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- 1 - Education chrétienne: son sens et son but L'éducation chrétienne est un mouvement de formation biblique qui se dessine de plus en plus dans le milieu évangélique. On observe la création de différentes associations dont le but est d'offrir des programmes éducatifs formels et informels en vue de la croissance spirituelle des individus et des familles. 1 Citons par exemple: l'Ecole du dimanche, les associations de jeunesse dans les églises, les cours d'été, etc. Toute éducation est un processus d'enseignement-apprentissage , 2 et l'éducation chrétienne renferme aussi cet aspect. Avec la différence, cependant, que ce processus se déroule selon une orientation chrétienne de la vie, de la réalité en général. Deux points essentiels caractérisent le processus enseignement-apprentissage de l'éducation chrétienne: 1) la centralité de la Bible reconnue comme infaillible et l'autorité finale en matière de foi et de conduite; 2) la participation du Saint-Esprit qui apporte la dynamique surnaturelle et spirituelle de ce processus. 3 Il convient de noter aussi que l'éducation chrétienne a un contenu. On peut dire qu'on a reçu une bonne éducation. Ce qu'on a reçu n'est pas un mouvement ni un processus. D'une façon simple on dira qu'on a été inculqué de la connaissance de la vérité de Dieu : la vraie compréhension de la réalité et des vraies relations à l'intérieur de cette réalité. 4 En effet, pour l'éducation chrétienne nous croyons que toute vérité vient de Dieu. 5 L'éducation chrétienne trouve sa raison d'être dans la mission de l'Eglise d'enseigner aux fidèles disciples tout ce que le Seigneur avait appris aux apôtres (Mt 28:18-20). Le but visé dans ce ministère est la maturité chrétienne. L'apôtre Paul exprime cet objectif éloquemment en Colossiens 1:28 : C'est lui [le Christ] que nous annonçons, exhortant tout homme, instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ. 1 More Than Sunday School, (Wheaton: ETA, 1992), p. 5. 2 Petit Dictionnaire Larousse 3 K. O. Gangel, Educational Program of the Church, 4 De Haan, Education in the Truth, 5 F. Gabelein, The Pattern of God's Truth,

Initiation à l'éducation chrétienne (1e partie)

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Cours d'introduction à l'éducation chrétienne. Application à l'église en Haïti.

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Page 1: Initiation à l'éducation chrétienne (1e partie)

- 1 -

Education chrétienne: son sens et son but

L'éducation chrétienne est un mouvement de formation biblique qui se dessine

de plus en plus dans le milieu évangélique. On observe la création de différentes

associations dont le but est d'offrir des programmes éducatifs formels et informels en

vue de la croissance spirituelle des individus et des familles.1 Citons par exemple:

l'Ecole du dimanche, les associations de jeunesse dans les églises, les cours d'été, etc.

Toute éducation est un processus d'enseignement-apprentissage,2 et l'éducation

chrétienne renferme aussi cet aspect. Avec la différence, cependant, que ce processus

se déroule selon une orientation chrétienne de la vie, de la réalité en général. Deux

points essentiels caractérisent le processus enseignement-apprentissage de l'éducation

chrétienne: 1) la centralité de la Bible reconnue comme infaillible et l'autorité finale en

matière de foi et de conduite; 2) la participation du Saint-Esprit qui apporte la

dynamique surnaturelle et spirituelle de ce processus.3

Il convient de noter aussi que l'éducation chrétienne a un contenu. On peut dire

qu'on a reçu une bonne éducation. Ce qu'on a reçu n'est pas un mouvement ni un

processus. D'une façon simple on dira qu'on a été inculqué de la connaissance de la

vérité de Dieu: la vraie compréhension de la réalité et des vraies relations à l'intérieur

de cette réalité.4 En effet, pour l'éducation chrétienne nous croyons que toute vérité

vient de Dieu.5

L'éducation chrétienne trouve sa raison d'être dans la mission de l'Eglise

d'enseigner aux fidèles disciples tout ce que le Seigneur avait appris aux apôtres (Mt

28:18-20). Le but visé dans ce ministère est la maturité chrétienne. L'apôtre Paul

exprime cet objectif éloquemment en Colossiens 1:28 : C'est lui [le Christ] que nous

annonçons, exhortant tout homme, instruisant tout homme en toute sagesse, afin de

présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ.

1 More Than Sunday School, (Wheaton: ETA, 1992), p. 5. 2 Petit Dictionnaire Larousse 3 K. O. Gangel, Educational Program of the Church, 4 De Haan, Education in the Truth, 5 F. Gabelein, The Pattern of God's Truth,

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Initiation à l'Education Chrétienne 2

Le mot pour «parfait» ici est le grec τελειος (teleios) qui donne l'idée de maturité.

D'autres expressions bibliques traduisent cette même idée de maturité: «état d'homme

fait» (Ep 4:13), «homme accompli» (2 Tim 3:17). Une étude de cette idée de maturité

dans le NT nous montre qu'il a plusieurs aspects. Selon Ephésiens 4:13-14, les

chrétiens sont appelés à dépasser l'état d'enfant pour arriver à la maturité, « à l'état

d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ. » En particulier il est

question ici de maturité en doctrine. Les « enfants » spirituellement sont « ballotés et

emportés par tout vent de doctrine »; les hommes mûrs par contraste sont «fondés et

enracinés dans la foi. »

Hébreux 5:13-14 souligne un autre aspect de l'état d'homme fait. Par la pratique,

il a habitué ses sens à discerner le bien du mal. Ici c'est la maturité en sagesse. Cette

sagesse donc consiste en la faculté de discerner ce qui est bien et ce qui est mal. Elle

suppose aussi un engagement pour la justice, c'est-à dire le choix d'aimer le bien et de

détester le mal (cf. Amos 5:15).

L'homme adulte spirituellement est propre à

toute bonne oeuvre (2 Ti 3:17). Le but de Dieu dans

l'oeuvre du salut par la foi sans les oeuvres est que

les croyants pratiquent les bonnes oeuvres qu'il a

préparé d'avance (Ep 2:10). Plusieurs activités sont

classées comme bonne œuvre ou piété dans la

Bible: s'occupper des pauvres, des veuves et des

orphelins, prendre soin de sa famille, donner à ceux

qui sont dans le besoin, se préserver des souillures du monde, jeûner et prier, etc.

Faire tout cela de façon agréable à Dieu suppose donc la maturité en service.

