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L’A NTHOLOGIE PERMANENTE DES LITTÉRATURES DE L IMAGINAIRE N˚ 171 Gratuit 161 Lectures N. Faure R. D. Nolane N. Spehner R. Bozzetto S. Lermite M. Fortin J. Reynolds P. Raud 179 Écrits sur l’imaginaire N. Spehner 191 Sci-néma C. Sauvé H. Morin S OLARI S Science-fiction et fantastique Le volet en ligne

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L ’A N T H O L O G I E P E R M A N E N T ED E S L I T T É R AT U R E S D E L ’ I M A G I N A I R EN˚ 171 Gratuit

161 LecturesN. FaureR. D. NolaneN. SpehnerR. BozzettoS. LermiteM. FortinJ. ReynoldsP. Raud

179 Écrits sur l’imaginaireN. Spehner

191 Sci-némaC. SauvéH. Morin

S O L A R I SS c i e n c e - f i c t i o n e t f a n t a s t i q u e

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Solaris est une revue publiée quatre fois par année par les Publications bénévoles des littératuresde l’imaginaire du Québec. Fondée en 1974 par Norbert Spehner, Solaris est la première revuede science-fiction et de fantastique en français en Amérique du Nord.

Ces pages sont offertes gratuitement. Elles constituent le Supplément en ligne du numéro 171 de larevue Solaris. Toute reproduction – à l’exclusion d’une impression unique en vue de joindre cesupplément au numéro 171 de Solaris –, est strictement interdite à moins d’entente spécifiqueavec les auteurs et la rédaction.

Les collaborateurs sont responsables de leurs opinions qui ne reflètent pas nécessairement cellesde la rédaction.

Date de mise en ligne : juillet 2009 © Solaris et les auteurs

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Stéphane BeauvergerLe DéchronologueParis, La Volte, 2009, 400 p.

Nous sommes au XVIIe siècle. Lecapitaine Henri Villon est un marinfrançais, fin lettré et flibustier op-portuniste, au verbe haut et souventfleuri, courageux, et porté sur labouteille de tafia. Ses aventurescommencent comme tout bon romand’aventures en mer : par une bataillesans espoir… et des souvenirs d’ex-ploits aussi nombreux que les vaguesde l’océan.

Capitaine du Chronos, il croise aularge de l’île de la Tortue et prometà ses hommes des richesses à fairese pâmer les dames. À la barre duToujours Debout, il navigue jusqu’auYucatan pour s’enfoncer ensuite dansla jungle épaisse d’Amérique duSud qui recèle ces trésors étrangesnommés maravillas que tout lemonde s’arrache. Car notre flibustierest aussi un commerçant fasciné parces artefacts quasi magiques venusd’on ne sait où.

Mais ses aventures ne font quecommencer à la porte de ces templessacrés, qui cachent des secrets quivont l’entraîner bien plus loin quetout ce qu’il aura pu imaginer, et lelecteur avec lui.

Stéphane Beauverger n’a pas écritqu’un roman maritime de plus dansune langue superbement tournéequi laisse s’exprimer son personnageprincipal, il l’a aussi ingénieusement

croisé avec une thématique bienconnue des lecteurs de science-fiction : les univers parallèles. Enmodifiant l’histoire que nous con-naissons, il a créé une uchroniesubtile et savamment construite.

Ses personnages sont rapidementattachants et bien campés : la Cre-vette, jeune mousse curieux et dé-gourdi, le bosco Gueule de Figue,second sans faille du capitaine, labelle dame Sévère, Targui isolée etrejetée par son peuple, Arcadio,Indien Itza en contact avec des dieuxmystérieux pourvoyeurs de mer-veilles, rencontré dans un cachotespagnol où la mort comptait lescadavres, Féfé de Dieppe, au sabirdifficile à suivre, et enfin le fier etsadique capitaine espagnol Mendoza,qui fera une rencontre si terrifiantequ’elle le laissera traumatisé à vie.

L’auteur mentionne dans une en-trevue sur Scifi-Universe avoir écrit

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dans l’ordre, puis déconstruit etréécrit partiellement son roman pourque la trame se tienne. (http://www.scifi-universe.com/actualites/8094-entretien-avec-stephane-beauverger.htm). Notez qu’il a poussé le détailjusqu’à numéroter ses chapitres detelle façon que le lecteur ait aussi lechoix de les lire selon l’ordre chrono-logique.

Le Déchronologue s’adressedonc aux amateurs de structure nar-rative très solide et complexe, quiaiment qu’un livre soit un peu plusqu’un simple divertissement et qu’illes fasse travailler à la lecture. Le filrouge reste le capitaine Villon – sesrencontres, ses équipages et ses dif-férents navires. C’est bien lui quiraconte au présent et sert d’ancrageà une trame temporelle parfois trèschamboulée, quoique toujours ex-trêmement cohérente, un vrai tourde force !

Le lecteur, happé par les péripétieset le sort des différents personnages,peut dès lors jouer à reconstruirel’histoire, au fil de va-et-vient tem-porels entre passé et futur pendantles quinze ans que dure l’aventure.Ce choix est plus qu’une astuce sty-listique, car elle permet aussi de semettre ainsi un peu plus dans lapeau du capitaine Villon et de seshommes, pour qui le temps n’a plusvraiment de sens, car il est soumisà la confusion qui règne peu à peupartout dans son monde, jusqu’àl’apocalypse finale.

Un grand roman qui vous convie àune ballade sauvage au goût d’em-bruns, de morts brutales, de geôlespuantes, de trognes avinées, de tra-hisons et de fidélités parfois surpre-nantes, de poudre à canon et de

batailles sanglantes dans un XVIIesiècle comme vous ne l’avez jamaislu. À découvrir absolument ! [NF]

Terry PratchettLes Annales du Disque-mondeT.31 : Jeu de nainsNantes, L’Atalante (La dentelle ducygne), 2008, 442 p.

Terry Pratchett poursuit depuisplusieurs années son cycle du Disque-monde et l’auteur est connu pour sonhumour décapant, qui démonte biendes poncifs de la fantasy, pour leplus grand bonheur de ses lecteurs.

Nous retrouvons le Guet d’AnkhMorpok, toujours dirigé par SamVimaire, passé maintenant commis-saire divisionnaire, anobli et mariéà dame Sybil, et surtout papa d’uncharmant petit Sam.

Mais attention, c’est bien le mêmeSam Vimaire, intègre et conscientqu’il est là pour veiller à ce quel’ordre règne, au moins un peu, danscette ville… même au prix de latranquillité du Patricien.

La vallée de Koom se trouve bienloin d’Ankh-Morpok, et c’est un lieude sinistre mémoire. Il y a très long-temps, les trolls y ont tendu uneembuscade aux nains, ou l’inverse,personne ne le sait plus vraiment…Le jour de la commémoration ap-proche et les deux communautéscommencent à s’échauffer, suffisam-ment pour que le guet se mobilise.

Histoire de compliquer un peu leschoses, on vole le tableau qui re-présente la bataille, puis un éminentchef nain est assassiné. Venu desmontagnes pour enseigner les usagesdes Anciens, il était à la tête d’unecommunauté qui prône le retour à latradition ancestrale naine et montre

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du doigt ceux qui vivent en surfaceet sont amis avec des trolls… Pireencore, les nains ont retrouvé ungourdin de troll près du corps… etgardent le secret, prêts à mener leurenquête sans rien dire. Mais SamVimaire ne l’entend pas de cetteoreille car il ne veut pas que la com-mémoration de la bataille de Koomse transforme en reconstitution dansSA ville !

Il devra faire face à de nombreuxobstacles : des agents nains et trollsdémissionnent ou se portent maladespour raisons familiales ; le Patriciensupporte la nomination d’unemembre des Rubans Noirs, les vam-pires qui ne boivent plus de « liquidequi commence par un S ». Le seulpetit problème, c’est que Sam Vimairedéteste les vampires… et qu’il aune louve garou qui a du mal à s’en-tendre avec cette nouvelle collègue…la diversité culturelle au sein du Guetest parfois difficile à gérer ! Le Pa-tricien lui envoie aussi un contrôleurdes finances et autres dépenses duGuet en la personne de M. Pes-simal, fonctionnaire pointilleux trèsà cheval sur les procédures… Cet

homme ne sait pas encore que sondestin va radicalement changer aucontact des agents et du terrain… etPratchett nous donne ici quelquesscènes d’anthologie vraiment drôles!

L’enquête s’annonce difficile,mais Sam Vimaire est tenace… etsurtout, rien, non, rien ne pourra ledistraire de son devoir, à 18 heurestous les soirs… être pile à l’heurechez lui, quelles que soient les cir-constances, pour lire au petit Sam,dans une pièce remplie de peluchesen tout genre: « Où est ma vache? »avec tous les bruitages appropriés…au point que le lecteur lui-même sesurprend à murmurer : « ce n’est pasma vache » quand l’heure du conterevient.

Son assiduité et les moyens qu’ilemploie pour arriver à l’heure valentleur pesant de comique!

Voilà un roman qui fait aussipasser certains messages sur l’inté-grisme et l’intégration. Humour,aventure, suspense et magie… Lemélange fonctionne toujours.

J’ai passé un excellent momentavec Jeu de nains. Ce n’est pas lemeilleur de la série, mais un bondivertissement que je conseille auxamateurs.

Nathalie FAURE

Alain DouillyAnticipation: 50 ans de collectionsfantastiques au Fleuve NoirCalifornie/France, Black Coat Press(Rivière Blanche, Hors Collection),2009, 406 p.

Sous une magnifique couverturede Christine Clavel en hommage àBrantonne et dans un grand formatsupérieur en taille aux autres livres

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de la maison, voici Anticipationd’Alain Douilly, qui se propose d’êtreune sorte de guide des collectionsde SF et de Fantastique publiées parle Fleuve Noir entre 1950 et 2000, aucours de ce qui restera « la grandeépoque » de l’éditeur pour les ama-teurs de littérature populaire.

Enrichi de plus de 500 illustrationsen noir et blanc (l’iconographie estde Jean-Marc Lofficier), le livre pro-pose la liste des titres avec une cotede prix des collections Anticipationet Angoisse, les deux piliers del’éditeur, mais aussi SF, Perry Rhodan,Atlan, Superluxe, Gore, La Biblio-thèque du fantastique, Espiomaticinfrarouge, Angoisses, Frayeurs,Aventures et Mystères, La Com-pagnie des glaces, Mark Stone,Jimmy Guieu présente les maîtresfrançais de la SF et Les Chevaliersde lumière (avec une extensionpour la collection SF Jimmy Guieupubliée successivement par Plon,Presses de la Cité et Vaugirard…).

À cette partie plutôt consistantes’ajoutent le recensement des illus-trateurs et un dictionnaire des auteurspubliés dans toutes ces collections.Les entrées du dictionnaire sont leplus souvent brèves sauf pourquelques « stars » du Fleuve Noircomme G.-J. Arnaud, Pierre Barbet,Serge Brussolo, Jimmy Guieu, Richard-Bessière, Maurice Limat, Peter Randa,M. A. Rayjean, Kurt Steiner, J.-G.Vandel… qui, elles, bénéficient d’untraitement sur plusieurs pages.

Bien évidemment, ce genre d’en-treprise n’est jamais exempt d’erreurset d’oublis. Je citerai donc un oubli,celui du décès en janvier 2001 enEspagne de Georges Murcie (auquelil faut ajouter celui, survenu après

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la publication du livre, de ClaudeJ. Legrand en juin 2009), et une joliepetite erreur d’identité concernantPierre Debuys, un auteur qui n’apublié qu’un seul roman en Anti-cipation (Les Gardiennes d’Espé-rance, n˚ 1893).

