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Depuis plusieurs décennies, parallèlement à la remise en cause des conquêtes sociales, à la destruction progressive des services publics et des dispositifs fiscaux de redistribution, et à l’accroissement spectaculaire des inégalités, nous faisons face à une entreprise généralisée de discrédit de toute alternative politique et de dénigrement de tout mouvement de libération. Le but est évident : obtenir une population malléable, désabusée, soumise à l’autorité, acceptant les injustices, personnellement et collectivement fragilisée, et n’ayant plus pour seul horizon que la survie individuelle. A cet égard, le peuple basque est doublement exemplaire. C’est sur lui que s’est abattu l’arsenal politique, policier et juridique le plus violent en Europe : interdiction des partis indépendantistes et des associations de solidarité, fermeture des médias et bars associatifs, usage répandu de la torture, législation de plus en plus liberticide et politique pénitentiaire toujours plus cruelle, avec aujourd’hui plus de militants basques en prison qu’à la mort de Franco. Mais c’est aussi lui qui a montré durant toutes ces années la plus forte résistance à l’anéantissement : la revendication indépendantiste, portée par un mouvement populaire et social multiformes, est plus que jamais au cœur de la vie politique et culturelle du pays basque, et reste la question principale pour son avenir démocratique. Aujourd’hui, alors que le capitalisme en crise veut nous entraîner dans de nouveaux renoncements, nous voyons réapparaître, en France comme ailleurs, les signes d’une volonté de faire face à cette entreprise, et de poser en termes nouveaux INFO EUSKAL HERRIA 1 er trimestre 2009 CSPB Comité de Solidarité avec le Peuple Basque 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris [email protected] http://cspb.unblog.fr/ Solides et solidaires Solides et solidaires Solides et solidaires Solides et solidaires Solides et solidaires la question de l’alternative politique. C’est le moment de rappeler que l’attitude vis-à- vis de la cause basque reste un point de clivage déterminant : ceux qui acceptent de participer au renforcement des puissances impérialistes et à l’affaiblissement des luttes en Europe laisseront s’accomplir en silence les attaques de l’État français contre ce mouvement de libération. Les autres auront la force de dire Non. Non, nous n’acceptons pas que le gouvernement français arrête des militants basques, qu’il les emprisonne à 1 000 kilomètres de chez eux pour pénaliser leur famille et leurs proches, qu’il les remette à la police tortionnaire espagnole malgré tous les cas signalés par les O.N.G. Nous n’acceptons pas que les dirigeants de Batasuna, principal mouvement de la gauche indépendantiste basque, soient arrêtés par la police française, leurs salaires confisqués, le siège de leur parti perquisitionné, et que des menaces de dissolution soit portées par des représentants du pouvoir. Nous n’acceptons pas, d’une façon générale, que le peuple basque soit nié dans son existence, et que la République française collabore activement avec la Monarchie espagnole pour lui ôter toute possibilité d’autodétermination. Nous ne l’acceptons pas, non seulement parce qu’il y a là un déni flagrant de démocratie, mais aussi parce qu’en soutenant la lutte basque, nous soutenons notre propre capacité à relever la tête, à affirmer nos droits et nos aspirations, et à construire notre propre avenir. C’est là le sens de notre solidarité. 2€

Info Euskal Herria

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Bulletin informative préparé par le Comité de solidarité avec le Pays basque à Paris

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Depuis plusieurs décennies, parallèlement à laremise en cause des conquêtes sociales, à ladestruction progressive des services publics etdes dispositifs fiscaux de redistribution, et àl’accroissement spectaculaire des inégalités, nousfaisons face à une entreprise généralisée dediscrédit de toute alternative politique et dedénigrement de tout mouvement de libération.Le but est évident : obtenir une populationmalléable, désabusée, soumise à l’autorité,acceptant les injustices, personnellement etcollectivement fragilisée, et n’ayant plus pourseul horizon que la survie individuelle.

A cet égard, le peuple basque est doublementexemplaire. C’est sur lui que s’est abattu l’arsenalpolitique, policier et juridique le plus violent enEurope : interdiction des partis indépendantisteset des associations de solidarité, fermeture desmédias et bars associatifs, usage répandu de latorture, législation de plus en plus liberticide etpolitique pénitentiaire toujours plus cruelle, avecaujourd’hui plus de militants basques en prisonqu’à la mort de Franco. Mais c’est aussi lui qui amontré durant toutes ces années la plus forterésistance à l’anéantissement : la revendicationindépendantiste, portée par un mouvementpopulaire et social multiformes, est plus quejamais au cœur de la vie politique et culturelledu pays basque, et reste la question principalepour son avenir démocratique.

Aujourd’hui, alors que le capitalisme en crise veutnous entraîner dans de nouveaux renoncements,nous voyons réapparaître, en France commeailleurs, les signes d’une volonté de faire face àcette entreprise, et de poser en termes nouveaux

INFO EUSKAL HERRIA

1er trimestre 2009

CSPBComité de Solidarité

avec le Peuple Basque

21 ter, rue Voltaire

75011 Paris

[email protected]

http://cspb.unblog.fr/

Solides et solidairesSolides et solidairesSolides et solidairesSolides et solidairesSolides et solidaires la question de l’alternative politique.

C’est le moment de rappeler que l’attitude vis-à-vis de la cause basque reste un point de clivagedéterminant : ceux qui acceptent de participerau renforcement des puissances impérialistes età l’affaiblissement des luttes en Europe laisseronts’accomplir en silence les attaques de l’Étatfrançais contre ce mouvement de libération. Lesautres auront la force de dire Non.

Non, nous n’acceptons pas que le gouvernementfrançais arrête des militants basques, qu’il lesemprisonne à 1 000 kilomètres de chez eux pourpénaliser leur famille et leurs proches, qu’il lesremette à la police tortionnaire espagnole malgrétous les cas signalés par les O.N.G. Nousn’acceptons pas que les dirigeants de Batasuna,principal mouvement de la gauche indépendantistebasque, soient arrêtés par la police française,leurs salaires confisqués, le siège de leur partiperquisitionné, et que des menaces de dissolutionsoit portées par des représentants du pouvoir.Nous n’acceptons pas, d’une façon générale, quele peuple basque soit nié dans son existence, etque la République française collabore activementavec la Monarchie espagnole pour lui ôter toutepossibilité d’autodétermination.

Nous ne l’acceptons pas, non seulement parce qu’ily a là un déni flagrant de démocratie, mais aussiparce qu’en soutenant la lutte basque, noussoutenons notre propre capacité à relever la tête,à affirmer nos droits et nos aspirations, et àconstruire notre propre avenir.

C’est là le sens de notre solidarité.

2€

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Le Pays basque ne marche pas seul.

Démocratie et autodéterminationA toutes les personnes solidaires avec le Pays basque

A toutes les organisations politiques et sociales, auxmouvements populaires révolutionnaires

A Toutes les PLATEFORMES D’AMIES ET AMIS DU PAYSBASQUE DANS LE MONDE

La solidarité internationaliste avec le Pays basque ne datepas d’hier. Le soutien en provenance de différents lieuxet peuples du monde envers, la lutte des femmes et hommesde la Gauche Indépendantiste basque pour l’obtentiond’un Pays basque indépendant et socialiste vient de loin.Presque autant que la nouvelle genèse de cette dernièreétape qui, après des siècles de lutte dans d’autrescoordonnées historiques face aux États espagnol etfrançais, commencera en plein franquisme dans les annéessoixante.

Comment oublier la vague de manifestations de 1969-1970, solidaires, populaires et universitaires, dans l’Étatespagnol et dans toute l’Europe, qui poussèrent lesgouvernements d’Autriche, Suède, Norvège, AllemagneFédérale, Italie, France, Belgique, etc., à protester faceau dictateur Franco pour les neuf demandes de peine demort et les 752 anées de prison contre des militants del’ETA? Comment pourrions-nous oublier cette grandevictoire de la solidarité internationale et de la lutte duPays basque contre le procès de Burgos?

Autres exemples de solidarité furent les mobilisationspour sauver la vie de Txiki et d’Otaegi, pour empêcherqu’ils soient fusillés en septembre 1975. Détentionsd’intélectuels français à Madrid suivies par leur expulsionde l’État espagnol, protestations solidaires partout enEurope dirigées par des syndicats et des organisationssolidaires. Mise en évidence, cette haine déchaînée contrela dictature franquiste et la solidarité en faveur des deuxderniers militants basques, avec trois espagnols, fusillléspar le dictateur. Ambassades et intérêts espagnolssubirent de sérieux dégâts dans toute l’Europe, Lisbonne,Stokolm, La Haye, Bruxelles, Rome et même à Manhattan.

Nous ne pouvons pas oublier les Journées Internationalescontre la Centrale Nucléaire de Lemoiz de l’été 1981,quand des personnes qui luttaient contre l’énergienucléaire venues de tous les recoins du continentconfluèrent à Algorta, répondant à l’appel des ComitésAntinucléaires Basques. Ils nous montrèrent lesconnivences du nucléaire avec l’industrie de l’armement,avec le développement capitaliste, en plus de nous aiderà créer une immense vague populaire qui enterra cemonstre d’imposition et folie capitaliste qu’était Lemoiz.

Que de douleur souleva ce mois d’août 94 à l’hôpital Filtrode Montevideo, la Grève Générale contre l’extraditionde trois Basques, contre leur remise entre les mains detortionnaires espagnols, des centaines de personnesblessées, deux personnes assassinées parmis la foulesolidaire réunie, Morroni et Facal, des chiens, des gaz,

SEMAINE INTERNATIONALE DE SOLIDARITE AVEC LE PAYS BASQUE

batons et sabres utilisés contre l’IMMENSE solidaritéavec le Pays basque. Nous portons profondément ce“Lacalle fascista, vos sos el terrorista” (“Lacalle fasciste,c’est vous le terroriste”).

Et les Comités de Solidarité avec le Pays basque et lesplateformes des Amies et amis du Pays basque organiséesdepuis peu, démontrent et confirment à nouveau que lavolonté d’un Pays basque libre et socialiste ne marchepas seule, mais qu’elle est très bien accompagnée.

Ce sont nos meilleurs hauts-parleurs, leurs dénonciationsdes tortures, des illégalisations, du refus d’une logiquedémocratique… Ils sont aussi une de nos nécessités.

Les États espagnol et français se sont unis pour en termineravec le peuple basque par tout moyen, utilisant larépression à fond contre n’importe quel mouvement ouorganisation représentant le moindre secteur du peuplebasque. Ils ne se gènent pas pour changer les lois, lescodes pénals, tout est bon pour maintenir le maximumd’années possibles les prisonnières et prisonnierspolitiques basques en prison, tout est bon pour incarcérerla jeunesse, les personnes qui luttent pour une Paysbasque libre.

Le motif de cette déraison nous le connaissons par labouche du collectif incarcéré dans le macro-procès 18/98: “Pour rendre impossible la démocratie basque, cellequi rendrait possible la création d’un État basque si ainsien décidait la majorité en Pays basque. Envers cela etl’indépendance, ils font preuve d’une véritable panique.Ainsi qu’envers la possibilité que l’égalité, le respect etla solidarité remplacent l’imposition, la négation et laguerre qui sont les principes guidant les relations entreles peuples prisonniers dans les États espagnol etfrançais”.

Et notre objectif est également clair, comme l’avait ditJuan Paredes Manot “Txiki”, un jour avant d’être fusillé:“Nous ne devons pas oublier notre objectif: la créationd’un État Socialiste Basque, objectif pour lequel sonttombés et ont donné la vie beaucoup de militantsrévolutionnaires, alors aura été atteint notre objectif etvous pourrez construire une société nouvelle, sansclasses, où n’existe pas l’exploitation de l’homme parl’homme”.

Pour atteindre ces objectifs nous avons besoin de lasolidarité internationale, nous avons besoin d’avancerensemble avec toutes les personnes qui comprennent notredésir de liberté et qui veulent nous accompagner sur notrechemin.

Nous espérons que cette semaine soit une nouvellerencontre dans la lutte, une nouvelle avancée de lasolidarité internationaliste.

DÉMOCRATIE ET AUTODÉTERMINATIONPOUR LE PAYS BASQUE

Page 3: Info Euskal Herria

Le 1er mars, des élections auront lieu au Pays basque,des élections pour le parlement basque. L’État espagnolpoursuivant sa politique d’interdire à la gaucheindépendantiste basque toute possibilité d’êtreprésente dans les institutions basques, a rapidementouvert la chasse aux sorcières. Tout d’abord, la policeespagnole a arrêté, le 23 janvier, huit militants de lagauche abertzale, parmi lesquels un représentant de laplateforme électorale Demokrazia 3 Milioi (D3M) et aperquisitionné plusieurs domiciles et locaux. Toutes cespersonnes ont été incarcérées, accusées d’appartenanceà bande armée. Le juge Baltasar Garzon a pris la suiteen convoquant treize personnes liées au partiAskatasuna et à Demokrazia3Milioi, organisationscandidates aux élections, à se présenter au TribunalNational espagnol de Madrid, le vendredi 6 février,pour y déclarer en tant qu’accusés. Et dernièrement,le Tribunal Suprême « a étudié » le parti Askatasunaet la plateforme D3M pour établir s’ils étaientcontaminés (c’est à dire si dans les listes de ces deuxorganisations il y avait des militants de la gaucheindépendantiste ou des personnes ayant eu unequelconque relation, si petite soit-elle, avec la gaucheindépendantiste).

Hier, 9 février, le Tribunal Suprême a rendu publiquesa décision, qui ne pouvait être autre chose quel’interdiction des deux listes électorales.

Le Tribunal Suprême commet une erreur manifeste dansla décision qui annule les candidatures d’Askatasuna :dans un de ces « faits concrets » il confond le partiavec l’organisme pour l’amnistie du même nom, dont lesactivités ont déjà été suspendues par Garzón en 2002.Et c’est là un des indices utilisés pour parler « de latransversalité du complexe ETA/Batasuna ».

