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UNIVERSITE LYON 2 LUMIERE INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATION RELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DE L’ESPACE. DENISOT Marie. Séminaire Politique, Culture et Espace Public. Sous la direction de Bernard LAMIZET. Soutenu le septembre 2007.

LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTE A MEXICO DF : DE LA

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UNIVERSITE LYON 2 LUMIEREINSTITUT D’ETUDES POLITIQUES

LA CROYANCE EN LA SANTA MUERTEA MEXICO DF : DE LA SIGNIFICATIONRELIGIEUSE A L’IDENTITE POLITIQUE DEL’ESPACE.

DENISOT Marie.Séminaire Politique, Culture et Espace Public.Sous la direction de Bernard LAMIZET.

Soutenu le septembre 2007.

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Table des matièresRemerciements. . . 5Avant-propos . . 6Epigraphe . . 7Introduction. . . 8I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus. . . 13

A) La Santa Muerte : Symbolique d’une mort au double visage. . . 141) Esthétique de la mort humaine, incertaine et nécessaire. . . 142) Les attributs de la Santa Muerte : une mort puissante et juste. . . 163) Des pouvoirs s’étendant au-delà de la morale. . . 18

B) Le Culte à la Santa Muerte : une Réalité qui dérange au sein de l’Espace Public. . . 201) Des pratiques utilitaristes qui bousculent la morale. . . 212) Le parallèle avec le catholicisme : des rapports à interroger. . . 233) Une concurrence nouvelle dans le commerce du religieux à Mexico DF. . . 25

C) Un phénomène social aux Frontières équivoques. . . 271) Une spatialité constitutive de l'identité politique de la Santa Muerte. . . 272) Une base sociale entre ombre et lumières. . . 293) L’augmentation du culte et de la croyance en la Santa Muerte : une évolutionproblématique. . . 32

II - La Santa Muerte, une médiation symbolique de l’identité chilanga ? . . 35A) Les Débats autour de la Santa Muerte dans l’Espace Public chilango : un Imaginaire dela Peur qui s'exprime dans le Réel par le Refus de la Parole. . . 36

1) Conflit religieux : de la non-reconnaissance à la lutte. . . 362) Un Conflit Politique : le Refus d’Attribuer à la Santa Muerte une officialité. . . 393) Conflit social : la création d'une frontière normative. . . 41

B) La Santa Muerte : Manifestation Symbolique d'une Identité de l'ombre dans l'EspacePublic chilango. . . 43

1) L'informalité comme mode d'organisation. . . 432) La fonctionnalité comme valeur tolérante. . . 453) Une dualité intégrée à l’espace. . . 47

C) Les Débats autour de l’Origine de la Santa Muerte : Parabole Symbolique aux Originesde la ville de Mexico DF ? . . 48

1) La filiation aztèque de la Santa Muerte et l’inscription symbolique dans le tempslong. . . 492) L’origine de la Santa Muerte : une lutte pour la légitimité. . . 503) Le mythe du syncrétisme originaire. . . 51

III - La Santa Muerte, médiation moderne du « choc des rêves » de la conquête. . . 54A) La Santa Muerte : un Rapport barbare au Sacré ? . . 55

1) L’idée d’une communication directe avec le divin. . . 552) Les moyens de communication avec le divin : la prise en compte de l’inconscient.. . 563) Identité des dieux et des hommes. . . 57

B) Quand le Rêve de Magie se fait Rêve d’Identité. . . 59

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1) Une unité fondée sur la magie. . . 592) Le rêve d’une identité païenne. . . 603) Mexico DF ou l’espace symbolique de la destinée du monde contemporain. . . 61

Conclusion . . 63Bibliographie . . 65

Définitions et concepts . . 65Livres étudiés . . 65Livres explorés . . 65Articles . . 66Sitographie . . 66Paroles de chanson . . 67Filmographie . . 67Photographie . . 67

Annexes . . 68Annexe 1 : Photographies de la Santa Muerte . . 68Annexe 2 : Paroles de la chanson Santa Muerte de Cartel de Santa. . . 69Annexe 3 : Exemples de tatouages de la Santa Muerte. . . 70Annexe 4 :Exemples de prières dédiées à la Santa Muerte. . . 71Annexe 5 : Exemple de mises en garde contre la santa Muerte sur un site Internetcatholique. . . 75Annexe 6 : Les lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF. . . 76Annexe 7 : Liste des principaux sites Internet mentionnant la Santa Muerte. . . 78

Sites mentionnant la Santa Muerte. . . 78Sites Internet où l’on peut acheter des articles en relation avec la Santa Muerte . . 79Forums . . 79Articles d’opinion. . . 80

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Remerciements.

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Remerciements.A l'heure de remettre ce travail entre d'autres mains que les miennes,

je tiens à remercier toutes les personnes, qui, par leur temps, leurs connaissances, leur attention,ou leur simple mais inestimable présence, ont concouru à la rédaction de ce mémoire et au sentimentpersonnel d'enrichissement.

Parmi elles, je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Bernard Lamizet, qui futd'une part mon maître de séminaire, mais aussi mon professeur depuis quatre ans dans le cadrede la section Politique et Communication de l'IEP de Lyon et dont les analyses n'ont cessé de memobiliser intellectuellement, humainement et personnellement. Ses encouragements autant que sesconseils ont été pour moi d'un soutien précieux et m'ont donné la confiance pour mettre à bienmon projet de mémoire.

Merci à Mademoiselle Nélida Michaud qui fut ma professeur d'espagnol autant que mon amieet qui a bien voulu accepter de faire partie de mon jury pour la soutenance de ce mémoire. Sapassion pour la langue de Cervantes ainsi que sa disponibilité ont ponctué ce travail et cette annéede moments de partage et de compréhension mutuelle.

Enfin, merci, « gracias » devrais-je dire, à l'ensemble des Mexicains que j'ai pu connaître etaimer lors mon séjour à Mexico DF. Ces anonymes qui s'appellent comme des milliers d'autresmexicains, Juan, Yearim, Jessica, Nuria, Carmen, Angela, Roberto, Margarita, Maru, m'ont donnerà voir leur pays, leur ville, leur culture, leur traditions, un peu de leur vie en somme et je leur doistout ce que je sais du Mexique. Ils sont réellement l'âme de ce travail.

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Avant-proposPuisque nous ne sommes pas encore entré à proprement parler dans ce qu’il est convenu d’appelerun mémoire, j’aimerais profiter de cet espace pour mettre en perspective sinon le statut, du moinsla place que tient ce travail au sein de ma scolarité mais plus généralement au sein de ma formationpersonnelle.

Ces quelques dizaines de pages sont issues de quatre années d’enseignements à l’Institutd’Etudes Politiques de Lyon, mais également d’une expérience personnelle qui s’inscrit presque acontrario du cycle de vie qui a pu être le mien au cours de mon passage à l’IEP. En effet, ce que l’ona coutume d’entendre par « semestre de mobilité internationale » fut pour moi une parenthèse devie au Mexique, une parenthèse bouleversant à la fois le connu et l’approche de l’inconnu, le savoirpassé comme celui à venir, parenthèse qui à ma plus grande satisfaction ne s’est pas refermée àmon retour et qui, tout au contraire, ne cesse de repousser l’heure de son dénouement.

Cette expérience est longtemps venue concurrencer, voire contredire l’enseignement théoriqueque j’ai pu recevoir au cours de ma scolarité. C’est ainsi que la perspective du mémoire m’estapparue comme un signe de réconciliation. La liberté quant au choix du sujet a entrouvertla possibilité pour moi de penser un thème résolument personnel, mais également ma propreimplication par rapport à ce thème. Les occasions, et j’irais même jusqu’à dire les chances deréaliser un tel travail sont assez rares pour qu’elles soient notées.

J’ai donc voulu de ce travail qu’il soit à l’image non seulement de ce que j’ai pu apprendreà travers mon cursus scolaire, mais aussi à l’image de ce que j’ai vécu plus intimement, desdoutes, des remises en questions, des contradictions parfois, qui ont animé mon esprit au cours desdernières années. Sans doute est-ce autant une qualité qu’un défaut ; néanmoins ces deux réalités,personnelle et théorique, tout à la fois complices et concurrentes, constituent le contexte d’écriturede ce mémoire.

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Epigraphe

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Epigraphe« Le Mexique est une terre de rêves. Je veux dire une terre faite d'une vérité différente. Pays delumière extrême, pays de violence, où les passions essentielles sont plus visibles et où la marque del'antique histoire de l'homme est plus sensible ; tout comme dans certains pays fabuleux, la Perse,l'Égypte, la Chine. Pourquoi ce rêve? Qu'est-ce qui fait du Mexique un des lieux privilégiés dumystère, de la légende, un lieu où le moment même de la création paraît encore proche alors quedéjà s'annonce, inexplicablement, l'autre moment suprême, celui de la destruction du monde ? »

JMG Le Clézio « Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue »

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Introduction.

Si le thème du Mexique m'est toujours apparu comme un horizon privilégié en vue de larédaction du mémoire clôturant mon cursus à l'IEP, ce n'est réellement qu'à mon retour enFrance que le désir de poursuivre mon expérience mexicaine, et certainement aussi de laprolonger, s'est imposé avec une telle nécessité. Cependant, je n'aurais jamais pris commeobjet d'étude la croyance en la Santa Muerte si je n'avais pas été en contact direct avec cephénomène dans ma vie de tous les jours à Mexico DF1. J'avoue d'ailleurs mon ignorancetotale quant à l'existence même de cette dernière, et ce malgré mon intérêt marqué pourle Mexique et sa culture, avant d'y avoir vécu. Ainsi, la naissance de ce projet de mémoireest aussi celle d'une rencontre, celle entre le bouquet d’idées qui circulent en Occident surle Mexique et la découverte de quelque chose de tout à fait inattendu et de typiquementmexicain.

Mais peut-être est-il temps de préciser quelque peu ma situation personnelle quant àl’objet d’étude qui est le mien et que je définirais de manière encore très générale par lacroyance en la Santa Muerte.

Dans le cadre de la troisième année à l’IEP, je suis donc partie effectuer un stage desix mois au Musée Diego Rivera et Frida Kahlo dans la capitale mexicaine. A la suite derencontres aussi hasardeuses que fortunées, j’ai pu bénéficier d’un point de vue privilégié, età vrai dire inespéré sur la société mexicaine. En effet, je vivais dans une des délégations lesplus pauvres (Venustiano Carranza), et réputée comme la plus dangereuse de la capitale,et travaillait chaque jour dans un des quartiers les plus aisés (San Angel). Je crois pouvoirdire sans pécher par l’orgueil que j’ai alors bénéficié dans ces deux zones si différentespourtant, d’une intégration exceptionnelle, que je n’aurais pas même osé imaginer avantmon départ. Je vivais vraiment au sein des mexicains qui peuplaient mes deux lieux devie principaux, avec lesquels je partageais les préoccupations et les activités quotidiennes,en somme, la vie de tous les jours. Or, c’était généralement le désaccord, voire le conflitqui définissait la confrontation des idées, des appréciations, des modes de vie, des goûtsémanant de chacun des deux univers dans lesquels j’évoluais. J’occupais donc la positiond’une observatrice à part entière bénéficiant d’un certain recul, tout en étant partie prenantede chacun des deux groupes.

C’est dans le quartier où je vivais que j’ai découvert la Santa Muerte dans la mesureoù la plupart de mes proches étaient des fidèles. Je dois avouer que la première rencontreavec cette figure au corps décharné, aux orbites vidés, à demi couverte par de lourds tissuscriards, respirant tout à la fois une présence inquiétante et l’allégresse éhontée de la pratiquede son culte, fut le point de départ pour moi d’une fascination. Fascination esthétique etspirituelle d’abord mais cette dernière s’est associée peu à peu, au sentiment, à l’intuitionque ce fait religieux si particulier constituait une fenêtre privilégiée de compréhension denombreux aspects de la vie dans la capitale mexicaine. C’est donc sous l’impulsion de ceressenti que j’ai décidé d’axer mon mémoire autour de l’étude de la Santa Muerte.

1 Les lettres « DF » sont l’abréviation de Distrito Federal (en français district fédéral) terme par lequel on désigne au Mexique, lacapitale du pays, afin de la différencier du nom du pays lui-même se prononçant de la même façon.

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Introduction.

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Le sujet étant énoncé, il convient dès lors de définir le cadre dans lequel il seraétudié. Le phénomène de la Santa Muerte est repérable dans l’ensemble de la Républiquemexicaine, bien que sous des formes qui peuvent être variables. On peut l’observerégalement dans certaines grandes villes du sud et de l’ouest des États-Unis, notammentà Los Angeles, ce qui s’explique par l’importante immigration mexicaine dans ces régions.D’autre part, on remarque que la présence de la Santa Muerte est essentiellement le faitdes villes et même des très grandes villes mexicaines. On en trouve quelques traces dansles campagnes mais on peut dire que l’importance du phénomène est largement associéeau fait urbain. Même si ces différents éléments seront détaillés par la suite, pour l’heure ilsfournissent les raisons qui ont orienté mon choix de délimiter l’étude de la Santa Muerte àla ville de Mexico DF.

En effet, Mexico DF est non seulement la ville par excellence puisque c’est l’une desplus grandes du monde, mais c’est surtout dans cette ville que j’ai vécu six mois durant. Ellea été pour moi un terrain d’observation quotidien jusqu’à me devenir familière en quelquesorte, ce qui n’est pas le cas du reste du pays. C’est ainsi que pour des raisons de capacitéet de connaissance, nous restreindrons l’aire géographique du sujet à celle de Mexico DF,choix qui sera par la suite confirmé par l’enjeu du sujet lui-même, nous aurons certainementl’occasion d’y revenir.

Cette délimitation du cadre de l’analyse est également à mettre en lien avec les sourcesutilisées au cours du travail préliminaire de recherche d’informations. Une grande partie del’analyse est en effet basée sur l’observation directe, c'est-à-dire sur la participation auxfêtes organisées pour la Santa Muerte, sur son culte plus quotidien, mais surtout sur lesnombreuses discussions que j’ai pu avoir avec des mexicains. L’intérêt de l’ensemble dela population mexicaine pour les thèmes religieux ont permis il est vrai d’aborder le sujettrès facilement et, ce qui est peut-être plus surprenant pour un pays très religieux commele Mexique, sur un mode particulièrement libre. C’est vraiment dans ce contact direct etquotidien avec la croyance et le culte à la Santa Muerte, mais aussi dans la confrontationde ce dernier avec des personnes qui ne le pratiquent justement pas, que se sont forgéesles premières hypothèses.

Enfin cette proximité avec l’objet a permis de doter l’analyse d’une certaine spontanéité,celle des réactions que pouvaient avoir certaines personnes, celle des anecdotes, despositions pour ou contre. Cette spontanéité constitue un matériau important pour ce travaildans la mesure où elle permet une approche plus sensible de la réflexion.

Cette nature quelque peu instinctive des sources issues de l'observation directe seretrouve sous une autre forme dans l'appréhension des sources écrites. En effet, lesrecherches indiquent une relative pauvreté de la littérature traditionnelle concernant la SantaMuerte ; entendons par là qu'il existe très peu de livres, d'essais, d'articles d'universitaireset même d'articles de journaux, alors qu'au contraire les sites dédiés à la Santa Muertesont nombreux et particulièrement bien fournis. Bien sur le phénomène est récent, ou dumoins récemment visible, mais il semble que cela ne constitue pas la principale explication.Internet apparaît comme un instrument rapide, intelligible rapidement et par n'importe qui,favorisant les échanges d'opinions en temps réel et donc adapté aux passions suscitées parl'augmentation du culte à la Santa Muerte, quelles soient sociales, religieuses ou politiques.Ainsi, l'abondance d'informations autour de la Santa Muerte sur le média Internet fait déjàpartie en quelque sorte de la réflexion elle-même.

Cela présente évidemment un avantage dans la mesure où Internet apparaît commeune source particulièrement porteuse de sens en ce qui concerne l'étude de la Santa Muerte,mais cela impose également d'avoir un certain recul par rapport à ce média-source afin de

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ne pas tomber justement dans l'analyse purement réactionnelle. Cela explique alors le choixd'utiliser en parallèle le livre de J.M.G. Le Clézio intitulé « Le rêve mexicain ou la penséeinterrompue » qui interroge sur le temps long le silence des peuples indiens par la violencedu monde moderne. Le but étant de combiner à la fois des sources d'origine directe et unepensée plus globale, plus reculée sur l'identité mexicaine.

Dès lors, la délimitation du sujet ainsi que des sources qui en constituent la basede recherche sont parties prenantes de l'analyse du phénomène de la Santa Muerte àMexico DF dans la mesure où elles constituent elles-mêmes des points d'appui sur lesquelsdévelopper le raisonnement. Ces différents éléments seront donc par la suite approfondis ;pour l'heure, ils forment le cadre dans lequel s'inscrira la démarche de ce travail.

Il convient à présent de définir les supports théoriques qui seront les nôtres, autrementdit les notions auxquelles nous ferons appel pour argumenter la réflexion. L’hypothèse dedépart est de penser que l’étude de la Santa Muerte dans la capitale mexicaine nous permetde parler de l’espace public de Mexico, de son organisation, de son identité. Autrementdit nous partirons du principe que l’étude d’un fait religieux ne parle pas que du domainedu religieux ou de quelques autres secteurs qui lui sont associés, mais de l’espace entiersur lequel il s’inscrit. D’autre part, nous essayerons de nous inscrire dans une démarcheconstructiviste, c’est à dire que nous partirons de l’observation du phénomène lui-même(celui de la Santa Muerte à Mexico DF) c’est à dire des faits bruts si l’on peut dire, pouren déduire des explications ou plutôt des significations. Notons enfin, avant d’énoncer plusexplicitement les axes qui seront les nôtres au cours de cette réflexion, que ce travail estavant tout un point de vue originale sur la signification de la Santa Muerte à Mexico DF dansla mesure où elle prend le parti d’un sens possible de signification qui n’est certainementpas le seul et qui n’est pas étranger à une certaine subjectivité sur le sujet. Cependant, sicet a priori a constitué l’acte de naissance de l’idée même de ce travail, il n’a pas lieu deciter dans le déroulement de l’analyse qui essaye elle d’aborder l’objet scientifiquement.

Il s’agit donc maintenant de qualifier plus précisément l’objet d’étude. Tout d’abord,on peut dire de la Santa Muerte qu’elle est une croyance2, terme par lequel on entend lefait de croire à la vérité ou à l'existence de quelque chose. Cela entraîne nécessairementl’existence de croyants3 (qui a une foi religieuse) c'est-à-dire de personnes qui instituentson existence comme vraie. Ainsi la notion de croyance relève d’une médiation, c'est-à-dire d’une dialectique entre le singulier et le collectif. Chaque individu croyant possède uneexpérience personnelle de sa croyance, mais qui est toujours en rapport avec celle de lacroyance sociale. Ainsi l’existence d’une croyance sur un espace donné n’est pas anodinedans la mesure où elle instaure un rapport à l’autre, à l’autre « croyant », à l’autre « noncroyant », à l’autre « qui a une autre croyance ». Il y a donc quelque chose de l’ordre del’identité qui se joue dans l’existence d’une croyance. L’identité en ce sens apparaît commeun concept profondément politique, donc symbolique. Aussi, le sens de l’existence d’unecroyance en la Santa Muerte dans l’espace public de Mexico DF, est profondément politique,et c’est ce sens politique qu’il s’agira de mettre à jour.

D’autre part la question du temps est elle aussi constitutive du symbolique. On a puvoir dans quelle mesure une croyance relève d’une médiation. Or la notion de médiationinstitue une temporalité, dans la mesure où elle apparaît comme le contraire de l’immédiat.On a donc d’une part le réel qui est le présent et donc l’absence de temps et de l’autreune médiation qui va construire une définition par rapport au réel. Ainsi, l’existence de la

2 Dictionnaire Larousse 2004.3 Dictionnaire Larousse 2004.

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Introduction.

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croyance en la Santa Muerte nous fait entrer de fait dans une dialectique entre un tempscourt et un temps long, autrement dit le temps court qui est celui de l’existence plutôt récentedu culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussi celui d’un temps pluslong, celui de l’histoire religieuse du pays, de l’histoire de la ville, des quartiers de cetteville. Finalement ce que l’on va chercher à savoir, c’est ce que nous dit la Santa Muertesur la ville de Mexico DF. A ce propos il est peut être temps d’expliciter ici un mot familiermexicain auquel nous aurons souvent à faire référence et qui éclairera certainement le sensde la démarche que nous souhaitons mettre en place : c’est le mot qui est aussi un adjectif« chilango ». Celui-ci est employé dans tout le pays pour désigner les habitants de MexicoDF mais aussi pour caractériser ce qui vient de la capitale, l’accent par exemple, la manièrede s’habiller, les recettes de cuisine, les expressions ou encore l’humour. Bien sûr danschaque ville, les habitants, les spécialités prennent de fait le nom de cette dernière, maispour ce qui vient de la capitale mexicaine, on ne dérive pas à partir du nom de la villeou du moins on n’utilise pas cette possibilité qui existe pourtant, mais à partir d’un motcomplètement différend. Il me semble que le sens de ce travail se situe là, dans la tentativede définir, à travers l’étude de la Santa Muerte le « chilango » si l’on peut l’exprimer ainsiet que l’on pourrait définir comme l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, les particularitésde la croyance et du culte rendu à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF, mais aussicelles liées à son enracinement social, à sa reconnaissance sociale semblent intimementliées au destin de la ville elle-même.

Nous choisirons de consacrer l’intégralité de la première partie de ce travail à ladescription de l’objet en lui-même autrement dit la Santa Muerte : qui est-elle ? A quoiressemble-t-elle ? Quelles sont les pratiques qui forment son culte ? Qui la vénère ?Autant de questions qui peuvent sembler de l’ordre de la pure observation et qui pourtantconstituent la base de l’analyse car en effet, la manière de vivre une croyance n’est pasanodine. Il s’agit donc d’étudier et de mettre en perspective la réalité de l’objet d’étude dansla ville de Mexico DF.

D’autre part et d’un point de vue plus pragmatique, il est important que le lecteur puissese faire une idée de la réalité d’une telle croyance afin d’en percevoir ensuite les différentsenjeux au sein de l’espace public de Mexico DF.

Nous nous intéresserons donc tout d’abord à la Santa Muerte mais dans la mesure oùelle est une croyance c’est à dire qu’un collectif lui attribut un certain nombre de chosescomme étant vrai. De plus, elle est aussi un culte et donc une existence sociale particulièresur un espace donné, celui de la ville de Mexico DF. C’est donc dans cette rencontreentre des éléments issus de l’imaginaire et d’autres du réel que nous mettrons en évidencel’ambiguïté de la Santa Muerte.

Ces différents éléments mis en place, nous serons alors en mesure d’étudier laperception par la société mexicaine de l’existence d’une croyance en la Santa MuerteEn effet, nous mettrons en évidence les débats qui se sont greffés autour de la SantaMuerte, avec bien sur derrière ceux-ci des acteurs, des forces qui entrent en conflit. Orc’est nécessairement dans le conflit que se crée l’identité. Le but ici n’est pas de mettre àjour les raisons qui poussent certaines personnes ou certaines institutions à être pour oucontre la Santa Muerte puisque c’est dans ces termes que se situe le débat, mais d’essayerd’entrevoir qu’elle image cela nous donne de la ville de Mexico DF, comment l’identité decette dernière transparaît au travers de ces confrontations. D’autre part, nous ferons letentative de qualifier, de caractériser ces identités qui émanent de la conflictualité socialemise en place par la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF mais aussi deles mettre en perspective dans l’espace et dans le temps.

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Enfin nous formulerons l’hypothèse d’inscrire ce phénomène dans le temps long del’histoire de Mexico DF et de montrer dans quelles mesures ce débat autour de la SantaMuerte médie d’une certaine manière le choc entre deux rêves que fut la conquête duMexique par Hernan Cortès ; il faut entendre par ces deux rêves celui de modernité etd’or des Espagnols et celui de magie des Indiens. Cela ne signifie pas que l’on se situedans ce genre d’opposition dans le Mexique d’aujourd’hui mais que la relation de la SantaMuerte avec cette rencontre de deux temps historiques, de deux mondes qui ne peuventse penser réciproquement a quelque chose à voir avec l’identité de la ville de Mexico DFcomme espace significatif. L’objectif étant alors de voir si la croyance en la Santa Muertene serait pas une manifestation de cette volonté récente de retour aux origines en quelquesorte contre l’imposition d’une modernité à sens unique. Notons que pour cette troisièmeet dernière partie nous partons sur une réflexion formulant une hypothèse a priori et quine prétend à l’heure de l’introduction d’aucune validité avérée ou pressentie. Ceci dit, nousprendrons le parti de l’exploiter en se basant sur la pertinence et la légitimité à se poserla question.

Voici donc détaillés les trois axes principaux que nous suivrons pour mener à bience travail. Mais avant d’entrer cette fois dans le corps du mémoire, il semble important,pour mieux se saisir de l’objet de commencer par l’observation de quelques photos4 qui ontété réalisées à Mexico DF et qui parviennent à donner une idée de la Santa Muerte et del’ambiance qu’elle diffuse.

4 Annexe 1.

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I - La Santa Muerte a Mexico df : étude descriptive d'une divinité et d’un culte ambigus.

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I - La Santa Muerte a Mexico df : étudedescriptive d'une divinité et d’un culteambigus.

Lorsque l'on cherche des informations générales concernant le Mexique sur n'importe quelmoteur de recherche, on rencontre dans un premier temps des sites dont la démarcheest essentiellement touristique et qui fournissent toute sorte de renseignements sur lescoutumes et particularités du pays. En visitant d'un peu plus près l'un d'entre eux5, ontrouve alors un article décrivant une réalité religieuse mystérieuse, celle de la Santa Muerte.Si ces quelques lignes intriguent, rien de comparable pourtant avec ce que l'on peutressentir lorsque l'on se retrouve pour la première fois au centre d'une messe dédiée à la« Santisima » (Saintissime), face à face avec un squelette de plus de deux mètres, au milieud'une foule de fidèles massée dans quelques rues fermées à la circulation, au centre dela capitale mexicaine, dans le quartier de Tepito6. C'est tout d'abord dans cette découverteque se trouve la raison d'être de cette première partie qui se veut une approche descriptivede la croyance et du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF.

Cela va nous permettre d'entrevoir la réalité que prend effectivement la Santa Muertedans la capitale mexicaine. Or cette réalité dérange par bien des aspects. Pourtant dansla ville de Mexico DF, le culte à un saint particulier n'est pas chose rare ; il y a en effet, eten tout premier lieu, le culte à la Vierge de Guadalupe qui est extrêmement populaire, maisaussi celui de Chalma pour qui l'on danse, ou encore le Saint enfant de Atocha auquel onapporte des jouets. Mais la Santa Muerte n'est pas une sainte parmi ceux-ci et parmi tantd'autres encore, elle est à part dans la mesure où sa croyance et son culte interrogent lasociété chilanga.

Nous essayerons de montrer dans quelles mesures la Santa Muerte apparaît commeambiguë, c’est à dire dont le sens est équivoque, incertain et que l'on peut interpréter dedifférentes façons et ce à plusieurs niveaux.

Nous commencerons par l'étude de la figure en elle-même qui manipule unesymbolique d'une mort duelle ou bicéphale.

Puis nous nous intéresserons au culte7 à la Santa Muerte, terme par lequel on entendl'hommage rendu à Dieu, à une divinité, ou à un saint, mais qui désigne aussi l'ensembledes cérémonies et pratiques par lesquelles on rend cet hommage. Nous montrerons quecelui-ci s'inscrit à la fois dans une culture catholique mais également contre cette dernière.

Enfin nous nous pencherons sur l'inscription sociale de la croyance et du culte à laSanta Muerte en essayant d'en montrer les contours au sein de l'espace de la ville de MexicoDF, contours qui présentent, nous le verrons, des frontières floues.

5 Http://www.monmexique.com/santa-muerte.htm6 Tepito est un quartier du centre de Mexico DF qui est connu depuis des années pour résister à la modernisation, pour le commerceillégal de toutes sortes de produits et pour son taux de violence considéré comme l’un des plus élevés de la capitale mexicaine.

7 Dictionnaire Larousse 2007.

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Par la mise en évidence de ces ambiguïtés, nous nous proposons d'appréhender l'objetd'étude qu'est la Santa Muerte, mais aussi déjà de repérer les éléments qui sont à l'originedes débats autour de cette divinité dans l'espace public de la ville de Mexico DF.

A) La Santa Muerte : Symbolique d’une mort audouble visage.

Il s'agit donc de décrire ici la figure de la Santa Muerte, ce que nous ferons sous plusieursangles. On entend par figure8 la représentation plastique d'un être humain ou d'un animal,mais aussi l'idée d'apparaître, de s'ébaucher, sens que l'on retrouve notamment dans uneexpression dérivée du mot telle que « prendre figure ». Cela nous renvoie donc tout d'abordà une réalité physique mais aussi, et par ce biais notamment à quelque chose de l'ordrede la représentation, c'est à dire de l'action de rendre sensible quelque chose au moyend'un signe, d'un symbole. Ce sont ces signes et ces symboles qui constituent la réalité dela Santa Muerte dans l'espace de la ville de Mexico DF, que nous allons essayer de mettreà jour. Nous commencerons par l’étude de l’esthétique déployée par le personnage de laSanta Muerte, puis nous nous intéresserons à ses attributs et à leur signification avant determiner ce premier point par l’étude des pouvoirs qui sont attribués à la Santa Muerte. Nousanalyserons ces trois éléments sous l’angle de la signification dans l’espace public.

1) Esthétique de la mort humaine, incertaine et nécessaire.La Santa Muerte est un squelette que l'on considère de sexe féminin, pouvant atteindrejusqu'à la taille humaine. Elle possède la figure (le visage) traditionnelle du squelette d'unedes fêtes mexicaines les plus importantes, celle du « Jour des Morts9 » De part cettecoutume, la figure du squelette n'est pas quelque chose de particulièrement choquantpour les Mexicains puisqu'elle est au contraire associée à quelque chose de plutôt festif,contrairement à l'image qu'il peut avoir dans nos sociétés occidentales.

Cependant la Santa Muerte n'est pas un squelette comme les autres. Elle est vêtueluxueusement par des tuniques de différentes couleurs, à la manière d'une sainte ; c'estd'ailleurs sous ce dernier terme qu'elle est désignée. Elle porte en effet, telle une vierge,une tunique qui la couvre des pieds à la tête et dont on change la couleur10 en fonctionde la demande du fidèle. Ainsi, le rouge symbolise l'amour et la passion, le noir la forceet le pouvoir, le marron ouvre les chemins, le vert sert à maintenir unis les êtres aimés,le jaune à porter la chance, quant au blanc et au bleu, qui sont les couleurs de la ViergeMarie, ils représentent la pureté. Notons toutefois qu'entre les croyants eux même, il n’ya pas vraiment de cohérence sur la signification de ces coloris, dans la mesure où, par

8 Dictionnaire Larousse 2004.9 Cette fête d’une grande importance au Mexique est célébrée le 2 novembre et correspond à ce que nous appelons la Toussaint. Ellevient de la tradition catholique qui veut que le calendrier réserve un jour pour visiter les morts. Cependant, durant l’époque aztèque, onvisitait plusieurs fois par an les morts et on venait manger et chanter sur les tombes. Cet aspect très festif de la tradition préhispaniqueest restée en vigueur au Mexique et fait du jour des morts une fête particulièrement joyeuse. La figure du squelette y est particulièrementprésente et largement tournée en dérision, notamment sous la forme de petites têtes de mort en sucre que mangent les enfants.

