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Bô Yin Râ LE LIVRE de L’AU-DELA Traduction de R. Winspeare

LE LIVRE de L’AU-DELA - Bo Yin Ra

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Page 1: LE LIVRE de L’AU-DELA - Bo Yin Ra

Bô Yin Râ

LE LIVRE

de

L’AU-DELA

Traduction de R. Winspeare

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AVANT-PROPOS

Les trois chapitres de ce livre se proposent de te donner, — dans la mesure où il est possible de le faire au moyen de la parole, — une idée de ce qui t'attend lorsque l'extinction de ta vie corporelle terrestre te dégagera de ce monde des phénomènes sensibles aux sens physiques.

Tout comme un manuel de voyages te parle de régions de la terre que tu n'as jamais vues, de même ces pages se proposent-elles de te dire ici les choses essentielles sur la « contrée » que tu ne connais pas encore et dans laquelle, un jour, après la mort, tu te retrouveras capable d'éprouver la vie. — sans égard au fait qu'à l'heure actuelle tu puisses croire ou non à la possibilité de vivre une telle expérience.

En même temps, ce livre veut t'affranchir de maintes erreurs qui te tiennent encore enchaîné lorsque tu penses aux défunts que tu as aimés sur terre.

Dans le passé, autant que de nos jours, des croyances timorées et des superstitions aberrantes ont accumulé sur L’ « au-delà »’ de si nombreuses et si fantaisistes images qu'il est nécessaire de soumettre ce fatras à un sérieux criblage, afin que ton imagination n'en soit pas déroutée plus avant.

Les seuls qui soient en mesure de dire des choses réellement authentiques sur la vie qui succède à la mort du corps physique visible, sont de rares hommes terrestres qui, de leur propre et sûre expérience, connaissent cette vie, pour laquelle le corps matériel n'est pas nécessaire, encore que, simultanément, ils continuent de goûter comme toi dans leur habit terrestre, les souffrances et les joies d ici bas.

Parce que je suis l'un de ces hommes conscients de l'au-delà, j'offre ici ce qu'il est possible de formuler par la parole, car nous sommes sensibles à la nostalgie de ce monde qui aspire à bon droit à ce que cesse d être scellée comme « savoir secret » l’expérience spirituelle consciemment vécue, qu’ importe où et quand, par certains hommes, si peu nombreux soient-ils.

Puisse ce que je suis en mesure de te dire servir à ton plus grand bien !

Puissent mes paroles parvenir à éveiller en toi la sensation la plus intime de toi-même, afin que de ton propre sein jaillisse la certitude qui seule peut vraiment te garantir aussi bien contre le scepticisme stérile que contre la tendance à t'abandonner sans discernement à toutes les rêveries de cerveaux humains égarés ou surexcités !

C’ est en toi-même que tu dois trouver les critères de ton jugement sur ce que contiennent de vrai et ce que renferment de faux les représentations que s'est forgées l'homme terrestre depuis les temps les plus reculés, pour pouvoir supporter l'impénétrable obscurité des énigmes profondes qui se présentaient à lui chaque fois qu’ il se trouvait en présence d'un cadavre.

Ce que tu crois, — ce que tu tiens pour vrai, importe peu en l'occurrence, car les choses dont je te parle sont indépendantes de ton assentiment ou de ton rejet. Ce n'est pas une doctrine que je te donne ici; je te montre une forme de manifestation de la réalité, que tu ne peux encore, pour

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l'instant, apprendre à connaître autrement qu'à travers des images issues de la parole du langage humain.

Tu feras bien assez tôt connaissance. en y vivant toi-même, avec la région à ta mesure, dans ce domaine de manifestation de la réalité . . .

En tous temps, des hommes conscients de l'au-delà ont témoigné de la réalité, mais leur témoignage devint la proie de flibustiers sans mandat et de falsificateurs sans scrupules, en sorte que tu ne peux plus, sans aide, démêler aujourd'hui ce qu'il faut démêler pour éviter que le message d'authentiques initiés n’ aille se confondre avec les élucubrations de fantasques brumeux dans la déconsidération de tous les hommes droits et de cœur pur.

Si tu veux reconnaître ce que l’on t’ offre ici, défais-toi de tout pré-jugé et tends parfois l'oreille vers les profondeurs intimes de ton être, car pour peu que tu veuilles être attentif, c'est de là que te viendra toute réponse aux questions que mes paroles laissent encore ouvertes, parce que tu dois apprendre à y répondre toi- même. — —

En vérité, il ne s'agit pas, ici, dune œuvre de prosélytisme en faveur d'une hypothèse de philosophie religieuse et moins encore d'une tentative de susciter une nouvelle forme de religion. Il s'agit d un témoignage de l'expérience originelle et spirituelle (et non pas « cérébrale ») qui fut à l'origine de toutes les grandes religions anciennes issues de l'Esprit de Dieu . . .

C'est dire que, pour arriver à ressentir de façon vivante ce qui est offert ici, il n'est nullement nécessaire d'abandonner la religion ancestrale considérée comme sacrée. Là, au contraire, où des rites et des dogmes anciens dignes de vénération répondent encore vraiment à un besoin vital, cette faculté ne fera qu'approfondir et consolider la foi, tout en aidant au besoin à l'acquérir.

Pour ceux, toutefois, qui depuis longtemps se sont affranchis de tout lien confessionnel, mes paroles déblayeront à nouveau la voie vers des régions spirituelles dont l'accès demeure la plus haute aspiration de l'homme terrestre, même lorsque les croyances de ses aïeux ne Font pas conduit à l'accomplissement désiré tel qu'il le concevait.

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L’ART DE MOURIR

Tu es certainement d’avis que mourir n’est pas un « art », — que c'est plutôt une dure nécessité qui s'apprend de soi-même. — —

Innombrables sont ceux qui pensent comme toi ; innombrables aussi ceux qui journellement, par leur mort, quittent leur corps terrestre sans avoir jamais appris l’art de mourir.

Pour un grand nombre, la mort survient à l'improviste, « tel un voleur dans la nuit » pour d autres, elle approche comme un fantôme redouté, — d'aucuns l‘accueillent en libératrice les délivrant enfin de leurs souffrances, — et d'autres encore l'appellent eux-mêmes, parce qu'ils en attendent l'affranchissement des soucis et des misères psychiques et corporelles.

Mais il est bien rare que la mort rencontre un homme qui comprenne l'art de mourir. — —

Pour comprendre cet art, tu dois avoir appris, en pleine vitalité, ce qu'est la « mort », ce que « mourir » signifie !

Il faut en quelque sorte qu'en pleine force tu t'exerces à mourir « à l'essai », afin de savoir mourir lorsque la mort te surprendra. — —

Mourir n'est pas tout-à-fait aussi facile que plusieurs le croient, mais ce n'est pas non plus trop difficile pour ceux qui, préalablement, l'ont appris au temps de leur vigueur . . .

Tout art demande à être exercé, et l'art de mourir ne s'apprend pas non plus sans exercice .

Pourtant, il faut un jour en passer par là, qu'on en ait appris l'art ou non. —

La plupart des humains ont peur de la mort, parce qu'ils ne savent pas bien ce qui se produit en son cours.

Ceux qui, cependant, disent ne pas avoir peur sont semblables à des enfants qui s'en iraient au grand large dans une barque sans connaître les dangers de la mer. — —

Or il te faut être pareil à un timonier familiarisé avec vents et courants et sachant quels pays l'attendent par-delà l’océan.

Il te faut apprendre à déterminer la route que doit suivre ta barque, bien équipée. — —

On appelle « mourir » le fait de devoir renoncer au corps terrestre et à ses organes sensoriels, lorsque cette renonciation se produit pour toujours et sans rappel, parce que le corps, pour des raisons physiques, n'est plus en état de se maintenir.

Un phénomène très analogue se produit chaque fois que tu te couches pour prendre du repos en t'abandonnant au sommeil : — en ce cas, cependant, tu ne perds qu'en partie la maîtrise de ton corps et de tes sens, tandis que, dans la mort, elle t'échappe totalement et irrévocablement.

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Tu vois comment la nature t'enseigne de la sorte à mourir !

Tu peux également éprouver par avance une sensation analogue à celle de la mort en cas d'évanouissement, ou lorsque ta conscience est artificiellement éliminée de ton corps.

Dans tous ces cas, cependant, tu n'éprouves que la foute première partie du processus, — à moins que tes « sens » spirituels intérieurs ne soient en toi déjà si éveillés que tu puisses revenir à toi de l'autre côté de l'existence et, à ton étonnement, te trouver alors en vie, même sans ton corps terrestre . . .

Mais si tu ne possèdes pas encore cette expérience, les rêves de ton sommeil nocturne peuvent alors à tout le moins servir à te faire comprendre, dans une certaine mesure, ce qu'est la vie consciente sans le corps physique, encore que la vie « dans l'Au-delà » soit autre chose, en vérité qu’ un simple « songe ». —

S’ il me faut rappeler ici la vie des songes, c'est seulement pour venir en aide à ta compréhension.

De même que, dans tes rêves, tu te retrouves conscient, apte à ressentir, penser et agir, — de même qu'en rêvant tu vis en un « corps » dont tu te sers librement, bien que ton enveloppe physique repose sur sa couche, plongée dans un profond sommeil, de même aussi te retrouveras-tu dans une forme corporelle, conscient, sensible, pensant et agissant, lorsque tu sauras employer tes « sens » spirituels de l'autre côté de l'existence, et y prendre ainsi conscience de toi, que ce soit seulement de façon passagère ou — comme dans la mort du corps terrestre — pour toujours.

Une différence essentielle réside seulement en ceci, que tu vois, en rêve, simplement les produits évanescents, sans cesse mouvants, de ton imagination créatrice à laquelle mille causes d’excitation physique et psychique confèrent un semblant de vie propre, tandis que pour être éveillé dans le monde spirituel objectivement existant, — quelle que soit la région de ce monde en laquelle ton éveil puisse se produire, — tu dois nécessairement abandonner le monde des rêves, tout comme tu le quittes pour te réveiller dans le monde des phénomènes perceptibles aux sens physiques. —

C'est seulement après avoir « dépassé » le royaume des songes que tu pénètres dans le règne de l'Esprit, qu'il est aisé de distinguer de tes rêves même les plus vivants et « les plus naturels » car, grâce à tes sens spirituels, tu te trouves alors dans un état de conscience par rapport auquel la vie diurne à l'état de veille ici-bas n'apparaît que comme une déambulation somnanbulesque.

Tu vois, tu entends et tu ressens le même « monde » des causes que, conscient de ton existence physique tu perçois à l'état de veille, en tant que monde des phénomènes physiques ; seulement c’est « de l'autre côté » que tu en perçois la sensation. — —

La conformation du monde essentiel des causes que, dans ton corps physique, tu ne pouvais percevoir, t'est subitement devenue perceptible, et les choses que seuls les sens physiques peuvent percevoir, et que tu qualifiais jusqu'ici de monde « réel » deviennent pour toi : « de l'air vide ». —

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Aussi réduit que soit le nombre des humains qui, de leur vivant, déjà, ont éprouvé cet état en eux-mêmes, et l'éprouvent encore de nos jours, ce nombre est cependant bien plus considérable qu'on ne le suppose, car la plupart de ceux qui ont vécu cette expérience la dissimulent d'instinct à autrui, soit qu'ils redoutent l'incrédulité de leurs semblables et le « ridicule » dont ceux-ci pourraient les couvrir, soit par crainte que la grâce particulière d'une expérience spirituelle leur soit retirée faute d'avoir su la garder secrète.

Ce ne sont, d'abord, aucunement des régions spirituelles élevées que celles où peuvent s'engager ces humains capables de vivre consciemment de telles expériences intérieures ; néanmoins, c'est déjà « l'autre rive » qui toujours est atteinte, même si ceux qui s y trouvent consciemment éveillés sont encore loin de posséder l'aptitude à pénétrer vers « l'intérieur » de la « région » découverte, et moins encore à gravir les pentes abruptes de ses hautes « montagnes ». —

Jusque là ne parviennent, durant la vie terrestre, que les quelques hommes, extrêmement rares, auxquels, ici, de ce côté physique du monde des causes, a été confié l'antique « héritage » d'une expérience spirituelle secrète : — les « Grands Prêtres » prédestinés, les Maîtres de l’action spirituelle cachée et leurs successeurs légitimes qui naissent ici-bas comme tels.

Ce que nous savons de sûre expérience, parce que nous le vivons consciemment dans l’ « au-delà » nous te l'offrons ici !

Nous voyons chaque jour et à toute heure des milliers d'êtres humains aborder pour toujours « l'autre rive » sans que nous puissions leur venir en aide, car n'ayant pas appris l'art de mourir, ils échouent sur « l’autre rive » sans y être préparés, tels des naufragés que la tempête rejette à la côte . . .

Désemparés, ils errent à l'aventure dans leur nouvelle forme d'existence et ils ne sont pas en état de saisir les mains secourables qui se tendent vers eux.

Tout discernement leur fait encore défaut pour distinguer si ce qu'ils rencontrent représente un péril ou un secours, et ils se dérobent craintivement aussi tôt que tente de les approcher l'un de ceux qui pourraient les guider . . .

Ils continuent donc à errer solitaires, sans jamais s'éloigner du « rivage » de la mer, — qui, selon leur sentiment du moins, les relie encore au côté physique de l’existence, par eux abandonné, jusqu'à ce que « magnétiquement » attirés pour ainsi dire, ils découvrent l’une des « régions riveraines » : — une des régions les plus inférieures du côté spirituel du Cosmos insaisissable aux sens terrestres, — une région qui correspond aux attentes et aux aspirations qui leur furent propres durant leur vie physique sur terre.

Ils se leurrent alors d'avoir trouvé leur « paradis », et cela d'autant plus volontiers que telle est également la croyance de tous les autres humains qu’ ils rencontrent dans la même région . . .

Une fois échoués dans ces régions, c'est pour un temps infiniment long qu'ils ont ainsi succombé à leur destin.

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Il est extrêmement rare, et c'est alors au prix d'immenses difficultés, que nous réussissions à dégager et à tirer l'un de ces fourvoyés de la « béatitude » qu'il a ainsi choisie. —

Or, parce que nous voulons vous apprendre à éviter les détours, et parce que l’Amour éternel nous prescrit de le faire, nous vous enseignons l'art de bien mourir.

L'essentiel de cet art consiste en ceci : à tout instant , — au milieu des projets d'avenir et dans l'activité la plus intense, en pleine vigueur et florissant de santé, — être prêt à aborder pour toujours « l'autre rive » avec une joyeuse sérénité et une ferme confiance, — sans possibilité de retour.

C’est un certain état d'âme et d'esprit qui est ici requis.

Et même s'il peut ne pas sembler à chacun facile d'atteindre un tel état d’esprit, nul cependant ne doit perdre de vue que c’est cet état qui seul détermine l’aptitude à bien mourir. —

Celui que les choses de la vie terrestre physique ont le pouvoir de captiver au point qu'il pense ne pas pouvoir s'en affranchir, — celui qui ne sait concevoir nul état où les objets de la convoitise terrestre deviennent inconsistants : — celui-là pourra difficilement apprendre l'art de bien mourir. —

Or, seul est capable de vivre sur terre dans l'ordre et la joie, celui qui sait chaque jour et à toute heure, créer à son gré en lui l’état d'acceptation, de la mort, — exempt de toute crainte et sans tristesse aucune. — —

Celui-là sait que rien de ce qu’ il devrait laisser ici-bas, — que ce soient même ses proches les plus chers ou ceux qui ont le plus grand besoin de sa sollicitude, — ne peut jamais être séparé de lui, si ce n'est pas lui-même qui veut la véritable séparation et qui la crée par sa volonté. —

Il sait qu’ il reste « ici » , dans le même « lieu » cosmique, — plus près encore de ceux qu’ il aime que jamais il n’ a pu s’ en approcher dans son corps terrestre. —

Il sait qu'après la mort il ne sera certes pas transformé en un être divin et qu’ il ne deviendra en aucune façon « tout puissant » sur la terre, mais que, pour ceux qui ont besoin de son aide, il sera en mesure d'être d'un bien plus grand secours qu'il n'a jamais pu l'être dans sa vie physique. —

Celui qui, de cette manière, s'exerce à l’art de mourir, sait désormais qu'il lui sera facile de mourir réellement et irrévocablement, même si la mort devait le surprendre de façon tout-à-fait inopinée . . .

Que le processus physique de la mort n'est pénible, le cas échéant, que pour les seuls assistants, tandis que le mourant lui-même n'en souffre pas, n éprouvant encore les douleurs éventuelles de sa maladie aussi longtemps seulement qu'il n est pas encore décédé, c'est là un fait avéré de longue date grâce aux observations méthodiques de la recherche médicale.

Mais notre rôle, ici, se borne à montrer de quelle manière la conscience du mourant survit à l'acte de la mort.

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Lors même que le mourant se trouve pleinement conscient jusqu'à ses derniers instants, au moment où son organisme spirituel commence à se dissocier du corps animal terrestre, auquel il était jusqu'alors uni, une espèce de « somnolence » se produit néanmoins, d'où la conscience ne revient à soi que lorsque la « mort » est déjà un fait accompli.

Au moment de cet éveil, qui a lieu quelques secondes ou quelques minutes après l'instant où la « mort » a pu être extérieurement constatée, l'homme se retrouve déjà dans son organisme spirituel qui seul peut désormais lui servir d'instrument d'expérience de « l'autre côté » du monde des causes, perceptible aux seuls sens spirituels — du monde de la « Réalité » éternelle du sein duquel rayonnent toutes les formes d'existence, spirituelles autant que physiques, selon le mode de perception qui les suscite.