L'image du fruit communique aussi l'idée de maturité. En Galates 5:22, le fruit de

l'Esprit c'est l'amour. Dans 1 Ti 1:5 l'apôtre Paul confirme que l'un des objectifs de

l'enseignement qu'il donne dans l'épître c'est de « susciter l'amour qui vient d'un coeur

pur » (FC). Il y a donc aussi l'aspect de maturité en amour, en bonnes relations

fraternelles. C'est une dimension de la vie chrétienne à ne pas négliger puisque le

monde ne saura vraiment que nous sommes disciples du Christ que lorsqu’il verra que

nous avons de l'amour les uns pour les autres (Jn 13: 35).

Page 3: Initiation à l'éducation chrétienne (1e partie)

Initiation à l'Education Chrétienne 3

Ainsi, l'éducation chrétienne vise la maturité globale des fidèles dans les

domaine de la connaissance doctrinale, du discernement et de la sagesse spirituelle, de

la pratique des bonnes oeuvres et de la vertu par excellence, l'amour. Le programme

de l'éducation chrétienne sera un effort à atteindre ces objectifs. Mais aussi il faudra

réaliser qu'il y a une opposition à cet heureux développement de la vie chrétienne.

Alors que nous travaillons au progrès de la foi chez les fidèles, selon ce que dit

expressément l'Esprit, dans les derniers temps certains abandonneront cette foi (1 Ti

4:1). Cette déperdition est attribuée à l'oeuvre de faux éducateurs et à la séductions de

forces maléfiques, sans oublier les passions qui luttent dans nos membres6. Dans son

livre Le libérateur, Neil ANDERSON rappelle que Satan a toujours opposé l'oeuvre de

Dieu depuis le Jardin d'Eden. Ses tactiques demeurent les mêmes: la tentation,

l'accusation, la séduction et le contrôle si possible.7 Dans son premier livre Victory over

the Darkness, le même auteur soutient que la maturité n'est pas possible si le croyant

ne réalise pas sa liberté en Christ. Car Satan et ses démons sont engagés activement

dans un effort de distraire les fidèles de leur cheminement de foi. Sa stratégie est de

semer ses pensées et ses idées dans notre esprit. Il ne se donne aucun repos dans

ses efforts à établir des manières de pensées négatives et mondaines dans notre

esprit; cela à son tour produira des manières d'agir négatives et mondaines.8

Comme 2 Corinthiens 10:3-5 le suggère, le ministère de l'éducation chrétienne,

de la formation de disciple en général, se déroule dans un contexte de lutte spirituelle

pour la pensée des fidèles. Les théories, méthodes et techniques humaines ne

suffisent pas. Par nous-mêmes nous ne pouvons triompher de Satan, du monde et de

la chair. Il nous faut des « armes qui ne sont pas charnelles mais [qui] sont puissantes

par la vertu de Dieu pour renverser des forteresses » (v. 4). Nous avons besoin de

l'assistance du Saint-Esprit. Il nous est donc nécessaire d'approfondir notre

compréhension de la participation de l'Esprit dans le ministère d'éducation chrétienne.

6 Jn Edner Jeanty,Jr., Si tu veux être parfait (Port-au-Prince: STEP, 1999), p. 9. 7 N. Anderson, Le libérateur (Eugene, OR: Harvest House Publishers, 1990) 8 ______, Victory over the Darkness (Ventura, CA : Regal Books, 1990), p. 161.

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Initiation à l'Education Chrétienne 4

FONDEMENTS BIBLIQUES

SACERDOCE DE TOUS LES CROYANTS

VOCATION DE SERVICE - LA GRACE TRANSFORMATRICE DE DIEU

Le Sacerdoce universel (1Pi 2 :9)

Cette doctrine est la charte fondamentale de l’éducation chrétienne (Wilhoit, p.17).

« Une conception équilibrée du sacerdoce de tous les croyants affirmera la

responsabilité spirituelle personnelle de tous les chrétiens, leur droit et leur devoir de

servir pour le nom de Christ et la vérité que l’on ne demeure en Christ en dehors d’une

persévérance dans le corps de Christ, l’église » (p.180).

� Accès auprès du Christ

� Les implications de la responsabilité spirituelle

� Les implications pour l’éducation chrétienne : perfectionnement pour le service

spirituel

La doctrine du sacerdoce universel des croyants affirme la dignité humaine et un sens

de valeur propre parce qu’elle affirme la responsabilité spirituelle. Nos décisions ont des

répercussions sur notre vie spirituelle, et nous sommes comptables de ces choix.

La vocation de servir : servir Dieu et les autres (Mi 6.8 ; Ac 2.45-47; Ro 12.1)

� L’appel de Dieu à l’action responsable

� L’Eglise en tant que Communauté de Service

� Les implications pour l’éducation chrétienne : cultiver un cœur de serviteur

On enseigne ce que l’on possède. Le cœur de serviteur s’épanouit là où il est démontré

et qu’il est tenu en haute considération pour le leadership de l’église.

Christ évalue ses disciples en fonction de l’attention accordée aux marginalisés et aux

mal-aimés. ( Mt 25 :40)

Une église est une vraie communauté de service dans la mesure où le service en

faveur de l’autre (du prochain) fait partie naturellement du style de vie des fidèles.

La Grâce transformatrice de Dieu ( Ac 6 :8 ; He 13 :9 ; 1 Co 15 : 10)

� Grâce est un « verbe d’action »

� Les implications pour l’éducation chrétienne : administrer la grâce de Dieu par

l’enseignement.

� Nous sommes des Sacrificateurs et des Serviteurs.

Page 5: Initiation à l'éducation chrétienne (1e partie)

Initiation à l'Education Chrétienne 5

La dynamique spirituelle

L'éducation chrétienne se caractérise par la place centrale réservée à la Bible

d'une part, et aussi par la dynamique spirituelle et surnaturelle que l'Esprit Saint apporte

dans ce ministère d'enseignement qui vise la maturité des fidèles. L'éducateur chrétien

se doit donc de méditer sur sa coopération avec Dieu qui lui donne par l'Esprit des

armes puissantes pour amener «toute pensée captive à l'obéissance à Christ» (2 Co

10:5).

Les qualifications et l'oeuvre du Saint-Esprit

Les titres. Les noms et les titres dans la Bible renseignent sur la nature de la personne

qui les porte. C'est pourquoi nous relevons les titres suivants qui ont tous rapport avec

l'assistance du Saint-Esprit dans l'enseignment.

