11
SUPPLY CHAIN MAGAZINE Date : JUIN 15 Pays : France Périodicité : Mensuel OJD : 12806 Page de l'article : p.62-74 Journaliste : Bruno Siguiche / Cathy Polge Page 1/11 SAVOYE 5700054400508 Tous droits réservés à l'éditeur ENQUÊTE f lopitaux La logistique, un remède aux maux du secteur hospitalier Le secteur hospitalier est soumis à une forte pression budgétaire. Ce contexte freine l'émergence de grands projets mais incite les initiatives visant à réaliser des gains de productivité. Sans oublier les besoins accrus en matière de tracabilité.

La logistique, aux maux du secteur hospitalier

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 1/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

ENQUÊTE flopitaux

La logistique,

un remèdeaux maux du secteur

hospitalierLe secteur hospitalier est soumis à une forte pression budgétaire. Cecontexte freine l'émergence de grands projets mais incite les initiativesvisant à réaliser des gains de productivité. Sans oublier les besoins accrusen matière de tracabilité.

Page 2: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 2/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

Uiôpital est endette. « Le déficit en014 représente plus de 400 M€.Mame amélioration n 'est attén-ue en 2015 », déclare Georgesalem, DG de Swisslog. Finie

l'ère où les projets menés dans le sec-teur hospitalier pouvaient dépasser lesbudgets préalablement définis. L'heureest à la rigueur budgétaire et l'atten-tion accordée aux R.O.I. est maximale.« Les restrictions budgéraires ont pourconséquence un ralentissement desprogrammes d'hôpitaux neufs. A l'in-verse, les établissements sont en quêted'économies et mènent des réflexionssur leurs organisations logistiquessusceptibles de générer des gains enmatière de ressources humaines et destructure», révèle Thierry Prévôt,Directeur de Prologue Conseil. Le planHôpital 2007-2012 a favorisé le déve-loppement de nombreuses plates-formes logistiques, la mise en œuvre desystèmes d'information hospitaliers etlogistiques (WMS). Désormais, l'atten-tion porte davantage sur le parcours desoin (informatisation du dossier médi-cal, etc.) ou sur les achats (voir encadrépage 68). Néanmoins grâce à la créa-tion des Groupements Hospitaliers deTerritoires (voir encadré CHT page 66),les professionnels du secteur anticipentl'émergence de projets de mutualisa-

tion, notamment des fonctions logis-tiques. En revanche, ces mutualisationsinter-établissements sont impensablespour les pharmacies en raison de laréglementation qui interdit leur éloi-gnement des unités de soin de plus dequèlques centaines de mètres.

L'ère cles robots :pour préparer...

Quoi de neuf ? « Le programme natio-nal Phare (Performance hospitalièrepour des achats responsables) a étélancé en octobre 2011 par la DGOS(Direction générale dc l'offre de soins).Un plan d'action logistique s'y estgreffe l'année dernière. Celui-ci s'arti-cule autour de 4 thématiques : optimi-sation des stocks dans les services desoins et dans les magasins centraux,amélioration des approvisionnementsexternes (fournisseurs), actions trans-versales (formation, pilotage) », décritThierry Prévôt. La sécurisation du cir-cuit du médicament étant un sujetd'actualité, les projets de robotisationpour la préparation des médicamentssont légion. Certains d'entre eux per-mettent de réaliser une dispensationnominative (voir interview page 74).« L'Allemagne, d'un niveau équivalentà celui de la France, a déclaré l'annéedernière plus de 19.000 morts dus àune mauvaise dispensation médica-menteuse. La dispensation nominativeest donc un enjeu extrêmementimportant et pourtant peu de circuitsmédicamenreux sont sécurisés. Hélas,compte tenu des restrictions budgé-taires, les projets ont du mal à voir lejour », regrette Georges Salem. Sécuri-sation totale du circuit rime avec tra-çabilité à la maille du médicament, cequi est encore loin d'être le cas (voirinterview page 70) en dehors des pro-duits pour lesquels ce suivi unitaire estobligatoire (dérivés du sang, dispositifsmédicaux implantables, etc.). «Lesrobots DJIN (dispensation journalièreindividuelle et nominative) coûtenttrès chers et les hôpitaux ne disposentpas toujours dcs budgets nécessaires.Néanmoins, ils réservent souvent uneplace pour eux dans la Pill (pharma-cie à usage intérieur) lors de la cons-truction d'une nouvelle plate-forme.Un calcul économique est très impor-tant pour vérifier que les gains de pro-

SylvieBourden,

SeniorManagerchez VinciConsulting

ThierryPrévôt,Directeur

de Prologue

GeorgesSalem,DirecteurGénéral

de Swisslog

Page 3: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 3/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

ThomasTschinschang,

DirecteurCommercial

deKLS

GrégoryLecaignard,

ProductManager

chez A-Sis

ductivité générés lors de la préparationne sont pas perdus par le temps dechargement des robots et leur mainte-nance », avertit Sylvie Bourden,Senior Manager chez Vinci Consul-ting. En outre, les hôpitaux s'équipentde robots de préparation à la boite pourtraiter les demandes globales des ser-vices de soin.

