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JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -3- J.M.T. Le Journal de la Médecine du Travail Bulletin Officiel de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) N°ISSN : 1112 – 2438 N°14 – Nouvelle Série, Annaba Directeur de la Publication Pr. S. GUEROUI Secrétaire Général, Chargé de la revue de la SAMT Rédacteur en chef Pr. Dj. TOURAB Comité Scientifique de Lecture Coordinateur : Pr. Am. NEZZAL Membres : Pr. BOUKERMA Z. – Sétif Pr. HADDAD M. – Constantine Pr. GUEROUI S. – Annaba Pr. TOURAB D. – Annaba Pr. FYAD A. – Oran Pr. TEBBOUNE C.B. – Oran Pr KAMEN F. - Oran Pr. REZKELLAH B. – Oran Pr. MOHAMED BRAHIM B. – Oran Pr. KANDOUCI – Sidi BelAbbes Pr TALEB –Tlemcen Pr. KEDDARI N. – Alger Pr. SEMID A. – Alger Pr. SAAD – Alger Pr. LAMARA M. – Alger Pr. HADDAR – Alger Pr. MOKHTARI R. – France Pr. TIBERGUENT A. – France Comité de rédaction Pr NAFAI D. – Alger Pr. IDDER LAIB – Alger Dr. BAAMARA – Alger Dr. BENZEROUG – Arzew Dr. BIA A. – Hassi Messaoud Dr. BOUKKORT – Alger Dr. BOUZID H. – Alger Dr. BRIXI-GORMAT – Tlemcen Dr. KRIOUDJ A. – Annaba Dr. MAGUEMOUN – Alger Dr. NEZZAL Az. – Annaba Dr. OUAAZ M. – Alger Dr. OULED ZAOUI – Hassi Messaoud Dr. TIFFOURA - Alger Conception réalisation: Dr M. BOUMAZA - Le JIP S S O O M M M M A A I I R R E E Dossier 1 : Ergonomie 1- Travail, organisations et facteurs humains X. VAXEVANOGLOU 2- Organisations, homme au travail et santé X. VAXEVANOGLOU 3- Ergonomie : travail, tâche, activité X. VAXEVANOGLOU 4- Charges, pénibilités et santé au travail X. VAXEVANOGLOU 5- Place de l’ergonomie en médecine du travail en Algérie OUAAZ M., TEBBOUNE C.B., TIBERGUENT A., LAIB C., HADDAR M., GUEROUI S., TOURAB D., NEZZAL A. Dossier 2 : Les Troubles musculo-squelettiques : 1- Les TMS de l’épaule chez les opératrices de la confection S. CHAIB, AM. NEZZAL, S.GUEROUI, KHATMI S., GUEROUI S., BOUBRIOUA W., TOURAB D., NEZZAL AZ., NEZZAL AM. 2- Surveillance épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur (TMSms) en entreprises GHOMARI O., BEGHDADLI B., BELABED A., KANDOUCI A.B 3- Analyse descriptive à travers la CIF du handicap chez le personnel hospitalier de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba KHATMI S., SEKHRI H., GUEROUI S., NEZZAL AM. Forum : 1- Appréciation de l’incapacité fonctionnelle au cours des spondylarthropathies (A propos de 35 cas) L. BENMAIZA; A.TAHAR; S. BOUZBID; S. GUERROUI; AM. NEZZAL;D. TOURAB; AZ. NEZZAL; Z. SARI; A.CHELGHOUM. 2- Évaluation de la vaccination contre l’hépatite B chez le personnel hospitalier du CHU Tlemcen MEZIANE.Z; SEKKAL.S; TALEB A. 3- Etude rétrospective des intoxications aiguës aux produits domestiques au CHU d’Annaba M. MEGUEDDEM, R. DJAFER, L. AISSA, AB. MESSAOUDENE, NE. ANTRI, A. MAZOUZI. Informations générales Impression: Imp. Le Phénix—Annaba - Décembre 2009

J.M.T. SOMMAIRE - daroum.e-monsite.comdaroum.e-monsite.com/medias/files/jmt14.pdf · par les normes de gestion. La logique résultant du point de vue des résultats, plus ou moins

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JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -3-

J.M.T. Le Journal

de la Médecine du Travail

Bulletin Officiel de la Société Algérienne

de la Médecine du Travail (SAMT) N°ISSN : 1112 – 2438

N°14 – Nouvelle Série, Annaba Directeur de la Publication Pr. S. GUEROUI Secrétaire Général, Chargé de la revue de la SAMT Rédacteur en chef Pr. Dj. TOURAB Comité Scientifique de Lecture Coordinateur : Pr. Am. NEZZAL Membres : Pr. BOUKERMA Z. – Sétif Pr. HADDAD M. – Constantine Pr. GUEROUI S. – Annaba Pr. TOURAB D. – Annaba Pr. FYAD A. – Oran Pr. TEBBOUNE C.B. – Oran Pr KAMEN F. - Oran Pr. REZKELLAH B. – Oran Pr. MOHAMED BRAHIM B. – Oran Pr. KANDOUCI – Sidi BelAbbes Pr TALEB –Tlemcen Pr. KEDDARI N. – Alger Pr. SEMID A. – Alger Pr. SAAD – Alger Pr. LAMARA M. – Alger Pr. HADDAR – Alger Pr. MOKHTARI R. – France Pr. TIBERGUENT A. – France Comité de rédaction Pr NAFAI D. – Alger Pr. IDDER LAIB – Alger Dr. BAAMARA – Alger Dr. BENZEROUG – Arzew Dr. BIA A. – Hassi Messaoud Dr. BOUKKORT – Alger Dr. BOUZID H. – Alger Dr. BRIXI-GORMAT – Tlemcen Dr. KRIOUDJ A. – Annaba Dr. MAGUEMOUN – Alger Dr. NEZZAL Az. – Annaba Dr. OUAAZ M. – Alger Dr. OULED ZAOUI – Hassi Messaoud Dr. TIFFOURA - Alger Conception réalisation: Dr M. BOUMAZA - Le JIP

SSOOMMMMAAIIRREE Dossier 1 : Ergonomie 1- Travail, organisations et facteurs humains X. VAXEVANOGLOU 2- Organisations, homme au travail et santé X. VAXEVANOGLOU 3- Ergonomie : travail, tâche, activité X. VAXEVANOGLOU 4- Charges, pénibilités et santé au travail X. VAXEVANOGLOU 5- Place de l’ergonomie en médecine du travail en Algérie OUAAZ M., TEBBOUNE C.B., TIBERGUENT A., LAIB C., HADDAR M., GUEROUI S., TOURAB D., NEZZAL A. Dossier 2 : Les Troubles musculo-squelettiques : 1- Les TMS de l’épaule chez les opératrices de la confection S. CHAIB, AM. NEZZAL, S.GUEROUI, KHATMI S., GUEROUI S., BOUBRIOUA W., TOURAB D., NEZZAL AZ., NEZZAL AM. 2- Surveillance épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur (TMSms) en entreprises GHOMARI O., BEGHDADLI B., BELABED A., KANDOUCI A.B

3- Analyse descriptive à travers la CIF du handicap chez le personnel hospitalier de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba KHATMI S., SEKHRI H., GUEROUI S., NEZZAL AM. Forum : 1- Appréciation de l’incapacité fonctionnelle au cours des spondylarthropathies (A propos de 35 cas) L. BENMAIZA; A.TAHAR; S. BOUZBID; S. GUERROUI; AM. NEZZAL;D. TOURAB; AZ. NEZZAL; Z. SARI; A.CHELGHOUM. 2- Évaluation de la vaccination contre l’hépatite B chez le personnel hospitalier du CHU Tlemcen MEZIANE.Z; SEKKAL.S; TALEB A. 3- Etude rétrospective des intoxications aiguës aux produits domestiques au CHU d’Annaba M. MEGUEDDEM, R. DJAFER, L. AISSA, AB. MESSAOUDENE, NE. ANTRI, A. MAZOUZI. Informations générales

Impression: Imp. Le Phénix—Annaba - Décembre 2009

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -4-

(Page 4 de couverture) Les grottes de Ras el Hamra Ensemble de grottes "sacrées" sur l'épine dorsale de Ras El Hamra, dont la principale est celle du marabout "Gueded Eddhour" (le guérisseur du mal de dos).

Ras El Hamra. Le petit rocher rectangulaire, peint en vert et maculé de henné, au premier plan, est, selon les

croyances locales, une pierre tombale dite "Qbar Ben Taïeb" (le tombe de Ben Tayeb). Il existe plusieurs autres sites qui font l'objet de cultes, dont seuls les initiés connaissent leurs légendes et leurs miracles respectifs. Il serait vain de tous les évoquer mais nous pouvons citer les plus populaires : Lella R'hilla, Sidi Ahmed Lemqatî, Sidi Abd El Qader, Gueded Eddhour, Âfset Leh'çane, M'zaret El Khadem, Sidi Rabah...

(Dr M. BOUMAZA) Crédits photos : Le JIP

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -5-

Travail, organisations et facteurs humains

X. VAXEVANOGLOU

Ergonome Européen Psychologue du travail Université de Droit et Santé – Lille2

La notion de travail Le travail n’est ni le métier, ni l’emploi, ni la qualification. Le Travail est une Activité Humaine impliquant des efforts, orientée vers des objectifs, socialement située, réalisée sous contrainte externe par des hommes concrets. Le travail admet plusieurs dimensions dont nous citerons notamment celle personnelle (affectif, éthique), celle sociale (avec et pour d’autres), celle économique, etc. Rappelons quelques idées reçues sur le Travail : - il n’y a plus de travail : le travail devient (est) une denrée rare « à cause » des progrès technologiques/techniques ; - le travail ne pose plus de problème scientifique : il est transparent, formalisable. Il ne relève plus que de l’exécution ; les seuls problèmes résiduels concernent la conception et la gestion ; - le travail n’est plus un moyen d’accomplissement personnel : il n’est plus source de sens, pas plus que déterminant de la construction de l’identité. Il faut donc chercher des substituts au travail. Ceci nous autorise à partager quelques vérités sur le Travail : - le travail ne devient pas une denrée rare : la diminution des effectifs s’accompagne de l’augmentation de la charge de travail de ceux qui restent (intensification) et qui voient augmenter la durée réelle du travail. Les délocalisations ne signifient pas diminution mais changement de lieu (sous-traitance, précarisation,…, pays en développement) ; - le rêve de TAYLOR : les incidents, les dysfonctionnements techniques, les accidents de travail et maladies professionnelles, les « erreurs », les problèmes de qualité, les pertes de matières premières, l’absentéisme, autant d’indices qui augmentent et représentent des coûts cachés importants. - lui substituer quoi ? Le travail demeure le médiateur de l’accomplissement de soi dans le champ social (Dejours soulignera : « l’identité d’un individu se construit par le travail et par l’amour »).

L’organisation des systèmes de travail est guidée par les normes de gestion. La logique résultant du point de vue des résultats, plus ou moins déconnectée des conditions réelles et de la réalité des moyens, structure les conditions de production (rationalisation, standardisation, industrialisation des activités « tertiaires »,

L’organisation des systèmes de travail L’Organisation système ouvert : Il s’agit d’un système composé d’éléments interdépendants dont les relations sont régies par des règles et des objectifs communs. Il admet la différenciation et l’intégration (contingence structurelle) et reste l’objet de stratégies et de compromis des acteurs (interdépendance sociale et marges de manœuvre). L’organisation de la production obéit au modèle technico-économique. L’organisation du travail passe par les prescriptions des processus opératoires. Ces prescriptions édictées au sein des entreprises concernent l’activité des travailleurs (De Montmollin). Il en résulte une définition et une répartition des tâches et des conditions (Dejours). Au sein de cette organisation des systèmes de travail, il y a interdépendance des niveaux. Nous identifierons trois types de points de vue auxquels correspondent autant de lectures du fonctionnement de l'entreprise : - Le point de vue des résultats : porté par les services de contrôle de gestion, financiers, commerciaux, production et qualité. Les outils d'évaluation classiques sont les tableaux de bord, le calcul des ratios, etc. - Le point de vue des conditions de production : porté par les services techniques, de maintenance, d'organisation, il envisage le fonctionnement de l'entreprise à partir de la mise en œuvre des moyens de production. - Le point de vue de la gestion des ressources humaines : il envisage le fonctionnement de l'entreprise à partir de la mise en œuvre des moyens humains.

ERGONOMIE (1ère partie)

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -6-

normalisation y compris du « client ») et standardise la gestion des ressources humaines (qui deviennent LA variable d’ajustement). La GRH tentera d'adapter les "moyens" humains aux caractéristiques techniques et organisationnelles du système de production. Ceci impose un « modèle idéal » d’organisation basé sur une mobilisation optimale des ressources humaines et matérielles. On fixera dans ce dessein des temps et process standards. Ceci conduit d’une part au renforcement de la rationalité et de la prévisibilité dans les processus opératoires (indicateurs, reporting, « bonnes pratiques »…) et d’autre part au renforcement du contrôle des comportements individuels et collectifs (dans une recherche continue de la réduction de l’aléa humain). Il en découle plusieurs constats : le fait de rendre comptes en permanence, la présence physique de la hiérarchie, la traçabilité… L’individualisation qui accompagne ces logiques organisationnelles met en concurrence les salariés entre eux, déstructure les collectifs, isole et « fragilise », déroge aux règles de métier et déstructure l’identité professionnelle.

Le travail prescrit est défini par avance par l'entreprise et donné à l'opérateur pour définir, organiser, réaliser et contrôler son travail. Le travail réel est le travail tel qu'il se réalise concrètement dans le bureau, l'atelier ou le service. Il y a toujours un écart entre le travail prescrit et le travail réel. Cet écart concerne l'ensemble des dimensions du travail : - les objectifs et buts de l'opérateur sont différents des objectifs prescrits - les résultats obtenus - les modes opératoires mis en œuvre - les outils, instruments, machines utilisés et modalités d'utilisation Ainsi, dans le travail, il est plus contributif et plus pertinent de valider une définition centrée sur le « facteur humain ». L’homme au travail est engagé dans un triple rapport :

• à la production impliquant l’obtention de résultats, • à soi-même (aux plans corporel, cognitif, affectif), • aux autres hommes (ce qui l’engage socialement).

L’impossibilité de réaliser des compromis entre ces trois dimensions est source de souffrance et conduit à des effets défavorables à la santé et à la performance.

Le travail : une définition centrée « facteur humain »

L’homme des modèles gestionnaires et techniques

• Exécutant • Moyen standard et interchangeable • Stable dans son fonctionnement • Motivé par des déterminants personnels et

psychologiques (exclusivement)

L’homme de l’ergonomie et des modèles centrés « facteur humain »

• Régulateur du système • Concret (diversité) et porteur d’une expérience

singulière • Variabilité du fonctionnement • Motivé, dans l’absolu, par la construction de son

identité dans le champ social (pas seulement)

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N°14-2009 -7-

Organisations, homme au travail et santé

X. VAXEVANOGLOU

Ergonome Européen Psychologue du travail Université de Droit et Santé – Lille2

Plusieurs théories supportent l’organisation du travail humain. On en distingue :

- Les théories normatives : • Théories classiques, Organisation Scientifique du Travail (OST) (Taylor, Fayol, Weber) : approches rationnelles et mécanistes de l’organisation • Théories des relations humaines : prise de conscience des besoins sociaux et du travailleur • Théories des néo relations humaines : approche psychosociologique. Elles s’intéressent au besoin d’estime et de réalisation • Les Nouvelles Formes d’Organisation du Travail (NFOT) et le « Taylorisme à visage humain »

- Les théories à orientation diagnostique :

• L’analyse systémique (Lewin, Bertalanffy, Parsons et Merton) • L’analyse stratégique (Crozier et Friedberg) : analyse l’organisation comme un système politique résultant du jeu des acteurs • L’analyse culturelle (Sainsaulieu) : l’organisation est vue comme un lieu d’appartenance et de socialisation. Théories classiques ou rationalistes – OST La division du travail selon Adam Smith (1723 – 1790) : A. Smith est un auteur écossais classique, considéré comme le père fondateur de la science économique. C’est un libéral, théoricien de la division du travail et défenseur de l’État- gendarme. Il justifie le «laisser-faire» et la limitation du rôle de l’État à des fonctions régaliennes par sa théorie de la «main invisible» qui est un mécanisme de régulation automatique de l’économie de marché. A. Smith a montré au 18ème siècle que la division du travail présentait un grand nombre d’avantages en permettant d’augmenter la productivité. En prenant l’exemple d’une fabrique d’épingles, il met en évidence l’importance de la répartition des tâches entre les individus : c’est la division technique du travail qui permet, par la décomposition du processus de production, d’atteindre une plus grande efficacité productive.

La mécanisation accélère la division des tâches et provoque la disparition progressive de l’artisan (commençant et terminant un objet du début jusqu’à la fin ). La division du travail selon F. W. Taylor (1856-1915) : ingénieur américain, il est le créateur de l’OST. Le contexte socio-économique de l’époque de Taylor (fin 19ème) se caractérise pêle-mêle par la découverte de nouvelles sources d'énergie (électricité) et de nouveaux combustibles (permettant la mise en service de la machine à vapeur), la mécanisation et l’automatisation croissantes des moyens de production, l’ouverture des marchés mondiaux, un boum démographique avec une tendance à l’« astyphilie » (urbanisation importante), une consommation accrue que permet une production accrue, de grandes transformations sociales, le mouvement syndical (1884), l’augmentation des besoins en main d'œuvre, une sélection de cette même main d'œuvre, l’ouverture des marchés dans un climat de concurrence, les premiers regroupements (cartel, trust...). Cependant on commence à prendre conscience que les ressources ne sont pas illimitées et que, si la surproduction est un facteur favorisant la division du travail, il y a des besoins de standardisation en hausse et une nécessité d'optimiser les moyens. Le Taylorisme - Principes de gestion du travail : Entre 1893 et 1911, F. W. Taylor, publie une série d’ouvrages de “ management ” qui, selon lui, définissent les bases d’une nouvelle science : l’OST, l’organisation scientifique du travail. Il théorise et systématise le mouvement irrésistible qui va du travail qualifié des ouvriers de métiers, de l’artisanat traditionnel, au travail déqualifié de la grande industrie ne nécessitant qu’un court apprentissage. Le point de départ de Taylor est double : d’une part, il constate “la flânerie” des ouvriers, motivée à la fois par un penchant naturel à la paresse et par la stratégie des directions profitant du progrès technique pour augmenter le rendement au lieu d’inciter, par la hausse des salaires, à l’accroissement de la productivité. D’autre part, il remarque le rejet, par ses confrères, de l’ouvrier faisant preuve de zèle.

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N°14-2009 -8-

Quatre principes sont à la base du système de Taylor : la division verticale du travail (“Tout travail intellectuel doit être enlevé à l’atelier pour être concentré dans les bureaux de planification et d’organisation.”), la division horizontale du travail, le salaire au rendement et le contrôle des temps, le «partage» de la responsabilité du travail. Partant du postulat que « Le travailleur (ouvrier) est inapte à trouver par lui-même la meilleure façon d'accomplir le travail », la direction met au point la science de l’exécution de chaque élément du travail. La direction sélectionne et instruit scientifiquement chaque travailleur ; la direction collabore avec les ouvriers de façon à avoir la certitude que le travail s’exécute conformément aux principes de la science (« Les individus éprouvent, par nature, une vive répugnance à travailler et ont tendance à la flânerie »). La responsabilité du travail quant à elle, se divise entre la direction et les ouvriers. La doctrine sociale de Taylor, attribuée à tort à Ford, même s’il l’a bien mise en pratique, est centrée sur la convergence des intérêts des ouvriers et du patronat en une production efficace permettant la distribution de salaires élevés. Premier principe : la division verticale du travail C’est la séparation entre le travail d’exécution et le travail intellectuel de conception, assuré par les ingénieurs du “ bureau des méthodes ”. Par la démarche scientifique (étude du poste, décomposition et simplification des gestes, attribution d’un temps d’exécution à chaque tâche élémentaire), ils déterminent «la seule bonne façon d’effectuer une tâche» (“ The one best way ”). Ainsi, Taylor, chargé d’améliorer les méthodes dans une entreprise minière, va jusqu’à montrer au manœuvre la bonne façon de charger sa pelle pour atteindre la productivité quotidienne moyenne la plus élevée. Taylor préconise donc le “développement d’une science qui remplace le vieux système de connaissances empiriques des ouvriers”. Aux USA, dans un contexte marqué par le pouvoir des ouvriers de métier syndiqués et par la faiblesse de la qualification de la main d’œuvre immigrée, cette proposition de Taylor ne pouvait que recevoir bon accueil. Il s’agit de transférer le savoir des ouvriers de métier aux ingénieurs. Ce processus implique un détour par son intellectualisation et sa codification formelle car ce savoir devra être ensuite diffusé, non par un long apprentissage auprès des anciens, mais par des instructions adressées par la hiérarchie à des exécutants formés en quelques heures. Second principe : la division horizontale des tâches C’est la parcellisation des tâches entre opérateurs. A chaque opérateur est attribuée une tâche élémentaire, la plus simple possible, afin d’automatiser et d’accélérer les gestes. La

division horizontale des tâches, menée le plus loin possible, aboutit au travail à la chaîne, innovation de Ford, appliquée à partir de 1913 dans ses usines. Cependant, au début du siècle, les machines ne réalisent que des opérations simples : l’homme est irremplaçable pour les manipulations complexes (changer la pièce par exemple). Ainsi la chaîne va immanquablement contraindre l’homme à adopter le rythme de la machine. Troisième principe : salaire au rendement et contrôle des temps Taylor est tout à fait conscient du caractère abrutissant et aliénant du travail ainsi proposé à l’ouvrier : “Mais maintenant il nous faut dire que l’une des premières caractéristiques d’un homme qui est capable de faire le métier de manutentionnaire de gueuses de fonte est qu’il est si peu intelligent et si flegmatique qu’on peut le comparer, en ce qui concerne son attitude mentale, plutôt à un bœuf qu’à toute autre chose. L’homme qui a un esprit vif et intelligent est, pour cette raison même, inapte à exercer ce métier en raison de la terrible monotonie d’une tâche de ce genre.” (TAYLOR, 1911). La seule motivation d’un tel travail ne peut donc être que l’argent. Pour cette raison, le salaire au rendement s’impose : à chaque tâche correspond un temps d’exécution ; le chronomètre détermine alors la rémunération de l’ouvrier en écart au temps référentiel (système des “boni”). Le salaire au rendement permet donc la lutte contre les temps morts - qu’ils découlent d’une mauvaise organisation ou de la tendance spontanée des travailleurs à choisir leur propre rythme (“ la flânerie ouvrière ”) ! Quatrième principe : La coordination du travail au moyen de la hiérarchie fonctionnelle Le système de la hiérarchie fonctionnelle consiste en une multiplicité de lignes hiérarchiques. Selon Taylor, l’ouvrier doit avoir autant de chefs spécialisés que l’on peut distinguer de fonctions différentes impliquées par son travail : un pour son rythme de fabrication, un pour ses outils, un pour ses affectations… Ce système eut moins de succès que celui de la centralisation hiérarchique du français Fayol, reposant sur le principe de l’unicité du commandement. Selon ce dernier, on ne peut éviter d’introduire un pôle d’autorité, quitte à déléguer des tâches qui n’engagent pas la cohésion de l’entreprise. Le Taylorisme : doctrine sociale Taylor a en vue le contrat social que l’on attribue, à tort, à Ford : la classe ouvrière abdique toute maîtrise sur le processus de travail et se soumet à l’ordre productif en contrepartie de son accession à la société de consommation, grâce à la redistribution des gains de productivité. Taylor est ainsi convaincu que les intérêts de la classe ouvrière et du patronat sont convergents dans