10 http:www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm

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exemple, aucun des sites consacrés à la Santa Muerte ne mentionne les mêmes binômessignification/couleur.

Cette tunique colorée représente la forme par laquelle nous cachons notre véritableapparence derrière une autre. Ainsi, de même que le tissu cache le squelette, qui est lecorps de la Santa Muerte, notre chair dissimule ce que nous portons vraiment à l’intérieur,l'essence même de notre humanité, que nous essayons de déguiser. C'est particulièrementvrai pour ce qui est du visage11. En effet, nous jugeons de la beauté du visage par ce quenous en voyons, autrement dit la peau, la couleur de celle-ci. Mais finalement, si l’on enlèveà un visage sa peau et qu'on en considère les seuls os, on se rend compte alors que notrevisage est très peu différent de celui de notre voisin, de notre collègue de travail, de notremeilleur ami ou de notre pire ennemi. Ainsi, la tunique de la Santa est en quelque sortela couverture, le déguisement par lequel elle cache le destin de chacun, destin que nousportons tous à l’intérieur de notre corps.

Ces premiers éléments physiques nous montrent la Santa Muerte comme déificationd'un phénomène naturel : la mort. En effet, tout être vivant est caractérisé par un cycle quicommence à la naissance et se termine au moment de la mort. Or la mort est quelque chosequi est de l'ordre de l'inconnu puisque par définition, c'est un moment que nous ne vivonspas et qu'il nous est impossible de connaître par l'expérience. Dans la Santa Muerte, la mortest matérialisée, elle acquiert d'une part une réalité, mais une réalité aux traits humains, entémoigne notamment la taille humaine de certaines figures représentant la Santa Muerte.Mais en parallèle de cette déification d'une des caractéristiques humaines, on trouve aussiune humanisation de la divinité.

On remarque en effet que si nous autres humains dissimulons ce que nous sommesvraiment derrière des apparences, ce qui peut être vue comme quelque peu négatif, laSanta Muerte fait de même en dissimulant derrière sa tunique le destin de chaque homme.Cela nous amène à penser la Santa Muerte, c'est à dire la divinité, et ses fidèles, ceux quicroient en son existence, sur le même plan. Or cette idée se trouve être en contradictionavec le sens du mot « saint 12» qui se dit de Dieu en tant qu'il est souverainement pur,parfait ou de quelqu'un qui a été béatifié ou canonisé, dont la vie est proposé en exemplepar l'Église et auquel est rendu un culte public. Cette notion d'exemple est laissée de cotépuisque la Santa Muerte semble justement ne pas représenter la toute perfection, mais aucontraire s'inscrire dans un personnage plus en adéquation avec les possibles « travers »des hommes et de leur vie.

De plus, par l'analyse de son apparence vestimentaire, on peut noter que la SantaMuerte manipule une dialectique entre l'intérieur et l'extérieur à laquelle on peut substituercelle de l'obscurité et de la lumière. Le vrai semble alors se trouver à l'intérieur, masquépar des apparences qui sont visibles au grand jour. Nous poursuivons donc dans cettesymbolique de l'incertain dans lequel nous nous trouvons la plupart du temps puisque lecertain est ailleurs, à l'intérieur, dissimulé sous ce que l'on voit à la lumière. La Santa Muertelaisse paraître la mort dans la lumière de l'espace public, mais l'heure et le jour de chacunreste secret. Elle incarne à la fois la certitude de l'existence d'une heure pour terminer savie, et l'impossibilité de connaître cette heure tout comme l'impossibilité de la penser.

On retrouve d'ailleurs ces caractéristiques dans les surnoms qui sont donnés, par sesfidèles, à la Santa Muerte. Il est en effet dit dans la croyance que la Santa préfère ne

11 Http://www.santamuerte.galeon.com/12 Dictionnaire Larousse 2007.

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pas être nommé par son nom et qu’elle apprécie des surnoms13 affectueux comme « laFlaquita » (la maigre), « Nina Santa » (la petite fille sainte), « la Bonita » (la mignonne »),« la Senora » (la dame), « la Santisima » (saintissime), « Senora de las Sombras » (damedes ombres). Autant de mots tendres qui permettent aux fidèles de ne pas prononcer lemot « mort », terme qui suscite la peur. On a donc à faire à une volonté de figurer la mortqui prend tout à coup une forme bien réelle tout en évitant de prononcer son nom de partl'incertitude que l'idée de mort inspire. Notons aussi à propos des termes qui la désignentque sont également employées des expressions telles que « la comadre » (la marraine)qui fait référence à une figure féminine protectrice, notamment dans la religion catholique,mais aussi comme le féminin de « parrain » que l'on emploie en argot « chilango » pourdésigner le compère, le comparse. Enfin elle est aussi appelée « la cabrona » que l'onpourrait traduire par « saloperie ». On peut donc y voir un élément supplémentaire qui nouspermet d'affirmer que cette divinité est humanisée dans le sens où elle semble posséderles défauts des humains.

Pour conclure ce premier point sur l'esthétique générale de la Santa Muerte, il sembleintéressant de reporter ici une anecdote contée par une vieille dame mexicaine et quirésume, assez bien, la croyance en cette divinité. Devant les craintes exprimées quant àl'idée de la mort elle a répondu l’histoire suivante : un jour la Santa Muerte a demandéà Dieu de prendre des vacances parce qu'elle était lassée de son travail dans lequel elledevait emporter des personnes qui ne voulaient pas mourir et dont la mort rendait tristebon nombre de proches. Elle a donc profité de ces vacances pour se promener à travers lemonde sans avoir pour autant à emporter des gens sur son passage. Elle s'est alors renduecompte que de nombreuses personnes souffraient énormément, elles perdaient du sang,étaient prises de douleurs insoutenables sans que la mort viennent leur donner quelconquesoulagement. La Santa Muerte s'est alors rendue compte de l'importance de sa tâche etde ses aspects positifs.

Cette légende révèle assez justement la dialectique entre nécessaire et incertain quemanipule le personnage de la Santa Muerte.

2) Les attributs de la Santa Muerte : une mort puissante et juste.La Santa Muerte est souvent représentée avec d'autres objets qui véhiculent eux aussi unesymbolique forte ; c'est ce que nous nous proposons d'étudier dans ce second point.

Dans sa main droite, et traversant presque l'intégralité de son corps, elle porte toujoursune faux. Cet instrument utilisé pour la culture des champs, notamment pour le labourage,représente la justice implacable, non pas la sienne, sinon celle de l’être suprême quigouverne et régie la vie de tous. En effet, c’est la nature elle-même qui nous impose demourir un jour pour clôturer le cycle mis en place au moment de la naissance. Finalement,c'est sous la faux que tout se termine, c'est l'instrument par lequel la Santa Muerte coupe lechemin de la vie et apporte la mort à chacun. Cette faux large et sinistre nous indique quesur le chemin de la mort il n’y a pas de distinctions : elle est l'unique instrument par lequella mort nous emporte et celui qui attend tout le monde à un moment ou à un autre. On peutdonc le voir comme un signe d’équité et d’harmonie puisque nous sommes d'une part, touségaux devant la mort, et d'autre part, cela permet à un cycle nouveau de se remettre enplace lorsque l'un s'arrête. La faux est également dotée d'une autre signification qui présenteune autre image de la mort. En effet, il se dit dans la croyance que l’âme est unie au corps

13 Http://es.catholic.netle

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par un petit fil d'argent. Grâce à sa faux, la Santa Muerte coupe alors ce fil et pendant quele corps suivra son processus de corruption, l'âme quant à elle sera sauvée.

Dans la paume de sa main droite, la Santa Muerte soutient le monde représenté parun globe terrestre. Sa signification est très claire ; cela indique que la Santa n’a pas defrontières, qu'elle est et existe en tout lieu et ne fait pas de différence entre les hommes quipeuplent la terre. La terre entière est à elle et repose dans le creux de sa main. La mortapparaît alors comme quelque chose qui transcende les différences quelles qu'elles soient.

De plus, les représentations de la Santa Muerte sont très souvent affublées d'unebalance qui trône à ses pieds. Cet objet est une allusion claire à l’équité, à la justice età l’impartialité. Cela vient confirmer ce que l'on a pu voir auparavant dans l'analyse desautres attributs de la Santa. Mais cette balance représente également la volonté divine. Ici,la balance qui est un symbole du jugement, représente celui de la Santa Muerte certes,mais aussi l'inscription du jugement de cette dernière sous la tutelle du jugement divin.

Enfin, l'image de la Santa Muerte est également souvent accompagnée d'un sablierqui est la mesure de la vie sur la terre. Ce n'est pas une horloge, ni une montre mais unsablier parce qu’il suffit de le retourner pour que le temps reparte de nouveau. Cela indiqueque la vie de chacun est cyclique, c'est à dire composée d'événements (la naissance, lacroissance, la mort) qui se renouvellent dans un ordre immuable. En ce sens, la mort estseulement un changement et finalement, quelque chose de similaire au fait de retourner lesablier et de recommencer un cycle.

Si l'on a pu entrevoir dans le point précédent que la Santa Muerte, contrairement à ceque l'on entend traditionnellement par « saint », n'est pas emprunte de la « toute perfection »,elle possède néanmoins des attributs qui témoignent d'un sens de la justice, de l'équité.Ici encore on peut mettre ceci en relation avec le fait que la mort, ce que représente laSanta Muerte, est quelque chose qui vaut pour tous en tout lieu. C'est en cela que réside lacertitude de la mort. Dans une chanson d'un groupe de rap de la capitale, cette dimensionest affirmée « la seule certitude dans cette vie c'est vous Santa Muerte14 ». On trouve doncune sorte de résignation face à la mort, qui apparaît alors comme une réalité imminente.La terre qui tient dans la seule paume de main de la Santa Muerte traduit à quel point leshommes sont peu de choses face au cycle de la vie qui se termine. Mais la Santa Muerten'est pas uniquement cette divinité qui coupe le chemin de la vie, elle emporte chacun vers lecommencement d'un nouveau cycle et en ce sens elle est une instance rassurante. La mortétant divinisée dans une sainte humanisée, se dessine alors une sorte de confiance en lamort puisque la Santa Muerte est juste et impartiale. Ainsi, l'inconnu de la mort, matérialisédans une figure divine aux traits humains, n'inspire plus la peur mais un fatalisme confiant.

De plus il est intéressant de noter que les représentations de la Santa Muerte traduisentun lien avec le catholicisme. Ses attributs témoignent de ses particularités mais s'inscriventdans une référence à Dieu ou du moins à un être suprême. De ce fait la croyance en laSanta Muerte ne semble pas constituer pour ses fidèles un cadre exclusif des rapports deces derniers avec le sacré. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce point.

Enfin, un autre élément est mis en évidence par l'analyse des attributs de la SantaMuerte : sa puissance. En effet, bien que l'existence d'un être au dessus d'elle est suggérée,son pouvoir semble pourtant immense. Elle maîtrise et manipule le temps des hommes surla terre. Elle est donc justement sur cette frontière entre le réel, la certitude présente d'uneheure où le cycle de la vie humaine s'arrêtera, et l'imaginaire, autrement dit l'incertitude quel'on a du moment de la mort future.

14 Cartel de Santa : « Santa Muerte » Annexe 2.

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On peut donc dire que la Santa Muerte se trouve à la croisée de plusieurs significations.Tout d'abord elle semble à la fois sous l'autorité d'une instance supérieure mais aussi dotéed'une puissance presque sans limites. Elle possède les attributs de l'impartialité et de lajustice, mais garde secret le moment où sa faux viendra couper le chemin de la vie, et dece fait garde secrètes les raisons d'abréger ou non la vie de chacun. Enfin, elle manifestela certitude réelle de la mort autant que sa dimension inconnue.

3) Des pouvoirs s’étendant au-delà de la morale.Afin de terminer cette présentation du personnage de la Santa Muerte, nous allonsmaintenant nous intéresser aux pouvoirs qui lui sont conférés par les fidèles. Sespromoteurs la présentent comme une « entité spirituelle » qui a toujours existé15, et quimanipule une énergie appelée « énergie de la mort ». On dit d'elle qu'elle est une desprotections les plus fortes qu'il existe et qui est capable de se manifester corporellement, ouencore d’imprimer son image en divers endroits comme on peut le voir à la lumière de cetémoignage d'une ancienne droguée de 21 ans recueilli sur un site Internet16 : « Moi je medroguais on m’avait donné une bonne raclée. J’étais très mal mais soudain la Santa Muertem’est apparue dans la maison d’un ami et elle m’a aidé à sortir de tout ça. Je pensais qu’elleallait m’emporter avec elle, mais ce ne fut pas ainsi, elle m’a fait aller de l’avant et c’est pourcela que je la prie et que je la porte sur moi sur une bague à son effigie. ». Dans les livres etles revues qui promeuvent son culte, on raconte les interventions miraculeuses qui ont eulieu, par exemple, quand la Santa Muerte a aidé quelqu’un à se sortir de grands dangerset à résoudre des situations complexes.

C'est d'ailleurs ce qui transparaît dans les discussions que l’on peut avoir avec lesfidèles. Une dame raconte par exemple qu'elle attendait son fils, inquiète de ne pas le voirrentrer à la maison. Elle a alors invoqué la Santa Muerte afin qu'il protège celui-ci où qu'ilse trouve. La Santa Muerte, en signe de réponse, aurait alors fait bouger la porte d'entréeafin de l'avertir qu'elle ne devait pas se faire de soucis. Une dizaine de minutes plus tard, lefils était de retour. Elle insistait particulièrement sur le fait que la Santa a voulu la prévenir,la tranquilliser.

Le fait que la Santa Muerte puisse apparaître directement à ses fidèles, jusque dansleurs propres maisons est une idée qui est d'ailleurs relayée par les sites consacrés à laSanta Muerte comme l'un d'entre eux qui demande aux visiteurs et fidèles de la Santa deles prévenir immédiatement dans le cas où ils seraient l'objet d'une apparition, notammentau cours de rêves17. Il semble donc que la Santa Muerte possède des pouvoirs tels qu'ilslui permettent d'être présente et d'apparaître directement à ses fidèles dans leur espacedu quotidien.

La notion de miracle est présente dans de nombreuses religions, mais le plus souvent,comme dans le catholicisme18 par exemple, sous forme de quelques miracles spectaculairesqui deviennent alors des points de référence pour les croyants. La Santa Muerte, aucontraire, possèderais une force qui lui permet de se rendre présente régulièrement et à

15 La question des origines, dans la mesure où elle est sujette à débats, sera étudiée et mise en perspective par la suite.16 Http://www.terra.com

17 http://santamuerte.galeon.com/18 Nous prendrons le catholicisme comme exemple dans la mesure où c'est avec cette religion que la Santa Muerte entretient

le plus de rapports, qu’il s’agisse de rapports de proximité autant que de concurrence.

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tous. Cela lui donne alors de fait une relation de proximité avec les fidèles, ce qui expliquecertainement la ferveur de ces derniers. Le croyant en la Santa Muerte peut d’ailleursapprendre, lui aussi, à manipuler cette énergie qui émane des images consacrées de laSanta, ce que l’on retrouve dans le fait de porter sur soi une image ou un objet représentantla Santa puisque le contact avec cette dernière nous met également en relation avec sapuissance. Ainsi, la très grande puissance de la Santa Muerte et sa capacité à réaliser lesdemandes viendrait du fait qu’il est impossible d’échapper à la mort et que de ce fait, sonpouvoir sur nous est immense. Ainsi, contrairement à Dieu qui est tout puissant mais aussi« toute bonté », la Santa Muerte elle présente une face double.

Elle concentre en effet la force créatrice comme destructrice de l’univers. Les fidèlesfont appel à elle pour lui demander des faveurs en relation avec l’amour, la santé ou le travail.Mais on peut également la solliciter pour atteindre des buts plus ambigus, tels que desvengeances ou encore la mort d'une personne. Elle peut récupérer l’amour perdu, pousserune personne qui ne le souhaitait pas à concéder au mariage, faire que certaines personnesse rapprochent. Elle peut aider au niveau économique, à soigner des maladies, à repousserles mauvais sorts, à se défaire des ennemis. Ici, on se rend compte que la Santa Muertene fonctionne pas conformément à ce que l'on entend par le terme de « saint » qui inclutnécessairement celui d'exemple. En ce sens elle apparaît comme une divinité fonctionnelledans la mesure où elle peut agir sur l'ensemble des désirs humains qu'ils soient conformesou non à la morale. On peut citer à ce titre le commentaire de Roberto Guitierrez, vendeurambulant : « Je lui demande qu’elle prenne soin de moi et qu’elle me protège de la jalousieet quand on s'est mal comporté avec moi, je n'hésite pas à lui faire appel, j'ai confiance ensa justesse.19 »

Cette fonctionnalité se retrouve également dans l'usage que font les fidèles de sespouvoirs. En effet; si on veut qu’elle nous concède une faveur, il faut lui promettre quelquechose en échange que l’on sera en mesure de réaliser. Dans le cas d'une promesse nontenue, et que cela soit volontaire ou non, elle « emporte » alors avec elle une personnede la famille ou un proche. Il y a donc un réel échange entre la Santa Muerte et le fidèle :leurs actions sont effectivement interdépendantes et associées dans un lien de réciprocité.On se trouve donc dans le cadre d'un lien de causes à effets direct et sans équivoques.Cela nous permet de rapprocher la croyance en la Santa Muerte du mysticisme20, doctrinephilosophique et religieuse qui admet la réalité d’une communication directe et personnelleavec Dieu par intuition ou par l’extase. Bien sûr ici, il ne s'agit pas de Dieu mais d'une sainte,cependant, le mode de communication avec la divinité qui est décrit s'apparente à celuiobservé pour la Santa Muerte.

Finalement, au terme de ce point il apparaît deux choses. Tout d’abord que, parla puissance de sa force, la Santa Muerte est présente par des miracles ou encoredes apparitions dans l’espace du quotidien et ce de façon directe et réciproque ce quisemble aller à l’encontre de l’image traditionnelle que véhicule un saint. D’autre part, cettepuissance, bien qu’elle soit toujours considérée comme juste par les fidèles peut s’avérerbénéfique mais également maligne ce qui lui donne à la fois une dimension protectrice maisaussi vengeresse.

~Nous avions posé au préalable la Santa Muerte comme une croyance c'est-à-dire qu’un

collectif croit en son existence et en la vérité de celle-ci. Cette réalité considérée comme19 Http://www.terra.com20 Dictionnaire Larousse 2004.

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vraie par les fidèles, c’est celle que nous venons de détailler à travers la symbolique dupersonnage de la Santa Muerte. Or, nous avons pu constater que la simple description dupersonnage de la Santa Muerte montre déjà des ambiguïtés, étant entendu qu’il n’ait biensûr donné aucune connotation négative à ce terme. Diviniser un phénomène aussi naturelet pourtant aussi inconnu que celui de la mort n’est pas anodin et semble ne pas coïncideravec ce que l’on peut observer généralement à Mexico DF où les nombreux saints auxquelson rend un culte sont conformes à la définition de l’Eglise catholique. Cela concerne en effetdes personnes dont la vie est donnée en exemple par l’Eglise et qui sont canonisées. Defait un phénomène naturel ne peut accéder à la dimension de saint.

De plus, cette mort devenue déesse, est représentée sous une forme sinistre et morbidebien que richement vêtue et plus surprenant, à la manière d’une vierge, créant en quelquesorte une confusion quant à son identité. Confusion qui est entretenue par ses pouvoirs quisont capables de protéger autant que de détruire et cela dans une justice et une impartialitéaffichée par ses attributs.

La Santa Muerte s’inscrit donc dans une proximité avec ses fidèles. Elle représente ledestin qui les attend tous et en attendant cette heure qu’elle garde en secret, elle accompliten échange de promesses tenues, les désirs humains de toute sorte, et apparaît à eux demanière quotidienne. Endossant les défauts des hommes comme les qualités des dieux,elle semble au plus proche de ses fidèles, réduisant les distances sur lesquelles se fondentjustement le rapport au sacrée dans la religion catholique : avec la Santa Muerte, le rapportest direct, amoral, quotidien et réciproque.

B) Le Culte à la Santa Muerte : une Réalité qui dérangeau sein de l’Espace Public.

Après avoir rencontré le personnage de la Santa Muerte dont nous avons décrit la croyance,nous choisirons de nous intéresser à présent au culte qui lui est rendu dans la ville de MexicoDF. Un culte, en tant qu’il est l'hommage rendu à Dieu, à une divinité, ou à un saint, maisaussi l'ensemble des cérémonies et pratiques par lesquelles on rend cet hommage, s’inscriten relation étroite avec l’espace sur lequel on peut l’observer. On retrouve bien sûr certainesdes pratiques que nous décrirons dans d’autres parties de la République mexicaine maisc’est le système qu’elles constituent dans la capitale du pays que nous mettrons en relief.

Si l’on considère un culte comme une conjonction d’actes que l’on attribue à unevénération profonde et qui sont liés à la culture21, alors, ce système d’actes divers possèdeun sens profondément politique. Nous commencerons par étudier les pratiques en elles-mêmes afin d’en déterminer les particularités, puis nous essaierons d’étudier quelles sontleurs relations avec celles observées au sein du même espace mais dans la religioncatholique. Enfin, nous nous pencherons sur la traduction économique du culte qui nousrenseigne à la fois sur les pratiques ainsi que sur la concurrence de la Santa Muerte avecle catholicisme. Il s’agit de voir par l’étude de ces trois points si l’on retrouve des élémentscaractéristiques de la Santa Muerte, observés dans le point précédent mais aussi peut-êtrede mettre en évidence de nouvelles dimensions concernant cette dernière à Mexico DF.

21 ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente1988-1997.

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1) Des pratiques utilitaristes qui bousculent la morale.On ne peut aborder l’étude d’un fait religieux sans s’intéresser à sa manifestation réelle ausein d’une société ou plutôt d’un espace public considéré. L’espace public étant un espacede visibilité politique, ce qui s’y passe prend alors un sens politique. C’est ce que nousproposons de mettre à jour ici.

Il convient tout d’abord de signaler que le culte à la Santa Muerte se pratique de manièreindividuelle ou familiale mais aussi de manière collective, notamment dans le centre dela ville de Mexico DF, à Tepito étant entendu que ces deux dimensions entretiennent desrelations très étroites.

De manière individuelle, les dévots de la Santa Muerte ont pour coutume de porterune représentation de celle-ci sur eux en permanence afin d’obtenir sa protection à chaqueinstant de leur vie. Cela peut prendre la forme de chaînes, de médaillons, de baguesquand d’autres décident d’en porter une marque indélébile en se la tatouant sur la peau22.D’autre part on trouve dans les foyers mais aussi dans le lieu de travail des fidèles quelsqu’ils soient , bureau, stand de nourriture, restaurant, taxis, de petits autels comprenantgénéralement une statuette de la Santa Muerte pouvant aller d’une quinzaine de centimètresà taille humaine entourées de diverses offrandes. Dans la plupart des maisons, on les trouveau centre de la pièce à vivre, généralement à proximité de la table où l’on prend les repas.

Ces autels sont en quelque sorte une reproduction de l’immense autel dédié à la SantaMuerte dans le quartier de Tepito. Cette chapelle se trouve en face de la maison familialede Madame Romero23 ; la statue de la Santa mesure près de deux mètres de hauteur etest entourée de fleurs, de fruits, notamment de pommes qui symbolisent l’abondance, d’ex-voto24, de morceaux de pain, de bougies qui changent de couleur selon la demande dufidèle, de jouets, d’encens, de billets et pièces de monnaie, de bonbons, de cigares, decigarettes de marijuanas, de boissons alcoolisées en verres et en bouteilles qui sont presquetoujours composées par l’alcool national mexicain, la tequila. Enfin plus ponctuellementmais néanmoins régulièrement, on trouve des robes de mariée afin de trouver un conjoint,ou encore les mariachis25 que l’on contracte afin qu’ils viennent lui chanter des chansonsd’amour.

Comme on a pu le voir auparavant lors de l’étude des surnoms donnés à la SantaMuerte, on trouve des offrandes traditionnelles dirons-nous, mais aussi certaines moinsmorales pourrait-on dire comme l’alcool ou encore des drogues et des cigarettes. Ce sontdes cadeaux que l’on offre à la Santa Muerte parce qu’ils sont de son goût et qu’ainsi, elleest susceptible de les protéger en remerciement. La Santa, à l’image des hommes apprécieles substances qui sont considérées généralement comme porteuses de vice. Elle n’est

22 Annexe 3.23 Enriqueta Romero fut la première à dédier publiquement une chapelle au culte de la Santa Muerte, en face de chez elle, au

12 rue de Alfareria à Tepito dans la colonia Morelos, l’un des quartiers les plus populaires mais aussi les plus dangereux de Mexico DF.24 Un ex-voto est une offrande faite à Dieu en remerciement. Par extension, le terme désigne également un objet ou une

inscription placé dans une église ou un lieu de pèlerinage en remerciement d’une grâce obtenue. Ces objets peuvent prendre demultiples formes : plaques, crucifix, mais aussi selon les régions et les sujets de prières, des maquettes de bateaux, tee-shirt desportifs, des médailles militaires, etc. En latin, ex-voto signifie « d’après le vœu » c'est-à-dire conformément à ce qui a été souhaité.Dictionnaire Larousse 2004.

25 Le terme mariachi désigne tout à la fois un type de formation musicale originaire du Mexique, le style de musique associé,et une culture musicale proche de ces deux éléments. Ils sont le symbole de la musique populaire mexicaine. Dictionnaire espagnolLarousse, 2007.

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donc pas au dessus de pratiques plus clandestines ou du moins excessives. On retrouvedonc cette dimension d’une divinité humanisée parce qu’elle incarne aussi les défauts deshommes.

De plus, tout ce qui se fume, cigarettes, marijuana, cigares doivent toujours aller pardeux : un pour elle et un pour le dévot. Une partie de la fumée doit par ailleurs aller surl’image de la Santa comme formant partie d’un rite de purification : « Elle, elle aime quandon fait ça parce qu’elle aime bien l’odeur du tabac26 » a pu dire madame Romero. Ici c’estl’idée de réciprocité et de relation directe qui est mise en évidence : il n’y a pas unilatéralismedans la relation des fidèles à la divinité mais au contraire réciprocité, ce qui est très différentde ce que l’on peut trouver dans le culte à d’autres saints à Mexico DF : dans le cas de laSanta Muerte, l’offrande est partagée.

Madame Romero et sa famille changent les vêtements de la Santa chaque premierdu mois en accordant la couleur avec la saison et les demandes des fidèles. La fête dela Santa Muerte est le deux novembre, « jour des morts » au Mexique et équivalent denotre Toussaint. Ainsi, la nuit du 31 octobre venue une récitation de chapelet est organiséeautour de l’autel de Tepito pour la vêtir de blanc telle une jeune mariée. Ce jour là ainsique le premier lundi de chaque mois, des récitations semblables sont organisées ce qui estl’occasion pour les dévots de venir faire bénir les images, statues, tatouages et diversesreprésentations de la Santa qui forment le culte individuel et familial. Notons tout de mêmeque si le rendez-vous au début de chaque mois à Tepito est largement suivit dans la capitalemexicaine, la fête officielle de la Santa Muerte est plus équivoque. Les sites qui lui sontconsacrés avancent des dates différentes, comme le 15 août27 qui serait déclaré comme« jour de la Santa Muerte » par ses fidèles. Mais retenons que c’est plutôt la non officialitéqui régie les moments de prières à la Santa Muerte ce qui n’est pas si surprenant dansla mesure où nous avons pu constaté que la figure de la Santa Muerte existait pour lescroyants dans l’espace de leur quotidien.

Par contre, ce qui attire l’attention de manière plus surprenante, c’est la récitation dechapelets28, autrement dit des deux prières catholiques les plus répandues : « je vous salueMarie » et « Notre Père ». On prie la Santa Muerte par le biais d’oraisons29 qui lui sontpropres et dont les sites Internet abondent mais aussi par des prières catholiques ce quinous montre une fois encore les relations étroites qu’il existe entre la Santa Muerte et lareligion catholique. Les fidèles ont d’ailleurs pour habitude, lorsqu’ils arrivent devant l’autelde Tepito de s’incliner en signe de respect mais aussi de se signer, c'est-à-dire d’effectuersur eux le signe de croix catholique.

De part les différentes pratiques qui ont pu être décrites au cours de ce point, lafonctionnalité de la Santa Muerte semble confirmée. En effet, les couleurs changent selonles demandes, et la demande du fidèle peut être représentée directement par un objet(offrande de pommes pour obtenir l’abondance). D’autre part, cette divinité comme nousavions pu l’entrevoir, semble d’un accès plus facile dans la mesure où son identité sembleémerger de la rencontre entre la réalité de la nature humaine et l’imaginaire de la perfection

26 http://www.udlondres.com/revista_psicologia:articulos/stamuerte.htm27 http://es.catholic.netle28 Objet de piété mariale, en forme de collier, composé de cinq dizaines de grains enfilés sur une chaînette ou un cordon,

utilisé pour compter les prières à réciter.29 Annexe 4.

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divine. La Santa Muerte se situerait donc dans le domaine du symbolique révélant un visagedouble, moral et immoral, supérieure et égal à ses fidèles, divine et terrestre.

Enfin, le parallèle avec le catholicisme demande à être étudier plus profondémentpuisque de nombreux éléments nous indiquent que la controverse qu’il existe autour dela Santa Muerte réside certainement dans l’ambiguïté de ses relations avec la religiondominante de la ville et dans le pays. Ce sera l’objet du point suivant.

2) Le parallèle avec le catholicisme : des rapports à interroger.Mexico DF est une ville qui est à 90% catholique dont l’immense majorité est pratiquante,et ce n’est pas un hasard si le Pape Jean-Paul II y est venu cinq fois. Elle est caractériséepar le culte rendu à la vierge de Guadalupe30 qui est la sainte la plus populaire de la ville etchaque année, le 12 décembre, quelques 10 millions de pèlerins se rendent à la basiliquepour lui rendre grâce. Nous aurons l’occasion d’y revenir mais ces quelques éléments nouspermettent de poser de manière générale le cadre religieux qui est celui de la ville de MexicoDF et donc celui dans lequel s’inscrit le culte et la croyance en la Santa Muerte.

Madame Romero, doyenne de la chapelle principale de la Santa Muerte à Tepito assureque la majorité des fidèles sont des pratiquants catholiques. Ainsi, dans les prières et lesdemandes, on trouve une invocation presque systématique à Dieu, au Christ et la vierge deGuadalupe. On peut d’ailleurs entendre dans la bouche de nombreux fidèles de la Santaque « en premier c’est Dieu et ensuite la Santa Muerte » parce que pour eux, la Santan’est pas étrangère à la religion chrétienne. D’ailleurs, lors des messes organisées en sonhonneur, on demande la permission à Dieu pour l’invoquer.

Bien que l’Eglise catholique condamne31 cette vénération en la qualifiant depécheresse, beaucoup de personnes la pratiquent en association avec le catholicisme. C’estce qui explique que dans les pratiques relatives au culte de la Santa Muerte, la référenceau Dieu catholique est très présente. Ces dernières sont d’ailleurs vraisemblablementsimilaires à ce que l’on peut observer dans le culte catholique dans la ville de Mexico DF àquelques exceptions près. Ces exceptions nous les avons mise en évidence précédemmentet nous pourrions les qualifier comme partie prenante d’une dimension immorale de la SantaMuerte comme par exemple le fait d’offrir à celle-ci de la drogue ou encore de la nommerpar des termes insultants.

