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LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES PAR LES PETITS EXPLOITANTS AU TCHAD

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Pendant longtemps l’agriculture a été négligée en Afrique Centrale et la dépendance alimentaire de la sous région à l’égard des importations alimentaires s’est fortement accentuée durant la période 1995 à 2004. Cette situation a un impact majeur sur l’allocation du revenu national, la balance des paiements, l’équilibre des budgets nationaux et des ménages. L’évolution des productions alimentaires, dans le pays de la sous région, n'a pas suivi l'accroissement démographique et les importations céréalières ont crû très rapidement. Les politiques ont favorisé les importations d’aliments subventionnées, exposé les petits exploitants agricoles de la sous région à la concurrence déloyale et porté atteinte aux marchés locaux, au détriment des agriculteurs modestes.De nombreux producteurs soulignent les difficultés qu’ils rencontrent pour écouler leurs produits et la trop faible valorisation qu’ils en tirent. L’accès au marché est une première difficulté, mais n’est qu’un aspect du problème : une fois sur le marché, encore faut il vendre à un prix permettant un revenu suffisant.Aujourd’hui les pays de la sous région veulent redynamiser leur agriculture avec la participation active des populations rurales. Des programmes nationaux de sécurité alimentaire sont préparés ça et là. Ils font une grande part aux petits exploitants ruraux. Ces programmes de sécurité alimentaire prévoient toutes sortes d’action devant faciliter l’intégration de l’agriculture traditionnelle dans le circuit économique.Face à cette nouvelle dynamique, le Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique Centrale a décidé d’appuyer les pays de la sous région dans l’élaboration de stratégies de commercialisation des produits agricoles. L’objectif principal de cet appui est de faire une analyse des systèmes de commercialisation, un diagnostic de la chaine de valeur et de proposer les interventions aux autorités des quatre pays retenus (Cameroun, Congo, Gabon et le Tchad) pour l’élaboration de la stratégie de commercialisation. Il s’agit plus spécifiquement de faire :(i) une étude sur les pratiques commerciales actuelles, (ii) une analyse de la chaine de valeur et (iii) des propositions de stratégies de commercialisation des produits agricoles en Afrique Centrale. Pour ce faire, nous avons été commis pour conduire l’étude pour le Tchad.Le thème de l’étude tel que défini plus haut est à lui seul extrêmement vaste et peut être approché sous de multiples angles et d’échelles. De plus la diversité de contexte socio économique que rencontrent les producteurs agricoles se traduit par une grande diversité des stratégies qu’ils peuvent mettre en place pour leurs actions de commercialisation.L’immensité des domaines que couvre l’étude, l’absence de moyens et de temps pour faire des enquêtes sur un échantillon des acteurs impliqués dans la commercialisation et concernés par nos travaux, nous ont imposé un choix méthodologique conséquent pour conduire nos travaux. Nous avons d’emblée choisi, pour aborder ce vaste thème, de partir de ce qui existe ou qui a été déjà fait. Cette méthode de travail nous a amené à nous appuyer sur les documents de politique agricole en cours d’exécution et les publications de l’Institut National des Statistiques et des Etudes Démographiques (INSED) pour mettre en exergue le poids du secteur agricole dans l’économie nationale et recenser les potentialités et les défis dudit secteur, dans un premier temps. Dans un deuxième temps, nous avons fait le point sur le commerce d’importation du pays en général et celui des produits alimentaires en particulier et analysé leur incidence sur la production agricole locale.La roue étant déjà inventée, nous avons trouvé plus indiqué de passer en revue les stratégies développées par les documents de la stratégie de réduction de la pauvreté phases I et II et du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) phases I II et extrait celles qui peuvent contribuer à l

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SOMMAIRE

I. INTRODUCTION 2 II ANALYSE DU COMMERCE D’IMPORTATION ET L’AGRICULTURE AU TCHAD 4

II.1. PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE DU TCHAD ET LES IMPACTS DES POLITIQUES MACRO-ECONOMIQUES SUR LE SECTEUR 4

II.2. ANALYSE DU COMMERCE D’IMPORTATION AU TCHAD 7 a). Le poids des produits alimentaires dans les importations 9

b). Les importations céréalières 9

c). L’importation des produits avicoles 10

d). les Pratiques favorables à l’importation des produits alimentaires 11

f). Incidence des importations des produits alimentaires sur la balance de paiement du Tchad 12

II.3. COMMENT ACCROITRE LA PRODUCTION LOCALE ET RENVERSER LA TENDANCE DE L’IMPORTATION AU TCHAD

III. LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES AU TCHAD 13

III. 1. LA COMMERCIALISATION DU RIZ 13

III.2. LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE 19 III. 3. LA COMMERCIALISATION DES FRUITS ET LEGUMES 22

. a).La commercialisation des fruits 22

b).La commercialisation des légumes 24

c).Synthèse relative à la commercialisation des fruits et légumes 26

IV. COMMENT AMELIORER LES PERFORMANCES DES PETITS EXPLOITANTS DANS LA VENTE DE LEURS PRODUITS 27

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IV.1. QU’EST CE QU’UNE PETITE EXPLOITATION AGRICOLE ET SON POIDS DANS L’ECONOMIE AU TCHAD 27 IV.2.LES CONTRAINTES A LA MISE EN LIAISON DES PETITS PRODUCTEURS AUX MARCHES 28

IV.3.LES MESURES ET ACTIONS POUR DEVELOPPER LE COMMERCE DES PRODUITS DES PETITES EXPLOITATIONS AGRICOLES. 30

CONCLUSION 33

BIBLIOGRAPHIE

I. INTRODUCTION

Pendant longtemps l’agriculture a été négligée en Afrique Centrale et la dépendance alimentaire de la sous région à l’égard des importations alimentaires s’est fortement accentuée durant la période 1995 à 2004. Cette situation a un impact majeur sur l’allocation du revenu national, la balance des paiements, l’équilibre des budgets nationaux et des ménages.

L’évolution des productions alimentaires, dans le pays de la sous région, n'a pas suivi l'accroissement démographique et les importations céréalières ont crû très rapidement. Les politiques ont favorisé les importations d’aliments subventionnées, exposé les petits exploitants agricoles de la sous région à la concurrence déloyale et porté atteinte aux marchés locaux, au détriment des agriculteurs modestes.

De nombreux producteurs soulignent les difficultés qu’ils rencontrent pour écouler leurs produits et la trop faible valorisation qu’ils en tirent. L’accès au marché est une première difficulté, mais n’est qu’un aspect du problème : une fois sur le marché, encore faut il vendre à un prix permettant un revenu suffisant.

Aujourd’hui les pays de la sous région veulent redynamiser leur agriculture avec la participation active des populations rurales. Des programmes nationaux de sécurité alimentaire sont préparés ça et là. Ils font une grande part aux petits exploitants ruraux. Ces programmes de sécurité alimentaire prévoient toutes sortes d’action devant faciliter l’intégration de l’agriculture traditionnelle dans le circuit économique.

Face à cette nouvelle dynamique, le Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique Centrale a décidé d’appuyer les pays de la sous région dans

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l’élaboration de stratégies de commercialisation des produits agricoles. L’objectif principal de cet appui est de faire une analyse des systèmes de commercialisation, un diagnostic de la chaine de valeur et de proposer les interventions aux autorités des quatre pays retenus (Cameroun, Congo, Gabon et le Tchad) pour l’élaboration de la stratégie de commercialisation. Il s’agit plus spécifiquement de faire :(i) une étude sur les pratiques commerciales actuelles, (ii) une analyse de la chaine de valeur et (iii) des propositions de stratégies de commercialisation des produits agricoles en Afrique Centrale. Pour ce faire, nous avons été commis pour conduire l’étude pour le Tchad.

Le thème de l’étude tel que défini plus haut est à lui seul extrêmement vaste et peut être approché sous de multiples angles et d’échelles. De plus la diversité de contexte socio économique que rencontrent les producteurs agricoles se traduit par une grande diversité des stratégies qu’ils peuvent mettre en place pour leurs actions de commercialisation.

L’immensité des domaines que couvre l’étude, l’absence de moyens et de temps pour faire des enquêtes sur un échantillon des acteurs impliqués dans la commercialisation et concernés par nos travaux, nous ont imposé un choix méthodologique conséquent pour conduire nos travaux.

Nous avons d’emblée choisi, pour aborder ce vaste thème, de partir de ce qui existe ou qui a été déjà fait. Cette méthode de travail nous a amené à nous appuyer sur les documents de politique agricole en cours d’exécution et les publications de l’Institut National des Statistiques et des Etudes Démographiques (INSED) pour mettre en exergue le poids du secteur agricole dans l’économie nationale et recenser les potentialités et les défis dudit secteur, dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, nous avons fait le point sur le commerce d’importation du pays en général et celui des produits alimentaires en particulier et analysé leur incidence sur la production agricole locale.

La roue étant déjà inventée, nous avons trouvé plus indiqué de passer en revue les stratégies développées par les documents de la stratégie de réduction de la pauvreté phases I et II et du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) phases I II et extrait celles qui peuvent contribuer à l’accroissement de la production agricole de substitution aux importations alimentaires pour inverser la tendance des importations.

En conformité avec cette démarche, nous avons, pour la seconde partie de notre étude : le diagnostic de systèmes de commercialisation des produits alimentaires, mis à profit les études des filières riz, arachide, fruits et légumes récemment réalisées dans le cadre du PNSA pour identifier les principaux acteurs du marché des produits agricoles, analyser les circuits de commercialisation dans les trois filières et recenser les forces, les faiblesses, contraintes et possibilité locales de la chaine de valeur. En effet, pour faire ces études, des enquêtes ont été réalisées auprès de tous les acteurs de ces filières et notamment ceux impliqués

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dans le maillon commercialisation, ce qui nous permet de combler l’absence d’enquête qui a marqué nos travaux.

Dans les propositions des actions à mettre en œuvre, pour faciliter l’accès des producteurs au marché et leur garantir un prix rémunérateur, nous avons, comme cela a été recommandé par les termes de référence de l’étude, limité ces propositions au champ de la petite exploitation agricole telle que nous l’avons perçue.

Toutefois, la diversité des contextes agro écologiques et la multiplicité des stratégies à développer pour intégrer les petits exploitants agricoles dans le circuit de commercialisation montrent les limites de notre travail qui n’a pas été exhaustif.

II. ANALYSE DU COMMERCE D’IMPORTATION ET L’AGRICULTURE AU TCHAD

Dans cette partie de l’étude, nous ferons le point sur l’importance du secteur agricole dans l’économie Tchadienne avant de présenter les potentialités du secteur et ses contraintes. Dans un deuxième temps, nous ferons le point sur le commerce d’importation du Tchad et le poids des produits alimentaires dans ces importations et analyserons ses incidences sur l’économie nationale. Ensuite nous évaluerons les possibilités d’accroissement des productions locales et les facteurs pouvant favoriser cet accroissement et identifierons les éléments de stratégies susceptibles d’accroître la disponibilité alimentaire nationale et de renverser la tendance de l’importation.

