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dangkhue
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L'CHO DU CAL VAIRE Bulletin de l'Association Amicale
des Anciennes Elves du Pensionnat du Calvaire
de Landerneau
Cotisatlsation annuelle .... Cotisation perptuelle .... L' ECHO, ........... .
5 francs 200 fra nes
3 francs
Comple Chque Postal : 20.129, Reuues - Madame la Directrice, Peusiouuat du Calvaire
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SOMMAIRE :
Notre Amicale ....... .
Une Distinction mrite.
Trois Tricentenaires ..
. .- . . La Vie au Calvaire. . . .
Courrier de Jrusalem
Souvenir de Vienne -..
:bpr.rt d'un Miss-ionnaire
Retour sur le Passe
IN MEMORIAM.:
Mlle Marie Le Moigne. . . . . . .
-Mlle Bonvalet. . . . . . . . . .
Mere Marie-Bernard ..... .
Nos Associes dfuntes. . . . . . .
Carnet de Famille. . . . . . . . . .
Changements d'adresse. . . . . . . . . . . .
Nouvelles adhrentes. . . . . . .
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LA RETRAITE-et la Runion de l'Amicale
,c,e,s.t 11e ,Mencll"leldil 21 JUJillillelt, 8 bewe;s; diu SIOiir, .qu J,e R. P. Oo!JUi;o;t 'OIUIV'r'a'it la }\elbraite.- OIIIllmie Uie .. SI :ain.n!es pll'lo-Cildien.te~ U/lte ci'nlqiulan.tlaruDJe d''aufdditii"Iilces altltlenlda~ent Jes
_ ipn1c:ieu:x. eniS!eilgln.emoollis eit \erDJco'uira~ge'I111esnlfJs UlrJJ ,~llln n.oirvoeraUJ 'V'ell'!s Jie Bon Diieu;. _
Nou!S' JSIOmmJes hre'liDe~eJs d.'e ldcirn;nler Q.lllle~~eiS .nt esr d'urue l"eibr!aill:an~e qDii IMpip.eilll,eronJt r ses colllliP~IlJe!s ]e.s s:i ihommle\S ilnslbrlll/c''Oill'SI ell: !Pell'IIIl.!eltlbl'loillit atux alslsodileiSi qui n'e'Uil"enlt p'a's ffie ,br01nlhie'wr: tdie .prl'lolfrtler dte J,a Rlelbrailtte dl'eln ll!voJk, ~i~W. !P1eltilte 'Piairlt.
'8 theure!s diu 'sodJr. ..._ OUIVlerrtturre. ,__ .Prax , Ile grlan.di mot Bndictin que cette retraite soit tout- entire sous Cie lvo1cahllie, lqu1e ,ce .soi~: .son JlUIIi: d10'Ilinlelr Jla; tP'ailx. ~a' dl-firuiltiiOilli die Ilia lp aioc eslt re m:e lsili lie tellllliPll.e die D~eu, 'llOUIS n'y pensons pas assez. Quand on consacre une rglise on procde d'abord l'exorcisme, de nime quand on bap-
. tise un enfant, le prtre soufIle sr lui afin qu:'il soit pur poor cronlte:ndr DlileUI. l'Ir fa.UJt qu:e UOIJiS viv101UISI ldle Die1u,, a1v1G, Di.eru, !POur Dtieu.; ne faiJ':e qu'un arvec Lui
--- Illll1'niqUJe,J.'I effdicalc:emenll! a'U!x aulbflesl. die .graJVir !lie1s degrs1 1d!e ~rau~ .tel et tmoignant plusieurs repris.es des sent:iments de trs IP'I'Oifon:de :e!b IP'alr'flailte c.o n:ttifiml!.
.5 !bi. 3(). - Si le mo;nldie va .s;iJ ma11, c'e1st que ]'o,u faiit JbrotP P!eiUI 1die,.tca1s od,e [la miisl;rliiC'O!fldle ld\e 'DleUJ. C mo1t ac.h [!e cur, :Uan1t ltlomh., iill tenr telnldlilb Ile Gur 1die .s1a mamrun' [nJJ1 dli1rle itol~tl tenld:rimnen t: T',es.,tiUI fai;t m;affi mo;n 1en:llam11J ... mldi~uoin,s .cella, iDi!e;u: eslt me>iftllleu:r ;que lia iPUISI lt.enid d1els~ MreiSI ,elt . o ~el [JYlclh a)bon,dJe [\ru .grJce !SJUJra[bonid'C,.
V:e1rudireld:~, 9 lh. 30. -IColllfia'nlcie eln' iDieu: IC',eslt l:e man~ qUie >die conlfia;nce qui! ,n,oUJsl re:rud .s;. fali!bllle. Je ne su,ils l'iien; ma.iis je puis tmit file.
2 !bi. 15. - La_V1orc,altdon >>. O.r:i'enttel' :sa 'Vi>e' 1s1eUion1 [la Vol,oinltl
--~-n,es prrcldenltes au pieux cimetire ,pour don;n'e'r aux chres Mreis' .e>t Silills Dtifuntes Jie SIOUVeillk fili~all> et re-connaiiSISiant di'une pribte d1e iLo
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pour tollls e1t poUir' ,toute's ,UJme ,c:ha,rmante 'nUiron dl' Ami-allle >>.
L'es Vipres et l'a Bn~dlilcitinn ,du Sai,ntt-Swcrement riuni-Peni; .elntcnr,e toutes lte'SI chres as's'o;C'ies' :pPs du Borr Di1eu, dians u~te 'c'ommune et mllltlule11e prire; rpU!'& ]"heure d!e la sparaHon sonna et toutes emportrent le doux espoir de se retrouver l'an prochain.
li;:]
Vne Distincticn mrite
L'un'e de nos assodes Maria iBrian1t (Ma;d;ame Flodh) a
reu d,e Son Exc,e]l'eniC,e Mlgr Dupartc ['a, mldlail]!lte ;d!'artgen1: et ll'e dtilpl:me 'du 1Mtrite Dioc,lsai:n >> pour 1es1 ,gm,nlds se,rw~ee's -qu'eU,e 'a rendus 'Orplhe1in'a't Ide il.'~diortrutli'o'lll ,dJe B1slt o, diepuis trente runs,, elie ,se td,viUte !r'i:lllsth~UJc;tiorr ,e't l'ldtucation ,des' petite's lfi]es'.
Noi!Jre Echo poril:'er'a 1a clhre and~nn,e, !llve idltr Cal-va1re, ,q! ;lui 'f'ait trun1t :honueUJr, les filciilta.t
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Refrain
Vive notre Institutrice Qu'ici chacune aime tant Prions D~eu ,qu'Ll la bnJi!ss
TROIS TRICt:NTt:NAIRES pour la
Congrgation des Bndictines
de Notre-Dame du Calvaire
Au cours de cette anne 19;37-19,38, nou~ avons ft
trois vnements trop importants. pour les la:isser igno-rer par ceHes de nos associes- qui n'o:nt pu y predre part. -
Tricentenaire de l'Exercice des Missions Le premier -est celui de l'.Exe'!'cice des Missions qui fut
ft dans notre Calvaire d!e Landerneau, le 29 juin. 'C'est, en effet, en 16.37, que le Pre Joseph du Trem
blay, par une inspkation toute surnaturelle, voulut-asso-cier. ses Filles du Calvaire l'apostolat des Missions en le leur indiquant comme un des buts tout pa.rticuliers de leur vie d en leur fixant, chaqe jour, un moment pour attirer les- bndictions du Bon Dieu, par leurs prires, sur le monde entier: Une vraie Fille du Calvaire, dit-il, n'a plus eUe ni temps, ni vie, ni gr; elle est toute Dieu et au prochain. Et ne dites pas que vos n'av-ez pas assez de force pour 'cela, mais hien que vous n'avez pas assez d'amour et de bonne volont ... Gela me fait mourir de voir des religieuses qui n'ont .d'autr'e .glise que leur couvent. Mes Surs;, souvenez--yous que vo (Jerem. 1-7.)
Mies iRvrendes Mres, .Mes chres ellifants,
Il n'y a rien de moins gohte que la contemplation de la vrit. e le danger de la .voir pri-r ou de dissiper entre les mains O;ublieuses et inattentives, et c'-est encore plus: -c'est s'assurer le meilleur -moyen de le voir se multiplier, produire du fruit au ntuple.
C'est pourquoi l'rdre missionnaire par essence, pour-rait-on dire, l'ordre des .Prcheurs, a pris' pour devise: Contemplata aliis tradere. {Transmettre aux autres le rsultat et le frt,Iit de l contemplation.)
Mais il n'en est pas moins vr~i que -cette devise ne r-e-prsente pas un privilge exclusif; parce qu'-elle convient mieux., aux
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reu de Dieu une supriorit de grce ou de talent si C'e n'est pour le hien commun. des hommes, et_ la Aconte,mpla-tion, acte ou ttat de vie, est assurment une grace d ordre tout f,ait suprieur. .
Comment se fait-H alors que 1es contemplatifs ne sor-tent pas de 1leurs' cellules, -et ne vi-enne~t pas' .gr~ssir les rangs de l'arme missionnaire? P~uvqum g~vdent-Ils dans leurs .clotres et derrire leurs. gnlles les nchesses accu-mules dans les veilles et les o-raisons? lEux qui sont dans le courant le plus familier et le plus: continu avec la
'vrit, qu'ils viennent donc !JOUS dire .ce qu'ils ~avent des secrets clestes, et s'il leur est donne comme. a .Jea~ l''Evangiiste d'ausculter leur Dieu, qu'il~ .nous d~cnven avec toute l'autorit que donne une expenence vecue les battements de l'amour ternel!
. 1Et ii me semlble que, quand ils ent-endent la dtresse humaine, le gmissement de toute crature, les c?nte~1-plaHfs restent figs; comme Jrmie l'appel de D1~u, lls disent: Que voulez-vous que je raconte? Je ne saisyas parler, je ne sais que balbutier. .'Q~e!les ~xp~esswns voulez-vous que je trouve pour ces l'eahtes qm depas~ent infiniment toutes Ies capacits de l'intelHgnce humame? Rlegardez les plus grands mystiques,. lisez tous les livres dans lesquels ils ont consign leurs expr.iences. ~y a-t-il de plus clair que le titre mme d'un hvre de .s~mt Jean de la Croix: La nuit obscure , pour caractenser la disproportion qui date entre la vrit contemP'le et S1< expression en langue de la terre? ll
Faire d'un contemplati;f un aptre, y pen.sz-vous? di-ront Jes .geJis du monde. Non seulement i1 ne peut pas vaincre la di,f'fi.cult qui pro~ient de la vrit communi-quer, mais il ne peut pas surtout triompher ~de l~ r~doutalble inertie de la masse. 'Elle noe . veut pas etve eclar-re, dle aime ses erreurs qui lui permettent de goter, dans un-e certaine flonne foi, les facilits de la vie; elle est malade, mais elle ;Craint trop les mdication.> ner-giques; elle meurt de .faim, mais ;la vrit est une nourri-ture trop forte. _ .
Pourtant, la vrit, comme le bin, tend par sa na-ture mme se communiquer : iBonum di.ffusurum sui. )) Il faut qu'eUe se rpande : elle clate dans les ttes des contemplatifs, et la meiUeure preuve en est I'irr.sistiiMe besoin qu'ils prouvent d'crire. Sainte Th-rse et saint Jea:n de Ia Oroix, sainte Catherine de Sienne et Hnri Suso, saint B-ernay;d, saint Mechtilde et sainte Gertrude lcrivent et font connatre ce qu'ils ont pu sa-
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voir des merveilles divines. Plus encore peut-tre qu' l'impulsion naturelle de la vrit, c'est un sentiment de charit qu'ils crdent. Ils ne peuvent faire la vrit l'in-jure de la garder cache mais c'est bien parce qela vrit cherche des mes pour s'y ologer: elle en a !besoin elle aussi.
11 y a, voyez-vous, suivant la beUe expression de Mgr Depioi,ge, une socit des intellilgences qui est la sienne et qui a pour lien autant que pour bien com-mun: la vrit.
Et alors n n'a pas Heu d'tre surprh de vok tant d'in-cursions des eontemplatifs dans la socit temporelle. Ils ne peuvent pas se rsoudre la 1aisser dans J.es tn-bres de' l'erreur et de Tignorance. Ils savent plus, rai-son de plus pour parler: Nous ne pouvons pas ne pas parJer , disent-ils comme et aprs les aptres, parce que les aptrres tout les premiers' ne pouvaient garder pour eux seuls ce qu'ils avaient contempl penda[l.t trois ans dans leur Matore. N'y avait-il pas d'ailleurs son ordre formel?
Lorsque nous parlons de la nature de la vrit qui est de se communiquer, du 1bresoin qu'ont ceux ,qui la possdent de la rpandre, nous faisons uvre de logi-ciens ou d'analystes. La ralit est bien plus riclhe, car elle contient .Dieu. Dieu est vrit, Dieu es:b amour, nos saints livres .font des noms de vrit et d'amour des sy-nonymes de oDieu, ear il est cela m'iuemment et d'une tnanirre unique et transndante.
