Le tribut aux Mongols d'après les testaments et accords des princes russes

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    Le tribut aux Mongols d'aprs les testaments et accords des princes russesAuthor(s): Michel RoublevSource: Cahiers du Monde russe et sovitique, Vol. 7, No. 4 (Oct. - Dec., 1966), pp. 487-530Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20169426 .Accessed: 14/06/2014 05:21

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  • ?TUDES

    LE TRIBUT AUX MONGOLS

    D'APR?S LES TESTAMENTS ET ACCORDS

    DES PRINCES RUSSES1

    L'influence de la conqu?te mongole sur la Russie a d?j? fait l'objet d'un certain nombre d'?tudes. Toutefois, les historiens n'ont en g?n?ral

    pr?t? que peu d'attention au r?le dans la vie ?conomique de la Russie

    du tribut impos? par le Khan et pr?lev? avec une certaine r?gularit?

    pendant pr?s de deux si?cles. Nous nous proposons de tenter une ?va

    luation du montant des sommes vers?es aux Khans par les princes russes, et d'examiner la r?partition de la somme globale due aux

    conqu?rants entre les diverses principaut?s de la Russie, ainsi que les

    variations du tribut au cours des deux si?cles pendant lesquels le

    joug mongol pesa sur cette derni?re.

    Le tribut mongol fut pr?lev? d?s la fin du xme si?cle par les princes russes, agissant comme d?l?gu?s du Khan. La somme totale vers?e

    ? la Horde est d?sign?e dans les sources par le terme de vyhod, parfois utilis? comme synonyme du terme plus g?n?ral de dan' (tribut). La

    tarnga ou taxe urbaine, le jam ou pr?l?vement destin? ? l'entretien

    des courriers mongols ne furent per?us qu'irr?guli?rement et l'on peut supposer qu'ils se confondirent peu ? peu avec le tribut principal vers? en bloc ? la Horde, d'abord par le prince de Vladimir, puis par celui de Moscou.

    Le montant du vyhod : Estimations

    Les diverses chroniques russes ne fournissent que des indications

    fragmentaires sur le tribut vers? aux Mongols et n'en mentionnent

    pas le montant. On ne trouve pas plus d'indications dans les sources

    i. Le pr?sent article fait partie de travaux de recherche sur l'histoire m?di?

    vale russe, effectu?s sous la direction de M. le professeur Roger Portai. Nous saisissons cette occasion pour le remercier de son aide amicale et des conseils

    qu'il a bien voulu nous prodiguer.

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  • 488 MICHEL ROUBLEV

    chinoises et mongoles1. Nombre d'historiens n'en ont pas moins effectu?

    plusieurs tentatives pour l'?valuer. Une des derni?res en date, celle de George Vernadsky, m?rite une attention particuli?re, tant par suite de son ing?niosit? que par l'importance de l'ouvrage dans lequel elle se trouve et qui constitue une des rares ?tudes de l'historiographie am?ricaine sur la p?riode mongole de l'histoire russe2.

    L'argumentation de Vernadsky peut ?tre r?sum?e de la mani?re suivante : en 1384, le Khan Tohtamys impose de nouveau le tribut ? la Russie apr?s avoir pill? Moscou et le fixe ? un demi-rouble (une

    poltina) par ferme (derevnja)*. Or, dans une lettre exp?di?e en 1409 par Edigey ? Vasilij Ier, le Khan pr?cise qu'? sa connaissance le grand prince de Moscou pr?levait pour le tribut un rouble pour deux sohi*.

    Vernadsky en tire l'?galit? 1 derevnja = 1 soha. Une charte octroy?e

    par Novgorod ? Vasilij II pour la perception de ? l'imp?t noir ? (cernyj bor) d?finit la soha en tant qu'unit? fiscale comme ?tant ?gale ? ? deux chevaux et un cheval attel? de c?t? ?5 ; Vernadsky rel?ve d'autre part dans une chronique la d?finition suivante : ? Trois obzi constituent une soha. Une obza, c'est un homme labourant avec un cheval. Et

    quand un homme laboure avec trois chevaux et l'aide de deux labou

    reurs, ceci est une soha ?6. Le recoupement de ces deux textes conduit

    Vernadsky ? consid?rer qu'une soha constitue au xve si?cle une unit?

    d'imposition d'au moins trois hommes. Ceci correspondrait, compte tenu des femmes, enfants et d?pendants, ? un groupe d'environ vingt

    personnes.

    L'auteur s'efforce ensuite d'?tablir, afin d'?valuer le montant du

    tribut, le nombre total de sohi sur le territoire de la Russie du Nord Est. Il rappelle la division administrative de la Russie par les Mongols en dizaines (desjatki), centaines (sotni), milliers (tysjaci) et dizaines de mille (fmy) et postule que chacune de ces unit?s constituait une

    entit? militaire et financi?re devant fournir un certain nombre de recrues et une certaine somme d'argent ; le nombre de recrues ? fournir pour l'arm?e serait ainsi ? la base de cette division, tout comme en Mon

    golie : le desjatok fournirait dix hommes, le sto cent, etc. Or, lors de leur invasion de 1237, les Mongols exig?rent ? une d?me sur tout : les

    i. Cf. B. Spuler, Die Goldene Horede. Die Mongolen in Russland 1223-1502,

    Leipzig, 1943. 2. G. Vernadsky, The Mongols and Russia, Yale University Press, 1953.

    L'argumentation que nous reprenons se trouve ?parse dans la section 8 du cha

    pitre in, intitul?e ? The Mongol Administration in Russia

    ? (pp. 214-232).

    3. Ce d?tail est donn? par de nombreuses chroniques, en particulier Polnoe sobranie russkih letopisej (Recueil complet des chroniques russes

    ? sigle PSRL),

    vol. XXVIII, Moscou-Leningrad, 1963, pp. 85 et 248. 4. Ibid., vol. XI, Saint-P?tersbourg, 1897, p. 210.

    5. Gramoty Velikogo Novgoroda i Pskova (Chartes de Novgorod et Pskov), n? 21, Moscou, 1950, p. 39.

    6. PSRL, vol. XII, Saint-P?tersbourg, 1901, p. 184.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 489

    hommes, les princes et les chevaux, de tout un dixi?me w1. Le contin

    gent de recrues exig? s'?l?ve ainsi ? 10% de la population m?le, soit

    5% de la population totale. Vernadsky en d?duit que le desjatok

    englobe 200 personnes, le sto 2 000, le tysjac 20 000 et la t'ma 200 000.

    Ainsi une soha, qui constitue une unit? de vingt personnes environ, serait le dixi?me du desjatok, et la t'ma en comprendrait 10 000. Au taux d'un demi-rouble par soha, ceci ?quivaudrait ? un tribut de 5 000

    roubles par t'ma.

    Reste ? ?tablir le nombre de t'my en Russie. La liste en est recons

    titu?e ? partir d'une chronique lithuanienne et d'une lettre exp?di?e en 1540 par Sigismond Ier de Pologne au Khan de Crim?e, Sahib Giray. Ces documents attestent un total de 29 t'my, sans compter Novgorod et Pskov. Vernadsky parvient donc ? la conclusion que le tribut annuel

    pay? aux Mongols s'?levait ? 145 000 roubles, Novgorod venant ajouter encore 25 000 roubles ? cette somme.

    Cette longue exposition d?montre ? souhait ? quel point les sources

    dont nous disposons pour ?valuer la population de la Russie sont dis

    parates et peu favorables ? une estimation pr?cise. Tout raisonnement

    dans le genre de celui que nous venons de retracer s'appuie n?cessai rement sur un grand nombre de postulats peu v?rifiables et les conclu sions obtenues ne peuvent qu'avoir une valeur d'hypoth?se. Il n'y a en effet nulle raison de penser que chacune des unit?s administratives ?tablies par les Mongols devait fournir un quota correspondant de recrues. Vernadsky lui-m?me laisse percer un doute lorsqu'il ?crit : ? Tout comme en Mongolie, le quota de soldats ? fournir par le district

    devait ?tre ? la base de chacune des divisions num?riques ?2, et il fait

    m?me ?tat d'un article ant?rieur dans lequel il concluait que le nombre

    d'habitants de chaque district correspondait au nombre d'imposables, la t'ma n'en comprenant ainsi que dix mille3 ; rien ne vient toutefois

    ?tayer la th?se qu'il d?cide finalement d'adopter. Autre point faible de l'argumentation, l'?galit? derevnja-soha ne

    se fonde que sur un seul document. Or, il est g?n?ralement admis que la derevnja est une agglom?ration de plusieurs foyers comprenant un

    nombre variable de sohi certainement sup?rieur ? une unit?4. Enfin,

    i. Novgorodskaja pervaja letopis' starsego i mladsego izvodov (Premiere chro

    nique de Novgorod, r?daction majeure et annexe), Moscou-Leningrad, 1950, pp. 74 et 287.

    2. G. Vernadsky, op. cit., p. 216. (C'est nous qui soulignons.) 3. Ibid., n. 285 ; l'article en question, traitant des origines des Servi Regales

    en Ruth?nie, a paru dans la revue Speculum, n? 26 (1951), pp. 255-264. 4. Nous avons ici en vue deux ouvrages importants qui traitent de l'agri

    culture russe pendant la p?riode mongole, une ?tude de S. B. Veselovskij, Selo i derevnja v Severo-Vosto?noj Rusi XIV-XV vv. (Le Selo et la Derevnja dans la Russie du Nord-Est aux XIVe et XVe si?cles), Moscou-Leningrad, 1936,

    pp. 26-30, et un article de G. E. Kocin, ? Razvitie zemledelija na Rusi ?

    (Le d?ve

    loppement de l'agriculture en Russie), paru dans le recueil Voprosy ekonomiki

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  • 490 MICHEL ROUBLEV

    l'exigence de verser une (Mme ? en hommes, en princes et en chevaux ?

    ne fut exprim?e par les Mongols en 1237 Qu'? la veille de leur offensive

    contre la principaut? de Rjazan', comme le pr?cise la chronique, sans

    qu'il soit possible d'?tablir si elle fut appliqu?e ? toute la Russie apr?s la conqu?te.

    Ces lacunes dans l'expos? suffiraient ? elles seules ? faire planer le doute sur les conclusions de Vernadsky quant ? l'importance du

    tribut ; si l'on calcule le poids d'argent pr?tendument vers? chaque ann?e, on est amen? ? les rejeter totalement. En effet si l'on consid?re, comme le fait Vernadsky lui-m?me1, que le rouble ?quivalait ? 92 g

    d'argent, le tribut s'?l?verait ? quelque 15,6 tonnes de ce m?tal ! Ce

    chiffre atteindrait m?me 17 tonnes si l'on se r?f?re ? Spasskij, selon

    lequel la poltina ou demi-rouble de Novgorod pesant 100 g d'argent constitue le premier rouble de Moscou2. On s'attendrait donc ? voir

    Vernadsky conclure ? l'existence d'un commerce de tr?s grande enver

    gure drainant l'argent d'Europe Centrale vers Moscou ; or il n'en est

    rien. L'auteur consacre bien quelques pages au commerce3, mais sou

    ligne que la population rurale avait ? supporter le gros de l'imp?t4. Aucune indication ne nous est fournie sur la provenance de cet argent en quantit?s si importantes.