II.1. PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE DU TCHAD ET LES IMPACTS DES POLITIQUES MACRO-ECONOMIQUES SUR LE SECTEUR

Avant l’ère pétrolière, l’économie tchadienne était peu diversifiée. 80% des exportations relevaient du secteur rural et plus précisément de quatre produits (coton, bétail, peaux, gomme arabique). Le secteur agricole emploie 2,3 millions de personnes soit 80% de la population active du pays. Il joue un rôle social et économique important pour environ 40% de la population.

Par rapport au niveau de production de 1998-99, la production vivrière a augmenté en moyenne de 11,2% sur 10 ans. Cette augmentation est principalement expliquée par l’accroissement des surfaces cultivées. Mais cette évolution tendancielle de la production agricole cache aussi de très

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fortes variations d’une campagne à une autre. Ces variations s’expliquent en grande partie par la dominance de l’agriculture pluviale dans un contexte d’irrégularité et de baisse des précipitations ainsi que d’importantes attaques des cultures (doc PNSA phase 1).

Depuis 2000, le Tchad appuyé par les institutions de Breton Wood, s’est doté des instruments de gestion économique et financière. Ces instruments lui permettent d’assurer les grands équilibres macro économiques et surtout de préparer le nouveau défi de gestion et de valorisation des revenus du pétrole qui se pose au pays.

Les politiques de stabilisation menées par les autorités, pour une gestion rationnelle des finances publiques et des projets de développement, sont accompagnées par des mesures concrètes ayant contribué de manière significative à l’amélioration de la gouvernance.

Les reformes engagées ont permis de créer un cadre plus libéral pour la promotion des activités agricoles et économiques. Toutefois, les pesanteurs persistent. elles sont liées aux condition de travail et aux comportements des agents de l’Etat, à l’absence de motivation du personnel, à la faible participation des populations à la conception, à la programmation et à la mise en œuvre des programmes et projets pour une appropriation effective des actions de développement, aux faibles capacités des structures publiques et privées à répondre aux besoins des populations tout comme celles des organisation de base à faire efficacement face aux problèmes de développement dans un esprit de coresponsabilité.

Tous les indicateurs montrent que le niveau de pauvreté de la population n’a cessé de s’aggraver. Les indicateurs socio économiques du pays figurent parmi les plus mauvais des pays d’Afrique subsaharienne et les besoins alimentaires des populations tchadiennes ne sont à peine couverts une année sur trois. La situation nutritionnelle du pays se caractérise par de faibles disponibilités calorifiques par personne et par jour. Un tchadien sur deux n’a pas de revenu suffisant pour satisfaire ses besoins alimentaires minima.

Malgré l’adoption d’une stratégie et d’un texte législatif pour la gestion des revenus pétroliers, l’état d’impréparation de l’ensemble des rouages de l’Etat, fait naître des inquiétudes quant à la capacité de l’administration, notamment agricole à utiliser de façon efficace cet accroissement substantiel des recettes.

Situation actuelle du secteur agricole tchadien.

Pour faire le point sur la situation actuelle de l’agriculture tchadienne, nous nous limiterons à la présentation de ses potentialités et des entraves qui constituent les défis à relever pour promouvoir une agriculture productive qui nourrit la population et améliore les conditions de vie des producteurs.

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Les ressources potentielles du secteur rural peuvent être résumées de la façon suivante :

39 millions d’hectares cultivables (soit 30% du territoire), dont 19 millions d’hectares de terres arables, y compris 13,3 millions d’hectares défrichés propres à l’agriculture ;

5,6 millions d’hectares irrigables, dont 335.000 ha facilement irrigables ;

84 millions d’hectares de pâturages naturels ; 23,3 millions d’hectares de formations forestières naturelles ; 22,4 millions d’hectares d’aires protégées ; 7 millions d’hectares de superficies productrices de ressources

halieutiques en année de pluviométrie normale, et plus de 150 espèces de poisson ;

Des ressources en eau renouvelables évaluées à 45 km³/an. Le volume prélevé chaque année est de l’ordre de 1,27 km³, dont 2/3 prélevés dans les eaux de surface, et 1/3 dans les eaux souterraines (en grande partie dans un aquifère non renouvelable) ;

Environ 10 millions de bovins, 8 millions de petits ruminants, 1,2 million de camelins, 400.000 asins, 360.000 équins, 70.000 porcins et plus de 24 millions de volailles. ( doc SNRPII)

Cependant, de nombreuses contraintes dont les principales sont résumées ci-dessous, limitent le développement de l’agriculture tchadienne. Il s’agit de :

La persistance de l’insécurité publique eu égard aux agressions urbaines et sur les routes et l’instabilité institutionnelle qui limitent les investissements étrangers et nationaux, nécessaires à la croissance de la production et de l’emploi et à l’amélioration des conditions d’existence des populations ;

Le manque d’harmonisation et d’intégration des actions de développement rural liés à la faible concertation des sous-secteurs (agriculture, eau et environnement, élevage) du secteur rural et entre ceux-ci et les autres secteurs (santé, commerce, éducation, etc.) ;

La quasi inexistence du financement agricole due à la faible contribution du secteur bancaire au financement nécessaire à la modernisation des exploitations agricoles et à la promotion des PMI/PMA en milieu rural compromet le développement de l’agriculture.

Le quasi inexistence de technologies et équipements appropriés, en matière de transformation des produits agricoles.

la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles due à l’effet conjugué de la sécheresse, de l’action de l’homme et de l’érosion éolienne et hydriques, avec pour conséquence la progression du désert, le rétrécissement des lacs notamment celui

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du lac Tchad, la baisse de la fertilité des sols et une insuffisante valorisation des potentialités agricole du pays ( les terres cultivées représentent à peine 10% du potentiel national et seulement 20 000 ha sont irrigués) ;

L’inadaptation et le non actualisation de la loi foncière aux réalités de terrain limitant l’appropriation individuelle et la valorisation des terres et qui occasionnent souvent des conflits parfois meurtriers.

Les contraintes à la commercialisation des produits locaux sont nombreuses et portent essentiellement sur les difficultés d’accès aux zones de production et aux marchés ruraux, ce qui contribue à la hausse des coûts de transport et de commercialisation des produits et intrants ; les taxes et autres redevances, barrières illégales entravant la libre circulation intérieure des produits ; une opacité des marchés faute de système efficace d’information sur les marchés et les prix, l’insuffisante exploitation des opportunités d’exportation notamment vers la sous région en raison , entre autres, d’une insuffisante qualité et hygiène des produits, et du manque de professionnalisme des commerçantse.

A tout cela, il convient d’ajouter l’arrivée d’importantes quantités de produits alimentaires de l’extérieur, aggravée ces derniers temps par la présence massive des réfugiés soudanais dans la zone sahélienne et centrafricains dans la zone soudanienne assistés par le PAM et le HCR avec des produits importés.

Par rapport aux importations du Tchad et notamment l’importation des produits alimentaires qui constitue la trame de cette partie de notre étude, nous tenterons dans les lignes qui suivent de faire le point sur le commerce d’importation du Tchad et notamment la part qui revient aux produits alimentaires et leurs incidences.

II.2. ANALYSE DU COMMERCE D’IMPORTATION DU TCHAD

Malheureusement les informations afférentes au commerce extérieur du Tchad sont rares. Celles qui sont disponibles ne sont que celles contenues dans les rapports de l’INSED pour les années 2005, 2007 et 2008. Dans les lignes qui suivent, nous examinerons la situation des importations au Tchad et particulièrement celles des produits alimentaires et leurs incidences sur l’économie nationale.

En effet, les importations comprennent les marchandises originaires de l'étranger qui, soit à l'arrivée directe de l'extérieur, soit à la sortie des entrepôts sont déclarées mises à la consommation sur le territoire de la République du Tchad. elles représentent le total combiné des importations entrant directement dans les circuits de l’économie national (destinées à la consommation intérieure directe) et des marchandises retirées d’entrepôts pour être mises à la consommation.

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En termes de valeur en 2005, 2007 et 2008, le Tchad a importé des produits divers respectivement pour 431, 384 et 374 milliards de francs CFA. La dynamique de ces importations fait ressortir une tendance à la baisse depuis l’année 2005. C’est pourquoi nous utiliserons comme base de notre analyse les données de l’année 2005 où les importations sont les plus importantes.

L’analyse selon les groupes de produits (fonctions) montre qu’en terme de valeur, les véhicules, automobiles, matériels BTP viennent en tête avec une valeur globale de 134,466 milliards de FCFA. Ils sont suivis respectivement des biens d’équipements (87,774 milliards de FCFA), des carburants (72,467 milliards de FCFA) et de produits alimentaires (56,468 milliards de FCFA).

Tableau 1. Nature des importations en poids et valeur

Nature des produits

Poids total (tonnes)

Pourcentage poids

Valeur déclarée totale (millions de FCFA)

pourcentage valeur

Produits alimentaires 218 900 30,3%

56 488 13%

Boissons 30 057 4,2%

8 196 2%

Tabacs 1 416 0,2%

9 143 2%

Textiles et chaussures 8 819 1,2%

12 027 3%

Carburants, lubrifiants, … 176 369 24,4%

72 467 17%

Engrais 58 937 8,2%

31 365 7%

Ciment 102 075 14,1%

9 160 2%

Biens d'équipements 92 606 12,8%

87 774 20%

Véhicules, Automobiles, matériels BTP

30 393 4,2%

134 466 31%

Papiers, Timbres et Ouvrages en papier

2 929 0,4%

7 768 2%

Divers produits 442 0,1%

2 317 1%

Total 722 944 100,0%

431 170 100%

Source: INSEED, 2005

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L’examen de la provenance des importations montre que les importations en provenance du Cameroun se situent à plus de 131 milliards de FCFA. Les produits les plus importants en terme de valeur fournis par ce plus grand fournisseur sont dans l’ordre d’importance: les produits alimentaires, boissons et tabacs (37 milliards), le carburant (21 milliards) dont l’essentiel est composé du gas-oil (18 milliards), les biens d’équipement (24 milliards) et le ciment (6 milliards) ; ce qui le place au premier rang des pays fournisseurs du Tchad. Viennent après successivement dans l’ordre, la France (79 milliards), L’Espagne (70 milliards de FCFA) et le Nigeria (60 milliards).

En examinant les importations suivant l’origine des produits, la situation est différente. Les Etats-Unis viennent en tête avec 93,6 milliards d’importations dont 81 milliards (87%) en biens d’équipements et automobiles du fait toujours des activités du secteur pétrolier. Suivent dans l‘ordre, la France (70,9 milliards de FCFA), le Cameroun (70,8 milliards de FCFA) et le Nigeria (57,4 milliards de FCFA).

Le Nigeria et le Cameroun, sont les plus gros exportateurs en volume en raison naturellement, de la nature des produits qu’ils offrent à savoir les produits alimentaires et les hydrocarbures dont ils sont les plus gros fournisseurs pour le Tchad.