• Esprit de Dieu (1 Co 2:11, 13). Il est évident que nous parlons de la troisième

personne de la Trinité: alors les caractéristiques de la personnalité s'applique à

l'Esprit et il a toutes les prérogatives de la divinité. En particulier il convient de

souligner que l'enseignement apostolique est donné avec «la manifestation

convaincante de la puissance de l'Esprit divin» (v. 5, fr. courant). C'est par lui aussi

que Dieu révèle ses mystères (secrets); en effet «seul l'Esprit de Dieu connaît tout

ce qui concerne Dieu» (vv. 10, 11). D'autre part il est Esprit de Dieu aussi dans le

sens qu'il «vient de Dieu», il est mandaté par le Père pour nous assister dans notre

ministère (v. 12; cf Jn 14:26). Enfin à Paul (à nous aussi?) il a même enseigné les

mots avec lesquels il devait expliquer les «vérités spirituelles à ceux qui ont cet

Esprit» (v. 13).

• Esprit de vérité (Jn 14:17; 15:26; 16:13). Zuck voit dans ce titre la notion que l'Esprit

est la Source de la vérité, le Révélateur de la vérité et l'Applicateur de la vérité, celui

qui applique subjectivement la Parole objective de Dieu, la vérité de Dieu (Jn

17:17).9

• Consolateur (Jn 14:16, 26: 15:26; 16:7). Le mot grec pour cet autre titre du Saint-

Esprit est paracletos (παρακλητος). Littéralement, le Paraclète est «celui qui vient à

9 Roy Zuck, «The Role of the Holy Spirit in Christian Teaching» in The Christian Educator's Handbook on Teaching, ed. K. Gangel et H. Hendricks (USA: Victor Books, 1988), p.35.

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Initiation à l'Education Chrétienne 6

côté.» La version Français Courant le rend par «Celui qui doit vous aider». Ce titre

de Paraclète se rapporte aussi à l'enseignement en ce que deux fois il est mis en

apposition avec «Esprit de vérité» (Jn 14:1-17; 15:26).

• Esprit de sagesse et de révélation (Ep. 1:17). Dans ce passage, l'apôtre Paul

adresse une prière pour les Ephésiens où il demande entre autre que Dieu leur

«donne un esprit de sagesse et de révélation» (Segond). Certains comprennent

cette prière comme sollicitant une disposition spirituelle. Mais comment avoir une

disposition de révélation? La traduction du FC est meilleure: «je demande [à] Dieu

... de vous donner l'Esprit qui vous fera comprendre et qui vous révélera Dieu...».

Ce titre évoque le fait que c'est l'Esprit qui donnait les révélations. C'est l'Esprit

aussi qui donne la sagesse pour discerner ce qui est bien et ce qui est mal. Dans

l'éducation chrétienne, nous accueillons sa révélation de la vérité et nous comptons

sur son assistance pour développer le discernement chez les enseignants et les

élèves.

• Esprit de sagesse et d'intelligence [ ou de discernement] (Es 11:2). Ce titre

semblable au précédent est employé dans une prophétie messianique pour indiquer

que l'Esprit donnera la sagesse et le discernement au Christ. L'oracle continue pour

dire que l'Esprit donne «aptitude à décider (conseil) et vaillance (force), l'Esprit qui

fait connaître le Seigneur et enseigne à l'honorer» (FC).

Les fonctions. A présent nous voulons considérer les différentes tâches par

lesquelles le Saint-Esprit apporte sa contribution particulière au processus

d'enseignement-apprentissage en vue de la transformation de la vie des élèves et de la

croissance continue des enseignants. • rappeler toutes les paroles du Seigneur (Jn 14:26)

• conduire dans toute la vérité (Jn 16:13)

• annoncer les choses à venir (Jn 16:13)

• distribuer le don d'enseigner (1 Co 12:28)

• remplir et fortifier l'enseignant fidèle (Ep 5:18)

• donner le discernement (Ep. 1:17)

• apporter la conviction (Luc 24:32; Jn 16:8-11; 2 Co 7:9-11)

• illuminer les coeurs pour comprendre les choses de Dieu (1Co 2:9s)

• produire le fruit de l'Esprit (Ga 5:22s.)

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Initiation à l'Education Chrétienne 7

La coopération avec le Saint-Esprit

L'évidence de la coopération (1 Co 3:6-9).- Le texte biblique mentionne que

nous somme ouvriers avec Dieu. Différents serviteurs de Dieu peuvent avoir des

ministères divers, mais c’est Dieu qui donne la croissance spirituelle dans la

coopération avec l’œuvre des ouvriers chrétiens.

Les fausses conceptions sur la coopération .-

Le Saint-Esprit comme enseignant tout seul. 1 Jn 2.27 est utilisé parfois pour minimiser

le rôle de l’enseignant humain. Mais du fait même que l’apôtre humain est en train

d’écrire aux chrétiens pour leur communiquer une vérité implique que ce n’est pas là le

sens du passage. Les commentaires bibliques présentent des interprétations possibles

de ce texte difficile que l’éducateur évangélique fera bien de consulter.

Le Saint-Esprit comme enseignant en tandem. Certains agissent comme si l’œuvre de

l’Esprit commencerait après le travail de l’enseignant humain. La coopération divine

commence avant la rencontre dans la préparation des cœurs du moniteur et des

élèves, se poursuit pendant l’enseignement, et continue au-delà de la période

d’instruction.

Le Saint-Esprit comme enseignant totalitaire. D’autres prétendent que dans le

ministère, le Saint-Esprit prend le contrôle total de personnalité des instructeurs

humains qui agiraient pratiquement sous la dictée expresse de l’Esprit. L’une des

implications de cette thèse est que le leader n’aurait pas besoin de se préparer car

l’Esprit lui donnera de dire ce qu’il faut au moment de parler. Cependant, même dans

l’inspiration des Ecritures, nous observons que Dieu communique son message

fidèlement sans toutefois anéantir la culture et la personnalité des auteurs.

Le Saint-Esprit comme enseignant de trop. Il est peu probable qu’un éducateur

chrétien évangélique avance que l’assistance de l’Esprit soit superflue. Cependant si

dans la pratique on ne recherche pas intentionnellement sa coopération, on serait

coupable de considérer l’œuvre de Dieu dans le ministère comme négligeable.

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Initiation à l'Education Chrétienne 8

L'application de l'assistance divine

La prière (Ep. 1:17)

La méditation (Ro 12:1-2)

L'obéissance (Ep 4:30; 1 Th 5:19; Hé 10:29)

Citation et exposition de la Parole (Ep. 6:17)

Connaissance et affirmation de la doctrine du Saint-Esprit (1 Co 3:16; cf Ro 6:11)

Désir de marcher et d'être conduit par l'Esprit (Ga 5:22s.)

Entraînement pour la lutte spirituelle

adapté de «The Body» par Chuck Colson, pp. 287s.

Au niveau le plus fondamental, l'église doit équiper ses membres à ...

• connaître et à défendre leur foi et à l'appliquer dans le monde.

• mener des vies exemplaires dans la société et dans les affaires.

• fonder des mariages et des familles solides.