Ainsi, s’ils ne sont bien sûr que des différences, ils sont en fait plus que cela dans lamesure où ils s’inscrivent justement en contradiction complète avec la morale catholique.Ainsi, on peut considérer avec d’autant plus de surprise le fait de pratiquer le catholicisme enmême temps que le culte païen à la Santa Muerte. Pourtant pour les fidèles, la contradictionn’existe pas, comme en témoigne ce commentaire d’Eduardo Ruben Villegas chauffeur detaxi : « la Santa Muerte est un saint comme n’importe quel autre : elle fait beaucoup demiracles32 ».

30 La vierge de Guadalupe est le nom donné à la vierge Marie lors de son apparition à un indigène des Amériques en 1531. C’estune figure catholique très célèbre sur le continent américain et qui est considérée comme la Sainte Patronne du Mexique et plusparticulièrement de la ville de Mexico DF.

31 Ce point sera détailler par la suite lorsque nous nous pencherons sur les polémiques crées par la Santa Muerte dans l’espacepublic de la ville de Mexico DF.

32 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm

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Si les fidèles ne voient aucun problème à pratiquer les deux cultes, l’Eglise catholique,elle, voit d’un très mauvais oeil la confusion des deux. En sont la preuve les innombrablesmises en garde contre la croyance en la Santa Muerte que l’on peut lire sur les sites Internetcatholiques33 et où la pratique du culte est largement condamnée d’un point de vue religieux.

Enfin, on peut signaler dans les pratiques en relation avec le catholicisme, cellesde celui que l'on peut considérer comme le chef de file des croyants en la SantaMuerte et qui est pourtant issue du catholicisme : l'archevêque de l'église apostoliquetraditionnelle Mexique-USA, David Romo qui est la figure la plus populaire du culte. Ladénomination même de cette institution religieuse est contestable puisqu'elle n'est pasreconnue par Rome. Le polémique religieux, doté d’un passé militaire, revendique pourtantson appartenance au catholicisme même s'il se confronte à la hiérarchie catholique romainepour être marié, promouvoir l’usage de contraceptifs dont la pilule du lendemain, depréservatifs féminins comme masculins, pour accepter les avortements en cas de violset pour se déclarer contre le mythe de la virginité. De plus il a ouvert son église auxhomosexuels et aux travestis. Au cours de ses messes qui se déroulent selon la traditioncatholique, il bénie les figures de la Santa Muerte afin que les fidèles reçoivent sa protection.Ici, la contradiction entre ce qui est accepté par l'église catholique et ce qui l'est par lacroyance en la Santa Muerte est d'autant plus forte. Les pratiques de ce prêtre en cequi concerne la sexualité, vont complètement à l'encontre de l'image construite par lecatholicisme.

En effet, la papauté, si elle a pu faire des concessions dans certains domaines, resteau contraire très attachée à sa conception de la sexualité. Pourtant, encore une fois, pourles croyants en la Santa Muerte, la pratique du culte païen et celle du culte catholique nesemble pas entrer en lutte dans leur détermination religieuse.

Il apparaît donc que les pratiques liées au culte de la Santa Muerte s’inscrivent à lafois dans une tradition catholique mais de manière alternative à celle-ci. Si l’on définit leterme de culte comme une conjonction d’actes que l’on attribue à une vénération profondeet qui sont liés à la culture34, on peut alors penser que la Santa Muerte est liée à une culturecatholique et c’est le cas, la ville de Mexico DF étant imprégnée de cette religion. Il s’agitde savoir maintenant d’où proviennent les éléments alternatifs que nous avons pu mettreen valeur précédemment. Or c’est dans le conflit que se construit l’identité et de ce fait onpeut donc dire que l’identité de la Santa Muerte se trouve dans le conflit entre les pratiquesissues de la religion catholique, encore une fois telle qu’on peut l’observer à Mexico DF, etles pratiques alternatives, dont on ignore la provenance. C’est là l’intérêt de l’étude de laSanta Muerte, qui réside dans la tentative de mise à jour de l’identité de la Santa Muerteen tant que représentation exprimant l’identité de la ville de Mexico DF. Elle semble semanifester comme relevant du syncrétisme, c'est à dire comme un système philosophiqueou religieux (c'est le cas ici) qui tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes. Cettenotion de confusion de plusieurs éléments en une seule entité est représentative de ce quel’on trouve quant à l’étude de l’identité de la Santa Muerte qui apparaît alors comme unesorte d’amalgame entre la tradition d’un catholicisme populaire et d’autres sources de laculture de la ville de Mexico qui se trouve au sein de la société chilanga.

33 Annexe 5.34 ROJAS Maria de las Nieves. Surgimiento y desarrollo de las organizaciones evangélicas en México: la minoría existente

1988-1997.

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3) Une concurrence nouvelle dans le commerce du religieux à MexicoDF.

Afin de donner une vision complète du culte à la Santa Muerte observé à Mexico DF, ilsemble intéressant de se pencher sur sa traduction économique. En effet, dans une éditiondu magazine Paris-Match Monde consacré au Mexique, on peut trouver un article consacréà la Santa Muerte dont l’un des sous-titres est le suivant : « un commerce juteux 35». Il estassez intriguant de constater que dans un article de quelques pages à peine on consacreun des gros titres à l’aspect économique du culte à la Santa Muerte. Tout porte à croire entous cas que la sainte n’est pas étrangère à la sphère de l’argent (ce que nous avions puremarquer dans les offrandes qui lui sont faites et qui peuvent être constituées de billetsou de pièces de monnaie) et que cette implication dérange d’une manière ou d’une autre.C’est ce que nous nous proposons de décrire et d’analyser ici.

Autour du lieu de cérémonie à la Santa Muerte à Tepito, lors des récitations dechapelets mensuelles, se groupent des vendeurs ambulants c'est-à-dire des personnesqui se déplacent pour vendre leur marchandise et dont la ville de Mexico DF regorge, enparticulier dans les zones populaires. Ils vendent toutes sortes de choses : des petits encas,des boissons, des fleurs, des bougies, des figures de la Santa, des habits, des cigarettes,des feuilles volantes sur lesquelles sont inscrites des prières dédiées à la Santa. D’autrepart dans la chapelle de Madame Romero, chacun peut acheter des cigares qui sont, selonla croyance, ceux que la Santa a l’habitude de fumer, pour la somme de dix pesos Cecommerce est particulièrement significatif lors de l’affluence des fidèles chaque début demois pour venir prier leur sainte. Or à Mexico DF, les vendeurs ambulants s’installent danstous les endroits où le passage est important. On attribue une partie importante du marchéreligieux de la Santa Muerte aux marchands ambulants, principalement dans le centrehistorique qui fait partie des aires les plus populaires de la ville.

De plus, nous avons pu observer également une augmentation de la consommationd’articles en relation avec des images, des fétiches et des représentations de la SantaMuerte dans les marchés populaires de Mexico DF comme celui de Sonora, la Merced,Candelaria ainsi que dans les tianguis36, mexicanisme utilisé pour désigner un marchépublic mexicain ambulant, ou du moins qui n’est pas fixe, et qui s’installent dans les ruesd’une ville. Dans ces derniers on peut acheter des herbes, des bougies, des encens, et desarticles religieux pour combattre le « mauvais œil ainsi que toutes sortes de malédictionsinimaginables.

La dévotion à la Santa Muerte apparaît dans le commerce populaire aux cotésdes images des saints traditionnels. Selon une enquête informelle37 auprès de plusieursvendeurs dans le marché populaire de Sonora où l’on peut trouver une infinité d’articlesreligieux, « La Santa est celle qui se vend le plus : des petites statuettes, des grandes,des médailles elle se vend plus que les autres saints » commente Maria Guadalupe Alfaro,employée d’une boutique du marché en question. Les vendeurs assurent d’ailleurs de façonunanime que quotidiennement ils vendent des articles liés à la Santa Muerte. Ainsi, on

35 Match du Monde, « Mexique : beauté et grandeur du métissage » article « Santa Muerte, priez pour nous », Juillet/Août 2006.36 (Du nahuatl « tianquizth ») marché entre les habitants des peuples de Méso-Amérique qui avaient lieu selon des jours

déterminés, et dans lesquels se réunissaient les vendeurs des villages des alentours pour offrir leur produits sur une place. Il s’yvendait des légumes, des herbes médicinales, du mais, des poissons, etc. des juges étaient présents pour rendre la justice parmi lestraités commerciaux, et qui surveillaient les produits.

37 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm

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peut donc noter que bien qu’il n’existe pas un recensement du nombre de personnes quipratiquent ce culte, ce qui est sûr, c’est que la vente d’articles en relation avec la SantaMuerte est supérieure à celle des autres saints. On peut constater par exemple que dans lemarché de Sonora et au sein de celui-ci, dans le lieu réservé à la vente d’articles religieux,sur trois allées, deux sont entièrement consacrées au commerce d’objets représentant laSanta Muerte ce qui donne d’ailleurs à celles-ci une ambiance mystérieuse et spirituelle.

Cela nous permet de conclure, du moins partiellement, sur une popularité de lacroyance en la Santa Muerte parmi les habitants de Mexico DF.

Notons également ce commentaire particulièrement intéressant, d’Alfredo Flores,propriétaire d’un local dans le même marché de Sonora : « les saints se vendent seulementà leur moment, c'est-à-dire lorsque leur fête approche. Au contraire, la Santa Muerte n’apas de jour spécial pour se vendre, on en vend des images quotidiennement. »

Ainsi, une fois encore la Santa Muerte en tant qu’elle ne possède pas vraiment de jourofficielle prend la forme d’une divinité plus quotidienne dont le culte se réalise au jour lejour. La relation entretenue par la Santa Muerte avec ses fidèles s'ancre donc dans l’anglede la proximité.

Mais cette traduction économique du succès de la Santa Muerte pose problème àl’église catholique dans la mesure où elle vient concurrencer le marché religieux issu ducatholicisme et notamment celui liée à la sainte patronne de Mexico DF, la vierge deGuadalupe. On trouve il est vrai des stands consacrés à la vente d’objets représentant laSanta Muerte jusque dans les alentours de la basilique de Mexico DF qui est le lieu depèlerinage du culte à la vierge de Guadalupe. Ainsi, dans les propres bastions des saintscatholiques, la Santa Muerte est de plus en plus présente.

C’est alors que de nombreux sites Internet d’obédience catholique, accusent lespromoteurs de la Santa Muerte d’avoir inventé cette croyance dans le but de convertircertaines personnes crédules en consommateurs d’articles liés à la Santa. Or nous pouvonsentrevoir ici une certaine contradiction dans ce discours dans la mesure où la religioncatholique est elle aussi un commerce plus que fructueux dans la capitale mexicaine etfinalement assez semblable à celui que l’on observe pour la Santa Muerte.

Le culte à la Santa Muerte est donc actuellement d’une importance telle qu’il se traduitéconomiquement par l’entrée de cette croyance dans les marchés populaires de la ville etce avec de plus en plus de succès. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce succès est liéà une plus grande quotidienneté de la présence de la Santa dans la vie des fidèles. Soussa forme marchande, la Santa semble également, comme on a pu le voir dans d’autresdomaines, se confronter à l’église catholique puisqu’elle vient en quelque sorte chasser surdes terres qui autrefois étaient siennes.

Au terme de l’analyse du culte rendu à la Santa Muerte, il semble que la dimensionambiguë de cette dernière soit pertinente, et ce dans la mesure où elle trahit, dans lespratiques des fidèles également, un « coté sombre » qui semble se placer du coté del’immoralisme. C’est ce que nous avions pu voir auparavant par l’étude du personnage et desa symbolique. L’approche de la croyance par les actes qui relèvent de l’existence de cettecroyance tend à nous faire croire que cette dimension noire de la Santa l’est dans la mesureoù elle ne correspond pas aux valeurs affichées par l’Eglise catholique. Elle semble incarnerde ce fait le lieu de conflits entre les valeurs catholiques et d’autres valeurs qu’on ne peutpour le moment se permettre de qualifier, mais qui sont caractérisées par le rejet de l’Eglise.L’espace public de la ville de Mexico DF apparaît alors sous le jour d’un espace de luttepour l’imposition d’une norme religieuse. Cependant ce combat ne semble pas être mené de

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manière équivalente du coté de l’Eglise catholique et des adeptes de la Santa Muerte. C’estun fait, si ces derniers combinent les deux croyances sans y voir la moindre contradiction, onsent au contraire une confrontation beaucoup plus vindicative du coté catholique. Bien quenous en soyons encore au stade descriptif de l’analyse, on peut sentir déjà que les rapportsentre la Santa Muerte et la religion catholique demanderont à être approfondis et interrogés.

C) Un phénomène social aux Frontières équivoques.Afin de proposer une approche globale de la réalité qui soutend l'existence de la SantaMuerte à Mexico DF, et après s'être intéresser à la dimension symbolique de la croyanceainsi qu'à la traduction de son culte, il convient d'essayer de la caractériser socialement etcela tant en termes quantitatifs que qualitatifs. L'objectif ici est d'appréhender les frontièressociales et sociologiques de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF. Nous observeronsdonc la Santa Muerte sous l'angle d'un phénomène sociale. L'étymologie38 du termephénomène vient du grec « phainoménon », ce qui apparaît. C'est tout d'abord un faitobservable, un événement, mais c'est aussi un fait qui frappe par sa nouveauté, par soncaractère exceptionnel. Ainsi, on trouve derrière la notion de phénomène, l'idée de quelquechose de visible, dont on peut donc chercher les causes ; en ce sens il s'inscrit sur un espacequi est modelé par les hommes, qui a une histoire, des valeurs. Mais on trouve égalementl'idée de soudaineté d'un fait qui est elle aussi intéressante dans la mesure où elle donnedu sens au fait observé sur un espace donné.

Dans un premier temps, nous mettrons en perspective l'augmentation de la croyanceet du culte à la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF. De là nous essayerons de situerle phénomène géographiquement pour enfin nous intéresser à la base sociale de celui-ci. Nous aurons ainsi, au terme de ce point, décrit de manière relativement générale lephénomène de la Santa Muerte à Mexico DF.

1) Une spatialité constitutive de l'identité politique de la Santa Muerte.Au cours des points précédents, divers lieux de la capitale mexicaine ont déjà étéévoqués sans qu'ils aient fait l'objet d'une analyse approfondie. Or nous allons le voir, tousces endroits qui sont en relation avec la Santa Muerte, présentent des caractéristiquescommunes que nous essayerons de mettre en valeur ici.

Commençons tout d'abord par le lieu à Mexico DF où la Santa Muerte est vénéréecomme une patronne et qui est aussi celui qui possède la plus grande chapelle édifiée àson effigie : Tepito. C'est un des quartiers les plus anciens et les plus emblématiques dela ville qui se situe au cœur de la délégation Cuauhtémoc39. Durant la colonisation et enmarge de la ville espagnole, San Francisco Tepito était un quartier indigène certainementle plus marginalisé de tous les quartiers pauvres de la ville. A partir de 1856, on réalisade grands travaux qui modifièrent le visage du quartier notamment en construisant desgrands immeubles40 pour des personnes (indigènes et métisses) aux faibles revenus.

38 Dictionnaire Larousse 2004.39 Annexe 6.40 Traduit de l'espagnol « vecindad » qui désigne un immeuble avec un patio en commun où le voisinage a coutume de cohabiter.

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Ainsi transformé en un quartier populaire urbain, il se spécialisa dans la production dechaussures. Mais à partir de la seconde moitié du XIX°siècle, les autorités considérèrentTepito comme un faubourg dangereux en parti pour les bandes délinquantes qui ysévissaient et les immeubles qui étaient vus comme des taudis. Le gouvernement lançaalors un plan de réhabilitation des immeubles en appartements et interdit le commerceambulant. Mais les habitants résistèrent contre ces projets revendiquant l'importance de laconvivialité propre à la vie des immeubles ainsi que le droit à préserver leur identité. Tepitodéveloppa avec véhémence les tianguis pour se convertir en un immense centre de ventede toutes sortes de choses, la plupart issue de la contrebande. Il est également spécialisédans les trafics en tout genre, drogue, armes, etc. qu'il dessert dans toute la Républiquemexicaine et au-delà de ses frontières, vers l'Amérique du sud.

C'est un quartier qui possède en outre une identité culturelle très particulière avecnotamment le Centre d'études de Tepito et le journal de Tepito dont la devise résume àelle seule la dimension populaire de celui-ci : « un ptit journal a bec pointu et aussi unpeu vulgaire parce sinon, ce ne serait pas l'organe dépouillé de la race tepitena41 » maisencore avec son festival « Vive mon quartier, qu'est ce qui transite dans tes veines? »42 .On peut noter l'importance de Tepito dans la créativité qui s'y développe en ce qui concernela communication verbale et non verbale. L'influence de Tepito dans le renouvellementde l'argot, des codes grossiers et des intonations est exceptionnelle et s'étend à toutesles zones populaires de la ville. Enfin, Tepito tient également sa renommée des grandesfigures qui sont issues de son berceau comme le footballeur le plus populaire du Mexique,Cuauhtémoc Blanco et le boxeur de lutte libre « El mistico ». C'est donc dans ce quartieren particulier, seul « barrio bravo » (quartier brave) de la capitale selon ses habitants,que la Santa Muerte est considérée plus que nul part ailleurs comme la Sainte patronne.Aujourd’hui on répertorie d'ailleurs vingt chapelles dédiées à la Santa Muerte à Tepito etdans la colonia43 Morelos44, autre zone populaire jouxtant Tepito.

D'autre part, il convient de considérer également l'église de David Romo, chef de filede la croyance en la Santa Muerte, qui se trouve au numéro 35 de la rue Bravo, dans unquarter populaire de la délégation Venustiano Carranza45, elle aussi non loin de Tepito.

Enfin, il faut également nous intéresser aux lieux de la traduction économique du culteà la Santa Muerte que nous avons étudié précédemment et qui sont également ceux desmarchés populaires les plus importants de la ville. Il faut entendre par-là le marché de laMerced, celui de Sonora et celui de Candelaria, ainsi que le centre historique de la ville oùl'on trouve une grande proportion de vendeurs ambulants se dédiant au commerce d'articlesen relation avec la Santa Muerte.

Le marché de le Merced construit en 1890 a vu son importance devenir réellementsignificative qu’à partir des années 1900, date à laquelle il a pris son caractère hégémoniqueen matière de distribution d’aliments à Mexico DF. Puis le marché a pris de plus enplus d’ampleur, les rues alentours étant envahies par un nombre incalculable de standsfixes et semi-fixes du à l’affluence dans la capitale, d’une population pauvre issue de

41 De Tepito.42 « Viva mi barrio, que transita por tus venas ? »43 Mode de découpage administratif de la ville de Mexico DF tout d'abord divisée en délégations, puis en colonias (colonies)

puis en secciones (sections) et enfin en rues .44 Annexe 6.45 Annexe 6.

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l’immigration interne. C’est à cette époque, entre 1920 et 1950 que virent le jour lespremières associations de défense sectorielle. Il s’étend sur plusieurs kilomètres, à chevalentre la délégation Cuauhtémoc et la Venustiano Carranza.

Les marchés de Sonora et de Candelaria ont été construits dans les années 60 afinde moderniser le vieux marché de la Merced. Ils se trouvent donc dans la continuité dece dernier. Ce sont des lieux particulièrement populaires et considérés comme des zonesparticulièrement dangereuses du District Fédéral. On y trouve en effet des trafics en toutgenre et des luttes entre bandes délinquantes pour le contrôle du territoire. Dans cesquartiers ; la pauvreté s’est largement développée ces vingt dernières années laissant placeà l’urbanisation massive, au commerce de survie, et à une augmentation de la violence.

C’est la première caractéristique commune que possèdent les marchés de la Merced,de Sonora, de Candelaria mais aussi de Tepito et du centre historique. Ce dernier renvoie àla partie de la ville qui a donné naissance au développement qui a été le sien et ce bien avantl’arrivée des européens. C’est le lieu à partir duquel les Aztèques construisirent l’antique citéde Tenochtitlan, qui fut détruite par les Espagnols et où ces derniers édifièrent la capitalede la Nouvelle Espagne. Bien que cette zone soit considérée comme patrimoine mondialde l’humanité, elle est le lieu de travail d’une population très pauvre convertie au commerceambulant pour pallier les difficultés économiques. Les rues qui jouxtent le centre historiquese remplissent chaque jour de stands de fortune qui permettent à leurs propriétaires degagner quelques pesos.

Ainsi, le culte à la Santa Muerte s’inscrit dans des zones d’habitat comme dans desaires plus commerciales mais avec la particularité d’être exclusivement des zones que l’onpeut qualifier de très populaires, c'est-à-dire où l’on trouve un type d’urbanisation et uneprésence de la population mal maîtrisée. On y trouve alors une organisation qui relèveplus de l’arrangement, de la débrouille que de l’officialité. Enfin, ces zones se caractérisentégalement par la présence importante d’activités clandestines de toute sorte ainsi que parune violence qui ose de plus en plus s’afficher au grand jour.

Cependant, on peut remarquer en outre que tous ces quartiers possèdent une identitétrès marquée et de plus revendiquée comme telle. C’est bien sur le cas pour Tepito, maiségalement pour la Merced dont les habitants ont crée entre eux et depuis près de 50 ans desformes de solidarité qui leur sont propres. Formes de solidarité que l’on retrouve égalementà Candelaria quartier des prostitués de Mexico DF entre ces dernières, ainsi qu’entre elleset la police qui s’occupe du quartier. Enfin le centre historique de part son histoire est unquartier dont l’identité surgit au détour de chacune de ses rues.

On peut donc émettre des hypothèses quant à l’inscription géographique du culte àla Santa Muerte à Mexico DF. Celui-ci semble particulièrement présent dans les zonespopulaires et pouvant prendre un caractère très violent, zones qui sont des lieux d’identitéparticulièrement forts au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF. On peut donc sedemander si l’identité de la Santa Muerte ne serait pas en relation avec l’identité de ceszones dans lesquelles son culte s’inscrit plus particulièrement.

2) Une base sociale entre ombre et lumières.A présent que nous avons une idée un peu plus précise des contours géographiques duculte à la Santa Muerte, il convient de déterminer si l’étude de la base sociale de cettecroyance confirme ou infirme les conclusions issues de l’étude géographique du culte. Eneffet, dans le souci de décrire la réalité de cette croyance, il nous faut maintenant nous

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intéresser aux fidèles, à qui ils sont, et d’envisager s’il est possible de les déterminersocialement. De part ce que nous avons pu voir dans le point précédent nous pouvonspeut déjà émettre l’idée qu’il s’agit certainement de personnes appartenant aux classespopulaires, mais la réalité est plus complexe, plus nuancée.

Nous commencerons en faisant un détour par une observation issue de l’expérience.Dans un quartier de la délégation Venustiano Carranza, beaucoup étaient des fidèles de laSanta Muerte quand au contraire à San Angel46, une des aires les plus aisées de la villepersonne ne revendiquait la croyance en la Santa Muerte, au contraire, il était fréquentd’entendre des commentaires péjoratifs sur cette dernière. Cela transcrit une réalité décritepar l’ensemble des articles d’opinion se référant à cette croyance sur les sites Internet.

La base sociale du culte semble être intégrée par des personnes aux faibles ressources,exclues des marchés formels de l’économie, de la sécurité sociale, du système juridiqueet de l’accès à l’éducation, ainsi que par un large secteur social urbain et semi-urbain deplus en plus pauvre.

Mais ce qui est décrit par ces mêmes sites et avec plus de véhémence encore, c’est lelien entre la croyance en la Santa Muerte et le trafic de drogue, voir le crime organisé. Eneffet, l’auteur Homero Aridjis dans son livre « La Santa Muerte47 » relate une fête à laquelleil a participé et où se trouvaient réunis des hauts dignitaires du trafic de drogue mais aussiquelques hommes politiques locaux ; c’est là que pour la première fois, bien avant qu’ellesne soient visibles dans la rue à la lumière publique, il vit une chapelle dédiée à la SantaMuerte. Il cite en outre une opération policière réalisée dans la Colonia Buenos Aires où futarrêtée une bande organisée dans le vol de voitures, et, dans le couloir de leur repère, il yavait une figure de la Santa Muerte de taille humaine.

L’auteur note également comme autre preuve du lien entretenu par la Santa Muerteavec le crime organisé, la présence très importante d’images représentant la Santa dansles cellules de prison. Selon un site Internet48, c’est particulièrement vrai dans la prisonNord du DF, celle qui possède la plus grande population de la ville : 8300 hommes qui ontmajoritairement moins de trente ans y vivent privés de liberté. Dans cette prison, les jeunesreclus ont élu la Santa comme marraine protectrice pour oser se trouver dans un lieu remplide péchés, de désespoir et de risques. Fernando de Nova Lujon qui y travaille en tant quegeôlier depuis 22 ans constate qu’il y a quinze ans on peignait timidement sur les murs desimages de la Santa Muerte dans quelques cellules mais que depuis trois ans on remarqueun engouement incroyable pour l’installation d’autels dédiés à la Santa. La majorité desprisonniers l’ont déjà tatouée sur la peau et c’est une dévotion de la même ampleur voiresupérieure à celle de la vierge de Guadalupe49. Les autels se multiplient donc dans lescellules de la prison nord, particulièrement dans le dortoir six où sont reclus les prisonniersles plus bagarreurs, les plus sales et les plus semeurs de troubles.

Il semble donc que la croyance en la Santa Muerte véhicule un lien plus ou moinsdéfini et dont on mesure mal l’intensité avec les secteurs illégaux de la ville de MexicoDF. On peut avancer plusieurs sources d’explication. Tout d’abord, trafiquants de drogue,marchands ambulants, chauffeurs de taxi, vendeurs de contrefaçons, enfants de la rue,prostitués, voleurs à la tire et bandes délinquantes ont une caractéristique en commun : ils

46 Voir Introduction.47 Aridjis Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte.48 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm49 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm

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ne sont pas très religieux mais ne sont pas athées non plus. Ils développent cependant, depart leur activité illégale et bien souvent soumise à des risques, une tendance très marquéepour la superstition.

D’autre part, ces personnages de la sphère plus ou moins clandestine semblent s’êtreréfugié dans la Santa Muerte, image qui les représente et les protège. Elle apparaît en effetcomme une sainte fonctionnelle en accord avec leurs activités où la violence, la vie et lamort sont étroitement liées formant ainsi une expérience quotidienne. Elle leur permettraiten outre d’éviter un châtiment absolu au moment de leur propre mort.

Tous les types de personnes que nous avons pu citer comme particulièrement ferventscroyants de la Santa Muerte agissent en effet de manière marginale dans la sociétédans la mesure où cette dernière ne les reconnaît pas et même les condamne pour setrouver justement dans cette marge qu’est l’illégalité. Seuls certains de leurs comportementsponctuels sont éclairés par l’espace public, mais leur vie, la manière dont ils la mènent,les instances auxquelles ils se réfèrent ne sont pas de l’ordre de la visibilité publique. Cesacteurs qui vivent en marge de la loi ont pris possession de la dimension symbolique dela sainte dans la mesure où elle est un des éléments qui fait partie de la définition deleurs propres codes, de leur organisation, de leur identité. Les personnes de la délinquanceorganisée ne s’approchent pas de l’Eglise ni des autres institutions qui ont quelque choseà voir avec un caractère politique légalisé, ils semblent donc trouver dans la croyance enla Santa Muerte une divinité qui leur ressemble, qui incarne leur propre identité. A son tour,la Santa Muerte, de par le pouvoir symbolique qu’ils lui confèrent (pouvoir nous l’avons vuqui se trouve toujours être à la frontière entre le moral et l’immoral), va alors les légitimerdans certains secteurs de la société.

Cependant, on ne trouve pas chez les fidèles de la Santa Muerte uniquement despersonnes qui sont issues des catégories que l’on vient de citer. Enriqueta Romero, doyennede la chapelle à la Santa à Tepito assure qu’ « il n’y a pas seulement des trafiquantsde drogue et les assassins mais aussi des gens très communs, du voisinage et d’autresendroits de la ville.50 » « Nous nous mettons tous ensemble, bons et mauvais parce qu’ellefait de grands miracles, surtout pour ceux qui croient en elle.51 » On peut observer en effetde nombreuses mères de famille, des femmes de ménage, des employés dont les activitésétaient parfaitement légales, croire en la Santa Muerte.

D’autre part on trouve aussi des fidèles du coté des policiers qui lui demandent de lesprotéger comme en témoigne ce commentaire rapporté dans le livre d’Homero Aridjis52 :« Je suis policier, j’allume toujours une bougie pour qu’elle me protège des délinquants quime cherchent, et une autre pour qu’elle me protège de mes collègues policiers, pour qu’ilsn’aillent pas m’envoyer une balle dans le dos ! »

Finalement, la base sociale de la croyance et du culte à la Santa Muerte semble difficileà définir très clairement et avec sûreté. Si l’on essaye cependant de faire la synthèse desdifférents éléments observés, on peut dire que le lien entre la Santa Muerte et la sphèredes activités clandestines apparaît comme existant effectivement et ce de manière assezforte. La fonctionnalité de cette divinité que l’on pourrait qualifier d’ambiguë vis-à-vis desvaleurs morales, semble alors plus tolérante et plus à l’image de cette population. C’estaussi de cette manière que l’on peut voir l’existence de fidèles du coté de la loi cette fois

50 http://www.terra.com51 http://www.terra.com52 Aridjis Homero La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte. Muerte »

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(policiers ou militaires) mais qui finalement se trouve dans le même rapport à la mort etd’une certaine manière dans le même rapport à l’illégalité, qu’ils côtoient chaque jour, età laquelle il n’est pas rare de les voir participer. Enfin, la Santa Muerte apparaît commeune divinité très populaire dans les classes les plus basses, qui certes ne se trouvent pasforcément impliquées dans les secteurs illégaux mais qui cohabitent avec eux sur leurslieux d’habitation ou qui du moins se trouvent, comme eux, marginalisés par les institutionspubliques (n’ont pas accès à la sécurité sociale, au système juridique, à l’éducation). Ainsi,la Santa Muerte pour reprendre une métaphore que la symbolique de son personnage trahitdéjà, se dresse dans la ville de Mexico DF comme « la sainte de l’ombre » celle d’une partiede la population qui semble ne pas être prise en compte par les autorités, et évoluer dansl’obscurité de l’espace public.

3) L’augmentation du culte et de la croyance en la Santa Muerte : uneévolution problématique.

Si l'on présente la croyance et le culte en la Santa Muerte comme étant en augmentation,cela signifie alors qu'il n'est pas un phénomène totalement nouveau, que son existence estantérieure à ce que l'on peut observer aujourd'hui. Néanmoins, la question des originesétant particulièrement complexe, elle ne sera pas abordée en détail ici53 et nous nouscontenterons de l'évoquer brièvement. Retenons pour l'heure que cette croyance semblaitexister de manière occulte auparavant et que sa visibilité dans l'espace public n'est apparueque plus récemment.

Lorsque sont organisées les récitations de chapelet, chaque début de mois à Tepito,les rues qui se situent autour de l'autel de la famille Roméo, dédié à la Santa, sont alorsfermées à la circulation par les habitants du quartier. Madame Romero qui lui rend cultedepuis 42 ans culte qu’elle a elle-même hérité de sa tante Leonor Paredes54, du succèsrécent de la Santa : « au départ nous n’étions vraiment pas beaucoup, mais les gens sontvenus petit à petit. Maintenant grâce à Dieu et à la Santa Muerte, nous devons fermer la rueparce qu’elle se remplie de monde chaque premier du mois pour réciter le saint chapelet. 55»Les chapelles sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses atteignant le nombre de vingt àTepito et dans la colonia Morelos.

C'est le fait des fidèles qui affichent leur ferveur et qui ont donc installé des autels dansla rue afin que chaque personne nécessitant l’aide de la Santa puisse l'invoquer librement.

