des plantes cultivées. Lorsque les champssont traités avec des pesticides, le nectar est susceptible de contenir des traces de ces substances chimiquesqui se retrouveront plus tard dans le miel. Comme certains de ces composés affectent les abeilles et leursont même parfois fatals, des colonies entières peuvent être décimées si les ouvrières rapportent despesticides dans la ruche.

Répercussions socialesEn général, les objections exprimées à propos des activités apicoles sont dues à la peur qu’inspirent souventles abeilles et qui ne se déclare que lorsque les personnes ont conscience de leur présence. Il est importantici de choisir avec soin l’emplacement des ruchers (groupes de ruches placées près les unes des autres) afinde veiller à ce que les abeilles et les ruches elles-mêmes ne soient pas dérangées. Diverses solutions existent,comme l’installation des ruches dans des arbres (de manière à être difficiles à atteindre et à faire circulerles abeilles au-dessus de la zone fréquentées par les humains) ou à proximité de haies (de manière à cequ’elles soient moins visibles et à obliger les abeilles à voler par-dessus les obstacles et la tête des passants).

Systèmes de productionLes trois règles principales de l’apiculture de base dans les situations d’accueil de réfugiés sont lessuivantes :

➤ Placer les ruches de telle sorte que les abeilles aient accès à des plantes en fleur (qu’elles butinent pouren récolter le nectar) et à de l’eau ;

61Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

IDes animaux adaptés à

chaque situation

Annexe

62 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

➤ Placer les ruches de sorte à éviter qu’elles soient dérangées, que le miel soit volé ou prélevé par desravageurs, que les abeilles soient affectées par des pesticides ou que leur présence soit une source degêne pour la population ; et

➤ Adopter de bonnes pratiques de récolte – réalisant des rendements maximaux tout en laissantsuffisamment de réserves pour les abeilles, ou récoltant suffisamment tôt pour laisser aux abeilles letemps de reconstituer leurs réserves vitales avant les périodes les moins productives de l’année, lorsqueles sources de nectar sont rares.

Ce que les apiculteurs doivent connaître :

➤ Les plantes mellifères de la région, et les saisons auxquelles elles fleurissent ;

➤ Les techniques de base nécessaires au travail avec les abeilles, en particulier pour récolter le miel sansendommager les colonies ; et

➤ La marche à suivre, entre la récolte du miel et son conditionnement, pour éliminer les impuretés,prévenir les contaminations et veiller à ne pas gâter le produit en l’extrayant de la cire.

InstallationIl y a dans la plupart des communautés rurales des personnes qui pratiquent l’apiculture, aussi les savoir-faire et les connaissances requises existent-elles presque toujours au sein d’une population de réfugiés oude rapatriés. Le mieux est de rechercher ces personnes, d’évaluer leur expérience et d’étudier leurs besoinsainsi que les possibilités d’exercer l’apiculture ou peut-être d’améliorer des pratiques déjà présentes deproduction de miel. Seront également concernées la gestion des ressources naturelles et la planification del’utilisation des terres. L’apiculture est une manière particulièrement intéressante de tirer parti de zones oùle surpâturage et la mise en culture sont déconseillés, et constitue une activité de production alternativevenant compléter des actions de protection, par exemple au niveau de bassins d’alimentation en eau ou deforêts galeries le long des rivières.

Un rucher mal géré peutposer de sérieux problèmesde voisinage

L’élevage de lapins ou cuniculture

IntroductionLes lapins sont faciles à élever et à reproduire et constituent une source de viande intéressante. Les coûtsde production sont négligeables, une fois construits les clapiers ou les enclos destinés à accueillir cesanimaux, et la quantité de travail à fournir est peu importante. C’est une activité que les enfants prennenten charge dans beaucoup de régions du monde. Les lapins sont nourris de plantes fraîches, y compris dedéchets de légumes, et consomment peu d’eau. La litière souillée des cages peut être ajoutée au compost.

Paramètres de l’environnementComme les lapins sont généralement gardés en cage, leur élevage est possible dans presque toutes lesconditions.

Répercussions sur l’environnementIl semblerait que les lapins domestiques ne posent que très peu de problèmes environnementaux. Leprincipal est peut-être qu’ils tendent à attirer les serpents et autres prédateurs au voisinage des clapiers.

Répercussions socialesLa consommation de lapin, peu répandue dans beaucoup de cultures, n’est pas sans poser certainesdifficultés d’un point de vue social. La viande est ainsi parfois uniquement donnée aux enfants. Sur le plandes interactions entre ménages voisins et entre populations réfugiée et locale, les conflits sont toutefoispeu probables.

Systèmes de productionLes principales règles à respecter pour l’élevage de lapins dans les situations d’accueil de réfugiés sont lessuivantes :

➤ Contrôler la reproduction, afin de produire suffisamment d’animaux pour la consommation humainetout en évitant la consanguinité ;

➤ Fournir régulièrement des aliments frais ; et

➤ Bien fermer les clapiers ou les enclos pour empêcher les prédateurs de s’attaquer aux lapins.

Ce que les éleveurs de lapins doivent connaître :

➤ Les plantes et autres aliments à distribuer à leurs bêtes et les endroits où les trouver ;

➤ Les bonnes pratiques en matière d’hygiène et de soins aux animaux ; et

➤ Comment distinguer les mâles des femelles, les manipuler, gérer l’élevage, abattre les animaux ettransformer les produits.

InstallationBeaucoup de projets introduisant la cuniculture et proposant des formations dans ce domaine s’appuientsur des groupes associatifs. Comme les lapins se multiplient très vite, des unités de production initialementmontées à des fins de démonstration et de formation peuvent rapidement fournir des animaux dereproduction aux membres de ces groupes. Toutefois, comme la reproduction constitue l’un des aspectsles plus importants de la cuniculture, il convient de se doter d’une bonne population d’animauxreproducteurs que les différents éleveurs pourront s’échanger régulièrement.

63Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

L’élevage de volailles ou aviculture

IntroductionElever des volailles est une activité peu onéreuse permettant de produire des œufs et de la viande avec descompétences très élémentaires et des ressources modestes. Les principales espèces élevées dans les situationsd’accueil de réfugiés et de rapatriés sont les poules, les canards et les dindes et dindons. Ils constituent unebonne source de protéines nécessitant peu d’intrants, peu de frais et peu de travail.

Paramètres de l’environnementLes volailles se prêtent à pratiquement tous les types de climat, de tempérés à semi-arides et tropicaux. Lesdéchets de cuisine et les résidus de récoltes leur conviennent parfaitement pour se nourrir. Tout commeles porcs, les volailles excellent dans la recherche autonome de leur nourriture parmi les détritus éparpillés.

Répercussions sur l’environnementLorsque les oiseaux sont laissés en liberté autour des habitations, l’élevage de volailles peut constituer uneactivité à très faible impact sur l’environnement. Les oiseaux sont même susceptibles d’avoir un effet positifsur les animaux indésirables, dérangeant et décourageant les serpents, chassant les insectes et autresinvertébrés et consommant des déchets qui pourraient attirer les rongeurs. Cependant, lorsqu’ils sontcontenus sur de petites surfaces où leurs fientes s’accumulent, l’élevage peut devenir une source de pollution.

Les races de poules de la région ou adaptées aux spécificités locales sont les plus appropriées en ce qu’ellessont en mesure de prospérer et de produire en dépit des conditions du milieu, des ravageurs, des maladieset des prédateurs. Les races améliorées ou importées ne sont intéressantes que dans le cadre d’élevagesintensifs, bénéficiant d’aliments de qualité supérieure et d’un accès permanent à des médicaments.

Il reste cependant que les poules constituent une proie facile pour les nuisibles et qu’elle sont sensibles àde nombreux problèmes pathologiques – depuis les parasites externes aux infections à virus, bactéries ouprotozoaires – contre lesquels elles doivent être traitées. Les volailles les plus résistantes sont sans doute lescanards, qui souffrent de peu de maladies graves et qui tolèrent des conditions climatiques très diverses.

Répercussions socialesIl est rare que les élevages de volailles rencontrent des objections, à moins que les oiseaux ne deviennentgênants en attaquant les récoltes dans les jardins, en pénétrant dans les cuisines et en recherchant leurnourriture dans des lieux où ils sont indésirables.

Systèmes de productionLes principales règles à respecter en matière d’aviculture dans les situations d’accueil de réfugiés sont lessuivantes :

➤ Construire un poulailler bien conçu pour abriter les oiseaux la nuit, contre les vols et les prédations ;

➤ Construire un enclos grillagé pour contenir les mouvements des oiseaux pendant au moins une partiede la journée, afin d’encourager les poules à pondre dans des endroits où les œufs peuvent être recueilliset afin de protéger les poussins des prédateurs ; et

➤ Bénéficier d’un accès à des médicaments ou à des remèdes traditionnels et s’informer sur leur utilisationpour lutter contre les maladies et les parasites.

Ce que les éleveurs de volailles doivent connaître :

➤ Comment reconnaître et combattre les animaux nuisibles et les maladies ; et

➤ Comment optimiser la production en jouant sur l’alimentation.

64 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

InstallationL’élevage de volailles étant une activité connue par au moins quelques personnes dans la plupart descommunautés, il est vraisemblable que certains réfugiés en auront déjà eu l’expérience. Il est mêmepossible qu’ils aient emporté des oiseaux avec eux, auquel cas cette activité se développera sans doutespontanément. Toute stratégie visant à généraliser et à améliorer ce type d’élevage devrait s’appuyer sur lessavoir-faire et les oiseaux qui sont déjà présents sur les lieux. Un axe de travail à développer relativementtôt au cours des opérations est la mise en commun et la valorisation des savoirs populaires des réfugiéscomme des habitants locaux concernant les soins et les traitements des volailles à base de matièrespremières disponibles sur place.

L’élevage de poissons, pisciculture ou aquaculture

IntroductionL’aquaculture présente des opportunités considérables et des avantages pratiques indéniables dans lessituations d’accueil de réfugiés. Les installations requises sont très simples et les intrants nécessaires trèsmodestes. Intégrée dans une exploitation agricole, elle devient encore plus intéressante : ainsi, l’élevage decanards s’associe très bien avec une aquaculture semi-intensive, les canards contribuant par ailleurs à luttercontre les escargots susceptibles de s’attaquer à certaines cultures. Les espèces de poissons courammentélevées dans des systèmes de ce type comprennent notamment le tilapia, le poisson-chat et la carpe.

Paramètres de l’environnementLa pisciculture est possible sous presque tous les climats, bien que cette activité devienne plus difficile etmoins productive dans les régions froides. Les bassins doivent être établis loin des cours d’eau et des lacsafin d’éviter que les poissons élevés ne s’échappent et s’installent dans les écosystèmes naturels. Dans lesrégions particulièrement chaudes, il est parfois nécessaire de prévoir un ombrage pour protéger lespoissons et ralentir l’évaporation. .

Répercussions sur l’environnementLes bassins de pisciculture d’eau douce en système semi-intensif posent peu de problèmes écologiques.Dans les régions tropicales, où le recyclage des matières organiques est rapide, les effluents et la vaseextraite des bassins peuvent servir à fertiliser les champs ou à enrichir d’autres bassins, enrichissement quel’on aura soin de ne pas laisser devenir excessif. Des précautions s’imposent également là où les bassins sontsusceptibles d’affecter le sous-sol, lorsque le niveau de la nappe phréatique est élevé ou en cas de risqued’inondations, ces dernières pouvant mêler les eaux riches et concentrées des élevages à celles du réseauhydrographique. Dans les systèmes semi-intensifs, le recours aux produits chimiques est habituellementlimité, mais il convient toutefois d’user de prudence lorsque des antibiotiques ou d’autres substances sontemployées.