La faculté de perception du trépassé, conditionnée jusqu'ici par ses sens physiques, est dès lors échangée contre une nouvelle manière de percevoir qui, normalement, lui était auparavant inconnue, cependant que le mode de perception selon lequel il crée les formes reste momentanément inchangé.

Il est loin de se considérer comme étant mort, car il se trouve conscient de lui-même, animé de volonté et capable de percevoir, bien que ne se rendant pas compte encore que seuls des organes spirituels le servent à présent.

Il ne se ressent aucunement « sans forme » car ce qui avait été jusqu’ alors son corps physique n’était en somme qu'une réplique plus ou moins parfaite de l’organisme spirituel qu'avait conformé, — encore qu'à « l’insu » de son cerveau, — sa propre volonté éternelle, organisme que sa conscience est désormais apte à percevoir, sans toutefois le reconnaître encore comme distinct de son corps physique.

De même, cependant, que la douleur physique cesse instantanément si, par des moyens appropriés, le membre douloureux du corps terrestre est rendu insensible, — de même les souffrances physiques que pouvait encore endurer le mourant peu avant sa mort, ont complètement disparu au moment du réveil dans l’ « au-delà » puisque le corps physique, où résidait la cause de la sensation de douleur, demeure définitivement séparé de l'organisme spirituel qui seul désormais se ressent lui-même. —

Une certaine liaison « fluidique » subsiste pourtant, déterminée par d'invisibles radiations matérielles subtiles du corps physique utilisé jusqu'ici, radiations également perceptibles par l'organisme spirituel. Cette liaison fait que celui qui s'éveille dans l'au-delà perçoit encore autour de son cadavre de façon spirituelle, des faits qui pourtant se produisent dans le monde physique.

C'est ainsi que celui qui est désormais « de l'autre côté » ressent les influences « fluidiques » irradiant de ceux qui entourent son corps terrestre abandonné par lui ; il ressent la « valeur sentimentale » de leurs attouchements autant que de leurs propos, et il garde, un peu à la manière d'un aveugle, une image à peu près exacte de l'espace extérieur qu'il a quitté, — tout en conservant l'illusion de le percevoir encore par ses sens physiques.

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Ces derniers rapports avec le côté sensoriel physique du monde causal persistent encore quelque temps, même après que le cadavre est depuis longtemps refroidi, mais ce qui de la sorte peut encore être ressenti s'affaiblit d'heure en heure, et toute capacité de perception de cet ordre cesse complètement dès qu'apparaissent les premiers symptômes de décomposition.

A ceux qu'offusque la pratique de l'incinération des cadavres ou qui, même, vont jusqu'à croire que le défunt peut en éprouver un « préjudice » dans sa vie de l'au-delà, je puis affirmer qu'après les délais observés dans les pays civilisés avant les obsèques, tout rapport de perception entre l'organisme spirituel du défunt et ce qui fut son corps terrestre a depuis longtemps cessé d'exister.

Lorsque le feu a été la cause de la mort, la douleur, comme pour toute autre cause de décès, — n'est ressentie que jusqu'à la perte de la conscience liée au corps physique, tandis qu'après l’ « éveil » dans l'au-delà, tout rapport est éteint avec ce qui fut le corps terrestre, en raison de la décomposition provoquée par le feu.

Ce qui ne s’éteint pas, c'est la conscience qu'éprouve désormais l'organisme spirituel de sa propre présence, non plus que la faculté de voir et de reconnaître clairement tous les hommes physiques présents, sous leurs formes spirituelles qui, — abstraction faite des défectuosités de leur manifestation sur la terre, correspondent tout-à-fait à leurs formes terrestres.

Les morts dont la conscience, pendant leurs jours terrestres, ne s'est guère élevée au-dessus du domaine de l'existence physique animale, se trompent souvent si fort sur leur nouvel état que, même longtemps après leur décès matériel, ils ne remarquent pas qu'ils ne sont plus dans un corps physique.

Ils se leurrent d'être simplement « guéris », puisque la cause antérieure de leurs souffrances n'existe plus.

Etant d'abord sous l'emprise temporaire — comme dans un rêve — d'une représentation de l'expérience terrestre, la perception de la forme spirituelle de leurs proches se mêle pour eux aux formes nées de leurs propres rêves, si bien que ces trépassés ne comprennent pas pourquoi l’on se désole è leur sujet.

Ils essayent alors, souvent de toutes leurs forces, de convaincre ceux qui, dans l'existence physique, s’affligent de leur trépas, que leur chagrin est sans fondement. Mais dans l'intensité de la douleur, cet effort n est pas perçu par ceux qui continuent à vivre sur le plan physique.

C'est seulement dans son impuissance vis-à-vis de ce qui lui apparaît comme la sottise de ses proches et amis que le défunt découvre alors subitement qu'il n'est plus solidaire d'un corps physique et s'éveille ainsi du rêve qu'il s'était lui-même créé.

Alors, seulement, il commence réellement d'« apprendre à voir » et ses yeux spirituels s'ouvrent au côté spirituel du monde des causes, nouveau pour lui, et dont il a abandonné le domaine sensoriel physique de perception, sans avoir changé de « lieu » cosmique.

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Ici commence alors, pour ceux qui durant leur vie terrestre n'ont pas pratiqué « l'art de mourir », la phase de fourvoiement spirituel, car l'organisme spirituel humain ne se trouve aucunement élevé, du fait de la mort, au-dessus du niveau de sûreté jusqu'alors atteint dans la connaissance.

A la vérité, des Aides secourables se trouvent aussitôt à ses côtés mais ils ne sont pas reconnus comme tels.

Au contraire, c’est très résolument et en pleine conscience que le trépassé les repousse, égaré qu'il est encore par ses conceptions physiques. Ainsi les Aides sont-ils hors d'état d'apporter un secours quelconque.

Il n'est pas rare, non plus, que la certitude d'avoir effectivement acquis la vie dans « l'au-delà » éveille chez certains un orgueil sans mesure qui les confirme plus encore dans leurs sottises.

Celui qui était entièrement asservi à la terre, ou dont les soucis étaient trop attachés aux choses et aux êtres qu'il ne peut désormais plus atteindre avec des moyens physiques d'action, se sent pris d'un amer désespoir en constatant l’impossibilité d'un retour. Il lui faut combattre et surmonter ce désespoir avant de trouver l'aptitude à reconnaître ses nouvelles possibilités d'action par rapport au monde terrestre, qui sont à présent de nature purement spirituelle. —

Quant à ceux qui, dans la vie physique, se sont voués entièrement à une idée à réaliser sur terre et aux conceptions qu’ ils s'en sont créées, — ils ne tardent guère à perdre presque tout intérêt pour le monde physique qu'ils ont quitté.

Ils ne recherchent plus désormais qu'une occasion de pouvoir réaliser leur « idée » au sein de leur nouveau domaine de vie, et ils sont aveugles envers toute possibilité nouvelle d'expérience.

D'autres encore cherchent la « béatitude » qu'on leur avait promise et que pleins de foi, ils avaient attendue ; ils ne sont pas peu surpris de ne l'avoir point trouvée aussitôt dans l’ « au-delà » sous la forme même dont ils s'égarent complus à rêver sur la terre.

Tous ces humains, préoccupés d'eux-mêmes et des conceptions de la vie qu'ils ont emportées avec eux, finissent par trouver une manière d'accomplissement de leurs désirs en échouant dans l'un de ces règnes inférieurs de l'Esprit à la création desquels ils avaient dès ici-bas inconsciemment coopéré . . .

Ce passage d’un monde à un autre n’est pas, non plus, un « changement de lieu », car tous les mondes spirituels, — et ils sont innombrables, jusqu'au monde suprême de l'Esprit pur engendrant la Divinité, s'interpénètrent l'un l'autre dans le même « lieu » cosmique. —

L'expérience consciente de la vie dans les mondes spirituels, ainsi que le passage de l'un à l'autre de ceux - ci, dépendent toujours d'un certain changement de mode de perception qui rend la conscience spirituelle en quelque sorte « aveugle » pour certaines manifestations et par contre « voyante » pour d’autres.

Mais c'est précisément cette modification des facultés perceptives qu'il est impossible de provoquer arbitrairement et sans le concours des Maîtres éternels représentants de l'homme

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dans le règne suprême de l'Esprit, ou par leurs mandataires : les disciples qu'ils élisent lorsque la complexion psycho-physique de ces derniers s'y prête.

Même s il n'est pas du nombre de ceux que je viens de désigner, tout humain peut néanmoins s'efforcer, par l'imagination, de se familiariser avec les sentiments, les sensations et les états de conscience qui, d'après les éclaircissements que nous apportons ici, l'attendent après la mort physique.

J'admets, sans plus m'en inquiéter, l’objection qu'une telle excitation intentionnelle des facultés imaginatives ne peut donner lieu, somme toute, qu'à de simples « images », sans toutefois pouvoir aucunement conduire à éprouver les états réels de la vie post-terrestre.

C'est bien pour cela que, dans la formation des images représentatives qui sont ici nécessaires, je demande que l’on s’en tienne strictement aux représentations que j’en donne dans ce livre, car il n'est donné qu'à un très petit nombre d'hommes d'apprendre, pendant leur existence sur terre, déjà, à connaître consciemment le domaine de la vie post-terrestre. Mais par l'évocation de figures imaginatives conformes à la réalité, il est en revanche au pouvoir de tout homme d'éprouver en quelque sorte par anticipation, les sentiments, les sensations et les états de conscience auxquels nous devons nous attendre après la mort physique .

Or, il est nécessaire de susciter souvent une telle sensation anticipative si l’on veut être sûr, lorsque la conscience se sera détachée du mode d’expérience sensoriel terrestre, de savoir aussitôt s'orienter et avant tout distinguer ce qu’ il convient de rechercher de ce qu’ il faut éviter !

Seul celui qui, dès sa vie terrestre, a su acquérir cette assurance, saura également, après être passé au nouveau mode de perception par les seuls sens spirituels, découvrir aussitôt les mains secourables qui là se tendront vers lui, et les saisir en toute confiance . . .

C’est lui que nous pouvons aider !

Il a su « apprendre », pendant ses jours terrestres, l'art de mourir, et sa confiance en notre enseignement a fait mûrir en lui toute faculté de connaissance dont il a besoin désormais.

Il est dorénavant à l'abri de toute illusion et de toute déception !

C’est lui, que nous menons, en côtoyant les diverses « régions riveraines » que la chimère et la rêverie terrestres se sont créées par les forces de la volonté fourvoyée, — directement vers l’« intérieur » de la « contrée » dans laquelle il s'est maintenant engagé et où des guides remplis d'amour le feront se rapprocher de plus en plus de son accomplissement.

Par l'abandon de son enveloppe corporelle, il n'est certes pas devenu « un autre » !

Il ne peut donc pas lui être subitement donné ce qui lui fait encore défaut. —

Il emporte seulement en sa possession ce qu'il sut acquérir dès sa vie sur terre.

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Ce que, sur terre, il a su lier à lui reste « lié », aussi, dans la vie spirituelle, de même qu'il reste libéré de ce dont il a su se défaire dans sa vie terrestre . . .

Ce n'est que progressivement qu’ il peut être conduit toujours plus haut, jusqu'à ce qu'il devienne apte, un jour, à pénétrer dans le plus sublime des règnes spirituels : — le monde pur de la lumière, le monde de l'accomplissement total dans la béatitude. — —

Les « temps » qui sont nécessaires à cette ascension sont déterminés par le niveau d’accomplissement spirituel relatif déjà réalisé sur terre et par le degré de lucidité avec laquelle il est apte à prendre conscience de la volonté éternelle.

Le « trépas » du mode terrestre d'expérience au mode spirituel de perception s'accomplit sans doute même indépendamment de ta volonté, et ce qui t'attend « de l’autre côté » s'y trouvera, même si tu ne crois en aucun « au-delà ».

Un grand pouvoir est cependant accordé à ta volonté éternelle, puisque, par ton travail préparatoire, ici, du côté physiquement perceptible du monde, tu es capable de déterminer dans une très large mesure toute ta destinée ultérieure.

Cela présuppose, bien entendu, que tu te conduises dans la vie conscient de ta responsabilité, toujours orienté vers la haute visée spirituelle que nul ne peut atteindre si ce n'est par l'amour désintéressé envers tout ce qui vit.

De l’« autre côté » du monde, — là où les sens spirituels sont l'unique moyen de perception, — ne règne pas seulement le « ravissement des bienheureux ». —

On y trouve aussi, en vérité, des règnes de tourment et de désespoir, de remords dévorants et de désir d'anéantissement de soi-même, bien que ce désir n'y puisse jamais être satisfait . . .

Or, à travers ces règnes, doivent inéluctablement passer tous ceux qui n'observent pas ici-bas la loi qui de tout homme terrestre exige l'amour envers soi-même et envers les autres créatures .

Un tel « amour » est très éloigné de toute espèce de sensiblerie et de tout débordement sentimental !

L'amour que prescrit la loi spirituelle, et dont il s'agit ici, est bien plutôt l’affirmation la plus haute et la plus forte de soi-même et de tout l'Etre, en sorte que l'homme qui en est animé ressent seulement en lui et en tout ce qui comme lui existe, ce qu'il y a de positif, ce qui est spirituellement voulu, même lorsqu'il se voit dans la nécessité de se défendre de toute sa vigueur contre les forces négatives simultanément à l'œuvre dans la même manifestation. — —

C'est la plus grave des infractions à la loi spirituelle dont il est ici question, que commettent tous ceux qui, sur terre, attentent à la vie de leur corps afin d'échapper lâchement, pour quelque raison que ce soit, à l'existence terrestre et à ses exigences .

Un tel acte est au surplus insensé et va à l’encontre du but car, au lieu de la libération recherchée, celui qui de sa propre main s'est ainsi défait de son corps trouve un asservissement

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mille fois plus pénible, en des états de conscience qu'il n'avait certes pas désirés et auxquels, pendant des éons, il ne peut plus désormais se soustraire.

Les survivants peuvent trouver une certaine consolation dans le fait que la plupart des suicides sont commis par des humains dont la conscience, au moment décisif, est morbidement obnubilée, si bien que leur acte effroyable de négation se produit dans un état qu'il est bien permis de considérer comme un accès de folie subite, même lorsque cet état a été depuis longtemps préparé en ,, jouant ,, inconsidérément avec la pensée de la possibilité du suicide.

Selon les apparences, le meurtrier et sa victime ont bien été réunis en une seule et même personne, mais le meurtre est en fait l'œuvre d'une pensée devenue trop puissante, la victime l'ayant nourrie de ses propres forces, jusqu'à ce que, finalement, cette pensée en vienne a l'engloutir. —

Dans les cas de ce genre, le destructeur de son corps terrestre ne porte alors pas la responsabilité de l'acte meurtrier, mais la loi de l'Esprit lui demande compte de toutes les pensées et de tous les actes fautifs qui ont finalement déterminé l’acte en un moment d’égarement. —

Dans cet apurement, on ne parvient en général à balancer le compte qu'en subissant une deuxième incarnation sur terre dans le corps animal humain.

Il s’agit là de l’un des cas où, par exception, ce que l'on désigne du nom de « réincarnation » peut être possiblement envisagé tandis que dans le cas où la vie terrestre de l'homme arrive normalement à son terme, la « réincarnation » devient une fois pour toutes impossible, du fait même que ce terme est atteint.

Bien qu’ il soit de la plus haute importance de mettre la vie terrestre à profit pour se préparer aux états de conscience post-terrestres, tu ne dois pas t'imaginer pour autant qu'il te faille de ce fait mener sur terre la vie timorée du saint homme pusillanime, sans cesse anxieux d'assurer son « salut » — cet être égoïste qui redoute fort tout « péché », mais jubile intérieurement de la « damnation des méchants » qui pour lui ne fait aucun doute.

Une telle règle de vie ne saurait que te faire aboutir un jour en toute certitude dans l'une de ces trompeuses « régions riveraines » de l'Esprit, que l'illusion humaine a créées sans savoir qu'elle en est l’auteur.

Une vie d'accomplissement fidèle de ton devoir, remplie d'amour envers tout ce qui vit et d'aspiration à la bonté du cœur et à la véracité, à l'ordre dans l'attitude de ta volonté et vers l'ennoblissement de tes joies, — une vie faite de foi joyeuse en l'accomplissement final de ta plus haute et plus pure aspiration, — sera pour toi, sur terre, en tout temps, la meilleure manière de vivre, surtout si tu t'efforces en même temps d'apprendre ce qu'en cet exposé j'ai dénommé « l'art de mourir ».

Sans doute existe-t-il, aussi, une voie spirituelle particulière, la voie des sommets, dont j’ai parlé ailleurs, mais, avant que tu n'aies façonné ta vie ainsi que mes conseils t'enseignent ici de le faire, il ne te sera guère possible d’avancer sur ce sentier-là . . .

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Celui qui veut s'engager sur ce chemin doit être affranchi de tout ce qui pourrait éventuellement compromettre l'assurance de ses pas.

La « cagoterie » hypocrite est aussi condamnable en l'occurrence que le geste creux du « désaveu du monde » !

La voie par laquelle l'homme peut parvenir au point où son « Dieu » prend naissance en lui, ne paraîtra pas dès à présent praticable par tous, mais chacun devrait à tout le moins savoir que cette voie existe, — chacun devrait se préparer à s'y engager, dès cette vie sur terre, au mieux de ses aptitudes.