En mme temps, il est vivant: Deus videm ret vi-vens. >> Chaque parcelle de vrit le contient ~t l'a vri-t- est communicalble parce qu'elle est l'immensit divine elle~mme, remplissant toute chose, parce qu1elle est la lumire divine clairant tm.It homme qui vient en 'ce monde.
Ge Dieu vivant, ce Dieu vrit, mai's' c'est lui qui sup-prilme ces disporportions et diffi.cults qui empcheraient la diffusion de la vrit. Ne dis donc pas que tu ne sais pas parlrer, rpond-il Jrmie, car tu kas partout o je t'enverrai et tu diras tout ce que je t'aurai confi.
Sans doute, le langage des homms ne pourra pas dire toute .la vrit parc-e qu'il ne pourra pas l'inclure, mais ce q'il dira du message confi par i[)ieu sera authenti-quement vrai; et les .formules humaines transmises par. mission divine seront garanties contre toute erreur.
Si Dieu authentifie le missionnaire, il se charge aussi de lui prparer ,Je termin: ne crains rien de Ceux .vers
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qm Je t'enverrai, parce que je suis avec .toL Ne vous proccupez pas de oe que vous dervez rpondre, dit Jsus aux siens, l'Esprrit-JSraint vous suggrera toute chose.
Je mets, dif:ore le IS~igneur Jl'mie, ma parole dans ta ibouohe et je t'ta~bli'.s au--dessus 'des . nations. A eUes de se soumettre la vrit li!bratrice.
Vous n'ignorez pas. omment l'Eglise a compris et com-prend sa mission propht~que, mais vous faites ibien, mes R:vrend.es Mres, de considrer comme un titre de gloi-r de votre Ordroe l'institution d'urne prire missionnaire quotidienne.
\Saint Benot n'a pas eu seulement en vue 1a perfection du culte divin: il voyait dans la vie monasUque la mise en pmtique sous les dispositions d'une Rgle sage et prudente des prceptes et des conseils de perfe,ction: ds lnr.s, l'a.postolat, et l'apostolat missionnaire, ne pouvait tre exclu de ses perspedi'Ves: et .ses monastres ont servi hien autre chose qu' polariser .Jes 'Vies .chrtien-nes indi'Viduelles, ils ont t de prcieux norviciats de niis.sionnaires et comm~ des dpts o l'Eglise puisa pen-dant de longs sicles les meilleurs de ses aptres: et de
ses docteurs. Ds qu'il eut compris sa manire - qui n'est pas
ceUe de saint -Brenot - l'nigme de la perfection hr~tienne, saint Franois d'Assise voulut conqurk la foi les mus{mans, et ses fils ont blanchi de le_rlrs os les routes de I'Extl'me-Orient. Le Pre du Tremlblay tit, dans la complexit de son caractre, un conqurant lui aussi. A 1'intrim1:r du pays, I'd:uire J'hrsie qui est une division; au dehors, gagner J'uni,t de la foi les mes des paens,- mais .c'tait l un programme auquel auraient peut-tre souscrit nos mo:dernes. pacifistes s'ils n'taient pas si en dfiance contr1e les initiatirves d'inspi~ ration vangliique.
Mi'Ssions intrieures et missions tYangres ont la m-me importance et sont aussi ncessaires. Com'hien se lais-sent prendre par des considrations qui ne sont pas tou-jours surnatureHes pour affirmer la supriorit des unes sur. les autres!
'Les missions trangres auront 'la puissante sduction doe l'exoUque; on y convertit des sauvages, des anthro-pophages, on lutte contre la [o:rt vierge, les scorpions gants, les rapides et la peste ou la 1lpre; que faut-il de mic;mx pour enflammer les imaginations?
N'allez pas si loin .chercher ds 'Sauva.ges ajoutent, et non sans raison, les tenants des missions irntrieures:. Le
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ma-rtyl'te dont vous rvez sera peut-.tre bientt une ins-titution normale des nations europennes. Regardez au-tour de vous, dans votre parent mme, des misres spi-rituelles plus graves que celles des paens. La tuber~ulose et J.e cancer des taudis font aussi srement des VIC times que Ia lpre.
Discussions striles auxquelles doit mettre fin la con-science srieuse de l'tat de vie auquel [)ieu rserve cha-cun de nous. C'est l o le bon Dieu nous veut que nous faisons du bien et nous n'avons pas le droit de marchander notre admiration a telle ou telle catgorie de mis:sionnai-res. Hommes ou femmes, quels qu'ils soient, quand ils: ont compris la 'dtresse des mes sans Dieu, ils ont M marqus du sceau de ,Ja souffrance I'denrptri:ce, et il :faudrait bai-ser la trace de l>eurs pas. Mais mme ceux qui ne peu-vent militer dans les armes actives de l'apostolat, unoe coopration . troite l'uvre missionnaire est permise.
iNous remar,querons d'31bor:d que pour tre mission-naire, il.n'est pas exclusivement requis de travailler chez les sauvages ou dans la banlieue rouge: fairoe compren-dre aux chrtie~1nes qu. vous croyez tre, mes chres enfants, tout ce que vous 1devez faire ou viter po~1r trre vraiment chrtiennes, cela relve . de l'apostolat mis-sionnaire; et quelquefois les religieuses Calvairiennes. au-raient moins de peine aV'ec des chindises ou des ngres-s-es qu'avec vous.
Mais surtout la coopratio11 l'uvre missionnaire par la prire et par la charit est d'une importance capitale.
Ce serait irn;;u;flfisant de dire que quand on ne peut pas fair le travai-l auquel se livrent d'autres, on a part leurs mrites nanmoins si on consent les encourager de la voix et du geste, et faire pour eux des vux trs sin-cres ct des prires ferventes. N'insiston;; pas trop lour-dement sur le parti que l'on pourrait tiPer de pareils p-ro-pos contre la doctrine cathoJi.que de la prire.
Prier pour Jes missions, ce n'esb pas cela; et ce n'es
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il veut mais tous doivent faire ce qu'ils peuvent, dans l'unit ~du corps du Christ, et ce serait mconnatre toute la thologie de la prire que de lui refuser un rle pr-pondrant dans la vie de ce cor,ps.
C'est qu'en effet, quel qure soit le talent rde l'aptre, ce n'est pars lui que les mes se rendent. ~ieu seul a har~e sur J.es mes, et qu'il s'agisse de convertir un commums-te athe son lit de mort, ou bien un musulman polyga-me ou un franc-maon, ou. un houdhiste, les mes ne cdent jamais qu'. Dieu. Comme il serait ~laindre l'aptre qui dirait srieusement: J'ai If ait. ~ !Sra1?t P~ul lui rpondrait: J'ai plant, ApoUo a arrose, mai'S DTeu a rdonn la croissance (1, Cor. III), d C'est pour,quoi la prire qui est notre seul moyen d'action. sur la volont divine reste le grand moyen des convers10rns.
'Priez mes enfants, mais pTiez , disait la Vierge Pontmain. Dans les heures graves que nous traversnns, ne sachant de quel .ct nous tourneT, n'oublions pas .que la grarnde voie du salut c'est la prire. S:eule, e:lle conJure
.les puissances mal'fiques, seule aussi eUe attire sur le;; tmv'aux apostoli-ques les .bndictions f:c?ndan.tes: vo.s prir,es '.SUpplent SOUVent Celles des miSSIOllnai~S qUI, malades ou rompus de faUgue, ne peuvent plus pner a~tant qu'ils en sentent le besoin; car Ia plus grande_ pn-vation de l'aptre rest hien ceile-1, de ne pouvotr. se r-efaire autant qu'ii le voudrait dans la COntemplati~n. Prenez leur place: montez la gal'de au .pied de la croix, devant le t.abernacle, dans le C:U:r de Jsus, pour que Dhm multiplie pa.r les grces de vocations }es ouvriers aporstoliques'; .priez pour ceux qui trava:iUent, pou~ que Dieu fcondoe lreurs labeurs et leurs souffi'ances, et a leur place aussi pren,dant qu'ils se reposent J.gitimement de leurs fatigues.
Vous saurez plus tal'd dans le ciel queile part vous aurez eu leurs suecos quand vous vrerr,ez les mes sau-ves par les missionnaires venir vous remrer.cier de les avoir assists dans leurs u'Vres de zle.
Ainsi soit-il.
Tricentenaire du R. P. Joseph du T:vemblay
.c'est le 18 dcembre 1638' que le R P. Jos;eph du Tremblay rendit sa beire me ,Dieu. Chacun des mo-nastres de la Congrgation se fait un devoir de donner Cette occasion un tmoignage dre Teconnaissance pour la mission si grande et si peu connue qu'H a remplie.
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Le mardi de ,Pques, M. l'ablb Le Gorf voulut bien unir ce souvenir et eelui du Vu de Louisr XIII la c-rmonie de Vture ont nous vous parle!orns bientt.
Voi.ci en que}.s termes s'exprima l'orateur: Puisque nous solennisons le troisime centenaire de
la mort du R. P. Josepih du Tremblay, qu'il rme soit per-mis 1d'.voquer la mmoir-e de l'illustre fondateur de la Cong~gation des Bndictines de Notre~Dra.me du Cal-vaiT'e; 'ce sera justice l'gard du fils de saint Fran-ois .que l'thistoire impartiale plaoe de plus. ern plus par-mi les vrais hritiers de nos plus hauts ~crhefs, rde Cihar--lemagne . saint Louis ret de Jeanne ,d'Arc, Henri IV et Rirchelieu.
Fils d'une mre protestante qu'il aura le lbonheur de convertir lui-mme, Franois du Tremblay, baron de Ma,fliers, songea tout d'abor1d la: carrire des al'mres. A vingt-deux ans, ayant dj
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il fixa comme but apostoHtque la nouvelle famille reli-gieus-e: la prire et la pnitence pour la conversion des infidles, des hrtiques et spcialement des. TUrcs et Ie Recouvr-ement des Saints Lieux. En 162', le bon Pre Joseph crivait ses flUes spirituelles: Je vous puis asurer que vous tes .appeles l'honneu'l' incompara'- Me d'tre les. vraies disciplres de saint Benot en sa grotte, lequel est lui-mme disciple de ~a 1\1lre de Dieu
VIE AU CALVAIRE
La distribution des prix 9 Juillet.
A un-e date inaccoutume; voici la distrimtion des prix. Nos si dvous professeurs de piano et de violon ont ;eu la 'bont d'acpter de nous faire jouir, cette fois encore, de leurs talents si apprcis .. :Les enfants rs-er-vaient la surprise d'une g.entille s.aynette en trois ta-bleaux, .en sorte que la monotone lecture du palmars fut trs agrablement coupe .comme Ire promettait le pro.: gramme.
Ouverture.' Sonate La Folha , de Corelli Les ja .. rdins u Paradis {1 '' tableau)
Prix: Bonne conduite, Instruction regi:euse1 Examens Pl'lude en la mineur, de Bach
>, des Contes d'Hoffmann
Prix: Travail manuel, gymnastique
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trois degrs: premier chelon, de 12 14 ans; dreuxime, de 14 18 ns et preuves pour monitrices.
Les mouvements d'cnsemble sont prpar,s de vieille da-te au Calvaire par lVI. ::\iartin, le professeur brrestois si con-nu; il n'y a donc pas ,d'effort de ce ct. ...
ette prparation intense J'examen a contri1bu l'ac-climatation des nouvelles, et il y a eu p~u de larmes es-suyer.
.M. Bannier et Le Goff, chargs pa:r la :Pr-fecture de compo'ser le jury pour notr'e rgion, avaient bien voulu, vu l'e grand nombre de nos ~candidates, prsider au Cal-vaire les preuv.;>s de l'examen et le fixer au 2:8 octobre.
Ds 8 heures d'u matin, les exerdces commencrent la salle de l.'cration, car une piie lgre, heurreusement de peu de dure, tenait couvert. Quelques . enfants et jeunes fiUes de la ville vinrent encorre. grossir le nombre des candidates au diplme et toute 1a matine les diVJerses preuves furent tour tour subies.
Les .chcs furent peu nombreux et n'ont pas dcourag les prtendantes au diplme qui comptent bien les rpa rer la prochaine session par un brillant succs.
Notes d'une lv,e.
virent ,tenlll ve'ni:r Si'a's'SO!cie,r 1>a prire de notre. >bonne pertilte sur. Toute l.a' Siclhola tdie1 Pliou!da[\. mzeau est installe dans la tribune haute. d'o elle alterne avec la Communaut qui occupe la Chapelle de la Sainte Vienge, les: Kgrie, Glo:rla, Credo .. M. 'Lidon, le si pprci organis.te de Saint-Martin de Brest, eut la bont d'accom-pagner la Schola de Ploudalmzeau et de jouer: offertoi-re, entres et sorties. '
Migr Cogneau !Pr:rsrild,e 1a 1crmonie. La: :Sainte iMes:se es:t' criihre par 1e H. P. F,l'ix Garo, avec M. l"alblb ])~ niel:, ;pour diia.c:r.e, tous les rd;eux die PI:oudail:mzeau. Le sous'-'d!i:acre, M. IJ'.a.bb Tanni.ou, vi.cair:e PbudiaUimzeau.