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N°14-2009 -9-

une production efficace permettant l’obtention de hausses de salaires. Il s’agit là d’une “ révolution d’état d’esprit ”. “ … Et si cette révolution d’état d’esprit n’est pas complète des deux côtés [les ouvriers d’une part, les employeurs d’autre part], alors le système de direction scientifique n’existe pas. ” Un compromis social (productivité contre salaire) semble ainsi se dessiner : «Ce que les ouvriers demandent à leur patron, plus que tout autre chose, c’est un salaire élevé ; ce que les patrons veulent par dessus tout obtenir de leurs ouvriers, c’est un bas prix de revient de leur fabrication….» La tyrannie du chronomètre n’effleure donc pas l’esprit de Taylor… H. Ford et le travail à la chaîne A 5 $ par jour, Ford propose un nouveau mode de gestion de la force de travail. Ses fonctions sont l’approvisionnement continu en force du travail et le contrôle sur les modalités de dépense du salaire. Les exclus du système sont les jeunes de moins de 21 ans, les femmes et ceux qui n'ont pas satisfait à un temps minimum de mise à l'épreuve. La sélection ajoutée au contrôle tend vers une rationalisation poussée des ateliers. Ainsi des normes et cadences définissent le travail des convoyeurs sur les lignes de montage ; il y a égalisation des temps élémentaires pour l’équilibrage des chaînes de production ; la parcellisation est en augmentation ; il y a impossibilité de déplacements ; les rapports sociaux sont conditionnés et les marges d'auto organisation en baisse. Au total, les théories classiques ou rationalistes, l’OST (Taylor, Ford, Fayol, Weber), par la rationalité et la prévisibilité dans les processus opératoires, en renforçant le contrôle des comportements, proposent un "modèle idéal" d’organisation formelle impliquant une mobilisation optimale des ressources humaines et matérielles. Toutefois, elles restent incapables de rendre compte du fonctionnement réel. Théories des relations humaines Elles prétendent rompre avec le schéma mécaniste de l’OST. Elles entendent mettre en évidence le rôle des variables psychologiques et psychosociologiques dans la réalisation du travail. Elles sont portées par des chercheurs comme Elton MAYO (les groupes informels), Kurt Lewin (les styles de commandement, la dynamique des groupes, les étapes du changement social), etc. Mais l'analyse du travail reste localisée au niveau des relations interindividuelles et la conception de l'ordre et du conflit reste taylorienne. Donc ce courant est en fait une tentative d'humaniser le

travail en agissant sur l'affectif, le relationnel sans rompre avec l'OST. Théories des néo relations humaines Elles sont portées par les théories des besoins (A. Maslow), la théorie XY (MC GREGOR) et le système de gestion participative de R. LIKERT. Elles comportent les prémisses de l’individualisation et accordent une importance aux besoins d’estime et d’accomplissement au travail. Les fondements des NFOT La théorie de Herzberg Il émet l’hypothèse que les facteurs de satisfaction sont différents des facteurs de mécontentement. Il propose une formalisation générale pour répondre à l'évolution technique : il s’agit d’organiser les postes à technologies nouvelles et de remédier aux défauts des postes à technologies anciennes. C’est une formalisation en termes de besoins et il distingue 2 catégories de facteurs : les facteurs de satisfaction et les facteurs de mécontentement. L’enrichissement des tâches (E.T.) Il vise le renforcement de l’individualisation. Il implique l’apparition des méthodes de GRH basées sur l’évaluation individuelle des salariés. La modification de chaque tâche individuelle appelle une acquisition de caractéristiques (facteurs de satisfaction), une motivation individuelle. Formaliser l'Enrichissement des Tâches est une action sur le contenu, sur l'organisation des tâches L'E.T. vise à compléter les tâches d'exécution par des tâches de préparation, des tâches de réglage, des tâches d'entretien et des tâches de contrôle. C'est un regroupement vertical de tâches principales sur la ligne du processus de travail, et arborescent, lorsqu'il intègre à différentes étapes du processus des tâches annexes (entretien, réglage, réparation, etc.) Les avantages de cette réorganisation sont, outre le gain de productivité, la meilleure distribution du travail ainsi que l'amélioration des conditions de travail (sentiment de liberté de l'opérateur, d'autonomie dans ses rapports avec autrui et aussi avec le produit, auto organisation du rythme de travail).

Donc est-on en droit de conclure qu’il y

a remise en cause de la parcellisation ? Rupture avec le Taylorisme ? Essayons d’y répondre. L'élargissement des tâches est un regroupement horizontal de tâches (de même nature) qui a pour effet d'allonger le cycle et réduire la monotonie.

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N°14-2009 -10-

Ses effets n'ont pas été bien mesurés mais il semble que l'avantage d'un travail plus long et moins cadencé soit partiellement annulé par accroissement de la charge mentale et du stress. La rotation des postes consiste, lorsque certains postes fixes sont monotones ou répétitifs, à faire tourner le personnel sur ces postes afin d'éviter que chaque travailleur soit trop longtemps et exclusivement sur un même poste. Appliquée seule, cette autre technique apparaît insuffisante ; elle implique, pour être efficace, une polyvalence des opérateurs et un travail en groupe. Le groupe semi autonome est constitué de salariés qui se regroupent en unités de travail dépourvues de responsable hiérarchique. Les salariés sont globalement responsables de leur production et organisent sur cette base le travail qui leur revient. A l'intérieur du groupe doit régner la polyvalence marginale interne : chaque opérateur doit pouvoir effectuer dans l'environnement immédiat de son travail habituel toutes les opérations assumées par le groupe. Ceci entraîne une souplesse dans l'organisation quotidienne et dans la planification du travail. Les résultats observés sont généralement une baisse de l'absentéisme et du turn-over, une augmentation de la qualité et une diminution du temps de production. La solution de l'équipe semi-autonome apparaît comme la synthèse de l'élargissement et de l'enrichissement des tâches avec alternance et polyvalence. La nécessité de rapprocher le centre de décision du poste de travail, d'assurer l'interdépendance des tâches, la coordination des informations et des rôles, associée à l'objectif d'enrichissement du travail,

appelle naturellement la mise en place de groupes semi autonomes. Le juste à temps (ou flux tendu) Lors des dernières années, les réflexions et les expérimentations portant sur de nouvelles procédures participatives semblent marquer le pas et être progressivement supplantées par la recherche d'une autre rationalité productive, en relation avec les nouvelles contraintes du marché. Le principe JAT (juste à temps) est simple : produire et livrer les produits finis juste à temps pour être vendus, fabriquer les produits intermédiaires juste à temps pour être transformés en produits finis et acheter les matières premières juste à temps pour la fabrication. Les ateliers flexibles sont une illustration des transformations induites par l'adoption de nouvelles méthodes de production telles que le JAT. Les ateliers flexibles procèdent d'une logique de travail centrée sur le produit. Les changements fréquents de séries entraînent l'adoption successive de modes opératoires différents et l'utilisation de divers outils dans un minimum de temps impliquant une grande polyvalence du personnel. Ainsi, la réorganisation du travail passe par la recomposition des unités de production en cellules hétérogènes polyvalentes (qui s'opposent aux sections homogènes tayloriennes) disposant de marge d'autonomie et de responsabilités élargies. Du point de vue de son mode de fonctionnement, l'organisation de ces ateliers repose sur des principes identiques à ceux des groupes autonomes des années 60-70.

Théories normatives : Les NFOT

A.C.T. AMÉLIORER • Conditions de travail • Contraintes machine • Contraintes processus … CRITÉRES • sciences humaines • sciences sociales • sciences cognitives • Physiologie /Psychologie ……

N.F.O.T.

RÉACTIONS SYNDICALES Revendication claire

RENDRE • Plus intéressant • Plus motivant DONNER • Plus d'autonomie • Plus de responsabilités SUSCITER • Plus d'initiatives CRITÉRES • Idéologies sociales Initiative patronale

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N°14-2009 -11-

Les Théories diagnostiques L’approche systémique Elle considère l’organisation comme un système ouvert. Il y a interdépendance du formel et de l’informel. Les caractères spécifiques de l’interdépendance sociale sont le processus de communication et les processus conflictuels. En effet, il y a non seulement des échanges d'informations mais également de représentations, sentiments... Les processus conflictuels sont le produit des dysfonctionnements de la communication et éventuellement des Prises de décisions. L’interdépendance des facteurs sociaux et technologiques et les résultats économiques définissent la notion de système sociotechnique. En effet, améliorer simplement la technologie sans agir à la fois sur les facteurs techniques et les facteurs sociaux semble être à la base de dysfonctionnements. L’organisation ici est imbriquée dans son environnement et c’est la théorie de la contingence structurelle qui en traite. Théorie de la contingence structurelle Comment concilier la différenciation de chaque département, atelier, service et l'intégration de l'ensemble ? L'efficacité de l'entreprise dépend de la congruence des structures et des procédures avec les contraintes environnementales. L’analyse stratégique Les individus et les groupes sont considérés comme des acteurs du système, se comportant dans l'organisation avec liberté et rationalité. Pour Atteindre ses objectifs propres chaque acteur poursuit une stratégie qui dépend de ses capacités et des limites des contraintes organisationnelles, mais qui s'insère dans un contexte d'interdépendance. Entre les acteurs eux-mêmes et entre l’organisation et les acteurs, existent des relations de pouvoir. S’il y a des marges de liberté, il y a également des zones pertinentes d'incertitude. Ces zones ont trait à la compétence, la spécialisation fonctionnelle, les relations organisation-environnement, la circulation des informations et l’utilisation des règles organisationnelles.

L’analyse culturelle L'organisation est un lieu d’apprentissage culturel. Quatre modèles de culture sont identifiables (fusion, négociation et différence, exclusion et affinités sélectives, retrait). L’enjeu ici semble être l’accès à l’identité. Les modèles de culture • La fusion, modèle caractérisé par des valeurs de masse, d'unité et de camaraderie. La culture fusionnelle se rencontre essentiellement chez les ouvriers spécialisés, les manœuvres et certains employés, bref, lorsqu'un travail standardisé ne donne pas accès à des sources de pouvoir. • La négociation et la différence, modèle caractérisé par des valeurs d'indépendance, d'autonomie, de maîtrise de soi et des autres, mais aussi de démocratie en ce qui concerne le fonctionnement du groupe des pairs. Au contraire, la culture de la négociation et de la différence concerne surtout les individus qui ont du pouvoir par leur compétence technique, le contrôle des communications ou la maîtrise du règlement : les ouvriers professionnels, certains techniciens, les cadres qui exercent de véritables fonctions d'encadrement du personnel. • L'exclusion et les affinités sélectives, culture marquée par le rejet du groupe des pairs, par la valorisation des relations rares mais intenses et fortement personnalisées, et par un attachement à l'esprit maison. La culture de l'exclusion et des affinités sélectives est caractéristique des salariés en situation de mobilité socioprofessionnelle et de promotion interne : jeunes ouvriers et employés, agents de maîtrise et cadres "sortis du rang". • Le retrait, modèle culturel négligeant les relations avec les pairs et valorisant uniquement les aspects économiques et statutaires de l'appartenance à l'organisation, car les intérêts de l'individu se trouvent ailleurs. Quant à la culture du retrait, elle se retrouve particulièrement chez les employés, les ouvriers paysans, les travailleurs immigrés, les ouvrières et les employées, de même que chez les agents techniques et les cadres lorsqu'ils voient leurs carrières bloquées.

Pour ouvrir à la réflexion : Deux mondes différents

Le triple socle des théories normatives

Le pari des approches diagnostiques

• Une certaine vision de l’homme et du travail • La négation des rapports sociaux • L’illusion de l’organisation idéale • La valeur économique du travail humain

• L’homme est acteur et le travail activité • Les rapports sociaux structurent le système • Analyser pour comprendre • La valeur sociale et économique du travail humain

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Le Taylorisme est-il de retour ? L’organisation du travail demeure taylorienne en dépit du discours idéologique visant à faire intérioriser à l’individu l’idée d’une plus grande autonomie. L’actualité du taylorisme tient au fait que la production reste standardisée. Les économies d’échelle, à la base de la croissance fordiste des trente glorieuses, sont simplement réalisées désormais au niveau de la gamme et non plus du produit. Il faut donc plus que nuancer l’idée selon laquelle l’émergence d’une demande de variété et de qualité remet en cause le taylorisme. Selon DUVAL. G. (1998), (l’entreprise efficace à l’heure de Swatch et Mac Donald’s. La seconde vie du taylorisme), le discours idéologique sur la nécessaire mobilisation des salariés autour de la qualité et des désirs du client a conduit à la naturalisation des contraintes de l’OST (c’est la faute au marché et non au patron). Le taylorisme est plus que jamais d’actualité. Quels constats pouvons-nous dresser ? L'Intensification des contraintes au travail, phénomène bien connu depuis le début des années 80, renvoie au rapport entre Charge de Travail (objectifs, normes quantitatives, contraintes de temps, effectifs…) et Moyens pour réaliser le travail (organisationnels, techniques, environnementaux, humains). Les effets de l'intensification sur la santé au travail (stress, problèmes cardiovasculaires, troubles musculosquelettiques) sont également bien connus. L'Intensification du travail : plusieurs données plaident en faveur de cela : - Un contexte économique et social défavorable pour penser le travail

- La logique de gestion impose des régulations qui accentuent les contraintes pour les salariés - L’intensification du travail affecte des formes comme le retour du « temps » (en tant que variable économique) ou le mythe de l’autonomie - Les effets de l’intensification sont les contraintes temporelles, le coût réputé cher de la régulation et les « nouveaux risques au travail ». Les enquêtes nationales et internationales objectivent cette intensification du travail (augmentation des contraintes marchandes et temporelles, augmentation du contrôle direct). Elles soulignent également l’augmentation de l’autonomie par absence de prescription et de l’autonomie sans moyens. Sur le plan de la santé et de la sécurité il en découle une exclusion des salariés « fragiles » et une certaine remise en cause des performances des systèmes. Les troubles musculosquelettiques (TMS) apparaissent comme la première maladie professionnelle ; la charge mentale s’accroît, se nourrissant des formes de responsabilisation qui impactent l’équilibre psychique ; 60 % des salariés disent qu’une erreur de leur part les exposerait à un risque de sanction sur leur emploi ou sur leur rémunération (46 en 91) ; près de deux salariés sur trois qu’elle entraînerait des conséquences graves sur la qualité du produit ou du service ; un salarié sur deux cite l’impact qu’aurait une erreur sur les finances de l’entreprise. Par ailleurs le stress, les violences psychologiques et la consommation de psychotropes sont en nette augmentation. Les indicateurs socioéconomiques sont bel et bien en berne (Accidents de travail, Maladies professionnelles, Absentéisme, Pertes de productivité directe et de qualité).

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Ergonomie : travail, tâche, activité

X. VAXEVANOGLOU

Ergonome Européen Psychologue du travail Université de Droit et Santé – Lille2

Le travail du point de vue de l’Ergonomie Le travail est une activité humaine finalisée, socialement située, réalisée par des hommes concrets. L’homme au travail est engagé dans un triple rapport : un rapport à la production impliquant l’obtention de résultats, un rapport à soi-même (aux plans corporel, cognitif, affectif), un rapport aux autres hommes qui l’engage socialement. Origines et développement L'ergonomie est née du constat que l'Homme n'est pas une machine comme les autres : il ne fonctionne pas comme un dispositif technique, ne transforme pas l'énergie comme un moteur électrique, sa mémoire ne suit pas les mêmes règles que celle d'un ordinateur, ... Elle est née aussi du fait que les risques au travail ne sont pas analogues à ceux d'un dispositif technique (fatigue, usure, vieillissement), il existe des pathologies et infrapathologies rencontrées plus fréquemment en milieu professionnel, le travail peut aussi participer au développement de l'Homme dans certaines conditions. L’ergonomie est un terme utilisé pour la première fois en 1857 par Jastrzebowski, repris en 1949 par Murrel. Le développement de l’ergonomie a connu 3 périodes et chacune d’entre elles a été dominée par des perspectives théoriques et méthodologiques de disciplines différentes. Historiquement l’origine la plus ancienne remonte au début de l’industrialisation (fin du 19ème et surtout début du 20ème siècle) : elle avait une « coloration » et une vocation physiologique et médicale. Son objectif était de comprendre les liens entre les conditions de travail et les effets observables sur les salariés, de dénoncer les effets du travail sur la santé et d’influencer la législation sociale. Ses concepts allaient des Contraintes (conditions de travail) aux astreintes (effets sur les hommes) et de leurs conséquences comme la fatigue… Ces concepts sont à la base du développement de l’ergonomie jusque dans les années 1970. L’arrivée des nouvelles technologies a déplacé le problème physique vers le mental, le cognitif et les années 80 marquent l’arrivée au premier plan de la dimension subjective du travail.

Le deuxième axe de développement est plus expérimental et technique. Il se développe avec les crédits de l’armée pendant la deuxième guerre mondiale. L’armée américaine lance des travaux menés par des équipes d’ingénieurs et des psychologues expérimentalistes avec pour objectif d’adapter les dispositifs militaires au fonctionnement humain. L’objectif est donc, prosaïquement, l’adaptation de la machine à l’homme (l’homme en général). Ce courant est appelé « human factor » ; c’est l’ergonomie du composant humain, dominant dans le monde anglo-saxon. Elle vise la production de connaissances permettant d’élaborer des normes et des recommandations dans la conception des machines, des outils, des produits au sens large du terme. En revanche, elle n’a pas une grande préoccupation du terrain ; la construction des connaissances s’effectue surtout en laboratoire. Le troisième courant naît à la fin des années 1950 mais se développe en France à partir de la fin des années 70. L’objet d’analyse est le travail réellement effectué (Travail prescrit – Travail réel). Son objectif est l’adaptation du travail à l’homme. Ce courant donne naissance à l’ergonomie francophone centrée sur l’Activité réelle de travail. Impulsé surtout par quelques médecins et des psychologues se posant à nouveau la question des conditions de travail et leur impact sur la santé, ce courant se développe sur le terrain, dans les ateliers et surtout au fond des mines, chez Renault (pionnier en la matière) et la sidérurgie. Ce courant se met en place de manière institutionnelle à partir des années 1970 avec le laboratoire d’ergonomie du CNAM à Paris, la naissance de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF). Le terrain et l’activité de travail réelle sont au centre de l’ergonomie francophone alors que le laboratoire et les connaissances du fonctionnement de l’homme sont au centre de l’ergonomie Anglo-saxonne (qui reste beaucoup plus expérimentale). Si le terrain et l’activité de travail réelle sont au centre de l’ergonomie de langue française, on peut la traiter d’Ergonomie de l’Activité dont le propos est de connaître l'activité des opérateurs

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dans l'accomplissement de leur tâche et de fournir des repères pour concevoir des situations de travail qui permettent le développement de l’homme et des systèmes. Par contre le laboratoire et les connaissances du fonctionnement de l’homme sont au centre de l’ergonomie Anglo-saxonne. On peut l’affubler du nom d’Ergonomie du composant humain (Human Factors) et elle poursuit comme finalité l’élaboration de normes et recommandations utilisées par les concepteurs et les bureaux d'études pour concevoir et mettre au point des équipements. Disposons-nous de deux approches complémentaires en Ergonomie ? L’Ergonomie du composant humain (Human Factors) utilise les sciences pour améliorer les conditions du travail humain, concevoir des dispositifs techniques, élaborer de normes et des recommandations. Elle est à l’origine de l’ergonomie du produit et de l’usage. C’est une approche plutôt expérimentale. Le fonctionnement

humain est le fonctionnement de tous les hommes (physiologique, cognitif, psychologique, biomécanique…) Il peut y avoir de l’ergonomie dans ce champ sans se préoccuper du travail réel. L’Ergonomie de l’activité est l’étude spécifique du travail humain en vue de l’améliorer (avec autonomie de ses méthodes) ; elle permet ainsi la transformation du travail. C’est une ergonomie centrée sur l’activité ; elle tient compte du terrain. Elle est plutôt analytique et appliquée : c’est une véritable approche clinique des situations de travail. On regarde l’opérateur et pas un autre. L’Ergonomie de l’activité tient compte des recommandations et des normes mais sa véritable cible reste la situation de travail spécifique à un / des opérateur(s) concret(s) dans un environnement donné. Le travail : Déterminants, Activité et Effets Le travail est caractérisable par ses déterminants et ses conditions, l’activité de la personne, ses effets.

Le travail : Déterminants, Activité et Effets

L'homme en situation de travail a un âge, un sexe, une histoire personnelle, une formation, une expérience. Il n'est pas constant dans son fonctionnement et travaille donc de façon différente selon le moment de la journée et la période de sa vie. Il court des risques dans son

travail, même s'il respecte les consignes de sécurité, les modes opératoires prescrits. Il est capable d'apprentissages nouveaux, de faire face à la variabilité des situations et à leur complexité, de rattraper des dysfonctionnements….