... et pour transporterLe transport automatique a aussi le venten poupe. Les AGV (Automated GuidedVehicules) assurent le transport de l'en-semble des flux : médicaments, fourni-tures hôtelières, repas, linge, archives etdéchets. Très structurants pour l'orga-nisation des flux internes, ils sont unsujet incontournable lors de la cons-truction d'un nouvel établissement. LaFrance ayant été précurseur en matièred'équipement AGV, beaucoup d'établis-sements sont en cours de renouvelle-ment de ces systèmes (voir encadrépage 69). «Les nouvelles technologiesd'AGV sont plus souples en termes decircuit, d'autonomie et de périmètre detransport. Les AGV sont capables dedélivrer au plus près des unités de soinet à l'intérieur des locaux de destina-tion », indique Thierry Prévôt. Les pro-jets de transport pneumatique, moinsonéreux, sont aussi en progression. Cemode de transport est particulièrementadapté aux petits objets comme les pré-lèvements. « Le laboratoire du CHU deLille, où nous avons installe 18 kmd'installation pneumatique, reçoit enune matinée environ 2.500 envois desdifférents services. Lhôpital peut ainsiobtenir en quèlques minutes les résul-

Les CHT, sourcede nouveaux projets logistiques ?

L'article 27 du projet de loi de modernisation de notre système de santé, adoptépar l'Assemblée Nationale le 14 avril 2015, prévoit à compter du 1cr janvier 2016la création des groupements hospitaliers de territoires (CHT) qui succéderontaux communautés hospitalières de territoire (CHT). Il mentionne que « Chaqueétablissement public de santé, sauf dérogation tenant à sa spécificité dans l'offrede soins régionale, est partie à une convention de groupement hospitalier de ter-ritoire [...] Le CHT assure la rationalisation des modes de gestion par une mise encommun de fonctions ou par des transferts d'activités entre établissement ». Lesétablissements « support » assureront un certain nombre de fonctions pour lecompte des établissements parties au groupement telles que les achats, les acti-vités administratives, logistiques, techniques et médicotechniques. Ces CHT pour-raient donc être à l'origine de projets logistiques... • BS

tats d'une analyse sanguine », se féli-cite Georges Salem.

Pas une plate-forme,des plates-formes !

La quasi-totalité des CHU est dotéed'une plate-forme et d'un WMS (voirpage 71). Les périmètres sont enrevanche très variables. La pharmacien'y est en effet pas systématiquementincluse. Le magasin hôtelier (horsmédical) pilote fréquemment ce sujet.« Le nouveau Centre Hospitalier de Bel-

forl-Montbéliard dispose d'une plate-forme logistique, située à proximité dunouvel hôpital, regroupant les activitésde blanchisserie, cuisine, pharmacie, lemagasin et les déchets. A Toulouse, laPill et le magasin sont sur le mêmesite, permettant ainsi de regrouper lesflux pour distribuer les différents éta-blissements. La stérilisation et la cui-sine sont sur des sites différents »,illustre Sylvie Bourden. Les CH ne sontcependant pas tous équipes de plate-forme, la taille ne le justifiant pas tou-jours. Cela ne les empêche pas demanifester des signes d'intérêt crois-sants pour les WMS, a minima pourgérer le stock du magasin.

Les WMS élargissentleur périmètre

En raison du contexte financier et régle-mentaire, Ic WMS est le bienvenu pourbaisser les niveaux de stock, améliorerl'efficacité de la distribution et dévelop-per la traçabilité. L'environnement a sen-siblement évolué ces dernières années.« Le marché s'est mieux positionné etpropose désormais des solutions plusadaptées au contexte hospitalier à desprix en phase avec les budgets », estimeSylvie Bourden. A-Sis, KLS et Savait frMichel sont des éditeurs de référencepour ce marché de niche. « Nous avonscréé Pharmalog en 2011, une versionspécialisée d'Hospilog conçue pour lespharmacies, une réponse techniquementet financièrement très adaptée à des éta-blissements type CH. L'outil étant pré-paramétré, les délais d'installation sonttrès rapides », détaille Thomas Tschin-schang, Directeur Commercial de KLS.Même point de vue chez A-Sis, qui com-mercialise LM CH Pack depuis 2013, uneversion allégée et plus compétitive deson WMS LM. Pré-paramétrée, elle intè-

Page 4: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 4/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

gré en standard les fonctions spécifiquesà l'hôpital. Par ailleurs, les WMS éten-dent leur terrain de jeu au-delà desportes de l'entrepôt... et ce, jusqu'auxblocs opératoires. « Nous distinguonstrois niveaux : la plate-forme ; la Pillavec des problématiques différentes (dis-tribution à la boite ou nominative, rétro-cession, etc.), des moyens logistiquesplus restreints et des interfaces avec deslogiciels metiers plus nombreuses ; lesstocks tactiques c'est-à-dire les stocksdans les unités de soin (blocs). Nousavons récemment mis en place à Mont-

pital. Le brancardier reçoit sur sonsmartphone un ordre de transport, luiassocie le numéro du patient en scan-nantson bracelet ainsi que l'objet utilisépour le transporter (fauteuil roulant,etc.) », évoque Grégory Lecaignard.

