"invención y serialidad de las imágenes medievales"

7/26/2019 "invencin y serialidad de las imgenes medievales"

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Annales. Histoire, SciencesSociales

Inventivit et srialit des images mdivales. Pour une approcheiconographique largieMonsieur Jrme Baschet

AbstractInventivity and Seriality of Medieval Images.

Within the framework of the present-day renewal of historical approaches to medieval imagery, it seems necessary to proposemethodological redefinition of the iconographical method. This particular approach aims specifically at the plastic implementationof meanings, but can only be deemed pertinent on the condition that it takes the whole work into account, without disassociatingmeaning and form and by considering the modalities of its reception as well as the effects it produces. On the other hand, if thetraditional conception of medieval art at once codified and subject to dogma could be satisfied by the classification of iconographic types, the recognition of the extreme inventivity of this art invites one, on the contrary, to define serial approach.This kind of approach aims at constructing ranges of transformations, allowing for the articulation of regularities andvariations,constants and sudden bursts. Finally, we suggest the extension of the serial method to the study of hyper-themes,thematic networks which, without postulating the unity of global iconographie system, reveal their structuring, multiform andcomplex relations (for example, here between several themes concerning divine Kinship).

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Baschet Jrme. Inventivit et srialit des images mdivales. Pour une approche iconographique largie. In: Annales.

Histoire, Sciences Sociales. 51 anne, N. 1, 1996. pp. 93-133 ;

doi : 10.3406/ahess.1996.410835

http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1996_num_51_1_410835

Document gnr le 14/03/2016
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INVENTIVIT ET RIALIT D E S I M A G E S D I VA L E S

Pour une approche iconographique largie

Jrme BASCHET

Les relations entre les arts visuels et la ralit historique globale demme que les rapports entre les deux disciplines qui ont ces domaines pourobjets sont loin t re simples Sans dvelopper ici ces questions1 on plaidera volontiers pour une interrelation plus fconde entre histoire et histoirede ar t tout en soulignant la ncessit de reconnatre la spcificit de chacune des deux dmarches En ce qui concerne les rapports entre histoire etimages on admettra aisment que les productions visuelles participent u n eralit sociale avec laquelle elles sont noues par des relations quelquecomplexes elles soient Excluant ide u n e anhistoricit de son objetapproche historienne des images se donne comme perspective explorationde ces liens Elle carte de certaines formes histoire de art qui sans nierque le fait artistique soit inscrit dans son temps font preuve u n e tellemfiance gard u n e mise en relation avec les domaines extra-artistiqueselles excluent de fait de leur pratique une telle perspective2 On peutleur donner acte que historien souvent trop press obtenir des rponses

Un jalon rcentdans cette rflexion Mondesde art Annales ESC 1993 no Je me perets de renvoyergalement mes remarques sur ce point dans Les images des objetspouristorien dans LE GOFTet LOBRICHONds Trois regards sur le Moyen AgeColloque de Cerisy la Salle1991) souspresse Je remercie vivementJean-Claude Bonne HerbertKessler DominiqueRigaux Jean-Claude Schmitt pour leur lecture critiqueet les suggestionsdont cet article pu bnficier

Le point de vue subtil dvelopppar Pacht dans la traditionde cole de Vienne estmarqu par cette tensionentre la ncessitune rfrence histoire gnrale et la revendication une autonomie de art qui est en pratique beaucoup plus dterminante PACHTQuestions de mthode en histoire de art trad fran aise Paris 1994 Les dangers uneapproche historique font galement objet une dnonciation dans article inspirationsmiologiqueayant suscitune polmique assez vive aux tats-Unis de BALet BRYSON Semiotics and Art History The Art Bulletin 73 1991 pp 174 208On regrettera quesur le point qui nous occupe cette critiquerepose sur une visionexcessivement schmatique deapproche historiquedes uvres voir en particulierce qui concerne la notionde contextep.175

93Annales HSS janvier-fvrier 1996 no pp 93-133


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IMAGESMEDIEVALES

ses questions peut avoir tendance forcer image voire ngliger certainsparamtres ncessaires sa comprhension saisie globale de image et de

uvre dans laquelle elle insre inscription dans des sries dans un processus qui est prcisment objet de histoire de ar t

Surtout la nature des liens entre uvre et son environnement est hautement problmatique ds lors o n ejette toute formulation simple en termede lien causal de reflet ou homologie directe On prfrera reconnatreexistence de relations double sens dynamiques et multiformes art estinscrit dans histoire tout en participant la production de histoire il tientun rle actif dans le jeu complexe des interactions sociales Encore convient-iladmettre la possibilit de failles de discordances de tensions entre les diffrents domaines u n e ralit historique donne o a trs grande difficult u n e opration visant lier ensemble les sries de faits observables3 Onne saurait donc invoquer quelque contexte que ce soit en esprant trou

ver la clart sur le sens de uvre prendre en compte inscription sociale deuvre conduit au contraire en rendre analyse infiniment et heureusement plus complexe encore Nanmoins condition de reconnatre la spcificit du domaine expression visuelle et le caractre toujours problmatique du rapport entre uvre et son environnement tude des images peutapporter une contribution tude historique des socits du pass Ou pourle dire de fa on plus offensive ds lors que les images jouent un rle important dans les pratiques sociales et mentales de Occident mdival il ne peutavoir de comprhension globale u n e telle socit sans une analyse poussede ses expriences de image et du champ visuel4

Deux axes de recherche particulirement dvelopps ces derniresannes ont bien montr attention est concentre sur le statut deimage les dbats suscits par la figuration volution des discoursthologiques liturgiques ou autres sur les images5 ainsi que sur les pratiques et les fonctions des images6 Celles-ci ne sauraient tre considrescomme de pures reprsentations de simples moyens de transmission u ndiscours elles inscrivent dans des pratiques rituelles ou dvotionnelles etassument des fonctions multiformes sociales politiques juridiques Notonsici que le terme image volontiers utilis par les historiens soucieuxchapper la catgorie a r t inadapte poque mdivale et trop longtemps lie une approche atemporelle du Beau e s t pas sans entraner

Damisch soulign la ncessit pour approche des faits artistiquesde renonceride une relationsimple une homognit entre tous les traits une poqueavatarde labelle totalit hglienne au profit de la conception une histoire plurielle notamment

DAMISCHorigine de la perspective Paris 1987 pp 15 et 34On ne saurait mieux dire que FRANCASTELLa figure et le lieu Paris 1967 67

imagerie tait au Moyen Age la condition mme de ordre socialDans impossibilit de multiplier les rfrencessur ce point on renvoie aux travaux de

J. C SCHMITT Occident Nice II et les images du vine au xn sicle dans BOESPFLUGet LOSSKYds Nice 787-1987 Douzesiclesimages religieusesParis 1987 pp 271301 et Rituels de image et rcits de vision Testo immaginea l t o medioevo XLISettimana di studio delCentro italianodi studi a l t o medioevo Spolte 1994 pp 419-462

Cf notamment BELTINGBild und Kult EineGeschichtedes Bildesvor dem Zeitalterder Kunst Berlin 1991 BASCHETet J. C SCHMITT dsimage Fonctionset usages desimagesdansOccident mdival ColloqueEnee 1992 Paris Le Lopard or sous presse

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BASCHET INVENTIVITEET SERIALITE

son tour quelques inconvnients Outre il isque de faire oublier ladimension esthtique des uvres reconnue au Moyen Age mme commeune condition indispensable leur fonctionnement le terme image suggre une dissociation entre la reprsentation et son support qui peut nuirela reconnaissance de la dimension fonctionnelle des uvres Or ce dontnous parlons constituent des images-objets des objets en acte qui participent une dynamique des rapports sociaux et contribuent dfinir lesrelations des hommes entre eux et des hommes avec le monde surnaturel7Les images sont de plain-pied dans histoire

est toutefois sur un autre aspect savoir iconographie que onse concentrera ici8 Ceci peut paratre quelque peu paradoxal dans la mesureo on ne prtend pas faire de iconographie un secteur dominant ni mmeautonome de tude des images approche iconographique e s t unaspect u n e dmarche plus large prenant pour objet image dans sa globa

lit intgrant tude des pratiques des fonctions des conditions de production des diffrents niveaux de rception ainsi que analyse formelle desuvres Pour bien marquer la ncessit de prendre en compte tous ces l

ments on prfrerait parler non de iconographie qui semble isoler cetteperspective mais plutt de iconographique ds lors que on vise lesaspects iconographiques u n e ralit plus complexe

Si on choisit au sein u n e approche historique globale des images dese concentrer ici sur ce domaine es t parce il st plus traditionnel aupoint que le terme iconographie pourra paratre certains dsuet sinondangereux sans pour autant nous inciter recourir la notion warburgo-panofskienne iconologie)9 Surtout il importe accorder aux problmesmthodologiques soulevs par tude des aspects iconographiques touteattention ncessaire En particulier il convient de dfinir les conditions delgitimit de tude iconographique ds lors que on admet la pertinencedes critiques dont elle fait objet On insistera ensuite sur un aspect dterminant pour la conception de approche iconographique oppos des

Outre la notionimage-objet on peut admettreune oscillation contrle entre les termesart et image cf Introduction image-objet dans Fonctionset usages des images op

cit On privilgieragalement arts visuels et surtout uvre Ce dernier terme on euttenir pour trs proche de la notionimage-objet en outre avantage de suggrerle savoirfaire de Vopifexet la valeur de ce i l roduit sanstre ncessairement li ide art et dechef-d uvre

ensemble de la dmarche expose ici repose sur la seule exprience des images deOccident mdival et ne sauraitdonc priori valoirpour autres lieux et autres poquesEn particulier la perspectiveadopte ici de sens que parce que la dimension iconographique des arts mdivaux est massiveet requiert donc attention