Il suffit au Tribunal Suprême espagnol, à défaut depreuves, d’une « conviction juridique » et de toute unesérie « de faits indicateurs » pour émettre des

Le Le Le Le Le TTTTTribribribribribunal Suprême espaunal Suprême espaunal Suprême espaunal Suprême espaunal Suprême espagnol fgnol fgnol fgnol fgnol fait une gait une gait une gait une gait une gafafafafaffffffe :e :e :e :e :il confil confil confil confil confond le parond le parond le parond le parond le parti ti ti ti ti AskaAskaAskaAskaAskatasunatasunatasunatasunatasuna

aaaaavvvvvec l’orec l’orec l’orec l’orec l’orggggganisme pour l’amnistieanisme pour l’amnistieanisme pour l’amnistieanisme pour l’amnistieanisme pour l’amnistie12 02 2009

résolutions qui ont comme conséquence la graveannulation des candidatures électorales d’Askatasunaet D3M. Une analyse attentive de la centaine de pagesdont est composé chaque document montre que leurrédaction a été faite en ordre inverse de la pagination.C’est-à-dire que les magistrats ont d’abord adopté ladécision et ensuite, dans le peu de temps disponible etavec le peu de preuves existantes, ils ont tissél’argumentation juridique.

Ainsi que GARA le dévoile aujourd’hui, à la page 54 dela décision, il est fait mention « d’une série dedocuments pris, le 23 janvier 2009, au siège de Gasteiz,d’Izan Herri Ekimena ». Parmi ces documents, quigrossissent le listing de « faits concrets » que leTribunal a pris en compte pour sa décision, on parledes « affiches d’Askatasuna contre le PNB, les traitantde traîtres », « des affiches d’Askatasuna avecphotographies du collectif des prisonniers », « d’undocument d’Askatasuna sur les prisonniers malades »…Mais ce que démontrent ces documents, ce n’est pas le« caractère transversal du complexe ETA/Batasuna »,mais que le Tribunal Suprême confond le partiAskatasuna, dont il veut annuler les candidatures, avecune autre Askatasuna très connue au Pays basque :l’organisation qui lutte contre la répression et dontl’illégalité a été édictée par le juge Garzón le 5 janvier2002.

Cette gaffe et d’autres, telle que celle de faire dire àArnaldo Otegi des déclarations que la Garde Civileattribue à Jokin Aranalde - arrêté en mars 2002, etqui a dénoncé des tortures devant Garzón - sont lespreuves du gouffre profond dans lequel le Tribunals’est précipité dans son effort pour doter d’un certainrevêtement juridique une décision politique de profondeinspiration antidémocratique.

Ce qui est « raisonnable » pour le Tribunal Suprême

Le « fait concret » de la page 9 de la décision détaillequ’Askatasuna n’a effectué aucun type d’activité depuis

Page 4: Info Euskal Herria

2001, sauf la présentation devant l’Assembléeélectorale de ses actuelles candidatures. Les forcesde sécurité, dans leurs rapports, certifient cette «inactivité organique totale » avant les dates pré-électorales actuelles.

La seule activité détectée est que certains descandidats d’Askatasuna ont signé avec 47.337personnes en faveur de la plateforme D3M.

Comment le Tribunal Suprême explique-t-il tout ceci ?Il écrit à la page 98 de sa décision qui annule lescandidatures, « qu’il est raisonnable de penser quecette décision de ne rien faire pendant toutes cesannées est la consigne qu’Askatasuna a reçue de l’ETAet que celle-là il l’a transmise à ses candidats. Ce qui, àson tour, indique le lien de l’ETA avec ASKATASUNAet D3M ».

Il convient d’attirer l’attention sur le fait qu’à aucunmoment le Tribunal n’explique ni comment, ni quand, niqui a transmis cette consigne de l’ETA à Askatasuna età D3M. Tout se réduit au fait « qu’il est raisonnable depenser » selon l’optique du Tribunal Suprême, celui-làmême qui confond les organisations.

Les avocats du parti Askatasuna et de D3M disposentde cette journée (le 10 janvier) pour présenter leursrecours devant le Tribunal Constitutionnel, qui devraadopter une décision avant minuit du vendredi 13février, qui est le moment où la campagne électoralecommence.

Unanimité, fermeté et rapidité dans la rédaction de ladécision

La Salle 61 du Tribunal Suprême considère « sans l’ombre d’un doute » que le projet que le groupementélectoral Demokrazia Hiru Milloi (D3M) prétendait

présenter aux élections basques du 1er mars « a étédirigé, préparé, organisé, dynamisé, contrôlé etencouragé par Batasuna ». Et, en même temps, il estimefondée l’annulation des candidatures présentées parAskatasuna aux élections de la communauté autonome,évoquant parmid’autres indices, les « intenses relations» de 9 des 12 promoteurs du parti avec « ETA-Batasuna», qui en 1998 ont été les personnes responsables del’inscription du parti Askatasuna dans le Registre despartis du Ministère de l’Intérieur. La force des termesutilisés dans la rédaction de la décision contre D3M etde celle qui annule les listes électorales d’Askatasunacontraste avec le caractère des preuves présentées : «relations intenses », avec « ETA-Batasuna » qui sontles promoteurs d’Askatasuna. Ces preuves ne montrentpas autre chose que les activités normales de personnesjouissant de leurs droits civiques dans des formationslégales ; activités telles qu’avoir été candidat d’uneliste légale ou avoir été contrôleur dans le comptagedes voix, par exemple.

Les décisions ont été adoptées à l’unanimité desmembres de la Salle 61, bien que la veille un journaltrès proche d’une partie des magistrats ait expliquéque ceux-ci éprouvaient de sérieuses difficultés àjustifier la décision d’annuler les listes du partiAskatasuna.

Le principal motif allégué pour interdire les listesélectorales de D3M est l’identité des membres descandidatures et la similitude entre l’iconographie deD3M et celle utilisée par la gauche indépendantistedernièrement. Dans le cas du parti Askatasuna, les jugesindiquent que depuis 1998 existait la décision demaintenir gelées ses activités en attente de le réactiverau moment où les organisations officielles de la gaucheindépendantiste soient interdites. On souligne que lesstatuts de ce parti sont semblables à ceux d’EuskalHerritarrok et de Batasuna.

Page 5: Info Euskal Herria

À la fin du XIXe siècle, la société basque tente d’assimilerla rupture profonde provoquée par la perte de ses droitshistoriques. Pour sa part, le courant foraliste, réaffirmeson identité et clame pour la restitution des fors ou loisabolies par l’État espagnol. En revanche, le courantnationaliste rompt avec les foralistes et va plus loin. Ilréaffirme également l’identité basque mais, loin de secontenter de la restitution des fors, exige lareconnaissance de l ’Euskadi en tant que nationindépendante et souveraine.

Les ambiguïtés de Sabino Arana

Né en 1865, Sabino Arana élabore la pensée politique dunationalisme et fonde le Parti Nationaliste Basque le 31juillet 1895. Son idéologie est le fruit de différentsfacteurs qu’il combat : le centralisme d’État responsablede l’abolition des fors basques, l’expansion industrielle enBizkaia mettant en péril le mode de vie traditionnel, l’affluxmassif de main-d’oeuvre venue d’autres régions et quimenace l’identité, la langue et les coutumes autochtones,l’émergence de la pensée socialiste et de lutte des classesradicalement opposée à la soi-disant harmonie d’une sociétépatriarcale.

La pensée politique d’Arana est réactionnaire et cléricale.Il réaffirme les signes d’identité basques, en plaçant lareligiosité en bonne place. Le mouvement qu’il fonde estqualifié de jelkide, abréviation issue des élémentsfondateurs de son projet : Jainkoa eta Lagi Zaharrak (Dieuet anciennes lois). Il ne peut pourtant pas ignorer la dureréalité d’un capitalisme local exploitant sauvagement unprolétariat d’origine majoritairement espagnole. SabinoArana cherche une réponse à une telle tragédie sur la basede la pensée réactionnaire qui est la sienne : conseillantune plus grande magnanimité aux exploiteurs basques, ilmet en place des actions caritatives pour soulager lessouffrances des exploités espagnols.

Ni les résidents en Euskal Herria ni les nouveaux arrivantsne cherchent de points de rencontre sur une baseinternationaliste. Au contraire, les deux communautés setémoignent de l’hostilité et se combattent mutuellement.Chacune possède un sentiment d’appartenance nationaledifférenciée qui les éloigne et les pousse à l’affrontement.

Les premières relations internationales

L’attitude de Sabino Arana change radicalement lorsqu’ilaborde les événements internationaux de l’époque survenantsur d’autres continents. Les mambises cubains ont pris lesarmes contre la Couronne espagnole, et les Philippines sontle théâtre de mouvements d’agitation indépendantiste. Voiciles dernières colonies d’un empire sur le déclin réclamantleur souveraineté. Sabino Arana témoigne d’une évidentesympathie envers le mouvement émergent en formation dansles deux colonies. En effet, ses aspirations sont enconsonance avec celles de ces pays. Ce qu’il souhaite pourles Basques est en marche à Cuba et aux Philippines. Encas de défaite de l’Espagne, il s’agirait d’un précédent etl’impérialisme espagnol contre lequel se dresse Arana severrait affaibli au profit du sentiment national basque. Àcet égard, l’idéologie et la pratique d’Arana attestent d’un

anti-impérialisme fervent et peu analytique.

Comme chacun sait, Cuba et les Philippines accédèrent àl’indépendance après avoir vaincu l’Armée espagnole.Sabino, cohérent avec ses idées, défendit publiquementle plein droit des deux îles de ne plus dépendre de Madridsur le plan administratif. Mais l’État espagnol dans sonensemble avait subi un traumatisme et ne pouvait serésoudre à accepter la tragédie de la perte de ses deuxdernières colonies ; il ne pouvait pas non plus tolérerl’enthousiasme affiché par Arana. Une grande part dela population de Bizkaia, se considérant patrioteespagnole, réagit violemment aux manifestations pro-souveraineté du fondateur du nationalisme : la maisonde la famille Arana devant laquelle on avait organiséune manifestation fut la cible des mécontents quilancèrent des pierres contre la façade.

Après l’expulsion des espagnols, l’Amérique du Nordreconnut l’indépendance de Cuba. Et malgré le statut depuissance impérialiste émergente des États-Unis, SabinoArana fit l’éloge des yankees libertadores. En mai 1902,il envoya un télégramme au Président Roosevelt lefélicitant d’avoir concédé l’indépendance au peuplecubain. Les différentes classes de l’Espagne impérialisteréagirent avec la même agressivité et chacun selon sonrôle. Ce télégramme représentait un attentat contre l’unitéde la patrie et le préposé des postes refusa de l’envoyer.Il le détourna pour le remettre à ses supérieurs. Ceux-cile transmirent aux autorités qui, voyant un délit dans larédaction du message, le remirent à leur tour à la justice.C’est ainsi que Sabino Arana fut condamné à plusieursmois derrière les barreaux.

Classe politique, intellectuels et journalistes espagnolsunirent leurs voix pour soutenir l’action punitive de lajustice. Au nombre des secteurs les plus belligérantscontre le prisonnier, les dirigeants du Parti SocialisteOuvrier Espagnol, lesquels qualifièrent de délit de lèse-patrie le comportement d’Arana. Pour les socialistes del’époque, déjà, l’unité espagnole prévalait sur le droitdes peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes. Lesinstitutions politiques de l’État entrèrent dans la rondepour s’acharner contre un prisonnier qui, ses idées misesà part, était d’une santé précaire. Segismundo Moret,Président de la Chambre des Députés, libéral et espagnolconvaincu, déclara, méprisant : « Il serait plus intéressantqu’il meure en prison, car la tranquillité de l’Espagnevaut bien la vie d’un homme. » Il est donc évident quel’intolérance de l’empire hispanique vient de loin et n’apas varié au fil des années.

La réaction espagnole était empreinte d’une si grandeviolence qu’elle en détermina la vie d’Arana. À sa sortiede prison, il choisit de se réfugier quelques temps àDonibane Lohizune (Saint Jean de Luz, nord du Paysbasque). Il ressentait en effet un besoin de protectionet de calme après avoir commis deux graves délits delèse-patrie (espagnole) : avoir célébré l’indépendancedes deux dernières colonies de l’empire et avoir rédigéun télégramme de félicitation.

www.askapena.org

L’internationalisme à l’origine du nationalisme basqueUn mariage confus et conflictuel

Page 6: Info Euskal Herria

LA PRISON TUELA PRISON TUELA PRISON TUELA PRISON TUELA PRISON TUEL’EFFRAYANTE LISTE DES « SUICIDÉS » DANSLES PRISONS FRANÇAISES DEPUIS LE DÉBUT DECETTE ANNÉE.

1er suicide, à Laon, le jeudi 1er janvier.2ème suicide, à Rouen, le vendredi 2 janvier.3ème suicide, à Rennes, dans la nuit du 2/3 janvier.4ème suicide, à Marseille (Baumettes), le samedi 3janvier.5ème suicide, à Lyon, le dimanche 4 janvier.6ème suicide, à Villepinte, dans la nuit du 5/6 janvier.7ème suicide, à Aiton, le mardi 6 janvier.8ème suicide, à Toulouse (Muret), le vendredi 9janvier.9ème suicide, à Mulhouse, le dimanche 11 janvier.10ème suicide, à Auxerre, dans la nuit du 12/13janvier.11ème suicide, à Ecrouves, dans la nuit du 12/13janvier.12ème suicide, à Douai, le mardi 13 janvier.13ème suicide, à Aiton, le mercredi 14 janvier.14ème suicide à Longuenesse dans la nuit du 17/18janvier.

