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L’ARPENTEUR DU WEB INTERFÉRENCES & DIFFRACTION GUY BOUYRIE 1 INTERFÉRENCES ET DIFFRACTION Interférences et diffraction sont la marque du caractère ondulatoire de la lumière. Ces phénomènes sont étudiés dans nos programmes de Terminale S mais le temps imparti ne permet guère de développer ce vaste sujet. On essaiera dillustrer les points suivants cités dans le programme, en prenant appui sur les ressources documentaires et logicielles offertes par le WEB : une compréhension de ces phénomènes ondulatoires qui s’appuie sur les analogies offertes par les ondes mécaniques de gravité ou de capillarité (vagues à la surface de l’eau) et une analyse historique d’expériences « clés » ; la réalisation de figures d’interférences et de diffraction de la lumière avec lecture d’intensité des images obtenues ; une étude documentaire sur les interférences en lumière blanche par des lames minces, par exemple. 1. QUELQUES PRÉREQUIS, OU « CE QUE LON DOIT DIRE » À NOS ÉLÈVES DE TERMINALE S L’optique géométrique postule que la lumière se propage sous forme de faisceaux qui, à la limite, peuvent être réduits en rayons. Cependant, de nombreuses expériences montrent que la lumière ne se propage plus en ligne droite, notamment au passage d’un diaphragme de petite dimension : on dit qu’il y a diffraction. Qui n’a pas été émerveillé par les couleurs irisées des ailes d’une libellule ou des plumes d’un oiseau ? Isaac NEWTON fut le premier physicien à décrire les couleurs des lames minces comme celles observées sur les bulles d’eau savonneuse. Elles sont dues à des phénomènes d’interférences, ce que NEWTON ignorait. Il revient à Christian HUYGENS d’avoir supposé que ces deux phénomènes sont une manifestation du caractère ondulatoire de la lumière. Les preuves expérimentales furent données plus tard par Thomas YOUNG pour les interférences lumineuses, François ARAGO, et Augustin FRESNEL pour la diffraction de la lumière ; FRESNEL élaborera dès 1815 la première théorie ondulatoire de la lumière. 2. DIFFRACTION ET INTERFÉRENCES DES ONDES MÉCANIQUES : ANALOGIE DE HUYGENS 2.1. Diffraction par une ouverture de largeur a HUYGENS a été le premier à constater que lorsqu’une onde mécanique progressive périodique plane (telles les ondes de gravité à la surface d’un liquide) franchit une ouverture ou contourne un obstacle de largeur a , elle tend à devenir circulaire : la direction de propagation n’est plus unique. On dit que L’onde a été diffractée au passage de l’ouverture ou de l’obstacle. Voilà une expérience qu’il est facile de réaliser dans tous les lycées. Le WEB propose beaucoup de séquences filmées de ces expériences classiques. La nature fait bien les choses également et quoi de plus beau que de constater l’existence de la diffraction de la houle par un obstacle ou une ouverture situés près des côtes ? Là encore, le WEB par « GOOGLE EARTH » ou « GEOPORTAIL » permet d’extraire de belles images de ces phénomènes de diffraction. Prenons quelques exemples tirés de nos promenades sur INTERNET. Fig. 1 : ondes de capillarité diffractées à la surface d’une cuve à ondes

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INTERFÉRENCES ET DIFFRACTION

Interférences et diffraction sont la marque du caractère ondulatoire de la lumière. Ces phénomènes sont

étudiés dans nos programmes de Terminale S mais le temps imparti ne permet guère de développer ce vaste

sujet. On essaiera d’illustrer les points suivants cités dans le programme, en prenant appui sur les ressources

documentaires et logicielles offertes par le WEB :

une compréhension de ces phénomènes ondulatoires qui s’appuie sur les analogies offertes par les ondes

mécaniques de gravité ou de capillarité (vagues à la surface de l’eau) et une analyse historique d’expériences

« clés » ;

la réalisation de figures d’interférences et de diffraction de la lumière avec lecture d’intensité des images

obtenues ;

une étude documentaire sur les interférences en lumière blanche par des lames minces, par exemple.