Dans toute la mesure du possible, seules des espèces indigènes, normalement présentes dans la région,doivent être élevées, dans le souci de prévenir tout risque de colonisation des cours d’eau par des espècesexotiques qui se seraient échappées – des incidents qui peuvent avoir des conséquences catastrophiquespour la faune et la flore locale.

Répercussions socialesDe manière générale, la pisciculture est plus répandue dans les cultures asiatiques qu’ailleurs, mais rien oupresque ne s’oppose à ce que cette activité se développe sur les autres continents. Si les réserves enregistréesmentionnent souvent le risque que les bassins d’eau douce puissent favoriser la propagation de certainesmaladies en hébergeant les hôtes intermédiaires de parasites, comme dans le cas des bilharzioses, ou enoffrant des sites de reproduction aux moustiques, ces problèmes sont en réalité tout à fait limités dans lesbassins bien gérés, qui hébergent des densités suffisantes de poissons et ne sont pas envahis par lavégétation. Qui plus est, certaines espèces sont même en mesure, par leur comportement alimentaire, de

65Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

contribuer à freiner la propagation de ces maladies. L’essentiel est que le pisciculteur soit bien informé desmaladies d’origine hydrique qui sévissent dans la région et qu’il sache prendre les mesures préventives quis’imposent. Ici, la présence d’un conseiller agricole expérimenté peut s’avérer déterminante pour la bonnegestion des bassins et l’atténuation des risques sanitaires de ce type.

Dans un autre domaine, il est important d’user de prudence dans la répartition des différentes tâchesrelevant de l’aquaculture : par exemple, dans certaines sociétés, les femmes ne sont pas autorisées à pêcherle poisson, tandis qu’elles pourront être en charge de sa vente. Il arrive également que certaines personnesconsidèrent des aliments comme impropres à la consommation humaine parce qu’ils seraient impurs ouparce qu’ils provoqueraient des maladies. Ainsi, beaucoup refusent pour de telles raisons de consommerdu poisson qui a été nourri de déjections.

Systèmes de productionLes bassins d’eau douce peuvent se révéler hautement productifs, même sans tenir compte des avantagessupplémentaires présentés par leur intégration dans des systèmes agricoles adaptés. Au Malawi, parexemple, dans des régions bénéficiant d’eau toute l’année, les bassins ont des rendements moyensatteignant 1,65 tonne de poisson par hectare et par an. Dans des bassins uniquement alimentés par l’eaude pluie, donc asséchés pendant une partie de l’année, les rendements dépassent encore 1,3 tonne parhectare et par an.

Les principales règles à suivre en ce qui concerne l’aquaculture dans les situations d’accueil de réfugiés sontles suivantes :

➤ Bien étudier l’emplacement des bassins pour qu’ils puissent collecter les eaux de pluies, mais égalementpour éviter que des personnes ou des animaux y tombent accidentellement ;

➤ Bien choisir les espèces à élever ;

➤ Veiller à ce que l’élevage semi-intensif de poisson soit culturellement acceptable ; et

➤ Intégrer au mieux la pisciculture dans le réseau des activités agricoles afin d’en optimiser lesproductions.

Ce que les pisciculteurs doivent connaître :

➤ Comment sélectionner les sujets à réserver pour la reproduction ; et

➤ Les pratiques rationnelles en matière d’hygiène des bassins.

InstallationLes systèmes installés sur la terre ferme (tels que les bassins, les rizières inondées et autres installations dece type) constituent sans doute l’option la plus commode dans le cadre d’une aquaculture semi-intensive– l’autre possibilité comprenant les élevages en parcs, en compartiments ou en radeaux suspendus dans dessites marins ou dulçaquatiques naturels. Le bassin d’aquaculture est le système le plus commun ; les bassinsvarient en complexité depuis des modèles rudimentaires de petite taille alimentés par gravité jusqu’à desversions très étendues, de forme géométrique, construites mécaniquement et dotées d’un systèmesophistiqué de gestion de l’eau. Les bassins d’eau douce accueillent souvent des carpes et des tilapias, deuxespèces dont l’élevage est très répandu, tandis que des crevettes et des poissons tolérants l’eau de mer sontélevés dans les installations d’eau saumâtre.

66 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

L’élevage porcin

IntroductionLes porcs sont souvent élevés en petit nombre et nourris de déchets de cuisine ou laissés libre à cherchereux-même leur nourriture. Ils creusent en outre le sol avec leur groin pour déterrer des racines et destubercules. Ils sont généralement peu coûteux à acquérir localement et ne nécessitent pour leur entretienqu’un niveau élémentaire de compétences et peu de ressources. Le facteur déterminant est la quantité denourriture disponible pour les nourrir. Il est plus rationnel, plus propre et plus efficace de garder les porcsdans des enclos ou des stalles en leur fournissant toute la nourriture et l’eau dont ils ont besoin, mais cesystème exige par ailleurs plus de capital pour construire ces installations (qui doivent être solides car lesporcs sont très destructeurs) et plus de travail pour récolter et apporter les aliments.

Paramètres de l’environnementLes porcs s’élèvent avec succès presque partout, du moment qu’ils sont correctement nourris, abreuvés etabrités des éléments. Dans les régions très chaudes, ils ont également besoin d’ombre et de quantités d’eauplus importantes, tandis qu’ils doivent être abrités lorsque le climat est froid et humide pendant de longuespériodes.