La logistique gagneen popularité pas à pas

Malgré une légère évolution des men-talités, tout n'est pas rose. Les pharma-ciens manifestent davantage d'intérêtpour la logistique mais le phénomèneest encore loin de se généraliser. La

priorité est le patient et la fonctionlogistique reste secondaire dans lasphère hospitalière. Elle gagnera ses let-tres de noblesse en démontrant sonaction bénéfique « in fine » pour lepatient. Les établissements sont parexemple très friands de méthodes detravail visant à décharger le personnelsoignant des tâches logistiques (Kanban,etc.). Les gains de temps générés peu-vent ainsi être mis au profit des patients.Une page de l'histoire de la logistiquehospitalière reste à écrire ! ii

BRUNO SIGUICHE

pellier la première gestion des blocsautomatisés avec une dizaine destockeurs rotatifs », confie ThomasTschinschang. Lorsque les plates-formessont éloignées des unités de soin, desfonctions de type TMS sont aussi exi-gées par les établissements. Ceux-ci sou-haitent suivre la distribution au seinmême des unités fonctionnelles. Restela difficulté d'associer les produits aupatient... « Nous proposons dans notreoffre des fonctions déportées au sein dcl'unité de soin permettant d'associer leBMI [ndlr Dispositif Médical Implanta-ble] fl un numéro de patient. Par ailleurs,on nous demande de plus en plus degérer les stocks déportés dans les ser-vices », précise Grégory Lecaignard, Pro-duct Manager chez A-Sis. Des demandesplus atypiques sont aussi faites aux édi-teurs. « Un client nous a demande d'in-tégrer au WMS une fonction pour gérerle transport des patients au sein de l'hô-

La mutualisation : levierde réduction des coûts d'achat

Le Resah-IDF (Réseau des acheteurs hospitaliers d'Ile-de-France) compte149 adhérents A l'occasion de sa dernière assemblee générale, il a déclaré21,3 M€ de gains sur achat en 2014, soit une économie moyenne de 4,5 % duvolume achat mutualisé traité Le Resah en a aussi profité pour annoncer la miseen oeuvre d'une politique d'achat commune dans les CHT (voir encadrépage 66) en 2015 Cest dans ce cadre qu'il a lancé, avec le soutien de l'ARS(Agence régionale de santé) Ile de France, le programme Perf achat « Celui-a viseà accompagner le déploiement du volet « achats-logistique » des futu/s CHT fian-aliens et à aider les établissements de la région à atteindre la cible de gains surachat qui leur a été fixée par le plan Ondam 2017 (311 M€)». Le Resah a récem-ment ouvert la participation à ses campagnes d'achats groupes aux établisse-ments non franciliens pour les segments d'achat non couverts par une offrerégionale Cest ainsi qu'il a passé en octobre 2014 « le plus gros marché nationaldelectricité à ce /eur, réunissant plus de 500 établissements de santé et médico-soaauxpourun volume dachat d'é/ectnaté de 1,2 TWh/an » Ce marché devraitfaire gagner plus de 11 M€ aux établissements bénéficiaires En outre, le Resahappartient au groupement d'achat européen Happi (Healthy Agemg Public Pro-curement of Innovations) constitué de 7 centrales d'achat (Royaume-Uni, Bel-gique, Italie, Luxembourg, Autriche, etc ) OS

Page 5: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 5/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

ParentIngénieure Logistique au CH René-Dubos à Pontoise et membre

de la Commission Logistique Hospitalière de l'Aslog

Vers une professionnalisation de la logistiqueCi Profitant de l'ouverture d'un nouveaubâtiment en 2009, j'ai déplacé le magasinhôtelier du 3e sous-sol vers un local, situédans un bâtiment de soin, équipé avec dumatériel logistique approprié (palettiers,engins de manutention, etc.). La FUI(Pharmacie à Usage Intérieur) est situéejuste à côté et dispose du même matériel.Elle est par ailleurs dotée de deux robotsde stockage (Arx Rowa) de médicamentsen boite et utilise le logiciel Pharma. Notrelogiciel de gestion économique et finan-cière actuel dispose d'un module intranetde demande mais ses fonctionnalités degestion d'entreposage et de traçabilité sontextrêmement limitées. Je vais donc inclureun projet de WMS en parallèle de l'étudeplein vide souhaitée par la Direction etdont l'opportunité de démarrage sera vali-

déc en octobre. J'ai également repris l'in-tégralité du transport qui était auparavant

réparti entre différents services. Le CH dePontoise est doté d'un système de trans-port automatique lourd (AGV), le premierAGV date de 1978 et l'automatisationcomplète de 1998 (dix AGV à ce jour pour10.512 transports par mois). Deux sys-tèmes assurent le transport de l'ensembledes flux (pharmacie, magasin hôtelier,stérilisation, restauration, blanchisserie,déchets) et relient les unités de productionaux unités de soin de deux bâtiments. Jetravaille actuellement sur un projet derenouvellement du système le plus ancien.En outre, nous avons remplacé en 2006l'équipe de coursiers par une solution detransport pneumatique. A terme, je sou-haite que la logistique prenne en charge la« logistique d'étage » pour décharger lepersonnel des unités de soin, ll • BS