1. QUELQUES PRÉREQUIS, OU « CE QUE L’ON DOIT DIRE » À NOS ÉLÈVES DE TERMINALE S

L’optique géométrique postule que la lumière se propage sous forme de faisceaux qui, à la limite, peuvent

être réduits en rayons. Cependant, de nombreuses expériences montrent que la lumière ne se propage plus en

ligne droite, notamment au passage d’un diaphragme de petite dimension : on dit qu’il y a diffraction.

Qui n’a pas été émerveillé par les couleurs irisées des ailes d’une libellule ou des plumes d’un oiseau ?

Isaac NEWTON fut le premier physicien à décrire les couleurs des lames minces comme celles observées sur

les bulles d’eau savonneuse. Elles sont dues à des phénomènes d’interférences, ce que NEWTON ignorait.

Il revient à Christian HUYGENS d’avoir supposé que ces deux phénomènes sont une manifestation du

caractère ondulatoire de la lumière. Les preuves expérimentales furent données plus tard par Thomas

YOUNG pour les interférences lumineuses, François ARAGO, et Augustin FRESNEL pour la diffraction de la

lumière ; FRESNEL élaborera dès 1815 la première théorie ondulatoire de la lumière.

2. DIFFRACTION ET INTERFÉRENCES DES ONDES MÉCANIQUES : ANALOGIE DE HUYGENS

2.1. Diffraction par une ouverture de largeur a

HUYGENS a été le premier à constater que lorsqu’une onde

mécanique progressive périodique plane (telles les ondes

de gravité à la surface d’un liquide) franchit une ouverture

ou contourne un obstacle de largeur a , elle tend à

devenir circulaire : la direction de propagation n’est plus

unique.

On dit que L’onde a été diffractée au passage de

l’ouverture ou de l’obstacle.

Voilà une expérience qu’il est facile de réaliser dans tous les lycées.

Le WEB propose beaucoup de séquences filmées de ces expériences classiques.

La nature fait bien les choses également et quoi de plus beau que de constater l’existence de la diffraction de

la houle par un obstacle ou une ouverture situés près des côtes ?

Là encore, le WEB par « GOOGLE EARTH » ou « GEOPORTAIL » permet d’extraire de belles images de ces

phénomènes de diffraction.

Prenons quelques exemples tirés de nos promenades sur INTERNET.

Fig. 1 : ondes de capillarité diffractées à la

surface d’une cuve à ondes

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Diffraction à la surface d’une cuve (ondes mécaniques de capillarité)

Si l’on doit en choisir une expérience filmée, prenons celle qui est proposée par l’Université de Nantes. http://www.sciences.univ-nantes.fr/sites/jacques_charrier/tp/interferences/exp_decouv3.html

Diffraction de la houle (ondes mécaniques de gravité)

Consultons GEOPORTAIL http://www.geoportail.gouv.fr/accueil

Fig. 2 : animations sur cuve à ondes proposées par l’Université de Nantes

Fig. 3 : la baie de Socoa – Saint Jean de Luz vue depuis GEOPORTAIL pour deux prises de vue différentes

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2.2. Interférences et principe de superposition des ondes

On observe des franges d’interférences, qui sont des lieux de points où :

le déplacement de la surface de l’eau est maximal ;

le déplacement de la surface de l’eau est nul (franges en gris). Pour Huygens, ces franges d’interférences résultent du principe de superposition des ondes issues de deux

sources identiques dites « cohérentes ».

En un point M de l’espace, il y aura des interférences constructives si les ondes ont parcouru des distances

d 1 et d 2 telles que d 2 d 1 = k où k est un entier relatif. (On pose souvent d où même = d 2 d 1).

Les ondes sont alors en phase

En un point M de l’espace, il y aura des interférences destructives si les ondes ont parcouru des distances

d 1 et d 2 telles que = d 2 d 1 = (k + 1

2 ) . Les ondes sont alors en opposition de phase.

Là encore, beaucoup de documents sont disponibles sur INTERNET.