Que Panofskylui mmesoit revenu sur la distinctioniconographie/iconologie est pasnotre sens dcisif pas plus que les considrations sur les significationsrespectives des suffixes logie et graphie cf PANOFSKY Essaisiconologie trad fran aise Paris 1967pp 3 5 et 22 Plus fondamentalement on rcuse un modle deux niveaux qui superposeraitune identificationbesogneuse et trique des significationsconventionnelles de iconographie et une analysenoblede la porte historique des uvres On ne saurait distinguerde fa onpertinente deux niveauxde pratiques ds lors i l git de proposer comme on le dira uneapproche renouveleet multiformedes aspectsthmatiques des uvres Ne devantdonc retenirun eul terme on prfre en tenir au pluscourant et en renouveler le contenu plutt

que user un mot connotant la fois une volont de distinction inutile et une rfrencepesante gard de la traditionpanofskienne

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IMAGES DI VALES

vues traditionnelles qui soulignent le caractre codifi strotyp de artmdival on soutiendra hypothse u n e extrme inventivit des uvresde cette priode En relation troite avec cet aspect on dfendra la ncessitu n e approche srielle des images en distinguant plusieurs types de srieset en insistant pour finir sur les plus complexes entre elles on nommera hyperthmes Ce faisant on tentera de formaliser un processus his-toriographique en cours visant laborer une pratique renouvele ou dumoins largie de iconographie et au-del de tude historique des images

iconographique est-ce que le sens en mage

Un renouveau des tudes iconographiques doit inscrire dans le prolongement des critiques suscites par les conceptions Emile Mle ou EnvinPanofsky En effet on ne saurait admettre la dfinition que ce dernier donnede iconographie entendue alors au sens large englobant iconologie

iconographie est cette branche de histoire de art qui se rapporte ausujet ou la signification des uvres a r t par opposition leur forme 1un des postulats fondamentaux de iconographie traditionnelle consisteoprer une dissociation entre le sens et la formen iconographie choisit lesens un sens prexistant oeuvre relevant un nonc linguistique etdlaisse les formes rputes trangres la production du sens e s t pourquoi elle accorde tant importance la recherche des textes qui formulantverbalement le contenu de image en constitueraient la source et donc lacl On trouve les mmes fondements essentiels dans la pratique de iconographie mdivale hrite Mle Le Moyen Age con art commeun enseignement 12 cette proclamation liminaire ouvrant a r t religieuxdu xiiie sicle est la docile rplique des noncs fameux du pape Grgoire leGrand dans sa lettre Serenus faisant des images les substituts de Ecriture

intention des illettrs13 Pour Mle qui con oit iconographie commela transposition du savoir livresque rassembl par les auteurs scolastiques lacathdrale est la Summa theologiae des pauvres tandis que lui-mme dcalque le plan de son ouvrage sur la structure de uvre encyclopdique deVincent de Beauvais

Parmi les critiques suscites par ces conceptions certaines sont venuesu n e histoire de art plus attache approche stylistique Ainsi Otto

Pacht reproche iconographie panofskienne et surtout celle de ses disciples un recours systmatique aux textes dans une dmarche con uecomme dcryptage des allgories caches dans uvre mais ngligeant ledifficile effort de voir qui constitue selon lui la mission spcifique de histo-

10 PANOFSKYEssais iconologie trad frse Paris 1967 1311 Pour une formulationplus neutre maisde mme orientation cf BIA OSTOCKIEncy

clopediaof World Art Londres 1963 VII 770 iconographie est the descriptiveand classificatory studyof images with the aim of understandingthe direct or indirect meaningof thesubject matter represented

12 LE art religieuxdu XIIIesicleen France 8e d. Paris 1948 1113 Sur le mythe de image mdivale comme bible des illettrscf Introduction dans

Fonctions et usages des images op cit o on trouverala bibliographie antrieure notammentles articlesde Camille Kessler J. C Schmitt

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rien art14 Un tat du dbat hui eut tre saisi dans un recueilpubli Princeton qui prsente un bilan nuanc de la dmarche de Panof-sky et de son hritage15 introduction prend acte des critiques visant

excessive prminence accorde aux textes16 elle souligneil

onvientde concevoir entre textes et images des relations complexes et accordertoute attention requise la spcificit du champ visuel17 En ce qui nousconcerne on admettra sur ce point une attitude simple historienaucune raison de renoncer prendre en compte tous les documents textesou autres susceptibles clairer ou entrer en rsonance avec objeti l tudie Mais il ne saurait rduire la signification de celui-ci ses

sources il lui faut au contraire analyser prcisment les relations spcifiques entre uvre et les textes invoqus et surtout comprendre agencement singulier qui rlabore ou transforme des thmes textuels au sein de

uvre visuelle considre dans sa structure ensembleUne autre ligne critique gard des pratiques traditionnelles de histoire de art est dveloppe dans le sillage de uvre de Pierre Francas-

tel18 On rappellera surtout importance de la notion de pense figurativeaffirmer que les images pensent o n pense en images transformeradicalement approche et permet chapper au rapport extriorit entrele contenu et le style suppos par iconographie traditionnelle Si les

uvres visuelles sont des actes de pense les procds formels qui lesconstituent cessent apparatre comme de simples habillages de discours oude doctrines prlabores Ils sont eux-mmes signifiants et participent laproduction du sens en image Ainsi Francastel pose avec force irrducti-

14 Le recours iconographie rpond en ralit un dsir secret celui de toucher au butsans avoir pratiquerune difficile conversion du regard PACHTQuestions de mthodeenhistoire deart trad frse Paris 1994 40 On admettra volontiersla critiquede Pacht et lancessit de cette conversion du regard Toutefois une pratique largie de iconographie estsusceptible chapper un tel reproche

15 CASSIDYd. Iconographyat the Crossroads Princeton 1993 notammentHolly qui rappelle que iconologiede Warburgpeut tre un utile contrepoint auxlimitesdela dmarche panofskienne Moxey qui en prend idalisme philosophique de Panofsky

Camille qui pour repousser la tyrannie du texte propose une anti-iconographie prenantacte de la dominante orale de la culture mdivale

16 CASSIDYibid.10

souligneon ne peut plus admettrele principe find text andv e ound the answer

17 On regrettera cependant que dans cette prsentation le souci de se prmunir contre lesexcs de iconologieallgortique conduise finalement dvaloriser la capacitde significationdes images Indiquant que la culture tant du public que des artistes est infrieure celle destextesgnralement invoqus par lesiconologueselle suggrede privilgier la cultureorale etla traditionpicturale plutt que les discours savantsMais est faire l une confusionentre lesensintentionnella conscience de artiste le sensper par le public et le sens structuralque historien le devoirde viser voir infra

18 Cf notamment FRANCASTELLafigure et le lieu Paris 1967 DAMISCH Smiologie et iconographie dans La sociologie de art et sa vocation interdisciplinaire uvreet influence de Francastel Paris 1974 pp 29 39 La peinture prise au mot Critique1978 370 pp 274-290 et Le Jugement deParis Iconologieanalytique Paris 1993 DIDI-HUBERMAN Devantimage Paris 1990sur la notion iconographie voir notamment pp145152 Voir galement KLEIN Considrations sur les fondementsde iconographie dansLa forme et intelligible Paris 1970 pp 353-374

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bilit du langage figuratif au langage verbal et indissolubilit de la formeet du fond 19

Mais si on admet cette indissolubilit tude iconographique reste-t

elle possible Comment analyser les noncs dans image sans rduireimage ces noncs Quelle est la lgitimit u n e opration qui extrait detels noncs qui les transcrit verbalement et par consquent les fabriquePourtant et uvre de Francastel en tmoigne ce es t pas en cesens il aut entendre les notions irrductibilit et indissolubilit Endpit de ce que pourraient parfois suggrer certaines formulations navement militantes revendiquant autonomie des images on ne saurait postuler une totale tranget entre les diffrents domaines de la pense entrelangage figuratif et langage verbal entre textes et images La formulationthorique du rapport entre eux demeure un problme ouvert qui demandetre largement repens On peut en tout cas admettre il e agit ni de lessparer radicalement ce qui reviendrait interdire de parler desimages ni de les ramener unit mais de les articuler est--dire de lespenser un par autre dans leurs chos leurs tensions leurs dcrochementset sans nier ce il cart irrductible entre eux Fort de exprienceacquise la question es t plus tant hui e plaider pour reconnatre laspcificit du champ visuel que de travailler penser ses modes articulation avec les autres domaines de pense

En tout cas ds lors o n ne peut nier que les images dont nous parlonsportent des noncs ces noncs-en-images requirent une analyse Ilconvient donc de les produire verbalement Au reste on ne saurait affirmerque les images pensent sans admettre e l l e s pensent quelque chose Si lapense figurative travaille dans une totale interpntration de la forme et dufond il en est pas moins possible quels que soient les dangers u n e telleopration de procder dans analyse la production verbale du sens quesuppose approche iconographique Mais tout en procdant cette tche dedsintrication iconographique doit chercher dfinir les modes imbrication entre sens et formes et finalement analyser ce il n est du sens enimage

Imbrication du formel et du thmatique

Une fois admise imbrication du thmatique et du formel on ne peutplus aborder le thmatique sans considrer aussi finement que possible lesmodalits de son expression visuelle Ces modalits participant pleinement

la signification de uvre sont au ur de la pratique u n e iconographieattentive est pourquoi la dlimitation de objet de iconographique nepasse pas entre ce il st convenu appeler le contenu et la forme maisdoit tre dplace pour inclure interaction entre sens et formes

La distinction forme/contenu est brouille par existence un aspectintermdiaire que Jean-Claude Bonne nomme le syntaxique et quidsigne les proprits plastiques et chromatiques en tant elles sontsignifiantes notamment dans la mesure o elles contribuent dfinir les

19 FRANCASTELLafigure et le lieu op cit.pp 45-50 et Art forme structure 1965)ans Limage la visionet imagination Paris 1983 pp 19 45notamment 28)

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BASCHET INVENTIVITE ETSERIALITE

relations entre les motifs constitutifs de image20 Il agit des facteurs dontlucidation est toujours problmatique qui laborent dans une image donne la hirarchie des figures ou des objets) ainsi que leurs statuts respectifs

au regard de catgories telles que humain/divin terrestre/cleste...21 Jouentici un rle dcisif la position dans le champ de la reprsentation le rapportde la figure avec le fond sur lequel elle enlve parfois avec la bordure ouavec des marqueurs de lieu placs dans image22 ainsi que les relations entreles figures elles-mmes dfinies par leurs positions respectives et ventuelles modalits de contact par chelle de reprsentation adopte pourchaque constituant de image et par la confrontation des gestes et despostures 23