La force et la persévérance qui sont en cela nécessaires peuvent manquer encore à plus d'un, mais les forces spirituelles croissent, elles aussi, par l'exercice, et la persévérance n'est en la matière accordée qu'à ceux qui se vouent à leur entreprise avec tout leur amour. — —

Tout ce qui est accompli du côté physiquement perceptible du monde, produit sans cesse des effets dans le monde de « l'au-delà ».

Les fruits de toutes les œuvres que l'homme fait surgir par son activité en ce monde lui demeurent acquis loin par-delà la mort, lors même que ces œuvres ne servent sur terre que des buts physiques.

Sous réserve des responsabilités morales éventuelles, ce qui importe, dans toute ton activité, ce n’est pas ce que tu fais, mais tien comment tu le fais. — —

Le travail le plus obscur sur terre peut faire affluer vers toi, pour ta vie future sur le plan spirituel du monde, des forces insoupçonnées, si tu l'efforcés de n'accomplir la tâche qui t'est confiée, qu'animé du sentiment le plus sincère du devoir, avec joie, au mieux de tes forces, et comme si l'existence de l'univers entier dépendait uniquement de la qualité du labeur que tu fournis . . .

Tu es toi-même seul responsable envers toi-même !

Par tout ce que tu peux faire ou penser — par tout ce à quoi tu t'appliques, sur ce plan d'expérience sensoriel physique du monde, — tu es sans cesse inconsciemment le créateur de ta destinée ultérieure dans le monde perceptible aux sens spirituels. —

Ce que tu nommes, ici sur terre, ta « destinée » n'est qu'un fragment dérisoire d’un tout incommensurable, et lorsque’ il t’arrive ici-bas de t'irriter de ton destin, ta mauvaise humeur peut sembler humainement compréhensible et certes même excusable, mais tu n'en es pas moins, alors, semblable à l'enfant qui insensément demande des choses qu’ on ne peut encore aujourd’hui lui donner parce qu'elles lui seraient nuisibles, alors que, plus tard, il en disposera à profusion, selon ses désirs . . .

Lors seulement que tu auras atteint les degrés élevés du monde spirituel, tu pourras un jour comprendre ta destinée, et alors tu souriras en songeant à tes jugements antérieurs. — —

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Tu verras alors que les meilleures des raisons qui t'induisaient jadis à tes jugements erronés, étaient autant de sottises, car tu prétendais juger la splendeur de la floraison et la douce saveur du fruit en fonction de l'enchevêtrement des racines que tes mains découvraient en fouillant la terre sombre.

Seul celui qui sait lui-même s’affranchir des images représentatives étriquées que lui a nécessairement suggérées son mode sensoriel physique de vision aura graduellement, aussi, l’intuition partielle du grand tout dans lequel il est enraciné et dont jamais il ne saura se rapprocher par les facultés sensorielles physiques de connaissance . . .

Ce n’est pas une parole vide de sens que prononça jadis un initié, lorsque, presque confondu par la splendeur de ce qu'il contemplait, il formula ces mots :

« Nul œil n'a pu voir, et nulle oreille n'a pu entendre ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment ! »

Or, « aimer Dieu » signifie : — « aimer » toute la peine et toute la douleur de la terre, c'est-à-dire les accepter volontiers, comme si l’on avait précisément tout voulu, tout recherché, tel que cela se présente dans notre vie ! —

« Aimer Dieu » signifie : — aimer la terre et tout ce qui vit sur elle, — tel que le tout existe et se comporte, — même lorsque cela va à l'encontre de nos désirs ! —

« Aimer Dieu » signifie : — s'aimer soi-même et, pour l'amour de soi, se charger joyeusement de tous les fardeaux que l'on est appelé à porter sur le chemin long et pénible qui, hors de l'erreur et de la confusion, nous mène finalement à nous-mêmes, tels que nous sommes en Dieu, éternellement ! —

Après tout ce qui précède, tu sauras certes aussi, désormais, quelle est la meilleure manière d'honorer tes « défunts » : ceux qui naguère étaient près de toi dans la vie terrestre, et qui, aujourd’hui comme alors, sont encore dans l'existence, tout en échappant désormais à la faculté de perception de tes sens physiques . . .

Tu sauras à présent de quelle façon tu peux continuer de les aider et comment toi-même, en cas de besoin, tu peux obtenir leur aide.

C'est un faux départ, en vérité, que d'organiser des « cercles spirites » pour entrer en relations avec ceux qui ont quitté la terre !

En admettant, même, que tous les participants soient sincères et que vous soyez à l'abri de toute supercherie, fût-elle inconsciente, vous avez une connaissance bien trop rudimentaire des forces qui se manifestent dans de telles ,, séances et vous n'êtes pas en état d'identifier les véritables auteurs des phénomènes qui s'y produisent.

Vous ne l'êtes pas davantage lorsque vous faites abstraction de toute croyance préconçue, afin de rechercher d'abord ce qu'il peut y avoir de vrai dans la chose !

Les forces dont il s'agit, dans les véritables manifestations spirites, sont remplies de mensonge, de caprice et d'imposture, — toujours prêtes à se mettre en évidence à l'aide de vos propres

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forces, mais fort éloignées de consentir volontiers à se transformer en sujets d'étude ... (Je ne prends naturellement pas en considération, ici, les multiples possibilités de fraude par les « médiums » et les opérateurs).

Lorsque la supercherie terrestre est exclue, les manifestations que vous attribuez à des forces de « l'au-delà », ne sont pas autre chose que les jeux d'entités invisibles d'une région du monde physique encore presque inconnue.

Ceux qui sont réellement « éveillés » dans l'Esprit, et qui, étant comme tels conscients de l'au-delà, peuvent être considérés comme vivant déjà dans cet au-delà, bien que vivant encore, aussi, dans le corps terrestre du côté physiquement perceptible du monde, — ont il est vrai la possibilité de se servir, à l'occasion, des entités précitées, ainsi que l'on se sert, d’ailleurs, de toute autre force dont on dispose, il ne viendra néanmoins certes jamais en tête à l'un de ces éveillés dans l'Esprit de prendre part à une séance spirite pour divertir les assistants ou de vouloir rendre plus « intéressants » les essais d’un expérimentateur . . .

Même lorsqu'on a l'impression d'avoir « sans aucun doute » affaire à l’« entéléchie » d'un homme terrestre du passé, le danger d'une imposture d'entités lémuriennes est tellement plus grand que toute probabilité d'une véritable communication, qu’ on ne saurait être mis en garde avec trop d'insistance contre toute voie conduisant à des manifestations spirites quelles qu'elles soient.

Celui qui vous avertit ici connaît de sa propre expérience certaine et des plus étendues, toutes les manifestations possibles dans le domaine « spirite ».

Mais il ne connaît pas moins bien, aussi, ce monde intermédiaire invisible qui constitue l'élément causal propre des soi-disant « esprits » du « spiritisme », et il sait, le cas échéant, se servir de ces entités et de leurs énergies, ainsi que l'on se sert d'un cheval de selle ou d'un chien de chasse, lorsque les circonstances le demandent.

Celui qui détient spirituellement ce pouvoir est, dès qu'il le demande, servi par ces entités et par leurs forces, sans qu'il lui soit pour cela nécessaire d'avoir recours à un « médium » et de tenir des « séances spirites ».

Il pénètre dans les régions de ces êtres intermédiaires avec l'assurance même dont il fait preuve pour se mouvoir dans les mondes purement spirituels.

Il n’est évidemment pas agréable d'approcher ces entités, et aucun de ceux qui ont le pouvoir de se servir d'elles à leur guise ne le fera jamais sans nécessité majeure, et sans avoir à surmonter alors un sentiment de dégoût.

Tandis que vous vous leurrez d’être en rapports avec vos « chers défunts », vous n'entrez la plupart du temps en relations qu'avec ces créatures, plus ou moins comparables, sur le plan terrestre, aux méduses des mers australes, mais non perceptibles comme ces dernières aux sens physiques. En la circonstance, vous entrez aussi en liaison avec leurs forces, qui sont cependant de nature purement physique. Il se peul aussi, toutefois, que des forces qui vous sont propres sans que vous en ayez conscience, et qui émanent de la région même à laquelle appartiennent ces

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créatures physiques invisibles, produisent à elles seules tous les phénomènes considérés. Vous vous jouez alors à vous-même, sans le savoir, un spectacle fantasmagorique . . .

Cette tromperie inconsciente de vous-même est toutefois beaucoup moins néfaste à votre âme et à votre corps que le véritable contact avec les êtres lémuriens dont il est ici question et qui, tels des sangsues, sucent vos forces pour s'en nourrir, car ils ne peuvent produire les soi-disant « miracles » de vos « séances spirites » si ce n'est à l'aide des énergies qu'ils tirent de vous.

Même l'homme de science le plus exempt de préjugés, ne considérant ces phénomènes qu'en observateur, n'est aucunement immunisé contre la puissance des tentacules de polype qui l'étreignent du sein de l'invisible.

Il a beau s’imaginer « dominer la situation », il n'en doit pas moins se laisser dépouiller de ses propres forces les plus secrètes, sans soupçonner le moins du monde que les parasites invisibles de son « médium », si habiles à captiver son intérêt de chercheur, abusent de lui. — —

Le « commerce » réel, — la seule communication sûre avec ceux qui nous ont devancés dans l’« au-delà », — ne peut s'établir que dans le for intérieur, dans l’ « âme », et elle est de nature essentiellement spirituelle.

Votre propre « corps » spirituel est pour vous l'organe de perception des « trépassés » ! —

Toute pensée « profondément sentie », tout sentiment qui prend totalement possession de vous, sont perçus « de l'autre côté » ainsi que l'est l'expression verbale dans le monde des sens physiques.

De même, si vous êtes « dans le silence » et suffisamment sensitifs à cet égard, vous percevez les propos de ceux qui vivent déjà sur le plan spirituel du monde, sous forme de pensées subtiles, ou comme des sentiments semblant vous envahir de l'extérieur. Pour peu que vos facultés aient été éduquées par l'exercice, vous pouvez en toute certitude distinguer ces sensations de vos pensées et de vos sentiments « propres ». —

Mais, indépendamment de ce que vous pouvez ainsi observer consciemment, une influence s'exerce, subconsciente et permanente. Tant et si bien que vous êtes souvent le « médium » d'un trépassé en un sens bien plus exact que celui que l'on admet dans le cas d'un soi-disant « médium spirite », à supposer même que des êtres humains vivant dans l’« au-delà » voulussent bien se servir de lui . . .

Si, la tête froide, mais attentifs néanmoins à ce qui est plein de mystère, vous aviez l'habitude d'observer les événements journaliers de votre vie, vous ne manqueriez pas, bien souvent, de vous surprendre agissant selon la manière et l'esprit d'un « défunt » bien-aimé, alors que vous n'aviez pas la moindre intention consciente d'agir ainsi que le défunt eût lui-même désiré agir s'il avait encore vécu dans sa forme physiquement perceptible. —

D'autre part, vous trouveriez sans doute aussi matière à réflexion dans le fait que, bien souvent, du fait d'un parfait étranger, il arrive quelque chose que l'on peut sans hésitation considérer

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comme l'accomplissement enfin réalisé d'un désir ardemment caressé par un défunt au temps de sa vie terrestre, mais resté alors inassouvi. — —

Evidemment, tout cela est moins spectaculaire qu'une table en lévitation, ou qui danse, et dont les pieds frappent des « messages » et moins sensationnel encore, que la forme « matérialisée » dans laquelle, inconsciemment sous l'empire d'un envoûtement hypnotique, on entend parler et reconnaît « sans nul doute » un trépassé, — tout en n'ayant devant soi rien d’autre qu’ une espèce de mannequin « astral ».

Il est bien vrai que les traits extérieurs en sont empruntés à ce qui fut la forme physique du défunt, et il n'est jusqu'au « costume » pour fêter son apparente résurrection. Mais à travers ce fantôme, parle un être vivant qui vous glacerait d'épouvante s'il vous était un jour donné de l'apercevoir soudain près de vous, tout masque tombé, et sous son véritable aspect. — —

Ceux qui n'ont jamais assisté à des phénomènes spirites véritables et réellement remarquables ne pourront sans doute pas comprendre qu'il faille prendre ces choses au sérieux, — mais cela n’empêche malheureusement pas ce qu’ on appelle le « spiritisme » de compter des millions d'adeptes secrets ou avoués, ni d'attirer sans cesse de nouveaux « convertis » dans son cercle d'envoûtement.

Une littérature foisonnante, tantôt fantaisiste et tantôt pseudo-scientifique, traitant de la théorie et de la pratique du spiritisme, trouve sans cesse de nouveaux et fébriles lecteurs. Quant aux croyants, toute la compétence scientifique qu'ils peuvent avoir acquise en d'autres domaines ne les protège nullement contre les plus flagrantes impostures, — surtout lorsqu'un cas de décès éveille en eux le désir ardent de reprendre d'une manière ou d'une autre contact avec leur cher disparu . . .

La barrette de docteur ne constitue pas un isolant suffisant contre les influences hypnotiques émanant de l'invisible et les robes des dignitaires académiques sont, hélas, aussi perméables que des toiles d'araignées aux trompes de succion d'invisibles mollusques physiques.

Pour toutes ces raisons, je ne pense pas que mes avertissements puissent être superflus.

Le cosmos physique et spirituel entier est un tout unique, en dépit des aspects très distincts sous lesquels ce tout peut se présenter.

La réalité intrinsèque qui se tient derrière ces aspects ne fut et n'est toujours accessible qu'à un très petit nombre d'hommes terrestres.

Elle se dérobe à l'expérimentation autant qu'à la pensée spéculative.

Aussi bien du côté physiquement sensible que sur le plan spirituel de l'univers, le mode de perception correspondant présente une grande variété de changements et tout ce qui de la sorte atteint notre conscience se présente avec une égale prétention d'être : « le réel ».

Les êtres qui vivent dans l'univers ne voient presque tous que des fragments du réel, et encore ne voient-ils même ces fragments que sous une forme inconsciemment modelée au gré de leur propre imagination créatrice.

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C'est ainsi que la vie qui succède à la « mort » du corps physique est caractérisée, elle aussi, par un changement de mode de perception.

On ressent et l'on vit le même « réel », mais selon le mode spirituel de perception, du fait qu'avec l'arrêt des fonctions organiques du corps terrestre, les sens physiques cessent d'être des organes de réception utilisables pour l'expérience de la vie.

Or, c'est bien par les sens, que la vie peut-être ressentie dans fous ses plans, bien que la nature des organes sensoriels puisse être très différent. —

« Mourir », n'est pour l'homme de la terre qu'un processus par lequel il se trouve contraint d'apprendre à se servir consciemment de sens jusqu'alors enfouis dans son subconscient . . .

Durant la vie terrestre, déjà, ces sens spirituels existent ; — c'est d'eux seuls, même, que l'homme tient sa faculté de recevoir, à travers la perception sensorielle de son corps animal, des impressions que ne saurait éprouver la bête même la plus affinée, à quelque degré que ses sens physiques puissent surpasser par leur acuité ceux de l’être humain. — —

Ce n'est qu'en des cas d'espèce relativement rares qu'il est possible aux sens du « corps » spirituel dans l’être humain d'éclore déjà pendant cette vie terrestre, et ce réveil ne se produit jamais sous la forme d'une soudaine aptitude à se servir des organes spirituels. Elle se présente toujours, au contraire, sous l'aspect d'un éveil progressif, que l'on peut sans doute légèrement favoriser, mais en aucun cas forcer arbitrairement.

Celui, donc, qui dès sa vie sensorielle physique s'est éveillé au point de pouvoir faire simultanément usage de ses sens spirituels, voit les divers « mondes » inférieurs du seul et unique monde causal de la réalité, auxquels s étend d’ores et déjà son expérience, comme « emboîtés » les uns dans les autres. Tant et si bien qu'il peut souvent lui être malaisé de distinguer d'emblée ce qui relève des régions sensorielles physiques de ce qui appartient aux règnes des mondes sensoriels spirituels.

Seul le très petit nombre d'hommes auxquels le monde de la cause première, aussi : — « l'Etre en soi », s’est intérieurement révélé, ressent simultanément l'unique et ultime Réalité qui « engendre » tous les mondes qu'ils soient perceptibles par les sens physiques ou par les sens spirituels.

Cette réalité primordiale est la Cause première de toute vie, que celle-ci soit éprouvée par les sens et parvienne à la conscience d'une façon physique ou spirituelle ! —

Quant à l’ « homme », — qu’ il vive dans sa forme spirituelle ou dans le corps de l'animal terrestre, il est, au point de vue de l'éternelle Réalité :

Vie éternelle, individualisée consciente de ses expériences.

Déterminée sur terre par le mode sensoriel physique de perception, il est vraiment difficile à la vie éternelle, confinée dans une forme animale, de se ressentir à la fois individuellement conformée et comme étant néanmoins le point de concentration d'un tout incommensurable :

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— d'un tout qui ne connaît en soi nulle solution de continuité et nulle séparation bien qu’ il prenne conscience de lui-même en des aspects infiniment multiples.

Captive de la terre, l'imagination humaine est par trop dépendante de l’apparence visuelle, qui ne connaît l’ « individuel » que comme ce qui est séparé du reste.

En revanche, dans le mode spirituel de perception, l'individualité est l’éternel mode de manifestation au sein du tout indivisible : — et non pas, en quelque sorte, une division à l'intérieur du tout, mais une représentation de sa propre unité aux multiples aspects.

C'est toujours toute la vie, une et indivisible, qui en chacune de ses innombrables automanifestations individuelles fait l'expérience de l'un de ces aspects, d'un caractère unique et bien déterminé . . .