La pratique du culte semble avoir augmenté significativement il y a environ cinq ansde cela et on compte à l'heure actuelle, et ce malgré l'absence d'un recensement officiel,environ deux millions de fidèles au Mexique dont un million dans la capitale56. Néanmoins,depuis quinze ans, on a pu assister à une multiplication des centres de vénération, desmaisons et des temples improvisés en l’honneur de la Santa Muerte

L'augmentation est telle que la croyance s’est développée aux Etats-Unis avecl’immigration de nombreux mexicains qui affirment avoir placé sous la protection de la SantaMuerte leur traversée de la frontière en emportant parmi leurs vêtements des images de

53 Voir seconde partie.54 http://es.catholic.net55 http://www.terra.com56 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm

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celle-ci. La pratique du culte de la Santa Muerte est d'ailleurs intégrée par quinze paroissesd'obédience catholique à Los Angeles et une à Mexico57, et ce bien que celle-ci soit répudiéepar Rome. On peut noter en outre, comme on a pu le voir dans le point précédent, que lesuccès de la Santa est visible également dans les prisons, notamment dans la plus grandede Mexico, la maison d’arrêt nord.

De plus, Internet constitue également une preuve particulièrement tangible del’engouement pour la Santa Muerte On trouve en effet un nombre incalculable58 de sitesévoquant selon des points de vue divers le phénomène de la Santa Muerte, tous consacrantune partie à l’importance de ce dernier dans la capitale mexicaine. On trouve des articlesd’opinion bien sûr, issus des versions en ligne des journaux mexicains pour certains, maisaussi des sites indiquant des prières spécifiques à réciter à la Santa Muerte, des autelsvirtuels, des forums de discussion. Sur l’un d’entre eux on peut même demander à recevoirgratuitement et ce régulièrement un bulletin d’information59 sur la divinité en question. Ilsemble d’ailleurs qu’Internet soit le média privilégié en ce qui concerne les informationsautour de ce fait religieux, ce qui traduit la jeunesse du phénomène puisqu’il est difficile detrouver au contraire une traduction de cette augmentation dans des médias plus classiquestels que les journaux, les livres ou encore les articles universitaires.

On peut se demander alors quelles sont les raisons qui soutendent cette visibiliténouvelle de la figure de la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF. Onne peut légitimement se poser la question sans s’intéresser aux évolutions parallèles desautres religions et notamment de la religion catholique qui est celle de l’immense majoritédes habitants de la capitale. En effet, si au cours de la décennie 1960, plus de 90% dela population du District Fédéral se déclarait catholiques, au début des années 2000, laproportion n’atteignait pas même ce chiffre.

En peu de temps, on a donc assisté à une perte de vitesse de la religion catholiqueparmi la population de la capitale, alors qu’an contraire le nombre de sectes et de cultesnon catholiques n’a cessé d’augmenter. Ce retrait, bien que relatif puisque la populationchilanga reste majoritairement d’obédience catholique, explique certainement pour une partle contexte dans lequel on a vu la croyance en la Santa Muerte gagner de plus en plus defidèles.

Certains attribuent l’augmentation du culte au fait que les gens ne soient pas préparés àmourir ; ils chercheraient donc des alliés qui pourraient les aider au moment de faire le grandpas. La Santa Muerte serait une de ces alliés. Il semble cependant, d’après les différentséléments que nous avons pu mettre auparavant en évidence, qu’une partie de la population,parce qu’elle est justement préparée à mourir à n’importe quel moment et confrontée aurisque de la mort presque quotidiennement (de par les dangers liés aux activités pratiquées,la précarité des situations, etc.) se soit réfugie dans le culte à la Santa Muerte qui incarne uneréalité (la mort) qui existe en tant que telle dans l’espace de leur quotidien. Dans un contextegénéral de perte de crédibilité de la religion catholique et d’augmentation de la populationconcernée par la marginalisation quelle qu’elle soit, et qui est particulière à la vie dans laville de Mexico DF, la Santa Muerte apparaît dans l’espace public comme la revendicationd’une identité alternative à celle proposée par l’ensemble des institutions officielles. Ellesemble être la partie immergée mais qui est de plus en plus visible à la surface d’un nouveausystème de valeurs resté jusque là dans l’ombre.

57 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm58 Annexe 7.59 Annexe 8.

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Nous sommes donc bien en face d’un phénomène social dont les frontières sontd’autant plus significatives qu’elles ne sont pas forcément bien définies. Encore une foison retrouve la Santa Muerte sur une ligne de démarcation entre plusieurs systèmes devaleurs ce qui constitue certainement sa signification politique dans l’espace public chilango.Si son existence semblait auparavant ne poser problème que d’un point de vue religieux,l’inscription sociale et géographique étend le débat autour de cette croyance dans un cadreplus globale.

~Cette description détaillée à laquelle nous venons de procéder avait pour but de nous

familiariser avec l’objet « Santa Muerte à Mexico DF ». Or nous nous sommes attachésà considérer sous différents aspects la réalité de cette croyance et de son culte ce quinous donne dans un premier temps une vue d’ensemble de l’objet. Cela nous a en outrepermis de mettre en évidence les éléments qui relèvent d’une ambiguïté de la SantaMuerte à Mexico DF. Peut importe l’angle de vue considéré, la Santa Muerte intriguel’espace public de la capitale mexicaine et elle n’y est pas visible avec de plus en plusde puissance sans créer un certain nombre de conflits. Figure à la fois moral et amorale,bousculant les valeurs catholiques tout en s’inscrivant dans sa tradition, initialement le faitde la population clandestine de l’ombre et grignotant aujourd’hui les zones de lumière desclasses populaires, elle suscite de nombreux débats dans la société chilanga. On a puvoir que dans la figure de la Santa Muerte s’incarnait d’une part, des valeurs issues dufait religieux catholique tel que l’on peut l’observer dans le district fédéral, mais aussi d’unamalgame de valeurs dont l’origine est confuse et qui lui donne sa dimension de « Saintedes ombres ». Si l’on définit la culture comme la médiation symbolique de l’identité, alorsla Santa Muerte apparaît alors comme cette médiation, c'est-à-dire qui est au milieu et quiincarne par ce fait une certaine idée du temps et donc de l’histoire de la ville de Mexico DF.La Santa Muerte semble bien être un des éléments qui médie l’identité de la ville, prenantla forme d’un phénomène comme la pointe symbolique d’une identité chilanga dissimuléeet dont la signification est profondément politique. Ce sont ces relations complexes entrel’identité de la Santa Muerte et celle de la ville de Mexico DF que nous essayerons de mettreà jour au cours de la seconde partie.

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II - La Santa Muerte, une médiationsymbolique de l’identité chilanga ?

Une croyance, en tant qu'elle est révélatrice de l'organisation sociale vécue ou désirée,ne se borne pas à nous parler de l'aspect religieux d'un espace ou d'une société maisde cet espace lui-même, de cette société dans laquelle elle s'inscrit. Cette seconde partieest donc basée sur l'hypothèse que la Santa Muerte, dans la mesure où nous avons pul'observer au sein de l'espace de la ville de Mexico DF, nous parle justement de l'identitéde la ville tout entière. Il ne s'agit pas de dire là que telle est sa fonction puisqu'elle n'apas à proprement parler de fonction au niveau politique. Ce qu'elle possède par contreet de manière nécessairement politique, c'est une signification, et c'est cela même quinous intéresse ici. Cette signification, nous l'étudierons selon le triptyque réel, symbolique,imaginaire60. Par réel, il faut entendre l'ensemble des éléments qui sont donnés, qui nedépendent pas de nous, autrement dit pour notre étude cela correspond globalement aupoint précédent c'est à dire à la présence de la Santa Muerte à Mexico DF. L'imaginaire estcaractéristique du discours, c'est à dire qu'il renvoie à ce vers quoi l'on voudrait tendre oùencore ce dont on a peur et que l'on souhaiterait au contraire éviter à tout prix. Le symboliquequant à lui apparaît lorsqu'il y a représentation d'une identité. Le symbolique apparaît donccomme une médiation entre le réel et l'imaginaire. Ces notions sont donc très étroitementimbriquées les unes aux autres.

L'identité de la Santa Muerte, nous l'avons vu revêt de nombreux aspects ambigus etil s'agit d'entrevoir ce que ces derniers trahissent quant à l'identité de la ville elle-même.Cependant, la Santa Muerte n'est pas qu'une représentation qui exprime une identité dansl'espace public, elle semble véhiculé tout un ensemble de représentations qui conduisent àl'identité de l'espace lui-même. Ainsi, elle semble exprimer non seulement une culture bienparticulière au sein de la ville de Mexico DF, mais plus que cela, dans la mesure où elle estune porte d'accès privilégiée à l'identité chilanga.

Il convient ici de définir une expression que nous utiliserons régulièrement et qui estcelle d'espace public. Selon Hannah Arendt dans « Penser l’événement61 » l’espace publicest un espace de visibilité qu’elle tient pour une condition essentielle de la vie politique.Garanti par les institutions républicaines qui assurent la publicité des débats, l’espace publicn’est pas garanti contre l’indifférence, il n’existe pas une fois pour toutes à la manière d’unescène : cet espace dépend des gestes qui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiquespar lesquelles des membres d’une société affichent, sans égard pour les codes sociauxtacites, leur souci du politique. Cette définition est en rapport avec notre sujet dans la mesureoù nous entendons par culture62 l’ensemble des représentations qui expriment une identitédans l’espace public.

60 LAMIZET Bernard. Cours de « Médiation », « Communication Politique » et « Politique Culturelle » Institut d' Études Politiquesde Lyon.

61 ARENDT Hannah. Penser L’évenement.62 LAMIZET Bernard. Séminaire. Institut d' Études Politiques de Lyon.

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Nous nous intéresserons tout d'abord à la manière dont les imaginaires autour de laSanta Muerte s'expriment dans le réel en étudiant notamment les débats qu'elle a suscitéset ce dans plusieurs domaines.

Cela nous permettra de mettre en avant les points de désaccord qui font surface et doncd'en déterminer leur signification politique. Ceci étant, nous pourrons donc qualifier l'identitéà laquelle elle renvoie au sein de l'espace public de la ville de Mexico DF qui devient alorsen quelque sorte un enjeu de lutte identitaire.

Enfin, nous essayerons de déterminer si la dualité de la ville de Mexico DF constituele fondement identitaire de la ville, question pour laquelle nous nous situerons dans unetemporalité plus élargie.

A) Les Débats autour de la Santa Muerte dansl’Espace Public chilango : un Imaginaire de la Peur quis'exprime dans le Réel par le Refus de la Parole.

Nous avons pu le constater à diverses reprises, l'imaginaire autour de la Santa Muerte estriche et prend des dimensions souvent contradictoires. Or l'imaginaire dans l'espace public,c'est ce qui structure les choix dans le réel. C'est ainsi que l'on peut observer la mise en placede décisions concernant la Santa Muerte et qui sont issues de l'imaginaire qu'elle déploie.Notons ici que ces différentes décisions valent pour l'ensemble du territoire mexicain dansla mesure où elles émanent pour certaines d'institutions publiques. Cependant, l'inscriptionparticulière de la Santa Muerte laisse à penser qu'elles sont destinées de manière privilégiéeà l'espace de la ville de Mexico DF. De plus, la majorité de ces instances publiques ont leursiège dans la capitale ; il y a donc, entre ces dernières et la société chilanga un lien deréactivité particulièrement fort.

Ainsi, Mexico DF apparaît comme le lieu privilégié du débat de société autour dela Santa Muerte. La notion de débat63 relève de l'examen d'un problème entraînant unediscussion animée entre personnes d'avis différents mais signifie aussi un conflit intérieur.La présence d'au moins deux acteurs semble donc de mise lorsque l'on parle de débat etle poids de chacun dans celui-ci prend alors toute son importance.

D'autre part, l'idée d'une situation conflictuelle à l'intérieur d'un ensemble plus largenous ramène également à l'idée d'une lutte d'identité au sein d'un espace quel qu'il soit. Enanalysant les débats qui se greffent autour de la Santa Muerte, c'est bien d'identité dontil s'agit. Le débat public concernant la Santa Muerte s'installe dans la société autour derécits évènements que nous nous proposons de développer dans le point qui va suivre, encommençant tout d'abord par le débat au niveau religieux, puis au niveau juridique avantd'envisager son inscription sociale.

1) Conflit religieux : de la non-reconnaissance à la lutte.On a pu le constater auparavant, l'église semble ne pas voir d'un bon oeil le succèsgrandissant pour la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF ce qui l'a poussé à situer le

63 Dictionnaire Larousse 2004.

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débat dans des termes réels, c'est à dire qui dépassent le simple jugement de valeur pourse placer du coté du problème autour de la sanctification, c'est à dire du coté de Dieu dece qu'il permet ou non. Notons, tout de même que l'église fait appel à tous les moyens pourdécourager les fidèles de la Santa Muerte. Dans la version en ligne de son journal officiel64

au Mexique, il est mentionné que seule l'Eglise, guidée par l’Esprit Saint, a la faculté deproclamer la qualité de saint d’une personne. Elle explique ensuite comment par manquede connaissance on peut en arriver à attribuer la sainteté à quelqu’un et les conséquencesqui peuvent en découler. Ainsi, il est fait état que lorsque dans l’acception populaire, ontient un défunt pour saint mais que cela n'a pas été reconnu par l'Église, il peut s'agir detrois situations distinctes : Il se peut que la dévotion soit reconnue plus tard par l’Eglise,que la personne soit très croyante, menant une vie exemplaire, mais qui n'est pas unesainte tant qu'elle n'est pas béatifiée par l'Église catholique, ou enfin, il se peut que lesgens se trompent, qu’ils s’identifient à quelqu’un qui a lutté ou qui a souffert, mais cela n’estpas nécessaire pour lui reconnaître la qualité de saint ; Encore faut-il avoir vécu tout celadans un amour héroïque pour Jésus Christ et de cela il n'y a que l'Église qui puisse enjuger. Au fur et à mesure du site, il est aussi rappelé les dangers qui peuvent dériver descroyances populaires. Si les valeurs de la piété populaire sont indéniablement soulignéescomme bonnes, on ne cesse d’indiquer cependant les dangers auxquels elle peut donnernaissance et qui seraient liés à la présence insuffisante de foi chrétienne, comme parexemple la disproportion entre l’estime accordée au culte des saints et celle attribuée à laconscience de la centralité absolue de Jésus Christ et de son mystère, la distance prisepar rapport à la vie sacramental de l’Eglise, la conception utilitariste de certaines formesde piété, l’utilisation de signes, gestes et formules qui parfois acquièrent une importanceexcessive au point de chercher le spectaculaire, le risque et dans certains cas extrêmesde favoriser l’entrer des sectes et de conduire à la superstition, la magie, le fatalisme oul’angoisse. Par cette démonstration, il est ainsi prouvé en quelque sorte que la Santa Muertene remplit pas les caractéristiques nécessaires selon l'Église catholique pour que lui soitattribuée la qualité de sainte.

Sur le même site on peut trouver également une explication de ce qu'est « vraiment »la mort pour l'Église, argumentée de passages de la bible qui viennent témoigner de lavéracité et de la conformité des dires à la parole de Dieu. La mort serait la conséquencelogique de notre péché originel, elle a été vaincue par Jésus Christ dans la mesure où il estressuscité (410-421, 1010-1014). Notons d'ailleurs à ce propos un commentaire de SergioRoman dans la revue officielle de l'église catholique de Mexico65 « desde la fe » « Jésusa battu la mort, son ennemie, conséquence et châtiment du péché… comment alors peut-on qualifier de très sainte la mort ? Aucun catholique ne doit rendre culte à cette grotesqueimage qui représente fondamentalement tout ce contre quoi le Christ a toujours lutté ». Ontrouve également des passages où sont décrites les peurs concernant le moment de la mort,notamment la maladie, le fait de laisser des êtres chers, mais que la résurrection viendrafinalement récompenser.

Il y a donc dans le discours de l'Église catholique une volonté de discréditer la croyanceet le culte à la Santa Muerte du point de vue de la religion chrétienne, en se basant sur ledésaccord de Dieu avec cette divinité et en inscrivant cette dernière du coté du péché, quiselon l'Église catholique peut entraîner un châtiment. L'accent est mis sur la volonté de fairepeur avec l'inconnu, dans le cas présent avec la mort.

64 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=2152165 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521

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La décision de ne pas reconnaître la croyance à la Santa Muerte apparaît donc commela conséquence logique de l'imaginaire de la peur mis en place autour de cette divinité,par l'Église catholique. En effet, sur un autre site catholique66, on indique au croyant en laSanta Muerte qui voudrait se défaire de cette dernière, la conduite à suivre : tout d'abordbrûler l'intégralité des représentations que l'on pourrait posséder ou bien si on ose le fairesoi-même, les apporter dans l'église la plus proche et les confier à un prêtre qui s'enchargera. Puis ensuite bien sûr, il est important de renouer le dialogue avec Dieu en allantse confesser, en allumant des bougies à la Vierge de Guadalupe, etc. C'est donc bienl'imaginaire de la peur qui est véhiculé ici d'autant plus que l'on insiste particulièrement toutau long du site sur l'ambiance dans laquelle se pratique le culte à la Santa Muerte qui seraitcomparable à celle de la magie noire, des trafiquants de drogue, des forces occultes, desassassins, du satanisme, de l'idolâtrie.

Nous pouvons constater ici clairement le manque de nuance qui est une manière pourl'Eglise catholique de légitimer d'autant plus son opposition à la Santa Muerte, d'un point devue religieux comme nous avons pu le voir mais d'un point de vue social également.

Notons en outre que les références catholiques auxquelles nous faisons appelmentionnent régulièrement que la croyance et le culte en la Santa Muerte sont le fait depersonnes aux faibles connaissances notamment religieuses, qui ne savent pas assez surle Christ et sur le vrai catholicisme67. On peut lire dans ce type de commentaire une volontéde marginaliser les fidèles en la Santa Muerte qui dans une certaine mesure s'apparententou à des personnes aux faibles ressources intellectuelles ou bien aux délinquants en toutgenre qui promeuvent ce culte dans le but de permettre à leurs activités de prospérer oud'en tirer un profit économique. Les fidèles sont donc définis et catégorisés au sein de lasociété, bien qu'ils ne ferment pas la porte à ces derniers vers une éventuelle réconciliation.

On trouve donc du coté de l'église catholique une volonté farouche de lutter contre lacroyance et le culte à la Santa Muerte et c'est ce qui explique qu'elle s'investit dans un débatet même une lutte contre cette divinité. Au contraire, l’autre acteur du débat qui englobel'ensemble des croyants de la Santa est beaucoup moins vindicatif il faut bien le dire. DavidRomo lieder de ces derniers avoue ne rien trouver de réellement critiquable68 ou qui dévieraitde la doctrine ou de la connaissance de la foi. Pour lui, contrairement à ce que l'on pense,le culte à la Santa Muerte n’est pas pratiqué par des sataniques. David Romo tient d'ailleursà prendre ses distances vis-à-vis de la magie noire qui selon lui « n’aide en rien et estutilisée simplement pour profiter des gens ». Il s'accorde en outre à dire que si elle est lefait de trafiquants de drogue, ils ne la prient pas pour faire le mal : « ce qu’ils demandentc’est une protection pour eux et pour leur famille. » Il assure de plus que « beaucoup depersonnes de positions élevées et aussi des gens très humbles l’ont acceptée comme leursainte. » On a donc ici, contrairement au discours de l'église catholique un refus de normerles personnes qui croient en la Santa et celles qui ne croient pas. La parole trahit plutôtune position d'ouverture. Ainsi, les deux discours semblent s'opposer principalement dansla mesure où ils n'invitent pas au même positionnement.

66 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=2152167 http://www.univision.com/68 http://www.univision.com/

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Remarquons enfin que la répudiation de la Santa Muerte par l'Eglise catholique ne faitpas sentir ses croyants ni plus ni moins catholiques à l'image de ce qu'affirme son chef defile « nous préférons être proches de Dieu et loin du Pape69 ».

Finalement, nous avons à faire à un débat qui fonctionne de manière presqueunilatérale dans la mesure où le conflit entre la religion catholique et la Santa Muerteest approvisionné principalement par la première qui tient absolument à sa désolidariserde la seconde. Autrement dit, non seulement l'église catholique tente d'effrayer afin dedécourager l'investissement de ce culte par la population, mais encore elle ne veut sousaucun prétexte être associée à ceux qui le pratiquent déjà alors que la plupart sont aussides croyants chrétiens. Enfin, notons la signification symbolique du refus par l'église dereconnaître la Santa Muerte qui est une manière de lui refuser l'usage de la parole et quitranscrit le refus de s'objectiver en elle. Autrement dit, on évince le fait même que l'onpuisse parler de croyance lorsqu'il s'agit de la Santa Muerte et donc qu'ils s'agissent decroyants lorsqu'il s'agit des fidèles de la Santa. Il y a donc par le biais du discours de l'Eglisel'introduction d'un double niveau d'appartenance spirituelle : le vrai, le bon, celui de l'Eglisecatholique, le faux, le mauvais celui de la Santa Muerte.

2) Un Conflit Politique : le Refus d’Attribuer à la Santa Muerte uneofficialité.

Si l'on pouvait prévoir d'une certaine manière que la Santa Muerte entraîne de vivesréactions dans le domaine religieux, il était plus difficile d'imaginer qu'elle serait égalementl'objet d'un débat au niveau politique. Il s'agit donc ici de mettre en relief le cadre dans lequelse définit le débat politique autour de la Santa Muerte.

Comme nous avons pu le voir, la croyance et le culte à la Santa Muerte prennentdes réalités très diverses sans suivre vraiment un mode d'organisation ou encore unehiérarchie formalisée à l'image de ce qu’il existe par exemple dans la religion catholique.Cependant l'organe officiel dirons-nous semble être l'Église Catholique Traditionnellemexicano-étasunienne70(ECTME) qui a, à sa tête, le prêtre David Romo et qui constitue uneassociation religieuse selon la loi fédérale mexicaine.

Or, les autorités du secrétariat du gouvernement ont décidé de retirer à celle-ci leregistre constitutif d’une association religieuse qu'elle avait pourtant obtenu71. L'enquêtepuis la décision finale du gouvernement mexicain s’est faite à partir d’un prêtre qui intégraitlui-même l'ECTME et pourtant dissident du groupe, et qui a demandé à ce que l’on fassedes recherches sur cette association religieuse qui considère la Santa Muerte comme uneservante de Dieu.

La loi considère comme une infraction le fait de « détourner les fins d'une association,de manière à ce qu’elles altèrent gravement leur nature de départ »72. Ainsi, en ayant déclaréun objet de culte et en se dédiant à un autre, l’objet de l’association religieuse est gravementaffecté et l’autorisation d'exister en tant qu'association est alors retirée aux personnes quiprofessent cette confession. Dans sa demande le groupe a en effet stipuler que son objectif

69 http://es.catholic.netle70 Iglesia catolica traditional MEX-USA (ICTMU)71 http:/www.meta-religion.com72 http://www.terra.com

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était de conserver la liturgie de la sainte messe Tridentine, codifiée par le pape Pie V àla demande du concile de Trente en 1570. Cependant ils n’ont jamais mentionné que leuractivité consistait à prier la Santa Muerte. De plus, cette organisation n’a rien à voir avecle catholicisme selon le gouvernement.

Bien que l’annulation de l’association n’ait pas empêché les fidèles de continuer leurspratiques religieuses, cela a influé de manière importante sur les droits, maintenant perdus,de l'ECTME. Elle est désormais extrêmement limitée pour ce qui concerne la perception defonds et la possession de biens. En effet, le Comité de Sanctions du gouvernement mexicainayant tranché pour l'annulation de la qualité d'association religieuse dans laquelle opéraitla Santa Muerte, cela la réduit à un groupe sans personnalité juridique.

Avant cela, on n'avait jamais assisté à une punition de cette ampleur au Mexiquequi, pourtant, laissa inchangée la liberté de pensée religieuse et la liberté de culte, telsqu'ils sont garantis par la constitution. Le directeur des questions religieuses du secrétariatde gouvernement, Alvaro Castro manifeste73 que le cas de la Santa Muerte, qui a cesséd’utiliser un registre qui ne lui correspondait pas, montre que dans le pays toutes lespersonnes sont libres de pratiquer les cérémonies, les dévotions ou les actes de culte deleur religion pour autant qu’elles ne constituent pas un délit (le fait de ne pas poursuivre le butdéclaré lors de la création étant illégal, c'est donc le cas pour la Santa Muerte). Personne,dit-il, n’a cependant été molesté par les autorités pour sa croyance en la Santa Muerte. C'estdonc d'un point de vue juridique et non pas pour l'objet de la croyance que l'associationreligieuse qui se consacrait à la Santa Muerte a cessé d'exister.

L'argument est bien sur recevable du point de vue du droit et pourtant ce sont malgrétout les autorités publiques de par la formule consacrée « selon les autorités » qui ne dit nitrop, ni trop peu, qui se sont mises d'accord pour dire que la Santa Muerte n'avait aucunlien avec le catholicisme ce que revendique également l'Eglise catholique ce qui est parailleurs réfutée par le chef de file de la croyance en la Santa, le prêtre David Romo. Cedernier a accusé cette décision publique d'être le fruit d'une pression de la part de l'Eglisecatholique en qualifiant le Secrétariat de gouvernement de s'être transformé en bureaudu Vatican74. C'est d'ailleurs avec vigueur qu'après l'annonce d'annulation, le même DavidRomo a déclaré75 : « avec ou sans registre la Santa Muerte continuera d'exister » ou encore« le fait que les autorités se soient prononcées contre les fidèles, ne vont pas leur permettrepour autant d'en finir avec le culte. » C’est ainsi que les fidèles ne sont pas restés lesbras croisés puisque quelques jours après l’annulation, une série de manifestations a étéorganisée autour de la résidence officielle du président de la République76 « Los pinos » etdans le centre historique afin de protester contre cette décision.

Bien qu'elle soit basée sur un problème juridique, ce qu'il ressort de l'analyse dela décision d'annulation de l'association religieuse, c'est qu'elle semble particulièrementpolitique. Sur ce point, les autorités se joignent à l'Eglise catholique pour essayerd'empêcher la croyance et le culte à la Santa Muerte de prospérer. On peut donc voir qu'ily a en quelque sorte un front des instances de pouvoir traditionnelles qui s'allient afin defaire barrage, à la Santa Muerte. Ainsi, si l'on considère le niveau politique, on remarqueégalement un imaginaire de la peur qui pousse à prendre dans le réel, des choix qui vont

73 http:/www.meta-religion.com74 http://www.terra.com75 http://www.terra.com76 Il s'agissait alors de Vicente Fox.

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permettre de maîtriser cette peur. On retrouve une volonté de la part des autorités publiquesde mettre sous silence ce symbole et donc puisqu'elle est une médiation, de mettre soussilence la culture ou encore le mode d'organisation sociale qui parle à travers elle. Du cotédu gouvernement mexicain, on préfère ne pas laisser, à tout ce que représente, médie laSanta Muerte, l'occasion de s'exprimer. Celui-ci se positionne donc clairement non pas deces espaces, de ces populations que représente la Santa Muerte, mais au contraire de lapopulation mexicaine, moins cette partie là, à laquelle on objecte le silence pour éviter laconfrontation. Si l'espace public, selon la définition d'Hannah Arendt que nous avons poséen introduction à cette seconde partie apparaît comme un espace qui dépend des gestesqui le frayent, c'est-à-dire des interventions publiques par lesquelles des membres d’unesociété affichent, sans égard pour les codes sociaux tacites, leur souci du politique, alors, ladécision d'annulation semble être au contraire une intervention publique qui conformémentaux codes sociaux tacites (ici la morale chrétienne) retire une des possibilités d'afficherson souci pour le politique. Cela retranscrit donc d'une certaine manière la volonté dugouvernement de mettre en place un espace public exclusif.

3) Conflit social : la création d'une frontière normative.Les récits évènements de l'Eglise catholique d'une part et des autorités publiques d'autrepart semblent donc destinés tous deux à faire reculer le phénomène de la Santa Muertedans la République mexicaine, mais surtout dans la ville de Mexico DF puisque c'est sur cetespace qu'elle semble la plus puissante et là où elle nourrit particulièrement et avec forceun imaginaire de la peur. Or les voix conjointes de l'Eglise et du gouvernement sont desvoix qui résonnent plus que d'autres dans l'espace public et qui sont très influentes. Il n'estpas surprenant dès lors de constater des conséquences directes dans l'acceptation socialede la croyance et du culte à la Santa Muerte.

Pour ce point, nous ferons appel plus particulièrement à des observations directes sousforme de témoignages essentiellement recueillis à Mexico DF.

Si l'on prend comme base de réflexion le tissu des sites Internet concernant la SantaMuerte, en se basant notamment sur les forums, on se rend compte que les opinions laconcernant s'inscrivent très souvent dans une confrontation. En effet, on peut diviser lesavis selon deux grandes catégories77 : les personnes demandant des renseignements àpropos de la Santa Muerte (qu'il s'agisse de la vénérer ou de s'en protéger) et d'autre partles personnes qui expriment leur position personnelle quant à celle-ci. Or pour cette dernièrecatégorie, on peut noter une grande animation ayant pour but de convaincre du bien fondéou non de la Santa Dans celles-ci et en particulier pour les personnes la soutenant, on peutnoter l'utilisation régulière de l'argot très typique de la capitale mexicaine et dont la créativitétient particulièrement aux quartiers les plus populaires de la capitale comme Tepito. La Santasemble donc incarner deux réalités sociales dont les contours sont mobiles et pas forcémentclairs et qui se rencontrent sous forme de confrontation voir de conflit.

De plus, dans les conversations avec les habitants de Mexico DF nous pouvonsconstater également une grande réactivité provoquée par la Santa Muerte dans l'espacesocial. En effet, le fait de porter par exemple scapulaire autour du cou représentant uneimage de la Santa Muerte entraînes des commentaires édifiants : « ça c'est la vierge destrafiquants de drogue, celui qui te l'a donné doit sans doutes en être un » ou encore « je saisque tu t'entends bien avec les gens de ton quartier mais il ne faut pas les laisser te donner

77 Annexe 9.

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des choses comme ça, c'est dangereux et les gens biens le voient très mal qu'une jeune filleait ce truc là autour du cou. » Au contraire, de nombreuses personnes dans les quartiersplus populaires se sentent rassurés de voir qu’une personne à qui ils tiennent porte uneimage de la Santa parce qu’ils la savent alors protégée.

Il convient de dire cependant que les choses ne sont pas aussi simples. Nous avonsdéjà eu l'occasion de le remarquer, la Santa Muerte ne forme pas une frontière stricte entreles classes populaires et les classes aisées de la ville puisque l'on trouve des croyants dansles deux groupes bien que l'inscription soit beaucoup plus nette dans les classes à faiblesressources.

Il semble tout de même que la Santa Muerte crée au sein même de la société undouble niveau d'appartenance qui ne donne pas lieu à une réelle confrontation mais quis'inscrit dans un double rapport d'exclusion. La Santa Muerte apparaît donc en ce senscomme créatrice d'une frontière sociale dont la ligne est perméable mais qui renvoie dosà dos deux niveaux de valeur. Cependant le rapport n'est pas égal puisque de manièregénérale une majorité de la société chilanga soutient la position de l'Eglise catholique. Onpeut analyser cet accord par le fait que l'Eglise catholique, au fil du temps, a habitué lasociété à ne pas remettre en question ses décisions. Cependant, avec la Santa Muerte,une partie de la société et aussi petite soit-elle ne se réfère plus au discours de l'Eglise quiest pourtant certainement un des plus influents dans l'espace public mexicain, et va mêmejusqu'à s'émanciper de ce dernier.