Sur tous ces aspects interprtation ne saurait driver u n e codificationstrictement dfinie une fois pour toutes mais seulement de la prise encompte de tous les caractres spcifiques de oeuvre concerne analysepeut tre trs dlicate ds lors elle fait intervenir plusieurs paramtresqui peuvent avrer contradictoires entre eux Ainsi dans le Jugement dernier du Camposanto de Pis24 fig l analyse des rapports de force entrele Christ-Juge et Satan doit prendre en compte le rapport chelle nettement avantage de Satan la position plus haute du Christ plus eminentesymboliquement mais assurant Satan une plus grande proximit physiqueavec le spectateur) la localisation de Satan sur axe mdian de la zone infernale par opposition au dcalage latral du Christ faisant place ses ctssa mre

autres aspects qui pourraient paratre encore plus spcifiquementformels jouent un rle trs important dans la signification de uvre

est e cas de la couleur qui outre sa valeur esthtique se prte des significations symboliques ainsi des types de fonctionnement proprementsyntaxiques diffrenciations rapprochements oppositions entre les personnages 25 On pense aussi au vtement domaine privilgi u n e tude stylistique chre aux historiens de art Pourtant l encore on doit soulignerimbrication entre les formes et la signification uvre dans image Sansparler de aspect proprement dclaratif du vtement habit royal noble clrical paysan...) sa mise en uvre formelle introduit des lments signifiants

rgularit/dsordre stabilit/dynamisme positif/agitation ngative

20 J. C BONNEart roman de face et de profil Le tympan de Conques Paris 1984p.18-22

21 Sur tout ceci voir notamment SCHAPIRO Sur quelquesproblmes de smiotique deart visuel champ et vhicule dans les signesiconiques repris dans Style artiste et socitParis 1982 pp 7 32 et J. C BONNEart roman op cit

22 est le cas en particulierde la nue DAMISCHThorie du nuage Pour une histoirede la peinture Paris 1972 On pensegalement aux dispositifs centr ssur le motif de la portequi dans Annonciation mettent en jeu la problmatique de entre-deux de la jonction-sparation du franchissementqui est au ur de la scne cf notamment MARIN Annoncia-tions toscanes repris dans Opacit de la peinture Essaissur la reprsentationau QuattrocentoParis 1989 pp 125-163

23 SCHAPIROWords and Pictures Paris-La Haye 1973 notammentpp 36 49 pouropposition frontalit/profil/trois quarts

24 Je me permets de renvoyer Les justicesde au-del Les reprsentationsde enfer enFranceet en Italie xir-xve sicle BEFAR 279 Rome 1993 eh

25 PASTOUREAUCouleurs images symboles Paris s.d

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FIG Pise Camposanto fresques de Buonamic

et peut aussi marquer une hirarchie entre des figures dont les vtementssont plus ou moins travaills plus ou moins orns

propos du Couronnement de la Vierge Enguerrand Quarton 1453) unproblme souvent pos est celui de identification respective du Pre et du Filsds lors ils se caractrisent par une ressemblance physique absolue unestricte identit de geste et une rigoureuse symtrie de disposition26 fig 2

26 Sur cette uvre conserve au Musede Villeneuve-ls-Avignonvoir notamment tudesvauclusiennes XXIV-XXV1980-1981et et LE PICH Le mystre duCouronnement dela Vierge Paris 1982

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ffalmacco Jugement dernier et enfer ca 1330-1340

Tous deux concourent galement acte de couronnement de Marie tandisque la colombe touchant de la mme manire leurs bouches manifeste laprocession de Esprit ptre filioque On identifie parfois le Fils par rfrence iconographie traditionnelle de la Trinit qui suivant le Psaume 109place le Fils la droite du Pre Mais cet argument es t pas sans faille27

27 La dispositionde part et autre un personnage mdian la Vierge pourrait faire prfrer un autre systmede rpartition la place la plus eminente celle qui devrait tre assigne

au Pre se trouvant la droitedu personnage mdian sur la concurrence de ces deux systmes de disposition cf SCHAPIRO Sur quelques problmes art cit 22

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Illustration non autorise la diffusion

IMAGES DI VALES

FIG Enguerrand QUARTON Couronnementde la Vierge Musede Villeneuve-ls-Avignon 1453)

Deux lments concernant le vtement permettent de formuler une hypothse identification On remarque abord un pan du manteau du personnage de droite pour nous recouvre nettement le corps de la Vierge cequi e s t pas le cas de autre ct Le fait que ce pli vienne la fois pointerle ventre de Marie et effleurer axe mdian du retable se rfre doublement

engendrement incarnationnel et par consquent la diffrence entre le

Pre et le Fils identification e s t pas pour autant assure on peut soutenir que es t le manteau du Fils qui pointe ainsi le ventre o celui-ci va

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incarner mais on peut prfrer indiquer que le recouvrement par le manteau suggre le pouvoir engendrement par le Pre virtus Altissimi obum-brabit tibi Le 135 autre part la bordure orne du vtement dupersonnage de gauche cre une puissante ligne verticale qui le distingue fortement de son vis--vis pour qui ouverture du manteau souligne plutt unaxe horizontal Cette ligne verticale qui fait cho la croix qui occupe axemdian de image peut tre mise en relation avec le destin incarnationneldu Fils et son rle de mdiation entre le ciel et la terre Sur la base de cesdeux observations on tendrait donc confirmer la position du Fils ladroite du Pre si ce tait les rserves dont on fera tat plus loin)

On ne saurait pour autant prtendre que tout dans les formes fait senssoit smantiquement soit syntaxiquement Reste une part ornementaledont la fonction dcorative et esthtique concourt la cohrence et lapuissance visuelle de uvre et par consquent la rend efficace28 Encore

faut-il prciserque

les aspects ornementaux ne peuvent tre entirementtenus cart de approche iconographique29 La limite entre iconographique et ornementalit pure ne peut tre tablie de fa on rigide30 onadmettra plutt que ce champ est par excellence celui des significations

flottantes Selon les uvres et les spectateurs) le sens fixe avec plusou moins vidence Il reste souvent virtuel allusif voire facultatif Lareprsentation u n e bte sauvage dans un dcor roman peut suggrer unelecture morale la puissance hostile du mal) mais elle autorise aussi le spectateur ne retenir que effet de la seule confrontation avec un animal mena

ant En tout cas ensemble des lments indiqus ici tend la sphre de lasignification au-del des limites troites o n ui assigne parfois et assu

rment bien au-del de ce on appelle souvent le sujet iconographique

Sens multiples sens incertains

II es t gure besoin insister sur la capacit des images condenser dessignifications multiples31 On se contentera de rappeler la critique que JeanWirth adresse Panofsky confront avec le tableau de Francesco Maffeila conjonction exceptionnelle de deux attributs pe et le plat et soucieuxde trancher le dilemme Judith ou Salom32 Jean Wirth pertinemmentpropos la notion hybridation iconographique et montr i l onvenait

28 Sur ornemental comme catgorie transversalede art voir le livre paratre de J. CBONNEet dj De ornemental dans art mdival dans image Fonctionset usages desimages... op cit

29 Voir ici mme article de J. C BONNEainsique sestudes sur lesmodalits particuliresomniprsence du cruciformeet du trinitaire dans les pages tapis desmanuscritsinsulaires duHaut Moyen Age uds criture le fragment de vangliaire de Durham dansDUMCHENet NERLICHds Texte-Image Bild-Text Berlin 1990 pp 85-105

30 On devra en particulierse garder des deux extrmes soit limiter analyse de ces lments animaux vgtaux gomtriques au dcodage un sens symbolique dtermin envertu un code suppos fixe soit liminer touteperspectivesmantique sous prtexte onest dans le registre de ornemental

31 Sur le parallle entre le fonctionnementdu sens dans image et dans le rve cf notamment DiDi-HuBERMANDevantimage op cit. ch et J. C BONNE Entre ambigutet

ambivalence Problmatique de la sculptureromane La part de il 1992 pp 147-16432 Essaisiconologie op cit. pp 26-27

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de voir dans cette uvre une Judith-Salome33 a r t mdival apporte denombreux cas de figures ambivalentes associant plusieurs identits Abraham et Dieu le Pre par exemple ou plusieurs types identit le type gnrique de ermite et en mme temps tel personnage historique 34 De mmeimage peut tre ambivalente associant des significations contradictoires35

Loin t re un handicap cette capacit joindre des sens multiples rendimage apte mettre en uvre des aspects importants de la pense mdivale dont la propension associative se manifeste notamment dans les lienstypologiques tablis entre Ancien et Nouveau Testaments ou dans la stratification des lectures littrales et allgoriques de criture Habitus par exgse multiplier les sens acceptables pour un texte donn les clercs peuventtre aisment ports pratiquer avec les images le mme type enchanement des significations En tant que pense de ambivalence image faitvolontiers jouer les paradoxes fondamentaux du christianisme et tout particulirement la jonction de humain et du divin que ralise Incarnation36 Demme en ce qui concerne les reprsentations de la Crucifixion plutt quetablir une typologie distinguant les images du Christ glorieux et celle duChrist souffrant il agit associer selon des modalits diffrentes et historiquement variables ces deux aspects la souffrance et la mort u n e partla victoire sur la mort de autre37

ct de ambivalence il faut faire place ambigut38 Dans les deuxcas on renonce trancher mais soit pour faire valoir la force affirme duparadoxe soit parce que on demeure en-de dans incertitude Le sensque on extrait des formes est vacillant on ne sait pas toujours si on bienvu ce i l avait voir ni mme ce que on voit o importance des

descriptions39 La longueur de celles-ci et leur lourdeur presque oblige est le prix payer pour oprer le difficile passage du voir au dire

33 WIRTHLimagemdivale Naissanceet dveloppements-XV icles Paris 1989pp 16-17

34 Un des exemples les plus remarquables t rcemmentproduit par Herbert Kessleranalysant nigmatique figure du frontispicede la Biblede Grandval comme une combinaisonde MosesaintPaul et Jean vangliste et en mme temps comme personnificationde criture dans sa totalit KESSLER Facis bibliothecae revelataCarolingian Art as SpiritualSeeing Testo immagine op cit. Spolte pp 533-594