Page 6: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 6/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

Frédérique FrémontIngenieure en organisation Cadre administrative du Pole Médico-Technique et Gestionnaire

des Consultations Externes du C H I Robert Ballanger (à Aulnay-sous-Bois)

« Nous avonsjgrave toute notre instrumentationdu bloc opératoire et des services de soins »

Le CHI Robert Ballanger nous avait dé|à ouvert ses portes fm 2011 Plus de 4 ans plus tard, que s'est-il passé ? Le pio-|et de marquage individuel du matériel a tracé sa route et de nouveaux sujets ont vu le jour (WMS, plein vide, etc)

Supply Chain Magazine Vous vous êtesengages depuis plusieurs annees dansun protêt de marquage individueldes instruments chirurgicaux Ou en êtesvous au/ourd hut 'Frédérique Frémont : En 2011, nous noussommes heurtes a une difficulté logistiquePour le gravage des instruments chirurgi-caux, nous envoyions a I epoque un lot quinous revenait une semaine apres Tant quenous étions sur des boites d instrumenta-tion en nombre suffisant pour des inter-ventions courantes, tout se passait bien Al'inverse, ce temps d'attente d'une semainedevenait problématique pour des mstruments en quantites plus réduites Maîs unenouvelle entrepnse (Mnext France) s'estimplantée en France Des employes deladite societe se sont installes directementdans nos locaux avec un laser et unemachine a micro percussion permettant degraver des DataMatnx aux standards GS ILe circuit est ainsi devenu beaucoup plusfluide En 2013, nous avions grave toutenotre instrumentation utilisée en bloc operatoire et en service de soins Dans nosappels d'offre, nous indiquons clairementque nous souhaitons acheter prioritaire-ment des instruments graves

SCMag Qu'en est-il du marquageunitaire des DM (DMS, DispositifsMedicaux Steriles et DMI, DispositifsMedicaux Implantables)7

F.F. : Compte tenu de la multitude d au-tres projets menés (mise en oeuvre de notreWMS plein vide, etc ) nous avons prisdu retard sur le sujet La mise en place dela traçabilite unitaire des DMI au blocopératoire suppose une refonte de notrefichier article avec une ressaisie de tous lescodes-barres Nous sommes encore enpériode d'expérimentation el prévoyons delancer cette annee un pilote en grandeurréelle sur la cardiologie interventionnelle

SCMag Quand avez-vous mis en place

votre WMS et quel peiimetie couvre-t-il?

F.F. : Nous disposions d un nouveau maga-sin pour les DM avec des stockeurs rotatifsNous avons installe le WMS Gildas Hospi-log (dc l'éditeur KLS) pour le magasin gene-ral et les DM La partie DM est operation-nelle depuis septembre 2012 Ayant ren-contre de grandes difficultés d mterfaçagepour la partie magasin general, celle cin est ventablement operationnelle quedepuis mars 2015 La partie medicament esttoujours gérée sous Pharma (notre ERP)Nous avons ete le premier hôpital a etreintégralement equipe d armoires robotiséesde la marque Pyxis dans les services desoin Le reapprovisionnement se fait sur labase des consommations réelles A la pharmacie centrale, en revanche la preparationest réalisée manuellement dans des rayon-nages anciens Nous souhaitons doncI équiper de stockeurs rotatifs et dynamiques maîs, etam donne le blocage actueldes investissements, ce projet ne verra pasle jour avant 2016 Tant que la logistiquedu medicament en interne ne sera pas plusindustrialisée, nous n intégrerons pas lesmedicaments dans le WMS

SCMag Fin 2011,45 % des prescriptionsétaient informatisées Vous évoquieza l'époque un projet visant a scannerles produits a l'unité del tvi es parles infirmières aux patients Qu'en est-il?

F.F. : 100% des prescnptions sont infor-matisées S agissant du deuxieme sujet,l'association des pharmaciens européenstente dc collaborer avec les fournisseurspour favoriser les conditionnements unitaires Maîs le sujet n est pas simple carcette initiative représente des investissements colossaux pour les laboratoires pharmaceutiques, en particulier si I on souhaitey introduire des donnees dynamiques(numero de lot, etc ) Afin de reduire lesmontants d investissements je suis parti-sane dans un premier temps de lancer desessais en intégrant seulement des donneesstatiques (identification du medicament etde la dose) Nous poumons aussi nouscharger de reconstituer a I unite les medi-caments maîs il me semble que le recondi-tionnement en doses unitaires ne relevé pasde la responsabilite des pharmaciens hos-pitaliers Par ailleurs, ce report de chargefinanciere serait difficilement supportablepour les hôpitaux dont les moyens restenttres interieurs a ceux des laboratoires pharmaceutiques

SCMag Quels sontvos autres pro/ets ?