• éduquer leurs enfants dans la voie qu'ils doivent suivre.

• réaliser leur vocation (dons spirituels et aptitudes vocationnelles).

• être de bon gérants de leurs ressources financières.

• être efficaces dans l'oeuvre d'évangélisation.

• se qualifier pour assister ceux qui se trouvent dans des situations particulières de

besoins physiques et spirituels (SIDA, prison, etc.)

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Initiation à l'Education Chrétienne 9

Intégration de la vérité La nécessité de l'intégration

«Que tout ce qui est vrai ... soit l'objet de vos pensées» (Ph 4:8)

Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité (Jn 17:17).

« ... Nous faisons prisonnière toute pensée

pour l'amener à obéir au Christ» (2 Co 10:5 FC) «Toute vérité est de Dieu», disait déjà St. Augustin. La vérité de Dieu a une étendue universelle, non seulement la vérité révélée (qui est sur un plan plus élevé) mais aussi toutes les autres choses qui sont vraies. Ainsi, chaque aspect de l'éducation doit être ramené en relation avec la vérité. L'éducation profane se démène pour trouver un facteur d'unification pour son programme. Pour l'éducation chrétienne ce facteur d'unification est la foi historique révélée dans les Ecritures.

En effet, Jésus a dit: «Je suis la vérité...». Dans un sens cela voulait dire qu'il confirmait qu'il était véritablement le Fils de Dieu, le Messie. Mais plus que cela, le Christ revendiquait qu'il était «l'ultime réalité--la racine de tout ce qui est et qui était, le point d'origine et le cadre de référence pour tout ce que nous pouvons voir, connaître et comprendre. C'est l'affirmation qu'au commencement était Dieu, qu'il est responsable pour l'univers, pour notre existence elle-même, et qu'il a créé l'ordre et les structures dans lesquels la vie existe. Tout ce que nous connaissons--toute signification--découle de lui.»10 A cause de cela, pour la pensée chrétienne il n'y a pas de dichotomie entre la raison et la foi, entre ce que nous pouvons observer empiriquement et les propositions que nous recevons par révélation. Car «toute vérité est la vérité du seul Dieu révélé en Jésus-Christ.»11

Le contraire de la vérité c'est l'erreur. Et il y a pas mal de pensées erronnées qui sont véhiculées même dans les écoles dites évangéliques. Il existe toujours le danger de succomber dans les séductions du prince de ce monde et d'adopter les pensées vaines de ce siècle qui se font passer pour «vérité scientifique». L'antidote contre cet état de chose est une bonne connaissance de la vérité et de la bonne science accompagnée par le renouvellement de l'intelligence du chrétien par la méditation sur la Parole de Dieu.

10 Charles COLSON, The Body (Dallas: Word, 1992), p.158. 11 Wolfhart PANNENBERG, «The Present and Future Church,» First Things (Novembre 1991):51.

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Initiation à l'Education Chrétienne 10

Le sens de l'intégration Le mot intégration veut dire « action de rassembler des parties en un tout.» L'intégration dans l'éducation chrétienne est l'union vivante de son sujet d'étude, de son administration et même de son personnel avec le modèle éternel et infini de la vérité de Dieu.12 C'est l'idée de ramener toute pensée captive à l'obéissance à Christ. Le processus d'intégration s'efforce à enlever toute dichotomie ou incompatibilité entre différents domaines de la connaissance, c'est-à-dire de notre compréhension de la réalité. Les moyens de l'intégration: par le professeur Il y a deux approches à ce problème: 1) soit par la réconciliation point par point des connaissances « scientifiques » avec les vérités bibliques, 2) soit par le moyen du professeur. Cette dernière voie est la plus essentielle.

Selon K. BARTH, le moyen le plus efficace pour intégrer tout sujet d'étude avec le christianisme passe par des professeurs avec un Weltbild (vision du monde) véritablement chrétien.13 En effet le fait suivant est inévitable: la vision du monde du professeur, dans la mesure qu'elle est effective, conditionne graduellement la vision du monde de l'élève.

C'est pourquoi une école qui veut développer un programme centré sur Christ et fondé sur la Bible doit avoir pour devise: «Pas d'éducation chrétienne sans des éducateurs chrétiens.» En aucun cas on ne devra négocier ce principe fondamental.14

Avoir des professeurs qui professent la foi chrétienne ne veut pas dire ipso facto que leur vision du monde est effectivement biblique. Nous sommes tous infectés d'une façon ou d'une autre par la pensée du « siècle présent ». Les éducateurs chrétiens ont besoin de ré-éducation, d'être «transformés par le renouvellement de l'intelligence» (Ro 12:1-2).

On est en droit de s'attendre de tout éducateur chrétien qu'il développe une vision du monde assimilée avec intelligence et maintenue avec conviction. « Pour l'éducateur évangélique, écrit GABELEIN, cette vision du monde repose ... en premier lieu sur la révélation écrite de Dieu, bien qu'elle s'inspire aussi de sa révélation dans la nature. [Cette vision chrétienne du monde] peut se développer au moyen de l'étude personnelle de la Parole de Dieu ...; en étudiant l'oeuvre des grands penseurs chrétiens; et ... au moyen de discussion entre collègues sur notre cadre de référence chrétien.»15

12 GAEBELEIN, p. 9 13 Ibid., p. 37. 14 Ibid. 15 Ibid., p. 44.

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Initiation à l'Education Chrétienne 11

Les moyens de l'intégration: par la matière • Les mathématiques --voir Blaise PASCAL La notion de «lois» dans la nature provient de la «croyance hébraïque et chrétienne en un Dieu qui était à la fois Créateur et Législateur» (A. R. Hall, The Scientific Revolution, 1500-1800 [Boston: Beacon Press, 1954], 171-72), cité par Colson, The Body (Word, 1992), p. 162. • La littérature • La musique Intégration des activités para-académiques • Sélection des activités selon Colossiens 3:17

• Le déroulement doit être «pour la gloire de Dieu»

• Respecter la proportion --e.g. Sport dans le programme de l'école

• Discipline

• Le culte

• Les relations publiques

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Initiation à l'Education Chrétienne 12

THEORIES PEDAGOGIQUES Une théorie est une construction intellectuelle tendant à explique les faits ou phénomènes et à les intégrer dans un système harmonieux de pensée.