En effet, on remarque qu’environ 75 % de l’ensemble des importations en produits alimentaires du Tchad en 2005 d’une valeur de 25,210 milliards de FCFA sont produits au Nigeria (42,7%) et au Cameroun (32,03%). Ces produits alimentaires importés sont constitués essentiellement de sucre raffiné (18,736 milliards de FCFA soit 20%), farine de froment (11,080 milliards de FCFA, soit 20%), sorgho à grains (4,003 milliards de FCFA, soit 7%), farine de mais (2,079 milliards de FCFA) et du riz blanchi (2,054 milliards de FCFA, soit 4%).

Si en produits alimentaires, les fournisseurs Nigeria et Cameroun se disputent la 1ére place, en matière de boisson, le Cameroun se fait la part belle. En effet, sur des importations en boissons d’une valeur de 8,195 milliards de FCFA en 2005, Les ventes du Cameroun sur le marché tchadien représentent 7,354 milliards de FCFA.

Les biens d’équipements (y compris les matériels militaires) sont au cœur des transactions entre le Tchad et les Etats-Unis et l’autre grand partenaire qui est la France. Ainsi donc, les exportations des Etats-Unis vers le Tchad en 2005 sont constituées à plus de70 % des biens d’équipements. La France, ancienne puissance colonisatrice du Tchad se taille aussi une place non moins importante dans l’approvisionnement en divers produits tels que les matériels militaires et matériels roulants, les biens d’équipements et les produits alimentaires qui constituent respectivement 42%, 28% et 11% de l’ensemble des exportations françaises vers le Tchad en 2005.

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La grande partie des produits importés au Tchad proviennent d’Afrique (202 milliards de FCFA), suivis de l’Europe (190 milliards de FCFA) et d’Amérique (98 milliards de FCFA). Selon les origines des produits, l’Afrique conserve sa première place mais de manière moindre du fait des longs circuits de commercialisation qui ont pour effet d’attribuer certains produits fabriqués à l’occident aux pays africains. On note ainsi que plus de 50 milliards de FCFA de biens sont produits dans d’autres continents que l’Afrique mais importés au Tchad à partir d’un pays africain.

a). Le poids des produits alimentaires dans les importationsSous l’angle du poids, comme l’a montré le tableau ci-dessus, ce sont les produits alimentaires (218900 tonnes) qui se placent en tête des produits importés. Les produits alimentaires, hors boissons et tabac se sont élevés à 56,488 milliards de FCFA, soit un pourcentage de 13% de l’ensemble des importations, ce qui n’est pas négligeable et mesure le niveau de dépendance alimentaire du Tchad en vers l’extérieur.

Le cout des importations des produits alimentaires en 2005, fait deux fois le budget du Ministère de l’agriculture de la même année. Si on le compare au budget d’investissement de ce département il vaut cinq fois celui-ci. Mais dans ce coût une grande part revient à l’importation du sucre et de la farine de froment qui ne peuvent être produite sur place. Pour notre analyse nous nous intéresserons particulièrement aux produits agricoles importés qui concurrencent la production locale, notamment celle du sorgho, riz, blé et le maïs.

b). Les importations céréalièresAu Tchad, la production agricole céréalière (sorgho, mil, maïs, riz, berbéré, blé et fonio) ne cesse de croître et a doublé ces 10 dernières années. Elle est passée de 985 000 tonnes (campagne 1997/1998) à 1 972 000 tonnes en 2007/2008. Cette évolution cache cependant de fortes variations interannuelles qui influencent fortement la stabilité du stock au niveau national. Malgré cette importante augmentation de la production nationale, le Tchad reste importateur net des produits céréaliers et particulièrement du sorgho, du riz et du blé essentiellement sous forme de farine comme l’indique la figure ci-après. Cette tendance à l’importation s’est maintenue jusqu’à maintenant où le niveau d’importation avoisine 26 000 tonnes de riz selon la même source. Ces importations constituent une lourde facture pour le pays. En 2005, elle était de 8,302 milliards FCFA avec 2,87 milliards de FCFA pour le riz seul.

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Figure 1  : Importance des importations des céréales au Tchad (Source INSEED, 2005)

c). L’ Importation des produits avicoles

Les besoins actuels en œufs de consommation de la capitale tchadienne semblent être très importants selon les estimations du Ministère de l’Elevage. Pour un besoin annuel de 20 millions d’œufs, la production nationale n’arrive même pas à couvrir les 10%. Le Tchad, pour sa consommation nationale, dépend ainsi presque entièrement de l’extérieur et en particulier du Cameroun et du Nigeria. Aussi pour couvrir ses besoins, le Tchad importe-t-il chaque année, de ces deux pays, pour environ 2 milliards de Francs CFA d’œufs. Compte tenu de cette grande difficulté de disponibilité et du coût élevé, il n’est pas permis au tchadien moyen d’avoir accès à ce produit vital surtout la frange la plus vulnérable que constituent les enfants.

d). les pratiques favorables à l’importation des produits alimentaires

Un fait de la politique macro économique du pays qui promeut l’importation des produits alimentaires au Tchad est la politique fiscale pratiquée. Pour étayer cela nous évoquons le cas des importations du riz. En effet, le riz importé est considéré au Tchad comme un produit de première nécessité et donc bénéficie d’une tarification douanière exceptionnelle. La protection tarifaire sur le riz n’est que de 5% contre 40% au Cameroun voire 100% au Nigéria.

Malgré ce taux suffisamment faible, les importateurs échappent dans leur ensemble à cette barrière en développant des stratégies frauduleuses et en faisant perdre à l’Etat tchadien des sommes importantes qui pourraient financer la filière locale.

En effet, l’Etat Tchadien perd environ 317 000 000 FCFA chaque année si l’on considère les 26 000 Tonnes d’importation rapporté par INSSED en 2008. En réalité la quantité du riz importé au Tchad n’est pas connue. L’hypothèse minimaliste donnerait une moyenne de 75 000 tonnes d’importation soit 915 000 000 FCFA de recette non recouverte par l’Etat. En plus, le Gouvernement dispose d’une marge importante pour doubler ou tripler la protection tarifaire et recouvrer environ 2,5 milliards si des mesures concrètes sont instaurées.

Malgré cela, le gouvernement ne dispose pas de statistiques fiables pour apprécier à sa juste valeur, l’économie de cette filière d’importation.

La forte urbanisation et le changement de régime alimentaire contribuent aussi à l’accroissement des importations des denrées alimentaires. Le cas le plus édifiant est celui de la farine de froment. En effet, l’importation de

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cette denrée est passée de 2005 à 2007, de 64 840 tonnes correspondant à une valeur 11,08 milliards de francs CFA à 7 676 tonnes correspondant à la valeur de 13,856 milliards de francs CFA. Dans les grandes agglomérations, la consommation du pain croit fortement et a induit la prolifération des boulangeries.

e). Incidence de l’investissement des 10% de la valeur des importations alimentaires dans l’agriculture

La valeur des importations alimentaires au Tchad en 2005 a été évaluée à 56,488 milliards de FCFA. En investissant les 10% de cette valeur dans l’agriculture, on ne peut pas changer la physionomie de notre agriculture ; toutefois on peut sensiblement améliorer les rendements de certaines cultures.

En effet, le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) ayant pris l’initiative de booster la production céréalière au cours de la campagne agricole 2009-2010, a mis, pour la première fois à la disposition des riziculteurs du bassin du Logone et des producteurs de maïs de la région du Mayo kébbi, de l’engrais minéral à un prix subventionné. Le sac de 50kgs de NPK acquis à 25 000FCFA a été vendu aux producteurs à 8 500 FCFA, tandis que le sac de 50 kg d’urée acheté à 23 000 FCFA a été livré à 7 000FCFA.

Une comparaison des résultats de la campagne 2008-2009 à ceux de la campagne 2009-2010 dans les régions touchées par l’intervention, résumée dans le tableau ci-dessous, montre que des progrès notables, qui inscrits dans la durée pourraient apporter des changements tant quantitatifs que qualitatifs, ont été obtenus. La mise en place de 2250 tonnes d’engrais NPK et de 1125 tonnes d’urée dans ces régions a permis sans une augmentation des superficies emblavées d’accroitre de manière significative la production céréalière dans ces régions.

Cette opération qui a couté au PNSA la somme de 1 956 257 000 FCFA, a permis d’obtenir une production de 210 314 tonnes en 2009 contre 159 795 tonnes en 2008. Fort de ces résultats, nous espérons que l’investissement de 10% de la valeur des importations alimentaires du Tchad en 2005, soit 5,6milliards de FCFA, dans la fourniture des intrants (engrais et semences certifiées) ainsi que de quelques matériels de la culture attelée, sans aller dans les grands travaux d’aménagements hydro agricoles, aurait permis aux producteurs bénéficiaires d’accroître leur production, leurs revenus et notamment leur condition de vie. Mais une telle action, non inscrite dans la durée, est un coup d’épée dans l’eau. Pour que des résultats soient perceptibles et que les populations rurales les ressentent, il faut des actions durables.

Si pour un investissement de 1,9 milliard de FCFA, le PNSA a permis un gain de production de 50519 tonnes de céréale, c’est dire que si l’on investit 5,6 milliards, on toucherait un plus grand nombre de paysans et le résultat serait encore plus grand.

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Tableau 2 : Résultats des campagnes agricoles 2008 et 2009 dans les régions de l’opération « Engrais PNSA » 

région 2008 2009

maïs riz maïs riz

Sup en ha

Rendt en kg

Prod en

tonnes

Sup en ha

Rendt en kg

Prod en

tonnes

Sup en ha

Rendt en kg

Prod

tonnes

Sup en ha

Rendt en kg

Prod en

tonnes

Mayo-kebbi

42 700

1150 49105

53400

1500 80100

44630

1550 69176

52350

1900 99465

Tandjilé

12573

1500 18860

12925

1850 23911

Logone oriental

10300

1150 11330

10150

1750 17762

Total 42700

49105

76273

110290

44630

69176

75425

141138

(source rapport d’activités 2009 PNSA)

f). Incidence des importations des produits alimentaires sur la balance de paiement du Tchad

Le commerce d’un pays avec l’extérieur est considéré comme un facteur de développement et surtout une mesure du degré de connexion de l’économie nationale avec le Reste du Monde. De ce fait, les indications chiffrées sur les importations et les exportations indiquent le positionnement du pays dans les relations commerciales avec ses partenaires. Cela peut indiquer aussi le niveau d’intérêt des investisseurs tant nationaux qu’internationaux sur les opportunités qu’offre le pays.

Nous prendrons pour notre analyse l’année 2005. Au cours de cette année, selon les estimations fournies par l’INSED, les exportations hors pétrole du Tchad se sont élevées à 93,611 milliards de FCFA dont environ 29 milliards de FCFA et 25 milliards de FCFA sont respectivement issus des ventes de coton et de bétail. Ces deux produits constituent en effet plus de 57% des recettes des exportations hors pétrole en 2005. Cependant, les exportations du pétrole brut se sont élevées à plus de 1 453,854 milliards de FCFA, soit environ 90% de l’ensemble des exportations du Tchad en 2005 ou encore 15 fois la valeur de l’ensemble des exportations hors pétrole. Tout ceci fait monter la valeur des exportations du pays à 1548,465 milliards de FCFA.