Ce Pierre Debuys n’a en effet rienà voir avec celui évoqué par AlainDouilly puisqu’il s’agit en réalité d’unpseudonyme de Fermin Gonzalez, néen 1953 et devenu par la suite fortconnu comme spécialiste des paysde l’Est sous le nom de Pierre Lorrain.Outre de nombreux ouvrages sur laRussie, Pierre Lorrain a publié un ex-cellent roman de SF, Les Terri-toires sans loi (1992), dissimulédans la collection Best-sellers dechez Robert Laffont. Et dans une vieantérieure, il fut co-rédacteur en chefavec Charles Moreau, Pierre K. Reyet votre serviteur de la revue de SFSpirale en 1975-1976, et auteur sousle nom de Franck Boyle d’un premierroman de SF, L’Agonie de la CitéBleue, chez Glénat en 1980…

Le livre se veut aussi un guide decotes pour les livres mais le marché

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est si instable depuis l’arrivée dessites de ventes comme eBay ou PriceMinister que ses cotations sont sur-tout destinées à servir de points derepères pour les néophytes, pas plus.

Cela pour dire que tout amoureuxdu Fleuve Noir et de la littératurepopulaire en général aura du plaisirà posséder ce beau livre dans sa bi-bliothèque… Son prix est de 25euros (port compris pour la France!)et on le commande chez l’éditeur auhttp://www.riviereblanche.com/.

[RDN]

Julien Betan et Raphaël Colson (col-laboration de Julien Sévéon)Zombies !Lyon, Les Moutons électriques (Biblio-thèque des miroirs), 2009, 342 p.

Figures incontournables du fan-tastique et de l’horreur, les zombiesont bénéficié peut-être plus qued’autres créatures (à l’exception desvampires qui fascinent depuis qu’ilsont acquis une image romantique etérotique) du retour en grâce de cesdeux genres depuis le début desannées 2000.

Le cinéma et les jeux vidéo sontévidemment à l’origine de ce regainde popularité dans le grand publicaprès deux bonnes décennies de tra-versée du désert. Ayant découvertnos fameux mort-vivants au cours dela période faste des années 1970en hantant les salles obscures, j’ai puconstater à quel point le zombies’était rapidement constitué un nou-veau public grâce à des effets spé-ciaux numériques qui lui ont redonné,si j’ose dire, une nouvelle vie et unenouvelle crédibilité. Devenu beau-coup plus inquiétant en gagnant enréalisme, le zombie a su aussi profiter

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de l’inquiétude qui s’est à nouveauemparée du monde. Depuis, le succèsaidant, il a commencé à se réinstallerdans la littérature et la BD des circuits« classiques » avec la réédition detitres connus, mais aussi l’apparitiond’œuvres nouvelles renouvelant legenre, comme celle de Max Brooks.Il fallait un livre pour nous rafraîchirla mémoire sur les faits et gestesdepuis tant de décennies de ce vieuxcompagnon de nos cauchemars etpour nous faire un peu un état deslieux du phénomène alors que celui-ci reprend sérieusement du poil dela bête.

Ce livre, c’est Zombies! de JulienBetan et de Raphaël Colson, le pre-mier volume de la nouvelle collectionBibliothèque des miroirs des Moutonsélectriques. Avec ce bel ouvrage de342 pages, nous voilà transportés,que l’on soit amateur éclairé ou néo-phyte, dans l’univers sombre, affreuxmais terriblement excitant de nosrépugnants mort-vivants décérébréset surtout dangereux en meute.

La première des quatre partiesde cet essai est une fort intéressantemise en perspective historique de lanaissance du mythe du zombie dontles racines plongent autant dans la

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culture et la religion que dans la po-litique d’Haïti et des environs maisaussi dans les œuvres d’aventurierscélèbres tels que William Seabrook.Par la suite, les auteurs examinent endétail l’évolution du zombie dans laculture fantastique et populaire, avecses hauts et ses bas, ses dérapageset ses réussites. En suivant le fil dela chronologie, ils offrent au lecteurune vue d’ensemble qui aurait étébrouillée s’ils avaient successivementautopsié chaque vecteur de propa-gation de l’épidémie : cinéma, litté-rature, BD, jeux, musique, etc.

Feuilleter ce livre est un régal pourles yeux, même si on aurait vouluvoir toute cette icono décoiffanteen couleurs, et le lire en est un autretant on sent le plaisir qu’ont pris lesauteurs à l’écrire et nous faire par-tager leur érudition.

Oui, Zombies! vaut le détour, pasde doute possible là-dessus !

Richard D. NOLANE

Jean-Pierre AndrevonGuerre des mondes ! Invasionsmartiennes, de Wells à SpielbergLyon, Les Moutons électriques (Biblio-thèque des miroirs), 2009, 188 p.

Avec L’Homme invisible et LaMachine à explorer le temps, LaGuerre des Mondes est sans doutele roman d’anticipation le plus célèbredu Britannique H. G. Wells, le premieraussi à exploiter le thème de l’inva-sion de la Terre par les habitants de laplanète Mars, avec des conséquencesdésastreuses pour la civilisation ter-rienne incapable de se mesurer à laterrifiante technologie de l’envahis-seur. Ce roman exemplaire a inspirénombre d’imitateurs et a été adapté

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au cinéma et en bande dessinée à denombreuses reprises.

Dans Guerre des Mondes!, Jean-Pierre Andrevon nous convie à uneodyssée martienne (merci StanleyWeinbaum), c’est-à-dire un tourd’horizon aussi complet que possible« de la menace incarnée par laPlanète rouge, ses tripodes, ses ten-tacules, ses mythes et ses fantasmes,de l’utopie à l’invasion, et retour »,un voyage littéraire et cinématogra-phique dans l’imaginaire martien,de H. G. Wells à Steven Spielberg,en passant par Orson Welles, EdgarRice Burroughs, Catherine L. Moore,Gustave Le Rouge, Alan Moore etnombre d’autres auteurs/réalisateurs/dessinateurs fascinés par la mytho-logie de Mars. Évidemment, danscette exploration passionnée et pas-sionnante des invasions martiennes,Andrevon fait une place importanteaux adaptations cinématographiquesde l’œuvre wellsienne ainsi qu’àd’autres productions, comme ledélirant Mars Attacks, ou ce chef-d’œuvre impérissable qui, parexemple, a pour titre Mars NeedsWomen. Noblesse oblige, toute lapremière partie est consacrée auroman de Wells, après quoi Andrevon

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examine les « prolongements », lesœuvres littéraires qui prennent racinedans l’œuvre originale. Il est lon-guement question, bien entendu,de la fameuse adaptation radiopho-nique faite par Orson Welles, avecau passage une remise à l’heure decertaines pendules sensationnalistes:se basant sur des documents que jene connais pas, l’auteur minimise lafameuse « panique » créée parl’émission, la ramenant presque àun pétard mouillé. Cinéma, télévision,bandes dessinées, Andrevon traquele Martien avec minutie, passion etavec une totale subjectivité. Lesamateurs de films vont certainementsourciller à quelques affirmationspour le moins audacieuses, notam-ment celles qui concernent l’adap-tation de Spielberg qu’il qualifie« d’un des grands films de science-fiction toutes époques confondues »(à part certains effets spéciaux, j’aipréféré la version de Byron Haskinqui est nettement plus poétique,voire onirique avec ses superbesvaisseaux martiens !) ou Indepen-dance Day, un navet épique à granddéploiement auquel il trouve desqualités certaines (nous ne contes-terons pas le fait qu’il y a dans cefilm quelques scènes superbes, maisl’armada hétéroclite d’avions decombat avec ses pilotes formés aulance-pierres est d’une lamentableinvraisemblance!). Évidemment, toutcela n’est que question d’opinion.Même si on peut déplorer une biblio-graphie plutôt anémique, ce dossiermartien, riche en illustrations di-verses, est à placer dans toute bonnebibliothèque d’amateur de science-fiction car il explore nos thèmes deprédilection, les invasions extrater-restres et les mystères de Mars, une

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planète qui a encore bien des secretsà nous révéler. Sa mythologie et seslégendes ne cessent de nous in-quiéter et de nous fasciner. Aprèstout, elle n’est pas si éloignée queça. Et qui sait ? [NS]

Philippe MetLa Lettre tue: Spectre(s) de l’écritfantastiqueVilleneuve d’Ascq, Presses universi-taires du Septentrion (Objet 1128),2009, 268 p.

Philippe Met enseigne la littéra-ture et le cinéma à l’Université dePennsylvanie. Il est rédacteur en chefde la revue French Forum, a publiéune cinquantaine d’articles et plu-sieurs essais dont La Lettre tue,un ouvrage théorique qui vient en-richir la vaste bibliothèque des opusqui tentent d’analyser la littératurefantastique. D’emblée, l’auteur pro-pose une nouvelle approche, un angled’attaque inédit pour échapper à cequ’il (ou son éditeur) qualifie de« poncif critique ». Pour remettreen cause un fantastique qui serait« affaire de spéculation inventive etd’imagination luxuriante, de visionshorrifiantes d’une improbable sur-nature et de figurations fuligineusesd’un intime irreprésentable, seulesà même de générer un sentimentd’envoûtement mêlé d’effroi »,Philippe Met se propose d’interrogeret de pondérer ce « présupposé »par une poétique dite « lettrale », lesgrands textes du genre (de Franken-stein à Dracula, en passant parL’Étrange Cas du Dr Jekyll et deMister Hyde) étant saturés d’écritset de documents de tous ordres.

Bref, « l’inscription de la lettredans la littérature fantastique fait

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tout ensemble la matière et la ma-nière du présent ouvrage : sa lettreet son esprit, précisément ». Pourles besoins de sa démonstration, ilconvoque à la barre les œuvres deMérimée, notamment « La Guzla »,« Lokis » et « Clare Gazul », le legsmaudit des livres et des manuscritsdans les nouvelles fantastiques deLovecraft et de Jean Ray (mon cha-pitre préféré !), la lettre morte et ledernier mot des journaux intimesfictifs dans « Le Horla », de Maupas-sant, « L’Araignée » de Hanns HeinzEwers, « L’Indiscret » d’AlgernonBlackwood et quelques contes deMichel de Ghelderode (« Le Jardinmalade », « L’Écrivain public »).

Attention, lecteurs de Solaris, celivre est un ouvrage académique (ausens noble du terme) qui fait dansla théorie pointue. Si on peut êtrereconnaissant à l’auteur de ne passombrer dans les travers jargonau-tiques excessifs de nombre de sesconfrères lettrés nettement plus her-métiques, il reste que pour traverser

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sans encombre un tel travail d’ana-lyse, il est préférable de posséder uncertain bagage, notamment quelqueséléments de base de la théorie litté-raire. Bref, ça ne se lit pas commeun roman, on s’en doute bien, mêmesi à l’occasion Met donne dans laphrase proustienne un peu longuette.Défaut mineur de cette étude rigou-reuse et originale qui vient enrichirle corpus théorique sur la littératurefantastique, un « genre » qui necesse d’être questionné, analysé,disséqué tout en conservant encoreet toujours sa part de mystère.

Norbert SPEHNER

Jacques SpitzJoyeuses ApocalypsesParis, Bragelonne (Trésors de la SF),2009, 408 p.

Sous ce titre à la Pierre Desproges,la collection Les trésors de la SF, quedirige Laurent Genefort, exhume d’unoubli inacceptable trois romans deJacques Spitz et six nouvelles parues,pour certaines, dans des magazinesoubliés. Cet auteur a publié ses ou-vrages de 1938 à 1948, période oùla SF n’avait pas encore son nom enFrance, d’autant que c’était la périodede l’occupation nazie. On notera à cepropos que L’Homme élastique,qui date de 1938, anticipe sur le planhumain les horreurs de la guerre àvenir avec un pessimisme total : laguerre comme fatalité, grâce à oumalgré les efforts des technologies.