--Henri et al. Une théorie est un ensemble d’idées, de concepts abstraits, de définitions et d’hypothèses plus ou moins organisés, ayant pour but d’expliquer et de prédire des phénomènes. Une théorie commence par une question. Pour les théories pédagogiques, cette question est la manière dont l’esprit humain acquiert et retient la connaissance. A partir de données disponibles, le chercheur formule une explication possible ou hypothèse. Si des études répétées confirment cette hypothèse, cette réponse conceptuelle à la question de recherche initiale acquiert de la force et éventuellement atteint le statut de théorie établie. La qualité de toute théorie pédagogique dépend en dernier lieu en sa capacité (1) à fournir une explication à ce qui a lieu dans le processus d’apprentissage, et (2) à prédire quelles pratiques pédagogiques facilitent le plus efficacement l’acquisition de la connaissance. LE CERCLE DES THEORIES PEDAGOGIQUES Pour essayer de représenter les rapports entre les théories pédagogiques, nous pouvons les placer dans un repère ayant deux axes : Axe X : Développement mental Question: « L’apprentissage est-il un modelage ou une éclosion ? » Axe Y : Acquisition de connaissance Question: « La connaissance est-elle une incorporation d’information du milieu extérieur ou est-elle conçue dans la pensée de la personne ? »

X

Y

modelage écolosion

infuse

conçue

Jean Piaget

B.F. Skinner

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Initiation à l'Education Chrétienne 13

Théories de développement moral adapté de « Moral Development Through Christian Education » par James Riley Estep Jr. Et Alvin W. Kuest dans Introducing Christian Education : Foundations for the Twenty-first Century (Grand Rapids : Baker, 2001), ed. Michael J. Anthony. Coles, Robert. The Moral Intelligence of Children. Kilpatrick, William. Why Johnny Can’t Tell Right from Wrong and What We Can Do about It Bennet, William. The Educated Child Y a-t-il un développement des valeurs morales chez l’enfant ? 4 approches générales selon Bonnidell Clouse Approches Promoteurs Description Choix moral est le

résultat de ... Psychoanalytique Sigmund Freud Le développement arrive par suite de

conflit entre le moi, le surmoi et le ça.

Conflit

Apprentissage/ déterminisme (learning/condi-tioning)

B. F. Skinner, Behavioristes

Le développement arrive par suite d’être exposé à des stimuli externes et conditionné par une réponse de comportement dans une situation donnée

Action

cognitive/raison-ne-ment moral (cognitive/moral reasoning)

Jean Piaget Lawrence Kohlberg, Carol Gilligan

Le développement est un processus qui accompagne le développement cognitif/intellectuel, avec chaque niveau représentant un plus haut niveau d’autorité par laquelle les décisions sont prises.

Connaissance

Potentiel moral Carl Rogers, Abraham Maslow, Humanistes

Le développement des valeurs morales est inné dans l’humanité et le progrès se fait par le moyen d’un processus d’auto-réalisation à mesure que les besoins, tant fondamentaux que supérieurs, sont satisfaits.

Potentiel

Moyens de développement moral Education de caractère Clarification de valeurs Comportement moral Conflit moral Modèles de développement moral Piaget : Modes Réalisme moral (4-7 ans) Autonomie morale (10+ ans)

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Initiation à l'Education Chrétienne 14

Kohlberg : Niveaux/Etapes Niveau 1 : Pré-conventionnel (4-10 ans)

Etape 1 : punition Etape 2 : récompense naïve

Niveau 2 : conventionnel (10-13 ans) Etape 3 : bon-garçon/bonne-fille Etape 4 : autorité

Niveau 3 : post-conventionnel (13+ ans) Etape 5 : contrat social Etape 6 : principes individuels et conscience

Gilligan : Niveaux Niveau 1 : moralité pré-conventionnelle (4-10) – préoccupation pour soi et sa survie. Niveau 2 : moralité conventionnelle (10-13) – préoccupation d’être responsable, de prendre soin

des autres (caring for others) Niveau 3 : moralité post-conventionnelle (13+ ans) – préoccupation pour soi et les autres comme

personnes interdépendantes. Critique des théories de développement moral 1. Une définition trop simpliste, étroit et solitaire de la moralité 2. Le dilemme n’explique pas complètement le choix moral 3. Les présomptions philosophiques sur la morale et la nature humaine des théoriciens 4. La vision de Kohlberg de la religion est considérée comme une entrave Adaptations évangéliques des Théories de Développement Moral Dennis Dirk : cadre théorique: Métaphores de croissance morale dans le NT ; Internalisation des valeurs (Ep 6.6 ; Mt 5.1s) ; Transformation morale (Ro 12.1-2) Donald Joy, développement moral en tant que pèlerinage caractérisé par un désir d’avancer vers de meilleures perspectives et solutions, et 2) attraction pour des manières avancées d’interpréter la réalité (la vision est embracée avant que la performance soit maîtrisée). Blondinell Clouse, Teaching for Moral Growth (1993). La Bible met l’accent sur les 4 approches : Conflit : Josué 24.14-18 ; Ro 5.17 ; 7.21-24 Action : Ps 15.1-4 ; Amos 5.11-12, 21-22 ; Mt 25.31-40 ; Ja 1.2 Connaissance : Ps 119.34 ; Jn 13.7 : Ep 2.12 ; Philp 4.9 ; Ja 2.17 Potentiel: imago dei Ph 2.7; Col 1.17; rédemption Ps 138.8; Ro 8.17; 2Co 3.18; 1Pi 2.2; 2Pi 1.1; 3.8 Ted Ward, Values Begin at Home (Wheaton : Victor, 1989). Modèle du pont. 4 facteurs facilitent le développement : 1) expérience de justice ; 2) expérience d’interaction sociale ; 3) discussion ouverte sur des préoccupations morales ; 4) opportunités pour des jeux de rôles.

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Théorie de développement de la foi adapté de « Faith Development » par Dennis Dirks dans Introducing Christian Education : Foundations for the Twenty-first Century (Grand Rapids : Baker, 2001), ed. Michael J. Anthony.

Fondements de la Théorie de développement de la foi Fondateur du mouvement : James W. Fowler , Charles Howard Candler Professor of Theology and Human Development,

Candler School of Theology à Emory University (United Methodist Church) Directeur de Emory Center for Ethic in Public Policy and the Professions. Stages of Faith : The Psychology of Human Development and the Quest for Meaning (San Francisco : Harper and Row, 1981)

Sources d’inspiration

En sciences sociales Jean Piaget : théorie de développement cognitif Lawrence Kohlberg : théorie de développement moral Erik Erickson : développement psychosocial

En théologie H. Richard Niebuhr, Christ and Culture (New York: Harper & Row, 1951) Paul Tillich (1886-1965), The Courage To Be (1952; Yale Univ Pr; 2e edition, 2000) Wilfred Cantwell Smith (1916-2000), Professeur Emérite d’Histoire comparée de religion à Harvard. Patterns of Faith Around World (1998). Présomption de base : la foi est générique ; tous les êtres humains ont une sorte de foi qui évolue selon un processus prévisible de développement.

