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SYRIZA UNE PREMIÈRE BRÈCHE DANS L’AUSTÉRITÉ EUROPÉENNE Cahier émancipationS Le sens de notre solidarité avec le peuple grec PEGIDA : un mouvement ultra-réactionnaire et islamophobe 6 7 mars : se mobiliser contre la hausse de l'âge de la retraite 9 Droits syndicaux et justice de classe 11 Foyer des Tattes : requérants sinistrés, solidarité ! 12 Théâtre : Rapport Bergier sur scène au Poche 18 FRANC FORT : DÉFENDONS LES SALAIRES ET LE DROIT À L’EMPLOI 3 Bimensuel socialiste, féministe, écologiste nº 262 27 janvier 2015 4 fr. · 2.50 € www.solidarites.ch

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Syriza : Une première brèche dans l'austérité européenne

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SYRIZA

UNE PREMIÈRE BRÈCHE

DANS L’AUSTÉRITÉEUROPÉENNE

CahierémancipationSLe sens de notre solidarité avec le peuple grec

PEGIDA : unmouvement ultra-réactionnaireet islamophobe 6

7 mars : se mobiliser contre la hausse de l'âge de la retraite 9

Droits syndicaux et justice de classe 11

Foyer des Tattes :requérants sinistrés, solidarité ! 12

Théâtre :Rapport Bergiersur scèneau Poche 18

FRANC FORT : DÉFENDONS LES SALAIRESET LE DROIT À L’EMPLOI 3

Bimensuel socialiste, féministe, écologiste nº 262 27 janvier 2015 4 fr. · 2.50 € www.solidarites.ch

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solidaritéS 26229 janvier 2015

Sommaire 2 JOURNAL SOLIDARITÉSCase postale 2089 • 1211 Genève 2T +41 22 740 07 40 • F +41 22 740 08 87 [email protected] • www.solidarites.chCCP 17-216950-1Demandes d’abonnement et changements d’adresse par mail à : [email protected] rédaction Jean BATOU Resp. du numéro Pierre VANEK Comité de rédactionHadrien BUCLIN (Lausanne), Mirjam BRUNNER(Berne), Maryelle BUDRY (Genève),Jean BURGMEISTER (Genève), Pablo CRUCHON(Genève), Urs DIETHELM (Bâle),Jean-Michel DOLIVO (Lausanne),Marianne EBEL (Neuchâtel), Gilles GODINAT(Genève), Razmig KEUCHEYAN (Paris),Dan LA BOTZ (New York), correspondant aux Etats-Unis, Jorge LEMOS (Lausanne), Isabelle LUCAS (Lausanne), Aude MARTENOT(Genève), Camille Jean PELLAUX (Neuchâtel),Stéfanie PREZIOSO (Genève), Pierre RABOUD(Lausanne), Hans-Peter RENK (Le Locle), Audrey SCHMID (Genève),Thibault SCHNEEBERGER (Genève),Daniel SÜRI (Lausanne), Marie-Eve TEJEDOR(Genève), Pierre VANEK (Genève), Henri VUILLIOMENET (Neuchâtel),Giulia WILLIG (Genève)Mise en page Niels Wehrspann Webmaster Sébastien L’HAIRE Couverture Evi Fylaktou Tirage 5 000 ex. / 20 numéros par anAbonnementsAnnuel 80 fr.Etudiant·e·s, chômeurs·euses, AVS... 40 fr.Soutien 150 fr.3 mois à l’essai Gratuit !Contacts régionaux du mouvementGenève 25, rue des Gares • C.P. 20891211 Genève 2 • T +41 22 740 07 40F +41 22 740 08 87 • [email protected] 12–9441–1Vaud Case postale 5708 • 1002 [email protected] • CCP 17–783321–2T +41 79 391 14 54Neuchâtel C.P. 3105 • 2001 NeuchâtelT +41 78 661 02 70 • [email protected] CCP 20–6305–2

E n France, près 5000 communes, mais aussi des hôpitaux et des organismes de logement social, sont concernés par des

emprunts souscrits durant ces 10-15 dernières années et indexés sur le franc suisse. Le service de ces dettes peut en effet bondir de 3 % à 12 %, voire 17 % par an ! Pour des centaines de com-munes bretonnes, déjà fortement impactées par la crise, c’est une catastrophe. Pour la ville de

Saint- Tropez, c’est un véritable cauchemar ; du moins a-t-elle peut-être la possibilité de deman-der à ses résidents huppés de mettre la main au portefeuille. En Allemagne, de nombreuses col-lectivités publiques font face au même problème, dont les municipalités d’Essen, de Lörrach, de Konstanz, etc. Par ailleurs, des centaines de milliers de foyers polonais, hongrois, roumains, serbes ou

croates, dont les prêts hypothécaires ont été libellés en francs suisses, voient leur endet-tement augmenter de près de 20 % du jour au lendemain. Par exemple, à la fin novembre, le stock total de prêts hypothécaires contractés en Pologne atteignait 82 milliards d’euros, dont 37 % en francs suisses. Souvent, les banques qui leur avaient accordé ces prêts n’avaient pas par-tagé ce risque avec leurs clients, si bien qu’elles encaissent aujourd’hui ces importants gains de change sur leur dos. Le choc social suscité par le décrochement du franc suisse est extrêmement grave et plusieurs Etats envisagent la mise en place de mécanismes permettant de partager les pertes encourues entre clients, établissements de crédit et Banques centrales.

Qui disait que le capitalisme, c’était la privatisation des profits et la socialisation des pertes ? 7 JB

RÉÉVALUATIONDU FRANC SUISSEET MISÈREEN EUROPE

ÉDITORIAL 3

SOLIDARITÉVenir en aide aux populationsciviles de Syrie ! 4

INTERNATIONALEgypte : répression sanglante et continue 4

Grèce : gute Nacht, Frau Merkel ! 5

PEGIDA : un mouvement ultra-réactionnaire, islamophobe et raciste en allemagne 6

Après les crimes sanguinaires à Paris, construire une réponse de gauche aux politiques liberticides et xénophobes 7

Affaire d’Ayotzinapa : des Américains d’origine mexicaine manifestent aux Etats-Unis 8

FÉMININ–MASCULIN7 mars 2015 : y a pourtant pasmarqué « pigeonne » ! 9

Du Kurdistan au Portugal une caravane féministe se met en marche ce 8 mars 10

MONDE DU TRAVAILDroits syndicauxet justice de classe : Providence et Edipresse 11

IMMIGRATION/RACISMESinistrés des Tattes :mouvement de solidarité avec les requérants d’asile 12

SUISSE ALÉMANIQUELes 15 ans du Tour de Lorraine 13

GENÈVELoi sur la police (LPol) : un large front politique et syndicalporte le non de gaucheà la loi-Maudet 14

2×non aux économies sur le dos des plus démunis ! 15

Imposition des entreprises : refuser toute baisse des rentrées fiscales ! 15

VAUDDieudonné : vous avez ditantisystème ? 16

POP et solidaritéS, une liste unitaire aux élections fédérales 16

NEUCHÂTELHôpital de La Chaux-de-Fondsune décision (une de plus !)scandaleuse du Conseil d’Etat 17

Touche pas à ma boîte !  17

CULTUREThéâtre : « tout ce qui n’est pas digéré, il faut l’affronter » 18

À VOIRTélévision 19

À LIRELivres en lutte 19

AGENDA 20

CAHIER ÉMANCIPATIONSLe sens de notre solidarité avec le peuple grec

A l’échelle internationale, nous ne pleurerons pas les déboires de nombreux spéculateurs sur les monnaies ou sur les titres de la bourse helvétique, qui ont perdu des milliards de francs de capitaux virtuels en quelques heures. Pourtant, les conséquences de cette réévaluation vont peser beaucoup plus lourd sur la vie quotidienne de millions de personnes en Europe.

De nombreuses collectivités publiques en Europe vont souffrir, dont la ville d’Essen dans la Ruhr.

Mar

tin

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solidaritéS 26229 janvier 2015

Editorial 3

J eudi 15 janvier, à 10 h 30, la Banque nationale suisse (BNS) décidait de renoncer au cours plancher de 1,20 franc pour 1 €, qu’elle avait défendu depuis le

6 septembre 2011 au prix de 300 milliards de francs (dont environ 100 milliards dans les deux dernières semaines). Ce coup de tonnerre précédait de six jours la décision atten-due de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter les dettes publiques des Etats pour un montant de 60 milliards d’euros par mois sur 19 mois, et de dix jours, la victoire annoncée de SYRIZA aux élections grecques du 25 janvier. Ce tournant abrupt va impacter la vie de millions de personnes. Il a pour-tant été préparé dans le plus grand secret par les trois membres du Directoire de la BNS. Son président, Thomas Jordan, est un paranoïaque de l’inflation, un euros-ceptique de la première heure, dont la thèse de doctorat de 1993 ciblait déjà les failles du projet de création d’une mon-naie unique européenne. C’est pourquoi sa désignation à la tête de la BNS en 2012 avait été applaudie par la Weltwoche (proche de l’UDC) et par Christoph Blocher. Cette décision est celle des milieux dominants helvétiques qui veulent jouer leur propre partition sur la scène internationale. Elle n’a rien à voir avec l’intérêt de la majorité d'entre nous. Ce sont ces mêmes milieux, en dépit de toute procé-dure démocratique, qui ont fait nommer, il y a trois ans, un triumvirat ultralibéral à la tête de la BNS. Pour les cercles dirigeants du PSS et des syndicats, leurs désirs sont des ordres. Ainsi, la présidence du Conseil de la BNS a été confiée au « socialiste » Jean Studer, ex-membre de l’exé-cutif neuchâtelois, champion de la baisse des impôts des entreprises, et un strapontin a été concédé à l’économiste en chef de l’Union syndicale suisse, Daniel Lampart.

La BNS exprime clairement sa volonté de ne pas soutenir les Etats en difficulté du sud de l’Europe en adoptant le même point de vue que l’Allemagne, la Hollande ou l’Au-triche, qui auraient souhaité des plans d’ajustement plus brutaux encore. Pourtant, Paul Jorion se trompe lorsqu’il

affirme sur son blog que « les Suisses se résolvent à sacri-fier leurs dernières activités agricoles et industrielles pour ne pas être financièrement emportés par l’effondrement mécanique de la zone euro […] » (18 janvier). Au contraire, la production industrielle par ha bitant·e de la Suisse reste la plus élevée au monde et sa balance commerciale est excédentaire depuis plus de 20 ans.

En maintenant l’euro au taux plancher de 1,20 franc durant plus de 3 ans, la BNS a donné un répit à l’industrie pour faire face au renchérissement du franc – de près de 30 % par rapport à l’euro, de fin 2007 à début 2011 – et pour qu’elle aborde la reprise dans une position de force. Tou-tefois, l’embellie tant attendue n’étant pas au rendez-vous, la BNS a estimé qu’une nouvelle dégringolade de l’euro était inévitable. Et elle compte sur la compréhension des secteurs industriels les mieux armés pour faire face à cette nouvelle donne (Nestlé, ABB, Roche, Novartis, etc.), ceci d’autant plus qu’une part importante de leurs activités se situe à l’étranger, où ils vont pouvoir acquérir des entre-prises concurrentes à bon marché. Bien sûr, BNS et patronat attendent des autorités qu’elles améliorent les « conditions cadres » des entre-prises par une baisse massive de leurs charges (impôts et

salaires), qu’il sera plus facile de justifier aujourd’hui par un chantage à l’emploi. Il s’agit d’accélérer la Réforme de la fiscalité des entreprises III, de compri-mer les salaires et d’accroître temps et intensité du travail, comme le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, après bien d’autres, l’a récemment pré-conisé à Davos. Les employeurs·euses vont tenter de tirer parti de la votation du 9 février en enfonçant un peu plus le clou de la division du monde du travail. Les fron ta lier·e·s ne sont-ils pas déjà montrés du doigt en raison de leur gain de change ? Comme dans la crise des

années 70, ce sont donc les tra vail leurs·euses étrangers qui risquent d’être les premières victimes. Il est probable que certains secteurs de l’économie suisse éprouvent des difficultés, qu’ils entendent impu-ter au monde du travail. Pourtant, ce n’est pas aux sa la-rié·e·s de faire les frais des décisions de la BNS et des cours élevés du franc qui résultent largement de la spéculation internationale. Les milieux dirigeants – les banques en particulier – ne l’encouragent-ils pas depuis des décennies en refusant tout contrôle des mouvements de capitaux ? C’est pourquoi les syndicats et une gauche digne de ce nom, au lieu d’appeler à l’union nationale pour défendre l’économie suisse, devraient exiger de l’Etat fédéral et de la BNS, qui n’ont pas hésité une seconde pour déga-ger des dizaines de milliards pour sauver l’UBS en 2008, qu’ils renflouent les entreprises dont l’existence pour-rait être menacée par la hausse du franc en les plaçant sous contrôle public. Bref, ce sont les salaires et le droit à l’emploi qu’il faut défendre. 7

Jean Batou

FRANC FORT

DÉFENDONSLES SALAIRES ET LE DROITÀ L’EMPLOI

Ce n’est pas aux salarié·e·s de payer pour les décisionsde la BNSet les coursélevés du franc.

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P lus de 3 millions de Sy rien·ne·s ont fui le pays depuis 2011 et le HCR annonce déjà plus de 4 millions de

réfugié·e·s pour fin 2015. Les Sy rien·ne·s représentent aujourd’hui le plus important contingent de ré fugié·e·s au monde devant les Af ghan·e·s, selon le rapport du HCR pu-blié le 7 janvier. La tempête de neige qui a balayé le Moyen-Orient mi-janvier n’a rien amélioré et a eu des conséquences humani-taires désastreuses pour les personnes dépla-cées dans le pays et les ré fu gié·e·s dans les pays frontaliers. Des enfants et des civils sont décédés à cause du froid. Dans cette situation catastro-phique, l’aide aux civils syriens, réfugiés et dépla-cés, est une tâche essentielle. Dans ce cadre, nous interviewons Basel Shalhoub, Syrien de Suisse et président de l’association Help Syria.