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DU TEMPLE DE L'ÉTERNITÉ ET DU MONDE DE L'ESPRIT

N O US qui partageons ici-bas avec vous cette vie terrestre et qui, en même temps, venons pourtant vous parler de l'Esprit — nous vivons, en vérité, dans un autre monde que vous, bien qu'ayant, nous aussi, fermement pied sur terre.

Il peut vous sembler que nous soyons par trop éloignés de vous ; et cependant, nul ne saurait vous être plus proche.

Sans doute ne vivons-nous pas seulement dans votre monde, mais également dans le monde éternel de l'Esprit pur et substantiel ; mais le monde éternel de l'Esprit interpénètre aussi votre monde : — comme l'eau de la mer imprègne l’éponge qui croît en ses fonds . . .

Certes, vous ne pouvez pas saisir par les sens terrestres le monde de l'Esprit pur et substantiel dans lequel, spirituellement nous vivons.

Il vous faut d'abord acquérir l'aptitude à percevoir spirituellement, si vous voulez vivre l'expérience des faits spirituels !

Et même alors, vous devez commencer par dépasser tous les mondes spirituels inférieurs avant d'atteindre le règne intérieur d'où vous parvient le présent message . . .

Nombre d’entre vous nous cherchent et croient qu'ils pourraient être aussitôt unis à nous spirituellement, si seulement ils découvraient nos demeures humaines sur la terre... Cependant, nous ayant même ainsi trouvés réellement, ils ne se sont aucunement « rapprochés » de nous pour autant . —

Ils voient seulement notre corps matériel, entendent notre seule voix terrestre et observent tout au plus les aspects les plus extérieurs de notre vie sur terre.

Ils ne peuvent quand-même pas pénétrer dans notre « Temple », car il se situe sur le plan spirituel du monde des causes et non pas « sur les pentes de l'Himalaya », par exemple.

Là, dans les solitudes cachées de la plus haute montagne de la Terre, vivent constamment, depuis l'aube des temps, quelques-uns seulement de nos Frères, de génération en génération : des hommes qui ont dépassé toute éminence possible sur terre et qui demeurent en permanence retranchés dans une retraite inaccessible, afin d'empêcher sans relâche toute obstruction du sentier qui, pour nous autres qui agissons dans le siècle, doit demeurer librement praticable si nous voulons pouvoir remplir la tâche qui nous est assignée . . .

Durant des millénaires, nous avons travaillé à la construction de notre temple spirituel, et nous continuons toujours à bâtir sans jamais la conduire à sa fin.

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Chaque siècle nous amène à ajouter des transepts et des autels nouveaux, des colonnes et des piliers nouveaux, — sur un rythme spirituellement déterminé et selon la sage ordonnance du plan directeur qui repose dans les fondations du temple.

Tous vos temples, tous vos autels, sur la terre, ne sont que des reflets de ce temple spirituellement conformé.

De façon plus ou moins claire, — plus ou moins déformée, — on peut reconnaître, dans tous ses reflets terrestres, ce que les anciens Maîtres bâtisseurs purent pressentir — ou, quand ils furent de vrais artistes, ce qu'ils purent percevoir, dans une sublime intuition, — de la justesse de mesure et des décors de notre auguste Temple de l'Eternité.

Cependant, ce Temple a est pas un. édifice de la pensée, et je ne m'exprime pas, ici, d'une façon purement symbolique !

Il existe, au contraire, comme un édifice de substance spirituelle constamment perceptible spirituellement et, pour des êtres capables de vue spirituelle, il est reconnu de structure aussi compacte que celle que vous reconnaissez aux temples de la terre et aux cathédrales terrestres dont les flèches se dressent vers le ciel . . .

Dans le monde de l'Esprit, tout est ressenti de façon aussi « tangible » et « réelle » que dans votre monde des sens physiques, et vous succombez à une illusion grossière lorsque vous vous imaginez qu’on n'y peut trouver que les produits confus du rêve ! —

Il ne s'agit pas là de visions, d'hallucinations, ou de quelconques images issues de l'imagination, ni de l'évocation imagée d'une expérience acquise tirée des régions subconscientes ! —

Ce que perçoivent les sens spirituels est « objectivement » existant au même degré que les objets perceptibles aux sens physiques du corps terrestre. Pour cette raison même, ce qui est perçu par les sens spirituels, jusque dans les plus hautes sphères de l’auto-manifestation spirituelle, correspond tout-à-fait « objectivement » aux formes du monde des perceptions sensorielles physiques, modifiées il est vrai, selon les exigences d'une transposition spirituelle.

Dans le monde spirituel, aussi, il y a des « terres et des mers », des gorges profondes et de hautes montagnes, des sommets couverts de neiges éternelles, des vallées planes et tranquilles emplies de douceur et de paix . . .

Veuille celui à qui cela semble avoir des résonances « par trop terrestre » réfléchir que, même ici-bas, ses perceptions sensorielles physiques résultent uniquement d'impressions déterminées, produites par des moyens extérieurs. Qu'il considère en outre qu'il s'agit toujours exclusivement des effets de certaines formes d'énergies perceptibles aux sens physiques. Si bien que tous les noms que nous attribuons aux choses ne caractérisent à vrai dire que certaines combinaisons d'impressions isolées stéréotypiquement perçues. Lorsque, par exemple, l'œil perçoit une impression de blancheur, — la main éprouvant une sensation de froid et une certaine consistance de la masse touchée, tandis que l'oreille perçoit un crissement dès que cette masse est foulée par les pieds, — nous associons le mot « neige » à l'ensemble de ces perceptions (auxquelles

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peuvent s'ajouter bien d'autres sensations encore, telles que la rapidité de fusion ou l’aspect cristallomorphe des « flocons ».

Pour produire la perception sensorielle physique d'un tel ensemble d'impressions, il est certes nécessaire que ces dernières soient engendrées par des causes physiques, alors que la même impression globale n'est perceptible par les sens spirituels que si des énergies spirituelles concourent à la produire . — —

Sur le plan spirituel du monde des causes, existent aussi les notions « d'espace et de temps » « de cause et d'effet », bien que nous soyons avec ces concepts en des relations essentiellement différentes de celles auxquelles nous sommes accoutumés sur la terre, dans la vie sensorielle physique . —

Tout ce que nous vivons d'expérience ici, dans le monde spirituel, est tout aussi réel que les choses du monde perceptible par les sens physiques, mais ne peut atteindre la conscience que de manière spirituelle.

Ce qui est de la sorte perçu n'est pas du tout, non plus, spatialement éloigné du monde matériel, mais ce n'est plus soumis aux lois qui régissent le monde des phénomènes physiques.

La volonté agissante fait croître, dans l'Esprit, ce qui doit servir notre corps spirituel, et la même volonté fait que le fruit mûr est récolté sans peine.

Seuls les animaux nous sont inconnus, dans les domaines du monde de l'Esprit dont il est ici question, encore que le simple domaine des formes du règne animal n'y fasse nullement défaut.

Cependant, tout ce qui, dans l'homme, tient ici-bas « delà bête », a ici perdu son pouvoir sur nous, ainsi que l’a perdu toute l'hostilité qui, sur terre, s'affirme à notre égard dans la forme animale de manifestation.

Ce qui, sur le plan spirituel, se révèle à nous sous des formes qui correspondent, en toute beauté, aux formes des animaux sur la terre, n'a absolument rien de commun avec la nature animale telle qu’ elle se montre à nous sur terre dans les formes de la bête . . .

Pour se nourrir terrestrement ici-bas, d’aucuns peuvent consommer la chair des animaux et d’autres s'en abstenir, — là cependant, dans la vie conditionnée par les sens spirituels, il n'est pas d'autre « aliment » que les équivalents spirituels du fruit végétal et des produits terrestres que sont le vin et le pain.

(Sans doute est-il superflu d'ajouter qu'il s'agit ici de « pain » exempt de la cuisson au four et de « vin » qui certes n' « enivre » point. . . )

Mais « aliment » et « boisson » constituent, du côté spirituel, aussi, du monde des causes, la forme spirituelle du renouvellement des forces sensorielles, tout comme il existe, dans l'existence spirituelle, un état de rénovation des forces comparable au sommeil réparateur du à la fatigue terrestre.

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Comme toutefois, « aliment » et « boisson », dans le monde spirituel, sont des produits de la force de volonté, ils ont simplement pour effet de transformer cette même force en éléments du corps spirituel. Ainsi se trouve par conséquent exclue pour le corps spirituel, toute élimination de déchets comme celles qui sont liées à la condition animale sur terre.

Mais, pour nombre d'entre vous, tout cela semble évidemment bien trop « sensoriel », bien trop analogue à la vie terrestre pour être admis volontiers par votre entendement.

Vous oubliez en l'occurrence que sur la terre, aussi, tout événement sensoriellement perceptible est toujours le « symbole » d'un phénomène qui demeure insaisissable aux sens.

Aussi bien sur le plan sensoriel physique que dans le domaine spirituel du cosmos, toute vie se traduit en mouvement. —

Or tout mouvement engendre une forme.

Puisque toute vie est toujours partie intégrante dune même vie unique, toute forme est nécessairement aussi : le symbole correspondant au même mouvement dans toutes les régions de l'univers, quel qu'y soit le mode de perception . —

Un règne de l'Esprit tel que vous le rêvez et tel que, depuis des millénaires, on vous a toujours enseigné de le rêver : — sans formes, sans symboles, — n'existe nulle part, à moins que l’on ne se contente de ces règnes de brumes évanescentes qui, pour maints cerveaux, sont « la réalité ».

La « mer informe de la divinité sans forme », dont parlent les mystiques, est au-dessus de toute existence, mais, une fois perdus dans cette mer, vous ne sauriez plus jamais vous retrouver.

Vous êtes sortis de son sein pour devenir la forme et l'expression de votre volonté, mais à supposer que l'un de vous pût retourner dans les flots originels illimités, ce qui vous a conféré votre forme individuelle serait alors de toute éternité sans cesse obligé de repousser et projeter chacun dans le Grand Tout. — —

Bien éloignés de ces flots originels sont les pauvres rêveurs qui ont découvert dans leur subconscient le fonds caché d'expérience de leurs ancêtres les plus lointains et éprouvèrent à nouveau en eux-mêmes l’inaptitude de ces derniers à ressentir individuellement la vie, en se leurrant de faire soi-disant une « expérience divine » . . .

Le monde de Lumière le plus intérieur de la perception spirituelle, du sein duquel nous vous apportons ce message est, il est vrai, quant à sa formation, l'œuvre de tous ceux qui sont en état d'éprouver la vie en ce monde spirituel, mais chacun, néanmoins, y demeure isolément le créateur de sa propre expérience de vie.

Dans une commune action volitive, chaque volonté individuelle y coopère à la même formation.

Cependant, chaque volonté individuelle crée néanmoins, pour elle-même au sein de notre communauté, sa propre vie, sans gêner pour autant nulle autre volonté individuelle et sans pouvoir d'ailleurs être éprouvée par l'une de celles-ci, à moins que ce soit par une interpénétration mutuelle.

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Mais, bien que toute la conformation du monde perceptible par les sens spirituels produise la même impression de « réalité » que le monde des perceptions sensorielles physiques, notre volonté ne se heurte, dans le monde spirituel, à aucune des résistances qui l'entravent et la limitent sur la terre.

Si nous voulons qu'une chose soit, notre volonté suffit pour qu'elle advienne . . .

Elle advient, — tôt ou tard, selon la puissance de notre volonté, — mais elle advient ainsi que nous le voulons.

Dans le monde spirituel, les forces créatrices de la volonté font à elles seules entrer dans l'existence de ce qui est voulu, et, d'autre part, ce qui a été antérieurement voulu s'évanouit sans laisser de traces dès que la volonté n'en veut plus ; en sorte, donc, que le pouvoir de la volonté touche ici en vérité de fort près à la notion de « toute-puissance » . . .

Sur le plan spirituel de l'Univers, seul le monde de l'Esprit qui est collectivement voulu, — en conséquence d'une forme commune de perception des sens spirituels, — par tous ceux qui éprouvent intérieurement l'expérience de vie ici décrite, est aussi inaltérable et indestructible que le monde des sens physiques.

Mais il existe aussi d'autres mondes de perception par les sens spirituels : — des mondes de connaissance obscure et de volonté fourvoyée.

Ce sont les mondes de ceux qui échouent dans le monde spirituel sans avoir pu s'affranchir de l'étroit attachement aux chimères d'ici-bas et aux enchaînements de pensées terrestres.

Incapables de s’élever en pleine conscience jusqu'aux sommets de la claire connaissance de l'Esprit créateur, chacun de ceux qui sont enchaînés de la sorte se forge sur le plan spirituel de perception un monde intérieur factice conforme aux imaginations dont il était déjà captif sur terre, mais le produit de sa volonté n'a pas d'existence durable.

Puisque chacun veut autre chose que chaque autre, l'un détruit sans cesse l'œuvre de l'autre.

Cependant, même ces mondes factices subsistent à longueur de millénaires lorsqu'ils doivent leur existence à des conceptions collectives de l'imagination qui furent pendant longtemps entretenues et nourries avec beaucoup de foi sur terre.

Les créateurs inconscients de ces mondes sont toutefois constamment en iutte contre leurs antagonistes : >— contre toutes les volontés qui poursuivent un autre but .

Vous ne savez pas la somme d'intolérance religieuse, de discordes nationales et combien d'autres conflits ici-bas ne sont que les répercussions sur la terre de furieuses luttes défensives dans les règnes factices que l'homme s'est créés depuis l'aube des temps dans les régions inférieures du monde de la perception sensorielle spirituelle . —

Tout ce qui, sur terre, est sincèrement cru ou voulu produit dans les régions inférieures de perception par les sens spirituels un « monde » correspondant à la même croyance et à la même

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volonté, et celui-ci dure aussi longtemps que cette croyance ou cette volonté subsiste sur terre et dirige vers ces régions, des êtres humains animés de cette croyance et de cette volonté.

Tous les éléments qui, sur terre, se combattent, se trouvent également en état d'hostilité dans le monde d'accomplissement illusoire qu'ils se créent à leur insu dans ces régions de perception par les sens spirituels ; et ces éléments qui, là, spirituellement s'entredéchirent, agissent en retour, par leurs forces hostiles, sur l'humanité terrestre.

Une influence réciproque entretient ainsi des deux côtés l'hostilité et la haine.

Cependant, tous ces mondes particuliers, ces « règnes riverains », de l’Esprit, sont un jour anéantis, leur existence semblerait-elle assurée pour des éons !

Le seul monde spirituellement conformé dont la durée soit éternelle est celui qui doit sa création à une volonté collective éternellement unie, pénétrée par la Lumière de la connaissance, et inaltérable parce qu'en elle toutes les volontés d'affirmation individuelle s'identifient avec l'Amour éternel, fondement primordial de la vie impérissable . . .

Nous qui vivons dans le monde éternel, certains de notre éternité, — nous ne combattons aucune orientation de la volonté, ni aucune croyance, pour absurdes ou condamnables qu'elles puissent nous apparaître.

Nous n'avons à protéger notre monde spirituel contre aucune espèce d'ennemis, car tous ceux qui pourraient nous être hostiles sont incapables d'atteindre le monde dans lequel, spirituellement, nous vivons.

Quoi qu'ils aient jamais pu entendre à notre propos, quels que soient leurs jugements sur nous, à travers leurs opinions et leurs illusions, — ils ne savent tout de même pas de quoi nous rendons témoignage, pas plus qu'ils ne pourront l'apprendre avant que leur cécité spirituelle ait pris fin . . .

Leur volonté hostile ne saurait donc être dirigée que contre une image de leur propre création et jamais contre nous-mêmes ni contre notre monde spirituel. —

Or, nous voyons, à des profondeurs insondables au-dessous des hautes cimes qui sont notre demeure dans l’Esprit, ces mondes spirituels périssables que la volonté asservie à la terre s'est créés, et nous sommes toujours prêts à en libérer ceux qui veulent se laisser délivrer.

Nul ne peut être libéré par nous, qui de sa propre volonté pure, en toute sincérité envers lui-même jusqu'en son tréfonds, n'exige de lui ce qu'il y a de plus élevé et de plus lumineux, avec une foi inébranlable en l'aide de l'éternel Amour !

Bien rare est la volonté qui se manifeste de cette manière, — bien rare l'intelligence du fait que seul l'épuisement des forces propres établit le droit d'être secouru . . .

Une telle volonté et une telle compréhension existent néanmoins.

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Et bien que plus d'un appel nous parvienne comme la lâche jérémiade d'un être humain qui se lamente sur les devoirs qui lui incombent, d'autres cependant nous appellent aussi, qui, en vérité, ont déjà accompli tout ce qu'on pouvait exiger qu'ils accomplissent de par leurs propres forces.

Ce sont ces derniers seuls que nous pouvons délivrer de l'emprise de ces régions d'illusion temporaire !

Plus que toute autre action spirituelle en notre pouvoir, cette œuvre de délivrance nous est sacrée !

Nous ne connaissons pas de joie plus grande que celle d'aider l'un de ceux qui s'efforcent de se surpasser eux-mêmes, de sortir des ténèbres et de s'élever vers la lumière . . .

Les autres sont tenus de parcourir une voie dont nous n'avons pas à parler ici.

Eux aussi reconnaissent tôt ou tard que le monde spirituel illusoire qu'ils se sont créé n'est pas le monde de l'accomplissement perdurable.

Dure et amère leur est alors cette constatation, et le sentier qui seul leur offre encore la possibilité d'atteindre un jour la Lumière est parsemé d'épines.