    Le calcul du vyhod a ?t? ?galement tent? par un certain nombre

    d'historiens sovi?tiques ? partir de diverses sources. Citons entre

    autres P. P. Smirnov, qui parvient au chiffre de 5 000 roubles par an

    vers 1410 et 7 000 par an aux environs de 14345 ; K. Bazilevic aboutit

    ? la m?me conclusion tout en faisant ?tat d'une diminution du tribut vers la fin du xive si?cle6. Enfin, dans un article que nous n'avons

    pu consulter, P. N. Pavlov conclut qu'au milieu du xive si?cle le tribut

    global s'?levait ? 10 000 roubles, dont 4 000 pay?s par Tver' et Niznij

    Novgorod7.

    i klassovyh otnosenij v russkom gosudarstve XII-XVII vekov (Probl?mes de V?co

    nomie et des rapports entre les classes de l'?tat russe du XIIe au XVIIe si?cle), Moscou-Leningrad, i960, pp. 264 et suiv. Veselovskij ?tablit qu'une derevnja moyenne comprenait un ? trois foyers, tandis que pour Kocin on ne peut ?tablir

    de diff?rence nette entre l'agglom?ration d?nomm?e derevnja et le selo ou village. Il s'agirait donc dans la majorit? des

    cas d'un groupe de plusieurs familles.

    1. G. Vernadsky, op. cit., p. 231, n. 353. 2. I. G. Spasskij, Russkaja monetnaja sistema (Le syst?me mon?taire russe),

    3e ?d., Leningrad, 1962, p. 67. 3. G. Vernadsky, op. cit., pp. 342-344.

    4. Ibid., p. 341.

    5. P. P. Smirnov, ? Obrazovanie russkogo gosudarstva v xiv-xv vv. ? (La formation de l'?tat russe aux xive-xve si?cles), Voprosy Istorii, 1946, n? 2-3,

    p. 72, n. 3. 6. K. Bazilevic, ? K voprosu istoriceskih uslovijah obrazovanija russkogo

    gosudarstva ?

    (Le probl?me des conditions historiques de la formation de l'?tat

    russe), Voprosy Istorii, 1946, n? 7, p. 32.

    7. P. N. Pavlov, ? K voprosu o russkoj dani v Zolotuju Ordu

    ? (Le probl?me

    du tribut russe ? la Horde d'Or), Ucenye Zapiski Krasnojarskogo Gosudarstven

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 49I

    Une partie des archives des princes de Moscou, comprenant des documents dont certains remontent au milieu du xive si?cle, a ?t? conserv?e. Il s'agit surtout des testaments des grands princes et d'accords pass?s avec les princes apanagers de diverses principaut?s russes1. Ce sont ces sources que nous nous proposons d'utiliser afin de

    tenter une estimation du vyhod et d'analyser ses modalit?s d'impo sition.

    On trouve dans le recueil en question de nombreuses r?f?rences au vyhod, mais son montant total n'est presque jamais mentionn?, les

    chartes se bornant g?n?ralement ? stipuler que le tribut devrait ?tre vers? au prince de Moscou selon les anciennes coutumes. Un certain

    nombre de textes mentionnent toutefois explicitement ce qui pourrait ?tre consid?r? comme le montant du tribut pay? aux Mongols ? la fin du xive et au cours du xve si?cle. Il nous a paru n?cessaire, pour la commodit? de l'analyse, de grouper les documents selon une division

    g?ographique, quitte ? reprendre en conclusion leur examen dans un

    ordre chronologique. ?tant donn? que l'histoire politique de la Russie

    ? l'?poque qui nous concerne a d?j? fait l'objet de nombreuses ?tudes, nous nous sommes content?s d'y renvoyer le lecteur sans analyser les

    circonstances politiques lors de la r?daction des documents examin?s.

    La principaut? de Serpuhov

    C'est pour cette principaut? que nous poss?dons le plus de pr?ci sions quant au montant total du vyhod et ? la r?partition de celui-ci

    entre les diverses villes. Toutefois, le premier texte explicite date de

    1389, soit pr?s d'un demi-si?cle apr?s la formation de la principaut? ; il devient ainsi n?cessaire de retracer bri?vement l'histoire de celle-ci et d'en pr?ciser les limites territoriales au moment o? il nous est pos sible pour la premi?re fois d'?valuer l'importance de sa contribution aux imp?ts pr?lev?s pour les Mongols.

    La principaut? de Serpuhov tire ses origines du partage effectu? ? la mort d'Ivan Ier Kalita entre ses fils en 13412. Nous poss?dons deux variantes du testament l?g?rement diff?rentes, r?dig?es toutes deux

    nogo Pedagogi?eskogo Institu?a, t. 3, Serija Istorii i Filosofii, fase. II, Krasno

    jarsk, 1958, p. 112. La conclusion de cet article est donn?e d'apr?s A. L. Horos

    kevi?, Torgovlja velikogo Novgoroda v XIV-XV vekah (Le commerce de Nov

    gorod aux XIVe-XVe si?cles), Moscou, 1963, p. 297.

    1. Publi?s ? diverses reprises avant la R?volution, ces documents ont fait

    l'objet d'une nouvelle ?dition par L. V. Cerepnin en 1950. C'est cette derni?re

    que nous avons utilis?e, d?sign?e par le sigle DDG : Duhovnye i dogovornye gra moty velikih i udel'nyh knjazej XIV-XV vv. (Testaments et accords des grands

    princes et des princes apanagers aux XIVe-XVe si?cles), Moscou-Leningrad,.

    1950. 2. Ibid., n? i, pp. 7-11.

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  • 492 MICHEL ROUBLEV

    aux environs de 13391. Faisant suite ? la description des possessions l?gu?es aux deux fils a?n?s d'Ivan Ier, Semen et Ivan, le testament

    d?nombre les r?gions octroy?es au troisi?me fils du grand prince :

    ? Je donne ceci ? mon fils Andrej : Lopastna, Seversk, Narunizskoe, Serpuhov,

    Nivna, Temna, Golici?i, Scitov, PeremysT, Rastovec, Tuhacev. Et ces villages

    (sela) : Talezskoe, Serpuhovskoe, Kolbasinskoe, Narskoe, PeremysTskoe, Bi

    tjagovskoe, Trufonovskoe, Jasinovskoe, Kolomninskoe, Nogatinskoe ?8.

    La seconde variante du testament ajoute deux villages suppl?men taires ? Varvarskoe et Melovskoe3. Report?es sur la carte, les pos sessions du prince Andrej Ivanovic occupent essentiellement une zone en arc de cercle au sud et au sud-ouest de Moscou d?limit?e par

    Borovsk?Serpuhov?Kasira et dont la largeur est approximative ment repr?sent?e par une ligne allant de Serpuhov ? l'actuelle ville

    de Podol'sk4. Le legs comprenait ?galement un certain nombre de

    villages situ?s en dehors de cette zone, tel Trufonovskoe pr?s de Kaluga, Kolomninskoe ? 10 km de Moscou et les deux villages cit?s dans la

    seconde variante, Varvarskoe et Melovskoe qui se trouvent dans la

    r?gion de Jurev, ? quelque 120 km au nord-est de Moscou5. En compl? ment ? ce don territorial, Ivan Ier octroyait ? Andrej un certain nombre de droits qui seront transmis plus tard aux descendants du

    prince de Serpuhov :

    ? Mes fils se partageront la tamga et les autres districts urbains6 ; il en sera

    de m?me des myty7, chacun prenant pour soi ceux de son district (uezd). Et

    l'imp?t en miel de la ville administr? par [le centenier de] Vasil'cevo8 se parta

    i. Une datation pr?cise a ?t? ?tablie pour tous ces textes par L. V. Cerepnin, dans Russkie f?odal'nye arhivy XIV-XV vv. (Les archives f?odales russes des

    XIVe-XVe si?cles), t. I, Moscou-Leningrad, 1948. Le testament de Kalita est examin? aux pages 12-20.

    2. DDG, pp. 7-8. 3. Ibid., p. 10.

    4. Une identification partielle des lieux d?nombr?s par le testament est fournie par les r?dacteurs des Pamjatniki russkogo prava (Monuments de droit russe ? sigle PRP), t. 3, Moscou, 1955, pp. 312-313, qui en donnent ?galement le texte. Dans les cas douteux, on a fait appel ? l'index g?ographique de DD G, ? l'ouvrage de A. N. Nasonov, Russkaja zemlja i obrazovanie territorij drevneruss

    kogo gosudarstva (La ? terre russe ? et la formation du territoire de l'ancien ?tat

    russe), Moscou, 1951, ainsi qu'aux deux ouvrages de M. N. Tihomirov, Sred

    nevekovaja Moskva v XIV-XV vv. (Moscou au Moyen Age auxXI Ve-XVesi?cles), Moscou, 1957, e* Rossija v XVI stoletii (La Russie au XVIe si?cle), Moscou,

    1962.

    5. Cette diss?mination n'est en fait qu'apparente, car toutes les volosti (dis tricts ruraux) octroy?es ? Andrej sont comprises dans la zone d?limit?e plus haut

    (Narunizskoe, que nous n'avons pu situer, reste un cas douteux), ainsi que la

    majorit? des villages. 6. Ceux de Moscou ; cf. L. V. Cerepnin, op. cit., p. 43.

    7. La tamga et les myty sont des taxes commerciales. 8. Selon le commentateur de PRP (t. 3, p. 318), il s'agirait d'une unit? terri

    toriale et administrative englobant les apiculteurs du grand prince.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 493

    g?ra entre mes fils. Et chacun prendra les apiculteurs et les hommes payant

    l'imp?t (obro?niki) que j'ai achet?s, chacun selon sa liste... Les hommes recens?s

    seront administr?s par mes fils en commun, et tous comme un seul homme les

    prot?geront. Et quant ? mes gens achet?s par la grande charte, mes fils se les

    partageront m1.

    Le document suivant donnant des pr?cisions sur le statut du prince de Serpuhov est un accord conclu avec ses fr?res, le grand prince Semen et le prince Ivan (le futur Ivan II) en 1350-1351, quelques ann?es

    apr?s la mort d'Ivan Ier 2. L'accord stipule que les deux fr?res devront servir le grand prince ? son appel, lui devront ob?issance et refuseront asile aux boyards r?volt?s contre lui. Le grand prince s'engage ? res

    pecter le partage fait par son p?re, mais ses fr?res lui c?dent en recon

    naissance de son ? a?nesse ? la moiti? de la tamga (ils s'en partagent l'autre moiti?) et la totalit? d'un certain nombre d'autres prestations destin?es ? demeurer d?sormais l'apanage de ? l'a?n? ?. Cette clause est suivie de l'octroi de quatre villages aux deux fr?res cadets : Miha

    levskoe, Mikul'skoe, Nikiforovskoe et Parfenevskoe. L'accord ne pr? cise pas la modalit? du partage, mais si l'on se reporte au testament d'Ivan II r?dig? en 1358 on voit que le premier village de la liste est

    l?gu? ? son fils Ivan, tandis que le second ?choit ? la veuve de son

    pr?d?cesseur Semen3. On peut donc conclure que ces villages avaient ?t? octroy?s ? Ivan II en 1350-1351, tandis que ceux de Nikiforovskoe et de Parfenevskoe allaient ? Andrej de Serpuhov4. Le r?gne du pre

    mier prince de Serpuhov se terminait donc par un l?ger accroissement de ses possessions territoriales, tandis que sa part sur les revenus de Moscou se voyait diminu?e.

    Andrej de Serpuhov mourut en 1353, l?guant ses possessions ? son fils Vladimir. Le fr?re d'Andrej, Ivan II, assuma le titre de grand prince en cette m?me ann?e, apr?s la mort de Semen. L'avoir de Vla dimir Andreevic se voit consid?rablement augment? par le testament d'Ivan II, r?dig? vers 13585 :

    ? J'octroie mon patrimoine, Moscou, ? mes fils, le prince Dmitrij6 et le prince

    Ivan. Et ? mon neveu Vladimir, de Moscou un tiers du revenu du repr?sen tant du prince (namestnik) et un tiers de la tamga et des myty et des douanes,

    de ce qui appartient ? la ville. L'imp?t en miel de Vasil'cevo et les apiculteurs achet?s par mon p?re [...] ils partageront le tout en trois. Et les trois princes

    prot?geront en commun les hommes recens?s ?.

    i. DDG, p. 8. 2. Ibid., pp. 11-13. 3. Ibid., p. 15.