Le roman le plus extraordinaire,et qu’on a plaisir à voir réédité cor-rectement, est La Guerre desmouches, publié comme L’Hommeélastique dans la collection Blanchede Gallimard (1938). Il y avait eu en

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1936 La Guerre des salamandresde Karel Capek, qui posait le pro-blème du partage des territoires entreles hommes et les salamandres, quifaisait penser à d’autres revendi-cations territoriales, trois ans aprèsque l’Allemagne se soit donné lechancelier Hitler. Ici, le problème estmoins local : le conteur ou le chro-niqueur est l’un des quatre humainsrescapés, qui sont placés dans une ré-serve et que les mouches observent.

On a assisté à la montée en puis-sance et en intelligence tactique etstratégique des mouches. Leur plusbel exploit est l’invasion de Paris parles égouts ! Sans compter les duelsentre les avions et les nuages demouches. On voit comment avec unpetit habit tricoté elles franchissentles montagnes les plus froides, etapportent avec elles leur nourriture.Leur avancée depuis le Cambodgeoù l’un des quatre survivants est alléles observer jusqu’au pôle, fait penserà Napoléon et à son retour de l’îled’Elbe. Un pur bijou, à savourer pourceux qui aiment la SF et la littérature.[RB]

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Patrick RothfussLe Nom du vent : Chronique dutueur de roi : première journéeParis, Bragelonne, 2009, 648 p.

Un premier roman, une premièrejournée d’une trilogie, par un auteurétasunien – enseignant – dont c’estle premier ouvrage. Malgré ces pré-jugés défavorables, on se laisseprendre par la narration des aven-tures d’un jeune héros.

D’une part, nous avons une au-berge où un chroniqueur enregistreet écrit, mais où des événements, desforces inconnues (démons ? magi-ciens ? envoûtés?) interviennent, etrompent le fil d’un récit. Celui desaventures du héros, qui s’est retirédans cette auberge où il joue le rôled’un brave aubergiste. Le chroni-queur a été appâté par la perspectivede vérifier des rumeurs qui courentsur un personnage, mixte de demi-dieu et de Tintin au pays des sorciers.Il le rencontre dans cette auberge, etle héros supposé, l’aubergiste, donnesa version de l’histoire, tout en étantrenvoyé par moments, par les autres,à sa légende. Cette première journéeconte l’enfance et l’adolescence duhéros, son initiation à des mystèrespar un vieil « arcanien » défroqué,le massacre de ses parents par demystérieux Changrians dont on ignoreencore tout, ses années à l’universitéet à ses Archives, où il espère trouverun sens à ce massacre. On y trouveaussi ses démêlés avec un nobliauqui arrive à le faire fouetter, ses rap-ports émotionnels et sentimentaux,mais platoniques, avec les femmes,la magie de sa musique et son désirde savoir qui le conduit à affronterun démon qu’il terrasse par desmoyens difficiles à saisir.

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Ce décor planté, ces personnagesbien campés dans un moyen âgedécalé, tout conduit le lecteur à l’at-tente des deux journées à venir, quel’on espère aussi nourries de signeset d’indices, d’amours et de mystères,de violence, de magie et de poésie.

Roger BOZZETTO

Catherine DufourOutrage et rébellionParis, Denoël (Lunes d’encre), 2009,389 p.

Ce n’est pas une histoire, ni unpersonnage, plutôt un geste, unrituel, infiniment répété jusqu’à l’ef-fondrement. Un monde monstrueuxqui se développe aux dépens de celuiqui le lit, qui l’écoute. En vrac, c’estune production pornographique, unmorceau de musique punk: un précisd’insurrection par le sexe, le son et laviolence (réfractaires au désordre,aux expériences extrêmes, ne pas lireles lignes qui suivent, ne pas lire cetarticle d’ailleurs, ni le livre, jetez tout).« “Chie-moi sur la gueule, pisse-moi

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sur le ventre et DIS MOI QU’TUM’AIMES!”, c’est la définition de lavie, ça. C’est du marquis. »

Marquis est un le chef de filed’une bande de jeunes affreux, saleset méchants, qui ne trouvent rien demieux à faire, pour tromper leurennui et fuir une réalité à la fois op-pressante et terriblement absente,que jouer de la musique (primale)en se bastonnant, en baisant, ens’alcoolisant, en vomissant, en sepissant dans la bouche, plus un peude coprophagie. Mais jusqu’à unpoint de délire et de systématiquequi peut (et veut), comme on l’a vuci-dessus, provoquer le rire. C’esthénaurme, au même titre que Sade,aussi excitant, donc angoissant, doncrisible. On a des raisons de se de-mander, par exemple si l’on estamateur de space opera ou de touteautre forme science-fictive bien sage:« Mais qui a envie de lire un telbouquin? » Réponse : n’importe quidésirant (on pourrait couper cettephrase ici, d’ailleurs, désirant pointfinal, c’est-à-dire amoureux du de-venir et du possible), n’importe quidésirant respirer un peu l’air de sespropres limites, n’importe qui ne seprenant pas pour un petit saint, carjusqu’à preuve du contraire il vauttoujours mieux lire des fictions révo-lutionnaires que poser des bombessur des rails ou assassiner des gens(malgré ce que prétendent ceux quiconfondent tout).

De fait, Outrage et rébellion estpublié à la suite du Goût de l’im-mortalité, situé dans le même uni-vers carcéral et clivé : il se présentearmé de la réputation de l’auteur etd’un bouclier d’inconditionnels opi-niâtres, visant à faire avaler son

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amère pilule. Catherine Dufour estcependant mieux connue pour avoiragité la fantasy en y introduisantune bonne dose d’humour, voire ensubvertissant l’utilisation des codespropres à ce genre, car le monde etses doubles littéraires ne sont quedes représentations (Quand lesdieux buvaient). Comme elle aégalement donné quelques nouvellesaccrocheuses et que, selon l’expres-sion consacrée, « c’est un person-nage », la voilà propulsée parmi lesétoiles montantes de la SFF française,ce qui ne veut pas dire grand-choseet a plutôt tendance à éclipser l’es-sentiel : son écriture. Dans Outrageet rébellion, ses narrateurs de treizeans ne s’émeuvent de rien, elle neles présente pas autrement quecomme témoins d’un phénomènequi les a dépassés, qu’ils ont vécucomme on respire. Ils sont les ré-ceptacles, vierges d’émotion, deshumeurs et du foutre de marquis etde ses camarades musiciens. Ilsn’existent pas en tant que tel, ou nesont peut-être que langage. Ils n’ap-paraissent jamais que dans ces dia-

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logues menés avec leurs souvenirs,sauf à la toute fin, où le génériqueleur confère un statut, un surcroît desubstance.

On peut tenter de justifier Ou-trage et rébellion en le ramenantvers la morale (une dénonciation dessystèmes aliénants, une apologiede la vie, de la radicalité, etc.). Onpourrait aussi y voir une épopée dela puissance du langage, puissanceet vertige de la fiction qui risquetoujours le suicide, à l’exemple dupersonnage de marc, dont on neracontera pas le détail, mais qui està la frontière de l’érection jouissiveet de la rigor mortis. [SL]

Thomas DayLa Maison aux fenêtres de papierParis, Folio SF, 2009, 308 p.

Comme dans l’eau trop limpide,trop immobile d’un lac de montagne,on hésite à plonger au cœur de ceroman qui semble écrit pour ceux quivont au cinéma. Le sous-titre annoncela couleur : « Hommage à FukusakuKinji, Takashii Miike & QuentinTarantino ». On sait, au moins depuisLa Voie du sabre, que le Japon vabien au teint de Thomas Day, etqu’il est capable de le dépeindreavec un vrai talent de conteur. Maispour tout dire, cette fois, on a eupeur qu’un trop-plein de montageet d’images ne vienne empêcherl’écriture d’exister par elle-même.

À tort. Le classicisme des pre-mières pages vibre d’une rumeurcontenue, vivante, qui oscille entreconte cruel et fable initiatique.

La suite épouse des formes plusmodernes, nettement visuelles. Ony voit surtout le geste d’un auteurcapable de se faire le vecteur d’in-fluences multiples, et de les restituer.

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Écrire, ici, ce n’est pas imposer unangle exclusif, une tournure unique.C’est imiter, parodier (les mangas ;les séries B ; une certaine esthétiquegore) ; c’est aussi, probablement,réactiver un gène récessif, reproduired’anciennes incantations. Les varia-tions de style, de construction et derythme dessinent des formes et desfigures constantes. L’incertitude dupassage d’un épisode à l’autre est iciune poétique. Ouvrant un espace àla langue, elle la fait battre. L’occa-sion fait le livre – et son personnage.

Bien plus qu’un agrégat violentde souvenirs écrits avec le sang, ouqu’un « grand ménage » de deuilfait à l’occasion de la mort d’un chefYakuza, le récit par fragments deSadako, la femme panthère, est leportrait d’une narratrice complexe etle roman d’aventures d’un système :le crime organisé japonais, ses codes,son langage.

L’histoire de l’Oni no Shi est unleurre. Une fausse piste. L’épée ma-gique tueuse de démon est la borne,l’origine du texte, mais rien de plus :il ne faut y voir qu’une manipulationsymbolique, destinée au lecteuravide de spectaculaire. La geste deSadako semble procéder de tempslointains, mythiques.

Il fallait bien partir de quelquechose : La Maison aux fenêtresde papier regarde cette petite fillepas comme les autres grandir etdevenir une femme fatale, dans unJapon contemporain fantasmé, entreNagasaki Oni, chef démon d’une desdeux plus puissantes organisationsYakuza de l’archipel, et une bro-chette de porte-flingues tous plusdangereux les uns que les autres.Boss Nagasaki a un frère – HiroshimaOni, maître du gang rival, né comme

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lui d’un acte inhumain, dans le feuatomique de la bombe. « C’est lahaine envers la race japonaise etles valeurs japonaises qui nous aenfantés […] Sans doute bien avantnotre naissance, Hiroshima Oni etmoi étions destinés à devenir lespuissances protectrices d’un Japonhumilié, mis à genoux, qui allait enavoir bien besoin. La brume desmythes s’est condensée et précipitéedans ces deux fourneaux de radio-activité, comme elle aime parfois secondenser sur certaines montagnes,se précipiter dans certaines forêtsdites magiques ». En fait de protec-tion, les démons sont devenus uneforce de nuisance incontrôlable. AlorsBoss Nagasaki caresse un projet dé-lirant, paradoxal : libérer les hommesde l’influence de ses semblables. Lesinstruments de cette libération? L’Onino Shi et la féline Sadako, qu’iléduque de la pire manière (viols,brimades, humiliations), c’est-à-dire,pour qui veut faire d’une faible créa-ture une arme infaillible, la meilleure.« Tu verras l’avènement du monde

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des hommes […], et si j’ai fait detoi une grande guerrière, sculptantton destin comme on sculpte unmarbre de valeur, c’est pour que tuprécipites cet avènement et que tuen sois la clé ». Avant d’obliger lafemme panthère à le tuer, il lui révèleque de leurs amours forcés est né unrejeton monstrueux, dont l’ennemiHiroshima Oni a fait son héritier.