Quels sont les objectifs et activités de l’association Help Syria ?Help Syria (ex Help Syrians) est une association humanitaire à but non lucratif fondée en 2012. L’association est gérée par un comité et soute-nue par des membres actifs et des membres de soutien, principalement des ci toyen·ne·s suisses et sy rien·ne·s. Tous les membres de l’associa-

tion tra-v a i l l e n t

bénévole-ment. L’as-sociation n’a pas d’obé-dience poli-tique ou re-ligieuse. Elle

a pour objec-tif de venir en

aide aux civils syriens victimes des

conséquences de la ré-volte de la population dès 2011, impitoyable-ment réprimée par l’armée du régime Assad et ses mercenaires. Les enfants sont les premières victimes de cette tragédie. Des millions de per-sonnes ont déjà été tuées, blessées et contraintes à l’exil. Le plus grand taux de ré fugié·e·s syriens se trouve dans des camps aux frontières du pays. A l’intérieur même de la Syrie, des villes et des régions entières sont assiégées et souffrent du manque de nourriture et de soins.

Quelle aide fournissez-vous ?

Help Syria récolte des dons par les cotisations de ses membres et au travers de ses activités, comme

les stands d’information, les distributions de flyers, les expositions d’art syrien, les évènements culturels et les projections de films. A travers nos différentes activités nous tentons de sensibiliser la population en Suisse sur la situation humani-taire en Syrie. Avec les dons reçus, nous avons pu envoyer des containers à la frontière syrienne, au Liban et en Turquie, remplis d’habits, de couver-tures, de lait pour bébés, de matériel médical et de médicaments. Nous avons pu également finan-cer des médicaments sur place pour des enfants dont la vie en dépendait, tandis que récemment un enfant de 4 ans, réfugié en Jordanie a pu se faire opérer en partie grâce à nos contributions à Help Syria et d’autres organisations.

Comment acheminez-vous l’aide et à qui ? Avec qui travaillez-vous sur le terrain ?

Généralement, nous remettons le matériel à des associations humanitaires et médicales actives à la frontière qui se chargent de les distribuer aux plus démunis à l’intérieur de la Syrie ou dans les camps de réfugiés à la frontière même. Il est très difficile d’acheminer l’aide à l’intérieur de la Syrie, car les organisations humanitaires internationales n’ont pas l’autorisation du ré-gime syrien d’agir sur son territoire. Ce sont les petites associations qui tentent au mieux d’aider ces civils qui ont tout perdu. Les enfants sont les premières victimes de ce conflit qui va entamer sa cinquième année. Le HCR annonce déjà plus de 4 millions de réfugiés fin 2015.

Comment pouvons-nous aider votre association ?

Il y a différents moyens pour nous aider. Vous pouvez devenir membre de soutien en remplis-sant le formulaire sur notre site et nous aider dans nos activités régulières. Vous pouvez aussi nous aider en nous faisant parvenir vos dons. 7

Propos recueillis par notre rédaction

www.helpsyria.ch [email protected] 12-101345-7IBAN CH49 0900 0000 1210 1345 7

Solidarité 4International

La situation humanitaire en Syrie ne cesse d’empirer près de quatre ans après le début du soulèvement populaire contre le régime Assad. Transformé en conflit armé, celui-ci a eu des conséquences terribles pour les populations civiles. Début 2015, plus de la moitié de la population syrienne était déplacée…

VENIR EN AIDEAUX POPULATIONSCIVILES DE SYRIE !

L e régime autoritaire de Sissi vient de réprimer de manière sanglante des manifestations

et rassemblements commémo-rant le 4e anniversaire de la révo-lution débutée en 2011. Plus de 20 manifestant·e·s ont été assas-sinés et plus de 90 blessés par les services de sécurité. Le Ministère de l’Intérieur justifie la répression

en disant que les manifestant·e·s étaient tous liés à une « organisa-tion terroriste », terme qui désigne les Frères musulmans pour le ré-gime Sissi. L’assassinat de Chayma Al Sab-bagh, militante du Parti Socialiste de l’Alliance Populaire, par un policier alors qu’elle participait à une manif pacifique pour com-

mémorer la révolution au Caire démontre le caractère menson-ger de la propagande du régime. Chayma Al Sabbagh était connue dans la région d’Alexandrie pour son action aux côtés des tra vail-leurs·euses en lutte. Lors de ses funérailles à Alexandrie, des mil-liers de personnes qui voyaient en elle une avocate des droits des

tra vail leurs·euses et des droits des enfants, ont participé à la cérémo-nie. Les ouvriers·ères de l’usine textile KABO ont déployé une large bannière avec le portrait de Chayma Al Sabbagh. Pendant la procession, la foule criait des slo-gans comme « A bas le régime mi-litaire ! », « Les agents du ministère de l’intérieur sont des voyous » et « Tant que le sang des Egyptiens coulera, à bas chaque président ! » Nous nous solidarisons avec les révolutionnaires égyptiens contre la répression criminelle du régime dictatorial de Sissi. 7 JD

ÉGYPTE

RÉPRESSION SANGLANTE ET CONTINUE

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solidaritéS 26229 janvier 2015

L e premier fait marquant de ces élections, c’est évidem-ment la victoire de la coalition

de gauche SYRIZA, qui remporte 36,34 % des voix, en progression de plus de dix points depuis les élections de 2012 (26,89 % en juin). Cette progression ne se fait pas au détriment d’autres formations de gauche comme le Parti communiste grec (KKE : 4,5 % en juin 2012 pour regagner un peu en 2015, à 5,47 %). L’avancée de SYRIZA semble donc provenir surtout de l’effondre-ment du parti social-libéral Pasok, (12,28 % en juin 2012 et 4,68 % en janvier 2015. Le Pasok représentait 43,2 % des suffrages en 2009). La droite classique, Néa Dimo-kratia (ND), récolte les fruits de sa

campagne de la peur, en reculant moins que prévu (27,8 % des voix, contre 29,66 % aux dernières élec-tions). Mais si elle a ressoudé ses rangs, elle reste loin derrière SYRI-ZA, qu’elle cherchait à battre. A l’extrême droite, Aube dorée recule légèrement, de 6,92 % à 6, 28 %. La barre des 3 % a été fatale au parti créé par Papandréou (an-cien dirigeant du Pasok), au Laos (équivalent du Front national) et au regroupement anticapitaliste Antar-sya (0,64 %). Un nouveau parti centriste et pro-européen, To Potami (La Ri-vière), fait son entrée au parlement (6,05 %). Enfin, les Grecs indépen-dants (Anel), une scission souverai-niste de ND, qui a refusé de voter le

mémorandum de la Troïka en 2012, recule nettement, de 7,51 % en 2012 à 4,75 % en 2015. Il conserve 13 sièges, ce qui reste suffisant pour faire al-liance avec SYRIZA.

Une coalition gouvernementale

Car la coalition de gauche, malgré sa progression, rate de peu la majorité absolue de 151 députés, puisqu’elle n’en rassemble que 149. Pour gou-verner, Alexis Tsipras a donc dû chercher des alliés. Le choix s’est porté sur Anel (anti-austérité, mais plus à droite) plutôt que sur To Po-temi (trop europhile, sans doute). Vu la position sectaire du KKE, qui considère SYRIZA comme le der-nier recours du capitalisme grec et refuse toute alliance sans adoption préalable de sa revendication de sortie de l’euro, on peut difficile-ment reprocher à Tsirpas d’avoir été chercher un appui là où il pouvait en trouver. Même si la prise n’est pas très appétissante : le dirigeant des Grecs indépendants, Panos Kam-menos, est celui qui a vendu le port du Pirée aux Chinois lorsqu’il était ministre de la Marine. Farouche-ment opposé au partenariat civil des homosexuels, c’est aussi un grand pourfendeur de l’imposition des biens de l’Eglise orthodoxe. L’évo-cation de cette alliance avait déjà ouvert un débat dans SYRIZA. Une raison de plus de surveiller de près l’action du nouveau gouvernement et sa cohérence avec les revendica-tions clefs du programme avancé par SYRIZA.

La dette, premier pas

La dette grecque, qui a explosé depuis le début des politiques d’austérité imposée par la Troïka – preuve évidente de leur échec – est

aujourd’hui pour l’essentiel entre les mains de la Banque centrale européenne. Vu son montant de 300 milliards d’euros, personne de sérieux ne peut croire une seconde à son remboursement complet. Mora-toire de la dette, gel du paiement de ses intérêts (20 à 25 % du budget de l’Etat !) et restructuration, avec refus de payer sa part « illégitime », sont autant de mesures nécessaires pour répondre au désastre social et sani-taire créé par MM. Draghi et Baroso et Mme Lagarde, les vrais respon-sables de la catastrophe actuelle. Une fois l’hypothèque de la dette levée, les ressources ainsi conser-vées devront, comme le programme de SYRIZA le demande, être mises au service d’une amélioration des conditions de vie et de travail de la population grecque. Retour du salaire minimum à 751 €, rétablis-sement du droit du travail antérieur aux réformes et création d’emplois sont au cœur des attentes de la population. Comme l’explique la Gauche ouvrière, une des orga-nisations de la coalition SYRIZA : « Sous le slogan ‹ Reprenons tout ce qui doit nous revenir ›, nous devons conquérir non seulement ce qui a été perdu lors des années dites des mé-morandums, mais aussi ce que nous n’avons jamais pu gagner jusqu’ici. »

« Enfin, les difficultés commencent »

Cette phrase fut prononcée par l’ancien député socialiste Alexandre Bracke après la victoire du Front populaire en France et la formation du gouvernement de Léon Blum. L’analogie a, bien sûr, une portée assez limitée. On y retrouve toute-fois ce mélange de joie et d’espoir (enfin !) et de conscience de la diffi-culté de la tâche. Si l’on sait que c’est après la victoire du Front populaire que s’enclencha une vague de mo-bilisations sociales d’une ampleur jamais vue jusque-là en France, il nous reste plus qu’à espérer une même évolution pour la Grèce. Car la réussite de SYRIZA – dont l’effet domino serait alors très fort en Eu-rope – dépend incontestablement de la mobilisation populaire qui viendra soutenir, pousser, voire suppléer le gouvernement dans les rudes batailles qui s’annoncent. Car même si les dirigeants européens font aujourd’hui bon cœur contre mauvaise fortune, il faudra une force peu commune pour les faire céder sur le fond. Cette force, les mobilisations européennes en sou-tien à SYRIZA peuvent l’accroître. A nous donc de comprendre qu’une brèche historique s’ouvre dans le mur de l’austérité et qu’il faut tout faire pour l’élargir. 7

Daniel Süri

International 5

Au milieu de la foule qui fête la victoire de SYRIZA, une pancarte avec un texte en allemand bricolé : « Das ist eine wirklich gute Nacht Frau Merkel » (c’est vraiment une bonne nuit, Mme Merkel). Mais la pancarte ne transmet pas seulement la joie des manifestant·e·s à la chancelière allemande. « Gute Nacht Frau Merkel » est écrit en très gros, signifiant poliment à la triste figure de l’austérité de dégager : loin du bal, Mme Merkel ! Tel est bien le sens du vote du 25 janvier : faire renaître l’espoir en engageant la lutte contre la politique de la Troïka.

GRÈCE

GUTE NACHT, FRAU MERKEL !

La réussite de SYRIZA dépendra de la mobilisation populaire qui viendra soutenir, pousser, voire suppléer le gouvernement dans les rudes batailles qui s’annoncent.

solidaritéS 26229 janvier 2015

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D epuis octobre 2014, des ma-ni festations contre l’« isla-misation » se déroulent en

Allemagne. La première à avoir fait la une des médias avait été organi-sée par les Hooligans gegen Sala-fisten (« Hooligans contre les Sala-fistes ») avec 5000 par ti ci pant·e·s dans les rues de Cologne. Par la suite, c’est un collectif répondant au nom de PEGIDA (« Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident ») qui a pris le relais. Il a été lancé par Lutz Bachmann à Dresde. Il ne s’agissait d’abord que de quelques centaines d’individus qui venaient aux « manifestations du lundi » dans cette ville de l’Est de l’Allemagne. Puis leur nombre gran-dit, atteignant plusieurs milliers de par ti ci pant·e·s, et jusqu’à 15 000 à la mi-décembre. Il y avait alors à peu près 6500 contre- manifestant·e·s. L’initiative a été reprise dans d’autres villes et régions. La plupart des politiciens se sont vite distancés de PEGIDA. Mais beaucoup d’autres ont déclaré qu’il fallait « prendre au sérieux les

soucis des gens ». Quels soucis ? Le chômage, la précarité, l’inégalité sociale, la destruction de la nature ? Non, le souci d’être inondé par un océan d’é tran gers·ères dont des « prêcheurs de haine » musulmans et des terroristes islamistes. Lutz Bachmann [qui a depuis quit-té la direction du mouvement suite au scandale provoqué par une photo de lui grimé en Hitler, ndlr] a publié une plate-forme en 19 points dont certains ont la fonction évidente d’alibi en affirmant vouloir mieux accueillir les ré fu gié·e·s et ne pas se dresser contre les mu sul man·e·s « bien intégrés ». Mais ces points sont absents des ma-nifestations, contrairement à ceux qui exigent un devoir des « étrangers » de s’intégrer, à la demande de plus de policiers pour les surveiller, à la tolé-rance zéro envers les demandeurs d’asile et les immigrants criminels, la sauvegarde de la culture occidentale judéo-chrétienne, etc. Dans les dis-cours publics et les commentaires des manifestant·e·s, les réfugié·e·s, les musulman·e·s, les immigrés sont la cible de propos haineux.

Des nazillons à l’organisation

Parmi les organisateurs de PEGI-DA, on retrouve notamment des personnes issues des milieux d’ex-trême droite, y compris des néona-zis. Dans le comité d’organisation de KÖGIDA, la filiale de PEGIDA à Cologne, est présente Melanie Ditt-mer, qui soutient que l’Holocauste est une invention des vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. Sebastian Nobile, qui était respon-sable d’annoncer à la police la ma-nifestation de KÖGIDA du 5 janvier, est actif dans des structures néo-nazies comme la German Defense League interdite, et en contact avec la bande assassine Blood and Ho-nour, et les identitaires.

