4
Montagne (Révolution française) 1 Montagne (Révolution française) La Montagne (ses membres étant appelés les Montagnards) était un groupe politique de la Révolution française, à la Convention nationale, favorable à la République et opposé aux Girondins. Pendant la Révolution française, les députés de lAssemblée législative de 1791 les plus à gauche prirent le nom de Montagnards (formant le groupe de la Montagne) alors que les députés des bancs les plus modérés prenaient le nom de Plaine ou de Marais. Si lappellation « Girondins » pour qualifier le groupe des fidèles de Brissot renvoie à leur origine géographique bordelaise, celle de « Montagnards » continue de susciter des interrogations parmi les historiens. L'explication la plus courante est que ces députés siègent à gauche sur les bancs les plus élevés de cette assemblée, doù la référence à la « Montagne » et à la « Plaine ». Cette opposition correspond plus généralement à la topographie politique parisienne puisque la gauche de l'Assemblée nationale était issue des milieux cléricaux des quartiers de la Montagne Sainte-Geneviève et se réunissaient au couvent des Cordeliers, tandis que la droite était issue des milieux financiers établis dans les quartiers de la plaine de la Rive droite (entre la Place Vendôme et le Palais royal) et se réunissaient au couvent des Feuillants [1] . Cette opposition se trouvait déjà dans un texte ancien que beaucoup de révolutionnaires connaissaient : la « Vie de Solon », issue des Vies parallèles, où Plutarque décrit en ces termes les divisions politiques à Athènes : « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine loligarchie ; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire». On peut situer la naissance idéologique de ce mouvement dans son opposition à la Gironde hors des enceintes de l'assemblée nationale. Au club des Jacobins et dans la presse vers décembre 1791 s'ouvre un grand débat sur l'opportunité de déclencher une guerre contre l'Europe. A Brissot, Vergniaud, Guadet,Gernsonné, Condorcet, Carra, Roederer, partisans de la guerre à outrance, s'opposent notamment Robespierre, Danton, Marat, Billaud-Varennes, Camille Desmoulins, François Anthoine, Philibert Simond, Collot d'Herbois, Fréron, Panis, Merlin de Thionville, Chabot, Basire, François Robert ; tous convaincus que la Révolution doit, pour rester elle-même face à l'Europe garder un caractère pacifique [2] . Devenus ou redevenus députés à la Convention Nationale ils siègent alors à la Montagne. Georges Danton Maximilien Robespierre Jean-Baptiste Belley Jean-Paul Marat

La Montagne

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La Montagne

Montagne (Révolution française) 1

Montagne (Révolution française)La Montagne (ses membres étant appelés les Montagnards) était un groupe politique de la Révolution française, à laConvention nationale, favorable à la République et opposé aux Girondins.Pendant la Révolution française, les députés de l’Assemblée législative de 1791 les plus à gauche prirent le nom deMontagnards (formant le groupe de la Montagne) alors que les députés des bancs les plus modérés prenaient le nomde Plaine ou de Marais.Si l’appellation « Girondins » pour qualifier le groupe des fidèles de Brissot renvoie à leur origine géographiquebordelaise, celle de « Montagnards » continue de susciter des interrogations parmi les historiens. L'explication la pluscourante est que ces députés siègent à gauche sur les bancs les plus élevés de cette assemblée, d’où la référence à la «Montagne » et à la « Plaine ». Cette opposition correspond plus généralement à la topographie politique parisiennepuisque la gauche de l'Assemblée nationale était issue des milieux cléricaux des quartiers de la MontagneSainte-Geneviève et se réunissaient au couvent des Cordeliers, tandis que la droite était issue des milieux financiersétablis dans les quartiers de la plaine de la Rive droite (entre la Place Vendôme et le Palais royal) et se réunissaientau couvent des Feuillants[1] . Cette opposition se trouvait déjà dans un texte ancien que beaucoup de révolutionnairesconnaissaient : la « Vie de Solon », issue des Vies parallèles, où Plutarque décrit en ces termes les divisionspolitiques à Athènes : « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plainel’oligarchie ; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernementintermédiaire… ». On peut situer la naissance idéologique de ce mouvement dans son opposition à la Gironde horsdes enceintes de l'assemblée nationale. Au club des Jacobins et dans la presse vers décembre 1791 s'ouvre un granddébat sur l'opportunité de déclencher une guerre contre l'Europe. A Brissot, Vergniaud, Guadet,Gernsonné,Condorcet, Carra, Roederer, partisans de la guerre à outrance, s'opposent notamment Robespierre, Danton, Marat,Billaud-Varennes, Camille Desmoulins, François Anthoine, Philibert Simond, Collot d'Herbois, Fréron, Panis,Merlin de Thionville, Chabot, Basire, François Robert ; tous convaincus que la Révolution doit, pour resterelle-même face à l'Europe garder un caractère pacifique[2] . Devenus ou redevenus députés à la ConventionNationale ils siègent alors à la Montagne.