L’OIP demande qu’une commission parlementaire sesaisisse de la question de la sursuicidité dans lesétablissements pénitentiaires français. Pourl’Observatoire international des prisons il apparaît urgentque les parlementaires évaluent et réorientent la politiquede prévention du suicide en prison mise en oeuvre depuis2004 et établissent les raisons pour lesquelles la Francedemeure le pays d’Europe marqué par le taux de suicideen détention le plus élevé. La représentation nationaledoit se saisir de cette question grave, indique l’OIP,précisant que la définition et le pilotage de la politiquepublique mise en oeuvre en matière de prévention dusuicide en milieu carcéral ne sauraient être laissés à laseule appréciation de l’administration pénitentiaire. Toutecommission mise en place en son sein ou placée sous l’égidedu seul ministère de la Justice se trouveraitinévitablement dans l’impossibilité de s’abstraire descontingences pénitentiaires, d’ordres sécuritaires ougestionnaires.Plus largement, l’OIP appelle les parlementaires à examinerl’impact sur l’augmentation de la mortalité et desphénomènes de violences intramuros des conditionsmatérielles et psychologiques dans lesquelles s’effectuentles peines privatives de liberté, de l’organisation et dufonctionnement des établissements pénitentiaires, et despolitiques pénale et pénitentiaire mises en oeuvre. Ilapparaît que 56 décès par mort naturelle ont été constatéslors du premier trimestre 2008 dans les prisonsfrançaises, contre 103 pour l’ensemble de l’année 2007.Les chiffres officiels concernant les phénomènes deviolences entre détenus et entre détenus et surveillantssont contestés par les organisations professionnelles depersonnels. L’opacité de l’administration pénitentiaire surces sujets témoigne de son incapacité à admettre et mettreen oeuvre les réformes décisives que ces phénomènes

appellent.Pour toutes ces raisons, l’OIP demande à l’Assembléenationale et au Sénat de décider sans délai de la créationde commissions d’enquête. L’OIP attend notamment desparlementaires qu’ils tirent toutes les conséquences dudiagnostic posé par le contrôleur général des lieux deprivation de liberté sur la question du suicide.« Privé du droit de recours, de rencontre avec untravailleur social, enfermé sans lumière, apeuré à l’idéed’aller en promenade ou à la douche, un détenu peut avoirles idées noires, ce sont là quelques-uns des ingrédientsdu suicide en prison », a estimé Jean-Marie Delarue enmarge de la publication de sa première recommandation.L’OIP s’adresse solennellement à l’ensemble desparlementaires pour qu’ils refusent que la discussion surle projet de loi pénitentiaire du gouvernement soit engagéeavant que leurs travaux et conclusions soient renduspublics.Nous avons rencontré un membre de l’OIP pour lui poser

Oihane Errazkin, militante basque, avait 31 ans.Elle a été retrouvée pendue le 8 juillet 2004dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis.

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Oihane Errazkin, militante basque, avait 31 ans.Elle a été retrouvée pendue le 8 juillet 2004dans sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis.Arrêtée depuis le 23 septembre 2001, elle setrouvait toujours, trois ans plus tard, enpréventive. Elle avait dénoncé à plusieursreprises les dures conditions de détention,l’isolement et le «régime militaire» auquel elleétait soumise, comme ses camarades. EvoquantOihane Errazkin à laquelle il a dédié sespremiers instants de liberté, le militant bretonAlain Solé, libéré le 6 août dernier, déclarait :«Il faut que l’on sache qu’en prison, vous n’avezpas accès aux soins. Il n’y a pas de suivi réel etil y a un manque de coordination entrel’administration pénitentiaire et les services desanté. Si vous avez mal aux dents, il faut attendredeux mois avant d’avoir un rendez-vous. Je suissûr qu’Oihane Errazkin, qui s’est suicidée le 8juillet à Fleury-Mérogis, a mis fin à ses joursparce qu’elle était malade et n’avait pas accèsaux soins. Elle n’en pouvait plus.»

A Oihane

Oihane, camarade hier méconnue,

je ressens ta vie, ton nom couler

dans mes veines et faire battre mon coeur,

de tes nobles sentiments de femme et de militante.

Oh ! Fille du vent.

Tu m’emportes avec toi

sur les rouleaux de la mer

par dessus les nuages

d’ici et de là-bas...

tu m’emportes avec

ta détermination

en amie et en camarade

Maite zaitut, Petite soeur,

une soeur que j’aurais

tant désiré avoir.

Oihane, chercheuse d étoiles,

de montagnes et de

plaines libérées.

Maite zaitut camarade,

et en toi, ta force

et ta générosité.

Maite zaitut

Oh toi, partie sans mot dire, à la voile vers cet immense

espace

indépendante, tu restes avec nous, vivante,

car tu ouvres l’horizon de la liberté pour ton peuple

et de son indépendance enfin reconquise.

Sa liberté désormais acquise !

Camarade en rouge vert et blanc

je te salue humblement

je le vois clairement

petite flamme

dans les yeux de tes camarades et de ton peuple.

Chant immortel dans les paroles

de ton peuple en lutte.

Petite soeur, camarade,

tu m’as conquise.

A tes côtés je marche,

assurée par ta main

qui fermement me tient

sur le chemin révolutionnaire

dEuzkadi Ta Askatasuna

Jo Ta Ke

Euskal Presoak Askatu Orain

Su Ta Gar

Maite zaitut

Nathalie Ménigon, prisonnièrerévolutionnaire d Action Directe

Page 8: Info Euskal Herria

109.Perez Quintanz, Unai110.Ruiz Jaso, Zigor111.Sagardoi Lana, Xabier112.Urdin Perez, David113.Zinkunegi Garmendia, Joseba114.Pedrosa Barrenetxea, Maite

BADAJOZ115.Arizmendi Oiartzabal, Joseba116.Del Hoyo Hernandez, Kepa117.Etxezarreta Etxaniz, Ibon118.Gabiola Goiogana, Andoni119.Izpura Garcia, Mikel120.San Argimiro Isasa, Mikel121.Sebastian Iriarte, Alfontso122.Usandizaga Galarraga, Xabin123.Zubiaurre Agirre, Jon124.Zugadi Garcia, Iñaki125.Garaizar San Martin, Nerea126.Ioldi Mujika, Mila127.Onaindia Susaeta, Josune

BONXE128.Etxebarria Uria, Garikoitz129.Troitiño Arranz, Txomin

BOTAFUEGO (Algeciras)130.Abaunza Martinez, Javier131.Bellon Blanco, Arkaitz132.Cañas Carton, Iñaki133.Egibar Mitxelena, Mikel134.Etxeberria Pascual, Josetxo135.Gonzalez Endemaño, Jorge136.Jurado Garcia, Sendoa137.Larrinaga Rodriguez, Asier138.Lauzirika Oribe, Karmelo139.Makazaga Azurmendi, Xabier140.Sanpedro Larrañaga, Premin141.Sola Campillo, Aurken142.Tapia Zulaika, Asier143.Garbaio Ruiz, Arantza144.Noble Goikoetxea, Inma145.Pacho Martin, Inma

BRIEVA146.Bakedano Maidagan, Oihane147.Linazasoro Lopez, Maitane148.Lopez Barrio, Ana149.Lopez Resina, Maria Dolores150.Moreno Macuso, Julia151.Mujika Lazkano, Oihana152.Otaegi Tena, Nahikari153.Prieto Plaza, M. Isabel154.Urrutia Barakaldo, Leire155.Zuazo Aurrekoetxea, Maialen

BURGOS156.Alkain Zulaika, Egoitz157.Altza Hernandez, Andoni158.Arnaiz Laskurain, Aritz159.Etxenike Ugarte, Asier160.Fahkri Delgado, Ismael161.Fdez Prz de Nanclares, Txetxu162.Garai Vales, Jon163.Lizarralde Izagirre, Luis Mari164.Mtnez de Albeniz, Arkaitz165.Murga Luzuriaga, Isidro166.Murga Luzuriaga, Patxo167.Perez Diaz, Jose Mari168.Virumbrales Amenabar Asier

CACERES II169.Andueza Antxia, Oier170.Balanzategi Agirre, Xabier171.Fraile Iturralde, Gorka172.Landa Mendibe, Karmelo173.Lima Sagarna, Iker174.Maurtua Eguren, Aitzol175.Mimenza Bilbatua, Aner176.Olabarrieta Colorado, Iker177.Olaizola Baseta, Aitor178.Otegi Eraso, Andoni

CAN BRIANS - BARCELONA179.Sanchez Burria, Diego

CASTELLO180.Altable Etxarte, Txuma181.Barreras Diaz, Oskar182.Beristain Urizarbarrena, Iker183.Cabello Perez, Andoni184.Cano Hernandez, Pedro Maria185.Etxeberria Lete, Peio186.Fernandez Castañares, Elias187.Gallastegi Sodupe, Orkatz188.Lopez Agiriano, Estanis189.Otxoa de Eribe Landa, J. Angel190.Ramada Estevez, Fco Jose191.Rodriguez Gotxikoa, Ekain192.Igarriz Izeta, Marta193.Prieto Furundarena, Ana Isabel

CORDOBA (Alcolea)194.Balda Kalonge, Iñigo195.Calabozo Casado, Oskar196.Casanova Alonso, Iker197.Etxeberrria Garaikoetxea, JMari198.Fdez de Gamarra Alutiz, Jabi199.Gallaga Ruiz, Xabier200.Garcia Jodra, Fernando201.Inxausti Etxarri, Tomas202.Iragi Gurrutxaga, Harriet203.Portu Juanena, Igor204.Sasiain Rodriguez, Antxon205.Vidal Alvaro, Gorka206.Bengoa Ziarsolo, Nerea207.Urizar de Paz, Amaia

CURTIS (Teixeiro)208.Blanco Santisteban, Zigor209.Caride Simon, Rafa210.Cebrian Mayayo, David

154 + 610 = 764 prisonnièreset prisonniers politiques basques

ETAT FRANCAIS

AVIGNON PONTET1.Arzalluz Goñi, Asier (7 527 G )

BAPAUME2.Orkolaga Etxaniz, Miren Aintzane (4 085)

BOIS D’ARCY3.Fernandez Iradi, Ibon (70 493)4.Garate Galarza, Enrike (71 315)5.Iparragirre Galarraga, Iker (72 281)6.Iriondo Yarza, Aitzol (74 735)7.Saavedra Martinez, Alberto (67 294)

BORDEAUX-GRADIGNAN8.Alcantarilla Mozota, Peio (61 041)9.Eizagirre Uranga, Julen (61 581)10.Esparza Luri, Iñaki (66 379)11.Sagarzazu Gaztelumendi, Ramon (59579)12.Aramendi Landa, Marian (61 580)13.Gimon, Lorentxa (66 380)

CHÂTEAUROUX (CP)14.Negrete Ortega, Mikel (6 960)15.Saint Pee, Jean Marie (6 995)16.Zubiaga Bravo, Manex (7 540)

CLAIRVAUX17.Figal Arranz, Agustin (10 249)18.Kortazar Garcia, Aitor (10 320)19.Otxoantesana Badiola, Jon (10 089)

DRAGUIGNAN20.Lopez Anta, Angel (22 146)21.Saez Totorikaguena, Gabriel (22 066)

FLEURY MEROGIS22.Aginako Etxenagusia, Asier (331 355 U-D1)23.Agirre Goñi, Ekaitz (359 054 B D3)24.Alkalde Etxeandia, Gotzon (347 264 M-D5)25.Almandoz Erbiti, Mikel (348 629 VD3)26.Aranibar Almandoz, Joseba (359 055 C D5)27.Arozena Eizagirre, Haimar (355 661P-D5)28.Astiz Arangoa, Ugaitz (369 790 W D3)29.Bengoa Lpz Armentia, Asier (366 959 U D5)30.Berasategi Eskudero,Ismael (369 861 X D1)31.Bilbao Aresti, Eneko (353 998 F D5)32.Campo Barandiaran, J Luis (369 860 X D3)33.Cardaño Reoyo, Aingeru (359 053 A D1)34.Estevez Paz, Juan Carlos (331 354 T-D3)35.Garcia Gonzalez, Juan (359 242 F D3)36.Igartua Etxebarria, Igor (358 542V D1)37.Karasatorre Aldaz, Juan (350 749 Z D3)38.Lopez de Lacalle, Alberto (366 502 X D1)39.Lopez Peña, Xabier (366 077 K D1)40.Lorente Bilbao, Aitor (360 507F D3)41.Otegi Unanue, Mikel (344 088 D1)42.Palacios Aldai, Gorka (325 327 SD1)43.Rubenach Roiz, Jon (326 926 ED5)44.Salaberria Sansinea, Jon (366 076 J D3)45.Sansebastian, Beñat (355 143 A D1)46.Soria Valderrama,Inocencio (369 709 H D5)47.Suberbiola Zumalde, Igor (366 075 H D5)48.Zabalo Bilbao, Armando (331 357W-D5)49.Zeberio Aierbe, Josetxo (329 423U-D3)50.Aramendi Jaunarena, Alaitz (360 225 Z 4E)51.Areitio Azpiri, Alaitz (358 367E 6E)52.Bernadó Bonada, Marina (353 922 Y 6E)53.Beyrie, Lorentxa (339 586 4E)54.Coello Onaindia, Aitziber (331 358 X 6E)55.Comes Arranbillet, Olga (367 529 P 6E)56.Cornago Arnaez, Galder (359 557 Y 6E)57.Chivite Berango, Mercedes (329 018 D 4E)58.Etxebarria Simarro, Leire (353 837 F 4E)59.Gallastegi Sodupe, Lexuri (36 284 Q 4E)60.Garcia Montero, Ainhoa (355 084M 4E)61. Ozaeta Mendikute, Ainhoa (366 074 G 6E)62.Somoza Chamizo. Lorena (339 546 6E)