A l'issue de la messe, le R. P. Colin fa,it. le discours de c~co,n:Sita~tce ild
miliations. Ne S'Uffit-il pas, Seigneur Jsus, que ce soit votre Mailn Divillie .qu~ le vers:e dla~s Ie Caliice:, v01tre Main divine qui prsente la blanche Fiance, Hos- tie vivante et volontaire, la coupe mortifiante en fai- .sant pour el:e'"m''me et ]JOUr 1e'S mes ,qu~ ui ':son:t pas- sionnment chres la coupe du Salut Perptuel.
Ne
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Aprs la messe, M. Le Goff, profess:eur Lesneven, qui, pendant ses annes de s:minaire, fut trs souvent l'hte de M. l'Aumnier, prit part nos offices et clbra sa pre-mire mess:e dans notre chapelle en la ,fte de Sainte Anne, 26 juillet 19123, il voulut bien nous rappeler c:e pass, puis exhorta la jeune fille, qu'il connat et S'ouent depuis longtemps; poursuivre gnreusement le but auquel eUe aspire.
Vous lirez, j'en suis eertaine, ehres associes, avec grande difkation, quelques extraits de son discours:
Pax >> Videte enim vocation.em vestram. Considrez votre vocation. (l Cor. I 26).
RVRENDE MRE PRIEURE,
RVRENDES MRES,
MA CHRE FILLE,
Il y a quinze ans, un prtre qu'assistait le hon et trs cher M. le chanoine Le Hir (dont nous regrettonst si vive-ment l'absence aujourd'hui), chantait sa premire messe en cette chapelle, c'tait en la SOlennit de Sainte Anne. Ce prtre a gard de cette journe un s:ouvenir mu. Lui est-il permis d'avouer que pour exprimer sa reconnais-sance aux pienses Bndictines de N.-D. du :Calvaire >J .-.-le soir de ce jour de fte, agenouiU devant .cet autel tl demanda Notre Seigneur la faveur de pouvoir guide1 \fers cette maison une me de jemie fille.
Ds les premiers mois de son ministre sacerdotal, il rencontra cette me. C'tait alors une .enfant de neuf ans, timide, peu panouie, mais avide dj d'une vie int-rieure profonde ... Quelques annes plus tard, elle priait ainsi: Bon ange gardien, portez ma prire Dieu qu'Il .me fas.se mourir pour vh"re . Ma chre iille, vous
. me pardonnerez de rappel eT ces pens:es iritimes. E le fallait pour montrer avec quelle ardeur vous avez de-mand Dieu de vow> choisir pour t-re sa s-ervante. Dieu ~,emble au}ourd'hui ex.:Hh'
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sa famille... Dj tous les . curs taient oppresss par les poignantes inquitudes de la guerre... et les prires bien ferventes de toute l'assistance imploraient du Bon Dieu la bienfaisante paix que quatre longues annes de guerre devaient acheter au" prix de tant de vies. Dans l'assistance, dtons M. l'abb Quel'n, ce pvt:re de si grande valeur, et le capitaine 'Le 1Goaziou, qui seraient bi'ent't au nombre des victimes. Le clbrant lui-mme, M. Dsir Le oazioUJ ,devait en revenir profondment atteint par les gaz.
En effet, pein,e le nouveau prtre pt-il goter quel-que's jours les sain,tes joies du sacerdoce qu'il lui fallt prendre les armes et courir au front.
La .guerre termine, il s'e donna sans compter la tche qui lui fut on,fie au collge de Lesneven et, pr-maturment, le 31 jarrvier 1926, il quittait la terre pour recevoir l'ternelle rcompense. En peu de temps il avait par ses admirables vertus rempli une longue carrire.
'Plus prs 'de nous, le 1 "' janvier 19B3, nous avons vu le vnr chanoine Livinec, grand-oncle du clbrant d'aujourd'hui, fter le cinquantime anniversaire de son ordination sacerdotale. ,
Trois gnrations de prtres ont donc pri avec nous et pour nous ce mme aute1l. Il' nous est doux d'esp-rer que L~Haut les deux vnrs disrparus: M. l'abb D-s
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pOUVOir leur exprimer ICI notre respectueuse et trs pro- . fonde reconnaissance.
Le cinma au Calvaire.
Il faut ajouter aux divenes sances o nous tions si joyeus,es de .figur-er que nous avons gard exceiient s
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C'estt ume trs -lmentaire prudence pour les Juifs d.e ne pas s'aventurer; dans les quartiers ou villages Arabes. Les Anglais, eux-mmes, ne sont ptasltoujours en sr.et
plus de confortable, Notre Rvrende Mre l'as~ure ~e les insomnies doivent tre bien rares .. Nous vou'dnons bwn que. sa compassion soit effectiv0 t que le rapport, qui doit. tre fait au gouverneur sur les. tablissements fran-ais de Palestin nous obtienne un supplment de s.ecours;
A la visite 'du dortoir succda cene de 'la Salle Jeanne d'Arc qui, sivant les heures, prend le nom de Rfe.ctoke ou de salle d'ouvrage.
M. le Vice-Consul et ces dames, si simples er si aima-bles qui l'accompagnaient, ne savaient comment remer-cier nos Rvrendes Mres de l'accueil si simp'Ie Ci sL core dial qui leur tait fait et nous quitt>rent en lais1sant quel-ques gteries destines la Communavt et aux nfants pour Ies ftes de Nol.
10 FVRIER. - Nobre fHe patronale de Sainte Scholas ti'que a t encore cl'bre cette anne avec Ia s.olennH devenue de tradition depuis la guerre... Nos frres en Saint Benot, dont le monastre n'est pas trs loign du ntre, sont venus, nombreux, rehausseT par ],eur prsence
et la parfaite excution des chants liturgiques, notre fte de famille ... Nos Pres eurent bien du mrite faire l'as-cension du Mont des Oliviers, car le temps tait trs mauvais )) ; nous disons mauvais pour employer le terme accoutum dans nos p~ys occidentaux, mais .en ralit le temps piuvieux est ici un temps de bndictions< aprs re-quel on soupire, t pour l'obtention duquel notre vnr Patriarche de Jrusalem avait prescrit des prires depuis quelque temps dj ... Gest donc par ce bon voir hielll voul monter pour t1ter Sa:nte Scholrastique par ce mauvais temps.
Une pluie 1g'laciale conti.nuait tomiber, 1puis ce: fut' une nei:ge fine .qui couvrit 'bientt d'un manteau hlalllcr notre Sainte Monta,gne. Il fa11liut renoncer la solennit d1\] soir. le Rvrenrd Pre Suprieur s'e:x,cus~.
Aussi pour l'Oft'ke des V.pres et le salut, notre tout dvou Pre Aumnier, un rel!i!gieux Be1l!ge de I'Aibharye de Mareds'ous, haihitu a1ux frimas des pays du Nord,. vint seul pour rprsi>der !?ofike du S10ir et cliturer notre t1te patronale. ... Au moment du sa1lut, Jre Rvrend! Pre Gustodiar de Terre Sainfe, r..otre ex-comfessreur arriva a.m,si, ma:J,grr le mauvais temps, tout heureuix de lct'on-ner la 'Communaut ce trmoi>gnalge de paterneL d!voue-ment.
.Nous' pa.s,sons' par un hiver plu!Vieurx t ri1goureurx; Notre :M,re Sainte Sd10l,astique ne s'est pas, coll'tente de nous: orbtenir de la, pl:uie au jour d,e sa fte et 'P'endlant l'octave ... les mois de fvrier et mars ont t trs plu-vieux. 'C'est une vraie bndiction pour 1a PaJ;estine. La terre a t aibreuve .srat'itr et les' moissons dlj d'ort emdommmges1 par la .grand.e src'heresrse des. rpre'miers mois l'hiver, donnent mainte,nant ls pl'us' consol'ah'tes esrp-rances... nous en bni:ssons le Bon Dieu de tout cn:mr.
Aprs la neige de 'la fte d:e Sainte Sd1olastilque, nous en a1vons eu encore le 28 fvrier. La temprature tait trs rfroi1de et llOS petits gl'iUOnS de l'orphe]1in,at... halbi-tus au chaud solei.ll d''Ofi.ent, grelottaient' 'bien UIII peu, tout ern se rjnuisrs.ant de voiT' Ta neilge, si rare en Paies-Une. 'Les petites s'a1pitoyaient sur lies pauvres oi,g;eaux, asserz maiJ\heureux e~n eette rilgourus-e sai's'on, ici comme ai1Heur.~J; Germaine me disait:
une certaine consolation car Minou1 Ies a mangs' et l'on aime bien Mi.nou.
19 Mars.: En nous promenant nus aUons. S'OUivent ren-dre visite a:ux pi,geol1is, il y en a de beaux bl:alllcs. Quand c'est l'beure o Mari.am 'leur d'i:striibue
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toutes nous avons -rpondU>: personne )) ' aprs un ~~~acre qui .tai't avec .Pre Hend, a doi't pour nous: ce n'est pas bien, il faut dire: comme ~e bon Dieu veut ", alors nous avons toutes rpondu: nous serons ''toutes d.es bon~ nes surs . . Il y avait encore crit: qui ~lime le Bon Dieu , nous avons r'pondu: .toutes . En odesson:s Il y aovait: Pni.ez lbien pour le Pre Constantil] parce qu'il est malade, c''est notre co.n!fes,s.eur, eh pour l'ordination du _proe Henri. Nous tils d!ans une salle toute noire et pour faire noir lie Pre i avait .Uliso aux fenltresl du papieT,
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- Mais, Mademoi,seUe, parce qr' Vien.ne i~ y a des gens rk1hes et qu'Us aiment Be:ppi, ailor's j'y reste.
- Et pourquoi joues-tu sans cessle le Beau' Danube 1blleu, Tonino? T.on orgue ne peut-il pas donner un autre ai1r?
Tonimo Jeta un cJ:.at de r'ilre.
Si; si, Ma.demnis,e1lie; ms. i1 y a c1e's1 vieiiUes dames qui me donnent beacou:p die snlidi )) pour leur jouer indtfioniment, 2 fois .par semaine, le Beau Danurbe b]eu. Ge;s dames: sont trshe de lia carte d"Erop e et dont She1:la Go]linis a t le tmoin navr
PaUJvres chres vieir1J!es. dames!. ..
Tonino n'e,s'! certainement pas revenu a.vec son Beppi sous. leurs fen.etreg.. Et Ire beau Danuibe bleu invite dava11 -targe allljourd'hui aux laranes qu' la valfs,e.
..
Dpart d'un Missionnaire
Le Calvaire a toujours, pour les tMissiG.ns et lies M.i,s,s;ion-n,aires un intr-t tout s:pcia] et qruan-d. i1 s'a,gi:t d'un fils et d'un frre de nos as1soeies il semtble ~tre vraiment de notre famille. C'est ce titre .que nous pensoms vou1s1 int-ress-er, ohres lectrices, en vous communiquant l1e rcit dru dpart pour le Cameroun du R. P. Go-us,t.a.n' l:e B~yon., dest prttres du Sacr..,CUJr . .Nvec nou1s1, vous .. remerClelrcz lia famH:e de nous a.voir pe-rmis de vous, ,faire pa.rta,ger cette corr-espo-ndance toute irutiime et si lbeltl'e d,ansl sa sim-plicit. La revue des prtres du Sacr-Cur: Le r~gne du Clur de Jsus: )) , prsentarit en ces termes le R. P. Goustan Le Bayon ses: Iecteurs en an.n.onan:t son d.parl'.
Le R. p. Gous tan Le Bayon est uni ms die la Bretalgne .. N Lorient en 1912, ill a fa.it ses tudes' Cillasis.1qu:es au petit sminaire de Sa1n>te-Anne d'Auray, puis: ses premi-re,s tudes ho1ogi:ques u gra.nd sminaire de Vanne's"qu'il quitta pour entrer notre noviciat a: Amiens en J ~31. l'donn prtre en 1936, il couronne brll'lwmmen!J s1es etu-des par le .ct,ipl1me de licen1ci en1 plhi>losopthi:e.
Ce succs n.e l:ui fait pas perd're de vue .l~e bllit' d,e sa vie: Les Miss-ions )) .
Au dlbut d"octo:bre 1937 I.e z1 mis1stonnaire faisait des adieux mus s.a nomlb.r-use et s1i gnreuse familiie et mme .au Calvake o sa: .grande. tante Mre Mm'ie de }'As-somption, ainsi que toufes les, rel\i:gieuses d,e la Commu-naut se font un devoir d:e l'aid,er de lelllrS prires.
MON J0URNAL
20 Octobll"e, Paris. - Je pars - 2 !heures 1a- .gare de Lyon en dire.ction de Mar.seHle, u:ais _ie m'ar~e . Ui1jo~ o l'on m'attend pour me condmre a Domms qm est a 4 kilomtres de Dijon, nous arrivons vers 7 heures; le Pre Ducamp, trs aimable, m'invite donner lie salut d.a,ns la beHe chapelle de l''Institu;t Sait-Fran1ois~Xav.ier. (No-
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tre uvre comprend un orphelinat et une cole dte voca-tions taPdives, dite Institut Saint-Franois-Xavier).