Georges Danton Maximilien Robespierre Jean-Baptiste Belley Jean-Paul Marat

Page 2: La Montagne

Montagne (Révolution française) 2

Louis Antoine de Saint-Just Jacques-Nicolas Billaud-Varenne Lazare Carnot Pierre-Louis Prieur, dit « Prieurde la Marne »

Jacques-René Hébert

Favorables à la République, dominés par Georges Danton, Jean-Paul Marat et Maximilien de Robespierre, lesmontagnards connurent leur apogée au printemps de 1793 avec 300 députés à la Convention nationale, pour laplupart élus de la Seine et des grandes villes. Hostiles à la monarchie, favorables à une démocratie centralisée, lesmontagnards, proches de la petite bourgeoisie, s’appuyèrent sur les sans-culottes et combattirent âprement lesGirondins, représentants de la bourgeoisie aisée, qu’ils finirent par évincer du pouvoir (2 juin 1793).Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de Terreur. Les montagnards sescindèrent alors en plusieurs courants distincts, ceux qui étaient partisans d'une alliance avec le peuple et de mesuressociales - menés par Maximilien de Robespierre - et les tenants d'une Terreur ponctuelle - menés parGeorges-Jacques Danton. Par ailleurs, plusieurs députés montagnards étaient proches des Enragés de Jacques Rouxou des Hébertistes menés par Jacques René Hébert.Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernementrévolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures duclub des Cordeliers. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794. Par la suite, cefut au tour des Indulgents, qui menaient campagne pour renverser le gouvernement, mettre fin à la Terreur etnégocier une paix rapide avec les monarchies coalisées, d'être éliminés. Arrêtés, ils sont condamnés à mort le5 avril 1794 (4 germinal an II) et guillotinés.Après la chute de Maximilien de Robespierre et de ses partisans le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), lesmontagnards (que l'on a pris l'habitude de qualifier de montagnards de l'an III, pour les distinguer des montagnards «dantonistes », qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux et réunis dans le groupe desCrêtois, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminésaprès les insurrections de germinal et de prairial.

Page 3: La Montagne

Montagne (Révolution française) 3

Sous la Seconde République, les députés de l’extrême gauche (Armand Barbès, Alexandre-Auguste Ledru-Rollin)reprirent le nom de Montagne pour désigner leur groupe politique, tandis que les royalistes légitimistes les plusultras, partisans de « l'appel au peuple » et convaincus que le suffrage universel aboutirait à rétablir la monarchie,adoptaient le nom de « Montagne blanche »[3] .

Notes[1] Louis Maitrier, Gauche-Droite, ou la localisation urbaine et l'origine des partis politiques, Paris, La Découvverte, 1997 (http:/ / cat. inist. fr/

?aModele=afficheN& cpsidt=2451512)[2] jean-Daniel Piquet, "La déclaration constitutionnelle de paix à l'Europe, grand sujet de débat entre 21791 et 1794" Monique Cubells La

Révolution française, la Guerre et la frontière, Paris, Edition CTHS, 2000[3] Stéphane Rials, Révolution et contre-révolution au XIXe siècle, DUC/Albatros, Paris, 1987, p. 155, et R. Huard, « Montagne rouge et

Montagne blanche en Languedoc-Roussillon sous la Seconde République », in Droite et gauche de 1789 à nos jours, Publications del'université Paul-Valéry, Montpellier III, 1975, pp. 139-160.

Bibliographie• Alphonse Esquiros, Histoire des Montagnards, Librairie de la Renaissance, Paris, 1875 (édition de), 543 p.• Albert Mathiez, Girondins et Montagnards, 1re édition : Firmin-Didot, Paris, 1930, VII-305 p. –  Réédition en

fac-simile : Éditions de la Passion, Montreuil, 1988, VII-305 p. (ISBN 2-906229-04-0)

• Jeanne Grall, Girondins et Montagnards : les dessous d'une insurrection : 1793, Éditions Ouest-France, Rennes,1989, 213 p. (ISBN 2-7373-0243-9)

• Alison Patrick, The men of the Republic, 1972.• Françoise Brunel, "Montagne/ Montagnards" Albert Soboul (dir)Dictionnaire Historique de la Révolution

française,Paris PUF, 1989.

Page 4: La Montagne

Sources et contributeurs de l’article 4

Sources et contributeurs de l’articleMontagne (Révolution française)  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=72685574  Contributeurs: -Strogoff-, Anno16, Attis, Axou, Badmood, Baronnet, Ben Siesta, BloodDestructor, Bob08, Coyote du 86, Encolpe, EyOne, Florival fr, Félo, Havang(nl), Heurtelions, Hégésippe Cormier, Iznogood, Jaucourt, Jean-Jacques Georges, Jules78120, Litlok, Malydis,Meridian 45 37, Mogador, Monsieur Fou, Musso, Mwarf, Necrid Master, NicoV, Octave.H, P-e, Polmars, Pontarlier, Richelieu, Staatenloser, Steppen, Stéphane33, Thesupermat, Ursus,Vargenau, Verbex, Zertrin, 69 modifications anonymes

Source des images, licences et contributeursFichier:Georges Danton.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Georges_Danton.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Beria, Ecummenic, Jamesofur, Khaerr,Mattes, Mu, Siren-Com, 1 modifications anonymesFichier:Hw-robespierre.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Hw-robespierre.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Andre Engels, Olivier2Fichier:Jean-baptiste belley.png  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Jean-baptiste_belley.png  Licence: Public Domain  Contributeurs: Jean-Baptiste_Belley,_Girodet.jpg:Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson derivative work: Monsieur Fou (talk)Fichier:Jean-paul marat 1.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Jean-paul_marat_1.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Bubamara, Kelson, 3 modificationsanonymesFichier:Saint Just.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Saint_Just.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Amba, Anne97432, Ecummenic, Havang(nl), Kelson,Kilom691, Middaythought, Mu, Rama, Tancrède, TheBexFr, UrLunkwill, Zolo, 1 modifications anonymesFichier:Billaud-Varenne.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Billaud-Varenne.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Anne97432, Montmorency, Mu, SirGawain, ThemightyquillFichier:Lazare carnot.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Lazare_carnot.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Kelson, Kevyn, Mu, Nk, QuartierLatin1968Fichier:Prieur.png  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Prieur.png  Licence: Public Domain  Contributeurs: d'après une gravure du TempsFichier:Jacques Hebert.jpg  Source: http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fichier:Jacques_Hebert.jpg  Licence: Public Domain  Contributeurs: Mu, Tohma

LicenceCreative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported//creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/