Répercussions sur l’environnementLes principaux problèmes rencontrés avec l’élevage porcin relèvent de la santé publique. Les excrémentsde porcs attirent les mouches et d’autres animaux indésirables et peuvent en outre contenir des œufs deparasites internes susceptibles d’infester les humains. Ces risques sont particulièrement importants lorsqueles animaux circulent librement en laissant leurs déjections autour des habitations. Lorsque les porcs sontparqués, la population humaine est moins susceptible d’être exposée, mais le fumier se concentre alorsdans un même lieu, sèche moins rapidement et favorise la multiplication des mouches. En l’absence d’unegestion rigoureuse de ces déchets avec des nettoyages fréquents, une contamination des fossés de drainageet des cours d’eau est possible, notamment par temps de pluie.

Répercussions socialesLes porcs, détritivores de nature, peuvent trouver à se nourrir dès qu’ils sont laissés en liberté –éventuellement au détriment des jardins et des champs, et cherchant à pénétrer dans les cuisines. Etantdonné qu’un comportement de ce type est susceptible de déclencher des disputes entre voisins quelle quesoit la situation, il est généralement demandé que les mouvements des animaux soient quelque peurestreints.

Les porcs sont l’objet de tabous religieux dans beaucoup de cultures, et l’hostilité éventuelle despopulations autochtones, voire d’autres réfugiés, envers cet animal doit être prise en considération lorsquesont envisagées l’adoption et la promotion son élevage au sein de la communauté réfugiée, notamment encas de proximité immédiate entre les animaux et la population.

Systèmes de productionLes règles de base de l’élevage porcin dans les situations d’accueil de réfugiés sont les suivantes :

➤ Tenir compte des éventuels tabous sociaux ou religieux existant au sein des populations réfugiée etlocale ;

➤ Veiller à nourrir les animaux de manière à ce qu’ils restent en bon état et productifs ; et

➤ Veiller à ce que les animaux ne divaguent pas au point de saccager les jardins potagers, les champscultivés ou toute autre denrée alimentaire.

67Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

68 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Ce que les éleveurs de porcs doivent connaître :

➤ Comment manier les porcs et conduire leur élevage ;

➤ Comment castrer les porcelets mâles ; et

➤ Comment se procurer les différentes catégories d’aliments nécessaires dans les proportions adéquatespour maximiser la production et assurer le bon état sanitaire des animaux.

InstallationL’élevage de porcs est souvent spontané dans les situations d’accueil de réfugiés ou de rapatriés. Lesprogrammes gagneront à consacrer leurs efforts aux problèmes de santé publique en améliorant la gestiondes élevages, notamment en encourageant la conduite et le nourrissage en enclos.

L’élevage caprin et ovin

IntroductionLes ovins et caprins, globalement désignés par l’expression « petits ruminants », sont souvent élevés entroupeaux mixtes. Bien que leurs comportements alimentaires diffèrent (les caprins consommant plutôt lefeuillage des petits ligneux et les ovins de l’herbe), la conduite des troupeaux, les besoins des animaux etles intrants nécessaires à leur élevage restent très semblables. Les troupeaux mixtes permettent d’optimiserl’utilisation de la végétation et de mieux répartir les risques pendant les périodes difficiles : en effet, laplupart des races ovines supportent relativement bien les sécheresses mais voient leur état général sedégrader à la saison des pluies, tandis que les caprins sont plus productifs pendant les périodes humideset moins résistants aux conditions sèches. Les caprins exploitent par ailleurs des ressources alimentairesplus variées, y compris des déchets de cuisine, tandis que les ovins tendent à être relativement exigeants.

Les petits ruminants sont généralement élevés en systèmes extensifs, à l’exception des troupeaux caprinslaitiers qui sont parfois maintenus en zéro-pâturage et alimentés avec des fourrages de bonne qualitéproduits sur place. Il est possible de garder un ou quelques caprins en zéro-pâturage avec très peu : un petitparc ou une stalle et quelques arbres d’émonde, des déchets de légumes et d’autres aliments de bonnequalité nutritive. Ovins et caprins sont relativement économiques à acquérir et à entretenir et nécessitentpeu de compétences particulières.

Paramètres de l’environnementIl existe des races ovines et caprines adaptées à différents types d’environnement, de froids et humides àchauds et secs. Un plus grand nombre d’animaux peut être maintenu par unité de surface lorsque lesconditions sont humides et plus productives. Les caprins tendent à mieux exploiter les abords deshabitations du fait de leur comportement alimentaire opportuniste efficace.

Les petits ruminants ont des besoins en eau peu importants.

Répercussions sur l’environnementLes ovins sont des brouteurs relativement inoffensifs, qui dégradent rarement les prairies tant que la chargeanimale reste raisonnable. Les caprins, en revanche, sont parfois plus destructeurs, en particulier en ce quiconcerne les plantules et les jeunes plants. Une densité élevée de caprins sur un territoire donné peut, sila situation se prolonge, porter gravement atteinte à la végétation, surtout dans les régions sèches.

Lorsque les petits ruminants sont traités avec des acaricides ou des insecticides pour les débarrasser de leursparasites externes tels que les tiques, le lieu du traitement et la gestion des effluents et des conteneurs videsdoivent être pensés avec soin. Ces substances chimiques sont en effet toxiques pour les animaux, lesoiseaux et les poissons, et les probabilités de contamination des points d’eau naturels ou aménagés doiventimpérativement être prises en considération.

Répercussions socialesQuelques petits ruminants entretenus à l’intérieur et à proximité immédiate des camps de réfugiéssuscitent rarement des objections, mais il reste que des animaux laissés à divaguer librement sont capablesd’infliger de gros dégâts aux cultures et aux jeunes arbres. Au sein même des camps, là où existent desplantations d’arbres et des jardins potagers, une gestion trop relâchée des troupeaux est en mesure de créerdes problèmes de voisinage et de réduire à néant des programmes de plantation.