FRESNES63.Abad Urkijo, Patxi (911 846 D2)64.Albisu Iriarte, Mikel (929 159 D3)65.Elizegi Erbiti, Iñigo (913 228 D2)66.Ezeiza Aierra, Asier (D3)67.Gainza Salinas, Urtzi (923 022 D2)68.Garro Perez, Zigor (928 123 D2)69.Gonzalez Gonzalez, Jon (912 051 D2)70.Iruretagoiena Lanz, Luis (933 266-D3)71.Mendizabal Mujika, Ekain (928 122 D3)72.Merodio Larraona, Zigor (925 110 D1)73.Olza Puñal, Mikel (940 707 D1)74.Rodriguez Aretxabaleta, Liher (932 189 D2)75.Salsamendi Abad, Zorion (935 755 D1)76.Troitiño Ciria, Jon (920 169 D1-143)77.Aranalde Ijurko, Maite (918 269)78.Gil de San Vicente ,Kizkitza (925 109)79.Iparragirre Genetxea, Marixol (929 121)80.Lopez Zurutuza, Leire (940 789)81.Mendizabal Mujika, Idoia (921 125)82.Zaldua Iriberri, Miren Itxaso (936 417)

JOUX LA VILLE83.Castillo Alarcon, Abelardo (9252)84.Heredia de Elu, Iker (9135)

LA SANTE85.Aspiazu Rubina, Garikoitz (290 191)86.Garcia Justo, Aitor (280 234 D1)87.Gutierrez Elordui, Borja (289 244 bloc A)88.Letona Biteri, Igor (290 244)89.Lopez de Bergara , Iñaki (282 995 D2)90.Maiza Artola, Jan Cruz(288 704 J Bloc A)91.Mendizabal Cubas, Iker (288 666 D1)92.Preciado Izarra, Jon Kepa (282 097 D2)93.Sagarzazu Gomez, Candido(280 723 D1 214)94.Subijana Izquierdo, Juan(289 968-D1-123)95.Ugartemendia Isasa, Manu (285 039 D2)96.Uzkudun Lizaur, Mikel (281 461 D2)

LANNEMEZAN97.Agerre, Didier (1 993)98.Aranburu, Frederic (1 594)99.Lete Alberdi, Jose Ramon (2 030)

MEAUX-CHAUCONIN-NEUFMONTIERS100.Beristain Gutierrez, Iker (5 246)101.Goitia Abadia, Oier (4 744)102.Zubizarreta Lizundia, Urtzi (1187 MAD)

MOULINS-YZEUREKONDENATUAK (M.C)103.Bienzobas Arretxe, Jon (12 241)104.Geresta Azurmendi, Ander (10 258)105.Illarramendi Zabaleta, Mikel (12 702)106.Oiarzabal Txapartegi, Asier (11 927)

MURET CD107.Etxeberria Jauregi, Xabier (8283)108.Parot, Ion (8613)109.Rego Sebastian, Iñaki (8739)

MURET-SEYSSES110.Murillo Zubiri, Esteban (12 493 E)

NANTERRE111.Agirre Garcia, Harriet (25 379)112.Aranguren Urroz, Asier (28 447)113.Barandalla Goñi, Oihan (28 894)114.Elorrieta Sanz, Ibon (22 291)

OSNY115.Arietaleaniz Telleria, Iñaki (42 305)116.Gisasola Olaeta, Arnaltz (42 130)117.Iurrebaso Atutxa, Jon (44 136)118.Martinez Bergara, Fermin (42 956)119.Segurola Kerejeta, Joseba (42 769)120.Suarez Ugarte, Kepa (44 137)121.Zarrabeitia Salterain, Eneko (46 553)

PERPIGNAN122.Aizpurua Aizpuru, Joxe Domingo (28 741)

POISSY123.Gogorza Otaegi, Aitzol (11 165)124.Segurola Maioz, Patxi (11 410)125.Vicario Setien, Gregorio (11 498)

RENNES126.Alberdi Zubirrementeria, Ane(6 994)127.Perurena Pascual, Argi (6 411)

SAINT MARTIN DE RE128.Esnal, Jakes (14 207)129.Otegi Arrugaeta, Josetxo (14 041)130.Saez de Egilaz Murgiondo,Carlos (14 231)

SAINT MAUR131.Atxurra Egurrola, Julen (4 116)132.Guimon, Patxiku (3 931)133.Ilundain Iriarte, Alberto (4 262)

SALON DE PROVENCE134.Altuna Ijurko, Haimar (9 078 T)135.Ginea Sagasti, Josu (8 176)

TARASCON136.Kintana Zorrozua, Asier (8 934)137.Martin Hernando, Txus (7 807)138.Saenz Olarra, Balbino (8 410)

TARBES139.Arano Urbiola, Jose Ramon (10 256)

TOULON140.Lizarribar Lasarte, Jon (5 502)141.Orbe Sevillano, Zigor (5 902R)

VAL DE REUIL142.Agirrebarrena, Aitor (5884-D2 G305)143.Esparza Ortega, Joseba (6 300)

VERSAILLES144.Juarros Ruiz de Gordejuela,Maite (9 532)145.Sanchez Iturregi, Saioa (10 070)

VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE146.Eskisabel Urtuzaga, Peio (15 647)147.Vallejo Franco, Iñigo (17 439)

VILLENEUVE LES MAGUELONNE148.Gonzalez Bilbatua, Oier (30 759)149.Santesteban Goikoetxea,(29 644 A1-114)

VILLEPINTE150.Artetxe Rodriguez, Aitor (21 524)151.Garmendia Lakuntza, Alberto (15 274)152.Larrañaga Altuna, Mikel (15 754)153.Mujika Andonegi, Ander (19 015)154.Ripoll Estarta, Iñigo (20 544)

ETAT ESPAGNOL

A LAMA1.Alonso Alvarez, Raul2.Barrios Martin, Jose Luis3.Errazti Elorza, Jokin4.Etxeberria Arbelaitz, Jose Antonio5.Etxeberria Goikoetxea, Garikoitz

6.Etxeberria Sagarzazu, Kepa7.Etxezarreta Manzisidor, Joseba8.Garces Beitia, Iñaki9.Garcia Corporales, Josu10.Garcia Gaztelu, Xabier11.Larrinaga Martin, Gaizka12.Mariñelarena Garziandia, Luis13.Martinez de Osaba Arregi, Igor14.Ormazabal Lizeaga, Asier15.Perez Zorriketa, Ugaitz16.Petralanda Mugarra, Aner17.S Sebastian Gaztelumendi, Mikel18.Ugarte Billar, Xabier19.Dañobeitia Ceballos, Olatz20.Gonzalez Peñalva, Belen21.Manrike Arbeo, Aiala

ALACANT Foncalent22.Abad San Pedro, Endika23.Alaña Arrinda, Koldo24.Apaolaza Sancho, Iban25.Ariz Lizaso, Eder26.Arregi Imaz, Xabier27.Badillo Borde, Irkus28.Bilbao Moro, Jon29.Elizaran Agilar, Ugaitz30.Fagoaga Igantzi, Iñaki31.Campos Alonso, Mirian32.Garro Perez, Nerea33.Izarza Hernandez, Agurtzane

ALBACETE34.Goikoetxea Garralda, Txus35.Larredonda Muñoz, Zigor

ALBOLOTE (Granada)36.Aginagalde Urrestarazu, Jon37.Beaumont Etxebarria, Iñaki38.Guridi Lasa, Iñigo39.Legaz Irureta, Armando40.Lopez de Okariz, Unai41.Miner Villanueva, Imanol42.Olarra Agiriano, Joxe Mari43.Pardo Segovia, Mikel44.Uribarri Benito, Asier45.Delgado Iriondo, Agurtzane46.Jauregi Amundarain,Oskarbi + umea47.Lopez Riaño, Idoia48.Perez Aristizabal, Eider + Garikoitz49.Uzkudun Etxenagusia, Maritxu

ALCALA MECO (M-II)PREVENTIVO50.Boado Espoz, Sergio51.Garcia Rivera, Felix52.Gutierrez Jimenez, Xabier53.Murillo Etxeberria, Gorka54.Olarra Guridi, Juan Antonio55.Sueskun Gonzalez, Gorka56.Tejedor Bilbao, Bittor57.Urbe Irazusta, Egoitz58.Zelarain Ortiz, Oskar

CUMPLIMIENTO59.Agirre Bernadal, Iker60.Alberdi, Egoi61.Aristu Etxeberria, Iker62.Arruabarrena Luz, Josu63.Artola Diaz, Jon64.Azkona Dominguez, Aritz65.Bizente Ugalde, Imanol66.De Ibero, Ekaitz67.Etxaburu Osa, Mikel68.Franco Gonzalez, Aitor69.Gandiaga Ibarzabal, Estebe70.Lamarka, Peio71.Lezkano Bernal, Sergio72.Lorente Aspiazu, Oier73.Marin Irurozki, Mikel74.Velasco Lareki, Gorka

ALCALA EMAKUMEAK75.Caminos Miranda, Maider76.Zenarrutzabeitia Iruguenpagate, Zaloa

ALCAZAR DE SAN JUAN77.Elkano Etxebeste, Anjel Mari78.Garcia Razkin, Sergio79.Gundin Maguregi, Patxi80.Lazkano Perez, Xabier

ALMERIA81.Aldasoro Magunazelaia,Ramon82.Arruarte Santacruz, Garikoitz83.Azurmendi Peñagarikano, Mikel84.Balerdi Iturralde, Juankar85.Benaito Villagarcia, Mig. Angel86.Carrasco Aseginolaza, Koldo87.Erro Zazu, Iñaki88.Krutxaga Elezkano, Iñaki89.Lasa Mendiaraz, Sebas90.Markes Zelaia, Patxi91.Olaitz Rodriguez, Jorge92.Piriz Lopez, Juan Manuel93.Urizar de Paz, German94.Viedma Morillas, Alberto95.Amatria Jimenez, Araitz96.Egiguren Enbeita, Olatz97.Oña Ispizua, Josune

ARANJUEZ (M-VI)98.Alberdi Elejalde, Ernesto99.Arbelaitz Sarasti, Oinatz100.Arginzoniz Zubiaurre, Haritz101.Azkona Dominguez, Ibai102.Fernandez Arratibel, Adur103.Galvez, Peio Xabier104.Gomez de Salazar Rguez, Asier105.Igal Iribarren, Jon Imanol106.Jareño Ugarriza, Gaizka107.Labajo Laraudogoitia, Lander108.Labaka Larrea, Urko

Page 9: Info Euskal Herria

211.Eskudero Balerdi, Gregorio212.Gomez Ezkerro, Jesus Mari213.Ijurko Iroz, Hodei214.Lupiañez Mintegi, Gorka215.Meñika Oruetxeb., Ibon216.Palacios Capitan, Pako217.Peña Gonzalez, Iñaki218.Petrikorena Leunda, Juan Jose219.Plazaola Anduaga, Alberto220.Polo Escobes, Sergio221.Rodriguez Cordero, Gonzalo222.Salaberria Etxebeste, Emilio223.Epelde Agirre, Aiora224.Fernandez Larrazabal, Ziortza225.Landa Hervias, Natale

DAROCA226.Arriaga Ibarra, Jesus Felipe227.Codo Callejo, Jagoba228.Etxeberria Arbelaitz, Rufi229.Gramont, David230.Redin Sanchez, Unai231.Zarrabe Elkoroiribe, Mikel232.Zubimendi Berasategi, Mikel

DUEÑAS233.Arbulu Renteria, Ibon234.Artola Medibe, Mario235.Aspiazu Alzelai, Andoni236.Diaz Martin, Gorka237.Foruria Zubialde, Jose Ramon238.Gomez Lopez, Patxi239.Gonzalo Casal, Iñaki240.Gorostiaga Gonzalez, Pablo241.Ibañez Diez, Raul242.Maruri Basagoitia, Lander243.Ortega Sunsundegi, Igor244.O’Shea Artiñano, Iñaki245.Oviedo Casado, Oskar246.Urain Larrañaga, Jokin247.Uruñuela Molliedo, Jorge248.Zalakain Garaikoetxea, Jesus Mari249.Arrieta Gonzalez, Amaia (+umea)250.Fresneda Etxeberria, Ainara251.Marin Vesga, Sonia252.Martinez Sustatxa, Itziar (+ umea)253.Santesteban Perez, Arantza

EL DUESO254.Amaro Lopez, Gotzon255.Arrieta Prez de Mendiola, Ismael

HERRERA DE LA MANCHA256.Alonso Rubio, Iñaki257.Aranburu Muguruza, Xabier258.Armendariz Izagirre, Iñaki259.Askasibar Garitano, Mikel260.Balerdi ibarguren, Xabier261.Biguri Camino, Jose Angel262.Castro Sarriegi, Alfonso263.Cristobal Martinez, Carlos264.Del Hierro Upategi, Agustin265.Erostegi Bidaguren, Joseba266.Errandonea Arruti, Ander267.Etxeandia Meabe, Jose Miguel268.Francisco Rodriguez, Niko269.Fresnedo Gerrikabeitia, Aitor270.Lerin Sanchez, Jose Angel271.Lopez Gomez, Jon272.Lujanbio Galdeano, Pakito273.Martinez Arkarazo, Gorka274.Orotegi Otxandorena, Ignacio275.Turrientes Ramirez, Mitxel

HUELVA - II276.Agote Cillero, Arkaitz277.Aldana Zelaia, Jon278.Apeztegia Jaka, Carlos279.Garcia Sertutxa, Gorka280.Karrera Arenzana, Asier281.Loran Lafourcade, Gorka282.Matanzas Gorostizaga, Jose Mª283.Moreno Fernandez, Koldo284.Oses Carrasco, Jabi285.San Epifanio San Pedro, Felipe286.Solana Matarran, Jon Igor287.Troitiño Arranz, Antton288.Zabarte Arregi, Jesus Mari289.Zelarain Errazti, Julen290.Armendariz G. Langarika, Lierni291.Egues Gurrutxaga, Ana Belen292.Txurruka Madinabeitia, Lurdes