35 Voir analyse de la posture du Christ au tympan de la cathdrale Autun la foisdebout et assis se levantet asseyant afin de signifier le lien entre son Ascension et sonretourlors du Jugement dernier J. C BONNE Entre ambigutet ambivalence art cit36 De mme antithse humiliation/exaltation abaissement/lvationest souvent mise enjeu par iconographie du Christ on renvoie Lieu sacr lieu images Les fresquesde Bominaco Abruzzes 1263 Thmes parcours fonctions Paris-Rome 1991 pp 146-149

37 Cf les remarques de SINDING-LARSENIconographyand Ritual Study ofAnalyticalPerspectivesOslo 1984 45 Voir aussi analyse de Virnagapietatis comme image paradoxaledu Christmort vivantpar BELTINGDasBild und sein Publikum im MittelalterBerlin 1981

38 Tandis que ambivalence associe deux significations et logique ambigut signaleimpossibilit de choisir entreelles ou logique cf J. C BONNE Entre ambigutetambivalence art cit

39 La descriptionest une phase dcisivedu travail emble problmatique comme bienmis en vidence Panofsky dans un texte de 1931quitranscende puissammentles distinctionset les rglesi l tablies par la suite Contributionau problme de la descriptionoeuvres

appartenant aux arts plastiques et celui de interprtation de leur contenu dans La perspective commeforme symbolique trad frse Paris 1975 pp 235 255et particulirement 252

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Ainsi analyse des figures tnnitaires dans le retable Quarton conserve-t-elle un caractre hypothse mme si elle peut tre taye par la prsence de jeux comparables dans autres uvres Mais incertitude est icimoins expression u n e faiblesse de analyse que la marque de ambigutconstitutive de uvre40 En effet il est propre au mystre trinitaire que oninterroge sur la distinction du Pre et du Fils Le traitement des figures etdu vtement permet associer similitude galit essence et diffrencela distinction des personnes) ce qui est expression mme du paradoxe trinitaire Plus prcisment la puissance particulire du retable de Villeneuve-ls-Avignon tient sa capacit signifier tout la fois la diffrence du Preet du Fils et mme enjeu de cette diffrence engendrement et leuridentit au point que on es t pas certain de pouvoir les identifier

Enfin autant il faut admettre que ambigut et incertitude sont constitutives des modes expression visuelle autant on cherchera se garder

u n e rhtorique qui usant et abusant de cet argument autoriserait produire propos une uvre tous les noncs et leurs contraires Parmi lesdilemmes auxquels confronte uvre certains peuvent et doivent tretranchs toutes les ambiguts ne sont pas bonnes prendre et certainesdoivent tre tenues pour trangres image considre

Sens structural/sens per

Intgrer une problmatique de la rception largit encore le champ designifications que mobilise analyse u n e uvre Sa mise en uvre pourart mdival est dlicate surtout si on vise les spectateurs empiriquesO Quand Qui Comment plutt que le spectateur idal la fa ondont uvre organise objectivement sa propre perception Bien souventanalyse de la localisation originelle de image permettant de reconstituer idalement sa destination prvue est le seul lment dont le mdiviste dispose pour engager une rflexion sur la rception de uvre41 Ellene dpasse gnralement pas le stade hypothses qui pour rester assezgnrales en sont pas moins indispensables On soulignera notammentque le sens de uvre est ici dpendant du temps de sa rception et enparticulier du moment liturgique ou rituel qui lui confre un sens particulier42

En ce qui concerne les publics de uvre on doit supposer une gradation de lectures plus ou moins savantes plus ou moins htrognes On esten droit de poser pour le Moyen Age quelques distinctions simples quirecoupent en fait des gammes de situations largement continues literatiilliterati culture clricale/culture laque clercs savants/clercs peu instruitsaristocratie/paysannerie/milieux urbains... Suger indiquait que les allgories les plus subtiles des vitraux de Saint-Denis taient accessibles aux

40 Sur la part indcidablequi infinitiseanalyse cf J. C BONNE Entre ambigut etambivalence art cit 164

41 Sur la ncessit de tude des images en leur lieu cf Lieu sacr lieu images op cit42 Cf SINDING-LARSENIconographyand Ritual op cit. 36 et ses tudes sur San

Marco de Venise notamment Categorization of Images in Ritual and LiturgicalContextsdans image Fonctionset usages des images... op cit

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IMAGESMEDIEVALES

esprits les plus lettrs Il est vident que la rception commune demeuraiten-de des potentialits de signification des images mme il ne faut pasminimiser dans ce cas la perception de sens massifs essentiels articulseffet esthtique puissant des uvres)

Surtout on soulignera que la problmatique de la rception prsentedeux dangers inverses un ct elle ne saurait tre mene seule sans quoion limiterait la sphre de interprtation iconographique aux perceptionsmdivales supposes43 Or la vise du sens structural de uvre possde ensoi une pertinence historique indpendamment tant du sens intentionnelvoulu par artiste et les commanditaires que du sens per par ses destinataires Aucune dmarche historique ne saurait limiter son objet laconscience que les acteurs ont pu avoir du sens de leurs actes ou de leursreprsentations De autre ct on risque tendre excs la significationde uvre Ainsi dans son analyse du trumeau de Souillac Camille tente

de reconstituer cho que les animaux entrelacs qui le composent pouvaient susciter auprs des publics de uvre rpartis en deux catgories lesmoines de abbaye et les lacs 44 Pour ce faire il explore au sein descultures clricales et laques toutes les significations possibles des motifsconcerns la bouche la dvoration animal Il dessine ainsi ce on peutdfinir comme la caisse de rsonance de uvre Mais on regrettera quecelle-ci soit taille de fa on un peu large En effet analyse dissocie les lments constitutifs du trumeau sans considrer sa structure ensemble Bienune telle lecture parcellaire ne soit pas exclue la prise en compte desrelations entre les lments constituants conduirait resserrer le champ dessignifications ouvertes par uvre

Aussi prfre-t-on dfinir des cercles concentriques de significationorganiss autour du sens structural dont lucidation suppose une interprtation globale de uvre tandis que les sens per us peuvent loigner progressivement de ce noyau en fonction tant de la culture du spectateur quedu mode de consommation de uvre qui peut en effet conduire rendreplus lches les liens structuraux une sorte de rverie libre partirde motifs isols45

Sens/effet de uvre

uvre ne transmet pas seulement une signification dcrypter elleproduit aussi un effet Cette dimension doit tre intgre dans approcheiconographique tant il est vrai que la signification se donne travers effetproduit par uvre Par les vertus formelles o n ui prte et on peutregrouper sous le nom de beaut) uvre tonne impressionne captive

43 Voir supra note 17 propos de analyse de Cassidy44 CAMILLE Mouths and Meanings Towards an Anti-Iconography of MedievalArt

dans CASSIDYd Iconographyat the Crossroads op cit. pp 43-5745 On admettraaussi la possibilit une lecture subversive laquelle Camille fait judi

cieusement sa place Le champde significationsde uvre tout en tant dlimit est donc parcouru de tensions voirede contradictions entre le sens structural et le sensper lectures fau

tives parodiques ou subversives ou entre le sens intentionnelet le sens structural ltensionentre le souhait descommanditaires et le rsultat produit par les artistes

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fascine46 effet esthtique concerne tout la fois des uvres ornementalesdes uvres figuratives mais per ues dans leur fonction dcorative le fastedcoratif du Palais des papes Avignon apparat sans mme tenir comptede iconographie des peintures comme une revendication de pouvoir 47 ouencore des aspects thmatiques on ne saurait analyser la figure du Christ duportail de Moissac sans souligner effet de puissance attach au Roi clesteet le rapport de domination i l agissait tablir avec les tmoins de

uvre effet esthtique est bien souvent un rapport de pouvoirautre part il faut tenir compte des modalits particulires par les

quelles le sens se donne dans image On dj insist sur une gamme demodalits allant de incertain allusif de ambigu au potentiel Si imagemet en jeu moins un sens tabli fix un ravail du sens un sens qui l abore dans sa mise en uvre alors elle exige en retour de son destinataire untravail plus complexe et souvent plus long une imple lecture u n

simple dcodage uvre la fois ouverte et captivante cre un effetappel Elle se fait agent des pratiques de mditation dans des milieuxmonastiques puis parmi les lacs avec le dveloppement des LivresHeures la fin du Moyen Age Jouant de sens cachs ou du moins insaisissables image est apte crer une structure de mystre participant pleinement exprience religieuse Ds lors le but de la recherche est moinstablir le sens de image que de montrer comment celui-ci se drobe pourmieux entraner le spectateur dans une qute infinie48 Il ne agit plus alorsde rsoudre nigme des images mais de penser le mystre et la fascinationcomme part intgrante du fonctionnement de image

Comment ds lors dfinir iconographique en intgrant tous lesaspects ci-dessus analyss et sans dlimiter rigidement ses frontires Onpeut avancer que iconographique pour objet propre la mise en uvreplastique de sens ou plutt sa mise en jeu avec tout ce que suggre cetteexpression Bien loin de se limiter la reconnaissance du sujet deimage iconographique intgre les interactions entre sens et formes finalement elle prend en compte uvre dans sa totalit tout en axant sa perspective mthodologique sur les aspects thmatiques49 tude de ces

46 Cf SCHAPIRO On the Aesthetic Attitude in RomanesqueArt repris dans Romanesque Art Londres 1977 pp 1-2747 CASTELNUOVOUn pittore italianoallacorte di Avignone MatteoGiovannein la pit

tura Provenga nel secolo XIV2e d. Turin 1991 Pour la fonctionpolitique de ornementalcf J. C BONNE De ornemental art cit

48 Voir analyse des pages tapis des m anuscrits irlandaisen rapport avec la notionde ruminatio monastique par J. C BONNE De ornemental art cit Deux exemples de ces structures de mystreont t superbementanalyss par DIDI-HUBERMANFra Angelico Dissemblance et figuration Paris 1990 et par HAMBURGERTh RothschildCanticles Art andMysticismin Flandersand the Rhineland circa 1300 Yale 1990