Les éons peuvent alors s’ajouter aux éons, avant que le chercheur ne parvienne enfin quand même au premier des degrés qui le conduiront vers la Lumière, — à l'accomplissement définitif de son aspiration, — à la source originelle de son Etre. — — —

Tout ce dont je porte ici témoignage pourrait fort bien être pris par certains pour les rêves étranges d'un « mystique » obsédé par son imagination, et je ne tiens rigueur à nul humain de ce siècle qui ferait ainsi preuve de prévention envers mes paroles.

Dans votre intérêt, cependant, je vous conseille plutôt d'accueillir ces révélations comme le récit d'un homme qui a maintes choses à vous dire sur de lointains pays tels qu'il ne vous a pas encore été possible d'apprendre à les connaître.

Il est possible, aussi, que certains d’entre vous soient même choqués d’entendre ici autre chose que ce qu'ils ont accoutumé d'entendre jusqu'alors de la bouche de gens qui, égarés par leur illusion, s'imaginent avoir pénétré, leurs sens intérieurs éveillés, les régions du monde spirituel.

Il convient à ce propos de considérer que certains humains, pourvus à cet égard de dons particuliers, sont certes capables, au prix d'un entraînement préalable, de s'engager dans les domaines les plus inférieurs et les plus périphériques du règne illimité de la perception sensorielle spirituelle. Mais nul parmi ceux-ci ne parvient jamais dans le royaume intérieur, resplendissant de clarté, de l'Esprit substantiel, s'il n'est pas au nombre de ceux qui sont les gardiens mandatés de l’« héritage » spirituel secret de l'humanité terrestre.

Le petit nombre, même, de ceux auxquels cet héritage est confié et qui naquirent ici-bas déjà mandatés en ce sens, durent en tous temps acquérir d’abord sous une haute direction un savoir spirituel considérable et un pouvoir pratique, avant que, après de longues années de mise à l'épreuve, ils ne fussent finalement reconnus comme réellement « éprouvés » . . .

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Par contre, les « voyants » qui se croient autorisés à vous exposer avec une franche audace les « résultats de leurs recherches sur des plans supérieurs », comme s'il s'agissait là de domaines ouverts à l'investigation scientifique, sont, — sans exception — des hommes qui, dans le meilleur des cas, ont eu tout au plus accès à l’une ou l'autre de ces régions inférieures que j'ai appelées les « règnes riverains » du mode spirituel de perception.

Certains de ces égarés peuvent sans doute rendre compte, en toute bonne foi, de choses qu'ils ont effectivement aperçues dans l'un de ces « règnes riverains », ou que, même, un humain vivant dans l'au-delà, pris par eux pour un maître , entreprit de leur montrer, lui-même trompé par la frénésie de son illusoire « certitude ». —

Un témoignage authentique de notre monde de l'univers spirituel est bien plus rare que vous ne pensez !

Ceux à qui, parfois, un tel témoignage parvint, le gardèrent pour la plupart très secret, par crainte de profaner une chose sacrée en divulguant à chacun ce qu'ils avaient eu le privilège d'apprendre de la sorte.

Ce fut toujours exclusivement du petit groupe que nous sommes que provinrent des témoignages authentiques, car nous sommes les seuls à pouvoir les apporter.

Toutefois, ces révélations ne furent jamais faites qu'en secret, et isolément à des individus qui, jour et nuit, s'efforçaient de parvenir à l'illumination.

Or, par cette façon de répandre les semences, la récolte du fruit est demeurée par trop mesquine, en sorte qu’ il convient désormais d'offrir à tout le monde notre connaissance expérimentale dans la mesure où la parole humaine permet de l'exprimer.

Je ne me présente pas à vous en réclamant que vous m'accordiez une confiance plus grande qu'il n'est généralement d'usage entre honnêtes gens.

Les révélations que ma parole transmet ici émanent de ma nature spirituelle éternelle, et je rends témoignage d'un monde spirituel dans lequel je vis avec mes Frères dans l'Esprit, cependant que simultanément je partage en outre avec vous la vie sur cette terre, assujetti à tous les devoirs terrestres, et bien éloigné de vouloir m'y soustraire.

Je n’apporte d'ailleurs pas uniquement un témoignage de ma propre connaissance, car chaque mot que j'écris est simultanément conçu à l'unisson spirituel constant avec la connaissance de ceux qui sont mes Frères dans l'Esprit et me sont unis en tant que Prêtres du Temple de l'Eternité.

Puisse chacun de ceux qui liront ces paroles faire abstraction totale de la personnalité extérieure de leur auteur, et se demander seulement en son propre cœur s'il peut y trouver l'assentiment à ce qui est offert ici !

L'assentiment du cœur ne sera d'abord que très faiblement perceptible, si le lecteur est encore animé de pensées et d'idées influencées par les règnes riverains inférieurs du mode spirituel de perception sensorielle.

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Plus haut il aura déjà su s élever au-dessus de cette zone d'influence, plus clairement ressentira-t-il dans son for intérieur la vérité de mes paroles.

Toutefois, celui qui, fût-ce inconsciemment, coopère à la création de mondes inférieurs dans la zone riveraine de perception par les sens spirituels et qui, par conséquent, se trouve sous l'empire de l'action exercée sur lui en retour par les produits de sa propre imagination, celui-là, dis-je, n'éprouvera guère le besoin de se libérer de ses propres entraves.

De même, tous ceux qui prennent le domaine de la pensée abstraite pour le règne de l'Esprit ne pourront que sourire à l'idée de l'existence dans l'Esprit, d'un monde d'éternel accomplissement présentant autant d'éléments semblables à ceux du monde physique de manifestation.

Il y a, semble-t-il, les plus grandes difficultés à acquérir la notion que le monde entier des manifestations perceptibles par les sens physiques, depuis les plus petites jusqu'aux plus grandes, est la réplique de mondes de perception sensorielle spirituelle . . .

Ainsi pourra-t-on se croire en droit de rejeter sans examen tout ce que j’avance à ce sujet, dans le domaine des fables et des rêves humains d'espérance.

Mais une telle erreur de jugement ne saurait néanmoins affecter en rien la structure effective de la réalité . —

Si ce n'était une superstition millénaire, que la réalité spirituelle puisse être dévoilée par le jeu du raisonnement logique, il y a beau temps que cette réalité, dont j'apporte ici le témoignage, n'aurait plus de secret ni ne ferait plus de doute pour personne !

Bien plus près de la vérité sont les doctrines des systèmes religieux anciens, car dans leur symbolisme, bien des choses se sont conservées jusqu’ aux temps présents, qui portent clairement la marque d'êtres humains réellement conscients de l'au-delà.

A celui qui, de nos jours, sait encore interpréter le langage de ces doctrines symboliques, je n'apprends certes rien de nouveau en enseignant que pour l'Esprit éternel de l'homme, il n'existe nulle autre « béatitude » véritablement éternelle que celle qu'il peut trouver au sein même du monde de l'Esprit, tout de lumière, avec sa richesse infinie de formes et de symboles primordiaux, — avec ses possibilités variées à l'infini, d'accomplissement du vouloir le plus pur et le plus haut . . .

Quant à ceux qui s'imaginent que l'aptitude de l'homme à s'éprouver consciemment prend fin avec la mort du corps terrestre, c est après cette mort seulement que l expérience viendra corriger leur erreur, si lourde de conséquences !

Ils ne feront pas grand cas de l’« assentiment du cœur » et, malgré toute leur sagacité, ils ne s'apercevront pas qu'ils se barrent eux-mêmes le seul chemin qui dès à présent, ici durant leur vie sur terre, pourrait les conduire à un clair jugement.

Ce ne sont certes pas les plus mauvais qui, pour des raisons qu'ils croient bonnes, identifient la mort du corps terrestre physique avec l’anéantissement définitif de la conscience, — mais il est fort difficile de les arracher à leur erreur, car ils sont à ce point esclaves de l'apparence qu'elle

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leur fait considérer la notion incontestable du caractère périssable des choses terrestres comme également probante en une sphère soumise à de tout autres lois . . .

Sans doute l'être humain tangible aux sens maternels est-il, par la mort de son corps terrestre, à jamais anéanti !

Ce qui subsiste, c'est la volonté éternelle, formée de sa propre substance, — telle que, jusqu'à la mort du corps, elle s'est exprimée dans ce corps même et par les forces de celui-ci, ainsi que la conscience de soi dans cette forme de volonté telle qu'elle était ressentie sensoriellement, aussi, dans le corps terrestre, jusqu'aux derniers instants de sensibilité lucide.

Or, ces deux éléments sont, en vérité, suffisants pour que l'état qui succède à la mort physique puisse être qualifié de « survie », car même la vie terrestre n'est pas autre chose que l'expression, perçue par les sens, de la volonté éternelle déterminée par la forme qu'elle s'est donnée, et fixant par là sa conscience d'elle-même.

C'est en revanche à bon droit que le raisonnement logique se refuse à admettre que cette volonté, ou la conscience de soi déterminée par la forme quelle s'est acquise, puisse être, aussitôt après la mort du corps terrestre, en quelque sorte élevée dans un état de « béatitude éternelle », ou plongée dans un « tourment sans fin ».

L'élément impérissable qui précédemment s'exprimait dans le corps terrestre, ne s’ « envole » aucunement, non plus, dans les hauteurs des nues ou « vers les toiles ».

Il se produit seulement un changement du mode de perception, et la volonté éternelle consciente, détachée du mode terrestre de perception, devient capable de percevoir au moyen des organes sensoriels de son corps spirituel, qui seuls, d'ailleurs, lui permirent de faire dès sa vie sur terre l'expérience du spirituel, que celle-ci ait été riche ou restreinte.

Quant à ce que l'on perçoit tout d'abord, une fois que les organes sensoriels physiques échappent à la conscience, je l'ai déjà minutieusement décrit dans le premier chapitre de ce livre.

Malgré toutes les formes particulières qu'il peut prendre, le mode de perception reste le même dans les plus basses régions des mondes saisissables par les seuls sens spirituels comme dans le monde de l'Esprit le plus interne et le plus élevé.

Seules les formes perçues diffèrent, — ainsi que le degré de lucidité de connaissance individuelle au sein du domaine de perception considéré.

Plus cette connaissance est élevée, plus purement l'éternelle volonté, dont la forme accuse alors déjà la netteté de forme du cristal, se ressent dans sa conscience d'elle-même comme la créatrice des formes manifestées, de substance spirituelle, — et d’autant plus clairement. aussi, a-t-on conscience de l'éternelle Réalité, porteuse en soi de toute forme de l'être.

Seule une volonté encore imprécise, non encore sûre d'elle-même, aspire à l’ « inconformé ». —

Clarifiée, en revanche, affermie en elle-même sous une forme nette, concevant l’ordre selon la mesure et le nombre, la volonté éternelle conduit forcément, à chaque degré de son expression, à

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des formes manifestées définies, et sa félicité suprême consiste à pousser la création de sa propre forme jusqu’ à la perfection dont elle est susceptible . . .

Tout artiste possédant réellement des dons de création, et aussi maint autre « créateur » sur la terre, connaissent il est vrai un lointain reflet d'une telle félicité, mais ce n’est que du côté spirituel de l'univers qu'on peut éprouver dans sa plénitude ce qui n'était sur terre qu’ un pressentiment.

C'est pourquoi l’éducation de la volonté, par l'utilisation, de ses propres instincts de création de la forme est la première et la plus nécessaire des disciplines spirituelles ; elle constitue le premier pas sur la voie conduisant au monde éternel, au sein même de l'Esprit.

Nous sommes, en vérité, plus près de vous que vous ne l'imaginez, — nous sommes même avec vous, où que vous soyez jamais, car ce qui en vous tient de l'Esprit vit éternellement dans le monde spirituel qui nous est ouvert, bien que vous ne soyez pas encore en mesure de vous identifier avec votre être spirituel éternel.

A cette sensation d’identité, vous ne sauriez parvenir avant que votre volonté éternelle ne se soit parachevée en une forme pure et nette selon l'Ordre et la Loi.

Seul celui qui, sans répit, travaille à s’arracher aux brumes crépusculaires au milieu desquelles des notions confuses du monde de l'Esprit le font errer à l'aventure, pourra un jour atteindre à la clarté de la Lumière spirituelle qui est notre souffle vital. —

Alors, le chercheur se rendra compte que les mille « questions » qu'il se posait en vain dès le début de son chemin ne peuvent recevoir de réponse pleinement satisfaisante qu'au terme de ce chemin. —

C'est pourquoi les Guides de l'homme vers la Lumière spirituelle sont tenus d'exiger avant tout la « foi » qui, en tant que force vivante déclenche l'impulsion à vouloir cheminer plus avant.

Au seuil du chemin qui mène au Temple de l'Eternité, la « foi » est indispensable car la « connaissance » n'est donnée qu'à celui qui a su atteindre en lui-même le but ultime du chemin.

Celui qui est incapable de « croire » qu'il atteindra un jour ce but ne fera certes pas l'effort qu'exige le parcours, et celui qui se dérobe à cet effort ne peut en aucun cas parvenir dès ici-bas à une « connaissance » certaine dans le domaine de l'Esprit !

Une telle « connaissance » peut cependant vous échoir même si, pendant votre vie sur terre, vous ne parvenez pas à avoir libre et vivant accès dans les règnes les plus élevés de l'Esprit.

Or, celui qui est devenu « connaissant » des choses de l'Esprit, a en vérité acquis davantage que s'il possédait toute la science de la terre . . .

Il se reconnaîtra lui-même en nous, et, uni à nous, le royaume de la Lumière deviendra sa patrie éternelle !

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On ne doit cependant pas croire, en vérité, que la connaissance spirituelle soit accessible à ceux-là seuls qui se leurrent orgueilleusement d'être au-dessus de toute « sagesse scolastique profane » !

S'il est vrai que le savoir spirituel ne peut être acquis par des raisonnements intellectuels, il n'en reste pas moins qu'il est certes susceptible d'aider l'entendement à saisir des choses nouvelles . . .

La connaissance dans l'Esprit ne peut être acquise de la même manière que la science profane de ce monde, mais la connaissance rationnelle des rapports terrestres ne saurait pas davantage s’obtenir autrement que par le travail de la raison.

Ce que l'intelligence terrestre découvre par les moyens sensoriels physiques d’investigation ne saurait jamais être l’objet du mode d'investigation des sens spirituels ; et jamais il ne peut y avoir contradiction entre les deux modes de connaissance, si ce n'est en conséquence du défaut d'aptitude à connaître.

C'est seulement là où finit tout ce que la pensée peut « concevoir » que la connaissance par perception sensorielle spirituelle devient possible : par delà toute science humaine profane !

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L'UNIQUE RÉALITÉ

J’ESPERE que tu commences à présent à entrevoir le mystère du monde des causes, qui, éternellement fécondant et enfantant, se révèle dans tous les domaines de perception, en une abondance infiniment variée de manifestations . . .

Ou bien ta sensibilité intérieure manque-t-elle encore de subtilité parce que tu n'as pas pris coutume de l'affiler ?

En ce cas, peut-être ne ressens-tu pas grand chose du mystère que mes paroles doivent te dévoiler, ou donnes-tu à ces dernières un sens qu'elles ne comportent pas ? —

Je veux, cependant, que tu apprennes à « voir » afin que tu n'aies pas, un jour, à t'engager comme un « aveuglé » dans le règne de l'Esprit, lorsque viendra l'heure où tu seras obligé d'y pénétrer. —

« Avidyâ », c'est-à-dire : l'ignorance, est à bon droit considérée par la sagesse orientale comme un « péché », car seule ta propre volonté peut te fermer la porte de la connaissance . — —

Tu as à présent entendu, à maintes reprises déjà, qu'entre ton monde de la perception sensorielle physique et le monde de l'Esprit, l'unique barrière est celle qui sépare des facultés de perception de deux modes différents.

C'est à dessein que je me suis souvent répété, et je vais devoir me répéter encore dans la suite, afin que cette vérité fondamentale pénètre ta conscience aussi profondément que possible.

Ainsi dois-je à ce propos te rappeler encore que la réalité reste toujours la même et l'unique source des causes, même si elle est perçue selon les modes les plus différents dans les mondes manifestés, physiques ou spirituels.

La pensée philosophique a eu de cette « réalité » unique une lointaine intuition et elle l’a dénommée : « la Chose en soi ».

Cependant, fa spéculation philosophique, même la plus subtile et la plus perspicace, est absolument incapable de pénétrer jusqu'à cette « chose » elle-même.

Seule l'expérience pratique permet de la saisir et seuls les Maîtres éprouvés a un mode de connaissance antique et secret sont réellement capables de cette expérience pratique.

Ils sont aussi les seuls à pouvoir guider vers cette expérience pratique leurs successeurs élus à cette fin dès avant leur naissance.

C'est ainsi que moi-même j'ai acquis jadis ce qu'il fallait que j'acquisse en ce domaine .

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Qui donc, en dehors de nous, pourrait-il ici-bas t'initier, tout au moins par les indications qu'en peuvent donner les paroles d'un langage humain, à l'unique Réalité, cause première de toute et de chaque manifestation ? !

Je veux en tenter l'essai. — Mais il me faut à cet effet adresser dès le début un pressant appel à ta sensibilité la plus intime, et la prier instamment de me venir en aide, car c'est seulement si ce qui en toi tient de l'Esprit peut s'unir à mes enseignements, que tu sauras saisir intérieurement la vérité.

Ton regard, jusqu'ici, est encore ébloui par l'éclat d'une lumière éphémère qui peut, certes, aveugler bien des yeux !