IRUÑEA293.Barandaila Iriarte, Bautista

JAEN - II294.Aginaga Ginea, Ibai295.Arregi Erostarbe, Joseba296.Arrieta Llopis, Mikel297.Arronategi Azurmendi, Kepa298.Diaz de Heredia Ruiz de Arb.,Josu299.Garcia Aliaga, Aitor300.Garcia Justo, Asier301.Lebrero Panizo, Roberto302.Sagardui Moja, Jose Mari303.Sarasola Iazabal, Mattin304.Urberuaga Arano, Borxa305.Ernaga Esnoz, Joxepa306.Lizarralde Palacios, Ana307.Lpz de Luzuriaga Fdez,Gotzone

LANGRAITZ308.Agirre Agiriano, Jon309.De Luis Astarloa, Fernando310.Galarraga Arrona, Jose Antonio311.Gordo Castro, Xabier312.Hernandez Velasco, Jose Antonio313.Muñoz de Vivar Berrio, Andoni314.Perez Ojuel, Carlos315.Uribe Navarro, Ramon316.Uribetxeberria Bolinaga, Josu

LOGROÑO317.Lpez de Aberasturi Rgez, Ieltxu318.Sola Torres, Txomin319.Basabe Gutierrez, Inmmaculada320.Saez de la Cuesta, Alicia

MALAGA321.Del Olmo Vega, Fernando322.Delgado Goñi, Juani323.Gabirondo Agote, Juan Mari324.Gonzalez Rodriguez, Manu325.Martin Carmona, Koldo326.Mendinueta Flores, Jesus Mª

MANSILLA (Leon)327.Arraiz Barbadillo, Asier328.Artola Ibarretxe, Joseba329.Betolaza Villagrasa, Gorka330.Bollada Alvarez, Jesus331.Borde Gaztelumendi, Joseba332.Chillon Barbadillo, Igor333.Igarataundi Peñagarikano, J Mª334.Imaz Telleria, Asier335.Juaristi Arrieta, Xabin336.Korta Carrion, Mikel337.Barrena Arza, Pernando338.Orbegozo Etxarri, Mikel339.Rego Vidal, Juan Jose340.Salegi Garcia, Oroitz341.Tobalina Rodriguez, Juantxu342.Garcia Rodriguez, Paula343.Majarenas Ibarreta, Sara344.Regueiro Martinez, Joana

MARTUTENE345.Agirre Lete,Juan Luis346.Iparragirre Arretxea, Imanol347.Azkarate Badiola, Miren348.Sagastume Arrieta, Maitane

MONTERROXO349.Aiensa Laborda, Ibai350.Aiensa Laborda, Mikel351.Frade Bilbao, Iker352.Ibarra Izurieta, Bigarren353.Larrea Azpiri, Zunbeltz354.Lejarzegi Olabarrieta,Endika355.Manzisidor Torrontegi, Urko356.Rezabal Zurutuza, Kepa357.Zearreta Garai, Igor358.Zubieta Zubeldia, Juan Jose359.Zubizarreta Balboa, Kepa

MURCIA360.Bores Gutierrez, Aitor361.Nieto Torio, Ruben362.Novoa Arroniz, Jose Mari363.Segurola Beobide, Joseba364.Ugalde Zubiri, Andoni365.D Andres Urrutikoetxea,Arritxu366.Del Rio Prada, Ines

NAVALCARNERO (M-IV)367.Albisu Hernandez, Iñigo368.Amorrotu Lizeranzu, Oier369.Aranzabal Altuna, Aitor370.Arretxe, Mikel371.Bravo Saez de Urabain, Zigor372.Elorriaga Larrea, Joseba373.Gomez Gonzalez, Alberto374.Gonzalez Sola, Igor375.Gulina Tirapu, Iñigo376.Lasa Altuna, Eusebio377.Oiartzabal Ubierna, Anartz378.Pascual Muneta, Garikoitz379.Villanueva Patin, Jon380.Zabala Torregarai, Iker381.Zurutuza Sarasola, Jose Antonio

OCAÑA - I382.Aranburu Berriozabalgoitia, Peru383.Gaztañaga Bidaurreta, J Ignazi384.Goldaraz Aldaia, Xabier385.Gomez Larrañaga, Aratz386.Hermosa Urra, Koldo387.Herrador Pouso, Juan Carlos388.Lopez Iborra, Alberto389.Ormazabal Gaztañaga, J Markel390.Pujana Alberdi, Iñaki391.Urrutia Jauregi, Patxi

OCAÑA - II392.Etxebarri Garro, Juan Mª393.Galarraga Godoi, Eneko394.Garaio Atxurra, Gartzen395.Garcia Mijangos, Jose396.Goienetxe Alonso, Iñaki397.Gurtubai Sanchez, Sebas398.Herrera Vieites, Aitor399.Lopez Gonzalez, Jesus Maria400.Markez del Fresno, Kepa401.Zabala Erasun, Gabriel

PUERTO - I402.Amantes Arnaiz, Josu403.Arriaga Arruabarrena, Rufino404.Arrozpide Sarasola, Santi405.Arruti Azpitarte, Juan Carlos406.Elejalde Tapia, Fernando407.Etxeberria Martin, Iñaki408.Fdez de Larrinoa Prez de L,Iñaki409.Garalde Bedialauneta, Isidro410.Gaztelu Otxandorena, J. Miguel411.Gracia Arregi, Iñaki412.Gutierrez Carrillo, Iñigo413.Iturbide Otxoteko, Joseba414.Marañon Uriarte, Guillermo415.Martinez Izagirre, Jabi416.Muñoa Arizmendiarrieta, Ibon417.Ordoñez Fernandez, Josu418.Ruiz Romero, Patxi419.Saez Arrieta, Arkaitz

420.Trenor Dicenta, Karlos421.Urra Guridi, Kepa422.Zabalo Beitia, Xabier423.Ziganda Sarratea, Josu

PUERTO - II424.Almaraz Larrañaga, Agustin425.Bilbao Goikoetxea, Iñaki426.Bilbao Solaetxe, Unai427.Franco Martinez, Bittor428.Martinez Ahedo, Gorka429.Perez Aldunate, Xabier430.Prieto Jurado, Sebastian431.San Pedro Blanco, Jon Mirena432.Ugarte Lpez de Arkaute, Diego433.Urizar Murgoitio, Xabier

PUERTO - III434.Alegria Loinaz, Xabier435.Aragon Iroz, Santi436.Arizkuren Ruiz, Josetxo437.Arkauz Arana, Josu438.Beristain Urbieta, Joxe Mari439.Cotano Sinde, Aitor440.Diez Torre, Fernando441.Dorronsoro Malaxetxebarria, J.M442.Enbeita Ortuondo, Joseba443.Lasa Mitxelena, Juan Lorenzo444.Lopez Ruiz, Antxon445.Parot, Unai446.Rubenach Roiz, German447.Zabaleta Elosegi, Jose Jabier

SEGOVIA448.Goikoetxea Basabe, Zigor449.Olano Olano, Juan Mari

SORIA450.Diaz Urrutia, Andoni451.Fernandez Aznar, Egoitz452.Gañan, Gaizka453.Gojenola Goitia, Xabier454.HIdalgo Lertxundi, Aimar455.Loizaga Arnaiz, Iñaki456.Zengotitabengoa Laka, Joseba

SOTO DEL REAL (M-V)457.Agirre Odriozola, Jabi458.Antza Illarreta, Harkaitz459.Araguas Jusue, Iker460.Ataun Rojo, Oihan Unai461.Beunza Oroz, Mikel462.Egurrola San Andres, Ibai463.Etxaniz Garcia, Julen464.Etxebarria Barinagarrem., Iban465.Fano Aldasoro, Unai466.Frias de la Red, Unai467.Hernandez Sistiaga, Unai468.Jimenez Martin, Mikel469.Jurado Torvisco, Jose Manuel470.Landaberea Torremotxa, Arkaitz471.Lomas Pz de Obanos, Federico472.Lujanbio Galparsoro, Xabier473.Oregi Urrutia, Borja474.Ostotolaza Ikaran, Eneko475.Pagoaga Leturiondo, Urko476.Aierbe Mujika, Karmele477.Alzugarai Garcia, Nuria478.Gallastegi Sodupe,Irantzu+Arane479.Goirizelaia Gonzalez, Kristina480.Intxaurraga Uribarri, Maitane481.Ladislao Gonzalez, Amets482.Lizarraga Merino, Maria483.Lopez Monge, Ana484.Martinez Garcia, Idoia +Ametsa485.Morcillo Torres, Grazia486.Mujika Goñi, Ainhoa487.Mujika Larreta, Irati488.Muñoa Ordozgoiti, Aloña

TERUEL489.Abasolo Uribe, Adolfo490.Barrondo Olabarri, Beñat491.Etxebarrieta Urrutxua, Jorge492.Gonzalez Azua, Unai493.Intxauspe Bergara, Manu494.Lezama Markoartu, Josu495.Lizarribar Maillo, Mikel

TOPAS496.Abad Palacios, Oskar497.Akaiturri Irazabal, Iñigo498.Alvarez Forcada, Joseba499.Aristi Etxaide, Patxi500.Askasibar Barrutia, Bixente501.Bravo Maestrojuan, Josu502.Crespo Ortega, Jon (1)503.Jauregi Agirrezabala, Mikel504.Labeaga Garcia, Urko505.Legina Aurre, Kepa506.Mallabia Sanchez, Unai507.Otazua Urresti, Iñigo508.Otxoa de Retana Simon, Asier509.Permach Martin, Joseba510.Rey Urmeneta, Xabier511.Txokarro Zoko, Jorge512.Alcocer Gabaldon, Mari Mertxe513.Diaz Hrdia Ruiz de Arblu, Maite514.Toda Iglesia, Teresa

VALDEMORO (M-III)515.Apalategi Mora, Beñat516.Garaiondo, Mikel517.Goñi Lara, Luis518.Lizundia Alvarez, Iñaki519.Luna, Alain520.Marin Mercero, Iñaki521.Olaizola Urien, Aitor522.Urain Etxeberria, Hodeiertz

VALENCIA - II523.Cadenas Lorente, Oskar524.Esnal, Juantxo

525.Galarza Quirce, Luis Angel526.Iñigo Egizurain, Asier527.Merino Bilbao, Guillermo528.Olza Puñal, Eneko529.Tximeno Inza, Xabier530.Urretabizkaia Sahukillo, Jon

VALENCIA - III531.Arzelus Angiozar, Iker532.Coto Etxeandia, Egoitz533.Garcia Montero, Urtzi534.Iglesias Chouza, Juankar535.Jugo Alvarez, Aitor536.Legorburu Gerediaga,Juanjose537.Lonbide Lorente, Josu538.Mardones Esteban, Asier539.Perez de Anuzita Urkijo, Eduardo540.Rojo Gonzalez, Juan Ramon541.Urdiain Ziriza, Iñaki542.Biteri Izagirre, Garazi (+ umea)543.Gete Etxeberria, Kristina

VALLADOLID Villanubla544.Aldasoro Jauregi, Juan Cruz545.Aretxaga Llona, Xabier546.Fernandez Bernales, Julen547.Lizarralde Palacios, David548.Murga Zenarruzabeitia, Andoni549.Tejerina Urkia, Arkaitz550.Vecino Sta Maria, Roberto551.Velasco Armendariz, Alex552.Alejandro Gordaliza, Marisa553.Aranzubia Couceiro, Janire554.Fernandez de Labastida, Maite555.Karro Boado, Olatz

VILLABONA556.Abasolo Osinaga, Xabier557.Arri Pascual, Alvaro558.Bilbao Beaskoetxea, Iñaki559.Diez de Ulzurrun, Gorka560.Fernandez Terceño, Aitor561.IriartePerez, Juan Carlos562.Lasarte Oliden, Balentin563.Lopez de Abetxuko Liki., Jose R.564.Mtz de Lafuente Intxaurregi, JR565.Olabarrieta Olabarrieta, Txema566.Rekarte Ibarra, Iñaki567.Sadaba Merino, Javier568.Totorika Eskandon, Haritz569.Solana Arrondo, Kepa Mirena570.Zabarte Jainaga, Felix571.Zubiaga Lazkano, Xeber572.Casares Etxeberria, Aiboa573.Fullaondo Lacruz, Marije574.Mallabia Sanchez, Naiara575.Sagarminaga Abad, Aitziber

VILLENA (Alicante)576.Alonso Abad, Fernando577.Aranburu Sudupe, Gotzon578.Asensio Millan, Paul579.Berganza Zendegi, Santos580.Etxaniz Alkorta, Sebas581.Goikoetxea Basabe, Arkaitz582.Jurado Garcia, Andeka583.Lavega Tarrega, Harkaitz584.Mujika Pikabea, Jose Mª585.Zabala Etxegarai, Patxo586.Zelarain Oiarzabal, Peio587.Zubikarai Badiola, Kandido588.Barbarin Iurrebaso, Ainhoa589.Esteran Cruz, Ainara

WAD RAS590.Riera Valenciano de M, Laura + Didac

ZUERA (Zaragoza)591.Aparicio Benito, Koldo592.Arakama Mendia, Iñaki593.Azkargorta Belategi, Luis Mari594.Bilbao Gaubeka, Iñaki595.Etxegarai Mendiguren, Martin596.Gil Cervera, Mikel597.Larrañaga Alberdi, Imanol598.Lesende Aldekoa, Txomin599.Martinez Garcia, Txerra600.Moreno Ramajo, Txabi601.Mujika Garmendia, Pakito602.Odriozola Agirre, Peio603.Sancho Biurrun, Jokin604.Urkizu Ormazabal, Jon Ander605.Frade Bilbao, Ainara606.Martinez Perez, Leire607.Sanz Martin, Olga

ETXEAN PRESO608.Figueroa Fernandez, Angel609.Gorostiaga Retuerto, Marilo610.Ibañez Oteiza, Mikel

(soit environ 15000 àl’échelle de l’Etat français)…

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GORKA LUPIAÑEZ MINTEGIDate de l’arrestation : 6 décembre 2007

Lieu de l’arrestation : Berriz

Corps de police : Garde Civile

Jours de mise au secret : 10 jours au commissariat et 5 en prison

Le 6 décembre, vers 18h30, comme je descendais du Miota (quartier de Berriz, village de Biscaye), deux Patrols (voitures toutterrain) de la Garde Civile sont arrivées par la route. Elles se sont arrêtées à côté de moi, les gardes civils sont descendus des voitures et m’ontdemandé mes papiers. Comme ils font toujours, tandis qu’ils vérifiaient mes données, ils ont « occupé » toute la zone.