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L'homme en situation de travail

L’homme des théories

Normatives

• Exécutant • Moyen standard • Stable dans son fonctionnement • Motivé par des déterminants personnels et

psychologiques (exclusivement)

L’homme de l’ergonomie

• Régulateur du système • Concret (diversité) • Variabilité du fonctionnement • Motivé, dans l’absolu, par la construction de son

identité dans le champ social (pas seulement)

La tâche "La tâche est un but donné dans des conditions déterminées" (Léontiev, 1976). Elle implique des objectifs, une organisation et des conditions déterminées. On peut distinguer deux groupes de tâches selon qu'elles sont élaborées en dehors de l'opérateur (tâche prescrite) ou par l'opérateur (tâche effective ou tâche réelle). La tâche prescrite et la tâche attendue C’est une tâche définie et présentée par celui qui en commande l'exécution. Elle englobe l’ensemble des objectifs assignés aux opérateurs et un ensemble de prescriptions définies de l'extérieur pour atteindre ces objectifs particuliers. Elle vise à orienter l'activité en définissant les buts / objectifs, les procédures, les conditions de réalisation, les critères, les valeurs à respecter. C'est aussi un principe qui impose un mode de définition du travail par rapport au temps. Elle peut être plus ou moins précisément définie. La tâche attendue est celle dont la réalisation est réellement attendue. Elle peut être différente de la tâche prescrite. La tâche redéfinie et la tâche réelle Confronté à une tâche prescrite et /ou attendue, l’opérateur l’interprète en fonction des moyens dont il dispose et des contraintes qu’on lui fixe (ou qu’il se fixe). La tâche réelle ou effective est la tâche effectivement réalisée par l’opérateur en fonction des exigences de chaque situation particulière. A chaque réalisation de la tâche redéfinie correspond une tâche effective. Elle peut être décrite à partir de l’observation de l’activité. Les conditions de réalisation du travail Elles relèvent de plusieurs dimensions : - Technologiques / Techniques (dépendance par rapport au ST, cadences techniques, dysfonctionnements…) - Organisationnelles (contraintes temporelles, physiques, …, rémunération…contrôle) - Sociales (individualisation, collectifs, coopération / coordination…) - Environnementales (ambiances physiques) - etc.

L'activité au travail Elle correspond à la mobilisation de la personne pour réaliser les tâches réelles. Il s'agit donc de la mise en œuvre par une personne, à un moment donné, de ses fonctions physiologiques, psychologiques, psychiques. Elle est ce qui sous-tend les comportements de la personne au travail : comportements physiques observables (gestes, postures, ...), et processus mentaux (raisonnements, planification, ...) inobservables. Elle a une fonction intégratrice : c'est l'élément central organisateur et structurant des composantes (déterminants - effets) de la situation de travail. Elle est le résultat d'un compromis élaboré par l’opérateur. Elle a une dimension temporelle. Elle a un sens pour l'opérateur. Les dimensions de l'activité - La dimension sensorielle : recherche et prise d'informations sur l'environnement de travail par les modalités sensorielles (vue, ouïe, toucher, odorat, goût) et la proprioception, guidées par les processus cognitifs. - La dimension cognitive (mentale) : traitement de l'information, prise de décision, élaboration des réponses motrices par les centres nerveux supérieurs, mémoire (court terme, long terme), représentations, connaissances générales, opératives et routinières. - La dimension motrice : gestes, déplacements, postures, ports de charges, efforts, ...mobilisant le système musculo-squelettique pour l’action. - La dimension affective : émotions, stress, sens…qui accompagnent, structurent, altèrent parfois les processus sensoriels et cognitifs et l’action. Les résultats et conséquences de l'activité - Les conséquences pour les opérateurs peuvent concerner leur santé et leur état fonctionnel (fatigue, troubles, maladies) ; - Elles peuvent également avoir des effets positifs et permettre un développement des compétences professionnelles. - Les conséquences pour l'entreprise se traduisent de manière plus ou moins manifeste et parfois à long terme.

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- De manière générale, les relations de causes à effets sont complexes (une cause peut être à l'origine de plusieurs effets et un type de conséquences est lié à un ensemble de causes) et variables dans le temps (effets rapides ou différés) ; - Recherche « d’indicateurs précoces » d’atteintes à la santé et/ou à la performance. Définir l’ergonomie L’ergonomie est une discipline scientifique qui a comme objectif l’adaptation des systèmes de travail et d’usage à l’homme. Pour atteindre cet objectif, l’ergonomie met en œuvre, dans la conception et l’aménagement des situations, des théories, des démarches et des méthodes d’action qui poursuivent une double finalité : - La préservation de la santé, l’amélioration du bien-être et le développement des compétences pour les hommes ; - L’efficacité technique, organisationnelle et économique pour les systèmes. Elle a développé une pratique d’analyse du travail, centrée sur « le point de vue de l’activité » : c’est l’Analyse Ergonomique du Travail (AET). Cela signifie que la compréhension et l’amélioration du fonctionnement des systèmes passent

nécessairement par une analyse de l’activité en situation réelle de travail /usage. La finalité première de l’intervention ergonomique, c’est de transformer le travail en contribuant à : - la conception de situations de travail qui n’altèrent pas la santé des opérateurs, et dans lesquelles ils puissent exercer et développer leurs compétences, - l’atteinte des objectifs économiques que l’entreprise s’est fixés, du fait des investissements réalisés ou à venir. Elle poursuit, ce faisant, deux objectifs complémentaires à travers la mise en place d’une démarche qui traite des interactions entre deux logiques : l’une centrée sur le social, l’autre sur la production. Le projet de l’ergonomie s’appuie sur des modèles qui ne sont pas ceux des autres disciplines, une méthodologie d’intervention analytique qui rend difficile le dialogue avec les disciplines qui quantifient et / ou normalisent « le travail », une construction sociale de l’intervention qui vise la transformation du travail et des représentations des acteurs, la réalisation de compromis (Santé – Efficacité) qui ne sont pas forcément acceptables par les « règles de métier » des autres disciplines.

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Charges, pénibilités et santé au travail

X. VAXEVANOGLOU

Ergonome Européen Psychologue du travail Université de Droit et Santé – Lille2

Les enjeux des (ré)organisations Quelle logique pilote les (ré)organisations ? Les méthodes d’organisation, qui sont guidées par des normes de gestion centrées sur les « gains de productivité », structurent les conditions de production autour du prescrit et standardisent la gestion des ressources humaines. Pour qu’une organisation de ce type puisse fonctionner, il lui est nécessaire de mettre en place des processus de mobilisation optimale des ressources (temps standards, procédures). Le travail est prescrit selon des critères qui relèvent du résultat financier recherché et non pas de la réalité des situations. Il est du coup nécessaire de rationaliser et de rendre prévisibles tous les processus opératoires (indicateurs, reporting, revues de performance…). Or ces outils de rationalisation productive sont en même temps, et sous la responsabilité d’un management qui devient « harcelant » sans le savoir ni le vouloir dans la plupart des cas, des outils de renforcement du contrôle des comportements individuels et collectifs (tableaux de lissage des charges, reporting individuel, présence physique de la hiérarchie…) Cette logique, dominante dans les méthodes d’« industrialisation » des processus de production, y compris dans le tertiaire, produit en théorie des gains de productivité constatables sur le plan comptable. Mais les démarches, les méthodes, les outils, ne prennent pas en compte la réalité des situations, se focalisent sur des normes et des standards et s’appuient sur des indicateurs non représentatifs du réel. Ils mettent ainsi à mal un certain nombre d’indicateurs sociaux, la responsabilité des liens entre déterminants organisationnels et sociaux étant déléguée implicitement au management, sans pour autant que l’on sache clairement à quelle pratique cela pourrait renvoyer. Le prix à payer par les collaborateurs, du côté de leur santé (psychique notamment et aussi physique) mais aussi du point de vue de leur identité professionnelle et du sens de leur travail, est élevé pour ne pas dire exorbitant - sur la foi des études les plus récentes en Santé - Travail. La question de l’industrialisation L’industrialisation des processus de production suppose la mise en œuvre de méthodes et d’outils en théorie suffisamment efficaces pour

que leur mise en application ne relève plus que de la stricte exécution. Ce paradigme, initié par le taylorisme/fordisme dans l’industrie automobile et érigé en religion depuis les années 80 via le Système de Management Toyota, n’a jamais fonctionné ailleurs que dans les systèmes de production à la chaîne (système technique caractérisé par la cadence et l’équilibrage des postes). Toutes les tentatives en dehors de ce type de process ont échoué. Sauf que l’idéologie sous-jacente qui se fonde sur la division du travail entre la conception et la gestion d’un côté et l’exécution de l’autre et qui réduit la participation aux changements à néant, persiste et intègre les nouvelles formes de rationalisation organisationnelle pilotées par les résultats et non par le travail. Du coup, cette logique semble possible à mettre en œuvre ailleurs que dans les process dont l’objet est un « produit » et notamment dans les systèmes de production de services. Le seul problème, et il est de taille, c’est que la mise en norme et en cadence des temps nécessaires pour produire un service relève de tout sauf des sciences, y compris d’ailleurs des sciences de l’organisation. Dire qu’il faut X temps pour traiter une demande du client ou un incident dans les interactions avec le client, que tel délai dépend de l’addition de temps élémentaires qui renvoient à des tâches à forte composante cognitive (contrôles par exemple)…, relève du calcul comptable et en aucun cas de la réalité du travail (de la relation au client, de la complexité technique et relationnelle de la demande, de la nature du travail …) ou de la réalité scientifique (les sciences de l’homme). L’application stricte du modèle industriel structure une approche du travail qui postule qu’il suffit de mettre en œuvre pour que cela marche. La performance des collaborateurs dépend donc de l’application des bonnes pratiques, de l’utilisation des procédures et des outils… et non de leurs compétences à gérer sur les plans techniques et relationnels les situations de travail. Cela constitue un déni des situations réelles de travail et de la contribution des collaborateurs. La non prise en compte de la réalité du travail, qui se structure autour de la variabilité des tâches, des incidents, de la diversité des demandes des clients, des charges administratives, du fonctionnement fréquent en équipe incomplète, des interactions compliquées avec le donneur

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d’ordres, de l’ambiguïté des critères d’appréciation du résultat…, conduit à définir des modes d’organisation basés sur les processus qui intensifient les contraintes, et augmentent la charge de travail. La question de l’intensification L'Intensification des contraintes, phénomène bien connu depuis le début des années 80, renvoie au rapport entre Charge de Travail (objectifs, normes quantitatives, contraintes de temps, effectifs…) et Marges/Moyens pour réaliser le travail (organisationnels, techniques, humains). Quand les contraintes augmentent sans un rééquilibrage du côté des marges de manœuvre et des moyens pour gérer les écarts entre le travail prescrit et la réalité des situations, la mobilisation des salariés nécessite de réguler « sur soi » (dépasser / compenser la fatigue, le stress, la douleur, le non

sens…). Cela n’est neutre ni pour la santé ni pour la performance. Les conséquences de l'intensification sur la santé au travail (stress, problèmes cardiovasculaires, troubles musculosquelettiques) et sur la performance (qualité, relation au client…) sont également bien connues. La diversité et la variabilité des situations réelles auxquelles les collaborateurs sont confrontés, les charges réelles qui en découlent, la perte d’autonomie et le décalage entre mobilisation et efforts pour atteindre les objectifs et la reconnaissance de l’organisation, structurent un rapport au travail du moins défavorable à la santé. Les processus de dégradation de la santé et de la performance sont encore plus marqués quand les collectifs sont fragilisés par la surcharge et la mise en concurrence des collaborateurs et quand l’organisation ne produit pas de la reconnaissance.

Les enjeux des (ré) organisations La question de l’intensification

INTENSIFICATION DU TRAVAIL

Les enjeux des (ré)organisations sont donc pêle-mêle un contexte économique et social défavorable pour penser le travail, la logique de gestion imposant des régulations qui accentuent les contraintes pour les salariés, les formes de l’intensification elles-mêmes (le retour du « temps » comme variable économique, le mythe de l’autonomie), les effets de l’intensification (les contraintes temporelles, le coût élevé de la régulation, les « nouveaux risques au travail »). Charge de travail et régulations La charge de travail (prescrite, réelle) La charge prescrite : A la fois la prescription du travail élaborée par les gestionnaires/organisateurs et les objectifs de performance assignés à l’organisation.

La charge réelle ou effective : Découle de la façon dont les individus et les collectifs de travail prennent en charge les objectifs qui leur sont assignés et réalisent l'activité. Si le travail prescrit est ce qui est demandé, le travail réel est ce que cela demande. La charge subjective ou vécue : Dans cette perspective, il s'agit de souligner l'importance des facteurs intervenant dans les représentations mentales et le vécu de la charge de travail (reconnaissance et identité professionnelle, conditions de travail, rapports sociaux…) Les régulations La notion de régulation de la charge de travail est centrale pour cerner le rapport prescrit – réel et comprendre la mobilisation individuelle et collective pour réaliser les tâches et atteindre les objectifs. Il apparaît, en effet, que les régulations

CHARGE ELEVEE

MARGES FAIBLES

INTENSIFICATION REGULATIONS

SUR SOI

DEGRADATION DU RAPPORT AU

TRAVAIL

EFFETS NEGATIFS SUR

LA SANTE ET LA PERFORMANCE

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individuelles et collectives de l'activité constituent un indice observable des "difficultés" que rencontrent les opérateurs et des stratégies qu'ils mettent en œuvre pour préserver leur santé, leur sécurité et assurer la performance. Les modes opératoires et les stratégies mis en œuvre pour gérer les situations réelles (fonctionnement « normal », périodes critiques, dysfonctionnements),

pour faire face aux variabilités et aux contraintes, ne sont pas neutres du point de vue de la santé. Rappelons que l’on entend par “ activité ” le travail concret, réellement effectué, par opposition au travail à faire ou “ prescrit ”, c'est-à-dire la “ tâche ”. L’activité fait donc référence à la mobilisation de la personne au plan physiologique et psychologique.

Charge de travail et régulations

Dans toute activité humaine il existe un optimum entre Charge et Performance. Cela est surtout lié : - aux limites (et aux règles) du fonctionnement humain (cognitif, physiologique, psychique), - à l’absence de marges de manœuvre et de moyens pour réguler sans « prendre sur soi » au risque de s’approcher des limites, - à l’absence de reconnaissance au sein des collectifs de travail et au sein de l’organisation.

Les organisations tendent à se situer au-delà de cet optimum. Cela signifie clairement qu’au sein des unités de travail, des compromis de régulation de la charge se mettent en place en remettant en cause l’équilibre Quantité – Qualité – Délais. Pour maintenir cet équilibre les collaborateurs ont besoin de marges de manœuvre et de moyens. A défaut les impacts sur la santé seront défavorables.

Charge de travail et santé

OMS ETAT

COMPLET

DYSFONCTIONS HANDICAPS MALADIES

SANTE

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -20-

La « normalité » se situerait entre l’état idéal et la maladie. La Santé au travail n’est pas exempte de stress, de souffrance, de difficultés compensées. La santé est une construction individuelle située socialement. La santé au travail est favorisée quand la gestion du triple rapport est possible. La santé au travail est un enjeu négociable. Le modèle Contrainte – Astreinte La santé est menacée par la sollicitation excessive, insuffisante ou inappropriée des fonctions physiologiques et cognitives. Charge de travail, contraintes et astreintes Contrainte (niveau d'exigence) : définie en référence à la tâche. Il semble y avoir un lien dialectique entre les objectifs et les contraintes. Les contraintes se prêtent volontiers aux mesures objectives. Astreinte : définie en référence à l'activité, c’est le degré de mobilisation (physique, cognitive) du sujet. Elles font plutôt l’objet d’évaluations indirectes. Donnons des exemples : Exemple 1 : Soit une tâche qui consiste à monter et descendre d'un banc à une certaine cadence pendant un certain temps. Les contraintes sont

alors la hauteur du banc, la cadence, la durée de l'épreuve, l’équipement disponible … Les astreintes sont la quantité d'acide lactique, la consommation d'oxygène, les variations de l'électromyogramme, la durée de récupération, ... Exemple 2 : Considérons une tâche qui demande d’effectuer une série de calculs arithmétiques. Les contraintes sont le nombre et le type d'opérations, le temps disponible, les outils disponibles, … Les astreintes sont l’exactitude des résultats, la capacité à effectuer une autre tâche en parallèle, la modification des modes opératoires, ... Contraintes et fatigue La fatigue est un état consécutif à un travail réalisé sous certaines conditions. Elle est objectivable par des symptômes-traces ; elle induit une perte temporaire et réversible d’efficience. La fatigue est la conséquence d’une astreinte. La fatigue amoindrit les ressources… et donc augmente l’astreinte. La fatigue signale une surcharge … ou une sous-charge prolongée. Charge de travail et santé Le modèle de la régulation La santé est menacée quand l'organisation ne permet pas l‘ atteinte des objectifs d‘efficacité et de sauvegarde de l‘intégrité physique, mentale et psychique.

Le modèle de la régulation

Régulations En lien direct, la charge de travail résulte de la mise en œuvre d'un mode opératoire. Indirectement, la charge de travail provoque le changement du mode opératoire.

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Contraintes – TMS et qualité

Les modèles

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Les modèles Le modèle de la confrontation L’homme au travail est engagé dans un triple rapport : un rapport à la production impliquant l’obtention de résultats, un rapport à soi-même

(aux plans corporel, cognitif, affectif) et un rapport aux autres hommes qui l’engage socialement. L’impossibilité de réaliser des compromis entre ces trois dimensions est défavorable à la sante et à la performance.

Le modèle de la confrontation

La santé des individus et leur performance sont à la croisée de trois grandes quêtes : La quête du sens qui renvoie au rapport qu'entretiennent les personnes avec le contenu du travail. L'absence de sens est un facteur qui rend intolérable la perception des contraintes et de la charge de travail. La quête de marges de manœuvre qui renvoie à la nécessité pour les individus de pouvoir trouver les moyens d'élaborer des arbitrages, ou de construire des compromis entre les objectifs à atteindre, les contraintes et les moyens disponibles. La quête de reconnaissance sociale qui va dépendre de la qualité des rapports sociaux de travail. Elle porte sur la juste évaluation des efforts consentis pour atteindre ces objectifs et va dépendre de la possibilité d'appartenir à un collectif de travail. Exemple 3 : Soit maintenant une tâche qui consiste à monter et descendre d'un banc ou effectuer une série de calculs arithmétiques… Les contraintes sont identiques à celles listées

dans les exemples 1 et 2, mais en plus nous retrouvons la pression temporelle, la traçabilité, la pression hiérarchique, la dégradation des rapports sociaux… Les régulations consistent alors à modifier le rythme, partager la tâche, décaler ou amender les objectifs… Les astreintes sont identiques à celles listées dans les exemples 1 et 2, mais nous rajoutons le stress, la souffrance (et les décompensations associées). Charge de travail des soignants et violence des patients En EPSM, les soignants planifient le matin et l’après-midi des activités à l’extérieur du service avec les patients en resocialisation. Les tâches de nursing se prolongent, les médecins modifient le planning des entretiens, un soignant accompagne un patient en consultation… Conséquence : les activités du matin sont annulées, les patients sont inoccupés et certains vivent mal l’annulation … s’énervent… interpellent plusieurs fois une soignante. Débordée, elle répond aux patients et leur propose d’autres activités à l’intérieur du service. Certains acceptent et s’en vont, mais un patient interpelle à nouveau la soignante. Elle lui répond et avant même de terminer sa phrase, le patient l’attrape par les cheveux et la soulève.

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Compromis – Travail et Santé

Rationalisation comptable et violence des allocataires envers les agents L’agent de liquidation des prestations de la CAF explique à l’allocataire qu’il manque une quittance de loyer à son dossier d’allocation-logement. L’allocataire propose de la ramener l’après-midi et s’en va. Quand il revient, l’agent lui fait remarquer que sa quittance n’est pas valide car elle date de plus de deux mois. L’allocataire s’énerve, commence à élever la voix et, malgré les explications de l’agent, ne se calme pas et finit même par l’insulter. Une collègue rejoint l’agent et explique à nouveau à l’allocataire la règle. Celui-ci arrache l’écran de l’ordinateur et le jette sur les agents.

Démission du management et souffrance des conducteurs des Transports en commun Les résultats de l’enquête sont sans appel : 50% des conducteurs sont « stressés ». Les causes sont identifiées : surcharge de travail, manque d’autonomie, absence de soutien social et surtout aucune marge de manœuvre face à l’agression (les conducteurs qui ont répondu à l’agresseur se sont vu sanctionnés par leur hiérarchie ; la main courante « ne sert a rien » ; les solutions organisationnelles qui existent ailleurs sont « bottées en touche » par le management qui explique le problème en évoquant à tour de rôle la violence de notre époque et la personnalité des conducteurs.)

Les relations Santé – Travail

Quels enjeux pour la prévention ? La santé et la sécurité des salariés relèvent de la responsabilité de l’employeur. Le médecin du travail a un rôle d’alerte et de prévention pour

permettre le déclenchement de démarches collectives. Les CHSCT ont par contre un rôle central pour initier des démarches de diagnostic et d’action (y compris et surtout les expertises).

OMS ETAT

COMPLET

DYSFONCTIONS HANDICAPS MALADIES

CONTRAINTES EXCESSIVES

REGULATIONS IMPOSSIBLES

GESTION RAPPORT IMPOSSIBLE

CONTRAINTES ACCEPTABLES

REGULATIONS POSSIBLES

GESTION RAPPORT POSSIBLE

SANTE

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Place de l’ergonomie en médecine du travail en Algérie

OUAAZ M., TEBBOUNE C.B., TIBERGUENT A., LAIB C.,

HADDAR M., GUEROUI S., TOURAB D., NEZZAL A.

1- INTRODUCTION

Pour situer la place de l’ergonomie en médecine du travail en Algérie, il est nécessaire de se rappeler le contexte socio-économique et politique dans lequel a évolué la médecine du travail qui a permis, de par sa mise en place à travers les principales régions du pays, de servir de support aux premières actions en matière d’ergonomie.

Cette consolidation a permis le lancement en 1985, de l’unité d’ergonomie, de physiologie du travail et d’hygiène industrielle au sein du service de médecine du travail d’Oran. La couverture en médecine du travail s’est étendue à quatre autres régions de l’ouest : Mostaganem, Sidi-Bel-Abbès, Tlemcen, Sig.

Entre 1985 et 1987, des cycles de formation ont été organisés par le service de médecine du travail d’Oran pour l’ensemble des médecins du travail du pays, avec la collaboration des enseignants chercheurs Belges ; les thématiques ont porté sur : L’introduction à l’ergonomie, les méthodes d’analyse et la conception des postes de travail par Ph. Mairiaux. La charge de travail, les ambiances de travail et vibrations par J. Malchaire. La charge mentale, sécurité et fiabilité par V. De Kayser. La toxicologie industrielle par P. Buchet. A partir de 1990, des formations spécialisées en ergonomie à l’unité d’ergonomie du Professeur Malchaire, ont intéressé deux médecins du travail du service de médecine du travail d’Oran. Dès leur retour, l’unité d’ergonomie, de physiologie du travail et d’hygiène industrielle est alors scindée en deux, unité de physiologie et d’ergonomie et unité d’hygiène industrielle et de toxicologie. Les travaux réalisés en rapport avec les questions d’ergonomie, ont fait l’objet de mémoires de fin de résidanat qui ont porté essentiellement sur l’ergonomie du travail physique et les méthodes d’analyse des conditions de travail des femmes dans les PME, notamment le secteur du textile. Les principales publications se rapportent au travail à la chaleur et les fonctions labyrinthiques et visuelles chez les travailleurs de production de peinture, publiés dans le journal Algérien de médecine.