F.F. : Nous installons un robot (Beldico)alimente en vrac qui constitue des doseshebdomadaires par patient Ces préparations seront utilisées par notre antenne ala maison d'arrêt dc Villepinte, ainsi quepour les soins de suite [ndlr moyensejour] Les traitements étant généralementlongs et peu variables dans les deux casL'objectif est de recentrer le personnel dela pharmacie sur des activites hospitalièresa plus forte valeur ajoutee Dans le mêmeregistre, la logistique a repris la gestion descommandes des blocs opératoires depuis6 mois environ, afin de dégager du tempspour les infirmières Par ailleurs nous met-tons actuellement en place le plein videpour les DM et le magasin general *

PROPOS RECUEILLIS PARBRUNO SIGUICHE

Page 7: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 7/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

Le CHU Amiens-Picardie soigne sa logistiqueUne plate-forme regroupant l'ensemble des flux y compris les médicaments. Lin WMS pour orchestrer le tout. Unepharmacie équipée de robots de stockage et de préparation. Un arsenal d'AGV pour assurer le transport des flux.La logistique du CHU Amiens-Picardie s'est refait une santé !

U projet du nouveau CHU Amiens-Picar-ie d'une surface de 122.000 m2 a été

l'occasion de repenser intégralement lalogistique. « La plate-forme logistique, pre-mière étape de la construction du nouveauCHU, a été conçue dans Ie cadre d'un pro-jet mono-site », introduit Romain Thorel, encharge de la logistique de la plate-forme.Cette nouvelle construction réunit 4 sitesauparavant disperses sur l'ensemble del'agglomération. L'essentiel des services adéjà été transféré. L'hôpital Nord est encoreen fonctionnement jusqu'en 2016 pour9 services ; seul l'établissement de longséjour en ville est conserve. Chacun de cessites disposait de sa propre pharmacie et lesflux inter-pharmacies étaient nombreux.C'est dans ce contexte de recherche d'éco-nomies d'échelle qu'un projet logistiquemajeur a vu le jour. « Un logisticien en

Romain Thorel, en charge de la logistiquede la plate-forme du CHU Amiens-Picardie

charge du projet a été recruté fin 2010.Nous avons ensuite choisi un WMS. 2011et 2012 ont été consacrées a l'analyse fonc-tionnelle du logiciel, aux tests d'interfaçageset à l'achat d'équipements. Fin 2012, nousavons procédé au chargement de la plate-forme, qui a démarré en février 2013, avecles DMS (Dispositifs Médicaux Stériles) etsolutés massifs pour la pharmacie et lesproduits des magasins. La pharmacie de laplate-forme a pris en charge les médica-ments de l'ancienne pharmacie du site Suden octobre 2013, puis l'ensemble de l'ap-provisionnement en medicaments à l'au-tomne 2014, au moment de l'arrivée desservices de soins sur le nouveau CHU.Parallèlement, nous avons mis en place lesystème plein-vide pour les DMS et pro-duits du magasin dans les unités de soinspour optimiser la gestion de leur stock et la

Page 8: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 8/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

commande », détaille Christine Vantyghem,Pharmacienne chargée de Logistique Phar-maceutique.

Lensemble des flux géréssur la plate-forme

Cette plate-forme d'une superficie totalede 10.000 m2 regroupe les flux des pro-duits pharmaceutiques, du magasin cen-tral, de la lingerie, de la stérilisation et desdéchets. L'activité dc blanchisserie cst enrevanche sous-traitée à l'extérieur. Lapharmacie (2.500 m2) est un point d'an-crage dans la plate-forme logistique. Lacréation de cette dernière s'est accompa-gnée d'une révolution informatique. Lechoix du WMS s'est porte sur l'éditeur KLSpour des raisons économiques, d'adapta-tion aux besoins et d'accompagnement.« L'analyse fonctionnelle est la phasecritique. Les choix faits à ce momenl-làfigent les organisations futures. Nousavons défini chaque organisation et l'en-semble des interfaces avec nos nombreuxlogiciels métiers. L'implication du phar-macien est indispensable. Celui-ci doitparfaitement maîtriser les fonctionnalitésdes logiciels », met en garde Christine Van-tyghem. Et d'ajouter à propos des facteursclefs de succès : « Un fonctionnement entrio entre l'informatique, la logistique et lapharmacie est une clef du succès. Le sou-tien et l'implication de la direction ont ctcdes éléments moteurs dans la réussite denotre projet. Sans oublier l'humain : étantdonné l'importance du changement, nousavons organisé régulièrement des réunions

Christine Vantyghem, Pharmaciencharge de Logistique Pharmaceutiqueau CHU Amiens-Picardie

au cours desquelles nous expliquions aupersonnel les changements, répondions àleurs craintes, etc. Nous avons formé lepersonnel sur le terrain et continuons à lefaire ». Le CHU, en passant d'une organi-sation « papier » à une organisation infor-matisée, est entré dans une nouvelle ère...