49 Il une certaine difficult terminologique pour dsignerobjet de iconographiqueOutre sujet dj voqu on excluera contenu qui dans son acception courante laisseentendreune relationaccidentelle entre le contenu et son enveloppe formelle alors i l gitde penser interpntration entre forme et sens Par ailleurs ce terme re dans les traductionsdes textes de Panofskyune porte trs large Le contenu par opposition au sujettrait

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IIVIAGES DI VALES

derniers impose une analyse aussi attentive que possible des modalits plastiques de leur expression sans oublier que image admet surdterminationambivalence ambigut et entretient une permanente tension entre le senset la vacillation du sens Enfin iconographique de pertinence articuler approche thmatique et tous les aspects qui concourent inscrire

uvre dans son environnement commande pratiques fonctions effetsrception est au prix de ces largissements de perspective que on peutesprer rendre compte de aspect iconographique qui est une des dimensions essentielles des arts visuels au Moyen Age et ainsi associer lacomprhension historique des socits de ce temps

iconographie srielle ou le faux quantitatif

Aprs avoir dfini objet de iconographique on abordera un aspectmthodologique dterminant la ncessit u n e approche srielle Afin deprciser de quel type de srialit relvent les images mdivales il importeau pralable de se dfaire du prjug selon lequel on serait en prsence unart strotyp presque fig reproduisant docilement la doctrine de gliseOn soutiendra au contraire sans il oit pour cela ncessaire de discuterdu statut des artistes et de leur ventuelle originalit cratrice personnelleque le Moyen Age occidental surtout partir du 9e et plus nettementencore du 11e sicle est une priode de libert particulirement grande pourles images et de profusion iconographique exceptionnellement intense50approche srielle devra tre con ue en relation avec la reconnaissance de

cette extrme inventivitInventivit de art mdival

La conception un art strotyp dogmatique paule par la vieilleide de image comme bible des illettrs correspond tout particulirementla vision transmise par Mle51 Pour ce dernier ar t soumis glise etau dogme traduit la pense des docteurs reproduit tout ce que les

peut tre dcrit selon les termesde Pierce comme that which work betrays but does notparade est la mentalitde base une nation une priode une classe. uvre artet ses significations 41 Le contenu ou significationintrinsque rvledonc la valeursymbolique de uvre qui est objet de iconologie Essaisiconologie 28 par oppositionau sujet analys par iconographie Mais comme on dit on renonce la distinctionpropose par Panofsky et la dmarche iconographiquene peutadmettreune dualitobjet tellequesujet/contenu On parlera plus volontiersdu sens entendu dans optique large dfinie iciregroupant les aspects thmatiques et leur mise en uvre

50 Voir BERLINER The Freedom of MedievalArt dans Gazettedes Beaux-Arts28 1945 pp 263 288Tout en partageant certaines analysesde NEES The OriginalityofEarly Medieval Artists dans Literacy Politics and Artistic Innovationin the Early MedievalWest CHAZELLEd. New York-Londres UniversityPressof America 1994pp 77-109on prfre ici dissocier la question du statut des artistes trs diffrent au Moyen Age de cei l st dans les sicles ultrieurs et celle de la libert de art ou des images analysesrielle que on propose ici invite dpasser la notionoriginalit de artiste et lui prfrercelle inventivit des uvres saisies au sein une gammede variations

51 Pour la critique de cette notion je renvoie image-objet Limage Fonctionsetusages des images... op cit

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BASCHET INVENTIVITE ETSERIALITE

thologiens les encyclopdistes les interprtes de la Bible ont dit essentiel52 Expression u n e pense structure encyclopdique art enparticulier celui du 13e sicle constitue un ensemble unifi il repose surusage u n langage codifi normatif conventionnel53 Il est donc possibleen traiter comme u n e ralit homogne nous le considrons commeun tout vivant un ensemble achev 54 a r t exprime le discours de gliseet est pourquoi il est possible de tenir un discours sur art de cette poque

Dans image mdivale Jean Wirth reformul de fa on neuve et stimulante le projet Mle u n e saisie globale de art et de iconographiedu Moyen Age55 Concernant la question du caractre codifi de art mdival sa position est ambigu un ct il souligne que iconographie e s tpas le dcalque de la thologie et peut mme la contredire Il traque avecprdilection tout ce qui dborde des types iconographiques courants leshybridations les traits originaux et mme inconvenance et souligne laprodigieuse inventivit de art religieux 56 Pourtant hypothse centrale deson livre attribuant un caractre logique image rintroduit des caractresde codification et de systmaticit qui autorisent parler de image mdivale au singulier 57 Il est significatif que Wirth reprenne pour souligner lecaractre logique de iconographie exemple des nimbes dj invoqu par

Mle58 Sans doute en complique-t-il la prsentation mais il demeure ilsurestime le caractre logique et systmatique du fonctionnement du nimbedans art mdival ngligence de certaines formes ni circulaires ni carresou encore des degrs ornementation et surtout non-prise en compte dufonctionnement syntaxique du nimbe 59 Aussi tout en partageant ideune extrme inventivit de art mdival on prfrera attribuer ce der

nier un degr de systmaticit moindre ce qui conduit faire le constat u n ediversit plus considrable encore que ne le suggre Wirth60Mais es t -ce qui autorise cette libert de ar t ds lors que on

oublie nullement le rle des commanditaires et plus largement le fait que

52 LE art religieuxdu xme sicle op cit. 13 et 351 Ici comme partout ailleurs les artistes du 13esicle furent les interprtesdociles des thologiens

53 art mdival criture sacre se rapproche du fonctionnementdu langage verbalses signes sont de vritableshiroglyphes art et criture se confondent ibid 31

54 Ibid. 15 Ceci se traduit dans tude concrte par exemple lorsque Mle traite deEnfance du Christ comme i l existait un cycletype reproduit identique dans toutes les

uvres 35355 WIRTH image mdivale op cit. pp 18-2356 Ibid. 2057 Pour une critiquede cette conception et en particulier des rfrences la logique cf

J. C BONNE la recherchedes imagesmdivales AnnalesESC 1991 pp 353-37358 WIRTHop cit. pp 23 25 LE op cit. 3059 Ainsi aspect syntaxiqueconduit trs souvent rserver le nimbepour le personnage

principal comme le Christ et exclure pour les autres les aptres notamment sans i l oitpour autant question de remettre en cause la saintet de ces derniers exemples dans lesmosaquesde Monreale Dans certaines uvres un mme personnage apparaissant plusieursfois peut tre selon les cas nimb ounon Un traitement exhaustifde la figurationdes nimbesmontrerait quel point il est difficile de rduire les images mme sur un point aussi lmentaire une codificationstricte et homogne

60 analyse des reprsentationsde me fournit un autre exemple o le dsir de systmati

cit conduit rduire iconographie des codes beaucoup trop simplifis cf WIRTHapparition du surnatureldansart du Moyen Age dans Limageet la productiondu sacr

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glise fait peser sur la socit une domination idologique puissante Sansmme parler de intervention des commanditaires laques il importe de souligner que glise mdivale es t pas un corps homogne mais elle estau contraire comme la socit tout entire parcourue de tensions et animede contradictions parfois intenses La doctrine es t pas davantage une Ellevolue fait objet de dbats donne lieu des conflits compris au sein deorthodoxie Immacule Conception Pauvret... Elle se module depuis lahaute spculation des thologiens u x uvres de divulgation en passant par ses mises en actes liturgiques et thtrales ou encore ses expressionsdvotionnelles et mystiques Les discours clricaux intgrent des traditionsabord trangres la doctrine qui peuvent ensuite en faire pleinement partie ou rester marginales apocryphes lgendes conceptions folkloriques...)

au t re part Occident mdival la diffrence du domaine byzantin61 se caractrise par une faible intervention normative des clercs dans ledomaine

des images Du moins est-ce le cas aprs lafin

de laQuerelle

desimages62 et exception de quelques tendances limitatives par exemplechez saint Bernard Certes les clercs rappellent en particulier dans les traits liturgiques les fonctions des images et voquent parfois certaines significations des thmes principaux63 Mais du moins u 5e sicle raressont les interventions visant fixer corriger ou condamner des modes dereprsentations De fait on constate une mobilit figurative dont lecontraste avec la stabilit beaucoup plus grande des formules dans artbyzantin est saisissant Cette libert de art en vient mme tre admisethoriquement comme en tmoignent les reprises du Dictum Horalunotamment dans le Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand64

Enfin les attitudes critiques de quelques clercs condamnant certainstypes iconographiques illustrent contrario existence de cette marge deman uvre de la cration figurative Elles montrent que les images oprentparfois sur les franges de orthodoxie crant des reprsentations qui tanttapparaissent licites et tantt inadmissibles Parmi autres exemples on rappellera intervention Antonin de Florence contre les Annonciations montrant enfant Jsus dj form descendant vers la Vierge ou encore cellede Gerson condamnant les statues des Vierges ouvrantes65 Mais pour le

DUNANDJ. M SPIESER WIRTHeds Paris 1991 pp 139-164 et mes remarques dansAnima dans Enciclopediaa r t e medievale Rome 1991 pp 804-81561 Voir ici mme article de BARBU62 Christe soulign que les choixoccidentaux inspirs parles milieux carolingiensont

permis de librer art chrtien occidental de trop fortes contraintes doctrinales cfmergence une thorie de image dans le prolongementde Rm 120 du ixe au xi sicle

en Occident dans Nice II op cit. 30463 Cf Introduction image-objet art cit64 Pictoribusatque poetis Quidiibet audendi semperfuit aequapotestas cf CHASTEL

Le Dictum Horatii quidlibet audendi potestas et les artistes xii -xv sicle repris dansFables formes figures Paris 1978 pp 363-376 Outre la formule horatienne GuillaumeDurand indique que les peintres reprsententles scnesbibliques leur convenance Sedet divers hystoriaetam novi quam veteris testamentipro vol ntate pictorumdepinguntur citpar CHASTEL 366

65 On ne peut dvelopper ici ni analyse de ces imagesni celledes protestationsellessuscitent Sur le premier exemple voir les remarques on ne partage pas entirement de


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BASCHET INVENTIVIT ET RIALIT

Moyen Age de telles critiques constituent des points de vue certes eminents mais qui ont pas force de dcision officielle doctrinale ou disciplinaire66

