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7/25/2019 Le Tourisme Marocain http://slidepdf.com/reader/full/le-tourisme-marocain 1/188 Abdelhadi ALAMI Le Touri sme Marocai n L’Eternel Espoir

Le Tourisme Marocain

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Abdelhadi ALAMI

Le Tour i sme Mar ocai n

L’Eternel Espoir

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09/01/04 DEDICACE

A mes enfants et petits enfants.

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09/01/04 NOTE DE L’EDITEUR

Note de l’éditeur

Comment traiter des problèmes de gouvernance et de gestion,

sans irriter ni fâcher personne, dans un pays de tradition orale qui netient pas à avoir nécessairement la mémoire de toutes les choses ?

Inspecteur des Finances, opérateur économique et homme politique, Abdelhadi Alami tente dans ce livre-témoignage de réussircet exercice-là. Son regard porté sur les modes de gouvernance passésdans le domaine du tourisme est sans complaisance. Mais ce regardest celui d’un patriote impatient de voir son pays accéder, le plusrapidement possible, au développement et à la prospérité. Il ne cède

 pas à l’autosatisfaction tellement commode - ni à la sinistrose-ambiante - ici et là. Son livre est une analyse lucide, destinée àenrichir le débat et provoquer la mobilisation autour du projet dedéveloppement durable du tourisme au Maroc.

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09/01/04 AVANT-PROPOS

 Avant-Propos

Ce livre a été plusieurs fois commencé puis mis de côté.

La nouvelle guerre du Golfe, avec tout ce qu’elle devait entraînerde désastreux pour les économies et les structures sociales du globe,notamment dans le domaine du voyage et du tourisme, a précipité etrendu définitive ma décision de le reprendre et de le terminer.

Il sera bien accueilli s’il arrive à participer à combler le vide danslequel se trouve l’analyse -complète et objective -de ce secteur ; et s’ilcontribue à refuser toutes les velléités de l’esprit d’aller vers le facile,

cherchant soit à décrire ce que l’on croit savoir, soit à faire l’éloge des politiques et des systèmes d’organisation qui ont été mis en place etqui sont responsables des difficultés de développement durable decette activité.

Le tourisme marocain est certainement né sous une bonne étoile,sous le regard bienveillant d’une fée séduite. Mais, de toute évidence,la magie peut déserter la scène à n’importe quel moment.

Tout le monde sait qu’une bonne donne ne permet à personne de bien jouer au bridge, car, si avoir une bonne main est une conditionnécessaire, elle n’est, hélas, point suffisante. Le savoir, le savoir-faireet l’expérience sont indispensables à toute action complexe. En effet,le bridge et l’économie sont des choses sérieuses qui rejettenttotalement l’amateurisme et l’improvisation.

Quand la Chine communiste constata la faillite du frère aînérusse, subitement indécis et velléitaire, elle décida -avec une lucidité

exceptionnelle et beaucoup de volonté-, d’utiliser à son profit, avecune dextérité remarquable, les techniques et les ficelles dedéveloppement économique, propres à l’Occident, à travers unlibéralisme d’Etat qui tarde à dire son nom, mais dont les effets sont

 bien visibles sur les places marchandes du monde entier.

L’objet du livre n’est pas les « dragons » d’Asie bien sûr. Mais le

cas de la Chine est intéressant à évoquer ici car ce pays a étérapidement en mesure de sortir du sous-développement en mettant en

 place des politiques et des techniques d’exécution qui ont atteint

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 pleinement leurs objectifs. Sans se soucier le moins du monde de

toute « pudeur » socialiste, elle a rejeté ses préjugés et adopté lesméthodes d’un libéralisme envahissant qui a fait d’elle un grand« dragon » parmi les monstres d’Asie, puisqu’elle bénéficie d’unecroissance forte et durable.

Avoir des côtes magnifiques, des sites de premier plan, une population hospitalière et disponible, constitue, certes, des atoutsremarquables, mais insuffisants et pratiquement inopérants s’ils nesont pas intégrés dans une vraie politique de développement où lesopérateurs et les intervenants sont compétents et responsables.

Il me fallait réagir comme opérateur engagé dans ce secteur

depuis plus de trente ans. Mais pour dire quoi ? Prendre à bras-le-corps cette industrie nationale et voir comment elle peut durablements’en sortir pour fonder, accompagner et promouvoir ledéveloppement.

Les dossiers ne manquent pas - ils sont même surabondants etsouvent redondants. Que de temps, en effet, n’a-t-on pas passé depuisles années soixante-dix à parler du tourisme, à faire des prévisions

 pluriannuelles, bref à tirer des plans sur la comète. Quelle constancedans le discours ! Mais quelle déconvenue dans les résultats ! Etait-cesi important après tout ? Voulions-nous vraiment être un grand paystouristique ? En mesurait-on toutes les implications ?

Pas vraiment, en fait, car tout se passait comme si notre psychologie nationale, s’imposant comme un « marqueur » génétique,nous condamnait à emprunter cette unique voie de l’espoir, del’espoir éternel, indifférent aux gouvernements et aux hommes, lové

dans les limbes de l’irréel et du virtuel.

Ce livre est soumis aujourd’hui aux lecteurs et j’espère qu’il pourra provoquer un débat de fond de nature à favoriser l’implicationde tous les Marocains. Il faut bien se pénétrer, en effet, de cette idéesimple et forte qu’un flux de quelque 10 millions de touristes -comme cela est projeté à la fin de la présente décennie - c’est un« autre » Maroc qu’il nous faudra édifier, à marche forcée, pour nous

hisser à la hauteur de l’objectif recherché. Cela commence par unecroissance forte, durable, résolument inscrite dans une vigoureuse

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dynamique de développement. Mais comment y arriver, tant il est vrai

qu’une telle performance ne se décrète pas mais se prépare sur la basede conditions objectives ? Les économistes appellent cela la réunionde facteurs de production -capital, hommes, ressources,environnement d’affaires, infrastructures. Leur science est triste,

 parce qu’elle appelle à l’effort, alors que le laxisme environnant esttellement prégnant dans un pays de soleil où le temps n’est pastoujours pris en compte dans les processus de développement. Maiscette science présente cet immense avantage : dire ce qu’il faut faire.

A l’aune du tourisme, les mirages et les miracles peuvent nourrirl’imaginaire de bien des légendes pour les visiteurs en mal

d’exotisme, mais ils ne peuvent jamais donner lieu à des actes et à desfaits. Il aura fallu attendre l’Accord-Cadre de janvier 2001 pour que leMaroc se décide à sortir d’une culture qui ne pouvait que générerl’échec pour s’engager dans une posture d’avenir. C’en est fini,semble-t-il, des velléités de l’esprit, des complaisances de toutessortes, des éloges complices, des modes d’organisation et des

 politiques inconséquentes que tant de ministres et de gouvernementsont adoptés et gérés.

Voici donc venu le temps de la grande réforme inscrite dans unevision ambitieuse et qui doit être le seul credo des Marocains. Ils la

veulent cette réforme, parce qu’elle les éloigne des impasses du passé pour leur faire espérer des lendemains qui chantent, un tourisme àl’espagnole ou au moins à la turque, un Maroc réceptacle de flux sanscesse renouvelés d’hôtes en quête de sites et de couleurs, de soleil etde sable, de mer et de montagne. Evidemment, nous ne sommes nides Espagnols ni des Turcs : nous sommes l’expression composite destrates historiques et culturelles qui nous ont modelées tels que noussommes. Ceux d’entre nous qui se sont lancés dans le tourisme, voici

 plusieurs décennies, le savent. Sans aide significative, dans unenvironnement rétif par bien des traits, ils y ont cru parce qu’ils ontrêvé d’un « Eldorado » pour un Maroc né sous une bonne étoile,

 bercé depuis des siècles par la douce symphonie d’une magie si proche, faite d’un potentiel aux mille reflets. Ils ont secrètementcaressé l’espoir que l’administration serait, elle aussi, au rendez-vousde cette aventure.

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Au fil des ans, malgré les défaillances et les insuffisances de ceux

qui avaient la haute main sur le tourisme, ils ont préservé, tous lesacquis accumulés, avec persévérance et entêtement, tels desmontagnards cherchant des alpages à travers des chemins de crête. Ilsavaient foi en la compétence et le professionnalisme et ils n’ont eudroit, le plus souvent, tout au long de routes de traverse escarpées,qu’à l’amateurisme, aux faux-semblants tellement typiques d’unmode de non-gouvernance…

Ce contexte est révolu avec l’intronisation de S.M. le RoiMohammed VI. L’implication personnelle du Souverain dans lecontrat-programme du tourisme est, en effet, un événement majeur et

un gage exceptionnel pour la réussite de ce projet. Il incombedésormais aux Marocains de bien comprendre que cette opportunité-là n’est à aucune autre pareille et qu’ils ont intérêt à se mettresérieusement au travail pour tirer au maximum profit du soutienroyal.

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09/01/04 INTRODUCTION

Introduction

Le poète l’a dit un jour : « le Maroc, c’est la porte ouverte sur le

rêve ». Sur tous les rêves raffinés qui se perdent de plus en plus dansun monde déshumanisé, où l’on ne prend ni le temps de vivre, ni celuide rêver. Ces rêves-là ne sont pourtant pas hors de portée. Bien aucontraire, ils sont si proches et si enveloppants : ces jardins où laluxuriance est déjà un petit coin de paradis, ces dentelles de stuc quisont autant de symphonies muettes d’une invitation au voyage et à sesmystères, ces moucharabiehs au-delà desquels la pénombre se déclinedans l’entrelacs des couloirs furtifs où l’on imagine le doux

frottement des soieries d’Orient. Ou encore ces notes égrenées sur lescordes d’un luth traînant ses espoirs et ses émotions contenues. Enfin,ces bruissements d’eau paraissant jaillir d’une fontaine bordée dezelliges, comme pour rappeler la langueur du temps qui passe, cettedisponibilité à l’accueil de tout un peuple bigarré et plein de joie, joiede vivre, de donner et de recevoir.

Tel qu’en lui-même, n’est-ce pas le Maroc intime, des émotions etdes sentiments sans cesse ravivés par le contact avec l’autre ? Rien àvoir avec les avenues aseptisées des métropoles de l’Occident. Non.Autre chose plutôt. Une alchimie au quotidien qui n’est pourtant

 jamais tout à fait la même, celle d’une vie au rythme haletant,

 brouillon même, de ruelles étroites et tortueuses; un mouvement demultitudes affairées à la mesure du dynamisme d’une société enmarche ; un bouquet de bruits, de saveurs, d’odeurs et de couleurs quivous étreignent et étourdissent les sens. Si vous continuez votreescapade, que trouverez-vous aussi ? Des murettes de terre ceinturanttant bien que mal une palmeraie dressée debout et faisant écran à unhorizon que l’on croit sans fin; ou encore une casbah tellement altièremalgré la charge des ans, flottant dans l’air, alors qu’elle a surgi d’unsol ocre marqué du sceau de l’immémorial; sans oublier l’immensitédes espaces déclinés en montagnes et en plaines, en terres désertiquesà l’infini que seuls l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranéeviennent contenir.

Tel est le Royaume du rêve, hôte de ses visiteurs, Royaume auxmille Royaumes. Il se livre volontiers à qui prend la peine de l’aimer.

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09/01/04 INTRODUCTION

Mais il le fait par touches successives cumulant les impressions et les

souvenirs dans une étreinte pudique qui aiguise les sens. De Tangerau Grand Sud, de Marrakech à Agadir, des vagues paresseuses de laMéditerranée aux dunes de sable des contrées méridionales, ce n’est

 pas un Maroc que l’on rencontre, mais dix, vingt, mille Maroc peut-être, chacun arc-bouté sur ses traditions, son mode de vie et sonidentité. L’offre touristique est multiforme, polyphonique aussi, telleune tresse sans fin de contrastes, de senteurs, de paysages naturels, desites et de découvertes qui lui donnent son relief et son âme.

Le relief modelé durant des siècles par les conditions climatiquesa façonné des régions naturelles toutes aussi typées les unes que les

autres : les montagnes souvent verdoyantes du Rif ou les dunes deMerzouga, les plaines fertiles du Gharb ou les sommets toujoursenneigés du Haut-Atlas, les forêts de cèdres du Moyen-Atlas ou les

 palmeraies de la vallée du Draâ ou le camaïeu ocre et rouge des terreset des gorges du Dadès. La chaîne du Rif délimite et borde la façademéditerranéenne et paraît dessiner un grand arc de cercle orienté versMalaga. Le relief y est entaillé par des vallées encaissées dans desmontagnes plongeant dans la Mer. Au Sud-Ouest, la plaine alluviale

dessine la plaine du Gharb et conduit à la haute plaine du Saïss oùs’élèvent les villes impériales de Meknès et de Fès. Plus à l’est, latrouée de Taza s’ancre dans la plaine de la Moulouya, l’un des grandsfleuves du Maroc, long de quelque 520 km, et qui se jette dans laMéditerranée, près de la frontière avec l’Algérie. Au sud, une chaînede hauts plateaux arides couvrant jusqu’à l’oasis de Figuig et aux

contreforts ultimes du Haut-Atlas - ce sont déjà les steppes orientalesà alfa. Au centre, se dresse le massif du Moyen-Atlas combinant les

landes rocailleuses et les forêts de cèdres avec des paysages decausses, volcaniques ici et là et une chaîne plissée plus élevée dont lesaspects alpestres ne sont pas les moins singuliers avec des picsmontagneux dépassant les 3.000 mètres ; le Royaume des cèdressupplante alors les forêts de chênes-lièges tandis que la vie pastoraledoublée d’une petite agriculture de vergers donne le sentiment d’un« ailleurs » se suffisant à lui-même, loin des rythmes trépidants dumonde des villes.

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La façade atlantique, longue de 2.800 km jusqu’à la frontière

mauritanienne fait alterner, dans une composition inattendue, lesimmenses plages de sable et les falaises gréseuses ou calcaires.Parfois, derrière un cordon littoral de dunes se faufilent des lagunes -comme celle de Oualidia - ou d’étroites plaines humides. En arrière-

 plan, la plaine côtière, brodée par une dizaine de petits fleuves côtiers,s’adosse à l’Oum-Er-Rbia au régime régulier tout au long de ses 550kilomètres. A l’intérieur, le plateau central dominé par les pâturageset les forêts de chênes-lièges, de chênes verts ou même de thuyas,laisse la place au plateau des phosphates aux riches gisements et oùseule l’irrigation s’emploie à faire face à l’aridité des terres.

Avec le Haut-Atlas, c’est tout le Sud du Maroc, sur une grande partie de sa longueur, qui se trouve balisé par une haute barrièremontagneuse : sur quelque 700 km - depuis l’Océan Atlantique

 jusqu’au plateau oriental - c’est un relief alpin qui domine, que seulesquelques routes arrivent à traverser. Si à l’ouest se distingue un

 plateau calcaire où prévalent l’arganier et le thuya, voici la massecristalline compacte du Haut-Atlas occidental où culminent le JbelToubkal avec ses 4.167 mètres d’altitude et quelques autres sommets.

Les chutes de neige y sont fréquentes et abondantes et les villages àflanc de montagne, repliés sur des vallées profondes, subsistent avecune économie locale de petite agriculture en terrasse de champsirrigués et de séguias traditionnelles. A l’Est, jusqu’au plateaud’Imilchil, se dresse le Haut-Atlas central traversé par les oueds qui yont taillé des gorges offrant une vue exceptionnelle et saisissante d’un

relief d’un autre monde.

Un long couloir sillonné part au pied du Haut-Atlas pour conduire jusqu’à un relief dominé par le Jbel Siroua, massif volcanique à plusde 3.300 mètres. Puis l’Anti-Atlas dévale jusqu’à l’Océan à travers la

 plaine alluviale du Souss. Prédomine ici la savane d’arganiers sur unsol caillouteux éprouvé par un climat très sec. Pourtant, elle estdevenue, renaissant des rigueurs de l’aridité, un véritable jardinirrigué connu pour ses primeurs commercialisées à Rungis dès les

 premières semaines de l’hiver. Avec des formes variées et souventsauvages, fixées comme pour l’éternité dans les grottes élimées de lacuvette de Tafraout, les arêtes gréseuses du Jbel Lkset, les crêtes

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09/01/04 INTRODUCTION

toutes de schiste ou les gorges taillées dans un sol de calcaire, c’est

une étape d’éblouissement vers le sud marocain pré-saharien, cedésert de pierre et de sable ponctué par une grande richessegéologique. Tout y est comme si la nature revêtue de ses plus beauxatours déclamait haut et fort, avec brutalité même, sa résistance auxsiècles et aux intempéries. Quel dépaysement ! Et quel festival

 permanent pour les yeux et pour tous les sens dans tous ces plissements calcaires adossés au Jbel Bani, ces mesetas et aux gorgesencastrées dans des torrents asséchés, ces plateaux interminablesvêtus de pierres roulées par des fleuves disparus, ces dunes de sablerythmées par les vents ou ces étendues salées brillant au soleil commedes mirages d’un monde venu d’ailleurs.

C’est tout cela le Maroc, mais c’est aussi ce don du ciel fait delumière, de crépuscules et de levers de soleil incomparables : lumièreà l’état pur de la ville feutrée d’Ouarzazate, levers de soleil etcrépuscules de Merzouga. Le Maroc est, pour moi, la patrie du soleil.Il est là presque toute l’année, compagnon de toujours, activant lesémotions et les sensations nouvelles, comme si la lumière régénéraitla vie dans les visages, les reliefs, justifiant les coups de cœur quasi-

mystiques d’un Matisse ou d’un Delacroix. Le Soleil, oui, dans tousses ors et lumières, mais pour faire ressortir le bleu du ciel ; pas cetteteinte bleuâtre, incertaine, de tant de latitudes, mais sa versiondéfinitive pourrait-on dire, immuable dans sa beauté changeante augré des heures, des escapades et des randonnées ; un bleu authentique,ne supportant guère le doute ni le soupçon, en prise avec la mer qu’il

 prolonge et reflète, un voile infini que n’épuise pas le regard projetéau loin. Ce bleu-là est une symphonie qui n’en finit pas d’étaler ses

chants et ses odes, une invention nourrissant les rêves et les espoirs, àl’instar d’un grand ordonnateur, accompagnant et encadrant lessensations.

Tel est le Maroc, qui reçoit et qui offre, s’apparentant depuistoujours, par-delà les images réductrices des cartes postales, à unemaison d’hôte, ouverte sur elle-même et sur les autres. Ce Maroc-làest, sans conteste, celui auquel sont attachés les Marocains : nonseulement une destination attractive parmi bien d’autres, mais unhavre de quiétude et de paix, un pays capable de fournir aux siens,

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09/01/04 INTRODUCTION

travail, prospérité et bien-être… Ce Maroc-là mérite bien un plan de

développement mobilisateur à la hauteur de ses espérances et undébat national, franc et sincère.

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09/01/04 PREMIERE PARTIE

Première Partie

Radioscopie d’un échec

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09/01/04 PREMIERE PARTIE

La radioscopie de l’échec du tourisme marocain des quatre

dernières décennies est un passage obligé pour l’analyse etl’appréhension des voies et moyens du décollage de ce secteur. C’estun exercice facile qui ne doit pas être porteur théoriquementd’émotions excessives, puisqu’il vise à dire les faits, rien que les faits.Personnellement, il me dérange, car le rappel des années 1970/2000,m’interpelle : j’ai été souvent le témoin impuissant d’une période dutourisme au Maroc, caractérisée par l’hésitation et le doute.

Il faut partir de l’idée que le Maroc d’avant l’année 2001 n’a jamais eu une politique touristique globale, prévoyant une croissancesoutenue et mettant en place les moyens nécessaires pour y parvenir.

 Nous avons certes établi, depuis 1965, plusieurs plans dedéveloppement couvrant le secteur, mais les programmessegmentaires élaborés ne pouvaient créer aucune dynamiqued’ensemble. L’absence d’objectifs mobilisateurs et le recours constantà l’empirisme et au pragmatisme qui n’obéissent à aucune

 philosophie d’action bien définie et qui ne sont soumis qu’à descontrôles politiques de principe, ont fini par jeter le discrédit sur lesecteur du tourisme pourtant grand pourvoyeur d’emplois et de

devises.J’avais écrit dans « Maghreb Magazine », il y a quelques années

déjà, « qu’il était temps qu’un projet national et une charte sur letourisme soient élaborés pour répondre aux exigences dedéveloppement pour les deux prochaines décennies. Il n’y a, en effet,aucune chance que les choses aillent bien d’elles mêmes. Le salut estdans l’élaboration d’un projet national une décision politique prise au

 plus haut niveau, une loi-cadre mettant en place un systèmeorganisationnel complet, un ensemble de structures juridiquesnécessaires ainsi que l’adhésion du peuple marocain tout entierassocié à l’effort et au partage des profits ». Ce vœu a été exaucégrâce à l’accord-cadre signé en janvier 2001 entre le gouvernement etle secteur privé, dans le cadre des directives Royales. Mais enattendant d’examiner de plus près cette convention, faisons le pointsur le passé.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

Chapitre I :Tourisme au Maroc et dans le monde

TOURISME INTERNATIONAL

POTENTIALITES ET TENDANCESQuelle est l’activité qui n’a jamais connu de dépression profonde

et durable et qui a constamment su sortir des périodes de turbulencesen bien meilleur état qu’elle n’y était entrée ? Qu’elle est l’activité

internationale qui est rentable, créatrice d’emplois, génératrice dedevises et favorisant le développement économique régional et qui, desurcroît, est un instrument d’ouverture et de communicationremarquable ? C’est, bien entendu, le tourisme, qui constitue l’unedes activités les plus importantes au monde et l’un des secteurs où lacroissance économique enregistre les taux les plus rapides.

Selon les prévisions de l’Organisation Mondiale du Tourisme(OMT), les entrées internationales de touristes devraient tripler d’ici

2020 pour atteindre 1,6 milliard de touristes étrangers. En 1999, lenombre d’entrées internationales de touristes a atteint 665 millions.De leur côté, les recettes touristiques ont dépassé les 455 milliards de$ US.

Dans ce fabuleux échange international, le continent africain aune part modeste représentant à peine 2,5%, mais capable de ce faitmême d’enregistrer, à l’avenir, une croissance de plus en plus

importante. C’est une manne providentielle exceptionnelle pour les pays en développement qui peuvent, s’ils prennent les mesures et les précautions nécessaires, accrocher leurs wagons de développementaux grandes locomotives occidentales du tourisme international. Biensûr, le tourisme international restera -et pour très longtemps encore -dominé par les pays industriels d’Occident et d’ailleurs ; et comme onne prête qu’aux riches, les pays en développement ont un vif intérêt àcomprendre vite les règles du jeu pour faire de bonnes affaires et

apprendre le plus rapidement possible comment défendre leursintérêts. Le Conseil économique et social des Nations Unies suggère

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

que « le secteur touristique soit planifié et géré d’une manière viable

et avec une vision à long terme afin d’offrir des avantageséconomiques et des possibilités de revenus aux collectivités d’accueilet de contribuer à la réduction de la pauvreté, à la conservation desressources et à la préservation du patrimoine culturel. L’année 2002n’a pas été une année facile. Plus que cela : c’est une année qui a étémarquée par l’ambiguïté à cause de la menace de nouveaux attentatset de l’imminence de la guerre d’Irak. Toutefois, le tourismeinternational a assez bien résisté, enregistrant une évolution de plusde 3%. Néanmoins, ses recettes n’ont pas suivi à cause de la pressionsur les prix, causée par le comportement attentiste adopté par lestouristes dans ces moments d’incertitude et d'ambivalence. Nombreuxsont les sous-secteurs du tourisme qui ont enduré et qui pâtissentencore de cette situation, en particulier le transport aérien et toutes lesactivités qui dépendent du tourisme lointain.

Dans ce climat ambiant, le secteur touristique a connu un certainnombre de changements. Les compagnies aériennes pratiquant destarifs bas ont maintenu leur croissance en Amérique du Nord et sesont rapidement développées en Europe. L’Internet a vu son rôle se

fortifier en devenant le moyen pour le consommateur d’organiserl’intégralité de son voyage (hébergement, transport, etc.) rapidementet au moindre coût.

En 2002, l’effet du 11 septembre est toujours présent et lesarrivées des touristes internationaux aux Amériques ont connu unerégression sensible de –4% tandis que toutes les autres régions dumonde ont des résultats positifs. En premier lieu, vient l’Europe,suivie de l’Asie Pacifique, du Moyen-Orient, puis de l’Afrique qui aenregistré elle aussi la même tendance à la hausse. Le baromètre dutourisme mondial de l’OMT indique une amélioration régulière de lasituation du tourisme international. Tout le monde est étonné par lefait que plusieurs destinations – en particulier les plus touchées par

l’effet de la guerre d’Irak et l’épidémie de SRAS•  - parviennent àafficher de bons résultats. Mieux encore, une centaine d’experts du

• Virus de la Pneumopathie atypique. 

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

tourisme, consultés en mai 2003, ont confirmé que les prospectives

étaient plus prometteuses pour le proche avenir, surtout pour leMoyen-Orient

En ce qui concerne les continents africain et américain, leurs prévisions restent marquées par une touche d’optimisme. Pour l’Asieet le Pacifique, qui ont tous deux connu une flambée épidémique,

 pratiquement maîtrisée actuellement, les mêmes prévisions favorablessont avancées.

Selon le secrétaire général de l’OMT, M. Francesco Frangialli, cetoptimisme se fonde sur l'espoir d’une amélioration progressive de lasituation économique, sur la diminution de l’incertitude sous l’effet

de la baisse des tensions internationales et sur le recul de l’épidémiede SRAS. Toutefois, les réservations tardives -et une évidentesensibilité aux prix - devraient rester les tendances lourdes du marché.L’ambiguïté qui a touché l’année 2002 et qui est dûe à l’après11 septembre se poursuit en 2003 mais cette fois-ci à cause de lasituation en Irak. Cependant, certaines destinations telles que lesCaraïbes, l’Asie, le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud, ont entamél’année avec une croissance considérable comparée à la situation

désastreuse des premiers mois de l’année précédente. Une nouvellecrise a touché une fois encore de nombreuses destinations ainsi que

 plusieurs sous-secteurs. Cela dit, une différence importante a étésoulignée : les administrations nationales du tourisme, les conseils dutourisme et les entreprises touristiques étaient en effet mieux préparéset ont essayé de s’adapter promptement aux nouvelles circonstances.

Tout cela pour dire que l’activité touristique qui revêt de

l’importance pour les économies modernes et dont la vivacité et lasouplesse sont aujourd’hui avérées, doit s’accommoder ici et là derésultats aléatoires, surtout dans les pays en développement dont lesactivités touristiques n’ont pas atteint la taille critique. Pour ces pays-là, le rêve supplée souvent au réel, un réel porteur de turbulencesfréquentes et de situations difficiles.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

TOURISME AU MAROC

ARRET SUR IMAGESIl faut rêver, bien sûr, espérer aussi. Et le tourisme marocain

auquel nous croyions depuis des décennies a besoin de cette formed’utopie de l’action qui nourrit l’imaginaire individuel et collectif.

 Nous avons cru que tout était possible parce que par suite d’unesorte de logique des choses qui nous est propre, il ne pouvait en êtreautrement. Comment pouvait-on en effet « rater » notre tourisme et ne

 pas le hisser après quatre décennies aux fonts baptismaux de la

réussite ? Comment ne pas s’inscrire résolument dans la perspectivede ce « don du ciel » qui nous était fait : la mer, le soleil, le cadre

 physique et naturel, une population accueillante, une diversité ancréedans les profondeurs de l’histoire et de la civilisation ? En tout cas,l’état des lieux en cette année 2003 n’est pas à la hauteur de ce quel’on espérait. Non pas que le produit Maroc n’ait pas ses attraits ni sa

 place dans la région. Mais il mérite mieux. Et puis comment ne pasrelever que la part qu’il occupe dans le tourisme mondial reste bien

marginale au moment précisément où le marché international connaîttant de mutations qui s’accélèrent ? Avec 0,6% du total des arrivéesmondiales, contre 0,8% en 1993, le recul n’est pas négligeable.

 Notre place dans l’échiquier du tourisme international, modeste etfragile, ne cesse de rétrograder. Hier 25ème, le Maroc occupe le 37ème rang aujourd’hui. Le tourisme marocain dépend de près de 85% del’Europe. La France représente à elle seule plus de 40% des arrivées.Cette dépendance, dangereuse à bien des égards, fragilise ce secteuret le rend vulnérable. Le Royaume attire pour sa culture ( ≈ 50%), ses

 plages et son soleil (≈  40%) mais il peine à imposer de nouveaux produits attractifs.

La part de marché du Maroc par rapport aux destinationsconcurrentes est tout à fait modeste. Le Royaume se situe au 4ème rangderrière la Turquie, la Tunisie et l’Egypte. La faiblesse de sa capacitéhôtelière (103 mille lits) le place également au 4ème  rang après les

 pays ci-dessus mentionnés.

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Le nombre d’arrivées des non-résidents à nos frontières (2002) est

de 4,4 millions seulement, dont la moitié loge en hôtels classés. LesMarocains Résidents à l’Etranger sont aussi nombreux à venir auMaroc que les touristes étrangers de séjour.

Le transport aérien et le système fiscal continuent d’entraver ledéveloppement d’un secteur jugé priorité étatique. Leur démarche n’a

 pas changé depuis quatre décennies : chacun pour soi; pour le reste ily a les promesses.

Voilà qui permet de cadrer les principaux faits tels qu’ils sont.L’appréhension et l’interprétation d’un certain nombre d’indicateurssignificatifs permet de préciser davantage les contours exacts du

 produit touristique, tant pour ce qui est de la demande que de l’offre.• 

CROISSANCE ET REPLI DANS LES ARRIVEES 

Le flux global des arrivées est, évidemment, l’indicateur de base permettant de donner un premier ordre de grandeur commercial. Ilsert ainsi à évaluer la part du produit dans le marché international. Onle mesure sans peine : on est loin de la forte croissance à deux chiffres

que l’on était en droit d’attendre alors que d’autres pays concurrents,tels que la Turquie, l’Egypte et la Tunisie ont pu s’en prévaloir. Enaffinant davantage ces chiffres sur cette période de plus d’unedécennie et demie, un autre trait apparaît avec netteté : des cycles decroissance pondérés par des périodes de crise puis d’une reprise qui,aujourd’hui marque le pas d'ailleurs. Soutenu par une croissanceannuelle moyenne de 2,53%, le cap des trois millions est frôlé en1990 et même dépassé en 1991 puis en 1992, par le tourisme

international de séjour mais la chute est brutale dans les années quisuivent. Elle accuse même une baisse de plus de 50% en 1995 parrapport aux premières années de la décennie.

Le flux se redresse lors des six années ultérieures mais pour plafonner pratiquement à hauteur de quelque 2.000.000 touristes.Cette évolution heurtée ne doit pas dissimuler d’autres données :

• Le lecteur pourra se reporter à la fin de cet ouvrage pour consulter les tableaux etles graphiques relatifs à l’ensemble des indicateurs de base.

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l’une c’est la fragilité et la volatilité des arrivées à la merci donc de

l’impact de telle ou telle conjoncture ; l’autre a trait aux difficultés du produit à quitter le niveau de 2 millions de visiteurs. Comme si enl’état, le Maroc avait fait le plein de ce qu’il pouvait atteindre.

Plus significative est l’évolution constatée à propos des arrivéesdes Marocains Résidents à l’Etranger, laquelle a triplé au cours de la

 période 1986-2002. On peut d’ailleurs relever deux paliers successifsdans ce flux : le premier (1986/1998) traduit en tendance une

 progression qui va conduire au doublement, puis un second cyclemarqué par une forte hausse de plus de 380.000 visiteurs MRE entre1998/1999 et de plus de plus de 160.000 entre 2000/2002. En

moyenne annuelle, sur la séquence longue 1986/2002, la hausse s’estchiffrée à près de 7,5 %, ce qui est loin d’être négligeable comptetenu de l’importance de ce flux.

Il apparaît à cet égard que si le tourisme international de séjourmarque le pas, tel n’est pas le cas des M.R.E. Ce dernier fluxconstitue aujourd’hui (2002) en effet plus de 45% de l’ensemble desarrivées et presque 100% de celles des touristes internationaux deséjour. Un autre type de visiteurs - celui des Maghrébins - relève

d’une comptabilité bien différente. C’est, en effet, l’exemple le plussymptomatique de la versatilité du tourisme et de son extrême

sensibilité aux vicissitudes de la conjoncture surtout lorsqu’elles procèdent des aléas des relations entre deux Etats voisins.

En l’espèce, de quoi s’agit-il ? De l’ouverture des frontières avecl’Algérie en juin 1988 puis de leur fermeture en août 1994, aulendemain de l’attentat perpétré à l’hôtel Atlas Asni de Marrakech.

Dérisoire en 1986 et en 1987 - quelque dizaines de milliers à peine -ce flux des visiteurs maghrébins - surtout Algériens - a grimpé à441.338 en 1988 puis à plus d’un million l’année suivante s’élevantensuite à 1.592.570 en 1990 pour atteindre un pic de plus de2.174.000 en 1991. L’« effet ouverture » a encore joué en 1992 avec1.738.000 arrivées puis 1.306.000 en 1993. On estimait à l’époqueque, bon an mal an, ce chiffre allait durablement se stabiliser autourd’un million de touristes, compte tenu de l’attrait du produit

touristique marocain pour une clientèle désireuse de sortir de sesfrontières et de visiter un pays comme le Maroc si proche et si

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familier. Mais si en 1994, l’on a compté 751.000 arrivées, la quasi-

majorité d’entre elles ont été des enregistrées avant la mi-août 1994.Au-delà de cette date, le système des visas qui a été instauré a faitchuter ce flux au niveau qui était pratiquement le sien avant 1988, soitdans une « fourchette » comprise entre 60.000 et 70.000 au plus. Ce

 phénomène des arrivées de Maghrébins n’aura donc été qu’une sortede « bulle » qui aura duré cinq ans depuis 1986. Cela a sans doute« dopé » les statistiques administratives des arrivées aux postes-frontières et a laissé croire que le produit Maroc était désormaisengagé dans un cycle de forte croissance durable. N’a-t-on pas ainsidépassé les six millions tant en 1991 qu’en 1992 en totalisant lestouristes internationaux de séjour, les croisiéristes, les M.R.E. et lesMaghrébins ?

L’enseignement majeur que l’observateur peut tirer de cettelecture de l’évolution des arrivées est que le développementharmonieux du tourisme est fortement dépendant de l’environnementéconomique et politique régional de chaque pays. En effet, le

 pourcentage élevé des activités touristiques développées par des Etatsleaders du tourisme mondial - tels que la France, l’Italie et l’Espagne

- au niveau géographique régional et interne, en est la preuveéclatante puisque ces pays réalisent 80% de leur chiffre d’affaires àl’intérieur de leurs frontières et dans le cadre de leur relation avec les

 pays voisins.

CONTRACTION DES NUITEES HOTELIERES 

Cet indicateur des nuitées est certainement l’un des plus

significatifs - avec celui des recettes - de la santé d’un produittouristique. Par-delà le chiffrage statistique des arrivées aux postes-frontières - lequel, on l’a vu, peut traduire des flux de clientèletouristique diverse, il permet en effet d’identifier des visiteurs secomportant, pourrait-on dire, comme de « vrais » touristes, occupant

des hôtels et générant des dépenses liées à ce statut.

L’analyse des nuitées du tourisme étranger et national que l’on propose ici couvre dix-sept ans soit la période 1986/2002. Le

commentaire que l’on peut en faire ne manque pas d’intérêt.

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Globalement, l’on est passé de près de 10 millions de nuitées en 1986

à un peu plus de 11 millions en 2002.

Peut-on accuser l’année 2002 d’être une année

exceptionnellement ratée dans un parcours positif, enregistrant unecroissance, même modeste, mais continue ? Non, en réalité ! De 1986à nos jours le tourisme a accusé une véritable stagnation révélée par letaux moyen annuel d’évolution de 0,92%. Le nombre de 10 millionsde visiteurs étrangers de séjour n’a été dépassé que sept fois en 17ans. Et souvent de peu !

L’examen de l’évolution des nuitées réalisées dans les hôtelsclassés révèle également le constat suivant : en affinant davantage

l’examen de l’évolution des nuitées dans les hôtels classés parnationalité, on arrive à des paramètres encore plus précis quant aux

 positions commerciales de notre produit touristique dans chacun desmarchés émetteurs. Les variations dans le total des nuitées destouristes européens recoupent globalement celles déjà relevées dansl’ensemble du flux du tourisme européen récepteur ; on ne peut s’enétonner parce que le tourisme européen draine, bon an mal an,quelque 85% du total.

Marché par marché, les évolutions sont bien contrastées. Ainsi, iln’y a pratiquement que le flux des touristes français qui a enregistréune forte croissance entre 1992 et 2002. S’il ne totalisait que2.230.000 nuitées en 1992, il a ensuite progressé - sauf en 1994/1996- pour atteindre plus de trois millions dès 1998 et grimper au-delà dequatre millions pour les trois dernières années 2000/2002. Mais cetteévolution ne doit pas masquer que depuis l’année 2000 un certain

fléchissement s’est installé.Quant aux autres marchés européens, force est de relever qu’ils

accusent une quasi-stagnation. Le marché allemand (2.330.000nuitées), après une amélioration notable en 1993, a accusé une baisseen 1996 avant de connaître un véritable effondrement, accéléréd’année en année, jusqu’au chiffre de 1.089.128 nuitées en 2002.

Une observation de même nature peut être formulée à propos du

flux des nuitées des touristes espagnols qui étaient de 835.000 en1992 et qui ne s’élèvent plus qu’à 344.575 en 2002, avec des hausses

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et des baisses intermédiaires mais qui, en tendance, ne peuvent

évacuer la forte contraction de ce volume de nuitées. Desappréciations comparables peuvent également être formulées à proposdes nuitées d’autres nationalités de visiteurs (anglais, italiens).

On ne peut manquer, par ailleurs, un dernier commentaire relatifaux nuitées de deux catégories particulières de visiteurs. La première,celle des ressortissants des pays Arabes, avec moins de 400.000nuitées, ne constitue que moins de 5% du total des touristesinternationaux de séjour ; même les nuitées que l’on enregistre ici ont

 pâti d’une certaine baisse par rapport aux années 1992/1994 où elless’inscrivaient au niveau d’un seuil de 500.000 unités. Quant à la

seconde, celle des M.R.E désormais identifiée à part par lesstatistiques officielles depuis 1997, elle compte un chiffre minime denuitées avec moins de trois dizaines de milliers en 2002. Ce fait tientà des raisons connues dans la mesure où, pour des raisonssociologiques, cette clientèle-là séjourne pour l’essentiel chez lafamille.

Manne céleste, le tourisme généré par les M.R.E est devenu unélément structurant des activités du secteur. Son avenir est prometteur

et rien n’exclut son expansion, surtout dans ce contexte actueld’insécurité essentiellement morale, vécue par les ressortissants

marocains vivant à l’étranger.

ETROITESSE DE LA CAPACITE HOTELIERE 

Comment ne pas souligner l’étroitesse de la capacité hôtelière,qui, en 2002, n’atteint que le chiffre de 103.138 lits, alors que l’on en

comptait déjà plus de 70.000 dès 1986 ? On peut aussi remarquer quedurant cet intervalle, il y a eu des « bas » avec une diminution de 6%entre 1992 (94.608 lits) et 1993 (88.881 lits) avant un légerredressement qui n’aura permis, qu’à la fin 1999, de retrouver lechiffre de 1992, soit 93.000 lits. Cela dit, plus de 5.300 litssupplémentaires sont venus augmenter l’offre hôtelière entre 2001 et2002 - un chiffre de même grandeur est également prévu en 2003.

En tendance, c’est une stagnation pratiquement de même natureque l’on peut mettre en relief pour ce qui est de la capacité offerte par

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les hôtels non classés durant cette même période de dix-sept ans.

Celle-ci est passée en effet de 20.500 en 1986 à 33.667 lits en 2001.Sauf à préciser ici qu’elle tourne autour de ce chiffre de 33.000depuis 1995, les variations d’une année sur l’autre ne dépassant guèrequelques centaines.

S’agit-il d’une inélasticité de fait de cette capacité hôtelière desétablissements de cette catégorie ? Y a-t-il des perspectivesd’extension notable dans ce secteur ? Et sur la base de quellesmesures concrètes ?

S’agissant, par ailleurs, des campings, la progression annuellemoyenne de leur capacité a été de l’ordre de 10%. Les variations sont

extrêmement fortes, même d’une année sur l’autre, alors que leurcapacité stagnait autour de 38.000 / 41.000 entre les années1987/1995, elle est plus que doublée en 1996 avec 97.438 places, soitune hausse - record de 137%. Ce chiffre s’est ensuite maintenu en1997/1998, puis il a chuté de 11% pour rester au niveau d’un étiagede 86.140 places.

La structure hôtelière du Maroc, d’après nos visiteurs, est de

 bonne qualité, mais son implantation a été réalisée sans soucid’équilibre entre les régions et sans ambition commerciale affirmée : plus de 51% des lits classés se trouvent dans deux régions, celle duSouss-Massa-Draa et celle de Marrakech-Tensift-Al Haouz.

Le Royaume compte 590 établissements hôteliers classés, soit103.138 lits et 1.160 établissements non classés totalisant plus de33.600 lits. L’investissement hôtelier est de l’ordre de 25 milliards dedirhams, dû essentiellement au capital public et privé marocain et

grâce à trois codes d’investissements dont les mesures incitatives ontsingulièrement décru au fur et à mesure que les effets recherchés sefaisaient sentir.

On constate, à ce propos, que les avantages étatiques, par rapportà l’investissement, accordés aux promoteurs sont passés de 24% autitre du premier code à 22% au titre du second pour tomber à 18% autitre de l’ancien, d’ailleurs supprimé en 1995. A cela s’ajoute

l’incapacité de créer des automatismes réels relatifs aux différentesmesures d’incitation prévues par les codes d’investissement.

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ETONNANTE PROGRESSION DES RECETTES TOURISTIQUES 

L’examen de l’évolution des recettes touristiques traduit undouble paramètre. Le premier est assurément la hausse intervenue

durant la période 1986/2002, soit les dix-sept ans écoulés. Enmoyenne annuelle, cette augmentation a été de l’ordre de 8,77%.Mais il faut préciser qu’il s’agit de chiffres retenus en dirhamscourants qui ne tiennent pas compte du « glissement » de la monnaienationale intervenu ces quinze dernières années.

D’un autre côté, en allant plus loin que cette première approche, ilconvient de préciser les fortes variations relevées avec des baissesimportantes : moins de 16% en 1991 et moins de 18% en 2002, ainsi

que de fortes hausses de l’ordre de 32% comme en 1992 et 1996,voire plus de 34% en 2001.

Il y a, bien entendu, une corrélation théorique entre l’évolution dela capacité hôtelière, celle des taux de fréquentation et l’évolution desrecettes touristiques. Plus on compte de lits commercialisables, plusles recettes ont des potentialités tendancielles à augmenter. L’analysedes recettes est cependant assez troublante en ce qui concerne le cas

d’espèce. Les arguments manquent pour justifier la hausseconsidérable de 8,7%, moyenne annuelle sur les dix-sept années

 passées enregistrée par les recettes touristiques alors que la capacitéhôtelière a évolué autour d’un taux moyen de 2,43% et que celle destaux de fréquentation a pratiquement stagné aux environs de 42%,taux enregistré en début de période, soit 1986. Les tarifs, quant à eux,ont eu souvent tendance plutôt à baisser qu’à enregistrer des haussessignificatives et durables.

Une deuxième observation accentue le trouble : en 1992 et 1995,le Maroc a reçu respectivement 6,2 et 2,8 millions de visiteursenregistrés aux postes frontières. A la fin de ces mêmes années, lesrecettes ont enregistré des montants équivalents : 11,7 milliards dedirhams en 1992 et 11,07 milliards de dirhams en 1995. Cet exemplen’est pas isolé. En 1996, les arrivées étaient de l’ordre de 2,9 millionsde visiteurs et les recettes dépassaient 14,59 milliards de dirhams.Ainsi, le volume des arrivées varie de +3,6% alors que celui des

recettes, lui, réalise prés de 32%. Comprenne qui pourra !…

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L’exemple le plus étonnant est celui des années 2000 et 2001 car

le rapport de l’évolution des arrivées et des recettes est pratiquementinvraisemblable : 3,3% pour les arrivées et près de 35% pour lesrecettes !

L’absence de statistiques détaillées relatives aux différentssegments des visiteurs étrangers au Maroc empêche l’analyse fine dela structure des recettes touristiques. Nous pouvons cependant mettreen évidence plusieurs constats : en 2001, chaque personne qui afranchi les frontières du Royaume a dû virer ou changer en billetsl’équivalent de 648 dirhams par jour de séjour, et ce, pour une duréemoyenne totale de 10 jours. C’est beaucoup quand on sait à combien

est vendue au Maroc la demi-pension ou loué l’emplacement dans uncamping.

La lecture attentive des statistiques révèle par ailleurs que leBenelux, par exemple, qui ne représente que 3,5% des fluxtouristiques sur le Maroc détient le record du change manuel de ses

 billets de banque qui représente 19,6% des recettes globales. Asignaler que ce genre d’investigations ne sera désormais plus possibledu fait de l’utilisation par l’Europe d’une monnaie unique, l’euro.

D’un autre côté, l’ensemble du change manuel représente près de66% des recettes touristiques. Or, seuls les règlements par virements

sont authentifiables. Alors, que penser de ceux qui évoquent à ce propos des possibilités de blanchiment de l’argent de la drogue et fontdes rapprochements avec les cent mille logements vacants àCasablanca et dans bien d’autres villes ?

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TAUX DE FREQUENTATION IMMUABLE 

Ce taux est évidemment décisif pour la rentabilité de

l’investissement touristique. Il permet de voir l’attractivité du produitauprès de la clientèle potentielle. Il offre l’opportunité de tester lesmarchés émetteurs et il doit être un indicateur-clé de la bonne tenueou non de la demande touristique.

Qu’en est-il ? Le taux moyen de fréquentation•  a été de 41,4%durant les dix-sept années écoulées (1986/2002). En 1991, il n’avaitété que de 28,5% ; en 1999 et 2000, il avait dépassé les 51%.

INVESTISSEMENTS ERRATIQUES Quel contraste dans ce secteur ! Aucune année ne ressemble à une

autre : il en est qui ont été fastes (2.629 Millions de DH en 1993),d’autres, moyennes, à hauteur de 1 à 1,3 milliards de DH, et d’autres

 pratiquement médiocres avec quelques centaines de millions de DH.Pourquoi de telles variations ? Pour deux raisons, au moins : 

L’une, c’est que l’investissement hôtelier et touristique n’est pas

linéaire - un projet est lancé, il est réalisé et le même promoteur ne selance pas ensuite dans un second projet. Il n’y a que les grandsgroupes qui ont des plans stratégiques sur plusieurs années avec des

 projets bien identifiés sur la base d’un calendrier.

L’autre facteur à retenir a trait au climat d’affaires etd’investissements, autrement dit à l’environnement socialréglementaire et juridique qui facilite ou non le lancement de projets.

Il est bien évident que la chute de l’investissement touristique, à partirde 1995, est liée à l’abrogation du code touristique de 1984. Alorsque le total des investissements s’était élevé à 1.340 MDH en 1995,voilà que les deux années qui suivent accusent ce qu’il faut bienappeler une crise avec 189 MDH en 1996 puis 83 MDH en 2000. La

• La fréquentation concerne les lits et l’occupation des chambres .La première notion

renseigne mieux sur le nombre effectif des touristes logés dans les établissementsd’hébergement.

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reprise de 2001, avec 1.740 MDH, d’investissements reste à

confirmer.

Mais il faut reconnaître que l’investissement public et privé

marocain a réalisé des prodiges depuis l’indépendance du Maroc il ya 47 ans et surtout dans les années 70/80 et même début 90 : 25milliards de dirhams ont été engloutis dans un secteur alors nouveau,sans forte expérience ni grande visibilité. Cela révèle deux facteurs :

•  Le premier est que le capital marocain a toujours existé et qu’ilse matérialise par des investissements effectifs en période deconfiance.

• 

Le deuxième est que l’administration publique tatillonne,souvent indolente et peu compétente jusqu’à ces toutesdernières années - qui connaissent une certaine prise deconscience et un renforcement du contrôle de l’Etat - estresponsable avec les derniers gouvernements des errements detoutes sortes qui ont caractérisé le parcours de l’investissementtouristique dans le Royaume.

Les hôteliers marocains, soumis de plus en plus à une fiscalité

drastique, (une vingtaine d’impôts et de taxes) ont, la plupart dutemps, tenté de « sauver les meubles » plutôt que de chercher à fairedes bénéfices. Passant de déficit en déficit, ils pensaient plus à trouverdes ressources pour payer le salaire de leur personnel qu’à se

mobiliser dans le but d’obtenir des avantages et des secours publics.En fait, ils apprennent seulement aujourd’hui que l’investissement telqu’ils l’ont pratiqué, ne pouvait nullement être rentable. Ils ontlongtemps ignoré ce que signifient les concepts du Retour sur fonds

 propres investis (ROE) et du Taux de rendement interne (TRI). Poureux l’EBDIT (Earning Before Depreciation, Interest, Taxes &

Amortization) était du javanais.• 

Le lecteur trouvera à la fin du livre le scénario de base simulant larentabilité d’une unité hôtelière marocaine telle qu’elle a été élaborée

•  Résultat avant amortissement, frais financiers, impôts et investissements derenouvellement.

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 par CFG •  (Casablanca Finances Groupe). Il pourra alors mieuxapprécier les adjectifs collés aux pionniers de l’hôtellerie marocaine,qualifiés par certains décideurs d’investisseurs téméraires, sinond’aventuriers, et peut-être même de forbans.

EVOLUTION HEURTEEL’examen même rapide des différents plans de développement

exécutés de 1964 à 2004 renforce les impressions que l’on peutressentir à la lecture de la précédente photographie de la situation dutourisme marocain, présentée sous forme de flashs.

Le rappel des différents plans est utile, par ailleurs, car il peut

 permettre une prise en perspective, sur une longue période de troisdécennies, des diverses modalités de la politique publique, en faveurdu tourisme.

Au début des années soixante, c’était bel et bien le grand espoir.Le tourisme allait être la clé du développement du Maroc. Parmimétisme du « boom » espagnol à quelques encablures de nos côtesméditerranéennes, l’option en faveur de ce secteur d’activités a été

 prise. N’avions-nous pas les mêmes atouts que notre voisin ibérique ?

Le soleil, la mer, les plages, le relief, les traditions, bien sûr, maisaussi l’accueil et l’hospitalité bien connue des Marocains, à l’égarddes étrangers : comment, dans ces conditions, ne pas réussir notre

 politique touristique ? C’était d’autant plus jouable que le premier plan (1960/64) était adopté. La prise de conscience était donc forte; ilrestait à la traduire en termes opératoires.

DE LA CROISSANCE A LA CRISE

(1960/1990)En 1959, le flux n’avait été que de 225.000 touristes, alors quel’objectif pour 1964 avait été fixé à 500.000 visiteurs, soit plus que ledouble. La commission ad hoc du plan avait alors proposé que soitmis sur pied le Conseil Supérieur du Tourisme qui se serait ainsi

• Casablanca Finance Group « CFG » est le pionnier et le spécialiste des marchés decapitaux au Maroc. Fondée en 1992, CFG Group est la première banque d'affaires (ou

Banque d'Investissement) au Maroc. Fortement inspirée du modèle anglo-saxond'Investment Bank, elle est présente dans tous les métiers de la finance.

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substitué au Conseil d’Administration de l’Office du Tourisme. Il

était donc déjà question d’une réforme institutionnelle touchant lesinstruments d’action de la politique nationale dans ce domaine.

Au fil des ans, ces objectifs ne restent pratiquement que des effetsd’annonce. En 1961, le flux des touristes atteint 151.000, il passe à182.000 l’année suivante, puis grimpe à 266.000 en 1963, soit 0,33%du tourisme mondial évalué à quelque 80 millions de visiteurs. Les

 prévisions de 500.000 touristes retenues pour 1964 ne serront pasatteintes. Les recettes restent bien modestes avec 218 millions de DHen 1963, alors que, pour cette même année, les sorties en devisesdépassent l’équivalent de 186 millions de DH, notamment du fait du

nombre de résidents européens qui partent en vacances dans leurs pays.

Le IIème Plan (1965-67) voit la création du ministère duTourisme. Il se fixe un nouvel objectif de 700.000 touristes pour1967. Il retient, également dans cette perspective, plus que ledoublement de l’hôtellerie traditionnelle - soit 27.000 lits au lieu des12.000 existants - ainsi que le développement de l’hôtellerie

 pavillonnaire qui passerait de 1.800 à 6.800 lits.

Au total, le Maroc aurait alors une capacité additionnelle de plus20.000 lits en l’espace de trois ans. Parallèlement, tous ces projetsdevaient créer 8.000 emplois, un tiers d’entre eux provenant desstructures de formation et les deux autres tiers issus de la formationsur le tas. A fin 1967, le taux de réalisation de ce Programme n’étaitque de 19% avec seulement 1.500 emplois créés. Ce plan prévoit lamise en œuvre d’un certain nombre de moyens adéquats. Ainsi, il est

recommandé la promotion de la publicité à l’étranger en faveur du produit touristique. L’importance du rôle de l’ONMT est soulignée àcet égard. Cet office devait, en outre, être déchargé de la gestiondirecte de la chaîne hôtelière étatique « Diafa ». Celle-ci devait êtrerestructurée dans une nouvelle entité semi-étatique. Il était également

 prévu une meilleure adéquation entre l’offre et la demande.

Dans cette optique, le Plan a proposé la création d’une Agencenationale pour le réceptif compte tenu du fait que la centaine

d’agences de voyages en activité se limitent pratiquement à la

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

 billetterie. Mais cette agence n’a pas vu le jour. Pour ce qui est des

moyens retenus à l’intérieur, diverses mesures sont proposées. Deszones touristiques à aménager sont alors déterminées : Tanger, Smir,Al Hoceima, Agadir, le Grand Sud, les circuits des villes impériales.Pour faire obstacle à la spéculation foncière qui sévissait, il a été

 proposé des mesures particulières; il est aussi demandé l’éligibilitédes entreprises touristiques à l’exonération des droits de douanes.

Pour ce qui est du financement, il est recommandé que lesinvestissements touristiques bénéficient d’un crédit hôtelier à hauteurde 60 et même 80% ; de même, il est demandé que le crédithypothécaire hôtelier soit transformé en crédit économique basé sur

l’intérêt du projet et non plus sur la valeur du gage fourni parl’opérateur. Les objectifs des investissements arrêtés par le Plan sontles suivants : 57 MDH pour 1.965,85 MDH en 1966 et 165 MDH en1967. Pour ces trois ans, le total des investissements réalisés dépasseles 295 MDH, soit pratiquement un taux de réalisation de près de100%. Les pouvoirs publics ont reconnu au tourisme durant cette

 période son caractère d’industrie de base prioritaire dans le programme triennal.

Avec le IIIème Plan (1968-72), la priorité du tourisme dans ledéveloppement est réaffirmée en tant qu’objectif majeur. Si en 1967,

l’on compte 400.000 touristes (hors les croisiéristes), l’objectif fixé pour 1972 est d’un million de visiteurs. Cet objectif sera mêmedépassé. Mais il y a un constat d’insuffisances : manque de personnelqualifié, déficit des infrastructures de loisirs et de transport, mauvaisegestion des établissements hôteliers, modestie de la politique de

 promotion à l’étranger. Des zones à aménager en priorité sont fixées :Tanger, Smir, Al Hoceima, Agadir. On doit remarquer au passage quele Sud et les circuits des villes impériales ne sont plus retenus danscette nouvelle carte d’aménagement.

Pour ce qui est de la capacité d’hébergement, l’objectif fixé portesur la réalisation de 28.000 lits en hôtellerie traditionnelle, 2.000 enrésidences touristiques et 10.000 lits en camping caravaning. Les

 parts devant revenir à chaque secteur sont les suivantes : 6% pour le

 public, 35% pour le semi-public et 59% pour le privé. A la fin 1972,force est de relever que seuls 57% de cet objectif sont réalisés.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

A ce sujet, c’est surtout le privé qui s’est distingué avec un taux

de réalisation de 80% des prévisions. Une aide significative estapportée par l’Etat au financement des projets grâce à la primed’équipement correspondant à 9% du montant du projet. Les primesainsi octroyées atteignent une enveloppe globale de 57 MDH. Le plan

 prévoit une réorientation des catégories d’établissements à réaliser au profit des hôtels 3 étoiles - qui grimpent de 27% à 35% - tandis queles hôtels 5 étoiles reculent de 18% à 14%. Ce repositionnement avaitdéjà été recommandé dans le IIème plan. Les recettes prévues pourcette période de cinq ans ont été fixées à 2.420 MDH dont 555 MDH

 pour la dernière année 1972. De fait, elles ne se sont élevées qu’à1.655 MDH, soit un taux de réalisation de 68%. Quant aux 40.000 lits

 programmés, les investissements envisagés devaient correspondre àune enveloppe globale de 671 MDH, sur la base d’un ratio de 45.000DH/chambre. Au terme de ce quinquennat, le taux de réalisation n’aété que de 64%.

Dans le domaine de la formation, trois nouvelles écoles hôtelièressont créées tandis qu’il est retenu un objectif de création de 8.800emplois pour ces cinq années du Plan. Mais là encore, les réalisations

restent en deçà des objectifs, avec un taux de 73% pour les cadres etde 43% seulement pour les employés. A noter, par ailleurs, que denouvelles mesures qualitatives et financières sont également prévues.Ainsi, il a été décidé la simplification de la procédure administrative àtous les niveaux de réalisation de l’investissement.

Des mesures particulières d’encouragement en faveur del’investissement sont également édictées. La durée des emprunts est

 portée à 10 ans pour l’équipement et à 20 ans pour la construction.Un différé d’amortissement des crédits de 5 ans est institué. Le tauxdu crédit du C.I.H. (Crédit Immobilier et Hôtelier) est fixé à 4,5%.Enfin, la stabilité de la fiscalité est garantie pendant dix ans (Décret-Royal 1010-65 du 31 décembre 1965). En termes d’évaluation, etmalgré toutes ces mesures, les crédits accordés au secteur hôtelier parle C.I.H. atteignent seulement 207 MDH, soit 54% des objectifs fixés.Pour ce qui est, enfin, de la promotion, le Plan recommande que son

 budget, qui ne représentait que 1% des recettes touristiques, soit portéà 2%.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

Avec le IVème plan quinquennal (1973-77), les objectifs globaux

définis visent la promotion du tourisme de masse, la diversification dela clientèle et la régionalisation des effets économiques et sociaux dutourisme. La préoccupation qui prévaut à cet égard, visait à optimiserla place et le rôle du tourisme dans le développement. La carted’aménagement de zones touristiques considérées désormais comme

 prioritaires inclut Agadir, le Grand Sud, la côte méditerranéenne deTanger à Nador ainsi que les villes de séjour.

Pour ce qui est des objectifs prévus pour 1977, il a été retenu unecroissance annuelle de 21,6%. De fait, cet objectif n’a été atteint qu’àhauteur de 74%. La capacité d’hébergement, elle, devait presque

doubler avec la construction prévue de 55.000 lits nouveaux, ce quidevait porter la capacité globale à 98.375 lits sur la base de cetterépartition sectorielle : 5% par le public, 32% par le semi-public et63% par le privé. Le taux de réalisation de ce programme a été de faittrès bas avec seulement 22%, soit 11.145 lits, réalisés surtout àhauteur de 80% par le privé.

Les investissements réalisés dans l’hébergement se sont élevés à1.259 MDH ; le coût moyen d’une chambre a été de 45.800 DH. Le

 budget promotionnel prévu pour cette période n’a été que de 60MDH, soit 0,74% des recettes prévisionnelles. On est donc bien en

deçà du chiffre de 2% retenu par le précédent Plan. A noter que lePlan a également prévu la création d’un Fonds national de publicitétouristique devant financer les campagnes promotionnelles àl’étranger. Mais ce Fonds n’a jamais vu le jour.

Et même les dépenses effectivement réalisées ne se sont élevées

qu’à 28 MDH, au lieu des 60 MDH prévus. D’autres mesures ont étéretenues, comme le classement des monuments historiques, unelégislation de protection de l’environnement ou la création d’une

 brigade touristique.

Seule la protection de l’environnement reste encore à l’ordre du jour. En revanche, a été décidée l’élaboration d’un code desinvestissements touristiques qui a été effectivement édicté. Mais lamise sur pied d’un Bureau national pour l’investissement hôtelier

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

devant assurer les études, la documentation et le contrôle technique

n’a guère eu de concrétisation.

Avec le Vème Plan intérimaire (1978-80), aucune prévision

 particulière n’est vraiment définie. Il ne faut point s’en étonner parcequ’il s’agit en fait d’une « pause ». Mais pour la première fois, se fait

 jour l’idée d’un Master Plan Touristique nécessaire pour appréhenderet optimiser ce secteur.

Le VIème Plan (1981-85), lui, cède à un bel optimisme débridévoire surréaliste, lorsqu’il annonce que « le Maroc pourrait espéreraccueillir jusqu’à environ 20 millions de touristes à l’horizon 2000 ».Pour autant, il ne retient pour 1985 qu’un objectif de 2.536.000

visiteurs sur la base d’un rythme annuel de croissance de 9%. Durantce plan, la décision a été prise de rendre permanent le systèmed’établissement des statistiques.

Alors que le Plan 1978-80 n’a réalisé que 8.517 lits sur lesquelque 18.000 prévus, le VIème Plan est beaucoup plus ambitieuxavec un objectif de 32.000 lits dont 6.227 au titre du programmeSONABA. L’Etat entend, dans cette perspective, se désengager et

voir le privé prendre en charge la réalisation de la quasi-totalité de cenouveau programme.

Pour ce qui est des recettes touristiques, le Plan 1981-85 prévoitleur doublement. Les études techniques initiées sont poursuivies parcinq enquêtes sur les domaines suivants : tourisme intérieur, nuitées,dépenses, tendances du marché extérieur, coûts et bénéfices.S’agissant du budget promotionnel, le Plan retient une enveloppe de200 MDH pour les cinq années, ce qui correspond pratiquement à

1,2% des recettes prévues.

Au titre des avantages financiers, l’on doit relever quel’enveloppe globale, - sous forme d’avances et de ristournes d’intérêt,s’est élevée à 337 MDH. Soit une aide annuelle de 67 MDH.

Pour ce qui est des aspects qualitatifs du tourisme - qualité deservice, hygiène, accueil, environnement, signalisation, faux guides,contrôle des prix, - le Plan les évacue complètement.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

Avec le VIIème Plan (1988-92), l’on ne peut que relever la place

marginale qui est accordée au tourisme. Peu d’indications etd’évaluations sont arrêtées, si ce n’est un objectif de 3 millions detouristes et 19 millions de nuitées en 1992 ou des recettes de 14.800MDH. Il retient également la réalisation de l’ordre de 40.000 litssupplémentaires correspondant à des investissements de 6.570 MDH,dont 90% à la charge du privé. Il prévoit aussi la formation de 4.650

 personnes et la création de 19.500 emplois. Au titre des mesuresqualitatives, l’on doit notamment signaler la création d’une assiettefoncière, la promulgation d’un décret de classement des sitestouristiques, la promotion de l’emploi des lauréats formés et lacréation de nouvelles lignes maritimes entre le Maroc et les pays duBassin méditerranéen en haute saison.

LeVIIIème Plan (2000-2004) intervient après huit annéesd’interruption qui n’ont pas fait l’objet de planification économiquede la part des gouvernements qui se sont succédé durant cette période.Il faut noter que ce Plan a donc été élaboré avant l’Accord-Cadre surle tourisme de janvier 2001 et l’Accord d’application d’octobre decette même année. Il se fixe pour objectifs 4 millions de touristes et

des recettes de 29 milliards de DH pour 2004, alors que celles-ciavaient été de 18,86 milliards de DH en 1999. Pour ce qui est de lacapacité additionnelle prévue, elle a été fixée à 30.000 lits, portant lacapacité totale à 121.000 lits.

Dans le domaine de l’emploi et de la formation, il a été retenu lacréation de 204.000 postes directs et indirects et la formation de18.700 lauréats. Les objectifs d’investissement se fondent sur un totalde 10 milliards de DH, dont 70% réservés aux nouveaux projets.Différentes mesures recommandées se proposent de promouvoirl’industrie touristique : réduction à 10% de la TVA des agences devoyages et des restaurants et à 7% de celle frappant les hôtels,réduction de 50% de l’I.S. (Impôt sur les sociétés) pour le chiffred’affaires en devises, création d’une agence foncière nationale,exonération des charges patronales pendant cinq années pour lesemplois créés, révision des normes de classement hôtelier, mise en

 place d’un fonds spécial de rénovation, création d’une compagnieaérienne charter...

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

A LA RECHERCHE D’UNE POLITIQUE INTROUVABLE (1990-1999)

Allait-on tirer les conclusions qui s’imposaient au terme de la

décennie quatre-vingt et mettre en œuvre une politique touristiqueadéquate ? Allait-on mesurer avec « l’effet Golfe » de 1991 quel’industrie de ce secteur devait véritablement faire l’objet d’unenouvelle politique volontariste et ambitieuse, bien sûr, maisnécessairement appuyée sur des mesures opératoires ? C’est à unministre du Tourisme au profil peu conventionnel, Abdellah Kadiri,que l’on doit l’autocritique la plus franche de ce qui a été fait ou pasfait par les décideurs publics. Ancien officier des F.A.R, il a été

appelé à la tête de ce département au titre de son parti politique. Il nerestera en fonction que durant pratiquement huit mois (du 30 juillet1990 au 9 avril 1991). Mais grâce à son franc-parler, dans le styledirect des militaires, cet homme a fait officiellement le meilleurdiagnostic de la situation de ce secteur, de ses difficultés, de ses

 blocages structurels et de son avenir.

Le mémorandum qu’il a instamment adressé à ses collègues dugouvernement mérite d’être rappelé intégralement, car il garde toutesa pertinence et son actualité. Mais il nous permet surtout, plus de dixans après, de bien mesurer le décalage qui existait entre le discours

 politique et administratif et la réalité de l’action sur le terrain. Cediagnostic renseigne mieux que le meilleur résumé et la plus fine dessynthèses. M. Kadiri, Ministre du Tourisme évoque les problèmes dutourisme marocain en ces termes :

 L ES PROBLEMES DU TOURISME MAROCAIN   Depuis le plan triennal 1965-67, le tourisme est placé parmi les

secteurs prioritaires. Or, cette priorité s’est avérée purement

théorique si l’on en juge par les moyens mis à la disposition de ce

secteur, aussi bien sur le plan humain que matériel.

 La part très modeste de ce département dans le Budget Général

de l’Etat n’a pas connu l’évolution souhaitée enregistrant même une

stagnation durant ces dernières années.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

C’est ainsi que ce département ne dispose ni d’un siège lui

 permettant de mettre fin à la dispersion de ses services à travers la

capitale, ni des moyens humains nécessaires pour renforcer et étoffer

ses délégations extérieures.

 En outre, l’administration du tourisme chargée de concevoir et

d’exécuter la politique gouvernementale en matière de tourisme est

en fait dépourvue de l’autorité suffisante lui permettant de remplir

 pleinement sa mission.

 Ainsi, l’exposé des problèmes que connaît ce secteur fait

apparaître qu’une priorité réelle doit lui être accordée, afin de lever

tous les obstacles qui entravent son développement.

 

 Investissement et aménagement touristiques L’insuffisance de la capacité d’accueil est la résultante des

handicaps de tout ordre qui freinent l’investissement dans le

tourisme, et qui sont :

⇒  Le problème foncierVéritable obstacle au développement du secteur, le cadre

 juridique, institutionnel, administratif et foncier de l’aménagement

touristique présente dans son état actuel des limites très prononcées.

 Le problème foncier présente en effet plusieurs aspects : manque

et cherté des terrains, complexité des régimes juridiques, difficultés

inhérentes aux documents d’urbanisme, même quelquefois absence et

inadaptation des infrastructures de base.

Compte tenu de ce qui précède, les sociétés d’aménagement

touristiques existants n’ont d’ailleurs pas pu remplir convenablement

leur mission en raison de ces obstacles.

 A cette situation de pénurie de terrains à mettre à la disposition

des promoteurs, il faudrait ajouter le problème des terrains

aménagés et dont l’attribution reste encore bloquée. C’est le cas des

terrains de la baie de Tanger (Tingis) qui attendent l’approbation du

schéma directeur de la région de Tanger. De même, les terrains

touristiques aménagés à El Hoceima n’ont pu recevoir les

approbations nécessaires pour leur attribution.

⇒ 

Application du code des investissements touristiques

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

 Les mesures d’incitation à l’investissement dans le secteur

touristique ont connu depuis 1987 les trois restrictions suivantes :

 Janvier 1987Suppression des ristournes d’intérêt.

 Mai 1988 Réduction de la période d’exonération totale et partielle de

l’impôt sur les sociétés (I.S) ou de l’impôt sur les bénéfices

 professionnels (I.B.P).

 Janvier 1989 Mise en application de la ‘’liste négative’’ touchant une grande

 partie des équipements indispensables au fonctionnement normal du

secteur. Ces restrictions ont eu une répercussion défavorable en cesens que le volume des projets agréés pour bénéficier des avantages

étatiques, qui avait atteint 20.000 lits en 1988 a connu une baisse à

 partir de 1989 (15.000 lits pour se situer au niveau de l’année en

cours à 5.000 lits, soit à peine le volume des codes antérieurs, 1960

et 1973. Il est à rappeler que le plan de développement économique

et social 1988-1992 prévoit une moyenne annuelle durant la période

quinquennale de 8.000 lits.

⇒ 

Fiscalité localeOutre les nouvelles taxes locales liées à l’animation, aux

enseignes, à l’exploitation des débits de boisson etc. La taxe de

séjour constitue un handicap à la commercialisation auprès des T.O

du produit touristique marocain. En plus, étant sujette à la T.V.A et

n’étant pas répercutée sur les clients de groupes, la taxe de séjour

alourdit les charges d’exploitation des établissements touristiques.

 

 Promotion A défaut d’une vision claire et nette de la stratégie

 promotionnelle à adopter, on peut même parler d’absence de

 politique en la matière.

 En effet, faute de moyens suffisants, on assiste à une

improvisation pratiquement érigée en règle.

C’est ainsi qu’au lieu d’utiliser rationnellement le peu de moyens

disponibles, en localisant l’action promotionnelle sur quelques

marchés porteurs, on assiste à une dilution de ces moyens sous forme

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

de saupoudrage d’un certain nombre de marchés à rentabilité

incertaine.

Si l’on ajoute à cela l’absence de toute coordination et

concertation en matière d’action promotionnelle, entre les différents

intervenants, on comprend aisément le peu d’effet que les campagnes

entreprises ont sur les marchés concernés.

Par ailleurs, la multiplicité des délégations de l’ONMT à

l’étranger alourdit, souvent inutilement, la charge financière de

l’Etat, puisque la Taxe de Promotion Touristique censée renflouer le

budget promotionnel sert, en fait à couvrir les dépenses de

 fonctionnement de ces représentations extérieures.

 

 AnimationCette activité constitue l’une des principales lacunes du tourisme

marocain.

 Ainsi, en dehors de quelques établissements touristiques,

l’animation est quasi-inexistante, alors que les pays de la

concurrence en offrent un vaste choix : installations son et lumière,

grand choix de restaurants, parcs, palais de congrès, casinos…Cette

activité présente en effet un intérêt tout particulier puisqu’elle influe

sur l’étalement des saisons, l’amélioration du taux de retour ainsique sur la rentabilité des investissements.

Une image fort significative, donnée au produit par les

organisateurs de voyages, résume bien cette situation : « au Maroc

le touriste est piégé dans son hôtel ».

  Transport

⇒ 

Le transport aérien57% des touristes ayant visité notre pays en 1989 ont utilisé le

transport aérien, ce qui montre l’importance de ce moyen de

transport dans les mouvements touristiques à destination du Maroc.

Or, l’insuffisance en sièges de la RAM, le nombre réduit de ces

dessertes sur les destinations pourtant prometteuses, le non-respectt

des horaires, la baisse de la qualité des prestations à bord, la

 politique tarifaire, sont autant de facteurs qui limitent sérieusement

la demande sur notre pays.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

⇒  Transport maritimePour ce qui est du transport maritime, sa part n’a cessé de

chuter puisqu’il ne représente plus en 1989 que 14% des visiteurs

étrangers.

Pourtant, ce mode de transport peut jouer un rôle beaucoup plus

important si l’on prend en considération la proximité de notre pays

de l’Europe qui constitue le plus grand marché émetteur de touristes

du monde.

 Le transport maritime peut même constituer une motivation

supplémentaire pour une certaine catégorie de touristes qui aiment

voyager avec leurs voitures ou leurs motos.

 Malheureusement, on constate que ce transport ne joue pas pleinement son rôle pour les raisons principales suivantes :

 Insuffisance de la flotte malgré la mise en service récente de

nouveaux cars-ferries.

o   Insuffisance du nombre de rotations, surtout en haute saison,

ce qui donne lieu à des attentes interminables et parfois

même à des annulations notamment au port d’Algésiras.

⇒  Transport terrestre Les principales difficultés rencontrées par cette branche

d’activité sont :

Une réglementation désuète et inadaptée.

 Multiplicité des administrations intervenant dans les

 procédures de contrôle et d’octroi des agréments.

Un coût élevé et sans cesse croissant du matériel roulant.

o   L’exclusion, depuis 1989, des acquisitions de véhicules pour

le transport touristique du bénéfice de l’exonération des

droits de douane, qui constituait une incitation déterminante

au profit de cette branche d’activité, et ce, dans le cadre des

mesures de protection de la fabrication locale.

 En outre, le parc actuel ne répond que partiellement aux normes

internationales du transport touristique : confort, rapidité, sécurité…

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

 De même, on assiste à la non-conformitéé des voitures de grande

remise, des taxis et des voitures de location, aux impératifs de

confort et d’entretien ainsi qu’à une anarchie des prix. Cette

situation qui conduit à une insuffisance de la capacité actuelle

représente une entrave sérieuse au développement du tourismeitinérant.

   Accueil Alors que les traditions d’hospitalité de notre pays devraient

constituer un atout supplémentaire pour notre produit touristique, il

est paradoxal de constater que l’accueil représente un handicap

majeur et chronique au développement du tourisme au Maroc.

C’est ainsi que dès son premier contact avec notre pays, letouriste est soumis à des ‘’agressions’’ de toutes sortes :

 Lenteur et complexité des formalités administratives d’accès

dues à l’insuffisance des effectifs de police et de douane et à

l’inadaptation de leur formation à leur mission d’accueil.

 Inadaptation des infrastructures d’accueil dans la plupart

des postes frontières, ports et aéroports.

 Insuffisance des moyens de transport, des ports et aéroportsvers les centres-villes.

Vétusté des moyens de transport auxiliaires (taxis, voitures

de grande remise) et anarchie des prix pratiqués.

 Détérioration des prestations au niveau des établissements

d’accueil (hôtels, restaurants, cafés) due au manque de

 professionnalisme des hôteliers et à l’emploi d’une main-

d’œuvre non qualifiée.

 Harcèlement de toutes sortes (mendiants, enfants vendeurs à

la sauvette) qui constituent une atteinte à la liberté et au

confort de visiteurs.

o  Prolifération des guides clandestins.

Comportement abusif des bazaristes et absence de la qualité

et d’affichage des prix des produits de l’artisanat.

 Insuffisance des signalisations et des bureaux d’information

à même de guider et d’orienter le touriste.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

   Formation professionnelle De par ses ramifications, la formation professionnelle intéresse

une grande partie des branches d’activité de ce secteur ; or force est

de constater que la formation professionnelle telle qu ‘elle est

dispensée actuellement, n’est plus adaptée aux besoins du tourisme

international.

Sur le plan qualitatif on constate :

Une absence de formation continue pour les employés de la

 profession.

Une absence des disciplines nouvelles en matière de formation professionnelle touristique.

Sur le plan quantitatif on constate :

Une insuffisance du nombre annuel des lauréats, alors que

le secteur souffre d’une pénurie en personnel qualifié de

l’ordre de 12.000 personnes.

Un retard très lent dans l’avancement des travaux deconstruction des unités programmées.

o  Un manque de moyens humains et matériels.

 P ROPOSITIONS POUR L’ ASSAINISSEMENT ET LA PROMOTION

 DU SECTEUR 

 

 Investissement et aménagement touristiques⇒  Problème foncier A l’instar des pays de la concurrence, une planification spatiale

(schéma directeur) du développement touristique du pays doit être

élaborée et un patrimoine foncier doit être constitué.

 Il est nécessaire également de procéder à l’intégration aux

différents documents d’urbanisme, des dispositions réglementaires,

qu’implique le développement touristique des zones non couvertes.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

Une solution globale à ces problèmes réside en la création d’une

agence centrale d’aménagement touristique, dont la principale

mission consistera à acquérir des terrains, à les viabiliser et à les

mettre à la disposition des promoteurs potentiels dans le cadre d’une

action conjointe avec les autorités et les collectivités locales.

 Il importe également que ces dernières bénéficient des moyens

nécessaires en vue de faire face aux dépenses induites par les

nouveaux projets (extension des réseaux routiers, adduction d’eau,

d’électricité, branchement téléphonique etc.), et qu’elles

interviennent plus activement dans l’aménagement des terrains à

vocation touristique.

⇒ 

Code des investissements :Pour atténuer la baisse constatée dans l’investissement

touristique, deux mesures urgentes s’imposent :

o   Accélérer les modalités d’extension des avantages du code

des investissements touristiques aux établissements

d’animation.

 Réviser le contenu de la ‘’liste négative’’, compte-tenu des

besoins en équipements et en moyens de transport du

secteur.

 A ce propos, les avantages consentis par le code au Maroc sont

nettement en-deçà de ceux accordés par la liste initiale des projets

(octroi de terrains, subvention d’étude, bonification du taux d’intérêt

de 3 à 5 points, avec en plus un régime spécial pour le tourisme

saharien…).

Un effort particulier doit être entrepris pour développer le

tourisme national, par l’encouragement des investissements dans les

résidences touristiques et les campings.

⇒  Fiscalité locale : En vue d’atténuer l’incidence de la fiscalité locale sur les

charges des établissements touristiques, il y a lieu de :

 Limiter le seuil de la taxe de séjour à un niveau minimal ;

 Inciter les collectivités locales à réserver le produit de cettetaxe à des fins touristiques : amélioration et renforcement

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

des infrastructures de base, signalisation, participation aux

actions de promotion et d’animation, création des places

 publiques, des rues piétonnières, de théâtres en plein air etc.

   Promotion La stratégie promotionnelle actuelle étant largement dépassée,

une révision et une réadaptation s’imposent par :

o   L’élaboration d’un ‘’plan marketing’’ permettant la

 planification des actions de promotion à moyen et long

termes.

 L’octroi de moyens budgétaires en rapport avec les recettesgénérées par le secteur. Alors que dans les pays de la

concurrence, les moyens mobilisés se situent dans la

 fourchette de 3 à 5% des recettes en devises, fixée par

l’Organisation mondiale du tourisme, au Maroc le budget

 promotionnel n’atteint même pas 1% des apports du secteur.

Or, il est constaté que toute augmentation du budget

 promotion conduit à un accroissement des recettes en

devises.

 Renforcement du secteur privé dans la conception et la

réalisation de la politique promotionnelle, compte tenu non

seulement des objectifs qui lui sont assignés, mais aussi

 parce qu’il est le principal bénéficiaire.

Concentration de l’effort promotionnel sur les principaux

marchés traditionnels porteurs.

o   Introduction de la notion de rentabilité dans la gestion de

l’ONMT et des ses délégations extérieures afin de rendre cesinstruments de promotion plus performants. Le réseau des

délégations devra aussi être revu en fonction des critères de

rentabilité.

   AnimationCette activité qui a des répercussions sur l’étalement des

saisons, sur l’amélioration de la qualité de l’accueil et sur la

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

rentabilisation des investissements, doit faire l’objet

d’encouragements substantiels.

Cependant, bien que le principe de l’extension des avantages du

code aux établissements d’animation ait été retenu dans le cadre du

texte en vigueur, son application n’est toujours pas mise en œuvre, le

décret la consacrant n’ayant pas abouti.

  TransportCe secteur joue un rôle déterminant dans les afflux touristiques,

aussi est-il nécessaire que les départements concernés prennent les

dispositions nécessaires suivantes :

⇒ 

Transport aérien :o

   Améliorer les prestations à bord des avions de la compagnie

nationale RAM et veiller au respect des horaires ;

 Augmenter le nombre des dessertes, surtout au niveau des

marchés émetteurs de touristes ;

 Multiplier les vols aériens pendant les périodes de haute

saison ;

 Harmoniser les conditions de vols en réduisant la durée destransits en adaptant les correspondances ;

 Revoir la politique tarifaire dans le sens d’une plus grande

compétitivité, tant au niveau des lignes internationales

qu’intérieures ;

 Encourager les mouvements ‘’charters’’.

⇒ 

Transport maritime :o

   Exonérer l’importation des bateaux d’occasion des droits de

douane ;

 Multiplier le nombre de rotations surtout en haute saison ;

 Encourager l’acquisition des cars-ferries.

⇒ 

Transport terrestre :o

   Affichage des prix ;

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

Un meilleur contrôle technique des véhicules ;

Formation et perfectionnement des chauffeurs de cars, de

taxis et de bus ;

 Révision des normes techniques des moyens de transport ;o

   Allégement des charges fiscales et octroi des dérogations

 pour l’importation des véhicules d’occasion.

   Accueil L’accueil est le domaine par excellence, qui constitue l’affaire de

tous, impliquant aussi bien les pouvoirs publics que les collectivités

locales ainsi que les différents opérateurs et même la population.

Toute politique ne tendant pas vers une mobilisation générale de

toutes les parties en cause, en vue d’une solution même progressive,

des problèmes posés par l’accueil tels qu’ils ont été énumérés, est

vouée à l’échec.

 Dans l’immédiat, il y a lieu de prendre les mesures nécessaires

 pour :

Créer, dans les postes-frontières, des bureauxd’informations touristiques ;

o   Renforcer la signalisation et l’information touristique sur

toutes les villes (plan de villes, panneaux en plusieurs

langues) ;

 Installer des guichets réservés aux touristes en groupes,

 pour éviter les encombrements ;

 Augmenter les effectifs de police et de douane et prévoir àleur intention des séminaires de formation adaptée à leur

mission ;

o  Garantir les meilleures conditions de sécurité et de quiétude

 par la création de brigades touristiques, chargées de lutter

contre la mendicité, l’escroquerie, le vol et toutes forme de

harcèlement ;

o  Contrôler la qualité des produits artisanaux vendus dans les

bazars ;

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

 Exiger l’affichage des prix et la remise des factures et

 prendre des sanctions sévères contre les bazaristes

malhonnêtes. L’encouragement du regroupement des

bazaristes en coopérative est une mesure de nature à

 faciliter le contrôle et un meilleur service ;

 Assainir le produit touristique par un véritable encadrement

du secteur, permettant un contrôle strict et systématique de

toutes ses composantes, en vue d’améliorer la qualité des

 prestations et d’assurer un bon rapport qualité-prix.

 Redynamiser les syndicats d’initiative et les associations

 professionnelles : pour y parvenir, une prise de conscience

générale sur le rôle du tourisme, doit suivre l’action du

ministère.

C’est ainsi qu’une large campagne sur le tourisme marocain et

ses retombées bénéfiques sur le plan économique et social doit être

réalisée. A cet effet, le ministère mettra en place les structures et les

moyens pour mener à bien la mission dont il a la charge et

 poursuivre ses efforts dans les axes suivants :

Organisation de l’ONMT et des délégations à l’étranger parl’introduction de la notion de rentabilité dans la gestion en

vue de rendre ces instruments de promotion plus

 performants. Le réseau des délégations devra ainsi être revu

en fonction des critères de rentabilité

o  Optimisation des affectations des cadres aussi bien au

niveau central que régional, en fonction des critères de

compétence d’intégrité et de rendement. L’accent sera

 particulièrement mis sur le recrutement et l’emploi de jeunes

cadres

Création de délégations régionales de tourisme dans le

cadre de la politique de déconcentration administrative ;

o  Formation et perfectionnement des agents en place, dans les

nouvelles techniques de tourisme et de gestion ;

 Informatisation des différents services du ministère du

tourisme, pour une meilleure gestion du secteur.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE I

 Le secteur du tourisme de par le monde est devenu un secteur

auquel les gouvernements accordent une attention toute particulière

 pour développer leur économie. Aussi, et à l’instar de beaucoup de

 pays, le Maroc devra accorder à ce secteur tout l’intérêt qu’il mérite.

 A cet effet, une conjugaison des efforts de tous les intervenants doitêtre assurée.

 L’essor du tourisme reste tributaire de l’adhésion active de tous

les partenaires dans le cadre d’une concertation franche et

 permanente.

Une telle politique, est de nature à assurer au Maroc une place

de choix dans le concert des pays touristiques. »

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

Chapitre II :Echec programmé ?

Combien de coups de menton dans les tribunes officielles !Combien d’effets d’annonce lors des poses de première pierre et decoupures de ruban symboliques de « projets » ! Mais cette somme degesticulations fait-elle, au total, une véritable politique ? On ne peutque se le demander et relever, avec amertume, et même consternation,la modestie des résultats. Pourquoi une telle situation ? Pourtant, les

 plans n’ont pas manqué depuis le début des années soixante. Nous en

sommes aujourd’hui, officiellement en tout cas, au VIIIème Plan(2000-2004). Que vaut-il ? Et, de surcroît, qui en parle encore ? Etqui y croit ? Personne, en vérité parce qu’il a été pratiquement« aspiré » et transcendé même par l’Accord-Cadre signé, en janvier2001, sous les auspices de SM. Mohammed VI. Pour la première foisdepuis 1960, l’on ne s’est pas contenté de fixer des objectifsambitieux, mais l’on a pris soin, en même temps, de définir lesconditions et les modalités de leur réalisation.

On a ainsi voulu voir loin, jusqu’à la fin de la présente décennie ;mais l’on a également veillé à réfléchir, de manière concertée, auxvoies et moyens de la « faisabilité » de cette nouvelle politique. Cequi tranche tellement avec tant de mauvaises habitudes prises dans le

 passé...

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

PLANS SANS PLANIFICATION !

D’année en année, de plan en plan -les uns triennaux, les autres

quadriennaux et même quinquennaux - les pouvoirs publics ont doncadopté des stratégies de développement couvrant tous les secteurs desactivités nationales et en particulier l’industrie du tourisme. Ces plansont été finalisés dans des textes législatifs; ils ont ainsi pris la formede lois applicables à tous et devant ainsi être contraignantes pour

l’Administration et les opérateurs concernés ou impliqués. Or, quellea été l’effectivité de l’application de ces plans approuvés parl’autorité législative ? C’est un document on ne peut plus officiel du

département ministériel en charge de ce domaine qui évalue à 40% letaux de réalisation des objectifs fixés. Tous les décideurs avaientconnaissance de cette amère réalité.

Mais rien n’a été fait. Est-ce par paresse ou par indifférence ?S’agit-il d’un déficit de gouvernance ? Sommes-nous en face d’unedonnée objective, structurelle pourrait-on dire, qui veut que l’on« continue pour continuer », dans la même voie, avec les mêmes

errements ? Certes, les regrets et les soupirs n’ont pas manqué, àl’occasion, pour déplorer les mauvais résultats enregistrés. Mais qu’a-t-on décidé de manière opératoire pour aller au-delà de ceslamentations phoniques qui sont devenues le lot commun et l’étatd’esprit dominant durant pratiquement les quatre décennies écoulées ?

Se pose ici le problème peut-être le plus central de toute notrefaçon d’être : celui de notre incapacité à faire face à l’autocritique. Onregarde bien le passé et son bilan. Mais va-t-on au-delà, autrement dit,

 prend-on les mesures adéquates pour réunir les conditions voulues deréalisation des objectifs que l’on s’est de nouveau fixés pour

l’avenir ? Assurément non.

Couche sur couche, strate sur strate, les sept plans que le Maroc atotalisés ont été marqués par une seule et même méthodologie : leressassement des insuffisances et un catalogue de mesuress’apparentant à une inflation de professions de foi sans portée.Pourquoi en changer après tout, dira-t-on, puisque aucun suivi effectifni contraignant n’était mis en place ?

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

On élaborait ainsi, à grand bruit, des « plans ». Mais faisait-on

vraiment de la planification entendue comme étant un processusd’accompagnement bâti sur une ardente obligation ? Telle est la dureréalité. L’examen du rapport de synthèse sur le tourisme dans ledernier plan 2000-2004 est l’expression achevée de cetteméthodologie défaillante. On peut y recenser pas moins de 87

 propositions - assorties d’ailleurs de dizaines de mesures particulières- sur la promotion du tourisme.

Et après, dira-t-on ? Toutes ces bonnes idées ont-elles dépassé lestade de simple énonciation ? Ont-elles reçu une traduction concrète àla mesure des exigences des objectifs chiffrés qu’elles impliquaient ?

Assurément non.Voilà bien l’une des données de l’échec du tourisme. Pourtant,

dans le discours officiel, la « priorité » était toujours donnée à cesecteur qui était, bon an mal an, le premier poste de la balance des

 paiements et qui contribuait à hauteur de 6% au P.I.B. national.

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

DEFICIT DE REACTIVITE DES GOUVERNEMENTS

Si la première guerre du Golfe a été un révélateur de la crise du

secteur touristique au Maroc, la prise de conscience générale qu’elle a provoquée ne s’est pas limitée alors à la seule conjoncture. Les problèmes structurels qui n’étaient alors souvent évoqués que demanière incidente ont été de ce fait mis au premier plan. C’est unelumière crue qui a ainsi mis en exergue un aspect fondamental de

cette activité, à savoir les difficultés de sa situation financière.

Peu de gens se souviennent de l’important séminaire organisé parle C.I.H. dans ses bureaux de l’avenue Hassan II en 1993. Cetterencontre a donné lieu à un rapport, passé malheureusement inaperçuaussi bien par les journalistes que par les professionnels.

Les thèmes débattus durant le séminaire se sont articulés autourde trois axes :

•  L’évolution du tourisme et les problèmes structurels posés.

•  Les modalités de financement.

• 

L’analyse des indicateurs de rentabilité.

Le C.I.H., après avoir attiré l’attention sur la faible capaciténationale et le lent accroissement des flux touristiques, souleva unequestion de taille relative aux recettes touristiques. Celles-ci ont

 progressé de 19,4% entre 1982 et 1990, alors que les nuitéesenregistraient une très faible augmentation. Une hypothétique haussedes prix avait été évoquée pour justifier cette anomalie alors que nos

recettes touristiques en 1991, année de grave crise où les nuitées ontchuté de 36% ont accusé une baisse de 15% seulement.

Le C.I.H. a surtout mis l’accent, au-delà des problèmes deconjoncture, sur des raisons structurelles ayant contribué à ternir le

 produit touristique marocain. Rien n’a été oublié : de la conceptioninadéquate des produits touristiques à la vétusté et la dégradation desunités hôtelières, en passant par l’insuffisance et la cherté des volsaériens. A signaler que les éléments d’analyse de base concernant le

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

 premier point sont le déphasage entre les coûts d’investissement et les

 prix de vente pratiqués.

Après avoir précisé que l’absence de cohésion dans le domaine de

la promotion complique la situation et la rend quasiment insoluble, leC.I.H. juge que les aléas liés au financement sont d’autant plusimportants qu’ils concernent l’augmentation des coûts des matériaux,le retard dans la réalisation des chantiers et notamment les obstaclesfonciers. Cette situation catastrophique du secteur touristique,

 prévient le C.I.H., entraîne des conséquences graves sur la rentabilitédes investissements, la structure des bilans des entreprisestouristiques, l’entretien des hôtels et surtout les relations entre le

C.I.H. et les promoteurs hôteliers incapables d’honorer leursengagements. Ces derniers ayant enregistré des taux de rentabilitéinterne très faibles, allant de 0 à 4% seulement, ne pouvaientéchapper à leur sort.

Le C.I.H. s’est attaché, par ailleurs, à évaluer la crise du secteurtouristique et ses conséquences sur la banque. Il tire de cette crisedeux conséquences : l’une sur sa trésorerie, l’autre sur sa structurefinancière. Pour ce qui est de la situation de sa trésorerie telle qu’elle

résulte des années 1990/1991, le montant global « des échéancesimpayées » par les hôteliers se situe à hauteur de 810 MDH. Cette

donnée a provoqué une forte baisse de l’activité et des engagementsdu C.I.H, qui a eu des difficultés à trouver des ressources desubstitution. Sans oublier que, dans le même temps, le C.I.H. étaittenu de respecter ses obligations financières vis-à-vis de sescréanciers nationaux et internationaux.

Mais il faut également évoquer les conséquences de cetteinsolvabilité du secteur hôtelier sur la structure financière du C.I.H,autrement dit, sur ses performances. De quoi s’agit-il ? D’augmenterde manière notable les provisions pour créances douteuses pour tenircompte des risques nouveaux attachés aux prêts hôteliers etimmobiliers. Le risque hôtelier devenant plus élevé, il faut donc entirer les conclusions nécessaires. Le C.I.H. précise à cet égard que « sil’évolution du secteur touristique se maintenait dans la tendance

actuelle - comme cela semble être le cas - la rentabilité de l’entreprise

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

 pourrait être compromise du fait de l’importance relative que revêt le

 portefeuille hôtelier dans les encours de la banque ».

Il faut relever, par ailleurs, que l’intégralité des prêts hôteliers

financés par le C.I.H. sont couverts par la garantie de l’Etat, celle-ciétant soit totale soit fixée à concurrence de 50 à 60% selon les cas.Mais cette garantie ne peut être formellement invoquée que si toutesles voies de recours ont été épuisées et que des poursuites judiciairesont été engagées.

Or, tel n’a pu être le cas puisque sous la pression de la crisetouristique liée à l’« effet Golfe » et par suite de fermesrecommandations des pouvoirs publics, le C.I.H. n’a pas eu d’autre

choix que de mettre en place, pour ses clients hôteliers, des plans derééchelonnement des échéances dues au titre de l’année 1991 et ce, àun taux de 12%.

Dans cette opération, le C.I.H était perdant, puisqu’il empruntaitlui-même pratiquement à ce taux sur le marché financier, les fondsdevant financer ce programme de rééchelonnement. Un empruntspécial de 400 MDH qui devait être lancé à la fin 1991 n’a pas pu

aboutir. Et le C.I.H a dû recourir aux avances spéciales de Bank AlMaghrib au taux de 18% pour faire face à ce déficit de trésorerie.Tirant les enseignements de cette situation, le C.I.H. a appelé de sesvœux la définition d’une stratégie de crise de la part des pouvoirs

 publics.

Sa préoccupation était double : d’une part, préserver ses intérêtsd’institution financière et prendre à cet effet des dispositions desauvegarde, d’autre part, arrêter une politique conséquente vis-à-vis

de ses emprunteurs immobiliers et hôteliers. Au titre des mesures desauvegarde, le C.I.H. s’estime fondé à demander la mise en jeu de lagarantie de l’Etat pour l’ensemble des prêts hôteliers en situationirrégulière. Cette proposition n’a pas eu de suite de la part dugouvernement qui s’en est tenu à des réponses évasives.

Pour ce qui est de l’autre volet intéressant les relations C.I.H.-emprunteurs, les pouvoirs publics n’ont pas été plus réactifs. Le

C.I.H. a formulé plusieurs montages à cet égard : celui de la remise dedettes accompagnées de règlements substantiels des arriérés

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immédiats ou à court terme, celui de la consolidation ou de la

restructuration de dettes avec ou sans remise de dettes, enfin celuivisant les clients immobiliers et hôteliers « passifs », c’est-à-dire quin’envisagent pratiquement aucune solution pour régulariser leursituation vis-à-vis du C.I.H. Le conseil d’administration a étéinstamment saisi de toutes ces propositions. Il en a délibéré mais sans

 prendre de décision...

Durant des années, et jusqu’au milieu de la décennie quatre-vingt-dix, le gouvernement ne se décide pas à prendre les mesuresattendues. Les entreprises hôtelières et immobilières s’installent dansun processus aggravé de surendettement. Elles ne peuvent pas faire

face à leurs échéances de remboursement d’emprunt, elles se heurtentà des taux pratiquement prohibitifs de l’ordre de 16% sur le marché,et elles sont confrontées à une situation de quasi-cessation de

 paiement.

De plus, la fin du régime de la double incitation pourl’investisseur accentue la fragilité financière des unités hôtelièreslancées au début des années quatre-vingt-dix, et ce dans une mauvaiseconjoncture liée à l’« effet-Golfe ». On a pu penser que la reprise de

l’activité touristique observée en 1993 allait inaugurer un palier decroissance. Or l’attentat d’août 1994 à Marrakech et la chute des flux

touristiques qui ont suivi ont replongé le secteur dans une nouvellecrise. Il a fallu attendre la fin de l’année 1995 pour que legouvernement mette en œuvre un plan de rééchelonnement desarriérés des opérateurs hôteliers.

De l’aveu des responsables eux-mêmes et des experts, le

rééchelonnement de 1995 décidé par Abdelatif Filali, alors Premierministre, était une mesure insuffisante et tardive. Mais le taux retenuen l’espèce - soit 12% - ne pouvait contribuer à la mise à niveau d’unsecteur en crise. L’occasion d’une véritable politique rénovée enfaveur de l’industrie touristique n’a pas été vraiment saisie. Ce plande rééchelonnement, simple palliatif, permettait sans doute d’allégerquelque peu le poids des contraintes de toutes sortes frappant lesecteur. Pour autant, il ne s’inscrivait pas dans une démarche

stratégique de nature à promouvoir durablement ce secteur. Denouveau et selon des situations variables, les unités hôtelières ne

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 pouvaient mobiliser des ressources financières suffisantes pour

améliorer leur produit et faire face à la crise.

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VINGT SEPT MINISTRES : PROFILS CONTRASTESDANS L’INSTABILITE

Vingt-sept ministres ! Tel est le chiffre des membres dugouvernement qui se sont succédé - et dont certains, à eux-mêmesquelquefois - à la tête du département du Tourisme depuis le premierCabinet de l’indépendance, dirigé par Bekkai, le 7 décembre 1955. En

 près d’un demi-siècle, c’est une véritable galerie de portraits aux profils bien contrastés que l’on peut y relever. Lequel d’entre eux avéritablement laissé sa marque dans ce secteur ? IncontestablementMoulay Ahmed Alaoui que l’on peut légitimement considérer comme

le « père » du tourisme marocain. De toute cette cohorte ministérielle,il sort du lot.

Avait-il une politique ? En charge une première fois de cedépartement durant presque dix ans -du 5 janvier 1963 au 14 avril1972 - c’est donc un long bail qu’il y a exercé. Inspiré par le« modèle » espagnol, si proche, sa démarche était de doter le Marocde gîtes d’étapes et d’établissements hôteliers dans les grandes villes

à potentiel touristique (Rabat, Marrakech, Agadir). Mais il s’estégalement préoccupé de promouvoir le Sud et le Grand Sud. Danscette dernière perspective, il s’est attelé à revivifier les Moussems, enveillant à en faire un produit touristique culturel attractif pour destouristes en quête d’exotisme et de dépaysement. Dans un Marocengagé dans un processus de développement et de modernisation,cette ambition a cependant marqué le pas. Non pas qu’elle ait manqué

d’intuition et même de fulgurance - avec le lancement du produit

 balnéaire sur la côte méditerranéenne ou le circuit des « Villesimpériales » notamment. Mais elle n’avait de chances de générer unevéritable dynamique de développement que si elle avait étéaccompagnée de mesures structurelles adéquates. Or, si MoulayAhmed Alaoui pouvait exceller dans les relations publiques et lacommunication, il ne hissait pas ses efforts ni son action au niveaud’une politique institutionnelle durable inspirée du vœu collectif desMarocains et exécutée par des équipes désintéressées, compétentes et

responsables.

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Ainsi, le Conseil supérieur du tourisme pourtant prévu dans le

 plan 1960/1964 n’a pas vu le jour; pas davantage les objectifs retenusdans les plans 1965/1967 et 1968/1972. Ce qui ne pouvait, à terme,que peser sur les chances d’instauration et d’expansion d’uneéconomie du tourisme à même de jouer le rôle que les planss’obstinaient officiellement à lui assigner.

Rien d’étonnant, dans ces conditions, que des performances aussidécevantes n’aient pu être évitées pour des raisons cumulatives :concentration des décisions et des orientations entre les mains de très

 peu de décideurs sinon d’un seul, suivisme béat et absence devéritables débats, absence d’une vision et d’une ferme volonté

 politique réformatrice. Moulay Ahmed Alaoui reprit d’ailleurs cemême département quelque huit ans après, en février 1980 jusqu’à lafin novembre 1983.

Le « style Moulay Ahmed » était sans doute le même, avec sesdéclarations de nationaliste passionné - il lança le slogan « dixmillions de touristes », multipliant les tournées et les visites. Maiscette posture n’avait, il faut bien le dire, que l’élan des annéessoixante sans une véritable capacité d’entraînement. Mais le Maroc

lui doit quand même les gîtes d’étapes du grand Sud, la Tour Hassanà Rabat, le Zalagh et les Mérinides à Fès et bien d’autres réalisations-

 phares.

Une mention particulière doit, à mon sens, être faite à un autreministre. Il s’agit de Abdallah Kadiri. Ephémère responsabilité. Ellen’aura duré que huit mois (du 30 juillet 1990 au 4 avril 1991). Au lieude céder au discours convenu qui a toujours prévalu dans ce secteur

durant pratiquement quatre décennies, l’homme a opté, partempérament sans doute plus que par calcul politicien, pour latransparence. C’est à lui que l’on doit le constat le moins apprêté de lasituation, la dureté des chiffres et l’identification des mesures à

 prendre pour sortir de la léthargie.

Ce discours-là dérangeait les bien-pensants, leurs habitudes et leurconfort intellectuel et politique; il ne pouvait guère être audible et il

 passera à la trappe du silence quelques mois plus tard, sans autre

forme de procès. Il dérangeait en effet la manière de penser et de

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09/01/04 PREMIERE PARTIECHAPITRE II

gérer de tout un « establishment » qui gérait des carrières et des

intérêts et qui n’entendait point s’aventurer dans le volontarisme deréformes de fond à entreprendre pour faire décoller et promouvoir lesecteur touristique. Que lui demandait le gouvernement ? D’êtreministre et de « faire le ministre », pas de s’impliquer dans uneapproche alarmiste qui mettait en relief l’incurie des uns etl’incompétence des autres.

Pour tous les autres ministres, deux grandes filières peuvent êtreidentifiées : celle des ministres partisans (RNI, PND, UC et USFP) etcelle des « technocrates ». Les uns ont-ils fait mieux que les autres ?C’est pour le moins difficile à plaider et à établir. Ce serait pourtant

injuste de dire qu’ils ont manqué de bonne volonté - ils n’en étaient pas dépourvus, quoique de manière inégale. Mais étaient-ils préparésà de telles fonctions ? Rien n’est moins sûr. Les ministres politiquesse voyaient confier le département du tourisme dans le cadre d’unecomptabilité politique gouvernementale où le dosage entre lesdifférentes composantes était décisif. Les partis politiques dûmentinvités à participer au gouvernement ne se préoccupaient pas, à cetégard, de promouvoir dans leurs rangs des compétences éprouvées ou

des cadres à fort potentiel mais de « placer » leurs dirigeants. Si bienque la boucle était bouclée, le système générant la reproduction deceux-là mêmes qui y avaient un statut « institutionnel », fait decooptation et de clientélisme. Au total, tel ministre d’un parti pouvaittout aussi bien se voir confier le département de la jeunesse ou desPTT comme il pouvait avoir celui des Affaires Administratives... ou

du Tourisme.

Deux ministres « technocrates » - en l’occurrence, AzzedineGuessous (novembre 1983/avril 1985) et Hassan Abouyoub (août1992 / novembre 1993) - justifient d’excellentes capacitésmanagériales et réformatrices et pouvaient, s’ils en avaient eu letemps, impulser une réforme conséquente dans ce domaine; mais àeux deux, ils n’ont pas dépassé vingt sept mois de fonctions à la têtede ce département. Ayant eu à gérer un exercice budgétaire annuelqu’ils n’ont pas préparé - respectivement 1984 et 1993 - pouvaient-ilssérieusement imprimer leurs marques à la nouvelle politiquetouristique qu’ils appelaient alors de leurs vœux ? Serge Berdugo et

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M’hamedi Alaoui n’ont pas démérité non plus. Les opérateurs du

tourisme marocain leur sont reconnaissants pour avoir essayé de faireface, avec courage et obstination, à la situation du tourisme jugée,déjà à l’époque, comme étant très préoccupante.

Mais tel n’a pas été le cas d’un ministre comme Moussa Saadi quia occupé ces mêmes fonctions durant plus de cinq ans (avril 1985 /

 juillet 1990). Il a fait partie d’un gouvernement qui a été stable durantcette période. Il a eu ainsi la possibilité d’inscrire son action dans ladurée. L’a-t-il fait ? C’est au cours de son long ministère que le

 produit touristique a accusé son repli et qu’il s’est durablementinstallé dans une crise structurelle dont il ne s’est pas encore relevé

 pratiquement une décennie et demie plus tard.Aujourd’hui, est-on mieux loti avec le nouveau ministre, Adil

Douiri, membre du gouvernement Jettou nommé le 7 novembre2002 ? « Technocrate », il l’est assurément. Il y représente aussi son

 parti, l’Istiqlal. Il a une bonne culture entrepreneuriale et une visionmanagériale attestée par sa formation de polytechnicien et son

 parcours dans les groupes financiers et boursiers. Il a de surcroîtl’immense avantage de pouvoir insérer son action dans le cadre d’un

 brillant Accord-Cadre décennal défini en janvier 2001 et élaboré parAmyn Alami de CFG en collaboration avec la CGEM•. Il lui reste àêtre l’efficace maître-d’œuvre de ce programme.

L’ambition légitime qu’il a de vouloir réussir le challenge qui luiest imposé, doublée de son sens réel des exigences de lacommunication, sont des facteurs importants et décisifs. Mais il luifaut peut être savoir former autour de lui des équipes venant des

secteurs privé et public qui soient régulièrement renouvelées etcapables d’opérer dans le cadre de cahiers de charges précis et surtoutcontraignants.

Des quatre décennies passées, comment ne pas tirer un certainnombre d’observations significatives ? La première d’entre elles atrait globalement à l’inadéquation entre les profils des ministres et ledépartement du tourisme qui leur était confié. Ce ne sont pas, en effet,

• M. Douiri était dirigeant dans CFG et il figure toujours parmi ses actionnaires.

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des hommes qui ont été choisis et ciblés sur la base de leurs

compétences particulières mais plutôt en considération de paramètres politiques ou autres. Et chacun d’entre eux - et cela est surtout valable pour les ministres partisans - a géré ce département comme il a pu, entout cas avec un soin particulier à ne « pas faire de vagues »…

Il faut encore relever au passage l’étonnante incapacité des partis politiques à « penser » une véritable politique nationale dans cesecteur. Leurs programmes n’y consacrent que quelques pages ouquelques lignes et se bornent la plupart du temps à reprendre les lieuxcommuns habituels : « développer le tourisme », « une industrie

 pourvoyeuse de devises et créatrice d’emplois », et autres généralités

du même genre. Ainsi, aucun parti politique n’a organisé une seulefois une « journée d’études » conséquente sur ce secteur ou formulédes propositions concrètes pour son développement. Comme si lasimple référence à la « priorité » à lui donner tenait lieu de politiqueet se suffisait à elle-même.

Autre indication : l’instabilité des titulaires. Ainsi, pour la périodecouvrant les quatre dernières décennies, pas moins de vingt-septministres se sont succédé à la tête du département du tourisme. Deux

d’entre eux ont eu un long mandat : Moulay Ahmed Alaoui, etMoussa Saadi, Mais malgré ce paramètre particulier, ce qui frappe sur

cette longue période, c’est l’instabilité des ministres. Ainsi, la duréemoyenne de fonctions y a été de moins de 2 ans.

A noter que pour la période 1990/2002, la durée moyenne baisseencore pour se situer seulement à un an et demi. Pareille instabilitéaurait pu, sans doute, être un moindre mal si la politique touristique

avait été durablement déterminée sur la base d’un cap ayant desséquences et des étapes. On change les ministres, mais levolontarisme touchant la réalisation des objectifs assignés reste lemême. Mais tel n’a pas été le cas puisque cette instabilité est venue sesurimposer à une politique d’effets d’annonce sans portée concrète.

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FAUSSE PRIORITE GOUVERNEMENTALE

Une forte inadéquation des profils des ministres, une instabilité

chronique entrecoupée par de trop longs mandats qui ont été marqués pratiquement du sceau de la stagnation et tout cela sur un fonddurable de déficit de vision et de politique de l’action : tel est l’étatdes lieux à la veille de l’Accord-Cadre de janvier 2001.

D’une autre manière, on est conduit à se poser cette interrogationde principe : pourquoi a-t-on continué à présenter le tourisme commeétant toujours une « priorité » alors que dans la pratique ce n’était

 point le cas ? Qu’est-ce qui empêchait après tout, que dans tel ou tel plan adopté tout au long des quatre décennies écoulées, legouvernement relègue le tourisme à un rang non prioritaire au profitd’autres secteurs comme la pêche, les nouvelles technologies de lacommunication ? Pourquoi donc ce conformisme ? Il faut sans doutevoir plusieurs explications à cet égard.

 Ne plus faire référence à la « priorité » du tourisme, c’est devoirassumer publiquement et politiquement les raisons de cette

réorientation : cela demande un argumentaire, des justifications alorsque la continuité du discours prioritaire est plus économique à gérer.Lorsqu’un document aussi officiel que le rapport établi par AbdallahKadiri, alors ministre -, met en exergue que « le tourisme mérite un

 projet national » et qu’il précise les échecs et les insuffisances des plans établis, c’est que le diagnostic était fait - il lui manquaitseulement la bonne thérapie.

Celle-ci n’était pas hors de portée, mais elle avait bel et bien étécorrectement identifiée dès le début des années quatre-vingt-dix aumoins. Elle devait porter en effet sur le statut de l’investissement, surcelui de l’entreprise touristique, la formation, le contrôle de qualité, la

 promotion et l’accueil, sans oublier les structures intervenantes dansce secteur.

Les mêmes points ont été pratiquement repris dans la synthèse surle tourisme établie, une dizaine d’années après, dans le plan

2000/2004... Et n’était-ce l’Accord-Cadre de 2001, on aurait encorecontinué pour une autre-ou plusieurs autres- décennies à ressasser la

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même littérature « prioritaire » accompagnée des mêmes

recommandations et des mêmes propositions.

Le mal était donc là, connu de tous et il procédait d’une véritable

crise structurelle que personne ne pouvait sérieusement nier, maissans pouvoir ou vouloir y apporter la médication appropriée. Quellessont les données objectives de cette situation ? On peut en cerner lanature et les contours à travers un paramètre significatif, celui de lastagnation des capacités hôtelières par rapport aux principauxconcurrents du Royaume dans le bassin méditerranéen.

Les économistes du tourisme estiment qu’un produit doit pouvoircompter suffisamment de lits -seuil critique - pour avoir une visibilité

suffisante dans les marchés émetteurs internationaux : pour le Maroc150.000 lits paraissaient à l’époque être le strict minimum. En l’an2000, l’on n’était arrivé qu’aux deux tiers de ce chiffre avecseulement 99.968 lits. Comment dans ces conditions, espérait-onraisonnablement être dans la « cour des grands ? »

Un autre élément doit aussi être pris en considération : celui de lacapacité réellement commercialisable. C’est qu’en effet, tout le

 potentiel existant des hôtels classés n’est pas effectivementcommercialisé sur les marchés extérieurs, pour des raisonscomplexes, parfois cumulatives : établissements classés mais en coursde rénovation, non-figuration dans les catalogues et brochures, faiblecommercialisation,...

En tout cas, pour la fédération du tourisme, le potentiel réellementcommercialisable à l’étranger ne dépasse pas 70.000 lits (35.000chambres), soit 75% seulement de la capacité officielle (Etude pour le

contrat-programme : « Le tourisme : une vision, un défi, unevolonté »).

La stagnation de la capacité hôtelière au Maroc contrastefortement avec la forte progression observée dans ce domaine par uncertain nombre de pays touristiques méditerranéens. Ainsi, la capacitéhôtelière de la Tunisie qui était équivalente à celle du Maroc, s’estinscrite en hausse d’année en année, jusqu’à doubler en 1998 et même

dépasser les 214.000 lits en 2002. Pendant cette même période, la

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capacité du Maroc, par contre, n’a pratiquement augmenté que de

50%.

En ce qui concerne le Portugal, sa capacité obéit également à une

courbe ascendante avec 13.000 lits en 1986, puis une progressioncontinue jusqu’à dépasser 220.000 lits en 1999, soit près de 80% de

 plus que le Maroc à la même date.

C’est une hausse encore plus importante qui a été enregistrée enGrèce avec 350.000 lits en 1986, puis 450.000 en 1991 et 550.000 en1997 pour se situer à hauteur de 580.000 lits en 1999. Une capacitéadditionnelle de plus de 230.000 lits a été enregistrée sur une périodede quinze ans, soit pratiquement le double de ce que le Maroc offre

aujourd’hui.

L’examen de la capacité hôtelière de l’Egypte est encore plussignificatif du développement du produit de ce pays. Alors que l’onn’y comptait que 50.000 lits en 1986 -le Maroc en totalisait déjà87.000 -, la progression a été remarquable, passant du simple audouble en 1991 (105.000 lits), puis au triple en 1997 (150.000 lits),

 pour dépasser les 180.000 lits en 1999.

C’est le même « boom » que l’on peut constater en Turquie, quine disposait que de 75.000 lits en 1986 -soit 12.000 de moins que leMaroc - et qui a vu sa capacité plus que doubler en 1990 puis tripleren 1993 (225.000 lits), pour quadrupler trois ans plus tard (300.000lits) et se situer à hauteur de 320.000 lits en 1999.

Citée pour mémoire, l’Espagne, qui était déjà un grand paystouristique en 1986, avec plus de 830.000 lits, ne s’est pas contentée

de gérer et promouvoir un potentiel déjà important et qui la classait parmi les grandes destinations touristiques mondiales. Bien aucontraire, ce pays a poursuivi activement, et à grandes enjambées, une

 politique d’extension de sa capacité hôtelière avec plus d’un millionde lits en 1993 pour atteindre, ensuite, 1.280.000 lits en 1999. Soit

 plus de dix fois celle du Maroc à cette même date.

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JUSTICE… A MODERNISER

L’exigence de développement place au premier plan la question

du droit des affaires et en particulier celle du nécessaire bonfonctionnement de la Justice. L’investisseur, quel qu’il soit – touristique ou autre –, a besoin, en effet, d’un cadre juridique etréglementaire garantissant ses droits et ses intérêts. En d’autrestermes, l’attractivité du Maroc sera accrue si la justice y est rapide,

crédible et prévisible. C’est dire que la justice commerciale, maisaussi sociale, celle qui concerne les relations employeur-employé,doit réunir les conditions requises de transparence et d’efficacité dans

le traitement des différends. Une plus grande sécurité doit être assuréedans les transactions commerciales, tant pour ce qui est des biens quedes services. Les processus et les procédures existants doivent ainsiêtre remaniés, allégés et simplifiés, dans une optique derationalisation et de modernisation.

Les textes en vigueur couvrant les activités commerciales - outrele Code de commerce, le droit des sociétés et les Codes de procédure

civile et commerciale - sont ainsi appelés à être simplifiés. A terme, ilconvient de promouvoir la mise en œuvre de l’automatisation etl’élimination de toutes les procédures qui entravent le dynamisme dela vie des affaires. L’on doit également se préoccuper d’édicter unnouveau régime relatif à l’arbitrage commercial qui, en l’état,

 présente bien des insuffisances. D’où la nécessité d’élaborer un coded’arbitrage commercial moderne.

Dans cette même démarche, comment ne pas prendre en charge

également, de manière plus globale encore, la capacité du système judiciaire à mieux trancher les affaires commerciales et ce, par la

modernisation de la gestion des dossiers ? L’amélioration des servicesassurés par les registres de commerce nécessite des mesuresadéquates dans ce sens. Sans oublier, évidemment, l’amélioration etla spécialisation de la formation des magistrats et des auxiliaires de

 justice (huissiers, greffiers...) qui participent à la vie judiciaire et auxdifférents processus qui l’articulent.

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Une justice crédible, ce n’est pas seulement toutes ces réformes et

ces mesures. C’est aussi une magistrature saine, intègre et immuniséecontre la corruption. Le dernier rapport de la Banque Mondiale,

 publié en juin 2003, sur « l’évaluation du système juridique et judiciaire au Maroc » ne manque pas d’attirer l’attention sur ce mal etsur « les fréquentes allégations de corruption formulées à l’encontredes juges ou des auxiliaires de justice ». Le corps de la Magistraturedoit donc être à l’abri de tout soupçon pour que les opérateurs dutourisme sachent que le Maroc est un Etat de droit, où les personneset les sociétés sont protégées contre les abus et l’arbitraire.

Il faut reconnaître, cependant, que les efforts entrepris dans le

domaine des tribunaux de commerce sont encourageants : formationdes juges, accélération effective des procédures dans certaines courscomme dans celle de Marrakech, symposiums et rencontres au planrégional et international, rénovation des équipements et matérieladministratifs…

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UN SECTEUR BANCAIRE… QUI S’ORGANISE

« L’affaire du C.I.H. » a donné lieu, on le sait, à des

rebondissements spectaculaires au cours des années écoulées. Elle n’a pas encore connu son dénouement judiciaire. Un certain nombre de procédures sont actuellement en instance. On voudrait y revenir ici pour deux raisons bien simples. La première, c’est que le C.I.H. a été,durant des décennies, le principal prêteur du secteur touristique

C’était pratiquement l’une de ses missions principales commel’indique d’ailleurs sa raison sociale même : Crédit Immobilier etHôtelier. La seconde n’est pas moins importante : à travers son

traitement judiciaire, médiatique et politique, ce dossier illustre lesdéfaillances du rôle du gouvernement marocain, lesdysfonctionnements que celles-ci ont induit et, partant, la défaillancede tout un système de contrôle. Il est trop facile de se défausser de ses

 propres responsabilités et de tenter d’incriminer des hommes quin’ont fait que remplir leurs tâches. Il est bien commode de faire des

 procès en sorcellerie aux uns et aux autres, sans prendre la peine demener une réelle mise à plat établie sur la base d’éléments objectifs :

qui a fait quoi ? Et, plus globalement, quelle conjonction de facteurs -  ou plutôt de manquements - a pu conduire à la crise qu’a connuecette institution financière ?

Pour dresser un état circonstancié des faits, il convient de rappelerquelles sont les procédures de contrôle existantes et pourquoi ellesn’ont pas fonctionné de manière réellement opératoire. On voudrait,ici, mettre l’accent, en premier lieu, sur ce que l’on appelle les

contrôles externes. Multiples et diversifiés, ils sont exercés par leministère des Finances, Bank Al Maghrib, les commissaires auxcomptes et les auditeurs externes. Mais tout ce dispositif n’aura donc

 pas suffi à éviter le drame. Pourquoi ? On va le voir.

Le contrôle du ministère des Finances se fait, tout d’abord, àtravers le Commissaire du gouvernement. Telles sont les dispositionsformelles du Décret Royal du 17 décembre 1968, aux termesdesquelles celui-ci dispose de pouvoirs de contrôle et d’investigation

étendus. L’article 24 bis des statuts du C.I.H.- dans ses dernières

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mises à jour, tout au moins - ne manque pas de préciser également

cette mission qui lui est assignée. Ainsi, le commissaire dugouvernement est chargé, notamment, des tâches suivantes : prendreconnaissance des livres, registres et documents, se faire présenter lesfonds en caisse et les valeurs de toute nature, assister aux séances duconseil d’administration ou des comités qui en émanent, apprécier lesdécisions des instances et, le cas échéant, y faire opposition en

 provoquant une nouvelle délibération. Il est également destinataire detous les documents communiqués aux administrateurs.

En bonne logique, il a tous les moyens de savoir ce qui se passedans une institution financière comme le C.I.H. Il est donc

 parfaitement fondé à se prévaloir de la loi pour être informé, au jourle jour et pièces à l’appui s’il le faut, de la marche de cet organisme.Or, en l’espèce, tel n’a pas été le cas. Ainsi, le rapport d’audit, établi

 par l’Inspection générale des finances (IGF) en juin 2001 ne peutdissimuler que « dans la pratique, il s’est avéré que le contrôle ducommissaire du gouvernement est exercé de manière insuffisante etnon systématique, ce qui le rend peu efficient et en réduitconsidérablement la portée ». A titre illustratif de ce déficit de

contrôle, le même rapport relève que « contrairement aux dispositionsde la réglementation, le commissaire du gouvernement n’assiste pasaux commissions d’ouverture et d’adjudication des marchésimportants ». Il n’a pas davantage pris part à toutes les séances descomités émanant du Conseil d’administration, notamment le comitéde direction compétent pour l’octroi de crédits supérieurs à 15 MDH.

Enfin, il y a lieu d’ajouter qu’aucun rapport ou note sur la gestion duC.I.H. n’a été établi par les différents commissaires du gouvernement

qui se sont succédé lors des deux décennies écoulées.

L’autre mode de contrôle du département des Finances est ensuitecelui exercé par la Direction du trésor et des finances extérieures(décret du 22 novembre 1978, relatif aux attributions de ce ministèreau sujet de la tutelle des établissements de crédit et du marché descapitaux, ainsi que la tutelle et le contrôle des établissements de créditet garanties spécialisés). Comment se traduit ce contrôle ? Au niveaudu C.I.H, dans le cadre des garanties, avances, ristournes et prêts.Comme cet organisme a largement recouru à toutes ces facilités, il y

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avait-là autant d’occasions d’évaluer son fonctionnement et sa

gestion. Là encore, nous n’avons trouvé trace d’aucune action notablede suivi.

Il faut encore ajouter une modalité de contrôle particulière propreau C.I.H. et qui donnait un droit de regard supplémentaire à l’autreautorité de tutelle. Ainsi, le Décret Royal précité du 17 décembre1968 avait institué un Comité consultatif auprès de cet organismefinancier. Prévu par l’article 74, il précise que « le Comité consultatifdu C.I.H. se réunit deux fois par an au moins. Il formule des avis surtoute question relative à l’application de la présente Loi, et, plusgénéralement, au financement de la construction et du développement

touristiques.Ses avis portent notamment sur les différents régimes de prêts et

les ressources mises à la disposition des établissements de créditagréés. Il répond même à toutes les demandes de consultationémanant du comité des établissements de crédit institué par le dahir

 portant loi du 6 juillet 1993 relative aux établissements de crédit ».Quelle application a été faite de toutes ces dispositions ? Aucune. Pasla moindre information concernant le fonctionnement et l’activité de

ce comité n’a été donnée.

Le contrôle de Bank Al Maghrib a-t-il été mieux exercé ? On étaiten droit d’attendre de la banque centrale davantage de rigueur danscette mission. De par ses textes fondateurs, cette grande institution estappelée à exercer les contrôles prévus par la loi bancaire. Il s’agitnotamment du respect des règles prudentielles des équilibresfinanciers des établissements de crédit. La Banque centrale dispose

d’un autre mode de contrôle, lié aux dispositions de l’article 38 de laloi bancaire aux termes desquelles « les auditeurs externes vérifient,également à la demande de Bank Al Maghrib, que l’organisation del’établissement présente les garanties requises usuellement pour

 préserver le patrimoine et prévenir les fraudes et les erreurs ». Ilconvient encore d’ajouter une autre forme de contrôle de Bank AlMaghrib, expressément prévue par l’article 45 de la même loi, et qui

 porte sur les établissements de crédit. Aux termes des dispositions

dudit article, « afin de veiller au respect des dispositions du présentDahir et des textes pris pour son application, de préserver le renom de

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la profession et de la place, Bank Al Maghrib est chargée d’effectuer,

 par ses agents ou par toute autre personne commissionnaire à cet effet par le gouverneur, les contrôles sur place et sur documents desétablissements de crédit et de leurs filiales ». De tout cela, l’on netrouve guère d’application. Ce qui traduit une carence caractériséedans l’exercice de cette mission de contrôle. Par ailleurs, la Banquecentrale était membre du comité de direction d’octroi des crédits etdonc au fait de toutes les décisions prises à ce sujet. Elle ne peut, parconséquent, trouver de prétexte pour se disculper.

Circonstance aggravante : Bank Al Maghrib détient 12,96% ducapital social du C.I.H. ce qui la place pratiquement au troisième rang

derrière la CDG (35,30%) et juste après AXA Al Amane (13,26%)sur la base de l’actionnariat de 1998. La voilà donc impliquée à undouble titre. D’abord, en tant qu’autorité de contrôle de par samission de banque centrale ; ensuite, en tant que membre du Conseild’administration disposant de près de 13% des actions. On auraitattendu de ce statut privilégié davantage d’intérêt pour la gestion duC.I.H. et de rigueur quant à son suivi au plus près. Or, tout paraîts’être passé comme si cette présence et cette implication de Bank Al

Maghrib dans le Conseil d’administration avait - comme le relèvemême le rapport de l’I.G.F. - « apparemment été perçue par lesresponsables de l’établissement comme un moyen de cautionner uncertain état de fait en matière d’application des règles prudentielles ».

Il est même question, à cet égard, de « dérives qui n’ont pu êtreévitées, ce qui pose le problème de l’efficacité de l’intervention de laBanque centrale dans les conditions actuelles ». On ne saurait mieuxdire ! Bank Al Maghrib s’est donc bornée à des observationsépisodiques, soit au sein du Conseil d’administration, soit par descorrespondances. Son intervention la plus notable a été faite en 1998,à la demande de la présidence du C.I.H., pour l’audit du portefeuillede prêts. Ce contrôle a, comme le précise le rapport, « révélé desérieuses insuffisances particulièrement en matière d’octroi de crédits,de recouvrement de créances, et d’approvisionnement de celles ensouffrance ».

Quant au contrôle des commissaires aux comptes, il ne s’est pasnon plus distingué par son efficacité et sa rigueur. Loin de là.

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Pourquoi ? En tout cas, l’IGF souligne à ce sujet qu’il a été constaté

que les commissaires aux comptes ne certifient pas les étatsfinanciers, ni la sincérité des comptes : « ils » se contentent, de façongénérale, d’une présentation sommaire des comptes, contrairementaux dispositions de l’article 35 de la Loi bancaire (Dahir de 1993). Cetexte impose en effet que « les comptes annuels et semestriels doiventêtre certifiés conformes aux écritures, par deux commissaires auxcomptes choisis sur la liste des experts comptables et transmis à BankAl Maghrib aux dates fixées ».

Pour ce qui est, par ailleurs, du contrôle des auditeurs externes,des insuffisances, tout aussi graves, existent également. Ainsi, leurs

rapports annuels n’ont pratiquement porté que sur les états financiers.Les frais généraux et les dépenses d’investissement, eux, n’ont pasfait l’objet du moindre examen. Sans parler de la situationd’incompatibilité manifeste de tel auditeur qui a cumulé durant desannées son statut d’auditeur contractuel et celui d’auditeur légal decommissaire aux comptes.

Au total, les remarques formulées par les commissaires auxcomptes et par les auditeurs externes n’ont pas porté sur « l’ampleur

réelle des problèmes de gestion et de la gravité desdysfonctionnements ». Elle se sont limitées à des correctifs

techniques ou des imputations comptables.

A côté de tous ces différents modes de contrôle, une mention particulière doit être faite, évidemment, aux attributions du Conseild’administration, qui est statutairement l’organe chargé de délibérer etd’évaluer le bilan annuel du C.I.H. C’est un organe de gestion, mais

aussi un organe de suivi et de contrôle, investi à cet effet des pleins pouvoirs pour la bonne marche de l’investissement. Ce Conseild’administration comprend les représentants des actionnaires, desministères de l’Economie et des Finances, de l’Habitat et duTourisme. A noter, ici, que la CDG y détient plus de 35% du capitalsocial. Sa participation est encore plus significative avec les partsdétenues par ses filiales. Comment a donc fonctionné le contrôledevant être assuré par cet organe ? Dans de très mauvaises conditions,

qui n’ont fait qu’accentuer l’échec de tout le système de contrôle

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devant être exercé par ceux-là mêmes que l’Etat avait chargé de cette

mission.

Le rapport de l’IGF ne peut donc que déplorer que « le Conseil

d’administration n’ait été saisi de certaines décisions, même capitales pour le devenir de la Banque, qu’après leur exécution par l’organismeet sous une forme parfois très sommaire, ne permettant pas toujoursune réelle appréciation de l’opportunité de ces décisions ». Riend’étonnant, dans ces conditions, que les procès verbaux des Conseilsd’administration, tenus au cours de la dernière décennie, n’aient pas« permis de constater que les débats et les délibérations qui enrésultent n’ont pas toujours reflété la gravité de la situation ». On peut

donner une illustration de cette carence avec les exemples des budgetsd’équipement et de fonctionnement des exercices 1999 et 2000, quin’ont été ni présentés, ni examinés, encore moins approuvés par leConseil d’administration. Manquement grave dans la mesure où, on lesait, l’une des attributions les plus importantes de ce Conseil porte

 précisément sur l’approbation du budget, indicateur le plussignificatif de la marche de l’établissement et des conditions de sagestion.

Dans cette même ligne, faut-il encore ajouter que les rapports desauditeurs externes n’ont pas été communiqués aux membres du

Conseil d’administration qui ne les ont pas réclamés non plus !

Corps relevant du département des Finances, l’IGF a donc dresséun état des lieux accablant sur les graves défaillances qui ont marquéla bonne marche de cet établissement financier. Pour ce qui est dudiagnostic de gestion dans ses aspects procéduraux et formalistes, elle

a réalisé son travail de manière conventionnelle. Mais c’est à proposde sa mise en cause directe de cadres et de responsables du C.I.H. queson rapport supporte des critiques de fond.

De quoi s’agit-il ? De rappeler que l’IGF ne doit pas mener sontravail sur une base accusatoire, mais dans une optique de vérificationdes comptes des agents de l’Etat et des collectivités locales. Lesinspecteurs sont ainsi mandatés pour s’assurer de la régularité desopérations enregistrées dans les comptes des ordonnateurs de recettes

et de dépenses publiques et de tous les administrateurs.

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Les règles régissant les conditions d’élaboration et de réalisation

des rapports d’inspection ont été définies, dès la création de l’IGF, par le Dahir du 21 avril 1960, complété par d’autres textes. L’arrêtédu 19 juillet 1960 du ministre des Finances, en particulier, précise -enson titre IV- cette question des prescriptions qui doivent êtrerespectées et appliquées. On en retiendra deux, entre autres : larigueur des constats et la procédure contradictoire. La rigueur desconstats signifie que le diagnostic doit être dressé sur des basesincontestables, vérifiées et vérifiables.

La précision et la concision sont même recommandées pour éviterdes développements excessifs. Quant à la nature contradictoire des

rapports d’inspection, celle-ci implique la possibilité donnée à toutresponsable ou à tout agent, dont la gestion est mise en cause de

 pouvoir faire valoir ses réponses face aux observations formulées parl’inspecteur des finances. La réglementation en vigueur le ditd’ailleurs en termes clairs. Les rapports sont contradictoires ; toutesles critiques, sans exception, « doivent passer sous les yeux del’agent, vérifiés, libellés en termes assez nets pour ne laisser aucundoute sur l’importance que l’inspecteur y attache ». La loi impose

ainsi que toutes « les constatations effectuées par les inspecteurs desfinances sont consignées dans des rapports adressés aux agentsvérifiés ». Elle prévoit également que « ceux-ci doivent y répondre

 par écrit dans un délai de quinze jours suivant la réception durapport ».

Or, le rapport de l’IGF sur le C.I.H. n’a pas été établi dans desconditions conformes aux dispositions de la législation en vigueur. En

 particulier, l’exigence d’une procédure contradictoire n’a pas étérespectée. Ce qui a contribué à dénaturer le contrôle tel que voulu et

 prescrit par la loi pour en faire une procédure d’investigationlargement accusatoire.

Des voies s’élèvent ici et là, pour dénoncer l’appartenance de cecorps d’investigation au Département des Finances qui peut l’utiliser

 pour des raisons politiques. Ce qui milite en faveur de la modificationde la loi en vue de mettre l’Inspection générale des finances sous le

commandement du Premier ministre lui-même et de soumettre sesactivités aux strictes dispositions légales qui la régissent.

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Mais, en dernière instance, n’est-ce pas là l’illustration de

dysfonctionnements dans la conduite du gouvernement ? L’autoritéde tutelle, et plus globalement les pouvoirs publics, ont laissé fairecertaines pratiques alors que leurs représentants respectifs siégeaientcontinûment au Conseil d’administration et y percevaient même des

 jetons de présence. La multiplicité des intervenants n’a pas amélioréle contrôle de gestion. Les uns et les autres s’en sont fort bienaccommodés durant les deux décennies écoulées et ce, sans autreforme de procès. Comme si le C.I.H. devait être régi par des règles« non écrites » et pratiquement « consensuelles »…

A cela doivent s’ajouter les conséquences pour le moins

déplorables qui ont découlé de la commission d’enquête du parlement, de l’audit de l’Inspection générale des finances et de la police judiciaire. C’est qu’en effet tous ces rapports ont été divulguésdans la presse dans des conditions plutôt sujettes à caution… En toutcas, ils ont créé un climat regrettable, fâcheux même, qui ne pouvaitque porter atteinte à l’exigence d’une bonne administration de la

 justice que tout citoyen est en droit d’attendre. A partir de problèmesfinanciers d’ordre technique touchant à la marche d’une banque – ce

qui est normalement de la compétence ordinaire des juridictions decommerce - l’on a pu observer un certain glissement vers desaccusations publiques n’épargnant pratiquement personne et portanten elles tous les dérapages et tous les risques.

Dans de telles conditions, ce qui devait arriver a fini par arriver :une quinzaine de personnes ont été jetées en prison avec des détenusde droit commun. Parmi elles, il y avait bien un ancien président duCIH des directeurs généraux et des cadres supérieurs de cette mêmeinstitution. Mais l’on n’y trouvait aucun fonctionnaire duDépartement des Finances ni aucun décideur de la Banque Centrale,ni enfin aucun actionnaire parmi ceux qui ont empoché desdividendes fictifs.

Il aura fallu attendre quelques semaines pour que tous cesmalheureux soient relâchés. Mais comment évacuer le fait qu’ilssoient restés traumatisés par de telles procédures qui les ont marqués

à vie ? Le Maroc d’aujourd’hui peut-il s’accommoder de telles pratiques ? Les citoyens portent en eux de grandes aspirations pour

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une justice équitable, prévisible et crédible, garante de l’Etat de droit

et des libertés. Ils ne veulent plus se réveiller un matin en prison, sanssavoir vraiment pourquoi….

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COMMUNICATION… A REVOIR :

Cela dit, sur un plan plus global, une nouvelle stratégie de la

 promotion touristique ne peut être isolée d’une approche cohérente etopératoire de la communication. La première n’est-elle pas unélément structurant de la seconde ?

Dans le « village planétaire » qui est le nôtre, l’informationcircule sous toutes les latitudes pratiquement en temps réel. On lemesure tous les jours. Une catastrophe naturelle ou autre-, un acte deviolence, une épidémie, une crise internationale ou locale : tel est lelot du monde d’aujourd’hui. Voilà pourquoi, il nous faut, pour ce quinous concerne, savoir raison garder. Nous ne sommes plus à l’abri detous ces phénomènes et nous devons donc les traiter comme il se doitquand ils éclatent chez nous. Dans cet esprit, il importe de fairemontre d’une réactivité étudiée et de ne pas céder à des réponsesfinalement contre-productives.

Voici neuf ans, on s’en souvient, avait été perpétré un attentat àl’Hôtel Atlas Asni de Marrakech, faisant deux victimes - des touristes

espagnols- et une dizaine de blessés. Ce fait n’a-t-il pas étésurdimensionné pour prendre l’allure d’une opération s’appartenant àune véritable déstabilisation du Royaume ? Ainsi, il s’en est suivi du

 jour au lendemain la fermeture des frontières avec l’Algérie. Solutionradicale, extrême, qui ne pouvait que faire accréditer l’idée que leMaroc était menacé par son voisin de l’Est, déjà engagé dans un

 processus non maîtrisé de terrorisme islamiste. Pour un touristeeuropéen potentiel, l’amalgame était vite fait : Maroc et Algérie

relèvent de la même zone à risque. Le Royaume faisait ainsi sonentrée dans ce périmètre de violence. Des attentats, ailleurs, dans les

 pays occidentaux stabilisés -tels la France, la Grande-Bretagne,l’Espagne pour ne citer qu’eux- ne manquent pas. Les gouvernementsconcernés mènent, depuis toujours, des luttes conséquentes pour yfaire face. Mais aucun d’entre eux n’a jugé utile de crier constammentau loup !

Un autre exemple de ce qu’il ne faut pas faire est fourni par letraitement inadéquat de l’information nationale, même par l’agence

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officielle MAP. Le 10 juillet 2003, elle met sur son fil une dépêche

faisant état de l’agression de campeurs à Agadir par un homme arméd’un couteau. Un fait divers, comme il y en a partout, qui ne porte pasà conséquence. Or, à la différence des agences de presseinternationale (AFP, Associated Press) qui se bornent au seul fait,voici que la MAP croit utile de préciser que « l’homme présenté estcomme islamiste par les autorités…».

Comment ne pas réagir face à cette présentation particulière desfaits ? Comment ne pas relever que quelques mots, deux lignes au

 plus dans cette dépêche, peuvent faire plus de dégâts que destombereaux de critiques, et que l’imputation « islamiste » donnée à

cet individu est du plus mauvais effet en termes de communication ?On n’a pas mesuré qu’il faut désormais se placer dans une perceptiond’image qui, après les attentas terroristes du 16 mai à Casablanca, faitdu Maroc une zone où cette forme de violence paraît désormaisinstallée.

Allons plus loin et demandons-nous si le Gouvernement a, depuisces tragiques évènements, vraiment arrêté et mis en œuvre unedémarche appropriée en matière de communication après le 16 mai ?

Un dispositif législatif et judiciaire a sans doute été revu et corrigédans ce sens. La loi antiterroriste qui vient d’être mise en vigueur

 participe de cette nouvelle approche. Mais qu’en est-il du champ de lacommunication qui, lui aussi, doit être réarticulé et reprofilé dans cesens, en prenant en compte les spécificités liées au secteur touristiqueet sa grande sensibilité ? Faire venir des Tour-opérateurs, pourconstater que le Maroc reste une destination calme et paisible ne suffit

 pas. C’est une véritable stratégie qui doit être menée dans ce domaine.

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FATALITE DE L’ECHEC ?

Quand on affirme que le tourisme était une « fausse priorité »

gouvernementale, on fait référence évidemment au décalageimportant entre les effets d’annonce et les objectifs quantitatifs

 proclamés et leur modeste réalisation. Mais il convient également de préciser que d’une période à une autre, parfois même d’un ministre àun autre, ce principe énoncé de la « priorité » ne recouvrait guère le

même contenu, comme on peut le relever dans l’historique des politiques définies dans les plans qui se sont succédé depuis lesannées soixante.

On serait tenté d’y voir une adaptation de la politique nationale dutourisme prenant en compte les étapes franchies et les variations deconjoncture qui les accompagnent. Or tel n’a pas été vraiment le cas

 puisque ce n’était là que l’expression d’une forme de routineambiante, dominante même, qui conduit à reprendre les mêmesslogans sans prendre la peine de mesurer les conditions et lesmodalités de leur application en termes opératoires. On doit ajouter

que ce discours prioritaire présentait, pour l’essentiel, des formes« techniques » : tant de lits à construire, tant d’arrivées de touristes projetées, tant d’investissements hôteliers et touristiques à réaliser,tant d’emplois à créer,... Toutes ces données étaient alors enveloppéesdans une formulation qui se voulait politique, reprise à l’envi par tousles ministres. Ceux-ci se positionnaient alors comme des« bâtisseurs » et des chefs d’entreprise à la tête d’un secteur présentéofficiellement comme l’un des vecteurs du développement. Au fond,

le gouvernement leur demandait-il autre chose ? Non, pas le moins dumonde.

Un autre ministre était désigné et le voilà qui prend le mêmehabit, se laissant bercer par un discours tout aussi optimiste que le

 précédent. Allait-il prendre le risque de faire le point et de procéder àun examen critique du secteur, de ce qui a été fait et de ce qui ne l’a

 pas été, tout en s’interrogeant sur les causes de ce déficit de résultat ?Allait-il aviser le Premier ministre par écrit en le mettant devant ses

responsabilités. Il pourrait au besoin démissionner si le gouvernement

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ne lui donnait pas les moyens de réaliser la politique arrêtée ? Non,

évidemment. Il adoptait lui aussi la même posture que ses collègues précédents.

 Nous étions là en face d’une certaine manière de faire, d’une sortede méthodologie de l’immobilisme - en somme, un « système » quiavait ses codes, ses discours et ses adeptes. La forte rotation desministres nuisait sans doute à la continuité de l’action qui requiert dela durée; mais elle faisait l’affaire de tant d’ambitions politiques ou

 personnelles qui trouvaient dans le statut, fût-il éphémère de ministre, bien des motifs de satisfaction. Et puis être ministre ne présentaitaucun risque puisque la politique et les résultats qu’elle pouvait

générer ne donnaient lieu à aucune sanction. Les ministres en place -  dans le secteur du tourisme ou dans d’autres domaines d’ailleurs -n’étaient ainsi soumis à aucune obligation de résultat. Aucuneévaluation critique n’était en effet officiellement faite des plans et desstratégies d’actions.

Voilà pourquoi l’on est en droit de faire ici cette nécessaire miseau point : proclamer, comme on l’a fait durant quatre décennies, quele tourisme était « prioritaire » n’est qu’un abus de langage, une

fiction entretenue par paresse et par confort. Cela aurait eu un sens siles plans avaient été accompagnés de programmes d’action précis et

cohérents, avec des objectifs mais aussi et surtout les moyens pratiques de les réaliser -des étapes, un calendrier, des batteries demesures, des cahiers de charges. Comment s’étonner, dans cesconditions, que nous ayons échoué dans notre politique dedéveloppement et de promotion de l’industrie du tourisme ?

Oui, nous avons échoué, parce que l’on s’est engagé dans cesecteur sans avoir vraiment les idées bien arrêtées, sans nous

 préoccuper de mettre en œuvre les moyens et les conditions d’unevéritable politique dans ce domaine. On a fait au départ dumimétisme : le tourisme décolle en Espagne dans les années soixante

 jusqu’à devenir le premier secteur d’activité et de recettes en devises.Pourquoi on ne ferait pas le même chose puisque nous avons lesmêmes atouts - mer, soleil,... - que notre voisin ?

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Mais en Espagne, sous la houlette du « généralissime » Franco, le

tourisme était une affaire d’Etat qui bénéficiait des moyens de sesobjectifs. Le « père » du tourisme espagnol, Manuel Fraga Iribarne, aexpliqué un jour, dans une interview au « Matin du Sahara » les clésde la réussite du tourisme dans son pays : « J’ai été ministre durant delongues années ce qui permettait d’inscrire notre politique dans ladurée. Je bénéficiais constamment de l’appui et du soutien de Francoqui arbitrait, tranchait et sanctionnait. L’ensemble du gouvernementétait mobilisé sur le développement du tourisme parce que lesministres avaient pris conscience que ce secteur-là était la chance dudéveloppement d’une économie moderne ».

Par contraste, n’avons-nous pas fait l’inverse au Maroc avec desministres tournants, un déficit de volontarisme politique et peu desérieux sur le terrain ? Notre système a ainsi fonctionné, dans desconditions qui s’apparentent à l’irresponsabilité. Personne nedemande de comptes à personne, chacun fait ce qu’il veut ou ce qu’il

 peut, et, au total, ne prévaut guère un système d’évaluation et desanction. De décennie en décennie, l’on a capitalisé un mauvais« savoir-faire » qui ne pouvait ni stimuler les réformes ni favoriser

l’esprit d’entreprise, ni servir loyalement les Institutions du Royaume.Voilà pourquoi nous ne pouvions encourir que l’échec. Parce que

les conditions existantes à l’époque -tant celles relatives aux hommesqu’aux structures - ne pouvaient assurer la réussite. Fatalité del’échec ? Oui, sans doute, parce qu’elle était inscrite dans les faits etdans leur logique interne. Il a manqué, au niveau des décideurs, cettecapacité de transcender la conjoncture pour penser, en termes globauxet d’avenir, une démarche stratégique marquée du sceau duvolontarisme. Certes, il n’a manqué ni d’hommes de bonne volonté nide cadres dévoués et compétents, depuis les années soixante, tant auministère du Tourisme et à l’ONMT que dans le secteur privé. Ils ont

 pu faire avancer tel projet ici, telle idée là, mais, au total, tout cela ne pouvait donner que des résultats modestes et épisodiques.

Dans notre produit touristique, tout n’est pas sombre,évidemment; mais par-delà des « îlots » de réussite, ici et là, le

 paysage touristique reste encore en deçà de ses réelles potentialités.Plus encore : on n’a même pas réussi à instaurer les bases d’une

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économie touristique moderne, générant des effets d’entraînement au

 plan local et régional.

On était en droit d’attendre beaucoup du gouvernement

d’alternance dirigé par Me Abderrahmane. El Youssoufi (1998-2002).On pouvait ainsi espérer que cette nouvelle formule gouvernementaleet politique, dirigée par l’un des leaders de l’opposition historiqueallait innover, rompre avec les habitudes du passé, tourner le dos àune culture gestionnaire passive. Or, il faut bien relever que dans cedomaine-là en tout cas, c’est plutôt la « continuité » qui a prévalu.Les deux ministres USFP qui se sont succédé depuis mars 1998 n’ont

 pas fait mieux que les autres. Ils étaient pourtant membres d’un même

cabinet politique. Ils avaient l’appui de leur Premier ministre qui étaitle dirigeant de leur parti. Ils avaient en mains le ministère desFinances réputé « conservateur ». Et pourtant, aucune des réformesstructurelles inscrites à l’ordre du jour - foncier, aménagement, rôlede l’ONMT, transport aérien, fiscalité - n’a pu être finalisée.

Il aura fallu attendre que S.M. Mohammed VI prenne en charge laquestion du tourisme national pour que l’Accord-Cadre de janvier2001 marque enfin le coup d’envoi d’une nouvelle politique porteuse

de réels espoirs. Pouvait-il en être autrement ? Personnellement, je pense qu’il ne faut pas faire preuve d’une extrême sévérité et mettre

en cause la responsabilité exclusive des pouvoirs publics. Pourquoi ?Le Maroc n’est indépendant que depuis 47 ans et il avait tant et tant àfaire au même moment : un Etat moderne à édifier, à marche forcée,dans une société qui sortait de la tradition et qui était plutôt rétive auchangement, une mentalité sociale à moderniser, une administration

 bureautique à restructurer, une quasi-absence d’hommes et de femmesayant une vision d’avenir et pouvant la faire partager et admettre dansles lieux de décision.

D’ailleurs, aucun pays méditerranéen concurrent n’a eu autant dedéfis à relever simultanément. Bien sûr, les Marocains sont impatientsde rattraper le temps perdu sur le plan surtout social et culturel et ce,de façon à permettre au développement économique d’avoirl’environnement adéquat pour s’épanouir. Mais peut-on faire partager

ce type de réaction à tous les patriotes marocains qui aiment leur pays

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et qui aspirent à le voir rapidement devenir une grande puissance

régionale ?

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09/01/04 DEUXIEME PARTIE

Deuxième Partie :

Dimension et mise en œuvre

de la nouvelle stratégie

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09/01/04 DEUXIEME PARTIE

C’est devant une assistance de près d’un millier de personnes, auPalais Royal de Marrakech, que S.M. Mohammed VI prononce un

discours présentant la « Vision 2010 » du tourisme. Outre lesmembres du gouvernement et les autorités civiles et militaires de la

 place, ont été également invités les promoteurs et les professionnelsdu secteur du tourisme. J’y étais. Et je me souviens que depuisquelques semaines, ce monde des opérateurs bruissait d’informationsdiverses : « S.M. le Roi va annoncer un grand programme en faveurdu tourisme ».

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09/01/04 DEUXIEME PARTIECHAPITRE I

Chapitre I :« VISION 2010 » DE S.M. MOHAMMED VI

 Nous voilà donc à l’écoute, ce mercredi 10 janvier 2001, de cediscours tant attendu. Dès le départ, le Souverain donne le ton. Ils’agit en effet de se mobiliser pour triompher dans le Jihadéconomique et social et créer des emplois. C’est en fonction de cettevaste entreprise que le tourisme est appelé à s’insérer dans l’avenir.Le Souverain n’évoque pas, en la circonstance, un programme ou desmesures ponctuelles. Il ne s’en tient pas davantage à un discours

généraliste de circonstance. Bien au contraire, il présente une vision pour la décennie, axée sur un flux annuel de 10 millions de touristes,ce qui implique, entre autres, la création d’ici là de quatre-vingt millechambres.

Un tel objectif procède d’une démarche conséquente quiconsidère que le tourisme est « un pivot de développement ». Celle-ci

 participe aussi du souci de reprendre des parts de marché perdues parle Maroc ou, à tout le moins, de bénéficier de celles qu’il mérite. Elle

se fonde, enfin, sur une volonté de correction et de redressement dusecteur du tourisme qu’il convient, en effet, de « réhabiliter en tantqu’activité économique prioritaire ».

Le Souverain tient à préciser, par ailleurs, que cette industrie nesaurait être réduite à ses seuls aspects économiques, fussent-ilsimportants. Elle est davantage l’expression d’une manière d’être,l’articulation d’une vie sociale, une philosophie des rapports humains,

et, plus globalement encore, de la vie : « une culture, un art decommunication avec l’autre ». L’ambition est vaste et elle implique lamobilisation de tous, si nous voulons faire du tourisme une véritablelocomotive du développement. Elle requiert l’engagement et la

 participation de chaque Marocain qui doit se considérer comme un promoteur touristique mobilisé pour gagner ce pari. Que faireconcrètement et de manière opératoire ?

•  Améliorer l’accueil des touristes, en tant qu’hôtes de notre

 pays, que nous devons traiter avec tous les égards,

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•  Procéder à « l’assainissement de l’environnementtouristique ». Cela engage à généraliser un « comportementcitoyen auprès de tous les intervenants dans ce secteur, qu’ilssoient transporteurs aériens, douaniers, hôteliers, commerçants,guides ou agents de sécurité... »

•  Promouvoir une nouvelle politique touristique. Celle-ci doit participer d’une « meilleure exploitation des énormes potentialités du produit touristique national, consistant en sa proximité des grands centres émetteurs de tourisme, ladiversité des sites naturels, la richesse du patrimoine culturel etdes traditions bien ancrées, riches et variées dans les domaines

de l’architecture, de la gastronomie, des costumes, del’artisanat et des arts populaires ».

•  Répondre comme il se devrait aux spécificités de la demandetouristique. Parce que les touristes, aujourd’hui et plus encoredemain sans doute, exprimeront de nouvelles attentes. C’estque la recherche du soleil, ou encore de la mer, ne suffit plus

 pour attirer les touristes vers une destination. Voilà pourquoi ilfaut prendre en considération d’autres paramètres qui

 permettent de mieux positionner un produit et d’optimiser sonattractivité :

o  le dépaysement, le tourisme à forte charge culturelleempreinte d’originalité la dimension écologique ;

o  la qualité du produit touristique qui constitue le meilleurargument pour son choix comme destination ;

la quiétude du touriste durant ses déplacements et sesvisites des sites touristiques et sa protection contre toutessortes d’abus, d’extorsion et de tracasseries, au moyen del’impulsion du rôle de la police touristique et sagénéralisation à toutes les villes touristiques.

•  Inciter les promoteurs touristiques à s’imprégner de cettenouvelle culture de l’entreprise touristique citoyenne, ce qui anotamment pour corollaire :

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o  le souci de la qualité du produit et des services

touristiques fournis dans leurs établissements hôteliersclassés dans les différentes catégories ;

l’adoption d’une politique de prix compétitifs ;o  le respect des législations régissant leur profession pourla réforme de laquelle nous avons donné des orientations ànotre Gouvernement en vue de la doter en particulier d’unrégime efficace, transparent et juste de classification et decontrôle rigoureux ;

•  Encourager et intégrer le tourisme intérieur et ce, en mettant en

 place des établissements hôteliers répondant aux besoins etattentes du touriste marocain et à la portée de toutes lescatégories sociales;

Mobiliser l’investissement public et privé, national et étrangerdans le secteur touristique. Il est déjà prévu l’aménagement par leFonds Hassan II pour le développement économique et social d’unenouvelle génération de zones touristiques intégrées, ce qui traduit

 Notre ferme détermination à inciter l’Etat à investir dans le secteur

touristique. Il est également programmé l’aménagement de nouvelleszones touristiques en partenariat avec le secteur privé. Un cahier decharges sera finalisé à cet effet. Il confèrera aux particuliers les tâchesde réalisation et de commercialisation, en laissant à l’Etat le soind’assumer la mission d’orientation et de contrôle. C’est que la miseen œuvre d’une politique nationale du tourisme doit s’appuyer ets’articuler autour d’une approche régionale conséquente impliquantles opérateurs, les élus, les organisations professionnelles, les

autorités locales et des compétences régionales dans la promotion dutourisme local.

•  Le Souverain insiste, à cet égard, sur le rôle des collectivitéslocales dans l’encouragement des activités touristiques en veillant aurespect de l’environnement, à l’esthétique de l’espace touristique et àl’organisation d’activités récréatives permanentes, qui rendentagréable et plaisant le séjour dans nos villes et nos campagnes. S.M.

Mohammed VI annonce encore d’autres mesures tout aussisignificatives :

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•  Mettre à la disposition des entrepreneurs des terres à vocationtouristique avec une contribution de l’Etat à hauteur decinquante pour cent de leur valeur, l’élargissement desmécanismes de garantie à travers la Caisse Centrale deGarantie et « Dar Addamane » pour faciliter les conditions de

financement du secteur, et la poursuite de l’opérationd’assainissement du C.I.H. afin qu’il retrouve sa capacité àfinancer les investissements touristiques au côté du secteur

 bancaire ;

•  Accélérer, simplifier et mettre en harmonie la fiscalité localequ’elle soit « un stimulant du secteur et non un obstacle à sa

 promotion », ainsi que (...) l’ouverture de  notre tourisme surl’investissement des grands promoteurs internationauxauxquels il faudrait ouvrir de larges perspectives, que ce soiten partenariat avec des opérateurs marocains ou à travers desinvestissements propres ;

•  Promouvoir le produit touristique national et renforcer l’attraitdu Maroc sur les marchés internationaux en tant que« destination touristique de qualité ». Dans cette perspective,cette mission a été confiée à l’Office National Marocain duTourisme. Lequel doit opérer sa restructuration et se doter denouvelles ressources humaines et matérielles visant notammentà améliorer ses méthodes de gestion et à en faire un organismeopérant en partenariat avec les associations professionnelles etles établissements publics et privés concernés par la promotiondu tourisme.

On ne peut que le souligner pour s’en féliciter : c’est une véritablestratégie de développement du secteur du tourisme qui est présentéeaux Marocains à cette occasion. Pour la première fois depuis quatredécennies, la priorité donnée au tourisme dans le développementéconomique et social tranche nettement avec les professions de foitraditionnellement proclamées dans ce secteur. C’est une « doctrine »que fait sienne S.M. le Roi parce qu’il est convaincu que l’objectifainsi fixé est une assise fondamentale pour remporter le grand combat

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économique et social que nous menons avec confiance, détermination

et ambition. L’appel est ainsi lancé à tous les opérateurs et à tous lescitoyens pour un « engagement collectif, moral et effectif » en vue dela réalisation de cette stratégie. Et pour traduire dans les faits lesmesures et les dispositions qu’il vient d’annoncer, le Souverain

 préside, juste après Son discours, la cérémonie de signature del’Accord-Cadre entre le Gouvernement et les promoteurs touristiques.

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Chapitre II :Accord-Cadre

Cet Accord-Cadre est donc signé par le ministre des Finances, M.Fathallah Oualalou, d’un côté, et MM. Hassan Chami et MohamedBenamour, respectivement président de la Confédération Généraledes Entreprises du Maroc (CGEM) et président de la Fédération dutourisme de l’autre. Il traduit et symbolise la communauté des pointsde vue du Gouvernement et des opérateurs privés de ce secteur sur lesobjectifs fixés ainsi que sur les conditions et les modalités de les

réaliser. Cet Accord-Cadre constitue un engagement politique duGouvernement et des professionnels du secteur, fédérés sous l’égidede la CGEM. Il s’articule notamment autour de trois axes :

PREMIER AXE :Mettre en œuvre, avec réalisme, une vision ambitieuse du

développement du secteur à l’horizon 2010; établir le diagnostic desatouts à exploiter et des défis à relever pour y parvenir. Il s’agit

également de proposer, un dispositif stratégique global et volontairede nature à enclencher et à conforter la puissante dynamique dedéveloppement touristique devant permettre au Royaume de se

 positionner parmi les destinations les plus recherchées.

L’objectif fixé de 10 millions de touristes à l’horizon 2010implique une forte croissance, durable et accélérée, de l’industrietouristique nationale.

Comportant une trentaine d’articles, cet Accord-Cadre estintroduit par un certain nombre d’engagements généraux quiretiennent l’intérêt. Le premier d’entre eux a trait au tourisme, prioritééconomique nationale, enfin ! Serait-on tenté de dire, après bien desretards, des hésitations et des ambiguïtés qui ont marqué pratiquementles quatre décennies écoulées, voilà qu’est proclamé, haut et fort, sousl’égide et la présidence effective de la plus haute autorité duRoyaume, ce choix stratégique.

Le Gouvernement prend donc un engagement formel et consacrela place et le rôle de l’industrie du tourisme. Il lui reconnaît l’énorme

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 potentiel de croissance qu’elle recèle, il souligne ses effets

dynamisants et entraînants sur les principales variables macro-économiques (emploi, croissance, équilibres externes,investissements), il valorise enfin ses bienfaits structurants sur le tissuindustriel des petites et moyennes industries (PMI) ainsi que surl’aménagement du territoire et la promotion des populations locales etdu monde rural.

DEUXIEME AXE :Le deuxième engagement précise le fait que le contrat-programme

se fonde sur les objectifs et les orientations du programme dedéveloppement économique et social (2001-2004) qu’ils prolongent

 pour la décennie. Il ne s’agit donc pas là d’une rupture ou d’uneréorientation par rapport à ce qui a été arrêté par les planificateurs,mais de l’expression, concertée, cohérente et structurée, d’une visiondu secteur touristique pour la présente décennie. De ce point de vue, ilconstitue le cadre de référence de l’action conjointe du Gouvernementet des opérateurs privés pour « planifier et promouvoir undéveloppement durable et accéléré de l’industrie touristiquenationale ».

TROISIEME AXE :Le troisième engagement traduit, quant à lui, la ferme volonté des

 parties de se fixer l’objectif de dix millions de touristes à l’horizon2010. C’est là une ardente obligation qui s’impose formellement etqui vise à positionner le Maroc parmi les premières destinationstouristiques mondiales. A cet effet, il est expressément prévu la misesur pied d’un dispositif stratégique global : il aura pour rôle de mettre

en œuvre, dans les plus brefs délais et selon un planning à définir, la politique à suivre pour cette décennie. Il est d’ailleurs rappelé, danscette même ligne, que la réalisation de l’objectif de la « Vision 2010 »implique notamment : la construction par le secteur privé de 80.000chambres supplémentaires pour un investissement de l’ordre de 30

milliards de DH ; la mise en adéquation des capacités de transport(aérien, maritime, et terrestre) et la réalisation de programmesd’infrastructures et d’investissements complémentaires à la charge del’Etat, d’organismes publics et privés.

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Enfin, le dernier engagement concerne la stratégie. C’est, en effet,

une démarche intégrée qui doit être menée et non pas des actions enordre dispersé. C’est d’un même pas, et suivant un rythme approprié,que doivent être enclenchées, accompagnées et promues troisdynamiques. L’une commerciale, pour rétablir la compétitivité de ladestination et du produit Maroc ; l’autre, industrielle et financière

 pour améliorer la rentabilité de l’investissement touristique au Marocet orienter l’épargne nationale et internationale vers l’industrietouristique ; enfin, la dernière, d’ordre institutionnel, vise tant larestructuration par l’Etat de ses organes d’intervention que celle dusecteur privé, notamment de ses formes d’organisation et de sesstructures professionnelles.

Toutes ces dynamiques ont été construites sur la base des principes de l’analyse prospective. Cette démarche nouvelle dansl’analyse de la problématique du développement durable, utiliséeavec succès par les pays « dragons d’Asie », fait abstraction desdonnées historiques pour s’attacher aux seuls objectifs fixés.Désormais, pour y parvenir, il suffit d’établir le diagnostic des actifset des atouts disponibles et de mettre en face les défis à relever. Le

reste est question de volonté politique.La prospective, dénommée aussi « futurologie » a fait son

apparition aux Etats-Unis d’Amérique à la fin de la seconde GuerreMondiale, servant surtout à des fins militaires. Selon l’EncyclopédieUniversalis, elle a été développée en France par Gaston Berger, à

 partir de 1957, selon une orientation plus philosophique, puis deforme plus élaborée par Bertrand Jouvenel. Elle connaît, aujourd’hui,un grand développement. L’avenir volontaire est donc un espace quis’étend sans cesse. Les hommes décidés peuvent en faire ce qu’ilsveulent. La recherche du développement économique a amené demultiples pays, notamment d’Asie, à mettre en pratique cettetechnique d’analyse et d’appréhension du futur de manièresystématique, méthodique et rigoureuse.

La prospective procède à des « inventaires de faits, de facteursaussi complets que possible. Elle analyse de façon rigoureuse les

situations. Elle s’efforce d’exploiter les inventions, les motivationsdes comportements individuels et collectifs. Elle se préoccupe de

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mettre en évidence aussi bien des interdépendances que des

indépendances. Elle cherche à atteindre les phénomènes les plusessentiels, les « variables-clés ». Elle élabore des schémas, desmodèles d’avenir cherchant, dans la mesure du possible, à reconnaîtrele futur dans les données du présent. La prospective est amenée à

 porter attention à deux catégories de faits : les tendances lourdes et lesfaits porteurs d’avenir. Les tendances lourdes sont constituées parl’ensemble des données dont l’évolution future semble déterminée et

 prévisible avec un faible risque d’erreur.

En tant que science d’un futur à faire, à inventer, la prospectiveconstitue néanmoins une entreprise éminemment créatrice. Elle doit

avoir la maîtrise de ses démarches et les conduire de façon aussirationnelle et cohérente que possible. Mais, en même temps, il lui fautfaire appel à toutes les ressources de l’imagination. Comme le noteRobert Jungk, il faut à la prospective des « idées folles », une « libertéde carnaval », de l’« inouï », du « jamais vu », de l’« inconcevable ».

Ainsi, dans la méthode dite « des scénarios », s’associentimagination et raison. Tantôt, l’on se donne, à priori, une image dufutur, puis on dégage toutes les implications, en remontant dans le

temps jusqu’à la situation actuelle, scénario dit contrasté parce quel’image terminale, dont on cherche à mesurer l’accessibilité, s’oppose

vigoureusement par certains de ses traits à l’image actuelle. Et, tantôt,scénario tendanciel, on part de la situation actuelle, et utilisant lestendances d’évolution. L’on chemine, par des « simulations »

 jusqu’au terme fixé à la « prospection ». On conçoit aisément toutesles hypothèses qu’implique la mise en œuvre de telles méthodes,notamment en ce qui concerne la pérennité de certains facteurséconomiques, culturels et sociaux qu’il a bien fallu admettre pourrendre viable la démarche.

On comprend que cette audace devra s’accompagner d’unegrande prudence. La prospective propose davantage de conjecturesque de certitudes, et il faut corriger sans cesse ses prévisions par des

 processus itératifs qui s’appuient sur l’appréciation des écartsconstatés entre ses conclusions et la réalité. A cet égard, les

« modèles » se révèlent très utiles malgré leurs imperfections. Leurélaboration impose, en effet, l’analyse des interactions entre les divers

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« éléments » du futur, auxquels on peut assigner des programmes

d’évolution. Jouer avec le modèle constitue, en fait, la seule formed’expérimentation qui soit à notre portée. Elle a l’avantage de faireapparaître les blocages possibles de l’évolution, les « scénarios del’inacceptable », et de suggérer un ou plusieurs « schémas deréforme » du modèle pour débloquer l’avenir.

Mais si l’utilisation des modèles à des fins exploratoires est pleinement justifiée, il serait dangereux de les considérer commedonnant des images représentatives de l’avenir. Si complet que puisseêtre un modèle, il ne prend en compte, en général, que des

 phénomènes aisément quantifiables (démographie, productions

industrielle et agricole, ressources minières, etc.), en négligeant lesfacteurs culturels, sociaux, philosophiques, qui sont cependantessentiels. Les modèles négligent aussi habituellement les rapports deforce et ne font que rarement place aux situations conflictuelles ».

Cette longue citation est intéressante dans la mesure où elleéclaire les contours de la « science » prospective que les rédacteurs ducontrat/cadre ont sollicité pour arriver à leurs fins. Mais essayons devoir la chose de plus près : prenons un exemple concret de recherche

de croissance durable élaborée sur la base d’une analyse prospective.Supposons que nous ayons affaire à une commune rurale dans un

 pays en développement (pas trop riche, pas trop pauvre). Elle décidede se prendre en charge et d’assurer elle-même son propredéveloppement. Supposons, malgré tout, que cette commune disposede cadres et de personnel suffisants en nombre et en qualité et que lesresponsables soient réellement décidés, coûte que coûte, à créer desrichesses qui se vendent localement et surtout à l’étranger.

En créant des scénarios d’avenir basés sur le diagnostic desmoyens disponibles et la réalisation d’objectifs ambitieux, selon destechniques de croissance durable en permanence adaptées auxcirconstances - pour en triompher -, cette commune a plus de chanceque toute autre de se débarrasser de la pauvreté.

Le travail considérable fait par les pouvoirs publics, le CFG et laCGEM relève de cette veine-là. Bien sûr, ce n’est qu’un début, car

l’adaptation constante des moyens d’action aux objectifs recherchés

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nécessite encore bien des recherches et de l’obstination dans l’effort.

Ces dynamiques de développement font ici l’objet d’uneappréhension succincte, permettant d’en cerner la nature et lescontours. Ce qui aidera à déterminer, en quelque sorte, les termes deréférences du « cahier de charges » liant conventionnellement leGouvernement marocain aux professionnels.

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DYNAMIQUE COMMERCIALE

Comment réussir à atteindre un rythme annuel de croissance du

nombre de touristes internationaux de 15% environ, avec pourobjectif 10 millions de touristes, sans un ensemble de mesuresopératoires de nature à rétablir la compétitivité de la destinationMaroc ? Des stratégies segmentaires sont ainsi arrêtées, à savoir le

 produit, le prix, la promotion et professionnalisation des métiers.

La « Stratégie Produit » concerne, tout d’abord, le« positionnement offensif notamment sur le secteur balnéaire ». Il est

 bien évident qu’il convient de mieux adapter l’offre du produit Marocà la demande internationale. Est-il utile de rappeler, à cet égard, que

 près de 80% des Européens optent pour des vacances estivales et privilégient les stations balnéaires, alors que le Maroc est plutôt positionné sur un tourisme culturel d’hiver, de printemps etd’automne ? Faut-il encore relever qu’un bon tiers des arrivéesannuelles de touristes internationaux se fait en été, les deux tiersrestants s’effectuant au cours des trois autres saisons de l’année ?

C’est dire qu’une profonde réarticulation de notre offre doit êtreopérée pour que le segment balnéaire représente 70% de celle-ci en2010. Cela implique une capacité additionnelle de quelque 65.000chambres. Un programme de réalisation de nouvelles stations estarrêté sur différents sites : Saïdia, Khmis Sahel, Haouzia, Essaouira,Taghazout, Guelmim.

Mais, pour autant, l’on ne saurait se limiter à la réalisation de cesseuls projets. En effet, pour que la crédibilité de l’offre balnéaire

marocaine soit établie et confortée, d’autres programmes sectorielsdoivent être également entrepris et finalisés. A commencer par la

consolidation de la baie d’Agadir et le repositionnement, ainsi que larestructuration de Tanger et de la côte de Tétouan.

Le second volet de cette nouvelle stratégie a trait à la promotiondu produit culturel et à son nécessaire repositionnement. L’objectifretenu s’articule autour de la programmation d’un large plan derénovation et d’extension du « Produit Culturel » notamment à Fès,Marrakech, Ouarzazate, Meknès, Tanger, Rabat et Casablanca. Il est

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ainsi prévu que cette action, à mener par les établissements hôteliers

concernés, devait être menée au cours de la période 2001-2004. Autotal, ce produit culturel doit arriver à l’horizon 2010 à une capacitéde 37.000 chambres, soit une capacité additionnelle de quelque15.000 chambres.

La « Stratégie Prix » est évidemment décisive. La mondialisationde l’offre et la vive concurrence dans la région méditerranéenneimposent une sensible amélioration du rapport qualité/prix de ladestination Maroc. Il ne s’agit pas de proposer, ici ou là, des prix

 promotionnels mais de mettre en œuvre une véritable politique detarification globale. Celle-ci doit être adaptée et modulée, d’année en

année, pour tenir compte du positionnement et de la nature du produitMaroc; elle doit ainsi veiller à atteindre de manière conjuguée lesobjectifs de fréquentation et de rentabilité susceptibles de permettrede réaliser la « Vision 2010 ». Il est décidé à cet effet d’effectuer uneétude détaillée et approfondie du positionnement concurrentiel de ladestination Maroc. Celle-ci serait réalisée par un cabinet internationalde consulting, avec des spécialistes marocains.

En attendant, n’importe qui peut être rapidement au fait de la

question, en consultant simplement les brochures internationales desgrands TO. Pour qui sait lire, tout y est : le prix des avions, des hôtels

et des repas. Et la comparaison avec les tarifs pratiqués par lesopérateurs marocains ne pose aucun problème. Mais, passons… Parailleurs, il est évident que les promoteurs hôteliers et touristiques ne

 peuvent se soumettre à la politique commerciale ordonnée par desarrêtés ministériels. Le marché est libre. Il est fait d’offres et dedemandes et rien ne pourra mettre un terme au désordre commercialambiant sinon les opérateurs eux-mêmes. Aujourd’hui, ils ne sont pas

 prêts. Mais ils le seront de plus en plus, compte tenu de l’organisationen cours des corps de métiers du tourisme, tant sur le plan nationalque régional et local. C’est une maturation nécessaire qui doit se faire,en tenant compte de l’évolution des compétences et des mœurs desaffaires.

Enfin, l’engagement est pris pour ce qui est d’une politique de

tarification concertée et de l’instauration d’un « label qualité ». Lesintervenants de la chaîne touristique, dans leur ensemble, devront y

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être instamment associés sur une base de concertation. Une double

 préoccupation est ainsi affirmée : celle d’assurer le « juste prix » dechaque prestation touristique pour asseoir la compétitivité globale dela destination; et celle d’éviter que des abus particuliers ne portentatteinte à la qualité et à la réputation de la destination. En tout cas, estd’ores et déjà admis le principe de l’instauration d’un « label qualité »

 pour tous les commerces à vocation touristique. Cela ne peut qu’allerau-devant des vœux et des attentes des touristes nationaux etinternationaux. Une telle initiative ne peut, par ailleurs, qu’incitertous les professionnels du secteur, quelles que soient leurs branches, àveiller à garantir des prix et une qualité de service conformesexigences et aux critères des standards mondiaux.

La « stratégie promotion », elle, se fonde sur deux axes :

•  Le premier a trait à la restructuration du dispositif de promotion. Comment ? Par une politique plus créative, plusréactive et adaptée aux nécessités; mais aussi par lerenforcement des moyens financiers à mobiliser dans cedomaine. De ce point de vue, le recentrage des activités del’O.N.M.T. sur la promotion et l’image du Maroc à l’étrangerest impératif. Cette réforme doit conduire, dans le mêmetemps, à décharger cet Office, suivant des modalités et uncalendrier à définir, de la collecte de la T.P.T. (Taxe de la

 promotion touristique), de la gestion du patrimoine hôtelierdont il a encore la charge. Elle doit également transférer lescharges du personnel de la formation relevant de l’ONMT à

l’autorité de tutelle. Enfin, il est proposé, dans le cadre de cetterestructuration, d’autres modifications de cet Office,notamment celle de sa dénomination éventuellement, de sonmode de fonctionnement aussi afin d’associer les représentantsde la profession à ses organes de délibération et de décision.

•  Le second axe concerne la nécessité d’une augmentation des budgets promotionnels. A cet égard, les parties décident lacréation d’un fonds de promotion géré par le « nouvel »ONMT. Il serait alimenté par la T.P.T., le budget de l’Etat,

mais aussi par la participation du secteur privé, et ce, suivantdes proportions et des modalités à préciser. En tout cas, à

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l’horizon 2010, est fixé un objectif de dotation annuelle de 500

millions de DH, consacré exclusivement à la promotion. Enfin,d’autres propositions sont encore formulées; telles quel’augmentation du produit de la TPT, ainsi que la mise àcontribution d’autres institutions ou organismes privés et

 publics bénéficiant -directement ou non - des retombées dusecteur, sur la base d’accords de partenariat.

La « Stratégie formation et professionnalisation des métiers » faitégalement l’objet d’une évaluation inscrite dans la nouvelle politique.Elle se fonde, tout d’abord, sur le « renforcement des filières

d’éducation et de formation » ainsi que sur la « généralisation de laformation continue ». Les besoins en personnel qualifié sontimportants, aujourd’hui et plus encore dans le cadre de la nouvelle

 politique touristique. Il est ainsi décidé d’engager, au cours du premier semestre 2001, une « réflexion en profondeur » dans cedomaine. Celle-ci aura pour objet de définir une stratégie derenforcement des filières éducatives dans le but de former, tout aulong de la décennie, les ressources humaines nécessaires, sur la base

du rythme d’investissement programmé.

Pareille démarche prendra en charge, bien entendu, les principeset la philosophie de la Charte nationale de l’Education et de laFormation. De même, elle associera le département de la Formation

 professionnelle, et ceux de l’Education nationale et del’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Elle doit

 permettre de planifier, pour la décennie, les rythmes de formation à

retenir et à instituer pour répondre pleinement aux besoins du secteur.Elle implique, de ce fait, la mise au point de programmes d’actionvisant à faciliter l’orientation et la promotion des métiers du tourisme(diplômes, filières d’insertion professionnelle dans le secteur privé...).Il est d’ailleurs prévu, dans cette même perspective, deux mesures.L’une vise à ériger les établissements de Marrakech, d’Agadir, deMohammedia et de Fès en Instituts supérieurs du tourisme,spécialisés en management hôtelier et touristique sans pour cela

 porter préjudice, naturellement, à la création de filières du tourismeau sein de l’Université. L’autre concerne un plan de formation

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continue et de reconversion professionnelle, élaboré et finalisé

conjointement avec le secteur privé - il devra être réalisé dans le cadredes structures existantes (contrats spéciaux de formation, formation-insertion...).

Une telle entreprise se doit d’instaurer un nouveau système demotivation du personnel. Celui-ci doit être performant dans le sens del’implication et de l’adhésion de l’ensemble du personnel auxrésultats d’exploitation. La productivité et la qualité du service sont àce prix. Une nouvelle culture d’entreprise, prenant en compte cesexigences, doit être stimulée et confortée. Elle ne pourra cependantêtre optimisée que si les opérateurs privés observent les normes

d’emploi et de qualifications requises, et que soit appliquée une grilledes salaires en même temps qu’une politique de revenus motivante etincitative.

Enfin, le contrôle de qualité implique la professionnalisation decertaines activités touristiques - agents de voyages, hôteliers,restaurateurs, loueurs de voitures, transporteurs, guides... C’est une

 politique conséquente de valorisation de la compétence, de la rigueuret du sérieux qui doit primer. Elle ne pourra porter tous ses fruits si

les procédures actuelles d’agrément de certaines activités professionnelles ne sont pas revues et corrigées dans ce sens.

L’institution d’un « label de qualité » pour tous les commerces àvocation touristique participe de cette exigence. Au plan national, les

 parties proposent la mise sur pied d’un dispositif de contrôle de laqualité dans tout le Royaume. Il devra être fondé sur des garanties enmatière d’éthique et se doter de procédures de recours rapides etappropriées.

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DYNAMIQUE INDUSTRIELLE

La dynamique industrielle s’articule autour de trois secteurs :

foncier, fiscalité et financement. La « Vision 2010 » implique, on l’avu, un grand programme d’investissements. Comment le réaliser ?C’est tout le problème de la promotion de l’investissement touristiqueau Maroc qui doit arriver, à l’horizon 2010, à réaliser 80.000chambres supplémentaires. En d’autres termes, comment arriver à

rentabiliser l’investissement dans ce secteur ? C’est en apportant desréponses concrètes à cette interrogation que l’on peut, en effet,escompter l’attraction massive des investisseurs professionnels et

institutionnels.

Selon les indications retenues dans l’Accord-Cadre, les parties ontestimé que les niveaux de rentabilité visés devront s’établir selon les

 projets entre 15 et 20% pour des taux de fréquentation supposéssupérieurs à 50%.

C’est possible, même si cela n’a jamais été le cas au Maroc durantles quatre dernières décennies ; et c’est jouable à condition toutefois

que soient mises en œuvre des stratégies foncières, fiscales etfinancières adéquates ayant pour finalité d’instaurer durablement unenvironnement favorable à l’investissement touristique et partant dele rentabiliser.

La « Stratégie foncière » vise à constituer une réserve foncièreregroupant les terrains à vocation touristique. Elle doit être mise en

œuvre sur la base de l’étude d’identification des terrains à fort potentiel touristique entreprise par l’administration concernée. A partir de ces données, le Gouvernement s’est engagé à œuvrer pour leré-engineering des outils d’aménagement touristique existants, et ce,soit pour acquérir et assainir les terrains à vocation touristique, soit

 pour les aménager. Il s’agit, à cet égard, de mettre ces terrains à ladisposition d’investisseurs sur la base d’engagements contractuels.Les prix doivent en être compétitifs pour ne pas grever, dès le départ,l’investissement.

Un autre volet est relatif à l’aménagement de stations balnéairesintégrées. De ce point de vue, les sommes allouées par le Fonds

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Hassan II pour l’aménagement de nouvelles stations balnéaires ont

déclenché une nouvelle dynamique dans ce secteur. Il faut égalementfavoriser et finaliser le principe de la concession à des promoteurs

 privés l’aménagement de stations balnéaires intégrées, sur la based’un cahier de charges précis et contraignant pour les deux parties.

Une telle approche est de nature à instituer des cadres contractuelsinsérant les promoteurs -aménageurs dans les axes directeurs duschéma d’aménagement national. Une première tranche de ce

 programme est retenue pour l’attribution d’au moins trois sitesactuellement à l’étude, et ce, au plus tard au premier trimestre 2002.

Quant à la « Stratégie fiscale », elle est l’un des instruments de la

 promotion de l’investissement touristique. Certains avantages fiscauxont déjà été accordés par les dernières lois de finances. Il fautcependant faire plus et mieux dans ce sens pour améliorer le dispositiffiscal dans ce domaine sur la base de trois principes : simplification etharmonisation, incitation et orientation, compétitivité internationale.De plus, il convient de définir, sur des bases claires et modernes, lestatut de l’entreprise publique ainsi que celui des différentsintervenants de la chaîne touristique.

En matière de droits de douane, les parties ont convenu que « lestaux réduits de douane prévus par la Charte des investissements pourles importations de biens d’équipement industriel seront étendus aux

 biens utilisés pour l’équipement, l’aménagement et l’ameublementdes entreprises touristiques sous réserve de leur identification au seinde la nomenclature douanière et de l’accord du département del’Industrie ». Une telle mesure est de nature à favoriser la réduction

des coûts d’investissement et l’amélioration de la rentabilité desinvestissements touristiques.

L’harmonisation et la simplification de la fiscalité nationale sontégalement prévues avec l’engagement pris, par ailleurs, d’appliquer àmoyen terme le taux de TVA appliqué à l’hôtellerie à l’ensemble desentreprises touristiques précitées. Il est enfin décidé d’autres mesures.Il s’agit de la révision de l’abattement de l’impôt sur les sociétés surla quote-part du chiffre d’affaires réalisé en devises ; du

réaménagement de la fiscalité locale dans le sens de la simplification,

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de la rationalisation et de l’harmonisation et de la transparence fiscale

des opérateurs, en conformité avec les exigences d’une entreprisecitoyenne et sociale.

Pour ce qui est de la « Stratégie de financement », les propositionsarrêtées intéressent, tout d’abord, la mise en place d’un mécanisme derénovation. Ce dernier doit permettre la mise à niveau d’une partie du

 parc hôtelier existant qui n’est pas commercialisable – semble-t-il – àl’étranger. Ce qui participera à l’augmentation de la capacitéd’accueil de manière additionnelle en attendant la réalisation des

 programmes fixés. Les parties conviennent également de mieuximpliquer le secteur bancaire dans l’investissement touristique. C’est

que l’industrie de ce secteur est spécifique et hautementcapitalistique. Elle exige, à ce titre, des financements conséquents et àlong terme. Trois mesures sont ainsi retenues :

•  Une formule ad hoc de « crédit tourisme » prenant en comptel’incitation de l’investissement dans ce secteur;

•  La création d’un Observatoire de la compétitivité et des coûtsqui donnera des informations et des statistiques affinées et

significatives sur les normes et les standards de performancede l’économie générale du tourisme;

•  La forte implication, selon des modalités à déterminer, de laCaisse centrale de garantie et de « Dar Addamane » dans lefinancement de l’investissement touristique, et ce, aux côtésdes banques traditionnelles.

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DYNAMIQUE FINANCIERE

Cette dynamique doit prendre en charge la nécessité d’élargir la

 base en fonds propres des investisseurs. Cette stratégie doit égalementœuvrer à favoriser la création de structures de rencontre entreinvestisseurs professionnels et investisseurs institutionnels et à

 promouvoir l’accès des opérateurs aux marchés financiers nationaux.Dans cette optique, les parties conviennent d’analyser au cours du

 premier semestre de l’année 2001 les mesures susceptibles defavoriser l’orientation de l’épargne vers le secteur du tourisme. Les

 parties décident, par ailleurs, d’envisager des mesures

complémentaires spécifiques aux dispositions législatives existantesvisant à favoriser les introductions des sociétés touristiques à laBourse de Casablanca : création de fonds de tourisme privés,incitations des compagnies d’assurances à investir dans ce secteur etc.

Toutes ces propositions et mesures n’auront une portée optimaleque si elles s’inscrivent dans une dynamique institutionnelle.

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DYNAMIQUE INSTITUTIONNELLE

La dynamique institutionnelle vise, comme le souligne le contrat

 programme, la restructuration par l’Etat de ses organes d’interventionet la réforme par le secteur privé de ses modes d’organisation et deses structures professionnelles.

A la fin 2003, rien n’a été enregistré d’un côté comme de l’autre.Aucun empressement n’a été manifesté, ni par les pouvoirs publics, ni

 par la CGEM pour mettre en place des cellules de réflexion, derecherche, de coordination et d’arbitrage, ni à hâter l’autonomie de laCGEM/Tourisme.

Les accords conclus en janvier et octobre 2001 ne sont pas encoretransformés en loi-cadre régissant le développement du secteur duTourisme. Le Parlement n’a pris à leur sujet aucun engagement et rienne permet de penser que cela puisse avoir lieu en 2004. Bien entendu,le comité stratégique a été mis en place et se réunit de temps à autre.Mais nous sommes encore loin de la dynamique institutionnellesouhaitée.

 Nous proposerons plus loin au chapitre III quelques axes deréflexion pour une réforme institutionnelle capable d’accompagnerles efforts entrepris à travers les dynamiques commerciales,industrielle et financière.

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Chapitre III :Faisabilité du programme d’action

La réalisation des objectifs fixés dans le cadre de la « Vision2010 » requiert une forte mobilisation de l’investissement. Qu’il soit

 public ou privé, national ou étranger, celui-ci doit bénéficier d’unenvironnement juridique, réglementaire et fiscal attractif : c’est toutela problématique du climat d’affaires. Les discours officiels,obstinément optimistes depuis des lustres, n’y feront rien.L’investisseur actuel et potentiel sait compter, évaluer les risques,

comparer la rentabilité; bref, il est en mesure, sur la base de donnéesobjectives et de paramètres propres, de prendre la décision ultime :celle de l’acte d’investir ou non...

Le grand chantier du tourisme national implique - on l’a déjàsouligné à maintes reprises - le déclenchement d’une puissantedynamique d’investissement pour arriver, à l’horizon 2010, à cet

objectif de 80.000 chambres. Quel est donc le dispositif d’incitationapproprié à cet égard ? Les signataires de l’Accord d’application du

29 octobre 2001 ont ainsi retenu des niveaux de rentabilité devants’établir, selon les projets, entre 15 et 20 % pour des taux defréquentation supposés supérieurs de 50%. Ils ont, dans cette

 perspective, décidé de mettre en œuvre des stratégies foncières,fiscales et financières adéquates. Mais quelles sont les mesures

 proposées ?

Assurément, le Discours Royal du 10 janvier 2001, lors des

 premières Assises nationales du Tourisme, marque une rupture avecun certain discours officiel prévalant jusqu’alors : il constitue l’actefondateur d’une nouvelle stratégie dans ce domaine. Il témoigne –enfin de la priorité politique qui lui est ainsi donnée. L’Accord-Cadresigné à Marrakech, à cette occasion, définissait alors - sur la base desorientations royales - les axes stratégiques devant permettre deréaliser l’objectif de 10 millions de touristes à l’horizon 2010. Il a étésuivi neuf mois après, lors des 11èmes assises du tourisme, par la

signature d’un programme d’action, le 29 octobre 2001, à Agadir.

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La « feuille de route » fixée a pris dès le départ du retard. Faut-il,

en effet, rappeler qu’aux termes de l’article 31 de l’Accord-Cadre, cetaccord d’application devait être élaboré au cours du premier semestre2001 ?

Ce premier décalage de calendrier de quatre mois sera-t-il le seulretard ? Cumulé avec d’autres, il ne peut que conduire à s’interrogersur la faisabilité, dans les temps prévus, de cet ambitieux programmed’action qui devait s’illustrer par l’engagement collectif, moral eteffectif, de tous les citoyens à la promotion de ce secteur stratégique.

Soyons clairs. L’engagement des autorités gouvernementales demobiliser tous les moyens humains, financiers et organisationnels,

 pour traduire dans les faits, de manière tangible et crédible, les HautesDirectives Royales et l’engagement des professionnels est sanséquivoque.

C’est un engagement ferme et définitif qui exige la forte présenceet l’implication d’un nombre suffisant de commis de l’Etat à tous lesniveaux de la décision de façon à ce qu’il soit procédé, en tempsvoulu, à tous les arbitrages techniques et organisationnels nécessaires.

L’Accord cadre, l’Accord d’application et le contrat programmesont des engagements contraignants et ne peuvent souffrird’équivoque. Le fait qu’un certain nombre de dysfonctionnementsayant entraîné des retards préjudiciables à la bonne exécution du

 programme ait été décelé n’entraîne aucune conséquence.L’engagement reste total et entier. Une lecture attentive du texte del’Accord d’application suscite cependant cette interrogation. Lesrédacteurs de ce texte n’ont-ils pas péché par excès d’optimisme, lors

de l’établissement des calendriers de réalisation, d’autant plus qu’ilest explicitement mentionné dans l’article de l’Accord d’applicationque les parties conviennent que le succès de la nouvelle politiquetouristique repose sur le caractère concomitant et massif des mesuresqui seront prises au cours des prochains mois et en particulier aucours des six prochains mois ?

Pour illustrer cette légitime interrogation et sans nier que certaines

mesures de l’Accord ont été mises en œuvre dans les délais prévus,avec succès - notamment dans le domaine du

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développement/aménagement, observons les autres engagements et le

sort qui leur a été réservé.

Le comité de pilotage stratégique a été constitué en mars 2001. Il

réunit quatre départements ministériels concernés (Tourisme,Intérieur, Finances, Transports) - qui y sont représentés au niveau deleurs secrétaires généraux - ainsi que les professionnels du secteur, àsavoir les présidents des fédérations de l’industrie hôtelière, desagences de voyages et des transports. Cet organe ad hoc a pourmission d’assurer le suivi et la mise en œuvre de l’Accord-Cadre. Ildevait, à cet égard, élaborer un accord d’application de cet Accord-Cadre sur la base d’une définition précise de l’intégralité du dispositif

global. A ce titre, il devait identifier l’ensemble des mesures ou plansd’actions décidés, évoqués ou envisagés par l’Accord-Cadre en vuede leur mise en œuvre d’ici au 31 décembre 2002, selon un planninget un échéancier à définir.

Mais où en sont les « dossiers lourds » qu’il devait élaborer etfinaliser ? Ainsi, le document exhaustif, explicitant et planifiant sur la

 période d’octobre 2001 à mars 2003, tous les éléments du dispositifstratégique global devant permettre une mise en œuvre rapide et

efficace de la nouvelle politique touristique, n’avait pas encore vu le jour au 1er avril 2003. Nous ne sommes pas plus avancés non plus

dans la mise au point d’une « charte opérationnelle de mise en œuvrede la nouvelle politique touristique. Celle-ci, selon l’accordd’application du 29 octobre 2001, devait servir de cadre de référenceet de fil conducteur à une action collective de grande envergure,associant tous les opérateurs du secteur privé et toutes lesadministrations concernées par cette ambition nationale.

Enfin, était prévue la réalisation d’un document de référencecrédible à la disposition de tous les opérateurs touristiques et desinvestisseurs potentiels, nationaux et internationaux. Ce texte devaitdéfinir, de manière précise, les grandes lignes de fonctionnement dela nouvelle économie touristique et leur offrir ainsi des perspectives etde la visibilité à moyen terme, indispensables pour susciter leurintérêt, déclencher leur mobilisation et favoriser leur investissement.

Les procès verbaux du comité de suivi devaient être publiés. Or, ils

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n’ont jamais été portés à la connaissance du public ni de l’ensemble

des opérateurs concernés.

Une vision et des engagements : tel est bien l’enjeu du

gouvernement qui s’est engagé à ériger le tourisme en priorité de sa politique.

Il faut, en effet, arriver à un flux de 10 millions de touristes en2010. Cela implique -répétons-le - la construction par le secteur privéde 80.000 chambres; cela implique des investissements de l’ordre de30 milliards de DH, mais aussi la mise en adéquation des capacités detransport (aérien, maritime et terrestre) ainsi que la réalisation degrands travaux d’infrastructures.

Ce dernier programme d’équipements et de travaux est estimé à15 milliards de DH environ. Quant à l’aménagement in-siteaccompagné du développement des nouvelles stations balnéaires, ilest également évalué au même chiffre de 15 milliards de DH. Pour cequi est encore de la réalisation des 80.000 chambres supplémentaires,ce sont entre 30 et 40 milliards de DH qui sont nécessaires. Enfin, il ya lieu de relever les investissements d’accompagnement liés à

l’animation et aux loisirs (5 milliards de DH) et ceux concernant lamise en place des nouvelles capacités de transport requises (15milliards de DH).

Selon une première évaluation, ce sont donc quelque 80 à 90milliards de DH d’investissements qui doivent être mobilisés pourassurer et promouvoir la nouvelle politique touristique désormais àl’ordre du jour. Pourra-t-on relever ce grand challenge ? Au rythmeactuel, l’on est fondé à se poser cette question. L’on est d’autant plus

enclin à le faire que le Programme de Développement etd’Investissement Stratégique (P.D.I.S.) marque plutôt le pas. Ce

 programme devait constituer une synthèse à l’échelle nationale detous les investissements publics et privés à réaliser pour atteindre la« Vision 2010 ». Si le « phasage » des six nouvelles stations

 balnéaires prévues a bien été fait au début de 2002, le détail completdu P.D.I.S. fixé à la fin de cette même année, n’a pas encore étéréalisé.

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Pourquoi ce retard ? La part de responsabilité du gouvernement

dans cette situation ne peut être évacuée. Il s’était en effet engagé àrecenser exhaustivement l’ensemble des besoins d’investissementsnécessaires à la mise en œuvre harmonieuse et efficace de la « Vision2010 » et relevant du budget de l’Etat ou des organismes etentreprises publics concernés (ONE, ODEP, ONEP, ONDA, RAM,ONCF, ADM, ONMT...). Cette opération est nécessaire : elle devait

 permettre de disposer des éléments d’information essentiels à une programmation budgétaire des investissements prioritaires etstratégiques à réaliser au cours de la présente décennie. Pour l’heure,avance-t-elle au rythme nécessaire ?

Au niveau régional, la même lenteur doit être mise en relief.Ainsi, des évaluations de nature comparable devaient être faites dansles principales régions touristiques, et ce, par les Walis et lesGouverneurs, en étroite collaboration avec les élus locaux et lesassociations professionnelles impliquées. Les domaines visés, à cetégard, sont les suivants : hygiène et propreté des sites touristiques,ramassage et traitement des déchets urbains, aménagement desespaces urbains (urbanisme, esthétique, espaces verts, voies de

circulation), organisation d’activités récréatives et de loisirs permanentes, mise à niveau des capacités de distribution d’eau etd’électricité, assainissement des déchets solides et liquides, transportsen commun, infrastructures hospitalières et de santé, police nationaleet touristique.

Conformément au programme d’application du 29 octobre 2001,il avait été décidé que c’était le Comité de pilotage stratégique qui severrait confier la coordination du chantier « P.D.I.S. » avec leconcours de l’ensemble des parties concernées (administration,collectivités locales, représentants des professionnels). Là encore, lesinterrogations ne manquent guère : ce Comité s’est sans doute réunidepuis les assises d’Agadir de la fin d’octobre 2001, mais l’on ne peutque relever que rien de bien significatif n’a vraiment été mis en avantau cours de l’année 2002. De plus, ce n’est qu’à partir du début 2003qu’il s’est attelé à sa mission de manière opératoire.

Dans cette optique, il a fallu attendre la fin du premier trimestre2003 pour qu’un plan d’action échelonné dans le temps et articulé sur

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six chantiers soit défini. Les signataires de l’accord d’application de

l’Accord-Cadre n’avaient pas manqué d’ailleurs de constater déjà unretard de plusieurs milliers de chambres en regard du « modèle desimulation globale ». C’est pourquoi ils avaient insisté sur le fait quele succès de la nouvelle politique touristique repose sur le caractèreconcomitant et massif des mesures qui seront prises au cours des« quinze prochains mois », et en particulier au cours des « six

 prochains mois ». Cet appel avait été formulé le 29 octobre 2001. Oùen est-il dans sa concrétisation dix-neuf mois après, à la fin mai2003 ? C’est ce qu’il convient de voir de près en évoquantsuccessivement les réformes structurelles, la politique de mise àniveau qui s’y attache et enfin, le calendrier de réalisation du pland’action retenu ainsi que ses modalités de réalisation.

Mais, auparavant, il est utile de préciser que l’analyse objective del’évolution des accords relatifs au développement décennal ne relèved’aucun registre spécial. Il s’agit, tout simplement, pour beaucoup deMarocains d’une question de vie ou de mort. Les opérateurs nantis

 peuvent laisser passer l’occasion. Mais le peuple marocain, lui, voitdans cette démarche nouvelle de croissance à deux chiffres l’unique

 perspective prometteuse de sortir du sous-développement.L’exemple des dragons d’Asie montre à l’évidence que les

régimes politiques ont besoin, ne serait-ce qu’au début de leur combatcontre le sous-développement, d’avoir de l’autorité et de l’audace quimanquent souvent aux gouvernements dits démocratiques. Cesderniers sont obligés de tenir compte des clans et des conjonctures

 politiques, économiques et sociales qui en fin de parcours peuventfreiner leur élan et font évoluer leur action de façon lente et heurtée.Le Maroc, lui, a la chance aujourd’hui d’être gouverné par uneMonarchie décidée, capable d’entreprendre les réformes nécessaires,même les plus difficiles, car le Roi bénéficie de la confiance desMarocains, riches ou démunis.

Par ailleurs, on peut admettre qu’un planning de quelque natureque ce soit reste toujours soumis à des dérives plus ou moins biencontrôlées ; ce n’est pas un retard dans telle ou telle action qui

soulève l’inquiétude. Cependant, lorsque la liste des actions en retardet celle des actions non encore entamées devient longue, il devient

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légitime de tirer la sonnette d’alarme. Il faut en effet que les

administrations publiques et les opérateurs privés concernés puissentsaisir cette chance historique qu’est la totale disponibilité Royaleexceptionnelle pour traduire sur le terrain les mesures convenues avecune réelle capacité à gérer la ressource la plus précieuse de touteaction d’envergure : le temps. Aujourd’hui, dans un contexte demondialisation économique, si le temps n’est pas notre meilleur allié,il peut devenir vite notre pire ennemi.

A ce jour, six grands chantiers ont été identifiés et retenus par le

Comité stratégique de tourisme (C.S.T.)•. Ils font l’objet d’un pland’action particulier pour l’année 2003. Où en sont-ils ?

• Le CST a remplacé le comité de pilotage stratégique depuis la mise en vigueur del’accord d’application de l’Accord-Cadre.

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A) DEVELOPPEMENT, AMENAGEMENT, AXES DEDEVELOPPEMENT ET MOYENSD’ACCOMPAGNEMENT

Ils s’articulent autour de plusieurs actions sectorielles qu’ilconvient de présenter et d’évaluer.

PLAN AZURLe plan Azur concerne l’aménagement de six stations balnéaires

tout au long de l’Atlantique et de la Méditerranée. Il s’agit del’aménagement de sites stratégiques à fort potentiel touristique. Quels

facteurs ont conduit à la sélection de ces sites ? Le choix qui a été faitdans ce domaine s’est basé sur deux paramètres décisifs : le premierest la proximité d’un aéroport; le second, lui, prend en charge lalocalisation régionale équilibrée dans le Royaume. Dans le détail,l’implantation de ces six nouvelles stations balnéaires est la suivante :

•  SAIDIA RAS EL MA : Cette unité d’aménagement est située à60 km au nord-ouest d’Oujda et à 25 km au nord de Berkane.

Le projet prévu doit se finaliser par la réalisation d’une station balnéaire de 15.000 lits.

•  EL HAOUZIA : la localisation de cette station se situe entrel’embouchure de l’Oued Oum Er Rabia et la plage d’El Jadidaville. Un programme de 8.000 lits a été retenu.

•  MOGADOR : Ce projet intéresse une station à 4 km au sud dela ville d’Essaouira; il vise la réalisation d’une station

 balnéaire de type Médina cité Ressort, sur la base du thème« Sport et Culture »; le programme fixé est de 8.000 lits ;

•  TAGHAZOUT : Cette nouvelle station, à 15 km au nordd’Agadir et à 45 km de l’aéroport d’Agadir Al Massira, aretenu un programme de 23.000 lits de haut standing;

•  PLAGE BLANCHE : Cette unité sera aménagée à 50 km ausud d’Ifni et à 60 km sud-ouest de Guelmim. Sa particularité

sera d’être la première station balnéaire écotouristique ; sacapacité d’hébergement est de 26.000 lits;

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•  KHMIS SAHEL : Ce projet sera situé à 5 km au nord deLarache et à 4 km à l’ouest du village Khmis Sahel. Lanouvelle station balnéaire aura une capacité de 12.000 lits.

Le Plan Azur est évidemment l’un des axes centraux de la« Vision 2010 » du tourisme. Le Maroc cherche en effet, à travers ce

 programme, à se repositionner sur le marché mondial de l’industriedu tourisme. Il entend ainsi rattraper le retard pris dans la structure del’offre du produit touristique national. Ce programme est ambitieux etconstitue donc l’un des piliers de la nouvelle stratégie dedéveloppement du tourisme. Avec 80.000 lits, le Plan Azur doit

conduire à la réalisation de 50% des capacités d’hébergementinscrites à l’horizon 2010. Il s’agit donc là d’un grand challenge : lePlan Azur est un programme critique de par sa taille.

Pour l’heure, où en est-on à cet égard ? Un calendrier a été arrêtéet les groupes intéressés devaient déposer leurs offres suivantl’échéancier suivant : Mogador : 17 mars ; Mazagan El Jadida : 24mars ; Lixus - Larache : 7 avril ; Plage Blanche : 14 avril; Saïdia : 5

mai. Par site, les groupes qui ont soumissionné sont les suivants :•  MOGADOR : Bouygues Bâtiment, M & J Pestana, Thomas &

Piron, TPF L’Atelier ;

•  MAZAGAN AL JADIDA : Kerzner International, MHV(CDG), ONA, CMKD ;

•  LIXUS LARACHE : Thomas & Piron, TPF L’Atelier;

• 

PLAGE BLANCHE : Bouygues Bâtiment, M & J Pestana,Thomas & Piron, TPF L’Atelier;

•  SAIDIA : FADESA MAROC, Bouygues bâtiment, MHV(CDG), ONA, groupe CMKD.

Le planning de départ, prévu initialement au début de l’année2003, a été quelque peu retardé et les offres n’étaient attendues qu’à

la fin du mois de mai, voire en juin. Le contexte international, liénotamment à la guerre en Irak et à la récession qui a frappé

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l’environnement économique global, mais aussi l’industrie du

tourisme, a fortement poussé dans ce sens.

L’approche qui a prévalu dans le plan Azur retient l’intérêt. Elle

se fonde en particulier sur le recours à des opérateurs privés quidoivent prendre en charge l’aménagement in-site de ces six nouvellesstations, et ce, sur la base d’un cahier de charges précis. Quant àl’Etat, son rôle consiste à équiper les terrains en infrastructures hors-site et à veiller à l’application rigoureuse des dispositions des cahiersde charges.

Ce programme présente sans doute bien des avantages :élargissement de l’offre touristique et adéquation de celle-ci à la

demande des marchés émetteurs, aménagement de régions sous-équipées (infrastructures, eau, électricité, routes...), création dedizaines de milliers d’emplois dans des régions défavorisées,dynamisation du commerce et des services dans les villagesenvironnants etc. Mais pour en optimiser les retombées socio-économiques, des mesures appropriées d’accompagnement doiventégalement être prises. Ainsi, la présence massive et saisonnière deflux touristiques attendus dans ces régions côtières doit prendre en

charge les problèmes de la pollution et de la protection del’environnement.

Mais il faut bien rappeler, par ailleurs, que l’hôtellerie est lacolonne vertébrale du tourisme et que son développementharmonieux en favorise grandement l’essor. Il n’en demeure pasmoins vrai que les actifs immobiliers ont besoin de managers, de

 personnel qualifié, d’environnement social et culturel adéquat et de

façon générale, d’un contexte économique favorable. La déclarationde M. Adil Douiri au quotidien l’Economiste, selon laquelle « peuimportent les décalages de délais, si les stations balnéaires sontréalisées », est vraiment naïve car que fera le Maroc de 160.000nouveaux lits, s’ils n’ont personne pour les gérer, les commercialiseret les entretenir ?

Le développement harmonieux de l’hôtellerie pose, quant à lui, le problème de la restructuration des zones touristiques en déficit de

capacité, d’image et de marketing.

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REPOSITIONNEMENT DES ZONES EN DIFFICULTELe repositionnement et la restructuration de zones touristiques en

difficulté : Fès, Agadir, Tanger, Ouarzazate, Tétouan.

- Fès est assurément une destination touristique exceptionnelle quiaccuse un retard incompréhensible : voilà en effet une villemillénaire, capitale spirituelle du Royaume, joyau du circuit des villesimpériales, qui n’a pas de visibilité touristique attractive.

Le programme d’action retenu prévoyait une étude marketing pour la définition du produit; où en est-on dans ce domaine ? Il avaitégalement retenu d’identifier la cible de clientèle potentielle. Cetteétude a-t-elle été réalisée ? Pour arriver à quelles conclusions

opératoires, en termes commerciaux et de marketing ? Il avait étéencore décidé de faire valider le produit par les T.O : qu’en est-ilvraiment ? Enfin, des mesures d’accompagnement devaient êtredéfinies pour asseoir et conforter cette nouvelle politique : ont-ellesété prises ?

Cette première mission avait été programmée pour les quatre premiers mois de 2003. Là encore, du retard a été pris... La seconde

mission, qui devait suivre, avait trait à l’étude de la faisabilité del’aménagement des deux unités d’aménagement touristique retenues.Pour l’heure, on ne sait pas trop quelles ont été ces deux UAT (Unitésd’aménagement touristique); pas davantage, l’on n’a d’indications surl’état d’avancement des études y afférentes.

Le calendrier initial avait fixé quatre mois (mai/août 2003) tant pour cette deuxième mission que pour celle qui y était liée et qui portait sur l’étude détaillée de la mise en œuvre des mesures

d’accompagnement. Celles-ci devaient définir notamment le plan dedéveloppement de l’arrière-pays, le plan de promotion et decommercialisation ainsi que le plan de réhabilitation; mais, pourl’heure, ce planning enregistre un rééchelonnement de plusieurs mois.

Quand on sait que le beau ciel bleu de Fès est entaché par desvolutes épaisses et noires de fumée polluante que dégagent - depuisdes années - les fours des artisans de la poterie et du zellige, qui

 préfèrent brûler des pneus usagés plutôt que du charbon ou du bois - plus coûteux- on ne peut que s’interroger sur notre capacité et notre

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réelle volonté à rompre l’isolement frappant une ville millénaire,

spirituelle, et patrimoine universel qui mérite, à elle seule, un plan dedéveloppement décennal.

- La capitale soussie, Agadir, est-elle plus avancée à cet égard ?Le programme de repositionnement et d’aménagement de cettedestination touristique devait, lui, s’échelonner sur sept mois àcompter de juin 2003. Il reprenait la même trame que celle de Fès :redéfinition du produit et de la cible, validation par les T.O.,élaboration et mise en œuvre des mesures d’accompagnement ?Toutes ces mesures ont un objectif : la consolidation de la baied’Agadir qui est le premier pôle touristique du Royaume et,

aujourd’hui, pratiquement la seule station balnéaire à visibilitéinternationale avec plus de 10.000 chambres classées. Les activités dela SONABA ont été redynamisées; de nouvelles mesures ont été

 prises par les autorités locales et les professionnels dans le cadre duGRIT d’Agadir. Les investissements ont fortement repris; des grands

 promoteurs internationaux (TUI, NECKERMAN, FRAM, DALLAHBARAKA, ACCOR, SOL MELIA,...) ont ainsi signé des conventionsavec l’Etat pour un programme global de 5.000 chambres pour les

années 2002/2004. Au-delà de la seule destination Agadir, c’estl’ensemble de la baie qui doit ainsi pouvoir offrir des produitsnouveaux de qualité (balnéaire, golfs...).

Mais, parallèlement, quel est l’état d’avancement de ce programme ? Il devait, en premier lieu, permettre le renforcement del’animation de la ville par la valorisation de la Marina d’Agadir,l’organisation de deux festivals internationaux, la promotiond’activités sportives et de loisirs et la reprise d’événements à thème(Fête de la mer, Fête de l’arganier, Fête des amandiers...). Pourl’année 2003, les manifestations prévues sont encore bien en deçà dece programme.

Il devait, en deuxième lieu, se traduire par une amélioration de laqualité environnementale de la destination : si la première phase destravaux d’assainissement, prévue dans le cadre du schéma directeurdu Grand Agadir, s’est bien achevée à la fin 2002. Il reste à

entreprendre les phases suivantes inscrites pour la période 2003/2010.

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Celles-ci intéressent notamment la réutilisation des eaux usées et

requièrent un investissement de 750 millions de DH. Du retard a été pris dans un certain nombre d’actions : celle de la réhabilitation de la plage et de la lutte contre l’érosion marine devait être mise en placedès 2002. De même, le transfert de la décharge publique au nord de laville, à flanc de montagne, n’a pas beaucoup avancé. Enfin, la mise enservice avant 2004 de l’adduction en eau potable du barrage de AïtHammou a également été retardée.

Un constat de même facture peut être formulé à propos du programme d’amélioration de la qualité urbaine de la destination. Oùen est, en effet, l’étude sur la restructuration des trames urbaines des

quartiers périphériques d’Agadir (Anza, Aourir, Tamghart) qui devaitêtre finalisée à la fin 2002 ? Quelles mesures concrètes ont été prises

 pour la restructuration des axes urbains devant décongestionner lacirculation à Agadir, intra-muros ? Enfin, l’amélioration de la desserted’Agadir n’a enregistré aucune avancée. Elle avait trait à l’étude de laconnexion d’Agadir au réseau autoroutier. Mais elle devait également

 programmer des liaisons directes au départ de différents marchésémetteurs.

Indépendamment des mesures prévues dans la planificationactuelle, Agadir doit résoudre des problèmes d’intendance, pourrait-

on dire, qui ne peuvent souffrir le moindre retard. Leur persistancenuit fortement au bon fonctionnement de la station actuelle :insuffisance dramatique de signalisation dans le centre-ville et lescommunes avoisinantes, moyens de transport routiers vétustes,chauffeurs analphabètes, hygiène approximative…

- Quant à la ville du Détroit, Tanger, c’est sans doute ladestination qui accuse le plus de difficultés. Elle dispose pourtantd’atouts particuliers : une situation géographique de premier plan, aucarrefour de deux mers, de deux continents et du détroit de Gibraltar ;une proximité avec l’Espagne qui est à moins d’une dizaine de miles ;un capital historique et de civilisation, une mention à part dansl’imaginaire collectif européen et occidental. Mais tout cela n’a passuffi à promouvoir cette destination auprès des marchés émetteurs. A

telle enseigne que les 3.500 chambres que l’on y recensen’enregistrent qu’un taux d’occupation médiocre de moins de 30%.

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Le diagnostic qui peut en être fait aujourd’hui se fonde sur des

données objectives : une dégradation du potentiel touristique naturel(pollution de la baie, érosion marine, voie ferrée sur la plage), une

 baisse de qualité du produit hôtelier, un environnement urbaindésarticulé, une desserte aérienne insuffisante, sans oublier un déficitde promotion chronique.

Comment, dans ces conditions, réhabiliter ce pôle touristique ?Un programme de développement régional pour la période 2002-2005devait être conçu à cet effet avant la fin juin 2002. Ce plan d’actiondevait être entrepris conjointement par les autorités locales et lesdifférents opérateurs publics concernés (Agence de développement

des provinces du Nord, élus locaux, ONMT, RAM, ONDA,ODEP...). Ce programme-là présente aujourd’hui au moins un an deretard déjà. La réactivation de l’action de la Société nationaled’aménagement de la Baie de la ville, a-t-elle démarré ? A-t-onavancé en particulier dans le programme d’aménagement d’unenouvelle zone touristique de 90 hectares dans la baie de Tanger ?D’un autre côté, où en est concrètement le plan de mise à niveau desinfrastructures hôtelières prévu ? Qu’a fait précisément l’ONMT dans

la mise en œuvre d’une politique promotionnelle spécifique, à court,moyen et long terme, pour repositionner le produit « Tanger » ?Quelles mesures ont été prises pour la restructuration du cadre urbainde la ville et la promotion de son patrimoine historique etarchitectural ?

Ce programme devait être achevé à la fin mars 2003 au plus tard.Il devait également s’accompagner de l’ajustement, de la rénovationet de la modernisation des infrastructures d’accueil aux frontières,aéroportuaires et maritimes. Tanger, l’ex-zone franche au passééconomique et touristique glorieux a été victime des surenchèresdémagogiques de certains responsables. Le vrai défi aujourd’hui estde l’aider à retrouver la place qui était la sienne parmi les métropolescosmopolites les plus attrayantes et les plus contrastées du monde.

- Son cas diffère de beaucoup de celui de Tétouan. Le pôletouristique de Tétouan dispose d’atouts géographiques particuliers

associant la mer, le soleil, la montagne et un littoral balnéaireexceptionnel ainsi qu’un arrière-pays à fort potentiel. Le

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repositionnement et la restructuration de ce littoral commande que

l’on tourne le dos à une approche immobilière et spéculative qui a prévalu durant les années quatre-vingt avec ses conséquences : lamultiplication des résidences secondaires, la saisonnalité courte... Ils’agit également d’élaborer et de mettre en œuvre une politiqueconséquente de nature à régler les problèmes environnementauxactuels résultant de l’infrastructure routière et d’assainissement.

Là aussi, un programme ambitieux a été retenu. Il s’agit, en premier lieu, de la restructuration du site touristique sur la base dedeux objectifs : d’une part, la réalisation du littoral « Oued R’mel » à« Jebha » ainsi que dans l’axe « Martil-Fnideq » ; d’autre part, de la

création de nouvelles stations touristiques à « Oued R’mel-Dalla » et« Oued Laou ». Il était prévu, au départ, que l’étude relative à ce

 programme devait être lancée début 2002 pour être achevée douzemois plus tard. Les indications disponibles ne confirment pas lerespect de ce calendrier. De même, la faisabilité du projet derénovation de l’aéroport de Tétouan et l’extension de ses pistesd’atterrissage devait être examinée et évaluée. Enfin, la question de lamise à niveau du poste-frontière de Bab Sebta est encore inscrite à

l’ordre du jour.- La destination Ouarzazate/Zagora était également programmée

dans le plan de repositionnement et d’aménagement des zonestouristiques en difficulté. Selon le calendrier actuel, l’étude

 particulière à ce sujet devait être lancée en septembre 2003 pour êtrefinalisée sept mois plus tard, en mars 2004. Elle vise un doubleobjectif : une étude marketing et la définition des mesuresd’accompagnement puis l’étude d’aménagement de l’U.A.T. (Unitéd’aménagement touristique).

Une destination comme Ouarzazate/Zagora, récente et pleine de promesses, est prête, aujourd’hui, grâce à l’implication effective etdynamique du groupe et T.O français FRAM, à se doter de produitsde séjour de qualité en plus de sa capacité démontrée de servir derelais dans le cadre des circuits organisés. C’est un bon début, mais ilfaut, bien entendu, garder le cap sur les objectifs 2010.

PROMOTION DU TOURISME INTERNE

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Les potentialités du tourisme intérieur sont importantes; mais ont-

elles été correctement valorisées jusqu’à présent ? Le flux de cetourisme interne s’est pourtant sensiblement développé ces dernièresannées. Cela tient à plusieurs facteurs : élévation du niveau de vie decertaines catégories sociales, aspirations nouvelles des familles às’insérer dans une économie de loisirs et de vacances, nouveauxcomportements liés à l’ouverture du Maroc.

La « Vision 2010 » n’a d’ailleurs pas manqué de prendre enconsidération ce phénomène. Elle a ainsi retenu le quasi-doublementdes touristes nationaux à l’horizon 2010, pour arriver à un flux de 2millions, soit un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 4 à

5%.Comment y arriver ? Il convient en effet de promouvoir en

direction de cette clientèle potentielle une offre hôtelière et touristiquequi réponde pleinement aux besoins et aux attentes. Il convientégalement de décliner cette infrastructure et les produits qui s’yattachent par rapport aux possibilités de toutes les catégories sociales(familles, jeunes, personnes âgées...).

Des produits spécifiques doivent être élaborés et commercialisés pour stimuler la demande. Le programme prévu dans l’Accordd’application avait retenu la fin du premier trimestre 2002 commedate pour finaliser une étude dans ce domaine. Ce calendrier aenregistré une année de retard puisque la première campagne de

 promotion du tourisme interne n’a pu démarrer qu’en avril 2003.

Le coup d’envoi de cette opération a été donné le 14 avril.Baptisée « Kounouz Biladi » (Les Trésors de mon Pays), cette

campagne répondait plutôt à une conjoncture particulière. Celle liéeaux effets de la guerre en Irak. Elle se proposait ainsi de réduire lesrépercussions de celle-ci sur le tourisme national. Elle se fondait surune offre promotionnelle de 50% sur le package (hébergement ettransport) ou sur l’hébergement; elle était destinée aux nationaux etaux étrangers résidant au Maroc désirant voyager à l’intérieur duRoyaume. Une centaine d’hôtels, toutes catégories confondues, etquelque 67 agences de voyages ont été associés à cette promotion qui

a duré jusqu’au 18 mai.

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Les professionnels, qui avaient pourtant signé cinq conventions,

le 1er avril, avec le département du Tourisme, n’ont pas caché leursréserves à cet égard. Pour certains, la durée de cette campagne d’unmois était insuffisante. Ils estimaient ainsi qu’elle aurait dû s’étalersur cinq ou six mois pour stimuler une véritable dynamique sur lemarché intérieur et capitaliser pour l’avenir une clientèle qui ne

 pouvait que s’élargir à terme. Pour d’autres, cette première opération,telle qu’elle a été menée, était utile pour tester la réactivité du marché.

On peut également observer que cette promotion est venue d’« enhaut », sans être organisée de manière interactive avec les opérateurs;qu’elle s’est faite sur le principe rigide de la réduction de 50% des

 prix pratiqués. L’enjeu de la promotion du tourisme intérieur est là :en faire un objectif inscrit dans la stratégie nationale du tourisme et

 pas la réduire à des opérations épisodiques destinées à compenser desretournements de conjoncture et de flux du tourisme international.

En tout état de cause, le tourisme intérieur a été le grand absentdans la politique et la stratégie touristique du Maroc durant les quatredécennies. Ce qui est dommage, car le tourisme local et régional aservi de tremplin à beaucoup de leaders mondiaux du tourisme pour

investir l’international. Aujourd’hui, ce tourisme inter-régionalreprésente en Europe et aux Etats Unis 80% de l’activité touristique.

Construite sur une politique intelligente, une charte du tourismeintérieur ne pourra que favoriser le décollage du tourisme et del’économie en général. Mais bien entendu les paramètres de basesdevront être identiques à ceux du tourisme international notammenten ce qui concerne les prix et la qualité. La clientèle nationale ne doit

 pas être considérée comme une clientèle captive, sinon elle ira de plusen plus grossir les rangs de tous ceux – et ils sont plus de 300.000marocains - qui passent aujourd’hui leurs vacances en Espagne.

DEVELOPPEMENT DU TOURISME RURALUne nature généreuse et des paysages diversifiés, rares,

combinant les chaînes de montagnes de l’Atlas et du Rif, des espacessahariens et forestiers, des estuaires et des lacs : voilà bien un capital

touristique qui ne demande qu’à être valorisé et commercialisé. C’est

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structure spécialisée qui élabore un schéma directeur et qui élabore

une véritable cartographie de ce tourisme rural. Cette entitéinstitutionnelle ad hoc, prévue par l’article 13 de l’accordd’application, n’avait toujours pas vu le jour à fin juin 2003. Demême, la mise en place au niveau local d’agents développeurs devantassurer l’assistance technique et le suivi des opérations à entreprendren’a pas eu plus de concrétisation. Enfin, l’on n’a pas encore initié, niconforté, la nécessaire coordination entre les différents intervenantsrelevant des départements ministériels concernés (Tourisme,Intérieur, Environnement, Eaux et Forêts...).

C’est une stratégie, échelonnée sur une décennie, qui doit être

mise en œuvre dans ce domaine. Préalablement, le recensement etl’identification des potentialités du tourisme rural s’imposent àl’évidence. Il convient de se baser sur les demandes et les aspirationsde la clientèle potentielle à partir d’études de marchés affinées,segment par segment, pays par pays. Il importe également dehiérarchiser les atouts touristiques existants sur la base des donnéescommerciales recueillies dans ces marchés ; enfin ; un programmed’action doit être élaboré et appliqué, se fondant sur une politique de

valorisation des ressources prioritaires et des études de faisabilitécrédibles pour des sites pilotes.

Un tel programme ne pourra à terme que donner une visibilitéattractive à ce nouveau produit que sera le tourisme rural au Maroc.Une première étude a été réalisée à la fin de l’année 2001, grâce auconcours financier du PNUD; elle doit être complétée et élargie pour

 permettre véritablement de dresser l’état des lieux et les potentialités pouvant exister dans ce domaine.

Dans le cadre de ce programme, le facteur culturel n’est pas lemoins décisif. Des contraintes socioculturelles locales doiventévidemment être prises en considération. Il s’agit, en effet, deconvaincre les populations rurales d’admettre des « étrangers » dansleurs régions, proches d’elles, nouant des contacts quotidiens elles.

C’est donc une nouvelle culture qu’il faut installer, sans à-coups,respectant le mode de vie des ruraux et leurs mœurs, et qui ne soit pas

l’occasion d’un « choc des civilisations » et des sociétés. Le tourisme

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vert est un gisement économique important qui doit être un vecteur du

désenclavement du monde rural et un facteur de son insertion auxcircuits modernes du commerce et de l’économie.

FISCALITELa pression fiscale reste encore trop forte sur le secteur touristique

alors que, compte tenu de son importance économique et de la prioritéqui lui est accordée, il doit au contraire bénéficier d’un régime fiscalincitatif.

Lourde, complexe, la fiscalité actuelle est aussi contre-productive.L’accord d’application a retenu trois principes à cet égard :

simplification et harmonisation, incitation et orientation, enfincompétitivité internationale. Cette fiscalité se découple en deuxgrandes rubriques. L’une concerne la fiscalité de l’Etat, l’autre estrelative à celle des collectivités locales. Une profonde mise à niveaudoit être opérée dans ces deux domaines.

FISCALITE DE L’ETAT

Cette fiscalité, dont la charge est de l’ordre de 3% du chiffred’affaires, hors hébergement, des opérateurs touristiques, estconstituée de onze impôts et taxes : droits de douane, droitsd’enregistrement, impôt sur les sociétés, Impôt général sur le revenu,TVA, patentes, taxe urbaine, taxe de la promotion touristique, taxe delicence, droits des pauvres, taxe à l’essieu.

Le gouvernement marocain ne considère pas encore les promoteurs touristiques comme des investisseurs industriels pouvant

avoir accès aux dispositions de la charte de l’investissement de 1995qui prévoit des taux bonifiés allant de 2,5 à 10% maximum en matièrede droits de douane. Les incitations en vigueur aujourd’hui ciblentexclusivement les grands groupes dont l’investissement est égal ou

supérieur à 200 millions de dirhams. La CGEM, quant à elle, estimequ’il faut ramener ce montant à 75 millions de dirhams.

L’incohérence de la fiscalité marocaine est particulièrementillustrée par les applications qui sont faites de la loi par rapport àl’Impôt sur les sociétés (IS) et à la TVA. En effet, les opérateurs

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touristiques se voient appliquer des taux de fiscalité différents selon

qu’ils sont hôteliers, agents de voyageurs, restaurateurs, loueurs devoitures ou transporteurs. Le débat est connu mais son issue resteincertaine.

La Direction des impôts, qui a réalisé en 2002 une performancede recouvrement de l’ordre de 2 Milliards de dirhams d’augmentation

 par rapport à l’année 2001, est un « opposant » naturel à toutes lesincitations significatives, dédiées au secteur du tourisme. Lesresponsables du comité stratégique doivent se préparer à de longuesannées de confrontation avec la Direction des impôts avant d’espérerobtenir la simplification, l’harmonisation et la compétitivité de la

fiscalité touristique.Conscients des difficultés du Trésor marocain à faire face aux

charges de fonctionnement (12% du PIB) et d’investissements. Lesopérateurs n’évoquent pas de doléances au titre du taux de l’Impôt surles sociétés.

C’est pour cela que les opérateurs du secteur se contenteraient del’exonération de l’IS pendant cinq ans et sa réduction de 50% par la

suite, à toutes les entreprises du secteur - et non seulement auxhôteliers-, et ce, au titre des chiffres d’affaires réalisés en devises. Lestaux d’amortissement des immobilisations, effectuées par les hôtelierset les loueurs de voitures, tels qu’ils sont retenus par l’administrationfiscale, ne reflètent pas l’état de dépréciation réelle des actifsimmobilisés. Leur révision est demandée comme une mesured’incitation à l’effort d’investissement durable.

En matière de TVA, l’Accord-Cadre prévoit l’application d’un

taux unique de 10% à l’ensemble du secteur, et ce, pour mettre unterme aux discordances actuelles, marquées par l’application de tauxallant de 10 % pour l’hôtellerie, 14% pour le transport touristique, à20% pour les agences de voyages et les loueurs de voitures.L’application, par ailleurs, d’un taux de 7% sur les remboursementsdes prêts bancaires renforce la pénalisation du secteur dont lesemprunts constituent un élément structurel du bilan des entreprisesnotamment hôtelières. L’Impôt général sur le revenu doit être

modernisé de façon à introduire des règles modulables en matière

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d’imposition des rémunérations accordées au personnel occasionnel

et saisonnier.

En fait, l’IGR est toléré par les opérateurs du secteur. Leur souhait

vise, d’une part, à lui rendre applicable la réduction du taux marginaltel que prévu par la Charte d’investissement, qui fixe le tauxmaximum à 41,5% et d’autre part à lui étendre les mêmesaménagements proposés pour l’impôt des sociétés.

Piliers traditionnels de la fiscalité marocaine, la patente et la taxeurbaine font partie de la fiscalité des impôts appliqués àl’investissement. Nous les faisons figurer dans la fiscalité de l’Etat,même si une grande partie de leurs revenus est attribuée aux

collectivités locales.

La patente et la taxe urbaine sont donc basées sur l’investissementet non sur le niveau d’activité de l’entreprise. Résultat, elles peuventfrapper de redressement judiciaire ou de liquidation des entreprisessaines, en difficulté momentanée de trésorerie, suite à une crise dusecteur.

Archaïques et contre-productives, leur suppression nourrit le rêve

des hôteliers depuis des lustres. Si l’administration fiscale décide,malgré tout, de les garder, elle n’aura d’autre choix que de les indexersur le niveau d’activité des entreprises.

FISCALITE LOCALE

Cette fiscalité attend depuis 1990 la simplification etl’harmonisation des taux maximum et des assiettes imposables et leur

adaptation aux nécessités de développement. La charge effective decette fiscalité est d’environ 6% du chiffre d’affaires, horshébergement, des hôteliers. Dans la panoplie des taxes locales au

•  (1) contribution des riverains aux dépenses d’équipement et d’aménagement (2)taxes de fermeture tardive et d’ouverture matinale (3) taxe sur le débit de boisons (4) taxe

de séjour (5) taxe de spectacle (6) taxe sur les billets d’accès aux piscines (7) taxe destationnement (8) taxe sur la licence des cars (9) taxe d’enseigne.

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nombre de neuf, certaines affectent particulièrement l’exploitation des

établissements hôteliers. Il s’agit de la taxe de séjour et de la taxe dedébit des boissons.

Instituée il y a de longues années, la Taxe de PromotionTouristique (TPT), au profit de l’Office National Marocain dutourisme a inspiré les pouvoirs publics. Ils ont estimé qu’un nombreimportant des nuitées hôtelières qui alimente déjà les caisses de l’Etat

 pour couvrir une grande partie des charges de fonctionnement del’Office et des frais de promotion au Maroc et à l’étranger peutégalement participer au développement économique régional. Ainsiest née la Taxe de séjour (3 à 30 dirhams par personne et par nuitée,

selon la catégorie des établissements hôteliers).Pour les opérateurs hôteliers, cette taxe fait double emploi avec sa

sœur aînée la TPT. Ils estiment que ces deux impôts, qui sont dus autitre des chiffres d’affaires (excepté l’hébergement), encaissés ou non,réduisent leur compétitivité par rapport à leurs concurrentsméditerranéens.

Faisant triple emploi avec la TVA et la taxe de licence, la taxe de

débit de boissons vient alourdir davantage la charge fiscale descontribuables concernés. Elle est appliquée au chiffre d’affaires des boissons servies dans les établissements hôteliers, de restauration, lesclubs et les bars, au taux maximum et variable de 10%, arrêté enfonction de la catégorie et de l’emplacement de l’établissement.Dépourvues de recettes suffisantes, les communes rurales usent etabusent malheureusement de cette taxe, sans pour autant participer àl’amélioration de l’environnement touristique général.

La fiscalité marocaine touristique apparaît ainsi comme un sérieuxfrein au développement de cette activité. Complexe et peu cohérente,elle doit être soumise aux orientations Royales et aux engagements dugouvernement contenus dans les accords entre l’Etat et lesgroupements professionnels.

Sa Majesté le Roi a souhaité la réhabilitation du secteur dutourisme en tant que secteur d’une grande priorité nationale. Il a

notamment insisté sur l’accélération de la simplification de la mise enharmonie de la fiscalité notamment locale, étant donné le rôle que les

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collectivités locales doivent jouer dans l’essor touristique. Le

gouvernement a pris des engagements précis afin que la fiscalité soitharmonisée et simplifiée dans des délais déterminés.

La réduction du nombre de taxes et impôts locaux doit êtreréalisée dans le cadre de la prochaine loi de finances au titre del’année 2005. De même, la suppression des impôts et taxes fixes,telles que la patente, au moins dans leurs formes actuelles, est denature à donner plus de rationalité à un système fiscal semi-archaïque.

Des voix s’élèvent ici et là pour demander au gouvernementmarocain une réforme globale autour de quelques idées simples : taxefoncière unique regroupant la patente, la taxe urbaine et la taxe

d’édilité, taxe touristique unique, impôt sur les sociétés et impôt surles revenus et TVA, harmonisés et modernisés.

De son côté, la CGEM fixe le centre d’intérêt de ses démarchesautour de quelques demandes spécifiques :

•  Révision du seuil affranchi de l’IGR de 20.000 à 24.000dirhams;

• 

Application du taux maximum de 41,5% sur la tranche derevenus au-delà de 120.000 dirhams bruts annuels, tel que celaest prévu par la Charte d’investissement;

•  Réduction de moitié de l’IGR pour les jeunes recrues.

Pour ce qui est de la patente, la CGEM chercherait à obtenir lasuppression pure et simple de cet impôt, sinon la révision de sa base

imposable ramenée à la valeur nette comptable, avec un plafonnementde son assiette fixée à 50 millions de dirhams et ce, quelle que soit ladate d’acquisition de départ. La CGEM demanderait également laréduction des taux d’estimation des valeurs locatives à un

 pourcentage unique de 2%. Elle souhaiterait enfin obtenir ladémocratisation de la fameuse incitation à l’investissement du régimeconventionnel dont ne peuvent bénéficier aujourd’hui que les « gros

 bonnets » de la promotion hôtelière. Le seuil actuel de 200 millions

de dirhams devrait à son sens être ramené à 75 millions de dirhams

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seulement. Ce qui correspond davantage à une logique de volonté de

croissance rapide qui élargit la base des opérateurs intervenants.

FINANCEMENT

Le financement du secteur hôtelier a toujours été axé sur le CréditHôtelier et Immobilier (C.I.H.) principalement, et les banquescommerciales subsidiairement.

Si le C.I.H., de par la loi, était obligé de répondre favorablement àtoute demande de crédit éligible, les banques commercialesdisposaient et disposent encore de la liberté totale d’octroi, ou non, de

 prêts aux opérateurs hôteliers. Cette caractéristique de la stratégie

adoptée pour le financement de l’hôtellerie a été probablement le principal frein à l’essor de ce secteur.

En fait, tout était organisé autour des conditions de constitutiondes propres ressources financières du C.I.H. Les prêts et empruntscontractés à l’extérieur permettaient des conditions plus au moinsacceptables. C’était l’époque où les taux se situaient autour de 5 à6%. Mais le C.I.H. n’était pas à l’abri des pressions de son actionnairemajoritaire, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), qui a pu, de

temps à autre, lui forcer la main et l’amener à prendre des emprunts à12%. La conséquence d’une telle attitude n’est pas difficile àimaginer. Les hôteliers sont vite devenus victimes et otagesfinanciers de leur banque, dès lors que les taux étaient situés entre 15et 17%, alors qu’il n’y a pas au monde un seul investisseur, opérant

légalement, qui soit en mesure de rentabiliser son entreprise sur detelles bases.

Le secteur du tourisme a évolué durant une bonne quarantained’années dans un système aberrant qui pénalise ceux-là même qu’il proclame, à cor et à cri, vouloir assister et soutenir, et ce, à travers unmécanisme de financement et d’imposition qui pompe toutes lesressources des entreprises hôtelières et l’essentiel de l’énergie deschefs d’entreprises.

Intervenant à point nommé, l’Accord-Cadre et l’accordd’application sont venus, heureusement, proclamer la nécessité

d’améliorer la rentabilité de l’investissement touristique au Maroc en

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 portant son niveau à 15/20% pour des taux de fréquentation

supérieurs à 50%. Cet objectif ne pourra, bien entendu, être atteintque si des mesures énergiques sont prises et des stratégies foncières,fiscales et financières adoptées.

L’amélioration de la rentabilité de l’investissement, grâce à undispositif de financement moins coûteux, suppose, d’une part, une

 plus grande implication des pouvoirs publics au titre des rénovationset, d’autre part, une réelle participation du système bancaire, dans sonensemble, à l’effort commun en baissant ses taux et en stabilisantdans le temps ses conditions financières et juridiques.

La problématique foncière

C’est dans le Discours Royal du 10 janvier 2001 que l’on trouvela référence officielle à la constitution de réserves foncières affectéesau tourisme : « Nous vous annonçons la bonne nouvelle, a déclaréS.M. Mohammed VI, que Nous avons donné Nos hautes instructionsau Gouvernement de Notre Majesté en vue de mettre les terres àvocation touristique à la disposition des promoteurs touristiques avec

une contribution de l’Etat à hauteur de cinquante pour cent de leurvaleur ».

Pour la première fois depuis plus de quatre décennies, les pouvoirs publics allaient s’atteler à dresser une véritable « cartetouristique » du Royaume. Celle-ci doit être élaborée sur la base dedeux paramètres de base. Le premier a trait à l’identification et à ladélimitation des unités d’aménagement touristique dans les zones en

cours d’étude (littoral et pôles culturels). Le second intéresse lesautres zones présentant un intérêt touristique dans le reste duRoyaume.

Sur la base de ce qui a été fixé dans l’accord d’application du 29octobre 2001, quel est l’état d’avancement de ce programme ? Sil’étude globale précitée a bien été réalisée, tel n’a pas été le cas de laBase de Données Informatisées (BDI) qui est un précieux outild’analyse, de suivi et d’évaluation des UAT (Unités d’aménagement

touristique).

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Ainsi encore, l’on n’est pas plus avancé pour ce qui est du re

engineering des outils d’aménagement touristique lequel devait fairel’objet d’une étude particulière avant novembre 2001. Il s’agit là d’unchantier important parce qu’il porte sur la mise à niveau opératoire etoptimale des instruments du dispositif actuel en matièred’aménagement touristique, que ce soit la SONABA (Agadir), laSNABT (Tanger) ou les délégations régionales du département duTourisme.

Enfin, l’Instruction Royale portant sur la mise à la disposition des promoteurs touristiques de terrains à vocation touristique n’a pas éténon plus finalisée. Le mécanisme de son application devait être

élaboré au plus tôt et soumis au Fonds Hassan II à la fin décembre2001. Dix-huit mois après, ce projet de convention attend encore devoir le jour...

REDEFINITION DE L’ENTREPRISE TOURISTIQUELa mise à niveau de l’industrie touristique implique que l’on se

 préoccupe aussi du statut de l’entreprise touristique. Jusqu’à présent,celle-ci n’a pas encore bénéficié d’une définition précise par le

législateur. La nouvelle stratégie touristique doit être l’occasion del’identification et de la reconnaissance de cette catégorie d’entreprise.Il est ainsi proposé que sous le terme générique d’« entreprisetouristique » soient considérées comme telles, les unités qui suivent :

•  Sociétés propriétaires et exploitantes d’hébergement

•  Sociétés de gestion d’unités d’hébergement

•  Sociétés de restauration

•  Agences de voyages

•  Sociétés de location de véhicules

•  Sociétés de transports touristiques

•  Sociétés d’animation et autres activités de loisir

•  Unités de thalassothérapie et de thermalisme

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Cette redéfinition de l’entreprise touristique, pour nécessaire

qu’elle soit, ne saurait se limiter à ce seul aspect; elle impliqueégalement que le secteur du tourisme soit considéré comme uneindustrie de premier plan et qu’il soit de ce fait éligible aux avantageset au régime de la Charte des investissements. N’est-il pas anti-économique que le tourisme ne soit retenu ni comme un secteurindustriel ni comme un secteur exportateur ? Du fait de cette situation

 pénalisante et discriminante, il ne peut guère bénéficier des avantagesaccordés aux secteurs exportateurs.

SOUTIEN DE LA CAISSE CENTRALE DE GARANTIEET DE DAR ADDAMANE

Le secteur touristique ne peut se développer si une politique

adéquate de financement n’est pas mise en œuvre. Des DirectivesRoyales ont été données dans ce sens dans le Discours du 10 janvier2001. Comment celles-ci ont été traduites en mesures opératoires ?Deux institutions financières spécialisées ont été ainsi chargées demettre sur pied des mécanismes spécifiques dans ce domaine. Il s’agitde la Caisse Centrale de Darantie (C.C.G). et de « Dar Addamane ».La politique arrêtée se fonde sur deux principes. Le premier estl’octroi de la garantie de ces deux institutions pour diminuer le risque

 bancaire et inciter à un concours financier bonifié et incitatif. Lesecond est l’implication du Fonds Hassan II.

Pour ce qui est de la C.C.G., la convention de gestion de ce fondsa été signée le 1er août 2002. Mais il a fallu attendre le 21 février2003 pour que cette Caisse signe finalement avec les établissements

 bancaires concernés. Ce Fonds est d’un montant de 100 millions de

DH et il est en mesure d’intéresser de nombreux professionnels autitre des investissements de rénovation. Tout récemment, ledépartement du Tourisme a réalisé une étude qui témoigne de la fortedemande potentielle touristique dans ce domaine. Ainsi, il a été établique pas moins de 350 unités hôtelières étaient pratiquement éligibles

 pour bénéficier de ce financement RENOVOTEL. Il reste à cesétablissements à monter des dossiers pour cela, à réunir les conditionsrequises pour pouvoir bénéficier de cette facilité et de cette

opportunité de nature à rehausser la qualité et le standing, ainsi que la

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modernisation qu’impose la mise à niveau du produit touristique

marocain dans le cadre de la « Vision 2010 ».

Quelles sont les conditions générales de financement des

 programmes de rénovation des unités hôtelières ? Le mécanisme definancement prévoit le crédit conjoint (CCG/ banques) destiné àoctroyer des fonds correspondant à 70% maximum des coûts des

 programmes de rénovation. Le coût maximum des programmes de cefinancement varie suivant la catégorie de l’hôtel : il va de 200.000DH pour les « 5 étoiles » à 60.000 DH pour les « 1 étoile ». Les fonds

 propres exigés de l’emprunteur ont un plafond de 30%; la part deRENOVOTEL, géré par la CCG, est de 35%, les 35% restants

 peuvent relever de crédits bancaires.RENOVOTEL est donc un produit très attractif pour

l’investissement touristique. Ses conditions sont avantageuses : unedurée pouvant aller jusqu’à 10 ans, un différé de remboursement de 2ans, un taux d’intérêt de 2% seulement (hors TVA), et des délais deréponse de 10 jours pour les programmes égaux ou inférieurs à 10millions de DH et de jours pour ceux qui sont supérieurs à ce seuil.

Il aura donc fallu pratiquement quatre décennies pour que les pouvoirs publics mesurent, de manière conséquente, que l’appel auxinvestisseurs, que ce soit dans le secteur du tourisme ou dans lesautres domaines de l’activité économique, n’est pas suffisant, que les

 professions de foi ne peuvent pas créer les conditions d’un climatd’affaires attractif; et que seules des mesures crédibles et opératoires

 peuvent sérieusement inciter à l’investissement.

Comme le souligne, fort justement, l’étude sur le contrat-

 programme de juin 2000 - réalisée par la CGEM et la Fédération duTourisme - l’instauration d’une véritable confiance ne pourra se faireque si est satisfaite cette triple exigence : visibilité, prévisibilité etsécurité de l’investissement.

On en arrive à cette question bien simple : quels sont les facteursde la rentabilité de l’investissement touristique et hôtelier ? Le

 premier paramètre est le coût de l’investissement, ce qui implique le

coût d’acquisition du foncier, celui de la construction et del’aménagement et celui de la maintenance et du renouvellement

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durant l’exploitation. Le deuxième facteur a trait à la rentabilité

d’exploitation. Il se fonde sur le taux d’occupation et la recettemoyenne par chambre. C’est à partir de ces deux derniers éléments,auxquels il faut ajouter la valorisation des ressources humaines, quese dégage la rentabilité d’exploitation (RBE) traduite en pourcentage

 par rapport au chiffre d’affaires.

Cela dit, il nous faut formuler ces interrogations : l’investissementtouristique est-il rentable au Maroc ? Le retour sur les fonds propresinvestis est-il suffisamment incitatif ? Le taux de rendement interneest-il attractif ? Sur la base des données qui prévalent encore, rienn’est moins sûr. L’investissement hôtelier pourrait devenir plus

rentable avec de nouvelles conditions financières fiscales et autresdans le cadre des propres engagements du gouvernement marocain.

« L’investissement touristique au Maroc, avec des TRI à dix ansde 10% n’est pas attractif (scénario de base), mais pourrait le devenir(scénarios 5, 6 et 7). La combinaison d’une réduction de 15% descoûts d’investissement, d’une fiscalité sur l’IS plus incitative(exonération pendant les cinq premières années et abattement de 50%

 pour les années suivantes) et d’un taux d’intérêt de 6%, permet, en

effet, d’améliorer considérablement le TRI de 8 à 18,4 points. Cetteamélioration découle à hauteur de 40% du foncier, 35% des

conditions de financement et 25% de la fiscalité.

Il est précisé en dernière analyse qu’un TRI de 18,4%, associé àun ROE de 10%, constituent les niveaux minima attendus par uninvestisseur international pour un investissement réalisé dans un pays

comme le Maroc.»•

QUEL TOURISME CULTUREL ?Le tourisme, faut-il le rappeler, n’est pas qu’une activité

économique importante. Comme l’a souligné S.M. Le RoiMohammed VI dans Son discours du 10 janvier 2001. Il représenteune culture et un art de communication avec l’autre. Sous cet angle,son développement requiert une exploitation judicieuse de nos

• Contrat programme 2000-2010.

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 potentialités naturelles riches et variées et de notre patrimoine

civilisationnel et culturel séculaire, connu pour ses traditionsd’hospitalité.

Selon l’Accord-Cadre, le produit culturel doit pouvoir offrir, àl’horizon 2010, 37.000 chambres, ce qui implique une capacitéadditionnelle de 15.000 chambres environ. Il retient ainsi la nécessitéd’un plan de rénovation et d’extension du « Produit culturel »,notamment à Fès, Marrakech, Ouarzazate, Meknès, Tanger, Rabat etCasablanca.

Ce programme devait être mené au cours de la période 2001-2004. Deux ans après l’accord d’application, l’évaluation de cette

 politique conduit à ce constat : le grand retard pris dans ce domaine.Le lancement des études marque le pas : celle de Marrakech était

 prévue pour le second semestre 2001, celles des autres destinations(Ouarzazate, Fès, Meknès, Rabat et Casablanca) étaient égalementannoncées pour 2002 - les unes et les autres ont été à peineengagées... Ville par ville, que veut-on ? Définir et analyser lesobstacles à lever et les potentialités à valoriser; mais aussi finaliserdes plans d’action précis et cohérents, de nature à assurer la faisabilité

des projets et le développement touristique des produits ainsi ciblés.

Invoquer le tourisme culturel, c’est aussi faire référence à lavalorisation du patrimoine national. La mise à niveau de ce capital duMaroc ne peut évacuer la réforme des textes en vigueur, tâche qui estdu ressort et de la responsabilité des pouvoirs publics. Qu’en est-il àcet égard du dispositif législatif en vigueur ?

La seule loi de référence dans ce domaine est celle du 25

décembre 1980 relative à la conservation des monuments historiqueset des sites, des inscriptions, des objets d’art et antiquités; elle a étéappuyée quelques mois après par le décret du 22 octobre 1981. Le

 bilan de plus de deux décennies de cette législation frappe par samodestie. Ainsi, le classement n’a pas dépassé une vingtained’établissements depuis 1980 : les monuments historiques classés en1956 étaient au nombre de 350; ils atteignent aujourd’hui 368. Quantau régime de l’inscription, il est encore moins bien loti avec un seul

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dossier finalisé à ce jour, à savoir l’inscription du Jardin d’Essais à

Rabat.

Enfin, pour ce qui est du droit de préemption de l’Etat en cas de

vente publique, rien, dans la législation marocaine, ne permet del’actionner. Si bien que les conservateurs de musées, lors des ventesd’objets de valeur à des antiquaires nationaux, ou à des étrangers, ne

 peuvent faire prévaloir ce droit, faute de fonds prévus à cet effet. Etles exportations de ces biens mobiliers ne sont pas davantageréglementées, ce qui ne peut que donner lieu à des trafics sur lesœuvres d’art.

Pourtant, le patrimoine du Royaume est exceptionnel et appelle

une politique conséquente articulée sur des moyens opératoires. N’est-ce pas le PNUD qui, dans un rapport publié voici quelquesannées, précisait que plus de 15.000 sites, monuments et lieux de

 préservation étaient inscrits, mais ne faisaient l’objet d’aucune étude particulière ? Il s’agit là d’un patrimoine existant, physique, mais« dormant », non valorisé. De plus, l’inventaire complet du

 patrimoine marocain n’a pas été entrepris. L’on ne dispose d’aucunrépertoire national ni de catalogues spécialisés. C’est dire qu’une

 politique du patrimoine ne peut que soutenir et accompagner unestratégie de développement touristique. L’une et l’autre participent

d’une vision qui doit permettre d’optimiser la capacité attractive desdifférentes destinations de notre produit. Au moment où le tourismeculturel est enfin perçu comme un segment aux immenses

 potentialités, de nature à intéresser une clientèle ciblée qui veut voir plus que le soleil... Le Maroc sera-t-il au rendez-vous de ce marché porteur ?

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B) ADEQUATION ET PROMOTION DE LAFORMATION

Le plan de développement économique et social 2000-2004n’avait pas manqué de souligner la nécessité de mesures profondestouchant la formation touristique. Il avait ainsi recommandé uncertain nombre de lignes de force devant articuler cette nouvelleapproche : mise à niveau des ressources humaines de ce secteur et del’appareil de formation, la combinaison de la formation continue etalternée, la spécialisation des métiers (hygiénistes, gestionnaires...) Letourisme est, rappelons-le, une activité de prestations offertes à une

clientèle. Il convient donc qu’à tous les niveaux, la qualité du servicesoit assurée. Ce qui implique qu’au-delà de la simple bonne volontédu personnel et de son dévouement, les règles de la

 professionnalisation doivent être respectées.

Que propose l’Accord d’application à cet égard ? Et lesdispositions fixées, ainsi que les objectifs qui y sont liés, sont-ilsréalisables ? Selon les indications fournies, la « Vision 2010 » doit

susciter une demande d’emplois de 72.000 postes environ, suivant un processus décliné comme suit : une augmentation des paliers annuelsallant de 6.000 (2002-2004), puis 8.000 (2005-2007) et enfin 10.000(2008-2010). Si l’on prend en compte les niveaux de qualification,tels qu’ils résultent des normes OMT, la ventilation donne :

•  3.600 emplois (5%) pour cette décennie correspondant aux postes de haute gestion ;

• 

14.000 emplois (20%) pour les postes de cadres supérieurs, lescadres moyens et les techniciens spécialisés ;

•  54.000 emplois (75%) pour les postes de techniciens et agentsqualifiés.

Sur cette base-là, quelle est la capacité du dispositif actuel deformation ? Arrivera-t-on, plus précisément, à former les 54.000

diplômés de la catégorie « techniciens et agents qualifiés » ? Les troisstructures de formation qui existent aujourd’hui -à savoir le

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département du Tourisme, l’Office de la formation professionnelle et

de la promotion du travail (OFPPT) et le privé - sont-ils à la hauteurde ce défi ? En l’état, rien n’est moins sûr :

• 

Le département du Tourisme dispose d’un réseau de 14établissements assurant trois niveaux de formation - technicienspécialisé, technicien et qualification. Leur capacité d’accueilne dépasse pas les 3.000 places. Quant à la formation descadres, elle est dispensée par l’Institut Supérieur Internationaldu Tourisme de Tanger (ISITT) avec une capacité de 450

 places ;

•  L’OFPPT dispose de 1.130 places dans ses trois établissements

spécialisés ;

•  Enfin, les 28 instituts relevant du secteur privé totalisent unecapacité d’accueil de 1.160 places.

On le voit bien. Le dispositif de formation actuel n’assureaujourd’hui qu’une capacité d’accueil de 5.800 places pour 2.800

lauréats (dont 600 cadres). Il doit être restructuré, élargi et développé pour réaliser l’objectif de 8.000 lauréats fixé en 2010. Il y a là undifférentiel qui ne pourra être rattrapé qu’avec une nouvelle stratégiede formation volontaire basée sur un dispositif adéquat. Comment,dès lors, renforcer les capacités de formation actuelles ?

Des besoins immenses doivent donc être satisfaits pour répondreaux objectifs fixés dans le cadre de la « Vision 2010 ». Le programmequi été arrêté a été baptisé Plan de Développement Intégré (PDI). Il

doit se traduire par une optimisation de la capacité actuelle desétablissements de l’ordre de 30%. Il prévoit également l’extension de13 instituts relevant du département du Tourisme et de l’OFPPT.Enfin, il a retenu la création de 8 nouvelles unités de formation parl’OFPPT. Il s’agit de disposer d’une capacité additionnelle de 3.500

 places, ce qui requiert le recrutement de 500 formateurssupplémentaires pour soutenir et accompagner ce programme.

Reste la faisabilité de ce plan et en particulier la mobilisation deson financement. Pour ce qui est des huit nouveaux établissements

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devant être créés entre 2005 et 2007, le principe retenu est celui de

leur construction dans les régions de forte demande : Al Hoceïma,Essaouira, Meknès, Béni-Mellal, Agadir, Houzia, Tétouan etGuelmim. La réalisation de ces unités doit ainsi accompagner la

 promotion des six stations balnéaires appelées d’ici là à élargir l’offretouristique. En localisant ces établissements dans ces zones,l’insertion des lauréats ne pourra qu’être facilitée.

Le coût total de ces projets est de l‘ordre de 217 millions de DH(frais d’acquisition des terrains, constructions, équipements). Lacontribution de l’Etat se situe à hauteur de 11,2 millions de DH et elledoit permettre surtout les travaux de construction. Il est également

 prévu que les fonds alloués par le programme MEDA II seront de 16millions de DH (équipements et assistance technique). Parmi lesfilières prioritaires, il y a lieu de noter les métiers de cuisine, larestauration, la boulangerie/pâtisserie.

Où en est-on aujourd’hui ? La première étude, financée par lefonds MEDAII a pour objet de préciser le répertoire, secteur parsecteur, des emplois du tourisme. Elle est en phase de lancement. Uneautre, en cours de préparation, a trait à l’évaluation de la

segmentation du secteur (hôtels, transporteurs, restaurants,...). Deuxautres études doivent suivre. L’on doit également évoquer un autre

axe de formation : celui de la formation professionnelle parapprentissage. Ce segment-là doit concerner quelque 18.000stagiaires sur les 72.000 diplômés prévus.

La philosophie de cette formule privilégie la pratique en milieud’entreprise. A cela, il faut ajouter le développement de la formation

qualifiante qui est le dernier volet du PDI : cours de soutien pour les jeunes lauréats, affinement des cursus de formation.

Si l’on s’en tient à toutes ces données, on ne peut évidemment quesouscrire à une telle politique dans le domaine de la formation. Maiss’est-on déjà doté de conditions de bonne finalisation ? Prévu en mars2003, le Comité directeur de la formation technique - organe issu duConseil supérieur du tourisme - n’a pas encore vu le jour, leditConseil lui-même n’ayant pas encore été mis en place. Un retard qui

vient s’ajouter à tant d’autres dans de nombreux domaines…

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C) LIBERALISATION DU TRANSPORT AERIEN

Cette libéralisation est incontournable; on peut encore la retarder

mais on ne pourra guère l’éviter. Alors, autant s’y préparer dans lesmeilleures conditions possibles. Le Maroc a, dans ce sens, souscritdes engagements internationaux :

•  il est ainsi signataire des accords créant l’OMC (ex-GATT), àMarrakech, le 15 avril 1994 ;

•  il a également adhéré aux accords de la convention arabe del’aviation civile ;

• 

il a conclu des accords d’Open Sky avec les Etats-Unis ainsique d’autres conventions avec l’Italie et la Hollande ;

•  il négocie avec l’Union Européenne son intégration dans sonespace aérien.

A s’en tenir à ces données, il n’y a pas de doute : le Royaume a

opté pour la libéralisation de son transport aérien. Il compte donc, àterme, lever les restrictions pesant encore sur l’offre ainsi que sur lestarifs. Pareille politique ne saurait se limiter à des effets d’annoncesans réelle portée pratique ; bien au contraire, elle doit faire montre devolontarisme.

Les axes de cette nouvelle politique méritent que l’on s’y arrête.Tout un processus complexe de négociations globales doit être mené,

 poursuivi et finalisé avec l’Union Européenne pour que le Maroc

intègre pleinement l’espace aérien européen. Ce processus est sansdoute long et laborieux, mais en attendant, a-t-on engagé des actionsdevant se traduire par l’harmonisation des accords bilatéraux existantentre le Maroc et les différents membres de l’Union Européenne ?Pour l’heure, peu d’indications sont disponibles à ce sujet.

A l’interne, la législation et la réglementation nationales nesauraient évidemment, compte tenu des exigences qu’impose la

libéralisation du transport aérien, rester en l’état. C’est dire que les pouvoirs publics doivent s’atteler sans tarder à élaborer une loi-cadre

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relative au transport aérien. L’exemple de ce type de législation a déjà

été donné par le texte sur les télécommunications. Seules de nouvellesdispositions législatives peuvent jeter les fondements de cette

 politique et lui permettre d’être mise en œuvre dans des conditionsoptimales de transparence et de visibilité. Les opérateurs et lesinvestisseurs - actuels et potentiels - ne pourront, en effet, se lancerdans des programmes et des projets si les règles de jeu ne sont pasclairement identifiées et ce, dans un cadre juridique sécurisant etattractif.

D’ores et déjà, la réflexion nationale doit être engagée dans cedomaine - elle doit être ouverte, participative et prospective puisqu’il

s’agira de légiférer pour le futur. Dans cet esprit, la mise sur piedd’une Autorité de Régulation pour le transport aérien doit êtredécidée. Elle sera la garantie institutionnelle de l’organisation de cesecteur, des conditions d’entrée des nouvelles compagniesintéressées, ainsi que du respect par tous des règles de concurrence.

Au fond, c’est une nouvelle doctrine du transport aérien qui doit prévaloir. Elle doit prendre en compte un certain nombre de données :la redéfinition de la place et du rôle de la compagnie nationale, la

compétitivité du transport charter et touristique vers le Maroc, lamaîtrise des coûts dans les aéroports nationaux, l’attribution de

créneaux horaires sur des critères conséquents, le réaménagement des plate-formes aéroportuaires actuelles - surtout Casablanca, Marrakechet Tanger -, l’implication dans des conditions motivantes desopérateurs privés dans la gestion et l’amélioration des serviceaéroportuaires, sans oublier le paramètre optimisé du rapportqualité/prix.

Il s’agit d’assurer la rentabilité du transport aérien et partant demieux maîtriser le coût du produit. C’est pousser de nouvellescompagnies charter à cibler le Maroc et à y commercialiser des volset des séjours touristiques. C’est prendre sa part dans le marchétouristique international dont toutes les projections d’ici 2010/2010font la première industrie mondiale avant le pétrole, l’armement ou lacommunication. Demander la suppression de cette restriction, ce n’est

 pas céder à on ne sait trop quel dogme libéral, mais c’est plutôt la prise en considération de données objectives :

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•  Sur les 160.000 nouveaux lits prévus d’ici 2010, il est retenuque 80% d’entre eux seront localisés dans le balnéaire; dèslors, comment assurer au meilleur coût la desserte aérienne desdestinations concernées, si ce n’est par un nouveau maillage denotre système de transport aérien dans lequel les vols charters

seraient organisés dans les meilleures conditions ;

•  Que la RAM se soit engagée lors des Assises du tourisme, àAgadir, le 14 février 2003, à augmenter ses dessertesrégionales et à augmenter sa capacité de 30% au niveaunational et 10% au dehors, est une bonne chose. Mais cela nerègle pas pour autant la question de la libéralisation du

transport aérien.

Dans la meilleure des évaluations - et sur la base d’un grand programme d’investissement qui n’est pas arrêté d’ailleurs -, la RAMne peut assurer que 40% à peine du flux des 10 millions de touristes

 prévus à l’horizon 2010.

Que compte-t-on faire alors pour les 60% restants, sinon les

ouvrir à la libéralisation aux meilleures conditions de prix et dequalité ? Il ne s’agit pas de laisser s’installer une sorte d’anarchiecommerciale. Bien au contraire, l’objectif doit être de mettre en place

une autorité de régulation qui permette précisément d’exercer plusieurs types de missions basées sur le respect des conditionsgénérales d’exploitation du marché du transport aérien : juridique parla structuration du marché à travers l’attribution d’autorisations ;technique, par l’agrément du matériel ; commercial et financier, par

l’approbation des tarifs et des liaisons ; de police administrative, afind’assurer la répression des actes de concurrence déloyale.

Pour l’heure, où en est-on ? Toutes les déclarations officiellesrenvoient à 2004 pour voir le processus de libéralisation s’engager demanière opératoire. Cela renvoie à un an, un an de perdu donc aprèsles deux autres années écoulées depuis le discours de S.M.Mohammed VI à Marrakech sur la « Vision 2010 » concernant les 10

millions de touristes prévus. La réforme n’est jamais, à terme, tout àfait consensuelle. Elle implique des arbitrages, des décisions et une

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« feuille de route », avec des étapes et des chiffres. Puisse ce « plan

de vol » se concrétiser au plus tôt par-delà les rentes de situation desuns -personnes ou entreprises - et le conformisme frileux et routinierde tous ceux qui ont peur du changement et du « grand air » !...

Le Message Royal aux IIIèmes Assises d’Agadir, le 14 février2003, cadre bien les axes de la nouvelle stratégie à mettre en œuvredans ce domaine. Le Souverain y souligne le rôle important dutransport touristique - notamment aérien - dans le renforcement dutransport de la compétitivité internationale de notre industrietouristique. Pour cela, les exigences requises ont été soulignées :

•  La nécessité d’élargir le réseau actuel, de sorte à desservir

directement toutes les destinations touristiques,

•  L’impérative mise à niveau du transport aérien en vue de lelibéraliser et de le rendre compétitif,

•  La prise en compte du développement et de la rentabilité de laRAM et ce, dans le cadre d’une approche économiqueintégrée, qui transcende la conception purement commerciale,afin de faire du transport aérien un vecteur puissant du

développement touristique.

On le voit clairement : une orientation claire a été donnée; elleimplique le Premier ministre et son gouvernement qui doivent s’yatteler pour la traduire en termes opératoires. Elle commande que leministre du Tourisme et celui des Transports conjuguent leurs efforts

 pour lui donner forme et contenu dans les meilleurs délais. Des

« résistances » ne vont pas manquer de se faire jour, c’est évident ; ily a des intérêts de divers ordres qui vont se sentir menacés par cettenouvelle stratégie ; mais peu importe. Celle-ci doit pouvoir êtreconduite, à marche forcée, parce que c’est le seul chemin pouvantassurer la promotion durable du tourisme marocain. Or, qu’observe-t-on aujourd’hui ? Un retour en arrière par rapport au programme desAssises d’Agadir, ce qui ne peut que préoccuper les opérateurs. Celan’est pas dit de manière ni très claire, ni très explicite. Mais, enfin, il

faut bien relever que l’on prend quelque peu ses distances avec les

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 bonnes résolutions mises en exergue, voici quelques mois à Agadir.

Pour tout dire, les réflexes traditionnels de l’inertie, du « wait andsee », paraissaient l’emporter sur la détermination réformatriceaffichée alors, dans la capitale du Souss. Ainsi le cabinet McKinsey -

 bien présent lors des assises d’Agadir -, s’est vu confier une étude surla libéralisation du transport aérien au Maroc et ses effets sur letourisme. Par principe, on n’a rien contre l’expertise quand elle estnécessaire à la décision et qu’elle permet de mieux éclairer le sens etla portée des décisions des pouvoirs publics. Mais encore faut-il quecette « expertise » soit utile et qu’elle ne s’apparente pas à une

 bataille d’arrière-garde destinée pratiquement à reporter les décisionsà prendre et qui n’ont que trop tardé. Relevons, pour commencer, quecette étude a déjà été faite par la Banque mondiale et que le rapport yafférent se trouve pratiquement dans les tiroirs des bureaux duministère des transports.

La libéralisation du marché aérien doit prendre en compte prioritairement cette exigence : quelle doit être la forme d’articulationdu transport aérien pouvant optimiser le flux touristique ? Ce n’estqu’à partir des réponses conséquentes qui seront données qu’il

conviendra d’évoquer les réformes à entreprendre dans la compagnienationale pour que celle-ci puisse jouer le cas échéant le rôle qui luisera assigné par les pouvoirs publics ? D’une autre manière, la RAMne doit pas être une « poche de résistance » mais un vecteur de ce

 projet inscrit à l’ordre du jour.

Conquérir de nouveaux marchés, générer une nouvelle demandesur les marchés traditionnels avec de nouveaux segments et denouvelles dessertes, faire face à la concurrence actuelle et potentielle :tels sont bien les défis posés à la compagnie nationale. On verra, lemoment venu, lorsque sera rendu public le rapport McKinsey qui acoûté plus d’un million de dollars, si une démarche résolumentnovatrice et audacieuse sera proposée et mise en œuvre ou si l’oncontinuera à gérer les errements du passé…

Enfin, peut-on entreprendre une telle évaluation sans prendre la peine d’y associer les opérateurs exerçant dans le secteur du tourisme

qui ont leur mot à dire sur les implications de la réforme de lalibéralisation désormais inscrite à l’ordre du jour ? Comment justifier

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la désignation de la RAM comme responsable coiffant ce dossier ?

Pour l’heure, les jeux semblent faits, sur la base d’un« unilatéralisme » que l’on croyait relever d’un autre temps. Et lecabinet McKinsey a promis son étude pour fin 2003 - une autre annéede perdue alors que, depuis janvier 2001, l’on parle de la nécessitéd’une nouvelle politique dans ce domaine. Comme si une sorte defatalité du statu quo pesait sur ce secteur, par-delà les gouvernementset les ministres, malgré leur bonne volonté ou leurs bons sentiments...

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D) MARKETING ET PROMOTION

Il ne sert pratiquement à rien de s’obstiner, une fois de plus, à

vouloir apporter telle ou telle « réformette » à l’ONMT. Depuis desdécennies, en effet, le problème de l’efficacité de cet organisme est

 posé sans que des solutions appropriées y aient été apportées. Unemission doit être assurée au niveau de la promotion du tourisme. Ils’agit d’évaluer quelle est l’articulation optimale que doit prendre

l’instrument chargé de la réaliser.

C’est en revenant à des questions aussi simples que l’on pourraréellement avancer dans ce domaine. Un chose est sûre en tout cas :l’ONMT, tel qu’il existe, a vécu. Il faut dresser son acte de décès etmettre sur pied autre chose, à savoir une structure opérationnelle

 privée, animée par une nouvelle culture d’entreprise et insérée dansun plan stratégique lisible et mobilisateur.

Son financement serait mixte, avec, d’un côté, des fonds publics pour la promotion institutionnelle du produit Maroc dans les marchésémetteurs, et, de l’autre, la mobilisation des ressources provenant de

la TPT (Taxe professionnelle touristique) qui, elle, est dûe par lesopérateurs privés.

Cette nouvelle agence ne doit pas avoir une politique propre liée àdes réflexes bureaucratiques du passé. Bien au contraire, elle doit êtreen phase avec les actions commerciales des CRT (Centres Régionauxtouristiques) qui, eux, sont les acteurs de premier plan de

développement de leurs destinations touristiques respectives.

Le personnel actuel de l’ONMT, tant au dedans qu’au dehors, nemanque certainement pas de compétences et de potentiel, de savoir-faire et de professionnalisme. Mais son rôle doit être réajusté pour enoptimiser les efforts et en stimuler les initiatives. Quant aux effectifsactuels qui ne seront pas à la hauteur de ces nouveaux enjeux, il seratoujours loisible de leur faire réintégrer leur administration d’origineou de les affecter au sein du département du Tourisme.

Cela dit, sur un plan plus global, une nouvelle stratégie de la

 promotion touristique ne peut être isolée d’une approche cohérente et

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opératoire de la communication. La première n’est-elle pas un

élément structurant de la seconde ?

Dans le « village-monde » qui est le nôtre, l’information circule

sous toutes les latitudes pratiquement en temps réel- on le mesure tousles jours. Une catastrophe-naturelle ou autre-, un acte de violence,une épidémie, une crise internationale ou locale : tel est le lot dumonde d’aujourd’hui. Voilà pourquoi, il nous faut, pour ce qui nousconcerne, savoir raison garder. Nous ne sommes plus à l’abri de tousces phénomènes et nous devons donc les traiter comme il se doitquand ils éclatent chez nous. Dans cet esprit, il importe de fairemontre d’une réactivité étudiée et de pas céder à des réponses

finalement contre-productives.Voici neuf ans, on s’en souvient, avait été perpétré un attentat à

l’hôtel Atlas Asni de Marrakech, faisant deux victimes - des touristesespagnols- et une dizaine de blessés. Ce fait n’a-t-il pas étésurdimensionné pour prendre l’allure d’une opération s’appartenant àune véritable déstabilisation du Royaume ? Ainsi, il s’en est suivi du

 jour au lendemain la fermeture des frontières avec l’Algérie. Solutionradicale, extrême, qui ne pouvait que faire accréditer l’idée que le

Maroc était menacé par son voisin de l’Est déjà engagé dans un processus non maîtrisé de terrorisme islamiste. Pour un touriste

européen potentiel, l’amalgame était vite fait : Maroc et Algérierelèvent de la même zone à risque ; le Royaume faisait ainsi sonentrée dans ce périmètre de violence. Des attentats, ailleurs, dans les

 pays occidentaux stabilisés-tels la France, la Grande-Bretagne,l’Espagne pour ne citer qu’eux- ne manquent pas. Les gouvernementsconcernés mènent depuis toujours des luttes conséquentes pour y faireface. Mais aucun d’entre eux n’a jugé utile de prendre des mesuresextrêmes à cet égard.

Un autre exemple de ce qu’il ne faut pas faire est fourni par letraitement inadéquat de l’information nationale même par l’agenceofficielle MAP. Le 10 juillet 2003, elle met sur son fil une dépêchefaisant état de l’agression de campeurs à Agadir par un homme arméd’un couteau. Un fait divers, comme il y en a partout qui ne porte pas

à conséquence. Or, à la différence des agences de presseinternationale (AFP, Associated Press) qui se bornent à ce seul fait,

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voici que la MAP croit utile de préciser que « l’homme est présenté

comme islamiste par les autorités ».

Comment ne pas réagir face à cette présentation particulière des

faits ? Comment ne pas relever que quelques mots peuvent faire plusde dégâts que des tombereaux de critiques, et que l’imputation

 prématurée d’« islamiste » donnée à cet individu est du plus mauvaiseffet en termes de communication ? On n’a pas mesuré qu’il fautdésormais se placer dans une perception d’images qui, après lesattentats terroristes du 16 mai à Casablanca, fait du Maroc une zoneoù cette forme de violence paraît désormais s’installer.

Allons plus loin et demandons-nous si le gouvernement a depuis

ces tragiques évènements, vraiment arrêté et mis en œuvre unedémarche appropriée en matière de communication ? Un dispositiflégislatif et judiciaire a sans doute été revu et corrigé dans ce sens - laloi antiterroriste qui vient d’être mise en vigueur participe de cettenouvelle approche. Mais qu’en est-il du champ de la communicationqui, lui aussi, doit être réarticulé et reprofilé dans ce sens en prenanten compte les spécificités liées au secteur touristique et sa grandesensibilité ? Faire venir des Tour- opérateurs pour constater que le

Maroc reste une destination calme et paisible ne suffit pas : c’est unevéritable stratégie à long terme qui doit être menée dans ce domaine.

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E) ENVIRONNEMENT TOURISTIQUE

Malgré le 11 septembre 2001, le tourisme mondial ne s’est pas

effondré. Malgré les actes terroristes de Djerba, Bali, Mombasa etCasablanca, cette industrie tient bon malgré la décélération déjàamorcée de l’économie mondiale, le flux international d’arrivées detouristes s’est réduit de moins de moins de 1%.

En 2002, un renversement de tendance s’est opéré alors que lamorosité de la conjoncture économique mondiale prévalait encore.Avec 715 millions d’arrivées internationales et une progression de3,1%, la croissance faisait son retour; la preuve est ainsi faite denouveau que la capacité de résistance de l’industrie du tourisme estréelle.

Ce facteur fondamental doit être inséré dans une autre équation :le tourisme est aujourd’hui l’une des principales branches d’activitédans le monde : celui où la croissance reste la plus rapide, celui qui

 porte en lui les plus fortes potentialités pour l’avenir. N’a-t-il pas déjàsurclassé des secteurs fondamentaux comme les hydrocarbures ou les

industries d’armement ?Par-delà ces données, il convient de relever que, comme les autres

secteurs, le tourisme consomme des ressources et produit des déchets; par suite, il engendre des coûts et des bénéfices culturels et sociaux.C’est à cette dimension -là qu’il faut aussi s’atteler. Cela veut dire queles modes de consommation et de production dans le secteur du

tourisme doivent être écologiquement viables; et qu’il est nécessairede renforcer l’élaboration de la politique nationale.

Une telle démarche doit embrasser plusieurs domaines :aménagement du territoire, études d’impact, utilisation d’instrumentséconomiques et réglementaires ainsi que dans les créneaux del’information, de l’éducation et de la commercialisation. Ce qui est encause, en effet, c’est une politique globale de lutte contre ladégradation de la diversité biologique et écosystèmes fragiles(montagnes, zones côtières,...).

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Une telle politique de développement écologiquement viable du

tourisme n’intéresse pas que les seuls pouvoirs publics; elle doitégalement associer le secteur privé, les collectivités locales et lesecteur associatif de la société civile. Il s’agit d’éviter qu’unecroissance non contrôlée du tourisme visant à obtenir ses avantages àcourt terme n’ait souvent que des effets négatifs sur l’environnementet la société et qu’elle ne finisse même, à terme, à détruire les atoutsde base qui constituent le produit touristique et lui donnent sonattractivité.

C’est dire que le secteur touristique doit être planifié et géré demanière viable; il doit s’insérer dans une vision à long terme

optimisant les bénéfices qui en sont attendus : offrir des avantageséconomiques et des opportunités de revenus aux collectivités et aux

 populations d’accueil, contribuer à la réduction de la pauvreté,conserver les ressources naturelles existantes et préserver le

 patrimoine culturel.

Comment remédier aux effets du tourisme sur l’environnement ?Les mesures à prendre, à cet égard, sont de divers ordres. Au

 préalable, il convient d’opérer la mise au point d’une approche

 pluridisciplinaire pour évaluer de manière conséquente les projets dedéveloppement du tourisme en tenant compte de ses effets cumulatifs

 potentiels. Dans ce sens, l’établissement d’une grille de normesécologiques pour l’approbation des projets est incontournable.

De plus, la mise à niveau des taxes et subventions existantes doitêtre réexaminée et réajustée afin de s’assurer qu’elles favorisentvéritablement le développement durable. Cette opération doit

également s’accompagner de la mise au point d’instrumentséconomiques significatifs pour mieux apprécier les coûts écologiques.Il y a lieu aussi d’instituer un système d’imposition de droits d’usagerappropriés ayant pour objet de financer le coût de l’eau douceutilisées et pour contribuer à la gestion des déchets solides et aunettoyage des plages. A ce propos, n’est-il pas temps de profiter desdonnées scientifiques existantes pour décréter la suppression des sacsen plastique qui sont le facteur Numéro Un de pollution de nos

 plages ? Le monde entier sait aujourd’hui que ce produit n’est pas biodégradable et que son usage est nuisible à l’environnement, donc

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au tourisme, aussi bien national qu’étranger. Enfin, l’on pourrait

élaborer une Charte de bonne conduite écologique devant êtrerespectée par les opérateurs et les touristes.

L’exigence d’un développement durable du tourisme ne peutévacuer en particulier la problématique de l’eau au Maroc. Selon lesétudes et les projections d’un département spécialisé, le taux desressources en eau naturelle par habitant - il exprime la richesse ou larareté de l’eau d’un pays - se situera autour de 754 m3/hab/an àl’horizon 2020. Cela veut dire qu’à cette date-là, plus de 13 millionsd’habitants (soit près de 35% de l’ensemble de la population)disposeront pratiquement de moins de 500 m3/hab/an. Ce chiffre est

considéré, du point de vue des normes internationales, comme le seuilde manque d’eau chronique. Comment, dans ces conditions, ne pasredouter les effets de cette situation sur le tourisme national censéatteindre, dès la fin de la présente décennie, un flux de 10 millions devisiteurs ?

Il faut donc le relever : la pénurie chronique d’eau est une donnéestructurelle qui appelle une nouvelle politique de gestion desressources en eau pour l’avenir. Les besoins en eau d’ici 2020

s’inscrivent en forte hausse par suite de la croissance naturelle de la population mais aussi des grands projets d’infrastructures (édification

du port de Tanger-Méditerranée, réalisation des projets touristiquesliés au Plan Azur,...).

Le tourisme est connu pour être un grand consommateur d’eau.Les touristes, venant de pays développés, ne sont pas sensibilisés àdes comportements « économes » de cette ressource et ils ne

comptent pas pâtir des effets de la gestion d’une éventuelle politiquede sa pénurie. Il importe donc que l’on prenne l’exacte mesure de cetétat de fait pour que le développement durable du tourisme ne soit pasobéré, à terme, par une consommation dispendieuse de l’eau qui neferait que compromettre, à long terme, la qualité même du produitmarocain.

Le tourisme marocain a encore la possibilité d’emprunter un« modèle » répondant à toutes ces préoccupations : il peut éviter le

« tout béton » d’un certain tourisme espagnol. Il peut également se

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distinguer d’autres expériences conventionnelles qui sont

 pratiquement tombées en désuétude au cours de décennies écoulées. Ildoit donc veiller à promouvoir un tourisme intégré, orienté vers laviabilité à long terme.

De nouveaux critères et de nouvelles lignes d’action doivent ainsiêtre identifiés. L’objectif doit être de favoriser une interaction

 positive entre tourisme et facteurs économiques, socioculturels etenvironnementaux. 

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F) REFORME INSTITUTIONNELLE

Le développement durable du tourisme ne saurait se limiter à des

mesures d’ordre général. Bien au contraire, il commande une politique, une stratégie et une forte dose de volontarisme. En tout étatde cause, il exige la mise en place d’un cadre réglementaire approprié.Des textes ont sans doute été adoptés, mais qu’en est-il de leurapplication effective ? Tout en s’adaptant aux conditions locales, le

tourisme doit donc s’inscrire dans une stratégie de développementdurable. Ce qui exige une véritable réforme institutionnelle.

Comme tout secteur d’activité économique, le tourisme -et sondéveloppement attendu d’ici la fin de cette décennie - a aussi besoind’une sécurité juridique. C’est la question de l’environnementlégislatif et réglementaire dans lequel il est de plus en plus invité às’investir qui est posée. De quoi s’agit-il ? D’une législation, telle quecelle relative à la vente d’alcool par exemple qui date de près dequarante ans et dont l’application donne lieu, tout au long de l’année,à des variations et à une plasticité qui se ne sont plus de mise dans un

Maroc moderne. L’alcool et le vin sont, du point de vue des textes envigueur, interdits à la vente à des Marocains musulmans. Mais, defait, une telle mesure est pratiquement vidée de son effectivité devantle spectacle offert aujourd’hui dans les bars, les grandes surfaces etmême les épiceries de quartier, sans parler des bourgades les plusreculées.

La prostitution est également interdite et sanctionnée de manière ponctuelle, de temps à autre. Elle reste un fléau social de grande

ampleur lié à des conditions socioéconomiques de pauvreté etd’exclusion. Les touristes se heurtent, lors de leur séjour, à des

 pratiques et à des mesures qu’ils jugent arbitraires et qu’ilsn’acceptent pas. Le système des fiches de police dans les hôtels quiimpose la justification du lien matrimonial pour les couples n’estqu’une survivance d’une époque qui ne tient pas compte del’évolution des mœurs, ni des exigences d’une politique touristiqueconséquente.

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Le Maroc veut-il se distinguer dans tous ces domaines par son

rigorisme législatif et réglementaire, alors que de telles règles sonttellement en retard sur l’évolution de la société et sur les exigencesd’une politique touristique ouverte, libérale, attractive à l’instar de

 pays méditerranéens ?Le Maroc peut, en tout cas, méditer l’exemplede la Malaisie et des Emirats Arabes Unis qui ont pu trouver, dans cedomaine, des points de conciliation intéressants entre la modernité etles exigences de la religion.

Il nous faut donc trancher ce nœud gordien et dire quel projet desociété nous voulons pour le tourisme de 2010 et de 2020. Untourisme musulman, conforme à nos traditions et à nos valeurs :

 pourquoi pas ? Ou bien un tourisme éligible aux standards dutourisme international répondant aux besoins, aux attentes et auxdésirs des marchés émetteurs, essentiellement européens ? Si tel estvraiment le cas, il faudra en assumer les implications et ne pasdifférer continûment cette épreuve de vérité d’un profond ajustementstructurel de notre société pour son insertion optimale dans les fluxtouristiques internationaux. Ce débat de fond ne saurait être escamoté.La « Vision 2010 » implique que la société se remette en cause et

fasse clairement son choix. Le veut-elle ? Et le peut-elle ? Tel est ledéfi qu’il lui faut relever...

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Troisième Partie :

Pistes pour l’avenir

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Il n’y a pas de recette miracle pour le développementéconomique, dans le tourisme ou ailleurs. Il faut souvent tâtonner,

corriger, ajuster… et persévérer.Parler ici de « pistes d’avenir » témoigne bien de notre souci de

dégager, avec pragmatisme, des axes de réflexion, des pistes qui n’ontaucune ambition d’être définitives ni péremptoires car elles visentseulement à ouvrir le débat, un débat qui n’a été que trop souventfaussé ou dénaturé. Bien entendu, l’espace de cet ouvrage et le tempsconsacré pour l’élaborer n’auraient pas suffi pour examinerconvenablement les voies et les moyens nécessaires à la mise en place

de solutions détaillées, répondant, au mieux, au diagnostic du contrat- programme. N’est-ce pas là d’ailleurs, le travail que s’est réservé lecomité de suivi ?

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L’INVESTISSEMENT HUMAIN, CONDITION ETFACTEUR DE REALISATION DE LA « VISION 2010 »

L’investissement sur l’homme doit, lui aussi, partir d’un état deslieux. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Commençons par nousinterroger sur la manière dont nous sommes perçus du dedans et dudehors par les intellectuels marocains et les organismesinternationaux.

Hind Taârji, dans une récente chronique, publiée dans la VieEconomique, en date du 31 octobre 2003, s’interroge « pourquoi à

l’heure où d’autres nations, au même stade que nous dans les années60, s’en sortent avec éclat, notre pays continue pour sa part às’enfoncer dans le tunnel noir du sous-développement ?. La réponseécrit-elle se nomme indigence intellectuelle… Elle se nommesuprématie de la médiocrité… et d’ajouter… Toutes les réformes dumonde ne mèneront à rien si l’on ne se décide pas enfin à dispenserun enseignement qui forme des esprits libres. Que faire, se demande-elle Hind Taârji ? Il n’ y a pas de mystère. Il faut, à l’échelon le plus

élevé de l’Etat, en avoir conscience. Une conscience si forte, sidouloureuse qu’elle en ôte le sommeil et se fasse aiguillon à chaquestade de la décision. Une conscience qui devienne volonté politique.Il y a tellement de richesses en ce pays, tellement de richesses et de

 potentialités que c’est à en pleurer. Si du moins nous n’avions rien !un pays magnifique, des richesses naturelles et des gensformidables… »

Hind Taârji représente un courant d’intellectuels militants qui

sont impatients de voir le Royaume s’arracher du sous-développement économique et culturel. Cette impatience, bienentendu, les honore et, en cela, ils rejoignent les milliers d’opérateurséconomiques fatigués de supporter une administration pléthorique etcoûteuse, peu honnête sur le double plan matériel et moral etincapable de s’adapter aux nouvelles donnes introduites par S.M. leRoi Mohamed VI. Cette administration-là est la seule responsable del’état des lieux en matière de développement humain.

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Heureusement le Maroc, de l’extérieur est considéré comme un

 pays en progrès. Pourquoi ? Au cours des trois dernières décennies,les indicateurs sociaux du Maroc, affirme le PNUD dans son rapportannuel sur le développement humain en 2003, se sont constammentaméliorés passant de l’indice 0,429 en 1975 à celui de 0,606 en 2001sans enregistrer, à aucun moment, le moindre recul. Tout en mettanten évidence les progrès enregistrés dans le domaine social et

 politique, le PNUD observe cependant que les efforts du Maroc n’ont pas « suffi à combler les écarts importants par rapport aux pays quiont des niveaux de revenus similaires ni à amortir l’impact d’unecroissance faible et volatile sur les niveaux de consommation tout aulong des années 90. L’incidence de la pauvreté est passée de 13% en1990 à 19% en 1999 ; et le nombre de personnes économiquementvulnérables a augmenté de près de 3 millions. Les politiques dedéveloppement humain et d’inclusion représentant le plus grand enjeusi l’on veut réduire la pauvreté et protéger les plus vulnérables, touten renforçant le potentiel de croissance du pays sur le long terme. »

On ne peut que constater une fois de plus que les efforts decroissance économiques sont intimement liés à l’évolution du

développement humain•

  et vice-versa ; et à ce propos, le diagnosticdu PNUD sur le Maroc est instructif :

« Les faibles performances économiques et la volatilité accrue dela croissance sont des facteurs clés à l’origine de l’augmentation de la

 pauvreté au cours des années 90. Alors que la situation macro-économique est marquée par une importante stabilité, les multiples

sécheresses et les performances mitigées de l’économie non agricoleont conduit à un accroissement de la pauvreté, de l’exode rural et duchômage urbain. Dans ce contexte, le revenu réel par habitant astagné alors que la consommation privée a, dans une certaine mesure,été évincée par la consommation publique. Les réformes structurellesont continué de progresser, mais de manière inégale, s’avérant ainsi

•  L’indicateur du développement humain est un outil synthétique de mesure. Ilenglobe trois rubriques spécifiques : l’espérance de vie à la naissance, le taux

d’alphabétisation des adultes combiné au taux brut de scolarisation et le produit intérieur brut ou PIB.

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insuffisantes pour améliorer significativement la compétitivité. En

dépit de la mise en oeuvre de réformes destinées à améliorer le climatde l’investissement, les contraintes macro-économiques globales et la

 persistance des insuffisances micro-économiques, largement liées au poids et à l’inefficacité de l’administration, ont continué à contraindrele développement du secteur privé. »

On peut, théoriquement, émettre des réserves sur le degréd’objectivité des calculs effectués par le PNUD en matière dedétermination de l’indicateur du développement humain qui met leMaroc à la 126ème place, bien derrière ses concurrents méditerranéensdans le tourisme : l’Egypte, la Tunisie et la Turquie. Là où le bât

 blesse, en effet, c’est que le PNUD établit ses rapports sur la base desétudes de certaines organisations dépendant de l’ONU etd’organismes spécialisés. Les pays concernés ne sont pas consultéset/ou impliqués.

Pour le cas du Maroc, S.M. Mohamed VI vient tout récemment de prendre la bonne décision. Celle de confier à un staff d’experts et dechercheurs le soin de préparer, d’ici 2005, un rapport circonstanciésur le développement humain au Maroc durant le demi-siècle

1955/2005.

Mais, en attendant, les planificateurs de l’Accord-Cadre sedoivent de garder l’homme au centre de leurs projets et de leurs

 préoccupations, car il constitue le capital le plus précieux de touteentreprise. Et cela dépend bien entendu -et en première analyse - del’enseignement dans les écoles et les universités.

Tout a été dit, sur plusieurs gammes, sur la situation actuelle de

notre système d’enseignement. C’est un ministre chargé del’Enseignement secondaire et technique, Abdallah Saâf, qui a donnéles chiffres les plus significatifs de l’état des lieux, lors de sonaudition par la COSEF (Communication spéciale Education -Formation), le 8 avril 1999. « D’après les différentes études, a-t-ildéclaré, 85 enfants âgés de 7 ans parmi 100 accèdent à l’école, parmilesquels 45 accèdent au deuxième cycle de l’enseignementfondamental, alors que 22 seulement accèdent à l’enseignement

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secondaire et technique tandis que 10 seulement obtiennent leur

 baccalauréat ».

C’est un autre membre du gouvernement, Ismail Alaoui, devant

cette même commission, une semaine plus tard, qui livre cediagnostic accablant : « Notre enseignement est chancelant. Il n’est nireligieux, ni laïque, ni payant. Il est coûteux, aussi bien pour l’Etatque pour les parents. Son rendement est faible. Il est basé sur le

 bourrage de crâne et est loin d’être instructif et formateur. Il estincompatible et ne répond pas aux besoins de la société... »

On peut estimer, dès lors, que la stratégie qui sera mise en œuvredans les domaines de l’enseignement, de l’éducation et de la

formation conditionnera évidemment la réalisation des objectifs fixés par la « Vision 2010 ». Pourquoi ? Parce que seule l’élévation etl’adaptation de l’enseignement marocain aux exigences évolutives dudéveloppement peut rehausser la compétence et la valorisation desressources humaines.

Qu’avons nous fait du système d’enseignement depuis desdécennies ? Et quels résultats a-t-on enregistrés ? Tout le monde en

convient : c’est un grand échec national à porter au passif de la politique de développement : nous avons arabisé le primaire et lesecondaire sans nous préoccuper du sort de ces centaines de milliersd’élèves à leur arrivée au supérieur qui, lui, restait bilingue ; on nes’est pas soucié à cet égard de préparer des filières arabisées dans lesdisciplines scientifiques ; on a ainsi aggravé la déperdition du systèmede formation qui est devenu pratiquement une usine à former deschômeurs plutôt que des diplômés capables de s’imposer dans le

marché de l’emploi. Une grande réforme a été engagée aujourd’huidans le cadre du programme de la Charte nationale. De son succèsdépend, en grande partie, l’essor économique durable du Maroc.

Et cet immense chantier ne pourra véritablement porter ses fruitsque si la lutte contre l’analphabétisme devient, sans tarder, une réelleet ardente obligation nationale et non pas une corvée dont ons’acquitte avec nonchalance.

Avec 50% d’analphabétisme aujourd’hui, comment compte-t-onen effet asseoir et conforter les bases d’un développement durable ? A

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l’horizon 2010, le Maroc s’est fixé comme objectif de réduire le taux

global d’analphabétisme à moins de 20%. Pour 2015, il est même prévu l’éradication quasi-totale de ce fléau social. Les actions misesen œuvre ces dernières années répondent-elles à cette finalité ?

Un pays qui veut avoir une forte visibilité touristique ne peut fairel’impasse sur la nécessité de cet investissement humain. Cette vasteentreprise collective est la clé du développement. Elle doit se fondersur les structures existantes -écoles publiques, écoles privées-, maisaussi sur l’éducation non formelle. Le courage, associé ici àl’imagination, est nécessaire pour inventer sans cesse de nouveauxmoyens pour lutter contre l’analphabétisme.

Il n’est pas absurde de penser qu’il est possible de convaincredans les villes et les communes du Royaume tous ceux qui savent lireet écrire, à consacrer quelques heures par semaine pour aider lesanalphabètes. Ce serait une véritable révolution culturelle. Mais, aufait, y a t-il d’autres moyens pour résoudre ce genre de problèmes ?Bien sûr, le civisme est le bien le moins bien partagé dans les sociétésmodernes. Mais les Marocains peuvent considérer que, dans cetteaffaire, ils n’ont point le choix.

Ce concept ne doit pas rester à un stade limité; il doit devenir unevéritable politique de mobilisation. Une articulation conséquenteentre le formel et le non formel dans la scolarité est une nécessité

 pour la généralisation de l’éducation. Elle permet de coupler etd’optimiser l’efficacité, l’économie et la démocratisation del’éducation. Elle seule permet d’insérer ce processus dans une

 perspective globale, permanente et pour tous.

Au-delà de la « Vision 2010 », c’est une véritable Marche de laLumière qui doit être menée pour sortir quelque 10 millionsd’analphabètes des ténèbres de l’ignorance. C’est donc un autreMaroc qu’il faut édifier pour éradiquer un fléau commel’analphabétisme qui frappe 32% de la population urbaine et plusencore dans le monde rural. Aujourd’hui, après tant de flottements etd’indolence, les pouvoirs publics ont enfin retenu la lutte contrel’analphabétisme comme étant une priorité nationale.

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En termes chiffrés, il est prévu de réduire à 35% le taux

d’analphabétisme en 2004, puis à moins de 25% en 2010. Pourl’année 2002, plus de 400.000 personnes ont ainsi pu bénéficier des

 programmes d’alphabétisation. Va-t-on continuer, des années durant,dans cette voie ? Une autre initiative a été lancée par le ministère desHabous et des Affaires Islamiques. Baptisée « Opération 100Mosquées », elle a été lancée en septembre 2000 : elle s’articuleautour de cours d’alphabétisation dans ces lieux de prière; elle a

 permis la formation de plus de 10.000 personnes. D’un autre côté, unensemble de mesures doivent être élaborées et appliquées pourassurer et promouvoir l’ouverture de l’école à son environnement.L’élève doit ainsi être sensibilisé sur la place et le rôle du tourismedans le développement économique et social.

L’aspect pratique qui doit être organisé dans les établissementsscolaires doit veiller à mieux cerner la dimension de l’industrietouristique auprès des élèves, et ce, par des activités d’éveil : visitesd’information et d’observation, diversification des matériels etsupports didactiques, recours à des procédés ou des équipementsinformatiques... Dans cette optique, la télévision a un rôle éminent à

 jouer pour accompagner cette meilleure insertion de l’école et desélèves dans la nouvelle culture touristique. Celle-ci doit aussi êtrefavorisée et stimulée par une refonte de manuels scolaires inspirée pardes valeurs d’ouverture, de tolérance et de dialogue entre d’une partles nationaux eux-mêmes et d’autre part les visiteurs étrangers. Lesopérations ponctuelles, entreprises de temps à autre par l’ONMT dans

ce domaine, ont-elles un réel impact ? Elles seront, en tout cas,optimisées si elles sont soutenues, à la base - à l’école, au collège et

au lycée - par une sensibilisation à l’apport du tourisme.

Cela étant précisé, il ne faut pas perdre de vue que le Maroc aura,en 2015, une population de près de 40 millions d’habitants et que la

 population urbaine passera à 64%. C’est dire combien sont dérisoiresles moyens utilisés devant un retard aussi pénalisant.

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FINANCEMENT DE L’INVESTISSEMENT

Le fait que les problèmes rencontrés par les Pouvoirs Publics pour

mettre en place une politique durable d’incitation à l’investissementne soient pas encore totalement résolus, favorise la persistance etl’acuité de la problématique de l’investissement touristique comme

 piste d’avenir. En tant que telle, elle mérite une attention et des effortssoutenus. De quoi s’agit-il ?

Le contrat cadre fournit suffisamment d’indications et de propositions pour que l’investissement hôtelier et touristique soitrentable et profitable à l’ensemble de la communauté. Mais, il noussemble utile de ne pas considérer ce dossier clos tant que les PouvoirsPublics n’ont pas mis en place une véritable loi sur l’investissementtouristique, capable d’accompagner l’exécution du contrat

 programmé.

Comment évacuer, en effet, cette donnée de base : Seule unenouvelle politique de financement de l’investissement touristique estde nature à stimuler ce secteur de manière durable. Il ne s’agit pas de

faire des « cadeaux aux opérateurs » mais de mettre sur pied unsystème cohérent susceptible d’encourager sérieusement etdurablement l’investissement. Nous devons prendre la peine de voiret d’examiner ce qu’ont fait à cet égard les grands pays touristiquesde la région et ce qu’ils continuent encore à mettre en œuvre danscette perspective. Retenons en la circonstance cette leçon : la créationd’un environnement juridique, réglementaire et financier attractif afavorisé chez eux l’expansion de l’industrie touristique. Et tant que

cet acquis n’aura pas été réalisé et conforté au Maroc, il n’est pasréaliste d’escompter atteindre les objectifs liés à la « Vision 2010 » ?

Le nouveau régime de l’investissement, que les opérateurs dusecteur appellent de leurs vœux, ne doit pas se limiter à des « coupsde pouce » variables suivant les lois de finances annuelles et la bonnevolonté des gouvernements en fonction. Bien au contraire, il doits’inscrire dans une approche globale déclinée jusqu’à la fin de la

 présente décennie et qui embrasse la totalité du champ de l’activitétouristique. Les investissements qui seront éligibles dans ce nouveau

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cadre devront être orientés pour répondre pleinement à des objectifs

stratégiques largement relevés dans l’accord- cadre et le programmed’action qui l’articule.

Au Maroc, les taux des intérêts bancaires ont souvent relevé deseuils usuraires de 15 à 17% alors que les exemples pris dans les paysconcurrents ne dépassent point les 6 ou 7%. Des destinations commela Tunisie, la Turquie, la Malaisie et tant d’autres n’ont pu en effetasseoir leur essor touristique que sur des bases de financement decette nature. Dans le même temps, le régime fiscal fortement incitatifet la maîtrise du foncier – les terrains y sont accordés à titre gracieuxsinon à des prix raisonnables- ont conforté la stimulation et

l’encouragement de l’investissement. Et le capital n’était pratiquement jamais imposé à travers une fiscalité bien lourde etcomplexe comme au Maroc.

La nouvelle politique à mettre en œuvre doit résolument tournerle dos à une approche comptable et financière mais participer plutôtd’une véritable vision économique à moyen et long terme. Elle doitégalement conduire à lever les restrictions pesant sur le marché ducrédit au Maroc lesquelles empêchent, entre autres, les opérateurs

 privés de pouvoir emprunter sur les marchés financiers internationauxà des taux attractifs de 3 et 4% et ne leur laissent pas d’autre choix

que celui de subir la charge des taux élevés pratiqués par legroupement bancaire de la quinzaine d’établissements de la place.

Mais en attendant, l’effort considérable de provisionnementeffectué par le CIH ne suffira pas à lui seul à remettre cette banque enselle. Il y a lieu surtout, de créer autour de cet établissement un climat

de sérénité et de confiance à même de mettre un terme aux rumeurs etaux incertitudes, et ce, quelle que soit l’issue finale du débat sur ledevenir de cet organisme historique. Poser la question de l’avenir duCIH, c’est évoquer la nature et la portée du financement des activitéstouristiques tels que voulus jusqu’à présent par l’Etat. En accordant sagarantie à la quasi-totalité des investissements dans ce secteur, celui-ci a bien voulu mettre en évidence que la priorité pour lui est avanttout l’essor du tourisme, à travers un effort conjoint des Pouvoirs

Publics et du secteur privé. L’Etat avait convenu, en effet, de prendredes risques - calculés - que compensent largement d’ailleurs le

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volume considérable des investissements réalisés par le secteur public

et privé dans le royaume depuis l’indépendance. Tout changement de politique en la matière doit être suffisamment étudié et mûri dans lecadre d’un débat responsable et transparent car le Maroc ne gagnerien à initier des politiques ou le double langage prime souvent sur lasincérité.

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L’ORGANISATION COMME FACTEUR DEREUSSITE

Le Comité de Pilotage Stratégique a été transformé, dans leContrat-Programme du 29 octobre 2001 en Comité Stratégique dutourisme (C.S.T.). Il était prévu que cet organe devait réunir les

 principaux ministères concernés (Intérieur, Economie et Finances,Tourisme,...); il devait permettre d’assurer la mise en œuvre unifiéede la nouvelle politique touristique. Aux termes de l’article 60 del’Accord d’application de l’Accord-Cadre 2001/2010 précité, ceComité a pour mission de suivre, coordonner, valider et mettre en

œuvre toutes les mesures décidées par l’Accord d’application, enveillant au respect des délais convenus, avec l’objectif que toutes lesmesures décidées, évoquées ou envisagées soient mises en œuvreavant le 31 mars 2003.

La mise à plat de l’action de ce Comité Stratégique du Tourismes’impose à l’évidence puisqu’à l’automne 2003, les résultatsenregistrés frappent par leur modestie. Cela soulève des questions

tenant à l’importance de l’organisation. Le concept de la croissance àdeux chiffres du tourisme est si important pour le Maroc, si colossalque les moyens à réunir et à mettre en œuvre doivent êtreconséquents. Mais il arrive que le savoir-faire, lié à des moyensmodestes peut pallier bien des carences.

Les vertus de la bonne organisation sont bien évidentesaujourd’hui. Les entreprises organisent des séminaires appropriés

 pour leur personnel ; et tout cadre ambitieux se recycle constamment

 pour maintenir et améliorer ses performances grâce à l’organisationefficace de son travail.

Le comité de suivi, déjà fortement dépassé par l’énormité destâches de coordination et d’incitation, est incapable de faire bougertoutes les inerties qui bloquent sa mission. La planification centraliséenécessite un organigramme audacieux et novateur. Nous lisons dansle contrat-programme que « le tourisme est une industrie spécifique,

multiforme qui implique une large variété d’autorités et decompétence, au niveau gouvernemental, au niveau des collectivités

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locales et au niveau professionnel. Industrie planétaire, hyper-

concurrentielle, industrie lourde à forte intensité capitalistique,industrie stratégique pour les économies utile, aux multiples effetsd’entraînement sur les autres secteurs, le tourisme ne peut sedévelopper sans une coordination rigoureuse. »

Parlons justement de cette coordination rigoureuse. Le contrat programme évoque bien la création du Conseil national du tourismeet d’une haute autorité chargée de planifier et de coordonner la

 politique de développement touristique dans toute sa globalité - maisrien n’a été concrétisé à ce jour. Or comment peut on être sûr de

 pouvoir tenir les engagements contenus les accords gouvernement /

secteur privé du tourisme, en l’absence des structures hautes de la pyramide, censées planifier, coordonner et arbitrer ?

 N’est-il pas temps de mobiliser tout le département du Plan entant que structure administrative de support et de le mettre à ladisposition de cette haute autorité du tourisme qu’il faut bien entenducréer préalablement. Tous les fonctionnaires de cette administrationdu Plan ne seront pas de trop pour étudier les programmes, préparerles orientations et les détails d’exécution.

L’organigramme de cette autorité devra contenir la liste desintervenants locaux, régionaux et nationaux : les Ministres, les Walis,les Gouverneurs ainsi que les bureaux des CRT et les représentants duConseil national, émanation directe des CRT - qu’il va falloirconstituer au plus tôt - les délégués des services de la sécuriténationale, de la société civile, de la communication…Les cadresappelés à intervenir doivent être formés et constamment recyclés.

Quant au contrat-programme il est souhaitable qu’il soit impriméen milliers d’exemplaires et distribué à tous les opérateurs du secteurdu tourisme et de tous les secteurs qui lui sont liés. Des conférences,des réunions de vulgarisation devront être tenues en permanence,

 pour sensibiliser et impliquer toutes les couches de la société. Il s’agit bien de la mise en place d’une véritable machine de guerre contre lesous-développement. Rien ne doit être négligé ni improvisé.

La présidence de la haute Autorité ne doit pas être assurée par leministre du Tourisme, quelle que soit sa compétence et son

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dévouement, mais par le Premier ministre en personne. Pourquoi ?

Parce que cela aurait l’immense avantage de pouvoir décider etarbitrer au lieu de cantonner cette mission à un seul ministredélibérant, au mieux, avec les secrétaires généraux des départementsministériels concernés. De ce point de vue, la haute Autorité ne sera

 pas un organisme consultatif, sans pouvoir de décision, mais unevéritable institution gouvernementale, impliquée et responsabilisée

 par la « feuille de route » de l’Accord-Cadre.

Si le Premier ministre ne peut exercer continûment cette tâche, ilaura à se faire représenter par l’un des ministres délégués auprès de laPrimature avec une véritable délégation de pouvoirs quant aux

décisions à prendre. On peut même envisager que soit désigné un« Monsieur haute Autorité » justifiant de qualités managériales etd’un fort potentiel pour eu qu’il reçoive un mandat clair dans ce sens.Dans antennes régionales pourraient également être créées dans leRoyaume : elles seront présentes, auprès des walis, pour faire avancerles dossiers et les réformes. Enfin, la périodicité des réunions de ceComité doit être régulière. L’Accord Programme avait prévu lanécessité d’une réunion mensuelle ; or, tel n’a pas été le cas, loin de

là, le CST ne se réunit que tous les trois ou quatre mois au mieux...Seule cette réforme est susceptible d’être un véritable aiguillon de

la politique prévue dans ce secteur. Un rapport mensuel devra êtreétabli et soumis au Gouvernement. Il doit même être rendu public

 pour que l’opinion publique nationale soit informée de l’étatd’avancement du programme. Cette mission ne pourra être accompliedans des conditions satisfaisantes et mobilisatrices pour toutes les

 parties intéressées que si l’on donne une forte visibilité à ce qui estfait et à ce qui reste à faire.

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LIBERALISATION DU TRANSPORT AERIEN, CLEDU SUCCES

C’est probablement à propos de ce dossier que l’on peut établir lavolonté réformatrice des pouvoirs publics : oui ou non, vont-ilstrancher dans ce domaine ? On pourra invoquer mille et une raisons

 pour tergiverser, reporter les arbitrages à rendre, mais rien n’y fera sil’on ne décide pas clairement qu’un système de transport aérien a faitson temps depuis des années et qu’un autre régime plus libéral doits’y substituer. Si l’on veut donner des chances sérieuses à la « Vision2010 » arrêtée dans le secteur touristique, c’est par la libéralisation du

transport aérien qu’il faut résolument s’engager.

Il ne s’agit pas de décréter du jour au lendemain des mesures brutales dans ce sens - ce ne serait que la poursuite, en vérité, d’une politique d’improvisation inconséquente. Non, ce qu’il convient defaire c’est de prévoir d’ici la fin de l’année 2004 au plus tard, la levéedes mesures restrictives qui subsistent encore dans ce secteur. Ce quiimpose, d’ici là, des mesures d’accompagnement étudiées pour que

les parties intéressées - la RAM comme les autres compagnies - puissent de leur côté se préparer à cette nouvelle situation dans desconditions optimales.

Le credo de cette réforme est simple : aucun monopole d’aucune

sorte ne doit plus être accordé à quiconque. C’est le principe d’égalitéqui doit prévaloir entre la RAM et toutes les autres compagnies. C’estdonc là une révision essentielle qu’il faut opérer : elle tourne le dos àune culture « rentière » qui protège les carrières de certains et les

intérêts d’autres; elle rompt avec des attitudes rigides et dogmatiquesqui voient dans le maintien de la situation désastreuse actuelle sous lecouvert de la RAM l’expression d’on ne sait trop quel patriotisme demauvais aloi; elle consacre enfin l’adhésion aux règles de la bonnegestion et aux exigences de la rationalité économique.

En tout état de cause, la RAM n’est pas en mesure de réussir lechallenge actuel. Elle s’est sans doute fixée pour objectif de mettre

sur pied l’augmentation de la flotte actuelle - une trentaine d’appareils- à hauteur de 45 appareils à l’horizon 2010. Mais cette prévision

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sera-t-elle honorée compte tenu des contraintes financières qui pèsent

sur la Compagnie mais aussi des difficultés d’extension de celle-ci surle marché ? De toute façon, le transport aérien des quelque dixmillions de touristes prévus en 2010 ne serait que partiellement assuré- la RAM, elle-même, lors des assises d’Agadir sur le Tourisme, le 14février 2003, avait reconnu qu’elle ne pourrait transporter

 pratiquement que 40% de ce flux.

A côté de ce plan de renforcement de sa flotte - avec les limites précitées-, la RAM a retenu le principe de la création d’un pôlecharter constitué en partenariat avec des opérateurs marocains ouétrangers. Il s’agit de disposer d’un outil spécialisé et compétitif sur

ce segment de marché ; il permettrait de répondre de manièreoptimale à la demande. Mais les résultats passés ne confortent pas ces

 prévisions de développement : ainsi le trafic des vols charters qui étaitde 839.786 lors de l’exercice 1999-2000 a chuté de 2,7% l’année quia suivi avec 817.147 passagers seulement.

Tout se passe comme si la RAM avait atteint un seuil desaturation qui ne pouvait être amélioré du fait de la rigidité de sesstructures et des insuffisances de sa stratégie commerciale et de

marketing. Elle peut sans doute « grappiller » un ou deux points demieux, ici ou là, dans tel ou tel secteur ou dans tel ou tel marché ;

mais elle ne peut réellement s’insérer dans une véritable dynamiquede développement pouvant soutenir, accompagner et promouvoir lastratégie touristique de la « Vision 2010 ». Depuis des années, le totaldu trafic passagers tourne autour de 3.700.000 passagers (3.729.050en 1999-2000, 3.677.731 des lignes régulières (2.759.051 soit unmodeste +0,4%) ou dans le trafic des vols charter qui, lui, estd’ailleurs en recul, comme on l’a déjà indiqué.

L’équation incontournable est là : comment la RAM compte-t-elletripler pratiquement l’ensemble de son trafic passagers d’ici 2010

 pour être à la hauteur des objectifs prévus à cette date ? L’on ne peutmanquer, par ailleurs, de relever la sous-exploitation des capacités detransport existantes qui se situent, depuis des années, dans une« fourchette » comprise entre 67 et 69%. Cela signifie que la

Compagnie paraît bel et bien avoir atteint l’optimum de soncoefficient de remplissage.

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C’est donc tout un mode d’organisation et de structuration qui

doit être profondément revu et corrigé si l’on veut hisser la RAM auniveau des simples exigences de la rentabilité commerciale. L’une des

 priorités à prendre en considération devrait précisément porter sur uneamélioration significative et progressive de ce taux de remplissage.Les quelque 5,5 millions de sièges offerts n’arrivent aujourd’hui àêtre occupés qu’à hauteur de 69%. Avant de doubler voire de triplercette capacité de transport - ce que, de toute façon, la RAMn’envisage pas - peut-être convient-il de mieux rentabiliser aussi lessièges offerts dont plus de 30% ne trouvent pas encore preneur...

Pour ce qui est des vols intérieurs, le tableau n’est guère plus

optimiste. Ainsi, pour l’exercice 2000-2001, le trafic des volsintérieurs s’est élevé à 765.678 passagers pour 1.324.564 siègesofferts, soit un taux de remplissage de 56,1%. Ce chiffre s’inscritd’ailleurs en baisse de 5,2% par rapport à celui du précédent exercice.Les facteurs qui freinent l’essor du trafic aérien domestique sontconnus : cherté des tarifs, qualité discutable, inadéquation deshoraires, vieillissement des appareils dont deux BOEING 737/200 de

 plus de vingt ans... Force est de faire ce constat : la RAM n’a pas

encore appréhendé comme il se devrait la place et le rôle des volsdomestiques dans la stratégie de développement du trafic aérien et,

 plus globalement encore, dans la promotion du tourisme. Là encore,seule la libéralisation du transport aérien peut être un vecteur décisifet préalable à la mise en œuvre d’une politique durable dedéveloppement.

Dans cette perspective, la mise en œuvre concrète d’une stratégied’« Open Sky » est incontournable. Le Contrat-Programme 2000-2010 la recommande instamment. Elle doit viser concurremment troisobjectifs ; l’ouverture du ciel marocain à toutes les compagnies et aux

 professionnels de ce secteur sur la base du respect des contraintesinternationales de sécurité. Personne ne conteste aujourd’huil’affirmation selon laquelle la libéralisation du transport aérien génèrela promotion du tourisme - au niveau de la demande comme à celuide l’offre. Il y a une relation corrélative entre la stratégie d’« Opensky » d’un côté, et l’augmentation de la capacité hôtelière, celle-cirépondant à une forte demande.

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Cette histoire de « pavillon RAM » qui serait un symbole de notre

souveraineté dans le ciel n’est qu’un leurre qui ne trompe plus personne. Un grand pays comme les Etats-Unis n’a pas hésité àsacrifier ses deux plus grandes compagnies nationales - la PANAM etla TWA - sur l’autel de la rentabilité sans que personne n’y trouve à yredire Outre-Atlantique... Les intérêts supérieurs du Royaume nesauraient aujourd’hui être considérés comme étant mieux assurés dansles airs parce que voleraient dans le ciel des avions d’une compagniequi continuerait à être un obstacle majeur à la promotion du tourismenational. Le patriotisme - puisque c’est cet argument suprême quel’on nous met en avant pour tenter de justifier le statu quo - n’est-il

 pas de tout faire pour que l’objectif des 10 millions de touristes soitatteint à la fin de cette décennie ?

C’est dire que le ciel marocain doit être ouvert à tous dans unavenir prévisible fixé à l’avance et qui ne saurait dépasser la fin del’année 2004. Il faut en effet arriver à faire venir des touristes aumoindre coût. Dans cette perspective, la réforme profonde du systèmeactuel de transport aérien doit être initiée et finalisée à marche forcéequelles que soient les « résistances ». Il n’y a pas d’autre terme à cette

alternative. La RAM doit s’adapter à ces nouvelles exigences oudisparaître. Elle est libre de continuer dans le trafic de vols réguliersou dans celui de vols charter; mais la pire des solutions serait qu’il yait des petites mesures par-ci et par-là sans que son destin ne soit misà plat une fois pour toutes.

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MISE EN ADEQUATION DES TRANSPORTSROUTIER, FERROVIAIRE ET MARITIME

Là encore, doit être surmontée la situation actuelle, qui voit lesdifférents secteurs de transport ne pas stimuler le tourisme, bien aucontraire même. Dans le domaine du transport routier, le régimelégislatif et réglementaire, qui prévaut encore, doit être revu et corrigédans l’optique des exigences du développement du tourisme. Il doitêtre mis fin, pour commencer, au système « rentier » et anti-économique des agréments de transport de faveur qui ne font l’affaireque de certains intérêts particuliers.

Il convient également d’exonérer sans plus attendre l’importationdes cars et véhicules affectés au transport touristique pour alléger lescoûts d’exploitation et offrir ainsi des prestations attractives auxtouristes. L’incidence fiscale de ces mesures -que ne manqueracertainement pas d’invoquer le département des Finances - estrelativement faible, dans la mesure où elle sera très largementcompensée par les flux d’affaires qui seront stimulés par l’essor du

transport routier.Il importe aussi d’aller plus loin que ces seules mesures fiscales.

C’est en effet toute la profession exerçant dans ce secteur qui doit êtreréorganisée, sur la base de critères et de règles devant viser en priorité

l’amélioration de la qualité des prestations assurées, ainsi que celledes effectifs humains appelés à y œuvrer. Un programme particulier

 pourrait être élaboré à cet égard au profit des diplômés-chômeurs pour leur permettre, suivant des modalités à déterminer, d’exercer les

divers métiers du transport touristique : petits taxis, grands taxis,minibus d’excursion, voitures et remises pour les navettes entre lesdifférentes dessertes - gares, ports, aéroports. Une formation ad hocserait assurée à ces postulants : services, hygiène, apprentissage delangues étrangères (anglais, français, espagnol). Une tenuevestimentaire réglementaire pourrait également être retenue pour queles touristes étrangers, dès leur arrivée, sachent visuellement à quis’adresser, sur la base de tarifs affichés évitant les mauvaises

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surprises et les filouteries de toutes sortes, qui frappent souvent les

visiteurs étrangers dès leurs premières heures d’arrivée.

Des efforts ont sans doute été déployés dans le domaine du

transport ferroviaire ces dernières années ; ils restent néanmoinsmodestes. En somme, ce mode de transport, tel qu’il est pratiquéaujourd’hui, est-il vraiment entré dans le siècle moderne de cemillénaire ? Des projets annoncés depuis longtemps n’ont pas encoreeu un début de réalisation : liaison Marrakech/Agadir, doublement dela voie Meknès/Fès, rationalisation des trajets (Marrakech/Fès,Tanger/Tétouan, Tanger/Rabat .etc.)

Un nouveau plan 2001-2005 a été arrêté mais les objectifs ne sont

que partiellement atteints. C’est un nouveau système de transportferroviaire qui doit être conçu et mené à bien, notamment dans la

 perspective de la stratégie touristique fixée d’ici 2010 : multiplicationdes Trains Navettes Rapides (TNR) entre Rabat et Casablanca etd’autres villes à fort potentiel touristique, amélioration de la grillehoraire dans le sens de l’homogénéité et de la commodité des liaisons,desserte quasi continue 18 heures sur 24 de l’aéroport deMohammed V de Casablanca et formules adaptées pour les autres

aéroports (Marrakech, Agadir...), commercialisation de formules promotionnelles attractives lors des saisons touristiques (carte fidélité,

réductions jeunes et couples...), externalisation de l’activité denettoyage des gares, renforcement de la Police ferroviaire dans lesgares, mais aussi dans les trains pour assurer la quiétude des

 passagers.

Enfin, le transport maritime n’est pas le mieux loti de ce secteur.

Durant l’été écoulé, les opérations de transit des marocains résidents àl’étranger (MRE) -ils ont été plus de 1.600.000 au cours de cetteannée 2003 avec le passage de plus de 500.000 véhicules - laissent

 peu de place à une augmentation significative des flux touristiquesvers le Royaume. Il convient donc, là aussi, de multiplier les rotationsdans le Détroit pour pouvoir répondre, dans des conditions attractives,à des catégories de touristes potentiels se trouvant déjà dans le Sud del’Espagne et désireuses de prolonger leurs circuits vers le Royaume.

La question de la promotion de la navigation de plaisance ne faitl’objet - il faut bien le relever - d’aucun intérêt particulier. Des projets

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isolés sont inscrits à l’ordre du jour sans connaître encore de

réalisation : transport de passagers dans des unités de type pénichedans le fleuve du Bouregreg, création à Agadir d’un complexed’animation nautique et sportif avec l’acquisition de deux unités decroisière, projet d’implantation d’un centre de pêche sportive àAgadir, projet de création d’un centre privé de formation, de

 plaisance, en bois à Essaouira, etc

Le transport maritime et les activités multiples qui peuvent y êtreliées - locations de jet-skis, transport de passagers à bord d’unités de

 plaisance, régates de voiliers, donnent un plus au produit touristiqueset peuvent capter des clientèles particulières à forte visibilité

médiatique.Au total, par-delà les mesures sectorielles à prendre, il convient de

 penser la planification et la coordination des différents modes detransport dans le cadre d’une stratégie prenant en compte les objectifsassignés à la « Vision 2010 » du tourisme. Les mesures et lesréformes réglementaires à entreprendre doivent viser l’ouverture à laconcurrence et à la libéralisation. Il s’agit, en effet, de tourner le dos àun « système » globalement dirigiste qui ne répond plus aux

exigences du développement et de promouvoir un marché destransports sain et compétitif à l’échelle internationale.

Le secteur des transports a, en effet, grand besoin d’induire et decoordonner un programme d’ajustement structurel à la hauteur desenjeux de cette décennie.

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INFORMATION ET SIGNALISATION

Le déficit d’informations touristiques est patent au Maroc.

L’expérience lamentable des bureaux d’accueil du ministère dutourisme dans les aéroports -qui sont restés fermés pendant desannées - après une courte période d’exploitation, est encore dans tousles esprits. Ce genre de laisser-aller doit être refusé et sanctionné. Lesvisiteurs étrangers sont souvent confrontés à des désagréments, faute

de pouvoir disposer de données pratiques indispensables pour quiveut avoir en mains les éléments d’information de nature à le guideret à l’orienter. Les plans des villes touristiques sont rares, voire

indisponibles, même dans les hôtels. Les horaires de car, de train oud’avion sont souvent aléatoires et peu disponibles.

Cette démarche doit être accompagnée d’un programme nationalde signalisation : panneaux indicateurs de directions et de distances,

 plans lumineux de quartier avec le détail des rues, kiosquesd’informations dans les principales villes touristiques. Il faut arriver àce que, sur la base de toutes ces données visibles, les touristes

 puissent se déplacer à pied ou en voiture, sans aucune difficulté, tantil est vrai qu’une telle information est sécurisante et qu’elle constitueun facteur de quiétude.

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OPÉRATION « CIEL OUVERT » À MARRAKECH,WILAYA PILOTE

La libéralisation du transport aérien qu’impose une promotion dutourisme national ne doit pas se limiter à des mesures réglementaireset techniques. Elle doit également prendre la forme d’une opérationdémonstrative, exemplaire : le « ciel ouvert » à Marrakech. Ce serait-là le signe fort de la nouvelle politique des pouvoirs publics en mêmetemps que le « banc d’essai » de cette option libérale durant une

 période de transition entre la situation actuelle et celle, visée à terme.C’est d’autant plus indiqué que Marrakech a atteint une maturité

certaine grâce aux efforts entrepris ces dernières années. Ce qui lui permet d’avoir, aujourd’hui, une bonne maîtrise des différents paramètres de développement. N’a-t-elle pas en effet une capacitéhôtelière de taille critique, un encadrement humain expérimenté, unaéroport international de qualité, une cuisine et un climat derenommée mondiale ?

Déclarer le « ciel ouvert » dans la capitale du Sud veut dire que

toutes les compagnies du monde pourront y atterrir. La seule procédure requise sera la demande d’enregistrement, suivant les procédures habituelles de l’immatriculation des vols prévus. Les taxesd’aéroport devront être réajustées pour être alignées sur celles desaérodromes des pays touristiques concurrents de la région On devraitmême, symboliquement, les fixer plus bas, pour en faire un argument

 promotionnel supplémentaire.

L’objectif doit être d’arriver à une forte croissance annuelle des

visiteurs étrangers, de l’ordre de 10 à 15%, jusqu’au tauxd’occupation optimum. L’opération « ciel ouvert », proposée ici,

 participe de cette approche. Elle n’est qu’un ensemble d’éléments parmi tant d’autres, d’un programme généralisé de croissance forte etdurable, intéressant les domaines suivants :

•  L’équipement général de l’ensemble des quartiers de la villed’une signalisation utile (panneaux de direction, distances,

sorties de la ville, plans de quartiers, plaques de rues lisibles etlumineuses, kiosques d’information aux principaux carrefours

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et dans les circuits touristiques (palmeraie, médina...). Cette

signalisation doit être tout aussi opérationnelle dans la régionMarrakech-Tensift-El Haouz avec des postes de secours etd’assistance, couplant la Gendarmerie Royale et le ministèrede la Santé. Tout le matériel d’information utilisé dans cesactions devra être rédigé en trois langues (arabe, français, etanglais). Le financement de ce programme pourrait être répartientre les différentes communes avec le concours de l’ONMT etdu CRT. Mais il faudra bien veiller, pour éviter les défaillances

 passées, à ce qu’une seule autorité soit chargée desinterventions sur le terrain. Ce sont là des recommandations

 banales, mais elles représentent pour les touristes des élémentset des repères d’une extrême importance ;

•  L’aménagement du transport urbain devra intégrer les donnéesde ce « programme-pilote ». Les actions à mener dans ce sens

 pourraient entre autres être celles-ci : réalisation de couloirsréservés, dans les grandes avenues, aux bus et aux taxis,

 bornes d’appel des taxis, dessertes étudiées à partir des hôtelsvers le centre-ville et les principaux sites touristiques (Jamaâ

El Fnaâ, Menara, Koutoubia, médina, tombeaux saâdiens...)Les mesures préconisées plus haut en matière derajeunissement et de restructuration du parc urbain, devraientêtre étendues, bien sûr, à Marrakech ;

•  La quiétude et la sécurité des touristes devront être considéréescomme la priorité des priorités grâce à la multiplication des

 brigades touristiques, des rondes de police et des agents de police de proximité. Il s’agit, à ce sujet, d’éradiquer toutes lesnuisances qui pourraient encore subsister (harcèlement, vols àla tire, mendicité...) et qui constituent un fort désagrément pour

le séjour des touristes ;

•  L’hygiène et l’environnement sont tout aussi prioritaires etappellent des mesures opératoires La propreté doit se retrouver

 partout : dans les rues, les bus, les taxis, dans la médina. Ce quiconduit également à mentionner l’exigence d’hygiène dans les

lieux publics et les commerces (cafés, restaurants, hôtels). Il

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faut arriver, dans ces domaines, en un an, à hisser Marrakech

au niveau des métropoles européennes.

Dans la mise en œuvre de ce « programme-pilote », c’est uneculture participative qui doit prévaloir. Ce n’est pas tel ou telorganisme qui doit tenter de tout faire, mais un collectif local etrégional associant tous les acteurs concernés (autorités de tutelle, élus,CRT, ONMT, ONG, associations professionnelles, étudiants,lycéens...). Ce doit être l’affaire de tous : chaque citoyen, chaqueentreprise, chaque commerce doit se sentir impliqué par la promotiondu produit touristique.

Ces actions devraient enfin être rythmées, une ou deux fois paran, par une fête à forte visibilité médiatique et touristique. Il s’agit deconcevoir de grandes manifestations, à côté du Festival national desarts populaires et du Festival international du film de Marrakech; destemps forts, où la ville et ses habitants vivront au rythme des thèmesvariés. Le succès appelle le succès. C’est une dynamique qu’il fautinstaurer dans ce sens pour valoriser comme il se doit la notoriété

mondiale de Marrakech et la traduire en flux touristiques adéquats.

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Conclusion :

Quel tourisme pour quel Maroc ?

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La « Vision 2010 », retenue aujourd’hui, remet à l’ordre du jourcette problématique de fond : quel tourisme pour quel Maroc ? Non

 pas que cette question soit inédite. Durant des décennies, en effet,l’on a bien pratiqué une certaine politique dans ce domaine. Elle étaitce qu’elle était, il est vrai, mais elle ne se traduisait pas par des projetsconcrets.

On « faisait » du tourisme comme on aurait pu faire autre chose,avec des intuitions, des élans de quelques professionnels qui avaientle « feu sacré ». Mais la somme de ces initiatives se traduisait-elle, au

 plan national, par l’affirmation d’une véritable stratégie ? Rien n’est

moins sûr, parce que l’on ne s’est pas préoccupé, au fond, d’évaluerla nature et la dimension de l’industrie du tourisme dans notredéveloppement, encore moins dans notre société.

Des plans se succédaient sans doute, mais constituaient-ils pourautant des engagements contraignants avec des bilans d’étape et desajustements pour réunir, chemin faisant, toutes les conditions deréalisation de leurs objectifs ? N’avaient-ils pas plutôt une nature

déclaratoire ? Si bien que les gouvernements s’en accommodaienttandis que les opérateurs ne pouvaient que se lamenter de voir tantd’opportunités leur échapper, parce que le gouvernement ne faisait

 pratiquement pas ce qu’il disait et que, par ailleurs, toute une culturede certains responsables ne mesurait pas vraiment les potentialités dece secteur.

Rien d’étonnant, dans ces conditions, que le tourisme national aitraté des occasions et que l’on ne puisse aujourd’hui que se féliciter

que, grâce à l’engagement et à la volonté de S.M. Mohammed VI, unestratégie à long terme ait pu voir le jour en janvier 2001, lors desPremières Assises Nationales tenues à Marrakech. A n’en pas douter,le tourisme s’inscrit désormais dans le cadre d’une approche globaleet d’une méthodologie d’action qui porteront leurs fruits, si tous lesacteurs -gouvernement, administration, professionnels…- arrivent àse hisser au niveau des exigences requises. Quel tourisme pour quelMaroc veut dire, en termes simples, qu’il y a un cahier de charges à

honorer par toutes les parties prenantes.

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Pour bien comprendre où nous allons à l’horizon 2010, 2020 et

 plus loin encore, n’est-il pas utile de rappeler d’où nous venons et quinous sommes ? Au lendemain de l’indépendance, le Maroc profondétait une société traditionnelle, musulmane pratiquante. La religionétait si prégnante parce qu’elle avait toujours été, tout au long dessiècles, le socle de référence d’un peuple et d’une Nation

 profondément attachés à leurs valeurs et à leur identité.

Que serions-nous sans cette dimension culturelle et religieuse quia forgé notre personnalité ? Mais, dans le même temps, cet héritage

 peut-il être un atout à valoriser dans la nouvelle posture sociétalequ’implique le tourisme ? D’une autre manière, le tourisme -tel qu’il

est prôné dans la « Vision 2010 » - est-il soluble dans une sociétémusulmane comme la nôtre, arc-boutée sur des référents millénaireset peut-être plus rétive qu’on ne veut le croire au changement lié à desflux touristiques d’une dizaine de millions de visiteursinternationaux ?

 Notre portrait de société présentait, voici un demi-siècle, des traitsconnus : une condition féminine encore attardée avec l’immensemajorité des femmes portant le voile, un enseignement de base limité

 pour l’essentiel à l’école coranique, une population analphabète à plusde 90%, un niveau de vie très bas avec une grande misère dans les

campagnes.

Les structures sociales étaient marquées par le principecommunautaire articulé autour de la famille, de la tribu, du village.Les traditions et la religion ne pouvaient que cimenter ce mode devie, régi par des codes de conduite, des normes sociales, des

comportements et une psychologie nourrie par tous ces éléments.C’est ce Maroc-là qui a changé aujourd’hui. Il s’est urbanisé à

 près de 50% dans un processus continu de basculement, vers la côteAtlantique surtout. Sa population a triplé en quatre décennies pourdépasser aujourd’hui les 30 millions d’habitants. Il s’est aussilargement modernisé dans des pans particuliers de la société oùcohabitent, de manière de plus en plus difficile, « Deux Maroc » ou

 plutôt trois même, se tournant le dos et relevant de valeurs culturelles

et de modes si éloignés les uns des autres.

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Or, un tourisme d’une dizaine de millions de visiteurs -comme on

l’appelle aujourd’hui de nos vœux - est une affaire collective. Ilimplique un traitement par notre société de cette insertion vacancière,mais continue d’un corps aussi « étranger ». Sommes-nous prêts àfaire face à cette situation, qui va bousculer au quotidien noshabitudes, nos comportements, nos valeurs, notre manière d’être et devivre, notre rapport à l’« autre », celui-ci nous renvoyant égalementdes regards croisés ?

Pour autant, l’état des lieux, tel qu’il est, présente-t-il tellementd’attractivité pour le tourisme ? Le niveau de développement dans lemonde rural ne permet pas la subsistance de quinze millions de

 personnes dans des conditions conséquentes. L’exode rural est ainsistructurel, accentué par les cycles récurrents de sécheresse, parce quenous avons oublié que le climat dominant est semi-aride et qu’une

 bonne pluviométrie n’est pas vraiment la règle, mais plutôtl’exception.

La campagne marocaine, dans une large mesure -hormis les terresdes périmètres irrigués - est restée bien en retard avec des milliers dedouars enclavés, des infrastructures insuffisantes, voire inexistantes et

un accès réduit à sa plus simple expression aux équipements et aux prestations de base (enseignement, santé, eau, électricité...). Ce

monde rural est-il inscrit dans un processus de promotion et dedéveloppement ?

Comment peut-on sérieusement escompter que ce versanttraditionnel et en retard de notre société génère une culture favorableà un grand afflux de touristes ? Comment peut-on penser que des

millions de personnes relevant de cette comptabilité puissent fairemontre d’une manière ou d’une autre d’une réelle capacité culturelleet même sociologique d’accueil ? Comment ne pas voir que latolérance de millions de touristes ne peut qu’être sujette à caution dela part d’un monde dans les campagnes comme dans les villes et leurs

 périphéries, confronté aux rigueurs et aux aléas de la surviequotidienne ?

Vivant déjà en marge d’une certaine société à laquelle ils n’ont

 pas accès - celle des villes et l’étalage ostentatoire de la

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consommation et du luxe - les millions de personnes éligibles au seuil

de la pauvreté, absolue ou relative, vont devoir également se trouveren face d’une « autre » population faite de touristes étrangers. Lechoc des cultures ne pourra que laisser des traces, ici et là, sur lestraditions d’ouverture et d’hospitalité des Marocains.

On mélange, ici, deux registres pourtant bien distincts : celui del’accueil et de l’amabilité qui est, il est vrai, un trait de l’espritnational, et celui de l’irruption massive dans notre champ de vision etdans notre société de millions de touristes qui, eux, se sont invitéschez nous parce qu’ils ont payé pour cela. Dans le premier cas, ce quiest en cause c’est la psychologie individuelle et l’éducation qui nous

commandent de recevoir le voisin, l’étranger de passage. Dans laseconde formule, c’est une société qui peut se sentir « envahie » etmenacée par des hordes de visiteurs étrangers, appareils de photos en

 bandoulière et qui en veulent pour leur argent.

Si le monde rural, globalement, reste - encore - hors du tempsmoderne, rythmé par les saisons et les souks hebdomadaires, tel n’est

 pas le cas du monde urbain. Encerclé par des cordons de pauvreté,générés par l’exclusion, le sous-emploi et même le chômage durable,

il est marqué par un bouillonnement des esprits qui se retrouve dansles rapports heurtés qu’il nourrit avec la société.

Le tourisme, s’il prenait la dimension que lui assigne la « Vision2010 », mettrait ainsi au premier plan un « contre-modèle »occidental triomphant et tellement attractif. Par la vitrine qu’il expose,il porte la marque de la réussite, du bien-être, du luxe et de lacivilisation des loisirs qui a garanti son développement, et qui,

désormais, peut s’engager dans l’épanouissement de l’individu etdans la promotion de sa qualité de vie.

Gavé des bienfaits que lui offre déjà « son » monde de départ, letouriste est à la recherche de découvertes, d’émotions renouvelées,d’éblouissement des sens. Est-il vraiment intéressé par une meilleureconnaissance des populations d’accueil qui ne soit pas réduite à desimages de carte postale fleurant bon l’exotisme et le dépaysement ?

Pour beaucoup de nationaux, en marge des dynamiques dedéveloppement, le touriste qui est là leur rappelle en même temps, en

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contrepoint, leur propre échec. Ils n’en sont, eux, qu’à la survie, au

 jour le jour, alors que s’étale devant eux, de manière démonstrative etvivante, le mode de vie auxquels ils n’ont pas accès et qui n’est qu’unmirage de plus dans un monde difficile. Comment peut-on attendre dela tolérance et de l’hospitalité de la part de ces millions de vaincus dela prospérité et de la vie ? Comment peut-on éviter les rancœurs et lesfrustrations, mères nourricières de tous les rejets et de tous lesextrémismes ?

Comment ne pas voir, peut-être, qu’en plus de la dominationéconomique du Nord sur le Sud, le tourisme n’est qu’une nouvelleforme de « croisade » -perçue comme telle en tout cas - de l’Occident

triomphant sur des contrées jadis sous sa coupe; en somme, uneconfrontation millénaire entre des cultures et des religions qui n’ont

 pas réussi à transcender les heurts du passé pour emprunter les voiesdu dialogue fécond des peuples.

A ces données objectives qu’il est difficile d’évacuer, sesurimpose, au quotidien, une image du touriste allant et venant, sedistinguant par tant de traits dans la société d’accueil : par sesvêtements, ses loisirs, ses mœurs largement permissives, le culte du

corps et de la jouissance des produits culturels et autres; bref, tout ceque la société qui est la nôtre n’est pas, et ne veut pas être, peut-être

 pas de manière aussi visible. Déjà déclassé économiquement face à untel différentiel de pouvoir d’achat, le citoyen local se sent de surcroîtmenacé dans les certitudes qui fondaient son identité. Et si le« modèle » offert à ses yeux par le touriste était le vrai bon « choix desociété », la finalité à laquelle il faut arriver, mais que les conditionsobjectives de notre développement ne peuvent réaliser à terme ?

Le tourisme, s’il prend l’ampleur dont on parle, sera alors uncatalyseur de ce que nous n’avons pas réussi, un révélateur de noséchecs et de nos insuffisances. Par les valeurs et les comportementsqu’il induit, il tourne le dos à la société traditionnelle du passé, sansnous ouvrir pleinement les portes du développement et de lamodernité.

Sommes-nous en mesure de gérer ces nouvelles contraintes ?

D’une autre manière, notre mal-développement, par les inégalités et

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les dysfonctionnements qu’il génère, risque fortement de nourrir

l’amertume et l’aigreur de populations jugeant de plus en plusinsupportables la misère de leurs conditions de vie. De quoi conduireau rejet du tourisme lequel peut être d’ailleurs instrumentalisé par desforces obscurantistes du tourisme qui auront beau jeu de dénoncer la

 présence voire l’« invasion » de millions d’étrangers occidentaux…

Pour sortir de cette équation pratiquement fermée, qui aggrave ladésarticulation de la société et accentue les disparités entre lescouches que l’on y recense, il faudrait que le développement porte sesfruits, tous ses fruits ; que le tourisme que nous voulons à l’horizon2010, et au-delà, génère des effets économiques et sociaux

significatifs et rapides ; et que partant, toute la population puisse, sousune forme ou une autre, bénéficier de leurs retombées.

Les chaînes hôtelières doivent faire du chiffre d’affaires etenregistrer des hausses continues à deux chiffres ; le taux deremplissage de nos unités touristiques doit être rehaussé; tous lessecteurs liés indirectement à cette industrie doivent être amarrées àcette dynamique; mais il convient également que dans les petitsvillages, et même les coins les plus reculés, tout un chacun trouve son

compte dans la promotion de cette activité.

Chacun doit pouvoir relever, dans sa vie au quotidien, que letourisme heurte peut-être notre identité culturelle et notre manièretraditionnelle de vie, mais qu’en contrepartie, il procure du travail,des revenus à un monde qui en a bien besoin; qu’il s’accompagneégalement de projets d’équipements et d’infrastructures, quin’auraient sans doute pas été lancés ni réalisés sans cette manne

céleste; qu’il offre des opportunités de valoriser la débrouillardise etl’esprit d’entreprise de ceux qui veulent « s’en sortir... ».

De tels objectifs ne peuvent être atteints que si l’on s’installe demanière ferme et conséquente dans une dynamique de croissanceforte. Voici dix ans déjà, j’avais organisé à ce sujet, le PremierColloque des Entrepreneurs Maghrébins à Marrakech, précisément

sur cette problématique•. Les questionnements qui ont marqué ces

• Voir en annexes le texte intégral de l’introduction au débat.

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assises regroupant la majorité des grands opérateurs marocains,

mauritaniens et libyens, algériens et tunisiens gardent, sans doute,toute leur actualité et leur pertinence. Nous voulions transformer desrêves partagés en action; des intuitions en programme, desfulgurances individuelles en une vision commune de notredéveloppement et, pourquoi ne pas le dire en destin.

L’expérience des économies des « Dragons » d’Asie du Sud-Estétait là, devant nous, pour nous montrer que la croissance forte quenous appelions de nos vœux n’était pas une singularité de ceslatitudes-là mais une formule de mobilisation de ressources et devalorisation de potentialités pouvant être reprise au Maghreb. « Que

lui manquait-il pour cela ?», nous demandions-nous alors endécembre 1993.

Une ferme volonté et un cadre juridique approprié. Pour nous