21 Octobre. - Je dis la messe de rCommunaui', tanidis que mon compagnon, ancien llve d.e la rma1ison, chante la grand'mes.se. Sertnon du Pre Dutcailllp, et mildi; au repas, dtirs1cours._ -d'un lve, au'qel mon comp.agnon, le R. P. Del:croix, rpond. L'aprs-midri, nous parton.s en auto visiter une gllise avoisinanrt:e, Rolilvres, anciemne carpi-ta]e de .la Bomtggne, supplante d,cpu.is par Di~on. On y montre une crnix rel'iiqua-irr-e- con,!Jenant une d1e-sr pliUis .gran-des reH1ques de la vraie Croix (3 centimtreiS); C>'estr le plus beau reHquai.r-e -d.:e l1a vraie Croix, iJ1 est orn de pier-res prde'Uises dont certa.ines datent dlll III" si_cle. Le. reli~ quaire a t rapport par 1es croiss au xn .si-cle.
De l, nous fo111s en a-uto la Brrnire. L'glis-e ren-ferme Ie tombeau du vnrabl'e Juste de Brt'lllitr-e, mar-tyris en Core; c'est un Heu de pTierinarge tou~ indiqu pour des miss.ionnairres pa.rtR>ns. Nou:st avons vru danrs1 le-parc le llieu o le pe'tit J.us,te en .creusant un trou dians la krre, enten>dH 1es petits OhinoiSI .qui Fappela1ent leur secours. Retour Domoi.s par l'immen.s-e camp -d''av1ann
. mi:I>itaire d:e Lomgvy.
_ 2:2 Octob'!'e. - Nous partons en .. cainionne'iite pour la gare de Diljon. Le R. P: >Cariome, n je'll!n pr:tre de 'll cl.asse, nous ~o~r:_re les poc!hes de clhocolrat, fromage, pain, bonbons, taba:c, c:i.garet.tes,' -etc ... !Quel tbon c:amr! ..
A lia gare nou:s retrouvo-ns Ie R. P. Jrus,aJ.em, notre Pro-cureur qllli vient nous conduire au bateau, et en 1 oPte po-r MaPseHille. La rote est trs joUe, surtout d!elpis< Lyon., car le train suit le Rhne et nous aurons ainsi a: droite les contre-.forts de.s Cvennes' et -gauche leS! AJ:pes. Les v1-gnoihles cette sai.s:on on.t des Cllll'eurs trs varies du j:.>une d'or ail rolllge vif.
Nous arrivons Mars-eile, vers1 7 h. 1/4 et no-us descen-dons L'htel' Sai111t~Lo-uis. Un bon petit -dlner et un tour sur la Canne-bire nous' prparent au sommeil. Le le'll\de-main mat,in l'hteli
de la Compagnie Fabre. Nous envisageons un re:tomr D1jou car le coll!flH ne sembl'e pas: .tt,re en voie de rsollu-tion. Nous r'etournons auoc burearx 11 heures. on nous apprend que l'on attend une sluUon ent,re 11 heures> ~t mildi: 2 heures. nous re:venon:s: aurx lbur:eau:x. Le Gn1aidia ne partira que I.e lundi .soir au plus tt. Ls paB:s1agers du CinlaJda., e'n diTection de D.ouala, sont va.eulSI d'o:ffilce sruT Ie Bi(fJn!f'ora, nous en s01mmes, on nnus 'prie de l'e'venk 4 h. 30 aux rensei.gnemenrs', 5 heures on HOUIS/ annonce que ~e meeting d,es grviSites a dcid: d,e reprendlt'e1 le tra-vai,], .mais Ce'rtainsr marins ne vo,ienb pa.s1 l;a ncessi>t de reconsrHtuer l''qui:pa:ge 'pendant la nuit, enlfin I.e dimanche .24, 9 heures, nous apprenoll!s que lie Bimnforlfl quittera: le port 2 h. 3'0, nous avonS! t retards pr:s: d:e deu:x jours.
24 Octobre. - A 1 heure n:ous s:ommeSI au port eb nous embar:quons nos. 42 colis, ou pllutt nou1s: l'es1 fais1on,s em-baDquer. Vers 3 heures' l:e :bateau qtUe lie port et nous voili en route pour Phil1,ppevHie o nous> allio~ns' pren1dre un d:bachement die 1810 tiraill1eurs:. Sur le mme bat:e'au
. voya,gent 8 Pres des Mis:sions: Afrieaines d,e Lyon. La mer est agite .et je ne me sens. gure Faise. Je d'ois lutter et rester sur l:e pont au gra,nd vent; une bonne nuit me repose et Ie Fendemain lUin,di 2,5 octobre je dis n.':.J mess~e dans ma ca:bine sur une .ciss.e, je ne pui,s: al,Itr jus:qu'au bout, I.e sjour en cabine r:e mc vaut rien. Je dois supprimer les prires aprs la l\if:sse r,t je me prdpite Sr le pont o tout se remet s1i rapiemPnt en place que 2 ou 3 minutes 'pl1s tard, je pui'S redescendr
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trs bien, qmmmo et soutane blanche, c'est moins chaud. Nous a
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Nous avo'1s 7.000 chrtiens dont H.QOO sont praHquants, et ki pratiquant )). veut dke qui pratilque, :qui communie 1e premier vendredi du mo,is, I:e diJlllanche :et souvent mme en sema.iri,e. Nous .distribuons dhaque jour, !Puni-que messe, au moins. 200 communions si ce n'est pTus, et pa:s seu1ement des femmes et d,es enfants, mais mme des hommes.
La Miss1in estt sur la ligllle du che'min' de fer. Le t'lain passe : &0 mtres die la Mission, mais nous somme's' deux kilomtres d:e la ville et rue la gar-e, auss.V n10us a'Vons. deux autos: un vi1eux cam1on qui peut peine s1e traner' et une camionnette R.ena.urt. Toute lta Mission COmpr,end un assez grand ilombre de btiments qu j'mtmre et dont je vous emverrai les pihotos u1n jour ou l'aubre. 1 ") Case des Pres; 2") Chape11e en tle en a'tteudanll l'Eglise que l'on va commencer incessamment; 3 ") L'oole dont j'assume depurs c -mat.i'n la di:retcti:on et qui comprend 500 inscrits; 4") Le prsmi'naire.dont je n'ai: pa:s m'oc-cuper .et qui .com'pte~une quarantaime d''lives; 5") Les btiments. ouvriers : menui'Sierie, d.corHcage du caf, s-
. chage. du ca.cao, cuisi~lli~s; 6") Le sixta o hatbitentJ l1es ances qui font un stage d.e 6 mois l'a Mission, pour apprentdre le C!atchisme. Enfin ]a plantation qui com-prend une tve.n;tain d'hectareS\ -et o Yon cultive le caf, 1~ cacao, le palmier, le macaibe, le ibananier et l'eS! ara chidtes (c,acwhutes.). G'.est tout un monde et au,sSJi, toll!te une ol"lganisation. Je ne pui,.,, mieux }1a comparer qu~' une Trappe o l's cihaulde. Le terrain est peu prS! plat. Noll'SI sommeS! a proximit de }la fort equator.ial>e qui s'arrte 1 kirr1omt'fle ou 2 de la :M:i.S:sion. L-a terr1e est trs, ricihe. Aussi est-ce J.e pays> d1es planta.tions. n faoit, cependant trop chaud! pour qu~ no:us puissions avoi1r des lgumes d'Elllrope dans notre Jar>dm. Par conti-re nous avons des fru1ts en ahondance. C'est par e:&ceUeuee le pays. de l'a 1banane. Om a ki un r1gime' de bananes d>e 2.5 k.Uos, pour 1 ou 2 francs. On les a m,me pour den du tout, car les trains qui descen~lent vers 'Douala cl1ar:gs de 1bananes pour l'expdiHon en1 Europe, rejettent 8 ur les bortd>SI des -di,zaines, des centaines: de rgimes qui sont trop mr.e,s pour tre expdies, en Europe, car vous savez que l'on cneilJe les. !banm1es1 dtes'lineSl ~ l'Europe quand eliles sont -en,core vertes. Nous avons. all'S'Sl .en qum1-H, norme la papale. )) , sorte de gros' melton, moins fin cependant, :mais trs' frais, trs jut~ux et rem.p1aant av~~tageus.ement les grl\-ins d>e vals. AJoutez les oranges dell-
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d~us>es, les an-anas n>ormes, jutetliX et succu~lenls, les1 ci-trons et d'autres fru'its. que je ne connais. pas1 enc-ore. Nous mangeons, tous: les joUirs die ces fruits, c'esgion. pl!us dllai,s>se. Son d;esi:r ne tard'a pas1 tre largement exaUic, et les d:eux zls missionnair>est orut t chargs' Ide ]:a Mis.sion de Klo, situ:e 400 kHomtres; de
,l\1ban.ga o r-i,en encore n'a 't tent au poitnlJ de vue reU~ 1gieux. Laissons lie R. P. Goustan no111s i-ntrodui:re dans:. Cet:e rgion albandonne.
Missibn Catholiqae de Klo par Yaound-Bamgui-Mon:ndou
Tchad. A. E. F.
Moil,onouveau poste n'est pas sur le bor:dl de 1a m'er. Je suis en pl1ein centre alfr:i'cailll, au sud, du1 La1c Tc!ha'(V et' non plus au Gamerm~n' n1ai1s. en A>frique quat>orialle: Fra,ncai,se
quoi:que dpendant tou3oulrs du> Vicafi.at aps'to.Ji;qu'~ de Fou11111ban au Cameroun.
rir m'a :fa.J:1u faire n:n1 voyage d,e 2.()0 km. en camion vers le nord du1 Camernun1 pour arriver ki, le: voya1rre, ,a, 'l: pnible, le Pre qui, m'accompagnait t moi avohsl :u toutes sortes d'ennuis: .. e't d'accid
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notre cole sera la seuJe sur un rayon de 100 kilomtres, ellil1e aura }e l'esrpr'e dlli sllicd~s avec l1a .grce de! Dieu. Nous commenons. la bbir et je compfe l'ouvrir a!vec une c.en~. tailne d'lves. Je leur apprerudrai avee.l1e franais' les pr'e'-miers -lments du catchisme, et la grce de Dieu fera le
.reste. Si nnus: arvnns les Te'ssour'ces et la s1ant neessl:rires, nous1 pouvons gagner ]'Eglii!se, s'ans1 trop tarder 1,es1 mil~ liers de' paens, car ils nous sont dj favorables.
16 Fvr'~er. - Void plusieu:rs joUJrs que }e 'Cherclhe' vous1 crire, s'ans en1 trouverre temps. I] y a tantt faire .qu:and on construit. Et cependant nous. n:e s1ommes< pas au bout d
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Les constrU!ctions 't.ranent faute de. paille pour J.es cou-vrir. La maiwn s.era acheve dans un.e huitaine d'e jours. J'ai ihte de voir le tout termin. Nous n''avons .enc.or'e rien reu d'of:fide~ concernant l'ouverture de notre collle, Ils y me, .c'hef..:lileu administratif d. su:bdi:vision, ipos'te
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central de notre Missdon au pays des Baruanas. Jolrie con-tre, ma~ foi, dtsesprment plate, dsesprmen.t s,cthe, ds:estprment chaud:e.
C'est l que vous trouvere'z lies Bananas. Qui sont Ces. Bananas? De braves gens, c'est certain, un peu sanvages, plus ef-
farouchs que saurva,g.es1. peut~tre:. L'e vtement des 110111mes est 'd'une grande s.im')llilcit.
Une peau de cthevreau est susp:endue la. c.einture dans, le dos. Elle prs.erve ces. Messieurs, non des' ardeurst. dur S'o-leil, ma,is de la chaleur du sable, qandt ils sont as,sis.
Le t:rousseau dies dames, une .ceintqre d.e perl:est de verre made in Ja1pon >> (lfa:briquJ.es au Japon).
Vous dcrire leurs murs' et coutumes ne .m'est possi'ble pour J'instant. Je suis nouvel.l'ement venu au Gameroun. Je suis danst la rgin de Rllo d!epuis 15 jou:rs, seuJ.ement. Je ne connaiSJ .gure 'que lieur menu quotidien, mH (mil\let) et ri,7J; vi-ande quand H y .eu. a.
Le sel pour nous si .com'mun est ic~ rare. C'est une mar'cthanidise d'i'mport_ation, trs apprcie ilc'' des noirs qui la trouvent ici bien suprieure et je suis de leur avis au mlange de sel de solllde et d!e potasse '.qu'Us; prpareut par l'e le!>sivage des e.endires et l}'vatporaUon des }!esSJives.
Si nous' falSJions le recens'ement d:es CJhrUens da.ni .ce pays des Bananas, 1a tCihe serait faci'lte et rapidement faite.
Nous jnscri.vons1: Clhr-tiens bananas;: 1. Et voill! Notre travail est d'ajouter ce 1, cinq zros, car nos
Bananas sont ;pl'ust d'e 10>0,,000. Mais comment l'es attein:dre? PI'che'r sur les pl:aces pulblilques, entre lfes1 .cases rondes
o se cachent les habitants.? C'est perdre son tempSJ ct sa peine. Il n'y a qu'un moyen, le bon moyen partout o l"apostolat se prsente comme difficile, com1me voui l'insuccs: agi.r sur les enfants et par lies. e,nfants.