Les importations ont été évaluées à 430 milliards de FCFA. En utilisant ces données on trouve un solde du commerce extérieur hors service positif de l’ordre de 1118,465 milliards de FCFA. S’il n’y avait pas l’importation des produits alimentaires, ce solde serait plutôt de 1174,953milliards de FCFA.

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Que donnera une telle balance marchandise dans la balance de paiement ?

La BEAC a estimé, en son temps, le solde du compte courant à +135 milliards de FCFA. S’il n’ya pas eu importation des denrées alimentaires, ce solde se serait amélioré de 56,488 milliards de FCFA et le solde du compte courant du Tchad serait passé à 191,488 milliards de FCFA.

II.3. COMMENT ACCROITRE LA PRODUCTION LOCALE ET RENVERSER LA TENDANCE DE L’IMPORTATION AU TCHAD

Renverser la tendance de l’importation des denrées alimentaires au Tchad pose, en d’autres termes, la question de l’exploitation des potentialités et de la levée des contraintes précédemment énumérées pour accroître la production vivrière locale. Il s’agit plus spécifiquement d’assurer la sécurité alimentaire, d’augmenter les revenus et de créer des emplois en milieu rural ; d’accroître de manière substantielle la part de l’agriculture dans le PIB et du volume des devises qui rentrent dans le pays et d’améliorer le niveau et la qualité de vie des ruraux.

Comme défini dans le schéma directeur de l’agriculture, le processus de désengagement de l’Etat et de son recentrage sur ses fonctions régaliennes doit être accompagné par le renforcement des capacités du secteur public agricole en améliorant ses interventions dans le secteur.

Il doit être complété par le renforcement des capacités des organisations paysannes et professionnelles et des opérateurs du secteur privé en vue d’assurer de façon durable la relance de la production vivrière et commerciale, à travers une meilleure implication des producteurs dans le processus de prise de décision à tous les niveaux des filières et des opérateurs du secteur privé dans la livraison aux producteurs des services de qualité et adaptés, en réponse à leur demande.

Toutes ces actions se traduiront par la structuration des filières, la promotion de nouvelles filières, le renforcement des cadres de concertation entre usagers, ainsi que l’appropriation et l’exercice satisfaisant par le secteur privé et associatif des fonctions transférées par l’Etat.

La promotion du secteur privé et associatif s’inscrit dans le cadre de l’amélioration de l’équipement rural en général et agricole en particulier, l’instauration des lignes de crédits et fonds de garantie et l’harmonisation des conditions d’accès aux crédits.

Le Tchad, dans son schéma de développement agricole, a identifié deux programmes majeurs qui sous-tendent les réformes précitées. Il s’agit du développement des cultures vivrières et commerciales.

Pour résorber complètement le déficit en produits vivriers et particulièrement en céréales, les préalables ci-après doivent être réunis :

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1. L’accroissement de rendements du riz de 65% par la pratique de la culture du riz irrigué sur au moins un tiers de la surface agricole totale utilisée en riz et l’adoption des semences et itinéraires culturaux éprouvés ;

2. L’augmentation de 30% de rendement des autres céréales ; enfin,3. L’amélioration des technologies et équipements de transformation

des céréales pour que le taux d’usinage se situe à 60% pour le riz et 70% pour le sorgho et le maïs.

Mais les céréales sont plus sensibles aux variations climatiques que les plantes à racines et tubercules, le manioc en particulier, c’est pourquoi il est aussi recommandé la promotion de la filière des plantes à racines et tubercules.

La relance de la production vivrière concerne l’ensemble du territoire et le ciblage des types d’aménagements à réaliser dépendra de potentialités offertes par les zones agro écologiques et des résultats de recherche relatifs aux itinéraires techniques. La maîtrise de l’eau dans ce programme vise la sécurisation de la production vivrière par la réhabilitation, la réalisation, la mise en valeur et la gestion des aménagements hydro agricoles ; la multiplication et la diffusion des semences améliorées et la facilitation de l’accès aux intrants et technologies.

Pour inscrire cet accroissement de la production vivrière dans la durée, la recherche, la vulgarisation, les producteurs et les opérateurs du secteur privé (transporteurs, commerçants et fabricants d’équipements agricoles doivent participer à la mise en place des outils de l’approche et à la conduite des activités.

Le second programme vise le développement des productions dont au mois 60% de la production sont mises sur les marchés à travers des circuits commerciaux peu ou bien organisés. Il s’agit de valoriser ces productions par la transformation, la facilitation des échanges des produits de qualité au plan national et régional et de faire connaitre les produits dans le pays et dans la sous région. Les spéculations seront ciblées en fonction des opportunités offertes par les spécificités de chaque zone et l’intensification se fera à travers la facilitation de l’accès aux intrants, technologie, référentiel technico-économique améliorées, testées et éprouvées et à la mise en place des systèmes d’irrigation adaptées. Ce programme met l’accent sur les interventions relatives à la visibilité des produits à travers notamment les foires, les concours, etc., au contrôle et suivi de la qualité des produits, ainsi qu’à l’organisation et la professionnalisation des acteurs.

En complément de ces activités, des études de marché doivent être menées, des concertations et des partenariats entre acteurs à l’échelle régionale doivent être organisés en vue d’un meilleur approvisionnement des marchés visés et d’un meilleur positionnement des produits sur les marchés. L’harmonisation de la réglementation et de la législation en matière de circulation des biens et services à l’intérieur de l’espace régional contribuera à la promotion des cultures ciblées.

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En matière d’élevage, les filières bétail/viande, lait, œufs, sont celles dont les effets sur la sécurité alimentaire sont les plus sensibles. Elles constituent des sources de produits de haute valeur nutritive pour l’alimentation. Ainsi, pour contribuer à la satisfaction des différents besoins de la population tchadienne, la diversification des productions animales permettra de palier le déficit vivrier.

Actuellement, la production de viande est essentiellement issue du système traditionnel extensif qui «produit davantage de têtes de bétail que de poids de viande». La principale base alimentaire du cheptel est constituée par les pâturages naturels, dont les fluctuations saisonnières et inter annuelles sont très fortes, tant quantitativement que qualitativement.

Il faut donc Promouvoir et développer des élevages semi-intensifs d’embouche bovine et ovine, rechercher une meilleure intégration agriculture élevage par le développement de la culture attelée et de l’embouche paysanne et promouvoir l’utilisation efficiente des résidus des récoltes et des sous-produits agro-industriels. 

La promotion de la production de viandes de qualité s’appuiera sur la diffusion de techniques améliorantes au sein des groupements de producteurs recyclant leurs animaux de culture attelée.

Cette promotion se traduira par l’amélioration de la disponibilité et de l’approvisionnement des centres urbains et péri-urbains en lait, en viande rouge de qualité hygiénique et alimentaire et en produits avicoles. Elle permettra l’émergence d’éleveurs entrepreneurs et l’accroissement des revenus à travers l’organisation de la production et le soutien des groupes. Elle créera des opportunités d’emplois et améliorera les revenus à partir d’un système bien organisé de production dans le milieu urbain et périurbain.

Les activités à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs décrits ci-dessus sont :

la mise en place d’une unité de production des aliments pour bétail ;

la création des centres d’embouche d’ovin et de bovin autour des grandes villes ;

l’installation d’unités d’élevage de volailles pour produire des œufs et de la viande blanche ;

modernisation des infrastructures d’abattage et de transformation des viandes et sous produits d’origine animale ;

la préservation de la santé des consommateurs en mettant sur le marché des produits de bonne qualité ;

la contribution à la mise en place d’un circuit et de centre de collecte du lait ;

la promotion des services techniques d’appui.

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III. LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES AU TCHAD

Pour faire le diagnostic du système de commercialisation des produits agricoles dans le cas de notre étude, nous bâtirons notre analyse à partir des récentes études des filières riz, arachide et fruits et légumes réalisées dans le cadre du PNSA. Il s’agit d’un passage en revue des différents acteurs identifiés au niveau de la commercialisation, de la description du

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circuit de commercialisation et de l’identification des facteurs qui entravent le transfert des produits des exploitations agricoles aux consommateurs dans chacune des filières précitées.

III. 1. La commercialisation du riz Les acteurs du commerce du rizD’après le rapport de l’étude de la filière riz, la proportion des femmes dans la collecte primaire et dans le commerce du demi-gros est plus importante que celle des hommes. Dans le commerce du demi-gros, la proportion des femmes reste assez importante. Cependant elles sont quasi absentes du commerce de gros qui s’apparente au commerce d’import. Trois (3) catégories d’agents dans la commercialisation du riz local peuvent être localisées : les détaillants en aval représentés par les collecteurs primaires ; les collecteurs demi-grossistes et/ou intermédiaires et enfin les grossistes.

Au coté de ce réseau de distribution traditionnel, on rencontre ces dernières années des grands producteurs avec un réseau de distribution ciblé vers les grands consommateurs comme les brasseries, l’armée ou encore l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA).

Les collecteurs primaires s’approvisionnement en majorité dans les marchés ruraux rarement au bord des champs, cependant les demi-grossistes ont une tendance à s’approvisionner en bordure des champs. Mais ce circuit qui s’accompagne souvent de l’usure est marginal par rapport à l’approvisionnement sur les marchés urbains des zones productrices et sur les marchés ruraux. Les revendeurs détaillants des centres urbains s’approvisionnement, exclusivement, auprès des grossistes excepté ceux des zones de production qui s’approvisionnement de préférence auprès des producteurs, se confondant ainsi aux collecteurs primaires.

En général, les mois de novembre à janvier sont les mois de pleines activités pour la commercialisation du riz local, s’en suit une période de faible activité qui s’allonge jusqu’en juin excepté les bassins rizicoles (Tandjilé et Mayo-kébbi Est) où les demi-grossistes sont encore actifs.

Le prix du riz est le plus souvent proposé par les commerçants c’est-à-dire les acheteurs mais rarement par les producteurs. Cette primauté de la proposition des prix par les commerçants influence fortement les volumes de riz proposés par les producteurs. Le paiement se fait en général au comptant. Mais il arrive que le riz soit acheté à crédit avec un délai de récupération n’excédant pas une semaine, lorsque les chalands ont des relations bien établies.

Le produit acheté, sur les marchés ruraux ou au bord des champs, est reconditionné dans des sacs de 100 kg avant d’être chargé ou confié aux transporteurs habituels qui desservent les marchés primaires. Le manque de magasins de stockage dans les marchés primaires les oblige à charger immédiatement et entreposer les produits dans les centres urbains de proximité.

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Le type de riz commercialisé dépend des régions. Le paddy est commercialisé surtout dans le Mayo-Kébbi Est et la Tandjilé Est où 34% des transactions se font en paddy. Dans les autres régions, notamment à Kélo, le Chari-Baguirmi, les deux (2) Logone et le moyen Chari, moins de 18% du riz est vendu en paddy. Généralement, le riz collecté en paddy est séché au lieu de stockage et décortiqué avant d’être conduit vers les destinations finales.

Un vannage ou un triage est opéré lorsque le taux des impuretés est élevé. Le taux de brisures est compris entre 25% à 30% pour les riz de Bongor et de 40 à 60% pour le riz de Kélo et de Gounou-Gaya. Parfois, des grains de paddy et des cailloux sont présents. Lorsque ces corps étrangers sont très visibles, les détaillants rabaissent le prix qui peut atteindre 20% de réduction.