Notons enfin que dans la société, contrairement aux plans politiques et religieux oùla confrontation semble bien présente, nous n'avons pas assisté jusqu'à aujourd'hui à unquelconque évènement qui trahisse une opposition voire une lutte réelle. Au contraire il ya bel et bien une cohabitation entre les deux cultes à l'image du quartier de Tepito où l'oncroise au milieu des autels à la Santa Muerte, des figures de la vierge de Guadalupe.

Finalement pour conclure ce point, nous pouvons signaler qu'au sein même de lasociété chilanga, la Santa Muerte s'apparente à une frontière sociale sur laquelle serencontrent deux imaginaires collectifs qui fonctionnent dans un rapport d'exclusion : d'uncoté les fidèles de la Santa Muerte qui ne font plus confiance aux discours du gouvernementet de l'Eglise catholique et qui créent ailleurs d'autres symboles correspondant à leuridentité. Et de l'autre les catholiques qui ne croient pas en la Santa Muerte et qui ont,dans leur relation à elle, intégré le discours de l'Eglise catholique et se sont approprié enconséquence l'imaginaire de la peur que cette dernière a véhiculé.

~Cette partie nous l'enseigne fort bien, la Santa Muerte est une figure controversée qui

fait naître des débats importants dans l'espace public mexicain mais particulièrement dans lacapitale du pays, et ce au niveau religieux, politique et sociétale. Le discours des institutionspubliques et de l'Eglise catholique procède de la même démarche qui est globalement celled'un refus d'attribuer la parole et donc l'expression de l'identité que véhicule la Santa MuerteLa société se trouve alors en contact essentiellement avec l'imaginaire proposé par lesinstitutions du pouvoir. On peut alors questionner l'existence ou non d'un véritable espacepublic dans la mesure où il semble ségrégé et qu'il ne permet pas à chacun d'afficher sonintérêt pour le politique. On pourrait conclure sur le fait que l'identité n'existant que dans lamesure où elle s'exprime, l'identité véhiculée par la Santa Muerte n'a pas vraiment de sensau niveau politique. Cependant l'augmentation de plus en plus significative du nombre deses fidèles nous montre qu'elle existe avec d'autant plus de vivacité. La question est alors

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la suivante : est-elle la manifestation d'une identité particulière dans l'espace public ou alorscelle d’une identité que l’on cherche à exclure de l'espace public?

B) La Santa Muerte : Manifestation Symbolique d'uneIdentité de l'ombre dans l'Espace Public chilango.

Les débats de société autour de la Santa Muerte que nous avons pu étudier au cours dupoint précédent mettent en évidence des niveaux de signification différents dans l’espacepublic chilango. Cependant ceux–ci ne dessinent pas nécessairement les mêmes contoursselon le point de vue envisagé : politique, économique, religieux, etc. Ces niveaux designifications différents, dans la mesure où ils rentrent en conflit au sein de l’espace public dela ville de Mexico DF, structurent cette dernière symboliquement, lui donnant alors l’essencede son identité. Il ne s’agit donc pas seulement de mettre à jour la culture que représente laSanta Muerte dans l’espace des cultures telles qu’elles existent dans la ville de Mexico DF,mais d’envisager dans quelles mesures la confrontation de la Santa Muerte avec le restede l’espace public chilango nous renseigne sur l’identité de la ville toute entière. Nous nousplaçons ainsi dans une dialectique entre singulier et collectif puisque si chaque personnese place différemment dans l’espace public par rapport à la Santa Muerte, cela amène àformer des groupes au sein de la société ; mais cela forme aussi une identité du point devue de la ville elle-même. On se trouve de ce fait dans le symbolique.

1) L'informalité comme mode d'organisation.Un des éléments qui semble caractériser la Santa Muerte et qui s’inscrit justement acontrario de la religion catholique est qu’elle semble régner sur les secteurs informels dela ville de Mexico DF. Elle apparaît d’ailleurs elle-même comme une sainte de l’ombre,antithèse noire et morbide de la vierge de Guadalupe. On remarque notamment que sonculte semble ne recourir à aucune forme de hiérarchie. Des figures émanent bien sur commedes points de convergence du culte et de la croyance comme celle de Enriqueta Romerodoyenne de la plus grande chapelle de la ville, à Tepito ou encore David Romo qui apparaîtcomme le chef de file de fidèles à la Santa Muerte. Ces personnages dans la mesure mêmeoù ils influent sur la symbolique de la croyance, renvoient à cette notion d’informalité. Pourla première en effet, il s’agit d’une femme dont la fonction vis-à-vis de la Santa Muerte n’esten rien le fruit d’un processus décisionnel ce qu’elle-même ne revendique pas et pour lequelelle n’est pas reconnue par les fidèles qui se rendent à la chapelle ; chapelle qui a vu le joursous la simple impulsion personnelle de cette femme.

En ce qui concerne David Romo, bien que celui-ci bénéficie d’un grade religieux quilui donne une légitimité au sein de l’église catholique, il est cependant mis en question parl’autorité de Rome, qui a en outre, même en cas de validité de son titre religieux, condamnéses discours en faveur de la Santa Muerte. De plus, son titre de chef de file des fidèles à laSanta Muerte est le fait d’une autproclamation plus que d’une nomination quelconque.

Finalement ces deux personnages sont des figures plus visibles parmi les fidèles maisils ne constituent d’aucunes façons des échelons qui pourraient s’apparenter à une formede hiérarchie. Cela ne signifie pas pour autant que la croyance en la Santa Muerte ne soitpas un fait social, c'est-à-dire un fait repérable au sein d’une société par des similarités de

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pratiques ; on a pu le voir par exemple avec les manifestations qui ont suivi l’annulationdu statut d’association religieuse qui témoigne d’un sentiment d’appartenance à un mêmegroupe, à une même tendance religieuse. L’absence de hiérarchie dans la croyance etle culte à la Santa Muerte apparaît ici comme une volonté de s’extraire d’un caractèreinstitutionnel, normé. On peut attribuer cette caractéristique aux secteurs qui donnent leurpréférence à la Santa Muerte et qui sont le fait de personnes qui de par leur activité,leurs ressources économiques, leur lieu d’habitation (éléments qui sont de fait liés) nesont pas visés par les discours institutionnels, essentiellement ceux des pouvoirs publicset de l’Eglise catholique. Pour ces derniers l’informalité s’apparente à une véritable formed’organisation sociale dans la mesure où c’est à elle qu’ils font appel pour trouver dessolutions que le monde de la formalité ne peut leur offrir. L’informalité apparaît alors àMexico DF non pas comme un recours ponctuel, mais comme une forme d’organisationsociale qui fournit travail, cercles de relations, rôle social, ce qui induit des formes diversesde reconnaissance. Il ne s’agit pas ici de faire l’éloge de l’informalité en montrant qu’ellefonctionne mieux que la sphère institutionnelle, mais elle offre indéniablement dans l’espacepublic de la ville de Mexico DF des alternatives satisfaisantes à ce que propose le niveaude vie formelle. Le but n’étant pas ici d’évaluer lequel des deux est le plus efficace mais demettre en évidence d’une part l’existence conjointe des deux ainsi que leur concurrence ausein de l’espace de la ville de Mexico DF.

Ainsi, c’est toute une culture de l’informalité qui se développe dans l’espace publicde la ville de Mexico DF, c'est à dire un ensemble de représentations qui exprime cetteidentité de l’informalité. Plus qu’un état de fait, une circonstance que l’on observe dans leréel, le mode de vie informel va alors engendrer un certain nombre de symboles, de codesexprimant une certaine appartenance dont la Santa Muerte est un parmi d’autres. Nouspouvons d'ailleurs noter que Cartel de Santa, un groupe de rap mexicain consacre unechanson à la Santa Muerte dont les paroles nous intéressent particulièrement ici. En effet,tout au long de cette « dédicace toute spéciale78 » le personnage de la Santa Muerte estconstamment mis en relation avec le monde de la rue, du danger, de la clandestinité quisont les thèmes par excellence de la musique rap dans la mesure où au sein de ce mondelà, la Santa protège, est justement maîtresse de ce fil qui lie la mort à la vie. On peut doncvoir que l’informalité n’est pas qu’une organisation sociale dans la ville de Mexico mais aussiune culture c'est-à-dire l’expression d’une identité qui demande à être reconnue. C’est en cesens qu’elle s’oppose à un autre niveau de signification qui est celui de la sphère formelle.Là aussi la chanson que nous avons citée plus haut est un bon exemple puisque danscette dernière, la dualité est particulièrement présente sous le trait notamment des deuxfamilles « celle de sang et celle qui se fait au coin de la rue 79». Cela exprime clairementl’existence de deux niveaux d’appartenance différents qui se trouvent cohabiter au sein dumême espace et qui s’inscrivent à la fois sur un socle commun mais aussi dans un rapportde conflit. C’est particulièrement visible dans le discours des pouvoirs publics notammentdans l’annulation du statut d’association religieuse au culte à la Santa Muerte. En effet, laSanta Muerte étant l’un des symboles les plus forts de cette culture de l’informalité, l’Etatmexicain qui représente au contraire celui du formel, de l’institution, s’emploie par cet acteà maintenir dans l’ombre autant que possible les signes d’émergence de cette culture del‘informalité.

On est alors dans une situation où l’une des cultures d’un espace se trouve devantune non-reconnaissance de cette dernière comme partie prenante des identités composant

78 Première phrase de la chanson de Cartel de Santa : « Santa Muerte ». Annexe 2.79 Annexe 2 .

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l’espace public. Notons pour nuancer que le simple fait de mettre en place une procédurejuridique d’annulation d’association est en quelque sorte une forme de reconnaissanceimplicite de l’existence de cette culture.

Finalement, de ce conflit entre ces deux cultures, donc de cette confrontation entredeux identités émane alors l’identité de la ville de Mexico DF. Ainsi, on peut donc dire del’espace public de la ville de Mexico DF qu’il est traversé par un conflit, une ligne de fracturequi est d’un type particulier. Cela signifie que l’on semble pouvoir définir l’identité de la villepar la frontière normative entre l’espace de l’informalité et celui de la formalité. Or il convientde noter si l’on reprend la définition d’Hannah Arendt80 que les institutions républicainesdoivent garantir la publicité des débats au sein de l’espace public. Dans le cas qui nousintéresse le refus de reconnaissance des institutions de cette culture qui vit en marge d’ellesmais qui a aussi pris leurs contraires (les formes d’informalité) comme valeur identitaire,amène à une segmentation de l’espace public et de ce fait celui-ci cesse d’être un espacede visibilité politique.

On peut d’ailleurs noter le parallèle avec les événements qui ont suivit la défaitecontroversée du candidat de gauche aux dernières présidentielles. Ce dernier qui a reçule soutien de ce que nous avons pu observer comme étant les secteurs informels de laville de Mexico DF, a mis en place devant le refus de procéder à de nouvelles élections, ungouvernement parallèle à celui nouvellement élu, se dotant de ministres, d’un président (lui-même), etc, ce pour quoi il a au départ bénéficier d’un grand soutien populaire notammentdes classes les plus liées au monde de l’informalité. Il y a donc bien une identité bipolairede la ville de Mexico qui se dessine de part et d’autre d’une dialectique formelle/informel etdont l’une des figures symbolique est celle de la Santa Muerte.

2) La fonctionnalité comme valeur tolérante.D’autre part, un des éléments que nous avons pu mettre en évidence auparavant, c’est lefonctionnement de la Santa Muerte comme une divinité fonctionnelle. On a pu le voir eneffet, elle manipule l’idée d’une mort qui peut surgir à tout moment et qui est donc en liendirect avec les dangers liés au monde de l’informalité, de l’illégalité, de l’économie parallèle.D’autre part cette fonctionnalité est due également à une humanisation de la divinité qui estvéritablement à l’image de ses fidèles dans la mesure où comme eux elle n’est pas empruntede perfection mais possède au contraire des défauts qui sont de l’ordre de la conditionhumaine. Le caractère pur et parfait du divin tel qu’on l’observe dans la religion catholiqueest contrebalancé chez la Santa Muerte par toutes sortes sentiments, de goûts, ou d’actionscontestables qui sont normalement le fait de la seule essence humaine. L’ambiguïté de cetamoralisme en quelque sorte s‘explique de la même façon dans le réel par le recours dansles secteurs informels de la société à des pratiques qui sont d’une manière ou d’une autrecondamnables par les institutions publiques et la morale chrétienne qui y est associée.

Cette fonctionnalité s’affirme donc comme une valeur tolérante ou intégratrice. En effet,la morale issue de la tradition catholique dessine une norme entre ce qui relève ou non de cequ’elle considère comme de l’ordre du péché (en opposition à la perfection divine). La SantaMuerte au contraire semble reprendre une certaine idée de la justesse tout en intégrant lepéché dans l’essence même de sa « morale ». Elle fonctionne ainsi effectivement commeune divinité qui englobe les défauts humains et parmi eux celui de la finitude humaine.

80 ARENDT Hannah. Penser l’évènement.

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On le remarque également par la tolérance du prêtre David Romo qui accepte leshomosexuels, les transsexuels et qui revient sur certaines interdictions formulées par l’églisecatholique comme la contraception ou encore le mythe de la virginité. Nous pouvonsdonc faire l’hypothèse que l’absence de refoulement de la mort donne lieu à l’absencede refoulement de la sexualité dans son ensemble et dans toutes les formes qu’elle peutprendre. La Santa Muerte semble donc exprimer une identité de la marginalité. En effet,nous avons pu voir auparavant qu’elle était un symbole d’une culture de l’informalité, maisla fonctionnalité de cette dernière nous permet d’entrevoir une autre dimension : celle dela marginalité.

On le voit ici, la Santa Muerte ne s’inscrit pas dans un clivage classes populaires/classesaisées mais plutôt sur une frontière entre le monde de la marginalité et celui de la conformité(sous entendu aux normes préconisées par les institutions publiques et l’Eglise catholique).Ici l’approche de la sexualité est particulièrement intéressante puisque les personnes quisont considérées comme pratiquant un certain type de déviance sexuelle (selon le discoursde l’Eglise catholique, relayé par la sphère du pouvoir politique) et donc exclues du discoursde ces derniers, vont trouver dans le culte et la croyance en la Santa Muerte un monde nonpas qui tolère cette déviance mais qui l’intègre de manière active. C’est exactement ce quel’on retrouve dans le discours de madame Romero quant à la réputation de la Santa Muerted’être une divinité pour bandits et délinquants : « nous nous mettons tous ensemble pour laprier, bons comme mauvais. » Ainsi, ce que les institutions et la morale qui y est associéeconsidèrent comme marginal aussi bien du point de vue moral, économique que sexuel, estalors intégré par le culte et la croyance en la Santa Muerte. Il y a donc une fonctionnalitéréelle de la Santa Muerte dans la vie de tous les jours pour les fidèles, qui représente dansle symbolique une identité de la marginalité.

Or il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur le terme marginalité81 par lequelon entend qui est autour, ce qui est en dehors. En effet, la volonté des pouvoirs publicsd’amoindrir le plus possible le signe de cette culture de la marginalité qu’est la Santa Muertemontre clairement que c’est une identité que l’on cherche à exclure de l’identité de la ville deMexico DF. En effet, la sphère du pouvoir institutionnel semble vouloir repousser la culturereprésentée par la Santa Muerte aux marges de l’espace public de la ville de Mexico DFcomme si cette dernière ne s’exprimait pas au sein même de celui-ci. Or, ironie du sort,c’est justement au cœur de la capitale mexicaine, dans ce qui fut depuis l’origine le centrenévralgique de la ville que la Santa Muerte s’exprime avec le plus de ferveur.

On peut donc voir que l’identité de la ville de Mexico DF semble émaner de laconfrontation entre ce monde de la conformité (au discours des institutions et de l’Eglisecatholique) et celui de la marginalité. Ainsi la capitale mexicaine nous apparaît comme unespace de luttes symboliques entre un niveau d’identité conformiste et un autre niveau quiserait celui d’une identité de la marginalité, symbolisée comme telle par cette divinité auxfonctions amorales.

Notre analyse fait donc apparaître que l’identité de la ville de Mexico DF se lit selon uneligne de fracture qui serait l’appartenance ou non par n’importe quel type d’activité ou decaractéristique a ce qui est accepté selon la sphère du pouvoir comme la marginalité ou lanon marginalité. A cet élément il faut ajouter le fait que l’image de la marginalité construitesymboliquement par les institutions publiques associées à l’église catholique est d’une partdépréciée mais aussi souvent niée afin de l’empêcher de s‘exprimer en tant qu’identitésingulière dans l’identité collective de la ville de Mexico DF. Il n’est pas surprenant alorsque la récente augmentation de la visibilité sociale de la Santa Muerte dans cette dernière

81 Dictionnaire Larousse 2004.

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ait appelée une réaction aussi forte, et, il faut le rappeler inédite, que l’annulation du statutd’association religieuse.

3) Une dualité intégrée à l’espace.Les deux points précédents ont mis en évidence des niveaux de significations symboliqueset donc d’appartenances politiques différents au sein de l’espace de la ville de Mexico DF.On note en effet un ensemble de langages, de codes qui trahissent l’aspect conflictuel desappartenances. Or la conflictualité sociale s’exprime toujours dans une spatialité que nousnous proposons d’étudier ici.

Si on prend l’exemple des grandes villes françaises, et en toute conscience de lasimplification extrême des propos qui vont suivre, on peut dire qu’il existe une conflictualité,du moins économique, entre un centre et ce qui serait une première couronne périphérique.La ville de Mexico DF elle, voit la conflictualité que nous avons décrit précédemments’organiser d’une toute autre façon.

La répartition des espaces autour des dialectiques formalité/informalité et marginalité/conformité se fait très clairement d’une manière clairsemée. Nous entendons par là queces derniers sont repérables davantage par une inscription ponctuelle que par des zonesunifiées. Si l’on considère le centre historique par exemple, et en particulier la placedu Zocalo, on y trouve le palais présidentiel, lieu par excellence des institutions et dupouvoir officiel. Or la rue qui borde celui-ci se remplit chaque jour de milliers de marchandsambulants qui quittent les lieux, le baluchon de marchandises sur le dos, à la moindre sirènede police.

Ceci n’est bien sûr qu’un exemple mais cette alternance entre zones marginales etinformelles, et zones qui sont au contraire à la lumière publique est fréquente si l’onconsidère le centre de la ville. Cela nous donne l’impression d’une véritable cohabitationspatiale des deux niveaux d’appartenance symbolique, de quelque chose de l’ordre d’unentrelacement. C’est que la conflictualité sociale ne semble pas s’inscrire de manièrehorizontale à Mexico DF, c’est à dire selon un découpage au sol pourrait-on dire, mais plutôtselon une délimitation verticale. Le monde de l’informalité et de la marginalité serait celui leplus proche du sol, de la terre, de la rue et celui de la conformité et de l’officialité plus enhauteur. Ce découpage vertical est particulièrement visible dans le film mexicain « AmorresPerros82 » dont les histoires ont lieu au centre de la ville de Mexico DF. Or cette différence demode de vie, d’organisation sociale, de valeurs entre les classes les plus proches de la rue etcelles qui se trouvent par leur hauteur les plus éloignées est appréhendée clairement dansune dialectique informalité/formalité et marginalité/conformité. En effet, on voit très biendans le film que les personnages des secteurs informels et marginaux évoluent sur la mêmeportion de territoire qui est le centre de la capitale mexicaine. Ce qui les différencie, c’estleur situation verticale, c’est à dire leur proximité avec ce qui est dans l’ombre et proche dusol : la marginalité et l’informalité où leur appartenance aux zones de lumière et d’institution.

Notons d’autre part que cette conflictualité sociale est visible dans ce qui peut êtreconsidéré comme le centre élargi de Mexico DF. Sur cet espace, on trouve notammentles lieux de présence de la Santa Muerte et dans le même temps les lieux de présencedes institutions qui la rejettent et la condamnent (édifices publics, ministères, églisesimportantes.) Grâce à cet élément, nous passons d’une spatialisation de la conflictualitésociale à une mise en perspective dans le temps de cette dernière. En effet, la ville de

82 GONZALEZ INARRITU Alejandro. Amorres Perros.

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Mexico DF s’est construite autour du quartier que l’on appelle à juste titre d’ailleurs le CentreHistorique83 ; Les quartiers les plus en marge de la ville étant au début du XX° siècle desvillages autonomes qui ont peu à peu été intégrées à celle-ci. Le centre de la ville de MexicoDF revêt une importance toute particulière dans la mesure où il était le centre de l’anciennecité aztèque de Mexico Tenochitlan84, puis le centre de ce qu’on a appelé la NouvelleEspagne après la conquête de celle-ci en 1531. Le centre à Mexico DF est donc doté d’uneimportance historique particulière. Cela nous amène à formuler l’hypothèse d’une relationentre l’histoire de Mexico DF et les conflictualités sociales mises en évidence par l’étudede la croyance et du culte en la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de MexicoDF. En effet, la rencontre des conflictualités sociales mises en relief par la Santa Muerteest repérable sur l’espace qui est au cœur de l’histoire de la ville et même des origines decelle-ci. C’est donc une piste qui demande à être étudier dans notre démarche d’en savoirplus sur l’identité de la ville de Mexico DF.

L’étude de la Santa Muerte nous a donc permis de mettre en relief les caractéristiquesidentitaires de la ville de Mexico DF qui se construit on a pu le voir selon des axesdialectiques. La Santa Muerte, en tant que représentation d’une identité au sein de l’espacepublic de la ville de Mexico DF, semble être le symbole d’une culture alternative qui s’opposeà celle revendiquée par les pouvoirs publics et l’Eglise catholique. Mais la Santa Muerteapparaît également comme la partie émergente de cette conflictualité sociale particulière.Dans la mesure où de cette conflictualité naît l’identité, on se trouve de fait dans le domainedu symbolique. Or les deux dimensions constitutives du symbolique se trouvent être letemps et l’espace. La spatialité de la conflictualité sociale dans la ville de Mexico DF semblediriger notre analyse vers l’histoire même de la ville, l’histoire des origines de celle-ci. C’estce que nous allons aborder dans le point suivant.

C) Les Débats autour de l’Origine de la Santa Muerte :Parabole Symbolique aux Origines de la ville deMexico DF ?

Dans le dernier point de cette seconde partie nous essayerons donc de voir dans quellemesure la croyance et le culte à la Santa Muerte dans l’espace de la ville de Mexico DFnous parle de cette dernière mais dans une dimension temporelle.

En effet, comme on a pu le remarquer auparavant, le phénomène social de laSanta Muerte c’est à dire sa visibilité sociale et son augmentation, sont des phénomènesrelativement récents. Ils font partie du temps très contemporain de l’actualité, du temps duprésent, donc de celui en train de se faire. Il s’agit alors d’étudier s’il existe un lien entrele phénomène présent de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF et l’histoire de cettedernière.

Notre démarche se construit donc selon une dialectique entre un temps long et untemps court ; Nous serons ainsi amenés à qualifier les tenants de cette dialectique dans

83 Centro Historico.84 La ville de Mexico Tenochtitlan était la capitale de l’empire aztèque. Elle fut fondé en 1325 et devint en très peu de temps la

ville la plus puissante de la région en soumettant les villes les plus proches, mais aussi une des plus grandes du monde avec près de500 000 habitants. Elle fut détruite en 1531 par les espagnols menés par Hernan Cortes qui en fit le centre de la Nouvelle Espagne.

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l’espace qui nous concerna afin d’entrevoir si de cette dernière émane l’identité de l’espacede la ville de Mexico DF.

1) La filiation aztèque de la Santa Muerte et l’inscription symboliquedans le temps long.

L’ethnologue Jesùs Chamorro Cortés dans son livre « Les Origines du Culte au Mexique85 »,montre que de nombreux peuples de Méso-Amérique, avaient pour coutume d’adorer lamort avec des objets sacrés placés sur des autels familiaux, dans lesquelles on gardait lesos des ancêtres qu’on vénérait de la même manière que les divinités. C’est ce qui expliquenotamment la relation très intime entre la société mexicaine et la mort, une relation quiavec le temps a donné lieu à un culte qui s’est étendu à de nombreuses civilisations duMexique antique. Les Mayas, les Zapotèques, les Mixtèques, les Totonaques, mirent enplace un culte à la mort en représentant des figures décharnées à la moitié du corps quireprésentaient la dualité de toute chose dans la nature comme celle de la vie et de la mortet qui n’est pas sans lien avec la forme prise par la fête catholique de la Toussaint que l’onappelle au Mexique « Jour des Morts ». Mais un des peuples où le culte à la mort a acquisle plus de force fut celui des Aztèques86. Ce peuple considéré comme un des plus guerriersa mené à l’extrême la dévotion à la mort.

Or, les Aztèques sont justement le peuple indigène qui est installé dans la vallée deMexico (on les appelle d’ailleurs aussi « Mexicas ») avant l’arrivée des Espagnols. Ilsoccupaient en effet ce qui était déjà le centre névralgique du Mexique antique, celui descivilisations indiennes qui avait pour nom Mexico Tenochtitlan.

On retrouve donc d’une certaine manière une répartition du culte à la mort à l’époquepréhispanique sur le territoire de ce qui est aujourd’hui la République mexicaine comparableà celle de la Santa Muerte actuellement sur le même espace. En effet, on note la présencede la Santa Muerte dans la majorité des régions du territoire actuel mexicain, mais là où lacroyance et le culte à cette divinité sont les plus présents, c’est au cœur de la ville de MexicoDF. De la même façon le culte à la mort est présent dans toutes les civilisations indiennesde Méso-Amérique mais il a pris une importance considérable au sein de la culture aztèque,dont l’inscription géographique recouvre celle de l’actuel centre de Mexico DF.

En effet, les Mexicas héritèrent d’époques plus anciennes de Mictlantecuhtli etMictecacihuatl le dieu et la déesse du Mictlan, la région des morts. C’est dans ce lieuqu’allaient les personnes qui mouraient de causes naturelles. Mais le chemin n’était pasfacile. Avant de se présenter devant eux, il fallait franchir de nombreux obstacles : despierres qui s’entrechoquaient les unes avec les autres, des déserts et des collines, uncrocodile appelé Xochitonal, ainsi qu’un énorme fleuve que le mort devait traverser avecl’aide d’un petit chien qui était alors sacrifié le jour de son enterrement. Finalement le défuntarrivait alors devant Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl les terribles dieux de l’obscurité et

85 http://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htm86 À l'époque de l'arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle , les Aztèques étaient à la tête du plus grand empire qui aitjamais existé en Méso-Amérique . Cette petite tribu chichimèque faisant partie du grand groupe des peuples de langue nahuatlétait arrivée fort tard dans la vallée de Mexico après de nombreuses tribulations et s'était fixée sur un îlot du lac Texcoco . En unsiècle, les Mexicas (le nom que les Aztèques se donnaient eux-mêmes à partir du commencement de leur vie sédentaire), avaientfait de la petite cité de Tenochtitlan , située à l'emplacement de Mexico , l'actuelle capitale du Mexique , une immensemétropole, qui dominait, avec les autres membres de la Triple alliance un empire s'étendant du territoire huaxtèque au nordjusqu'à l' isthme de Tehuantepec au sud.

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de la mort. Leur temple se situait dans le centre cérémonial de l’ancienne ville de MexicoTenochtitlan et portait le nom de Tlalxico qui signifie nombril de la terre. Cela nous montrequ’il y eu un culte très important à la mort sur le territoire de ce qui est aujourd’hui le centrede la capitale mexicaine. Notons que les Espagnols ont longtemps lutté contre ce culte encomplet désaccord avec le discours de l’Eglise catholique concernant la mort, mais qu’ilsn’ont pas réussi à l’éradiquer. Il a apparemment continué d’exister en secret.

Le lien entre le culte à la mort chez les Aztèques dans l’antique cité de MexicoTenochtitlan et la présence de la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF et surtout aucentre de celle-ci semble pouvoir être établit. Il ne s’agit pas ici d’établir un lien de causalitéentre l’ancienne présence d’un culte à la mort sur l’espace de la ville de Mexico DF et laprésence actuelle de la Santa Muerte. Les similarités que nous avons pu démontrer entre letemps court et le temps long de l’image de la mort, aussi différente soit-elle, dans l’espace dela ville de Mexico DF nous indiquent plutôt une relation de type identitaire. La vision socialede la mort semble en effet, dans le temps court comme dans le temps long, manipulé unconflit symbolique autour des origines.

Il y a donc bel et bien quelque chose de l’ordre de l’identitaire qui se joue dans lephénomène de la Santa Muerte à Mexico DF puisque ce dernier est à la fois d’actualitémais s’articule également à une histoire plus longue, celle des origines de la ville qui sontpréhispaniques. Or, la question des origines fait débat et diffère selon les diverses tentativesd’expliquer le phénomène. L’origine préhispanique n’est pas la seule mise en avant, aucontraire. Il existe en quelque sorte, une lutte de légitimité quant à l’attribution de l’originede la Santa Muerte : il s’agira donc d’étudier si ces conflits de légitimité autour des originesde la croyance sont également à mettre en relation avec l’histoire de la capitale mexicaine.

2) L’origine de la Santa Muerte : une lutte pour la légitimité.D’après les réflexions que l’on peut lire autour de la Santa Muerte, on se rend compte quele lien entre celle-ci et la culture préhispanique en particulier aztèque, même s’il ne peutguère être nié, n’est pas forcément mise en avant comme l’origine directe. Cela nous pousseà considérer deux choses : tout d’abord que l’on ne connaît pas vraiment les origines dela Santa Muerte, qu’il n’y a rien en tout cas qui prouve efficacement les raisons de sonexistence, de son éventuel réapparition. Cela montre ensuite que l’origine de cette dernièreest en lien avec quelque chose de l’ordre de l’identité puisqu’elle est l’enjeu d’appropriationsdiverses. C’est ce que nous allons étudier ici.

La Santa Muerte est souvent présentée comme un fait totalement lié à la notiontrès générale de « modernité ». La relation préhispanique expliquerait donc simplementun lien particulier que le Mexique entretient avec la mort, et non pas l’existence d’unefiliation directe entre le culte préhispanique à la mort et la croyance en la Santa Muerte. Ilconvient ici d’expliquer un peu mieux ce que l’on peut lire à propos du terme de modernitécomme explication de l’origine de la Santa Muerte. On avance en effet, notamment ducôté des sites Internet d’obédience catholique87, mais pas seulement, le vide existentiel,les difficultés économiques, le manque de repères moraux dû à l’évolution des sociétésmodernes, comme cause première de l’existence de la Santa Muerte. Or, comme nouspouvons le remarquer il s’agirait des aspects négatifs de la modernité qui auraient poussésà la construction de la croyance en la Santa Muerte. Le terme de modernité fonctionne ici

87 http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521

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comme un mythe au sens de Roland Barthes88 pour qui tout discours outre son messagedirect, sa référence au réel, peut percevoir des connotations qui le font entrer dans ledomaine de la signification, dans le champ des valeurs. Le mythe ne crée donc pas delangages mais les détourne au service d'une idéologie en les faisant parler obliquementdes choses. La modernité est vidée de son sens initial et rempli d’une connotation négatived’une part, mais totalement déconnecté d’une quelconque participation, ou résultat d’unprocessus historique.