Plus largement es t analyse des thmes iconographiques qui doit fonder ide u n e inventivit de art mdival comme on le verra plus loinDe nombreux thmes iconographiques on t pas proprement parlerquivalent textuel Ainsi arbre de Jesse certes des sources scripturairesqui lgitiment cette figuration Isae 11 Mais image constitue une laboration originale synthtique assurant une prsence massive une mise enjeu spcifique et visuellement puissante un nonc relatif la filiation duRdempteur aux rapports entre humain et le divin et au rle tient

glise67 Autre exemple les types trinitaires dans leur varit illustrentquel point la complexit et les contradictions de la doctrine chrtienneouvrent largement le spectre des possibilits figuratives68

Ainsi loin du constat u n art homogne dcalque passif de la doctrinede glise la vitalit et le dynamisme de la pense chrtienne au sein u n esocit complexe permettent le dploiement des ressources du langage figuratif dans ses spcificits et confrent la cration visuelle une large margede man uvre e s t en relation troite avec cette puissante inventivit ilconvient de concevoir analyse srielle

Les types de sries

analyse iconographique ne saurait se fonder sur des images isoles ilest vrai que les images pensent on doit ajouter qu elles se pensent entre

elles 69 tude srielle est par consquent une ncessit ne serait-ce queparce que la connaissance des sries est la condition de apprentissage duvoir de cette difficile conversion du regard dont parle Pacht70 Laconfrontation des images u n e mme srie est indispensable analyse dela signification de chacune e l les tant il est vrai il de sens que pardiffrence ou plutt dans une dialectique des rgularits et des carts71Enfin une part importante de la signification u n e uvre se trouve dans

WIRTH apparition du surnaturel art cit pp 14 8 152 Surles Vierges ouvrantes cfRADLERDie Schreinmadonna Vierge ouvrante Francfort 1990

66 Il en ira autrement partir du concile de Trente lorsque le contrle clricalsur lesimages se renforce nettement Voirpar la suite la dcision normative de Benot XIV enmatireiconographie trinitaire BOESPFLUGDieu dans art Paris 1984

67 Sur ce thme cf GUERREAU-JALABERTarbre de Jesse et ordre ecclsiastiquede la parent paratre

68 Cf par exemple BOESPFLUGet ZALUSKA Le dogme trinitaire et essor de soniconographie en Occident de poque carolingienne au IVe concile de Latran dans CahiersdeCivilisationmdivale 37 1994 pp 181-240 et HAMBURGERThe RothschildCanticles opcit

69 DAMISCH La peinture prise au mot art cit 289 reprenant ici la formuledeVI-STRAUSSconcernantles mythes

70 Cf supra note 1471 Sur ce modle de la connaissance inspir par la linguistique cf VI-STRAUSS

l

ndique que objet de ethnologie est moins les socits elles-mmes que les cartsdiffrentiels entre elles Anthropologiestructurale 1957) Paris 1974 384

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IMAGES DI VALES

son rapport avec autres ou pour le dire avec Damisch ce qui importeest moins ce une uvre ar t reprsente que ce elle transforme 72

Sous le nom de srie on dsigne trois types objets bien distincts etrelevant chacun de problmatiques spcifiques rseau images associes ausein u n e mme uvre corpus construit par le chercheur et enfin hyper-thmes Concernant le premier type de srie il faut rappeler que les imagesmdivales se prsentent rarement de manire isole comme peut tre untableau elles inscrivent gnralement dans un lieu ou un objet au seinduquel se forme un complexe images Les monuments orns de cyclespeints ou sculpts constituent des lieux images dans lesquels la dispositionspatiale permet la fois de dployer des rgularits narratives de penser desassociations thmatiques entre les scnes et de nouer des relations entre lesimages et leurs lieux inscription per us tant dans leur valeur symboliqueque dans leur fonction liturgique 73 Dans la srie des miniatures et deslettres qui ornent un manuscrit le sens ne peut se construire traversanalyse des constantes et des singularits des chos entre les images desprocessus de transformations qui accompagnent la lecture du livre Bien quece type analyse soit u n e importance considrable on ne attarderagure ici ds lors que des tudes exemplaires peuvent servir de rfrence74

On insistera surtout sur le second type de sries ct des rseaux imagesconstitus par uvre historien doit aussi construire des sries images appartenant des objets diffrents dans des lieux et des temps dlimits de fa onprcise est du reste une dmarche constitutive de histoire de art classique centre sur les phnomnes stylistiques Pacht insist sur le caractre gntique de histoire de ar t qui vise inscrire chaque uvre dans le

processus du devenir des formes artistiques Elle doit donc construire dessries gnalogiques au sein desquelles chaque uvre trouve sa place etson sens75 Toutefois on admettra que la recherche de modles largement pratique par histoire de ar t est souvent fourvoye en particulier

ll pense la production figurative de fa on passive en termeinfluence Cette dmarche obnubile par la recherche des similitudes

conduit gnralement ngliger les diffrences entre uvre et ses antcdents alors que celles-ci sont au moins aussi importantes que les pointscommuns On interdit ainsi de saisir le processus de transformation quidoit tre au ur de approche srielle

On ne saurait pour autant oublier que art mdival et plus largement laculture mdivale fonctionne sur la reconnaissance u n e forte valeur de

72 DAMISCHLe Jugement deParis op cit. 16873 Je me permets de renvoyer Lieu sacr lieu images op cit74 Troisexemples remarquables suffiront suggrerque analyse une srie de miniatures

doit tre adapte chaque cas spcifique KESSLERlabore propos de la PremireBiblede Charlesle Chauve un modle particulirementsubtil de fonctionnementdu manuscrit o setissent des relationscomplexes entre les miniatures quile composent cf notamment Facisbibliothecae revelata. art cit est un cas de mtamorphosergle et de progressionsrielle que prsente HAMBURGERTh RothschildCanticles op cit Enfin J. C SCHMITTtudie dans le Dcret de Gratien les variations de situations judiciaires trs proches quiconstruisent lafigure du Droit Le miroir du canoniste Lesimageset le textedans un manus

crit mdival AnnalesESC 1993no

pp 1471-149575 PACHTQuestions de mthode op cit. notamment 163

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traditionnalit Le prestige une uvre dpend souvent de sa rvrencegard u n prototype vnrable ce qui empche pas artiste de adapterde le transformer sous couvert de cette marque hommage Herbert Kesslerbien soulign que cette traditionnalit de art devait tre pense non sous lacatgorie passive de modle mais par rfrence la notion active de citation soit une forme intertextualit)76 Il importe en outre analyser enjeude telles citations77 la rfrence une tradition peut ainsi porter une valeuridologique constituer une revendication politique ainsi la reprise par les roisnormands de modles byzantins impriaux 78 indiquer une dpendance institutionnelle comme la diffusion de modles romains 79 ou un dsir de rformespirituelle et ecclsiologique travers la citation de modles palochrtiens 80

Construire une srie

Si approche srielle concerne galement les aspects stylistiques ou formels est surtout aux sries thmatiques o n intressera ici et enparticulier celles qui prsentent une amplitude quantitative remarquable81Dans les conditions actuelles de la recherche construire des sries rassemblant la totalit des sources conserves est une tche inaccessible Aboutirau rsultat le plus satisfaisant possible demande un investissement en tem pset parfois en argent considrable En dpit instruments prcieux au premier rang desquels indispensable Index of Christian Art de Princeton tatactuel des outils de recherches documentaires trs insatisfaisant malgr lesprogrs accomplis limite malheureusement la porte de la dmarchesrielle On ne peut insister sur la ncessit acclrer la ralisationoutils dont la recherche besoin et que les techniques modernes permettent de produire corpus et catalogues banques images sur vidodisques et CD-Rom82 Outre leur vertu premire de recherche documentaire ces outils permettant un accs rapide aux images concernes

76 KESSLER The State of MedievalArt History The Art Bulletin 701988 notamment p.176

77 On tiendracomptede la gradationexistantentre des uvresplus fortes plusinnovativeset autres plus imprgnesde formules tablies parfois produitesde fa on rptitive maisadmettant nanmoins des variationsinfimes et rarement analysables comme simple reproduction

78 KiTziNGER The Gregorian Reformand the Visual Art Problem of Methoddans Transaction of the Royal Historical SocietyXXII 1972 pp 87-10279 KESSLER The State art cit pp 176-178

80 TouBERT Le renouveau palochrtien Rome au dbutdu xi sicle repris dansUn art dirig Rforme grgorienneet iconographie Paris 1990 pp 239-310

81 autres sries pour tre plus restreintes en sont pas moins dignes intrt Ainsidans Le Jugement deParis op cit. Damisch suit travers une srie uvres exceptionnelles les mtamorphoses un modle de Antiquit Picasso en passant par Raphalet Manet Il dfinit son objet comme tresse plutt que comme srie pour en souligner lecaractre imbriqu excluant tout principe explication linaire 221 Si on peutreprendre avecprofit cettenotion il faut noter que le cas tudiest assezdiffrent de ce que lesimagesmdivales nous donnent gnralementtravailler une srie de chefs-d uvre qui sepensentles uns les autres et non un ample corpusobjets prsentantentre eux une gamme derelationsbeaucoup plus varies

82 On renvoie Les vidodisquesdes manuscritsde la Bibliothque vaticane et la ralisation une base de donnes iconographique Arte medievale VI 1992 pp 199-205

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IIVIAGES DI VALES

favorisent les rapprochements les confrontations et les croisements entre tousles fils de cet cheveau que constitue la production visuelle mdivale Ils sontles vecteurs privilgis de approche srielle ils la servent et encouragent

Construire une srie images suppose donc de rassembler par tous lesmoyens disponibles un corpus aussi exhaustif que possible Une tude iconographique qui ne reposerait pas sur la prise en compte du plus grand nombre

uvres pertinentes accessiblesserait sinon illgitime du moins fragile Maisconstruire une srie est ensuite rebours dissocier fragmenter la masse desdocuments obtenus Car le corpus rassembl est constitu lments fortement htrognes qui ne se laissent pas traiter au sein u n ensemble unifiAinsi la distinction par support manuscrits enlumins sculpture peinturemurale vitrail orfvrerie... impose car chaque technique possde ses rgleset ses procds formels propres jouant de la valeur et des possibilits plastiques des matriaux utiliss et des formats mis en uvre En outre la distinc

tion par support imposede

considrer lestypes

objets ou les lieux architecturaux auxquels sont lies les images Elle fait intervenir les usages desimages-objets les relations ventuelles entre thmes reprsents et fonctionsde ces objets ainsi que les modalits de visibilit et de rception83