Bien qu’il y ait eu plus de trois gardes civils, je ne me souviens que de trois. Deux devaient mesurer environ 1,70-1,80m et ils étaientde forte corpulence. L’autre, plus grand, devait mesurer 1,90m. C’est ce dernier qui m’a passé à tabac à l’intérieur de la Patrol durant le voyagepour Bilbao (c’est là qu’ils m’ont dit qu’on allait, moi, je ne voyais rien puisque j’avais les yeux fermés), c’est aussi celui-là qui pointait sur moison CETME (mitrailleuse), qui voulait tirer sur moi au moment de mon interpellation et qui m’a déshabillé quand j’étais par terre. Son attitudeétait très violente et il faisait peur.

Après environ une heure, et après avoir répondu à toutes leurs questions (qui es-tu ?, d’où tu viens ?, où tu vas ?…) et alors que jecroyais qu’ils allaient me laisser partir, ils ont demandé à fouiller ma sacoche. Il faisait déjà nuit, et même si d’autres voitures passaient, ilsn’ont arrêté personne d’autre. Il ne restait que les voitures banalisées de la Garde Civile.

Ils ont ouvert ma sacoche et trouvé le révolver. À partir de ce moment-là, mon calvaire a commencé, cet enfer a duré neuf jours. D’unefaçon très violente et en me visant avec le CETME, ils m’ont jeté par terre. Ils m’ont enlevé mon pantalon et m’ont laissé le caleçon que jeportais dessous. Ils m’ont attaché les mains dans le dos, très fort et ils m’ont emmené quelque part qu’ils ont dit être Bilbao où j’ai dû signerdes documents. J’avais des marques assez profondes sur les poignets et les mains gonflées et toutes violacées.

Au moment de l’interpellation, alors que j’étais par terre, ils m’ont donné des coups de pieds et des coups de poing partout sur le corps.Quand nous sommes arrivés à « la Salve » (la caserne de la Garde Civile à Bilbao), des gardes civils ont dit que j’avais des marques dans le dosdues à l’arrestation. Ils m’ont mis une pommade sur les marques, c’était une pommade qui faisait disparaître les marques en 24 heures. En fait,après une séance d’Acuapark (j’expliquerai plus tard en quoi cela consiste), j’avais une grosse égratignure sur l’estomac à cause de laviolence avec laquelle ils m’ont immobilisé. Si je me souviens bien, la femme médecin légiste a appliqué dessus une crème et 24 heures aprèsje n’avais plus rien. Le médecin légiste a été aussi très surprise de cet effet parce que l’égratignure était assez profonde.

J’ai entendu un des gardes civils qui disait à un autre : « laissez-le, qu’il parte en courant et alors je tire !! Comme ça on aura un résultatde deux à un (c’était une allusion claire à ce qui était arrivé à Capbreton). J’ai éprouvé peur et panique. J’ai pensé qu’ils allaient me tuer.Mais, ils m’ont fait lever et m’ont fait monter dans la partie arrière de la Patrol.

4/01/2009

Plus de 37.000 personnessoutiennent les prisonnierspolitiques dans les rues de

Bilbo

13 FEVRIER 2009

JOURNEe CONTRE

LA TORTURE

GORKA LUPIAÑEZarreté le 6/12/2007

Le 13 Février-jour anniver-saire de la mort de Joxe Arregisous la torture aux mains desforces de police espagnole-estune journée de grandes mobi-lisations contre la torture.28 ans après ces pratiquesbarbares sont encore la réa-lité sanglante de ce pays.Le mouvement pour l'Amnistierecense plus de 7000 cas detorture ces 40 dernières an-nées.

Page 11: Info Euskal Herria

J’étais pieds nus, sans pantalon, avec les mains attachées dans le dos, la mitrailleuse contre moi à ma gauche et à ma droite il y avaitla vitre. Nous avons commencé le voyage de cette façon vers la caserne. Au péage de Durango, ils m’ont très violemment menacé. J’ai dûbaisser la tête au maximum, jusqu’à la mettre entre mes jambes et ils m’ont dit de ne pas faire de mouvements bizarres. Je ne comprenais paspourquoi tout cela, mais après la levée du régime de mise au secret, j’ai compris qu’ils avaient donné l’information de mon arrestation avecun jour de retard. Ils voulaient gagner du temps pour profiter de toutes les atrocités qu’ils m’ont fait subir.

Il me semble incroyable que cela soit possible, qu’une personne soit arrêtée et que le Ministère de l’intérieur, le gouvernement… puissene le signaler que 24 heures après. Ce sont ces gens-là qui ont donné la permission à la Garde Civile de me torturer. En plus, ils leur donnentdes médailles et leur rendent hommage. J’ai aussi découvert qu’ils avaient un bon salaire, mais ils demandent encore plus.

Durant le voyage à Bilbao j’ai dû supporter leurs menaces et leurs cris de joie pour mon arrestation. Les cris et les menaces étaientdirigés contre moi, mais je pouvais entendre les poignées de mains qu’ils se donnaient les uns auxautres de joie. Quand on est arrivés à laSalve, ils m’ont fait descendre à toute vitesse et m’ont fait entrer dans une salle. Ils m’ont pris par le bras et m’ont fait entrer dans une petitesalle. Là ils m’ont enlevé le masque que je portais sur les yeux et m’ont mis une cagoule à travers laquelle je pouvais un peu voir. Il y avait deuxgardes civils en civil et deux en uniforme. Je suis resté 30-40 minutes. Pendant ce temps, les gardes civils m’ont donné beaucoup de coupsaux testicules, avec la main ouverte. Une des fois, je suis tombé par terre et alors un des gardes civils en uniforme a pris son pistolet et l’amis contre ma tête. Les cris durant l’interrogatoire étaient très impressionnants et les coups aux testicules aussi. L’enfer ne faisait quecommencer !

Juste après m’avoir dit qu’on m’appliquait le régime de mise au secret, ils m’ont fait aller en courant jusqu’à une voiture. Nous avonsmonté et descendu des marches et ils m’ont fait entrer dans une voiture. Il me semble que c’était une petite voiture parce que dans la partiearrière nous étions très à l’étroit. Ils m’ont dit que nous partions pour Madrid. Dans la voiture, il y avait deux gardes civils aux places dedevant, et à l’arrière, moi avec deux autres gardes civils. Le garde civil qui se trouvait à ma gauche m’interrogeait et me donnait des coupssur la tête avec la main ouverte. Celui qui se trouvait à ma droite m’a mis un sac en plastique sur la tête, il l’a fermé en serrant ses mains autourde mon cou, ce qui m’asphyxiait. Il me l’a fait cinq ou dix fois avant d’arriver à Madrid.

C’était la première fois qu’on me torturait avec cette méthode et j’ai eu très peur. L’air me manquait et ma tête tournait. J’avais peur,surtout en pensant au nombre de jours où j’allais rester entre leurs mains. Je les croyais capables de tout.

Au péage de Burgos, je pense que c’était ça, ils ont arrêté la voiture. Celui à ma gauche est descendu pour uriner. À son retour, il m’apris par le bras et il a voulu me faire descendre de la voiture en me menaçant de tirer sur moi, Il me disait que personne ne savait que j’avaisété arrêté et que s’ils me tuaient personne ne le saurait. Je ne l’ai pas cru, parce que je pensais qu’une fois le document de mise au secretsigné, ils devaient rendre publique mon arrestation. De toute façon tout est resté comme c’était et on a continué le voyage vers Madrid. Lesmenaces, les cris, les coups, le sac en plastique, tout a continué comme avant cet arrêt.

Le pilote et le copilote n’ont presque rien dit de tout le voyage, mais à Madrid, l’un deux m’a fait entrer dans une salle et alors il m’adit : « Durant le voyage je n’ai rien dit, j’ai écouté tous les mensonges que tu as dits, mais maintenant je suis ici et de gré ou de force tu vasdire ce que je veux entendre » et ils ont commencé à me frapper sur la tête et à me faire subir le supplice du sac en plastique.

Je pense que nous sommes arrivés à Madrid vers 11h ou 12h. Ils m’ont fait descendre de la voiture, m’ont fait signer des documents (jene me souviens pas desquels) et m’ont fait entrer dans une salle, l’enfer de cinq jours allait commencer. Les interrogatoires ont commencé toutde suite. J’étais tout nu avec un masque sur les yeux et ils ont commencé à me poser des questions : « D’où venais-tu ?, où allais-tu ?, avec quiavais-tu rendez-vous ?, où se trouvent les armes ?, où habites-tu ?... » Toutes ces questions au milieu des « fils de pute, on va te tuer, noussommes la Garde Civile et nous allons te massacrer ; ta mère, quand elle a su qu’on t’avait arrêté a eu une attaque et elle est morte ; nous nesommes ni la police basque ni la police espagnole, nous sommes la Garde Civile, nous allons te tuer ; tu as deux options pour sortir d’ici, ou surune civière ou idiot parce qu’avec toutes les baffes qu’on va te donner tu resteras idiot pour la vie, sans neurones ; tu verras comme tu serasaprès tous ces jours entre nos mains, imbécile, tu préféreras alors être mort, imbécile !!!! ».

J’avais peur. À cause du froid, de la peur… j’ai passé ces jours-la à grelotter, à pleurer. J’avais mal, peur et le temps n’avançait pas.Il me semblait qu’il s’était arrêté. Ils me donnaient des coups aux testicules, ils m’obligeaient à faire des pompes, mettaient ma tête dans unsac en plastique, une fois puis une autre fois et en plus quelquefois ils remplissaient le sac avec de la fumée et de l’eau, alors la sensationd’asphyxie était indescriptible.

J’ai dû faire des milliers des pompes. Mes jambes ne me tenaient plus, je ne pouvais plus marcher, je tombais tout le temps. Pourm’emmener de la salle des interrogatoires à la salle où se trouvait le médecin, ils ont dû me prendre par les bras et me soulever. J’avais lesmuscles des jambes complètement durcis, je ne pouvais plus marcher. J’étais complètement cassé, détruit. Mais avant d’aller voir le médecin,on passait par les toilettes, ils me lavaient la figure, m’habillaient et c’est seulement après m’avoir rendu un peu plus présentable, qu’ils mefaisaient entrer dans la salle du médecin.

Ils m’ont frappé un nombre infini de fois avec une matraque. Ils me donnaient des coups sur la tête, sur le dessus et sur les côtés. Lescoups étaient si forts qu’ après chacun d’eux je voyais comme des lumières. Je n’avais jamais été tabassé de la sorte et j’étais terrifié, mortde peur. Je ne savais pas combien de temps ma tête pourrait endurer ce traitement. Je ne pourrais pas dire en quoi était faite la matraque,mais ils frappaient de toutes leurs forces.

Ils étaient fous, complètement fous et en plus l’un deux était saoul. Le 6 décembre c’était le jour de la Constitution et le garde civilsaoul devait être en train de le fêter quand les autres ont fait appel à lui pour me torturer. C’était un des gardes civils qui, à Bilbao, étaithabillé en civil. Son haleine sentait terriblement l’alcool. Il m’a expliqué que les gardes civils qui torturaient étaient toujours les mêmes. Ilsse relayaient tous les quatre mois. Les gardes civils de chaque équipe devaient être présents dans toutes les gardes à vue au secret durant cesquatre mois. Après c’étaient les autres qui assuraient la permanence. Je l’ai aussi entendu dire qu’il avait des problèmes d’argent.

Je me souviens parfaitement du premier coup de matraque, même si après j’en ai reçu des milliers. Chaque fois que j’y pense, j’ai desfrissons partout dans le corps. J’étais assis sur une chaise, tout en sueur et avec de fortes douleurs à cause des coups et du supplice du sacen plastique. Le coup de matraque a été donné du haut vers le bas. J’avais les yeux fermés, mais j’ai vu une espèce de lumière. J’étaisterrorisé… ils étaient fous ! Je ne pouvais pas comprendre comment il était possible que quelqu’un puisse donner de tels coups, ils étaientcomplètement fous ! Je ne sais pas lequel m’a donné ce premier coup de matraque à la tête, mais cela ne fait rien, par la suite tous m’ont frappé.Si l’un des gardes civils avait mal au bras, il passait la matraque à un autre. Les coups étaient terribles.

Quand nous sommes arrivés à Madrid, au début des interrogatoires, ils m’ont fait trois piqûres, une au cou, une autre dans la colonne

Page 12: Info Euskal Herria

vertébrale et la dernière entre les omoplates ou un peu plus haut. Les deux premières piqûres je ne les ai pas senties, mais la troisième piqûrem’a provoqué une douleur très forte qui est descendue tout le long de la colonne vertébrale et je suis tombé par terre. Les tortionnaires sesont moqués de moi : « C’est une poulette, nous ne lui avons rien fait et il est déjà par terre. Lève-toi, merde ! » Je savais qu’ils m’avaient faitquelque chose, mais je ne savais pas quoi, mais cette douleur n’était pas normale, Je sentais que tout mon intérieur brûlait et que j’étais surle point d’exploser. Tout à coup j’ai senti que mes genoux ne me tenaient plus et je suis tombé. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? qu’est-ce qu’ilsm’ont injecté ? je n’en sais rien. C’était le premier jour, il n’y avait même pas 24 heures que j’avais été arrêté. J’ai eu peur.