Retenons encore le travail très complet présenté en ligne par l’Université de Nantes http://www.sciences.univ-nantes.fr/sites/jacques_charrier/tp/interferences/exp_decouv4.html

Une animation flash, due à G. TULLOUE complète avec bonheur cette étude expérimentale : http://www.sciences.univ-nantes.fr/sites/genevieve_tulloue/Ondes/cuve_ondes/interference_ondes_circulaires.html

Fig. 5 : interférences à la surface d’un liquide ; animation flash proposée par G. TULLOUE

d2

d1 d2’

d1’

M’

a

M

Fig. 4 : interférences à la surface d’un liquide et principe de superposition

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3. DIFFRACTION ET INTERFÉRENCES DES ONDES LUMINEUSES : ASPECT HISTORIQUE

Le travail présenté par FRESNEL à l’académie des sciences à propos de la diffraction a été une étape

décisive dans la mise en place d’une théorie ondulatoire de la lumière.

Il est difficile, même en Terminale S, de faire l’économie de ces moments forts de l’histoire des sciences qui

ont vu la communication des travaux de FRESNEL et d’YOUNG. Les textes originaux sont disponibles dans

la bibliothèque numérique GALLICA :

http://gallica.bnf.fr/

ou celle plus spécialisée BIBNUM : http://www.bibnum.education.fr/qui-sommes-nous Ainsi, le lien ci-contre permet de lire une

brillante objection de FRESNEL contre

l’interprétation newtonienne des ondes

lumineuses.

Dans cet exposé magistral, FRESNEL

affirme avec force combien les

phénomènes d’interférences et de

diffraction (nommés tels quels par

FRESNEL) sont la marque du caractère

ondulatoire de la lumière.

Cependant, il est quand même utile

d’obtenir des commentaires

contemporains de l’œuvre de FRESNEL

accompagnés des notes du physicien lui-

même pour une meilleure compréhension

du propos.

Ainsi, ce travail d’exégèse pour un lecteur moderne a été notamment réalisé avec les ressources numériques

mises à disposition par le ministère de l’Éducation par M. Jean-Louis BASDEVANT, de l’École

polytechnique : http://www.bibnum.education.fr/files/fresnel-analyse-36.pdf Citons encore un site consacré à l’œuvre de FRESNEL qui expose avec clarté la polémique qu’il avait engagé

avec Siméon Denis POISSON à propos du phénomène de diffraction par une bille (ou un trou circulaire). http://melusine.eu.org/syracuse/mluque/fresnel/augustin/fresnel.html

Quant à Thomas YOUNG, il n’est pas oublié ; on peut notamment consulter sa remarquable contribution à

l’interprétation du phénomène d’interférences en lumière blanche par des couches minces. http://www.bibnum.education.fr/physique/optique/sur-la-theorie-de-la-lumiere-et-des-couleurs

Bref, face à tant de matériaux historiques, au professeur de rassembler de façon pertinente ces informations !

Fig. 6 : exposé de FRESNEL sur sa théorie ondulatoire de la lumière http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k91937w/f173.image.r=Fresnel.langFR

Fig. 7 : exposé d’YOUNG sur sa théorie ondulatoire de la lumière http://www.bibnum.education.fr/physique/optique/sur-la-theorie-de-la-lumiere-et-des-couleurs

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4. EXEMPLES DE DOCUMENTS ÉLABORÉS À PARTIR DES RESSOURCES NUMÉRIQUES CITÉES CI-DESSUS

4.1. FRESNEL et la diffraction de la lumière

En France, au début du XIXe siècle, le modèle de la lumière

qui domine chez les physiciens est newtonien.

Pour LAPLACE, BIOT, POISSON, mais aussi AMPÈRE et ARAGO, la

lumière est constituée de particules se propageant en ligne droite.

Ainsi l’ombre projetée par un objet éclairé doit avoir des bords bien

nets. Ce n’est généralement pas le cas car les sources de lumière sont

étendues et les bords présentent donc un dégradé, une pénombre.

Mais pour une source lumineuse ponctuelle, les bords de l’ombre

doivent être nets. Malheureusement, lorsqu’on illumine un petit objet

avec une source ponctuelle, on observe autour de son ombre des

franges sombres et claires ! Les newtoniens expliquent ce phénomène

par une interaction des particules de lumière et la matière du bord de

l’objet éclairé.