    4. Nikiforovskoe pourrait ?tre situ? dans la r?gion de Ruza, ? l'ouest de Moscou ; cf. DDG, index g?ographique, p. 546 ; le second village n'a pu ?tre identifi?.

    5. DDG, pp. 15-19. 6. Le futur Dmitrij Donskoj.

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  • 494 MICHEL ROUBLEV

    Vladimir se voit donc restituer le tiers de la tamga et d'autres presta tions que son p?re avait d? c?der au grand prince Semen en recon

    naissance de son rang. Le patrimoine du prince de Serpuhov re?oit pour la premi?re fois dans ce document une reconnaissance formelle et globale ; en ce qui concerne le territoire de la principaut?, le testa

    ment pr?cise :

    ? Mon neveu le prince Vladimir administrera le district (uezd) de son p?re w1.

    Ivan II proc?de toutefois ? une l?g?re modification, rendue n?cessaire

    par les circonstances :

    ? Et quant aux terres appartenant ? Rjazan' que j'ai obtenues de ce c?t?

    de l'Oka, je donne au prince Vladimir Novyj Gorodok sur l'estuaire de la Porotlja en remplacement de Lopastnja, et les autres terres de Rjazan' ?chang?es seront

    partag?es entre mes fils, le prince Dmitrij et le prince Ivan ? ?galit?, sans

    offense ?2.

    Nous savons qu'en 1353 les princes de Rjazan' avaient repris Lopastnja3 et donn? en ?change ? Moscou, lors de la signature de la paix, un cer

    tain nombre de leurs possessions au nord de l'Oka, entre autres Novyj Gorodok, Borovsk, Luza et Vereja4. Enfin, Vladimir de Serpuhov se voit ?galement attribuer une partie de l'h?ritage laiss? par Ivan Ier, son a?eul, ? sa veuve, Ul'jana ; ? la mort de celle-ci, ses possessions devraient ?tre partag?es ?quitablement ? en quatre, sans offense ?

    entre Vladimir, les princes Dmitrij et Ivan et la veuve d'Ivan II.

    D?sormais, dans la plupart des documents concernant le prince de Serpuhov, ses possessions seront d?nombr?es selon les quatre cat?

    gories ?tablies par le testament d'Ivan II : a) Le tiers des revenus

    de Moscou, qui a apparemment ?t? octroy? au premier prince de Ser

    puhov, Andrej Ivanovic5 ; b) Les possessions territoriales acquises par Andrej, qui sont parfois d?sign?es par le terme ?'uezd (district) ou udel (apanage, part) ; c) La part ?chue aux princes de Serpuhov sur les possessions de la princesse Ul'jana, veuve d'Ivan Ier ; d) Les

    augmentations successives de territoire obtenues par Vladimir au

    gr? des circonstances politiques. Cette classification nous sera des plus utiles pour l'analyse des redevances vers?es aux princes de Moscou

    pour le tribut mongol. L'accord pass? entre Vladimir de Serpuhov et le grand prince

    i. DDG, p. 15. 2. Ibid.

    3. PSRL, vol. X, Saint-P?tersbourg, 1885, p. 227.

    4. O?erki istorii S.S.S.R., period feodalizma, cast' vtoraja (XIV-XV vv.)

    (Essais sur l'histoire de l'U.R.S.S., p?riode f?odale, deuxi?me partie (XIVe XVe si?cles)), Moscou, 1953, p. 134 ; cf. DDG, p. 29.

    5. Ceci ressort de l'accord de 1389 entre Vladimir Andreevic et Dmitrij,

    Donskoj [DDG, p. 31).

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 495

    Dmitrij I vano vie (Donskoj) en 13671 ne nous apporte aucune pr?cision nouvelle quant aux limites territoriales de la principaut?, malgr? le

    relev? m?ticuleux des droits et devoirs des contractants ; ce qui laisse

    supposer que les possessions de Vladimir n'avaient pas vari? depuis 1358 : elles sont d?finies tour ? tour comme patrimoine (ot?ina) ou

    apanage (udel), et ceci indiff?remment2. L'accord contient toutefois

    la premi?re r?f?rence au tribut mongol et ? son mode de payement : ? Le joug (tjagosf) et les redevances (protor) ? la Horde, tu me les

    donneras, ? [moi] ton fr?re a?n?, pour ton apanage (udel) selon l'ancien

    rouleau (svertok) ?3.

    Le second accord entre les deux princes date de 1374-1375 et ne

    nous est parvenu que dans une copie en fort mauvais ?tat4. Retenons-en la d?signation des possessions de Serpuhov (voteina et udel) et une

    clause intacte du texte par laquelle Vladimir re?oit en apanage de

    Dmitrij les villes de Galic et Dmitrov avec leurs districts ruraux5, au nord et au nord-est de Moscou.

    Un troisi?me et dernier accord entre Vladimir de Serpuhov et le

    grand prince Dmitrij date de 13896. Un d?tail int?ressant nous est

    fourni sur ce texte par une description des archives du Posol'skij Prikaz (le Bureau des Affaires ?trang?res des princes de Moscou) ;

    apr?s une description de la charte, l'archiviste a not? : ? et sur la charte il est ?crit : accord avec le prince Vladimir datant de l'hiver o? le

    grand prince a pris pour lui Galic et Dmitrov de son fr?re ?7. Le

    document d?finit de nouveau avec pr?cision les possessions du prince de Serpuhov qui seront respect?es par le grand prince de Moscou et ses descendants :

    ?... ce que t'a octroy? ton p?re le prince Andrej, un tiers de la ville de Moscou

    et des lieux d'?tape (stany) et un tiers de toutes les douanes, et l'apanage (udel)

    que t'a octroy? ton p?re, et ce que t'a donn? mon p?re le grand prince Ivan, Gorodec en remplacement de Lopastnja8, et tu m'as ensuite adress? une sup

    plique par mon p?re Aleksej, m?tropolite de toute la Russie, et je t'ai octroy? Luza et Borovsk, et ce que tu as obtenu de l'apanage de la princesse Ul'jana ?9.

    i. DDG, pp. 19-21. 2. Ibid., p. 20.

    3. Ibid.

    4. Ibid., pp. 23-24. 5. Ibid., p. 23. 6. J?>??., pp. 30-33. 7. Des extraits de la description sont donn?s dans DDG ; pour le passage

    cit?, cf. p. 461. Le testament de Dmitrij Donskoj l?gue ces villes aux deux fils du grand prince. Cf. aussi p. 34.

    8. Il s'agit ici sans doute de Novyj Gorodok ? la jonction de la Porotlja et de l'Oka, octroy? en 1358 (voir supra, p. 494) et non pas de Gorodec

    sur la

    Volga, que les princes de Serpuhov devaient recevoir ? une date ult?rieure.

    9. DDG, p. 31 ; Luza et Borovsk se situent l?g?rement ? l'ouest du terri toire contr?l? par le prince de Serpuhov, ? quelque cent kilom?tres

    au sud-ouest de Moscou.

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  • 496 MICHEL ROUBLEV

    L'accord de 1389 constitue le premier texte que nous poss?dons fournissant des pr?cisions quant ? la somme du tribut d? aux Mongols.

    Nous avons vu plus haut que ce tribut se trouve d?j? mentionn? en

    1367 en termes g?n?raux, sans qu'aucun chiffre ne soit cit?. La pr?ci sion de la clause que nous examinons ici s'explique sans doute par les

    ?v?nements de 1382, c'est-?-dire la destruction de Moscou par le

    Khan Tohtamys. Celui-ci sema la terreur sur son passage et resserra son emprise sur le grand prince de Moscou. Le chroniqueur rapporte ainsi les paroles m?mes du Khan :

    ? Je gouverne mes propres territoires (ulus) et chaque prince russe de mon

    territoire vit selon l'ancienne coutume sur son patrimoine, et lorsqu'il me sert

    avec justice je le nantis ; et le prince de mon ulus, Dmitrij de Moscou, m'a menti, et je lui ai fait peur, et il me sert avec justice, et je lui octroie son patrimoine selon l'ancienne coutume m1.

    Et la chronique ajoute :

    ? En cette m?me ann?e il y eut un tribut (dan') ?lev? dans toute la prin cipaut? de Moscou, une poltina par village ; alors on donna aussi de l'or ? la

    Horde ?2.

    Nous voyons donc que Dmitrij avait d? payer un lourd tribut ? la

    Horde en ?change de sa confirmation dans ses fonctions, et l'accord

    pass? avec le prince de Serpuhov vient en fixer la quote-part :

    ? Le joug (tjagosf) et les redevances (protor) ? la Horde, tu me les donne ras... sur ton apanage (udel) et sur l'apanage de la princesse Ul'jana, sur ton

    tiers 320 roubles dans [les] 5 000 roubles. Et s'il s'y ajoute ou s'en retranche,

    [tu payeras] diff?remment selon le calcul. Et la dette musulmane et les rede

    vances et la dette russe, nous les pr?l?verons selon le m?me calcul ?3.

    La ? dette musulmane ? d?signe les sommes dues ? la Horde pour des versements ant?rieurs incomplets ; quant ? la ? dette russe, ? il s'agit l?

    d'une r?f?rence ? une somme emprunt?e par Dmitrij ? Constantinople en 13774.

    i. PSRL, vol. XI, p. 84. 2. Ibid., p. 85. 3. DDG, p. 31. Les mots ins?r?s entre crochets ont d? ?tre ajout?s pour la

    traduction ; le sens du texte s'en trouve ainsi modifi?. Ainsi nous traduisons, ici et ailleurs ? dans les 5 000 ?, tandis que certains historiens proposent

    ? sur

    5 000 ?, ce qui rend la clause moins pr?cise ; en effet, les 5 000 roubles deviennent

    alors une simple unit? de calcul, le vyhod total pouvant ?tre un multiple quel conque de ce chiffre. C'est ainsi que le comprend G. Vernadsky (op. cit., pp. 230

    231) pour lequel ? aucune de ces sommes (mentionn?es dans les testaments et

    accords) ne constitue ?videmment [?] le total du vyhod ?. La somme de 5 000 rou

    bles serait alors le quota d? pour chaque t'ma (ibid., p. 231, n. 354). Le chiffre de 7 000 roubles, que nous rencontrerons plus loin dans le m?me contexte, deviendrait alors tout ? fait inexplicable. Pour une seconde contradiction dans la th?se de Vernadsky, voir infra, p. 518, n. 2.

    4. PRSL, vol. VIII, p. 32, cit? dans L. V. Cerepnin, op. cit., p. 43, n. 127.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 497

    L'accord contient encore deux passages relatifs au tribut :

    ? Et lorsque je devrai envoyer mes percepteurs (dan'Sfiki) dans la ville

    [de Moscou] et les lieux d'?tape, tu enverras les tiens ensemble avec les miens.

    Et quant au tribut que je t'ai c?d? ? Rastovec et PeremysT, nous enverrons

    nos percepteurs ensemble, comme il en ?tait du temps de notre grand-p?re, le

    grand prince. Et ce que nos percepteurs ramasseront dans la ville et les lieux

    d'?tape et les distilleries (varja) ira ? mon tr?sor, et tu me le donneras dans le

    vyhod. Et ? Kozlov Brod tu enverras ton percepteur, ceci je te l'accorde. Et ce

    qu'il percevra ira dans mon tr?sor pour le tribut (dan') de la ville. Et si Dieu

    nous d?livre de la Horde, j'aurai deux parts et toi le tiers ?*.