2- HISTORIQUE

Pour comprendre le cheminement de l’ergonomie, il est utile de rappeler quelques événements et actions ayant marqué l’histoire de la médecine du travail et de l’ergonomie. 2.1 Dans la région Ouest du pays Le retour des médecins du travail formés en Belgique (CES/équivalence DEMS) a permis, à partir de 1980, de démarrer la formation de médecins du travail dans cette région. L’installation en 1984 des services de médecine du travail au sein des secteurs sanitaires d’Oran, en plus des centres de médecine du travail des grandes entreprises (Sonatrach,…) a permis de conforter cette discipline dans la prise en charge des travailleurs et la formation des étudiants de médecine et des résidents en médecine du travail.

Les communications en rapport avec l’ergonomie ont été nombreuses ; on peut citer les plus importantes : méthodologie ergonomique adaptée en Algérie, étude de la

LE RISQUE BIOLOGIQUE

ERGONOMIE

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charge physique par la méthode de la fréquence cardiaque, conception des postes de travail en milieu hospitalier, travail posté et surveillance médico-physiologique, étude chronobiologique de certains paramètres physiologiques chez le personnel paramédical. Dans ce contexte, le service de médecine du travail d’Oran a disposé d’un certain nombre d’équipements d’exploration fonctionnelle (spiromètre, ECG, cycloergomètre, évaporimètre, visiotest, audiomètre…), de matériel d’hygiène industrielle (sonomètre, dosimètre, luxmètre, pompes Draegger…), et d’évaluation de la charge physique (cardiofréquencemètre, EMG…). 2.2 Dans la région centre du pays A partir de 1978, la mise en place des services de médecine du travail dans les grands CHU ( CHU Est, CHU Ouest, CHU Centre, CHU de Blida, CHU de Tizi-Ouzou), a permis aux premiers médecins du travail enseignants d’exprimer les besoins de formation en médecine du travail et de satisfaire progressivement cette demande par le recrutement continu de promotions de résidents. Le module d’ergonomie a été introduit dans le programme des résidents de médecine du travail dès 1981, puis il a été élargi à une année d’enseignement de physiologie du travail, d’ergonomie et d’hygiène industrielle à partir de 1982, malgré les réticences et les résistances de l’époque. La création des services de médecine du travail dans les secteurs sanitaires en 1984, a permis de renforcer l’enseignement et la formation en matière d’ergonomie, en mettant à la disposition des résidents des documents et ouvrages d’ergonomie à usage personnel. A partir de 1990, quelques médecins du travail ont démarré une formation en ergonomie en France pour certains, et des stages en Belgique pour d’autres, afin de répondre de manière optimale aux exigences de l’heure, et de pouvoir analyser et évaluer les situations de travail dans leur complexité en rapport avec un contexte socio-économique nouveau. Dès 1995, l’enseignement de l’ergonomie dans le cursus de médecine du travail, s’est consolidé par l’introduction de nouvelles thématiques, confortées par des travaux dirigés et pratiques, notamment les études des postes de travail, l’évaluation des ambiances physiques de travail, l’analyse des accidents du travail (arbre des causes), techniques et méthodes d’analyse, l’évaluation de la charge physique de travail par la méthode de la fréquence cardiaque.

Les enquêtes sur le terrain ont été facilitées par la disposition du matériel d’évaluation des conditions de travail, surtout au niveau des grandes entreprises comme la SNVI. Les services de médecine du travail disposaient d’un minimum de matériel d’exploration fonctionnelle (appareils d’ECG, vitalographe, spiromètre, audiomètre, visiotest…), et de matériel d’hygiène industrielle (sonomètre, luxmètre, télé fréquencemètre, pompes Draegger…) Cette situation favorable a permis l’organisation par les services de médecine du travail, de séminaires ayant porté sur les questions d’ergonomie, notamment l’évaluation de la charge physique par la méthode le la fréquence cardiaque, l’introduction aux concepts de l’ergonomie, l’analyse de l’activité, la chronobiologie et la variabilité humaine, l’introduction à la psychopathologie du travail et à la psychodynamique. Avec l’arrivée d’importantes promotions de résidents, une nouvelle dynamique est impulsée qui a permis la production de travaux et de communications diverses dont celles touchant aux aspects ergonomiques entre autres, et présentées essentiellement dans le cadre des journées nationales de médecine du travail : méthode d’analyse de l’activité des opérateurs des différents secteurs de production en métallurgie, analyse ergonomique d’un accident mortel chez un estampeur, évaluation des situations et des conditions de travail et hors travail chez les travailleuses : enquête auprès de 2000 femmes par questionnaire, étude des conditions de travail et de l’activité chez les téléphonistes standardistes dans un grand complexe industriel, analyse de la manutention manuelle par la méthode ergonomique (INRS) dans un atelier de mécanique, analyse des postures de travail par la méthode du LEST chez les électromécaniciens (Kanaghaz), travail sur écran : conditions de travail et fonction visuelle, aménagements du travail posté : démarche et repères de négociation… 2.3 Dans la région Est du pays L’initiation à l’ergonomie à Constantine, s’est faite vers la moitié des années 70 sous l’impulsion d’un enseignant visionnaire, le docteur S. Massebœuf. Dans le cadre du résidanat de la défunte médecine sociale, Massebœuf défendait l’érudition scientifique du praticien qui non seulement convoquait ses compétences pour initier, conduire, évaluer et réajuster les programmes de santé publique au service de populations à risques, mais également sollicitait les autres savoirs pour analyser, comprendre et agir sur son

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environnement direct et global aux fins de gains opérationnels divers. Massebœuf parlait d’ergologie en 1975 déjà !... Cette ouverture d’esprit et des interventions ciblées (conférence de Vogt en 1978 sur la charge de travail) créèrent l’émulation et se traduisirent par un investissement dans l’enseignement gradué et surtout post-gradué. Les communications aux journées scientifiques rapportèrent les premières recherches anthropométriques du travailleur algérien, les monographies des risques professionnels dans les secteurs de la métallurgie et des textiles. Au début des années 80, la migration d’enseignants vers l’université d’Annaba permit l’érection du service de Médecine du travail. Un plateau technique conséquent est rendu disponible : unité d’hygiène industrielle, unité de toxicologie industrielle doté de l’absorption atomique notamment, unité d’audiométrie, unité d’exploration physiologique … Très tôt, la collaboration scientifique avec l’université de Laval (Québec) permit l’acquisition des savoirs et des méthodes pour implanter des programmes de surveillance médico-environnementale dans les secteurs de la sidérurgie, la métallurgie, l’industrie des engrais notamment. La vision de santé au travail, novatrice à souhait, consiste à surveiller l’exposition à un risque professionnel rendant obsolète l’approche de médecine du travail qui se traduit généralement par la réponse à une injonction légale et l’organisation de la surveillance de l’homme de façon médico-centrée. Les travaux scientifiques s’intéressaient à l’anthropométrie des conducteurs algériens, le risque infectieux (notamment brucellique) dans les domaines agricoles et le processus du handicap au sein d’une population au travail. La conduite des programmes de surveillance médico-environnementale préconisait de minimiser l’influence du facteur humain, réputé le moins fiable des facteurs sur lesquels l’on devait intervenir. Ceci installait une gêne relative chez les enseignants chercheurs qui sollicitèrent, dès le début des années 90, d’autres sciences, consacrées ou en devenir (ergonomie, psychologie, psychodynamique), pour interroger les situations de travail dont ils avaient la charge. Ils consentirent alors des collaborations multidisciplinaires au sein et en dehors de l’université pour dégager des sens novateurs au fait du travail. Les travaux scientifiques inclurent les manutentionnaires manuels (charge de travail et fréquence cardiaque), la création du registre national du handicap au travail, le stress au travail au sein de la population hospitalière. Les perspectives ébauchées à partir des années 2000 se

concrétisent par des conférences d’ergonomie à diverses thématiques (conception, projet industriel, méthodologie, ergotoxicologie, …) et le probable lancement des masters et des « CES » en ergonomie.

Un nombre important de médecins du travail s’est retrouvé impliqué de fait dans les

3. EVOLUTION

A la lumière de cette analyse de l’existant, l’ergonomie en médecine du travail se caractérise par une apparition timide dans les années quatre vingt, orientée vers l’ergonomie du travail physique et les méthodes d’analyse des postes de travail. Elle a été surtout impulsée par des médecins du travail enseignants, voulant donner à la spécialité de médecine du travail un cachet multidisciplinaire dicté par l’expérience du terrain. Durant cette période, le nombre de médecins du travail a augmenté grâce à la motivation profonde des premiers médecins de la discipline, ce qui a permis d’assurer un taux de couverture par la médecine du travail, avoisinant les 30%. Cette modeste couverture s’explique d’abord par l’ignorance des risques par l’entreprise, le non respect de la réglementation, la défaillance des commissions d’hygiène et de sécurité, dans les petites et moyennes entreprises, l’absence de moyens humains spécialisés dans la prévention des risques professionnels (hygiéniste, psychologue du travail, ergonome, …) et l’insuffisance du rôle de l’inspection du travail (formation insuffisante, insuffisance de moyens, restriction de textes réglementaires à la gestion des conflits de travail…). La présence du médecin du travail dans l’entreprise est souvent le point de départ d’un processus de prise en compte de la dimension « conditions de travail » dans ses aspects techniques, organisationnels et humains. A partir de là, la prise en charge des travailleurs par la médecine du travail devient un acquis irréversible et la base sur laquelle se négocie l’amélioration des conditions de travail. Cette réalité de terrain a rendu nécessaire l’acquisition de compétences nouvelles et la formation spécialisée en ergonomie de plusieurs médecins du travail. Dans les services universitaires, des unités d’ergonomie ont été créées, à côté d’unités de toxicologie industrielle, de pathologie professionnelle, de dermatologie professionnelle, …

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questions d’ergonomie car ils sont appelés par l’entreprise à répondre aux problèmes posés par les conditions de travail et à proposer des améliorations. Ceci a conduit à effectuer des enquêtes sur le terrain, initiées essentiellement par les médecins du travail eux-mêmes, afin d’élucider les situations de travail contraignantes pour les travailleurs dont ils ont la charge. Or, le problème de la demande de l’intervention ergonomique se pose alors, dans le cadre de la démarche d’analyse ergonomique. Cependant, cette demande est souvent formulée par les médecins eux-mêmes, devant le vide crée par l’absence de l’ingénieur de sécurité de l’entreprise, l’inspecteur du travail, …. De ce fait, le médecin du travail s’est substitué à tous ces rôles, voire même le rôle de l’assistante sociale. Cette volonté des médecins du travail s’est concrétisée à travers les performances réalisées, surtout dans le secteur public qui s’est partiellement conformé à la réglementation qui d’ailleurs ne lui était pas destiné. Les indicateurs en matière d’amélioration des conditions de travail témoignent d’une prise en charge, certes insuffisante, mais efficace, constatée seulement dans les grandes entreprises organisées et dotées de politique et de moyens cohérents (SNVI, SIDER, Sonatrach,…). Durant la décennie 1990-2000, l’Algérie a vécu une crise économique sans précédent, couplée à une situation sécuritaire des plus désastreuses sur le plan socio-économique et politique. Ceci a été le facteur majeur dans le recul considérable enregistré sur le plan de la prévention des risques professionnels et des conditions de travail en général. Les entreprises fonctionnent en mode dégradé de production, avec des équipements vétustes, obsolètes, ne pouvant donner que de faibles taux de production et de mauvaise qualité. Ajouté à cela, le taux d’absentéisme élevé, le nombre croissant d’accident de travail de type sécuritaire (accident de trajet…), la diminution du pouvoir d’achat, ont contribué largement à la détérioration de la santé des travailleurs. Il n’est pas surprenant à cette période de constater le manque d’intérêt des travailleurs pour les questions des conditions de travail. Leur préoccupation majeure devient la préservation de l’emploi, comme le confirme la revendication syndicale qui est essentiellement salariale, puisque 1% seulement des revendications ont trait aux conditions de travail. Les entreprises, les syndicats, les

travailleurs développent beaucoup de réticences et de résistance dès lors qu’on aborde la question de la prévention des risques et des conditions de travail. Pourtant, le nombre d’études réalisées par les médecins du travail, atteste de leur détermination à apporter leur contribution à la construction de la santé des travailleurs, en repérant les dysfonctionnements, en analysant les écarts et en proposant les recommandations qui s’imposent. Seulement, ces recommandations ne sont pas prises en compte par l’entreprise pour de multiples raisons. D’abord, il n’y a pas eu de « plainte » et que la demande d’intervention et d’analyse n’a pas été formulée par l’entreprise qui par conséquent, n’en valide ni les résultats, ni les recommandations formulées. Paradoxalement, à la même période, de nouvelles entreprises voient le jour, avec de nouvelles technologies, de nouveaux modes de gestion, de nouveaux risques… Depuis l’année 2000, l’Algérie sort progressivement de son isolement sur le plan international (mondialisation, Union Européenne, Organisation mondiale du commerce…), et cette situation favorise les entreprises désirant se maintenir et supporter le jeu de la concurrence, à décider d’une mise à niveau, gage de leur survie, dans un cadre de partenariat étranger ou d’accompagnement. La contrainte du partenaire étranger et d’autres raisons poussent les entreprises, jadis réticentes, à demander d’améliorer les conditions de travail dans un but de mise à niveau et de normalisation. En conséquence, le nombre de demandes de conseils, d’expertises, d’interventions s’élève ; de même qu’on enregistre un engouement pour la formation du personnel dans les différents domaines, notamment sur les nouveaux modes de gestion et la prévention des risques professionnels. Pour cela, beaucoup d’organismes privés chargés de l’amélioration des conditions de travail ont été créés. Depuis, la demande d’intervention émane de l’employeur car la négociation est rendue aisée par la compréhension des enjeux économiques et humains (ENAD-HENKEL, ANABIB, COSIDER,…). Cette demande est adressée aux spécialistes de la prévention, au premier plan, les médecins du travail. Exemple, conduite de projet de conception d’installation d’incinérateurs de produits pharmaceutiques : la demande est adressée à l’ergonome, au médecin du travail pour accompagner l’ingénieur (première du genre). Ceci peut inciter à l’optimisme quant à l’avenir de l’ergonomie en Algérie.

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Les TMS de l’épaule chez les opératrices de la confection

S. CHAIB 1, AM. NEZZAL 2, S.GUEROUI2.

1. Service de Médecine du Travail, CHU Tizi-Ouzou. 2. Service de Médecine du Travail, CHU Annaba.

Les TMS s’imposent aujourd’hui dans tous les pays industrialisés comme un enjeu majeur de la santé au travail. Ils couvrent une large gamme de maladies inflammatoires et dégénératives de l’appareil locomoteur, dans les professions impliquant des périodes de travail répétitif et statique prolongées. Les TMS du membre supérieur et du dos sont parmi les problèmes de santé les plus prévalents dans de nombreux pays industrialisés.

Ces pathologies prennent au fil des années une importance alarmante, aussi bien en termes de souffrances individuelles qu’en termes de charge économique.

Notre étude s’est fixée comme objectifs de déterminer la prévalence des TMS de l’épaule chez les opératrices d’une entreprise de confection de tenues de travail et de rechercher les facteurs associés aux TMS de l’épaule. MATERIEL ET METHODES

Nous avons réalisé une enquête

descriptive transversale, menée auprès de 48 opératrices d’une entreprise de confection de tenues de travail, au cours de la période 2006-2007. Cette étude est basée sur un questionnaire TMS standardisé dérivé de celui de l’INRS version 2000 et comportant les rubriques suivantes : les caractéristiques générales, les plaintes des opératrices au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête, les symptômes du stress, les facteurs psychosociaux et le vécu du travail manuel. Les scores du stress et des facteurs psychosociaux sont calculés à partir du questionnaire.

Ce questionnaire a été complété par un examen clinique standardisé (protocole Saltsa). L'analyse des données a été réalisée à l'aide du logiciel Epi Info.

LE RISQUE BIOLOGIQUE

RESULTATS Etude descriptive de la population Notre population a un âge moyen de 43,9 ans (s=5,74), une moyenne de poids et de taille

respectivement de 67,47 kg et 160,54 cm. L’indice de masse corporelle moyen est de 26,2 (s=4,2). L’ancienneté moyenne dans l’entreprise est de 21,33 ans (s= 7,66). 14,6 % soit 7 opératrices sur les 48 se plaignent de maladies chroniques. Une proportion de 4,17% rapporte une pathologie cervicale et 2,1 % une pathologie de l’épaule (tableau n°1).

Taux de prévalence des TMS de l’épaule Le taux de prévalence des plaintes est de 50 % à l’épaule droite, 47,9% à l’épaule gauche et de 54,2% à au moins une épaule. Le syndrome de la coiffe des rotateurs est retrouvé dans 27,1% des cas (tableau n°2). Evaluation du vécu du travail

Les opératrices de la confection, estiment leurs gestes très répétitifs et leur travail nécessitant des mouvements très précis et très fins. la force musculaire est estimée moyenne et la fatigue musculaire faible. La contrainte de temps lors du travail est presque insupportable (tableau n°3).

LES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES

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Evaluation du stress et des facteurs psychosociaux

Au niveau de l’entreprise, une opératrice sur trois se dit énormément «stressée». Les opératrices estiment la charge de travail en général importante, la charge de travail actuelle élevée et une pression tomporelle. La confection exige une attention soutenue. Les opératrices rapportent un manque de contrôle sur le travail, et une perception négative de la participation aux décisions organisationnelles. Les relations avec la hiérarchie ou avec les collègues sont estimées bonnes (tableaux n°4 et 5).

Relation entre le syndrome de la coiffe des rotateurs (SCR) et les principaux facteurs de risque

Chez les opératrices de la confection ni l’âge ni la surcharge pondérale n’apparaissent associés au syndrome de la coiffe des rotateurs. En revanche, la fatigue musculaire, la charge de travail, la pression du travail et l’absence d’autonomie décisionnelle semblent influencer l'apparition des tendinites de la coiffe des rotateurs. En ajustant sur l’âge et l’indice de masse corporelle, seule la fatigue musculaire apparaît associée au SCR.

UDISCUSSION

Dans notre série, la prévalence des symptômes des TMS était de 50% pour l’épaule droite, 47,9 % pour l’épaule gauche, de 54,2% des plaintes à au moins une épaule. La prévalence du syndrome de la coiffe des rotateurs est de 27,1%.

La prévalence des symptômes des TMS en industrie de la confection en Tunisie était de 65,4 % aux épaules [1]. La fréquence des douleurs d’épaule augmente chez les patients exposés sur le plan professionnel ou sportif mais également avec l’âge puisqu’entre 42 et 46 ans, 2 % de la population se plaint d’une douleur d’épaule alors que c’est le cas pour 22 % entre 56 et 60 ans [8]. Plusieurs études ont montré que les opératrices sur machine à coudre se plaignent de l’épaule gauche, du cou, du dos et des membres Inférieurs [3,12].

Ces plaintes peuvent être causées ou aggravées par le maintien de la station assise avec tête et tronc penchés en avant, et abduction du bras gauche [5].

L'analyse statistique montre une association significative du SCR avec la fatigue musculaire dans les membres supérieurs, la charge de travail, la pression du travail et l’absence d’autonomie décisionnelle.

De nombreuses études mettent en évidence une association entre les TMS et la pression temporelle [2]. La pression d’un travail sans interruption et la pression de l’urgence du travail à réaliser apparaissent ainsi particulièrement significative dans une étude de Huang et al où ces facteurs de risques se sont révélés indépendamment de facteurs biomécaniques [4].

Une mobilisation forte de l’attention dans l’activité professionnelle est également un facteur important, notamment sous contrainte de temps élevée, où elle déclenche une hypercontraction musculaire [6,7,11]. Elle entraîne donc une rigidification de la posture qui est souvent cause de douleurs musculo-squelettiques. Cependant, le lien entre la tension soutenue et les TMS n’est pas établi statistiquement [4]. Dans notre série, la différence est non significative entre le SCR et la répétitivité des gestes d’une part et les scores du stress d’autre part.

En ajustant sur l’âge et l’IMC, la relation entre le SCR et la fatigue musculaire est très significative. En revanche la relation entre le SCR et la charge de travail n’a pas été mise en évidence.

Dans une étude portant sur 133 femmes appartenant à sept entreprises présentant des postes de travail répétitif, Roquelaure et al ont trouvé des taux de prévalence de 20 % au niveau de l’épaule droite et 19,5 % au niveau de l’épaule gauche au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête [9].

De nombreux travaux ont pu souligner la relation entre les facteurs psychosociaux et les TMS pour différentes professions. La relation épidémiologique et statistique entre ces facteurs et la pathologie TMS n’est pas établie de la même manière pour chacun de ces facteurs. Ceci pourrait relever probablement de difficultés méthodologiques [4]. Recommandations pour réduire le risque de survenue des TMS de l’épaule Aménagement du poste de travail: - Il faut expliquer aux opératrices la nécessité d’avoir le plus souvent possible les avants bras en appui pour éviter d’avoir les membres supérieurs en suspension et ainsi de soulager les trapèzes supérieurs ; - Il faudra arriver à diminuer l’ensemble des contraintes, d’obtenir une posture de travail respectant les angles de confort, sans pour autant altérer la productivité.

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Aménagement du temps de travail : - Gymnastique de pause. - Exercice physique. - Lutter contre l’obésité.

CONCLUSION

Notre étude nous a permis de préciser la prévalence des TMS de l’épaule chez les opératrices d’une entreprise de confection de tenues de travail. La pathologie d’hyper-

sollicitation musculosquelettique est une pathologie multifactorielle pouvant générer une souffrance aussi bien physique, mentale que financière à l’échelle individuelle. Mais également, un coût social élevé pour la sécurité sociale et une pénalisation de la qualité de la production pour l’entreprise. Et donc, la lutte contre les TMS rapporte plus qu’elle ne coûte [10].