Il ne faut pas chercher les vraismoteurs de l’intrigue dans les duelsà l’épée, les pétarades entre gangs,les tribulations et les rituels du Japonunderground. L’enfant monstre s’effa-cera, presque comme il est apparu :mais pendant quelques mois, il vaêtre le centre, l’obsession, l’absolueraison de vivre et de tuer de Sadako.Elle le fait quérir, le reprend, l’en-ferme, tente de le comprendre, touten sachant qu’il ne lui appartiendrajamais, qu’il n’appartient pas au futurque son maître a rêvé. Relation dé-lirante, paradoxale.

Les contes situés au début et à lafin du livre développent – et mettenten abyme – toutes ces contradictions.On y découvre la légende de l’épéemagique, dont on a dit plus hautqu’elle était un leurre. De fait, si lesdémons de Thomas Day existent, ilssont la manifestation de ce que leshommes ont de plus noir – et deplus essentiel : nul fer, même surna-turel, ne peut abolir le mythe d’unetelle noirceur, de même que rien nepeut réparer un acte inhumain, ni au-cune des erreurs de l’histoire. « Tuverras l’avènement du monde deshommes », dit Boss Nagasaki. Maiscomment précipiter l’avènement dece qui est déjà advenu?

Faute d’avoir su dégager toutesles problématiques soulevées par

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son roman, Thomas Day se retrouveà filer une métaphore un peu floue,parfois laborieuse, mais que l’énergieet le caractère globalement incisifdu style arrivent largement à faireoublier.

Pour les amateurs, l’auteur nouspermettra de rajouter à sa filmo-graphie sélective le Young Yakuzade Jean-Pierre Limosin, étonnantdocumentaire sur l’apprentissaged’un jeune homme au sein d’un clanmafieux.

Sam LERMITE

Ilona AndrewsKate Daniels T.1 : MorsuremagiqueParis, Milady, 2009, 351 p.

À Atlanta, la magie et la techno-logie sont deux réalités entremê-lées, dont la préséance, mesurée parleur puissance respective, varie dansle temps, comme un ressac sur lagrève. C’est la prémisse de base deMorsure magique , de IlonaAndrews, nouvelle auteure classéedans la collection bit-lit des éditionsMilady, pour son univers de fantasyurbaine à la sauce féminine.Andrews écrit en collaboration avecson mari, et ils travaillent sur diffé-rents projets, selon leur site Internet.Morsure magique est leur premierroman publié, sous le titre MagicBurns en 2007, chez Ace Books.

Dans la jungle qu’est devenue laville depuis la résurgence de la magie,seuls les plus endurcis survivent.Kate Daniels, l’héroïne de Morsuremagique, est de ceux et celles quinaviguent entre les vagues magiqueset technologiques, grâce à des arte-facts comme les lampes fae, qui

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fonctionnent seulement pendant lesheures où la magie domine. Kate,accompagnée de sa fidèle épéeSlayer, tentera de résoudre le meurtrede son mentor et ami, le ChevalierDivin, membre de l’Ordre des Che-valiers de l’Aide Miséricordieuse. Or,il appert assez tôt que Kate est enconflit avec l’Ordre, et peut-êtremême en conflit avec la moitié del’Univers.

On se doute bien que la quêtede Kate sera parsemée d’embûches,car avec la magie revivent des créa-tures d’origine magique : il devientrapidement évident que la Meute,regroupement de Changeformes,menés par Curran, le lion-garoualpha, chef parmi les chefs, estimpliqué, tout comme le Peuple,regroupement quasi-sectaire d’illu-minés de la magie, dont les nécro-manciens formeront les principauxsuspects de Kate.

L’héroïne n’est pas en reste, côtémagie : elle possède une aptitudemagique qui demeure inconnue.Son sang possède des propriétésmagiques très puissantes et ellemaîtrise des mots de pouvoir trèsdangereux. Ainsi, elle affrontera descréatures d’une puissance incroyablesans jamais révéler d’où elle tientses talents, mais le lecteur se douterapidement que le mystère de lafiliation de Kate est lié à ces talentsparticuliers.

Avec son sale caractère, KateDaniels est une héroïne qui ne selaisse pas embêter ni rabrouer : ellepréfère provoquer et vivre avec lesconséquences plutôt que de demeu-rer passive et risquer de manquer laparade. Femme forte dans un monded’homme aux instincts animaux sur-

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développés, elle y navigue en jouanttoujours avec le feu. Évidemment,ces emportements amèneront cer-tains des plus palpitants momentsdu livre, mais seront aussi des vec-teurs dans la conclusion de sa quête.

L’univers développé par IlonaAndrews se révèle très intéressant,malgré la présence des garous etdes vampires. Heureusement, lescréatures de la nuit sont loin del’image romantique post-Lestat. Ici,les vampires sont des créatures hi-deuses contrôlées par des nécro-manciens, au même titre que lesautres « non-morts ». Cette visiondes vampires ravira les détracteursde la paranormal romance, maisles amateurs amenés au genre parTwilight pourront se rabattre, àdéfaut de vampires séduisants, surl’histoire d’amour entre Kate et Crest.Après tout, c’est de la bit-lit : il nefaut pas omettre les éléments venantde la chick-lit !

Cependant, le roman ne s’adressepas tant au lectorat féminin : l’en-quête est beaucoup plus importante

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que la quête amoureuse. Au chapitredes réussites du roman, notons lamise en place d’une rationalisation dela magie, par le biais de la « tech-nologie magique » : par exemple,Kate utilisera, dans son enquête, lescan-m, un relevé des influences ma-giques sur le lieu du crime. C’est àpartir de l’anomalie qu’elle y détec-tera qu’elle pourra résoudre l’énigme.Kate possède deux voitures, l’unefonctionnant à essence, l’autre senourrissant de magie. Ainsi, l’héroïnepeut se déplacer peu importe la pré-sence de la magie. Car là où la sagade Andrews se détache des autresœuvres de fantasy urbaine du mêmestyle, c’est dans l’absence de lamagie : parfois, c’est la technologiequi domine, et les personnages doi-vent composer avec un milieu quileur sied moins bien, même Kate, quipourtant semble humaine.

Si je devais reprocher un élémentà ce roman, il relèverait de l’organi-sation plutôt que de l’écriture : eneffet, les changements de scènes,dans un même chapitre, ne sont pasindiqués par un signe quelconque,pas même un saut de ligne, ce quirend parfois la lecture confuse, letemps et les lieux ayant changé sansavertissement d’une ligne à l’autre.C’est un détail anodin, certes, maisqui mériterait d’être corrigé. J’ajou-terais aussi un bémol au sujet del’illustration de couverture, certai-nement pas la plus belle de Milady.

Dans un langage coloré agrémentéd’un rythme rapide, Morsure ma-gique s’avère un bon roman qui saittenir son lecteur en haleine. La finaleest parsemée de quelques questionsnon résolues, mais qui le seront, ons’en doute bien, au fil des tomes, à

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commencer par Brûlure magique,prochainement chez Milady. Remer-cions le label des éditions Bragelonnede nous faire découvrir en traductiondes romans captivants d’aussi bonnefacture.

Mathieu FORTIN

Graham MastertonDémencesParis, Milady, 2009, 444 p.

Graham Masterton, auteur d’hor-reur écossais, connaît le succès dèsson premier roman, Manitou, en1975. Il compte maintenant plusd’une trentaine de romans d’épou-vante (et autant dans d’autres genres),tous traduits dans de nombreuseslangues. Héritier d’un imaginairelovecraftien, il dépeint la plupart dutemps des personnages face à deterribles démons sanguinaires quimenacent de les pousser sur le seuilde la folie. Aussi connu que StephenKing et Dean Koontz, il n’a plus àfaire ses preuves.

Vraiment?Testons-le avec la récente réédition

de son seizième roman, Démences.Originellement publié en 1989 sousle titre Walkers, ce roman a connuune première version française dansla défunte collection Terreur chezPocket en 1991. Autant dire qu’iln’était plus disponible depuis de tropnombreuses années sur les tablettesdes librairies. Oh bien sûr, on pouvait,en fouillant, en retrouver une copiede seconde main dans une bouqui-nerie poussiéreuse… mais je sou-haitais depuis longtemps le retourde la gloire de la littérature d’horreurdes années 80 et début 90. Monsouhait a été exaucé lorsque j’ai

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appris que l’éditeur Milady avaitcommencé la réédition de plusieurspetits bijoux bien sanglants ! Et leschoses ne sont pas faites à moitié :les amateurs du genre ont droit àde magnifiques couvertures et à destraductions de qualité.

Mais revenons à Démences. L’his-toire rappelle un film de fin de soirée(midnight movie), une série B : JackReed, directeur d’une compagnie depose d’échappements, tombe parhasard sur une vieille bâtisse aban-donnée, perdue dans la campagnedu Wisconsin. Il décide de l’acheterpour la transformer en club sportif.Quelle excellente occasion d’affaire!Jack va bientôt découvrir l’horreur :cet endroit est un ancien asiled’aliénés… mais les fous y résidenttoujours! Cachés dans les murs grâceà la magie noire, ils sont devenus, aufil des années, de terribles monstresde plâtre. Si vous vous tenez tropprès des murs, ils vous agrippent !

Un classique de l’horreur contem-poraine. Face à une telle réputation,est-ce que le livre se montre à la

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hauteur des attentes? Oui. C’est unroman d’épouvante comme je lesaime ! C’est un pur régal pour lesamateurs de littérature mais égale-ment de cinéma d’horreur ainsi quedu théâtre Grand Guignol, avec desscènes d’une violence souvent à lalimite du supportable. Dès les pre-mières lignes, on entre dans l’action,on est happé par des hameçons quipénètrent notre peau pour ne nousrelâcher qu’à la toute fin. C’est à lafois terrifiant et amusant. L’écriturede Masterton est aussi efficace dansla simplicité du quotidien des per-sonnages que dans les grandiosesexcès de violence. Il connaît lesficelles d’une histoire bien menéeet d’une ambiance réussie. Il sauravous faire peur.

Oserez-vous lire Démences, adosséà un mur?

Jonathan REYNOLDS

José SaramagoLes Intermittences de la mortParis, Seuil (Points), 2009, 263 p.

Dans un pays non-identifié, dontni la superficie ni même la langue nesont connues, au 1er janvier d’uneannée non-identifiée non plus, àexactement minuit, la populationhumaine arrête de mourir. Ô joie,allégresse et toutes ces sortes dechoses ! L’immortalité à portée demain ! Partout on se réjouit, partouton fête. Mais l’exaltation est decourte durée. En effet, ce n’est parcequ’on ne meurt plus qu’on guérit desmaladies, de la démence, de l’inva-lidité ou qu’on se réveille du coma…et bien sûr, on souffre tout autant !Bientôt, les maisons de retraite dé-bordent – puisqu’il n’y a plus de

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« roulement » – les hôpitaux affi-chent complet, les pompes funèbresfont faillite, les compagnies d’assu-rance non plus rien à vendre, et sur-tout… oh oui, surtout… l’Église apeur. Comment garder les fidèles,lorsque la foi même est guidée parl’espérance du salut éternel ? L’éco-nomie du pays est en grand danger :non seulement plus personne ne saità quand porter l’âge de la retraite,mais plus grave encore, commentpayer les pensions? Le gouvernementretourne la situation dans tous lessens, propose des solutions aux com-pagnies d’assurance (payer les primesdès que la personne atteint un certainâge), aux pompes funèbres (enter-rement officiel obligatoire pour lesanimaux domestiques), mais rien detout cela ne peut freiner la crise quia touché le pays. Ainsi que l’auteurle résume, avec un style inimitable :« Le pays se trouve dans une agita-tion sans précédent, le pouvoir dansla confusion, les valeurs dans unprocessus accéléré d’inversion, laperte du respect civique touchetoutes les couches de la société,dieu lui-même ne sait probablementpas à quoi tout cela nous mènera. »Et comme se le fait dire le roi dupays-où-on-ne-meurt-plus : « …sire,si nous ne recommençons pas àmourir, nous n’aurons pas d’avenir. »

S’enclenche alors un processusclandestin : puisqu’on ne meurt plusdans ce pays et que la situation estintenable, emmenons donc nos mou-rants/malades/vieux dans le paysvoisin, de nuit, discrètement, à lafrontière, afin qu’ils trépassent. Idéede génie s’il en est, mais bientôt cesdéplacements – originellement ef-fectués par les familles n’en pouvant

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plus de voir leurs proches souffrirsans pouvoir mourir – attirent l’at-tention. Puisqu’il y a une demande,profitons-en pour nous remplir lespoches au passage : la maphia (sic)décide de prendre le monopole dutrafic, et, moyennant finances, con-voie les mourants de l’autre côté dela frontière. Le gouvernement, quivoit là une occasion de faire du profit,s’associe (secrètement) à la maphia,et poste des soldats aux frontièresafin de contrôler le passage. Évi-demment, privée d’échéancier, la po-pulation commence aussi à souffrirdu manque de sens à leur vie. Toutpourrait continuer à marcher sur latête longtemps.