    Ce paragraphe doit ?tre rapproch? d'un passage de l'accord de 1374

    1375 que nous n'avons pas analys?, et qui jette une certaine lumi?re sur le mode de perception du tribut. Cet accord comportait la clause

    suivante : ? Et quant ? ce qu'auparavant... mysl', ? Rastovec, ?

    Kozlov Brod m'a... c?d?, tu n'enverras pas, Sire, tes percepteurs dans ces lieux ?2. La comparaison de ces passages permet de pr?ciser cer

    tains d?tails quant au mode de perception du tribut. Notons d'abord

    qu'une concession accord?e dans le premier document se trouve abolie

    dans le second en raison de l'ancienne coutume datant d'Ivan Ier.

    L'envoi en commun de percepteurs dans les terres octroy?es en apa

    nage ?tait donc sans aucun doute la pratique courante et c'?tait un

    moyen d'assurer que toutes les sommes pr?lev?es arriveraient bien ? la caisse du grand prince. On s'explique ainsi qu'aucun document ne

    d?finisse les sommes dues par le prince de Serpuhov, puisque la

    perception des taxes demeurait ?troitement contr?l?e par le grand prince. Les modalit?s en ?taient sans doute fix?es par un document

    qui n'a pas ?t? conserv?, auquel se r?f?re le premier accord entre Vla dimir et Dmitrij Donskoj conclu en 13673. L'accord de 1374-1375 comporte une premi?re modification de cette coutume en pr?voyant que la collecte se ferait, du moins dans les trois localit?s cit?es, sans

    le contr?le de Moscou ; enfin, le texte de 1389 vient r?tablir l'ancienne

    pratique en ce qui concerne Rastovec et Peremysl', tandis que la collecte pour Kozlov Brod demeure sous l'unique contr?le du prince de Serpuhov.

    Il est clair que la somme pr?lev?e sur les deux premi?res villes l'avait ?galement ?t? par le pass?, et c'est pourquoi les contractants trouvent inutile de sp?cifier que cette somme sera vers?e au tr?sor du

    grand prince. La pr?cision apport?e dans ce contexte quant aux pos sessions du prince de Serpuhov laisse ? penser que dans ce cas les ver

    sements n'avaient pas ?t? effectu?s r?guli?rement. Quant ? Kozlov

    i. DDG, p. 31. 2. Ibid., p. 23 ; les points de suspension repr?sentent des passages manquant

    dans le document.

    3. Voir supra, p. 495.

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  • 498 MICHEL ROUBLEV

    Brod, qui constituait sans doute une acquisition relativement r?cente

    de Vladimir Andreevic1, Dmitrij trouve n?cessaire de sp?cifier en

    toutes lettres que les sommes ? pr?lever seraient vers?es ? sa caisse

    pour le payement du vyhod, ce qui nous permet de supposer que cette

    contribution n'aurait pas ?t? consid?r?e comme allant de soi.

    Un indice suppl?mentaire nous permet d'affirmer que le payement du tribut mongol ? Moscou par le prince de Serpuhov devait s'effectuer

    selon des normes traditionnelles ; la derni?re clause de l'accord concer

    nant le tribut stipule : ? Et si j'ai ? pr?lever le tribut sur mes grands

    boyards... alors tu prendras aussi sur les tiens... et tu me [le] donneras, et ceci en dehors de cette somme de 320 roubles ?2. Nous voyons donc

    que les 320 roubles exig?s de Vladimir constituent sa contribution

    ordinaire totale, les sommes pr?lev?es sur de nouvelles acquisitions, telles Luza et Borovsk, y ?tant amalgam?es.

    Deux nouveaux textes vont nous permettre de d?finir avec plus de pr?cision la r?partition du tribut vers? par le prince de Serpuhov ? Moscou ; il s'agit des deux accords conclus entre Vladimir Andreevic

    et le grand prince Vasilij Ier, fils de Dmitrij Donskoj, l'un en 1390, l'autre en 1401-14023.

    Le document de 1390 d?finit les possessions territoriales de Ser

    puhov de la mani?re suivante :

    ? Nous te pr?serverons et n'enfreindrons pas ce que t'a octroy? ton p?re, notre p?re le grand prince, qui t'a c?d? un tiers de Moscou et ton otcina Serpuhov et les autres lieux... que tu as obtenus en ?change de Lopastna, Gorodec, Borovsk,

    Luza et Y uezd de la princesse Ul'jana, comme notre p?re l'a partag? avec toi,

    le tiers de Muskova Gora apr?s la mort de la princesse et le tiers de Dobrjatinsk, et le tiers des hommes recens?s, comme il en ?tait du temps de notre p?re le

    grand prince, et ce que je t'ai donn? en udel ? Volok avec ses volosti, et ces

    volosti sont Izdetemle et Voinici et Rzev avec ses volosti ?*.

    Il suffit de lire le document dans sa totalit? pour se convaincre que la

    terminologie utilis?e pour caract?riser les diverses possessions est fort

    pr?cise. Ainsi, toutes les clauses stipulant l'ind?pendance administra

    tive ou l'immunit? des possessions de Vladimir Andreevic pr?cisent

    toujours qu'il s'agit d'un udel i otcina ou d'une otcina i udel5. On pour rait pr?tendre qu'il s'agit l? d'une expression juridique fig?e dont la

    signification est peu pr?cise et l'emploi par le r?dacteur de l'accord

    n'autorise aucune analyse diff?renci?e. Nous venons de voir qu'il n'en

    i. Ce nom de lieu para?t pour la premi?re fois dans l'accord de 1374-1375 ; il ne nous a pas ?t? possible de le situer sur la carte avec pr?cision, mais la place

    qu'il occupe dans la liste des possessions l?gu?es en 1401-1402 par Vladimir

    Andreevic (cf. DDG, p. 47) laisse supposer qu'il s'agit d'un village important de la r?gion de Luza.

    2. DDG, p. 32. 3. Ibid., pp. 37-39 et 43-45. 4. Ibid., p. 37. 5. Ibid., pp. 38-39.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 499

    est pas ainsi lorsqu'il s'agit de d?finir les possessions de Vladimir.

    D'ailleurs, deux autres passages du texte permettent de s'en convaincre.

    i. Les possessions du grand prince sont ?galement d?sign?es par le couple udel i otcina, mais ? un endroit cette formule est modifi?e

    de telle sorte qu'il ne peut s'agir d'une locution fig?e : interdiction est

    faite ? Vladimir Andreevic d'envoyer ses percepteurs et d'acheter des

    villages dans ? nos udely, et dans Y otcina, dans la grande principaut? ?x.

    Le pluriel udely, qui d?note ici l'ensemble des possessions acquises par le grand prince en dehors de Moscou (son otcina ou patrimoine) indique bien que le terme udel a ici un sens des plus concrets.

    2. Enfin, le terme d'otcina applicable au prince de Serpuhov est

    expliqu? dans un autre passage. On sait par la chronique qu'imm? diatement apr?s la prise du pouvoir par Vasilij Ier, Vladimir de Ser

    puhov partit pour la capitale de sa principaut? d'o? il se dirigea vers

    Torzok, sur la fronti?re du territoire contr?l? par Novgorod2 ; il s'agis sait l? sans doute d'un conflit autour des deux territoires de Galic et

    Dmitrov, qui avaient ?t? repris par Dmitrij Donskoj et l?gu?s ? ses

    fils3, le d?placement ? Torzok devant permettre ? Vladimir de faire

    appel aux forces de Novgorod contre le grand prince. On retrouve, dans l'accord de 1390 qui mit fin ? ce conflit, une r?f?rence ? ce double

    d?placement :

    ? Le joug (tjagosf) de la Horde et les d?penses des envoy?s de Kolomna

    [encourues] lorsque tu ?tais dans ton ot?ina, tu nous les donneras selon le calcul.

    Et les frais des envoy?s de Vladimir, lorsque tu as voyag? en dehors de ton

    ot?ina, tu ne nous les dois pas ?4.

    Otcina a donc ici un sens nettement d?fini : il s'agit de Serpuhov et, par extension, des territoires que Vladimir avait re?us de son p?re.

    Il convient toutefois de mentionner une exception ? ce principe g?n?ral. Le statut de Rastovec, Peremysl' et Kozlov Brod, qui font bien partie de Votcina, demeure particulier du fait m?me qu'il avait fait l'objet dans le pass? de diverses tractations. D'ailleurs, celui des deux premi?res localit?s se trouve modifi? ? nouveau par une clause

    sp?ciale, sp?cifiant que les percepteurs du tribut n'y seraient pas

    envoy?s en commun par les deux princes. C'est sans doute ? la suite de ces circonstances particuli?res que les trois villes sont de nouveau

    mentionn?es explicitement dans la clause de l'accord touchant au

    payement du tribut :

    ? Et tu donneras, fr?re, ? moi, au grand prince, 320 roubles sur [les] 5 000 rou

    bles pour ton otcina. Et de Rastovec et de Peremysl' et de Kozlov Brod tu pren

    i. DDG, p. 38. 2. PSRL, vol. XI, p. 121.

    3. Cf. L. V. Cerepnin, op. cit., p. 63 et supra, p. 495. 4. DDG, p. 38.

    2

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  • 500 MICHEL ROUBLEV

    dras dans ce m?me argent. Et pour Volok tu me donneras 170 roubles sur [les] 5 000 roubles. Et s'il s'y ajoute ou s'en retranche, ce sera selon le calcul. Et si

    Dieu renverse la Horde et que je n'aie pas ? donner ? la Horde...1 scovite et

    de ton otcina et de Y udel, ce que tu prendras sera ? toi ?*.

    Si l'on compare les deux passages de l'accord que nous venons de

    citer, celui qui d?finit les possessions territoriales du prince de Ser

    puhov et celui qui pr?cise la somme ? payer en tribut, il est possible de tirer les conclusions suivantes :

    1. Uotcina comprend ici le tiers des revenus de Moscou, Serpuhov et ? les autres lieux ? (c'est-?-dire les possessions l?gu?es ? Vladimir

    par son p?re, y compris Rastovec, Peremysl' et Kozlov Brod), ainsi

    que Novyj Gorodok (Gorodec), Borovsk, Luza et la part de l'h?ritage de la princesse Ul'jana3. Pour ce territoire le prince de Serpuhov doit

    payer ? Moscou 320 roubles, les m?mes qu'en 13894.

    2. Une partie des possessions tenues en udel, c'est-?-dire nouvel

    lement octroy?es par Vasilij Ier, la r?gion de Volok (il s'agit de Volok

    Lamskij ou Volokolamsk) doit une somme suppl?mentaire de 170 rou

    bles et ne peut en aucun cas ?tre consid?r?e comme faisant corps avec

    les possessions anciennes de Serpuhov, qui payent selon un bar?me

    traditionnel5.