Foi et croyances Les croyances sont des moyens importants par lesquels la foi est exprimée. La foi se définit en termes de loyauté et confiance

1. Centres de valeurs : dévotion aux idées et personnes qui en sont digne à nos yeux

2. Sources de sécurité : centres de pouvoirs qui nous donne un sentiment de sécurité

3. Histoire sacrée (master story) : histoire partagée avec d’autres qui transcende l’existence humaine et qui donne une direction et de l’espérance à la vie.

Qualité de la foi 1. Relationnelle : la foi n’est pas une affaire privée. Elle s’exprime dans un modèle

triangulaire : relation avec les autres et relation avec un centre de valeur 2. Connaissance qui conduit au savoir-être et savoir-faire (action)

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Initiation à l'Education Chrétienne 16

Structures de la foi 1. Thinking (raisonner) 2. Valueing (valoriser) 3. Knowing (connaître). Toute formes de connaissance comence par des images

et la plupart de ce que nous connaissons est conservée sous forme d’images.

Etapes de la foi Les étapes sont invariantes, séquentielles, hiérarchiques ; mais la théorie n’est pas nécessairement applicable à toutes les cultures.

Les six (6) étapes 0. Primal or Undifferentiated Faith (0-3 ans) 1. Intuitive-Projective Faith (2-7 ans) 2. Mythical-Literal Faith (8-11 ans) 3. Synthetic-Conventional Faith (12-22 ans) 4. Individuative-Reflective Faith (jeune adulte) 5. Conjunctive Faith (adulte moyen et après) 6. Universalizing Faith

Différence entre la théorie de développement de la foi et la doctrine de la sanctification

Développement de la Foi Sanctification

Focus Accent sur l’expérience, néglige l’œuvre de Dieu

Dieu est actif, L’homme est « passif »

Finalité Appréciation des humains et acception des différences entre eux

Rendre conforme à l’image de Christ dans tous les aspects de la vie

Implications pour l’éducation chrétienne 1. Importance du ministère auprès des adultes puisque la foi des adultes a le

potentiel de continuer de se développer dans l’âge mur. 2. Encourager l’approfondissement de la foi à chaque étape ; encourager la

croissance vers la prochaine étape sans toutefois négliger d’apprécier l’étape à laquelle se trouve une personne .

3. Ne pas remplacer le langage de la foi par le langage courant de la société. 4. Reconnaître la peine associée aux transition d’une étape vers la prochaine dans

le développement de la foi. 5. La foi ne doit pas évoluer de façon isolée par rapport aux expériences

journalières de la vie. Les progrès dans le développement de la foi est le résultat d’interactions avec des idées, avec les autres, et avec les circonstances de la vie : écouter le pèlerinage de la foi des autres, apprécier la perspective des autres, impliquer les chrétiens dans des processus de prise de décision, situation d’apprentissage regroupant différentes générations ou groupes d’âge.

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Initiation à l'Education Chrétienne 17

Le cycle éducatif

Le diagramme du cycle éducatif (au bas de cette page) nous permet de voir

graphiquement les sept étapes de la programmation d'un ministère évangélique. I- FINALITES BIBLIQUES.

La première étape du cycle consiste à identifier les

impératifs de la Bible pour le ministère de l'éducation

chrétienne. La Bible étant centrale pour cette oeuvre et

représentant l'autorité suprême du chrétien, nous devons

l'étudier pour découvrir quelle orientation rechercher.

Comme nous l'avons déjà expliqué plus haut, dans ses

grandes lignes la Bible présente la maturité comme but

ultime (Col.1:28): maturité en doctrine (Eph. 4:14), en

relations (1 Tim 1:5) en sagesse (He 5:13,14) et en

service (2 Tim 3:17). II- CARACTERISTIQUES ET BESOINS DU GROUPE D'AGE.

La Bible nous oblige quant à la finalité de notre

ministère, cependant pour identifier le point de départ de notre

démarche nous devons tenir compte des caractéristiques du

groupe avec lequel nous travaillons. Ces caractéristiques

peuvent être regroupés en 5 dimensions : physique,

intellectuel, social, émotionel, spirituel. En fonction de l'âge,

de la consition ou de l'étape dans la vie (universitaire? marié?

chômeur?) le groupe présentera des besoins particuliers à prendre en considération. III- OBJECTIFS COURANTS

Les humains ne sont pas des êtres infinis mais plutôt limités dans l'espace et le

temps. Les progrès à réaliser dans n'importe quel domaine sont en fonction de cette

limitation-là. Il convient alors d'évaluer un programme pour une durée donnée, et

d'établir des objectifs courants pour une telle durée aussi. A cette étape donc on essaie

de formuler des buts dans le sens des finalités bibliques mais qui sont réalistes et

mesurables pour la période considérée (3 mois par exemple).

Finalités bibliques

Caractéristiques du groupe

Objectifs courants

Curriculum

Organisation etAdministration

Méthodes et moyens

Evaluation

Le Cycle Educatif ou Cycle de Planification

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Initiation à l'Education Chrétienne 18

En tenant compte de la taxonomie des objectifs selon Bloom, il

faudra penser à des objectifs pour le domaine cognitif (la tête, cf. De

6:7), le domaine affectif (le coeur, cf. Ph 2) et le domaine psychomoteur

(les membres, cf Ro 6:13). Ces objectifs devront être mesurables

(verbes d'action) et formulés en fonction des étudiants, ce qu'ils devront

pouvoir faire et non ce que le professeur se propose de faire.

La Bible aussi nous interpelle en particulier à progresser dans la dimension de la

foi (relation avec Dieu), la dimension de l'amour (relation avec le prochain), la

dimension de l'espérance (relation avec les circonstances). Voir 1 Thess 1:3; 2 Thess

1:3; Col 1:4,5. IV- CURRICULUM ET PROGRAMME

Par curriculum on entend l'ensemble des expériences éducatives pour réaliser

les objectifs fixés. Il faudra déterminer l'étendue du programme ainsi que la séquence

des leçons. En pensant au programme on peut prévoir les étapes de progrès. Par

exemple en travaillant avec les jeunes on prévoit 5 étapes:

5. MULTIPLICATION 4. LEADERSHIP 3. MINISTÈRE 2. CROISSANCE 1. ANIMATION

Ainsi on commence là où sont les jeunes (curieux, non-engagés, à la recherche

de loisirs) pour arriver au niveau de multiplication comme le demande 2 Tim 2:2. On

établit les activités convenables pour chaque étape et on place ces activités dans un

calendrier. C'est le programme prévu pour la période. V- ORGANISATION ET ADMINISTRATION

Pour réaliser le beau programme préparé il faut un personnel et des ressources

matérielles. Cette préoccupation relève de cette cinquième étape. L'organisation

consiste à établir les aspects variés de la tâche globale, avec un accent particulier sur

la planification et la structuration des activités du programme. On peut représenter

graphiquement l'organisation par un organigramme. Ce tableau présente les différents

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Initiation à l'Education Chrétienne 19

postes à fournir et montre les relations de hiérarchie entre les postes. Les statuts ou

constitution de l'organisation est un document important qui fixe la mission, les objectifs

et la structure de l'association ou de l'entreprise.