Nous aurons Les enlfants si nous avons une cole. L'.cole, parents et enfants sont unanimes la demander. II nous fant donc une .cole. Ds l'cole oilVe.l'.le, nous aurons au moins. une centaine
d'lves. Neus leur enseignerons le fran.ais, l'arithmUque, quel-
ques' notions d''histoire et de gograrpihi'e, nous l'eur donv nerons une instruction sUiffis,ante bien qu'[~mentaire en attendant mieUix.
Nous l1eur aptprendrons lies premiers, lments du catw chisme et ... la grce' de Dieu fera l'e reste. Quand ces en-
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fants connatront le vrai Dieu, 1e vrai' Dieu pourra se r-vler eux. C'est notre If erme ,es,pra11'ce.
Vous 'Con.c.Iure,z don.c, comme moi, a pays des Bana-ias, i] faut un>e col,e .
. Cette 'cole .nouS; Il' aurons . . Cetf.e 'cole nous' ]'avons. Nous tentons la Provid'ellce.
L'1CO~e est en COnsf.ruction. :Mais ce n'es.t pas tout. Notre a:cte de foi da.ns la Pro~ideu.ce va plus' 1:oin encore. Nous n'aurons pas, nouSI ne' poulvons pas n'a~oir que des ex-ternes, :r'entlant 'chez eux aprs' la. classe. Des lves vont nous venir de 30 , 50 ki'lomkes, voir de 100 et p~'us, qu'H faudra loger, qu'ii' faud1ra .nourrir,. alllx'quel's il! fau-dra de temps autre donner la cuillere de sel, - c'est si bon le sel'- rcompense de ~'ass:idwit eu d.e l'a:pplkatfon. Le 1ogement, il faudra le construire. Le mil, re rilz, Ia viande parfois:, l:e sei, l'indis,pensable se~l, i] faudra t'out a.dl1eter. Si: ruia! et dz Se trouventJ ass,elz ifa:cUement, si la viande n'est pas1 dhose rare, le se:l1, le vrai, le J:Jon s.e] es( mar.chandise coteus.e.
Le hon Pl"e CihariJies Scihwab et mo' nous1 nou1s1 dleman~ dons si notre alctel 'de foiJ dans ra Pro,viden:ce n'a paS! t un peu, un peti~ peu tmraire\.
Priez avec lliOUIS, priez pour nou:s, pour quie ]e sa:c.r-Cur lbniss'e ]'c''1e deSI iBananaS',, pour notre c1hrtiient n.aissante de Klo dians une rgion o par centaimes1 de mi:He - voll's Hs1ez bien - !par c1enta.ineSI de millle, des hommes attend.ent que soient annone'e'SI les m.:s:ri'cordes du Divin 'Gur de .Jsus. Nous .comiJtonls su'r' vous.
P. Le Blay~n, S. C. J.
RETOUR SUR LE PASS (1) ~---
Les annes qui ont suivi la mort de l IRvrend~ Mire Saint-Paul, le Vicomte de la Houssaye, sont encore trqp prnche.s de nom> pour permetltre d'e'n donner un aperu exad ~et impartiaJl. Mais, dans' le~ ~deux sides qui on pr-. c:d. la fondation du 1Cailvaire de 'Landerneau les AnnaLes. de la Con1gr.gation sont assez riches en ev;e,nelnlts int-dests,ant.s pour alimenter notre chronique halbitue[~e': Re~ tour sur le; iPass:. >>
Nous donnerons dans cre huletin a !Relation de voyage, tout fait originale, de la bonne Mre Saint-Maur, Reli-giuse du Calvaire de a :Gompass:ion Paris.. ElLe ['cl'livit sur ['ordre de la Surp:rieure Gnrale aprs .sa visite de 182,9 (2).
Void d'abord! queique's daircissemen'is sur les1 deux prs'onnes qui jourenr ~e plus: granld r1le mprs de la Sur :Saint-Maur durant SOlll odysse travers q'Eul'lope: l~ Rvrendissime Pre Aii:Jib de la Trappe, Dom Alllgm. tm de Lesil:range, et Ua .Prinsse de .Corud, Lonis,e~Adlla'ide die iBourbon, fondah'i du Monastre des Bn:dic-tines .du Saint-1Sacrement du Temple Paris. On trouvera enfin une aHesltation logieus'e de cette sainte ,Princess~ sur Mre .Saint-Maur qui avait d'aHleurs, pour eJ!le, comme on le verra, une profonde et affectuei~s'e vntraf.ion.
Dom Loui~Henry 'de Leskange entra ' FAh!baye de La T.rap~e :de, du iPerche en 178,0 .. n y fut b1entot Ma.re des Novic,es. sa perspicacit et:> une intui-t~on de.1'a~enir que 1iet1 dnne 'Certaines' :mes le pous.-serent a 'Cher.cher l'tranger un as,ie pour ceurx de ses frres qui voUidlraient sauvegarder eur vocation, dans les remp:s diiffilci.les qu'H rprvoyait e1t a tourmente qui ,se' pr-parait.
(1) Voir les numros de l'Eic:ho. du Clvaire des :mnes prc-dentes .
. (21) iLa Sulprieu.re Gnrale tait alors 1a Rvrende Mre Jea~ne-Eranoise-Marie de tS.a,int-iMlaur, lwe le 16 mars 1829, pres. 1la mort de .lia, Rvrende Mre Saint IPlaJcide de MuJZiliac ..
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Son pr~ojet fut combattu, mais tout en se soumettant 'I'obis'sanoe, itl .persistait nanmoins tdans son i!dte.'
!Lors d!UJ dcret dl'expUJlls,ion de 1' As,semb~e Nationa,Je du 4 dcembre 1790, il oht~nt l'autoris,ation ,tant dsire 'de fonder un monastr~e Ide ila Trappe, en Suisse, dans' le can- , ton 1d!e Fritbour,g, sur la parois1se de Gerniat qui fut appe[ la VaJ Sairute ll juin 179!1. Dom Allignsltin ell.l rfll!tl nomm Abb en 1794 et, par ordre du Pape, l'Abb de 1Ia Val Sainte eut la juridiction sur tous Je,s Monas.tJres d'e son ortdre exis.tant ou 1i fonder. La Va] Sainte miit,a bien son nom de Vale -des Saints.
:L'inva,si,on de l'arme franaise en Suiss1e en 1798 ct, par suite, le sollllvem,ent de1-[a population .contre les Franc ai,s; obligea les Re,ligieux quitter leur saint as,He. C'est alors que ommencrent, sous la direction de Dom Au-gustin, Je.s p-rgrinations des Trappistes travers. l'Alle-maigne, la tPoilogne et ila Huss,ie, de 1798 1'802, dont nous verrons une partie dans. la relation de Mre Saint-Maur.
Quand la Restauratio_n ramena en France ;J'illustre fa-mHle de nos an'ciens rois, la: brilliante souche es Gon1d n'l:ait J>'lus re'prsente ;que par deux vieiil'lards,, le frre et la s1ur, derniers rejetons dtll hros de Crisoles, de Lens, de Hocroy; dernires et pM,es effigies de cette longue U-gne de princes, aus:si SVituels que braves; t10US t(leUD( -- --sans postrit, les derniers de leur race, et qui, avanb de desoendre dans leur propre tombeau, avaient VUJ tomlble' bonheur de ce frre , chri et de s'o.n neveu, le duc d'Enghien;- suppli,ca'fti.ons totVchan:t.es qm ne .furentl pa:s exauces sur cette terre. L'orage qui al;Jait frapper les Bourbons, les 'Conds' et la France, S''aUmait 'dj; a Basfine tail tombe -sous 'les ~oup~ d.e [a pO'~ul,ace; le malheureux -Louis XVI se voyait en:trame vers [ a1b1me par une force laquelJe il n'oppo-salt pas d'nergie; par d'iniferna:les. intrigues qu'H ne 'S'a- ' vaH pas -dj.ouer: le prince de ,Cond pensa, 1et d''autres ave1c 1ui, que le trne des Tys, l'antique mon1archie et mme la paix :future de ,l'Euro:pe ne pouvaient 'tre s'a~
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Trois ttes roy arles taient tombes sous ~e couteau: l'inno-cent rejeton d'es rois,
Ghre ,_et dernire fleur d'une ge si: beille
tait mort de misre au Temprle. On tait en l79r5, quand la prin1cesse crivit son pre pour Solliciter ~a permis-sion de dis:posrer d'eU:emme.
Mon .pre, crit-elle, ,c'est du plus profond de mon' cur que je S'ot:licite votre autorisation; j'en ai !besoin. 0 vous qui, avec rais.on, n'hsitez pas sacrifier vos> deux ms 'l'honneur, hser,e.z-vous sacri.fier votre flrl;le son Dieu, votre Dieu, au iiJieu qu'aimait et servait si bien ma respectable mre! C'est!: lui, c'est lui s1eu1 qui m'apperlle l'tat. saint que je suis. ri};s.olue d'embrasser. n n'y a que Dieu qui ptsse avoir Qa rpr:frence sur -tout e.ge; partout, partout votre: fi'He -vous aimera; ma.isr c'est au pied des aute~s qtJI'd1e br!le de vous prouver ceHe vrit, si profondment .grave dans mon .cur .. : ))
'L.e consentement orbtenu, Louise de Cond entr.a au mo-nasrtre de-s 'Caplllcines de Turin; elle avait chois1i l'ordre reiilgieux ;J,e plus pauvre, le. pli us humble, 1le pa us austre, et 'j)endant toute l'anne d'u noviciat, cette princes'se qui avairt alors plus 'de trente ans, fut ~a plus 'petite, la plus soumise des novices. iElle croyait faire ses vux dans' ceHe maison, mais es armes franaises menaaient Ile Pimont et, chsse de son pays par la .Rv-olution, elle :fut chasse ga[ement de cette indigente Bethlem, de 'ce cloitre frai1-ciscain o el1e avai,J! choisi uri refuge. EUe espra se ru-nir aux religieuses Trappistines qui c-ommenaient for-mer un bbEssement 'dans Qe Valais e-t, pleine de courage, elle Se mit en route. Les armes rpublicaines lui ferm-rent le chemin; sur toutes les routes de l'Allemagne, les ma,lheureux 'migrs .. se voyaient traqus, renvoys de vHie en viUe, de royaume en royaume, la prin'\~esse su'bit oes infor.tun.es, et elle arriva ainsi' Vienne. AUJss-itt elle entra au mona-s1tre de 1a Visitation, eUe y passa une ai1~ ne, vivant en re[igieuse des plus ferventes, d'eSI pJUs ans~ t-res, mais ne trouvant pas encore l ~e 'lieu d1e sou re'p-os; la Trappe, avec son inv-iolaible sHenoe, -s'on travail, ses ru--des praques, attirait sa volont, 'cette partie suprieure d:e, nous~mmes, qui sait s'is1oler de'S sens et -dUJ cur pour n'lcouter que le devoir, et ile devoir, p-our [a .princes
dernire tnle du grand.Cond ne cess.ait 'de prier pO'Uir lui, parce qu'il avait frapp l'tr qui hri 'taH Qe plus cher: s'il a trouv misricordie l'heure suprme, n'est~ce pas ~tte prire hroque qui a fait vio>lnce au ciel'?
Elile avait pass trois ans Varsovie, lorsqu'elle apprit qu'une Franaise, 1Mme de Mirepoix, dirigeait en Anlgle-terre une maison d:e Bndictines du ,Saint-Sacrem~nt, et qu'e1'le y avait rtabli la svbre et primitive observance; c',tait l ce qu'elle avait toujours dsir, ce qu'eUe n'avait
. pas trouv en Polo.gne; et, avec- la fermet qu'eUe mettaii ses. rsolutions, elle alla chercher -en Angleterre ce royau-me de Dieu qu'elle avait entrevu sans le rencontre.r en-cm;e. Elle se runit donc, aprs un :long voyage, aux dignes reli.gieuses Franaises qui, fidles leurs vux, avaient fond ce monastre; eUe veut, d.e la vie la plus intrieure et la plus parfaite; elle n'avait de rapports avec ;le monde que lorsqu'elle recevait la grille son pre et son frre; dix annes passrent comme un .jour, et elle touchait aux portes de la vieillesse lorsque la Restauration la ramena en France:
Louis XVITI voulut offrir sa parente un asile digne d'elle; on :hsita longtemps: le Val-de~.Grce, les anciennes abbayes qui avaient chapp la band.e noire furent tour tour disc1s; enfin, quel>qu'un, dans le conseil du roi, nomma :le Temple ... Un si-lenc.e de saisissement succda l'agitation qui avait ten:u les esprits en suspens; on com-prit les desseirtsde la Divine Providence, qui vouJait que les crime-s des rgicides fussent expis dans ces mmes murs qui avaient vu captifs >Louis XVI et sa lfamiUe, et d'o le roi, la reine et Mme Elisabeth taient sortis pour l'chafaud ...