On trouve donc dans la croyance en la Santa Muerte un conflit d’origine qui opposele temps long des Aztèques et le temps court de la modernité ; le premier apparaissant ducôté de la légitimité et le second de celui de l’illégitimité. On peut d’ailleurs remarqué que lessites dédiés au culte de la Santa Muerte essayent d’enraciner le plus possible cette dernièredans une filiation préhispanique, créant là aussi un mythe, celui d’un enracinement de laSanta Muerte au sein d’un temps historique légitime. Quant aux sites Internet catholiques, ilsminimisent ce lien historique au profit d’explications récentes issues des supposées dérivesde la modernité et qui seraient la raison de la très récente augmentation du culte à la SantaMuerte. L’origine de la Santa Muerte est donc l’objet de filiations diverses et concurrentes parle biais d’une dialectique entre le temps long des aztèques et le temps court de la modernité.

Or, la ville de Mexico DF manipule elle aussi une dialectique entre l’époquepréhispanique et l’époque moderne, celle-ci commençant à la chute de Tenochtitlan lorsqueles Espagnols menés par Cortés deviennent les maîtres de ce que sont aujourd’hui lesEtats-Unis Mexicains. La ville est d’ailleurs elle-même marquée physiquement par cetteappartenance simultanée au temps long des indigènes et à un temps plus court desEspagnols. En effet, si on se concentre sur l’architecture du centre de la ville et notammentsur la place du Zocalo, on trouve à la fois le palais présidentiel construit par Cortés enstyle colonial mais également à ses côtés les ruines du templo mayor qui était le centrecérémonial de l’ancienne ville aztèque. Au centre de la capitale mexicaine, aztèques etespagnols semblent se regarder pour l’éternité.

Ainsi, nous pouvons considérer que la Santa Muerte apparaît comme une desreprésentations qui au sein de l’espace public de la ville de Mexico DF exprime l’identitéde cette dernière. Or la spatialité de la Santa Muerte semble faire apparaître une proximitéavec le conflit d’identité de la capitale mexicaine, notamment du point de vue des origines.La croyance en la Santa Muerte manipule donc symboliquement un conflit autour de sonorigine, qui est de type identitaire, et que l’on peut rapprocher du conflit de « temps »,d’histoire, sur lequel se base l’identité chilanga.

3) Le mythe du syncrétisme originaire.Comme nous avons pu le constater dans les deux points précédents, l’origine de la SantaMuerte ne semble pas être définie clairement ; du moins cette dernière apparaît-elle commeun thème tant controversé qu’il est difficile de repérer ce qui relève de l’analyse, de ce quirelève du parti-pris, si tant est qu’il soit possible de séparer strictement les deux. Cependantnous avons pu constater que le lien entre la conflictualité sociale issue de la présence dela Santa Muerte et l’histoire de l’espace sur lequel elle s’inscrit, est bien réel et de typeidentitaire.

88 BARTHES Roland. Mythologies.

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C’est ainsi qu’Homero Aridjis89 dans son livre sur la Santa Muerte définit celle-ci commele fruit d’un syncrétisme entre des cultes préhispaniques, certaines branches marginalesdu catholicisme baroque espagnol et le vide existentiel lié à la modernité. En effet, lesyncrétisme exprime cette idée de mélange notamment d’un point de vue religieux entreorigines différentes. La notion de syncrétisme sonne telle un signe de réconciliation de cesfiliations si différentes et permet de penser le mélange des cultures tel qu’on peut l’observerau Mexique en général et à Mexico DF en particulier. Effectivement, il existe par exemple àMexico DF, dans le centre de la ville, une place dite « des trois cultures » qui semble êtrele symbole des propos que nous venons de tenir. Elle doit son nom au fait que se trouventcohabiter sur ce même lieu les restes d’une pyramide de l’antique cité préhispanique deMexico-Tenochtitlan, une église catholique de type baroque et autour de ces monuments,de grandes barres d’immeubles habitationnelles contemporaines (datant des années 70)Sur cette place, on peut lire sur une plaque l’inscription suivante : « Le Mexique d’aujourd’huiest cela, né du mélange entre les racines préhispaniques et les racines espagnoles qui sesont métissées pour mettre la nation en marche vers le progrès »

Ainsi nous pouvons remarquer que cette idée de syncrétisme, de métissage, demélange entre plusieurs origines semble être une grille de lecture privilégiée pourcomprendre ou qualifier l’histoire de la ville de Mexico DF, ou plus généralement le« mexicain », l’essence mexicaine. Il n’est donc pas surprenant de rencontrer une telleexplication pour décrire un fait religieux tel que celui de la Santa Muerte.

D’autre part, nous pouvons noter que l’identité syncrétique de la ville de Mexico DFen elle-même, mais aussi en tant que symbole de la République mexicaine, est affichéecomme telle dans l’espace public. C’est cette identité et non une autre qui est posée commel’unique. La Santa Muerte si on considère qu’elle est issue d’un syncrétisme du type de celuiqu’a pu connaître la ville dans son histoire, on peut se demander alors pourquoi sa présenceest maintenue le plus possible dans le silence par les institutions quelles qu’elles soient.Ainsi, la notion de syncrétisme ne résout pas dans le sens où elle n’explique pas l’existenceproblématique d’une croyance et d’un culte à la Santa Muerte dans l’espace public de laville de Mexico DF.

Il semble donc que cette identité syncrétique revendiquée comme celle de l’espacepublic de la ville de Mexico DF pose problème dans la mesure elle substitue aux rapports deforce entre civilisations différentes l’idée consensuel de mélange entre celles-ci qui seraitdepuis le départ le socle commun de l’histoire de la ville de Mexico DF. Tout comme ontemps à présenter la Santa Muerte comme issue de telle ou telle origine ou bien alors dumélange de plusieurs d’entre elles sans jamais intégrer l’idée de rapports de force voir dedomination entre ces différentes origines. IL s’agit de le noter ici, nous ne sommes pas entrain de faire un procès à l’histoire en essayant de définir laquelle des origines est le plus àl’origine de la Santa Muerte ou de la ville de Mexico DF. Le but ici est de ne pas considérerla question des origines unilatéralement mais de chercher l’identité dans les rapports deconflit qui nécessairement font s’exprimer les identités et font de fait qu’elles s’expriment.C’est pour cela que l’idée de syncrétisme n’est pas satisfaisante pour le sujet qui nousconcerne dans la mesure où elle temps à gommer les rapports conflictuels et de ce fait àfonctionner comme un mythe, c’est à dire comme un détournement de signification au profitd’une idéologie. Cela faisant cette notion apparaît alors dans l’espace public de la ville deMexico DF comme une cause première (comme un mythe de l’origine) plutôt que commeune conséquence.

89 ARIDJIS Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la muerte.

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Si l’on revient à l’identité de Mexico DF, l’idée de métissage entre la culture aztèquepourrions-nous dire et celle importée par les colons espagnols semble oublier un élémentimplacable de l’histoire de la ville, celui de la conquête, de la chute de Mexico-Tenochtitlanqui a été synonyme, non seulement de la fin de la civilisation aztèque mais aussi dudébut de la colonie et de l’exploitation des survivants indiens par les espagnols. Or nousnous entendons pour dire que ce moment évènement revêt une importance capitale étantdonné la coupure qu’il introduit dans l’histoire de l’espace de la ville de Mexico-Tenochtitlanaujourd’hui Mexico DF.

La conquête apparaît comme un bruit sourd dans l’histoire pas temps pour le cycle quecela a terminé ou pour celui qu’elle a commencé, mais pour le choc que fut résolument larencontre des deux. La mort n’est pas étrangère à cet évènement historique, ni réellement,ni symboliquement puisqu’elle termine le cycle de la vie pour en commencer un autre selonla croyance en la Santa Muerte. Cette dernière n’est alors que le lieu de rencontre entre lesdeux tout comme la conquête serait le lieu de rencontre entre deux temps de l’histoire. Noussommes donc en droit de faire l’hypothèse que la croyance et le culte en la Santa Muerteà Mexico DF entretiennent un rapport symbolique avec le choc des temps historiques quefut la conquête.

Dans cette seconde grande partie nous nous sommes intéressés aux relations quepouvaient entretenir la Santa Muerte avec l’espace sur lequel elle s’inscrit qui est celuide la ville de Mexico DF et cela dans une approche autour du triptyque réel/imaginaire/symbolique. Or nous avons pu observer les éléments suivants. Tout d’abord, les débats quiémanent de l’existence de la Santa Muerte dans l’espace public trahissent le conflit entredeux niveaux de signification politique distincts et concurrents à Mexico DF et qui permettentde lire l’identité de la ville selon la bipolarité symbolique de l’espace public qu’elle constitue.Autrement dit, nous avons suivit l’hypothèse que, des conflits symboliques autour de laSanta Muerte, émane l’identité de Mexico DF, c’est à dire ce qui fait sens, ce qui fait MexicoDF n’est pas une autre ville mais bien celle-ci et qu’ainsi, les autres la perçoivent.

La Santa Muerte en tant que médiation symbolique construit une identité par rapportau réel qui sont les dialectiques entre informalité et formalité et marginalité et conformité,qui s’inscrivent elle-mêmes dans une spatialité et une temporalité particulières au sein dela ville. L’aspect conflictuel de l’origine de la Santa Muerte nous amène à penser l’identitéde cette dernière et à travers elle celle de la ville de Mexico DF (et inversement) du coté del’histoire et de la dialectique entre temps long et temps court. Or, un des éléments qui sembleattirer particulièrement notre attention c’est le moment du choc frontal entre les deux pointesextrêmes de cette dialectique du temps. C’est en passant par cette étude particulière dela temporalité que nous essaierons d’entrevoir dans quelles mesures l’identité de la SantaMuerte et celle de la ville de Mexico DF, espace sur lequel elle s’inscrit, se rencontrent l’uneet l’autre. Ce sera l’objet de la dernière grande partie de ce travail.

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III - La Santa Muerte, médiation modernedu « choc des rêves » de la conquête.

Pour cette dernière partie qui sera en quelque sorte l’aboutissement de ce travail nous nousplongerons dans ce que nous pensons être la clef de l’identité de la ville de Mexico DF et quiest un des évènements historiques les plus brutaux, les plus dramatiquement importants del’histoire de l’humanité : La conquête de l’Amérique centrale. Or la conquête de l’Amériquecentrale se fait à partir d’un point unique, centralisateur, névralgique et déterminant qui estl’espace de l’ancienne cité aztèque de Mexico-Tenochtitlan90.

Hernan Cortes le conquérant espagnol arrive pour conquérir ce que sont aujourd’huiles Etats-Unis mexicains avec pas plus de 500 hommes pour un territoire habité par unedes civilisations les plus avancées, celle des Indiens de Méso-Amérique, dominée par lacivilisation aztèque installée dans la vallée de Mexico. C’est la rencontre, le choc entre deshommes qui n’ont aucune idée de l’existence réciproque de l’autre, de ses habitudes, de sahiérarchie, de sa philosophie, de sa religion. C’est un moment où l’histoire se trouve faceà elle-même, où elle n’est plus ni linéaire, ni cyclique, mais où elle doit se contempler elle-même avant de poursuivre sa route. Or le chemin qui a été le sien fut on le sait le massacredes indigènes, la chute de Mexico-Tenochtitlan, la spoliation intégrale et systématiquedes richesses indiennes ainsi que la mise sous servitude de l’intégralité de la populationindigène. C’est ce que nous raconte J.M.G. Le Clézio91 dans son livre intitulé « Le rêvemexicain ou la pensée interrompue. » Ce dernier évoque déjà à lui-même cette coupuretemporelle que fût la conquête pour la pensée indienne qui fut non seulement détenue,coupée dans sa course mais cela pour toujours. C’est d’ailleurs la question douloureuseet pressante que pose Le Clézio : quelle aurait été l’évolution des peuples amérindiens s’iln’y avait pas eu ce choc brutale de la conquête et en parallèle, comment aurait évoluerl’Europe s’il elle n’avait pas basé son identité sur la destruction des racines amérindiennes.C’est donc en nous basant sur l’analyse que fait l’auteur de la conquête du Mexique et plusparticulièrement de la chute de Mexico-Tenochtitlan que nous allons aborder la dernièrephase de la réflexion autour de la croyance en la Santa Muerte. Mais pour ce faire il estnécessaire d’expliquer la démarche qui sera la nôtre et de quelle manière nous lierons lesréflexions l’une à l’autre.

J.M.G. Le Clézio définit la conquête du Mexique comme le choc entre deux rêves : lerêve d’or des Espagnols et le rêve de magie des Aztèques. « Dans le drame de la conquêtedu Mexique, ce qui me semble le plus bouleversant, c’est cette équivoque : d’un coté desgens qui demandent de l’or pour devenir des maîtres, pour acheter, pour posséder, et, del’autre, des gens qui donnent tout leur or en pensant que ce sont des dieux qui viennent

90 La source historique la plus authentique et fiable relatant ce que l'on appelle la Conquête du Mexique est le récit autobiographiquedu conquistador Bernal Diaz del Castillo qui participa à toutes les expéditions de Hernan Cortes. Sa chronique s'intitule Historiaverdadera de la conquista de la Nueva España (Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne). Tous les autres ouvragesqui relatent cette aventure s'inspirent de cette chronique qui constitue, avec les lettres personnelles de Cortès, le seul document établipar un témoin oculaire. La chronique de Bernal Diaz contient en outre de remarquables descriptions des rites aztèques.

91 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.

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réclamer ce qui leur appartient92 » Quand Le Clézio parle de rêve de magie des Aztèques,il se réfère au rapport que ces derniers entretiennent avec le sacré.

Ainsi, nous étudierons les éventuelles relations entre le rapport au sacré dans lacroyance et le culte à la Santa Muerte et le rapport au sacré chez les peuples amérindiens eten particulier cher les Aztèques. L’objectif n’étant pas ici de prendre position dans le conflitautour des origines de la Santa Muerte que nous avons mis en évidence précédemment,mais ce qui dans les similarités et les différences de cette dernière avec la religionpréhispanique nous permet de qualifier l’identité de la Santa Muerte.

Puis nous verrons comment, à partir de ce rapprochement entre la Santa Muerte et lechoc des deux rêves décrit dans l’ouvrage de J.M.G. Le Clézio, nous pouvons appréhenderle sens politique de l’identité de la ville de Mexico DF.

A) La Santa Muerte : un Rapport barbare au Sacré ?Dans « Le Rêve mexicain », Le Clézio distingue les Espagnols des barbares quicorrespondent aux amérindiens. Or, ce qualificatif n’est en rien péjoratif il est utilisé dupoint de vue de la civilisation. Ainsi, pour les colons qui arrivent au Mexique, les Indiens,qu’ils appellent les barbares représentent une sorte d’impossible de liberté qu’ils ne pourrontjamais atteindre parce qu’ils sont justement issus eux de la civilisation. Or cette dimensionbarbare se retrouve dans les rapports qu’entretiennent les peuples indigènes avec le sacré.En effet, la religion telle qu’elle existe chez les Aztèques notamment n’a rien à voir avec ceque l’on connaît dans la religion catholique par exemple. Nous avons pu voir précédemmentque la croyance en la Santa Muerte se trouvait elle aussi être dans une situation de conflit visà vis du catholicisme. D’autre part, nous avons pu établir une éventuelle relation originaireentre les racines aztèques qui pratiquaient avec beaucoup de ferveur le culte à la mortet le culte à la Santa Muerte. Nous nous proposons donc ici de mettre en évidence lesdifférences entre les rapports au sacré dans la religion catholique et les rapports au sacrédans la religion indigène. Il s’agira donc de qualifier la nature de ces différences et dedéterminer si elles sont du même ordre que celles qui sont à l’origine de la conflictualitécrée par l’existence de la Santa Muerte dans l’espace public de la ville de Mexico DF.

1) L’idée d’une communication directe avec le divin.Les sociétés amérindiennes ont toutes en commun la particularité d’être particulièrementreligieuses. En effet, la religion occupe une place très importante et ce jusque dans lemoindre geste de la vie de tous les jours. Mais le rapport entretenu par ces civilisations avecle sacré est d’une nature tout à fait différente à ce que l’on connaît en Occident et c’est sansdoute ce qui explique le choc que fut la découverte des rites religieux aztèques (prenons icicomme exemple les sacrifices) par les colons issus du siècle humaniste de la Renaissance.

En effet, il n’existe pas dans la religion de ces peuples une forme de hiérarchiequi serait le passage obligatoire entre les hommes et les dieux. La plupart d’entre euxvivent une religion sans clergé souvent réduites aux cultes familiaux et aux cérémonies

92 LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. (p 68)

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chamaniques93. Cela s’explique par le fait que les religions indiennes fonctionnent sur leprincipe du messianisme qui admet une communication directe et sans intermédiaire entreles hommes et la sphère du divin. Une pratique catholique comme celle de la confessionoù le fidèle vient confier ses péchés à un curé qui les transmet à Dieu puis qui dans le sensinverse, achemine le pardon de ce dernier jusqu’au confessant, est absolument impensabledans les religions préhispaniques.

En effet, ces dernières de par cette relation directe et immédiate entre les hommes etles dieux permettent à tout homme quel qu’il soit d’atteindre le surnaturel94, de se mettreen communication avec lui.

Cela donne lieu à une appréhension différente de la religion avec laquelle on est liéde manière individuelle95. En effet, étant donné qu’il n’est nul besoin de tierce personnepour permettre l’accès aux sphères du divin, chacun est alors doté d’un rapport privilégié etpersonnel avec ses dieux. Cette dimension nous fait entrevoir le caractère particulièrementlibre de ces religions indiennes qui laissaient à chacun la possibilité de vivre sa foide manière individuelle, directement avec les dieux sans nécessité de contrôle ni dedémonstration particulière. La religion telle qu’elle se vit chez les peuples amérindiens estl’expression d’une foi plus quotidienne, plus aléatoire, plus libre. Or, cette relation entrela divinité et l’homme est absolument opposée aux structures hiérarchisées de l’églisechrétienne. C’est ce caractère violent et irrationnel des religions indiennes qui les opposentau christianisme et qui rend plus cruelle et plus urgente encore la nécessité de convertirles Indiens.

On retrouve nombreux de ces aspects dans la croyance en la Santa Muerte, dansla mesure où son culte, de la même manière ne présente aucune hiérarchie et que lacommunication se fait directement entre le fidèle et la Santa. L’aspect individualisé decette croyance peut s’observer notamment par le fait de porter des insignes à son effigiede manière individuelle comme les tatouages, les médaillons ou encore comme la faitde construire un autel lui étant dédié dans sa propre maison ou sur son lieu de travail.Notons tout de même que cela ne signifie pas que la Santa Muerte ou encore les religionspréhispaniques ne se pratiquent pas collectivement : ce n’est pas le cas. Néanmoins, lerapport au sacré il est vrai ne se fait pas sur un mode collectif mais individuel.

2) Les moyens de communication avec le divin : la prise en compte del’inconscient.

Maintenant que nous avons qualifié le type de rapport qu’entretiennent les peuplesamérindiens avec le sacré et que nous avons établi la similarité ce celui-ci avec ce quel’on peut observer dans la croyance en la Santa Muerte, il convient de s’intéresser auxmoyens de cette communication. En effet, lors de notre étude préalable des pratiques liéesau culte de la Santa Muerte, nous avons pu relever certaines d’entre elles comme étant encontradiction avec la morale catholique. Il semble donc pertinent de se demander si on peutrapprocher ces pratiques en question de celles rapportées par J.M.G. Le Clézio dans sonouvrage sur le Mexique à propos des peuples indigènes. Nous pourrons ainsi en déduirela signification symbolique.

93 Nous aurons l’occasion de revenir sur ce terme un peu plus tard au cours de cette première sous partie.94 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 200)95 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. (p 186, 187)

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L’un des objets particulièrement emblématique de la culture barbare amérindienne estcelui de la pipe de tabac, qui est notamment utilisée au cours des rites de guerre96. Celle-ci se remplit de tabac puis est consumée collectivement au cours de rituels particuliers. Lafumée qui s’en échappe est emprunte d’une signification très importante dans la mesureoù elle permet de communiquer avec les dieux. Nous pouvons ici faire le lien avec ceque l’on appelle le chamanisme,97 pratique très répandue dans la majorité des civilisationspréhispaniques. En effet, la fumée de tabac fonctionne comme une médiation symboliqueentre les êtres humains et la sphère de l’au-delà. Or nous avons pu mentionner auparavantune pratique similaire qui consistait à diriger la fumée d’une cigarette directement sur l’imagede la Santa Muerte pour satisfaire à son plaisir. La symbolique de la fumée est donc similaireà celle observée dans la religion amérindienne et insiste sur cette relation directe entrel’humain et le divin puisque le chemin que prend naturellement la fumée du bas vers le hautsuffit à mettre en place la communication avec les dieux.

De plus, on trouve d’autres moyens pour se mettre en relation avec le divin dans la prisede drogues, dans les rêves, les hallucinations ou encore la transe, autant d’éléments quisont bien sûr différents mais qui sont toujours plus ou moins en relation. Ceux-ci permettentd’entrer dans un contact immédiat et irraisonné avec l’au-delà. La foi apparaît non pascomme le fruit d’une rationalisation de la pensée mais comme quelque chose qui constituel’être humain tant dans son essence consciente qu’inconsciente. C’est donc une sorte demagie qui émane de cette pratique de la foi dans les civilisations préhispaniques ; magiequi n’est pas concevable pour les concepts moraux récemment issus de la Renaissance etdont les colons espagnols sont les porteurs.

De plus, cela confirme l’impossibilité pour ces peuples en questions de penserl’existence d’un clergé quel qu’il soit puisque rêve, la transe, l’usage de drogue relèvent del’expérience personnelle et introduit un rapport privilégié entre la divinité et l’être humain.

Ainsi, ce qui apparaissait comme particulièrement « choquant » ou du moins ce quiattirait l’attention dans le fait de donner en offrande à la Santa Muerte des produits telsque l’alcool ou la marijuana semble soudain relativisé de par sa proximité avec ce que l’onpeut observer dans les civilisations antiques du Mexique. Finalement, cela nous amène àconsidérer un rapport à la divinité de la Santa Muerte différend de ce que l’on a coutume devoir dans les pratiques catholiques. C’est donc moins sur l’aspect vicieux des offrandes àla Santa, qui seraient le symbole du vice de ses fidèles, que sur une conception différentedu sacré qu’il faudrait se focaliser. Cela nous permet de considérer sous un autre angle lesparticularités du culte à la Santa Muerte à Mexico DF.

3) Identité des dieux et des hommes.Les deux points précédents nous ont enseigné que les civilisations préhispaniquesmanipulent un rapport au divin qui accepte la conception d’une communication directe etimmédiat avec les dieux et de manière individualisée ; ce que nous avons pu remarquerégalement dans certaines pratiques. Or ces particularités de la religion indienne sontremarquables également dans la croyance et le culte à la Santa Muerte. Il s’agit d’étudiermaintenant quelles sont les conséquences de ces observations.

96 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 183)97 Le chamanisme ou shamanisme est un système symbolique de médiation entre les êtres humains et les esprits de la

surnature. Cette médiation a une fonction économique au sein de la communauté : gérer l'aléatoire. C'est le chaman qui incarne cettefonction, dans le cadre d'une interdépendance étroite avec la communauté qui le reconnaît comme tel.

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L’aspect direct de la communication entre l’humain et le divin crée un lien réel entreles hommes et le surnaturel, quelque chose de l’ordre d’une relation charnelle98.En effet,si l’on observe la pratique du sacrifice chez les Aztèques par exemple, J.M.G. Le Cléziomontre que le sacrifice des victimes est plus qu’un honneur : c’est la participation rituelle à unmystère où la divinité, le sacrificateur et la victime sont confondus. Nous pouvons donc direen quelque sorte que les dieux ont faim et que les hommes sont leur nourriture. L’hommeest à la fois l’aliment et la substance des dieux. L’auteur montre ici à quel point la limiteentre l’humain et le divin est imprécise99. En effet, tout homme quelque soit son passé ouson origine sociale peut changer sa nature et devenir l’incarnation de la divinité. Il y a doncune identification totale aux forces que représentent les dieux.

Pour les Espagnols qui arrivent et entrent pour la première fois en contact avec lescultures amérindiennes, ce que nous venons de décrire a quelque chose de choquant quiressemble plus à de la sorcellerie qu’à de la religion. Penser une consanguinité des hommeset des dieux est du point de vue de la religion catholique de l’ordre de l’hérésie la plustotale dans la mesure où croire à l’identité de l’humain et du divin, c’est croire à la réalité dusurnaturel, ce qui est contraire aux lois de l’église chrétienne et aux principes de la raisonqui sont les deux supports de l’humanisme du XVI° siècle.

Si l’on revient à la Santa Muerte, on retrouve également cette identification de ladivinité aux hommes et des hommes à la divinité. En effet, nous avions pointé le fait quecontrairement à l’idée de sainteté, attribuée dans le religion catholique à Dieu ou à unepersonne exemplaire notamment du point de vue de la foi, la Santa Muerte combinait enelle le bien comme le mal, les vertus comme les vices, à l’image des humains.

D’après la démonstration que nous avons mis en place, il semble donc que nouspuissions relever un parallèle entre le rapport au sacré chez les peuples amérindiens et celuique l’on peut observer dans la croyance en la Santa Muerte. Les dieux y apparaissent sousune double apparence : l’une humaine et charnelle et l’autre surnaturelle et fugitive. Cesparticularités sont intéressantes pour le sujet qui nous concerne dans la mesure le rapport ausacré va fonctionner comme ce qui médie l’identité de la Santa Muerte. En effet, c’est dansla mesure où la croyance en la Santa Muerte fonctionne sur le mode d’une communicationdirecte et individualisée entre elle-même et ses fidèles qu’elle fait débat dans l’espace publicde la ville de Mexico DF. L’identification entre les la divinité et les croyants entraîne quecelle-ci apparaît bien, dans la lumière de l’espace public comme le symbole divin d’unepopulation avec son organisation, ses valeurs, à son image.

D’autre part, ce type de rapport particulier au sacré est comme nous avons pu le voirplus emprunt à la liberté ce qui peut expliquer l’opposition farouche de l’Eglise catholiquecontre la Santa Muerte. Effectivement, là où cette dernière a mis en place tout au long de sonimplantation sur le territoire mexicain, des lois, des interdictions, des systèmes de sanctions(dont la tristement célèbre inquisition) en somme des procédés qui contraignent la libertéde chacun, la Santa Muerte de par le rapport qu’elle détermine au sacré permet à chacunquel qu’il soit de vivre une foi libre de normes.

C’est donc bien d’un rapport barbare au sacré qu’il s’agit puisque les religionspréhispaniques comme la croyance en la Santa Muerte s’inscrivent dans une foi libre etmagique. Or cette origine magique de l’espace sur lequel on repère la présence de la Santa

98 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 180)99 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue. (p 237)

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Muerte, « ce rêve de magie des Aztèques100 » semble donner lieu à des flux de rêvesqui traversent le Mexique à toutes les époques produisant des explosions d’irrationnel,d’illusion et même d’absurde. Ce pouvoir de rêve conduit à l’époque contemporaine à unerenaissance de l’irrationnel. Cela expliquerait pourquoi le culte à la Santa Muerte plus oumoins enfoui au cours des siècles derniers réapparaît subitement.

Cependant cette subite éruption d’irrationnel dans la mesure où elle est le résultat d’unconflit entre un temps long et un temps court, entre une histoire collective et des destinspersonnels, procède du domaine du symbolique et recouvre donc une signification politiquedans l’espace public considéré. C’est ce que nous proposons d’étudier à présent.

B) Quand le Rêve de Magie se fait Rêve d’Identité.Nous nous attacherons donc au cours de ce point à définir la signification politique dece soudain rêve de magie que l’on peut lire à travers le phénomène de la Santa Muerteà Mexico DF. Mais revenons tout d’abord sur la notion même de rêve. On définit cettedernière101premièrement comme une production psychique survenant pendant le sommeilet pouvant être partiellement mémorisé. Il existe également un autre sens qui entend unereprésentation, plus ou moins idéale ou chimérique, de ce qu’on veut réaliser, de ce qu’ondésire. Quand J.M.G. Le Clézio parle de rêve dans son ouvrage concernant le Mexique,il fait référence simultanément à ces deux niveaux de sens, d’une part le phénomène durêve qui est le fruit du travail de notre inconscient, et d’autre part la production d’un désirfutur et donc d’une production d’imaginaire. Cependant chez les peuples amérindiens, ilrevêt une dimension et une importance supérieure. Pour l’auteur, « le rêve n’est pas unemanifestation gratuite de l’imaginaire. Il faut le rapprocher du pouvoir des rêves au cœurdes civilisations précolombiennes : rêves où les hommes rencontrent les dieux102 » Le rêveapparaît ici comme un voyage pour prendre conscience du futur qui fait que l’histoire de cespeuples semble être une histoire rêvée. Autrement dit, nous assistons ici à une rencontreentre des temps opposés : celui du futur imaginé en rêve et celui du présent en train de sefaire, influencée par le temps rêvée alors que ce dernier n’est pas encore survenu.

Dans la croyance en la Santa Muerte on retrouve le même type de phénomène dansla mesure où le temps imaginé de la mort est mis en relation avec le temps présent danslequel ce temps imaginaire de la mort peut faire irruption à tout moment.

Le rêve de magie couvre donc une dimension semblable dans la mesure où la magieva fonctionner comme une réelle volonté de la pensée et exprimer une signification dansl’espace public.

1) Une unité fondée sur la magie.Puisque nous allons parler ici d’identité, il est important de qualifier les points sur lesquelscelle-ci se forme, c’est à dire contre quoi elle se construit ce qui vient de fait définir lacaractéristique commune.

100 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.101 Dictionnaire Larousse 2004.102 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 216)

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Nous avons pu le constater au cours de notre analyse, les frontières de la Santa Muertesont floues puisque selon le point de vue considéré, ces dernières englobent des réalitésdifférentes qui ne se recoupent pas forcément entre elles. Ici encore, nous irons chercherdu coté des origines de l’espace sur lequel elle s’inscrit afin de déterminer si il est pertinentde lire le phénomène de la Santa Muerte à Mexico DF à travers ces dernières.

Si l’on observe les peuples amérindiens dans leur diversité il semble quelque peucompliqué de leur trouver un dénominateur commun tout en voulant rester précis. Ce quenous fait remarquer J.M.G. Le Clézio dans « Le rêve mexicain », c’est que l’unité des peuplesbarbares est moins dans la politique que dans ce rapport à la magie.En effet, leur unitésemble spirituelle dans la mesure où elle est basée sur les rêves et les augures. La penséene se situe pas uniquement du coté du raisonnement mais le raisonnement lui-même intègrele choix de la magie pour agir sur le réel. Ce trait de caractère des peuples préhispaniquesest d’ailleurs encore marqué aujourd’hui conformément à ce que soutient J.M.G. Le Clézio :« Je crois que toutes les sociétés amérindiennes sont marquées par cette possibilité derecours au rêve. Elles ne considèrent pas le réel comme la solution définitive à tous lesproblèmes.103 » En cela ces sociétés sont profondément opposées, de fait, au christianismedans la mesure où pour les Espagnols, l’autorité fondée sur la magie ne pouvait avoir enaucun cas une valeur humaine104.