    3. Enfin, la ville de Rzev, qui est ?galement octroy?e en udel par

    Vasilij Ier, n'est pas mentionn?e dans le d?tail des pr?l?vements. On sait par la chronique que Rzev, situ?e sur la fronti?re entre les posses sions moscovites et lithuaniennes, constituait depuis longtemps une

    pomme de discorde entre Moscou, Tver' et la Lithuanie. Vladimir

    Andreevic, agissant pour le compte de Moscou, en avait chass? les Lithuaniens en 13686, mais la ville fut de nouveau reprise par ces der

    niers. Une nouvelle tentative de Vladimir en 1376 s'?tait sold?e par un ?chec7. D'ailleurs, l'octroi de Rzev par l'accord est pr?caire, le

    i. Ici se situe une lacune. 2. DDG, p. 38. 3. Borovsk et Luza ne font pas ? strictement parler partie de l'h?ritage de

    Vladimir, puisqu'il les avait obtenus de Dmitrij Donskoj par l'accord de 1389 (cf. p. 495) ; si l'on se reporte toutefois ? ce texte, dans lequel les possessions de

    Vladimir sont d?finies par le terme ?'udel qui a ici le sens g?n?ral de ?

    part ?, nous voyons que ces deux localit?s sont amalgam?es aux possessions h?r?di

    taires de Vladimir pour le payement de la somme de 320 roubles. Mu?kova Gora

    faisait partie des territoires de la princesse Ul'jana d?finis par le testament

    d'Ivan Ier (DDG, p. 8) ; quant au tiers des revenus de Dobrjatinskoe, il avait ?t?

    accord? au p?re de Vladimir par l'accord conclu avec Semen en 1350-1351 (DDG, p. 11), et fait donc partie de Yotiina de Vladimir.

    4. Voir supra, p. 496. 5. Peut-?tre s'agit-il de

    ? l'ancien rouleau ? mentionn? dans l'accord de 1367 ; cf. p. 495.

    6. PSRL, vol. XI, p. 10.

    7. Ibid., p. 25.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 501

    document pr?voyant que ?... si, pour quelque raison Rzev t'?tait enle

    v?e, je te donnerais ? la place de Rzev Jarop?le et Medusi. Et [dans ce cas] nous combattrons ensemble pour Rzev. Et si nous reprenons

    Rzev, Rzev sera ? toi, et nos volosti ? nous w1. Le silence du texte quant au tribut devant ?tre vers? par le prince de Serpuhov pour Rzev

    conduit ? conclure que cette localit? ne devait pas payer de tribut, et qu'il en ?tait de m?me pour les districts que Vasilij Ier promettait

    d'octroyer, au cas o? Rzev serait reprise par l'ennemi.

    Le second et dernier accord entre Vladimir de Serpuhov et Vasilij Ier

    date de 1401-14022. Comme en t?moigne une des clauses (? ... et nous

    vivrons selon notre premi?re charte d'accord et selon la pr?sente charte, de m?me que nos enfants ?3), les deux princes avaient sous les

    yeux le texte de l'accord pr?c?dent, auquel le nouveau trait? venait

    apporter des modifications territoriales dues aux nouvelles circons

    tances politiques. Examinons tout d'abord les termes utilis?s pour caract?riser les

    possessions de Moscou et celles de Serpuhov. Si nous ?tions parvenus ? la conclusion que dans l'accord de 1390 les termes udel et otcina

    avaient une signification bien pr?cise, il n'en est pas de m?me ici. Se

    r?f?rant de nouveau ? Volok et ? Rzev, le document pr?cise qu'elles avaient ?t? octroy?es en udel*, mais toutes les nouvelles concessions

    territoriales faites par le grand prince ? la lign?e de Serpuhov le sont

    en udel et votcina5. De plus, on peut penser que ce trait? fut r?dig? simultan?ment avec le testament de Vladimir de Serpuhov6, que nous

    examinerons plus loin, puisqu'une clause sp?ciale vient assurer les

    droits des h?ritiers de Vladimir en cas de d?c?s : le grand prince et ses

    descendants s'obligent ? respecter ? leur tiers de Moscou, et leurs

    votciny, et les lieux que je t'ai octroy?s en udel et vot?ina ?7. Les termes

    qui nous int?ressent ici gardent donc bien leur signification pr?cise

    lorsqu'il s'agit de d?finir les anciennes possessions de la lign?e de Ser

    puhov, mais paraissent plus vagues dans leur application aux terri

    toires r?cemment octroy?s ? Vladimir. Cette particularit? s'explique si l'on consid?re que le trait? ne constitue qu'un accord suppl?mentaire, annexe, venant compl?ter celui conclu en 1390. En effet, lorsqu'il s'agit de d?finir la somme due ? Moscou pour le tribut mongol, on n'y trouve aucune r?f?rence ? la votcina de Serpuhov, et seuls sont consi

    d?r?s les nouveaux territoires octroy?s ? Vladimir.

    Passons aux clauses territoriales. Vladimir rend au grand prince

    i. DDG, p. 38. 2. Ibid., pp. 43-45. 3. Ibid., p. 45. 4. Ibid., p. 43. 5. Synonyme ?'otcina. 6. Cf. L. V. Cerepnin, op. cit., pp. 72-73. 7. DDG, pp. 43-44.

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  • 502 MICHEL ROUBLEV

    de Moscou, Volok, Rzev et leurs districts, qui lui avaient ?t? octroy?s en udel et re?oit en ?change, conf?r?s en udel et votcina :

    ? Contre Volok, Gorodec1 avec les volosti, et les volosti de Gorodec sont Bel

    gorod'e et Jurevec, et le village (sloboda) de Korjakovo, et Cernjakova et la

    tamga d'Unza, et tous les revenus et les douanes de Gorodec et de ces volosti...

    Et contre Rzev, je c?de Uglic avec les revenus et les douanes et le village (selo) de Zolotorusskoe... Et j'ajoute ? ceci... Kozelsk... et Gogol, et Aleksin et Peres

    veto va et Lisin ?2.

    Ces territoires se situent dans trois r?gions diff?rentes : a) Gorodec et ses d?pendances se trouvent sur la Volga, ? 350 km au nord-ouest de Moscou et en amont de Niznij-Novgorod ; la possession de ce terri toire est consid?r?e comme peu assur?e, puisque l'accord stipule qu'en cas de perte le grand prince octroiera ? Vladimir le district de Tosna3 ;

    b) Uglic se situe sur la Volga, ? quelque 200 km au nord de Moscou ;

    c) Le groupe de villes ? ajout?es ? ? ces deux territoires se trouvent au sud et au sud-est de Moscou, dans le prolongement de l'apanage traditionnel de Serpuhov-Borovsk. Comme pour Gorodec, la possession de Kozelsk est mal assur?e ; en cas de perte, le grand prince envisage de la remplacer par les districts de Rozalovo et Bozenok.

    La clause de l'accord relative au tribut mongol nous fournit des

    renseignements pr?cieux :

    ? Et je te donnerai, Sire, pour Uglic 105 roubles sur [les] 7 000 roubles, et

    pour Gorodec et les volosti que tu m'as ajout?es ? Gorodec, je te donnerai 160 roubles sur [les] 1 500 roubles. Et ce qui s'y ajoutera ou s'en retranchera,

    je donnerai diff?remment selon le calcul. Et de ce qu'il reste de l'ancienne dette

    pour Niznij-Novgorod de 3 500 roubles, je te donnerai, Sire, selon le vyhod, selon le calcul. Et si Dieu renverse la Horde, Sire, j'aurai le tribut de ma votcina et

    de mon udel et je n'aurai pas ? te le donner, Sire, au grand prince ?4.

    On voit que la somme de 320 roubles mentionn?e dans le document de 1390 comme ?tant due pour Votcina du prince de Serpuhov, ne

    l'est pas ici, et que la clause ne concerne que les terres nouvellement

    octroy?es. On s'aper?oit imm?diatement que les sommes per?ues le sont pour des territoires pr?cis, et que leur montant ne d?pend pas du prince qui les per?oit : Vladimir payait 170 roubles pour Volok

    lorsqu'il l'avait en sa possession ; il doit d?sormais verser 105 roubles

    pour Uglic et 160 roubles pour Gorodec. En m?me temps nous trou vons de nouveau, comme dans le cas de Rzev, des villes et districts

    qui ne sont pas mentionn?s, et il para?t difficile d'expliquer cette

    i. Il s'agit de Gorodec-Radilov sur la Volga. 2. DDG, p. 43. 3. Ibid., p. 44.

    4. Ibid.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 503

    lacune par un oubli du copiste : Kozelsk, Gogol, Aleksin, Peresvetova

    et Lisin, nouvellement octroy?es au prince de Serpuhov, ne sont rede

    vables d'aucun versement et se trouvent ainsi implicitement amalga m?es au territoire h?r?ditaire de la principaut?, qui verse au tr?sor

    du grand prince une somme globale de 320 roubles.

    Le testament de Vladimir Andreevic1, r?dig? vers 1401-1402, per met de tirer des conclusions pr?cises sur le montant du vyhod, son mode

    de payement au prince de Moscou et la r?partition des pr?l?vements au sein de la principaut?. On y trouve en particulier une description d?taill?e de toutes les possessions de la principaut? qui sont partag?es avec exactitude entre les cinq fils de Vladimir et sa veuve.

    Le testament est impr?cis en ce qui concerne les termes utilis?s

    pour caract?riser les possessions des fils de Vladimir. La part de chacun

    est uniform?ment d?sign?e par le terme udel, exception faite d'un seul

    endroit o? le terme votcina para?t ?galement2. La distinction ici est

    ais?ment ?tablie : chacun des fils re?oit un apanage en propri?t? h?r?

    ditaire (votcina), ce principe ?tant sous-entendu ; toutefois, dans la

    mesure o? le testament d?finit la somme que chacun doit payer dans

    le montant global du tribut d? par la principaut?, il est normal que le texte maintienne implicitement un rapport entre les parts (udely) de l'h?ritage global.

    Les pr?cisions apport?es par Vladimir dans sa description d?taill?e

    de la principaut? nous permettent de constater l'agrandissement de

    son territoire. En effet, des dizaines de villages et de districts ruraux

    sont mentionn?s pour la premi?re fois comme faisant partie de la

    principaut? de Serpuhov, sans qu'on trouve la moindre r?f?rence au

    mode ou ? la date de leur acquisition. La liste de ces possessions peut ?tre ais?ment ?tablie et compar?e ? celle des territoires de Serpuhov que nous avons d?j? pu ?num?rer sur la base des accords conclus ant?

    rieurement avec les princes de Moscou. Cette multiplication de villages et districts, acquis soit par achats, soit par contrats matrimoniaux

    ou constituant tout simplement une colonisation interne de la princi

    paut? due ? une expansion d?mographique, ne nous int?resse ici que dans la mesure o? elle permet d'illustrer un principe g?n?ral que nous

    avons d?j? pu constater : le territoire traditionnel de la principaut? de Serpuhov paye une somme fixe au prince de Moscou, et cette somme

    n'augmente pas proportionnellement ? l'extension ou ? l'enrichissement

    de la principaut?. La clause du testament stipule clairement : ? Et

    lorsque le tribut du grand prince ira ? la Horde, sur [les] 5 000 roubles, mes enfants et ma princesse et leur udel doivent 320 roubles, hormis

    Gorodec et Uglic ?3. C'est la m?me somme que nous avons d?j? vue

    i. DDG, pp. 45-51. 2. Ibid., p. 45.

    3. Ibid., p. 49.

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  • 504 MICHEL ROUBLEV

    mentionn?e dans l'accord de 13891 et de nouveau en 13902. Il s'agit sans doute du payement traditionnel fix? par ? l'ancien rouleau ?

    mentionn? dans l'accord de 13673. Le paragraphe d?taill? du testament de Vladimir relatif ? la r?par

    tition du tribut ? l'int?rieur de la principaut? est int?ressant ? plus d'un point de vue. Il nous fournit tout d'abord des pr?cisions quant au montant total de ce dernier. L'accord pr?c?dent traitait entre autres

    de ? l'ancienne dette pour Niznij-Novgorod de 3 500 roubles ?, ainsi

    que de la somme due pour Gorodec, qui s'?levait ? ? 160 roubles sur

    [les] 1 500 roubles ?4. Le testament pr?cise dans le m?me contexte : ? ... et mes fils, le prince Semen et le prince Jaroslav, pr?l?veront un

    tribut sur Gorodec et les districts de Gorodec sur le vyhod de Nov

    gorod, sur [les] 1 500 roubles ils pr?l?veront 160 roubles selon notre

    accord ?5. On voit que la r?gion de Niznij-Novgorod paye un tribut

    sp?cial de 1 500 roubles, qui se distingue nettement du tribut ordi

    naire ; n?anmoins, la comparaison des deux textes ne permet pas de

    conclure que ce tribut ?tait pay? r?guli?rement ? la Horde, car ? l'ancienne dette ? n'est pas un multiple du vyhod (annuel ?) de 1 500.