La technique d’étuvage n’étant pas connue au Tchad, le riz blanc vendu sur les marchés nationaux proviennent essentiellement des importations.

Les contraintes à la commercialisation

Plusieurs contraintes ont été révélées par les commerçants du riz à savoir : le transport, l’irrégularité de l’approvisionnement, l’écoulement, les prélèvements municipaux et/ou informels et les conditions de stockage

Le transport est évoqué comme contrainte majeure à la commercialisation du riz par les acteurs de la filière. En effet, la dégradation des pistes rurales en général, celles des routes interurbaines et l’enclavement des principales zones de production sont évoqués par les acteurs qui plaident tous pour la construction des infrastructures routières et en particulier les pistes rurales pour améliorer l’approvisionnement des centres urbains. Cette situation influence fortement le coût de transport entre les marchés urbains et ruraux qui peut valoir jusqu’à 2500 FCFA/sac pour des distances inférieures à 100 km.

A cela s’ajoute l’insécurité routière signalée dans les zones les plus enclavées de la Tandjilé, du Logone occidental et du Mayo-kébbi Est matérialisée par des attaques des bandits routiers (coupeurs de route) sur les pistes rurales dégradées et peu fréquentées.

L’irrégularité de l’approvisionnement et la saisonnalité constituent la seconde contrainte exprimée par les commerçants. L’indisponibilité de l’offre dans certaines régions sur une période de plus de 8 mois et la vente en petites quantités par les producteurs atomisés pénalise la dynamisation du réseau de collecte et influence sur le prix aux consommateurs suivant les saisons. La difficulté d’écoulement est liée à trois facteurs : la qualité du riz vendu (taux de brisure, impuretés, variétés, etc.), le prix relativement élevé pratiqué aux points d’achèvement et la concurrence avec le riz importé.

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Conditions de stockage. L’indisponibilité des magasins de stockage dans les milieux ruraux et le manque de moyen de transport sont ressentis comme une contrainte dans les bassins de production. Faute de trouver un transporteur disponible pour évacuer assez rapidement le stock, les pertes pendant le stockage et le coût de stockage à divers endroits sur les sites d’approvisionnement devienent une charge supplémentaire.

La compétitivité du riz importé C’est une difficulté ressentie essentiellement par les détaillants installés sur les marchés urbains des mégapoles (N’djamena). En absence des mesures de contrôle du riz importé par les services des douanes, les prix pratiqués par les détaillants deviennent intéressants pendant les périodes de pénurie que créent les commerçants grossistes du riz local. Ainsi, lorsque le prix du riz local équivaut aux prix du riz importé, la tendance est d’acheter le riz importé qui présente un aspect attrayant et de cuisson plus agréable pour les ménages sauf pour certaines transformations locales.

III.2. LA COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE. Considérée comme une culture commerciale, elle constitue une source de revenus pour les producteurs. Mais on ne peut pas parler de sa commercialisation sans se référer à l’état dans lequel il est consommé.

Les formes de la consommation de l’arachide sont diverses et variées et nous citerons les cas suivants en admettant que la liste n’est pas exhaustive : l’arachide de bouche est consommée crue, cuite ou grillée. Elle est parfois transformée en caramel pour être servie au dessert et en pâte ou en huile pour servir à la préparation des mets. Le sous produit de sa transformation est le tourteau qui entre dans plusieurs condiments pour améliorer la qualité des plats. C’est ainsi que le tourteau d’arachide entre dans l’assaisonnement de la viande séchée appelée « Kilich». Il est aussi utilisé pour la préparation de l’alimentation de la volaille et entre dans les sauces comme condiment.

L’arachide se vent en coque et en graines selon les zones de production. Dans la zone sahélienne et la zone centrale, une grande partie est écoulée en coque tandis que dans la zone soudanienne, elle est vendue en graines.

En matière de commercialisation de l’arachide, deux stratégies sont adoptées par les producteurs : la vente immédiate après la récolte pour ne pas prendre le risque sur l’avenir, et la vente différée en escomptant sur une évolution favorable du marché dans le temps. Quelle que soit la stratégie adoptée, les ventes sont individuelles ou groupées et sont faites soit aux commerçants qui les revendent aux triturateurs et autres consommateurs, soit directement aux commerçants et triturateurs.

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Les acteurs de la commercialisationDans les circuits de commercialisation de l’arachide, on trouve différents acteurs qui ont parfois des intérêts divergents, mais souvent complémentaires. Ce sont : les producteurs, les commerçants, les transporteurs, les chargeurs, les intermédiaires et les représentants des autorités locales.

Les producteurs.  On distingue au sein des producteurs trois sous groupes :

Les grands producteurs : Ils sont moins nombreux mais très influents. Le volume de leur production varie entre 60 à 100 sacs de 100kg et ils possèdent des capacités de collecte assez importantes auprès des petits producteurs.

Les petits producteurs : Ils sont les plus nombreux et leur capacité de production prise individuellement est négligeable. Elle varie entre 5 et 20 sacs de 100kgs. Ils sont la cible de tous les autres acteurs car, ils sont les plus vulnérables face aux besoins ponctuels de liquidité à certaines périodes cruciales de l’année.

Les grossistes locaux : Ils sont pour la plupart des commerçants résidents dans les villages. Ils sont aussi des producteurs occasionnels qui utilisent la main-d’œuvre locale mais pratiquent des prêts usuriers remboursables en nature : 50 FCFA en période de soudure contre un « koro » de 150FCFA à la récolte. Ils pratiquent aussi des collectes par les biais des trocs sucre/Thé contre le « koro » de 2 à 2,5 kg par exemple. Ils achètent directement sur le marché et leur capacité de stockage varie de 50 à 300 sacs. Le jour des marchés hebdomadaires, ils sont capables d’influencer les prix en sortant leurs produits. Leurs prix sont souvent les prix de référence.

Les commerçants : On distingue généralement trois types des commerçants : les détaillants, les demi-grossistes et les grossistes. Ce groupe ne se limite pas seulement à la filière arachide car il intervient sur plusieurs autres domaines. Ce sont pour la plupart des citadins qui sillonnent les marchés ruraux pour acheter ou pour enlever les stocks déjà réalisés pour leur compte par des collecteurs placés sur les marchés hebdomadaires. Ils ont l’avantage de s’assurer un prix avantageux chez un « preneur » en amont avant d’effectuer les opérations d’achat sur place.

Les Intermédiaires : Ils accostent les producteurs à l’entrée des marchés, négocient avec ceux-ci, et en cas d’accord, les sacs deviennent momentanément leur propriété qu’ils revendent aux commerçants en fixant un prix qui leur permet de gagner sur les deux parties (producteur et acheteur). Ainsi, ils tirent profit sur la différence de prix et bénéficient les frais de commission (10%) de part et d’autre.

Les chargeurs : Ce sont des personnes peu ou pas du tout organisées qui assurent le chargement et le déchargement des véhicules sur le

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marché et vivent au jour le jour au gré des chargements sur les marchés. Dans la plupart des cas, les transporteurs traitent avec eux et les engagent sur les marchés. Les raisons souvent avancées font allusion à leur professionnalisme dans l’arrangement des sacs dans le camion.

Les Transporteurs : Ils placent leurs camions sur les marchés et fixent les prix de transport en fonction de la présence de leurs concurrents sur place. Le transport est le maillon le plus complexe à cause de mauvais état des pistes rurales et de la fluctuation hasardeuse des prix pratiqués.

Les représentants des autorités locales : Cette catégorie d’acteurs est la moins maîtrisable. Il y a ceux qui représentent le canton, ceux qui représentent la sous préfecture et ceux qui représentent la gendarmerie. Tous pratiquent des taxes et des prélèvements arbitraires ; certains à l’entrée du marché, d’autres dans le marché et au chargement, etc…les montants des taxes sont très fluctuants.

Circuits de commercialisationAu niveau national, les zones de commercialisation sont étroitement liées à la zone de production de l’arachide qui est divisée en deux groupes selon le niveau de rendement. La zone 1 dite zone à faible rendement comprend les axes suivants : Benoye - Bebedja, Sarh, Koumra, Donomanga et Goundi  et l’ensemble de la zone sahélienne avec un rendement moyen de l’ordre de 600 Kg . La zone 2 appelée zone de haut rendement correspond également aux axes a) Mandoul, Kabia et Tandjilé ouest, b) Sarh – Danamadji – Maro.

Mais l’arachide du Tchad est aussi exportée, et l’étude de cette filière à relevé qu’à partir de Koumra , l’arachide vendue sur le marché est arrivée en Egypte, au Soudan, au Nigéria, au Cameroun, en RCA, en RDC, au Congo et en Angola. Mais les exportations de l’arachide du Tchad sont orientées surtout vers la RCA et le Congo à partir de Moundou et Sarh. On note aussi des sorties vers le Cameroun et le Nigéria à partir de Pont Karol (Tchad) pour l’axe Léré- Figuil(Cameroun) et l’axe Fianga- Maroua. Dans les échanges avec les voisins de l’ouest, la ville de Figuil occupe une place importante, car l’essentiel de l’offre et de la demande de l’arachide des grands commerçants tchadiens et Camerounais s’y rencontre. Quant aux échanges avec les pays au sud du Tchad, c’est à partir de Bangui et de Douala que les arachides continuent vers le Congo, le soudan, le Gabon et la RDC et l’Angola.

La problématique de la commercialisation Les commerçants le jour du marché hebdomadaire cherchent dans les lieux d’approvisionnement la combinaison de trois critères qui sont la qualité, la disponibilité et le prix. Cependant, les livraisons n’obéissent pas toujours à leurs exigences, car les producteurs ignorent les préférences des consommateurs finaux et n’opèrent pas de tri avant la vente sur le marché.

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Par exemple, les commerçants ont fait remarquer que les variétés précoces et délavées d’arachide avec une teneur d’huile assez importante sont recherchées par les huileries (Nigéria), par contre les variétés tardives moins huileuses sont demandées par les autres industries de chocolat au Cameroun pour fabriquer des pâtes à tartiner. Ils ont aussi affiché leur préférence pour les graines d’arachide décortiquées manuellement par rapport à celles traitées à la décortiqueuse. En effet, l’arachide décortiquée à la machine présente des brisures et est facilement attaquée par les insectes.

Deux alternatives s’offrent aux producteurs et commerçants pour l’évacuation de leurs produits. Du village au marché, parfois c’est un troc qui se pratique : les producteurs paie aux transporteurs un koro d’arachide pour un sac transporté. Du marché aux grands centres urbains, les transporteurs et les propriétaires des véhicules mettent leurs véhicules en location pour acheminer les produits à des prix variés selon les distances et l’état des routes.

Cependant, au Tchad, les routes carrossables en toutes saisons ne desservent qu’une infime partie du pays, tandis que les pistes rurales dans la région arachidière sont tellement endommagées que les camions s’usent rapidement, et les transporteurs rechignent à desservir ces zones, ce qui réduit la flotte de camions qui fréquente la zone. Cette situation pénalise le commerce intérieur et rend plus difficile l'intégration des marchés régionaux.