Le jeune Augustin FRESNEL montre expérimentalement que cette

interprétation n’est pas valide. Il interprète les franges observées

comme des interférences entre des ondes (similaires à celles déjà

connues pour le son ou encore les ronds dans l’eau). Il développe

alors une théorie ondulatoire de la lumière, inspirée des idées de HUYGENS. Ses travaux convainquent

AMPÈRE mais pas LAPLACE et ses condisciples ! En 1818, FRESNEL défend une thèse sur le sujet pour

obtenir le prix de l’Académie. POISSON, newtonien convaincu, trouve une objection imparable : en effet, en

appliquant la théorie de FRESNEL, les calculs montrent qu’un point lumineux doit apparaître au milieu de

l’ombre d’un disque convenablement éclairé, ce qui manifestement est absurde, inimaginable pour les

laplaciens ! L’académicien François ARAGO décide alors de mener l’expérience. Et tous virent l’impossible

se produire ! FRESNEL obtint le prix à l'unanimité et cette tache lumineuse impossible prit le nom de tache de

POISSON.

Et voici ce qu’écrivit plus tard à ce sujet FRESNEL dans son traité d’optique :

“Une des objections les plus spécieuses que NEWTON ait faite contre le système des vibrations lumineuses

est sans doute celle où il compare la marche du son avec celle de la lumière qui, selon lui, ne se répand

jamais dans les ombres, tandis que le son se fait entendre derrière les obstacles placés entre le corps sonore

et celui qui écoute. Mais d’abord il est inexact de dire que la lumière ne s’infléchit point dans les ombres et

il est surprenant que NEWTON n’en parle pas dans le dernier livre qu’il a consacré aux phénomènes de

diffraction. La lumière infléchie dans l’ombre devient encore plus sensible quand le corps opaque éclairé qui

sert d’obstacle est un petit disque circulaire : on aperçoit alors au centre de l’ombre un point lumineux

entouré de petits anneaux alternativement brillants et obscurs, toutes les fois que le point éclairant est assez

éloigné et qu’on reçoit l’ombre à une distance suffisante de l’obstacle. La partie éclairée dans le centre de

l’ombre est d’autant plus étroite que le diamètre du disque qui sert d’obstacle est plus grand relativement à

la distance où l’on reçoit l’ombre. […].

Les phénomènes de la diffraction, qui ne sont au fond que

ceux des ombres portées dans le cas le plus simple, celui où

l’objet éclairant est réduit à un point lumineux, ces

phénomènes, loin d’être contraires au système des vibrations,

sont peut-être ceux qui présentent les confirmations les plus

frappantes. C’est avec le secours de cette théorie que je suis

parvenu à en découvrir les lois rigoureuses et générales, et à

les représenter par une formule dans laquelle il n’entre

qu’une seule constante arbitraire qu’il faille déterminer par

l’observation, la longueur d’ondulation. Si l’on fait attention

à la variété extrême des effets de la diffraction, on sentira

que, pour qu’une même formule, dans laquelle il n’entre

qu’une seule constante arbitraire tirée d’une autre classe de

faits, puisse représenter tous les phénomènes de la diffraction jusque dans leurs aspects les plus bizarres et

en apparence les plus irréguliers, il faut nécessairement qu’elle soit l’expression véritable de la loi des

phénomènes”.

Figure de diffraction observée autour et

dans l’ombre d’une bille en acier de 3 mm

de diamètre éclairée par un faisceau laser.

Diffraction par un fil : au centre, on observe une

tache brillante !

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4.2. Interférences lumineuses et dispositif des miroirs de FRESNEL

I. Les interférences lumineuses observées par fresnel (Extrait des œuvres complètes d’Augustin FRESNEL, TOME II 1821)

« Nous pouvons maintenant expliquer l’expérience d’interférences lumineuses par deux miroirs, dans

laquelle on obtient des effets très frappants de l’influence mutuelle des rayons lumineux par la réunion de

deux faisceaux réfléchis régulièrement sur leur surface. Il ne faut point employer de glaces étamées, mais

noircies par derrière, afin de détruire la seconde réflexion, qui compliquerait le phénomène ; des miroirs

métalliques sont encore préférables. Après avoir placé les deux miroirs l’un à côté de l’autre, et de sorte que

leurs bords se touchent parfaitement, on les fait tourner jusqu’à ce qu’ils se trouvent presque dans le même

plan, et forment néanmoins entre eux un angle légèrement rentrant, de manière à présenter à la fois deux

images du point lumineux. On peut juger de cet angle d’après l’intervalle qui sépare les images ; il faut que

cet intervalle soit petit pour que les franges aient une largeur suffisante. On ne doit employer dans cette

expérience, comme dans celles de diffraction, que la lumière d’un seul point lumineux [...]