    En second lieu, la clause relative au tribut nous fournit un exemple

    caract?ristique d'erreur de calcul qui fait ressortir la complexit? du

    probl?me qu'il nous faut r?soudre. Apr?s avoir mentionn? la somme

    traditionnelle de 320 roubles due ? Moscou par la principaut?, Vladi

    mir indique ? ses h?ritiers les modalit?s de pr?l?vement de ce tribut, fixant la somme que chacun doit payer pour son udel. Or, le total que nous obtenons par addition s'?l?ve ? 328,5 roubles ! Le r?dacteur du testament ne s'en trouble pas pour autant. Pr?cisant de nouveau

    qu'Uglic doit verser ? Moscou 105 roubles, comme stipul? auparavant, le paragraphe se termine ainsi : ? Ainsi mes enfants et ma princesse

    pr?l?veront le tribut sur leurs udely et sur Gorodec et sur les districts

    de Gorodec et sur Uglic 585 roubles ?6, ce qui r?tablit tr?s exactement

    le total obtenu en ajoutant les 320 roubles traditionnels aux sommes

    dues par Gorodec et Uglic. Enfin, ce paragraphe nous permet de constater que la r?partition

    du tribut au sein de chaque principaut? d?pend des dispositions prises par le prince local et n'est nullement dict?e par le grand prince de

    Moscou. Consid?rons en effet le cas de Kozelsk, Gogol, Aleksin, Peresve

    tova et Lisin. Ces bourgs sont octroy?s par le prince de Moscou ? Ser

    puhov en 1401-1402 et ne sont redevables d'aucun versement ? Moscou

    i. Voir supra, p. 496. 2. Voir supra, p. 499. 3. Voir supra, p. 495. 4. Voir supra, p. 502. 5. DDG, p. 49. (C'est nous qui soulignons.) 6. Ibid. On trouvera plus loin (pp. 517-518) une tentative d'expliquer cette

    erreur de calcul apparente.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS SOS

    (c'est-?-dire ? la Horde). Or, Vladimir Andreevic l?gue ces localit?s en bloc ? son fils a?n? Ivan ; la part de ce dernier comprend ?galement Serpuhov et ses districts, ainsi que certains droits ? Moscou et un

    grand nombre de villages moscovites ; dans la clause du testament

    relative au tribut, la somme qu'Ivan doit pr?lever est ainsi d?finie : ? et mon fils, le prince Ivan pr?l?vera le tribut sur Serpuhov et sur tout son udel 48,5 roubles d1. Il para?t donc incontestable que certains terri

    toires sont libres de tout tribut dans l'optique des princes de Moscou.

    Une fois octroy?s ? des princes apanagers, ils sont inclus dans les

    terres taillables ? merci par ces derniers et les sommes qu'on y pr?l?ve sont fix?es arbitrairement, au bon gr? du prince qui en h?rite. On peut se convaincre ais?ment qu'il en est ainsi en comparant les sommes dues

    par les h?ritiers de Vladimir ? l'importance des territoires qui leur

    sont ?chus. Pour ne prendre que deux exemples, la veuve de Vladimir

    est d?sormais redevable de 88 roubles sur le total de 320 pour son udel,

    qui comprend essentiellement Luza et ses districts et quelques villages moscovites ; un des fils de Vladimir, Jaroslav, paye 76 roubles pour sa

    part, qui comprend le bourg de Jaroslavl', deux villages moscovites et un ?tang ; par contre Ivan, l'ain?, qui h?rite de Serpuhov,

    ? centre de

    la principaut? et sans doute la ville la plus riche du territoire, de nom

    breux villages moscovites et des cinq villes octroy?es ? Vladimir par

    Vasilij Ier ?, n'est redevable que d'une somme de 48,5 roubles. On

    voit ici l'illustration d'un principe g?n?ral que nous retrouverons dans

    l'analyse des redevances de Moscou ? la Horde : le tribut impos? ?

    chaque principaut? est fixe et se paye en bloc ? Moscou selon des normes traditionnelles, tandis qu'au sein de chaque principaut? il se

    trouve r?parti selon des crit?res politiques. Les r?gions les plus riches ne sont pas forc?ment celles qui payent le plus ; bien au contraire, ce sont les zones p?riph?riques octroy?es ? des princes de moindre

    importance, qui sont impos?es le plus lourdement. Ceci montre on ne peut plus clairement qu'il est impossible de postuler un pr?l?ve ment uniforme et proportionnel du tribut ? travers toute la Russie, comme l'a tent? Vernadsky. Les cas o? un tel vyhod a ?t? pay? consti tuent donc des exceptions ? la r?gle g?n?rale, dues ? des circonstances

    politiques particuli?res.

    Le testament de Vladimir nous fournit un certain nombre d'autres

    indications pr?cieuses :

    1. Il s'av?re qu'? l'int?rieur de chaque apanage le tribut ? payer est fractionn? en unit?s de plus en plus petites allant jusqu'au village (selo). Ceci ressort du passage suivant : ? Et ? Uglic j'octroie ? ma

    princesse le village de Bogorodickoe avec tous les hameaux nouveaux

    I. DDG, p. 49.

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  • 5o6 MICHEL ROUBLEV

    (derevni) et les lacs et la for?t, et mes fils, le prince Andrej et le prince

    Vasilij, n'interviendront pas dans ce village... ma princesse jugera ce

    village et [en] aura le tribut a1.

    2. La somme pr?lev?e sur chaque village ou r?gion pouvait varier

    selon la conjoncture et il n'?tait possible que de fixer la somme glo bale due par Y udel, sans entrer dans les d?tails. Ceci ressort du passage relatif ? Gorodec, que Vladimir partage entre ses deux fils, Semen et

    Jaroslav :

    ? La ville et les stany2 seront partag?s en deux par mes fils, avec toutes les

    douanes... Mon fils, le prince Semen, aura les stany de ce c?t? de la Volga, en

    dessous de Gorodec, ainsi que Belgorod. Et mon fils, le prince Jaroslav, aura les

    stany de l'autre c?t? de la Volga, au-dessus de Gorodec, ainsi que Jurevec. Mes

    fils partageront les stany entre eux deux, ? ?galit?. Et celui qui aura le plus dans

    les stany (budet bole v staneh), l'autre devra lui c?der. Et si Belgorod est plus

    que Jurevec et Cernjakova, mon fils, le prince Semen, ajoutera de Korjakova ? son fr?re, le prince Jaroslav. Et si Jurevec et Cernjakova sont plus que Bel

    gorod, il en sera autrement de la m?me mani?re ?3.

    Bien que les termes de dan' ou vyhod ne paraissent pas dans ce passage, il nous semble ?vident qu'il s'agit du pr?l?vement du tribut, sinon on

    ne saurait expliquer ces pr?cisions qui suivent la clause du partage ? en deux et ? ?galit? ?.

    3. Enfin, notons de nouveau qu'apr?s avoir ?t? r?parti entre les

    divers apanages l?gu?s par Vladimir ? ses h?ritiers, le tribut n'en

    continue pas moins ? ?tre vers? en bloc ? Moscou :

    ? Et lorsque le grand prince aura ? payer le tribut ? la Horde, mes enfants

    et ma princesse pr?l?veront le tribut chacun sur son udel selon le calcul ?crit

    dans la pr?sente charte ; et apr?s que chacun aura pr?lev? le tribut sur son udel, il enverra son boyard avec son argent ensemble au tr?sor du grand prince et

    ils remettront l'argent ensemble ?*.

    L'absence de documents suppl?mentaires nous oblige ? conclure cette analyse des redevances pay?es par la principaut? de Serpuhov

    Borovsk au grand prince de Moscou pour le compte du tribut ? la

    Horde. Les autres accords et testaments que nous poss?dons concer

    nant cette principaut? ne contiennent pratiquement pas de donn?es sur ce dernier. L'accord conclu en 1433 entre Vasilij II de Moscou et

    le prince de Serpuhov Vasilij Jaroslavic, stipule seulement que ce

    dernier doit payer pour son ? otcina selon le partage, comme l'on

    payait auparavant pour le vyhod et le jam ?5. Le testament de la veuve

    i. DDG, p. 48. 2. Le terme signifie ? l'origine

    ? lieux d'?tape ? et caract?rise une division

    administrative de l'apanage. 3. DDG, p. 47. 4. Ibid., p. 48. 5. Ibid., p. 71.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 507

    de Vladimir Andreevic date de 14331 ; six ans plus t?t une ?pid?mie avait d?cim? la dynastie de Serpuhov, laissant comme h?ritier unique de la principaut? le petit-fils de Vladimir, Vasilij Jaroslavic, dont la

    grand-m?re avait d? g?rer la principaut? pendant sa minorit?2. Il

    semble que la r?gence n'ait pas ?t? des plus efficaces ; la princesse adresse une supplique au grand prince afin qu'il veuille bien restituer

    ? ses cr?diteurs des sommes qu'elle avait emprunt?es pour payer ? pour Y otcina de mon petit-fils le prince Vasilij 280 roubles et pour

    Luza 500 roubles ?3.

    Un accord conclu entre Vasilij II et Vasilij Jaroslavic de Serpuhov en 1447 vient modifier la structure de la principaut?. Le prince de

    Moscou n'avait pu assurer ? Serpuhov la possession des territoires

    octroy?s en 1401-1402 (Uglic, Gorodec, Kozelsk, Gogol, Aleksin,

    Peresvetova, Lisin) ; en compensation, Vasilij Jaroslavic re?oit ? Dmitrov et ses districts, et les pr?l?vements, et les villages et toutes

    les douanes en udel et en votcina, avec tout ce qui appartenait ? Dmitrov

    [lorsqu'il ?tait] ? moi, au grand prince, et je t'octroie ?galement, fr?re, le district de Vysgorod : Suhodol' et Krasnoe Selo ?4. Le paragraphe d?taillant le payement du tribut ne cite pas de somme pr?cise : ? Et

    tu dois me donner, fr?re, au grand prince, pour ton otcina selon le

    partage d'apr?s lequel on donnait auparavant pour le vyhod et le jam. De m?me, fr?re, pour Dmitrov ton otcina, tu dois me donner, au grand

    prince et ? mes enfants, pour le vyhod et le jam selon la premi?re impo sition (oklad), selon le calcul ?5. De nouveau, tandis que l'octroi de

    Dmitrov est mentionn? lorsqu'il s'agit de pr?ciser le payement du

    tribut, ce n'est pas le cas pour Suhodol' et Krasnoe Selo. On ne peut

    s'expliquer le silence du texte sur ce point qu'en postulant que cette

    r?gion, comme d'autres que nous avons d?j? rencontr?es, ne paye pas de tribut. Cette hypoth?se est confirm?e par un second accord conclu

    entre les deux princes en 1450-14546. L'octroi de Dmitrov et de ses

    d?pendances est annul?, mais le grand prince s'engage ? maintenir et pr?server Yudel du prince de Serpuhov, dont on ?num?re les pos sessions, au nombre desquelles se trouvent Suhodol' et Krasnoe Selo.