Or finalement dans la croyance en la Santa Muerte, le plus petit dénominateur communaux fidèles de cette divinité semble être également ce recours à la magie. Nous avons pul’observer à plusieurs reprises, c’est l’aspect miraculeux de la Santa Muerte qui est invoquépour justifier de cette piété en sa faveur. Ainsi, la confrontation entre les traits communsaux peuples préhispaniques et aux fidèles de la Santa Muerte semblent résider dans cettefaculté à penser le recours à l’irréel. Il semble que cette particularité soit constitutive del’identité mexicaine : « En vivant au Mexique, on s’aperçoit que les gens ont un certainscepticisme vis à vis de tout ce qui paraît utile, de tout ce qui paraît indispensable. Mais jecrois que ce qui lie le Mexique ancien, enfin ce Mexique magique, au Mexique moderne,c’est cette possibilité de s’abstraire de la vie réelle ; c’est de na pas considérer que la vieréelle est ce qu’il y a de plus important ; c’est d’admettre par exemple que les arbres ontune âme.105 »

2) Le rêve d’une identité païenne.Cette unité des peuples barbares autour de l’unité spirituelle qu’est ce rêve de magie, quitraverse n’importe lequel d’entre eux d’une manière ou d’une autre, s’inscrit donc contrela religion importée, imposée par les nouveaux arrivants dans la mesure où ce rêve estcontraire aux valeurs prosélytiques de la Renaissance que sont l’humanisme, la raison etles concepts moraux notamment religieux. Or cette magie n’est jamais séparée du monderéel puisqu’elle exprime l’identité des sociétés amérindiennes jusque dans les actes lesplus simples de la vie quotidienne. On imagine alors la violence et la brutalité du chocque fut la rencontre entre ces deux mondes. Cela explique pourquoi par exemple l’un despremiers gestes de Cortes à la chute de Mexico Tenochtitlan fut très symboliquement debrûler ce que les Espagnols qualifient alors comme des idoles et qui sont les dieux indiens.Le monde étant pour ces derniers considéré comme un tout, comme une union totale et

103 LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine.(p 50)104 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 191)105 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue.(p 48)

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impétueuse entre le divin et le sacré, il leur était absolument impossible de ne pas s’inclinercontre les colons venus d’Europe et qui furent considérés comme des dieux. La cultureet la conception du sacré chez les Aztèques notamment (puisque c’est précisément euxqui eurent à affronter les forces de Cortes) préparaient déjà leur propre chute. C’est ainsiqu’une fois la cité de Mexico Tenochtitlan tombé, la soumission se fit relativement facilement.Cependant les mauvais traitements infligés par les Espagnols aux Indiens et la différenceentre les paroles, les principes énoncés et les actes commis donnèrent lieu à des révoltesindigènes qui de basèrent sur le regain de magie.

En effet, la volonté de ne pas se soustraire aux enseignements religieux entraîna unrenouveau de magie au sein des survivants indigènes. Le refus du christianisme s’apparentealors à l’affirmation violente et désespérée de l’identité indienne à une volonté de retour àla tradition païenne106. Le refus des nouveaux dieux se fait avec une brutalité politique sansprécédent.

Dans cette réaction par l’irrationnel, par la magie des religions indiennes, nous pouvonslire l’élan désespéré de ces peuples de préserver l’identité qui est la leur et qui est baséesur cette magie qui unit le temps imaginaire et rêvé du futur au passé originaire.

Dans le renouveau d’irrationnel exprimé par la présence en augmentation de la SantaMuerte au sein de l’espace de la ville de Mexico DF, on peut lire de la même manière unevolonté de revendication identitaire. La modernisation politique, économique et sociale dela ville dont le contenu et l’idéologie a été imposée par les différents pouvoirs en fonction,soutenus par l’Eglise catholique, a choisi de mettre sous silence toute une partie de lapopulation qui est restée en dehors des progrès réalisés. L’imposition du libre échangeoccidental au coeur de l’organisation du pays n’a fait que renforcer le silence des structuressociétales hérités d’un temps plus long de l’histoire.

Il semble donc que l’on puisse attribuer ce regain de magie au coeur de la sociétéchilanga (à travers la croyance et le culte en la Santa Muerte) à une volonté de réaffirmerune identité que les institutions publiques cherchent à écraser à écarter de l’espace public.Le silence public imposé à une partie de la population se traduit par la revendication d’uneidentité païenne et barbare autrement dit qui s’inscrit contre cette « civilisation » qui ne tientpas ses promesses, contre cette idée de la civilisation qui contredit ses propres principes, àlaquelle elle répond par une liberté morale en toute chose et par un renouveau de l’irrationnelcomme possibilité de concevoir le monde.

3) Mexico DF ou l’espace symbolique de la destinée du mondecontemporain.

L’étude de la croyance en la Santa Muerte dans la ville de Mexico DF nous plonge donc aucœur de ce que J.M.G. Le Clézio qualifie de choc des rêves dans son ouvrage « Le rêveMexicain », c'est-à-dire dans ce drame de la conquête qui voit l’anéantissement des culturestraditionnelles amérindiennes au profit du rêve matérialiste de l’Europe. Ce dualisme quenous avons mis en évidence au cours de cette dernière partie semble caractéristique del’identité de la ville de Mexico DF qui fut le lieu cathartique du choc de la conquête.

Mais si l’on approfondit la réflexion, il semble que cet espace, de par sonidentité, signale jusqu’à la satiété la fracture introduite par l’Europe dans les civilisationstraditionnelles quelles qu’elles soient. La ville de Mexico DF trouve donc son identité dans la

106 LE CLEZIO Jean-Marie G. Le Rêve Mexicain ou la Pensée Interrompue (p 199)

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dialectique entre le crépuscule des civilisations ancestrales et l’aube d’une Europe obscureinitiant la construction de son identité sur la destruction de l’altérité.

La position des Etats-Unis, leader de l’Occident par excellence, en faveur du candidatde la droite libérale, mais surtout contre celui de la gauche populaire aux dernières électionsprésidentielles au Mexique est un très bon exemple de ce que nous venons de décrire. Eneffet, le candidat de gauche prévoyait de renégocier avec son voisin du nord le volet agricolede l’ALENA, traité de libre échange unissant les Etats-Unis, le canada et la Mexique dansla mesure où l’agriculture traditionnelle mexicaine souffre depuis la signature du traité d’unepaupérisation sans précédent qui pousse la population agricole a délaisser cette activité età venir grossir le flot des classes urbaines les plus défavorisées.

On retrouve ici la parole de l’Occident qui incite à la possession par la domination del’Autre et dans le mépris ce qui lie l’homme à ses origines.

Finalement, la ville de Mexico DF apparaît donc comme l’espace par excellence de laconstruction et de la déconstruction du sens du destin du monde contemporain.

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Conclusion

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Conclusion

L’étude de ce que nous avons commencé par nommer le « phénomène de la SantaMuerte » et qui apparaît de prime abord, et pour le regard occidental qui fut notammentle mien lors de mon séjour dans la ville de Mexico DF, comme une curiosité religieuse,nous enseigne finalement beaucoup de l’espace dans lequel elle s’inscrit. Son esthétiquedérangeante autant que fascinante, son existence problématique au sein de la sociétéchilanga, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics et de l’Eglise catholique s’inscriventdans des relations conflictuelles avec le reste de l’espace public au sein duquel nous l’avonsanalysée. C’est de ces différentes confrontations qu’émerge alors l’identité de la société quivit sur l’espace de la ville. La Santa Muerte nous révèle une société aux lignes de fractureparticulières entre une culture officielle et revendiquée comme celle de l’espace par lessphères du pouvoir, et une culture de l’ombre, exclue de la parole publique. Cette dernières’exprime pourtant à travers la Santa Muerte qui fonctionne comme une représentationsymbolique d’une identité au sein de l’espace public. La ville de Mexico DF nous apparaîtalors sous le jour d’une identité duelle, bipolaire dont les deux niveaux de significationpolitiques semblent évoluer au sein du même espace, comme glissant l’une au dessus del’autre, le plus souvent en s’ignorant réciproquement.

De cette observation, il nous restait à déterminer le sens profondément politique. C’estainsi que nous avons formulé l’hypothèse de mettre à jour celui-ci dans la temporalité del’espace de la ville de Mexico DF, notamment dans la confrontation entre le temps long del’espace, celui des peuples préhispaniques et le temps plus court de la modernité. De cepoint de vue, l’origine syncrétique de l’identité de Mexico DF ne semblait pas satisfaisantedans la mesure où elle semblait oublier volontairement l’acte de naissance de la ville tellequ’elle existe aujourd’hui qui se trouve dans la conquête puis la colonisation de l’Amériquecentrale par les Espagnols qui fut rendu possible par l’évènement historique d’une violencesans précédent : la chute de l’antique cité de Mexico Tenochtitlan.

De ce choc entre ce que J.M.G. Le Clézio décrit comme le rêve d’or des Indienset le rêve d’or et de possession des Espagnols, naît le silence éternel des civilisationstraditionnelles de Méso-Amérique, et l’aube du colonialisme planétaire de l’Europe. Maisce rêve de magie a laissé des traces, comme s’il continuait sa marche lente au cœur desterres mexicaines pour surgir sous forme d’explosions d’irrationnel. Ces dernières semblentsonner comme le chant du cygne des cultures préhispaniques anéanties par la victoiredu rêve humaniste de l’Europe imposé par la force au moyen impitoyable de la moralechrétienne. Ainsi, l’étude de la croyance et du culte en la Santa Muerte nous emmène jusquedans cette rencontre, jusqu’à ce moment dramatique du basculement de l’histoire dont laville de Mexico DF est le point d’encrage.

Notre intention ou intuition de départ résidait justement dans la possibilité d’entrevoirl’identité de la ville de Mexico DF à partir de l’étude de la croyance et du culte en la SantaMuerte. Or il n’est pas surprenant de constater qu’un fait religieux (comme celui de la SantaMuerte) nous mène jusqu’au choc de la conquête puisque dans cette dernière l’Eglisecatholique a joué un rôle sans précédent. En effet, dans des cultures où le monde est vuecomme un tout unissant dans la même identité le réel et l’irréel, l’humain et le divin, lesconcepts moraux du catholicisme ont permis ce silence définitif des indiens. La ville de

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Mexico DF est d’ailleurs le témoin de la brutalité de l’antagonisme religieux que met enscène la conquête, puisque sur la place centrale de la ville, celle du Zocalo, à coté desruines de ce qui était le plus grand centre cérémoniel de la cité de Mexico Tenochtitlanse dresse l’imposante cathédrale construite par Cortes à la chute de la cité aztèque. Lesdeux monuments semblent représenter la violence cathartique du choc culturel que fut laconquête pour l’éternité. Ainsi, plus que dans tout autre endroit peut-être, le facteur religieuxsemble raconter à Mexico DF, l’identité de la ville.

Enfin, et pour élargir peut-être l’impact du sujet, il semble que ce dernier en dehors cequ’il nous apprend sur lui-même, c'est-à-dire sur l’identité de la ville de Mexico DF, c’est surla manière même d’aborder l’événement historique de la conquête qu’il nous renseigne. Eneffet, nos sciences sociales occidentales ont tendance à envisager cet épisode d’un pointde vue essentiellement technique, réel, en s’appuyant notamment sur l’inégalité techniquedes deux civilisations qui se rencontrent pour la première fois au moment de la conquête.Or c’est encore une manière de considérer l’histoire de cette rencontre du point de vueunidimensionnel de l’Occident qui place la valeur matérielle au dessus de tout autre et quitend à lire l’histoire selon cette dernière. Pourtant, comme nous avons pu le voir la culturemême des peuples préhispaniques, leur propre conception du monde comme un rêve demagie entrouvrait la possibilité de leur perte définitive. Cette approche du phénomène de laSanta Muerte se voulait donc également, dans la mesure du possible, militante.

« La réalité est un secret, c'est en rêvant qu'on est près du monde »J.M.G. Le Clézio, Ailleurs.

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Bibliographie

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Bibliographie

Définitions et concepts

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Livres étudiés

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LE CLEZIO Jean-Marie. Ailleurs, Entretiens avec Jean-Louis Ezine. Paris, Arléa, 1997,125 p.

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1989.ARIDJIS Homero. La Santa muerte, sexteto del amor, las mujeres, los perros y la

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Articles

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http://www.metareligion.com/Religiones_del_mundo/Otras/santa_muerte.html

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http://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.htmlSites Internet d’obédience catholique se positionnant contre le culte et la croyance en laSanta Muerte.

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http://desdelafe.com.mx/index2.php?option=com_conten&do_pdf=1&id

Sites Internet consacrés à la Santa Muerte.

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Bibliographie

Denisot Marie - 2007 67

http://lasanta.mx.tripod.com http://mx.geocities.com/e_franciscomx/LaSantaMuerte.html

http://www.santamuerte.galeon.com/

http://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558VGPhttp://miarroba.com/foros/ver.php?foroid=1061577&temaid=5754423

http://santamuerte1.galeon.com/

http://www.arcane-archive.org/religion/santa-muerte-revista-gratuita-1.php

http://www.pedroengel.cl/santamuerte/index.html

Forums de discussion consacrés à la Santa Muerte

http://foro.univision.com/univision/board.id=santamuerte

http://foro.univision.com/univision/board/message?board.id=santamuerte&message.id=24378

http://foros.forosmexico.com/archive/index.php?t-30927.html

Paroles de chanson

Cartel de Santa. Santa Muerte. Cartel de Santa, 2003.

Filmographie

GONZALEZ INARRITU Alejandro. Amorres Perros. 2000, 153 min.

GOMEZ Fermin. Don de Dios. 2003, 92 min.

Photographie

SALGADO Jorge. Espera, technique numérique, 2004, (consultée le 16 juin 2007)http://www.treklens.com/gallery/North_America/Mexico/photo58749.htm

http://www.revista.unam.mx/vol.7/num8/art65/int65.htm

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Annexes

Annexe 1 : Photographies de la Santa Muerte

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Annexe 2 : Paroles de la chanson Santa Muerte deCartel de Santa.

Especial dedicacion a mi santa muerte por protegerme y proteger a toda mi gente por serjusta entre las justas por dejarme seguir vivo por darme la fuerza para castigar al enemigo por la vendicion a mi fierro pulso sertero y por poner a mi lado una jauria de fieles perros No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi notengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Estoylisto pa' cuando usted guste y mande santa madre no quiero molestarle yo llegue paraquedarme en el recuerdo de mis dos familias la de sangre y la que se le conoce en lasesquinas mi jauria banda que crece en soledad que muchas veces aunque tienen a sujefes no saben lo que es una familia de verdad usted abre nuestros ojos a la realidad dicen

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que morir es despertar yo no se si hay un cielo o un infierno pero lo unico seguro en estavida es ustedes solo entiendo. No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando ustedme invite nos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted meinvite nos vamos por ahi No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invitenos vamos por ahi no tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nosvamos por ahi Santa muerte cumplo con mi ofrenda y solo la inspiracion cumple con elfavor por que eso va hacer que mi disco venda que mis perros entiendan que usted es lapuerta la nueva aventura no se si lo que creo es producto de mi locura pero si me voy yoprimero alla los espero para seguir quemandonos la pastura rompan las ataduras y todoslos prejuicios si les preocupa su cuerpo midanse con los vicios despertar debe ser comoir callendo a un precipicio donde al llegar al suelo te das cuenta de que estas en el inicio No tengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi notengo miedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi No tengomiedo a brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi no tengo miedoa brincarme ya de aqui cuando usted me invite nos vamos por ahi Especial dedicacion ami santa muerte por protegerme y proteger a toda mi gente por ser justa entre las justas por dejarme seguir vivo por darme la fuerza para castigar al enemigo por la bendicion ami fierro pulso sertero y por poner a mi lado la jauria de fieles perros cuando usted meinvite nos vamos por ahi.

Annexe 3 : Exemples de tatouages de la Santa Muerte.

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Annexes

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Annexe 4 :Exemples de prières dédiées à la SantaMuerte.

Oración a la santísima muerteEn en nombre del Padredel Hijo y del Espíritu Santo,inmaculado ser de luz,te imploro me concedas los favoresque te pida, hasta el último día,hora y momento

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en que su Divina Majestadordene llevarme antesu presencia.Muerte querida de mi corazón,no me desampares con tu protección.

Oración a la santa muerte para atraer al ser amadoSanta Muerte,auxiliadora de los hermanosque se encuentran sin amor;te invoco para que atraigasa mi vida (decir en este momentoel nombre de la persona deseada)para que por medio de amory felicidad sea quien llenemi alma de paz y tranquilidad,ya que en la energía divinaque fluye dentro demi corazón, están depositadaslas virtudes de todo el universo,pues Dios Padre Universal ayudarápara que esto sea realizado. Terminada la oración, inmediatamente debe encender una vela roja para que atraiga

a es ser amado por el amor divino. Rece tres Padrenuestros y esta oración diariamente.

Oración a la santa muerte para atraer la buena fortuna en los negocios y en el hogar. (Si reza esta oración, la Santa Muerte le auxiliará en sus ventas y en la paz de

su hogar.)Muerte Querida de mi corazón,no me desampares de tu proteccióny desde este momento cubre mi casa,trabajo o negocio para que atraigasenergías blancas del Universopara que nunca falte naday que todas nuestras necesidadessean cubiertaspor la energía Divina

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Annexes

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del Dios Padre.Por las virtudes que tú poseeslograré vencer todoslos obstáculosy no se interpondrán personasque sean mi mal,sino gente positivaque sólo sabe amar y respetara todos los seres humanosque habitamos en este planeta.No ambiciono riquezas,sino una vida justay sin carencias de nadaprotégeme de noche y de día. Posteriormente se rezan tres Padrenuestros y se enciende una vela blanca para

agradecer los favores de Dios Padre.

Oración a la santa muerte para limpiar un negocio. Esta debe realizarse cada semana en el local, oficina o taller donde desee hacer

la limpia: Ingredientes:Una imagen de la Santa Muerte7 ramas de romeroAgua de siete iglesias7 velas blancas. Instrucciones: 1.Coloque la imagen de la Santa Muerte en un altar y encienda una vela blanca. 2.En un recipiente debe vaciar el agua de las siete iglesias, después deberá colocar

las 7 ramas de romero dentro del mismo y dejar la mezcla por espacio de 7 días. 3.El recipiente con la mezcla se deja frente a la imagen de la Santa Muerte. Al

transcurrir el tiempo señalado riegue el agua en su negocio y repita 7 veces la siguienteoración:

Romero benditode dios consagradoque fuiste nacidono fuiste sembrado.Romero bendito,

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por la virtud que Dioste ha dado, te pidoque entre lo buenoy salga lo malo. Finalmente rece un Padrenuestro y tres Avemarías y la Santa Muerte estará siempre

a su lado para ayudarle.NOVENA (Oración para todos los días) Se requiere una prenda o un retrato que haya pertenecido por un tiempo a la

persona que te abandonó o a quien se trate de atrapar. Si se trata de una fotografía, debe escribirse al reverso el nombre de la persona

interesada con el apellido de la persona ausente o a cautivar y abajo el nombre de la personaa atrapar (o ausente) con el apellido de la persona interesada (a esto se le llama en magia"ligar")

Se toma el retrato y la estampa de la Santa Muerte, se deben atar en cruz (con unlistón rojo ), hasta que sobren cuatro dedos de punta. La primera noche se hace un nudo,rezando la oración de la Santísima Muerte, la foto se ata junto con la imagen, formando unnudo noche a noche durante nueve días.

En el supuesto caso que no diera buenos resultados rápidamente, se debe dejardescansar una noche y a la siguiente se debe iniciar nuevamente la Novena.

Lo anterior debe realizarse en un aposento a solas, sin olvidar que la petición debehacerse con mucha paciencia y más fe, hasta que se completen tres Novenas.

Algo importante es que la oración se reza a avanzadas horas de la noche, ya que elobjetivo es localizar al espíritu de la persona cuando se encuentre descansando. El trabajose realiza una vez, aunque se hagan más Novenas.

(Nota: según el género del practicante, puede decirse fulano o fulana y tambiénen plural, adaptando la plegaria según sea el caso específico.)

"JACULATORIA "Muerte querida de mi corazónpara que no me desamparesde tu protección.Y no des a fulano (decir nombre de la persona)un solo momento de paz,inquiétalo a cada instante y no dejes de molestarlopara que siempre pienseen mí. Amén (se rezan 3 Padrenuestros).Source : http://mx.geocities.com/e_franciscomx/Oraciones-LSM.html

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Annexes

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Annexe 5 : Exemple de mises en garde contre la santaMuerte sur un site Internet catholique.

¿Quién es la muerte? “Morir, sólo es morir. Morir, se acaba...” Así describe el muyrecordado escritor José Luis Martín Descalzo a la muerte. Y más que un estilo poético,recalca una verdad de fe. La muerte es una consecuencia de nuestro pecado original.No es un castigo de Dios, sino una privación de los bienes que tenían Adán y Eva antesde desobedecer a Dios Padre. Cristo quiso hacerse hombre, padecer, morir y despuésresucitar para alcanzarnos la salvación eterna. De esta forma, la muerte para el cristiano,aunque no deja de ser dolorosa y misteriosa, tiene un sentido positivo y se convierte enun paso de este mundo al Cielo en donde estaremos en presencia de Dios, y en dondetendremos dicha completa. Por eso, se entiende esta frase bíblica: “ Cristo ha vencido a lamuerte”. ( Catecismo de la Iglesia Católica nos. 410-421, 1010-1014). Con la muertese experimenta una separación real de cuerpo y alma. El cuerpo del hombre continúaun proceso de corrupción –como cualquier materia viva– mientras que su alma va alencuentro de Dios. Esta alma estará esperando reunirse con su cuerpo glorificado. Con laresurrección, nuestros cuerpos quedarán incorruptibles y volverán a unirse con nuestrasalmas. Dios nos dio una vida temporal en la tierra para ganarnos la vida sobrenatural.Con la muerte termina nuestra vida en la tierra. ( Juan 5, 29, cf. Dn. 12,2). Desde queCristo venció la muerte y nos dio nueva vida, el cristiano mira a la muerte con una granesperanza. Esto no quita, sin embargo, que uno sufra cuando ve que nos dejan los seresque más amamos, o sienta miedo cuando vea que le llega la hora de la enfermedad y de lamuerte. Pero también, en medio del dolor y del sufrimiento, el cristiano puede levantar losojos y contemplar a Cristo, que dio su vida por nosotros, que murió a nuestro lado, que nosrescató con su Resurrección y nos espera con los brazos abiertos en la vida futura. Cristonos dice: "Yo soy el Camino, la Verdad y la Vida" (Jn 15). Por medio de la muerte nosotrosllegamos a la vida. No podemos estar en el Cielo si no dejamos la vida terrena. Por lo tanto,es un paso necesario para llegar al Cielo. La muerte a todos nos puede causar tristeza.Pero no nos puede abatir. ¡Cristo es la respuesta a la vida y a la muerte! ¿A Quién sele debe culto? Bien conocido es el pasaje del Evangelio en el cual un doctor de la Ley lepregunta a Jesús sobre cuál es el principal mandamiento de la Ley y la respuesta: “Amarása tu Dios con todo tu corazón, con toda tu alma y con toda tu mente. Este es el mayor yprimer mandamiento”. (Mateo 22, 36-38). Ya en el Antiguo Testamento, encontramos elmandato de Dios: “Yo, el Señor, soy tu Dios, que te ha sacado del país de Egipto, de lacasa de la servidumbre. No habrá para ti otros dioses delante de mí” . (Ex. 20, 2) Estemandato lleva como consecuencia la necesidad de vivir la fe, la esperanza y la caridad.Así como la virtud de la religión. La virtud de la religión es la virtud moral, por la cual elhombre tributa a Dios el culto que le es debido en justicia, como Creador y Ser Supremo. Amar a Dios como al Ser supremo es una virtud. Podemos definir la virtud de la religióncomo el hábito de amar a Dios por encima de todo. Se exterioriza por medio de los actosde culto y por el cumplimiento de los Mandamientos. El culto: son las acciones a travésde las cuales el hombre expresa su relación de amor y respeto a Dios. Existen diferentestipos de culto: Interno: culto que se rinde a Dios en la conciencia, en el corazón, en lainteligencia y la voluntad. Es el fundamento de la virtud. (Mateo 15, 8) Como pueden serla devoción, es decir, la disponibilidad y la generosidad ante lo referente al servicio a Dios,y la oración. Externo: manifestaciones externas en actos visibles, de la relación que sevive con Dios. Hay diferentes categorías de culto: Adoración: culto interno y externo quese tributa a Dios y que en sentido estricto solo se debe a Él, porque como criaturas sóloexistimos por Él. Se llama de “latría”. Veneración: culto que se tributa a los santos. A ellos

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nos encomendamos para que nos alcancen por su intercesión las gracias de Dios. Esteculto se llama de “dulía”. Una veneración especial: reservada a la Santísima Virgen por sudignidad de Madre de Dios. A este culto se le llama de "hiperdulía”. El culto a las imágenessagradas, fundado en el misterio de la Encarnación del Verbo de Dios, no es contrario alprimer mandamiento. El que venera una imagen, venera en ella al modelo, a la personaque representa. Es una veneración respetuosa no una adoración que sólo corresponde aDios.(Catesismo 2132, 2141) ¿Es Santa la “niña blanca”? Recordemos que sólola Iglesia, guiada por el Espíritu Santo, tiene la facultad de proclamar la santidad de unapersona. Cuando popularmente se tiene a un difunto como santo que no ha sido reconocidopor la Iglesia, puede ser que: 1. La devoción de la gente acierte y años más tarde el difuntosea oficialmente reconocido por la Iglesia como santo. 2. Puede que el difunto sea santopero que nunca sea reconocido canónicamente. 3. Puede que la gente se equivoque. Lagente se identifica con quien tuvo luchas, sufrimientos y tragedias. Pero no es suficientesufrir para ser santo, hace falta vivirlo todo con heroico amor y fidelidad a Jesucristo. Ladevoción a los verdaderos santos está orientada a imitarlos en su total obediencia a Dios. Para concluir recordemos lo que la Sagrada Congregación para el Culto Divino ha dichosobre los peligros que pueden desviar la piedad popular y las sugerencias que propone paraponer remedio a estas eventuales limitaciones y defectos que de ella se derivan. 65.ElMagisterio, que subraya los valores innegables de la piedad popular, no deja de indicaralgunos peligros que pueden amenazarla: presencia insuficiente de elementos esencialesde la fe cristiana, como el significado salvífico de la Resurrección de Cristo, el sentido depertenencia a la Iglesia, la persona y la acción del Espíritu divino; la desproporción entrela estima por el culto a los Santos y la conciencia de la centralidad absoluta de Jesucristoy de su misterio; el escaso contacto directo con la Sagrada Escritura; el distanciamientorespecto a la vida sacramental de la Iglesia; la tendencia a separar el momento cultual delos compromisos de la vida cristiana; la concepción utilitarista de algunas formas de piedad;la utilización de "signos, gestos y fórmulas, que a veces adquieren excesiva importanciahasta el punto de buscar lo espectacular"; el riesgo, en casos extremos, de "favorecer laentrada de las sectas y de conducir a la superstición, la magia, el fatalismo o la angustia". 66. Para poner remedio a estas eventuales limitaciones y defectos de la piedad popular,el Magisterio de nuestro tiempo repite con insistencia que se debe "evangelizar" la piedadpopular, ponerla en contacto con la palabra del Evangelio para que sea fecunda. Esto "laliberará progresivamente de sus defectos; purificándola la consolidará, haciendo que loambiguo se aclare en lo que se refiere a los contenidos de fe, esperanza y caridad". Enesta labor de "evangelización" de la piedad popular, el sentido pastoral invita a actuar conuna paciencia grande y con prudente tolerancia, inspirándose en la metodología que haseguido la Iglesia a lo largo de la historia, para hacer frente a los problemas de enculturaciónde la fe cristiana y de la Liturgia, o de las cuestiones sobre las devociones populares.

Source : http://es.catholic.net/sectasapologeticayconversos/243/1456/articulo.php?id=21521

Annexe 6 : Les lieux de présence de la Santa Muerte àMexico DF.

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Annexes

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Vue générale des lieux de présence de la Santa Muerte à Mexico DF.

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Source : http://www.maps-of-mexico.com/distrito-federal-df-mexico/mexico-df-distrito-federal-mexico-map-main.shtml

Annexe 7 : Liste des principaux sites Internetmentionnant la Santa Muerte.

Sites mentionnant la Santa Muerte.http://mx.geocities.com/e_franciscomx/LaSantaMuerte.html

http://www.monmexique.com/santa-muerte.htmhttp://www.santamuerte.galeon.com/http://muertesanta.galeon.com/http://www.univision.com/content/content.jhtml?cid=242599http://www.desdelafe.com.mx/index.php?

option=com_content&task=view&id=561&Itemid=31http://articulo.mercadolibre.com.mx/MLM-14571534-amarre-de-la-santa-muerte-solo-

casos-dificiles-_JM

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Annexes

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http://www.meta-religion.com/Religiones_del_mundo/Otras/santa_muerte.htmlhttp://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558-VGPhttp://www.conaculta.gob.mx/saladeprensa/2004/03mar/muerte.htmhttp://miarroba.com/foros/ver.php?foroid=1061577&temaid=5754423http://www.armagedon.com.mx/lasantamuerte/http://foro.univision.com/univision/board/message?

board.id=santamuerte&message.id=24378http://akanis.blogspot.com/2007/02/blog-post.htmlhttp://www.udlondres.com/revista_psicologia/articulos/stamuerte.htmhttp://santamuerte1.galeon.com/http://mundodesombras.com/?cat=21http://www.istmoenlinea.com.mx/articulos/28412.html?

PHPSESSID=6263fe8c84deaddhttp://www.arcane-archive.org/religion/santa-muerte-revista-gratuita-1.phphttp://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.htmlhttp://www.pedroengel.cl/santamuerte/index.htmlhttp://www.uaq.mx/fcps/tribuna/332/soc11.htmhttp://kikeblogg.blogspot.com/2006/05/sensacional-de-mercados-3-santa-muerte.htmlhttp://casadelasantamuerte.spaces.live.com/

Sites Internet où l’on peut acheter des articles en relation avec laSanta Muerte

http://www.elistas.net/lista/redsantamuerte/archivo/msg/173/http://articulo.mercadolibre.com.mx/MLM-14571534-amarre-de-la-santa-muerte-solo-

casos-dificiles-_JMhttp://www.santamuerte.galeon.com/http://guia.mercadolibre.com.mx/santa-muerte-culto-altar-y-proteccion-11558-VGP

Forumshttp://foro.univision.com/univision/board?board.id=santamuerte

http://forums.terra.com/foros/horoscopo/Mistisismo_y_Esoteria_F57/mensaje_P709073

http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/http://boards5.melodysoft.com/app?ID=redsantamuertehttp://mx.answers.yahoo.com/question/index?qid=20060623140827AAgpMAQhttp://manueldiez.blogspot.com/2007/06/los-amantes-de-la-santa-muerte-i_878.html

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http://foros.hispavista.com/esoterismo_ocultismo/2/809644/m/la-santa-muerte/http://www.ochocuartos.com/archivo/2006/12/05/por-la-ciudad/la-santa-muerte-.phphttp://www.pedroengel.cl/cursos/Santa%20Muerte.htmhttp://www.tusantamuerte.com/http://www.angelfire.com/crazy3/diablita/LaSantaMuerte.htmlhttp://deliriosdelfauno.blogspot.com/2007/04/la-santa-muerte.htmlhttp://www.misrespuestas.com/que-es-la-santa-muerte.htmlhttp://mx.groups.yahoo.com/group/lasantamuerteclubdemagia/http://foros.forosmexico.com/archive/index.php?t-30927.html

Articles d’opinion.http://www.elporvenir.com.mx/notas.asp?nota_id=70694

http://www.jornada.unam.mx/2005/06/01/024a1eco.phphttp://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=114661http://www.gentesur.com.mx/articulos.php?id_sec=7&id_art=405&id_ejemplar=137http://www.periodismocatolico.com/archivo/b031022/06.htmhttp://www.el-universal.com.mx/espectaculos/77217.htmlhttp://www.cuatro.com/microsites/cuartomilenio/programa32.htmlhttp://revistaespejo.iglesiatriunfante.com/modules.php?

name=News&file=article&sid=2272http://www.jornada.unam.mx/2007/04/07/index.php?

section=espectaculos&article=a08n1esphttp://www.voltairenet.org/article125582.htmlhttp://www.esmas.com/nationalgeographic/reportajes/493798.htmlhttp://www.comunidadcristiana.agenciacatolica.com/modules/news/article.php?

storyid=273http://www.milenio.com/index.php/2007/06/22/84001/http://news.bbc.co.uk/hi/spanish/latin_america/newsid_4500000/4500899.stmhttp://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=139132http://www.eluniversal.com.mx/notas/435022.htmlhttp://www.elsalvador.com/hablemos/2004/280304/280304-5.htmAnnexe 8 : Exemple de bulletin d’information que l’on peut recevoir gratuitement par

le biais d’un site Internet.©LA RED DE LA SANTA MUERTEwww.santamuerte.galeon.comDesde México, Distrito Federal para 3119 suscriptores certificados por eListas y 2300

suscriptores a través de nuestro servidor, en todo el mundo.