Le circuit actuel de l’arachide comme dans une filière complète n’est pas maîtrisé pour permettre une analyse de l’incidence du transport sur la filière. Toutefois, en prenant les données de transport de coton pour une illustration, car quel que soit le produit les éléments des coûts resteraient les mêmes : Contrairement au Burkina Faso, pays sans littoral comme le Tchad et à presque égale distance de la mer, le coût de transport du coton fibre produit par la Cotontchad était de 15% plus élevé que celui de la Sofitex pendant la saison 2002/2003. L’étude des conditions du transport terrestre révèle qu’ à cause des zones de ramassage étendues et du mauvais état du réseau routier, les coûts de transport reviennent deux fois plus chers au Tchad comparé au Burkina Faso.

En plus du mauvais état des routes, les transporteurs et les commerçants n’ont cessé de se plaindre de l’insécurité et des raquettes des agents de la circulation et de la police sur tous les axes de leur déplacement. En effet, une autre entrave à la commercialisation de l’arachide au Tchad est constituée par la bureaucratie excessive, le comportement prédateur de nombreux agents de services publics, la corruption ainsi que le comportement de recherche de rente présents dans les administrations, à la base des prélèvements illicites de taxes qui , pourtant, n’entrent pas au trésor public sur la vente et la sortie des sacs d’arachides d’une localité à une autre. Tout ceci ne favorise pas les activités des acteurs de la filière.

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. En effet, un environnement peu propice aux affaires entrainant des risques élevés (protection inefficace des droits de propriété, mauvais système foncier et cadastral d’enregistrement des droits immobiliers, l'inefficacité de l'appareil judiciaire, et mauvais système légal d’exécution des contrats) constituent aussi un facteur peu incitatif dans les investissements au niveau des industries de transformation.

III. 3. COMMERCIALISATION DES FRUITS ET LEGUMES

Nous tenterons d’analyser dans les lignes qui suivent, séparément la commercialisation des fruits et celle des légumes et nous tirerons une synthèse commune aux deux filières

a).La commercialisation des fruits

Les acteurs de la filièreDans ce maillon de la filière, interviennent plusieurs acteurs qui sont les producteurs, les coopératives, les transporteurs (qui achètent, transportent et vendent pour leur propre compte), les grossistes, les détaillants et les consommateurs.

Les producteurs. Ils interviennent comme : Détaillants quand ils vendent de petites quantités de fruits sur place ou sur les marchés locaux ; Grossistes si le processus de mise en marché à savoir, la collecte, le groupage, le transport, les négociations et la vente des fruits est fait par eux-mêmes.

Les coopératives de transport et les transporteurs. Ils font de leur mieux pour accéder dans les zones de productions les plus difficiles. Delà, ils achètent les produits collectés ou groupés qu’ils revendent ensuite aux grossistes. Parfois, ils le vendent directement aux détaillants.

Les commerçants grossistes Les grossistes sont les professionnels de la commercialisation en gros de fruits et de légumes, seule source de moyens de leur subsistance. Ils travaillent soit seuls, soit avec les intermédiaires dans les grands centres et marchés. A N’Djaména comme à Abéché, les grossistes s’approvisionnent auprès des coopératives, des producteurs et des intermédiaires.

Les commerçants détaillants La vente en détails de fruits est toujours liée à bien d’autres produits tels que les légumes, la farine…Les détaillants achètent toujours avec le demi-grossiste ou le producteur chaque jour ou tous les 2 jours. Ils supportent des charges dont les plus importantes sont dans l’ordre la taxe de la mairie, le transport effectué par le porte tout, l’entreposage.

Les consommateurs Les consommateurs sont les clients de détaillants qui achètent régulièrement les fruits pour leur consommation.

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Circuit de commercialisation des fruitsIl ressort de l’étude de cette filière qu’annuellement, deux millions de tonnes de fruits de toutes espèces et variétés confondues sont commercialisées. Il s’agit des bananes, des mangues, des papayes, des oranges des citrons et des goyaves. Les zones de commercialisation sont variables. Dans la Zone soudanienne par exemple, les fruits produits de Doba sont vendus par la Coopérative des Transporteurs des Fruits et Légumes à Koumra, Sarh, et Moïssala. Les particuliers exploitant des grands vergers vendent leurs productions fruitières au consortium qui exploite le pétrole à Komé, et approvisionne les grands centres urbains tels que NDjaména, Moundou, Abéché et Sarh.

En zone sahélienne, par exemple, les fruits de Bitkine sont vendus dans les marchés de Bitkine, Bokoro et Mongo, tandis que le marché d’Abéché vend les fruits de Ouadi Bithéa, Am-zoer, Moura, et Farchana. Bref, les transactions sur les fruits se font sur de longs trajets.

Les prix pratiqués varient d’une localité à une autre et selon les périodes. Pendant que les grosses mangues bien mûres se vendent 10 F CFA la pièce et le panier de 130 kg à 5000 F CFA à Doba, aux marchés de Koumra et de Sarh, la mangue similaire est vendue à 30 F CFA et le même panier à 8.000 F CFA. Au début des récoltes des fruits les prix sont élevés : par exemple, les mangues se vendent assez cher : 40 F CFA la mangue et le panier de 130 kg à 13.500 F CFA. Mais à mi-mars, la mangue et le panier valent aux mêmes marchés respectivement 30 F CFA et 8.000 F CFA, et d’avril à fin mai, les prix atteignent 60 FCFA pour la mangue et 14.500 F CFA pour le panier.

b).La commercialisation des légumesSur le marché des légumes, se côtoient plusieurs acteurs. Les vendeurs sont les producteurs, les grossistes, les détaillants sont à la fois acheteurs et vendeurs et les acheteurs exclusifs sont constitués par les consommateurs. Vu la diversité des spéculations en maraichage, nous limiterons notre analyse à l’oignon et l’ail qui occupent une place prépondérante dans la filière, comme cela a été relevé par une enquête réalisée par le PRODABO dans sa zone d’intervention du Programme.

Les acteurs de la filièreLes producteurs. La production des cultures légumières est faite par les maraîchers appartenant à des organisations paysannes mais exploitant individuellement leurs parcelles.  La majorité des maraîchers sont des agriculteurs. Toutefois, on y retrouve quelques fonctionnaires, des agents du secteur privé, des retraités  et des pêcheurs reconvertis  qui pratiquent le maraîchage.

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Les grossistes. Ce sont des revendeurs dont la commercialisation du produit est l’activité principale. Dans la ville d’abéché, l’enquête a dénombré trente (30) grossistes qui achètent annuellement environ 250.000 sacs de 90 kg, soit 22.500 tonnes/an. Plus de 70% de ce stock est acheminé à N’Djaména. L’enquête auprès des grossistes de N’Djaména a permis d’estimer le pourcentage de produits acheminés au Sud du pays à presque 25%.

Les détaillants. Ce sont des revendeurs de plusieurs produits. Il est rare de trouver un détaillant d’un seul produit. Pour les filières Oignon/Ail, ce sont généralement les femmes qui vendent en détail. Une femme détaillante vend généralement plusieurs produits (Gombo, Oignon, Ail, Tomate séchée, Piment, Farine, des céréales, etc.). Le ravitaillement des détaillants au niveau d’Abéché que ce soit dans les villages, se fait presque exclusivement à partir des grossistes. Cependant, sur les marchés ruraux, on rencontre aussi des détaillantes – productrices qui vendent leurs propres produits.

Les consommateurs. Ce sont les acteurs qui se situent au bout de la chaine et ils sont des citadins ou des ruraux. Dans le milieu urbain, l’enquête a montré que les dépenses moyennes en consommation des ménages avoisinent 350 Fcfa par jour de l’Oignon et 100 Fcfa pour l’Ail. Cependant en milieu rural, elles sont de 150 Fcfa par jour pour l’Oignon et 50 Fcfa pour l’Ail. Les impressions recueillies auprès des consommateurs de N’djamena montre que l’Oignon d’Abéché est plus apprécié que celui importé du Cameroun. Cette appréciation est fondée sur sa longue durée de conservation, son odeur et sa saveur piquante.

Problématique de la commercialisation des légumesEn ce qui concerne l’organisation du commerce, il existe des réseaux. En effet, entre détaillants et grossistes, il y a des liens d’affaire ; les produits sont livrés à crédit aux détaillants par les grossistes et payès après écoulement. Ces liens sont crées sur la base de la confiance née entre les acteurs sur la base des affinités. Fréquemment, les commerçants créent des réseaux qui sont des structures dynamiques, imaginatives, qui exploitent à la fois des opportunités offertes par l’économie moderne et les modes de fonctionnement économiques et sociaux dont ils sont issus (CIRAD, 2000). Ces réseaux permettent notamment l’établissement de la confiance et l’échange d’informations entre partenaires de la transaction.

Il ressort de cette étude que la demande reste insatisfaite. Les Grossistes et les transporteurs ont fortement souligné les principaux problèmes qui entravent cette filière et qui sont liés à l’état des routes. Les producteurs stockent leurs produits pour les vendre au moment où les prix sont favorables, qui se situe entre les mois d’Août et Octobre, pendant que les routes sont très dégradées et impraticables.

L’analyse de la répartition de la valeur ajoutée pour cette spéculation faite par le PRODABO montre que la grande partie de la valeur ajoutée revient aux producteurs. Les marges des grossistes sont relativement faibles par

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rapport à certains circuits de revente, mais les volumes mis en jeu sont importants et compensent leurs pertes. Même les détaillants ne sont pas perdants, ils obtiennent une marge satisfaisante.

Il existe très peu de relations contractuelles dans les filières. Les contrats sont souvent moraux et non formels. Il n’empêche qu’ils peuvent avoir une grande importance pour les acteurs et pour la stabilisation de certains maillons. Les producteurs moyens ont des relations assez équilibrées avec leurs partenaires, ils connaissent bien la filière et ne sont pas pénalisés par un manque d’informations. Il en est de même des grossistes qui connaissent mieux le marché à la production et à la revente.

Par contre les petits producteurs peuvent dans certains cas être défavorisés, par manque d’informations sur l’ensemble du marché. Ils vendent à des grossistes ou leurs intermédiaires qui souvent fixent des prix faibles sous des prétextes variés. Cependant, les producteurs moyens ne seront pas traités de la même façon.

Les détaillants obtiennent souvent le produit à des prix supérieurs à ceux de la production parce qu’ils passent par l’intermédiaire des grossistes.

Le recours à la vente à crédit est exceptionnel. Cependant, beaucoup de grossistes, d’opérateurs modestes et de détaillants en particulier n’ont pas les moyens de payer la marchandise cash et recourent à cette vente à crédit et remboursent après l’écoulement de leur stock.

c).Synthèse relative à la commercialisation des fruits et légumes

Les espèces et variétés de fruits et de légumes sont dans toutes les zones identiques. La période d’abondance des mangues est de février à mai, tandis que celle des légumes se situe de décembre à avril. Les produits fruitiers et maraîchers offerts sur le marché sont généralement de mauvaise qualité : trop ou pas assez mûrs, non frais, nombreuses traces sur la peau suite aux attaques d’insectes ou de maladies, calibres inégaux, les règles d’hygiènes ne sont pas observées etc.