Une pharmacie robotiséeLa pharmacie est équipée de 2 robots destockage à la boîte de marque Rowa, de lasociété MX (capacité de 80.000 boîtes),et de 5 tours de stockage Kardex. «Unesolution en hauteur répondait bien à notreproblème de manque d'emplacement pic-king dans nos palettiers et de manque desurface. Nous y rangeons les DMS devolume moyen (plus petits que ceux rangésen palettier) et les médicaments qui nerentrent pas dans le robot Rowa », préciseChristine Vantyghem. Outre les gains de

Chiffres Clés de la Pharmacie à usage intérieurFr 1.700 lits et places DMS . 950 références stockées et<• 115 UP cliniques 5.000 hors stock• Médicaments 2.100 références • 1.920 lignes de demandes

stockées des UP / jour

place, ces robots fiabilisent les stocks etaugmentent les rendements de prépara-tion. Néanmoins les niveaux de producti-vité ont encore une marge de progression.Le rangement dans ces robots reste un fac-teur limitant car cette activité ne peut êtresimultanée à la préparation. Toujours enquête de modernité, la pharmacie envisageà horizon 2016/2017 de lancer un projetde dispensation au patient, autrement ditde s'équiper de robots DJIN (dispensationjournalière individuelle et nominative). Lesintéressés devront choisir entre centraliserces robots à la pharmacie ou les décentra-liser dans les services de soin.

Un ballet d'AGVLe transport interne a lui-même été auto-matisé. « Nous disposons de 25 tortues(AGV-Automated Guided Vehicule) quenous gérons en interne. Le démarrage a eulieu en septembre 2014. Les AGV sont encharge des flux de la pharmacie, du maga-sin, du linge, de la restauration et desdéchets. Nous prévoyons à terme d'y ajou-ter les flux de stérilisation et des archives.Une équipe à chaque étage assure le trans-port sur les derniers mètres de la gare auservice de soin », explique Romain Thorel.Aujourd'hui, ce cortège d'AGV réaliseenviron 800 prises par jour. Les flux sontprédéfinis et pré-paramctrés de façon opti-male. La pharmacie s'est mise au diapasonde l'automatisation des livraisons. « LeWMS, interface avec le logiciel du trans-porteur automatique, informe le systèmeAGV de la mise à disposition d'une prisedestinée à l'expédition. La traçabilités'arrête à ce jour au niveau de la gare del'étage et nous réfléchissons à dcs solutionspour étendre cette traçabilité jusqu 'à lalivraison dans le service de soins », projetteRomain Thorel. Outre le transport automa-tique, le CHU a mis en place un système detransport pneumatique, ll a été conçu essen-tiellement pour les prélèvements. Quid del'avenir ? « Notre organisation s'est consi-dérablement transfor- mée. Nous souhaitonsmaintenant lafiabiliser et l'optimiser. Notreaxe de progrès principal concerne la gestiondes stocks, la coordination et la sécurisationdes flux », confie Romain Thorel. Et Chris-tine Vantyghem de conclure : « Nous allonsmener un important travail de réajustementdes dotations et des demandes des servicespour le système plein vide de façon à dimi-nuer les urgences ». •

BRUNO SIGUICHE

Page 9: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 9/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

François BischIngénieur logistique nouveau CHU au CHU Pointe a Pitre Abymes (Guadeloupe)

« Nous sommes soumisà une forte pression budgétaire »

ll y a quèlques mois, Francois Bisch a posé ses bagages à Pointe à Pitre pour imaginer la logistique du futur CHU dela Guadeloupe. Il nous en dit quèlques mots .

Supply Chain Magazine Quelles sont vosresponsabilités au sein du CHU de Pointea Pitre/Abymes ?

François Bisch : J ai rejoint I equipe pro-jet de construction du nouveau CHU alaquelle j apporte mon experience logistique La mise en exploitation de ce nouvel hopital est prévue pour 2020 Noussommes actuellement dans la phase AFD(avant projet détaille)

SCMag Pourquoi un nouveau CHU ?

F.B. : Le CHU actuel pourrait ne pas resister a une grosse secousse sismique Celuique nous reconstruisons sera antisismiqueet anticyclonique Le CHU de la Guade-loupe étant, comme beaucoup d etablissements, en déficit chronique, ce projetest intégralement finance par l'Etat LeCopermo (Comite interministériel de performance et de la modernisation de l'offrede soins) suit donc de tres pres l'avance-ment et I usage fait des financements

SCMag Quelles sont les contraintesimposées par l'Etat7

F.B. : Nous sommes soumis a une fortepression budgétaire Le budget ne peutimpérativement pas dépasser 590 M€Par ailleurs, l'Etat nous impose de ne pasexcéder une surface de 80 DOO m2 Nousveillons donc a faire tenir toutes les activîtes dans des surfaces plus restreintes queles standards habituels Les locaux dédiesa la logistique en pâtissent aussi

SCMag Comment seront organisesles espaces logistiques ?

F.B. : La distribution interne est bienconçue grâce a une « rue logistique » ausous-sol qui relie les 7 batiments La manu-tention ne sera pas automatisée en raisondu manque de place La stérilisation et lapharmacie seront situées dans le nouveaubâtiment En revanche, la cuisine centralela blanchisserie et le magasin de produitshôteliers se trouvent sur une plate-formelogistique, ouverte il y a 6 ans, située a

environ 5 km du nouveau CHU Le linge,les repas et les produits hôteliers serontlivres dans une cour logistique aménagéeavec des quais dont je rn assure de labonne conception

SCMag Et la pharmacie ?