Contre-manifestations

Même à Dresde, le nombre de ma-ni fes tant·e·s de PEGIDA semble

aujourd’hui reculer et le nombre de contre-ma ni festant·e·s progresser. Dans les autres villes d’Allemagne, comme à Berlin et Munich, le nombre de contre- manifestant·e·s a été beaucoup plus grand que celui des ma ni festant·e·s. C’est le 5 janvier à Cologne qui symbolise ce changement. Ce soir-là, il n’y avait que quelques centaines de ma ni fes tant·e·s de KÖGIDA, alors que les contre- manifestant·e·s étaient des milliers, 10 000 au minimum, mais probable-ment 25 000. Le tout a été un échec catastrophique pour KÖGIDA, au point que ses organisateurs ont décidé de renoncer dorénavant à manifester à Cologne. Mais, suite au massacre à Charlie Hebdo, KÖ-GIDA vient de réviser cette décision et d’annoncer vouloir manifester chaque mercredi à Cologne. A Cologne, au sein des comités d’action contre PEGIDA, on re-trouve les milieux antifascistes, les organisations de gauche et celles du monde du travail. Mais en fait, c’est l’ensemble du monde politique (sauf l’extrême-droite), associatif et institutionnel qui apparaît en front uni, en incluant les partis bourgeois et les organisations patronales. On peut se réjouir du fait qu’il semble y avoir maintenant un bien plus grand nombre de gens prêts à se mobiliser contre les agissements racistes et islamophobes que de gens qui suivent les appels de PEGIDA. Néanmoins les manifes-tations de PEGIDA articulent une radicalisation de toute une couche de la population avec son discours antisystème. Et ce sont les forces politiques défendant l’ordre établi et les inté-rêts du grand capital qui, par une politique inhumaine et des propos inacceptables créent eux-mêmes l’atmosphère propice au populisme de droite et aux campagnes racistes. Mis à part le discours vaguement humaniste, les politiciens des par-tis capitalistes opposent à PEGIDA des considérations sur l’impor-tance de l’immigration « qualifiée » pour l’économie allemande, pour le financement des pensions, et les recettes fiscales. Mais PEGIDA parle elle aussi des « bons » immigrant·e·s bien intégrés.

Un potentiel ultra-droitier

Les mobilisations de PEGIDA ne tombent pas du ciel. Avant celles-ci, en Allemagne, il y a eu un grand nombre d’actes et de mobilisa-tions racistes dirigés contre les ré-fu gié·e·s. De janvier à novembre 2014, le chiffre des ré fu gié·e·s en Allemagne est monté à 130 000. Même si les données statistiques montrent que la disposition à la

International 6

PEGIDA

UN MOUVEMENT ULTRA-RÉACTIONNAIRE, ISLAMOPHOBEET RACISTE EN ALLEMAGNEAlors que le mouvement PEGIDA voudrait s’implanter en Suisse, nous publions un article de Manuel Kellner, membre de l’ISL, section de la IV e Internationale, et de la rédaction du Sozialistische Zeitung (SoZ). Cette tribune a été initialement écrite pour Viento Sur (vientosur.info). Adaptation de notre rédaction.

Marche de PEGIDA Berlin (BärGIDA), le 20 janvier 2015

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L’ « unité nationale » appe-lée de ses vœux par le chef d’Etat français, s’apparente

à une union mondiale des classes dirigeantes qui mènent une guerre sociale contre leurs peuples et dé-fendent ensemble un ordre inter-national marqué par l’injustice et l’oppression. (…)

Le 11 janvier, le gouvernement fran-çais et les nombreux représentants d’autorités étrangères sont venus recouvrir d’un voile vertueux leurs politiques réelles : démantèlement social, politiques répressives à l’égard des migrants, responsables notamment de milliers de noyades en Méditerranée, ghettoïsation des

quartiers, mesures racistes, envolées nationalistes, entreprises impéria-listes et soutien à de nombreux pays qui violent le droit international et brutalisent leur peuple. On signalera que la Conseillère fédérale Simo-netta Sommarugua participait elle aussi à ce défilé, alors que la Suisse interdit la construction de minarets et réprime pénalement le blasphème (art. 261 CP). Le gouvernement et l’opposi-tion de droite ne cachent pas leur intention de préparer de nouvelles dispositions liberticides. Des voix au sein de ces deux partis appellent déjà à un Patriot Act à la française, tandis que Marine Le Pen annonce un référendum pour réintroduire la peine de mort. En même temps, le climat islamophobe s’est encore alourdi en France. Plus d’une cin-quantaine d’actes antimusulmans ont été perpétrés depuis l’attentat à Charlie Hebdo. […] Les semaines qui viennent verront s’annoncer de nouvelles mesures liberticides, non seulement en France, mais aussi en Suisse, où un éditorial de la Tri-bune de Genève du 10  janvier pou-vait écrire : « A l’heure du fichage universel, défendre les droits de la personne contre la surveillance de l’Etat est sans doute louable. Mais ce combat semble d’une naïveté presque coupable au regard des enjeux sécu-ritaires. Dans son horreur, l’affaire Charlie Hebdo tombe à point nommé pour lever des obstacles idéologiques d’un autre âge. » Active sur les réseaux sociaux depuis quelques temps, la version helvétique des mobilisations isla-mophobes allemandes vient de se constituer en association à Zurich. Elle appelle à une première manifes-tation, le 16 février. En même temps, Walter Wobmann, conseiller national (UDC/SO) et président du Comité d’Egerkingen, à l’origine de l’initia-tive contre les minarets, a exigé, à la suite du massacre de Charlie Hebdo, que les re quérant·e·s d’asile musul-mans d’Irak ou de Syrie ne soient plus acceptés en Suisse. C’est pourquoi nous appelons au développement d’un front démo-cratique large et massif pour com-battre toutes les formes de racisme (islamophobie, antisémitisme, etc.), nous opposer aux nouvelles lois li-berticides, et dénoncer les politiques antisociales et impérialistes qui pro-duisent misère et oppression à une échelle de masse. Face à l’union mondiale des oppresseurs, nous par-ticipons à l’unité internationale des opprimés, avec toutes leurs diversi-tés de genre, de religions, d’ethnies, etc. Elle seule permettra de faire avancer une véritable alternative fondée sur l’égalité sociale, la justice et la démocratie. 7

solidaritéS-CH19 janvier 2015Texte complet sur solidarites.ch

APRÈS LES CRIMESSANGUINAIRES À PARIS, CONSTRUIRE UNERÉPONSE DE GAUCHE AUX POLITIQUES LIBERTICIDESET XÉNOPHOBESLa manifestation du 11 janvier a rassemblé plus d’un million et demi de personnes dans les rues de Paris et plus de 3 millions à travers la France. Impressionnant.

La grande majorité de celles-ci ont défilé en hommage aux victimes du crime barbare contre les employé·e·s et journalistes de Charlie Hebdo, contre trois fonctionnaires de police et contre les otages de la supérette casher de la porte de Vincennes, faisant un total de 17 morts. […] Cet élan de solidarité était magnifique et nous y avons participé en Suisse. Il ne doit pas pour autant nous empêcher de voir les réels objectifs de l’Etat français et de ses invité·e·s internationaux.

radicalisation raciste ne dépend ni de la part de ré-fu gié·e·s ni de la part d’im-mi gré·e·s dans la popula-tion, il est vrai qu’il y a eu, en 2014, un grand nombre d’actions contre l’héberge-ment de ré fu gié·e·s dans des quartiers aisés comme dans des quartiers populaires, à l’Ouest comme à l’Est de l’Allemagne. L’association Pro Asyl re-cense 220 mobilisations di-rigées contre des ré fu gié·e·s de janvier à novembre 2014, et dans la même période 31 actes de vandalisme dirigés contre eux, 24  incendies criminels visant leurs lieux d’habitation et 33 attaques physiques contre des ré fu-gié·e·s. Des sondages d’opi-nion mesurent la montée des préjugés racistes, xéno-phobes et islamophobes dans la population alle-mande. En 2011, 25,8 % des son dé·e·s étaient contre un traitement moins restric-tif des de man deurs·euses d’asile, en 2014 ils sont 76 %. En 2011, 30,2 % se sentaient « étranger dans leur propre pays » à cause du grand nombre de musulmans, en 2014 ils sont 43 %. On peut estimer à 12 % le potentiel de l’extrême droite pure et dure en Allemagne. Seule une partie est prête à voter pour l’AfD ultra-conservatrice, ultra-néoli-bérale et populiste de droite (qui, d’après l’institut Forsa, se situe pour le moment à 5 % des intentions de vote). Une partie de ses membres a cherché à collaborer avec PEGIDA, mais ses dirigeants prennent plus souvent leurs distances vis-à-vis de PEGI-DA, par peur de perdre leur semblant de sérieux dans les milieux conservateurs et libéraux bourgeois. En fait, PEGIDA repré-sente une tentative de briser l’isolement et la dispersion de l’extrême droite pour arriver à des mobilisations significatives et à s’éloigner de l’image d’extrémisme de droite pour apparaître comme une force enracinée au cœur de la société alle-mande. Il  est bien possible que cette initiative, en fin de compte, n’aboutisse pas – mais ce n’est certainement pas la dernière. 7

Manuel Kellner

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L es porteurs de la banderole étaient des Mexico-Améri-cains préoccupés par ce qui se

passe dans leur patrie, mais agis-sant aux Etats-Unis. Ils demandent que les EU réduisent leur aide mi-litaire au Mexique car, disent-ils, le matériel est utilisé par la police et les militaires pour des activités illégales en violation des droits humains. La manifestation a eu lieu le 6  janvier, alors que le président Obama recevait le président mexi-cain, Enrique Peña Nieto, pour parler principalement de l’écono-mie, de questions de sécurité rela-tives aux cartels de la drogue, et de

l’immigration. Devant la Maison Blanche, toutefois, quelques 200 Mexico-Américains ont exigé la démission de Peña Nieto pour son manque de réaction aux assassinats et enlèvements qui ont eu lieu en septembre à Iguala.

Soutien US à l’armée et à la police mexicaines : STOP !Les manifestant·e·s scandaient des slogans et portaient des pan-cartes et des banderoles réclamant justice pour les 43 étudiants de

l’école normale rurale enlevés à Ayotzinapa. Plusieurs d’entre eux portaient des bâtons couronnés de fleurs mauves avec le portrait de l’un ou l’autre des étudiants dispa-rus et des informations le concer-nant. Tout au long de la manifesta-tion, les présents comptaient de 1 à 43 en criant : « Ils ont été emmenés vivants, et c’est vivants que nous voulons les revoir ». Une oratrice a déclaré : « Nous sommes ici pour réclamer justice pour les étudiants d’Ayotzinapa. Nous exigeons que Peña Nieto démissionne ». D’autres ont demandé que la police et l’armée mexicaines, qui semblent être impliquées dans la disparition des étudiants, ne bénéficient plus de l’aide US. Près d’un dixième de la popu-lation mexicaine vit aux USA. Les ré si dent·e·s mexicains et les ci-toyen·ne·s mexico-américains constituent une forte proportion de la population des USA. En 2013, il y avait aux Etats-Unis 41,3 millions de ci toyen·ne·s nés à l’étranger, dont 11,6 millions, soit 28 %, nés au Mexique. Dans le temps, la plupart des Mexicains vivaient dans les Etats du sud-ouest – Californie, Arizona, Nouveau Mexique, et Texas – mais aujourd’hui ils sont partout aux Etats-Unis, avec de fortes concen-trations dans les villes de Chicago, Atlanta et New York. D’après le re-censement de 2010, sur une popu-lation totale de 308,7 millions, on comptait 33,7 millions de personnes de descendance mexicaine.

Une longue histoire de lutte des immigrés

Les immigrant·e·s mexicains ont de tout temps adhéré à des mouve-ments sociaux et syndicaux depuis le début des migrations de masse du Mexique lors de la Révolution mexi-caine de 1910-1920. Au cours des an-nées 1940, les Mexico- Américains ont créé des organisations des droits civiques et, dans les années 1960, il y a eu une forte recrudes-cence du militantisme parmi les Latino-Américains qui travaillaient dans les champs de la Californie, les zones rurales du Nouveau Mexique, et à Denver, au Colorado. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange nord-américain en 1994, les militant·e·s ont tenté à plusieurs reprises d’instaurer une solidarité transfrontière parmi les travailleurs-euses du Canada, du Mexique et des Etats-Unis. Les efforts les plus récents des organisations d’im migré·e·s mexicains ont pour but d’obte-nir davantage de droits pour les im migré·e·s sans papiers et leur famille, les Me xi cain·e·s étant les plus nombreux à être sans papiers aux Etats-Unis. En 2012, sur les 11,3

millions d’im migrant·e·s en situa-tion irrégulière, 6,7 millions ve-naient du Mexique. Au printemps de 2006, des millions de personnes ont manifesté en faveur des droits des im migrant·e·s – la plus grande manifestation de l’histoire des Etats-Unis, qui s’est malheureuse-ment heurtée au refus des membres conservateurs du Congrès. Les jeunes mexicains ont alors repris le flambeau en s’affichant comme sans-papiers lors de manifestations durant la dernière campagne élec-torale du Président Obama, et en mettant les démocrates au défi de les arrêter.

Vers une nouvelle étape du mouvement…Vu leur nombre, beaucoup de Mexico- Américains continuent à parler espagnol et regardent la télévision hispanique, y compris les émissions mexicaines. Ils sont nombreux à suivre avec inquié-tude la violence qui a gangréné leur pays depuis la « guerre contre la drogue », lancée par le président Felipe Calderón en 2006, qui s’est soldée par 100 000 morts, 20 000 disparitions, et 1,5 million de per-sonnes déplacées. Les photos des étudiants d’Ayot-zinapa, parues à la télévision, dans les journaux, et sur les pan-cartes des manifestants partout au Mexique, ont conféré un visage humain aux victimes de la violence des cartels de la drogue et du gou-vernement. Les immigré·e·s mexicains et les Mexico-Américains appartiennent souvent à des clubs locaux, spor-tifs ou autres, à des églises catho-liques ou évangéliques, ou ont leurs propres organisations. C’est grâce à ces groupements qu’une caravane a été mise sur pied pour permettre à une douzaine de parents d’étu-diants disparus de se rendre dans 21 Etats et 39 villes, dont 11 capitales, des Etats-Unis pour faire part de leur expérience et de leurs opinions à la communauté mexico-améri-caine ainsi qu’au public étasunien et aux médias. Les organisateurs·trices, qui à New York comprennent des cui-si niers·ères, des ouvriers du bâti-ment, des étu diant·e·s, médecins, en seignant·e·s, pour la plupart mexicain, mais aussi avec quelques alliés étasuniens blancs, espèrent que la venue de ces personnes aux USA fera pression sur les gouverne-ments mexicain et américain. Dans le même temps, ils amorcent une nouvelle étape du mouvement mi-litant immigré, mexicain et trans-frontière. 7

Dan La Botz

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AFFAIRE D’AYOTZINAPA

DES AMÉRICAINSD’ORIGINE MEXICAINE MANIFESTENTAUX ÉTATS-UNISDevant la Maison Blanche, une banderolegéante proclamait: « Ferguson = Ayotzinapa »,en référence à la ville du Missouri où Michael Brown a été abattu par la police et à la ville du Guerrero, au Mexique, où à la suite d’une attaque policière six étudiants ont été tués, 25 blessés et 43 portés disparus.