Pour découvrir ces franges, il faut s’éloigner un peu des miroirs, et recevoir directement les rayons qu’ils

réfléchissent sur une loupe d’un court foyer, derrière laquelle on tient son œil placé de manière que toute sa

surface paraisse illuminée. Alors on cherche les franges dans l’espace où se réunissent les rayons réfléchis

sur les deux miroirs, qu’il est facile de distinguer du reste du champ lumineux à la supériorité de son éclat.

Ces franges présentent une série de bandes brillantes et obscures, parallèles entre elles, et à égales distances

les unes des autres. Dans la lumière blanche elles sont parées des plus vives couleurs, surtout celles qui

avoisinent le centre ; car, à mesure qu’elles s’en éloignent, elles s’affaiblissent graduellement, et

disparaissent enfin vers le huitième ordre. Dans une lumière plus homogène, telle que celle qu’on peut

obtenir au moyen d’un prisme ou de certains verres colorés en rouge on aperçoit un bien plus grand nombre

de franges, qui ne présentent plus alors qu’une suite de bandes obscures et brillantes de même couleur. En

employant une lumière aussi homogène que possible, on réduit le phénomène à son plus grand degré de

simplicité ».

II. Annexe : le dispositif des miroirs de FRESNEL

Dans le cas particulier où les sources S, S 1 et S 2 ainsi que le point P

d’observation sont à égale distance D de la droite d’intersection des plans des

deux miroirs passant par H, on montre que l’interfrange i est donné par le

rapport

, pourvu que l’angle entre les plans des miroirs reste petit.

Classiquement, la distance S 1 S 2 entre les sources secondaires est désignée

Champ

d’interférences

S 1

S 2

S

M 1

M 2

Écran

Dispositif des miroirs de FRESNEL

H

P

Franges d’interférences

avec les miroirs de FRESNEL

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3. DIFFRACTION ET INTERFÉRENCES DES ONDES LUMINEUSES : ASPECT EXPÉRIMENTAL

Rien ne peut remplacer la pratique expérimentale pour observer des figures de diffraction ou

d’interférences !

Nos lycées sont désormais bien équipés, notamment en sources de types lasers ou diodes lasers et bancs

d’optique, de fentes calibrées ; couplés à une webcam ou une caméra C.C.D., il est alors possible d’exploiter

très soigneusement les figures obtenues.

En quoi le WEB nous est-il utile ? Certes, on peut facilement y trouver des photographies des phénomènes

étudiés.

Mais ici, c’est la possibilité de télécharger des logiciels libres permettant de lire les pixels d’une

photographie qui nous intéresse.

3.1. Logiciels de lecture d’image

Deux d’entre eux ont attiré notre attention :

REGAVI de JM MILLET, l’auteur de REGRESSI : http://jean-michel.millet.pagesperso-orange.fr/telechargement.htm

SALSAJ, Université P & M CURIE ESA : http://www.fr.euhou.net/

Ce sont les modules lectures d’images (d’intensité) qui nous intéressent tout particulièrement.

Ces deux logiciels peuvent commander le fonctionnement d’une WEBCAM (un plugin est nécessaire pour

SALSAJ qui est téléchargeable sur le site) afin de photographier la figure de diffraction ou d’interférences

obtenue.

Ils possèdent des outils graphiques permettant de lire les niveaux d’intensité des pixels sélectionnés (REGAVI

permettant même de sélectionner les pixels R, V, B tout en incorporant un algorithme de lissage de la figure

obtenue). Il est possible de bien étalonner les spectres correspondants (SALSAJ propose des réglages très fins)

et d’exporter les données obtenues dans des fichiers TXT qui sont parfaitement lus par les tableurs

généralistes et bien d’autres (REGRESSI, LOGGERPRO, etc.).

Ces logiciels ne sont donc pas prisonniers d’un environnement donné (ainsi REGAVI peut marcher

indépendamment de REGRESSI).