    La charte pr?cise dans ce contexte : ? Et de Suhodol' et Krasnoe Selo tu prendras le tribut pour toi, et ce tribut de Suhodol' et de Krasnoe

    Selo tu ne dois pas me le donner dans le vyhod ?7.

    L'accord ne nous indique aucun chiffre pr?cis quant au montant du

    vyhod.

    i. DDG, pp. 71-73 2. Cf. L. V. Cerepnin, op. cit., p. 156. 3. DDG, p. 73. 4. Ibid., p. 130. 5. Ibid., p. 131. 6. Ibid., pp. 168-175. 7. 72>?d., p. 170.

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  • 5o8 MICHEL ROUBLEV

    Avec ce document se termine la s?rie de textes que nous poss?dons sur la principaut? de Serpuhov. On voit que les seules chartes qui nous

    fournissent des pr?cisions quant au montant du vyhod et ? son mode

    de r?partition et de perception sont celles qui couvrent la p?riode

    1389-1402.

    La principaut? de Moscou

    Les deux testaments des princes de Moscou dont l'analyse peut contribuer ? l'?claircissement de notre sujet sont r?dig?s ? plus d'un si?cle d'intervalle. Le premier, celui de Dmitrij Donskoj (seconde

    version), date de 13891, c'est-?-dire de la m?me ?poque que les accords avec Serpuhov ; le second, r?dig? par Ivan III en 15042, ne peut ?tre utilis? que pour une comparaison g?n?rale, les territoires d?nombr?s ?tant partag?s de mani?re ? rendre impossible toute estimation du

    tribut vers? par chacun.

    ?tant donn? que l'examen d?taill? du testament de Dmitrij

    Donskoj n?cessite de nombreuses comparaisons entre ses diverses

    clauses, il nous a paru n?cessaire de donner une traduction des pas

    sages les plus importants. Le num?rotage des paragraphes a ?t? ?tabli

    pour la commodit? des r?f?rences.

    [1] ? Je confie mon otcina, Moscou, ? mes enfants, au prince Vasilij3, au prince Jurij, au prince Andrej, au prince Petr. Mon fr?re, le prince Vladimir (de Serpuhov) g?rera son tiers, que lui a octroy? son p?re le prince Andrej. A mon fils, le prince Vasilij, j'octroie ? cause de son

    a?nesse la moiti? des deux parts de la ville et des stany de mon udel, et la moiti? ? mes trois fils, et la moiti? des douanes de la ville... [Suit l'?num?ration d'autres droits dans la r?gion de Moscou partag?s entre

    les h?ritiers.] [2] Je donne ? mon fils, le prince Vasilij, Kolomna avec tous les

    districts et les taxes commerciales (tamga i myty) et les ruches et les

    villages et toutes les douanes. Et les districts de Kolomna sont :

    Mescerka, Ramenka, Pesocna, Braseva avec le petit village (seVco) de Gvozdnoja et Ivani, Gzel', les hameaux de Levicin, Skulnev, Mako

    vec, Kanec, Kocema, Komarev et son rivage, Gorodna, Pohrjane, Ust-Merskoe. Des villages de Moscou je donne ? mon fils, le prince

    Vasilij : le pocinok [terre nouvellement d?frich?e] de Mitin, Mala

    hovskoe, Konstantinovskoe, les hameaux (derevni) de ?yroskiny, Ostrovskoe, Orininskoe, Kopotenskoe, Hvostovskoe, le grand pr? pr?s de la ville et au-del? de la rivi?re. Des villages de Jurev je donne ?

    i. Cf. L. V. Cerepnin, op. cit., p. 59. 2. Ibid., pp. 220-221.

    3. Il s'agit de Vasilij Ier, grand prince de Moscou de 1389 ? 1425.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS 509

    mon fils, le prince Vasilij, mon acquisition de Krasnoe Selo et Eleza

    rovskoe et Provatov et le village de Vasilevskoe ? Rostov.

    [3] Je donne ? mon fils, le prince Jurij, Zvenigorod avec tous les

    districts et les taxes commerciales et les ruches et les villages et toutes

    les douanes. Les districts de Zvenigorod sont : Skirmenovo, avec Belmi, Trostna, Neguca, Surozyk, Zamosskaja sloboda [hameau de colonisa

    tion], Jureva sloboda, le bourg (gorodok) de Ruza, Rostovci, Krem

    cina, Fominskoe, Ugoz, Suhodol' avec Ysteja et Istervaja, Vysegorod, Plesn, Dmitrieva slobodka. Des villages de Moscou je donne ? mon fils, le prince Jurij : Mihalevskoe, Domantovskoe et le pr? de Hodinsk.

    Des villages de Jurev je lui donne : mon acquisition, le village de

    Kuzmydem'janskoe, auquel j'ajoute le pocinok de Krasnoe Selo

    au-del? de la Vezka, et le village Bogorodickoe ? Rostov.

    [4] Je donne ? mon fils, le prince Andrej, Mozajsk avec tous les districts et les taxes commerciales et les ruches et les villages et toutes

    les douanes et les districts contr?l?s par itin?raires (ot'ezdnye volosti). Les districts de Mozajsk sont : Ismeja, Cislov, Bojan, Berestov, Porotva, Koloca, Tuskov, Vysnee, Glinskoe, Pnevici avec Zagor'e, Bolonsk.

    J'ajoute ? Mozajsk, Korzan et la colline Moisin. Les districts contr?l?s

    par itin?raires sont : Vereja, Rud, Gordosevici, Gremici, Zaberega, Susov et le village Repinskoe... Koluga et Rosca [vont] aussi ? mon

    fils le prince Andrej... et Tov et Medyn [pris] ? Smolensk. Des villages de Moscou je lui donne Naprudskoe et Lucinskoe sur la Jauza avec le

    moulin, Deuninskoe, Hvostovskoe ? Peremysl', le pr? de Borovsk...

    Des villages de Jurev je lui donne Aleksinskoe sur la Peksa.

    [5] Je donne ? mon fils, le prince Petr, Dmitrov avec tous les

    districts et les villages et toutes les douanes et les taxes commerciales et les ruches. Les districts de Dmitrov sont : Vysegorod, Berendeva

    sloboda, Lutosna... Inobas. Des districts de Moscou je donne au prince Petr, Muskova Gora, Izvo, Ramenka, la slobodka du prince Ivan,

    Vori, Korzenevo, Rogoz, Zagar'e, Vohna, Selna, Guslecja, le bourg de Serna. Des villages de Moscou je donne au prince Petr, Novoe Selo...

    Sulisin. Des villages de Jurev je lui donne mon acquisition, le village

    Bogorodickoe sur la Bogonja. [6] Je donne ? mon fils, le prince Ivan, Rameneice avec les api

    culteurs et ce qui en d?pend et le village Zverkovskoe et le pocinok de Sohonsk, qui ont ?t? retir?s au prince Vladimir. Sohna je donne

    aussi ? mon fils le prince Ivan. Dans cet udel mon fils le prince Ivan est libre ; il [en] donnera ? celui de ses fr?res qui sera bon envers lui.

    [7] J'octroie ? mon fils, le prince Vasilij, mon otcina, la grande

    principaut? (velikoe knjazenie). [8] J'octroie ? mon fils, le prince Jurij, l'acquisition de son grand

    p?re, Galic avec tous les districts et les villages et toutes les douanes,

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  • 510 MICHEL ROUBLEV

    ainsi que les villages qui d?pendaient de Kostroma : Mikul'skoe et

    Borisovskoe.

    [9] J'octroie ? mon fils, le prince Andrej, l'acquisition de son grand

    p?re, Beloozero avec tous les districts et Vol'skij et Sagot'ja et Milo

    ljubskij... [10] J'octroie ? mon fils, le prince Petr, l'acquisition de son grand

    p?re, Uglic et ce qui en d?pend, ainsi que Tosna et S jama.

    [n] Je donne ? ma princesse de la grande principaut?, chez mon fils

    le prince Vasilij : de Perejaslavl' ?

    Julka, et de Kostroma ? Iledam

    avec Komelaja, et chez le prince Jurij de Galic ?

    Sol, chez le prince

    Andrej de Beloozero ? Vol'skoe avec Sagotja et Miloljubskij... Des

    villages de Vladimir je donne ? ma princesse le village d'Andr?evskoe

    et des villages de Perejaslavl' ? le village de Dobroe et ce qui en

    d?pend. Et de Y udel de mon fils, le prince Vasilij ?

    Kanev, Pesocna, et des villages

    ? Malinskoe, Lyscevo. De Y udel du prince Jurij

    ?

    Jureva sloboda, Suhodol' avec Ysteja et Istervaja, et le village Andreev

    skoe et Kamenskoe. Et de Y udel du prince Andrej ? Ver? ja et Cislov

    et le village Lucinskoe sur la Jauza avec le moulin. De Y udel du prince Petr ? Izvo et Sjama. Et en ce qui concerne les districts et villages

    que j'ai donn?s ? ma princesse de Y udel de mon fils, le prince Vasilij, et de celui du prince Jurij, de celui du prince Andrej, de celui du prince Petr, si Dieu pense ? [rappelle ? lui] ma princesse, les districts et

    villages qui sont dans Y udel de chacun seront ? lui.

    [12] Je donne ? ma princesse mon acquisition de Skirmenovskaja slobodka avec Sepkov, Smoljane avec le pocinok de Mitjaevskij et avec

    les ruches et les apiculteurs de Vysegorod, Kropivna avec les api culteurs et ceux d'Ismejskoe1... et de Gordosevici et de Ruza, 2eleskova sloboda avec les ruches et le village d'Ivan

    ? Horobry, Iskonskaja

    slobodka, Kuzovskaja slobodka... Lohno, achat de ma princesse, sera

    ? elle. Et ? Kolomna mon acquisition, le pocinok de Samoilecev avec

    les hameaux, le pocinok de Savelevskij, le village de Mikul'skoe,

    Babysevo, Oslebj ate vskoe... Son village de Repenskoe et ce qu'elle y a ajout? par achat reste ? elle. Des villages de Moscou je donne ? ma

    princesse : Semcinskoe avec le moulin de Hodinsk, le village Ostaf'ev

    skoe et Ilmovskoe. Je lui donne des villages de Jurev : mon achat le

    village de Petrovskoe, et Frolovskoe, et Eloh. Holhol et Zajackov sont ? ma princesse...

    [13] Lorsque mes enfants auront ? pr?lever le tribut (dan') sur

    leur otcina, que je leur ai octroy?, mon fils le prince Vasilij prendra de son udel ? de Kolomna et de tous les districts de Kolomna

    ?

    342 roubles, et ma princesse lui donnera sur cette somme 47 roubles

    pour Pesocna et 22 roubles pour Kanev. Le prince Jurij prendra de

    1. Ici se situe une lacune d'environ 15 lettres.

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS S"

    Zvenigorod et de tous les districts de Zvenigorod 272 roubles, et ma

    princesse lui donnera sur cette somme 50 roubles pour Jureva sloboda et 45 roubles pour Suhodol', et 9 roubles pour Smoljany et 9 roubles

    pour Skirmenovskaja slobodka. Le prince Andrej prendra de Mozajsk et de tous les districts de Mozajsk 167 roubles et [il prendra] des lieux contr?l?s par itin?raires 68 roubles, et ma princesse lui donnera sur

    cette somme 22,5 roubles pour Vereja, et 7,5 roubles pour Cislov, et 22 roubles pour Zajackov, 6,5 roubles pour Iskonskaja slobodka,

    6,5 roubles pour Kropivna. Le prince Petr prendra sur son udel in rou

    bles et ma princesse lui donnera sur cette somme 30 roubles pour Izvo. Le prince Ivan donnera au prince Vasilij 5 roubles pour Sohna, et pour Rameneice il donnera au prince Petr 5 roubles. Ceci ils le

    prendront pour [les] 1 000 roubles, et si c'est plus ou moins il en sera

    diff?remment selon le m?me calcul. Et si Dieu renverse la Horde, mes

    enfants n'auront pas ? donner le vyhod ? la Horde et chaque fils

    gardera pour lui la dan' qu'il pr?l?vera sur son udel a1.

    L'analyse du testament de Donskoj que nous abordons ? pr?sent se propose d'examiner : a) La terminologie utilis?e pour caract?riser les possessions des h?ritiers ; b) Les territoires pour lesquels chacun

    des fils est redevable d'un tribut ? l'a?n? Vasilij ; c) Les possessions de la veuve et les sommes dues pour ces terres.

    Notons tout d'abord que bien que la liste des possessions de Moscou

    partag?es par Dmitrij entre ses h?ritiers soit fort longue, elle n'est pas exhaustive. Si l'on compare en effet les paragraphes [1] et [2]

    ? d?cri vant le legs de Vasilij ?, au d?but du paragraphe [n] on s'aper?oit que la veuve de Donskoj re?oit deux villages ? chez Vasilij ?, l'un

    d?pendant de la ville de Perejaslavl' et l'autre de Kostroma. Or,

    Perejaslavl' et Kostroma ne sont pas explicitement mentionn?es dans le legs fait ? Vasilij et se trouvent sans doute comprises dans les terres d?finies par le paragraphe g?n?ral [7]. Cette circonstance nous cr?e une difficult? m?thodologique, dans ce sens qu'il ne nous sera possible d'avancer des d?ductions ? partir des omissions du texte que lorsqu'on pourra expliquer ces derni?res dans chaque cas

    pr?cis. Le terme otcina para?t dans deux contextes diff?rents et poss?de

    deux sens distincts. Moscou est Y otcina de Donskoj qu'il l?gue ? son

    a?n? Vasilij ?

    paragraphe [1] ?, c'est-?-dire son patrimoine h?r?di taire. A la suite de l'?num?ration des principaux territoires l?gu?s ? ses h?ritiers, Dmitrij

    ? octroie ? son ? otcina, la grande principaut? ?

    ? Vasilij ?

    paragraphe [7] ?, otcina d?signant ici ? la fois les posses sions d?pendant traditionnellement de Moscou et la fonction de grand prince. Enfin, le terme se retrouve une derni?re fois au d?but du para

    i. DDG, pp. 33-36.

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  • 512 MICHEL ROUBLEV

    graphe [13] et d?signe dans ce cas pr?cis exactement le m?me territoire

    que le terme udel.

    Nous ne trouvons aucune pr?cision terminologique en ce qui concerne les territoires octroy?s ? chacun des fils

    ? paragraphes [2]

    ? [6]. Chaque legs mentionne pour commencer une ville importante, ?num?re les districts qui en d?pendent, puis les villages qui d?pen dent de Moscou, Jurev, et dans deux cas

    ? paragraphes [2] et [3]

    ?

    Rostov. Une nouvelle enumeration de territoires partag?s occupe les

    paragraphes [8] ? [10] ; encore une fois, aucun terme pr?cis n'est

    employ? pour ces legs, qui ont toutefois un statut sp?cial qui explique leur donation par des clauses s?par?es : il s'agit de terres acquises par Ivan II. Lorsqu'on passe au paragraphe [13], qui traite du tribut ?

    la Horde, on est imm?diatement frapp? par la d?finition du territoire

    de chaque prince sur lequel le tribut doit ?tre pr?lev? : pour Vasilij ? son udel ? Kolomna et tous les districts de Kolomna ?, pour Jurij ? Zvenigorod et tous les districts de Zvenigorod ?, pour Andrej ? Mozajsk et tous les districts de Mozajsk ?, pour Petr

    ? son udel ?. On

    est donc en droit de conclure que Yudel de chaque prince tel qu'il est

    d?fini dans ce paragraphe constitue, non pas les territoires qui lui

    sont l?gu?s par Donskoj dans leur totalit?, mais bien la ville principale et les districts ruraux d?limit?s dans les paragraphes [2] ? [6]. Nous

    trouverons une confirmation de cette hypoth?se dans l'examen de la

    r?partition du tribut pay? par la veuve de Donskoj. La seule exception

    ? cette r?gle concerne le paragraphe [6], o? toutes les possessions d'Ivan sont appel?es son udel.

    C'est en comparant les paragraphes [n], [12] et [13] que nous

    pouvons pr?ciser la r?partition du tribut au sein du territoire l?gu?

    par Donskoj ? ses descendants. On voit que chacun des fils doit payer le tribut pour une partie seulement de son legs, d?finie au paragra

    phe [13]. Ce n'est que dans le cas de Petr que l'imposition se pr?l?ve

    sur son apanage tout entier, sans plus de pr?cision. Il serait possible

    d'opposer ? cette conclusion l'argument selon lequel il nous serait

    interdit d'adopter une interpr?tation ? la lettre du paragraphe [13]. Si l'on invoquait ainsi le manque de pr?cision des documents que nous,

    examinons, on ne pourrait manquer de conclure que chacun des fils

    de Donskoj devait pr?lever un tribut sur son apanage tout entier et

    que la d?finition des territoires imposables dans le paragraphe [13] ne pr?tend pas ? l'exactitude ; dans cette optique Kolomna, Zveni

    gorod et Mozajsk ne seraient que des abr?viations commodes pour

    d?signer les apanages des fils de Donskoj dans leur totalit?, et c'est

    sur l'ensemble de chaque apanage que le tribut serait pr?lev?. Une

    telle argumentation peut para?tre fond?e si l'on consid?re que certains

    des documents que nous avons analys?s sont parfois impr?cis. Dans le cas

    pr?sent elle ne saurait nous satisfaire, et ceci pour la raison suivante :

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  • LE TRIBUT AUX MONGOLS SIS

    en plus des redevances ? globales ? dues par chacun des princes,

    le paragraphe [13] d?finit tr?s exactement le payement qui leur est

    d? par la veuve de Donskoj et son fils mineur Ivan ; ces sommes

    doivent leur ?tre vers?es pour des territoires appartenant ? ces deux

    derniers et qui sont englob?s dans les apanages princiers. Il est pos sible de situer dans presque chaque cas le village ou la r?gion octroy?s ? la veuve de Donskoj et ? Ivan dont le montant du tribut est pr?cis?. Pesocna et Kanev, pour lesquels Vasilij doit recevoir 69 roubles, sont

    deux districts ruraux de Kolomna ? voir paragraphe [2] ; Jureva sloboda, Suhodol', Smoljany et Skirmenovskaja slobodka, pour les

    quels Jurij doit recevoir 113 roubles, font tous partie de la r?gion de

    Zvenigorod ? voir paragraphe [3]1 ; les 84 roubles que le prince Andrej

    re?oit de sa m?re sont pr?lev?s sur Vereja et Cislov, tous deux d?pen dant de Mozajsk

    ? voir paragraphe [4] ? et sur cinq autres posses

    sions : Zajackov, contr?l? par Mozajsk2, Holohl3, Zeleskovy (que nous

    n'avons pu situer), Iskonskaja sloboda dans la r?gion de Ruza

    Mozajsk4, et Kropivna dans la r?gion de Tarussa-Vereja5, c'est-?-dire

    d?pendant ?galement de Mozajsk ; une somme de 30 roubles doit ?tre

    vers?e ? Petr pour Izvo, district de Dmitrov octroy? ? sa m?re6 ; enfin, le prince Ivan devra payer ? Vasilij une somme de 5 roubles pour Sohna, au sud-ouest de Moscou7, et ? Petr 5 roubles pour Rameneice8.

    Nous voyons que dans tous les cas sauf le dernier ? et l?, la chose

    s'explique, si l'on consid?re que le don de Rameneice ? Ivan ?tait de

    nature ? soustraire d?finitivement le village ? l'autorit? de Moscou,

    puisque son possesseur n'avait que peu de chances d'acc?der au tr?ne

    i. Smoljany constitue une exception, n'?tant pas mentionn? au para

    graphe [3] ; si nous nous reportons toutefois au testament de Jurij r?dig? en 1433, on voit que Smoljany fait partie de la r?gion de Vysgorod, elle-m?me un

    des districts de Zvenigorod ; cf. DDG, p. 74 ; voir ?galement le paragraphe [12], o? Smoljany constitue un ensemble avec les ruches de Vysgorod.

    2. DDG, p. 13.

    3. La localisation n'en est pas s?re ; ainsi, selon M. N. Tihomirov (Rossija...,

    op. cit., p. 119), il s'agirait d'un territoire dans la r?gion de Malojaroslavec. ? une trentaine de kilom?tres au sud de Borovsk ; pour Zimin et Poljak (PRP, t. 3, p. 321), le nom doit ?tre rapproch? de celui d'un district d?pendant de Sta rica sur la haute Volga (il se retrouve dans celui de la rivi?re Holohna ou Hol'hol'

    nja, un des affluents de la haute Volga ; cf. A. N. Nasonov, op. cit., p. 253).

    Il ne s'agit donc pas de toute fa?on d'un village d?pendant de Moscou, et la pre mi?re localisation donn?e, non loin de Mozajsk, est la plus probable.

    4. Cf. PRP, t. 3, p. 321.

    5. Ibid. ; cf. aussi DZ) G, p. 540. 6. PRP, t. 3, p. 320 ; DDG, p. 74 ; on voit que Izvo d?pend de Dmitrov,,

    et non pas de Moscou comme on pourrait le croire d'apr?s l'?num?ration du para

    graphe [5]. Les districts de Moscou octroy?s ? Petr sont donc par cette cir constance m?me amalgam?s ? Dmitrov.

    7. Le village sera amalgam? plus tard au district de Vereja (cf. PRP, t. 3,

    p. 320) ; ? partir de son octroi ? Ivan son lien avec Moscou se rel?che, puisqu'il

    est conf?r? plus tard au fils de Jurij (cf. DDG, p. 108). 8. Il pourrait s'agir d'un village ?

    12 km de Moscou, ?galement octroy? plus tard au fils de Jurij ; cf. DDG, p. 108.

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  • 514 MICHEL ROUBLEV

    ? les territoires octroy?s ? la veuve de Donskoj et ? son jeune fils, et devant payer un tribut aux autres fils du grand prince, se situent tous dans les parties de leurs apanages d?finies par le paragraphe [13], c'est-?-dire dans les r?gions de Kolomna, Zvenigorod, Mozajsk et

    Dmitrov. Le paragraphe en question doit donc ?tre consid?r? comme

    pr?cis ; on en d?duit que les autres parties de chacun des apanages n'?taient redevables d'aucun tribut aux Mongols.

    La d?monstration inverse est ?galement possible. Le paragra

    phe [n] distingue nettement entre les terres octroy?es ? la veuve ? chez ? ses fils et les territoires qu'elle re?oit dans Y udel de ses fils, et

    nous y trouvons donc deux enumerations distinctes. La premi?re se

    r?f?re aux territoires appartenant ? Vasilij, Jurij et Andrej en vertu

    des paragraphes [7] ? [9], dont nous avons d?j? not? le caract?re par ticulier1 : il s'agit de la

    ? grande principaut? ?, c'est-?-dire des villages de Moscou ainsi que de Perejaslavl', Kostroma et Vladimir (l?gu?e ?

    Vasilij), de Galic (? Jurij), de Beloozero (? Andrej) et d'Uglic (? Petr). Non seulement ces r?gions ne so