Madame >Louise embrassa avec ardeur cette pense: elle entra ilu Temple. iLe Temple qui avait rel'enti des fureurs des Jacolbins, des affreux jurements de Simon et des pleurs d royal orphelin, n'entendit plus que les cantiques et ,ne fut tmoin que des actes .'de charit et de douceur de la sainte prinoesse et de ses filles. Ce fu1 l qu'elle apprit la ma,ladie et la mort de son p-re; elle le pleura avec conso-lation, car il tait mort en pr'Os et en chretien; ses der-niers instants, sa pense errait sur les champs de :bataille o il avait combattu, et il dit tout coup: Ub,i est hel-Ium? (o est le combat?) il. Mais, se reprenant sou!dain, il s'cria avec ferveur: l'espa!gnol.ette de :la fentr.e. On ne put ja;mais d:ooUJVrir s'il y eut suiCi~de oUJ assaSIS>11mt,
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Relaf.ion" des voyages d'une. Religieuse du Calvaire de Paris
pendant son migration
Ecrite par l'ordre de la Supr~eme Gnrole., en sa visite 1812;9. -O ron peut remarquer les soins que prend a Divine iProviden-ee de ceux qui s'y eonfient.
t>-----Les malheurs de la Rvolution Franaise m'ayant obli-
ge de sortir de mon clotre, je formai le dessein d'aller la Trappe et en demandai la permission Notre Digne Visiteur, M. l'Abb d'Rosier (1). Peu de temps aprs qu'il et t. envoy Rochefort, je vins Paris aecompagne d'' une ReHgieuse Bndictine d l' A'b'baye d'Arcis, et mu-nie de passe-ports pour aller jusqu!' Strsbourg s.eu:lement, en qua:IH d'ouvrires. Etant arrives Paris, nous all-mes chez un apothicaire, auquel on noll)s avait adr.es-ses, qui avait aid plusieurs prttres passer en Allema-gne, par le moyen d'un ami protestant qu'il avait St.rashourg, qui tait pharmaden de l'arme, en cette ville, o il a rendu de .grands services aux migrs.
'Munies d'ume :lettre de notre apothicaire, nous part-mes de Paris dans ,Je Ca.I'Ime de l'anne 171917 et nous pr-mes la diligence de Strasbour.g, j'avais alors 28 ans. Nous avions avec hous dans la voiture, quatre messieutrs rpublieains, mais ils n'taient pas mchants, - leur manire qe voir part, - et quoique nous fussions d-guises le plus possible, ils se doutrent que nous tions des Religieuses, et ~ous le dirent plusieurs fois, enfin je leur dis que nous l'tions effecHvement et qu'tant obli-ges de dire notre Brviaire en eachette, nou1s aurions maintenant plu:s de facilit puisqu'ils savaient qui nous tions. ris firent quelques plaisanteries et nou:s dirent: Vous allez Strasbourg, c'est bien. prs du Hhin, ,et vous avez sans doute le dess.ein de le passer. )) Nous :leur rpondmes que nos passe-ports n'taient que jusqu' Strasbourg, et ils nous laissrent tranquilles, quoiqu'ils crussent bien que nous ne resterions pas ~en cette ville.
.Sur le S'O~r, nous arrivmes Strasbourtg, et nous de-
(1) M. l'Ablh ,d'Hosier, Vicaire gnraiT! de :Cthartves, Alblb de Olairfontaine, t'ut ,le dern,ier Visiteur de notre Gon1grgation, avant 11a Thvolruil:ion.
mandmes l'aubergiste une chambre seule, un lit e't souper, car nous faisions coll
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sits, on nous dit: en action de grces de -notre dlivrance.
Notre protecteur de Strasbourg nous avait donn une lettre pour un ecclsiastique qui il venait de rendre le mlile service qu' nous, et celui-ci nous envoya un autre qui tait dans la maison du Duc de Bavire (1), mais Son Altesse venait de mourir, ce qui donnan beau-coup de chagrin ce bon prtre, parce que le Prince-.qui devait lui succder tait protestant. Cependant 1~ nous reut trs bien, et nous. restmes qudques jours chez lui pour attendre celui du dpart pour Augsbourg, le Pre Atbb de la Trappe nous ayant crit que les Franais taient en Suisse, qu'il tait oblig de s'enfuir avec tous ses enfants et qu'ils se rendaient Augsbou11g, o ils nous
\ attendraient . . Te. ne ptiis extrimer -combien grande fut notre joie,
lors.qne nous fmesrentres en Bavire, de renc-ontrer sur notre passage des Croix, des statues de Saints -et des gli-ses ouvertes dans toutes les villes.
Je reviens notre sjour chez notre ecclsiastique. Il nous donna une chambre spare o nous tions seu:les et entirement lihres. Le lendemain de notre arrive, not.re rveil, sa vieille gouvernante entra avec une cas-solette en' ses mains, elle y mit du feu et de l'encens, et se mit parfumer toute la chambre. Nous ne savions que pens-er de cet encensement, ei!e n'entendait pas no~
(1) Cedoit tre le duc harles-Thodore, ,qui mou~ut en effet vers ce'tte date. Le dwc iMax!;mUten-Joseph lV lui su,cclda. Il devait reJeervoir en 1'8'06 le titre de :Roi sous le nom' de Maxim! llen..J.asoeph ter,
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tre .langue, ni nous la sienne, mais en ayant demand la raison - son matre,- il nous dit que c'tait !usage du pays, pour hasser le mauvais air; et ainsi chaque matin, on .ne manquait pas de faire la mme crmonie.
Il y avait dans .la ville deux demoiselles protestantes qui parlaient f.ranais, et que ce v-ertueux ecclsiastique . tchait de gagner la reHgion catholique, il nous enga-gea les voir, et nous leur rendmes plusieurs visites. Lorsque nous fmes prtes partir, . elles firent faire deux gros biscuits de Savoie ct des pots de confitures, qu'elles nous donnrent pour notre voyage, nous disant obli,geamment qu'elles craignaient que ne sachant pas la langue. du pays, nous he manquassions des choses nces-saires.
Enfln nous nous mmes en route pour Augsbourg. C'tait en 179'7, et nous fmes bien deux on trois jours sans nous an;ter, mais le dimanche des Rameaux, nous rencontrmes un village apel Long, quelques lieues d'Augsbourg, et nous y descendmes pour djeuner. Dans le mme moment on sonnait la grand'messe, nouveau su~ jet de joie; nous vmes tout le monde s'y rendre ave dvotion, chacun avait son chapelet . la main, .et le disait en marchant. Tous taient bien pars, mais sur-tout les femmes qui avaient des bonnets d'toffe de soie brode en or et en argent, et presque tous firent leurs Pques ce jour-l. La voiture s'tant arrte prs de l'glise, pendant une bonne heure, au lieu d'alles djeu-ner nous allmes 1~ Sainte Messe. Nous passmes par le cimetire pour nous y rndre, o nos yeux furent r-jouis- en voyant sur les tombes des croix, des Christs, des chapelles, et il y aavit partout tant de dvotUm, que nous en tions ravies de joie et d'admiration. Nous all-mes enfin rejoindre la voiture, les voyageurs qui avaient fini leur djeuner commenaient s'ennuyer de. notre absence, et murmurer, mais aussitt qu'ils n.ous virent tout fut apais et nous partmes pour Augsbourg. En che-min nous rencontrmes une dame qi s'y rendait assi, et qui demanda une place dans la voiture; on la fit mon-. ter et, comme elle parlait un peu franais, elle fut ravie de nous y trouver et nous emes bientt li. conversa-tion'! Elle s'info.rma de notre dessein, nous lui dmes que nous nous rendions Trappistes, et que nous esprions les trouver en cette ville, nous lui demandmes si elle ne pourrait pas nous indiquer leur demeure, ce qu'elle ne put faire, mais elle nous conseilla d'alter d'a:bord de mander l'hospitalit chez. les Dames Anglais.es tablies
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Augsbourg,- o, notJS dit-elle, il y a mme une novice qui est sortie de la Trappe, et par elle vous saurez o ils sont.
1En approchant de .}a ville, nous vmes avec plus de joie et d'admiration que je ne saurais dil'e, :le tableau de la .Sainte Trinit au-dessus des portes de la ville, d'un' ct, et de l'autre le baptme de Notre-Sei.gneur, et lors-que nous fmes .entres dans la ville, nos yeux ne ren-contraient que des objets de dvotion. A la porte de cha-que maison, il y avait un bnitier et, au-dessus, des Christs, des pintures de Saints, des myst.res de Notre-Seigneur ou de l Sainte Vie11ge, chacun selon sa dvo-tion; le tout en .grands personnages. Nous nous .croyons _ dans le Paradis, et nous tions comme hors de nous, sol'-tant de cette malheureuse Babylone o tous ces pieux objets taient prohihs, brls, briss et fouls aux pieds; mais nous fmes bien surprises et affli.ges de ce qu'au milieu de tant de dmon,strations de pit et de religion, _tant dans la Semaine-Sainte, on ne voyait po ure tant que du gras sur toutes les tables.
Etant descendues :l'all!berge, on voulut nous servir aussi en gras, nous obtnmes cependant un potage au lait et des ufs la coque, pour tre sres de faire mai-gre; cette dame dont j'ai parl, nous .apprit qu'il tait permis de tfaire gras tout le :Carme en ce diocs~, et qu;) les Dames Anglaises, et tous les Religieux et Religieuses en usaient ainsi.
Aprs cela nous -allmes chez les Dames An.glaises,. et nous demandmes la novice franaise, et aprs lui avoir expUqu le sujet de notre voyage, nous la primes de nous dire s'il serait possible d'obtenir l'hospitalit p~ur deux jours afin d'avoir le temps de chercher :la demeure des Trappistes. Elle nous .rpondit que rien n'tait plus_ facile, que Madame sa Suprieure se ferait un plaisir de nous rendre srvice ... En eff.et, elle nous reut fort bien et no)ls traita avec toutes sortes de bont et de charit jusqu'au merc.redi de la Semaine Sainte, o l'on nous .condisit la maison du Pre. Abb, qui nous reut avec beaucoup de tbont, mais il parla peu; il nous demanda seulement si nous tions bien rsolues d'tre fidles tous les usages de son Ordre. Il s'informa comment nous avions pit passer le 1Rhin, et si nous avions de la pcune. Nous lui racontmes .notre voyage, et nous lui dmes qu'il nous restait trs peu de chose, car je n'avais plus que 80 francs et ma compagne 300. I:l nous dit de remettre
cela la Mre Prieure, laquelle il nous fit conduire aussitt.
Nous la trouvmes dans une brasserie. hors de la ville, avec deux novices seulement, parce que toutes les Reli-gieuses n'avaie,nt pu venir ensemble, m~is par petits pelotons, dans la. crainte d'tr.e reconnues des' -Franais qui occupaient toute la Suisse. _
,Elle no:s reut avec beaucoup d'affection, et nous fit dner midi, contre la coutume de la Trappe, ou l'on ne mange en Garrme qu' 4 heures un quart, .et le lende-main, elle me fit prendre quelques petites choses, ce que je crois pour attendre :le dner. _
Les Trappistes taient les seuls qui gardassent l'absti-nence, de viande dans tout ce pays, et nous fmes hien contentes de les y avoir rejoints.
Sachant que nous tions reHgieuses, elle se mtt aussi-tt tailler deux habits que nous ne fmes gue btir, n'ayant pas le temps de /les faire; .elle noUJs donna aussi Uln 'voile brun, car c'est de cette couleur qu'on les porte la Trappe; ensuite elle me donna les charges de C.l-rire et de .Rfectorire, ce qui n'tait pas bien surc!hal'-geant car nous n'tions que cinq. Je n'avais rien .ache ter, j'_tais seulement charge de peser le pain, et de_ don-ner ce qu'il fallait la cuisinire qui t-ait une novice. , Mon second emploi tait de meUre le rfectoire. et: d'y servir.
Aprs quel.ques jours je demandai la SUJprieure s'il tait vrai, comme je l'avais entendu dire, "que Mme la Princesse de .Cond s'tait rendue la Trappe; elle m'as-sura qu'il tait vrai, et que mme elle viendrait sous peu de jours avec plusieUJrs Reli.gieuses. Je lui tmoignai un grand dsir de la connatre, qu'elle me promit de satis-faire; en effet, le jour qu'elles arrivrent, elle me prvint le matin, me disant aussi de faire prparer un p!UJs .g.rarid dner, non en qualit, mais en quantit, car c'tait tou-jours d-e la soupe l'eau et la mme portion.
L'hei1re du dner tant venue, je :le servis et j'outbliais la Princesse; mais la Mre IPrieu:re qui s'en aperut, se leva de table, et vint me faire apercevoir de mon tour- ' de:rie, mais dire vrai, je n'en fus pas trop fche, car cela me donna occasion de la connatre; en lui portanf sa portion, je ne fus pas si modeste, ni si mortifie que de ne"'la pas regarder, ensuite il fallut me prosterner de" vant elle, et en me l'elevant, je vis encore mieux son visage parce qu'elie tait debout, car l'usage en cet Or-dre est d'avoir le voile abaiss en tous temps, mme
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table et au tr,avail, mais je la regardai si bien ce jour-l que. depuis je ne m'y suis jamais tromp:e.