A cause des mauvaises méthodes de récolte et de manutention, les denrées peuvent être abimées avant même d’être vendues aux commerçants. Une mauvaise manutention par le commerçant peut aggraver la situation. A tous les stades de la chaine de commercialisation des fruits et légumes, une partie du produit doit être jetée. Ceci fait qu’a chaque stade, il faut procéder à un tri. Cette situation explique le grand écart entre le prix bord champs et le prix aux étals.

Comparativement aux transporteurs et aux vendeurs, les producteurs de fruits et légumes sont les moins organisés de la filière. Cette situation réduit leur capacité de négociation et les affaiblit face aux intermédiaires, grossistes et transporteurs. Ils perçoivent de ce fait la plus faible rémunération de leurs productions. Les producteurs ignorent les

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techniques de transformation pouvant procurer à leurs productions de la valeur ajoutée.

Des différents acteurs de la filière fruits et légumes, les commerçants, les transporteurs sont les mieux organisés. Ils ont leurs représentations syndicales dans toutes les grandes villes et participent aux grandes manifestations publiques. Ils organisent de temps à autres des journées de revendications quant leur intérêt est mis en cause.

Hormis l’oignon et la tomate séchée, les informations sur les prix des fruits et légumes de différents marchés font défaut pour les acteurs de la filière. Le système d’information sur les marchés ne diffuse pas les prix des fruits et légumes pratiqués sur les différents marché pour orienter les maraichers et arboriculteurs.

IV. COMMENT AMELIORER LES PERFORMANCES DES PETITS EXPLOITANTS DANS LA VENTE DE LEURS

PRODUITSDans le précédent chapitre, il est ressorti dans la liste des acteurs de chaque filière la présence des grands et petits producteurs. Il a été aussi relevé, dans toutes ces trois filières, que ces petits producteurs éprouvent beaucoup de difficultés pour s’intégrer dans le circuit de commercialisation ; et lorsqu’ils y parviennent, ils ne disposent pas des mêmes avantages que les autres acteurs et constituent dans ces conditions une couche vulnérable qui mérite une assistance.

Nous tenterons à travers ce chapitre d’évaluer la place qu’ils occupent dans la production agricole au Tchad, d’identifier les problèmes qui freinent leur épanouissement et de proposer des actions à mettre en œuvre pour les aider à sortir de la zone de vulnérabilité, afin qu’ils participent efficacement à l’accroissement de la production agricole et améliorent leurs revenus.

IV.1. Qu’est ce qu’une petite exploitation agricole et son poids dans l’économie au Tchad Il n’existe pas de définition unique et sans ambigüité des petites exploitations. On utilise souvent l’échelle, mesurée en fonction de la taille de l’exploitation, pour classifier les producteurs. Mais définir les agriculteurs en fonction de la taille de leur exploitation, c’est ignorer certains nombres d’autres dimensions d’échelle. Les agriculteurs dont la production et le rendement sont réduits, ceux dont le capital et le niveau d’éducation sont faibles ou qui ne disposent pas de compétences nécessaires pour participer aux marchés, ceux qui produisent avant tout pour leur consommation propre et font largement recours au travail familial sont de petits exploitants. Une autre dimension est le sexe de l’exploitant : le potentiel productif et économique des femmes est entravé

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par des discriminations profondément ancrées qui affectent l’accès aux ressources et aux biens de production tels que les terres agricoles, la technologie, l’éducation et l’information.

En prenant en compte cet ensemble de critères, ont est tenté de dire qu’au Tchad, 90% des exploitations agricoles sont des ménages vivant sur une petite exploitation. Ces agriculteurs sont pauvres, exposés à l’insécurité alimentaire, souffrent d’un accès limités aux intrants et aux marchés. Pourtant, leur contribution à l’économie du pays est très importante et met en relief le poids de la petite agriculture au sein de l’économie rurale et son rôle potentiel de moteur de croissance.

En effet, la production agricole du pays est entièrement assurée par ces petites exploitations. Elles sont aussi étroitement liées à l’économie du point de vue consommation. Des augmentations supplémentaires de leurs revenus peuvent mener à une demande plus importante de biens de consommation non agricoles qui peut ainsi stimuler la production dans tous les secteurs économiques.

De ce qui précède, l’agriculture tchadienne est dominée par les petites exploitations et la productivité demeure statique. C’est pourquoi, l’évolution des systèmes de marché des produits alimentaires, qui réclament d’avantage de quantité, de qualité et de régularité, peut à la longue laisser la petite agriculture en marge du processus de développement.

Voila pourquoi, le soutien à la croissance de la production alimentaire des petits exploitants agricoles et leurs liens avec les marchés sont les domaines d’actions prioritaires du Gouvernement du Tchad. Toutefois, il existe un grand écart entre l’approche des politiques de développement et les options politiques pratiques. C’est pourquoi, l’un des défis à relever est la promotion de la conception et de la mise en œuvre des politiques et du renforcement des capacités dans le but de favoriser la participation commerciale des petits exploitants et leur transition vers des stades supérieurs de développement.

IV.2.Les contraintes à la mise en liaison des petits producteurs aux marchés

La chaîne de valeur représente les nombreuses activités nécessaires pour acheminer un produit du producteur au consommateur. Ces activités s’enchaînent et sont effectuées par différents participants, notamment les agriculteurs, les commerçants, les transformateurs et les distributeurs. Chaque maillon de la chaîne ajoute de la valeur au produit. L’analyse d’une chaîne de valeur au sens étroit du terme porte sur les activités principales dans la chaîne, à savoir la production, le transport, la transformation, la commercialisation et l’échange d’informations. Dans les lignes qui suivent nous analyserons les contraintes du maillon commercialisation auxquelles sont confrontés les producteurs.

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Il ressort des études de filières que nous avons exploitées que la chaine de valeur de la commercialisation des produits agricoles sont entravées par les défis suivants :

Au Tchad, le secteur agroalimentaire, les produits agricoles transformés sur place et les infrastructures de soutien sont encore quasi inexistants. Les produits en vrac périssables comme les fruits et légumes qui nécessitent un conditionnement après récolte presque immédiat posent de grands problèmes aux petits exploitants. Seules, les cultures de céréales de base sont celles qui présentent le moins de risque, elles font intervenir plusieurs acheteurs, et en général les récoltes ne sont pas périssables et ne nécessitent pas d’investissements particuliers.

L’absence des unités de transformation et le faible effectif des hôtels et restaurants ne permet pas de réaliser avec ces rares opérateurs un système de production contractualisée qui garantit un marché aux producteurs.

Les unités de transformation qui existent actuellement ne sont pas performantes et le cas de la transformation du riz constitue une belle illustration. En effet, dans le cadre de la production rizicole, les décortiqueuses installées par les particuliers dans la zone de production ne sont pas performantes et occasionnent des pertes de qualité, dues au taux élevé de brisures qui affecte les prix, tel que relevé dans la zone de la Tandjilé par le rapport de l’étude de cette filière.

Les infrastructures de conservation des produits agricoles son inexistantes. Cette absence pénalise les arboriculteurs fruitiers et les maraichers qui en cas de mévente de leurs produits, ne peuvent les stocker dans les bonnes conditions pour les revendre au prochain jour du marché. Les invendus sont régulièrement déversés dans les dépotoirs des marchés hebdomadaires. Le cas des producteurs de tomate est le plus flagrant. En effet, les paniers de tomates convoyés sur les marchés subissent beaucoup de détérioration pendant le transport, ensuite à la fin de la journée, les invendues ne peuvent pas être conservées faute d’infrastructures d’entreposage et sont déversés sur les ordures.

L’enclavement intérieur du pays constitue un autre handicap à la commercialisation des produits agricoles. En raison de l’état très dégradé des voies de communication, notamment les routes, les possibilités des petits exploitants et particulièrement ceux des zones reculées pour participer aux marchés sont limitées. Ceci fait que les commerçants ne s’approvisionnent pas dans ces zones et lorsqu’ils le font, ils réclament des marges importantes pour rentrer dans les frais. Pour illustrer cela, nous évoquerons le cas le plus éloquent des producteurs du sorgho de décru de la région du Salamat qui ont été contraints de brader, dans les années 90, leur production à vil prix. En effet, à cette époque, les commerçants venus de N’djaména donnaient trois sacs vides au producteur pour récupérer un sac rempli de sorgho. Cette situation a

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négativement influencé les résultats des campagnes agricoles des années suivantes et s’est traduite par la chute de la production de la région.

Le système d’information sur les marchés (SIM) qui, par le passé, diffusait chaque semaine sur les antennes de la radio nationale, les prix des céréales et de certains produits agricoles pratiqués sur les marchés qui constituent l’échantillon suivi par le dispositif, n’est plus opérationnel. Ceci fait que les producteurs, faute d’informations fiable sur les prix pratiqués, ailleurs ne peuvent se décider à aller vendre leurs produits sur les marchés où ils obtiendront un prix rémunérateur.

La constitution du stock national de sécurité alimentaire est faite par des appels d’offre. Cette situation fait que les producteurs en général et singulièrement les petits producteurs sont exclus de ce circuit car ils ne remplissent pas les conditions pour participer à la concurrence. Seuls, les gros commerçants peuvent soumissionner et lorsqu’ils gagnent le marché, ils sillonnent alors les villages pour acheter ou enlever les stocks qu’ils ont précédemment constitués afin d’exécuter ledit marché.

La faible couverture des zones rurales par les rares établissements de la micro finance qui existent sur le territoire constitue un autre facteur qui rend vulnérables les producteurs agricole en général et les petits exploitants en particulier. Elle expose les petits producteurs à la merci des usuriers qui, profitent de la période de soudure pour racheter les champs semés et sarclés des paysans démunis ou accordent des prêts avec des taux d’intérêt allant de 50 à 150%. Ce qui leur permet à la récolte de s’approprier toute la récolte des paysans débiteurs.

Il a été relevé dans les trois filières sur lesquelles nous avons bâti notre diagnostic, que de tous les acteurs de chaque filière, les producteurs agricoles sont les plus mal organisés. Cette situation les rend plus faibles dans les négociations avec les autres acteurs comme cela a été stigmatisé dans le rapport de l’étude de la filière fruits et légumes.

IV.3.Les mesures et actions pour développer le commerce des produits des petites exploitations agricoles.

S’il est vrai que le secteur privé se charge d’organiser la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles, le gouvernement doit jouer aussi un rôle vital consistant à guider et faciliter ce développement. Dans les lignes qui suivent, nous passerons en revue les grandes mesures que le gouvernement doit mettre en œuvre pour promouvoir le commerce en général et celui des produits agricoles en particulier.

L’une des premières choses à faire est la création d’un environnement qui permette au secteur privé de fonctionner compétitivement. Les incitations à investir sont induites par une politique macro économique qui génère des taux d’intérêts faibles, des taux de changes stables, des structures fiscales et tarifaires qui encouragent les investissements. Bref, les

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politiques doivent être cohérentes, car les investissements importants ont lieu sur la base de changement de politique.