L'administration est la science d'accomplir des buts par le moyen de

personnes. Ici on retrouve les fonctions de planification, organisation, dotation en

personnel, initiation, délégation, direction, supervision, coordination, évaluation et

motivation. De façon plus simple, on dit que les grandes fonctions de gestion sont la

planification, l'organisation, la coordination/direction et le contrôle.

Dans la planification il est important de commencer par une analyse de la

situation du ministère ou de l’organisation. Le tableau d’Analyse SWOT (Strength,

Weaknesses, Opportunities, Threats) permet d’identifier les forces et faiblesses

internes, aussi bien opportunités et menaces externes. Quand cet exercice est fait en

groupe, il peut être d’une plus grande valeur pour l’organisation.

Un document de planification stratégique permet de clarifier l’orientation de

l’organisation. Un tel document comprendra une déclaraition de vision , une déclaration

de mission, une liste des valeurs fondatamentales, les priorités stratégiques, et autant

que possible les objectifs visés et résultats escomptés.

Un autre dossier très importants est le budget qui permet de bien prévoir et

contrôler les ressources financières de l'organisation. On définit le budget comme

Un organigramme présente les relations hiérarchiques et les relations d’état-major dans l’organigisation

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Méthode pour enseigner les versets

selon l’Association pour l’Evangélisation des

enfants (AEE)

Introduction

Presentation

Explication

Application

Répétition

l'expression numérique et financière d'un programme d'action pour une période donnée.

Dans la préparation du budget on doit clarifier certaines présomptions : inflation, taux de

change, plan de croissance, obligations et engagements, etc

Une bonne administration doit se doter d'un manuel de procédures qui établit la

manière de réaliser les activités de l'association: descriptions de tâches, question de

personnel, politique générale de l'organisation, procédures pour différentes fonctions et

les travaux de bureau (communication écrite et orale, classement de dossiers,

préparation de documents, machines de bureau tels que l’ordinateur).

Dans ses fonctions de coordination, un responsable d’éducation chrétienne aura

à mobiliser le personnel, superviser le travail, et recruter (et congédier) des ouvriers. Il

est important de répéter ici qu'il n'y a pas d'éducation chrétienne sans éducateurs

chrétiens et spirituels. La dernière fonction dans le cycle de gestion est le contrôle. Ici

on applique les procédures de contrôle interne (par exemple, reçus prénumérotés,

séparation des tâches de finances), on sanctionne les rapports d’activités et les

rapports financiers (états de résultats, bilan, rapport de cash flow). VI- METHODES ET MOYENS

Il existe différentes méthodes pour enseigner. Jésus

avait surtout favorisé les paraboles et le questionnement.

L’informatique devient un outil de plus en plus important pour l’éducation chrétienne. Elle facilite la tâche des enseignants et accélère le travail des administrateurs.

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L’éducation chrétienne prône les méthodes qui font appel à la créativité et qui tiennent

compte des connaissances modernes en éducation. Les programmes d’éducation

chrétienne utilisent les moyens impressifs (images, flannelographe, projection vidéo) et

le moyens expressifs (composition de poésie, recherche biblique, théaâtre). Cependant

la bonne méthode et les moyens appropriés sont choisis en fonction de principes tels

que résumés dans les Sept Lois de l'Enseignement de John Milton Gregory.16

1. Loi de l'enseignant : l'enseignant doit bien connaître la leçon à enseigner. D'où la

nécessité d'une préparation générale, personnelle et spéciale pour la leçon.

2. Loi de l'élève : l'élève est celui qui s'intéresse à la leçon. Le moniteur cherchera

d'abord à capter l'attention de son élève et se servir de son intérêt pour lui

communiquer la leçon. Eventuellement, l'intérêt devra se changer en motivation.

3. La loi du langage : le langage qui sert de moyen de communication entre

l'enseignant et l'élève doit être commun aux deux. On se rappelera que les enfants

ont une compréhension très littérale de ce qui est dit. Il vaut la peine d'écouter

comment le groupe de ses élèves utilise le langage.

4. Loi de la leçon : c'est par le connu qu'on explique l'inconnu. La leçon devrait être

conçue comme un ensemble de parties constitutives édifiées les unes sur les autres.

Le bon enseignant cherchera à connaître le niveau de ses élèves pour savoir quelles

autres parties ajouter pour les amener à arriver au sommet voulu.

5. Loi du processus d'enseignement : enseigner c'est stimuler l'intelligence de l'élève

pour lui faire découvrir la nouvelle vérité. L'idéal est que l'élève devienne un

chercheur autonome.

6. Loi du processus d'apprentissage : apprendre c'est assimiler à sa propre pensée

une nouvelle vérité ou transformer en habileté un nouvel art. On dit aussi que

l'apprentissage est un changement de potentiel de comportement.

7. Loi de la révision et de l'évaluation : une leçon apprise sera confirmée par la 16 Méthodes d'enseignement (Béthel, 1983, 1987), pp. 36-43.

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révision, la reformulation et l'application. Carl Shaffer recommande de :

� Reviser souvent, avec soin, de manière intéressante.

� Utiliser une variété de conceptions récentes et des nouvelles associations.

� Apporter de nouvelles lumières sur des anciennes leçons.

� Porter les élèves à utiliser leurs mains aussi bien que leurs pensées dans la

révision.17

Ajoutons enfin que les méthodes doivent être variées. On ne saura trop mettre

l'accent sur la nécessité d'offrir aux jeunes des encadreurs qui sont de bons modèles de

chrétiens à l'église comme à la maison. Les encadreurs doivent développer des

relations importantes avec les jeunes car c'est dans un tel contexte que la formation de

disciples se réalise effectivement. VII- EVALUATION

Si on s'est fixé des objectifs il faut savoir si oui ou non on les a atteints et aussi à

quel degré de réussite. L'évaluation alors consiste à mesurer les changements

(potentiels et actuels) dans les étudiants en fonction des objectifs formulés d'avance. A

cette étape on doit aussi revoir les différents aspects du ministère (programme,

organisation, méthodes) pour apprécier à quel point ils sont adéquats pour la réalisation

des objectifs qu'on s'est donnés. On s'efforcera alors de répondre à ces questions: A

quel point a-t-on réussi à réaliser les objectifs fixés (100%, 60%)? Qu'est-ce qui

marche bien et quelles sont les contraintes dans la planification, l'organisation et les

procédures du ministère?