F.B. : La pharmacie, positionnée au niveaude la cour logistique, sera constituée d unesurface dédiée au stockage palettes avecpres de 800 emplacements Maîs aussi d unespace consacre au stockage des cartons etaux préparations a la boite ou a l'unité qui,par manque de place sera automatise Noustravaillons actuellement sur la definitiondes robots de stockage et de preparationPar ailleurs, la reglementation incite lespharmacies centrales a realiser directementles dispensations journalières individuelleset nominatives (DJIN) au heu dcs dispensalions globalisées, pour soulager les mfirmieres de cette tache Les sachets ou lesboites individuelles amveront dans les unites de soin, prets a etre administres Pour cefaire, il faudrait en théorie augmenter lepersonnel dans les pharmacies Les robots,plus performants qu'une preparationmanuelle, limiteront I augmentation d'ef-fectif tout en garantissant une bonne qua-lite de preparation

SCMag Quels sont les critèresde choix de ces robots ?

F.B. : I es phases de chargement doiventêtre au maximum automatisées pour ne pasperdre les benefices lies aux gains de pro-ductivité obtenus au niveau de la prepara-

tion L equilibre entre I investissement et lescoûts d'exploitation est fondamental

SCMag Pouvez-vous nous donnerquèlques elements sur l'organisationlogistique cible 7

F.B. : Nous prévoyons de mettre en placeun mode d approvisionnement de typedouble casiers [ndlr Kanban applique auxunites de soin] Pour I heure nous n avonspas encore choisi le futur logiciel quigérera les etiquettes (ERP, logiciel pharmaceutique, éventuel futur WMS )Néanmoins, nous lançons un pilote cetteannee dans le nouveau service de reani-mation equipe en double casier avec lelogiciel spécialise du fabricant de mobiliermodulaire (Practicima). Par ailleurs, I ho-pital souhaite se recentrer sur son cœur demetier, en I occurrence le soin II est doncnécessaire de décharger les soignants destaches logistiques Au CHU actuel, les soi-gnants viennent chercher les medicamentsa la pharmacie A la cible, ils ne sortirontplus des unites de soin Des agents logis-tiques leur apporteront les medicamentsJ'ai aussi commence le processus de miseen place de la trame de traçabilite des operations logistiques sur le nouveau CHU enprévoyant d identifier l'ensemble deslocaux avec des codes de type GLN auxstandards GS I.

SCMag Qu en sera-t-ilde la restauration ?

F.B. : Les plateaux-repas des patients serontconstitues nominativement dans le nouveauCHU et non au depart de la cuisine centraleII s agit d'une logique de différenciationretardée Cela permettra de se rapprocherdavantage des patients et d'être en mesured intégrer plus tardivement des modifica-tions En outre, les chariots de transport et derechauffage des plateaux n'auront plusbesoin d'être transportes par camion, ce quicontribuera a augmenter leur longévité B

PROPOS RECUEILLIS PARBRUNO SIGUICHE

Page 10: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 10/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

Thierry ChagnaudDirecteur Général Délégué du Pôle Santé Léonard de Vinci

Oser l'approche industrielle

Ala tête d'une clinique qui représente450 lits, Thierry Chagnaud a fait appel

à un « logisticien », Nicolas Picquerey ducabinet Igloo, pour l'aider à revoir les fluxde l'arsenal et du bloc opératoire, dans unedémarche pérennisée par la mise en placed'un outil d'ordonnancement des opéra-tions sur tablette et le recrutement d'unResponsable Logistique, chargé de fairerespecter le programme des opérations oud'informer toutes les parties prenantes encas de changement. Les enjeux : gagneren efficacité au bénéfice du patient et dupersonnel soignant, tout en réduisant lescoûts sans pénaliser la qualité des soins.C'est une vraie révolution qu'a entamée lePôle Santé Léonard de Vinci de Cham-bray-lès-Tours. « Nous devons repensertoutes nos méthodes de travail qui ont étéconçues pour des cliniques de 150 lits

mais ne conviennent plus à celles de plusde 400 lits », lance Thierry Chagnaud,DGD du Pôle Santé Léonard de Vinci. Issudu regroupement de 4 cliniques de 5.000 à7.000 m2, ce pôle santé a ouvert ses portesen 2008. Il s'étend sur 40.000 m2, dispose

d'un bloc opératoire de 5.000 m2 etcompte 450 lits. « En 1914, les Sœurs ontouvert des dispensaires, relate ThierryChagnaud. Puis, après la seconde guerremondiale, ces établissements, vendus auxchirurgiens, sont devenus des cliniques.De 50 à IOU Hts, elles se sont agrandiesjusqu'à 150 lits. Aujourd'hui, elles dispa-raissent au profit de pôles de regroupe-ment de plus de 400 lits. » D'où lanécessité de mieux gérer les flux au seinde ces établissements de plus grande taille.D'autant que la pression sur les coûts sefait plus forte. « Les volumes et les prixsont fixés par l'Etat et nous avons perdu2 Vo sur les tarifs en 2015, ajoute le DGD,d'où une marge de manœuvre des plusétroite. Et d'en déduire : Nous devons doncfaire des gains de productivité pourconserver le personnel soignant de qualité

Page 11: La logistique, aux maux du secteur hospitalier

SUPPLY CHAIN MAGAZINEDate : JUIN 15Pays : France

Périodicité : MensuelOJD : 12806

Page de l'article : p.62-74Journaliste : Bruno Siguiche /Cathy Polge

Page 11/11

SAVOYE 5700054400508Tous droits réservés à l'éditeur

dont nous disposons et compenser desactivités déficitaires que nous nous devonsde pratiquer ».