C’est ici que la mort intervient :après quelques mois, par un com-muniqué écrit, adressé aux médias,elle explique les raisons qui l’ontpoussée à faire cette « grève de lamort ». Elle voulait juste montrer auxhumains (n’oublions pas que chaqueespèce a sa mort personnelle, oui,oui) un petit échantillon de ce quesignifierait une vie éternelle. Devantles résultats catastrophiques de sapetite expérience, elle rétablit le soirmême, à minuit, le processus de mort.Et tous ceux qui devaient trépasserdans les derniers mois, trépasseront.Bien sûr, ceux qui ont payé très cherpour le transport de leurs prochesdans le pays voisin sont mécontents,car finalement, s’ils avaient attenduun peu, cela aurait été gratuit. Lamort, magnanime, annonce alorsqu’elle a mis en place un nouveausystème. Un système de décès-par-courrier : chaque personne qui doitmourir recevra par la poste une lettreviolette lui annonçant la date etl’heure de sa mort, une semaine

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avant, ainsi il pourra régler ses af-faires, faire son testament, préparerson départ, etc. Mais la mort neconnaît pas bien l’âme humaine, carce nouveau système provoque lapanique au sein de la population.C’est alors qu’il survient un évé-nement absolument inexplicable,même pour la mort…

Avec une verve extraordinaire –bravo à la traductrice qui a réussi àrendre la richesse de la langue et lestyle si particulier à l’auteur –, JoséSaramago, prix Nobel de littératurequi a également écrit L’Aveu-glement et dont l’œuvre a fait delui un des écrivains majeurs de lalittérature portugaise, nous faitplonger dans le quotidien de la mort,exécutrice un peu fonctionnaire quine sait plus très bien (cela fait silongtemps, n’est-ce pas?) qui lui adonné ses instructions ni pourquoi.Personnage haut en couleur et extrê-mement vivant (!), la mort nous faitpartager ses interrogations, son tra-vail et sa difficulté à trouver sa placedans un système dont elle a toutoublié. Le style de Saramago n’estpas facile : les dialogues sont insérésà même le corps du texte ; on passed’une description à une virgule etpuis oups, une majuscule et le dia-logue commence. Si, au premierabord, c’est un peu difficile à suivre,on s’habitue rapidement à ce rythmeétrange, à la fois très littéraire ettrès oral. Cela provoque un senti-ment de distanciation, accentué parle fait que le narrateur, tout puis-sant (tel dieu ou la mort décidantde l’avenir de ses personnages),s’adresse régulièrement au lecteur,corrige des informations au fur et àmesure s’il s’aperçoit qu’il a négligé

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un point ou qu’il s’est trompé sur unautre. Il n’y a pas de majuscules auxnoms propres, ce qui provoque aussila sensation d’une dépersonnalisationde l’histoire. Mais rien de tout celane m’a gêné; au contraire, la languede Saramago est si riche qu’il réussità provoquer dans une même phrasele sourire, l’étonnement et la colère.Les interventions directes du narra-teur, ses spéculations sur ce quiaurait pu arriver si telle situationavait été autre, le côté didactiqueallié à un humour à froid et certainestouches d’acide disséminées de cide là sous des dehors de fausse in-nocence, font de ce roman une véri-table allégorie de la mort et de lavie, une observation acérée de l’hu-manité, et, par-dessus tout, une lec-ture absolument jouissive. L’auteurva loin, très loin, irrévérencieux etlettré, et fait des pieds de nez élé-gants au politiquement correct. Etpuis, comment résister à un romanqui commence par « Le lendemain,personne ne mourut. »?

Pascale RAUD

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LITTÉRATURE

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ANDREVON, Jean-PierreGuerre des mondes ! Invasions martiennes, de Wells àSpielbergLyon, Les Moutons électriques, 2009, 192 pages.

BARON, ChristineLa Littérature et son autre: utopie littéraire et ironie dansles œuvres de Borges, Calvino et QueneauParis, L’Harmattan, 2008, 244 pages.

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CASTRICANO, JodeyThe Gothic and Psychoanalysis, Literature and FilmCardiff, University of Wales Press, 2009, 224 pages.

Quoi de neuf à propos de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy?Cette rubrique, qui se veut le pendant « non fiction » de celle que voustrouvez dans le volet papier de Solaris, « Sur les rayons de l’imaginaire »,vous propose un choix d’études internationales sur divers aspects de vosgenres favoris. La bibliographie est divisée en trois parties : les étudeslittéraires, qui portent donc sur la littérature fantastique et de science-fiction proprement dite, les monographies consacrées à un auteur enparticulier et les essais qui traitent du cinéma ou de la télévision.

par Norbert SPEHNER

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181S O L A R I S 1 7 1

LEIGH, David J.Apocalyptic Patterns in Twentieth Century FictionNotre Dame (Ind.), University of Notre Dame Press, 2008,xvi, 256 pages.

MANSON, CynthiaThe Fairy Tale of Charles Dickens, Christina Rosetti, andGeorge MacDonald : Antidotes to the Victorian SpiritualCrisisLewiston, Edwin Mellen Press, 2008, v, 148 pages.Préface de Jerome Meckier.

McDONNELL, Frank D.The Science of Fiction and the Fiction of Science: CollectedEssays on SF Storytelling and the Gnostic ImaginationJefferson (NC), McFarland, 2009, 232 pages.

MENDLESOHN, FarahInter-Galactic Playground: A Critical Study of Children’sand Teen’s Science FictionJefferson (NC), McFarland (Critical Explorations in ScienceFiction and Fantasy), 2009, 324 pages.

MET, PhilippeLa Lettre tue : Spectre(s) de l’écrit fantastiqueVilleneuve d’Ascq, Presses Universitaires d’Aquitaine (Objet),2009, 268 pages.

MICHAUD, ThomasScience Fiction and InnovationParis, Marsisme, 2008, 127 pages. [http://marsisme.com]

MICHAUD, ThomasTélécommunications et science-fictionParis, Marsisme, 2008, 648 pages.

MUND-DOPCHIE, MoniqueUltima Thulé : histoire d’un lieu et genèse d’un mytheGenève, Droz, 2009, 494 pages.

MURPHY, BerniceThe Suburban Gothic in American Popular Culture,1948-2008New York, Palgrave Macmillan, 2009, 256 pages.

PRIEST, Christopher« It » Came from Outer SpaceHastings (UK), GrimGrin Studio, 2009, 246 pages.Recueil d’essais et d’articles divers.

RANSOM, Amy J.Science Fiction from Québec : A Critical StudyJefferson (NC), McFarland (Critical Explorations in ScienceFiction and Fantasy), 2009, 257 pages.

SAGE, VictorCultural History of European Gothic LiteratureCambridge & Oxford, Polity Press (Cultural History ofLiterature), 2009, 224 pages.

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S O L A R I S 1 7 1182

SCHNEIDER, Susan (ed.)Science Fiction and PhilosophyHoboken (NJ), John Wiley & Sons (Blackwell Philosophyand Pop Culture), 2009, 366 pages.

SCHWEITZER, DarrellThe Fantastic Horizon: Essays and ReviewsRockville (MD), Wildside Press/Borgo Press, 2009, 238 pages.

SEMPÈRE, EmmanuelleDe la merveille à l’inquiétude. Le registre du fantastiquedans la fiction narrative du XVIIIe sièclePessac, Presses universitaires de Bordeaux (Mirabilia), 2009,608 pages.

STEVENSON, JayThe Complete Idiot’s Guide to VampiresIndianapolis (IN), Alpha Books, 2009, 287 pages.

THALER, IngridBlack Atlantic Speculative Fictions : Octavia E. Butler,Jewelle Gomez, and Nalo HopkinsonLondon & New York, Routledge, 2009, 192 pages.

TRUFFIN, Sherry R.Schoolhouse Gothic : Haunted Hallways and PredatoryPedagogues in Late Twentieth-Century American Literatureand ScholarshipNewcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2008, 182 pages.

TURCOTTE, GerryPeripheral Fear: Transformations of the Gothic in Canadianand Australian FictionNew York, et al., Peter Lang (Nouvelle poétique compara-tiste 21), 2009, 258 pages.

VAN HELSING, Abraham (alias BRASEY, Édouard)Traité de vampirologieParis, Pré aux Clercs, 1009, 467 pages.Van Helsing n’aurait jamais écrit Bram Stocker ! Fie !

WARNES, ChristopherMagical Realism and the Postcolonial Novel : BetweenFaith and IrreverenceNew York, Palgrave Macmillan, 2009, 189 pages.

WESTFAHL, Gary & George SLUSSER (eds.)Science Fiction and the Two Cultures : Essays on Bridgingthe Gap Between the Sciences and the HumanitiesJefferson (NC), McFarland (Critical Explorations in ScienceFiction and Fantasy), 2009, 264 pages.

WILSON, E. HarlanTechnologized Desire : Selfhood and the Body in Post-capitalist Science FictionHyattsville (MD), Raw Screaming Screaming/Guide DogBooks, 2009, 207 pages.Livre sur demande.

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À PROPOS DES AUTEURS

AUXIER, Randall E. & Phillip S. SENG (eds.)The Wizard of Oz and Philosophy : Wicked Wisdom ofthe WestChicago (Ill.), Open Court (Popular Culture and Philosophy 37),2008, ix, 366 pages.

BARKLEY, ChristineStephen R. Donaldson and The Modern Epic Vision : ACritical Study of The Chronicles of Thomas the CovenantNovelsJefferson (NC), McFarland, 2009, 233 pages.

BARNES, NigelA Dream Within a Dream: The Life of Edgar Allan PoeLondon, Chester Springs (PA), 2009, 348 pages.

BEAULÉ, SophieJean-Louis TrudelOttawa, David (Voix didactiques), 2008, 392 pages.

BOLTON, ChristopherSublime Voices: The Fictional Science and Scientific Fictionof Abe KoboCambridge (Mass.), The Harvard University Asia Center, 2009,322 pages.

BOON, Kevin A.George Orwell : Animal Farm and Nineneteen Eighty-FourNew York, Marshall Cavendish Benchmark, 2009, 143 pages.

BOURLIER, PierreAu cœur de 1984 : l’héroïsme anti-utopiqueStrasbourg, P. Bourlier, 2008, 231 pages.

Déjà paru sous le titre Dans 1984 de George Orwell.

BROWN, KarenPrejudice in Harry Potter’s World : A Social Critique ofthe SeriesCollege Station (TX), Virtualbookworm.com Publications,2008, vi, 285 pages.