Je ne sais pas ce qu’ils m’ont fait, mais je me souviens de leurs rires. Je l’ai dit au médecin légiste et elle m’a dit que j’avais quelquespoints rouges sur ces zones. Elle a vu les marques sur mon dos et l’égratignure sur mon ventre, je me souviens qu’elle était surprise de voirque le lendemain je n’avais plus rien. Les tortionnaires m’ont appliqué une pommade là où j’avais des marques.

J’avais toujours les yeux masqués et je me sentais comme une marionnette. Ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient de moi et enplus je ne pouvais rien voir. En vérité les personnes qui n’ont pas été torturées ne peuvent pas s’imaginer la souffrance et la peur parlesquelles on passe. Douleur, peur, sacrifice… tout est si terrible qu’on préfère mourir plutôt que de continuer à subir cette énormesouffrance, cette douleur, cette peur, douleur, peur… ce sont des mots qui se repètent sans cesse. Même si je remplissais toutes ces pagesavec les mots douleur et peur, je n’arriverais pas à expliquer ce que j’ai ressenti pendant tous ces jours au secret. Ce ne sont pas des êtreshumains, ce sont des tortionnaires et je suis sûr qu’ils jouissaient en faisant cela.

Le troisième ou quatrième jour, je ne me souviens plus bien quel jour c’était, j’étais déjà complètement cassé, ils m’ont laissé dans uneespèce de couloir. Nu, avec les yeux masqués, plein de coups, mouillé… ils ont commencé à me prendre en photo comme si j’étais leur trophée.Je sentais comme ils prenaient la pose entre les ricanements et en me frappant en même temps sur la tête. J’avais la tête comme unecitrouille. Le sac en plastique, des cris, des coups avec la main, le supplice de la baignoire, le tuyau d’arrosage, le bâton par l’anus… c’étaittrop. Il faut ajouter que je ne dormais pas, alors vous pourrez imaginer quelle tête j’avais.

Je n’étais pas capable de dire quelque chose de cohérent, je pensais que ma tête était arrivée à son point-limite et que je resteraishandicapé mental à vie. C’est difficile d’expliquer cette sensation. Je pense que toutes les personnes sont capables de créer des images dansleur tête et en même temps de parler et d’expliquer ce qu’elle a dans la tête. Je ne pouvais pas. Je disais la première chose qui me passaitpar la tête. Ils me posaient une question, je répondais et tout à coup une autre idée me passait par la tête et j’en parlais. Je ne pouvais pluscontrôler ma tête. Par exemple : « D’où venais-tu ? je marchais par le Miota parce qu’Udalaitz c’est très joli et le triathlon… est un sport trèschouette ». Je parlais de toutes les images qui defilaient dans ma tête. J’avais peur à l’idée que j’allais rester comme ça pour le restant dema vie.

Et le deuxième jour n’était pas encore arrivé. Je comptais les jours en fonction des visites au médecin légiste. C’était la deuxièmefois que j’étais arrêté et qu’on m’appliquait le régime de mise au secret et je savais que le temps passe très lentement, mais la première foisque j’ai vu le médecin légiste, je pensais qu’on était déjà la nuit du samedi et il m’a dit que non, qu’on était que le vendredi à midi. Il ne s’étaitpas encore passé 24 heures depuis mon arrestation.

Je pense que pendant les interrogatoires, il y avait trois ou quatre personnes. Je le pense à cause du nombre de voix, mais peut-êtrequ’il y en avait plus qui ne disaient rien. Ils me disaient que toutes les heures l’équipe changeait et cela me désorientait, je me reprenais unpeu lors de la visite chez le médecin légiste.

Après le samedi les choses se sont encore plus compliquées. Ils m’ont dit qu’ils avaient arrêté d’autres personnes. Je ne savais pasqui, mais j’entendais qu’ils torturaient quelqu’un d’autre. J’entendais des cris, des bruits de porte, des cris et des coups de matraque. Peut-être que c’est difficile à comprendre ce que je vais dire, mais le fait de savoir qu’il y avait une autre personne arrêtée m’a soulagé, parceque je pensais que pendant qu’ils seraient avec elle, ils me laisseraient tranquille. J’ai honte de le dire, mais, à ce moment-là, c’est cela quej’ai ressenti. J’avais besoin de me reposer, je n’en pouvais plus. J’avais mal partout, j’étais terrorisé… c’était trop.

Mais à mesure que les heures passaient, ils devenaient plus violents : « Il faut frapper jusqu’à ce qu’il parle ou qu’il meure ». Ils me disaientque les gardes civils étaient des militaires et que comme leurs supérieurs leur avaient dit de me torturer, ils le faisaient avec plaisir. Ques’ils ne me tuaient pas à ce moment précis c’était parce qu’ils voulaient me faire souffrir. Et ils ont continué à le faire. Une fois, alors quej’étais tout nu, ils ont commencé à me verser de l’eau très très froide, gelée, sur la tête. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’appliquer des électrodeset que si j’étais bien mouillé, je sentirais la décharge beaucoup plus fort.

Les tortures augmentaient à mesure que le temps passait. Pompes, cris, hurlements, coups, le sac en plastique, les coups de matraque…tout cela sans arrêt. Ils m’ont fait sortir de la salle où nous étions pour me faire entrer dans une autre. J’avais les yeux masqués, j’étais nuet les bras en croix, alors ils ont commencé à verser sur moi des seaux d’eau glacée. Ils appelaient cela « l’ange nerveux ». En plus de creverde froid, je n’arrêtais pas de trembler, j’ai eu une crise de panique. Ma tête et mes mâchoires se sont bloquées. Il me semblait que ma têteallait exploser et que mes mâchoires étaient complètement paralysées. Je pensais qu’après tous les coups, le supplice du sac en plastique…ma tête devait être à une température assez élevée et qu’avec le contraste entre cette température et celle de l’eau, elle allait éclater àl’intérieur.

Quand ils ont vu que je tremblais tellement, ils m’ont dit en rigolant : « Tranquille, maintenant on va te couvrir et tu vas être superbien ». Je savais que les choses allaient empirer, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point. Ils me disaient tout le temps que je payeraispour ce qui s’était passé à Capbreton, qu’il fallait payer pour cela et que j’étais là pour ça.

Ils ont pris un matelas et avec coups, cris et menaces, ils m’ont enveloppé dedans. Ils l’ont attaché avec de l’adhésif ou quelque chosecomme ça. Ils m’ont mis par terre, m’ont attaché un câble au gros doigt de la main gauche et un autre à la droite, mais celui-ci attaché avecdu ruban adhésif. Ils m’ont menacé de m’appliquer de l’électricité, j’ai entendu le bruit d’un fort courant électrique, mais je n’ai rien senti.

J’avais très très peur. Ils continuaient à avoir une attitude très violente envers moi. C’est alors qu’ils m’ont fait subir la torture qu’ilsappelaient « le tuyau d’arrosage » ou « Acuapark ». Personne ne peut comprendre ce qu’on ressent quand on te fait subir ce supplice. Ilsm’ont fait sortir du matelas, m’ont jeté par terre dessus. Ils m’ont immobilisé les bras, les jambes et la tête, en même temps ils jetaient de l’eausous pression sur la bouche et le nez (à la hauteur de la moustache). J’essayais de maintenir la bouche et le nez fermés, mais il arrive unmoment où on doit ouvrir la bouche pour prendre de l’air, alors ils profitaient de ce moment-là pour me jeter des seaux d’eau sur la figure.J’ai avalé beaucoup d’eau, mais le pire de tout est la sensation d’étouffement, la sensation de la mort. Un exemple, quand on est en train deboire de l’eau et qu’on s’étrangle, on étouffe et on commence à tousser, donc imaginez qu’alors on vous mette encore plus d’eau dans labouche. C’est terrible. Ces séances furent terribles. Chaque fois que j’y pense, j’ai encore peur.

Cette première séance s’est finie par des bousculades. Je n’en pouvais plus et j’ai commencé à résister. J’ai pu libérer mes bras et

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mes jambes. Je pense que j’ai dû griffer un des gardes civils. Je suis devenu comme fou, je n’arrivais plus à contrôler mon corps ni ma tête.C’était une lutte provoquée par le désespoir et il me semble que j’ai griffé un des gardes civils à la figure.

Aux séances suivantes, ils m’ont attaché les bras et les jambes en utilisant des morceaux du matelas. Comme j’étais complètementimmobilisé, j’ai souffert beaucoup plus que la première fois. Il y a eu au total 6-7 séances. Une des fois, j’ai eu une crise de panique ouquelque chose comme ça. Je ne connais pas trop tout cela, mais je sais très bien ce que j’ai ressenti. Mon cœur battait très fort et très vite,il me faisait physiquement mal. J’ai commencé à crier, je ne pouvais plus m’arrêter de le faire, je ressemblais à un fou, je m’agitais, je luttaiscontre tout ce qui se trouvait à ma portée. Chaque fois que j’y pense, je tremble encore en me souvenant de l’écho de mes cris entre les mursde la salle. J’ai l’impression que mes cris sont restés collés aux murs. Une séance d’Acupark est terrible et je pense qu’une personne qui n’estpas passée par là, ne peut pas se faire une idée de la souffrance que cela représente. Je ne trouve pas les mots pour l’expliquer. Je trembleencore rien qu’en y pensant. Je n’en étais encore qu’à la moitié de la période de mise au secret. Je me souviens qu’ils m’ont emmené à lacellule. Avant d’y entrer, ils m’ont habillé. J’ai pleuré. J’ai explosé. Je n’en pouvais plus. J’étais complètement brisé. Qu’est-ce qu’ilspouvaient me faire de plus?

Les choses ne se sont pas améliorées. Cris, menaces, pompes, sac en plastique, coups de matraque, tuyau d’arrosage… dans un desinterrogatoires, ils m’ont fait prendre un bâton. Ils ont commencé par dire qu’ils allaient me le mettre dans l’anus et qu’il fallait que jecommence par me familiariser avec lui, qu’il fallait que je le prenne entre mes mains. A ce moment-là, j’avais la tête complètement vide,j’entendais à peine leurs menaces, leurs cris et je ne disais que « Eh ? ». Ils s’en moquaient tout le temps, sans s’arrêter de me frapper ; ilsdisaient que j’étais déjà devenu idiot.

Durant les interrogatoires, si je ne disais pas ce qu’ils voulaient entendre, ils me disaient qu’il y avait deux options : « la porte degauche ou celle de droite ». Il semblait qu’il y avait deux autres salles qui côtoyaient la salle où nous nous trouvions. Tout au long de cesjours, j’ai choisi une fois celle de droite et d’autres fois celle de gauche, mais les deux portes donnaient au même endroit ou du moins aumême supplice : le tuyau d’arrosage ou l’Acuapark.

Chaque fois que je devais choisir une porte, je devenais fou. J’étais conscient de ce qui m’attendait. Je commençais à résister, àlutter, à m’agripper à tout, aux portes, à l’encadrement de la porte… mais, c’était impossible. Ils étaient plus forts et plus nombreux.

L’eau était très froide. Le niveau de stress très élevé. Je me souviens qu’ils rigolaient et disaient que je serais le détenu le pluspropre qui serait jamais passé devant un juge. À partir d’un moment, j’ai complètement perdu la notion du temps. Je ne sais pas quand ilsm’ont fait telle chose et quand telle autre, mais je sais très bien ce qu’ils m’ont fait. Je suis sûr que si quelqu’un pouvait entrer dans cessalles, il entendrait mes hurlements.

Une fois, ils m’ont dit que je devais manger, mais je ne voulais pas, parce que je n’avais pas confiance en eux. Ils auraient pu mettrequelque chose dans la nourriture. En plus, je pensais que si je mangeais et qu’après ils me faisaient une séance du supplice avec le tuyaud’arrosage, le plus sûr est que je vomirais… je ne voulais pas y penser. Ils m’ont mis dans la bouche un petit gâteau de façon très violente etaprès ils m’ont obligé à boire un coca-cola. Je dû me mettre à quatre pattes et lécher le coca directement du verre. Rapidement, ils m’ontenveloppé avec le matelas, m’ont soulevé, m’ont emmené dans une autre salle et m’ont fait subir le supplice de la baignoire. Ils me tenaient,me plongeaient dans la baignoire et me ressortaient. J’ai avalé beaucoup d’eau. Depuis le début, ils me menaçaient de me faire subir cesupplice. Ils me disaient qu’ils étaient en train de remplir la baignoire, qu’ils pissaient dedans, mais je crois que l’eau était propre, mais trèsfroide. Je haïssais l’eau. Je ne voulais plus entendre le mot « eau ». Je me suis promis à moi-même de ne plus boire d’eau.

Ensuite, encore plus de séances de cris, menaces, pompes, coups, le sac en plastique, les coups de matraques, le tuyau d’arrosage, labaignoire… Une fois, ils m’ont obligé à ouvrir la bouche et ils m’ont introduit quelque chose en fer dedans. Je sais que c’était en fer parceque, quand j’ai fermé la bouche, je l’ai senti au contact de mes dents. Ils ont commencé à me pousser. J’ai compris quand ils me l’ont mis dansla main que ce qu’ils m’avaient introduit dans la bouche c’était un pistolet. A ce moment-là, ils ont pointé cette arme contre la poitrine d’unde mes tortionnaires et m’ont dit de tirer.