Fig. 8 : le logiciel REGAVI 3.23 UNICODE

Fig. 9 : le logiciel SALSAJ 2.1. http://www.fr.euhou.net/index.php/le-logiciel-mainmenu-9

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3.2. Dispositifs expérimentaux

On éclaire les fentes par un faisceau laser, exemple d’onde lumineuse monochromatique (650 nm ou

532 nm). Dans un milieu homogène, toute l’énergie lumineuse est émise dans une direction rectiligne, le

« rayon laser » : le laser émet donc une onde lumineuse monochromatique plane (les « vagues lumineuses »

seraient toutes parallèles les unes par rapport aux autres). On place la webcam, par exemple ici la PHILIPS

SPZ5000, dans le rail du banc d’optique de sorte que le faisceau laser passe au-dessus de son sommet.

Diffraction des ondes lumineuses par une fente fine de largeur a

À travers une ouverture de faibles dimensions, la lumière issue du

laser ne se propage plus en ligne droite : on obtient une figure de

diffraction. On appelle l’écart angulaire entre le milieu de la tache

centrale de diffraction et le milieu de la première zone sombre.

On montre que

a , angle qui est la « signature » du phénomène de

diffraction du faisceau laser par une fente.

La tache centrale de diffraction est la plus lumineuse ; sa largeur est deux fois plus importante que celle d’une tache latérale.

Interférences des ondes lumineuses par deux fentes fines de largeur a, distantes de b.

Alors que le système de 2 fentes F 1 et F 2 est recouvert

par le faisceau laser, s’observe sur l’écran une figure

d’interférences.

Chaque fente, de largeur a, diffracte la lumière mais,

dans la tache centrale de diffraction, s’observe maintenant

des franges d’interférence équidistantes.

On appelle i interfrange la distance séparant deux de

ces franges successives. En général, on compte plusieurs

interfranges pour assurer sa mesure (voir figure ci-contre).

On montre que, dans ce dispositif : i D

b, si b désigne

l’écart séparant les deux fentes.

F D

a

D

b

6 i

F2

F1

Montage de la diffraction de la

lumière laser par une fente

fente

diode laser 650 nm ou 532 nm

écran avec figure de

diffraction

D = 1,60 m

webcam

diode laser 650 nm ou 532 nm

Montage des interférences de la

lumière laser par 2 fentes d’Young

D = 1,60 m

fentes

webcam

écran avec figure

d’interférences

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3.3. Lectures des images obtenues

Fig. 10 : lecture de la même figure d’interférences avec REGAVI

Fig. 10 : lecture d’une figure d’interférences avec SALSAJ (ANALYSE COUPE)

x/m-0,06 -0,04 -0,02 0 0,02 0,04 0,06

I

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9 Interférences d'YoungD = 1,60 m ; λ = 650 nm ; b = 200 µm

49,4 mm

x/mm-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40

I

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

Diffraction fente a = 100 µmλ = 650 nm et D = 1,60 m.20,3 mm

Fig. 11 : lecture d’une figure de diffraction puis d’une figure d’interférences après exportation dans

REGRESSI des données récoltées sous REGAVI

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Il est nécessaire de prévoir, avant de

photographier la figure d’interférences

projetée sur l’écran, de tracer un repère pour

étalonner les distances !

Cette façon de procéder s’avère très rapide à

mettre en œuvre avec les élèves : tous les

lycées sont dotés de WEBCAM et donc il suffit

de prévoir d’installer SALSAJ ou REGAVI.

Bien sûr, une solution plus onéreuse consiste

à faire appel à des capteurs CCD affectés à

cet usage (comme ceux proposés par la

société ULICE (caméra CALIENS) : http://www.ulice.com/index.php?option=com_content

&view=article&id=51:caliensg&catid=37:capteur-

ccd&Itemid=57 ou OVIO : http://catalogue.ovio-

optics.com/index.php?page=shop.product_details&product_id=238&flypage=flypage.tpl&pop=1&option=com_virtuemart&

Itemid=2&vmcchk=1&Itemid=2

Les réglages à opérer sont alors nettement

plus délicats puisque l’image de la figure d’interférences ou de diffraction est réalisée sur le capteur lui-

même, ce qui nécessite des filtres d’atténuation (filtres polarisants) pour ne pas saturer les capteurs.