Nous restmes dans .. cette maison environ quinze jours, il y avait une fort belle chapelle et una tribune au-dessus, o nous entendions la Messe, et o nous disions l'Ofii; dux ou trois iPres Trappistes qui logeaient prs de nous, venaient nous dire la Messe, et chanter l'Office avec nous, jour et nuit. '
QUand tous les . .Religieux et Religieuses de la Trappe se furent runis, nous partimes dans des voilures, au i:tombre de deux cents pour le moins, sans savoir o n.ous allions, avec tous nos bagages; et quand nous emes fait plusieurs journes de chemin, oil nous mit dans sept ou huit bateau;x:. Je ne me souviens pas du nom de la rivire sur, laquelle nous tions, mais il me sem!ble que c'tait le Danube. Nous chantions l'Office sur nos ba-teaux, . except LMatines que nous cli~ions volx basse. Pour les repas, on rpprochait les bateaux les uns des autres, et du bord de l'eau on nous passait nos pitances dans des naquets. Lorsqu'on pouvait arriver :e solr en quelque ville, on Jlait passer la nuit dans quelques mai-sons religieuses, s'il y en avait, sinon en quelques mai-sons sculires ou l'auberge. Malgr notre grand nom-bre, nous ne faisions pas grand embarras, car nous cou-chion plat terre; nous portions avec nous notre cou-verture, et notre sac ouvrage nous servait
quinze religieuses son choix, et qu'i1 ferait chacune une pension de 900 livres; elle accepta, mais eUe deman-da et obtint qu'il y eut aussi quinze religieux pour l'ac-compagner et desservir l'glise. Cependant on ne voulut pas donner de pension aux religieux et i1 fut arrt qu'ils seraient nourris et entretenus aux frais et dpens des reli:gieuses... Le Pre Abb ayant consenti ces propo-sitions, forma aussitt le projet d'envoyer des colonies de religieux et religieuses en Bohme et en Hongrie, mais ils n'ont pu s'y tablir.
LOI'SiqUJe nous nous. prlparilons au dp art, Ma d'ame la . Suprie'UJre nous offrit de .nous fai!re vo>ir toue sa mai~ son, nia:s J,e Pre Ahlb ne nous le pern1it pas, danS/ la crainte que quellqes"unes. d.e ses frliJies n'y vouillus1sent, demerer.
NoUs partimesl e:nfin, et je ne s:aisl si ce lfut par te1r:re ou par eau qrue nous voyage~mes,, Aprs arvok' faH que:I~ ques }lieues, nou:SI .nou;s arr:Mme1s dianis une v.iUie; 11, le Pre AJbih nomm,a tr:ois Priieu1res, UJne pour la Ru1s1s1ie, une po~r 1a Boihri.~ eti I'au1tre pour I:a Ron~gri:e; iL nomlma aus1si. lies reliigi,e'U:ses qui lies dJevaienlJ ac:co'mpagner; je fus alors d'es1ti.ne pour aJ[,er .en lhtsls:ie, a;vec Mad'ame J(a Priuc.es!s,e; et La cmn:pague d~ tous mes. voya1ges jusque ll lfut envoye ~a su1i1te d'ullle autl'e P:rie,tme; mwis' j'ap~ p-ris peu aprs qu'eli1e ruvait quiH Ta Tra,ppe et lies! Trap-pistes ..
Ge~a fait, ,llJQ'US noUJs ,diivi,srnes en trois ballldes, ,e:~. 'cha~ cune d'eIIlle prti.t s:a rou:te, pour se rendir'e sa des1llinati:ou; la 'ntr'e voyage1a v~r1s Ia Rus1sie, tantt pa1r e~au e
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point effraye ni paru trop extraordinaire; il y avait be'a'UICOUip de mi.li.taires, c-om:me cel,a est !OU!jes ibas, surtmi-t parmi 1e peuplJe; pouX' dhaUJssure:s il!s' ont d1es estp-ces de sandales; faUes d"cor,Ciesl d!ar!bnes, d1e I:'pais-seUJr d'un dioLgt, qu'iJs entr:e-l:aeentl sur ]e pi,e:d a:vec une corde. On ne lies mn.e qu' coups die -bton, et on1 dit qu'-on n' en pourrrai:t rien -,t:irer sans ctela; c.epe:n>
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l'Exaltlati'o'n d~e la Sai~nt-e Groix, ~que nous lais~s~mes pen-da,nt 8 jour1s, lie Pre Arbb ayant voulu qne nou's' nous comformas,sdons en ce point r'n5age diu pa!ys.
Le COU'V'ent qui nrous tait dmm, appar't;enrait d~es Rel:irgi~eux Tri'nH:aires, ~quri ,n',taienrt -que 5 ou 6. On lieur avai,t s.iigni1i dre la parb die l"Empereu'r d'ens~emen1cer le j ardiin d:e ligurmes, et d'vacuer la ma~ison laisrsa,nt tou-t~eifois tous Ies m'eulblresr, Ies ornement1s et vases s'arcrs; cet ordir'e pa,rut bie,n d'ur ees pauvr~esr Rel
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ne vouaH rien donner. Nous. avion.s aussi une domes-t
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Reve,nons aux ReHgi,eutses, de l
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l'EmplPe avec ceux qui l'accompagnai.emrt; mais il nous tait bier .Hficile d'en tre dehors en morus d1e 15 jours. I1 fallut d'abord vendre ou dbnner not hlo et n:.ns pro visio-ns, ne pouvant Ies emporter, -et ne sacthant d'ail leurs o nous nous, fix.erio.ns.; o-n nou1s ava.it dlit seu~e, ment que le Pre Ah'b voul1a faire pass:er tout s1op monde en Amri.que. Al1ors je diclarai l.a Mr;e, iPrileu qwe je voyais hi.en que le Sei'g.neur ne m'a;ppelait point la Trappe, que d'a,il,leu;rs j'avais toU'jOUf'SI res mmes rpugnan.c.es m'en.ga;ger; que je pflenais enfin1 le parti de me reHr.r, la snpplilant Sleuiement die me." perm~rt,bre de d1emeurer dans sa1 compagnie jus,qu'aux front>ires, o de l je tcherais d'entrer dans un- Couvent de Bndicti-nes, en Pol01gne, mai.s que dru re:ste je me -c:omport,erais toujours. dans la Communaut, comme si je ne devais jamais la quitter.
Nous av1ons tout dois:pos pour patrt'ir au joUir et l'here qn:i nous avaient t sitgnis, mais1 la nuit qui prcd:ait, On entra dans notre rlf.ec:toil'e, et on e
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rneHre nille grande c.heHe pour descendTe jus.qu'au ba-teau afin de nous apporter toutes les choses dont nous avions besoin, que nous paymes tout ce qu'on voul1ut; rn(lis nous pas-smes pour gagner le bord de la rivire, ent1'e deux 1ha.ies de soldats qe_ le mme gn-ral avait fait venir, plu!Jt pour la forme et pour 111otre sret, que par dfiance, car il s.avait bien qu'aucun de noTh& n'avait envie de s'chapper.
N ou.s l'estmes ains.i 12 jours da.ns notre Mona.s.Lre fl.ot!Jant, et chaque jour tme foule de curieux se portaient sur 1e pont, a!:tirs. par ]la nou-veaut -dU spedade. C:c-pendant notre peine tait d'tre pri~s1 de la Sa.inte MesSie, ma les Pr-es r-soluren1t de la chante1r Ie jouir de la Pentecte, aprs avoir tend1u les voiles diu bateau. Le mardi de l'Octave nous l-ivra pass:age de I'autre ct du pont, pour nous rendre en Pologne, notw< .fmes- obli-gs die sjourner dux jours. dans la ville parce qu1e deux de nos Pres y moururent, et .nous logemes c:he,z les Dominicains; mais. lorsque nous1 sortmes de c-et Et.at ou prindpaut, nous .fmes cond1uHs- jusque hors lies frontires, par une compagnie d1e sold1ats qu'on avait commande cet effet.
Peu de jours aprs, .filous entr4mes dans la Pologn', nous nous l'!lmes s-ur la Visflt1Le, nous pas>Smes par Varovie, sans nol!ls y a.rr1-ter; et ayan:t conti-nu notre route justqu' Thorn, nous des-cend>mes dans cel't.e viHe c:hez Ies R-eli>gieuses Bndictines1 pour y entend.l"e la Sainte Messe. EUes nous reurent avec bealliCOU'P die clha-rit., et n'-taient point -tonne>s d1e vo.ir des1 Tr:appist1es, puis.que 15 jourr>s1 auparavm.t eHes en avaient reu une quarantaine qui arvaierit subi Ie mrme sort que nous., r>t pi's que nous, ayant t o'hLi.gs de d-emeure-r 15 jours sur le pont, en aUendranrt qu'on les laisrst pas1s.er. Il en tait mme pest trois qui taient for>t malades et qui n'avaie caf, chacune se priva du sien, et elles se cotis~ rent toutes ensemble pour :leur pl'parer un bon djeuner au sortir de la messe; mais le Pre Abb ne le voulut pas, il partit avec sa troupe sans avoir rien pris, l>eu'r laissant trois malades qu'il leur recoinmanda, et laissa ces pauvres l"eligieuses bien dsoles du refus, et fort embarrasses de leur caf. Quand .nous arrivme.s chez elles., eUes nous reurent avec la mme eharit qu'elles avaient fait pour nos Surs, l'exption du caf; mais nous ne pmes refuser leurs vivres instances, de rester au dner.
D'abord qure nous -entrmes dans leur-glise, eHes nous dlivrPent de la foule qui nous suivait depuis le ba-teau, en nous faisant
la maison, me firent voir leurs beaux livres de chant, et m'engageaient pa.r. signes ne pas les qutiter.
M.. le Confessenr ayant fait ma demande Mlme J'Ab-besse, eHe m.e l'acorda avec une grande s~Usfaction et me reut avec beaucoup d'affabilit, surtout quand elle sut que j'tais Bndictine; mais tandis que nous nous flicitions les unes les .autres, il survi'llt un contre.-temps bien fcheux. Le commandant de la ville, qui tait lu-thrien, et qui se trouvait l, ayant vu qwe }e voulais rester, dit au.')sitt Mme !~Abbesse qu'~lle ne pouvait me garder, moins que je n'eusse la permission du roi de Prusse (1); que .si j'eusse t malade, j'eusse pu demeu-rer jusqu' mon entier rtablissement, mais que me por-tant bien, il fa.l:lait .absolument que j'allase chercher une permis.sion Dantzi.ck .
.Il fallut donc me' r~mbarquer avec les Trappistes, et faire les soixante Ueues sur la Vistule, o ayant le vent contrair-e, nous fmes pr~s de quinze jours avant d'arri, ver cette villre o. nous nous arrtmes pour coucher; H y av.it da.ns cette viile des Pres Lazariste.s, et un hos-
. pice servi par les Filles de la Charit qui '!1ous reurent fort bien, et nous couchmes dans leur hospice. Le len-demain matin, les bons Pres Lazaristes nous envoyrent tle.s provisions capables de nous nourrir pendant trois mois. 1Leur Suprieur avait l'air d'un autre Vincent de Paul.
Notls fmes encore trois ou qua.tre Heues sur l'eau, et on nouB avertit d'en faire provision car elle allait devenir sale jusqu' Dantzi.ck o nous nous rendions. En appro-chant de cette ville, nous trouvmes beaucoup de vais-seaux qui se promenaient sur l'cau, et que l'on e;;sayait, y ayant prs de l un chantier de construction. La rai-deur dont ils aHai-ent pensa 'briser et renversr notre pauvre bateau; nous crimes misricorde, mais nous. n'e-mes qwe la peur. .
Arrivs iDantzick, on nous CO'llduisit chez ]es Bri-gittines de cett-e ville, o dlj un grand nombre de reli-gieuses Trappistes nous avaient prcdes ret nous atten-daient. Je priai la Mre Prieure d'engager :le iPre Abb me faire parler quelque personne de la ville qui sut la langue franaise, afin de tcher d'obtenir la permis-sion que j'tais venue cherclher, inais soit qu'il !;'ou-blit, ou qu'il ne le voult, je fus tro1s semaines sans voir personne. Nous tions dans un corps de logis ;;-
par des religieuses Brlgittines; d'ailleurs, elles n'enten-daient .pas le franais,. et ne pouvaient nuHe.ment m'aider. Je commenai m'ennuyer beaucoup de ne voir ;point
~ jour retourner o j'avais le cur et I'esprit, c'est-- 'dire chez les Peligieuses Bndictines d
cachai derrire un pilier pour l'ent,endre, ne voulant ps leur parler, malgr l'extrmit o j'tais rduite. Aprs la Sainf.e MJesse, je sorti'.;; et, pren:int une autre rue, je-commencai demander la route de Thorn ou quelq'un qui parlt frana~~. et je ne trouvais ni l'un ni l'autre. Je fus au moins .quatre heures dans ce tourment, me pro-menant ainsi de rwe en rue, et m'arrtant chaque por-t,e, essayant de me faire entendre, mais inutil'ement.
Enfin, j'ar.rivai, sans le savoir, la port
secours, mais qu'enfin puisqu'elle m'offrait urt asile, je les suivrais volontiers,, n'ayant 'pas de plus cher dsir que d'tre dans un clotre. _
Je fis dir.e mon luthrien que Mme l'Abbesse frC'5 Bri-gittines m!Difrant un sille chez elles, j'y'volais avec joie,
.-parce qu'Une rtig-ieuse n'est heureuse que dans _son clo~tre, qwe Je ne pouvais. YQir l'honneur de le voir tant, ,Il me tardait d'y tre arrive, mais que-je le priais de pour-suivre mes affaires. Il faut, a.vec de5 protestants -et au-tres, prendre bien des .prcautions en parlant ou eri agis-~ant pour ne pas faire mpriser la religion catholique, .car Hs pient les rriciiudres choses pour en prendre avan-. tage sur nous.