BOUNDS, PhilipOrwell and Marxism: The Political and Cultural Thinkingof George OrwellLondon, Tauris (Internatioal Library of Cultural Studies, 4),2009, 253 pages.

BURLING, William J. (ed.)Kim Stanley Robinson Maps the Unimaginable : CriticalEssaysJefferson (NC), McFarland (Critical Explorations in ScienceFiction and Fantasy), 2009, 328 pages.

CAILLOIS, RogerJorge Luis BorgesSaint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2009, 30 pages.

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S O L A R I S 1 7 1184

CHLOE, AvrilThe Feminist Utopian Novels of Charlotte Perkins Gilman:Themes of Sexuality, Marriage, and MotherhoodLewiston (NY), Edwin Mellen Press, 2008, viii, 199 pages.

CLAUDON, Francis & Maryvonne PERROT (dirs.)Transfigurer le réel : Aloysius Bertrand et la fantasmagorieDijon, Centre Gaston Bachelard (Figures libres), 2008, 217pages.

COLOMBO, Angelo & Delphine BAHUET GACHET (dirs.)Dino Buzzati d’hier et d’aujourd’huiBesançon, Presses universitaires de Franche-Comté (Littératureet histoire des pays de langue européennes, 78), 2008, 474pages.

DAUMANN, ChristianWonderlands in Flesh and Blood: Gender, The Body, itsBoundaries and their Transgression in Clive Barker’sImajicaMünchen, Martin Meidenbauer (Akademische Verlagsgemein-schaft München), 2009, 102 pages.

DUPUY, LionelJules Verne espérantiste ! Une langue universelle pourune œuvre intemporelleParis, SAT Amikaro, 2009, 98 pages.

ERICKSON, DanielGhosts, Metaphor, and History in Toni Morrison’s Belovedand Gabriel Garcia Marquez’s One Hundred Years ofSolitudeNew York, Palgrave MacMillan, 2009, 264 pages.

FOREST-HILL, LynnThe Mirror Crack’d: Fear and Horror in J.R.R. Tolkien’sMajor WorksNewcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2008,vi, 246 pages.

FREESE, PeterThe Clown of Armageddon: The Novels of Kurt VonnegutHeidelberg, Winter Verlag (American Studies, 174), 2009,769 pages.

GRESH, Lois H.Tout l’univers de Twilight : le guide non officiel de la sagade Stephenie MeyerParis, City, 2009, 254 pages.

HARTMANN, JonathanThe Marketing of Edgar Allan PoeNew York & London, Routledge (Studies in American PopularHistory and Culture), 2008, vii, 134 pages.

HOPPA, JocelynIsaac Asimov: Science Fiction TrailblazerBerkeley Heights (NJ), Enslow Publishers, 2009, 104 pages.

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185S O L A R I S 1 7 1

INCE, KateGeorge Franju : au-delà du cinéma fantastiqueParis/Québec, L’Harmattan/Les Presses de l’Université Laval(Cinéma et société), 2008, 180 pages.

JACCOTTET, PhilippeAvec André DhôtelSaint-Clément-de Rivière, Fata Morgana, 2008, 105 pages.

KING, BruceRobert Graves : A BiographyLondon, Haus Publishing, 2008, 266 pages.

LOSSENDIÈRE, Lucie deLa Magie révélée dans Harry PotterParis, Contre-Dires, 2008, 242 pages.

LUKAS, Scott A. & John MARMYSZ (eds.)Fear, Cultural Anxiety, and Transformation : Horror,Science Fiction and Fantasy Films RemadeLanham (MD), Lexington Books, 2009, vii, 301 pages.

McMAHON, GaryKurt Vonnegut and the Centrifugal Force of FateJefferson (NC), McFarland, 2009, viii, 251 pages.

MENDLESOHN, Farah (ed.)On Joanna RussMiddletown (Conn.), Wesleyan Publishing University Press,2009, 304 pages.

16 essais.

MOONSHOWER, CandieVivan Van Velde : Author of Fantasy FictionBerkley Heights (NJ), Enslow Publishers (Authors TeensLive), 2009, 128 pages.

NORMAND, Jean-PierreScience Fiction IllustrationsEncino (CA), Hollywood Comics, 2009, 60 pages.

Rétrospective de ses magnifiques illustrations.

PATTEN, Bernard M.The Logic of Alice : Clear Thinking in WonderlandAmherst (NY), Prometheus Books, 2009, 336 pages.

PERRY, Dennis & Carl SEDERHOLMPoe, The House of Usher, and American GothicNew York, Palgrave Macmillan, 2009, 208 pages.

RACKSTRAW, LoreeLove as Always, Kurt : Vonnegut as I Knew HimNew York, Da Capo Press, 2009, 304 pages.

RORABECK, RobertTolkien’s Heroic QuestMaidstone, Crescent Moon, 2008, 151 pages.

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S O L A R I S 1 7 1186

SCHWARTZ, Evan I.Finding Oz: How L. Frank Baum Discovered the GreatAmerican StoryBoston, Houghton Mifflin Harcourt, 2009, 400 pages.

SPEHNER, NorbertJules Verne dans le numéro hors série de Marginalia 5, février2009, 26 pages.Disponible ici : http://scribd.com/marginaliaBibliographie des études internationales sur Jules Verne.

VANCE, JackThis is Me!Burton (MI), Subterranean Press, 2009, 200 pages.Autobiographie de Jack Vance.

VESCO, EdiLe Guide magique du monde de Harry PotterParis, Archipel (Archipoche), 2008, 265 pages.

VOLTZ, TiloGothic Fiction and The Turn of the ScrewMünchen, Grin Verlag, 2009, 36 pages.

WEINSTOCK, Jeffrey Andrew & Tony MAGISTRALE (eds.)Approaches to Teaching Poe’s Prose and PoetryNew York, Modern Language Association, 2008, vii, 239 pages.

ZACHARIAS, Greg W. (ed.)A Companion to Henry JamesMalden (MA), Blackwell (Blackwell Companions to Literatureand Culture), 2008, xiii, 505 pages.

CINÉMA & TÉLÉVISION

BALMAIN, ColetteIntroduction to Japanese Horror FilmEdinburgh, Edinburgh University Press, 2009, 224 pages.

BASSOM, DavidBattlestar Galactica Downloaded : Inside the Universe ofthe Critically Acclaimed TV SeriesLondon, Titan Books, 2009, 176 pages.

BENNETT, Tara DiLulloThe Art of Terminator SalvationLondon, Titan Books, 2009, 256 pages.

BENNETT, Tara DiLulloTerminator Salvation : The Official CompanionLondon, Titan Books, 2009, 176 pages.

BÉTAN, Julien & Raphaël COLSON [avec Julien Sévéon]Zombies !Lyon, Les Moutons électriques, 2009, 342 pages.

BRAUN, J. W.The Lord of Films : The Unofficial Guide to Tolkien’sMiddle Earth on the Big ScreenToronto, ECW Press, 2009, 176 pages.

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187S O L A R I S 1 7 1

BRODE, DouglasRod Serling and The Twilight Zone : The Official 50th

Anniversary TributeNew York, Barricade Books, 2009, 245 pages.

BROOKS, MaxGuide de survie en territoire zombieParis, Calmann-Lévy, 2009, 318 pages.

BROWN, Richard & Kevin S. DECKER (eds.)Terminator and Philosophy: I’ll Be Back, Therefore I AmHoboken (NJ), John Wiley & Sons (Blackwell Philosophyand Pop Culture Series), 2009, 304 pages.

BROWNING, John Edgar & Caroline Joan PICART (eds.)Dracula, Vampires, and Other Undead Forms: Essays onGender, Race and CultureLanham (MD), Scarecrow Press, 2009, 368 pages.

BUTLER, DavidFantasy Cinema: Impossible Worlds on ScreenLondon, Wallflower Press (Short Cuts), 2009, 144 pages.

CHRISTENSEN, Aaron (ed.)Horror 101 : The A-List of Horror Films and MonsterMovies (vol. 1)Baltimore (MD), Midnight Marquee Press, 2009, 320 pages.Préface de Tom Savini.

COLLECTIFL’Année 2008 du cinéma fantastiqueParis, L’Écran fantastique (Guide annuel), 2009.

COOMBS, NeilStudying Surrealist and Fantasy CinemaLeighton Buzzard (UK), Auteur Publishing, 2009, 160 pages.Ouvrage pédagogique.

COTTA VAZ, MarkLe Guide officiel du film TwilightParis, Hachette Littérature, 2008, 144 pages.

COWAN, Douglas E.Sacred Terror : Religion and Horror on the Silver ScreenWaco (TX), Baylor University Press, 2008, x, 315 pages.

DAVIES, Russell T. & Benjamin COOKDoctor Who : The Writer’s Tale. The Untold Story of theBBC SeriesLondon, BBC Books, 2008, 512 pages.

ELLISON, HarlanHarlan Ellison’s WatchingMilwaukie (OR), Dark Horse Books /M Press/ EdgeworksAbbay, 2008, 520 pages.

FRANKS, Benjamin, HARPER, Stephen & JonathanMURRAY (eds.)The Quest for The Wicker ManEdinburgh, Luath Press Ltd, 2009, 192 pages.

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GERAGHTY, Lincoln (ed.)Channeling the Future : Essays on Science Fiction andFantasy TelevisionLanham (MD), The Scarecrow Press, 2009, 254 pages.

GOLDMAN, MichaelHeroes Revealed : Featuring Series 1, 2, and 3New York, Dorling Kindersley, 2009, 128 pages.

GORDON, Andrew M.Empire of Dreams : The Science Fiction and FantasyFilms of Steven SpielbergNew York, et al., Rowman & Littlefield, 2008, x, 291 pages.

GRACEY, JamesDario ArgentoHarpenden (UK), Kamera Books, 2009, 160 pages.

GRAMS, MartinThe Twilight Zone : Unlocking the Door to a TelevisionClassicChurchville (MD), OTR Publishing, 2008, 816 pages.

HALLENBECK, Bruce G.Comedy-Horror Films: A Chronological History, 1914-2008Jefferson (NC), McFarland, 2009, 324 pages.

HANLEY, RichTimeline of The Planet of the Apes : The Definitive Un-authorized ChronologyLong Island (NY), Hasslein books, 2009, 322 pages.

HARPER, JimItalian HorrorBaltimore (MD), Luminary Press (A Division of MidnightMarquee Press), 2009, 252 pages.

HARDWICKE, CatherineTwilight: Director’s Notebook: The Story of How We Madethe Movie Based on the Novel by Stephenie MeyerLondon, Little Brown Young Readers, 2009, 176 pages.

HENRY, BorisFreaks : de la nouvelle au filmPertuis, Rouge profond (Raccords), 2009, 128 pages.

HENRY, FranckLe Cinéma fantastiqueParis, Cahiers du Cinéma (Les Petits cahiers), 2009, 95 pages.

HOUSE, Rebecca & J. Jeremy WISNEWSKI (eds.)X-Men and Philosophy: Astonishing Insight and UncannyArgument in the Mutant X-VerseHoboken (NJ), John Wiley & Sons (The Blackwell Philosophyand Pop Culture Series), 2009, 272 pages.

JONES, Sara GwenllianTelevision, Cult and the FantasticLondon (UK), A Hodder Arnold Publication, 2009, 224 pages.

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KIRBY-DIAZ, Mary (ed.)Buffy and Angel Conquer the InternetJefferson (NC), McFarland, 2009, 219 pages.

KOWALSKI, Dean A. (ed.)The Philosophy of the X-FilesLexington, The University Press of Kentucky (The Philosophyof Popular Culture), 2009, 314 pages.Ouvrage de 2007 réactualisé pour inclure le dernier film.