5. APPLICATIONS

5.1. Interférences par division d’amplitude : lames minces

C’est souvent un sujet de TPE : d’où viennent les couleurs chatoyantes des plumes des oiseaux ou des corps

des libellules ? Outre les notions de pigments, on est renvoyé aux phénomènes d’interférences par des lames

minces, en présence d’une lumière blanche polychromatique.

Canal U offre quelques vidéos utiles pour la compréhension des phénomènes interférentiels : http://www.canal-u.tv/video/upmc/12_les_couleurs_interferentielles_des_colibris.8699 Dans cette vidéo, ce sont les couleurs des colibris qui sont examinées ; les commentaires sont « vieillots »

mais les explications et images fournies sont convaincantes. l’Université Joseph FOURIER propose de nombreux documents pédagogiques sur le sujet comme celui-

ci, consacré aux couleurs des bulles de savons : http://coursouverts.ujf-grenoble.fr/joomla/index.php/physique/54-optique/89-savon Bien entendu, il existe de nombreuses autres sources de documentation sur le WEB, au sein du CNRS

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/decouv/couleurs/loupe_couleurs_animaux.html et dans les archives des

revues scientifiques, telles La Recherche http://www.larecherche.fr/

Fig. 12 : figure interférences capturée sous REGAVI

Fig. 14 : couleurs interférentielles des bulles de savon

(Université Joseph FOURIER)

Fig. 13 : structure en lamelles des plumes du colibri,

photographie extraite de Canal U

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5.2. Un exemple d’activité documentaire : interférences en lumière blanche

Qui n’a pas été émerveillé par les couleurs irisées des ailes d’une libellule ou des plumes d’un oiseau ?

Newton fut le premier physicien à décrire les couleurs des lames minces comme celles observées sur les

bulles d’eau savonneuse. Elles sont dues à des phénomènes d’interférences, ce que Newton ignorait, bien

qu’il mît en évidence un lien entre l’épaisseur de la lame et sa couleur apparente.

Extrait d’un article de Michel Henry de la revue La Recherche n°118.

« ...Une structure lamellaire peut résulter de

l’empilement régulier de couches transparentes

d’indices de réfraction différents. À la surface de

séparation de deux couches, l’onde incidente est divisée

en une onde transmise et une onde réfléchie. Il est

important de noter ici que la réflexion sur une couche

d’indice de réfraction plus élevé introduit une différence

de marche supplémentaire d’une demi-longueur d’onde

2. Ne seront en état d’interférence constructive que les

radiations pour lesquelles l’épaisseur optique* de la

couche vaut un quart de longueur d’onde

4 : un quart

pour l’aller, un quart pour le retour, plus une demie pour

la réflexion font bien au total une longueur d’onde.

Cette structure “multicouches” est très répandue dans la

nature, et ses couleurs sont d’autant plus facilement

observables qu’elles apparaissent même si la source lumineuse est étendue. Elle se rencontre dans plusieurs

espèces de papillons où elle résulte d’un empilement régulier de lames de chitine* séparées par des lames d’air.

Les tissus sous-jacents contiennent souvent de la mélanine* qui exalte les couleurs en absorbant la lumière

parasite [...]. Le même phénomène est responsable des brillantes couleurs de certains oiseaux : pigeon, canard

(sur le cou) ; paon (les yeux de la queue) ; martin-pêcheur et surtout colibri et paradisier. Les couleurs sont ici

dues à l’alternance régulière de kératine* et de grains de mélanine dans les barbules

* des plumes.

[...] Les couleurs sont d’autant moins “pures” que les couches sont moins nombreuses, une gamme plus large

de radiations pouvant être réfléchie dans la même direction. À la limite, une seule couche suffit, l’interférence

se produisant entre les deux ondes réfléchies par les deux faces de la lame. Les couleurs sont alors très

impures, ce qui n’enlève d’ailleurs rien à leur beauté. Leur succession, au fur et à mesure que l’épaisseur de la

lame croît, ou que l’inclinaison des rayons lumineux varie, est connue sous le nom d’échelle des teintes de

Newton. Il est facile de l’observer à la surface d’une bulle de savon ou d’une tache d’huile répandue sur le

goudron.