Lorsque les effectifs sont plus importants et que de grands troupeaux sont menés paître au dehors dupérimètre des camps, le problème principal est habituellement l’étendue des zones de parcours, et donc laquantité de végétation, auxquelles les réfugiés ont accès. Comme les petits ruminants couvrent desdistances plus réduites que les bovins ou les camélidés, ils s’éloignent moins des camps et tendent de cefait à pâturer dans un secteur plus réduit – d’où un impact plus localisé et donc plus facilementdommageable. Les dégâts infligés aux champs cultivés des populations autochtones et la dégradation de lavégétation naturelle, très visibles, peuvent être à l’origine de conflits.

Systèmes de productionLes trois règles fondamentales de l’élevage ovin et caprin dans les situations d’accueil de réfugiés sont lessuivantes :

➤ Veiller à ce que les animaux soient bien contrôlés afin d’éviter tout dégât sur des jeunes arbres, dans lesjardins potagers et dans les champs cultivés ;

➤ Veiller à ce que les animaux soient régulièrement traités contre les parasites internes et externes ; et

➤ S’assurer du consentement de la population locale concernant la présence de petits ruminants àl’extérieur du camp ou du site d’installation.

Ce que les éleveurs de petits ruminants doivent connaître :

➤ Les conséquences d’un défaut de surveillance de leurs animaux sur le plan environnemental et social ;

➤ Comment manipuler les ovins et les caprins et maximiser leur production en jouant sur le contrôle dela reproduction et sur la distribution de compléments alimentaires ;

➤ Comment prévenir et traiter les maladies.

InstallationDe petits effectifs de caprins et d’ovins sont souvent spontanément entretenus dans les camps de réfugiés.Une éventuelle intervention extérieure dans ce domaine pourra être axée sur les moyens d’améliorer laproduction et les rendements de ces élevages, d’une part, et de limiter ou de prévenir les dégâts que cesanimaux peuvent occasionner autour des habitations et dans les cultures, d’autre part.

L’élevage bovin

IntroductionLes systèmes d’élevage bovin sont multiples et tous les intermédiaires existent selon la fonction desanimaux dans l’exploitation, l’environnement et le climat local et les races élevées. Les plus simplesutilisent des animaux de races locales, adaptées aux conditions qui prévalent dans la région, conduits enextensif sur de vastes parcours où ils recherchent leur nourriture. A l’autre extrémité du continuum, ontrouve des races améliorées maintenues en stabulation, nourries avec des aliments produits spécialementet distribués sous forme de rations équilibrées favorisant la production de lait ou la croissance en vue dela boucherie. Les frais encourus ainsi que la nature des savoir-faire et des ressources requis varientconsidérablement d’un système de production à l’autre.

69Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

70 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Paramètres de l’environnementL’élevage bovin est possible dans une grande diversité de conditions, dans les régions froides et humidescomme dans les zones de climat chaud et sec. De manière générale, plus l’environnement est sec, plus lasurface de parcours nécessaire pour chaque animal augmente.

Tout comme les ovins, les bovins sont des herbivores qui se nourrissent presque uniquement d’herbe. Lesquantités d’eau consommées quotidiennement sont importantes.

Répercussions sur l’environnementLes bovins peuvent être relativement destructeurs dans les zones sèches, broutant les herbacées à ras,dérangeant les systèmes racinaires et compactant le sol. Le surpâturage est susceptible de modifier lacomposition floristique, voire d’entraîner une raréfaction de la végétation laissant des plages de sol nuexposées à l’érosion.

En outre, les bovins sont des animaux grands et lourds dont les allées et venues répétées en vastestroupeaux le long des axes de déplacement peuvent se traduire localement par la disparition de lavégétation et la déstructuration des sols. Ce phénomène est alors à même d’entraîner ou d’aggraver desproblèmes de poussière dans les camps et à proximité ainsi que d’autres formes d’érosion.

Lorsque des troupeaux importants sont parqués, de manière permanente ou uniquement de nuit, lesdéjections accumulées constituent souvent une ressource intéressante pour les jardins et les exploitationsagricoles. Toutefois, si ces parcs sont mal placés, les eaux de pluie et de ruissellement ou les effluentspeuvent contaminer les points d’eau, et des animaux indésirables (notamment des mouches) sontsusceptibles de poser des problèmes et éventuellement de propager des maladies.

Comme c’est le cas avec les petits ruminants, lorsqu’il s’agit de traiter les bovins avec des insecticides etacaricides contre les parasites externes tels que les tiques, il convient de consacrer quelque réflexion auchoix du site de traitement et à la gestion des conteneurs et des effluents.

Répercussions socialesA l’instar des autres espèces élevées en systèmes extensifs, le problème principal est souvent l’accès à deszones de parcours suffisamment étendues et riches en ressources alimentaires. Comme les élevagesextensifs sont par nature moins productifs, plus d’animaux sont nécessaires pour obtenir les quantitésvoulues de lait et de viande.

La superficie de parcours dont a besoin une petite population de réfugiés pour faire paître ses bovins peuts’avérer relativement importante, jusqu’à éventuellement rencontrer l’opposition des populations locales.En tant qu’activité se déroulant à l’extérieur des camps, l’élevage bovin extensif chez les réfugiés ne peutêtre soutenu que sur la base d’accords préalablement négociés avec les populations et les collectivitéslocales. Les bovins sont en outre capables d’infliger en très peu de temps des dégâts significatifs auxchamps cultivés. Les pertes de récoltes qui en résultent déclenchent parfois des conflits majeurs entrecultivateurs et éleveurs.