Marche de protestation à Las Vegas, décembre 2014

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E n octobre 2014, le congrès annuel de l’Union syndicale suisse avait vu les militant·e·s décider de faire de la journée

de lutte pour les droits des femmes du 8 mars 2015 un moment de mobilisation nationale contre l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et pour l’égalité salariale, deux thèmes soumis à discussion au parlement fédéral dans le courant de l’année. Au projet d’égalité par le bas prôné par le plan de prévoyance vieillesse 2020 élaboré par le Conseiller fédéral socialiste Berset, les dé-lé gué·e·s ré uni·e·s à l’USS avaient ainsi intel-ligemment décidé d’opposer une lutte pour le maintien des acquis des femmes sur le plan des retraites, et d’en rajouter une couche sur l’éga-lité salariale à la suite de l’annonce timide du Conseil fédéral de vouloir introduire quelques contrôles en la matière.

Camaraderie féminine et classes sociales

Un comité unitaire est donc mis sur pied dans le courant de l’automne dernier, composé d’une coalition élargie aux camarades d’un jour des associations de femmes d’affaire de droite et des sections féminines du Parti démocrate-chrétien et du Parti Evangéliste (oui, le même qui voulait supprimer le remboursement de l’IVG par l’assurance de base…). Très vite, la question du plan Berset et de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes disparaît de l’horizon de la manifestation prévue. Il est vrai que la perspective de travailler un an de plus effraye moins lorsqu’on passe ses journées assises derrière un bureau qu’à remplir les rayons d’un supermarché. Une leçon de plus, mais en avait-on réellement besoin, que la camaraderie féminine s’arrête aux portes de la classe sociale.

Qu’importe, aurait-on pu dire, les forces syn-dicales seront majoritaires et sauront faire valoir le moment venu que nous avons l’outrecuidance de revendiquer de conserver notre retraite à 64 ans et d’être payées au même tarif que nos congénères masculins ! Peu à peu, l’annonce de la manifestation est en effet relayée par les sites Internet des centrales syndicales. La question des retraites est bien présente dans les titres, mais on peine à trouver une seule ligne sur ce sujet dans les corps de texte qui les suivent. Fin décembre, les premiers flyers de mobilisation pour la mani-festation commencent à paraître. Chez Unia, la nécessité de lutter contre l’élé-vation de l’âge de la retraite ne figure toujours pas dans le texte du tract, à pré-sent elle a même disparu du titre...

Dealer l’égalité salariale contre l’élévation de l’âge de la retraite ?Confronté·e·s à un oubli aussi flagrant, le plan Berset n’étant rien de moins que la pire attaque politique portée contre les intérêts des femmes depuis la 10e révision de l’AVS en 1994, on s’inter-roge. Petit à petit, on se souvient qu’en lançant son projet de réforme, M. Berset avait en toute mansuétude suggéré que l’introduction de la retraite des femmes à 65 ans devrait s’accompa-gner d’un effort pour réduire les inégalités sala-riales qui les touchent. Nous revient également à la mémoire que le congrès des femmes PS de l’automne 2013, prenant son ministre au mot, avait suggéré que l’on pourrait peut-être entrer en matière si un système de compensation était mis en place sous forme de réduction de l’iné-galité salariale, le deal imaginé étant alors de troquer un ou deux mois de travail en plus pour toutes, pour chaque pourcent d’inégalité sala-riale moyenne en moins. Et on en vient finalement à penser qu’une telle mise en valeur de l’égalité salariale de la part des organisatrices de la manifestation du 7 mars, au détriment de la question de l’élévation de l’âge de retraite, porte un but précis : faire comprendre que les femmes seraient prêtes à négocier sur ce point. On finit même par se demander si l’organisation d’une manifestation nationale pour le 8 mars, après 5 ans d’absence, n’avait pas pour but d’éviter que cette journée de lutte ne donne lieu à trop de mobilisations dans les régions sur la question des retraites. On n’ira toutefois pas jusqu’à l’affirmer, il paraît que la gauche radicale est parano...

Féministes et syndicalistes

Parce que nous sommes fémi-nistes et syndicalistes, nous

refusons que l’égalité sala-riale qui nous est due

ne soit troquée contre une augmentation de nos années de travail qui affectera aussi à terme nos cama-rades masculins, et

prônons une mise à égalité par un abaisse-

ment de l’âge de la retraite de toutes et tous. Parce que nous

sommes féministes et syndicalistes, nous regrettons également que l’organisation d’une journée de lutte des femmes se livre finalement à une instrumentalisation de ces dernières, spoliant leur parole en verrouillant le mot d’ordre de la manifestation, nous renvoyant de facto à la position d’oppression dont nous faisons l’expérience chaque jour dans les es-paces publics et politiques. Parce qu’il n’est pas inscrit « pigeonne » sur notre front en ce qui nous concerne, il est primordial que nous soyons nombreuses et nombreux à cette manifestation, non pour roucouler à l’unisson avec nos camarades d’un jour, mais pour porter une autre voix et affirmer ces principes par nos slogans, nos pancartes et nos actions. 7

Audrey Schmid

7 MARS 2015

Y A POURTANT PASMARQUÉ « PIGEONNE » !Appuyées d’un comité pour le moins hétéroclite, les centrales syndicales appellent à une manif le 7 mars prochain à Berne pour l’égalité salariale, au mépris de la volonté exprimée par leur base de faire également de cette journée un moment de revendication contre l’élévation de l’âge de la retraite des femmes et autres mesures de péjoration prévues par le plan Berset. Face aux alliances politiques contre nature et aux petits arrangements entre amis, nous devons refuser d’être encore et toujours les dindonnes de la farce.

Féminin—Masculin 9

Le visuel pour la manifes-tation ne

fait aucune référence au com-

bat contre l’augmenta-tion de l'âge de la retraite

Rob&Rose

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Monde du travail 10

Comment est conçue cette « caravane » de la Marche mondiale des Femmes ?

Notre Caravane partira de nos réalités de femmes pour mettre en évidence, au-delà de nos diffé-rences, des façons de lutter contre l’austérité, la pauvreté, et de résister aux violences masculines, à la misogynie, la lesbophobie, etc. Nous voulons construire la solidarité et créer des connexions entre toutes les femmes qui s’opposent aux injus-tices et aux inégalités. Des millions de femmes n’en peuvent plus de subir ce patriarcat colonial, capitaliste, militaire, fasciste et raciste. Au fil de notre voyage, nous rassemblerons la mémoire de leurs résistances. Nous connecterons les mou-vements féministes de la base et mettrons en évidence leurs luttes et leurs alternatives. Avec notre Caravane nous voulons valoriser la force des mouvements et des luttes en Europe, et ac-croître la solidarité dans ce contexte difficile.

Quel sera votre parcours ?

Notre voyage de 8 mois commencera au Kurdis-tan. Le lancement de la caravane est organisé en Turquie par les coordinations locales de la MMF qui travaillent avec leur sœurs kurdes pour abo-lir les frontières qui divisent nos corps et nos luttes. Des féministes d’Europe et du monde se retrouveront le 6 mars à Nusaybin pour un forum public, où une délégation visitera le camp des ré-fu gié·e·s sy rien·ne·s soutenu par les ré sis tant·e·s kurdes. Le lendemain, des femmes venant des deux côtés de la frontière de Nusaybin – Mardin

se retrouveront pour une marche, avant le départ pour Diyarbakır (Amed) pour une grande mani-festation le 8 mars. Passant par Izmir, notre route se poursuivra en direction de la Grèce pour arri-ver le 17 mars à Thessalonique. Les 11-12 avril il y aura une rencontre de femmes roms à Bucarest, les 17-18 avril une marche lesbienne féministe à Belgrade et le 27 avril un événement antifasciste à Ljubljana. Nous nous arrêterons à Milan, avant d’arriver en Suisse en mai. Nous avons rendez-vous à Nantes début juin; de là nous nous ren-drons en Belgique, puis en Allemagne (juillet) avant de nous arrêter en Pologne où aura lieu un campement féministe international début août. Nous retournerons ensuite vers le Sud : passant par la Hongrie, l’Autriche, nous irons à Rome, avant de nous rendre à Marseille, puis en Catalogne, au Pays Basque, en Galice et arriver le 17 octobre au Portugal où aura lieu un grand événement international de clôture de l’Action Internationale.

Quelles sont vos ressources ? Comment prépa-rez-vous ce voyage ?

Le groupe des jeunes féministes MMF travaille depuis deux ans déjà en collaboration avec les coordinations nationales MMF en Europe. Ce projet demande beaucoup de travail mais aussi...de l’argent ! Or, nous avons très peu de subven-tions, nous avons donc lancé une campagne eu-ropéenne de financement participatif qui devrait être une importante source de revenu (www.ver-kami.com/locale/fr/projects/10679)

Nous avons besoin du soutien d’un maxi-mum de personnes et d’organisations. Notre petit groupe est très motivé pour parvenir à réa-liser cette action de dynamisation et mise en lien des mouvements populaires en lutte en Europe aujourd’hui. Peut-être parce que nous sommes surtout des jeunes femmes, nous souhaitons gar-der l’espoir de changer ce monde oppressif.

Comment imaginez-vous les arrêts ?

La Caravane comportera plusieurs vans/voi-tures, qui permettront le transport des femmes et du matériel permettant le lien entre les étapes locales. Certains trajets seront organisés avec des marches à pied ou des parcours à vélo. Le nombre d’événements qui seront organisés aux niveaux local, national et régional et le nombre de femmes qui pourront participer à cette expérience unique dépendront aussi de nos ressources. Nous travaillons en alliance avec différents groupes de femmes, organisations, collectifs et réseaux progressistes. Nous recueil-lerons les mémoires, les priorités, les stratégies et informerons sur les résistances des femmes d’ailleurs. Pour enregistrer et diffuser les témoi-gnages, nous utiliserons bien sûr les moyens de communication à notre disposition (Internet, ra-dio, vidéos, photos…) La visibilité des actions par le web est l’un des aspects essentiels de l’Action, c’est pourquoi l’équipe de la Caravane se trans-formera, avec le soutien des femmes qui nous rejoignent, en équipe de reporters militantes. Aves les femmes rencontrées tout au long du tra-jet, nous voulons partager nos réalités, nos uto-pies et nos stratégies de résistance. Nous voulons encourager chacune à lutter, et nous donner les moyens de la solidarité sous toutes ses formes.

En Suisse la Caravane sera accueillie dans plu-sieurs villes lors du week-end de l’Ascension et de la Pentecôte. Quelles sont vos attentes, vos espoirs ?

Au Tessin, les femmes préparent une marche de Chiasso à Airolo. Nous espérons qu’il fera beau ! Ce sera une occasion pour échanger nos expé-riences, rencontrer peut-être aussi des femmes rurales et parler avec elles de la souveraineté alimentaire, qui est un thème central de toute la 4e action planétaire MMF dans laquelle s’inscrit notre voyage. A Zoug, c’est des multinationales qu’il sera question, paradis fiscal oblige… A Neu-châtel, Berne, Fribourg et Lausanne nous serons de passage, avec un accueil local. Puis nous con-vergerons de toute la Suisse, enfants, femmes et hommes solidaires, à Genève pendant le week-end de Pentecôte. 7

Propos recueillis par Marianne Ebel Coordination MMF/Suisse

Dans le cadre de la 4e action planétaire de la Marche mondiale des femmes (MMF), une caravane féministe traversera l’Europe cette année. solidaritéS s’est entretenu avec Clara, une des militantes impliquées depuis plusieurs mois dans l’organisation de ce voyage qui commencera le 8 mars dans le Kurdistan turc pour finir le 17 octobre au Portugal.

DU KURDISTAN AU PORTUGALUNE CARAVANE FÉMINISTE SE MET EN MARCHE CE 8 MARS

Certaines organisatrices, lors de la Rencontre européenne à San Sebastian en octobre 2014

Le parcours de la Caravane

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Pour quels motifs ces collègues sont-ils déférés au tribunal ?

CD : En 2012, les sa la rié·e·s de cet hôpital ont fait grève pour dé-fendre la CCT Santé 21 qui les pro-tégeait depuis dix ans. Elle avait été dénoncée unilatéralement par l’employeur, dans le cadre des pourparlers liés à la reprise de l’hôpital par le groupe Genolier (GSMN). Pour combattre la grève, l’employeur et GSMN ont mobi-lisé d’importantes ressources poli-tiques, médiatiques et juridiques. Suivant les conseils des syndicats patronaux – la FER a publié des recommandations pour casser les grèves – l’employeur et GSMN ont tenté de criminaliser les grévistes et les syndicats, avec des plaintes pour diffamation et violation de domicile contre des tracts et le pi-quet de grève. Celles-ci ont permis d’évacuer les grévistes et de porter un coup décisif à la lutte. Deux ans après, la Providence et GSMN maintiennent leurs plaintes, font le procès du syndicalisme et veulent faire un exemple.

Au niveau syndical quels sont les enjeux ?