Je suivh ensuite le Pre Prieur -et je rfus fort bien re-ue des religieuses Brigittines qui eurent grand soin de moi, mais elles ne m'introduisirent pas dans l'intrieur de .leur maison, et mme Ies Mres Trappistes n'entraient point, car elles les mirent dam des_ btiments spars
qui servaient d'infirmerie. Pour les religieuses Brigitti-nes, on ne les voyait pas plus -que si -il n'y en avait pas eu, except la portire.
EHes avaient donn une grande tri:bune qui donnait dans l'gse aux iMres Trappistes, et c'e5t l qu'elles eTh-tendaient la messe et .dsaient l'office .. Pour moi, ne vou-lant pas voir les Trappistes, on me mit dans un petit par-loir intrieur, dont la 'grille, haute de quatre pieds, don-nait dans l'glise, et garnie de volets que j"avais la liber-t d'ouvrir quand je voudrais; de sorte que je pouvais entendre tous les offices et toutes les messes ct voir les enterrements et- tout ce qui se .faisait dans l'eglise qui, tant aussi paroisse, tait fort rfvquente et, de plm, le couve.nt tait double: les Bri.gittins d'un -ct et tes Bri-gittines de l'autre disaient Matines tour tour, les reli-gieux -commenaient trois heures du matin, pendant que les religieuses faisaient oraison, et ensuite eUes _disaient leurs Matines-; et ainsi de tous leurs offices.
L'glise est bene et fort grande. Leur chur est au pre-mier, et il y a un grand escalier dans l'Eglis-e par o on monte pour leur porter la Sainte Communion, avec une balustrade en haut de l'escalier pour oet effet.
Elles couchent sur 1
Cependant, il aurait bien dsir me men~r de temps en temps dner chez s~s amis, qui taient du grand mon-de, parce que, disait-il, ii y en a qui savent parler fran-ah et qui seraient flatts de converser avec vous. Ds qu j'eus vel).t de cela, je ,fis prier Mme l'Abbesse que je sortisse, et de lui fafre dire, lorsqu'il, l1e demanderait, qu'tant dans sa maison et sous son autorit, elle ne pou-vait me laisser sortir que pour des choses invitables et pour peu de temps.
"''I prit cela fort bi,en, et ne me demanda plus; cepen-dant, je fus oblige d'flller une fois ou deux -chez Iui, et un jour il me propos11- de venir voir la mer, mais je le remerciai, lui disant que si je- n'tais pas reli'gieus'e j'ac-cepterais volontiers so'n offre, mais qure je ne devais pas
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fit grand ,plaisir; et moi de mon ~t je leur tmpignais que Yen avais
les voir, dans la crainte que la voitur:e ne partit sans moi. Je remerciai la Divine Providence de m'avoir pro-cur le bonheur d'enbendre la Sainte Messe et je m'en r~tournai, hien contente, rejoindre ma compagnie.
Nous partmes aussitt, et nous arrivmes sur la fin du jour dans la ville de Thorn; on me conduisit aussitt - l' Abbaye, o je fus trs hien r!fue de toutes les Reli-gieuses. Ensuite j'allai voir mes trs anciennes compa-gnes Trappistes, et je leur contai toutes mes aventures depuis que je les avais quites, ce qui les amusa beau-coup.
Une de ces trois Trappistes, qui tait noble et fort dlicate, avait t Religieuse Bernardine de Paris, et lors-que la Rvolution l'eut ~hasse comme nous de son clo-tre, elle s'expatria pour se rendre la Trappe, mais elle ne put en supporter logtemps les . rigueurs, elle tomba fort malade, et il lui vint d-es ulcres en plusieurs en-droits que l'on gudt, mais ils se fixrent au pied. o il se fit ume grande plaie qu'on ne put. gurir . .Madame l'Ab-besse fit venir un chirurgien pour sonder la plaie, afin de voir s'il y avait esp-oir de la gurir; mais en la son-danf il conp.ut que tous l.es os du pied taient caris et dit qu'il n'y avait pas de gurison. Cette pauvr~ Reli-gieuse sourffr~it et .gmissait sur son lit sans pouvoir mettre seulement pied terre . .Madame l'Abbesse et toute sa Communaut la visitait souvent, 'et comme la clture . n'est pas stricte dans les pays trangers, plusieurs dames catholiques et protestantes la venaient voir, et lui appor-taient quelques petits secours, entr'autres, la femme dn Commandant de la ville. Madame l'Abbesse lu1 faisait toujoursservir des mets de sa table; et on peut dire que toutes lui t:rpoignrent toute l'affection et la cl;larit pos-sibles, dans l'extrme pauvret o elles taient rduites.
Nous nous mames la suite de l'observance, mes deux compagnes et moi sitt mon arrive; une d'elles tait Reli>gieuse Capucine et chantait beaucoup de la gorge et du nez ce qui ne plaisait gure; l'autre n'tait point Re-ligieuse et toutes deux taient des Pays-Bas, et parlaient fort mal franais, Leur mal-adie n'tant pas dangereuse eLprovenant en grande partie d'ennui de la vie de la ~rappe, elles furent bientt rtablies Thorn, cependant elles passrent l'hiver avec nous. Mais le plus difficile tait de nous trouver un Confess-eur. Enfin on trouva un bon rPre Rcollet, -car ils ont un Couvent dans la ville ---:- .qui entendait un peu le. franais, mais il ne pouvait
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gure le parler, de sorte qu'il nous coutait et ne nous disait presque rien, il nous donnait l'absolution, puis : Vous pouvez aller au Bon Dieu )), Cela ne nous pl-aisait qu' demi, car le peu qu'il disait, peine le pouvioi~snous comprendre, mais il fallait bie-n prendre patience et agir de foi, puis(rue nous n'en trouvions pas' d'autre.
Lorsque Pques fut venI, nos deux Surs qui sen-nnyaii:mt de n;avoir, disaient-elles, que la moiti d'un Confesseur, voulurent s'en aller en leur pays, et comme eUes n'avaient rien pour faire leur voyage, elles diren\ qu'elles demanderaient l'aumne par le chemin, et que lorsqu'elles trouveraient des Couvents, elles y demande raient !''hospitalit quelqtws jours pour s'y dlasser. Mah la ville leur fit 'quelques aumrnes, et leur accorda un bon passe-port jusqu'aux frontires avec la poste fran che et la permission de sjourner quelques jours dans les couvents par o elles passeraient, et de r.eprendre la poste, o elles se trouveraient. Ce furent les protestants et luthri-ens qui leur firent, ou leur obtinrent tous ces avantages; et c'est une chose admirable, comme la 'Divine Providence s'est servie d'eux particulirement pour venir au secours des pauvres, migrs, surtout les p11tres et les Religieuses; comme si ela et pu leur profiter pour leur salut, nous aurions double action de grces rendre au Seigneur; mais, hlas! ils ne no urs .faisaient du bien que par bont naturelle et par une espce de' vann, voulant nous .prouver qu'il y avait autant, ou plus de -charit dans leur secte, que dans notre religion, comme me le dit fort bien le .luthrien de Dantziak en me quittant. Mais Dieu nous prouvait encore mieux, par l, le soin paternel qu'Il prend de ceux qui se sont donns Lui.
Nos deux voyageus,es tant parties, on retira le bon Pre Rcollet pour l'envoyer Gardien dans un autre cou-vent, et nous restmes sans Confesseur, la pauvre malade et moi, pendant 8 1.0 mois, et nous avions pour tout se-cours, chacune un livre, l'une le Nouveau Testament, et l'autre l'Ame Religiewse. A quelque temps de J., il passa Thorn des Filles de la Charit de la ville de Kulm, qui s'arfltrent chez noti:s, l'une d'elle tait Francaise et Madame l' Arbbesse leur ayant dit que nous tions de cette nation, elles. vinrent nous voir et nous racontrent que les Mres Trappistes leur avaient laiss une malade qui tait presque mourante, en passant leur hospice, qu'elles en avaient eu grand soin et auraient bien dsir la rtablir, et qu'elle les avait beaucoup difies pendant
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quelques jours qu'elle avait vcu. Ensuite ma compagne leur conta notre extl'me pauvret pour les secours spi-rituels et leur demanda si elles ne pourraient pas au moins nous procurer quelques livres franais, lors-qu'elles seraient de retour chez elles; elles nos le pro-mirent et elles tinrent parole, ce qui nous fit grand plai-sir. Avant qu'elles partissent, une partie des Religieuses Polonaises se firent sai,gner, car Madame l'Abbesse ne payait ni mdecins, ni chirurgiens, et c'est leur coutu1me dans ce pays de se faire sai.gner tous les ans; pour nous nous n'en avions nulle envie.
Madame l'Abbesse me mit ensuite avec une de ses Re-ligieuses afin qu'tant toujours ensemble, je pusse ap-prendre la langue du pays plus facilement, elle me fai-sait lire tous les jours, et le Bon Dieu permit qu'au bout de six mois je pusse demander toutes les choses nces-saires et J.ll:me faire ma semaine de lecture, au rfec-toire; il y avait cependant bien des mots que je ne pou-vais pas prononr comm~ il faut, et elles en riaient de tout leur cur et moi aussi.
On m'apprit aussi faire des scapulaires, dont il se fait un 'grand dbit dans le pays, cause que la confr-rie est tablie dans leur 'Eglise, et chez l'tranger par la Vistule, qui est une rivire fort commerante. J'en fai-sais de brgds sur du drap, en soie, en or et en argent, au pass, au mtier, d'autres en tissu de soie, de laine, d'or et d'argent sur un mtier fait exprs. !La tourire tait chal'lge de vendre nos ouvrages, et je pus m'entre-tenir de ce que la maison ne donnait pas.
'Ces Religieuses disaient le Brviaire Romain et avaient un surpplment pour tous 1es Saints de notre Ordre; elles disaient aussi le petit Office de la Sainte Vierge, mais en particulier. Elles se levaient 11 heures pour Matines; le matin on faisait une heure d'oraison. puis les Offi.ces, et ensuite la Sainte Messe. Elles. faisaient usage de viande quatre jours par semaine, selon la miti-gation reue en beaucoup de maisons de Saint-Benot, surtout chez l'tranger. ..
Cependant nos deux . Surs voyageuses ayant appris dans leur route, que Madame la Princesse iLoulse de Boul"bon avait pris le voile chez les Bndictines de
. Varsovie, et sachant bien que je la connaissais, me le mandrent aussitt, afin que nous pussions l'aller join-dre, si elle le trouvait bon. Je ne perdis pas un moment, J'crivis notre bonne Princesse que nous tions res-
tes deux chez les Bndictines de la ville de Thorn, qui nous avaient l'leues avec bien de la charit, mais que depuis 8 9 mois, nous tions prives de tout secours spirituel, n'y ayant pas de prtres dans la ville, ni aux alentours qui parlassent franais, ni aucune des Reli-gieuses avec lesquelles nous tions. Que ma compa1gne tait sortie de la Trappe fort malade, et qu'elle avait: pr-senl,ement un fcheux uJre au pied, et qu'elle soupi-rait ardemment, ainsi que moi, aprs les secours spiri~ tu el s. Je la priais avec instance d'avoir piti de nous, et de nous obtenir la: gr:ce d'tre reues dans sa Com-munaut, qe je prendrais les moyens les plus faciles polllr transporter ma paUIVr.e malade et que je croyais avoir assez de fonds pour faire le voyage.
. Notre clhre Princesse me rpondit aussitt que sa Communaut tait dispose nous recevoir, et que nous polllvions venir de suite. !Nous avions 60 lieues faire, et nous tions au mois de fvrier, mais ma pauvre malade vouJut pal'tir malgr le frOid.
Il fallait annoncer cette nouveUe Madame l'Abbesse, et c'tait le pls difficile, aprs nous avoir reues avec tant de bont et nous en avoir donn tant de marques depuis que nous y tions, auxquelles nous n'tions pas insensibles,. mais le manque de secours 'Spirituels nous excusait. Elle le comprit bien lorsque nous lui en par-lmes, mais cela n'empcha pas qu'elle n'en ft fort af-flilge ainsi que toute la Communaut, et plaignait surtout la pauvre m~alade, d'tre oblig-e de faire un si long voyage. Elles nous pleurrent, comme si nous eussions t leurs surs.
Nous fmes obliges de prendre une voiture pour nous seules, que nous paymes beaucoup plus cher, d'autant qqe nous ne pmes emporter acune provision. Les voitu~ res de ces pays sont faites 'en osier, longues et trs l:g-. res;- on mit dans la ntre une paillasse, des lits de plu-mes et. des oreillers, et on nous p11ta. des fourrures pour nous bien envelopper et nous partmes ainsi le 11 fvrier lendemain de Sainte Scolastique. '
Nous .fmes cinq jou~s .en route, car la voiture ne pou-vait pas .,aller: vite cause de la malade. Quant on tait
, oblig de descendre pour coucher, il fallait que le voi-turier la prit dans se