Les systèmes d’élevage plus intensifs soulèvent d’autres types de difficultés. Bien que les effectifs nécessairessoient plus faibles, la nourriture fournie doit être de meilleure qualité. L’une des méthodes les plus simplesd’obtenir une alimentation de qualité pour les bovins est d’enclore des prairies naturelles de plantesfourragères et de couper cette herbe pour la porter aux animaux. Il reste cependant que de grandes surfacesde pâturage sont ainsi susceptibles d’être clôturées pour les préserver des autres herbivores, ce qui peutheurter les populations locales. Il est donc ici encore important de parvenir à des arrangements entre lacommunauté des réfugiés et les populations de la région d’accueil.

Systèmes de production Les règles de base de l’élevage bovin dans les situations d’accueil de réfugiés sont les suivantes :

➤ S’assurer du consentement des populations locales ;

➤ Veiller à disposer de suffisamment d’eau et de pâturage ou de fourrage tout au long de l’année et à ceque l’utilisation des points d’eau et des parcours ne devienne pas une source de conflit avec lespopulations locales ; et

➤ Lutter contre les parasites.

Ce que les éleveurs de bovins doivent connaître :

➤ De quelle manière ils vont maintenir le niveau d’alimentation requis et/ou la productivité des zones deparcours ;

➤ Comment bien gérer la reproduction de leurs animaux ;

➤ Comment manier les bovins ;

➤ Comment prévenir et traiter les maladies et les infestations de tiques et de vers.

InstallationLes premières questions à poser concernent la faisabilité et l’acceptabilité de l’élevage bovin dans la région,mais également l’intérêt dont fait montre la communauté des réfugiés à l’égard de ce type d’activité et lescapacités d’acquisition d’animaux de cette espèce. Si les réponses sont toutes positives, l’étape suivanteconsiste à ré-examiner les systèmes de planification de l’utilisation des terres (par exemple en ce quiconcerne les besoins et les droits en matière de pâturage et d’abreuvement) et de mettre en place desmécanismes pour éviter que les animaux endommagent les cultures et la végétation naturelle. Les autrespoints à régler concernent la fourniture des ressources nécessaires à l’entretien sanitaire des animaux, lerenforcement des compétences existantes en gestion des troupeaux et la garantie de retombées positivespour l’ensemble de la population réfugiée et pour la population locale.

L’élevage camélides

IntroductionL’élevage des camélidés exige de bien connaître la biologie de l’espèce et d’avoir des compétences de basequant au maniement de ces animaux et à la gestion des troupeaux. Bien que souvent coûteux à l’achat, lescamélidés exigent peu d’intrants et constituent une source importante de lait et de viande dans denombreuses sociétés.

Paramètres de l’environnementL’élevage de camélidés est particulièrement bien adapté aux régions sèches, mais requiert des superficiesconsidérables pour nourrir les animaux. Ces derniers réussissent très bien dans des conditions arides etsemi-arides, où les bovins et les ovins ont plus de difficultés, en exploitant le feuillage des arbustes et desarbres. Bien que beaucoup de races n’exigent pas d’être abreuvées tous les jours, les besoins globaux en eausont relativement élevés.

Répercussions sur l’environnementLorsqu’ils sont maintenus à l’intérieur d’un espace trop restreint, les camélidés peuvent avoir un impactdestructeur sur la végétation en abroutissant sévèrement les ligneux et les jeunes plants. Cependant, il estgénéralement estimé que les camélidés portent moins atteinte à l’environnement que les bovins.

71Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

Répercussions socialesL’accès à suffisamment d’espace et de végétation pour nourrir les animaux constitue habituellement leproblème principal. Les camélidés doivent pouvoir exploiter de vastes territoires, ce qui n’est pas toujoursbien accepté par les populations locales pour des raisons ayant trait à la superficie des zones de parcourset aux risques de dégâts aux cultures. En tant qu’activité menée à l’extérieur des camps, l’élevage decamélidés par les réfugiés ne peut recevoir de soutien que dans le cadre d’accords négociés avec lespopulations et les collectivités locales.

Les réfugiés les plus intéressés dans l’élevage de camélidés sont souvent des personnes qui travaillaient déjàavec ces animaux auparavant. .

Systèmes de productionLes règles essentielles de l’élevage de camélidés dans les situations d’accueil de réfugiés sont les suivantes :

➤ S’assurer du consentement des populations locales ;

➤ S’assurer que le climat et la végétation naturelle conviennent à ces animaux ;

➤ S’assurer que des espaces suffisant de pâturage sont disponibles ; et

➤ Posséder les connaissances et les savoir-faire nécessaires en matière de maniement et de soins d’élevage.

Ce que les éleveurs de camélidés doivent connaître :

➤ La répartition des zones de parcours les plus productives et les moyens d’entretenir et de maximisercette capacité de production à moyen et long terme ; et

➤ Les principes d’une bonne gestion de la reproduction de leurs animaux.

InstallationLes premières question à poser lorsque l’élevage de camélidés est envisagé dans les situations d’accueil deréfugiés sont, d’une part, l’intérêt que suscite ce type d’activité chez les réfugiés et, d’autre part, safaisabilité et son acceptabilité. Si rien ne s’oppose à cette activité sur le plan des politiques, de l’espacedisponible et des conditions environnementales et socio-économiques, l’approche la plus réaliste estd’autoriser les réfugiés les plus expérimentés et dont l’intérêt pour les camélidés est le plus vivace àentretenir quelques bêtes. Il convient toutefois ici de s’appuyer sur les plans locaux d’utilisation des terreset de veiller à responsabiliser les éleveurs vis à vis de la prévention des dégâts aux cultures et à la végétationnaturelle, et notamment aux jeunes plants de régénération. L’expérience peut alors servir à valoriser lessavoir-faire existants et à s’assurer que l’ensemble de la communauté en perçoive des retombées positives.