BIBLIOGRAPHIE

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Tableau N°1 : Caractéristiques de la population étudiée N= 48

Tableau N°2: Taux de prévalence des TMS de l’épaule Taux de prévalence

%

Plaintes à l’épaule droite 50 Plaintes à l’épaule gauche 47,9 Plaintes à au moins une épaule 54,2 Syndrome de la coiffe des rotateurs

27,1

Tableau N°3 : Répartition des scores du vécu du travail manuel

Vécu du travail manuel Moyenne (s) Contrainte de temps 67,2(17,9) Gestes répétitifs 82,3(32,2) Force musculaire 42,7(36,2) Mouvements précis 86,9(30,5) Fatigue musculaire 29,2(32,7)

Tableau N°4 : Evaluation du stress

Stress % Sensation de stress Pas du tout, un peu 68,8 Beaucoup, énormément 31,2 Score d’anxiété ≥17 <17 Score d’angoisse ≥17 <17 Troubles cardiovasculaires ≥17 <17 Troubles gastrointestinaux ≥17 <17

Tableau N°5 : Scores obtenus par l’évaluation des facteurs psychosociaux Facteurs psychosociaux

Moyenne (écart type)

Charge de travail en général

90,2 (18,4)

Charge de travail actuelle

53,5 (24,6)

Pression du travail 49,3 (12,7) Attention 67,9 (19,7) Contrôle du travail 51,7 (14,9) Participation 84,4 (29,9) Soutien social du chef 38,6 (20,8)

Soutien social des collègues

35,1 (17,1)

Caractéristiques Age : < 40 ans ≥ 40 Age moyen (ans)

14,58 % 85,42 % 43,9 ± 5,74

Poids moyen (kg) 67,47 ± 11,61 Taille moyenne (cm) 160,54 ± 6,14 IMC < 27 ≥ 27

58,3 % 41,7 %

Ancienneté : 1-10 ans 10-20 > 20 Ancienneté moyenne dans l’établissement (année)

14,6 20,7 64,7 21,33 ± 7,33

Maladie chronique : «oui » «non »

14,6 % 85,4 %

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -33-

Tableau N°6 : Relation entre le syndrome de la coiffe des rotateurs et les principaux facteurs de risque Caractéristiques individuelles P Age DNS IMC DNS Vécu du travail manuel Contraintes de temps DNS Répétitivité des gestes DNS Force musculaire requise DNS Précision des mouvements - Cadence DNS Fatigue musculaire <0,01 Scores des facteurs psychosociaux

Charge de travail actuelle <0,01 Charge de travail en général DNS Pression du travail 0,04 Attention - Contrôle sur le travail <0,01 Participation <0,001 Soutien du chef DNS Soutien des collègues DNS Scores du stress Anxiété DNS Angoisse DNS Problèmes cardiovasculaires - Problèmes gastrointestinaux DNS

Tableau N°7 : Relation entre le syndrome de la coiffe des rotateurs et les facteurs de risque en tenant compte de l’âge et de l’IMC

TMS Fatigue musculaire

P Charge de travail

p Contrôle Sur le travail

P Pression Du travail

p Partici- pation

p

âge≥40 TMS+

TMS- 05 06

03 27

0,02 09 02

21 09 NS 03 08

03 04

NS 09 02

18 12

NS 09 02

26 04

NS

imc≥25 TMS+

TMS- 03 05

02 21

0,02 06 02

16 07

NS 01 04

16 07

NS 06 02

13 10

0,05 06 02

20 03

NS

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -34-

Surveillance épidémiologique des troubles musculo-squelettiques du membre supérieur

(TMSms) en entreprises

GHOMARI O., BEGHDADLI B., BELABED A., KANDOUCI A.B Laboratoire de recherche Environnement et santé- Université de Sidi Bel abbés Faculté de médecine Email : [email protected]

Mots clés : Troubles musculo-squelettiques, prévalence, facteurs de risque.

INTRODUCTION

Les troubles musculo-squelettiques des membres supérieurs (TMSms) regroupent un ensemble d’affections périarticulaires touchant les tissus mous suite à une hypersollicitation d’origine professionnelle du membre supérieur survenant chez des travailleurs .Ils constituent une préoccupation majeure en santé au travail niveau de l’union européenne de part leur augmentation constante et l’importance du retentissement socioprofessionnel en terme de coût humain et de douleurs. En Algérie les TMSms n’apparaissent pas encore comme étant un problème majeur de santé au travail, probablement du fait de l’absence de système de recueil de données base sur l’indemnisation des TMSms.

L’objectif du réseau de surveillance est d’estimer la prévalence des TMSms et l’intensité de l’exposition aux facteurs de risque professionnels en milieu industriel. SUJETS ET METHODES Cette enquête, multicentrique, descriptive, transversale, menée en 2008, a intéressé les salariés de huit entreprises industrielles, publiques et privées de la ville de Sidi Bel Abbes appartenant aux secteurs manufacturier et agroalimentaire. POPULATION ETUDIEE

L’enquête a concerné un échantillon aléatoire de salariés, tiré au sort sur une période de six mois en respectant la proportionnalité par

entreprise. Les salariés inclus étaient âgés entre 20 à 59 ans, quel que soit le type du contrat de travail, souffrant ou non d’affections ostéo-articulaires des membres supérieurs avec une ancienneté de plus de un an au poste actuel, sous réserve de leur accord de participation. MODALITES DE RECUEIL DE DONNEES

Onze médecins volontaires ont participé à ce réseau et avaient tous reçu une formation à la démarche du consensus européen SALTSA (examen standardisé) [1] et au protocole de la surveillance [2]. La première partie inspirée du questionnaire "Nordic » permettait le recueil des symptômes musculo-squelettiques (SMS), sur les 12 derniers mois et les 7 derniers jours, au niveau des différentes zones anatomiques du membre supérieur [3].L’examen clinique standardisé, était réalisé en cas de plaintes récentes. Les TMSms retenus étaient les quatre principaux types de tendinopathies : le syndrome de la coiffe des rotateurs de l’épaule (SCR), l’épicondylite latérale (EPL), les tendinites des fléchisseurs ou des extenseurs du poignet et des doigts (TEF), la ténosynovite de De Quervain (TDQ) et les deux principaux syndromes canalaires, syndrome du canal carpien (SCC), syndrome du tunnel cubital (STC) au niveau de la gouttière épitrochléo-olécrânienne. Les TMSms ont été regroupés en six principaux TMSms (6TMS). Les données de l’exposition professionnelle aux facteurs risque de TMSms recueillies par questionnaires selon les critères du consensus SALTSA [1,4], reprenaient les facteurs de risque biomécaniques, psychosociaux.

LES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -35-

. ANALYSE DES DONNEES

Les questionnaires ont été saisis et traités par le logiciel SPSS 11.5. Le seuil de significativité a été fixé à cinq pourcent. L’analyse des données quantitatives a reposé sur l’étude de la variance. Les tests du ² de Pearson, ² de tendance ont été utilisés pour les grandeurs qualitatives. La prévalence des SMS et des TMSms diagnostiqués a été étudiée pour chaque localisation anatomique et pour l’ensemble du membre supérieur (cou exclu). Les TMSms ont été ventilés en fonction des caractéristiques sociodémographiques, et professionnelles. Des scores d’exposition aux facteurs de risque ont été calculés, comptabilisant pour chaque localisation anatomique les facteurs généraux et posturaux décrits dans le consensus (Annexe.A). L’exposition professionnelle était classée faible, modérée et élevée selon que le salarié était respectivement exposé à aucun, à un ou à au moins deux facteurs de risque. Résultats Au total, 933 salariés ont été inclus dans notre échantillon sur un effectif total de 3630 salariés. Le sexe masculin représentait 54,2% avec un âge moyen de 42,1 0,34 ans. Les femmes étaient en moyenne moins âgées, 40,6 0,39 ans (P<0,01). Les quadragénaires représentaient la moitié des effectifs devant les trentenaires et les quinquagénaires. La catégorie ouvrière qualifiée ou non était la plus représentée. Plus d’un salarié sur deux avaient une ancienneté de plus de dix ans. Trois salariés sur quatre avaient un contrat de travail de type permanent. L’échantillon de salarié était représentatif de la population de référence sur l’âge, le sexe, l’ancienneté et les catégories professionnelles (Tableau 1).

Prévalence des symptômes musculo-

squelettiques (SMS). La prévalence des SMS au cours des 12

derniers mois était très élevée pour les salariés des deux sexes. Près de 45% des hommes et 55 % des femmes ont rapporté des plaintes au niveau du membre supérieur. Les femmes se plaignaient plus de SMS sur les 12 dernier mois et les 7 derniers jours, au niveau du membre supérieur (P<0,05), des épaules (p<0,001), et des poignets (p<0,05) à l’exception de région du coude/avant bras qui étaient plus élevées chez les hommes (p< 0,05), (Tableau.2). Parmi les salariés souffrants de SMS sur l’année écoulée, chez un homme sur trois et une femme sur deux environ, les symptômes ont duré au moins 30 jours au niveau du membre supérieur. La tendance à la chronicité des symptômes était aussi plus marquée chez les femmes au niveau des épaules, de même que pour les symptômes

permanents au niveau du membre supérieur et de l’épaule. La prévalence des SMS augmentait avec l’âge. Les quinquagénaires étaient les plus touchés. Les plaintes musculo-squelettiques étaient élevées dans pratiquement toutes les entreprises. Les hommes se plaignaient plus au niveau de la laiterie, l’abattoir de volaille, l’unité de maintenance ferroviaire. Pour les femmes c’était l’industrie électronique et de l’habillement. La prévalence des SMS du membre supérieur était inversement proportionnelle aux degrés de qualification professionnelle et augmentait aussi de manière proportionnelle à l’ancienneté au poste de travail actuel.

Prévalence des troubles musculo-squelettiques

diagnostiqués (TMSms) Au total, 124 cas ont été diagnostiqués chez

110 salariés avec une prévalence de 11,8 %. Le SCR était l’affection la plus fréquente devant le SCC et l’EPL. Les femmes ont présenté plus de TMS au niveau du membre supérieur (p<0,01), de l’épaule (p<0,01) et du poignet (p<0,05).

La proportion de sujet souffrant d’au moins un des six TMSms augmentait avec l’âge chez les deux sexes. Après 50 ans un salarié sur quatre présentait au moins un des 6TMS, trois femmes sur dix, et un homme sur cinq. Les femmes après 40 ans avaient plus de TMSms que les hommes (p<0,05) (Tableau 3). Les TMSms avérés étaient plus importants au niveau de l’industrie électronique et de l’habillement beaucoup plus chez les femmes. Chez les hommes cela a concerné les entreprises restantes ou la prévalence variait entre 10 % et 12%. La proportion de sujet souffrant d’au moins un des six TMSms évoluait de manière proportionnelle à l’ancienneté dans le poste actuel chez les femmes (p<0,001), mais pas chez les hommes (p=0,19). Les ouvriers qualifiés ou non étaient les plus touchés par les TMS chez les deux sexes

L’exposition aux facteurs de risque de TMSms

Au niveau des différentes zones anatomique du membre supérieur l’exposition à au moins deux facteurs de risque biomécaniques et psychosociaux des TMSms était élevée et classée en« zone rouge » pour plus d’un salarié sur deux. Les femmes étaient nettement surexposées au niveau de l’ensemble des zones anatomique du membre supérieur (p<0,001) (tableau 4). Elles cumulées en moyennes plus de facteurs de risque (3,3± 1,9 facteurs versus 2,1± 1,9 facteurs, p< 0,001). L’exposition était modérée et classée en « zone jaune », pour un salarié sur six. Elle était faible et classée en « zone verte » pour seulement 17% des salariés.

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L’intensité de l’exposition ne variait pas significativement avec l’âge quelques soit la zone anatomique du membre supérieur. Les plus jeunes (20-29 ans) étaient autant exposés que ceux plus âgés (50-59 ans). La catégorie ouvrière non qualifiée était la plus exposée.

La prévalence des SMS au cours des 12 derniers mois et les 7 derniers jours augmentait avec le nombre de facteurs de risque identifiés au poste de travail. Ainsi celle des 12 derniers mois passait de 14 %, 28% à 53% pour une exposition de 0, 2,5 facteurs et plus de risque (² de tendance, p < 0,001) .Celle d’avoir un des 6TMS passait de 2 % à 44 % lorsque le nombre de facteurs de risque passait de 0 à 8 et plus (² de tendance p<0.001). DISCUSSION Nos résultats montrent clairement l’applicabilité d’un protocole européen à des entreprises algériennes pour la standardisation des recueils des données relatifs aux TMSms. Le choix du type transversal a été motivé afin d’expérimenter la faisabilité du protocole de surveillance. Ce qui a limité ainsi l’effectif des salariés, d’ou la nécessité de mener un suivi longitudinal. Le questionnaire scandinave "Nordic" remanié par Hagberg [5], offre une mesure sensible et reproductible de l’intensité et la fréquence des symptômes [3,6]. Néanmoins, il doit être complété par un examen clinique pour pouvoir établir un diagnostic précis [6]. Les données ont montré l’ampleur de la morbidité musculo-squelettique du membre supérieur, qui concerne prés de la moitié de la population enquêtée (49,7%). Une fois sur cinq ces symptômes ont duré au moins 30 jours d’où l’éventualité de passage à la chronicité de cette symptomatologie douloureuse. Les symptômes récents étaient retrouvés une fois sur quatre (25,8%). Une étude algérienne en population de salariés (n=1750) appartenant à différents secteurs d’activités, a rapporté des prévalences similaires sur les 12 dernier mois 46 % et 21,3% sur les 7 derniers jours au niveau du membre supérieur [7]. Nos prévalences se rapprochaient aussi de celle rapportées par le réseau de surveillance des TMSms des pays de la Loire, respectivement 53,9% et 30,9% [8,9]. L’étude a confirmé l’importance de la prévalence des plaintes de la région de l’épaule (31,2%), très proche de celle rapportée par le réseau TMS des pays de la Loire [8] et aux valeurs rapportées dans la littérature, [5]. Nos résultats sur la prévalence des SMS étaient assez proches de ceux observés lors de l’utilisation de questionnaires auto administrés de type « Nordic » [6, 8].

La prédominance des SMS observée chez les femmes conformément aux données de

la littérature [10] pourrait être expliqué par leurs emplois dans les industries sollicitant intensivement les mains et les épaules (électronique et l’habillement). L’augmentation de la prévalence des SMS avec l'âge, beaucoup plus chez les quinquagénaires et conforme données de la littérature [5,7,9,11]. L’industrie électronique, de l’habillement, la laiterie et l’abattoir était des entreprises à risque conformément aux données de la littérature [9,12]. L’importance des plaintes musculo-squelettiques chez la catégorie ouvrière était probablement lié à l’importance de l’effectif de cette catégorie professionnelle dans notre échantillon et que cette dernière était une population à haut risque de TMS [13]. L’augmentation de la prévalence des SMS était proportionnelle à l’ancienneté dans le poste actuel aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

La prévalence des TMSms diagnostiqués La prévalence des TMSms diagnostiqués

était élevée. Près de 12 % des salariés présentaient au moins un des six principaux TMSms. Elle était proche de celle du réseau TMSms 13%, [8] et celle rapportée par l’étude algérienne 12,8%, [7].Le SCR était le TMS le plus fréquent devant le SCC et l’EPL. La forte prévalence de la pathologie de l’épaule est préoccupante en raison du mauvais pronostic médical et social de cette affection [14].La prévalence du SCC 1,6% hommes et 4,2%, femme était semblable à celle rapportée par l’étude française 2,3%, hommes et 4,0%, femmes [9]. Les Prédominance des TMSms de l’épaule et du poignet chez les femmes, corroborait les plaintes sur les 12 mois et les 7 jours. Elle peut être expliquée par des différences dans l’effet de l’exposition liées au travail physique et les facteurs psychologiques.

Nos données sur l’âge et l’ancienneté rejoignent les données de la littérature [5,8,9]. L’âge fait intervenir l'ancienneté de l'exposition professionnelle aux facteurs de risque de TMSms, car les salariés les plus âgés sont généralement ceux qui ont les plus grandes durées d'exposition aux contraintes biomécaniques. L'effet de l'âge sur les TMS peut également s'expliquer par des phénomènes dégénératifs des structures périarticulaires liés au vieillissement, mais aussi par des phénomènes accrus par l'âge, d’intolérance à certaines contraintes, telles la répétitivité élevée des gestes, les postures contraignantes et la polyvalence. Cette accumulation de TMSms chez les travailleurs vieillissant réduit probablement la capacité fonctionnelle et augmente le risque d’invalidité et de licenciement.

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -37-

Les secteurs les plus touchés étaient l’industrie électronique et de l’habillement, notamment, pour les femmes conformément aux données de la littérature [5]. Les ouvriers non qualifiés de l’industrie étaient les plus touchés, Ces professions font appel à des exigences physiques du fait de charges de travail élevées. Elles ont été identifiées comme étant à risque élevé de TMSms par des études de prévalence [12,13]. L’exposition aux facteurs de risque de TMSms

L’étude a montré un niveau élevé d'exposition aux facteurs de risque de TMSms pour la plupart des salariés. Ces scores d’exposition au risque de TMS complètent les données médicales et permettent de dresser une cartographie du risque potentiel des TMSms [5]. Les salariés ont cumulé en moyenne 3 facteurs de risque de TMSms ce qui est considérable du fait du caractère multiplicatif des modèles de risque de TMS [5,8]. Les femmes étaient nettement surexposées du fait probablement de leur nombre dans deux entreprises à risque élevé (l’électronique et l’habillement) [12]. Cette surexposition permet probablement d’expliquer la nette prédominance des SMS et des TMSms chez ces dernières. La forte exposition des salariés de plus de 50 ans est un résultat préoccupant, en raison des difficultés du maintien en emploi [13]. L’intensité de l’exposition était inversement proportionnelle aux degrés de qualification. L’exposition était particulièrement intense au niveau de l’industrie électronique et d’habillement ce qui pourrait expliquer la prévalence élevée des plaintes et de la pathologie diagnostiquée.

La prévalence des SMS et des TMSms augmentait de manière proportionnelle avec le nombre de facteurs de risque identifiés au poste de travail pour la zone anatomique correspondante, conformément aux données de la littérature [5]. CONCLUSION

La présente étude a montré le caractère opérationnel du consensus SALTSA pour la standardisation du recueil des données sur les TMSms au niveau des entreprises algériennes à travers des médecins du travail sentinelles organisés en réseau de surveillance épidémiologique. Elle a souligne l’ampleur de la morbidité musculo-squelettique en termes de plaintes et de pathologies avérées au niveau de nos entreprises. Ces résultats suggèrent déjà la nécessité de la mise en place d’un programme prévention basé sur une intervention multidisciplinaire pour réduire la prévalence des TMSms, d’où la nécessité de la mise en place d’un réseau de surveillance épidémiologique des TMSms en entreprise afin d’enrichir les données qui constitueront une référence sur l’état de santé et l’exposition des salariés par secteur d’activité.

Cette étude nous interpelle sur la nécessité d’une meilleure prise en charge des personnes âgées en vue de la réduction de l’exposition aux facteurs de risque et de la préservation de leur l’emploi, et la nécessité de réviser les tableaux algériens des maladies professionnelles en vue de leur extension à ces pathologies.

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JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -39-

Tableau.1. Caractéristiques sociodémographiques et professionnelles

Caractéristiques Echantillon (n=933)

n %

Population référence (n=3630)

n %

P- valeur

Âge 20-29 90 9,6 405 11,1 0,13 30-39 222 23,8 875 24,1 0,38 40-49 479 51,3 1756 48,5 0,09 50-59 142 15,2 594 16,3 0,26 Sexe Masculin 506 54,2 1839 50,6 0,17 Féminin 427 45,8 1791 49,3 0,18

Profession Ouvrier non qualifié 517 55,4 2124 58,5 0,06

Ouvriers qualifié 225 24,1 891 27,1 0,051 Agent de maîtrise 46 5,0 104 6,1 0,17

Technicien 35 3,8 115 3,1 0,18 Cadre et ingénieur 19 2,0 121 3,3 0,03

Employé 88 9,4 275 7,5 0,03 Ancienneté

≤10ans 416 44,6 1503 41,4 0,055 >10ans 517 55,4 2127 58,6 0,056

Statut de l’emploi CDI 718 77 2687 74,0 0.044 CDD 215 23 943 25,9 0.051

CDI : Contrat à durée indéterminée, CDD : Contrat à durée déterminée

Tableau.2. Prévalence des symptômes musculo-squelettiques en fonction des zones anatomique et du sexe.

PREVALENCE (%) Sexe Cou Epaule

/bras

Coude

A/ bras

Poignet

/Main

Membre

Supérieur

Symptômes au cours des 12 derniers mois

Hommes

Femmes

17,6 22,2

25,7 37,7

14,8 9,6

8,7 15,0

45,3 55,0

Symptômes Pendant un mois ou plus1

Hommes

Femmes

7,0 17

14,8 27,2

9,6 4,7

9,2 10,6

31,9 47,2

Symptômes quotidiens Hommes

Femmes

0,9 5,5

1,7 7,2

1,3 1,7

2,6 3,8

6,6

14,5

Symptômes au cours des 7 derniers jours

Hommes

Femmes

6,1 11,2

9,7 21,1

5,9 8,0

5,3 12,4

18,6 34,4

1parmi les salaries qui se plaignent sur les 12 derniers mois

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Tableau.3.Prévalence des TMS diagnostiqués en fonction de l’âge.

(Les pathologies sont comptabilisées par sujet).