KNIGHT, Nicholas,Supernatural : The Official Companion Season 3London, Titan Books, 2009, 160 pages.

LUKAS, Scott & John MARMYSZFear, Cultural Anxiety, and Transformation : Horror,Science Fiction, and Fantasy Films RemadeLanham, Lexington Books, 2009, vii, 301 pages.

MANK, WilliamBoris Karloff and Bela Lugosi : The Expanded Story of aHaunting Collaboration (with a complete filmography oftheir collaboration together)Jefferson (NC), McFarland, 2009, 664 pages.

MARGOLIES, Harriet, Sean CUBBITT, Barry KING &Thierry JUTEL (eds.)Studying the Event Film: The Lord of the RingsManchester, Manchester University Press, 2009, 384 pages.

NEMEROV, AlexanderIcons of Grief : Val Lewton’s Home Front PicturesBerkeley, University of California Press, 2009, 213 pages.Films d’horreur tournés entre 1942 et 1946.

PARLA, Paul & Charles P. MitchellScreen Sirens Scream! Interviews with 20 Actresses fromScience Fiction, Horror, Film Noir and Mystery Movies,1930s-1960sJefferson (NC), McFarland, 2009, 256 pages.

PASZYLK, BartlomiejThe Pleasure and Pain of Cult Horror Films: An HistoricalSurveyJefferson (NC), McFarland, 2009, 248 pages.

PAUL, LouisTales from the Cult Film Trenches : Interviews with 36Actors from Horror, Science Fiction and ExploitationCinemaJefferson (NC), McFarland, 2008, 336 pages.Préface de Tom Weaver.

PRICE, MichaelForgotten Horrors : The Definitive EditionBaltimore (MD), Midnight Marquee Press, 2009, 312 pages.

RIGBY, JonathanChristopher Lee : The Authorized Screen HistoryLondon, Reynolds & Hearn Ltd, 2009, 276 pages.

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RIGBY, JonathanEnglish GothicLondon, Reynolds & Hearn Ltd, 2009, 336 pages.100 ans de films d’horreur anglais.

SANDERS, JohnStudying Disaster MoviesLeighton Buzzard (UK), Auteur Publishing, 2009, 160 pages.Ouvrage pédagogique.

SAVILE, StevenFantastic TV: 50 Years of Cult Fantasy and Science FictionMedford (NJ), Plexus Publishing, 2009, 256 pages.

SHAPSAY, Sandra (ed.)Bioethics at the MoviesBaltimore, Johns Hopkins University Press, 2009, xviii, 380pages.

SHATNER, William et Chris KRESKIStar Trek MemoriesNew York, Harper Paperbacks, 2009, 320 pages.Éd. or. : 1993, avec Chris Kreski.

SUNSHINE, Linda (ed.)The Art of Monsters vs. AliensNew York, New Market Press, 2009, 192 pages.Préface de Stephen Colbert.

THOMPSON, JeffThe Television Horrors of Dan Curtis : Dark Shadows, TheNight Stalker, and Other Productions, 1966-2006Jefferson (NC), McFarland, 2009, 200 pages.Préface de Jim Pierson.

VARTANIAN, IvanGodzilla and Friends : The Art of the Japanese MonsterNew York, Collins Design, 2009, 144 pages.

WALTERS, JamesAlternative Worlds in Hollywood CinemaChicago, Chicago University Press, 2009, 224 pages.

WARREN, BillKeep Watching the Sky! American Science Fiction Moviesof the FiftiesJefferson (NC), McFarland, 2009, 928 pages.Préface de Howard Waldrop. 2 volumes en 1, avec plus de 270photos. Nouvelle édition augmentée et révisée. Éd. or. : 1982.

WEAVER, TomScience Fiction Confidential : Interviews with 23 MonsterStars and FilmmakersJefferson (NC), McFarland, 2009, 320 pages.

WHITE, Mark (ed.)Watchmen and Philosophy: A Rorschach TestHoboken (NJ), John Wiley & Sons (The Blackwell Philosophyand Pop Culture Series), 2009, 240 pages.

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parHugues MORIN [HM] et Christian SAUVÉ [CS]

Star TrekVoici ma confession, cher lecteur de Solaris : je suis un ex-

trekkie. Je fais partie de ceux dont l’éducation SF a été façonnée àl’adolescence par Star Trek: The Next Generation. Précisément,je suis devenu trekkie de première classe pendant l’été entre lesdeux moitiés de l’épisode « Best of Both Worlds » et le suis restéjusqu’à la première saison de Deep Space Nine. Ensuite, j’aigradué vers Babylon-5 et surtout (surtout !) vers la SF écrite.

La suite de ma relation entre la patrouille de l’espace et moin’est pas très heureuse. Refusant de m’enticher de Voyager ouEnterprise, je me suis même surpris à renier ma passion adoles-cente pour critiquer sans vergogne cet univers qui me semblait demoins en moins intéressant. Pire, le mépris s’est affadi en simpleindifférence. Les films de la série Trek s’avérant de plus en plusnavrants – vous rappelez-vous ce qui se passe dans Nemesis ?dans Insurrection? – j’avais tout simplement perdu intérêt. L’an-nonce d’un reboot par J. J. Abrams n’a pas fait un pli : j’étais àce point apathique que l’annonce d’une comédie musicale avecKirk comme ocelot me serait apparue une idée aussi bonne qu’uneautre…

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Or si j’étais une brebis égarée, la mouture 2009 de Star Treks’est avérée l’objet de ma rédemption. Car, ô stupeur ! c’est unfilm qui atteint des objectifs presque impossibles, le moindren’étant pas de raviver mon intérêt en tout ce qui est Star Trek.Au cours de mes années d’errance, j’avais oublié le plaisir quej’avais pu ressentir à vivre en compagnie de Kirk, Spock et deleurs collègues.

Ce sont les risques pris par Abrams qui frappent l’esprit,davantage que les incohérences ou bien les circonvolutions del’intrigue. Dès les premières minutes, une bonne partie du canonStar Trek est évacuée par l’entremise d’une rupture irréversibleprovenant du futur. Kirk devient un orphelin adolescent rebelleen manque d’autorité… et ce n’est que le début des changements.Cette décision audacieuse accorde aux scénaristes la latitude né-cessaire pour réunir la bande habituelle malgré les coïncidencesénormes que cela entraîne. Mais il fallait bien conserver l’espritdes relations entre nos personnages favoris ; ceux-ci n’étant pastotalement calqués sur leurs archétypes, et une part des surprisesdu film est de voir ce qui est repris, et ce qui est abandonné.

Une chose est certaine, il ne s’agit pas du Star Trek de nosparents. L’action est trépidante, servie par une cinématographienaturaliste pleine de mouvement et de reflets, et l’humour esthabilement mis au service du (re)développement des personnages.Ici et là, des détails étonnants annoncent les couleurs : qui auraitimaginé entendre « Sabotage » des Beastie Boys sur la bandesonore d’un film Trek? Le rythme ne faiblit pas souvent au coursdes quelque deux heures du film, à un point tel que l’on est presquedéçu de quitter les personnages ainsi revigorés. En fait, on selaisse à ce point emporter qu’on ne remarque pas tout de suite les

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aspects moins satisfaisants : la science est malmenée, l’intriguerepose sur des coïncidences assez gênantes, comme des ren-contres fortuites sur une planète de glace, sans oublier le peud’importance accordé aux personnages féminins, en particulierle rôle… curieux d’Uhura. Oui, le nouveau Star Trek a beaucoupde défauts, mais ceux-ci ne surgissent à l’esprit que bien après legénérique de la fin, ce qui est une victoire en soi.

Un des paris de cette remise à neuf de Star Trek était deréussir à dissocier les personnages des acteurs qui les ont incarnés,de réussir à élever Kirk, Spock, McCoy et les autres en person-nages archétypaux susceptibles d’être incarnés par d’autres acteurs,comme c’est le cas pour James Bond ou Sherlock Holmes. Cepari étant gagné, c’est le studio Paramount qui doit se frotter lesmains : ayant réussi à démontrer la pertinence d’un Star Trekrajeuni, une nouvelle série de films s’annonce à l’horizon, et il ensera ainsi jusqu’à la prochaine remise à neuf. Un Star Trek pourchaque nouvelle génération ? Contrairement à ce que j’auraispensé il y a quelques semaines, même un trekkie défroqué commemoi est curieux de voir où ça va nous mener. [CS]

Terminator SalvationQue ceux qui s’inquiètent du statut de James Cameron comme

seul véritable créateur de la série Terminator se rassurent. Cequatrième volet n’arrive pas à la cheville des deux premiers films,désormais d’authentiques classiques de la SF au cinéma. En fait,il n’arrive même pas à la hauteur du troisième, ce qui n’est pasexactement un compliment.

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Premier film de la série Terminator sans voyage dans le tempsni rôle central pour Arnold Schwarzenegger, Terminator Salvationse déroule sur la Terre future à la suite de l’apocalypse finale dutroisième film. Les machines ont pris contrôle de la planète, et seuleune résistance humaine déterminée continue de lutter contre leuremprise totalitaire. John Connors n’est pas trop loin, mais le filmne tourne pas exclusivement autour de lui : un mystérieux amné-sique prend beaucoup de place, sans compter une demi-douzained’autres personnages éparpillés un peu partout en Californie.Espérons que vous avez une bonne mémoire, parce que ceux-ciapparaissent et disparaissent rapidement. (On nous promet que toutaura un sens dans un prochain film, Terminator Salvation étantconçu comme le premier volet d’une nouvelle série.)

Cette profusion de sous-intrigues est un problème du film,mais certainement pas le seul. Inutile d’avoir mémorisé la mytho-logie de la trilogie d’origine : rien ne fonctionne plus de la mêmefaçon, la cohérence interne de ce nouveau départ étant vacillante,pour rester poli. Même pour ceux qui ne cherchent pas à s’appe-santir sur les erreurs logiques ou scientifiques du film, il est difficilede ne pas sourciller devant ce complexe robotique optimisé pourles humains, ces avions A-10 qui continuent de voler sans infra-structure de support, ou bien ces Terminators qui préfèrent cueillirdes humains plutôt que de s’en débarrasser sur le coup. (Malgré leson cauchemardesque émis par les robots, ceux-ci semblent parfoiscapables de s’approcher ridiculement près des personnages sansse faire détecter.)

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Mais un film n’est pas simplement composé de détails tech-niques, n’est-ce pas? Qu’en est-il de l’intrigue, des personnages,de l’évolution thématique? Peut-être sera-t-il plus prudent d’at-tendre au prochain volet pour en parler; pour l’instant TerminatorSalvation se contente d’une intrigue simpliste menée par des per-sonnages vus de loin. Le ton implacablement sérieux du filmsemble grandiloquent par rapport à la superficialité de son propos.Le fait que notre amnésique n’est pas ce qu’il pense être n’est pasnécessairement mauvais en soi, mais la mollesse avec laquelle cetélément est exploité ne réussit guère à rehausser le profil du film.

C’est au niveau de la cinématographie, du plaisir visuel, queTerminator Salvation déçoit d’une manière plus immédiatementidentifiable. Après tous ces I Am Legend, Resident Evil : Extinc-tion, Doomsday et autres, l’atmosphère drabe post-apocalyptiqueest peu à peu devenue un décor convenu, un lieu commun ciné-matographique. À part quelques séquences plus spectaculaires(un crash d’hélicoptère, une poursuite prenant place sur un pont,la révélation des plans de Skynet), le réalisateur McG propose unepalette sombre et uniforme qui participe à l’impression généraled’ennui. Peut-on reprocher aux spectateurs saturés de films de SFnoirs et oppressifs d’avoir préféré un Star Trek vif et optimiste?