72 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

73Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

IIGestion des cheptels dansles situations d’accueil deréfugiés : aide-mémoire

pratique

Annexe

Classification des réfugiés et de leur expérience précédente en fonction des systèmes de production(cultivateurs, cultivateurs-éleveurs, éleveurs)

Recensement des animaux (nombre d’animaux possédés par les réfugiés), à défaut, estimation des effectifsglobaux

Recensement des animaux (nombre d’animaux entretenus par les populations locales), à défaut,estimation des effectifs globaux

Charge animale (nombre d’animaux par hectare)

Types de troupeaux (monospécifiques ou mixtes)

Etat des parcours (état présent, changements saisonniers, potentiel pour l’avenir)

Recherche de signes d’érosion des sols

Disponibilités en aliments pour animaux :

➤ Résidus agricoles

➤ Sous-produits de l’agriculture et de l’industrie

➤ Aliments non conventionnels

Mouvements saisonniers des animaux, y compris des troupeaux nomades

Présence de maladies atteignant les animaux domestiques

Stratégies optionnelles de lutte contre les maladies :

➤ Quelle est la probabilité de prévenir les flambées épidémiques en recourant à une stratégiedonnée ?

➤ En combien de temps et avec quelle probabilité de réussite cette stratégie permettrait-elle dejuguler une flambée épidémique ?

➤ Quelle est le rapport coût-efficacité de cette stratégie ?

➤ Les éleveurs participeront-ils à cette stratégie ?

➤ De quelle manière cette stratégie influencera-t-elle la performance des animaux concernés ?

➤ La mise en œuvre de cette stratégie verra-t-elle une amélioration des conditions de travail desservices vétérinaires ?

➤ Les ressources nécessaires (financement, personnel, transport, vaccins, médicaments, etc.) sont-ellesdisponibles ou accessibles ?

Prévalence de zoonoses (notamment les tuberculoses, les brucelloses, les ténias, la rage)

Emplacement et conditions d’accès des points d’eau

Marchés aux bestiaux et prix pratiqués

Groupes d’utilisateurs (associations d’usagers des espaces naturels, etc.)

Importantes institutions en rapport (par exemple le ministère de l’agriculture et de l’élevage, le service dedéveloppement de l’élevage, les directions régionales ou locales de l’élevage, les organismes de recherche etles services de vulgarisation)

74 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Charge animale par espèce (nombre d’animaux de chaque espèce à l’hectare)

Composition des troupeaux (en % pour chaque espèce, âge, sexe)

Nombre d’animaux par ménage

Nombre d’animaux par zone d’habitat humain

La production par hectare (en tonnes/hectare)

Composition floristique, notamment en herbes pérennes

Couverture végétale (en %)

Prix de vente des animaux

Productivité : taux de fécondité, intervalle de mise bas, âge à la première mise bas

Production de viande par tête ou croissance pondérale journalière (en g/jour)

Production de viande par secteur (en tonnes/hectare)

Incidence des maladies (en % – nombre de nouveaux cas par rapport au nombre total d’animaux au coursd’une période donnée

Taux brut de mortalité (en % – nombre d’animaux morts par rapport au nombre total d’animaux aucours d’une période donnée

Incidence de zoonoses dans la population humaine (en %)

Nombre de conflits au sujet des droits de pacage et de l’utilisation des points d’eau

Stocks de poisson et d’autres espèces animales sauvages localement et dans les régions en aval

Espaces protégés – à l’échelon local, national et international

75Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

IIIIndicateurs utiles pourl’estimation des risques

environnementauxfréquemment associés aux activités d’élevage

dans les situations d’accueil de réfugiés

Annexe

Parmi les produits d’origine animale les plus utilisés, on trouve la viande, le lait et les œufs. Leur niveaude production tend à fluctuer au cours de l’année, avec une alternance de périodes de pénurie et depériodes d’excédent. La meilleure manière de gérer ces variations de la production est de transformer lessurplus lors des pics d’abondance afin de constituer des réserves à écouler plus tard, au moment où lesproduits frais font défaut.

Les denrées telles que le lait et la viande se gardent difficilement sur de longues durées. Elles sontsusceptibles de s’altérer et de devenir impropres à la consommation humaine en quelques heures,notamment lorsque les conditions laissent à désirer sur le plan de l’hygiène et que le temps est chaud. Ilexiste de nombreuses techniques de conservation, dont des traitements par la chaleur, la fumée, le sel, lafermentation (pour produire de l’acide lactique) et le dessèchement. Ainsi la viande est-elle séchée, fuméeou salée à des fins de conservation mais également pour en changer la saveur et la texture et introduire parlà une certaine variété dans l’alimentation. Beaucoup de ces méthodes exigent des connaissances et dessavoir-faire élémentaires et un minimum de matériel, mais les deux facteurs les plus importants sontl’hygiène et les conditions de stockage. Quelques indications sur les procédés de transformation et deconservation des produits d’origine animale les plus courants sont données ci-dessous. Plus de détailspourront être obtenus dans les ouvrages proposés dans la liste bibliographique.

La transformation du lait

Le lait s’altère rapidement et “tourne” sous l’effet de la multiplication de certaines bactéries qui s’ytrouvent. La plupart des procédés de conservation passent par une élimination de l’eau qu’il contient et/oupar une modification de l’acidité afin d’empêcher le développement de la plupart des micro-organismes.Les produits à base de lait fermenté, tels que le yaourt et le lait sur, contiennent des bactéries qui facilitentla digestion et contribuent à prévenir des maladies causées par d’autres bactéries. La fermentationdébarrasse en outre le lait du lactose (un « sucre », ou glucide), ce qui le rend plus digeste. Le lait surtraditionnel est un liquide épais, coagulé, rappelant le yaourt mais de saveur plus prononcée et plus acide.Il se conserve de trois à huit jours et se boit en accompagnement des repas dans certains pays. Laconservation est assurée par la production d’acide lactique par des bactéries particulières du lait non traité.Le fromage, le beurre et le lait concentré sucré sont d’autres exemples de produits fabriqués partransformation du lait.