Il existe au Tchad un grand nombre de questions juridiques et réglementaires à résoudre pour encourager le développement de l’agro-industrie dans le pays. En effet les entreprises n’investiront pas dans un pays ou règne un climat général d’incertitude politique. Aussi, un environnement dominé par la corruption n’est pas propice aux investissements dans aucun secteur, et notamment dans l’agriculture, qui même dans le meilleur environnement politique possible est toujours chargé de risques. Le système du régime foncier traditionnel qui prédomine actuellement offre peu d’incitation aux agriculteurs d’investir dans les améliorations nécessaires à la pleine exploitation des opportunités de marchés. Le gouvernement doit donc contribuer à la levée de toutes ces entraves et aussi introduire une réglementation concernant les normes alimentaires, la qualité et la certification des semences et l’utilisation des pesticides.

Tous les documents que nous avons consultés au cours de cette étude reconnaissent que l’absence d’une infrastructure suffisante est une contrainte majeure au développement des liens commerciaux.

Le développement d’un système de transports moins coûteux et plus efficace est la clé de l’essor de l’agriculture tchadienne. Il est donc indispensable de protéger le capital routier existant en consacrant des ressources importantes à l’entretien routier, poursuivre le bitumage des grands axes structurants, réhabiliter et entretenir le réseau de routes qui relient les principales régions de production agricole au réseau national. En ce qui concerne les pistes rurales, une concertation entre les ministères en charge du développement rural et celui des infrastructures doit définir les pistes à réhabiliter, et consacrer annuellement au moins 4,5milliards de francs CFA à cette activité, comme prévu dans le DSRP.

Le parc automobile du Tchad est vétuste, c’est pourquoi le gouvernement doit accorder une attention spéciale aux problèmes des transporteurs en vue d’identifier les mesures à prendre pour redynamiser cette industrie indispensable à la relance de l’économie tchadienne. Il faut surtout résoudre le problème de l’insécurité routière et de l’accès des transporteurs au crédit.

L’accès à l’eau est indispensable pour stimuler le développement économique et social du pays. Des progrès significatifs ont été faits au cours des dernières années tant en ce qui concerne l’hydraulique villageoise, que l’hydraulique urbaine. Il faut pérenniser cette option en mettant l’accent sur l’hydraulique agricole et pastorale pour réduire la pauvreté.

La consommation d’électricité du pays est l’une des plus faibles du monde et les tarifs parmi les plus élevés. Les énergies renouvelables ne sont guère exploitées et pourtant elles représentent un potentiel important. Les actions à entreprendre dans ce cadre sont la réhabilitation des installations de production et de distribution défectueuses, l’extension

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des ouvrages et la relance des négociations avec le Cameroun pour une interconnexion avec la centrale de Lagdo. Etant entendu que le Tchad se situe dans la zone d’ensoleillement supérieur de l’Afrique,  il faut aussi multiplier les programmes basés sur l’énergie solaire.

La production agricole traditionnelle, où les agriculteurs ne savent pas à l’avance précisément quand, à qui et à quel prix ils vendront leurs récoltes est maintenant dépassée. Aujourd’hui les agriculteurs produisent plus pour satisfaire les besoins des acheteurs, au lieu de compter sur un marché pour absorber leur production. Cette tendance constitue une menace considérable pour les agriculteurs, notamment les petits agriculteurs sans avoirs ni organisation, mais elle offre aux plus efficaces d’entre eux, de nombreux débouchés.

Dans ce contexte, les services d’appui aux producteurs agricoles qui, par le passé, se concentraient sur le renforcement des capacités de production doivent maintenant intégrer dans leur approche les activités de soutien à la production liées à la demande du marché. Ils doivent prendre en compte l’ensemble de la chaine d’approvisionnement et les liens ou les relations d’affaires, au sein de cette chaine. En d’autres termes, ils doivent adopter le concept en vogue ces derniers temps qui est de « relier les producteurs aux marchés ».

A cet effet, les services d’encadrement des producteurs doivent dorénavant identifier les négociants et organiser leur rencontre avec l’agriculteur ou organiser les agriculteurs en groupement pour approvisionner les marchés identifiés. Il faut tendre vers une agriculture contractuelle en créant des liens avec les acheteurs avant la production. Les agriculteurs auront ainsi un marché mieux assuré et les prix seront généralement convenus à l’avance. Mais cela engendre des coûts qu’il faut prendre en compte dans les allocations budgétaires des services d’encadrement.

Dans un premier temps, en l’absence des chaines de restauration, d’hôtels et d’unités de transformation ; les institutions gouvernementales, comme l’Office nationale de la sécurité alimentaire (ONASA), l’armée, les hôpitaux et les établissements scolaires disposant d’un système d’internat ou d’une cantine, doivent être mis à profit pour absorber la production des agriculteurs. Il s’agira alors d’organiser les producteurs à travailler ensemble pour regrouper leur produit, à l’instar de ce qui se fait pour la commercialisation du coton graine, et de les livrer aux institutions précitées.

Cette approche voudrait qu’une attention particulière soit accordée aux organisations des producteurs (0P). En effet, les OP apportent des services indéniables aux producteurs ; ils facilitent l’accès aux marchés et la commercialisation des produits, grâce à toute une gamme d’activités, plus ou moins complexes qui permettent un rééquilibrage de rapport de force entre les producteurs et les autres acteurs de la filière et participent à l’amélioration du fonctionnement des marchés plus globalement.

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L’organisation des marchés autogérés du coton graine au Tchad l’a déjà confirmé.

C’est pourquoi, les organisations de producteurs doivent disposer des capacités managériales et organisationnelles nécessaires pour jouer ce rôle d’intermédiaire entre les producteurs et leurs clients. Elles doivent disposer d’expertise en matière de commercialisation, de technicité de la production, d’acquisition et de distribution des intrants, de satisfaction aux normes phytosanitaires et de sécurité alimentaire, et de gestion financière. Le renforcement des capacités de ces organisations qui participent à des chaînes d’approvisionnement est indispensable et doit être inscrit parmi les activités prioritaires des organes d’encadrement des producteurs.

La léthargie qui caractérise le système d’informations sur les marchés au Tchad, a été relevée dans les trois études comme un facteur limitant pour le petit agriculteur, le paysan pauvre et la femme rurale, dans l’écoulement des produits vivriers et l’amélioration de leur revenu et de leur niveau de vie. Pour donner l’opportunité à cette couche vulnérable de vendre sa production à un prix rémunérateur, il faut redynamiser ce service. Pour ce faire, le Ministère de l’agriculture doit allouer annuellement à la Direction de la Production et des Statistiques Agricoles (DPSA) un budget à même de couvrir toutes les charges, afférentes à la collecte et la synthèse des informations sur les marchés.

Avec le renouveau démocratique, le contexte politique a permis une prolifération de la presse indépendante au Tchad. Il s’agira de mettre à contribution cette presse, à travers un partenariat pour diffuser les informations sur les marchés. Pour cette population à 90% analphabète, le canal de diffusion des informations le plus approprié demeure la radio.

On note une grande diversité des unités de mesure sur les différents marchés qui exige, pour la fiabilité des prix diffusés, un étalonnage des unités de mesure locale sur l’ensemble de l’observatoire des marchés et la détermination de l’équivalence avec les unités de mesures internationales, tel que le kilogramme ou le litre. Cet étalonnage permettra d’évaluer par marché et par produit la valeur en unités internationales de chaque mesure locale, ce qui favorisera une analyse objective des comparaisons d’une part et de l’évolution des prix à des fins statistiques d’autre part.

CONCLUSION

Bien que le Tchad soit entré dans l’ère pétrolière, 80% de sa population active sont encore employés par le secteur du développement rural, qui jouit ainsi d’une importance socio-économique importante. Le pays dispose d’énormes potentialités agricoles qui, malheureusement, sont sous exploitées à cause de nombreux défis qui limitent le développement

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du secteur, exposant ainsi les populations à une insécurité alimentaire au cours d’une année sur trois.

L’analyse du commerce d’importation du pays montre que, vu sous l’angle du poids, les produits alimentaires se placent en tête des produits importés, même si en valeur ils ne représentent que 13% de toutes les importations. Le pays reste donc un net importateur des produits alimentaires. Certaines denrées importées notamment les céréales entrent en concurrence avec la production locale et la capitale N’Djaména dépend à plus de 80% des importations avicoles en provenance du Cameroun voisin. Cette dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur pour couvrir ses besoins alimentaires est exacerbée par le fort taux d’urbanisation que le pays enregistre ces derniers temps et qui induit des habitudes alimentaires nouveaux (forte importation de la farine de froment).

Pour réduire l’ importation des produits alimentaires qui s’accroît au fil du temps, nous recommandons l’accroissement de l’investissement dans le secteur agricole notamment en matière de : maîtrise d’eau pour sécuriser la production, intensification de la production végétale pour accroître la production et la diversification de la production animale.

L’agriculture tchadienne est dominée par de petits producteurs qui, à cause de la petitesse de leur production et de l’absence d’infrastructures, éprouvent beaucoup de difficultés pour écouler leurs produits. En effet le paysan tchadien n’a pas encore compris les lois du marché et ne s’est pas organisé en fonction de ses exigences. Il existe une méfiance chez les uns et un manque de solidarité chez d’autres, qui poussent certains à une modernisation personnelle non collective laissant ainsi sur le carreau la majorité.

La production agricole traditionnelle, où les agriculteurs ne savent pas à l’avance précisément quand, à qui et à quel prix ils vendront leurs récoltes est maintenant dépassée. Aujourd’hui les agriculteurs produisent plus pour satisfaire les besoins des acheteurs, au lieu de compter sur un marché pour absorber leur production. Cette tendance constitue une menace considérable pour les agriculteurs, notamment les petits agriculteurs sans avoirs ni organisation, mais elle offre aux plus efficaces d’entre eux, de nombreux débouchés.

Devant l’absence d’un secteur de transformation organisé et dynamique, l’alternative à cette situation passe par la mise en relation des producteurs avec les marchés en utilisant, les institutions gouvernementales et en organisant les producteurs en groupements. Ceux-ci apportent de services indéniables aux membres et permettent un rééquilibrage de rapport de force entre les producteurs et les autres acteurs de la commercialisation tout en participant à l’amélioration des conditions des marchés plus globalement. Mais, tout ceci à un coût, que le ministère de l’agriculture doit intégrer dans ses décisions d’allocation du budget aux services de vulgarisation.

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Mais l’aberration et la complexité de la commercialisation font que dans certains cas les intermédiaires semblent un poids à éliminer et dans d’autres leur carence est ressentie comme un vide à combler. C’est pourquoi il faut prêter attention à tous les acteurs de la commercialisation, car le marché ne fonctionne que quant tous les acteurs sont gagnants.

BIBLIOGRAPHIE

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19 Comment relier les producteurs aux marchés FAO 2009

20 Comprendre et utiliser les informations sur les marchés FAO 2001

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22 Organisations des producteurs dans la chaine de valeur Jos et Bijman et Giel Ton 2007

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