PREVALENCE (%) 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans Ensemble

Hommes N % N % N % N % N %

Syndrome de la coiffe des rotateurs 0 0,0 4 3,2 8 3,1 7 8,3 19 3,8

Epicondylite latérale 0 0,0 0 0,0 4 1,6 6 7,1 10 2,0

Syndrome du tunnel cubital 0 0,0 0 0,0 2 0,8 0 0,0 2 0,4

Syndrome du canal carpien 1 2,6 0 0,0 4 1,6 3 3,6 8 1,6

Tendinite des poignets 0 0,0 1 0.8 1 0,4 1 1,2 3 0, 6

Maladie de De Quervain 0 0,0 0 0,0 3 1,2 0 0,0 3 0,6

Avoir un des six TMSms 1 , 2,6 5 4,0 22 8,5 16 19,0 44 8,7

Femmes N % N % N % N % N %

Syndrome de la coiffe des rotateurs 1 1,9 2 2,1 25 11,3 12 20,7 40 9,4

Epicondylite latérale 0 0,0 0 0,0 3 1,4 2 3,4 5 1,2

Syndrome du tunnel cubital 0 0,0 0 0,0 2 0,9 1 17,0 3 0,7

Syndrome du canal carpien 0 0,0 4 4,2 9 4,1 5 8,6 18 4,2

Tendinite des poignets 0 0,0 0 0,0 2 0,9 1 1,7 3 0,7

Maladie de De Quervain 0 0,0 0 0,0 3 1,4 1 1,7 4 0,9

Avoir un des six TMSms 1 1,9 5 5,2 41 18,6 19 32,8 66 15,5 N: Nombre de cas de TMS; % Prévalence

Tableau.4. Distribution des scores d’exposition aux facteurs de risque biomécaniques et psychosociaux de TMS du membre supérieur en fonction de la zone anatomique et du sexe. HOMMES FEMMES ENSEMBLE

SCORE D’EXPOSITION AU

RISQUE DE TMS

0

N %

1

N %

2 ou +

N %

0

N %

1

N %

2 ou +

N %

0

N %

1

N %

2 ou +

N %

Cou 227 44.9 165 32.6 114 22.5 55 12.9 81 19 291 68.1 282 30.2 246 26.4 405 43.4

Epaule 183 36.2 134 26.5 189 37.4 48 11.2 97 22.7 282 66 231 24.8 231 24.8 471 50.5

Coude 165 32.6 125 24.7 216 42.7 53 12.4 96 22.5 278 65.1 218 23.4 221 23.7 494 52.9

Poignet 164 32.4 131 25.9 211 41.7 53 12.4 63 14.8 311 72.8 217 23.3 194 20.8 522 55.9

Ensemble MS (nuque exclue) 128 25.3 89 17.6 289 57.1 34 8 52 12.2 341 79.9 162 17.4 141 15.1 630 67.5

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -41-

Annexe .A. Définition des Facteurs de risque généraux et posturaux spécifique des TMS du membre supérieur

selon le consensus Saltsa

Facteurs de risque

Critères de définition

1. Répétitivité

2. Force

3. Absence de récupération

4. Demande psychologique élevée

5. Soutien social faible

Mouvements très répétitifs du membre supérieur plus de 4 heures par jour

Manipulation de charges de plus de 4 kg plus de 4 heures par jour

Pauses < 10 minutes par heure si les gestes sont très répétitifs

Score ≥ 75 % du maximum

Score ≤ 25 % du maximum

6. Postures extrêmes

nuque et cou

1. Mouvements de flexion du cou plus de 4 heures par jour

2. Mouvements d’extension du cou plus de 4 heures par jour

3. Travail bras éloignés du corps plus de 4 heures par jour

4. Travail sur écran ou binoculaire plus de 4 heures par jour

7. Postures extrêmes

épaule et bras

1. Travail mains au-dessus des épaules plus de 2 heures par jour

2. Extension du ou des bras en arrière plus de 2 heures par jour

3. Travail bras éloignés du corps plus de 2 heures par jour

8. Postures extrêmes

coude et avant-bras

1. Mouvement de flexion/extension du coude plus de 2 heures par jour

2. Mouvement de prono supination plus de 2 heures par jour

9. Postures extrêmes

Poignet et main

1. Mouvement de torsion du poignet plus de 2 heures par jour

2. Utilisation de la pince pouce-index plus de 4 heures par jour

3. Utilisation d’un outil vibrant plus de 1 heure par jour

4. Utilisation d’un clavier/ souris informatique plus de 4 heures par jour

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -42-

Analyse descriptive à travers la CIF du handicap chez le personnel hospitalier

de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba

KHATMI S., SEKHRI H., GUEROUI S., NEZZAL AM.

Service de Médecine du Travail. CHU ANNABA

Résumé : Une enquête descriptive prospective du personnel hospitalier (Ibn Sina, CHU Annaba), de 2004 à 2009, par questionnaire de la « CIF », évalue le processus du handicap. La majorité des opérateurs ont 46 à 50 ans, de sexe féminin prédominant, mariés à 69%, d’ancienneté moyenne de plus de 16 ans. Les paramédicaux représentent 48%. Les pathologies prédominantes (CIM 10) concernent l’œil, l’appareil digestif, l’appareil ostéo-articulaire. Les fonctions déficientes sont sensorielles ; la douleur est retrouvée dans 50%. Les produits et systèmes techniques ont été classés facilitateurs modérés (57% des travailleurs apprécient soutiens et relations comme facilitateurs modérés) ; l’environnement naturel est vu comme obstacle modéré (28% des travailleurs). Les situations de travail à l’hôpital Ibn Sina sont souvent invalidantes. Ainsi est soulignée l’importance du médecin du travail dans l’évaluation fonctionnelle du handicap en milieu professionnel. Mots clés : CIF, Déficience, Handicap, Hôpital.

INTRODUCTION Si l’état de santé d’une population se

mesure traditionnellement en termes de mortalité et de morbidité, en s’appuyant en général sur la classification Internationale des Maladies (CIM), ces dimensions n’épuisent pas la notion de santé qui se traduit aussi en termes de qualité de vie et de participation à la vie de la communauté. Au cours des 30 dernières années, des changements sociétaux ont sensibilisé les gens aux questions entourant les limitations fonctionnelles et les restrictions de la participation sociale qui les accompagnent souvent. Les politiques sur les droits de la personne, une reconnaissance nouvelle de l'importance qu'il y a à promouvoir l'intégration des personnes "handicapées" dans la vie sociale de tous les jours, la désinstitutionalisation, la valorisation des rôles sociaux et un élargissement du concept de la santé préconisé par l'Organisation Mondiale de

la Santé (OMS) ont tous contribué à cette évolution des attitudes sociétales. En l’an 2000, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) propose trois dimensions pour aborder la situation de handicap : celle de la déficience, celle de l'activité et celle des participations (dimension sociale), pour aboutir en 2001 à une troisième classification : la Classification internationale du fonctionnement, de la santé et du handicap (CIF, OMS 2001) qui vise à connaître le fonctionnement des individus d'un point de vue organique et corporel d'une part, et d'un point de vue social d'autre part. [2] La C.I.F se veut être une approche multi dimensionnelle de la classification du fonctionnement et du handicap, couvrant à la fois les domaines de la santé et les domaines connexes de la santé.[4]

LES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -43-

OBJECTIFS :

Notre objectif principal est d’analyser les résultats de l’application de l’instrument « CIF » d’identification, d’évaluation des déficiences, et des situations de handicap dans la surveillance de la santé d’une population de travailleurs hospitaliers. Nos objectifs intermédiaires sont d’identifier les caractéristiques socio- démographiques du personnel de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba. Déterminer le type et le nombre de pathologie selon la CIM10 que présentent ces travailleurs. Appliquer le questionnaire CIF dans le but d’identifier les déficiences des fonctions et des structures du corps, les limitations d’activités et les restrictions de participation chez ces travailleurs. Spécifier si les facteurs environnementaux sont des obstacles ou des facilitateurs pour le travail de ce personnel. Enfin indiquer l’effectif des travailleurs qui sont en zone adaptée, invalidante, et handicapante. MATÉRIELS ET MÉTHODES : Il s’agit d’une étude longitudinale sur 5 ans, descriptive prospective auprès de tout le personnel de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba, de Septembre 2004 à Septembre 2009 L’effectif total des travailleurs est de 700 individus. Ont été inclus dans l’étude tous les travailleurs ayant un dossier médical et ayant subi à la fin de notre enquête au moins une visite d’embauche, périodique ou spontanée. Sont exclus les travailleurs qui n’ont pas de dossier médical et n’ayant subi aucune visite médicale et également le personnel médical Sur les 700 travailleurs seulement 670 ont pu être pris en compte dans cette étude : les 30 restants

ont été soit absents au moment de l’enquête, soit n’ont pas pu être interrogés car ils n’étaient pas disponibles du fait des exigences de leur travail. La collecte des données s’est faite par interview direct des 670 travailleurs ayant participé à l’étude, à l’aide du questionnaire de la CIF. Pour L’analyse des données le logiciel épi info 6.04 a été utilisé comme outil statistique pour la saisie quotidienne des questionnaires réalisés soit 670 questionnaires. RESULTATS : 1/Les caractéristiques socio-démographiques de la population: L’âge moyen est de 43 ± 6 ans et des extrêmes de 21- 63 ans, 57% de la population d’étude est de sexe féminin avec un sex ratio de 0.75, 69% de la population d’étude est mariée, 47% de l’ensemble des travailleurs ont un niveau secondaire et ont bénéficié d’une formation professionnelle, ils sont répartis en agents techniques 43%, administratifs 9% paramédicaux 48% 73% de l’ensemble des travailleurs sont employés dans des services médicaux. L’ancienneté moyenne est de 16 ± 8.8 ans. L’indice de masse corporelle « IMC » : La moitié 51% de la population d’étude a un poids normal, 32% ont un surpoids. 2/ Les caractéristiques de la population selon le nombre et le type de pathologies (CIM10) : 20% des travailleurs souffrent de l’association de 03 pathologies, suivis de 19% qui ont 02 pathologies.

3%

0,27%

2%

4%

1,56%1%

19%

8%

12%

18%

6%

14%

4%

0,72%0,32%

6%

Répartition en fonction du type de pathologie (CIM10)

A 00-B99)C00-D48(D50-D89)(E00-E90) (F00-F99)(G00-G99)(H00-H95)(I00-I99)(J00-J99)(K00-K93)(L00-L99)(M00-M99)(N00-N99)(O 00-O99)(Q00-Q99)(S00-T98)

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -44-

Les pathologies prédominantes sont celles de l’œil avec un pourcentage de 19%, puis viennent

celles de l’appareil digestif (18%) suivies de celles de l’appareil ostéo- articulaire (14%).

3/ L’étude des déficiences des fonctions, des structures, la limitation d’activité et la restriction de participation et l’influence des facteurs environnementaux : 50% du personnel présente une déficience modérée (2) des fonctions sensorielles et douleur (b2), suivi de 36% qui ont une déficience également modérée (2) des fonctions des systèmes cardio-vasculaire, hémato-poïétique, immunitaire et respiratoire (b4). 34% avec une déficience des systèmes digestif, métabolique et endocrinien (b5) niveau modéré(2) et enfin 26% des fonctions de l’appareil locomoteur et liées au mouvement (b7) sont déficientes à un niveau également modéré(2). Répartition en fonction des déficiences les plus importantes dans les fonctions du corps : Fonctions sensorielles et douleur (b2) Les fonctions de la vue (b210) et celle liée à la douleur (b280) étaient déficientes (niveau 2) chez 33% des travailleurs. Fonctions du système immunitaire (b435) C’est les allergies qui apparaissent les plus fréquentes (une déficience modérée (2) touchant les fonctions du système immunitaire (b435) chez 25% des travailleurs. Fonctions du système digestif, métabolique, endocrinien (b5) Une déficience modérée (2) dans les fonctions de l’appareil digestif la digestion (b515) et la défécation (b525) chez 20% et 25% des travailleurs. Fonctions de l'appareil locomoteur et liées au mouvement (b7) C’est la mobilité des articulations (b710) la puissance musculaire (b730) et le tonus musculaire (b735) qui présentent le plus de déficiences avec un niveau de difficulté léger à modéré (1-2) chez respectivement 27%, 19%, et 21% de nos travailleurs. Répartition en fonction des déficiences des structures du corps : étendue de la déficience (a)Une déficience avec un niveau toujours modéré est constatée pour les mêmes structures correspondantes aux fonctions du corps sus- citées. Répartition en fonction des déficiences des structures du corps nature du changement (s1b, s2b, s3b, s4b s5b, s6b, s7b, s8b) Un changement qualitatif (code 7), a été retrouvé dans la majorité des cas (44%, 42%, 37% et 21%). Etude des structures du corps les plus déficientes selon : L’étendue : Des déficiences modérées (2) touchant les structures de l’œil (s2), les

structures du système respiratoire (s430), de l’appareil digestif (s5), et les structures liées au mouvement de la région pelvienne (s740), ont été retrouvées respectivement chez 35%, 20%, 34% et 24% des travailleurs. La nature du changement : Le changement était qualitatif dans respectivement 44%, 27%, 37% et 10% des cas (s2, s430b, s5b et s740b). Répartition en fonction des limitations d'activités et restrictions de participations : performance (a), capacité (b) : d1,d2,d3,d4,d5,d6,d7,d8 La majorité des travailleurs souffrent de limitations d’activités et restriction de participation essentiellement dans les grands domaines de la vie (d8) avec un pourcentage de 74% performance 75% capacité), suivi de ceux qui présentent une déficience dans le domaine de l’apprentissage et application des connaissances (d1) (28% performance 29% capacité), et enfin de (27% performance/ 28% capacité) pour la mobilité (d4). Etude des limitations d’activités et restriction de participation les plus importantes : La performance (a) : d1, d4, d8 Une limitation dans l’activité de regarder (d110) à un niveau modéré (2) chez 28,30% des travailleurs. La capacité (b) : d1, d4, d8 Dans le domaine de la mobilité (D4) : une limitation modérée (2) dans l’activité de soulever et porter les objets (d430) chez 28% de nos travailleurs. Dans les grands domaines de la vie (d8) 81% de nos travailleurs sont déficients (niveau2) dans le domaine de l’éducation supérieurs (d830).La moitié (49%) des travailleurs rapportent une déficience modérée (niveau2) dans l’auto- suffisante économique (d870). Répartition en fonction de l'influence des facteurs environnementaux : Produits et systèmes techniques (e1) Ont été classés facilitateurs modérés (2) pour 60% de nos travailleurs, Services, systèmes et politiques (e5) qui ont été facilitateurs légers pour 75% des travailleurs, et enfin 57% des travailleurs rapportent que les soutiens et relations des amis, familles, collègues et professionnels de santé (e3) et leurs attitudes (e4) sont facilitateurs modérés (2). Les produits pour la consommation personnelle (alimentation, médicaments) (e110) sont facilitateurs modérés (+2) pour 63% des travailleurs.

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79% des travailleurs rapportent que les produits pour la communication (e125) sont facilitateurs également modérés (+2) L’environnement naturel (e2) a été classé obstacle modéré (2) pour 28% des travailleurs. Le climat (e225) est un obstacle modéré (2) pour 28,60% des travailleurs. Soutiens et relations (E3) Un soutien (facilitateur modéré +2) de la famille proche (e310), des amis (e320), des connaissances, pairs, collègues, voisins et membres d’une communauté (e325) ,des personnes en position d’autorité (e330), et des professionnels de santé (e355) a été rapporté par respectivement : 54,60% , 43,60%, 32%, 24% et 82% des travailleurs. Services, systèmes et politiques (e5) e525« Services, systèmes et politiques relatifs au logement »: facilitateur léger (+1) pour 53 % des travailleurs. e540 « Services, systèmes et politiques relatifs aux transports » : facilitateur léger (+1) pour 50 % des travailleurs. e585 « Services, systèmes et politiques relatifs à l’éducation et à la formation » : facilitateur modéré (+2) pour 15 % des travailleurs. 4/ L’étude de la distribution selon l’appréciation de la zone de situation de travail au niveau de la population étudiée : 82% de nos travailleurs sont en zone invalidante 15% sont en zone adaptée, et 3% en zone handicapante DISCUSSION La grande majorité de nos travailleurs sont âgés entre 46-50 ans. Ces données montrent que la population des travailleurs de cet hôpital (Ibn Sina), relève de la catégorie moyenne (ni trop jeune, ni trop âgée). Le sex ratio est de 0,75 avec une prédominance féminine, ceci révèle qu’à l’hôpital on n’a pas retrouvé la prédominance de l’élément masculin comme dans le monde du travail en général. En effet, le travail de soins en milieu hospitalier fait appel beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes.

Une étude réalisée au niveau d’une usine d’engrais phosphatés du Nord-Est- Algérien (ASMIDAL à Annaba) : Handicap du travail « approche préventive et de prise en charge dans une unité industrielle de Annaba » a retrouvé une prédominance des hommes soit 95,9%. [3] 69% de notre population d’étude sont mariés, ce qui semble en relation avec l’importance du groupe âgé de 46-50ans. Un niveau d’instruction « secondaire + formation professionnelle » a été retrouvé chez la majorité des travailleurs : ce qui s’explique par le fait que le personnel paramédical a dans la majorité des cas un niveau secondaire et a bénéficié d’une formation professionnelle par la suite. Il apparaît que dans notre groupe d’étude, l’ancienneté moyenne plaide pour une population fidèle à l’hôpital (16 ans). Selon la CIM 10 les pathologies prédominantes sont celles de l’œil, puis viennent celles de l’appareil digestif, suivies de celles de l’appareil ostéo- articulaire. En effet, les pathologies de l’œil peuvent être liées d’une part à l’âge (âge moyen 43 ± 6 ans) et d’autre part aux exigences visuelles des tâches au travail. Notre population souffre également de problèmes digestifs liés aux habitudes alimentaires, et au travail posté. Et enfin ce sont les troubles musculo-squelettiques qui ont toujours été fréquents chez le personnel hospitalier du fait des multiples manutentions au sein de l’hôpital (manutention des malades alités, post-opérés et décédés, du matériel médical). L’étude des déficiences des fonctions, des structures, la limitation d’activité et la restriction de participation et l’influence des facteurs environnementaux montre que: Les déficiences les plus fréquentes sont celles des fonctions sensorielles et douleur, puis celles liées aux maladies cardiovasculaires, endocriniennes, respiratoires, immunitaires, ainsi que celles du système digestif. Les déficiences liées à l’appareil locomoteur sont retrouvées dans 26% des cas. Une enquête réalisée au Maroc sur le handicap : « un échantillon représentatif de la population, de plus de 54.000 personnes, construit à partir de la base de sondage du Recensement Général de la Population et de l’Habitat en 2004 » a révélé les résultats suivants : Les déficiences les plus fréquentes sont les déficiences motrices (51,9%), puis les déficiences viscérales et métaboliques (31,8%), ensuite celles liées aux maladies cardiovasculaires, endocriniennes, respiratoires, immunitaires… et enfin les déficiences visuelles (28,8%) et du langage (25,8%) arrivent en troisième et quatrième position, suivies des déficiences psychiques et mentales (23%), auditives (14,3%) et esthétiques (4,7%).[7]

15%

82%

3%

Zone adaptée Zone invalidante Zone handicapante

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On constate que les deux études ne se complètent pas et appellent à la discussion suivante : Au Maroc : il s’agit d’un échantillon de la population générale, de ce fait les problèmes dont souffre cette population sont dans l’ensemble des pathologies liées au vieillissement « essentiellement moteurs, et aussi les maladies chroniques par exemple : HTA, Diabète, dyslipidémies…. ». Alors qu’à l’hôpital : c’est une population au travail : il existe la discrimination déjà à l’embauche qui joue d’emblée en défaveur des porteurs de handicap ; et par la suite en vertu de « l’effet de bonne santé » (Healthy Worker Effect) : les sujets embauchés sains sont maintenus au travail sur la base de maintien d’aptitudes physiques et psychosensorielles à un niveau réputé performant. Cette catégorie de travailleurs bénéficie d’un suivi et d’une surveillance médicale rigoureuse. Donc, il y a l’apparition de pathologies diverses. Les activités pour lesquelles les personnes dans notre groupe d’étude rencontrent le plus de problèmes sont essentiellement celles dans les grands domaines de la vie (Education et l’autosuffisance économique), suivies de celles dans le domaine de l’apprentissage et application des connaissances (essentiellement l’activité de regarder (d110)), et enfin la mobilité. Ce qui s’explique par le fait que notre population a un faible niveau économique et la majorité n’a pas bénéficié d’une éducation supérieure. Le domaine de la mobilité est lié aux problèmes musculo-squelettiques dont souffrent nos travailleurs du fait des mauvaises conditions de travail. Dans l’étude réalisée au Maroc : les limitations d’activités relèvent du domaine de la vie quotidienne (hygiène, habillage, alimentation, activités à domicile, déplacements et communication) et celles consistant à assumer des responsabilités personnelles et familiales. Avoir un emploi ou étudier ne recueillent que 5 et 2% des réponses. [7] Cette dernière étude révèle des différences avec la nôtre, ce qui s’explique par le fait qu’elle a d’abord porté sur un échantillon de population générale (54000 personnes), pour passer ensuite à un échantillon de personnes en situation de handicap (5500 personnes). Donc contrairement à notre groupe d’étude ces personnes souffrent beaucoup plus de difficultés dans le domaine de la vie quotidienne. Pour l’influence des facteurs environnementaux : Les produits et systèmes techniques de l’architecture, de la construction et des aménagements des bâtiments d’utilité publique et privée ont été classés facilitateurs modérés. Ceci s’explique par le fait que notre population d’étude ne concerne pas uniquement la catégorie des travailleurs souffrant d’un processus de handicap. Les données montrent que nos travailleurs bénéficient d’un grand soutien familial, des amis,

des collègues et même des professionnels de santé. Concernant l’influence des services, systèmes politiques y compris ceux relatifs à la sécurité sociale : la majorité de nos travailleurs sont des assurés sociaux, et donc ils bénéficient d’un remboursement de tous les frais relatifs aux soins. Le principal obstacle environnemental est le climat, du fait de l’importance des pathologies allergiques dont souffrent nos travailleurs. Distribution de la population selon l’appréciation de la zone de situation de travail Les situations de travail à l’hôpital Ibn Sina sont en proportion élevée invalidante (82%) et en zone adaptée (15%) et enfin en zone handicapante (3%). Nous en déduisons que 85% des situations de travail analysées ne sont pas adaptées. Dans l’étude citée précédemment réalisée par le professeur Gueroui. S en 1996 : près de 90% des situations de travail analysées dans l’usine de pétrochimie (ASMIDAL à Annaba) ne sont pas adaptées. [3] Cette proportion se vérifie encore une fois dans le secteur hospitalier de la même région. La proportion de 82% de situations invalidantes s’explique par le fait que certains travailleurs paraissent en situation adaptée au regard des critères quantitatifs et qualitatifs mais qui en fait fournissent pour tenir leurs objectifs de production un surcoût physiologique et/ou psychologique. Ces astreintes peuvent les précipiter à plus ou moins long terme en situation handicapante. La proportion de 3% de situations handicapantes s’explique en fait par l’éjection plus ou moins précoce des personnes handicapés et leur remplacement par des sujets valides. Le drame dans ce cas c’est que ce travailleur « valide » rentre inéluctablement en situation handicapante. CONCLUSION : En conclusion, nous pouvons signaler l’atteinte de notre objectif principal, l’application du questionnaire CIF au niveau de l’hôpital Ibn Sina et la mise en place d’un réseau informatique au sein du service de Médecine du Travail de Annaba pour le traitement et la mise à jour du masque de saisie. Nous pouvons également considérer comme atteints les objectifs intermédiaires : Nous avons pu identifier un profil-type : il s’agit d’une population paramédicale (dans 48% des cas), âgée de 46-50 ans, et mariée à 69% des cas, travaillant à l’hôpital depuis 16 ans. Les déficiences des fonctions et structures du corps ont été identifiées : les prédominantes sont celles des fonctions sensorielles et douleur (50%), et non des fonctions ostéo-articulaires. L’analyse des facteurs environnementaux : ils ont été classés dans la majorité des cas comme facilitateurs (Les produits et systèmes

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techniques 60%, les soutiens et relations 57%). A l’exception de l’environnement naturel qui a été classé comme obstacle modéré pour 28% des travailleurs. Enfin, l’atteinte du dernier objectif n’est que partielle. L’effectif des travailleurs de l’hôpital Ibn Sina CHU Annaba en zone adaptée, invalidante, et handicapante a été déterminé, une étude plus approfondie reste nécessaire. A la fin de ce travail nous pouvons faire certaines suggestions : Il est nécessaire de procéder à une analyse plus approfondie du groupe de travailleurs concernés par le processus de handicap au sein de la population étudiée. Il est possible de réaliser des mesures de prévalence (cas ayant enclenché le processus de

handicap à un moment déterminé) et d’incidence : le taux d’incidence permet de mesurer la vitesse de transfert de l’état de sujet ne présentant pas de handicap à celui de sujet ayant entamé son processus de handicap. Enfin, il est à souligner qu’il est intéressant de procéder à une étude ergonomique des différents postes de travail qui nous permettra prospectivement de décrire les modalités organisationnelles à l’origine des situations invalidantes et handicapantes. Les propositions d’amélioration des conditions de travail, finalité de l’approche ergonomique, tenteront de corriger les situations handicapantes et d’améliorer celles invalidantes.