A Neuchâtel, la Providence et GSMN ont réussi à instaurer un vide conventionnel. Les sa la-rié·e·s sont soumis à un règlement

d’entreprise sur lequel ils n’ont pas de prise. L’employeur dicte sa loi et elle est sévère. Les tra vail-leurs·euses ne sont pas autorisés à parler de leurs conditions de travail et à exercer leur liberté syndicale dans l’entreprise. En outre, ce coup de force menace toujours la CCT Santé 21 et les 5000 em ployé·e·s des établissements hospitaliers et EMS du canton, publics ou privés. Le Conseil d’Etat rend cette me-nace d’autant plus sérieuse qu’il soutient toujours la Providence, deux ans après la dénonciation de la CCT, alors qu’elle ne remplit pas les conditions pour figurer sur la liste hospitalière, en ne respectant pas le contenu de la CCT. Ailleurs en Suisse, l’action de la Providence et de GSMN inquiète. Ce dernier est un groupe puissant en forte croissance qui a récem-ment acquis plusieurs cliniques. Les syndicats craignent que l’atti-tude à Neuchâtel de GSMN soit un tournant dans le secteur de la santé jusqu’alors plutôt épargné par la sous-enchère salariale et en termes de conditions de travail. A. Peliz-zari (CGAS) et D. Lampart (USS) en ont témoigné devant le juge. Cela explique la solidarité dont ont bé-néficié les grévistes dans plusieurs cantons.

Et la suite ?Le verdict tombera en février. 7

E n 2009, notre camarade Hans Oppliger, alors impri-meur chez Edipresse, se fait

licencier dans le cadre d’un licen-ciement collectif pour raison éco-nomique bien que l’imprimerie soit dans les chiffres noirs. Pour comprendre cette décision dans un contexte économique sain, il faut se rappeler qu’à cette période, Tame-dia rachetait petit-à-petit Edipresse. En effet, un accord de vente négo-cié fixait une vente en trois étapes. Alors que les deux premières étapes prévoyaient des montants fixes pour l’achat des actions, per-mettant à Tamedia de racheter 51 % des actions de l’entreprise indépen-damment de leur cote en bourse, la vente des 49 % restant était liée à la valeur boursière du titre au moment de la transaction. Ainsi, la décision de licencier plus de 100 tra vail leurs·euses répondait en fait à des impératifs d’optimisation des profits. En annonçant restructura-tion et licenciements, les marchés friands de ce genre de drame ont répondu présent en faisant grim-per la valeur boursière des actions, offrant ainsi une vente fructueuse aux propriétaires ! Conscients de cette manœuvre honteuse, Hans Oppliger et ses ca-marades ont tenté d’organiser une lutte collective. Après deux mobili-sations importantes, le mouvement s’est néanmoins affaibli et la grève n’a pas eu lieu. La réponse de la di-rection fut claire : maintien des licen-ciements y compris celui des trois syndicalistes exerçant des mandats électifs pour le syndicat ! En s’ins-crivant dans une longue tradition patronale, la direction a décidé de

profiter de ce licenciement collectif pour « décapiter » le syndicat dans l’entreprise. Notre camarade Hans Oppliger se bat depuis lors contre son licen-ciement clairement antisyndical. En effet, outre le fait qu’il ait assu-mé le mandat syndical à la caisse de pension d’Edipresse, Hans Oppliger avait été le président de la Com-mission du personnel de l’indus-trie graphique. En 2005, alors qu’il négociait la nouvelle CCT de la branche, Hans réussi à imposer un article qui prévoit une procédure spéciale pour les licenciements des syndicalistes ayant un mandat élec-tif. Cette mesure de protection des dé lé gué·e·s syndicaux, arrachée en négociation, a également été com-plétement piétinée ! Notre camarade conteste donc le licenciement qu’il considère comme abusif et illégal. Il demande notam-ment de considérer son licencie-ment comme nul et non avenu et exige sa réintégration immédiate à son poste ! Après plus de 5 ans de procédures, le procès a enfin pu débuter et les en-jeux sont importants. Dans un pays où le licenciement de syndicalistes devient de plus en plus répandu, si notre camarade réussit à gagner ce procès, la jurisprudence pourrait évoluer favorablement et offrir un socle sur lequel appuyer les futures luttes. Après les licenciements « an-tigrèves » de Gate Gourmet et de la Providence, une victoire juridique serait bienvenue. Souhaitons à Hans bonne chance et plein de courage, et manifestons-lui notre soutien ! 7

Pablo Cruchon

DROITSSYNDICAUXET JUSTICEDE CLASSE

Monde du travail 11

 PROVIDENCE Lundi 16 janvier s’est ouvert le procès des secrétaires syndicaux qui ont accompagné la grève de la Providence à Neuchâtel. Entretien avec leur avocat Christian Dandrès.

 EDIPRESSE Ce 8 janvier, s’est ouvert à la Chambre patrimoniale du Canton de Vaud, le procès concernant un licenciement antisyndical chez feu Edipress. Retour sur l’affaire.

Le drapeau des ouvriers ferblantiers de Lausanne, 1899. Tiré du catalogue d'exposition « Sous le drapeau syndical. 1845–2014 » que l'on peut commander en écrivant à : [email protected]

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E n novembre 2014, le Bâtiment I des Tattes a connu un événement avec de graves réper-cussions. Un incendie prenait au piège les

résidents, causant une mort et blessant une qua-rantaine de personnes (dont deux aujourd’hui paraplégiques), souvent à la suite des défenes-trations. Au total, 189 personnes ont été délogées. Cet incendie n’est pas le premier dans ce lieu, conduisant les groupes de soutien aux requé-rants à s’interroger sur les conditions de sécurité dans les foyers. Lors de la tragédie, le foyer des Tattes est déjà suroccupé. Réservé aux hommes placés au régime de l’aide d’urgence et aux demandeurs d’asile, il est prévu pour 500 habitants. En fait, 685 personnes y résidaient, avec des chambres pour deux occupées à quatre. Cet entassement, en plus de rendre la cohabitation pénible, a ac-cru les difficultés d’organisation de l’évacuation. Deux mois après, le Ministère public genevois a été sollicité pour déterminer les causes et res-ponsables de l’incendie, mais aucune justice n’a été rendue aux victimes souvent traitées comme fautives par les autorités.

Un accident révélant de graves dysfonctionnements

Un défaut de mesures de sécurité a été établi par l’avocat des victimes Pierre Bayenet, et le rapport du Services d’incendie et de secours confirme plu-sieurs problèmes techniques du bâtiment. Portes bloquées, fenêtres condamnées, pas d’exercice d’évacuation préventif et une alerte donnée trop tard ont permis au feu de faire des ravages avant l’arrivée des pompiers. Ces derniers le disent, ce sont ces raisons et non la panique des ha bi tants, qui expliquent les conséquences. Mais ce constat peine à être admis publiquement, comme la dé-nonciation des pratiques de l’Hospice général qui veut minimiser ses responsabilités et rejeter la faute sur les requérants. Notre camarade Pierre Vanek, député, déposait en décembre une question au Grand Conseil, de-mandant l’ouverture d’une enquête administra-tive pour établir les responsabilités de l’Etat et de l’Hospice dans l’incendie. Pas de soutien psycho-logique aux sinistrés, mauvaise prise en charge à

déplorer et transmission inexistante des informa-tions aux victimes… Pierre Vanek a aussi mis en cause la précipitation avec laquelle les résidents ont été poussés à signer une renonciation à toute indemnisation contre versement immédiat de 250 à 500 francs alors que le bâtiment était assuré. Enfin, il a exigé l’arrêt du renvoi des victimes, une d’entre elles ayant déjà été expulsée par vol spécial alors qu’elle marchait encore avec des béquilles… En réponse, le Conseil d’Etat annonce qu’aucune enquête n’a été lancée, que les indem-nités correspondent aux biens détruits et qu’une réparation ne sera envisagée que quand les res-ponsables seront déterminés. Aucune suspension de renvois n’est prévue par le gouvernement, qui se justifie d’avoir expulsé un blessé au prétexte qu’il était apte au voyage aérien. A la suite de l’incendie, nombre d’habitants du foyer ont été relogés dans des abris PC aux condi-tions de vie effroyables. D’autres ont trouvé refuge chez des proches. Pourtant, alors que certains des habitants ont pu regagner le centre, rien n’a été amélioré en termes de sécurité. Fort de ce constat, un comité de solidarité avec les sinistrés des Tattes s’est créé pour aller à leur rencontre (contact : [email protected]).

Solidarité avec les sinistrés

Lors de cette rencontre, un besoin urgent s’est manifesté de s’organiser pour agir face aux di-verses lacunes quant au suivi de la catastrophe, mais aussi face aux conditions de vie dans les foyers en général. Une assemblée générale s’est tenue le 25 janvier en présence de requérants d’asile (des Tattes et des abris PC) et de per-sonnes intéressées à les aider et à dénoncer la situation. A cette occasion, des informations ont été transmises aux victimes par la Coordination asile et par l’avocat Bayenet. Mais surtout, des séances de discussion en groupe ont permis de relever des points problématiques cruciaux dans les situations de logement des requérants. Les problèmes à la suite de l’incendie ont été relevés (pertes matérielles, dégâts physique et psy-chologiques), mais aussi un climat de peur face aux mauvais traitements de la police, des responsables de la sécurité et de l’accueil dans les centres. A quoi s’ajoutent les mauvaises conditions de logement (matériel insuffisant et dégradé, entassement) qui augmentent les tensions entre les exilés et parti-cipent au sentiment de perdre pied et de colère des résidents face à ce traitement. Enfin, trois groupes d’actions ont vu le jour. Le premier se centre sur l’accompagnement psycho-logique des victimes. Le second vise à « abattre le mur » érigé entre de man deurs·euses d’asile et Ge-ne vois·e·s via plusieurs actions de proximité. Le troisième groupe entend dénoncer les conditions de vie dans les foyers et abris PC du Canton, par le biais d’une lettre ouverte, d’une expo-photo ou encore d’un film. L’association stopbunkers a en outre déposé une lettre le 26 janvier à l’Hos-pice, dénonçant les conditions de logement en abri PC. En effet, près de 150 personnes vivent aujourd’hui sous terre, dans des conditions de promiscuité, d’hygiène, alimentaires et de som-meil scandaleuses. Comme un demandeur d’asile l’a dit : « être sans-papier c’est être sans bouche, on ne peut pas se faire entendre ». C’est maintenant à la popula-tion genevoise de dénoncer l’inaction des auto-rités et de faire cesser ces inhumanités. 7

Aude Martenot

Immigration/racisme 12

SINISTRÉS DES TATTES

MOUVEMENT DE SOLIDARITÉ AVEC LES REQUÉRANTS D’ASILEConstatant les conditions de vie dans lesquelles sont contraints d’exister les habitants du foyer pour requérants des Tattes à Vernier, un groupe de solidarité est né. Son but : dénoncer la manière dont les autorités font vivre ces personnes, suite à l’incendie en novembre, mais aussi les conditions dans les abris de protection civile (PC) et les foyers du Canton.

Réunion du collectif de soutien aux sinistrés des Tattes

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E t les vitres du McDonald se brisèrent. Leur bruit secoua l’opinion publique suisse.

C’était il y a quinze ans, lorsqu’envi-ron un millier d’activistes réussirent à se rapprocher dangereusement du rendez-vous annuel du World Economic Forum (WEF) à Davos. Le tête-à-tête des grands pontes de l’économie et des boss de la finance en fut perturbé au moins durant une demi-journée. Bourrelée de re-mords, la police cantonale grisonne promit ensuite de mettre en place un vaste dispositif de sécurité. Durant la réunion du WEF, Davos devint depuis un quartier de haute sécurité protégé par une interdic-tion de manifester. Aujourd’hui, il n’est presque plus possible de s’y promener pendant ce forum sans badge officiel. En 2000, les militant·e·s ripos-tèrent en créant le Forum social mondial, la conférence « Un autre Davos » et le Public Eye on Davos. Une petite fête de solidarité, appe-lée « Tour de Lorraine » se tint à Berne. Mafalda ricanait mécham-ment, une paire de skis à la main, sur son papillon d’invitation.

La fête était organisée par la coor-dination bernoise contre l’OMC, Attac Berne et la commission locale « Œcuménisme, Mission et coopéra-tion au développement » en collabo-ration avec les bistrots où se tenaient les concerts. L’objectif était d’abord de récolter de l’argent grâce aux en-trées des concerts, afin de soutenir financièrement les actions de pro-testations contre le WEF. A l’enseigne de « Perspectives après Davos », les organisateurs mirent aussi en place des réunions de discussion, où le néolibéralisme et ses conséquences, les possibilités d’y résister et les solu-tions de rechange furent débattus.

A la recherche de solutions de rechangeEn 2005, la résistance contre le WEF prit de nouvelles formes. A Berne, où l’interdiction de mani-fester davosienne avait été éten-due, les activistes organisèrent une désobéissance civique (No-De-mo) contre cette interdiction : de

manière dispersée, dans de nom-breux endroits, des actions colorées et inventives eurent lieu. En même temps, le rassemblement de Davos réunissait de moins en moins de ma ni festant·e·s. Car si ce n’étaient pas les mi litant·e·s qui se lassèrent, c’est au moins les médias domi-nants qui rendirent moins compte de l’événement. Le WEF avait réagi à la pression de la rue, créant dès 2005, parallèlement à la manifesta-tion officielle, l’Open Forum, où les re pré sentant·e·s de l’économie lais-saient s’exprimer des personnalités « convenables » issues des milieux des Eglises, des ONG et de la socié-té. Cela coupa l’herbe sous les pieds de la contre-conférence Public Eye on Davos, qui se concentra surtout ensuite sur la remise de son prix de la honte Public Eye Award. Le Tour de Lorraine évolua aussi ; devenu entre-temps un événement important, il avait trouvé sa place dans le calendrier culturel de la ville de Berne. Le festival se déroulait dans plusieurs restaurants, bars et centres culturels des deux côtés du pont de la Lorraine (Lorrainebrücke), réunissant de nombreux orchestres,

DJs, films, représentations théâtrales et autres performances ; il regroupait chaque année jusqu’à 3500 par ti ci-pant·e·s. En 2006, l’association Tour de Lorraine fut très officiellement fondée, regroupant aujourd’hui encore organisations, individus et institutions culturelles. Le bénéfice du Tour sert à financer des projets et des organisations de base qui sti-mulent une réflexion publique sur les thèmes de la justice sociale, de la redistribution et de l’égalité des chances et qui servent à la forma-tion et à la connexion des acteurs politiques. Cette modification du pro-gramme du Tour de Lorraine se re-flète dans l’objectif de l’association. Au lieu de s’épuiser dans la contes-tation du WEF et du néolibéralisme dominant, le Tour s’investit dans des solutions de rechange. Par le passé, deux principes ont fait leur preuve : chaque fois que c’est possible, des objectifs positifs sont formulés ; et surtout : ce sont des projets concrets qui sont soutenus. Lors de l’édition du Tour de Lorraine 2010, consacrée au thème « Semer des solutions de rechange », l’initiative « Soliterre » pour une agriculture contractuelle fut ainsi lancée. En 2014, sous le thème « Ici le quartier construit », une autre occupation d’une friche urbaine fut non seulement propo-sée, mais directement réalisée sous la forme d’un module d’habitation témoin.