La distinction selon les contextes thmatiques est dans certains cas aumoins indispensable En effet analyse doit procder diffremment selonelle pour objet un thme iconographique ou un motif iconographique Unthme comme Annonciation ou la Remise des tables de la Loi Moseconstitue une unit structurale lmentaire possdant une cohrence proprepouvant faire objet une scne spcifique notamment dans une miniatureune lettre orne ou un cycle mural84 En revanche on appelle motif iconogra

phique un lment constituant u n thme il en va ainsi de enfer qui pouressentiel apparat intrieur ensembles plus complexes comme le Jugement dernier la Parabole de Lazare ou la Chute des anges85 La distinctionentre thmes et motifs est indispensable mme si elle es t pas rigoureusementtanche Conformment au principe structural de prminence des relationssur les lments constituants on ne saurait aborder un motif iconographiquesans une analyse globale de chacun des thmes dans lesquels il insre e s t leseul moyen de mesurer importance du motif en question de saisir sa fonctiondans un ensemble cohrent et par consquent atteindre un point pertinentde signification

Les distinctions selon les temps et les lieux sont galement importantes

83 Enfin ces distinctions perm ettentvaluer importance accorde au thme concernlaquelle se mesure moins auxdimensions et la visibilitde uvre au egr de sacralitdeobjet ou du lieu auquel image est attache Cette dernirequestion prend une acuitparticulirepour les motifs ngatifscomme enfer ou le diable dont intgration dans un objet ouun lieu charg de sacralitest hautementproblmatique on renvoie enfer en son lieurle fonctionnelet dynamisationde espace cultuel dans BOESCH GAJANOet SCARAFFIAds Luoghi sacri spazi della santitTurin 1990 pp 551-563

84 Ce qui exclut pas bien entendu que le thme soit intgrdans une srie constituantunensemble structural plusample

85 Le fait un motif puissetre parfois reprsentde fa on indpendante devenant ainsi un

thme lui seul invalide pas la distinctionpropose Un tel processusautonomisation doit aucontraire tre analyscomme un phnomne une grande porte

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Une tude de la rpartition chronologique la fois globale et en tenantcompte des distinctions par thmes et par supports fait apparatre des phnomnes dcisifs pour tude historique Elle permet de distinguer le nouveau du traditionnel identifier la priode apparition du thme ou dumotif tudi de prciser ses rythmes de dveloppement et ventuellementde dclin86 et enfin de saisir les volutions et les variations gographiques deses modes de reprsentations

Enfin la fragmentation du corpus doit tre pousse extrme ds lorsque chaque uvre singulire constitue un cas particulier intgrant le thmetudi dans une srie images spcifique en rapport avec un objet uniqueet dans un contexte chaque fois particulier Il ne saurait en principe avoirtude srielle sans une approche structurale de chaque uvre singulireappartenant la srie Approche structurale et tude srielle sont totalement et intimement entremles Chaque image doit mme tre situe au

croisementde

multiples sriessrie

dansuvre

environnementde

celle-ci sries thmatiques traditions formelles... Chaque srie tant elle-mme complexe et non linaire es t une sorte de sphre de relations ilfaut dessiner autour de chaque image singulire en jeu et la difficult detude iconographique consistent faire tenir ensemble approche srielleet tude structurale des uvres singulires elle doit pratiquer incessantsaller et retour entre ces deux dmarches

Au total le caractre fortement htrogne des lments constitutifsu n e srie iconographique aboutit un fractionnement extrme de celle-ciEn matire images le sriel est un faux quantitatif Il semble appeler quedes traitements mathmatiques frustes Il impose de compter les occurrences

en fonction des paramtres retenus mais de fa on ncessairement trsapproximative notamment en raison des incertitudes de datation) avecpour seul objectif raisonnable de comparer des ordres de grandeur Lestudes iconographiques doivent apprendre compter plus elles ne le fontgnralement et considrer importance quantitative des phnomnestudis Pourtant il semble vain du moins en rgle gnrale de plaider pourun vritable traitement statistique en raison des marges incertitudes desfacteurs htrognit et de la faiblesse des masses concernes87

Analyser une gamme srielle

approche srielle pour vise de cerner rgularits variations singularits et exceptions Dans une premire dmarche un classement typologiqueest souvent ncessaire et permet de faire apparatre des constantes On peut

86 tude du dveloppement quantitatif un thme devrait tenir compte non de valeursabsolues mais de valeurs relatives rfres au nombre global images produitesou disonsconserves Il faut donc prendre enconsidration la forte croissance de la productionimagesentre 11e et 15e sicle En ce sens le dveloppement rgulier un thme au cours de cettepriode est difficilementinterprtable En revanche un dclin quantitatifen prend que plusde relief

87 Un traitementstatistique peuttre envisag dans quelquescas privilgis concernantunmotif simple trs frquent ou pourlequel les facteurs htrognit jouent un rle moindre

habitude Les cas dj voqusdesreprsentations de me ou du nimbepourraienttrede bons exemples de sries analysablesstatistiquement

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IMAGES DI VALES

ainsi par exemple distinguer parmi les reprsentations du Sein Abrahamtrois types formels principaux selon que le patriarche rassemble les lusentre ses bras fig 3 dans un linge fig ou dans un pan de son vtement88fig Mais analyse srielle ne peut e n tenir de telles classifications quisemblent reproduire une notion de type iconographique dont il faut aucontraire se sparer89 approche srielle montre au contraire il xisteque des gammes de rponses90 Dans le cas du Sein Abraham analyse destrois grands ensembles dfinis fait apparatre les variations des formes dulinge leur degr de concavit les effets produits et leurs connotations ladiversit des fa ons de tenir les lus ainsi que les modalits et le degr plusou moins intense inclusion dans le manteau un premier regard la typologie met en vidence des constantes tandis que analyse srielle vise intgrer dans la rgularit u n e srie la singularit de chaque uvre quicombine des rponses particulires un ensemble options possibles et quinoue un rseau propre de tensions et de contradictions En articulant rgularit et variations travers la construction de gammes on entend sortir de ladualit de original et du banal du singulier et du rptitif critique parMichel Foucault91 On espre ainsi approcher ce il actif intrieurde sries que on refuse de tenir pour des types iconographiques constants92

Il dcoule de ceci que ce ne sont pas ncessairement dans les chefs-uvre que analyse iconographique trouve le plus de profit mme si

exemple du Couronnement de la Vierge Enguerrand Quarton rappelleils peuvent aussi nous mener trs loin Se dtourner des uvres majeuresne signifie nullement que approche srielle pour vertu principale de faireapparatre des constantes qui pourraient sembler historien plus rvla

trices que les singularits Car approche srielle permet aussi de reprerdans des uvres apparemment assez banales des variations qui tout entant discrtes avrent pour analyse iconographique u n e grande porte Plus largement encore la dmarche srielle montre que au sein u n egamme de variations il pas de rgularits sans ondoiement des possibilits de transformations Les rgularits sont en alerte inventivit vientse nicher dans les micro-dplacements dans les dcalages infimes

88 Respectivement vangiles Bibliothque vaticane Vat lat 39 58 Italie du Nord troisime quart xnie sicle Psautier de Blanche de Castille Paris Arsenal ms 1186 171Paris vers 1225 Lgendier dominicain Oxford Kebble Collge ms 49 239 Ratisbonnevers 1270 ces trois uvres relventde contextes thmatiques diffrents Jugement dernierParabole de Lazare Sein Abraham isol en rapport avec la fte des morts Sur le SeinAbraham figuration du lieu paradisiaquepromis auxlus je poursuis une tude ensembledont on trouveraesquisse dans MedievalAbraham Between FleshlyPatriarchand DivineFather dans Modern Language Notes 108 1993 pp 738-758

89 Voir son emploi par exemple par PANOFSKY Essaisiconologie op cit. 2790 On pense ici la notionde multiplicit prcise par Deleuze partir de uvre de Fou

cault DELEUZEFoucault Paris 1986 pp 11 30 FOUCAULTarchologie du savoirParis 1969

91 FOUCAULTarchologie du savoir pp 184-19492 Le banal lui-mme est actif la rgularitest pas moinsoprante est pas moinseffi

cace et active dans une banalit que dans urie formation insolite ibid. 189 Dire quetout le champ nonciatifest la fois rgulier et en alerte il est sans sommeil 191 est

aussi reconnatre que la rgularit desnoncs est jamais une pure identit une simplereproduction

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J.BASCHET INVENTIVITE ETSERIALITE

FIG Evangliaire Bibliothque vaticane Vat lat 39 58Lazare dans le Sein Abrahamtroisime quart du xn sicle)

La srie se donne comme une exploration quasi systmatique u n champde possibilits Ces champs de possibilits objets spcifiques de approchesrielle ne sont pas infinis mais ils sont une ampleur gnralement surprenante Ce es t pas effet u n e pure libert du crateur ou u n e simplemcanique combinatoire mais plutt la consquence du caractre htrognedes uvres qui constituent la srie Les variations de matriaux emplacement de format usage environnement poque de relation aux traditions figuratives etc. contribuent faire varier la mise en uvre unensemble thmatique htrognit des uvres faisant jouer lmenticonographique observ est comme le kalidoscope qui permet historienexplorer les multiples facettes de son objet La gamme srielle est le champexprimental mettant preuve la rgularit et la variabilit de objet

Outre les gammes de variations tude srielle fait considration des casles plus radicaux en ayant soin en distinguer plusieurs espces Certainesinscrivent aux points extrmes u n e gamme de variations Dans le cas duSein Abraham il agit notamment des images qui poussent le plus loininclusion des lus dans le corps-vtement du patriarche93 fig Sujets deprdilection de analyse de telles images semblent rvler plus clairementque les autres la dynamique uvre dans la gamme srielle autres cas