BIBLIOGRAPHIE : 1. Barral C., & Roussel P. (2002). De la CIH à la CIF. Le processus de révision. Handicap n° 94-95, pp. 1-23. 2. Barreyre (Jean-Yves). (2002)- Mesurer les participations : vers des scores de sociabilité ? Vie sociale, 1, 33-39 3. Gueroui.S, (1996)- Handicapés du travail : approche préventive et de prise en charge dans une unité industrielle d’Annaba. Thèse de D.E.S.M. Alger. 4. OMS (2001) CIF, "Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé, Organisation mondiale de la santé", Genève, 5. Ravaud J.F.; Fougeyrollas P. (2006) Concept de handicap et classifications internationales : la convergence progressive des positions franco-québécoises. Santé, société et solidarité. 6. Rossignol C. (2002). La « classification » dite CIF proposée par l’OMS peut elle avoir une portée scientifique ? Handicap, n° 94-95, pp. 51-93. 7. Simonnot CL. (2004). Enquête nationale sur le handicap au Maroc 8. Stiker H.J.,(1982) "Corps infirmes et sociétés", Paris, Aubier Montaigne,

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Annexe : Premier code qualificatif : Etendue de la déficience Second code qualificatif :

Nature du changement 0 Pas de déficience signifie que la personne n’a pas de problème 1 Déficience légère indique la présence d’un problème dans moins de 25% du temps, avec une intensité que la personne peut supporter et qui est apparu rarement au cours de 30 derniers jours 2 Déficience modérée indique la présence d’un problème dans moins de 50% du temps, avec une intensité qui a un effet sur la vie quotidienne de la personne et qui est apparu occasionnellement aucours des 30 derniers jours. 3 Déficience sévère indique la présence d’un problème dans plus de 50% du temps, avec une intensité qui perturbe la vie quotidienne de la personne et est apparue fréquemment au cours des 30 derniers jours. 4 Déficience totale indique la présence d’un problème dans plus de 95% du temps, avec une intensité qui perturbe complètement la vie quotidienne de la personne et qui est apparu tout les jours au cours des 30 derniers jours. 8 Non précisé : insuffisance d’informations pour spécifier la sévérité de la déficience. 9 Sans objet signifie que l’application d’un code est inapproprié (par exemple b650 fonctions relatives aux menstruations pour une femme d’âge pré-pubère ou post-ménopause)

1 Absence totale 2 Absence partielle 3 Partie additionnelle 4 Dimensions anormales 5 Discontinuité 6 Malposition 7 Changements qualitatifs, y compris accumulation de liquide 8 Non spécifié 9 Sans objet

Le code qualificatif de performance indique l’étendue de la restriction de la participation en décrivant la réalisation effective d’une tâche ou d’une action par une personne dans son environnement ordinaire. Du fait que l’environnement ordinaire comprend un contexte sociétal, la performance peut aussi être comprise comme «L’implication dans une situation de vie réelle » ou comme « l’expérience vécue de la personne dans son cadre de vie habituel ». Ce contexte comprend les facteurs environnementaux, c’est-à- dire tous les aspects du monde physique, du contexte social et des attitudes, et peut faire l’objet d’un codage en utilisant la liste des facteurs environnementaux. Le code qualificatif de performance mesure la difficulté de la personne à effectuer des tâches, en supposant qu'elle veuille les exécuter. Le code qualitatif de capacité indique l'étendue de la limitation d'activité en décrivant l'aptitude de la personne à effectuer une tâche ou une action. Le code qualitatif de capacité est centré sur les limitations qui sont liées aux caractéristiques inhérentes ou intrinsèques de la personne. Ces limitations doivent être les manifestations directes de l’état de santé du répondant, sans assistance. Par assistance, nous entendons l’aide d’un tiers, ou l’aide fournie par un appareil ou véhicule spécialement adapté, ou toute forme de modification de l’environnement dans une pièce, au domicile, sur le lieu de travail, etc. Le niveau de capacité de la personne doit être évalué par rapport à ce qui est normalement attendu de la personne ou par rapport à la capacité de la personne avant que ne se déclare son problème de santé. Les facteurs environnementaux constituent l’environnement physique, social et d'attitudes dans lequel les gens vivent et mènent leur vie. Code qualificatif de l’environnement : 0 Aucun obstacle 0 Aucun facilitateur Obstacle ou facilitateur 1 Obstacle léger +1 Facilitateur léger

2 Obstacle modéré +2 Facilitateur modéré 3 Obstacle important +3 Facilitateur substantiel 4 Obstacle total +4 Facilitateur to

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Appréciation de l’incapacité fonctionnelle

au cours des spondylarthropathies (A propos de 35 cas)

L. BENMAIZA1; A.TAHAR ²; S. BOUZBID ³; S. GUERROUI 4; AM. NEZZAL 4;

D. TOURAB 4; AZ. NEZZAL 4; Z. SARI ¹; A.CHELGHOUM 1.

1- Service de Médecine Interne Faculté de Médecine - Annaba. 2- Département de Bio statistique Université d’Annaba. 3- Service d’épidémiologie Faculté de Médecine - Annaba. 4- Service de la médecine du travail Faculté de Médecine - Annaba.

L’évaluation de l’incapacité fonctionnelle au cours des spondylarthropathies occupe une place importante dans leur prise en charge, d’autant que cette évaluation est nécessaire pour le suivi de la maladie. Notre travail a concerné 35 patients, présentant une spondylarthropathie et répondant aux critères d’AMOR et/ou l’ESSG. L’évaluation et l’appréciation de l’incapacité fonctionnelle engendrée par la spondylarthropathie a été réalisée grâce à l’indice de mesure, le « BASFI », qui consiste en une échelle de mesure comprenant 10 questions relatives à la gène retrouvée lors de certaines activités, mettant en action le rachis et le bassin. Dans notre série la moyenne globale par question « BASFI » est toujours supérieure à 56mm (sur EVA). Le BASFI moyen de nos patients est évalué à 66,58mm avec un écart-type de 20,47mm. Chez nos patients, l’indice de fonction est statistiquement hautement corrélé avec l’ancienneté de la maladie. La capacité fonctionnelle des 35 patients explorés se trouve très affectée ; dans notre étude, les chiffres relatifs aux différentes questions du BASFI, sont alarmants. Malgré que le BASFI de la série tunisienne de Bouaziz est élevé, et supérieur à 50mm, notre chiffre est largement au dessus, et cela dénote encore une fois la sévérité de la maladie dans notre série et indique surtout l’insuffisance de prise en charge de la spondylarthropathie chez ces jeunes patients. L’incapacité fonctionnelle largement objectivée dans notre série, est essentiellement liée à la grande douleur, fréquente dans notre série, bien que réduite. Mots-clés : Incapacité ; fonction ; spondylarthropathies ; qualité de vie.

INTRODUCTION : L’évaluation de l’incapacité fonctionnelle des spondylarthropathies est primordiale ; ce moyen d’évaluation permet le suivi et la réponse thérapeutique. L’indice fonctionnel, le BASFI (Bath Ankylosing Spondylitis Functional Index) est un questionnaire de dix questions avec réponses en EVA, et permet d’apprécier l’incapacité fonctionnelle au cours des spondylarthropathies. Cet indice

fonctionnel est basé sur l’évaluation de la possibilité d’effectuer les actes de la vie courante. Les spondylarthropathies sont une affection chronique, et la prise en compte de la qualité de la vie de ces malades chroniques semble importante pour apprécier le retentissement de leur maladie. PATIENTS ET METHODES L’approche de l’incapacité fonctionnelle est primordiale ; elle permet de déterminer le

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retentissement de la maladie rhumatismale sur les activités de la vie journalière. Le développement et la validation de l’indice fonctionnel des spondylarthropathies offre un outil utilisable en pratique courante pour le suivi des patients. Nous avons essayé d’apprécier le domaine de la fonction chez nos patients spondylarthritiques.

Cette approche est basée sur un instrument sous forme de questionnaire le Bath Ankylosing Spondylitis Functional Index (BASFI), que nous avons appliqué chez 35 patients. Les réponses du questionnaire sont marquées sur l’EVA.

RESULTATS 1-Répartition des patients selon le sexe 2- Répartition des patients selon l’âge 3- Répartition des patients selon la moyenne des réponses des questions « BASFI »

Questions Moyenne des réponses

sur 100mm Écart-type

N°1 59,83 21,80 N°2 66 26,73 N°3 67,35 25,96 N°4 56,09 29,17 N°5 66,52 23,48 N°6 58,83 25,32 N°7 64,82 25,96 N°8 71,4 21,77 N°9 75,52 19,78 N°10 76,37 20,69

Index « BASFI » moyen global = 66 ,58 ± 20,47 mm Extrêmes « BASFI » = 17,8 mm – 96,7 mm

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4- Répartition des patients selon le seuil « BASFI » (Tableau 2) « BASFI » Effectif Pourcentage

≥ 40 mm 33 94

< 40 mm 2 6 Total 35 100

Moyenne « BASFI » > 40 mm = 68,43 mm ± 19,57 mm Moyenne « BASFI » < 40 mm = 39,95 mm ± 3,85 mm

5- Répartition des patients selon la douleur globale (sur EVA mm) (Tableau 3) EVA douleur globale

Effectif Pourcentage

EVA ≥ 40 mm 33 94 EVA < 40 mm 2 6 Total 35 100

Moyenne EVA douleur globale = 59,2 mm ± 14,56 mm 6- Corrélations : ancienneté de la spondylarthropathie , indice « BASFI » et douleur globale (Tableau 4) Paramètres (EVA mm)

Coefficient de corrélation « r »

Valeur de « p » Relation

« BASFI » 0,478 0,004 S**

Douleur globale 0,115 0,509 NS

S** : Relation hautement statistiquement significative. NS : Relation non statistiquement significative. DISCUSSION

La capacité fonctionnelle des 35 patients explorés par l’indice fonctionnel, montre des chiffres relativement alarmants avec un « BASFI » moyen de 66,58 ± 20,47 mm. Malgré que le « BASFI » de la série tunisienne de Bouaziz est élevé, et supérieur à 50mm (56,36mm), notre chiffre est largement au dessus ; cela dénote encore une fois la sévérité de la maladie dans notre série, et surtout indique l’insuffisance de prise en charge de la spondylarthropathie chez ces jeunes patients qui se sont présentés à notre niveau, au CHU de Annaba, et diagnostiqués pour la majorité d’entre eux très tardivement.

Dans notre échantillon (n=35), le BASFI est significativement hautement corrélé à

l'ancienneté de la maladie (p=0,004) ; l'ancienneté moyenne de la spondylarthropathie de ces 35 patients explorés par le "BASFI" est de 12,88 +- 5,71 ans. Cette incapacité fonctionnelle est en grande partie due à l'importance de la douleur globale des patients, qui, avec la raideur constitue le symptôme le plus fréquent. Nos patients souffrent d'une importante douleur dont l'évaluation moyenne chez les 35 patients interrogés est de 57,30mm (EVA) ; elle est nettement élevée par rapport à l'EVA douleur des patients de la série tunisienne de Bouaziz qui rapporte un résultat moyen de l'EVA douleur de 28,33mm.

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CONCLUSION

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs questionnaires et échelles de qualité de vie ont été développés et proposés pour apprécier ces aspects majeurs, et d’ailleurs sous-estimés de la santé. Il est actuellement admis que les indices de qualité de vie offrent l'avantage de compléter l'observation clinique et de permettre un suivi

thérapeutique plus adapté en tenant compte du vécu propre du patient. Les limites de notre étude sont la taille de l'échantillon qui ne permet pas toujours une interprétation des résultats statistiques, et la difficulté et l'impossibilité d'utiliser les échelles de mesures, non adaptées à notre population, et à notre contexte, surtout que la plupart de nos patients ne maîtrisent pas la langue française.

BIBLIOGRAPHIE 1- Bouaziz T. Evaluation de la qualité de vie de 30 patients atteints de pelvi-spondylite rhumatismale. Thèse de DESM - Tunisie ; 2003. 2- Calin A.; Garret S. ; Hea J. A new approch to defining functional ability in an ankylosing spondylitis: The development of the bath ankylosing spondylitis functional index. 3- Chamberlain MA. Socio économic effects of ankylosing spondylitis in females: Int. Rehabil. Med. 1983, 5(3): 149- 53. 4- Cohen T.; Lemercier F.; Tiah M. Des échelles multidimensionnelles Revue d'évaluation sur les traitements de la douleur, 2000 ; 5-6. 5- Gaucher A. A propos des spondylarthropathies inflammatoires. Synoviale, 1997, 60, 11-16. 6- Grazio S., Jajic Z., Nemcic T. Work capacity evaluation in patients with ankylosing spondylitis. Rhum. . 1997; 47. 7- Hajjaj – Hassouni N. Les spondylarthropathies au Maghreb. Symoviale, Octobre 2001. N°= 104, 29 – 34. 8-Rosenberg S. ; Guillemin F. Contribution de la littérature à l'étude de la qualité de vie dans la spondylarthrite ankylosante. Rev.Rhum. [Ed.Fr,], 62 (5 bis), 435-455.

9- Rouand JP. Aspect médico-sociaux de la rhumatologie. Rev. Rhum. (Ed. Fr) 1998, 65 (11 bis).

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Annexe: Indice “BASFI” : (Questionnaire) [Publié en 1994 et revu en 1997]

Sans difficulté impossible

1. Pouvez-vous mettre vos chaussures ou collants sans l’aide de quelqu’un ou de tout autre moyen extérieur (ex.: petit appareil vous aidant à mettre les chaussettes) ? 2. Pouvez-vous vous pencher en avant pour ramasser un stylo posé sur le sol sans l’aide d’un moyen extérieur ? 3. Pouvez-vous atteindre une étagère élevée sans l’aide de quelqu’un ou d’un moyen extérieur ? 4. Pouvez-vous vous relever d’une chaise sans accoudoir , sans utiliser vos mains ou toute autre aide ? 5. Pouvez-vous vous relever de la position “ couché sur le dos ”, sans aide ? 6. Pouvez-vous rester debout sans soutien pendant 10 minutes sans ressentir de gêne ? 7.Pouvez-vous monter 12 à 15 marches, en ne posant qu’un pied sur chaque marche, sans vous tenir à la rampe ou utiliser d’autres soutiens ? 8. Pouvez-vous regarder par-dessus votre épaule sans vous retourner ? 9. Pouvez-vous effectuer des activités nécessitant un effort physique (ex : mouvements de kinésithérapie, Jardinage ou sport) ? 10. Pouvez-vous avoir des activités toute la journée, que ce soit au domicile ou au travail ? Mode calcul : La valeur du BASFI est la moyenne des valeurs obtenues aux dix questions en mm. Le score va donc de 0 à 100 millimètres, ou de 0 à 10 centimètres.

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Évaluation de la vaccination contre l’hépatite B chez le personnel hospitalier du CHU Tlemcen

MEZIANE.Z; SEKKAL.S; TALEB A. Laboratoire TOXICOMED, Service de Médecine du Travail - CHU Tlemcen

Entre 1980 et 1990, malgré des campagnes de vaccination dans les populations à risque, l’incidence globale de l’hépatite B a été stable. Par contre, au cours de la dernière décennie, une baisse a été noté, surtout liée à la prise de conscience générale des risques d’infection par le VIH, qui a entraîné une modification des pratiques sexuelles et de l’usage des drogues. La plupart des sujets ayant reçu la vaccination contre l’hépatite B ont été les personnes à risque d’infection par exposition professionnelle [4]

Le présent travail consiste à rapporter une évaluation de la vaccination cotre l’hépatite B dans tous les services du centre hospitalier du CHU Tlemcen : services médicaux, chirurgicaux et administratifs et les services d’entretien. Chaque sujet retenu pour l’étude a été soumis à un questionnaire en deux parties : partie 1, recherchant les caractéristiques sociales personnelles, les caractéristiques professionnelles (poste de travail, catégorie professionnelle, ancienneté, type de travail), et les antécédents médicochirurgicaux. La partie 2 (fiche vaccinale), notifiant les doses reçues pour chaque sujet. Sont considérés, comme régulièrement vaccinés les sujets ayant reçues trois doses vaccinales ou plus, incorrectement vaccinés ou en cours de vaccination, les agents ayant reçus deux doses vaccinales ou moins. Les données ont été saisies et traitées par le logiciel Epi-Info version 6.

INTRODUCTION: Le virus de l'hépatite B est présent dans le monde entier, et reste la deuxième cause identifiée de décès par cancer après le tabac ; La connaissance de ces modes de transmission a permis de définir des groupes à haut risque Parmi ce groupe le Personnel des établissements de soins et de prévention en contact avec les malades, le sang et autres produits biologiques sont classés au premier rang. [1] Pour cela l’indication de la vaccination est obligatoire pour l'exercice de certaines professions ou activités ; l'obligation de vaccination contre l'hépatite B concerne toute personne qui dans un établissement ou organisme public ou privé de prévention ou de soins, exerce une activité professionnelle l'exposant à des risques d' entrer en contact avec le sang ou des liquides biologiques potentiellement infectieux Le schéma vaccinal pour Les groupes à haut risque, et si le sujet n'a jamais été vacciné

comporte 3 doses (J0, 1 mois, 6 mois) ; globalement, il est estimé que 56% des individus sont protégés dès la première injection. 80% à la deuxième. Il faut attendre l'injection du 6ème mois pour atteindre le taux de 95% de sujets protégés. OBJECTIF Évaluer le taux de la vaccination contre l’hépatite B chez le personnel hospitalier du CHU Tlemcen METHODES ET POPULATION Le présent travail consiste à rapporter une évaluation de la vaccination contre l’hépatite B Tout le personnel hospitalier a été concerné par l’enquête, y compris le personnel administratif. Les soignants ont été répartis en plusieurs catégories professionnelles : médecins ; infirmiers et autres personnels paramédicaux, ayant une activité de soins. Chaque sujet retenu pour l’étude a été soumis

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15,40%

54,60%

25,70%

4,30%

1-5ans 6-10ans 11-15ans 16-20ans

à un questionnaire en deux parties : La première partie: recherchant les caractéristiques sociales; personnelles les caractéristiques professionnelles (poste de travail, catégorie professionnelle, ancienneté), La deuxième partie comportant la (fiche vaccinale): notifiant les doses reçues pour chaque sujet. Sont considérés, comme régulièrement vaccinés les sujets ayant reçus trois doses vaccinales ou plus et en cours de vaccination, les agents ayant reçus deux doses vaccinales ou moins.

TRAITEMENT STATISTIQUE : Une analyse uni variée est réalisée sur le logiciel Epi-Info. Ver 6.04dfr. RÉSULTATS 2107 agent hospitaliers ont participés à l’enquête ; dont l’age moyen est de38,32±5,7 ans ; avec une nette prédominance masculine 60,72% versus 39,27% ; une ancienneté moyenne au poste de travail de 10 ans .

Fig N° 1 : Répartition Par Tranche d’Age

Fig N° 2 : Répartition Par Sexe

FFiigg NN°°33 :: AAnncciieennnneettéé aauu ppoossttee ddee ttrraavvaaiill

25-30 31-35 36-40 41-45 46-50

39,27%60,72%

Masculin Féminin

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0,3%

3,0%

5,0%

5,9%

6,6%9,2%

9,6%

21,1% 39,3%

Infirmier

techniciens laboratoire

Médecin

agent de service

Anesthésiste

Sage femme

ADM

Instrumentistes

Agent entretien

Fig N°4 : Répartition de la vaccination par postes de travail

Fig N°5 : Le taux de la couverture vaccinale au CHU Tlemcen

LLeess iinnffiirrmmiieerrss ppaarraaiisssseenntt bbiieenn ffoorrmmééss eett ddoonncc mmiieeuuxx vvaacccciinnééss ccoonnttrree ll’’hhééppaattiittee BB aavveecc uunn ppoouurrcceennttaaggee ddee 3399,,33 %% ssuuiivvii ppaarr lleess tteecchhnniicciieennss ddee llaabboorraattooiirree.. PPuuiiss vviieennnneenntt lleess mmééddeecciinnss aavveecc uunn ttaauuxx sseeuulleemmeenntt ddee 99,,66%%.. 4,98 % sont régulièrement vaccinés ayant reçu trois doses où plus ; alors que seulement 3,82 %

n’ont jamais reçu de vaccination représentés plus particulièrement par les médecins qui refusent de se vacciner contre l’hépatite B par peur de contracter une affection démyélinisante.

21,20%3,82%

74,98%

Réguliérement vaccinés En cours de vaccinationNon vaccinés

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100%

100%

68,18%

50%

anapath bactério biochimie CTS

Fig N°6 : Répartition de la vaccination dans les laboratoires

FFiigg NN°°77 :: PPoouurrcceennttaaggee ddee vvaacccciinnaattiioonn ddaannss lleess sseerrvviicceess ddee cchhiirruurrggiiee

Fig N°8 : PPoouurrcceennttaaggee ddee vvaacccciinnaattiioonn ddaannss lleess sseerrvviicceess mmééddiiccaauuxx eett aaddmmiinniissttrraattiiffss

94% 89% 92%

61,90%

90%

CHIR A CHIR B CCI OTR NEURO CHIR

CHIR A CHIR B CCI OTR NEURO CHIR

65%

53%

40%

66%

55%52%

50%

71%

41,66%

50%

40%

59%

78% 78%

69%

58%

70,83%

45,16%

66,66%61%

63%

85,71%

92%

Neu

ro

OR

L

On

co

Pne

umo

Pol

yCli

Bou

dg...