Il te faut, tout d'abord, apprendre à « voir » ! —

Il faut que ta vue devienne libre, en sorte qu’ elle puisse percevoir ce qu'elle veut voir, et n'être plus contrainte à percevoir seulement ce que la plupart des humains sont uniquement en mesure de voir. — —

Il faut que ton œil apprenne à voir vers l'intérieur, ainsi qu'il sait voir, jusqu’ ici, vers l’extérieur seul !

Il ne s’agit cependant pas simplement d'acquérir une autre faculté « visuelle » ; il faut que ta façon de sentir tout entière subisse une rénovation.

Ton propre « sentiment d'exister » doit s'affranchir des liens qui jusqu'ici l'enserrent encore, si tu veux ressentir avec une certitude inébranlable l'unique « Réalité », cause première de toute manifestation.

Des fils magiques parcourent ce monde extérieur des sens physiques, aussi, et si tu t'efforces avec persévérance d’apprendre à voir vers l'intérieur, tu ne tarderas pas à savoir distinguer le mode de manifestation de ce monde extérieur de la causalité qui se révèle en lui.

Tu seras surpris de découvrir que la Réalité unique de tout monde manifeste est saisissable aussi dans le mode sensoriel physique de manifestation, sous l'aspect des forces spirituelles cachées de l'Etre originel, forces dont bien souvent des humains firent l'expérience, mais dont l'existence est néanmoins niée par beaucoup parce que leur expérience ignore tout de ces forces . . .

Celui qui a eu le privilège d'éprouver ce dont il s'agit ne saurait plus être troublé par le doute d'autrui ; et sa propre expérience le préservera du danger de confondre éventuellement ces forces avec celles qui proviennent du domaine invisible de la nature physique, bien qu'on ait coutume de parler indifféremment, dans les deux cas, de forces « mystiques », « surnaturelles » ou « occultes ».

L'ensemble du monde physique de manifestation qui t'environne, — y compris ton propre corps, — est l'œuvre des forces spirituelles de l'Etre originel, qui se dérobent aux sens terrestres ; et tous les mondes spirituels sont, pareillement, des formes de manifestation de ces forces causales.

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C'est un changement de mode de perception qui nous fait éprouver les effets de ces forces comme « monde » physique ou spirituel selon le cas.

Tu comprendras dès lors que l’ « Au-delà » n'est pas, du point de vue des causes, au autre monde : mais simplement la conséquence d’une autre façon, nouvelle et encore inconnue de toi, de percevoir les effets des mêmes forces cachées de l'Etre originel, forces dont tu as appris à observer le déroulement ici-bas sous l'aspect de ce que tu nommes l’ « En-deçà ». —

Ta conscience n'est pas, il est vrai, la créatrice de la Réalité, car elle est elle-même une « partie » de celle-ci, — elle est elle-même l’une des forces spirituelles cachées de l'Etre originel, mais, dans l’ « En-deçà » comme dans l’ « Au-delà », elle est la créatrice de la manière dont se présentent pour toi les effets des mêmes forces.

Au mode de perception de l’ « En-deçà », se rattache une suite d'effets de ces forces qui t'est très familière, parce que résultant des fonctions de tes sens physiques.

C'est par ces sens, qui te sont donnés ici-bas, qu'est strictement déterminé tout ce que tu perçois tout ce que tu reconnais comme réalité sur la terre. C'est pourquoi tu ne perçois rien d'autre de « réel », en dehors de ce qu’ ils te permettent de voir.

Mais, puisque tu es toi-même une « partie » de l'éternelle Réalité, ainsi que toute goutte d'eau est dans la mer une partie de la mer, tu portes également en toi, potentiellement, toutes les possibilités inhérentes à l'éternelle Réalité, de même que dans la mer chaque goutte possède toutes les propriétés de l'eau de mer.

De la sorte, tes facultés de perception ne sont pas limitées à celles de ton organisme physique, car tu es toi-même de nature spirituelle et à tout jamais possesseur de ton organisme spirituel.

Dans ton organisme spirituel, tu possèdes d'autres organes sensoriels que jusqu’ ici tu ne connais encore pas et qui, sur le plan spirituel, correspondent parfaitement aux sens physiques de ton corps terrestre ici-bas.

Par tes sens spirituels, tu deviens, dans l’ « Au-delà », le créateur de ton monde spirituel manifesté, tout comme, sur terre, tu es maintenant, sans t'en douter, le créateur du monde physique manifesté tel qu'il est perceptible pour toi . . .

Considère, pour venir en aide à ton entendement, l'exemple d'un homme en état d’hypnose !

Il voit, entend et ressent tout ce que, par suggestion, tu veux lui faire voir, entendre ou ressentir et, pour lui, tout cela est véritablement existant.

Tu crois fermement qu'il succombe à une illusion issue de ta volonté — et en réalité c'est toi seul qui t'abuses par cette opinion même !

Tu n as fait qu’ affranchir momentanément l'hypnotisé de l’obligation de se fier exclusivement à ses sens physiques ; et c'est ainsi que, passagèrement et selon tes ordres, il voit, entend et ressent aussi avec ses sens spirituels, et qu'il devient grâce à eux le créateur de ce qu'on lui demande de percevoir.

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Ce n'est pas toi, qui lui montres ce qu’ il voit, et il n'aperçoit certes rien encore de ce qui, dans les mondes manifestés de l'Esprit, est collectivement visible pour tous ceux qui les perçoivent.

Tu guides simplement son imagination créatrice, et comme ses sens physiques sont entravés, il est en même temps capable de perception au moyen de ses sens spirituels ; si bien que sa volonté crée passagèrement, en substance spirituelle, les équivalents de ce que tu l'as incité à imaginer.

Ce n'est pas le bâton de bois que tu appliques sur sa main, — en lui suggérant qu'il s'agit d'un fer rouge, qui produit la brûlure dont la cloque apparaît aussitôt sur la peau, — mais c'est la forme manifestée dune tige de fer incandescente, engendrée par les sens spirituels, qui l'a occasionnée. Or, si l'apparition de cette tige a pu provoquer une telle brûlure, c'est uniquement parce qu'elle était un effet de forces cachées qui, dans toute manifestation, constituent l'unique réalité. —

L'hypnotisé ne doutera pas un instant de l'objectivité de sa propre création, et si tu lui as aussi ordonné de se souvenir de ses expériences après son réveil, il pourra à peine concevoir alors, à l'état de veille, que ses perceptions ne se rapportaient pas au monde des sens physiques.

Son expérience n’a pu être aussi intensément vécue qu'en raison du seul fait qu'elle était fondée sur des effets de la même réalité que celle du monde des phénomènes physiques qui lui est familier. — —

Encore que l'hypnose ne soit citée ici qu'en vue de faciliter la compréhension, et bien que les aperçus qu'elle apporte sur des domaines où la perception relève des sens spirituels, soient fort limités et superficiels, cet exemple peut néanmoins te montrer que tes présentes possibilités de perception, dues aux sens physiques, ne sont pas les seules existantes.

Nous autres, êtres humains, nous vivons tous, ici sur la terre, comme en un état d'hypnose collective. Si bien que nous ne pouvons percevoir ici d'autre façon que celle dont notre « hypnotiseur », — qui est en ce cas notre volonté « in-née », — nous permet de percevoir ; et notre volonté ne serait pas dans le domaine terrestre si sa tendance ne la poussait à se manifester dans le monde sensoriel physique.

Dès que nous savons inverser l’orientation de notre volonté éternelle, temporairement dirigée vers le domaine physique, nous apprenons à connaître d'autres modes de perception et les lois qui leur sont propres. —

Cela n’est il est vrai possible, durant l'existence physique sur la terre, qu'à un très petit nombre d'humains ; — cela devient cependant une nécessité pour tous ,dès que la mort du corps terrestre prive la volonté consciente des organes sensitifs dont elle disposait jusqu'alors.

Toute « crainte de la mort » est due à la résistance qu'oppose la volonté orientée vers le monde physique, à l'inversion de l'orientation qu'elle s'est donnée dans l'acte de la « chute » hors du sein de la Lumière éternelle. —

Tu pourras maintenant comprendre que tout homme qui, sur terre, n'est pas encore parvenu à l’ « éveil » spirituel ne peut tout d'abord, dans l’ « Au-delà », chercher à tâtons sa voie que dans un « monde périphérique » correspondant à ses idées et à celles de ceux qui sentent comme

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lui, — et qu'il doit d'abord être devenu, dans sa propre volonté, son propre maître incontesté, avant de pouvoir être conduit vers les hauteurs du monde spirituel éternel de la Lumière, le monde de l'accomplissement absolu. —

De même, nous ne saurions que faire de tout homme qui n,ait renoncé à tous ses désirs égoïstes, car sa seule existence dans la région spirituelle qui nous environne équivaudrait à l'effondrement de celle-ci dans le désordre et le chaos, — à supposer qu'il fût jamais possible à un tel humain de se hisser dans l'Esprit jusqu'au règne suprême de la Lumière.

Peut - être comprends - tu désormais pourquoi j'ai fermement déclaré que dans ce règne nous sommes tous animés d'une seule volonté dont l'orientation ne saurait changer . . .

Dans le règne de l'Esprit, nous sommes devenus les maîtres souverains de l'unique Réalité, par la fusion avec celle-ci de notre volonté unie dans laquelle chaque volonté individuelle s’identifie à la volonté commune . . .

C'est ainsi que nous devînmes dans le règne de l'Esprit les créateurs conscients du monde manifesté le plus élevé et le plus pur.

Pour autant que dans un état ne connaissant ni commencement ni fin, — puisqu'il est toujours lui-même à la fois l’un et l’autre, — il puisse néanmoins être parlé d’ « accomplissement », nous savons que le nôtre dépend de noire effort incessant et conscient à créer et maintenir le plus élevé et le plus lumineux des mondes manifestés dans l'Esprit, monde qui est devenu notre champ d'action aussi bien que notre Temple d'adoration . . .

Nous ne sommes rien d'autre que ce que notre volonté éternelle unifiée veut que nous soyons !

Ce qu'on nomme « volonté », sur la terre, dans le langage courant, n'est que souhait, désir, ou bien expression de quelque penchant, déterminés par une fonction cérébrale.

Si la véritable volonté éternelle de l’homme obéissait sur terre à ses désirs, tout désir et chaque souhait seraient nécessairement exaucés.

Mais il n'en est point ainsi, comme chacun sait, et, en vérité, on peut savoir gré au Ciel de ce que tout désir ne soit pas appuyé ici-bas par une volonté . . .

Sur la terre, notre volonté éternelle ne « veut » que dans les limites que lui assigne le mode de perception voulu par elle, quand bien même les désirs n'auraient, eux, que trop souvent et trop volontiers tendance à franchir ces limites.

C'est sur le seul plan spirituel, dans l'autre mode de perception, — que notre volonté peut aussi vouloir autrement.

Là, l’envoûtement hypnotique de l’ « En-deçà » est rompu et les autres possibilités de perception, virtuelles en nous, peuvent alors se manifester.

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Cela t’expliquera une fois de plus pourquoi il est si insensé de croire que ceux qui sont morts à ce monde terrestre puissent se « matérialiser » pour entrer en rapports avec les habitants de la terre.

Cela signifierait que ceux qui sont enfin libérés de la contrainte hypnotique du mode physique de perception pourraient y succomber à nouveau. —

Même si cela était possible « selon les lois naturelles », ils ne sauraient plus vouloir un tel retour, puisque la volonté est alors depuis longtemps affranchie de sa propre emprise hypnotique, indépendamment du fait que le mode sensoriel physique de perception ne peut s’exercer que par les fonctions des organes physiques.

Ainsi que je l'ai dit précédemment, tout ce qui jamais, au cours de séances spirites, a pu être pris pour la « matérialisation » d'un trépassé, de même que tout phénomène physique qui puisse, en ces séances, être observé, sont l’œuvre exclusive d’êtres qui, tout en échappant en général à la perception des sens physiques de l'homme, n'en appartiennent pas moins au monde physique.

Leur organisme invisible n'est nullement de nature « spirituelle » et ils ne peuvent rien percevoir du domaine de l'Esprit.

Ils disposent, en revanche, d'organes sensoriels hautement développés, dans leurs corps physiques normalement invisibles pour l'homme terrestre. Ces organes sont, il est vrai, de nature physique, et ne produisent que le mode de perception de l’ « En-deçà », mais leurs facultés fonctionnelles surpassent extraordinairement celles des organes sensoriels de l'homme de la terre.

A cela s'ajoute encore le fait que ces êtres sont cloués en outre de sens que l’homme de la terre ne possède point et qu'il cherche à remplacer tant bien que mal par les fonctions d'appareils mécaniques. —

Les êtres dont il s'agit, invisibles à l’œil humain, — mais que maints animaux de la terre, cependant, perçoivent très nettement, — sont en mesure, pour peu de temps et en faisant usage des forces humaines, d'adopter des formes que les sens physiques de l'homme perçoivent dès lors forcément.

La production et l'emploi temporaire de telles formes s'opère grâce à une sorte d'amalgame de ces êtres avec la volonté de certains humains (appelés « médiums ») et par l'utilisation simultanée de leur « âme animale ».

A certains égards, les habitants de la partie du monde physique manifesté que les sens humains ne peuvent pas percevoir consciemment, sont en un certain sens assez « semblables » à l'homme, mais jamais ils ne Furent antérieurement des humains, et jamais ils ne pourront devenir des êtres humains.

Il s'agit plutôt de créatures qui sont aussi proches de l'organisme physique humain invisible, que le règne animal terrestre est proche de l'homme physique extérieur.

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Le champ d'action voulu par la nature pour ces êtres se situe dans les régions intérieures de la construction organique du monde physique.

Les « gnomes » les « lutins », les « génies » de la terre, de l'air et des eaux, dont parlent les vieilles fables et les légendes, — si l’on fait abstraction des additions visiblement dues à l'imagination populaire, — sont la plupart du temps représentés de façon telle que la présomption semble justifiée d'y voir non pas des fictions poétiques, mais bien des témoignages d’expériences réellement faites par l'homme de la terre.

Le fait qu'on les désigne du nom d’ « esprits de la nature » ne doit pas toutefois faire oublier qu'il s'agit d'êtres doués de sens physiques, et pour lesquels la face spirituelle du monde des causes est non seulement inaccessible, mais encore inexistante, en ce sens qu'ils sont incapables d'en prendre conscience . . .

Seule l'ignorance de ces enchaînements naturels de faits et de circonstances autorise l'indulgence envers des humains qui, au cours de séances spirites, supposent ou même croient être en relation avec des entités du monde spirituel.

Sans doute est-il possible que des entités purement spirituelles, et par conséquent des trépassés aussi, puissent en certaines circonstances se rendre visibles et audibles ; — seulement, c’est alors par tes sens spirituels que tu les vois et les entends, même si tu t'imagines les voir avec tes yeux physiques et les entendre de ton ouïe extérieure.

Jamais, cependant, de véritables entités d'Esprit ne produiront un phénomène physique quel soit-il ! —

Pour que tu puisses, par tes sens spirituels, percevoir une entité spirituelle réelle, il est nécessaire que, du plan spirituel, on te libère momentanément de l’ « hypnose » du mode sensoriel physique de perception.

Ton entourage, non influencé, ne pourra en ce cas ni voir la forme que tu perçois, ni entendre une seule des paroles que tu entends, et ton expérience n'en sera pas forcément pour autant une « hallucination » issue de ton imagination créatrice . . .

S'il t'arrive de vivre, sans l'avoir recherchée, une expérience spirituelle véritable, accepte la avec un sentiment de vénération et enferme en ton cœur ce qu'il t'a été donné de ressentir !

Ce serait toutefois sottise de ta part que souhaiter vivre une telle expérience, car il faut disposer d'aptitudes critiques déjà hautement développées pour faire avec certitude la distinction entre des perceptions véritablement dues aux fonctions des sens spirituels et des hallucinations animées. Or, tu n'as sans doute guère envie de te voir apparaître un « esprit » dont tu ne ceux savoir s'il n'est pas une simple projection de ta propre image opérant sous un masque.

Les cas de perception sensorielle spirituelle authentique sont si extraordinairement rares qu'on fera bien de ne croire à une intervention réelle du monde spirituel qu'alors seulement que la critique la plus rigoureuse doit exclure en tout état de cause la possibilité d'une hallucination.

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Seule une riche expérience peut apprendre à juger en l'occurrence et il n'appartient qu'à des hommes dont les sens spirituels sont à jamais éveillés de porter un jugement sûr.

D’autre part, ce que l’on nomme « voyance » n'est pas la faculté de percevoir des faits et choses spirituels.

Le « voyant » est simplement en état de percevoir des choses du monde physique, lointaines dans le temps ou l'espace, — parfois même y compris celles de son domaine invisible, avec les êtres lémuriens qui y vivent, et qu'il prend alors pour des « esprits ».

Aussi déconcertantes, même, que soient les preuves que peut fournir un « voyant » de ses facultés de voir à distance dans le passé ou dans l'avenir, il ne s agit jamais, exclusivement, que cl un aperçu limité au monde des manifestations perceptibles par les sens physiques.

Là où il croit apercevoir des événements spirituels, il rend compte, en réalité, soit de la partie invisible du monde physique, soit de produits de sa propre imagination créatrice, bien qu’ il prenne de bonne foi ce qu'il « voit » pour des témoignages objectifs du monde spirituel.

Ses visions accuseront alors toujours clairement le coloris particulier des préjugés et des croyances qui dominent sa vie quotidienne ici sur terre.