Une approche par les flux« Pour l'hébergement, nous avons mis enplace dès lf départ une cellule ordonnan-cement, véritable tour de contrôle car pilo-ter en mode visuel n'était plus possiblecompte-tenu des entres/sorties avec autantde lits. Je voulais donner la même organi-sation au bloc opératoire que pour l'hé-bergement, explique le DGD, qui pour-suit : A raison de 500 €/h et de 120 à150 passages par jour, la désorganisationdu bloc opératoire faisait perdre beaucoupd'argent». En effet, de fréquents engorge-ments dans le sas d'accueil et à la sortie,après la salle de réveil, gênaient la bonnemarche du service. D'où l'idée de faireappel à un spécialiste de la gestion desflux, avec un oeil neuf, «r J'ai voulu faireintervenir quelqu'un dc l'extérieur, sanscompétence ni connaissance médicale. Unpur logisticien qui ait une approche parles flux », résume Thierry Chagnaud. C'estainsi qu'il a fait appel en décembre 2013 àNicolas Picquerey, du cabinet Igloo.

3 chantiers d'amélioration« Un programme bloc, c'est : une salle, unepanseuse, un chirurgien et un chariotcomportant tout ce qui est nécessaire à

l'opération, liste le DGD. Ce dernier estune des conditions de bon fonctionnementde l'opération. Dans un environnement quin 'avait pas été pensé pour, préparer ceschariots prenait 40 h par jour aux infir-mières. * Le 1er chantier a consisté à repen-ser l'espace de stockage de l'arsenal (zonesde rangement des produits et dispositifsmédicaux nécessaires à une opération),puis un 2"d à revoir le chemin de prépara-tion, sans oublier la constitution d'unebase de produits informatique plus stan-dard que « le produit ortho du Dr X », lan-gage abscond pour toute autre personneque les infirmières rompues aux habitudesde tel ou tel chirurgien. « En juillet, unstagiaire pourra aller en 12-B-45 et pren-dre une pince », illustre le DGD. Un3e chantier a porté sur la refonte des fluxpatients dans le bloc opératoire, avec ladéfinition de circuits courts et longs, et dessas correspondant de part et d'autredu bloc. Un outil de suivi en lemps réelsur tablette avec des codes couleur duprogramme des opérations (patient, salle,chirurgien, créneau horaire) a aussi été

développé avec Airweb. « Les deux orien-tatrices peuvent à présent coupler les fluxde montée et de descente des patients enfonction du planning effectif des opéra-tions et ainsi optimiser Ic travail dcs bran-cardiers en leur évitant des trajets «àvide » », indique Thierry Chagnaud. Ce quiévite aussi de préparer un patient (doucheBétadine, etc.) trop tôt pour le faire atten-dre en lui laissant le temps de s'énerver oude s'inquiéter.

Pérenniser la démarche« Deux mondes s'opposent : celui de larationalisation par des travaux de groupeet celui des médecins, très individualistes.Le terrain d'entente est celui de la sécuritédu patient et du bon fonctionnement dubloc pour tout le personnel. Ce qui évite depayer des aides opératoires pour rien, determiner en retard et de perdre des consul-tations, etc., analyse avec objectivité leDGD. A nous de mettre en place de nou-velles organisations de travail qui aillentdans ce sens. » Pour éviter de revenir au« papier crayon » une fois que NicolasPiquerey aura terminé sa mission, il envi-sage de recruter un Logisticien, qui à laplace d'un Chef de bloc (tenté par empa-thie de vouloir faire plaisir à chacun deschirurgiens et donc de faire beaucoup demodifications) sera chargé du respect duplan ou en cas de modification indispen-sable, de propager l'information via le sys-tème à tous les services concernés (ambu-latoire, brancardiers, infirmières rensei-gnant les patients et leurs familles...) afinqu'ils en tiennent compte. A terme, celapermettra aussi de revoir le nombre d'in-terventions par chirurgien si ce dernier estsystématiquement en retard, par exemple.« Nous devons appliquer les règles de l'in-dustrie à un milieu artisanal qui ne lesconnaît pas », relève Thierry Chagnaud.Cet adage a néanmoins été déjà appliquéaux méthodes d'interventions elles-mêmes. Ainsi, le processus complet d'in-tervention pour une cataracte qui prenaitautrefois 9 h, n'en requérait plus que5 h 30 en 2008, et 3 h à présent. « Nousavons revu chaque étape du process pourréfléchir au moyen de réduire le temps glo-bal : arrêt de la prémédication du patient,protocoles d'anesthésie plus ajustés...détaille le DGD. Réfléchir ensemble porteses fruits. Mais pour convaincre toutle monde, il faut du temps... et de lapatience ! », conclut-il. • CATHY POLGE