Si Terminator Salvation n’avait pas traîné un historique aussilourd, peut-être que l’accueil aurait été plus favorable. Après tout,les acteurs sont en santé, les scènes d’action sont nombreuses, leseffets visuels sont exceptionnels et il y a beaucoup de robots géants.Malheureusement, comme quatrième volet d’une série qui com-prend deux classiques et un film d’action divertissant, il ne faittout simplement pas le poids. Les suites annoncées sauveront-ellesla mise? Je laisse la chance au coureur, mais… [CS]

Drag me to HellAprès les excès et les indulgences de Spider-Man 3, on pouvait

craindre que le Sam Raimi d’antan soit à tout jamais disparu. Leréalisateur de films de série B aussi jouissifs que Evil Dead 2,Army of Darkness ou Darkman était fini, lessivé. Mais non !Avec Drag Me To Hell, Raimi nous revient en pleine forme etnous livre un des films d’horreur les plus divertissants depuis unbon moment.

L’histoire n’est pas compliquée. Une jeune femme désireused’impressionner son patron commet l’erreur de refuser un renouvel-

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lement hypothécaire à une vieille gitane. Erreur ! Car la vieillemise à la rue se venge en invoquant une malédiction contre notrehéroïne : cette dernière souffrira pendant trois jours avant d’êtretraînée en enfer…

On devrait savoirqu’un méchant garçoncomme Raimi n’a nulbesoin de s’encombrerd’une intrigue sophisti-quée pour que les frissonssoient au rendez-vous.Bruits sourds, illusionsd’optique, apparitionsfantômes et autres bi-zarreries viennent donc pourchasser notre héroïne, qui constateavec effroi qu’il ne semble pas possible de trouver une parade àla malédiction… ou que celle-ci serait effroyablement coûteuse,considérant que la vieille gitane ne semble pas du genre à vouloirnégocier.

Une plate descriptiondes événements surna-turels qui surviennentdans ce film ne peutdonner une idée duplaisir coupable que l’onressent à se faire mani-puler par Raimi. Dans cemode jubilatoire, aucundétail n’est trop dégoû-tant, aucun gag n’est trop gros, aucun sursaut n’est trop facile.Certains plans sont des petits chefs-d’œuvre de cinéma flamboyants,mélangeant humour et horreur avec une compétence rarementvue.

Le film n’est pas un sans-faute. Les stéréotypes planent bas –ne pouvait-on trouver mieux, vraiment, qu’une malédiction gitane?– et certaines outrances sabotent le propos. L’héroïne n’est pasparticulièrement remarquable, et le troisième acte dépend d’unerévélation surprise pourtant bien prévisible. Mais Drag Me To Hellest une bouffée d’air frais après des années de films de boucherieestampillés « horreur ». Ceux qui s’ennuyaient de l’ancien Raimi

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peuvent se rassurer : il est de retour avec un véritable cadeau pourles fans d’horreur divertissante. [CS]

X-Men Origins : Wolverine

Que dire de ce quatrième film mettant en scène Wolverine?La profondeur thématique qui soutenait la trilogie X-Men a étéabandonnée, le tout résultant en un film d’action décidément bienmoyen.

Le charisme de Hugh Jackman, qui incarne avec énergieWolverine, est une des rares qualités de cette œuvre longue etdécousue. Les anachronismes commencent dès le premier sous-titre : « North-West Territories, Canada, 1845 » ! Le peu de casque l’on accorde aux faits historiques est symptomatique, qu’ils’agisse de commandos des années 1970 équipés d’armes et decostumes contemporains, ou bien d’une finale qui détruit l’essentieldu réacteur nucléaire de Three Miles Island. Les contorsions quele scénario doit faire pour servir de prologue au reste de la sérieparaissent tirées par les cheveux, surtout lorsque vient le momentd’expliquer comment Wolverine ne garde aucun souvenir des évé-nements du film quelques années plus tard dans le premier X-Men.

Mais pourquoi s’attarder aux petits accrocs historiqueslorsqu’il y a des maladresses beaucoup plus gênantes ailleurs ?La nationalité de James Logan ne semble pas trop claire : d’abord

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Canadien, il a aussi été membre des forces armées américainespendant des décennies. L’attention apportée aux longues lames àses mains est fétichiste au point d’en être ridicule, par exemplelorsqu’il scinde un véhicule roulant à toute allure sans être happépar la force de l’impact. Il est difficile de s’identifier à un surhommecapable de transpercer quelqu’un d’autre par accident, et ce ne sontpas les combats forcés et les dialogues convenus qui aident.

La platitude de cette recension, dont je suis conscient, ne faitque refléter la difficulté de parler d’une œuvre trop fade poursusciter l’admiration, l’outrage ou une quelconque émotion.Wolverine livre le « minimum syndical » auquel s’attend lespectateur de films d’action, jamais le récit ne se détourne duparcours imposé pour aller vers quelque chose de risqué ou d’in-téressant. Heureusement, des films comme Watchmen existentpour nous rappeler qu’il est aussi possible de faire des films desuper-héros intéressants. [CS]

Transformers : Revenge of the Fallen

Ce nouvel opus des Transformers possède toutes les qualitésdes films du réalisateur Michael Bay : effets spéciaux délirants,scènes d’actions nombreuses, rythme rapide et mouvements decaméras incessants. Malheureusement, il souffre aussi des piresdéfauts trop souvent associés aux films de Michael Bay : scénario

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boiteux, dialogues insipides, acteurs laissés à eux-mêmes, invrai-semblances et incohérences nombreuses.

L’histoire débute avec Sam, qui se prépare pour son départpour le collège. On a droit aux poncifs de la mère en pleurs et dupère qui fait comme si la chose ne le touchait pas, avec le gars quipromet à sa copine que la relation à distance peut fonctionner, etc.On en profite pour glisser l’information que les gens ordinairesignorent ce qui s’est passé dans le premier film, la présence desTransformers parmi les Terriens étant considérée comme une lé-gende urbaine. Quelques Autobots forment une alliance militaireavec les États-Unis pour combattre les insurgés Decepticons.Ceux-ci s’organisent toutefois pour libérer Megatron et ce dernierse met au service d’un ancien, Fallen, qui recherche une anciennesource d’énergie cachée sur Terre il y a des millénaires. Pour dé-couvrir cette énergie, une clef est nécessaire, et cette clef se re-trouve par hasard dans le cerveau de Sam qui se lancera donc dansla course en tentant d’éviter de se faire tuer par les Decepticons.La quête le mènera jusqu’en Égypte et en Jordanie en compagniede sa copine Mikaela et de son ex-ennemi Simmons.

Que dire de ce film sinon que vous devez être un sacré fand’effets spéciaux pour apprécier son visionnement sans rire ousoupirer de désolation devant une telle accumulation de clichéscinématographiques servis par des personnages en carton. Car ilfaut tout de même reconnaître que, visuellement, c’est une véritable

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orgie. Les Transformers se transforment à un rythme fou et lefont des milliers de fois pendant le film. Si vous n’êtes pas de lagénération de la vidéo et des images à défilement rapide, vous enperdrez des bouts tellement toutes ces pièces numériques bougent,se mélangent et s’emboîtent vite. C’est particulièrement difficileà suivre pendant les scènes de combat entre Decepticons etAutobots – qui sont nombreuses, la meilleure est celle avecOptimus Prime dans la forêt, seul véritable bon moment du film.

On aurait pu vanter la grande diversité des robots, si cetaspect n’était pas aussi inutile en terme scénaristique. Le petitDecepticon dressé comme un chien par Mikaela disparaît com-plètement du film une fois son rôle joué. Le même sort est réservéà cette Decepticon camouflée sous une peau humaine qui dans lepremier tiers du film attaque Sam: on ne revoit aucun autre robotde ce modèle par la suite… Ces Transformers de tous types sontlancés dans l’action seulement pour ajouter de la nouveauté etproposer des effets visuels différents. Il faut conclure que le scé-nario et les dialogues sont les aspects du film que Michael Bay ajugé les moins importants. Même si on accepte l’idée du transportdes États-Unis vers l’Égypte par un tour de passe-passe de Decep-ticon, comment explique-t-on que les allers-retours du Caire à Pétra,en Jordanie, ne prennent que quelques minutes… en automobile?

On voudrait bien suspendre totalement son sens critique etprofiter de l’orgie visuelle, mais le réalisateur déploie des efforts

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pour creuser ses personnages et leurs motivations par de longuesscènes chez Sam, déjà mentionnées, ainsi qu’au collège par lasuite. Cette maladroite tentative de créer un univers crédible aupremier degré sabote la possibilité de voir le film autrement quecomme un ratage. D’autant plus que les personnages prennentévidemment le drame à la légère, et sont toujours prêts à faire del’humour gratuit. Difficile d’en vouloir aux acteurs, qui n’ont rienà dire d’intelligent ; le seul à s’en tirer avec un certain panache estJohn Turturro dans le rôle de Simmons.

Soyez prévenus : comme Megatron disparaît de l’action à unmoment, il est évident que la table est mise pour un troisième volet(soupir). Notons en terminant que parallèlement à la sortie de cefilm, Paramount Pictures annonçait l’abandon de sa brancheParamount Vintage, consacrée aux films indépendants ; tout celasignale clairement l’orientation du studio pour les années à venir,malheureusement. [HM]

Ice Age : Dawn of the DinosaursVoici une autre suite de film à succès qui prend l’affiche en

juillet. Cette fois, nous ne sommes définitivement pas dans ununivers réaliste ; les deux premiers volets de Ice Age ayant clai-rement établi le côté cartoon (à la Wile E. Coyote) de leur création.Si c’est votre tasse de thé, alors ne vous inquiétez pas : Dawn ofthe Dinosaurs vous fera rire, et souvent, et aux éclats.

Nous retrouvons la horde hétéroclite que nous avions quittéeà la fin du second volet de la série. Ellie, la femelle mammouth,

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est sur le point de mettre bas. Imaginant qu’ils sont de trop danscette nouvelle famille, Diego et Sid réagissent chacun à leur ma-nière. Le tigre à dent de sabre part de son côté tandis que Sid décided’adopter des œufs pour fonder aussi sa propre famille. Évidem-ment, le malhabile paresseux a choisi des œufs de dinosaures.Les petits l’acceptent néanmoins comme leur mère… jusqu’à ceque la mère biologique se manifeste. Pour tenter de sauver Sid,Manny, Ellie et les autres devront alors pénétrer dans un mondeinconnu, l’habitat en développement des dinosaures. Ils y ferontla rencontre de Buck, une belette hyperactive et férue d’aventure.

S’il est vrai que le scénario est facile à suivre et ne réserveque peu de surprises au spectateur adulte, les dialogues, eux,sont bien écrits, et comportent leur lot de jeux de mots et de gagsdésopilants. Plusieurs répliques font rire aux éclats. J’en risencore une (celle de Buck sur le vent) quelques jours après levisionnement. L’animation est également très soignée, ce qui rendd’autant plus sympathiques toutes ces créatures amusantes etattachantes.

Le film met aussi l’accent sur un comique de situation hyper-actif et burlesque qui renvoie aux belles années des Looney Tuneset qui n’a pas été beaucoup exploité avant l’arrivée de cette franchiseen 2002. Les mésaventures du délirant Scrat, l’écureuil à dent desabre, qui a cette fois-ci une complice/concurrente (Scratte), sonttoujours aussi mémorables – mais le rire est constant pendantl’heure et demie que dure ce film. Ça ne réinvente rien, mais lesquelques dollars payés pour le voir représentent un bien meilleurinvestissement que le dernier Transformers ! [HM]

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