S il est chrétien, il parlera des ligures saintes des Evangiles ou des « saints » canonisés ; — s'il a grandi dans les croyances d'une religion des Indes, il s imaginera contempler les divinités du Brahmanisme, — et s'il est originaire du Tibet, c'est avec celles de l'Ecole de Mahâyâna qu’ il se croira en communication.

Innombrables sont les images trompeuses de l’ « Au-delà » que des « voyants » ont répandues parmi les crédules, et celles-ci trouvent encore et toujours de nouveaux adeptes assez naïfs pour conclure dune quelconque vision à distance, dans le temps ou l'espace, dans le passé ou l’avenir, confirmée par les faits, que le « voyant » possède aussi accès aux régions spirituelles.

Or, l’organe de la « voyance » n’est rien d'autre qu'un organe sensoriel physique rudimentaire remontant aux âges primitifs de l'humanité sur cette Terre.

On rencontre parfois des cas de survivance « atavique » d'un tel organe sensoriel suffisamment développé pour remplir ses fonctions, même chez des humains des temps présents.

Toute « voyance », visuelle, auditive ou sensitive, repose sur l'aptitude à faire usage de cet organe sensoriel.

De ce domaine relève également ce que l’on appelle la « psychométrie », c'est-à-dire la voyance du sort antérieur d’un objet par simple attouchement de ce dernier, ainsi que divers jeux de l'art « divinatoire », alors même que le mode opératoire voile le phénomène proprement dit, soit à dessein soit inconsciemment.

Pour apprendre à comprendre ce qu'est l’ « Au-delà », il faut que tu t'accoutumes à distinguer dans l'univers trois règnes différents.

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D'abord, le règne de la forme physique de perception sensorielle ou monde physique .

Ensuite, le règne du mode spirituel de perception sensorielle ou monde spirituel.

Et en troisième lieu, le règne des forces occultes de l'Etre originel génératrices des causes, —l’unique Réalité qui détermine tous les modes de perception ainsi que les mondes manifestés correspondants, — aussi bien dans la partie spirituelle que dans la partie physique de l'univers.

Ces forces cachées de l'Etre, génératrices des causes, sont à l'œuvre dans l'homme terrestre sous la forme des « forces d'âme ».

Lorsque, dans une vie humaine, ces forces se sont cristallisées temporairement en un tout, elles adoptent, pour ainsi dire, le « coloris » individuel de l'homme, et sont à tout jamais déterminées par la volonté éternelle qui se manifeste en lui. Si bien qu'elles sont obligées d'obéir à l'impulsion reçue une fois pour toutes, jusqu'à ce que celle-ci soit parvenue à son accomplissement.

Si cet accomplissement n'est pas atteint durant la vie terrestre de l'homme qui a donné l'impulsion, les « forces animiques », désormais orientées vers une direction déterminée, s'exprimeront en des vies humaines successives jusqu'à ce qu'elles atteignent enfin leur accomplissement dans leur fusion avec la volonté qui se manifeste en un être humain et en réalisant l'unité avec celle-ci.

Une fausse interprétation de ce qu’ ils purent percevoir de ce phénomène induisit les peuples de l'Orient à croire en des « réincarnations » successives de l'homme, par naissances répétées sur terre.

En vérité, cependant, une telle réincarnation, — c'est-à-dire une répétition de la chute dans l’auto-hypnose du mode physique de perception sensorielle, n'est possible que pour les humains qui consciemment et intentionnellement détruisent eux-mêmes leurs corps, (ce qui n'est en aucun cas l'œuvre de la volonté éternelle, mais toujours et uniquement une tentative de révolte du désir ! — — ). La réincarnation est aussi possible pour les enfants trépassés avant que la volonté éternelle n'ait pu satisfaire son impulsion vers l’ expérience sensorielle physique ; et en dernier lieu : dans le cas d'êtres humains chez lesquels l'impulsion à faire cette expérience a dégénéré en une sorte d'hypertrophie telle que même la mort du corps terrestre n'a pu interrompre leur auto-hypnose que pour un temps limité.

La doctrine de la réincarnation correspond donc tout aussi peu au cours normal des choses que le suicide ou le décès en bas âge sont à considérer comme la fin normale de la vie terrestre telle qu'elle est prévue pour tous les humains . . .

Lorsque surgissent en toi des « souvenirs » ou même seulement une faible intuition te suggérant l'hypothèse que tu pourrais avoir déjà fait l'expérience d'une vie sur terre, sans doute est-il possible que cette impression ne soit pas trompeuse, et que tu sois toi-même un exemple des trois cas particuliers qui seuls permettent une réincarnation ; — cependant, tu feras mieux d'abandonner cette question jusqu'au jour où après ton existence ici-bas, tu recevras dans le monde spirituel la seule réponse sûre.

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Le sentiment d avoir antérieurement vécu sur terre en une individualité autre que toi, est toujours et en toute certitude une sensation trompeuse, puisque même dans les trois cas d'espèce qui seuls permettent la ré-incarnation sur la terre, c'est toujours la même individualité qui, au cours de chaque nouvelle incarnation, reste toujours désireuse de faire elle-même l'expérience terrestre.

On peut en revanche admettre avec certitude que tout être humain ou presque, s'il n'est pas tout-à-fait dépourvu de sensibilité intérieure, sent parfois en lui l'intervention de « forces d’âme » qui reçurent d'hommes du temps jadis leur impulsion initiale et cherchent à présent à l'amener à son accomplissement.

Il peut alors se faire qu’ apparaissent à l’homme qui éprouve en lui une telle sensation, des images de souvenirs très vivants dans la forme, issues de la vie des humains qui, jadis, donnèrent aux « forces animiques » actuellement à l'œuvre leur impulsion initiale.

L’erreur consistant alors à croire que l'on fut soi-même, autrefois, celui dont proviennent ces réminiscences de faits personnels est sans doute facile à expliquer, mais elle s'appuie tout au plus sur une expérience par trop superficielle.

Chaque individu est une émanation unique et particulière de la volonté originelle ; il est issu du sein de l'éternel « océan informe de la divinité » afin de parvenir à la perfection de sa forme individuelle, perfection distincte de celle de toutes les autres formes individuelles émanées, comme la sienne, de la volonté originelle.

Celui qui est né sur cette terre et se trouve devoir y subir désormais les peines, les tourments et les souffrances inséparables de l'existence dans le corps de la bête, s'est lui-même créé cette destinée, car il a lui-même interrompu son essor vers la perfection de sa forme dans l'Esprit, accordant sa préférence à l'existence en ce monde de la perception sensorielle physique.

Il est impérativement contraint de revenir tôt ou tard à son point de départ pour tendre alors à nouveau vers sa forme spirituelle parfaite.

Plus tôt il reconnaîtra, dès le cours de sa vie terrestre, cette façon de « détourner » sa « détresse », plus il pourra tirer profit de sa vie sur terre pour le cours ultérieur du chemin qu'il lui reste à parcourir vers la perfection, — et plus il lui sera aisé, ici déjà, sur terre, d'écarter les obstacles qui, autrement, peuvent lui devenir de graves entraves sur cette voie spirituelle . —

Lors même, cependant, que l'homme ne parvient pas encore en cette vie terrestre, à faire consciemment usage de ses sens spirituels, il bénéficie néanmoins d'un avantage substantiel dès l'instant où il est informé par ceux de ses semblables qui jouissent déjà de cette faculté et se trouve ainsi orienté sur la structure réelle de l’ « Au-delà » qui l'attend après sa mort terrestre.

De même que, dans le monde perceptible aux sens physiques, où toutes les manifestations sont provoquées par un seul et même mode de perception, le monde des fourmis, ou celui des oiseaux, diffère néanmoins considérablement du tien, de même aussi de multiples différences existent - elles entre les mondes que perçoivent des êtres par les sens spirituels.

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Innombrables sont les mondes spirituels, aussi bien que les mondes des formes manifestées physiquement perceptibles aux sens !

La volonté éternelle individualisée ne trouve cependant sa perfection de forme la plus haute que lorsque son vouloir individuel est capable de s'unir, — sans que subsiste la moindre aspiration particulière, — à la volonté universelle au sein même du règne de l'Esprit, du règne des forces causales de l'Etre, éternellement actives dans le monde de Lumière de l'unique Réalité . . .

Par-delà ce monde, il n'existe rien pour l'Esprit de l'homme, car ce monde suprême entre tous est infini dans le temps et dans l'espace, ainsi que dans ses possibilités d'accomplissement.

Pour autant que l'Etre « illimité »l’ « insondable océan sans rivages de la Divinité », puisse être accessible à la conscience, « infinie » mais néanmoins limitée par la forme prise par la volonté, — il ne l'est qu'en ce monde suprême de la Lumière, en chacune des volontés éternelles qui s'y trouvent unifiées, chacune consciente d'elle-même. — —

Ce que j'ai tâché de t’expliquer ici, dans ces trois chapitres, inclut tout ce que l'homme peut saisir ici-bas, durant sa vie terrestre, du mystère le plus profond de son existence, aussi bien en ce monde qu'en Vautre, qui l'attend après sa mort terrestre.

Tout ce qu'en dehors de ceci l'on le raconte sur l’ « Au-delà », qu'il s'agisse d'inventions fantasques d'une croyance exaltée ou de spéculations cérébrales, — n'est que théorie vaine et élucubrations sans consistance !

Or, tu ne dois pas adopter une quelconque « conception du monde » du seul fait qu'elle est admise par d'autres, car ton âme ne trouvera pas sa paix avant d'avoir repris conscience d'elle-même, comme manifestation propre de l'unique Réalité .

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Que faut-il faire ?

Dans les trois livres : « du Dieu vivant », de l’ « Au-delà » et de l’ « Homme », j'ai donné la première description détaillée de la voie intérieure que doit parcourir tout être humain qui prend vraiment à cœur de parvenir à trouver en lui sa nature spirituelle.

J’ai montré ce que l’homme qui s'engage dans cette voie doit faire et ce dont il doit s'abstenir.

On n'a pas cessé de me demander malgré tout : « Que devons-nous donc faire ? Par quoi convient-il de commencer » ?

A la manière dont toutes ces interrogations sont formulées et motivées, il est aisé de comprendre que l'on s'attend à recevoir des prescriptions précises, afin de se livrer d'après celles-ci à un « exercice » quotidiennement répété, aussi mystérieux que possible et supposé devoir mener au but pourvu qu'on l'exécute plus ou moins « mécaniquement ».

Or, il en va de moi, ici, vis-à-vis de ces interrogateurs, comme do certaine médecins qui, ne prescrivant que les moyens curatifs naturels les plus simples, laissent leurs patients insatisfaits parce qu'ils n'ont pas rédigé d’ « ordonnance » . . .

La plupart de ces ardents poseurs de questions avaient précédemment échoué, par les voies par eux empruntées, dans le labyrinthe de la littérature moderne « théosophique » ou « occultiste » et ils ne durent qu'à leur bon sens instinctif de s'en affranchir par la suite, non sans mal du reste.

Un tel égarement fut en un certain sens néanmoins profitable à ces chercheurs, tant il est vrai qu'il n'est point d'erreur qui, par des voies détournées, ne puisse finalement conduire à la vérité.

C’est pourquoi nul ne doit « maudire » le temps de son égarement car il ne soupçonne peut-être pas ce dont il lui est redevable. —

Ainsi, même ces incursions hésitantes dans le labyrinthe des dogmes « théosophiques », « anthroposophiques », ou « occultistes », ne furent pas tout-à-fait inutiles pour chacun de ceux qui purent finalement s'en affranchir.

Bon nombre d'entre eux furent amenés à acquérir, au cours de leurs hésitantes recherches, la conviction qu'une vérité, masquée par la somme d'erreurs des doctrines abordées, existe néanmoins.

Chez d'autres, l’intuition s'éveilla que la légende des soi-disant « Mahâtmas » — des prétendus fondateurs mystérieux de la « théosophie » moderne, avait pu naître seulement parce que l'Orient connaît l'existence d'hommes unis dans l'Esprit, qui n'opèrent certes pas les sortilèges de toute espèce attribués aux fakirs imaginaires dont on fait mention, mais à qui, en revanche, le monde spirituel est réellement et consciemment familier dès leur vie terrestre.

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La plupart de ces chercheurs rapportèrent aussi, il est vrai, des méandres de ces labyrinthes, la sotte croyance qu'il suffirait de connaître et appliquer une « méthode » gardée secrète et sûrement fort mystérieuse, pour faire aussitôt du crémier venu un « voyant d'une classe supérieure », un « initié », voire même un « Maître » de l'action spirituelle.

Autant sont justes les deux premières suppositions, autant la dernière est fausse !

Elle est cependant exploitée par des charlatans sans scrupules et par d'habiles trappeurs d'âmes qui donnent à leurs disciples toutes sortes d'instructions plus ou moins scabreuses, tirées d'anciens textes mystiques. Ce faisant, les « professeurs d'occultisme » ne se doutent souvent pas eux-mêmes des effets que peut engendrer l’observation scrupuleuse de leurs prescriptions.

Or, le disciple croit d'autant plus être sur la bonne voie qu'il constate, par l'application des indications reçues, certains résultats dont la science psychologique courante n'a pas la moindre idée, — en dépit de toutes les recherches psychologiques et de tous les sondages du « subconscient » de l'homme.

Maint « professeur d'occultisme » ne songe sans doute qu'à satisfaire sa vanité, lorsqu'il répand des instructions soi-disant susceptibles de faire « éclore les sens intérieurs », instructions puisées en quelque vieux grimoire parcheminé et qui ne peuvent ouvrir, en réalité, que l'accès des fosses malsaines où croît et prospère une forme active de médiumnité spiritique dont il serait juste d'abandonner la culture à certains charlatans asiatiques. —

Car monsieur le « professeur d'occultisme » n'a nullement besoin de croire lui-même à l'efficacité de ses instructions.

De même qu’ un « porteur de bacilles » peut être personnellement en bonne santé tout en propageant les germes de maladies les plus redoutables, de même n’est-il aucunement nécessaire que le propagateur de méthodes prétendument favorables à l’ « éclosion des sens intérieurs » sache qu’ il ne favorise que le développement d'une médiumnité spiritique active chez ses pauvres victimes, pour que celles-ci aient à en subir les effets. —

Les disciples de ces êtres, nuisibles à divers degrés, cependant, ont beau jeu à faire front à la critique scientifique moderne, tant se révèle en chaque parole des critiques rationalistes la naïveté avec laquelle ces chercheurs, fort respectables, procèdent à des expériences en un domaine où les mirages succèdent aux mirages et où l'expérimentateur, si sûr de lui, est entraîné d’autant plus profondément dans le désert qu'il se croit plus fermement « sur le point » de trouver réponse définitive à ses questions. — —

On ne pourrait certes qu'applaudir aux tentatives de la psychologie moderne en vue de déprécier une fois pour toutes certains phénomènes fort discutables et soi-disant « suprasensoriels », si cet effort ne se déconsidérait lui-même par des déductions dont il tombe sous le sens de tout homme averti qu’ elles sont fausses, tout en étant tirées par les chercheurs, de l'observation indubitablement juste de certaines manifestations. —

Même en la plus pure intention, toute impulsion à connaître la vérité est vouée à l'erreur dès lors que le chercheur est esclave de ses pré-jugés !

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Il en résulte que la communauté des disciples de ces astucieux trappeurs d'âmes, dépourvus de sens critique et se mouvant à tatous dans les brumes d'imaginations embrouillées, a depuis longtemps désappris de chercher la vérité dans les découvertes de la connaissance scientifique ; — A défaut de s'en remettre à celle-ci, elle s'en laisse en revanche volontiers imposer par le premier farceur venu, pour peu qu'il s'entende à faire passer pour science occulte son ramassis de camelotte, confus et bariolé . . .

Pour peu que de surcroît sa « méthode » aboutisse au développement médiumnique dont j'ai parlé plus haut, il a la partie gagnée. On le croit dès lors sur parole si en de mystérieuses allusions il sait répandre le brait qu'il est la réincarnation d'un esprit humain éminent du passé.

Pour chacun de ceux qui liront mes avertissements avec un peu de perspicacité, il doit être depuis longtemps clair que je connais jusqu'à la perfection les « méthodes », anciennes et modernes, que je dépeins ici, et que ce serait en outre pour moi un jeu de pousser plus loin en révélant mainte autre voie de « développement des facultés supra-sensorielles » : des voies ignorées de tous les saints étranges qui, dans les temps modernes, furent considérés par leurs adeptes comme des « initiés » et des « puits de science occulte ».

I! est en ce domaine possible d'obtenir des résultats qui non seulement paraîtraient forcément irréalisables aux meilleurs élèves de tels « professeurs d'occultisme », mais poseraient aussi quelques énigmes à la plus perspicace des critiques psychologiques.

Si ce n'était un crime inexpiable de montrer, fût-ce par de simples allusions, les voies scabreuses dont il s agit ici, peut-être alors une indication aurait-elle pour effet d éclairer bien des choses qui se dérobent jusqu'ici à toute investigation métapsychique.

Mais pour sincère que serait mon désir de rendre par là service à la science, je ne suis pas en mesure de le faire : sans doute pour le motif déjà cité et en raison de l'engagement qui me lie, moi aussi bien que tous mes « Frères » spirituels, pour le temps et l’éternité, mais aussi parce qu’ il s agit ici d'un domaine dont l'accès légitime exige de l’homme davantage qu'un simple « zèle de recherche scientifique » . . .

Il est sans doute à peine nécessaire d'insister sur le fait qu’ il est là question d'autre chose que des « exercices de Hatha-yoga » suffisamment connus de longue date et des « méthodes » qui en dérivent, pour accomplir certains tours de fakir !