Ce n'est pas une étape à redouter, car même les critiques peuvent contribuer à

réorienter l'effort vers une programmation plus conforme: meilleure appréciation des

besoins du groupe, objectifs mieux formulés, procédures améliorées, méthodes plus

efficaces, etc.

17 Carl Shafer, “Excellence in Sunday School Teaching” cité dans Almost Every Answer for Practically Any Teacher (Oregon: Multnomah, 1992), ed Bruce Wilkinson, p 33.

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La planification d'une leçon

1. La leçon commence avec la préparation du moniteur. Qu'on se rappelle la première

loi de l'enseignement qui dit que le maître doit bien savoir la leçon ou la vérité à

enseigner. Une préparation générale de base est essentielle. Les domaines de

formation requises pour un éducateur chrétien sont entre autres: Bible et doctrine,

expression orale, notions de pédagogie, gestion de la classe, éthique, connaissances

générales y compris des notions de musique, d'histoire de l'Eglise et de missiologie.

En vue de la présentation de chaque leçon il faudra une préparation partuclière.

Le moniteur étudie la leçon qu'on lui donne à enseigner ou il fait ses recherches pour

organiser sa propre leçon. Au cas où il y aurait un plan de leçon déjà préparé, il lui

faudra faire des recherches plus approfondies sur les mots clés, le contexte du passage

biblique et les problèmes s'y rapportant. Le maître préparé peut anticiper les questions

des élèves et peut répondre à la plupart de ces questions.

Un troisième domaine à considérer est la préparation personnelle. Le moniteur

doit appliquer à sa vie d'abord les vérités qu'il veut enseigner aux autres. La

préparation personnelle se maintient aussi par une pratique régulière de prière et de

méditation. Un autre aspect de cette préparation est la connaissance de ses élèves et

l'entretien d'une relation significative avec eux. Un tel contexte où l'élève se sent aimé

est un champ fertile pour l'apprentissage et la croissance.

2. Le développement de la leçon sera en fonction des obectifs fixés pour la classe. Le

moniteur doit formuler des objectifs pour les trois domaines identifiés par BLOOM:

domaine cognitif, domaine affectif, domaine psychomoteur (ou plutôt conatif). De façon

plus simple je préfère dire des objectifs pour la tête, pour le coeur et pour les membres.

Qu'on se rappelle que les objectifs bien formulés sont exprimés en fonction de ce que

l'élève fera (et non en fonction du moniteur) et les phrases seront composées avec des

verbes d'action mesurable ou falsifiable. Par exemple, au lieu de dire «savoir la

définition de 'Eglise'», on préfèrera «identifier les éléments essentiels d'une définition de

l'Eglise» ou «reformuler en une phrase la définition de l'Eglise à partir des éléments

essentiels de la notion d'Eglise dans le NT.» Les «éléments essentiels» sont connus,

on peut les identifier et en dresser la liste. On peut distinguer si l'élève peut reformuler

les éléments de la définition en une phrase. S'il peut faire tout cela on pourra se dire

qu'il connaît la définition.

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3. Pour réussir l'introduction de la leçon il faudra penser à un moyen pour accrocher

l'attention de la classe. Imaginez une classe de jeunes à l'Ecole du dimanche. A quoi

pensent-ils en arrivant dans la salle? On trouvera sans doute qu'ils parlent de match de

foot-ball, de la jeune fille qu'ils sont allés voir, du programme à la télévision la veille ou

de l'examen qu'ils ont a préparer. Donc de toute autre chose sauf le sujet de la leçon

du jour. Or la loi de l'élève nous dit que pour apprendre il faut que l'élève s'intéresse à

la leçon. On cherchera donc une anecdote, une question ou une activité pour étonner,

émerveiller ou stimuler l'attention de l'élève. Ce moyen devra nécessairement avoir un

certain rapport avec la leçon.

4. Une «mise en train » suivra le moyen d'accrochage pour faire la liaison entre la

leçon à voir et le vécu de l'élève. Son intérêt soulevé dans l'introduction doit être

transformé en motivation pour l'étude à entreprendre. Je préfère ici identifier les

besoins et les problèmes de la vie auxquels la leçon apporte satisfaction, solution ou

perspective. Une illustration peut très bien servir à ce point. Par illustration j'entends

une anecdote ou une information factuelle qui peut clarifier ou appliquer une vérité.

5. La leçon à proprement parler est une série de vérités dont l'élève est appelé à

assimiler le sens et les relations. (cf. Le processus d'apprentissage). En procédant par

ordre (cf. Loi de la leçon), le moniteur stimulera l'esprit des élèves par une variété de

techniques (moyens et matériels), pour les porter à découvrir les vérités de la leçon (cf.

Loi processus enseignement).

Questions de développement

Qu'est-ce que je dois expliquer?

Qu'est-ce que je dois prouver (justifier)?

Qu'est-ce que je dois appliquer?

6. Il est important de chronométrer la présentation et de prévoir assez de temps pour

que la classe puisse réagir aux vérités enseignées (cf. Loi de révision et application).

En fonction des objectifs programmés, on organisera des activités propres à conduire

l'élève à appliquer les vérités de la leçon dans une situation réelle ou vraisemblable.

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Questions pour l'Application

Quel péché à éviter?

Quelle promesse à réclamer?

Quel exemple à suivre?

Quel commandement à obéir?

Quelle vérité à croire et affirmer?

7. La conclusion de la leçon se fera par une révision des vérités étudiées sans négliger

des exhortations encourageant les transformations de vie appropriées.

8. Le travail du moniteur prend fin avec une auto-évaluation de son travail. Ceci

contribuera au perfectionnement de son ministère en évitant les erreurs du passé et en

reproduisant les bonnes approches.

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Date_______________________________________________________________

Classe_____________________________________________________________

Titre de la leçon______________________________________________________

CANEVAS DE LEÇON

Objectifs ____________________________________________________________

____________________________________________________________

____________________________________________________________

Heure Matière Méthode Matériel

_____ ZEN _______________ _______________ ___________

____ VECU _______________ _______________ ___________

____ RECHERCHE _______________ _______________ ___________

_______________ _______________ ___________

_______________ _______________ ___________

____ REPONSE _______________ _______________ ___________

_______________ _______________ ___________

____ REVISION _______________ _______________ ___________

_______________ _______________ ___________

AUTO-EVALUATION

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