Le fromagePlusieurs types de fromages frais peuvent être fabriqués à l’aide d’un matériel très réduit : un récipient etun peu de citron suffisent pour préparer des fromages simples mais savoureux. Le fromage est le résultatde l’action de bactéries particulières qui solidifient les graisses du lait. Celles-ci sont alors séparées duliquide, comprimées puis affinées, donnant un produit sec à forte teneur en acides. Son acidité jointe à safaible teneur en eau le rendent stable et apte à se conserver longtemps, de préférence à l’abri de l’air, del’humidité et des animaux indésirables.

76 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

IVLa transformation des

produits d’origine animale

Annexe

Le beurreLe beurre et le ghee sont traditionnellement fabriqués en barattant du lait sur jusqu’à coagulation desmatières grasses, le lait se séparant alors en une fraction solide, le beurre, et une fraction liquide, lebabeurre. Le beurre est alors récolté à la main et lavé à l’eau propre deux ou trois fois avant d’êtreconditionné et entreposé. Le beurre peut ensuite être chauffé pour en faire évaporer l’eau résiduelle etobtenir du ghee, une matière grasse de cuisine très recherchée, notamment en Asie.

Le lait concentré sucré ou « confiture de lait »Le lait concentré sucré est une combinaison de lait déshydraté et de sucre. Le sucre est ajouté au laitpendant que celui-ci chauffe, puis l’eau est progressivement éliminée par ébullition. Le résultat est unliquide sirupeux qui, conditionné dans des bocaux hermétiques, se garde très longtemps du fait del’absence d’eau et de l’effet conservateur du sucre.

Le yaourt (ou yoghourt)La fabrication du yaourt fait appel à la culture de bactéries particulières qui sont introduites dans le laitjuste après sa stérilisation. Le résultat est un produit crémeux relativement acide. L’eau n’est pas séparéedu reste du lait. Le yaourt se conserve du fait de son acidité, qui lui vient de l’action des bactéries. La duréede conservation du yaourt est assez modeste mais peut être allongée en conditionnant le produit dans desrécipients hermétiques.

La transformation des œufs

Comme la production d’œufs se poursuit généralement toute l’année dans presque toutes les régions dumonde, il est rare que ce produit doive être conservé. Toutefois, lorsque la production est saisonnière, avecune alternance de périodes d’abondance et de périodes creuses, il existe des procédés pour prolonger ladurée de conservation des œufs. Ceux-ci ne doivent jamais être lavés avant d’être entreposés car l’eaudissout la couche protéique qui recouvre l’extérieur de la coquille et empêche l’air de pénétrer à l’intérieur.C’est la dégradation de cette couche protectrice qui finit par permettre, avec le temps, aux bactéries de sedévelopper dans les œufs.

L’une des méthodes les plus performantes, sûres et économiques de conserver des œufs est de les tremperdans une solution de silicate de soude (un type de verre soluble) puis de les laisser sécher à l’air. Le silicatede soude est normalement disponible en pharmacie et s’utilise à raison d’une part pour 9 parts d’eau.

La transformation de la viande

Les mêmes principes de conservation s’appliquent à la viande et au lait : l’altération du produit est due àl’eau qu’il contient. Les procédés de conservation de la viande utilisent donc l’élimination de l’eau ou lamodification de l’acidité. Plusieurs techniques existent pour ce faire.

La viande séchée (“biltong”, « jerky »)Le biltong est réalisé à partir de minces lanières de viande qui, salée et séchée, prend une teinte brun foncé,une saveur salée et une texture caoutchouteuse. La viande de bovin, de camélidés ou de gibier est la plusutilisée. La viande fraîche maigre est découpée en lanières longues et minces qui sont suspendues les unesà côté des autres dans un endroit chaud et bien ventilé pendant de cinq à sept jours, à l’abri de la poussièreet des insectes. La viande fonce au fur et à mesure qu’elle sèche pour devenir un produit relativement durà mastiquer mais nutritif, qui se conserve longtemps. Certaines méthodes recommandent de faire tremperla viande dans du vinaigre parfumé d’herbes ou d’ajouter des épices pour éviter qu’elle durcisse trop, laconserver plus longtemps et lui donner plus de saveur.

77Les animaux dans les situations d’accueil de réfugiés

La viande saléeCertaines viandes peuvent également être salées. Les morceaux frais sont mis à tremper un certain nombrede jours dans de la saumure (une solution concentrée d’eau et de sel) avant d’être égouttés et essuyés. Laviande est alors périodiquement frottée avec du sel, ce dernier empêchant le développement des bactériesà la fois en surface et à l’intérieur. Il est également possible de laisser la viande dans la saumure si le toutest conservé dans un récipient hermétique à l’air. Avant la cuisson, il est nécessaire de débarrasser autantque possible, par rinçages successifs, la viande du sel qui l’imprègne.

La viande fumée ou boucanéeDes morceaux de viande peuvent être conservés très efficacement en les suspendant dans des dispositifsspéciaux produisant de la fumée à partir de sciure de bois d’espèces d’arbres particulières. La fumée sèchepartiellement la viande et en colmate la surface, ce qui bloque la pénétration de l’oxygène.

Les saucissesUn autre moyen de conserver la viande est de la confire dans de la graisse. La viande est finement découpéeou écrasée et mélangée à de la graisse, des herbes et des épices, la graisse isolant le mélange du contact del’air. Les herbes et les épices, ainsi que le fumage final des saucisses, contribuent à prolonger encore ladurée de conservation.

78 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement