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Le nouveau modèle d’affaires 36 | EXPÉRIENCE BMW affaires_ business The new Une vague d’entrepreneuriat déferle sur l’humanité depuis une quinzaine d’années. Le phénomène des startups est mondial et le Québec n’y échappe pas. Voici la nouvelle manière de se lancer en affaires. A wave of entrepreneurship has been descending on humanity over the past fifteen years. The startup phenomenon has gone global and Quebec is no exception. Here is the new way of starting up in business. business model par/by Mathias Nicod PHOTO : ISTOCKPHOTO.COM 36@39_EBMW_Start_Up_8_2.indd 36 2015-10-16 14:46

Le nouveau modèle d'affaires

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Une vague d’entrepreneuriat déferle sur l’humanité depuis une quinzaine d’années. Le phénomène des startups est mondial et le Québec n’y échappe pas. Voici la nouvelle manière de se lancer en affaires.

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Le nouveaumodèle d’affaires

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a f f a i r e s _ b u s i n e s s

The new

Une vague d’entrepreneuriat déferle sur l’humanité depuis une quinzaine d’années. Le phénomène des startups est mondial et le Québec n’y échappe pas. Voici la nouvelle manière de se lancer en affaires.

A wave of entrepreneurship has been descending on humanity over the past fifteen years. The startup phenomenon has gone global and Quebec is no exception. Here is the new way of starting up in business.

business modelpar/by Mathias Nicod

PHOTO : ISTOCKPHOTO.COM

36@39_EBMW_Start_Up_8_2.indd 36 2015-10-16 14:46

a formule paraît classique, mais elle demeure gagnante. Samuel Mehenni ten-tait de trouver une solution au cauchemar que peut être le stationnement à Montréal. Urbaniste de formation et intéressé par le développement Web, il a tout largué pour se consacrer à son idée : créer une appli-

cation afin de faciliter le stationnement. C’était il y a moins de deux ans. Aujourd’hui, l’application Prkng permet de voir où et quand il est possible de se stationner sur rue, et accumule jusqu’à 100 nouveaux utilisateurs par jour.

Avec son colocataire qui s’est lancé en affaires avec lui, Samuel a d’abord dû trouver de l’argent. « C’était nécessaire d’aller chercher du financement en raison de la complexité technique d’utiliser les données disponibles dans la ville, explique-t-il. On n’avait pas les compétences pour faire de la géomatique. » Un contact les a donc mis en relation avec Pages Jaunes Canada. Après quelques maquettes, des présentations PowerPoint et des rencontres, l’argent était au rendez-vous. Pas moins de 300 000 dollars ont été levés avec le groupe et grâce à des anges investisseurs.

« Beaucoup de gens avaient réfléchi à cette problématique, mais il s’agissait de trouver la bonne façon de développer le projet et de le pousser jusqu’au marché », admet Samuel, qui n’a aujourd’hui que 24 ans. Ainsi est née une nouvelle startup.

Un concept qui ne date pas d’hierSi Facebook et Twitter sont reconnus comme deux succès

récents de startups, Microsoft et Apple l’étaient tout autant à leur origine. Une startup, ou jeune pousse, est simplement une entreprise en démarrage et en quête de financement. De nos jours, il est toutefois de coutume d’associer le concept à la notion d’innovation.

Le terme « startup » semble à la mode et pour cause ; il n’y a jamais eu autant de créateurs et de création d’entreprises, fait savoir Louis-Jacques Filion, professeur à HEC Montréal. « Autrefois, nous étions statiques, nous allions soit au ciel, soit en enfer. Dans les années 1980 et 1990, nous sommes passés à une société apprenante. Maintenant, le monde aime innover et créer de nouveaux produits », explique-t-il.

Incubateurs et accélérateursDe nombreuses structures ont émergé pour répondre à

cette créativité et faciliter l’entrepreneuriat. Les incubateurs, par exemple, accueillent les gens avec des idées et les accompagnent dans leur projet en offrant des services d’en-cadrement, que ce soit pour trouver du financement auprès d’investisseurs, pour obtenir des conseils juridiques, etc. La firme Inno-centre, établie à Montréal et à Québec, répond à ce besoin depuis une trentaine d’années. « Je ne dois pas seule-ment voir le potentiel, mais rassembler tous les ingrédients afin que la recette lève », mentionne son président Claude Martel.

Inno-centre a joué un rôle crucial dans la création d’une entreprise en fort développement au Canada : AddÉnergie, un fournisseur de bornes de recharge pour véhicules électriques. Alors que la compagnie n’en était qu’à ses balbutiements en 2008, l’incubateur a guidé ses cofondateurs vers une équipe multidisciplinaire qui a mené à l’obtention de parte-nariats et de financement, notamment avec Rio Tinto Alcan et Investissement Québec. « Je me suis entouré de têtes blanches qui m’ont fait avancer », dit le président et chef de

he formula may seem classic, but it remains a winning one. Samuel Mehenni was trying to find a solution to the night-mare that parking can be in Montreal. A trained urbanist and interested in web development, he left it all behind to concentrate on his idea : creating an

application to make parking easier. This was less than two years ago. Today, the Prkng application allows you to see where and when it will be possible to park on the street, and adds up to 100 new users a day.

With his roommate who went into business with him, Samuel needed to find funds first. “ It was necessary to go and seek out financing to tackle the technical complexity of using the available data in the city, ” he explains, “ We didn’t have the knowledge to get into geomatics. A contact introduced us to people at Yellow Pages Canada. After a few prototypes, PowerPoint presentations and meetings, they finally had the financing. ” No less than 300,000 dollars were raised with the group and with the help of silent investors.

“ Many people have thought about this problem, but it was about finding the right way to develop the project and to push it until it hit the market. ” admits Samuel, who is only 24 years old. This is how the startup was born.

A concept that wasn’t born yesterdayIf Facebook and Twitter are renowned for being two

recent startup successes, Microsoft and Apple were as well in their beginnings too. A startup, is simply a busi-ness just starting and seeking financing. These days, it is however customary to associate them with a concept of an innovative notion.

The term “ startup ” seems to be trending and with good reason : there has never been this much creators and cre-ative businesses, admits Louis-Jacques Filion, professor at HEC Montreal. “ In earlier times, ” he says “ we were static, we went either to heaven or to hell. In the 80’s and 90’s, we became a society of business-minded people. Now, the world likes to innovate and create new products. ”

Incubators and acceleratorsMultiple structures have emerged to cater to this

creativity and facilitate entrepreneurship. Incubators, for example, welcome people with ideas and accompany them in their project by offering mentoring services, whether it is to find financing with investors, receiv-ing legal aid, etc. The firm Inno-centre, established in Montreal and in Quebec, has been responding to this need for over thirty years. “ I can’t see only the potential, I need to regroup all the necessary ingredients that the recipe requires, ” explains its president Claude Martel.

Inno-centre played a crucial role in the creation of a busi-ness experiencing major growth in Canada : AddÉnergie, a supplier of recharging stations for electric vehicles. While the company was still in its conception stages, an incubator guided the cofounders towards building a multidisciplin-ary team that aided in obtaining partners and financing, notably with Rio Tinto Alcan and Investissement Québec. “ I surrounded myself with older people that helped me advance, ” says the 34-year old president and Director of management, Louis Tremblay. AddÉnergie now has close

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la direction de 34 ans, Louis Tremblay. AddÉnergie compte maintenant près de 1800 bornes au Canada et son chiffre d’affaires double à chaque année depuis cinq ans.

Dans les dernières années, des accélérateurs ont aussi vu le jour ; on les décrit comme des incubateurs qui visent à faire croître les startups plus rapidement encore. FounderFuel, fon-dée en 2011, agit en tant que programme de mentorat intensif, en plus d’offrir un financement de 50 000 à 100 000 dollars en échange d’une part de 6 % de l’entreprise. Les entrepreneurs sont notamment mis en relation avec des investisseurs poten-tiels et des entrepreneurs expérimentés. « C’est le réseau de contacts qui accélère et favorise le développement », insiste Sylvain Carle, le directeur général. L’accélérateur a propulsé près d’une cinquantaine de startups du Web jusqu’ici.

Briser l’isolementFounderFuel est installée dans la Maison Notman à

Montréal, un coworking space. Il s’agit d’un espace de travail partagé digne de la Silicon Valley ; l’endroit typique où règnent ordinateurs portables, boissons Red Bull, intensité... et ce rêve de cartonner tel Facebook sur le Web. L’établissement offre des petits bureaux pouvant accueillir 27 startups et des espaces communs où se tiennent des conférences et séances de réseautage, et où s’échangent et émergent les idées. Le directeur du campus, Noah Redler, explique que les entrepreneurs ne peuvent y rester plus de six mois : « On veut s’assurer de toujours avoir de nouvelles idées et éviter que les gens deviennent trop confortables. Cela les oblige à travailler plus fort. » Pour le bénéfice des entrepreneurs, la Maison Notman a notamment tissé des liens avec de nombreux partenaires dont la Banque de développement du Canada, la Banque Nationale et Vidéotron.

Ces espaces communs facilitent la collaboration entre entrepreneurs et la cohésion des équipes. « C’est important de briser l’isolement », indique Louis-Jacques Filion de HEC Montréal. Selon lui, 50 % des startups seraient créées par des équipes. « Quelqu’un doit nous épauler de près, ajoute Sylvain Carle, de FounderFuel. Idéalement, c’est toujours mieux de se lancer avec deux ou trois cofondateurs. »

Le défi : l’argent« Il y a beaucoup de ressources en soutien aux entreprises

en démarrage, mais peu d’argent », tempère Claude Martel, d’Inno-centre. « Si on parle d’entreprises déjà en fonction et en croissance, le capital de risque est très abondant. Pour les startups, il faut être davantage créatif. » Au départ, de nombreux jeunes entrepreneurs doivent se tourner vers leurs proches, ce que le milieu de l’entrepreneuriat surnomme le love money. Mais de façon générale, deux entrepreneurs sur trois ne se rendraient pas à la ronde de financement subséquente.

to 1,800 stations in Canada and its income has doubled each year for the past five years.

In the last few years, accelerators have also seen the light of day ; they are described as incubators that aid in making startups grow even faster. FounderFuel, founded in 2011, acts as an intensive mentoring program, as well as offering a financing of 50,000 to 100,000 dollars in exchange for a 6 % stake in the business. The entrepreneurs are also put in con-tact with potential investors and experienced entrepreneurs. “ It is a network of contacts that helps the development, ” insists Sylvain Carle, the General Manager. The accelerator has propelled close to fifty web startups so far.

Breaking isolationFounderFuel is housed in the Notman House of Montreal,

a coworking space. It is a shared working space not unlike Silicon Valley ; a place where laptops, Red Bull drinks and intensity are part of the norm... and the dream of being the next Facebook of the internet. The building offers small offices that can welcome up to 27 startups and common spaces where conferences and networking sessions are held, where ideas emerge and are exchanged. The campus director, Noah Redler, explains that the entrepreneurs cannot stay more than six months : “ We want to ensure that there are always new ideas and to avoid people from becoming too comfortable. This pushes them to work harder. ” For the benefit of these entrepreneurs, the Notman House is notably linked with numerous partners such as the Bank of Development of Canada, the National Bank and Videotron.

These common spaces facilitate the collaboration between entrepreneurs and the cohesion of teams. “ It is important to break the isolation, ” indicates Louis-Jacques Filion from HEC Montreal. As per him, 50 % of startups will be created by teams. “ People need to support us closely, ” adds Sylvain Carle, from Founderfuel. “ Ideally, it is always better to undertake this with two or three cofounders. ”

The challenge : money“ There are a lot of resources to aid a business that is

starting, but little money, ” Claude Martel from Inno-center sadly states. “ If we speak of businesses already functioning and expanding, the venture capital is very abundant. For the startups, you have to be rather creative.” At first, numerous young entrepreneurs have to look to their friends and families, which the entrepreneurial circle calls love money. But generally speaking, two out of three entrepreneurs don’t even make it to passed the subsequent financing stage.

On this topic, a new type of participative financing is gaining ground, where a large number of people invest

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« Si on parle d’entreprises déjà en fonction et en croissance,

le capital de risque est très abondant. Pour les startups, il

faut être davantage créatif. »Claude Martel, d’Inno-centre

“ If we speak of businesses already functioning and expanding, the venture capital is very abundant. For the startups, you have to be rather creative. ”Claude Martel, from Inno-center

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Dans ce contexte, un nouveau mode de financement participatif dans lequel un grand nombre de personnes inves-tissent un petit montant d’argent prend de l’ampleur. Il s’agit du crowdfunding, très populaire sur le Web grâce aux réseaux sociaux. Il peut s’agir d’un don, d’un prêt, d’une participation dans l’entreprise ou de l’obtention d’une récompense en retour. Aux États-Unis, les histoires à succès grâce au financement communautaire sont nombreuses et ce qui semblait à l’origine impossible pour certains s’est bel et bien concrétisé.

Du rêve à la réalitéSigne de l’engouement, Montréal a depuis 2011 son

Festival international du startup, qui a accueilli cette année 3000 personnes dans le Vieux-Port. Son président Philippe Telio constate combien l’attrait grandit année après année, surtout auprès des jeunes professionnels. D’ailleurs, l’âge moyen au festival est de 34 ans. « Un jeune qui lance son entreprise et la vend pour des millions, c’est un rêve. Celui-ci devient maintenant possible avec la technologie, fait-il valoir. Elle nous permet de créer, de tester et de valider avec un investissement de seulement 50 000 dollars. Quand on est jeune, on est d’autant plus apte à prendre des risques. »

Compte tenu de toutes les structures existantes, Samuel Mehenni – dont l’application Prkng sera disponible dans trois villes américaines à l’hiver – croit en effet qu’il n’y a pas meil-leure période que maintenant pour lancer son entreprise. Il importe, insiste-t-il, d’être discipliné et de s’entourer de bons partenaires. « L’entrepreneuriat, c’est un sacrifice personnel. Il faut croire à l’importance de trouver une solution. »

Aux dires de Louis-Jacques Filion de HEC Montréal, seulement 40 % des entreprises sont encore en activités après cinq ans. Cependant, preuve que la détermination et la préparation s’avèrent essentielles, 95 % des entrepreneurs ayant fait leurs devoirs – c’est-à-dire analysé le marché, déterminé les besoins, créé les opportunités et bénéficié de mentorat – sont encore en affaires.

a small amount of money. It is called crowdfunding, very popular on the web due to social media. It could be in the form of a donation, a loan, a piece of the business or getting a reward in return. In the United States, success stories from crowdfunding are numerous and what seemed ori-ginally impossible for some is now a reality.

From a dream to realityAs a sign of the popularity of the phenomenon, Montreal

has since 2011 an International Startup Festival, which this year welcomed 3,000 people to the Old Port. Its president Philippe Telio states that interest grows year after year, espe-cially with young professionals. Actually, the average age at the festival is 34 years old. “ A young adult who starts up a business and sells it for millions is a dream. This is more possible now with technology however, ” he tells. “ It allows us to create, test and validate with an investment of only 50,000 dollars. When we are young, we are more apt to take risks. ”

Taking into consideration the existing structures, Samuel Mehenni – whose Prkng application will be available in three American cities this winter – believes that there isn’t a better time than now to start your own business. What’s important, he insists, is being disciplined and surrounded by good partners. “ Owning a business is a personal sacrifice. You have to believe in the importance of finding a solution. ”

Louis-Jacques Filion from HEC Montreal had this to say ; only 40 % of businesses are still active after five years. Although, proof that determination and preparation is essen-tial, 95 % of entrepreneurs that did their homework – meaning market analysis, determining the demand, creating oppor-tunities and benefitting from a mentor – are still in business.

Top 20 des meilleurs écosystèmes pour les startupsTop 20 of the best startup ecosystems

Rang Performance Financement Portée du marché Aptitude Startup Croissance

Source : Compass / blog.startupcompass.co/the-2015-global-startup-ecosystem-ranking-is-live

Indice entrepreneurial québécois 20152015 Quebec business overview

Intentions des Québécois de se lancer en affaires

Intentions chez les

18-34 ans

Quebecers with the intention of starting

their own business

Intention at the 18-34 years old age

bracket

20, 1%

36,6%

Source : Fondation de l’entrepreneurship / entrepreneurship.qc.ca

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