La question de l’argent

En 2015, la question de l’argent a été posée par le Tour de Lorraine. Ne faire qu’en discuter n’aurait pas été dans l’esprit du Tour. En conséquence, un groupe de travail a émis une monnaie de rechange, le bonobo (pour Bon-ohne-Boss, « bon-sans-boss »). Des coupures de 5, 10, 25 ou 50 bonobos peuvent ainsi être utilisées comme moyen de paiement dans plusieurs bistrots et entreprises. Cette monnaie est va-lable dans les entreprises organisées démocratiquement et qui ne visent pas le profit. L’échange de monnaie doit permettre de soutenir et de mieux interconnecter ces entre-prises. Avoir des bonobos dans son portemonnaie devient l’occasion de se positionner politiquement : quels commerces et quels pro-duits voudrais-je soutenir par mes achats ? C’est une autre forme, com-plémentaire, de résistance au WEF. La protestation continue, le Tour de Lorraine aussi, qui contribue à l’édi-fication en petit d’un monde plus juste en grandeur nature. 7

Rebecka DomigMembre du comité d’organisation du Tour de Lorraine

LES 15 ANSDU « TOUR DE LORRAINE »solidaritéS entend donner la parole dans ses colonnes à différents mouvements ou organisations contestataires en Suisse, qui y présenteront eux-mêmes leurs activités à nos lecteurs·rices. Ici c’est au tour… du « Tour de Lorraine » à Berne.

En mouvement 13 Suisse alémanique

Le bonobo est la nouvelle monnaie du quartier de Lorraine à Berne.

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L’ opportunité référendaire avait été « of-ferte » au MCG, en pleine période d’élec-tions municipales, par un surprenant

deal de dernière minute, conclu dans les cou-lisses du parlement, qui avait vu la députation PS soutenir soudain le PLR pour voter cette loi fétiche de son magistrat en charge de la police… en échange de quoi, on n’a jamais très bien compris. Sans le soutien, ni du PS ni des Verts, les réfé-rendaires de gauche paraissaient assez isolés cet automne et le MCG semblait, au premier abord, être appelé à truster l’opposition à la LPol, ser-vant d’ailleurs de repoussoir à toutes celles et ceux qui rechignaient à y regarder de plus près et les poussant à accepter une loi comprenant des aspects parfaitement inacceptables.

Liberticide, antidémocratique, antisyndicale, néolibérale…

Pour mémoire en effet, cette loi liberticide, soumise au vote populaire le 8 mars prochain, contient notamment l’exigence d’une « milita-risation » de la police sur le plan organisation-nel, elle reconduit et réintègre dans la nouvelle loi des dispositions concernant le flicage pré-ventif de la population, que le Tribunal fédéral a pourtant balayées comme étant inaccep-tables et qui avaient donc été éliminées de la loi précédente. Elle conserve un statut taillable et corvéable à merci de toute une catégorie de personnel, elle substitue l’arbitraire policier aux tribunaux en permettant à la police d’édicter des « me-sures d’éloignement » découlant d’apprécia-tions policières subjectives et non de décisions de justice… La loi est en outre antidémocratique et an-tisyndicale notamment en instituant des or-ganes – tant pour représenter le personnel que pour définir la stratégie de la police – dont la

composition découle de décisions gouverne-mentales arbitraires. A charge, on peut encore reprocher à cette LPol de liquider le commissariat à la déonto-logie censé recueillir et traiter les plaintes de la population envers la police, remplacé par un organe de propagande au service de celle-ci… sans parler de la porte grande ouverte à la tactique du salami en matière de privatisation contractuelle d’activités policières. Pour couronner ce brouet législatif peu ragoûtant, la loi met en œuvre une logique de marchandisation de prestations policières par « facturation » des frais d’intervention de la police... Pas un·e homme ou une femme de gauche, pas un·e démocrate, pas un·e syndica-liste… ne devrait un instant envisager de soute-nir une loi pareille !

Tous les syndicats rejettent ensemble cette LPol

Pourtant EAG, dans l’urgence du lancement du référendum, et dans le brouillard entretenu par le soutien à la loi du PS et des Verts, combiné à l’opposition aux accents xénophobes du MCG, apparaissait bien seule à imaginer possible un non de gauche significatif à cette LPol. Depuis les choses ont bien évolué et on peut s’en féliciter. Premièrement, les organisations syndicales du canton, au-delà des syndicats de la police déjà acquis à l’opposition à la LPol, ont pris la mesure du contenu réel de la loi et de l’importance de lui dire non : le Syndicat des services publics (SSP/Vpod) d’abord, le SIT, UNIA, le Cartel intersyndical de l’Etat, la Com-munauté genevoise d’action syndicale (CGAS), pour ne nommer que les organisations princi-pales ont tous pris position en faveur du non de gauche. Ainsi, aujourd’hui, c’est plutôt le PS et les Verts qui semblent isolés, où plutôt les direc-tions de ces partis, qui ont cru bon de s’enco-lonner derrière leur fractions parlementaires soudain « gouvernementales » et hypnotisées par Pierre Maudet…

En effet, nombre de PS et de Verts voteront sans doute avec nous contre la loi. Comme appelle d’ailleurs à le faire le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) dont le non sans am-bage se fonde sur son opposition à la « militari-sation » envisagée de la police. Si le GSsA s’est toujours opposé à l’utilisation de l’armée à des fins de prétendue « sécurité intérieure », ce n’est pas pour accepter « en miroir » une convergence de la police et de l’armée.

Maudet fait de la surenchère xénophobe

A signaler aussi que le renforcement du non de gauche a été, paradoxalement, servi par le Conseil d’Etat en début 2015. En effet, le gou-vernement cantonal a introduit, par voie régle-mentaire, une disposition interdisant d’enga-ger des étran gers·ères ou des fron ta liers·ères dans la police. Cette disposition, qui forma-lise la pratique actuelle, dont rien n’indique que le Conseil d’Etat voulait en changer, vise à plaire au MCG, tout en lui enlevant du vent des voiles. Elle a le mérite d’écarter le débat sur cette question qui a surtout servi à occulter des aspects réellement problématiques de la loi que nous mettions en évidence. Mais Pierre Maudet en rajoute d’ailleurs. Avec son opportunisme légendaire, il affirme dans Le nouveau libéral de janvier que « Le processus lié à la nouvelle loi aura permis de clarifier et de figer la pratique actuelle consistant à réserver la fonction de policier aux seuls ci toyen·ne·s suisses. Raison de plus pour soutenir cette nouvelle loi.» Ainsi, les progressistes qui ne veulent pas voir « figer » la préférence nationale, ni dans la police, ni ailleurs, et qui pensent que les critères de compétences et de qualifications doivent primer sur la couleur du passeport pour tous les emplois du secteur public à Genève doivent donc, selon Maudet, dire NON à sa loi avec nous ! 7

Pierre Vanek

LOI SUR LA POLICE (LPOL)

UN LARGE FRONTPOLITIQUE ET SYNDICALPORTE LE NON DE GAUCHEÀ LA LOI-MAUDET

14GE

L’automne dernier, Ensemble à Gauche (EAG) a lancé « son » propre référendum pour avancer les multiples raisons du non de gauche à cette nouvelle loi et ne pas laisser le monopole de l’opposition à cette LPol au MCG et à son rejet de la « menace » hypothétique de policiers non-suisses, mise en avant comme raison prépondérante de s’opposer à la loi par cette formation d’extrême droite.

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C’est un prétexte, en réalité, ils choi-sissent délibérément de revoir à la baisse le système de protection so-

ciale genevois. Après la baisse de l’aide so-ciale, défendue en particulier par le Conseil-ler d’Etat MCG et contre laquelle nous nous battons, ils ont introduit deux modification visant à dégrader la loi sur les prestations complémentaires cantonales AVS/AI. Nous devons tout faire pour les en empê-cher, en soutenant les deux référendums lancés par l’AVIVO, comme nous avons contribué à faire aboutir le référendum lancé par l’ASLOCA pour combattre les coupes au détriment des locataires de logements sociaux.

Le premier référendum s’oppose à la baisse des subsides d’assurance maladie

La loi combattue (PL 11540), vise une écono-mie de 4,6 millions de francs. Alors que les as su ré·e·s attendent toujours le rembourse-ment des primes payées en trop, les primes continuent d’augmenter ! Pourtant, là encore le Conseil d’Etat n’hésite pas à rogner les prestations. Jusqu’ici, le fait d’avoir des res-sources insuffisantes pour couvrir le total de charges défini par les calculs du Service des Prestations Complémentaires (SPC) donnait droit à un subside caisse maladie intégral (à hauteur de la prime moyenne cantonale). Do-rénavant, seule la différence entre le total des charges et des ressources sera alloué. Cette mesure privera de nombreux bénéficiaires d’une grande part du subside auquel ils-ellles avaient droit auparavant.

Le deuxième référendum s’oppose à la prise en compte de 10 % du subside caisse maladie (PMC) pour le calcul du droit aux prestations complémentaires AVS/AI

La loi attaquée (PL 11542) vise 4 millions d’éco-nomie en plus que le Conseil d’Etat veut obte-nir en inventant des revenus fictifs des pauvres. Ceci pour baisser leurs prestations complé-mentaires. Cela pourrait par ex. signifier 1416 fr. de moins par an pour une famille de deux adultes et deux enfants. Cette loi touchera l’entier des bénéficiaires des prestations com-plémentaires, soit près de 25 000 personnes. De plus, la prise en compte de ce revenu fictif peut empêcher l’accès aux prestations complémen-taires cantonales mais aussi communales (en Ville de Genève par ex.)

Ces mesures d’économie sont scandaleuses d’autant que dans le même budget les sub-ventions versées par la Confédération au Can-ton pour les as su ré·e·s à ressources modestes et les prestations complémentaires sont en hausse de 11 millions entre les comptes 2013 et le budget 2015 ! D’autres mesures plus minables les unes que les autres, sont incluses dans le budget 2015 du Conseil d’Etat allant de la suppres-sion du cadeau pour les centenaires à la diminution de l’aide au logement, etc. Il faut donc faire barrage à ces attaques inaccep-tables contre les prestations destinées aux personnes les plus pauvres. 7

Jocelyne Haller

DEUX RÉFÉRENDUMS QU’IL EST INDISPENSABLEDE FAIRE ABOUTIR

2× NON AUX ÉCONOMIESSUR LE DOS DES PLUS DÉMUNIS !Alors qu’ils ont trouvé sans difficulté plus de 100 millions pour la justice et la sécurité, et qu’ils entendent continuer sur la lancée des cadeaux fiscaux aux nantis à hauteur de centaines de millions, la majorité de droite et d’extrême droite du Grand Conseil a prétendu ne plus avoir assez d’argent pour les prestations dues aux plus pauvres de notre société.

15GE

Q u’il s’agisse de la protection contre les licen-ciements, de lutte contre le « Plan Berset » sur les retraites, d’égalité salariale ou encore de

fiscalité, les thèmes ont été variés et ont permis des discussions politiques relativement riches. L’un d’entre eux au moins, revêtait une impor-tance toute particulière. En effet, l’atelier à propos de la fiscalité, a empoigné une question politique cruciale pour ces prochaines années, à savoir la 3e réforme de l’imposition des entreprises. Après une courte présentation des principaux impacts de la réforme, le débat s’est ouvert entre syndicats et partis. Si les options tactiques et les positions politiques ont parfois divergés, il est toutefois nécessaire de saluer l’accord de principe qui a été adopté par les re pré sen tant·e·s des différentes organisations et qui servira de « feuille de route » pour l’année à venir. Ainsi, les organisations se sont engagées à :77 Combattre la 3e réforme de l’imposition des entreprises ;77 Refuser toutes diminutions des rentrées fiscales appauvrissant les Etats et les communes ;77 De s’opposer à tout transfert de charge entre per-sonnes morales et personnes physique ;77 De construire et de promouvoir un discours dif-férent sur l’imposition et sur les services publics ;77 De travailler à des projets de développement de la fiscalité permettant de trouver de nouvelles ren-trées fiscales ;77 De créer un groupe de travail entre syndicats et partis politiques sur cette thématique.

Nous nous réjouissons d’avoir pu trouver un premier accord de principe qui devrait contribuer à vertébrer un combat commun à Genève contre le projet néo-libéral d’asséchement des finances publiques et de démantèlement des services publics qui inspire la 3e réforme de l’imposition des entreprises ! 7

Pablo Cruchon

Nos lecteurs-trices genevois trouveront encartée dans ce numéro de solidaritéS une carte-réponse préaffranchie, permettant de signer, de faire signer et surtout de nous retourner au plus vite leurs paraphes récoltés à l’appui de ces deux référendums.Cartes référendaires supplémentaires 022 740 07 40Pour télécharger les listes référendaires solidarites-ge.ch

RENCONTRE ENTRE LA CGAS ET LES PARTIS DE L’« ALTERNATIVE » (EAG, PS, VERTS)

IMPOSITION DES ENTREPRISES : REFUSER TOUTE BAISSEDES RENTRÉESFISCALES !Samedi 24 janvier, comme chaque année, sur invitation des syndicats du privé et du public à Genève, les partis dits de l’« Alternative » ont passé une demi-journée à échanger sur des thématiques syndicales.

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16VD

L e 24 janvier, jour de la première, des militant·e·s de solidaritéS ont dis-tribué des tracts aux quelques 1800

spec ta teurs·trices du Théâtre de Beaulieu. La police vaudoise était sur les dents ; elle a contrôlé nos identités et nous a laissé pour-suivre notre distribution contre vents et marées ; il faisait froid cette nuit-là... Et cer-tains spec ta teurs·trices ne comprenaient pas pourquoi nous manifestions contre un « humoriste » « connu » et visiblement « aimé » par la foule qui se pressait à son dernier spectacle. Notre tract était d’autant plus indiqué dans ces circonstances qu’il visait à mettre en cause non l’« humoriste » Dieudonné mais son projet politique, porté depuis des années par ses spectacles, qui en de-viennent le tremplin. Dieudonné est lié au Front national et en particulier à Jean-Ma-rie Le Pen ; il a invité plusieurs fois Robert Faurisson, un négationniste bien connu, à le rejoindre sur scène et il alimente des groupuscules néo-nazis comme les Jeu-nesses Nationalistes Révolutionnaires. Son acolyte politique est Alain Soral, membre de la direction du FN jusqu’en 2009. Ils viennent de lancer tous deux un parti politique fascisant : Réconciliation na-tionale, qui ne fait que reprendre les termes de leur association Egalité & réconciliation.