Cependant, même si je n'étais en rien lié par devoir, je ne pourrais quand même jamais consentir à dévoiler ce qui, pour des motifs aussi déterminants doit rester secret, car je sais trop bien la somme de malheur qui résulterait de l’abus qu’ en feraient inévitablement des hommes avides de pouvoir.

Or, je ne me sens aucunement attiré par le « sort de Prométhée », lequel me serait réservé si je voulais me faire l'artisan responsable d'une telle somme de malheur.

Pour parvenir à l'union spirituelle avec la Lumière originelle, pour éveiller de son sommeil la nature spirituelle de l’ homme, — pour atteindre à ce qu’ une haute sagesse a nommé la « nouvelle naissance », — les connaissances dont il s agit ne sont ni nécessaires ni utiles.

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Comme tous les artifices basés sur la mise en jeu possible de forces psychophysiques à haute tension dont on ignore généralement l'existence, ceux dont je parle ici n'ont aucun rapport avec l'éveil et le développement de l'homme spirituel éternel.

Ce qu'exigent cet éveil et ce développement, c'est au premier chef, une attitude intérieure, constamment soutenue, de fixation de la pensée, des sentiments et du vouloir terrestre sur le but à poursuivre.

L'homme terrestre tout entier doit d’abord se métamorphoser peu à peu lui-même de par ses propres forces, avant qu'une aide spirituelle puisse lui être prodiguée.

Il ne sert qu'à peu de chose, sinon à rien, de n'assumer cette attitude intérieure que de temps à autre, à la manière d'un homme pieux ayant coutume en sa paroisse de consacrer tous les sept jours un jour à Dieu . . .

Il faut que chaque minute de la vie, tout comportement journalier, chaque pensée naissante, tout désir et tout élan de la volonté cérébrale terrestre soient désormais soumis à l'influence formatrice de l'attitude requise, pour que l’homme, une fois engagé dans cette voie, atteigne des résultats réels et non pas seulement imaginaires.

Des « exercices » à pratiquer périodiquement pourraient tout au plus consister en un effort répété de concentration, en vue de ressentir plus profondément une telle attitude.

Tout ce qui peut être à cet égard recommandé a pour seul but de maintenir consciemment en éveil cette nouvelle attitude, en sorte qu'elle ne puisse plus être à aucun moment relâchée.

Mais, si Ion maintient réellement sans relâche cette attitude, en sorte qu'elle détermine effectivement toute la vie journalière, — quels que soient les moyens appropriés à la nature de chacun par lesquels on obtient ce résultat, — en ce cas tout le reste se produit bientôt, — « de soi-même », sans notre concours conscient.

Il se forme alors, en l'homme ainsi affermi, un centre de forces dont l’action se fait de plus en plus puissante, et qui établit finalement, ici sur terre, la liaison spirituelle avec les foyers de forces similaires déjà parfaits, sans l'intervention d'un acte volitif particulier.

Dès que cette liaison est possible, le chercheur bénéficie de l'aide spirituelle de ceux qui ont déjà trouvé et ne connaissent désormais nul devoir plus élevé que celui d'intervenir partout où l'on est à même d'accueillir leur aide spirituelle, que l'on soit ou non déjà capable de la ressentir consciemment.

Le chercheur est alors devenu, en quelque sorte, un « poste récepteur » accordé sur une certaine espèce d'ondes spirituelles, intérieurement perceptibles uniquement, mais échappant à l'expérimentation scientifique.

Les influences en provenance du règne de l’Esprit substantiel ne peuvent être éprouvées qu'au fond de soi-même, et ne peuvent jamais offrir à une savante investigation étrangère la matière d'une définition raisonnée, car il s'agit là de quelque chose de vivant, qui se dérobe dès la moindre tentative de l'aborder. —

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Que l'on ne s'imagine surtout pas pouvoir, en un tour de main, devenir un tel « poste récepteur !

Celui qui veut être admis comme apprenti auprès des Aides éternels doit savoir lui-même se vêtir du tablier d'art de la patience . . .

Même la plus intense volonté terrestre, — qui, en tant que simple manifestation de fonctions cérébrales, doit être nettement distinguée de la volonté éternelle substantielle à l’œuvre dans l’Esprit de l'homme, — ne saurait hâter le développement des organes spirituels de réception.

Un « vouloir » cérébral acharné, « obstiné », ne peut qu'entraver. le processus de cristallisation des forces en cause, qui doivent se précipiter les unes vers les autres pour constituer un centre nouveau de forces indépendant des fonctions cérébrales. —

Cependant, plus l’ « attitude » intérieure de l'homme tout entier, sur laquelle il faut sans cesse revenir ici, reste systématiquement fixée; comme un télescope doit rester braqué sur l'objet en observation, — plus tôt pourra être atteint le moment où le chercheur entrera en contact, sensible même, avec ses Aides spirituels.

Seul importe en ceci le comportement pratique du chercheur dans sa vie quotidienne, — et non pas le fait de se livrer ou non à des « exercices » de quelque nature qu’ ils soient.

Cela ne signifie pas, toutefois, qu'il ne soit pas permis de s'adonner éventuellement à une forme particulière de recueillement spirituel périodiquement répété, si l'on a observé que le comportement dans la vie courante éprouve par là le raffermissement recherché, de l'attitude intérieure dans son orientation vers l'Esprit.

Une fois que le chercheur a été suffisamment en contact avec ses Aides spirituels, ses forces sont d'abord soumises à une sorte d'épreuve, dont les résultats déterminent l'aide spirituelle qui sera ultérieurement « accordée » au diapason de son degré d'évolution.

Les radiations spirituelles susceptibles d'atteindre le chercheur s'étendent, quant à leurs effets, sur une gamme allant du simple affermissement de ses forces, jusqu’ à la faveur d'une direction spirituelle personnelle.

Les quelques humains qui, dès avant leur naissance sur terre sont placés sous une telle conduite, parce qu'ils sont destinés à devenir ici-bas des « Maîtres » accomplis de l'action spirituelle, en arrivent finalement à une fusion, spirituelle totale avec leur Guide, — bien que celui-ci vive peut-être à l'autre bout du monde, en sorte que le disciple ne reçoit plus un enseignement abstrait, mais partage toute la vie spirituelle de son instructeur (et non pas sa « conscience cérébrale »).

L'intention du Maître de faire éprouver certains événements spirituels qu'il vit en lui-même, à son disciple aussi, suffit pour que celui-ci perçoive ces événements tout comme s’ils se produisaient en lui-même, bien qu’ il sache à n'en pas douter de quelle manière il arrive à une telle vivante communion.

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Comme le « Maître » est depuis longtemps parvenu dans sa propre individualité à l'union avec la « Lumière originelle », le disciple commence par éprouver cette union dans sa fusion avec lame illuminée de clarté de son instructeur.

Peu à peu, le disciple devient mûr pour parvenir alors lui-même en toute autonomie à l'union avec la Lumière originelle.

Parvenu à ce but, il n'a plus seulement conscience de sa propre individualité spirituelle éternellement indestructible, mais il éprouve simultanément en lui la conscience de toutes les individualités spirituelles qui se soient jamais manifestées en des êtres humains . . .

Ainsi parachevé avec tous ceux qui, de la même manière, ont atteint leur parachèvement, il est comme fondu en une forme de conscience collective commune, nouvelle pour lui, et à laquelle rien de ce que l'on connaît sur terre ne saurait être comparé.

Sa propre conscience individuelle se trouve insérée en cette conscience collective.

Jamais, toutefois, la conscience individuelle de l'accompli ne saurait être « dissoute » dans la conscience commune.

Dans cette fusion, chaque individu vit, en toute éternité, la vie intégrale de toutes les autres individualités de la communauté, les interpénétrant toutes, et en étant lui-même pénétré, sans qu'une seule des individualités de l'Esprit, unies de la sorte, puisse jamais perdre son existence propre telle qu'elle se l'est elle-même créée.

La certitude absolue de la survivance de la conscience humaine vivant éternellement par delà le trépas, dans le monde de la perception spirituelle, n'existe normalement que pour le petit nombre de ceux qui ont déjà atteint pendant leur vie terrestre le but exposé dans ces pages.

Tous les autres humains en sont réduits à des présomptions ou aux apaisements d'une doctrine religieuse, à moins qu'ils ne préfèrent s'en remettre malgré tout aux informations des quelques hommes qui, parmi leurs congénères, connaissent aussi, dès leur vivant sur terre et de leur propre expérience, « la vie d’après la mort ».

Pour une critique indépendante et dégagée de tout pré-jugé, les témoignages authentiques de ces derniers, parvenus à ce but en réalité, et non pas seulement dans l'ivresse de l'extase ou sous l'empire d'une forme quelconque d'hypnose, peuvent être fort bien distingués des élucubrations fantasques de rêveurs égarés ou d'utopistes doués d'imagination poétique.

Au sein de tous les peuples, on peut trouver les messages authentiques d'hommes conscients de l'Au-delà, et à toutes les époques vécurent quelques hommes capables de faire des révélations véridiques sur la vie dans l'Esprit.

Il se peut que le vêtement dont ces relations sont recouvertes soit taillé selon la mode du temps et affecte le coloris de la croyance religieuse alors seule acceptée, — mais celui qui ne s’en tient pas aux seules apparences retrouvera toujours, sous fous les habits, quelle qu'en soit la coupe, l'homme et sa vie la plus profonde : son union avec la source fondamentale de toute vie éternelle et de toute existence dans tous les règnes de l'espace et du temps.

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Dès que l'on aura compris ce qu'exige de soi la voie sublime indiquée par mes écrits, et le but auquel elle peut conduire dès cette vie terrestre les humains, même s'ils sont peu doués pour la parcourir, on ne me demandera plus, dorénavant, ce qu'il convient en somme de « faire » et l'on ne s'attendra plus à la recommandation d'un « exercice » insolite.

On aura sans doute reconnu qu’ il s'agit ici de quelque chose qui dépasse infiniment les prodigieux « pouvoirs des fakirs », — qui surpasse infiniment les plus étonnants « miracles de l’occultisme », — et qui s'élève infiniment au-dessus des « doctrines secrètes » ridiculement agrémentées de lambeaux de connaissance empruntés aux sciences naturelles par des conventicules captifs du savoir cérébral . . .

Encore que, pour être compris à tout le moins par ceux qui sont le plus en danger, — je sois obligé de faire appel à des concepts connus et, parfois même, à la terminologie de l'Orient telle que les écrits « théosophiques » l’ont rendue familière, il suffira néanmoins à chacun d'approfondir mes écrits pour découvrir bientôt que je parle de choses qui n'ont été jusqu'ici présentées qu'en images gravement déformées.

Même le savant orientaliste, connaîtrait-il tous les textes de l’ Orient présentement accessibles, ne rencontrera en ceux-ci que des allusions voilées aux choses tenues secrètes, car les anciens écrits, tenus pour sacrés, furent sans exception rédigés pour des hommes qui avaient déjà reçu « de bouche à oreille » un enseignement secret.

Ceux qui réalisèrent les vieux livres religieux entremêlèrent à dessein des récits prosaïques, des chroniques ou des contes, sans rapport aucun avec un enseignement secret, parmi les écrits qui devaient n'être intelligibles qu'à celui qui était à cette fin préparé, bien que le sens littéral exprimât souvent le contraire de ce que les initiés pouvaient saisir dans le même texte.

Au surplus, même sous une forme voilée, l'enseignement dontje me fais l'agent de transmission n’a jamais été mis par écrit qu'en de très rares occasions, et jamais autrement que de façon fragmentaire.

Or, les manuscrits dans lesquels tous ces fragments se trouvent rassemblés ne sont pas aujourd'hui accessibles à des profanes, et ne le seront jamais dans l’ avenir. Or, est « profane » en ce domaine chacun qui n'a pas encore vécu en lui l'expérience spirituelle de ce qui, sous la forme lapidaire d'un « canon », est présenté dans ces manuscrits comme pouvant être vécu d'expérience.

Le petit nombre d'hommes qui vivent cet enseignement, et peuvent aussi de ce fait l’ « enseigner », a scrupuleusement observé jusqu'à ces derniers temps, les antiques prescriptions qui en interdisaient en toute circonstance la diffusion publique, fût-ce par des indications limitées, ainsi que j'ai maintenant le devoir de les communiquer.

Il a fallu atténuer la rigueur d’interprétation de ces prescriptions pour rendre possible la publication de cet enseignement dans la présente suite d'ouvrages, après que cette interprétation atténuée ait été reconnue comme répondant aux besoins des temps présents, par

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les augustes dirigeants de la hiérarchie spirituelle, — dont l'échelon le plus inférieur est constitué par ses quelques membres vivant sur notre planète.

Celui qui veut saisir ce qu’ à présent j'enseigne devra abandonner l'idée qu'il s'agît ici d'une nouvelle variante de dogmes religieux quelconques, sinon même d'une propagande en faveur de l'un des systèmes philosophiques de l'Orient.

Celui qui cherche dans l'histoire de l'humanité des traces de la connaissance dont je suis le serviteur, saura certes les trouver.

A l'état le plus pur, cette connaissance fut vivante en des hommes, à l'aube des cultes antiques des Mystères.

Pour des oreilles exercées, certes, les voix de tous les siècles parlent un langage clair, et l'on peut sans grand peine vérifier, jusque dans les temps les plus récents, que le centre d'où émane le présent témoignage de la connaissance a étendu fort loin son action sur la terre, — en tant que source d'inspiration pour toute association humaine dont le but suprême fut ou est encore de nos jours la dignité humaine la plus haute . —

Il y aurait à ce sujet beaucoup à dire qu’ il convient de ne point formuler, parce que touchant à des choses que doivent eux-mêmes trouver ceux-là mêmes qu'elles concernent.

Quiconque, cependant, veut récolter les fruits qui mûrissent au jardin de l'enseignement ici dispensé, doit faire de sa vie entière un exercice ininterrompu !

La nouvelle vie qu'il veut trouver est déjà contenue dans sa vie journalière, — mais il n'est pas encore apte à reconnaître ce qu'elle renferme de nouveau pour lui.

Il ne lui est pas nécessaire de se faire prescrire des « exercices » néfastes par des « professeurs d'occultisme », puisque sa vie quotidienne est elle-même l’ « exercice » réellement spirituel le plus efficace dont la Lumière éternelle lui confie chaque jour l'exécution. —

C’est dans la vie quotidienne, — dans la forme la plus simple de toutes et sans aucun geste mystérieux, — qu'il parviendra à longueur de temps au degré de perfection dont il est ici-bas susceptible ; — jamais, par contre, il n'y parviendra par la fréquentation d' « écoles d'ésotérisme », ou des présomptueux cénacles de prétendus « initiés » que leur effronterie pousse à jouer le rôle d’ « instructeurs » spirituels, et en faveur desquels on ne peut qu'implorer miséricorde, car ils ne savent point ce qu'ils font . . .

L'accomplissement spirituel exige l'homme entier !

Dans la poursuite de cet accomplissement, corps « et âme » ne doivent jamais être ressentis comme séparés !

Rien n'est « corporel » qui ne soit en même temps « animique », et il ne s'agit pas de « spiritualiser » le corps, mais au contraire de parvenir, par les forces de l’âme, à l'incarnation de l'Esprit éternel, possible sur terre et saisissable au cours de la vie terrestre. —

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Ceux qui méprisent le corps et néanmoins espèrent pénétrer dans le règne de l'Esprit éternel substantiel, ne trouveront en son lieu qu'un nouveau règne de l'illusion !

Il est en revanche exigé du corps qu’ il apprenne à « croire » en l'existence du « moi » éternel suprapersonnel qui se cache en lui et dont il doit devenir l'expression.

Le « moi » éternel, conçu dans l'Esprit, est la source pure des forces spirituelles dans l'homme de la terre, mais le corps est le récipient servant à puiser ces forces pour les amener à la surface dans la vie terrestre.

Dans ce « moi » éternel, nous nous trouvons nous-mêmes, en tant qu’ être éternel dans l'Eternel !

C'est uniquement en ce « moi » le plus intime que nous trouvons l'Esprit éternel substantiel qui tout embrasse !

Ce n'est qu'en ton « moi », créateur de toi-même, que tu trouveras ton Dieu « vivant » ! —

Ce n'est « ni par l'intelligence ni par une connaissance étendue des Ecritures » que l’on parvient au but le plus élevé que l'homme puisse atteindre !

L'accomplissement spirituel résulte d'une façon de vivre, — et non pas d'un affilage de la lame de la pensée !

Il est, en vérité, des choses qui ne peuvent être obtenues que par l'intelligence.

Pour « savoir » ces choses, il faut s’efforcer de les concevoir par la pensée !

Ensuite, cependant, le sage s'élève aussitôt au-dessus du savoir, jusqu'à ce qu'il apprenne à penser comme pensent les enfants ! —

Non point qu'il te faille apprendre à penser de façon « puérile », mais retrouver en toi l'unité du penseur et de sa pensée.

C’est en une telle unité que jadis, alors que tu étais un enfant, tu as conçu tes premières pensées, et c'est seulement en cette même unité que se laissent penser les ultimes et suprêmes pensées.

De même que ta pensée alors naissante tirait sa substance non de ton « penser » mais de tes premières expériences terrestres, de même ton expérience spirituelle devra-t-elle finalement te fournir la clef de voûte du dôme sublime de ta connaissance . . .

Alors, tu n auras pas vécu en vain ta vie terrestre, ni enduré ses souffrances sans en récolter les fruits !

Sûrement abrité dans ton « En-deçà », tu pourras attendre ton « Au-delà » en toute confiance, certain dès à présent de ta vie éternelle dans la Lumière divine !

FIN