Psy

chia

trie

Péd

iatr

ie

Rad

io

Réé

duca

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Réa

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n

SA

MU

UM

C

AD

M

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Clin

Den

t

réan

imat

ion

Gas

tro

Hém

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Infe

ctie

ux

Mat

erni

Méd

Inte

r

Méd

Nuc

l

Nép

hrol

ogi

e

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P Sexe

féminin %

Sexe masculin %

Ensemble de la population

%

NS 77,2 73,4 75,2 Dose 1 NS 77,2 73,4 %5,2 Dose 2 NS 76,8 72,1 75,9 Dose 3 NS 77,06 72,9 74 ,98 Rappel 1 an

Tableau N°1 : Répartition de la vaccination par dose vaccinale / sexe

Concernant la vaccination contre l’hépatite B , on ne retrouve pas de différence significative entre les deux sexes ; tout le personnel parait formé sur le risque de l’hépatite B et donc vacciné. DISCUSSION La population d’enquête est représentée par 1072 personnels hospitaliers, avec un âge moyen de 38 ans et dont le poste de travail le plus prépondérant est celui des infirmiers avec un pourcentage de 39,3%.( population jeune ) L’ancienneté dans le poste de travail est estimée à (9,8±7,7) ans Tous les services sont concernés par la vaccination et notamment les services à haut risque représenté par le service de la maternité, le service des urgences, le service de chirurgie et celui de la réanimation… Sur 2107 travailleurs, 1580 sont régulièrement vaccinés contre l’hépatite B soit un taux de (74,98%), et 227 sont en cours de vaccination soit (21,20%) ; presque le 3/4 du personnel des services sont sensibilisés sur le risque d’hépatite virale « B » et par conséquent correctement vaccinés. Ce taux de couverture vaccinale s’est amélioré ces dernières années. Suite à l’organisation des séances de sensibilisation par le médecin du travail dans chaque service portant sur les risques d’accidents exposants au sang (AES ) , et l’obligation de se vacciner contre l’hépatite B De même qu’une campagne de vaccination

contre HVB a été organisé par le service de médecine du travail pour assurer le geste vaccinale sur les lieux De ce fait le taux de la couverture vaccinale est passé de 48% en 2004 à 74,98 % en 2007. Le personnel soignant de sexe féminin parait plus sensibilisés, et donc mieux vaccinés par rapport au sexe masculin avec un pourcentage de 77,06% Parmi le personnel soignant les plus sensibilisés, les techniciens de laboratoire Fig N°6 restent les mieux vaccinés avec un taux de 100% pour les services de bactériologie ; le centre de transfusion sanguine ; suivi par le personnel de la chirurgie; alors que certains services médicales restent encore en cours de vaccination comme le service d’oncologie, d’hématologie et le SAMU (considérés comme des services à haut risque). Par ailleurs les médecins 41,38% refusent la vaccination par peur de contracter une affection neurologique tel que la sclérose en plaque « SEP » ; bien qu’ils soient considérés comme un groupe à haut risque Fig N°4 Diverses études n'ont pas mis en évidence de différence significative quant à l'apparition de signes neurologiques entre des groupes vaccinés et des groupes non - vaccinés. Le lien n'est donc pas formellement établi [1] [3] [4]

Prévention individuelle et collective Pourcentage

- Gants - Blouses - Masques -Sur blouses - Lunettes

85% 95,4% 27,4% 25 % 10 %

Conteneurs d’aiguilles spécifiques

0%

Tableau N° 2 : Les mesures préventives existantes dans tous les services au niveau du CHU Tlemcen

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Le port de moyens de protection individuelles pour lutter contre les risques d’accidents exposant au sang restent limités au port de gants de latex avec un taux de 85 % Tableau N° 2 , alors que le port de masques, de sur blouses ou de lunettes est très faible ce qui expose le personnel soignant au risque d’accidents exposant au sang par projection De même que l’utilisation de conteneurs spécifiques pour la collecte des déchets (Matériel piquant /coupant/tranchant à usage unique) est absent dans tous les services du CHU Tlemcen CONCLUSION

L'obligation de se vacciner contre l'hépatite B concerne toute personne qui dans un établissement ou organisme public ou privé

de prévention ou de soins, exerce une activité professionnelle l'exposant à des risques de contamination [4] La vaccination du personnel hospitalier du CHU Tlemcen contre l'hépatite virale B reste insuffisante. Ainsi une formation et une sensibilisation sur les risques d’accidents exposants au sang et sur la prévention contre l’hépatite B par une meilleure prévention doivent être renforcée. Par ailleurs des efforts restent à déployer pour améliorer le taux de la couverture vaccinale en milieu hospitalier

BIBLIOGRAPHIE : 1. Qu'en est-il des derniers textes sur la vaccination contre l'hépatite ? Le Quotidien du Médecin du : 23/06/2004

2. Hépatites virales. Diagnostiquer une hépatite virale.

3. Hépatites virales. QS n° 83 : Diagnostiquer une hépatite virale.

4. VIH/Sida, Hépatites, IST > Hépatites : 1999-2005

Hépatites virales (83) - 1

5. Risques professionnels en milieu hospitalier. Santé Sécurité

Travail n°9, avril 1999. (Institut de santé et de sécurité au travail)

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Etude rétrospective des intoxications aiguës aux produits domestiques au CHU d’Annaba

M. MEGUEDDEM 1, R. DJAFER1, L. AISSA2, AB. MESSAOUDENE1, NE. ANTRI3, A. MAZOUZI4.

1 Service de Toxicologie du CHU d’ANNABA 2 Laboratoire de pharmacologie. Faculté de Médecine Annaba 3 Service de réanimation médicale du CHU d’ANNABA 4 Service de réanimation pédiatrique du CHU d’ANNABA

Les intoxications aux produits domestiques constituent un problème de plus en plus grave

dans les pays en développement du fait de leur fréquence et difficultés de prise en charge. L’objectif de notre travail était d’étudier les intoxications aiguës aux produits domestiques

chez l’adulte et l’enfant afin de calculer la fréquence par service, identifier les produits en cause et déterminer les circonstances d’intoxication ainsi que la prise en charge des victimes d’intoxications.

Nous avons réalisé une étude descriptive de type rétrospective pendant une année dans les services de réanimation médicale et pédiatrique du CHU d’Annaba de Janvier 2004 à Décembre 2004.

Pendant cette période d’étude nous avons recensé 948 cas d’intoxications aigues au niveau du CHU d’Annaba dont 772 cas ont été colligés au niveau du service de réanimation médicale et 176 cas au niveau du service de réanimation pédiatrique.

Nous avons noté une prédominance de la fréquence de ce type d’intoxications chez les adultes avec 81,43% des cas.

Les patients dont la tranche d’âge est comprise entre 15 et 24 ans sont les plus touchés (50%) avec une prédominance féminine (66%).

Nous avons constaté que ce type d’intoxication était à caractère volontaire chez l’adulte avec 79% cas et accidentel chez l’enfant avec 81%.

Les médicaments ont été les produits les plus incriminés, aussi bien chez l’adulte (63%) que chez l’enfant (48%).

Le taux global de létalité était de l’ordre de 0,21%. Qu’elle soit volontaire ou accidentelle, l’intoxication aiguë aux produits domestiques reste une réelle préoccupation, pour les médecins confrontés à la prise en charge des patients, les toxicologues pour assurer le diagnostic étiologique, et surtout, pour les familles de personnes confrontés à une telle situation. Mots clés : Intoxication aiguë, produits domestiques, enfants, adultes, fréquence.

INTRODUCTION : Le nombre de substances d‘usage courant, potentiellement toxiques est devenu énorme, qu’il s’agisse de solvants industriels, de drogues phytopharmaceutiques, de produits

d’entretien ménagers, de cosmétiques, ou de médicaments. Les intoxications aiguës aux produits domestiques représentent une urgence médicale de plus en plus fréquente, et constituent un phénomène morbide, en règle générale violent, dont l’issue

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dépend des actes thérapeutiques posés dans les premiers stades de son évolution. Dans l’immense majorité des cas, Il s’agit d’un geste suicidaire par ingestion de médicaments ou d’autres produits toxiques. Ces intoxications constituent actuellement l’une des premières causes d’admission à l’hôpital des personnes de moins de 30 ans dans les pays développés et la seconde cause de mort brutale dans les pays en voie de développement. OBJECTIFS :

Notre étude avait pour objectifs : - De calculer la fréquence des intoxications aiguës aux produits domestiques à travers une enquête effectuée au niveau des services de réanimation médicale (Adultes) et pédiatrique du CHU d’Annaba. - D’identifier les produits en cause et déterminer les circonstances d’intoxication aiguë ainsi que la prise en charge des victimes d’intoxications. MATERIELS ET METHODES Il s’agit d’une étude descriptive avec un mode de recueil rétrospectif portant sur 948 cas d’intoxications aux produits domestiques hospitalisés et consultants au niveau des services de réanimation médicale et pédiatrique du CHU d’Annaba sur une période d’une année allant du 01 Janvier 2004 au 31 Décembre 2004. - Recueil des données : basé sur le dépouillement des dossiers médicaux de patients hospitalisés et des registres de consultations. - Variables étudiées : Age, sexe, circonstances d’intoxication, nature du toxique, type de troubles occasionnés, les modalités de prise en charge de l’intoxication et évolution. Toutes ces variables sont consignées sur un questionnaire. RESULTATS 1. Fréquence par service La fréquence des intoxications aiguës aux produits domestiques a été évaluée à 81,43% au niveau du service de réanimation médicale contre seulement 18,57% au niveau du service de réanimation pédiatrique du CHU d’Annaba. (Graphe.1) 2. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques par tranche d’âge La tranche d’âge de 15 ans à 24 ans est la plus touchée avec 50% des cas (474/948) et seulement 13,60% des cas (129/948) concernent les enfants de moins de 05 ans.

Au niveau du service de réanimation médicale la moyenne d’âge des intoxiqués est de l’ordre de 25,16 ± 9,18 ans avec des extrêmes de [15 – 74 ans]. Au niveau de la réanimation pédiatrique la moyenne d’âge est de l’ordre de 4 ± 3,30 ans avec des extrêmes de [5 mois – 14 ans]. (Graphe.2) 3. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques par sexe Au niveau du service de réanimation médicale, nous avons noté une prédominance féminine avec un sex-ratio de 0,51 soit 66% contre seulement 34% pour le sexe masculin. Par contre au niveau du service de réanimation pédiatrique, l’intoxication aux produits domestiques est plus fréquente chez les garçons avec 53% des cas contre 47% chez les filles. Le sex-ratio est de l’ordre de 1,12. (Graphe.3) 4. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon les circonstances d’intoxications Nous avons noté, au niveau du service de réanimation médicale, une fréquence très élevée des intoxications d’origine volontaire avec 79% des cas. Par contre au niveau du service de réanimation pédiatrique, la majorité des intoxications se sont produites accidentellement avec 81% des cas. (Graphe.4) 5. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon les produits incriminés Les médicaments constituent la principale cause d’intoxication aiguë avec 63% des cas chez l’adulte et 48% des cas chez l’enfant ; ensuite, viennent les produits ménagers aves 23% des cas chez l’adulte et 35,22% chez l’enfant. (Graphe.5) 6. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon le type de troubles occasionnés Nous avons noté un bon état général, aussi bien chez les adultes avec 30% des cas (235/772), que chez les enfants avec 33,52% des cas (59/176). Les troubles les plus fréquemment développés étaient de nature digestive avec 28% des cas chez l’adulte et 27,84% des cas chez l’enfant. (Graphe.6) 7. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon la durée d’hospitalisation Aussi bien au niveau du service de réanimation médicale que pédiatrique, la durée moyenne d’hospitalisation est de 24 heures. Nous avons constaté que 68,91% des cas ont été hospitalisés, pendant moins de 24 heures, au

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niveau du service de réanimation médicale et 53,86% des cas ont séjourné moins de 24 heures au niveau du service de réanimation pédiatrique. (Graphe.7) 8. Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon la conduite à tenir Nous avons constaté que, chez l’adulte, le traitement symptomatique constituait la principale conduite à tenir en milieu hospitalier soit 94% des cas. Par contre, chez l’enfant, nous avons enregistré 96,02% de cas qui ont bénéficié d’un traitement évacuateur. (Graphe.8) 9. Evolution Au cours de cette étude, la létalité globale était de l’ordre de 0,21 % soit 2 décès sur un total de 948 intoxiqués. Aucun décès n’a été relevé chez les enfants et les 02 décès, soit un taux de 0,26%, ont été enregistrés au niveau du service de réanimation médicale (adultes). (Graphe.9)

DISCUSSION

Au cours de cette étude nous avons

constaté que la fréquence des intoxications aiguës aux produits domestiques était plus importante au niveau du service de réanimation médicale du CHU d’Annaba avec un taux de 81,43%. Ceci peut s’expliquer par la tendance abusive des adultes dans l’automédication ainsi qu’aux pulsions suicidaires de l’adulte. Chez les enfants, la tranche d’âge la plus touchée par ce type d’intoxication aiguë était celle de 0 à 4 ans par ingestion accidentelle de produits domestiques et avec une prédominance masculine. Cela pourrait se justifier par l’intrépidité des petits garçons à cet âge. Le risque maximum entre 0 et 4 ans et la prédominance masculine sont retrouvés par la plupart des auteurs. [1, 2] Par contre chez l’adule l’intoxication aiguë était à caractère volontaire et a concerné la tranche d’age de 15 à 24 ans avec une prédominance féminine. Cette tendance peut être expliquée, d’une pat, par la fragilité des jeunes femmes à faire fasse aux problèmes de la vie quotidienne et, d’autre part, que le choix de ces victimes se porte sur le moyen le moins agressif, le moins contraignant, à porter de la main et se trouvant dans leur environnement. Concernant les produits en cause, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant, les médicaments

occupaient la première place, suivis par les produits ménagers. La prédominance de l’intoxication aiguë médicamenteuse est fréquemment retrouvée dans les pays développés surtout chez les adolescents dans un but suicidaire. [3]

Aussi bien au niveau du service de réanimation médicale que pédiatrique, la symptomatologie a été dominée par des troubles digestifs. Ceci peut être expliqué par le fait que la majorité de ces intoxications aiguës se sont produites par ingestion. Dans notre étude, la durée d’hospitalisation était de 24 heures en moyenne aussi bien au niveau du service de réanimation médicale que pédiatrique. Dans une étude réalisée à Rennes au niveau d’un service d’urgence pédiatrique, la grande majorité des hospitalisés ont séjournés moins de 24 heures. [4]

En ce qui concerne la conduite à tenir, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant, l’essentiel du traitement a concerné l’évacuation digestive et le traitement symptomatique. Nous avons noté une faible utilisation d’antidotes qui reste limitée aux cas graves mettant en jeu le pronostic vital du patient en raison de leur coût élevé et de la pénurie de certains antidotes.

L’évolution a été favorable dans 100% des cas au niveau du service de réanimation pédiatrique, par contre, nous avons enregistré 02 cas de décès chez les adultes. Ce bon pronostic tiens, probablement à la qualité optimale de la prise en charge hospitalière du fait de la disponibilité de matériel de réanimation adéquat. CONCLUSION L’intoxication aiguë aux produits domestiques reste un vrai problème de santé publique en raison du progrès de l’industrie chimique conduisant à la mise en circulation d’un nombre extrêmement élevé de produits divers dont beaucoup sont utilisés par le public et dans les habitations. Le risque est lié, surtout, à la publicité qui vente leur efficacité mais reste très discrète sur leur composition exacte dont le caractère dangereux n’est pas suffisamment indiqué. Afin de résoudre ce problème, des précautions strictes doivent être exigées, le nom et le pourcentage des substances toxiques doivent légalement être indiqués sur l’emballage, la valorisation de l’éducation sanitaire non seulement individuelle mais également collective, tout en renouvelant notre appelle à la vigilance et la prudence pour éviter tout risque.

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BIBLIOGRAPHIE 1. BALASKA S, BENAISSA S. Les intoxications par les produits domestiques. Mémoire de fin d’études de pharmacie, 1998, 53p. 2. SYLLA M, COULIBALY Y, DICKO F.T, KOUROUMA N, TOGO B, KEITA M.M. Intoxication aiguë accidentelle chez l’enfant au service de pédiatrie de l’hôpital Gabriel Touré. Mali Médical. 2006, 21 (2) : 50-53. 3. BASU K, MONDAL RK, BANERJEE DP. Epidemiology aspects of acute childhood poisoning among patients attending a hospital at kolkata Indian J. Public Health. 2005; 49 (1): 25-26. 4. SIDIBE T, KONE M, KEITA MM, COULIBALY M, ACHOURBECOVA L. L’intoxication accidentelle chez l’enfant : Bilan de 36 mois du service de pédiatrie de l’hôpital Gabriel Touré. Médecine d’Afrique Noire. 1991, 38 (2) : 128-130

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Graphe.1 : Fréquence des intoxications aiguës aux produits domestiques par service

Graphe.2 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques par tranche d’âge

13,60%

3,80%1,80%

20,90%

29,11%

9,70%

6,32%5,16%

3,90%2,10% 1,69% 0,84% 1,08%

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

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Graphe.3 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques par sexe

Graphe.4 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon les circonstances d’intoxications

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Graphe.5 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon les produits incriminés

Graphe.6: Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon le type de troubles occasionnés

63,00%

9,50%

23%

4,00%

48%

8,52%

35,22%

5,42% 2

0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

Service de Réanimation Médicale

Service de Réanimation Pédiatrique

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Graphe.7 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon la durée d’hospitalisation

Graphe.8 : Répartition des cas d’intoxications aiguës aux produits domestiques selon la conduite à tenir

76%

94%

22%

6%

96,02%89,20%

43,75%

11,93%

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Trai

tem

ent

evac

uate

ur

Trai

tem

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Trai

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ent

épur

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Trai

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spéc

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e

Service de Réanimation Médicale

Service de Réanimation pédiatrique

68,91%

24%

5% 1,44%0,65%

53,86%

26%

14,20%

1,39% 4,55%0,00%

10,00%

20,00%

30,00%

40,00%

50,00%

60,00%

70,00%

80,00%

Moins de 24H 24H - 48H 48H - 72H 72H - 96H Plus de 96H

Service de Réanimation Médicale

Service de Réanimation Pédiatrique

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Graphe.9 : Evolution

Réanimation Médicale Réanimation pédiatriqueMalades non décédés 99,74% 100%Malades décédés 0,26% 0%

99,74% 100%

0,26% 0%0,00%

20,00%

40,00%

60,00%

80,00%

100,00%

120,00%

Malades non décédés Malades décédés

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SUR VOTRE AGENDA

31e CONGRES NATIONAL DE MEDECINE ET SANTE AU TRAVAIL

du 01 au 04 Juin 2010

TOULOUSE EXPO Parc des Expositions 31030 TOULOUSE France

En ce début de 21e siècle, les pouvoirs publics, les employeurs, les services de santé au travail et les médecins du travail sont confrontés à des grands défis dont l'acuité les met en demeure d'engager au plus vite sinon une révolution, du moins une réforme en profondeur dont nous percevons l'ampleur chaque jour plus précisément.

L'importance des enjeux peut être mesurée par au moins deux phénomènes marquants en santé au travail ; d'une part, l'implication de l'état dans sa déclinaison politique au travers des plans santé - travail et d'autre part, la participation de plus en plus marquée d'experts de sensibilités différentes. Les acteurs de la santé au travail, attachés à leur mission, n'en sont pas moins face à un paradoxe qui fait cohabiter une réglementation exigeante, persistante et disproportionnée avec le besoin de la modification en profondeur de leurs pratiques et de leurs conditions d'exercice. L'activité des professionnels de santé au travail sera sous tendue par au moins deux champs importants : celui des indicateurs quantifiés de risques et de pathologies et une pratique basée de plus en plus sur des référentiels et recommandations validés.

Il est donc urgent d'ouvrir des pistes pour le 21e siècle à travers, au moins, 4 grandes questions dont les réponses assureront demain, pour une grande part, le socle de la santé au travail. * Comment identifier, quantifier et prévenir les risques professionnels des processus pathologiques à effets différés tels que les cancers ? * Face à une nouvelle exigence de bien être au travail, comment agir pour modifier les organisations du travail délétères ? * Dans une société où la pyramide des âges impose que les actifs prolongent leur carrière au-delà de 60 ans, comment identifier et agir sur les facteurs de vieillissement précoce au travail pour permettre aux salariés vieillissants de poursuivre leurs carrières dans les meilleures conditions. * Enfin, comment doit s'organiser la santé au travail pour répondre à ces enjeux : quels acteurs, quels rôles, quelles formations ? Quels réseaux pour la santé au travail ?

JMT – Le Journal de la Médecine du travail. N° 14-2009 -70-

LES 7 èmes JOURNEES TUNISO EUROPEENNES DE CARDIOLOGIE PRATIQUE

Du 17 au 19-06-2010 Spécialités concernées Congrès de : Médecine générale - Anesthésie & réa. - Médecine du Travail - Néphrologie Cardiologie - Nutrition - Pharmacologie - Endocrinologie - Pédiatrie - Radiologie - Médecine interne Santé publique - Epidémiologie - Médecine urgence - Soins Infirmiers - Médecine du sport.

3rd LATIN AMERICAN CONGRESS ON AUTOIMMUNITY

Du 01 au 03 2010Buenos Aires Spécialités concernées Congrès de : Allergologie - Médecine du travail – Dermatologie – Pédiatrie – Rhumatologie – Epidémiologie – Infectiologie – Pharmacie – Biologie – Immunologie.

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Organes de la Société Algérienne de la Médecine du Travail

(SAMT)

Bureau de la SAMT

Président :

Pr. NEZZAL Abdelmalek – CHU Annaba

Secrétaire général , Chargé de la revue JMT: Pr. GUEROUI Said – CHU Annaba

Secrétaire général adjoint: Pr. NAFAI Dalila – CHU Annaba

Trésorier :

Dr. BENAISSA – Sidi Bel Abbes Trésorier adjoint :

Dr BABZIZ Hadj Salah – CMT Ouargla

Vice-Présidents :

1e VP : Dr BENZERROUG Farid – secteur sanitaire Rouiba 2e VP : Dr HABCHI Abdelfatah – CHU Tlemcen 3e VP : Dr. FRAGA Farid – secteur sanitaire Bejaia

Président du Conseil scientifique :

Pr M. LAMARA

Secrétariat de la Société Algérienne de Médecine du Travail

Tél. /Fax : 038.86.32.18 Email : [email protected]

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TARIF DES ABONNEMENTS

1 AN (03 NUMEROS) /500,00 DA (Frais d’envoi inclus)

Je joins à ce bulletin d’abonnement un: CHEQUE BANCAIRE CHEQUE POSTAL MANDAT Adressé à l’ordre de : LA SOCIETE ALGERIENNE DE MEDECINE DU TRAVAIL (SAMT) N° COMPTE BANCAIRE : BEA N° 6550—0—46 C

N.B. TRANSMETTRE UNE COPIE DU CHEQUE OU DU RECEPISSE DU MANDAT

AU SECRETARIAT DE LA S.A.M.T.

SERVICE DE MEDECINE DU TRAVAIL C.H.U. ANNABA

Hôpital Ibn Sina ANNABA 23.000

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(à découper et nous renvoyer)

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