Antisémite et homophobe

Le « comique » Dieudonné soutient le régime sanguinaire de Bachar el-Assad en Syrie. An-tisémite et homophobe, il a qualifié le ma-riage pour tous de « projet sioniste qui vise à diviser les gens ». Non content de mener son projet politique néofasciste, il n’hésite pas à faire du commerce avec des gestes « vendus » comme antisystèmes telles que la « quenelle » et la « quenelle + » ; stratégie de merchandising florissante via la distribution de produits dérivés sur le web. solidaritéS s’est toujours vivement opposé à l’interdiction des spectacles de

Dieudonné, car nous ne voulons en aucun cas en faire un martyr de sa cause nau-séabonde ni restreindre encore la liberté d’expression. Pour lutter contre Dieudonné et consorts, il faudra se mobiliser massive-ment contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie et l’extrême droite et rap-peler qu’ils divisent les classes populaires et nous empêche de nous unir contre nos ennemis véritables, le capitalisme, les nos-talgiques de la colonisation et les milieux réactionnaires. Comme l’a écrit Nic Ulmi dans Le Temps, qui assistait le même soir au spectacle : « si on veut vraiment être ‹ anti-système ›, comme aiment se proclamer les ‹ dieudonnistes ›, on s’en prend au capita-lisme et au Forum de Davos, pas aux juifs et aux homosexuels…» 7

Jorge Lemos

DIEUDONNÉ

VOUS AVEZ DITANTISYSTÈME ?Dieudonné était à Lausanne, pour trois représentations de son dernier spectacle, « La bête immonde ». A cette occasion, solidaritéS s’est mobilisé pour dénoncer un « humoriste » qui ne nous fait plus rire depuis fort longtemps.

P our rappel, il y a quatre ans, solidaritéS Vaud avait dû prendre acte du refus du POP de constituer une liste commune de la gauche de

gauche pour le Conseil National aux élections fédé-rales de 2011. Deux listes séparées, sous-apparen-tées, avaient été présentées, mettant en évidence la division de la gauche combative. Cette division a été certainement un des facteurs expliquant la perte du siège occupé jusque-là par Josef Zisyadis au Conseil national. De nom breux·ses élec teurs·trices avaient en effet sans doute considéré qu’une telle division devait être sanctionnée, elle portait un coup à la crédibilité des propositions défendues par les deux composantes, POP et solidaritéS. Or les politiques de régression sociale, de remises en cause du service public, d’accentuation des iné-galités sociales et de richesse, d’attaques aux droits des mi grant·e·s rendent absolument indispensable l’affirmation, sur le plan électoral également, d’une alternative à la « gauche » gouvernementale, so-ciale-libérale. Augmentation de l’âge de la retraite des femmes, baisse du niveau des rentes pour les re traité·e·s, politiques migratoires contraires aux droits fondamentaux, telles sont en effet les orien-tations défendues aujourd’hui par les conseillers fédéraux socialistes, Simonetta Sommaruga et Alain Berset. Les forces de résistance à ces politiques sont certes limitées en Suisse. Les élections fédérales de cet automne vont se dérouler sur la toile de fond d’une aggravation, en Europe et dans le monde, de la crise du capitalisme, tant sur le plan économique qu’écologique. Des politiques d’austérité sont aussi à l’ordre du jour, en Suisse, visant en particulier à faire payer cette crise aux sa la rié·e·s, aux jeunes, aux re trai té·e·s. Nul doute que la présentation d’une liste commune d’une gauche de résistance dans le can-ton de Vaud ne peut que renforcer la crédibilité de forces de résistance, qui entendent s’opposer à ce rouleau compresseur. La récente victoire de la coa-lition de gauche radicale anti-austérité Syriza aux dernières élections grecques le démontre. Une liste unitaire de la gauche de gauche, dans le canton de Vaud, doit notamment être un point d’appui pour les actions de résistances sur les lieux de travail pour, les luttes menées sur le terrain pour défendre les droits des mi grant·e·s. C’est cette voix-là que nous voulons faire entendre au parlement fédéral ! 7

Jorge Lemos

Le POP vaudois et solidaritéS Vaud ont décidé de se présenter ensemble, sur une liste unitaire, pour les élections fédérales d’octobre 2015.

POPET SOLIDARITÉS, UNE LISTEUNITAIREAUX ÉLECTIONSFÉDÉRALES

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solidaritéS 26229 janvier 2015

Pourquoi « Touche pas à ma boîte » ?

J’ai habité durant 10 ans une ferme du Pâ-quier. En 2009 j’en suis parti pour y revenir en 2014 avec ma famille, mais 15 jours plus tard je n’avais toujours pas de courrier. Après plusieurs démarches pour contac-ter la Poste, j’ai rencontré deux cadres de la Poste qui m’ont dit que je ne recevrai plus mon courrier à domicile, producti-vité oblige ! Ce service universel pratiqué par la Poste jadis avait cédé sa place au « bizness plan »… Après avoir refusé mes alternatives d’emplacements de boîte aux lettres (au bord de la route cantonale, à l’auberge des Bugnenets), on m’expliqua que les agglomérations de moins de 5 bâ-timents à l’hectare ainsi que les lieux où le facteur met plus de 2 minutes aller-retour pour livrer le courrier, seront progressive-ment rayés de sa tournée. Le scannage du courrier ou une case postale à 7 km sont les seules solutions proposées. La poste se réfère à une ordonnance fédérale de 2012. Conclusion : c’est cette ordonnance qu’il faut changer !

L’impact et la réception de la campagne est fort dans les régions rurales mais aussi parmi les citadins : comment ex-pliques-tu une telle réaction ?

La population est choquée de voir dispa-raître la Poste. Elle est choquée du stress auquel sont soumis les factrices et les fac-teurs, ces gens qui étaient dans un passé très proche, une sorte de liant sociétal et qui avaient un rôle social très important. Et s’ajoutant à ceci, les fermetures de

bureaux, les colis qui ne sont plus livrés aux étages, les coupes dans les aides attri-buées aux journaux, etc.

Quelles sont les réactions des différents syndicats et de la Poste ?

Les syndicats (Syndicom, SAP) sont très enthousiastes de l’ampleur que prend ce mouvement et le soutiennent activement. La Poste, elle, se pense en harmonie avec la loi. Mais quand il s’agit de don-ner des explications, elle s’enfonce dans des contradictions et des manœuvres absurdes et malhonnêtes.

Es-tu engagé politiquement ?

Ce combat est avant tout une démarche citoyenne. Ce démantèlement concerne tout le monde! Par contre, je ne cacherai pas le fait d’être libertaire, membre de la FLM, si on me demande mes « couleurs ».

Où en est la campagne actuellement ?

Des pétitions ont été lancées dans tous les cantons francophones et verront sous peu le jour en Suisse allemande et au Tessin. Quatre réunions publiques sont organisées dans le canton de Neuchâtel et une dans le Jura bernois. D’autres suivront. 7

Propos recueillis par Dimitri Paratte

Infos sur : http://on.fb.me/1FnPnsG

D ébut janvier 2015, on apprenait que le Conseil d’ad-ministration de l’Hôpital neuchâtelois (HNE) avait refusé le projet de budget présenté par la direction.

Le 20 janvier, le Conseil d’Etat annonçait la suspension du plan de rénovation à La Chaux-de-Fonds. A l’appui de cette décision, le conseiller d’Etat Laurent Kurth (PSN) invoqua des « projets mal ficelés et dont le financement n’est pas consolidé » (L’Impartial, 21.1.2015) Cet argument purement financier montre l’effet pervers des économies prônées par la droite. Le Parti libéral- radical approuve bruyamment le Conseil d’Etat « à majo-rité socialiste », dont la décision a été par contre dénoncée par les Exécutifs chaux-de-fonnier et loclois, le groupe « Le Haut veut vivre », le Parti ouvrier et populaire… et le Parti socialiste des Montagnes neuchâteloises !

L’intérêt des malades sacrifié…

Cette situation ne relève pas de la fatalité. Car la loi créant HNE avait été contestée en janvier 2005 par un référendum (auquel solidaritéS avait participé). Malheureusement, cette loi fut acceptée en juin 2005, grâce à la campagne intense menée par les partis gouvernementaux (PLR-PSN). Petit rappel : le comité référendaire critiquait le fait que cette loi « déclare l’EHM [Etablissement hospitalier multi-site] indépendant de l’Etat, confiant sa gestion opératoire à un conseil d’administration formé de seuls technocrates […]. Le risque est grand de voir l’établissement géré selon des cri-tères strictement économiques au détriment des intérêts des malades et des conditions de travail du personnel » (solida-ritéS, nº 66, 27.4.2005). Autre citation de cet argumentaire : « Un EHM, qui réunit les principaux hôpitaux du canton (…) devrait per-mettre une gestion rationnelle des ressources, maintenir une médecine de proximité et de qualité pour toute la popula-tion et assurer des conditions de travail satisfaisantes à ses collaboratrices et collaborateurs.» Les protestations actuelles (que solidaritéS soutient) sont bienvenues et nécessaires. Mais il faudra certaine-ment passer une vitesse supérieure pour arrêter la liquida-tion programmée du secteur de la santé dans le canton. 7

Hans-Peter Renk

HÔPITAL DE LA CHAUX-DE-FONDS

UNE DÉCISION(UNE DE PLUS !)SCANDALEUSEDU CONSEIL D’ÉTAT

17NE

En noir, le zones exclues de la distribution du courrier

En novembre 2013, le peuple avait accepté la répartition des tâches au sein des hôpitaux neuchâtelois, prévoyant de concentrer la chirurgie stationnaire à La Chaux-de-Fonds. Des travaux de rénovation y étaient donc prévus. En quelques jours, tout a changé.

SERVICE POSTAL

TOUCHE PAS À MA BOÎTE !Une famille du Pâquier (NE) a initié une campagne a l’impact grandissant pour la défense d’un service postal « universel ». Entretien avec Julien Jaquet.

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solidaritéS 26229 janvier 2015

Vos pièces partent souvent de textes difficiles dont vous voulez faciliter l’accès. Cette fois, vous vous attaquez à un énorme dossier : le Rapport Bergier. Comment l’avez-vous rendu accessible ?

José Lillo : J’ai appréhendé ce texte comme un matériau pour le théâtre. J’espère que ce spec-tacle, qui ne sera pas une synthèse du Rapport Bergier, donnera envie au public d’aller plus loin… Le point de départ, c’est ce texte en souf-france. Les arts de la scène sont le lieu de l’uni-versel. Nous, les artistes, nous devons rétablir du sens, non pas en l’assénant, en moralisant – comme ça, on provoque des guerres civiles – mais en appréhendant les choses de manière rationnelle. La propagande, c’est quand le lan-gage dissimule le rapport à la langue, quand celle-ci est manipulée. Alors, on n’y voit plus clair du tout. Personnellement, le fait de me do-cumenter sur le Rapport Bergier m’a déniaisé. Je pensais que l’Histoire était digérée, qu’il fallait

regarder devant. Mais en fait, pas du tout. Il faut détromper les gens sur ces choses : l’Histoire n’est pas maitrisée.

Concrètement, en quoi consistera ce spec-tacle, que vous êtes en train de créer en ce moment ?

Sur scène, il y aura trois figures : Felipe Castro et Lola Riccaboni joueront bien entendu les rôles des deux jeunes gens et Maurice Aufair celui d’un homme d’âge mûr. Nous travaillons à partir d’un montage de textes, et explorons les interactions qui peuvent naître sur scène. Je veille à produire une écriture qui ne soit pas as-sommante, faite de phrases simples. Le texte ne sera pas linéaire. Comme dans la vie, les choses ne se déroulent pas de manière linéaire. Durant les répétitions, nous empoignons une écriture compressée, on se focalise sur la réception des textes. Qu’est-ce qu’on retient de ce qu’on lit,

avec le Rapport Bergier ? Qu’est-ce que ça pro-voque comme remarques à soi-même avant tout ? Qu’est-ce que ça crée comme état ? Avec les comédiens, nous travaillons également à partir d’ateliers, sur le contact précis avec la réalité des faits. Nous avons aussi visionné une conférence de deux heures sur le sujet, qui contenait beaucoup d’informations. On était submergé. Je leur ai ensuite dit : Ce n’est pas du tout cela que nous devons faire sur scène ! Il faut que nous traduisions ces informations pour qu’elles passent dans l’espace public.

Avez-vous lu les 11 000 pages du Rapport Ber-gier, paru en mars 2002 ?

Non car ce texte n’existe qu’en allemand. Par contre, j’ai lu la synthèse de 530 pages que Jean-François Bergier a lui-même rédigée. J’ai aussi lu Le Rapport Bergier pour tous, de Pie-tro Boschetti, et beaucoup, beaucoup d’autres documents… Il y a une masse d’informations colossale sur ce sujet.

Votre envie de vous pencher sur le Rapport Bergier est née d’un documentaire de 29 se-condes. Pouvez-vous le décrire en quelques mots ?

Il s’agit d’une archive de la RTS qui date de 1933. A ce moment-là, Hitler est déjà au pouvoir. On y voit tout d’abord le ministre allemand de l’époque, Goebbels, faire un discours de paix à la Société des Nations. Ceci est insupportable car les camps de concentration existaient déjà à cette époque. Puis, on le voit monter dans l’avion à l’aéroport de Genève. Et, sur le tarmac de Cointrin, une foule de personnes fait le salut hitlérien en direction de l’avion en train de monter dans le ciel. Sur ces images, on voit bien que le nazisme n’est pas seulement dans l’avion, mais bien sur le tarmac, sur le territoire de Genève ! C’est sidérant. Il y a un commentaire qui dit : à l’époque on ne savait pas encore, etc. Mais c’est faux ! On savait déjà ce qu’était le nazisme à ce moment-là. Cette vidéo fera partie du spectacle.