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Annexes

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Número 9PRIMERA QUINCENA AGOSTO 2007©LA RED DE LA SANTA MUERTE es la primera revista boletín digital de suscripción

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Para cualquier duda sobre los artículos, las recetas o rituales que aquí publicamosescríbenos inmediatamente. Lo mismo nos interesa tu opinión, el intercambio con otroslectores devotos de la Señora, así como tu apoyo para que publiquemos más recetasrituales y trabajos que te hayan funcionado y desees compartir con otros lectores. Si quieresun tema en especial pídelo y por supuesto no dejes de recomendar esta red entre todos losdevotos de la Santísima Muerte. El correo es [email protected]

También te sugerimos visitar nuestra página www.santamuerte.galeon.comEN ESTE NUMERO TE PRESENTAMOS AGOSTO MES DE LA SANTA MUERTE

1. CUANDO NO PODEMOS TENER UN ALTAR EN NUESTRA CASA (Segunda parte)2. SIGUE LA COLABORACIÓN CON JUAN AMBROSIO3. NUESTRO DIRECTORIO DE CAPILLAS ABIERTAS AL PÚBLICO4. RITUAL PARA LLAMAR A LA PAREJA QUE ESTÁ LEJOS DE NOSOTROS5. EL CORREO DE LA SANTA MUERTE (PREGUNTAS DEL LECTOR

AGOSTO MES DE LA SANTA MUERTEEs un gusto saludar a todos los miembros de LA RED DE LA SANTA MUERTE en

este mes de agosto que como muchos saben se festeja a la Santa Muerte en dos de sussantuarios más importantes el de Tepatepec, Hidalgo y el de Tepito en la ciudad de México.

Como lo habíamos señalado en nuestro número anterior nuestro amigo Carlos Aguilarnos informó que se cambió la fecha del festejo del Santuario de Nuestra Señora enTepatepec, Hidalgo. Al parecer, según nos dice Carlos, va a ser el día 18 de agosto y noel 20 como tradicionalmente se acostumbra.

Recién también se llevó a cabo la celebración en Zacatecas donde el 27 de julio pasadovarios miembros de la Red estuvimos presentes para su festejo. Con esto podemos decirque entre finales de julio y principios de agosto se llevan a cabo las principales festividadesde la Señora, aunque no hay que olvidar que a lo largo del año hay otras fechas de las queestamos al pendiente para llevarles los pormenores.

Por esta razón pedimos a nuestros miembros que los días de celebración haganoración junto con los días en que normalmente lo hacemos. Recuerda que la plegaria queusamos está en nuestra página www.santamuerte.galeon.com para que todos podamosfortalecer nuestras súplicas a una misma hora.

Como ya es costumbre y debido a la gran cantidad de gente que no se ha podidoinscribir en nuestros cursos vamos a seguir con ellos durante este mes para que vayan

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apartando su lugar con tiempo suficiente. Nuestra amiga Marilotzin encargada de losmismos les hará llegar en unas horas más las respectivas invitaciones.

En cuanto a nuestro directorio de capillas públicas nuestro amigo Juan Ambrosio yaestá terminando la primera parte que será puesto en nuestra página principal y que iremospublicando en este mismo boletín. Recuerden que si saben de capillas que estén abiertasal público escríbanos para poder incluirlas aquí.

También nos comenta Juan que ha recibido mucho apoyo por parte de todos losintegrantes de la red sobre las publicaciones que han aparecido en todo el país y aún fuerade él y donde se habla de Nuestra Señora por lo que seguimos pidiendo su colaboraciónpara tener todas las noticias que vayan surgiendo.

Finalmente les cometamos que en un par se semanas volveremos con nuestraspromociones de platería que tanto han gustado por lo que les pedimos estén al pendiente.

Por favor les pedimos a todos los miembros de la RED que estén interesados enalgún tema en especial, pídanlo y en la medida de nuestras posibilidades estaremospublicándolo en nuestro boletín o en nuestra página, recuerden que todas las sugerenciasson bienvenidas así como las críticas o comentarios.

Recuerden que esta revista boletín es gratuita, por lo mismo tratamos de que llegue almayor número de creyentes, si quieres consultar los números pasados ve a nuestra páginacentral de suscripción y allí encontraras los números anteriores así como los suplementosen nuestra sección de mensajes.

También estamos trabajando sobre la página y las numerosas propuestas ysugerencias que nos hacen para mejorarla. Si tienes algo que decirnos no dudes ymándanos un correo a [email protected] y con gusto te responderemos a labrevedad posible.

Patricia VázquezCUANDO NO PODEMOS TENER UN ALTAR EN NUESTRA CASA (Segunda parte)Por MarilotzinEn el número pasado vimos algunas formas de representar a la Santa Muerte en

nuestra casa, esto solamente cuando había razones fuertes para no tener la imagen comodebe ser. Ahora y para concluir vamos a ver como se le representa por medio de unaveladora blanca y un vaso con agua. Es una forma aparentemente sencilla pero como todo,tiene sus pros y sus contras.

La representación de la Señora por medio de una veladora blanca y el vaso con aguatiene un significado, un simbolismo; agua y fuego en perfecto equilibrio, el agua es muertepero en su contenido hay vida es creación de vida, y el fuego es lo que da la fuerza paraque esa vida que viene de la muerte exista. Entonces si ponemos un vaso con agua yuna veladora blanca estaremos indicando que allí esta la esencia de Nuestra Señora, perodebemos cumplir con ciertos requisitos y características.

Primero la veladora siempre deberá estar encendida, algo difícil de conseguir, ya quesi no hay luz, no hay fuerza y pierde sentido la representación de la Señora.

Segundo, el agua debe ser cambiada constantemente ya que no se puede permitir unestancamiento de la energía en el agua. Un estancamiento igual que la falta de luz rompeel simbolismo.

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Annexes

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Tercero, la representación de Nuestra Señora de esta forma debe consagrase en lunallena.

Cuarto, este tipo de representación de Nuestra Señora se usa normalmente cuandohay algún enfermo en casa, en hospitales o cuando pasamos por ciertos problemas dearmonía entre los miembros de un hogar.

Quinto, por lo general sólo se usa por temporadas de nueve días ya que es difícilmantener en perfecto equilibrio los dos elementos. Por esta razón solamente lo indicamoscuando efectivamente tengamos algún enfermo en casa y no como una representaciónpermanente.

Bueno, por ahora terminamos con las representaciones de la Señora no sin antesindicar que hay otras formas de señalarla, representarla o formarle un altar pero hay quetener ciertos conocimientos un poco más amplios para ello. Por lo que siempre sugerimoslo más sencillo que es tenerla tal y como deber ser, en toda su fuerza y esplendor, por loque en lugar de buscar una alternativa para indicar su presencia en nuestra casa, mejorbusquemos la forma de hacerles saber a los demás que ella es nuestro amparo y por lomismo deben respetar nuestra creencia.

Si hubiera alguna duda escríbenos a [email protected] poniendo enasunto, pregunta a Marilotzin, y con gusto te responderé en nuestro siguiente número.

SIGUE LA COLABORACIÓN CON JUAN AMBROSIONuestro amigo el escritor Juan Ambrosio, autor del libro LA SANTA MUERTE,

BIOGRAFÍA Y CULTO agradece el apoyo que ha recibido por parte de los miembros dela RED para obtener información que constantemente está apareciendo en los periódicos,revistas y volantes de las distintas ciudades hasta donde llega este boletín ya que graciasa eso tenemos muchos más datos sobre el culto a la Señora en todo el país y aun fuerade él. Por lo que continuamos solicitándoles su apoyo en esta labor que sin duda ayudaráa conocer más sobre nuestra Santísima Muerte.

La información se puede mandar con el recorte de la página del periódico, revista ofolleto o en copias. También se puede enviar el periódico, revista o folleto completo o sepuede escanear la nota y mandarla por correo electrónico.

La dirección de correo normal dónde pueden enviar su material es:Juan AmbrosioApdo. Postal 120-003Cruz Verde Núm. 54 Col. CuauhtémocC.P. 10021 México. D.FSi lo van a mandar por correo electrónico escriban a:[email protected] DE LA SANTA MUERTE ABIERTAS AL PÚBLICOTambién agradecemos a todos los devotos y miembros de la RED que nos han estado

enviando direcciones propias o de otros de capillas abiertas al público donde se venera aNuestra Señora. Por supuesto que atendemos las sugerencias que nos hacen en el sentidode que los datos que solicitábamos la vez pasada a muchos les parecieron excesivos, porlo que ahora y con la idea de tener más lugares a dónde acudir a expresar nuestro fervorles pedimos solamente los siguientes datos:

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1. UBICACIÓN DE LA CAPILLA.- Es decir la dirección completa y si se puede un brevecroquis del lugar. También conviene saber que medios de transporte se usan parallegar a la capilla.

2. PERSONA O PERSONAS RESPONSABLES DE LA CAPILLA.- Su nombre dirección,teléfono o alguna forma de comunicarse con ellos..

3. TIEMPO QUE LLEVA LA CAPILLA ABIERTA.- El tiempo desde que se abrió hasta lafecha

4. HORARIO DE VISITA. Que horario manejan y en que días.5. ACTIVIDADES DE LA CAPILLA.- Pueden ser novenarios, rosarios, días de oración o

cualquier actividad que allí se realice.6. SI ES POSIBLE, MANDAR FOTOGRAFIAS DE LA CAPILLA Y DEL ALTAR

PRINCIPAL.

Como señalábamos en el número anterior, normalmente nuestro amigo Juan Ambrosiovisita muchas capillas, pero hay algunas que están muy distantes, por lo mismo y paradarlas a conocer es necesario que salgan a la luz.

A partir de los siguientes números comenzaremos a publicar las direcciones de lascapillas para que todo devoto sincero pueda visitarlas. De igual forma vamos a estarsubiendo la información a nuestra página www.santamuerte.galeon.com

La información debe enviarse al correo de la RED [email protected] enasunto poner REGISTRO DE CAPILLA

RITUAL PARA LLAMAR A LA PAREJA QUE ESTÁ LEJOS DE NOSOTROSPor MarilotzinHemos recibido numerosas peticiones para publicar un ritual de atracción para las

parejas que se encuentran lejos de nosotros por distintas causas. Como siempre lo he dichola Fe es un de los elementos principales para que resulte nuestro trabajo.

Así que armémonos de mucha FE y consigamos lo siguiente:

Una foto de la persona que está lejos, si no la tenemos podemos usar alguna prendaque tengamos de él o ella. Sólo si tu fe es muy grande puedes usar el nombre solamente.

Una foto tuya. (Las fotografías pueden ser en cualquier tamaño, te sugerimos quele saques una copia si es la única imagen que tienes ya que con el trabajo se puedenmaltratar.)

Una imagen de la Santa Muerte en color rojo, puede ser en cualquier tamaño pero unamediana o pequeña serían las más indicadas.

Una piedra imán, o un imán.Una veladora roja untada con miel y agua benditaUna bolsita pequeña de tela roja, debe ser tela natural.Hilo rojo, debe ser también natural, nada sintéticoFORMA DE TRABAJAR Este ritual se debe realizar durante siete días seguidos como mínimo comenzando un

lunes por la mañana y terminando un sábado por la noche.

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El domingo por la mañana vamos a dormirnos con la fotografía de la persona quedeseamos regrese.

El lunes por la mañana nos levantaremos con mucho ánimo, nos bañaremos y nosarreglaremos como para salir a trabajar. Ya preparadas vamos a dirigirnos a nuestro altarpersonal con la foto de la persona que deseamos regrese. Allí va a estar lista ya nuestraimagen de la Santa Muerte, limpia y preparada, en otros números hemos mencionado comohacerlo.

Enseguida vamos a tomar la foto de la persona y con la mano izquierda vamos a pedirlea Nuestra Señora con toda nuestra alma que esta persona vuelva con nosotros.

Prendemos a hora nuestra veladora roja ya preparada mientras hacemos la oraciónde Jesucristo vencedor.

Una vez que consigamos una llama estable, vamos a tomar nuestra fotografía y lavamos a unir con la fotografía de la otra persona. Nuevamente haremos la oración deJesucristo vencedor. Recuerda que tu petición debe hacerse con fuerza y sin llorar.

Terminada la oración vamos a unir con el hilo rojo las dos fotos al menos 27 vueltasaunque las fotos queden como cigarro.

Cuando terminemos vamos a poner las fotos en la bolsita roja y le agregaremos el imánque previamente vamos a rociar con agua bendita.

Con todo dentro de la bolsita la rociaremos con el agua bendita, nuevamente y launiremos a la base de nuestra imagen. Por tercera vez haremos la oración de Jesucristovencedor mientras unimos la bolsita con las fotos y el imán dentro a la base de la imagen con mínimo 27 vueltas. (Cuando decimos que va unida al base nos referimos a la alturade la cintura hacia debajo de la imagen).

Terminada la acción por cuarta vez haremos la oración de Jesucristo vencedor y alterminar diremos QUE TU VOLUNTAD SE CUMPLA SIEMPRE SEÑORA MÍA. Esto portres veces.

Finalmente nos quedaremos allí el tiempo que consideremos razonable y dejaremosque la veladora se consuma. Podemos dejar la veladora allí o apagarla por cuestiones deseguridad, eso depende de cada quien.

En la noche del martes y hasta el sábado que terminemos, prenderemos la veladora o si ya estaba prendida haremos la misma oración que estamos haciendo. Si la veladorase termina antes debemos tener lista otra para que no dejemos sin luz nuestro trabajo.

Todo el ritual se puede repetir por tres veces dejando el domingo como separación. Esimportante que nos fijemos si el hilo que ata la bolsa a la imagen de Nuestra Señora seafloja o permanece. En la medida en que se afloje hay otros obstáculos que nos separan dela persona, si por el contrario permanece firme podemos saber que nuestro petición va bien.

SI DESEAS QUE TRATEMOS ALGUN RITUAL EN ESPECIAL PÍDELODIRECTAMENTE A NUESTRO CORREO [email protected]

Los materiales para hacer el ritual son muy fáciles de conseguir pero si necesitarasalguno puedes consultarme en la TIENDA DE LA SANTA MUERTE donde contamos contodo lo necesario.

HAGO AMULETOS DE LA SANTA MUERTE PARA ATRACCIÓN, PROTECCION YPROSPERIDAD

CONSAGRO, DIJES, ESTAMPAS Y FIGURAS DE LA SANTA MUERTE

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SI TE INTERESAN PIDE INFORMES AL SIGUIENTE [email protected]

TAMBIEN TENEMOS FIGURAS EN BULTO DE LA SEÑORA Y MANTELESBORDADOS A MANO

EL CORREO DE LA SANTA MUERTE (PREGUNTAS DEL LECTOR)ESTA SECCIÓN ES PARA QUE PREGUNTES SOBRE CUALQUIER TEMA

RELACIONADO CON LA SANTISIMA MUERTE. COMO SON REALMENTE MUCHOSLOS CORREOS QUE NOS LLEGAN NOS VEMOS EN LA NECESIDAD DE EDITARALGUNAS PREGUNTAS POR LIMITACIONES DE ESPACIO

PREGUNTA.- Hola como están. Tengo una duda con respecto con la novena, despuésde rezar la novena que mas tiene que hacer para atracción de la persona y cuanto tiempohay que esperar y de que color es más aconsejable la veladora, como el caso mío es quetengo que ir atrabajar y la casa queda sola en el día, se puede apagar para mayor seguridady no provocar algún fuego. Gracias, ojala que me ayuden con mi duda. y pueda triunfar yotengo fe que me sale todo bien. Espero respuesta.

RESPUESTA POR MARILOTZIN.- Amiga la veladora o velón que se usa para lanovena debe de ser roja, ahora bien si la casa queda sola puedes apagar la veladora, ensu lugar deja un vaso con agua mineral. En cuanto al tiempo que tarda una novena, esova depender de cada caso. Aunque puedes hacerlos hasta por tres veces dejando un díaentre novena y novena. Te sugiero te inscribas en nuestro siguiente curso sobre el uso dela novena en donde me dedico a explicar todos los detalles. De antemano te digo que sitienes FE como parece ser, ya tienes el 90 por ciento del trabajo realizado.

PREGUNTA.- Por favor me podrían enviar oraciones de de nuestra Santisima Muertey en que momento hay que hacer esa oración. Adrian

RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.-A partir del próximo número iremosincluyendo algunas oraciones en el boletín y la forma de hacerlas. También tenemos ennuestra página lagunas, y en los rituales que hemos venido publicando también hay.

PREGUNTA.- Hola, acabo de hacer mi altar personal en mi recamara pero quería sabersi tengo que hacerle una oración especial a mi Santa Muerte que es de color negro, mi altares pequeño pero con mucha FE. Además de que quería pedir ayuda para hacer un trabajoaun apersona que hace unos meses me hizo mucho daño, no se si me puedan ayudar enmis peticiones, espero tener respuesta, muchas gracias. Ainat

RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.-Ainat definitivamente te recomiendo leernuestros números anteriores en donde decimos como se debe poner un altar. Ahora y porlo que entiendo tu altar sería para perjudicar a una persona que te hizo daño y bueno yo nosoy nadie para decirte si esta bien o mal lo que haces, pero si es tu primer altar, deberíashacer uno dedicado a la Señora y no tanto para un trabajo. Con el tiempo podrías haceruno especialmente para trabajos, y si es una Santa Muerte Negra para un trabajo de dañono lo pongas dentro de tu recámara. Todo esto te lo indico como simple sugerencia.

PREGUNTA.- Hola soy Yaneth y quisiera saber si me podrían ayudar con una duda. Quisiera quitarme de encima a una persona que me anda molestando y ya e hecho de

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todo pero no puedo, Quisiera que mi flakita me ayudara. espero su respuesta un saludodesde Guaymas, Sonora

RESPUESTA POR MARILOTZIN.- Yaneth no recuerdo bien pero creo que en otrosnúmeros hemos publicado algún ritual de alejamiento, sería cosa de que revisaras peromira, te prometo que en el siguiente número vamos a poner un ritual de alejamiento ya queson varias las personas que lo han estado pidiendo. Por lo pronto puedes con el nombre dela persona que te molesta escribirlo en un papel, dejarlo a los pies de mi Señora un nuevedías y después quemarlo pidiéndole que se aleje de tu vida.

PREGUNTA.- Hola que tal, soy de Culiacán, Sinaloa sabes? la santísima llego a mivida cuando menos la esperada de hecho yo no sabia que existía, desde que ella llegó ami. Mi vida cambio por completo, me dijeron que he sido elegida por ella para salir adelanteen todo lo que me proponga porque llevé una vida llena de injusticias de las cuales fui laprincipal victima, cosa que a ella eso no le gusta, quisiera saber todo acerca de ella, porquees muy importante en mi vida, ella es lo máximo y la numero uno. me encantaría tenercontacto con alguien que sepa todo de ella y que me ayude a encontrar un lugar donde ira visitarla aquí en Culiacán. Saludos y gracias por todo.

RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Gracias por escribirnos y que bueno quesientas esa afinidad con la Señora, realiza mucha oración para que ella venga a ti y sobrelo que nos preguntas nos dice Juan Ambrosio que en Culiacán hay varios capillas aunqueno son públicas, sería cosa de que te contactaras con algunas de los encargados de allá ysi alguien de Culiacán nos lee y nos recomienda alguna inmediatamente te la hago llegar.

PREGUNTA.- Que tal, tengo mucho tiempo con la inquietud de conocer y adorar a laSantísima Muerte. Le diré con sinceridad que me la han recomendado mucho. Y ahora masque nunca necesito de su protección y ayuda. Me podrian orientar el como puedo llegar aella? Me urge. Anónimo

RESPUESTA POR PATRICIA VÁZQUEZ.- Los caminos para llegar a la Señora sonmuchos, te sugiero hagas oración y le pidas. También infórmate sobre ella, puedes consultarnuestros números anteriores, nuestra página web, puedes darte una vuelta por nuestro forodonde otros devotos te pueden ayudar y cuando ya estés seguro de tu Fe puedes comenzarponiéndole un altar y encomendarte a ella. Esto es un proceso y no se da de la noche a lamañana pero si tu eres perseverante mi Señora siempre te escuchará.

PREGUNTA.- Hola tengo como cinco meses de que me e puesto a pedirle con devocióna mi santita le prendo candelas y la tengo en imagen roja y verde le pongo ofrenda desdeque leí de ella le tengo fe. Les mando muchas saludes. Belinda

RESPUESTA.- Tu comentario ya está en nuestro boletín y como siempre te deseamoslo mejor y si tienes dudas , escríbenos con toda la confianza del mundo.

PREGUNTA.- Hola es mi primera vez que mando una información acerca de la SantaMuerte y deseo saber información acerca de la imagen de la Santa Muerte en color blancaacerca de su veneración gracias. CAROLINA

RESPUESTA POR PATRICIA.- Carolina en nuestros primeros dos númerospublicamos sobre el significado de los colores, revísalos y como complemento te digo que

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es armonía, pureza, nos señala a la Señora en su forma más sencilla pero a la vez máshermosa. Esta imagen es la que normalmente se pone en todos los altares y en su color estala esencia de nuestra vida y claro de nuestra muerte. Consulta nuestros boletines atrasados,también el libro de la SANTA MUERTE, BIOGRAFÍA Y CULTO tiene una explicación concisasobre esta imagen.

PREGUNTA.- Hola a todos: Agradezco los boletines que nos mandan para estar bienenterados de los días especiales para rendirle culto a la Santísima Muerte. También leagradezco a mi Niña Blanca todos los favores recibidos y le doy las gracias por estar cercade mi y mi familia. Saludos a todos. MP

RESPUESTA.- Gracias por tus palabras y en la medida de lo posible seguiremos conustedes. Como siempre ya sabes que este espacio es por y para ustedes.

LA RED DE LA SANTA MUERTE AGRADECE SUS PREGUNTAS Y LES PIDEQUE SIGAN ESCRIBIENDO, CON GUSTO LES ESTAREMOS RESPONDIENDO ENNUESTROS PRÓXIMOS NÚMEROS.

FIN DE ESTE NÚMEROAnnexe 9 : Extraits des forums concernant la Santa Muerte.Exemples de demandes à propos du culte en lui-même.Jun 2, 2007, 3:09 PMyo soy devoto, a la virgen de la santa muerte,vivo en nyork y deseo tener un busto de

ella ayudame por favor yo solo tengo una estampa que obtuve de una prensa que publicode ella.yo tengo muchas pruebas de sus milagros, gracias por la oracion.

hola nose si salio mi otro mensaje pero necesito ayuda urgente suavesita2007ayudame o mas bien orientame sobre la nina blanca plisssss deverdad me super urge unamarre para mi esposo tengo 2 anos sin el y lokiero de vuelta tengo 3 bebes de el yo tengo24 y el 26 y y no es justo ke todo lo ke he hecho por el se acabe asi y disfrute lo ke yome sacrifike otra mujer por ke yo lo cambie a el y ahora nose ke hacer no es justo verdadayudame plis yo tengo un altarcito de la nina blanca y le soy devota hace 1 mes o mas peroovio me decespero y nose ke hacer 2 anos y nada porfavor me urge mis bebes se estanacostumbrando a estar sin el y yo no kiero eso NECESITO AYUDA URGENTE!!

Ago 6, 2007, 5:10 PM hola k tal yo soy nueva de ser devota de ni nina. kisiera saber mas si alguien conoses

kien travaja con mi flakita k no cobre caro? gracias!soledad 10 de Octubre de 2006 a las 8:02 pm hola?nesesito ayuda,tengo poco de estar conociendo, a la santa,marcoamerica8 26 de Junio de 2007 a las 11:01 am QUISIERA QUE ME DEN MAS INFORMACION PORQUE HAY DE COLORES

NEGRO . BLANCA ,ROJA A QUIEN DE ELLAS ME PUEDO DIRIGIR PARA IMPLORARLAExemples à propos d’opinions sur la Santa Muerte.2 septembre 2005 Bueno mi madreme pidio el favor de toner este mensaje y bueno

aqui va: ¡Cuidado! con la "Santa Muerte" La creencia de la Santa Muerte desoncierta amuchos católicos sencillos hay en día, que no se explican porqué personas que se dicen sercatólicas honran a dicha imagen, siendo que la Iglezia Católica afirma que no solo se puede

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tratar del demonio. La persona de la Santa Muerte NO existe. Es solo una personalizacionliteraria de la calamidades humanas. Los jinetes del Apocalipsis son la muerte, la guerra,la Peste y el hambre. Y a nadie se la ha ocurrido venerar a la Santa Guerra a la SantaPeste o las Santa Hambre. estos son acontecimientos no personas. Si buscamos unapersona que represente estos funestos acontecimientos tendrian que ser Satanás; asi comorepresentamos la vida en la persona de Jesucristo. El Pan de Vida. La Biblia llama a lamuerte enemiga de Jesus. La muerte venció a Jesus el vuiernes santo, pero Jesus vencióa la muerte el domingo de resurreccion. Esta victoria de Jesus sobre la muerte llevaría aexplamar a San Pablo: ¿Donde esta oh muerte, tu victoria, donde tu aguijon? La muerte esconcecuencia del pecado y un católico no debe venerar camo Santa a la muerte. La palabraSanta hoy en día se ha desviado, pues en realidad tiene un sentido positivo, sin embargo, nohay que olvidar que el demonio actúa y se vale de todo para ganar devotos. Nuestra actitudfrente a esta imagen debe ser rechazo total, porque si de verdad estamos concencidos queJesucristo venció a la muerte y que está vivo y resucitado, creyendo en el plan de salvaciónque tiene para el hombre, tenemos que ser congruentes con lo que creemos y hacemos.Si no es así, estariamos venerando al mismo tiempo la vida y la muerte, es decir , a Diosque es jsucristo y el Demonio. Nosotros católicos estamos llemados a vencer y a alabarsólo a Jesucristo Rey y Señor de la vida. Tú que estas leyendo esto, te invitamos a queconoscas la verdadera fe de la iglesia instruyendote o preguntando a quien de verdad sabe.Que te bendiga. Bueno esto es todo. Bye

Gladiador03-sep-2005, 12:41Estoy en desacuerdo con Celic y de acuerdo con Arlan, la iglesia nos ha metido una

bola de mugre en la cabeza y algunos en estos tiempos todavía se la creen, asi que nohagan mucho caso del demonio, de los pecados y de la muerte, es simplemente un pasohacia otra vida diferente a la que conocemos. Amor y paz a todos. Glad.

Laberinto04-sep-2005, 04:01Bueno la santa Muerte es impersonal, es solo un suceso, desde el punto de visdta

religioso, la muerte SI es consecuencia del pecado, Adan y Eva no moririan hasta quecometiron pecado, por esto fueron condenados a morir (tomen todo esto como alegoria no alpie de la letra) ahora vemos a jesús que efectivamente vencio a la Muertes x su resurreción,aunke tambien alegoriacamente vencio a la muerte , mediante el sacrificio por los pecadosdel hombre que conducen a la muerte. Satan existe, asi como existe Dios.

alejandro 11 de Diciembre de 2006 a las 10:15 am a ver la muerte puede o no ser santa pero al ser lo contrario a la vida no puede tener

ningún poder porque cualquier cosa que se refiera a poder o movimiento, favores, etc sololos pueden realizar entes con cierto grado de vida.

la muerte es el fin temporal de una persona, físicamente no puede realizar nada nitener conciencia de nada, cuando estas muerto estas muerto y ya es por eso que se hablade la vida despues de la muerte (muerte física)

yo respeto pero de ahi surgen 3 teoria mias:1.- su santa muerte no esta tan muerta ypor eso puede hacer cosas 2.- esta bien muerta o es realmente la muerte como su nombrelo indica, entonces no puede hacer nada por carecer de vida y los que la adoran pus nomasse hacen chaquetas mentales3.- adoran a otro ente religioso de los concernientes al polonegativo como el diablo o los demonios (que si tienen vida) y simplemente le denominan

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santa muerte aunque en realidad sea otra cosa que si tiene vidacorrecciones: Tony aunquese dice profesionista escribió -debocion- en vez de “devoción” con V y acento, tal vezdeberia regresar a la universidad o a la primaria

ADES_ASI_NOMAS 31 de Diciembre de 2006 a las 1:12 am PA EMPESAR YO NO SOY MAS QE UN GRAN DEVOTO A MI HERMOSA Y

ADORABLE PROTECTORA Y MADRE ( LA SANTISIMA MUERTE ) Y CON MUCHOORGULLO Y AMOR LA VENERO LA CUIDO Y LA AMO Y LO SEGUIRE HACIEDO HASTAEL DIA EN QUE DESIDA TOMARME DE LA MANO PARA ENCAMINARME ANTE ELCREADOR ES POR ESO QUE EN ESTE MOMENTO AUNQUE NO SEA MUCHO PORESTE MEDIO LE AGRADESCO LA AMAVILIDAD QUE A TENIDO PARA CONMIGO MIFAMILIA Y MS SERES QUERIDOS YYYYYYYYYY BUENO ESTO YA ES PERSONALPARA CON EL VATITO ESE QUE SE LLAMA ALEJANDRO QUE PUSO UN COMENTARIOVASTANTE ……… BUENO PONGAOSLO COMO QUE AUN LE FALTA SABER MAS DELO QUE SU MATERIA GRIS PUEDA ALMASENAR ….. MI COMPA PRIMERO ENTERESEDE LO QUE VA A ABLAR SEGUNDO LAVESE ESE SHE OSICO ANTES DE ABLAR DE(LA SANTISIMA MUERTE) YA QUE VIVA MUERTA DESPIERTA O DORMIDA PARADASENTADA O COMO LA QUIERAS TOMAR PUES NI MODO MI COMPA PUES LASCHAQUETAS SE LAS VAS A TERMINAR HACIENDO TU A ELLA EL DIA EN QUE PESECON SU BALANZA LAS ESTUPIDESES QUE PIENSAS DE ELLA PERO BUENO ELLASABRA COMO TE COBRA AAAAAAAAA SE ME OLVIDAVA ME SUPONGO QUE NOENTENDISTE QUE ESTE ESPACIO ES PRA DEJAR OPINIONES Y NO PARA CRITICARA LA GENTE COMO LO HICISTE CON EL TONY PERO YA ESTUBO PIENSO QUEALMENOS 2 PALABRAS DE TODO LO QUE ESCRIBI SE GABARAN EN TU MINIMAMEMORIA DE TU CESO ASI QUE ESPERO QUE LO LEAS MI COMPA Y ES (SANISIMAMUERTE)………………PIDO UNA DISCULPA POR LAS FALTAS DE ORTOGRAFIA Y SIES QE INSULTE A ALGUIEN …………….

Source : http://chilangabanda.com/2005/09/06/el-culto-a-la-santa-muerte-1a-parte/