J’ai eu encore une autre séance du supplice de la baignoire et quatre du tuyau d’arrosage. Je ne me souviens pas trop dans laquelleils m’ont introduit un bâton dans l’anus. Ils m’ont obligé à me mettre à quatre pattes, en me disant qu’ils allaient me faire la même chose qu’àAgote1. Ils l’ont dit et et ils l’ont fait. Ils m’ont mis le bâton dans le cul. La première fois qu’ils ont essayé, ils ne sont pas arrivés à le mettreet à la fin ils m’ont mis sur le dos, avec les jambes vers le haut et à ce moment-là, ils me l’ont mis. J’ai ressenti de la douleur, de l’hystérie,de la panique. Ils étaient fous. Cet enfer n’allait jamais finir. Vraiment ces jours ont été très durs. J’ai pleuré. J’étais complètement brisé.Je voulais que tout cela finisse et si pour cela je devais accuser les personnes que j’aimais le plus, j’étais prêt à le faire. C’était un enfersans fin. Je me souviens de mes cris de terreur. C’est bien que maintenant tout cela soit fini. J’étais physiquement brisé et psychologiquementpire encore. Je n’avais plus de voix. J’avais crié tellement fort que je suis resté sans voix.

Finalement, nous en sommes arrivés à la déclaration du lundi. Je dois expliquer que nous avons préparé les déclarations une heureavant de les faire. Ils me disaient ce que je devais dire, si je me trompais, l’instructeur me corrigeait. Je n’ai pas vu l’avocat nomméd’office, les gardes civils m’avaient interdit de le regarder. Ils m’ont dit que si je ne faisais pas la déclaration, je le payerais très cher. Jepense que l’avocat était assis derrière moi. La nuit du lundi, après avoir fait la dernière déclaration, ils m’ont ramené à la cellule. J’aientendu qu’un garde civil disait à un autre : « Laissez-le se coucher, qu’il dorme, s’il veut. Nous n’allons plus rien à lui faire ! ». Je ne croispas en Dieu, mais s’il y a quelqu’un là-haut, j’aurais voulu le remercier. C’était fini. L’enfer était fini. Mais, ce n’était pas vrai. Il ne s’étaitmême pas écoulé 30 minutes-1 heure, qu’ils venaient me chercher pour m’emmener dans une salle. Finalement, il allait se passer ce qu’ilsm’avaient dit le premier jour : j’allais passer les 120 heures de régime au secret sous la torture.

Je suis sorti de la cellule habillé, alors ils m’ont fait me déshabiller et un garde civil que je ne connaissais pas a parlé. Il a commencépar me donner des baffes tellement fortes que le masque a un peu bougé et j’ai vu qu’il portait des gants en laine de couleur verte. Il m’afrappé si fort qu’il m’a blessé la bouche à l’intérieur. Il me tirait aussi les cheveux. En prison, je me suis rendu compte qu’il me manquaitdes cheveux au-dessus de l’oreille gauche. Ma bouche s’est remplie de blessures.

Mais la nuit ne faisait que commencer. Ils ont continué comme toujours, avec le sac en plstique, les coups de matraque, les pompes,les tiraillements de cheveux… et alors ils m’ont fait quelque chose de nouveau. Ils m’ont attaché très fort les testicules et le pénis avec unecorde et ils ont tiré dessus. Quand j’ai commencé à saigner du pénis, ils ont arrèté. La douleur était terrible, parce qu’en plus, ils medonnaient des coups sur les testicules. Ils m’ont fait « l’ange nerveux » et m’ont menacé des électrodes et du tuyau d’arrosage. Je n’enpouvais plus. J’ai passé toute la nuit comme ça. Ils m’ont laissé avec la bouche toute blessée à l’intérieur, la tête toute gonflée à cause descoups, les testicules violacés, tout me faisait mal, j’étais terrifié… abattu, brisé !!!

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Une heure avant de sortir de la caserne, l’instructeur est venu pour me dire que tout était fini, que je devais dire devant le juge lesmêmes choses que j’avais déclarées au commissariat, que sinon, il me le ferait payer très cher. Je me souviens que j’étais assis sur unechaise, il a mis son bras autour de mes épaules et m’a dit à l’oreille : « Bon, comment est-ce que nous t’avons traité ? ». Je ne pouvais pascroire qu’il avait le culot de me demander ça. « Tranquille, dis-moi la vérité, je ne vais plus te frapper !! ». J’ai déchargé toute ma bile. Jel’ai insulté. Je lui ai reproché toutes les tortures qu’ils m’avaient fait subir, sa réponse a été un gros éclat de rire. Il m’a demandé si je voulaisprendre une douche, je lui ai répondu que non, que je voulais que le juge puisse voir dans quel état ils m’avaient laissé. J’étais sûr que le jugene ferait rien, mais je pense, j’en suis sûr, qu’un jour mon image lui apparaîtra devant les yeux et qu’alors il aura honte de lui-même.Néanmoins, les gardes civils m’ont lavé la tête pour que je sois un peu plus présentable et ils m’ont donné des vêtements propres.

Le mardi, vers 9h (je sais l’heure parce qu’après avoir signé, un des gardes civils l’a dite), ils m’ont fait sortir du commissariat. J’ailaissé là mes cris, les menaces, les coups, les coups de matraque, le supplice de la baignoire, du tuyau d’arrosage, le bâton, les tiraillementsdes cheveux… et pas mal de choses m’appartenant : vêtements, lunettes, livres, ordinateur… Ils m’ont conduit au Tribunal dans un fourgon.j’avais les mains attachées dans le dos.

Au Tribunal, on m’a emmené voir le médecin. Cette fois, je lui ai raconté toutes les tortures que j’avais subies. Le médecin m’a avouéqu’il avait pensé que les gardes civils me torturaient en voyant l’aspect que j’avais au commissariat. Quand j’ai fait l’audition devant le juge,j’étais complètement zombie. Il faut dire que deux heures avant, les gardes civils étaient encore en train de me torturer. Comme je metrouvais tout vidé de ma substance, sans volonté, sans rien, que je ne pouvais pas parler, alors je n’ai rien voulu dire devant le juge. Je n’étaispas en condition pour répondre à ses questions. J’ai dénoncé la torture que j’avais subie et j’ai compris qu’il m’envoyait en prison en régimede mise au secret. L’avocat commis d’office a demandé au juge la possibilité de me voir dans la cellule du Tribunal, mais le juge lui a dit quece n’était pas possible parce que je restais au secret. L’avocat commis d’office, après avoir entendu mon témoignage, a demandé ma libertésans caution, a dit que j’avais été torturé, a exigé qu’on en finisse une fois pour toutes avec la torture et la garde à vue au secret.

Du Tribunal, ils m’ont conduit à la prison de Soto del Real, à Madrid, en régime de mise au secret. J’étais tout endolori, détruit, cassé.En prison, on m’a mis dans une cellule sans que je puisse voir personne. Avant d’entrer dans la cellule, j’ai demandé à voir un médecin. Je neme sentais pas bien du tout, j’avais la tête endolorie, gonflée, la bouche toute blessée à l’intérieur, les testicules violacés… La seule choseque le médecin a faite, sans même se lever de la chaise, a été de me donner quelques pilules d’ « Ibuprophène » pour que le gonflement dela tête s’atténue un peu. Rien d’autre. Le lendemain, le mal de tête a augmenté et un médecin ou une infirmière (je ne sais pas qui c’étaitparce que j’étais dans la cellule et qu’on a seulement ouvert l’oeilleton de la porte) m’a donné du « paracétamol ».

Je suis resté dans la cellule sans sortir du mardi jusqu’au vendredi. J’ai dit aux foncionnaires que même si j’étais au secret, j’avaisdroit à la promenade, mais ils m’ont répondu que dans le quartier où je me trouvais il n’y avait pas d’endroit où se promener. Je sais qu’ilsmentaient, parce que je sais que je me trouvais dans le quartier d’admissions.

J’ai utilisé ces jours-là pour me remettre un peu, pas complètement, pour cela il a fallu plus de temps. Si j’entends un bruit quelconquequand je dors, je me réveille et je me mets rapidement debout. La garde à vue au secret a été très longue et je souhaite que ce régime et latorture disparaissent à jamais. Dans la prison, les premiers jours, j’ai eu de la diarrhée, je ne sais pas si cela a une relation quelconque avecle bâton que mes tortionnaires m’ont introduit dans le cul.

Les gardes civils me disaient que dans l’eau des seaux il y avait du « pentotal ». En réalité l’eau avait un goût bizarre. Je ne sais pasce qu’est le « pentotal » ni à quoi ça sert, et encore moins l’odeur ou le goût qu’il a, mais si je pouvais le sentir ou le goûter, je saurais direavec certitude s’il a la même odeur et le même goût que l’eau des seaux.

La dernière chose que je voudrais ajouter à ce témoignage est que quand les détenus arrivent en prison, ils ont la possibilité, s’ils leveulent, de faire une prise de sang. Hier, 28 décembre, comme personne ne m’en disait rien, je suis allé voir le médecin pour lui demanderpourquoi ils ne me l’avaient pas faite. Après avoir regardé le jour de mon arrivée en prison il m’a répondu : « Comment, on ne te l’a pas encorefaite ? Je ne comprends pas ». Après cette réponse, mes doutes ont augmenté, mes tortionnaires m’ont injecté quelque chose avec les piqûresqu’ils m’ont faites dans le dos et on veut cacher cela ?

Je ne sais pas si durant ma garde à vue les gardes civils m’ont injecté quelque chose ou non, et il y a déjà un mois de passé, il n’y aaucune possibilité de le savoir. J’ai un peu peur et je suis inquiet, je pense que toute personne dans cette même situation le serait aussi.

Je me souviens que pendant la garde à vue au secret mon urine était d’une couleur rougeâtre. Je pense que c’était à cause des coupsque j’ai reçus sur les testicules. Une des fois, ils m’ont fait uriner sans m’enlever le masque. Ils m’ont dit que le WC était juste devant moi,mais ce n’était pas vrai, parce que quand j’ai commencé à uriner, je me suis mouillé les pieds (j’étais pieds nus).

Finalement, je vais dénoncer une autre chose : au moment de mon interpellation je portais un grand sac à dos avec des vêtements,baskets, lunettes, lentilles cornéennes, livres, sac de couchage et beaucoup d’autres choses. Mais à la sortie du commissariat je n’avais plusqu’un pantalon, un imperméable, ma montre, un bracelet, les vêtements que je portais lors de l’arrestation et rien d’autre. Ils ont gardé toutle reste et j’ai peur de l’usage qu’ils peuvent faire de ces affaires.

1er janvier 2008

Maison d’arrêt de Soto del Real

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Déjà plus de 80 personnes interrogées dans laprocédure sur les bars abertzales, plus de 180toutes procédures confondues depuis septembre2007 en Ipar Euskal Herria.

ASKI DA! ERREPRESIOA EZ DA BIDEA!Manifestation à Ziburu le 21 février 2009 à 16h

Ces dernières années, en plus d’intensifier encorela répression menée depuis des décennies contreles prisonniers et réfugiés politiques basques etleurs proches, le gouvernement français a décidéde s’attaquer de front à toute un pan de lasociété d’Ipar Euskal Herria, celle qui se montresolidaire des premiers et qui porte et construitjour après jour les projets de la gaucheabertzale. Nous avons affaire à unemultiplication de procédures qui visent àcriminaliser un projet politique et ceux qui lemènent, à les détourner de ce travail deconstruction en les obligeant à se défendre et àse justifier sans cesse et à diviser la sociétébasque.Tous les moyens sont bons pour cela et les jugesen charge de cette attaque politique ne sedonnent même plus la peine de rendre lesprétextes crédibles. C’est du harcèlement.

La procédure visant les bars abertzale en est unexemple important, et particulièrementd’actualité puisque cette semaine encore, 25policiers et un Procureur sont venus de Paris pourune énième opération lors de laquelle au moins10 personnes ont été longuement interrogées(dont 3 arrêtées avec perquisition de leurdomicile) dans un contexte de fortes pressionssur le soutien ou le travail qu’elles ont fourni àl’un ou l’autre de ces bars et, encore et toujours,sur toute la militance basque.Le prétexte du blanchiment permet au passage,en plus de la criminalisation déjà citée, de s’enprendre une fois de plus à un projet euskaldun,populaire, en l’occurence des lieux de vie, deréunion, d’information, d’organisation desmobilisations et de la solidarité... le contraireabsolu du modèle social défendu à coups dematraque par le pouvoir en place du « chacunchez soi et chacun pour soi ». Or, tout ce qui aété construit en Euskal Herria l’a été de cettefaçon, qu’il s’agisse d’éducation, d’agriculture,

de culture, de travail social oupolitique: par le soutien financier et le travailquotidien d’un grand nombre de personnes. Etce travail continuera.

Ces jours-ci, le nombre de personnes convoquéesou arrêtées dans ce dossier a dépassé les 80. Cechiffre ne tient compte que des personnesdirectement visées par cette procédure (gérants,salariés, comptables, personnes ayant soutenules projets par un don financier ou ayantparticipé à leur création). Si on y ajoute lespersonnes arrêtées ou convoquées autour del’affaire dite de Ducasse (16 arrestations plusdes dizaines et des dizaines de convocationsnotamment dans l ’entourage de chaqueprisonnier), les personnes arrêtées ouconvoquées dans le dossier d’EHAK (rafle desresponsables de Batasuna), les personnesarrêtées ou convoquées autour des diversesmobilisations de soutien aux premiers (personnesayant participé à des manifs (voir affaire desmineurs) ou ayant collé des affiches ou fait desgraffitis), les personnes interrogées à l’occasionde contrôle routiers, nous arrivons à 180 et nousne pouvons bien sûr tenir compte que des cas quinous ont été signalés. Tout cela sur la base ou enconséquence de montages policiers et judiciairespoursuivant tous, une fois encore, le même butpolitique: écraser la gauche abertzale.

Nous refusons cette situation et nous larefuserons toujours. Nous exigeons l’arrêtimmédiat de cette répression imbécile, l’abandonde toutes les procédures en cours et le respectdes droits de chacun à construire son présentet son avenir. Pour cela, nous appelons à unemanifestation qui partira de la place de Ziburusamedi 21 février prochain à 16h sous le sloganASKI DA! ERREPRESIOA EZ DA BIDEA!

Euskal Herria, le 12 février 2009

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