Le Rapport Bergier évoque la question de l’asile, les fondements historiques de la poli-tique suisse en la matière… Est-ce que votre spectacle parlera aussi de cette question d’ac-tualité ?

Oui, bien sûr. Le Rapport Bergier représente les soubassements de la politique actuelle en ma-tière de migration. Et c’est important de l’étudier pour cette raison. Ça amène à prendre ses res-ponsabilités. Récemment encore, le quotidien Le Matin a fait une manchette avec une citation de Marine Le Pen qui disait, à propos du vote sur l’« immigration de masse » : Les Suisses ont raison. Ce sont ces mêmes personnes qui disent qu’il faut « regarder devant ». Je ne crois pas qu’il faut « regarder devant », ce n’est pas plus rassurant que de regarder derrière. Il faut regar-der large. C’est important de partir en quête de l’Histoire. Tout ce qui n’est pas digéré, ce qui n’est pas réconcilié, il faut l’affronter. Sinon, ça revient régulièrement. Ça revient toujours. Il faut que les êtres humains décident quel monde ils veulent. En ce moment, on entend un discours vertueux et en même temps les pires crapules. 7

Entretien réalisé par Cécile Gavlak

THÉÂTRE

« TOUT CE QUIN’EST PAS DIGÉRÉ,IL FAUT L’AFFRONTER »

Culture 18

José Lillo a notamment monté et joué Troisième nuit de Walpurgis, de Karl Kraus, qui analyse la propagande nazie… Le metteur en scène revient sur ce thème avec Le Rapport Bergier, actuellement en création au Théâtre Le Poche, à Genève. Entretien.

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Lola Riccaboni, José Lillo et Felipe Castro

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solidaritéS 26229 janvier 2015

TÉLÉVISION

DIMANCHE 1er FÉVRIER 20 H 40 · RTS DEUXLundi 2 fév. · 00 h 15 · RTS Deux « Histoire vivante »

GRÈVE SANGLANTE EN AFRIQUE DU SUDLes ouvriers des mines de pla-tine d’Afrique du Sud souffrent de conditions de travail brutales et gagnent des salaires de misère, en dépit d’énormes profits réalisés par l’extraction du métal le plus pré-cieux du monde. Pour protester contre cette criante injustice, des mineurs choisissent de se mettre en grève. Grève réprimée dans la violence, avec l’assassinat de 34 grévistes par la police, en août 2012. Ce documentaire reconstruit la suite d’événements qui ont conduit à l’horreur. Il montre du doigt la police sud-africaine et le gou-vernement Zuma. Autopsie d’un massacre programmé… Réalisé

par Regad Desai (le fils de feu Bar-ney Desai, activiste anti-apartheid et chef du Pan Africanist Congress)

MARDI 3 FÉVRIER 20 H 50 · ARTE

LA DETTE, UNE SPIRALE INFERNALE ? Qu’est-ce que la dette publique ? Et pourquoi explose-t-elle depuis quelques années ? Le documentaire raconte l’histoire de la dette souve-raine depuis la fin du Moyen-Âge jusqu’à nos jours. Avec notamment Bernard Maris (économiste, écri-vain, Bernard Maris, Oncle Bernar, était l’un des membres assassinés à Charlie Hebdo) ; Thomas Piketty (économiste) ; Karine Berger (dé-putée, Commission des finances de l’Assemblée Nationale) et David Graebner (Professeur d’anthropolo-gie, London School of Economics).

MARDI 3 FÉVRIER 22 H 35 · ARTE

NATURE, LE NOUVEL ELDORADO DE LA FINANCECombien vaut la nature ? Com-bien peut-elle rapporter ? À l’heure où on craint le pire pour la biodi-versité, ce documentaire révèle la financiarisation croissante des res-sources naturelles par les banques et les investisseurs privés. Interro-geant financiers, experts et pen-seurs, le film confronte les points de vue antagonistes et multiplie les exemples concrets de populations et milieux naturels menacés par ces nouvelles pratiques. L’enquête dresse un panorama des intérêts en jeu et des lobbies en action autour de ce « nouveau » capital naturel, se demandant au final quelles valeurs défendent réellement ceux qui attri-buent un coût à la nature...

JEUDI 5 FÉVRIER 20 H 10 · RTS UNVendredi 6 fév. · 10 h 55 lundi 9 fév. · 15 h 20 · RTS Deux « Temps présent »

FRONTALIERS, ENTRE DEUX EAUXAu début des années 80, ils étaient une petite trentaine. Aujourd’hui, ils sont plus de 3000 à traverser le lac Léman chaque jour pour venir travailler en Suisse. Le premier navire quitte Evian à 5 h 40 avec sa première fournée d’ouvriers frontaliers. A 7 h, ce sont les tra-

ders, les cols blancs. A 8 h 20, le « Club des Blondes »… En sens inverse, ceux qui terminent leur travail de nuit  – infirmiers, veil-leurs ou boulangers – prennent le premier bateau d’Ouchy pour ren-trer se coucher en France. Bienve-nue à bord du Léman, bateau trait d’union entre deux mondes qui se font face… Quel est le quotidien de ces nouveaux « nomades » ? Quel coût social implique pour eux la traversée ? Pourquoi frisent-ils si souvent avec le burn out ? Et com-ment sont-ils perçus en Suisse, ou encore en France voisine, où leurs villas attisent souvent la jalousie des voisins ? Entre deux eaux, les « boat people » du Léman n’ont pas fini de ramer… 7

CHRISTELLE AVRILLES AIDES À DOMICILE :

UN AUTRE MONDE POPULAIREParis, La Dispute, 2014

Plus de cinq cent mille femmes travaillent comme aides à domicile en France ; ce chiffre ne cesse d’augmenter face aux besoins croissants des personnes âgées et des familles. Mais qui sont ces femmes – parce que ce sont essentiellement des femmes – et quelles sont leurs conditions d’existence ? Sait-on vraiment en quoi consiste leur travail quotidien ? Que signifie pour elles travailler auprès de personnes âgées ? Fondé sur une enquête de terrain extrêmement riche et sur des données chiffrées, cet ouvrage, dont Olivier Schwartz souligne dans sa postface l’importance

et l’audace, éclaire les rapports et les tensions qui mettent en mouvement l’ensemble de la société.

MARTHE MARIE MONNETLES ENFANTS DE LA DOULEUR NOIRE

Genève, Editions des Sables, 2014. Roman

Dans la zone interdite ceinturant les restes de la centrale nucléaire de Tchernobyl, des « revenants » vivent cependant, cachés dans la nature, se nourrissant de chasse, de pêche et de fruits, s’approvisionnant en matériel dans les villes abandonnées. Quand les auto-rités russes décident de « nettoyer » la zone contaminée, trois jeunes quittent leur forêt, s’enfuient vers l’Ouest, vers la France, terre de liberté. Une nouvelle sorte de ré fugié·e·s. Comment seront-ils accueillis dans les pays occidentaux ? Joli roman d’initiation, dont les héros traversent de multiples obstacles et rencontrent aussi de belles solidarités, mais qui finit trop bien : il n’y a pas encore de place pour les réfugiés climatiques. MB

KRISTIN ROSSL’IMAGINAIRE DE LA COMMUNE

Paris, La Fabrique, 2015

« […] une sorte de vie après la mort de la Com-mune qui ne vient pas exactement après, mais

qui est pour moi partie intégrante de l’événe-ment […] Non pas la mémoire de l’événement ou son héritage, […] mais sa prolongation, tout aussi vitale à la logique de l’événement que les premiers actes d’insurrection dans les rues de la ville. C’est une continuation du combat par d’autres moyens. »

CLAIRE SAGNIÈRESDE L’INCONSCIENT CRÉATEUR

À LA GYNOGENÈSEGenève, Editions Autour d’Elles, 2014

Claire Sagnières, militante lesbienne, après plusieurs romans, a décidé de créer sa propre maison d’édition lesbienne-féministe, afin de mieux faire connaître la vie des lesbiennes. Son dernier roman, inspiré de sa propre vie, traite de la misogynie et de l’homophobie qui dominaient encore dans les groupes gauchistes de 1968. Que de distance parcourue en 50 ans! L’union légale est maintenant acquise, les en-fants des couples lesbiens s’imposent dans la société, et la gynogenèse (faire une enfant entre deux femmes) est bientôt possible... Pour s’informer et envoyer ses manuscrits  : www.editions-autourdelles.ch 7 MB

Tiré et adapté des présentations des éditeurs, sauf mention contraire

A voir 19A lire

LIVRES EN

LUT TETOUR D’HORIZON

DE L’ÉDITION ALTERNATIVE

RTS

RTS

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solidaritéS 26229 janvier 2015

LAUSANNE SAMEDI 31 JANVIERRÉSEAUX SOCIAUX : ASPIRATEURS À DONNÉES PERSONNELLESConférence avec Cédric Jeanneret, fondateur du site ethack.org14 h – 16 h Pôle Sud 3 avenue J.-J. Mercier

NEUCHÂTEL DIMANCHE 1er FÉVRIERREPAIR’ CAFÉ : VENEZ APPRENDRE À RÉPARER TOUS VOS OBJETS DU QUOTIDIEN !11 h—16 h Le Garage 4 rue de l’ÉgliseOrg.: Black Office

LAUSANNE MARDI 3 FÉVRIERCAFÉ DÉCROISSANCE : POUR UN MUNICIPALISME LIBERTAIREAvec Vincent Gerber, historien et fondateur d’Ecologie sociale.ch19 h—22 h, Pôle Sud 3 avenue J.-J. Mercier

GENÈVE MARDI 3 FÉVRIER43 NORMALIENS DISPARUS : MAIS OÙ SONT-ILS ?Rassemblement pour dénoncer les disparitions forcées au Mexique16 h 30 Place des Nations

LAUSANNE MERCREDI 4 FÉVRIER3e RÉUNION DE DISCUSSION SUR LA POLITIQUE CANTONALE DU LOGEMENT18 h 30 Café du Milan 54 bd. de Grancy

BERNE MERCREDI 4 FÉVRIERTRAVAIL PRÉCAIRE ET MIGRATION (TEMPORAIRE) DANS L’AGRICULTURE ET LA GASTRONOMIE Conférence avec J. Kalbermatter et S. Affolter, doctorant·e·s. Ces conférences visent à préparer le Congrès national de Kritnet (26—29 mars)19 h Käfigturm Marktgasse 67Plus d’infos : kritnet.ch et kritnet.org

NEUCHÂTEL LUNDI 9 FÉVRIERNON AU DÉMANTÈLEMENT DES SERVICES POSTAUX : TOUCHE PAS À MA BOÎTE !Réunion publique ouverte à toutes et tous20 h Le Garage 4 rue de l’ÉgliseOrg.: SAP, Syndicom

ZÜRICH DU 12 AU 15 FÉVRIERLAMPEDUSA FESTIVALExpositions, concerts, projections, ateliers, discussions et théâtre politiqueRote Fabrik & ClubraumOrg.: Autonome Schule Zurich, Connact, Rote FabrikInfos : rotefabrik.ch

LAUSANNE SAMEDI 14 FÉVRIERJOURNÉES DES ALTERNATIVES URBAINESImaginer et expérimenter la ville partagée : place à l’imagination13 h—18 h Pôle Sud 3 avenue J.-J. MercierPlus d’infos : alternativesurbaines.ch

GENÈVE JEUDI 19 FÉVRIERLE SOULÈVEMENT DU PEUPLE SYRIEN, UNE RÉSISTANCE HÉROÏQUE ABANDONNÉE PAR LE MONDEConférence avec Mariah Al Abdeh, activiste féministe, Shiar Nayo, journaliste syrien et kurde, Tareq Ibrahim, activiste du camp de réfugiés de Yarmouk, Joseph Daher, militant de solidaritéS et du Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie19 h Maison des associations salle Carson 15 rue des Savoises

NEUCHÂTEL MARDI 24 FÉVRIERWATCH THE MED : UNE ORGANISATION DE SOUTIEN AUX MIGRANTS DE LA MÉDITERRANÉEConférence-discussion19 h Le Garage 4 rue de l’ÉgliseOrg.: ACAP

BERNE JEUDI 26 FÉVRIERNOUVELLES CONJONCTURES DU RACISMEConférence avec Manuela Bojadzijev et Serhat Karakayali (HU Berlin). Ces conférences visent à préparer le Congrès national de Kritnet (26–29 mars)18 h 15 Université de Berne Unitobler Plus d’infos : kritnet.ch et kritnet.org

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ABONNEZ-VOUS !JE SOUSCRIS À L’ABONNEMENT SUIVANT :❏ Annuel (80 fr.)❏ Etudiant·e·s, Chômeurs·euses, AVS, AI (40 fr.)❏ Soutien (150 fr.)❏ 3 mois à l’essai (gratuit !)

NomPrénomRueNºNPALocalitéE-mail *

Téléphone ** facultatif

À RENVOYER À :solidaritéSCP 2089 · CH–1211 GENÈVE 2Vous pouvez aussi vous abonner sur internet : solidarites.ch/journal/abonnements.html 

Agenda 20

SAMEDI 7 MARS 2015 13 H 30

MANIFESTATION NATIONALE DES FEMMESNON À LA RETRAITE À 65 ANS,OUI À L’ÉGALITÉ SALARIALE !

BERNE SCHÜTZENMATTE

LAUSANNE SAMEDI 14 FÉVRIERSOIRÉE DE SOUTIEN AU MILITANT ANTIFASCISTE UKRAINIEN ALEXANDER KOLCHENKO EMPRISONNÉBouffe, boissons, musique20 h Espace Autogéré 34 César-Roux

LAUSANNE SAMEDI 21 FÉVRIER2e SESSION DU CYCLE NATIONAL DE FORMATION DE SOLIDARITÉS1 LUTTE DES CLASSES : PROLÉTARIAT,

MOUVEMENT OUVRIER ET RÉVOLUTION SOCIALISTE avec P.-Y. Oppikofer, syndicaliste SSP et membre de solidaritéS

2 LUTTE CONTRE LE PATRIARCAT : RAPPORTS SOCIAUX DE SEXE ET HISTOIRE DE L’OPPRESSION DES FEMMES avec C. Larzilières, membre d’Ensemble au sein du FDG

13 h—17 h Maison de quartier Sous-gare50 avenue Edouard-Dapples