Il est toutefois possible d’obtenir des couleurs pures avec une seule lame, en métallisant les deux surfaces, de

façon à accroître leur pouvoir réflecteur. La lumière est alors contrainte d’effectuer de nombreux aller et retour

d’une face à l’autre, se séparant à chaque fois en une onde réfléchie et une onde transmise. L’interférence de

ces multiples ondes donne une couleur pure, selon un mécanisme [apparenté] aux réseaux plans. De telles

lames sont d’utilisation courante sous le nom de filtres interférentiels. Leur principale application est, bien

entendu, de filtrer la lumière, c’est à dire de ne transmettre qu’une bande étroite de radiations

monochromatiques. Ainsi, la mesure de la distance Terre-Lune à l’aide d’une impulsion laser est-elle possible

en plein jour : un filtre interférentiel interposé sur l’instrument de mesure ne laisse passer que la radiation laser

réfléchie à la surface de la Lune [...] ».

(*)

Épaisseur optique ou chemin optique L : c’est le produit de l’épaisseur e de la lame par son indice n de réfraction ; L =

n e.

Chitine : substance organique azotée de la cuticule (couche superficielle) des insectes.

Mélanine : pigment de couleur foncée. Kératine : protéine fondamentale des poils, plumes, etc.

Barbule : crochet des barbes d’une plume d’oiseau.

Structure lamellaire d’une aile de papillon (Cliché “Pour la Science”)

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Questions

1. Quelle est la différence de marche entre les deux faisceaux

réfléchis dans le cas d’une incidence normale ?

2. À quelles conditions les interférences sont-elles :

constructives ? destructives ?

3. L’indice de réfraction de la chitine est n Si la lame de

chitine a une épaisseur de e 80 nm, quelle sera la couleur du

papillon ?

4. Si l’angle d’incidence augmente, les longueurs d’ondes

correspondant aux interférences constructives vont-elles

augmenter ou diminuer ?

5. La couleur des animaux n’est pas majoritairement d’origine

interférentielle. À quoi est-elle due essentiellement ?

6. Quelle est l’origine des variations de couleur dans le Petit Mars changeant ?

e

Interférences de deux rayons par réflexion sur

les faces d’une lame mince.

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5.3. Interféromètres

En accompagnement personnalisé, il est possible à défaut d’en réaliser un en laboratoire, ce qui est du

domaine du possible d’étudier le principe de fonctionnement d’un interféromètre :

(1) : de MICHELSON ;

(2) : de MACH – ZEHNDER.

Cela se justifie par les très nombreuses applications qui font appel à ces types d’interféromètres ; et c’est

aussi nécessaire de comprendre leur fonctionnement dans le cadre du programme de Terminale S (relativité

restreinte et expérience de Michelson – Morley).

Le fonctionnement de ces dispositifs qui permettent de réaliser des interférences par division d’amplitude de

l’onde incidente est plus simple à expliquer que celui des fentes d’Young (division du front d’onde) pour

lequel se superpose le phénomène de diffraction par une ouverture !

Quelques liens utiles :

Dispositifs interférentiels

Cours de Pascal PICART - Joëlle SURREL - ENSIM – IUT St Etienne : http://www.optique-ingenieur.org/fr/cours/OPI_fr_M02_C05/co/Cours_M02C05_1.html

Un cours en ligne (sous licence GNU) très bien réalisé pour présenter les différents dispositifs

interférométriques.

Vidéo par canal U : http://www.canal-u.tv/video/unittv/interferometre_de_michelson_applique_a_l_oct.7199

Présentation particulièrement pédagogique d’un interféromètre de Michelson.

Expérience de Michelson – Morley

Fiche du CLEA : http://www.ac-nice.fr/clea/lunap/html/Relativite/RelatRestApprof2.html

Animation flash de l’Université de Virginie : http://galileoandeinstein.physics.virginia.edu/more_stuff/flashlets/mmexpt6.htm

De nombreux films sous « You Tube » ; de nombreux contenus universitaires (aux présentations le plus

souvent austères) sont également disponibles sur ce sujet.

Fig.15 : interféromètre de Michelson

(capture d’une vidéo diffusée par Canal U)