93 Biblede Pampelune Amiens Bibliothque municipalems 108 255 Pampelune1197

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FIG Psautier de Blanche de Castille Paris Arsenal ms 1186 171 le SeinAbraham et enfer ca 1225)

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J.BASCHET INVENTIVIT ET RIALIT

FIG Lgendier dominicain Oxford Kebble Collge ms 49 239 le SeinAbraham ca 1270)

singuliers se placent plutt en marge des sries Ainsi les hybridationsiconographiques constituent une intersection entre deux sries Lorsquedans une image du Trne-de-Grce le corps du crucifi disparat intrieur du manteau du Pre94 fig 7 il opre un croisement entre deux typestrinitaires le Trne-de-Grce et la Paternit divine qui montre le Fils tenuin sinu pains Jn 18) entendu ici au sens de dans le pli du Pre 95 fig11 Il agit l u n e solution exceptionnelle qui relve de cette explorationsystmatique des possibles laquelle tude srielle nous fait assister96

94 Psautierde Stephan de Derby Oxford BodleianLib. Rawlinson 185 97 milieu 14esicle

95 Sur ce thme cf infra Le terme hybridation utilis par WIRTHsupra note 33onvient biendans un tel cas concernantla jonction de deux types iconographiques Mieuxpeut tre que dans le cas de la Judith Salom en effet une figure ambivalente constituelasomme desdeux figures initiales le rsultat une hybridationtient de et de sanstre entirementni ni

96 un lment ou une fonction caractristique un personnage glissevers une autrefigure on parleraplutt de transfert iconographique est le cas au 15esicle lorsque le lingecontenantles lus est plus tenu par Abraham mais par une figure de Dieu le Pre intgredans le Trne-de-Grce soit une imagedu sinus trinitatis Un tel phnomne peut rvler des

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FIG Bible de Pampelune Am iens M. ms 108 255 v. le Sein Abraham 1197)

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J.BASCHET INVENTIVITEET SERIALITE

FIG Psautier de Stephan de Derby Oxford BodleianLib. Rawlinson 18597 le Crucifi dans le Sein du Pre milieu xive sicle)

Enfin on qualifie images-limites les uvres exceptionnelles qui se

singularisent par leur radicalit au sein de leur srie et aventurent parfoisu x marges de orthodoxie Une des plus clbres est la Quinit deWinchester qui jadis retenu attention de Kantorowicz97 On voqueraici exemple du Jugement dernier du Camposanto de Pise98 fig uvre

relations notammenthomologie entre les figures concernes comme ici entre Abraham etDieu le Pre Sur ce type iconographique cf avec quelques rserves SHEINGORN ThBosom of Abraham Trinity Late Medieval All Saints Image dans England in the 15thCentury Proceedingsof the 1986Harlaxton Symposium WILLIAMSd. Londres 1987pp 273-285

97 KANTOROWICZ The Quinity of Winchester dans The Art Bulletin 29 1947pp 73 85 et KIDD The Quinity of Winchester Revisited Studiesin Iconography VII-

VIII 1981-1982pp 21-3298 Cf Les justices de au-del op cit

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est singulire la fois parce elle cristallise une mutation dcisive danshistoire des reprsentations infernales mais aussi par certains aspects u n etelle radicalit i l s estent sans postrit Ainsi la Vierge quitte sa positionhabituelle intercession pour prendre place ct du Christ dans une mandorle identique celle de son Fils La figuration u n tel couple judiciaire estun phnomne extraordinaire bien loign des indications scripturaires etde toute la tradition thologique et figurative relative au Jugement dernierOn doit en donner une interprtation multiforme par rfrence la structure exceptionnellement bipolaire de uvre Jugement u n ct enfer deautre en rapport avec essor du culte de la Vierge ou encore en termespolitiques ralliement de Pise au camp guelfe dans les annes 1330 qui faitde la figure mariale un enjeu civico-ecclsialmajeur On songe galementla dualit Justice qui condamne /M isricorde qui pardonne) habituellement fondue dans la seule figure du Christ mais qui apparat ici de fa onclive travers le couple Vierge/Christ cet gard cette image rvle unetension entre le dsir de misricorde qui anime une religion amour etaffirmation u n e exigence de chtiment qui travaille en profondeur lechristianisme mdival

Voil bien enjeu de ces images-limites et de tous les types uvresexceptionnelles dont il vient t re question Il agit de parvenir articulerde fa on satisfaisante les rgularits srielles et les cas extrmes Le risqueest de faire parler une image singulire pour toutes les autres en prtant lasrie une homognit elle ne possde pas inverse en soulignant queimage extrme inscrit dans un moment prcis et exprime les tensions uncontexte singulier comme le revirement politique de Pis lors de la ralisa

tion des fresques de Buffalmacco) on pourrait en venir lui dnier touteporte gnrale Seule intgration des uvres extrmes dans des sries permet de surmonter ces difficults selon les cas elles apparatront davantagecomme des cas tout fait singuliers voire des anomalies ou plutt comme laradicalisation des tendances prsentes plus discrtement dans le reste de lasrie Dvoilant les contradictions que les uvres plus courantes tiennentgnralement masques les images extrmes peuvent tre alors considrescomme rvlatrices des dynamiques uvre dans la gamme srielle Ellesconstituent comme un horizon pour ensemble de la srie contribuant ainsi

son intelligibilitLa comprhension conjointe des gammes srielles et des images excep

tionnelles impose donc articuler le local et le gnral Il agit analyserdans ses dynamiques historiques un champ de possibilits o jouentensemble le singulier et le rgulier extrme radicalit des coups clats etla palpitation tranquille des modestes variantes

99 Les reprsentationsde Satan aventurent galement parfois u x margesde orthodoxie en prenant un tour quasi dualiste je renvoie Satan princede enfer le dveloppe

ment de sa puissance dans iconographie italiennexn sicle dans autunno del diavolo Milan 1990 pp 383-396

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Vers tude des hyperthmes

La srialit doit aussi conduire tude des rseaux forms par unensemble de thmes iconographiques ce que on dsignera sous le nom

hyperthme Les objets que se donne analyse iconographique inscrivent donc dans trois ensembles embots les motifs constituants u n eorganisation thmatique) les thmes les hyperthmes jonction de plusieursunits structurales Une fois encore ces distinctions ne doivent pas treappliques de fa on rigide car tude peut associer plusieurs niveaux etcertains hyperthmes peuvent tre constitus la fois de thmes et demotifs autre part on note que tude u n motif comme enfer labouche ou les anges et celle u n hyperthme sont une et autre transthmatiques obligeant prendre en examen plusieurs thmes Nanmoinsle schma propos e s t pas inutile la difficult dans analyse un motiftient aux conditions extraction u n lment commun appartenant desunits structurales distinctes tandis que tude u n hyperthme vise saisirles relations entre des units structurales cohrentes100

Le projet u n e approche hyperthmatique voque la dmarche de JeanWirth qui dans image mdivale tente de mettre en vidence un systme iconographique un rseau de relations qui produit du sens par salogique propre 1 1 Sans vouloir forcer la pense de Jean Wirth quireconnat les limites de entreprise il semble bien que sa vise son dsir lepousse en accord avec hypothse u n fonctionnement logique de imagevers la recherche u n e unit structurale globale de iconographie mdi

vale au moins chacune des poques considres Or une telle perspective risque de surestimer la systmaticit de objet tudi et de laisserchapper une part de la spcificit des images singulires peut-tre aussiparce elle nglige parfois en construire les sries aussi compltementque possible Pour le dire avec J.-C Bonne en matire iconographie il

du systmatique mais certainement pas un systme des rseaux thmatiques et mme des rseaux de rseaux des rhizomes que les uvres tissententre elles mais certainement pas un rseau des rseaux qui puisse tresutur de bout en bout102 tude des hyperthmes se place prcisment ende du niveau de globalit que vise Jean Wirth On se propose en effet

100 Ajoutons cependant que tude un motif peut tendre vers celle une formationhyperthmatiqueEn effet comme on dit elle supposencessairement analyse de la structure ensemble dans laquelle inscrit le motif de sorteque tude de ce dernier dans la totalit de ses contextesthmatiques revientune certainefa on mais plusou moins nettementselon les cas mettre en relation tous lesthmesconcerns

101 image op cit. 230 II existe ensomme un systme iconographique ... Onessay valuer sondegr autonomie et le jeu complexedes initiativesqui le fondent Il reste

voir quel point il se structure logiquement pour produireses propres significationset pp 231 233et 261

102 la recherche art cit pp 371 372Il en va de mme de la socit selon Lvi-Strauss il du structurel des structures mais elleest pas une structure ni mme une sriede structures homologues Elle est un ordre des ordres unrseau de structures uniespardes relations extrmementcomplexes et qui toutes ensemble ne suffisent encore pas rendre

compte de la totalitune socit Anthropologie structurale op cit. ehXV-XVInotammentpp 390-392

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inclure dans le projet iconographique tude de rseaux de thmes sanspour autant supposer ils forment des systmes parfaitement cohrentslogiques et en excluant la vise u n systme global de iconographie despriodes considres

Rappelons abord que les mises en relations de thmes relvent u n epratique omniprsente dans la culture chrtienne mdivale correspondances typologiques entre les deux Testaments mises en relation vnements multiples par la liturgie autre part les cycles figuratifs enparticulier dans les peintures murales sont travers les chos les paralllesou les oppositions i l s tissent des outils penser les relations entre lesthmes iconographiques103 exgse et iconographie se donnent elles-mmes comme pense de interthmaticit tude des hyperthmes peutappuyer sur ces caractres elle inscrit dans le prolongement de ce constatmais pousse au-del de ce que les uvres singulires formulent explicitement

Pour illustrerce

estun

hyperthme104voquerai le cas dont

jepoursuis actuellement tude tant entendu que ce o n dira ici de fa on som

maire ne peut valoir comme dmonstration quant aux significations mises enjeu mais seulement titre de prtexte permettant esquisser quelquesremarques mthodologiques terme hyperthme considr est extrmement vaste les reprsentations de la parent divine est--dire ensembledes liens penss en termes de consanguinit ou alliance unissant les figures

Documents

"invención y serialidad de las imágenes medievales"