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Thématique : Arts / Etats / Pouvoirs Histoire des arts Problématique : comment l'art a-t-il été utilisé à des fins de propagande ? Propagande, étymologie : du latin "propagare" : reproduire par bouture, propager. Définition : action de diffuser, faire connaître, faire admettre une doctrine, une idée, une théorie politique. Son but est d'influencer l'opinion publique, de modifier sa perception des événements, de mobiliser ou de rallier des partisans. La propagande est pour un parti ou un pouvoir ce que la publicité est pour des biens marchands. Elle privilégie la manipulation des émotions au détriment des capacités de raisonnement et de jugement, par la dramatisation, la mise en scène ou l'humour. L'affiche rouge - 1944 : affiche de propagande placardée en France par le régime de Vichy et l'occupant allemand dans le contexte de la condamnation à mort de 23 membres des "Francs-tireurs et Partisans", ( FTP-MOI ), résistants de la région parisienne, suivie de leur exécution le 21 février 1944. Affiche créée par le service de propagande allemande en France. Analyse de l'image : Il s'agit d'un montage de photographies et de textes évocateurs. Texte : phrases d'accroche "des libérateurs ? La libération par le crime !" ce sont des phrases nominales ( sans verbe ), interrogative et haut et exclamative en bas, comme s'il s'agissait d'une réponse ironique à une question posée. Images : les photos, les noms et les actions menées par les 10 résistants du groupe Manouchian, dont 7 juifs d'origine étrangère, 2 communistes ( un espagnol et un italien ) et un arménien, le chef : Manouchian. Les photos en médaillon montrent des mines défaites, sinistres, les cheveux en bataille, donc de nature à effrayer. En réalité marqués par la torture et l'épuisement. Dans les légendes des portraits sont indiqués les noms ( pas de prénom pour refuser l'aspect affectif ), la nationalité ( ce sont des étrangers ), et la liste des faits dont ils sont coupables. Manouchian "le chef de bande" est montré comme un vulgaire criminel et c'est le seul pour lequel on donne le nombre de morts ( 150 ) et de blessés ( 600. ) En bas : 6 photos d'attentats ou de destructions, représentant les actions qui leur sont reprochées. Mise en page, formes et couleurs : la mise en page montre une volonté d'assimiler ces 10 résistants à des terroristes en utilisant la forme d'un triangle pointe en bas formant une flèche, suggérant que la partie haute a pour conséquence la partie basse. Le rouge symbolisant le sang et le Communisme, le noir symbolisant la terreur et la mort, ainsi que le triangle formé par les portraits, apportent de l'agressivité à l'image. Les 6 photos du bas, pointées par le triange-flèche soulignent leur aspect criminel. Un tract était placardé avec l'affiche avec comme commentaire : "l'armée du crime, contre la France !" Contexte historique : en 1944, le territoire français est encore sous domination nazie. La Résistance fait subir d'énormes pertes aux allemands et désorganise l'occupation du territoire. Le réseau dirigé par Manouchian, à partir d'août 1942, était composé de résistants communistes, majoritairement étrangers : espagnols rescapés de la guerre d'Espagne, italiens résistant au Fascisme, arméniens et juifs de l'Europe de l'est. De juin 42 à novembre 43, les FTP-MOI ( Francs-Tireurs et Partisans - Main d'Oeuvre Immigrée ) ont commis 229 actions contre les allemands, dont l'assassinat d'un général allemand SS supervisant le STO ( service du travail obligatoire. ) Trahi, Manouchian fut arrêté par la police française, avec plusieurs de ses camarades, le réseau fut alors démantelé. On ne sait pas si l'affiche fut placardée avant ou après leur exécution. Interprétation : pour dissuader la population d'entrer dans la Résistance, la propagande allemande devait montrer sur cette affiche ces hommes comme des "terroristes" et non comme des libérateurs. Il fallait insister d'une façon morbide sur le désordre et la mort, face à l'ordre établi par l'armée allemande. Pour la propagande nazie, il fallait discréditer la résistance en mettant en avant la provenance des ces hommes : étrangers, juifs, communistes , donc 3 raisons de soupçonner qu'ils étaient dangereux, en les opposants aux "vrais français"...Et en faissant peur à la population. Les FTP-MOI , images d'archives

Histoire des arts Thématique : Arts / Etats / Pouvoirs ... · Pour la propagande nazie, il fallait discréditer la résistance en mettant en avant la provenance des ces hommes :

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Thématique : Arts / Etats / PouvoirsHistoire des arts

Problématique : comment l'art a-t-il été utilisé à des �ns de propagande ?Propagande, étymologie : du latin "propagare" : reproduire par bouture, propager.Dé�nition : action de di�user, faire connaître, faire admettre une doctrine, une idée, une théorie politique. Son but est d'influencer l'opinion publique, de modifier sa perception des événements, de mobiliser ou de rallier des partisans. La propagande est pour un parti ou un pouvoir ce que la publicité est pour des biens marchands. Elle privilégie la manipulation des émotions au détriment des capacités de raisonnement et de jugement, par la dramatisation, la mise en scène ou l'humour.

L'a�che rouge - 1944 : a�che de propagande placardée en France par le régime de Vichy et l'occupant allemand dans le contexte de la condamnation à mort de 23 membres des "Francs-tireurs et Partisans", ( FTP-MOI ), résistants de la région parisienne, suivie de leur exécution le 21 février 1944. A�che créée par le service de propagande allemande en France.

Analyse de l'image :Il s'agit d'un montage de photographies et de textes évocateurs.

Texte : phrases d'accroche "des libérateurs ? La libération par le crime !" ce sont des phrases nominales ( sans verbe ), interrogative et haut et exclamative en bas, comme s'il s'agissait d'une réponse ironique à une question posée.

Images :les photos, les noms et les actions menées par les 10 résistants du groupe Manouchian, dont7 juifs d'origine étrangère, 2 communistes ( un espagnol et un italien ) et un arménien, le chef : Manouchian. Les photos en médaillon montrent des mines défaites, sinistres, les cheveux en bataille, donc de nature à e�rayer. En réalité marqués par la torture et l'épuisement.Dans les légendes des portraits sont indiqués les noms ( pas de prénom pour refuser l'aspect a�ectif ), la nationalité ( ce sont des étrangers ), et la liste des faits dont ils sont coupables.Manouchian "le chef de bande" est montré comme un vulgaire criminel et c'est le seul pour lequel on donne le nombre de morts ( 150 ) et de blessés ( 600. )En bas : 6 photos d'attentats ou de destructions, représentant les actions qui leur sont reprochées.

Mise en page, formes et couleurs : la mise en page montre une volonté d'assimiler ces 10 résistants à des terroristes en utilisant la forme d'un triangle pointe en bas formant une flèche, suggérant que la partie haute a pour conséquence la partie basse. Le rouge symbolisant le sang et le Communisme, le noir symbolisant la terreur et la mort, ainsi que le triangle formé par les portraits, apportent de l'agressivité à l'image. Les 6 photos du bas, pointées par le triange-flèche soulignent leur aspect criminel. Un tract était placardé avec l'affiche avec comme commentaire : "l'armée du crime, contre la France !"

Contexte historique : en 1944, le territoire français est encore sous domination nazie. La Résistance fait subir d'énormes pertes aux allemands et désorganise l'occupation du territoire.Le réseau dirigé par Manouchian, à partir d'août 1942, était composé de résistants communistes, majoritairement étrangers : espagnols rescapés de la guerre d'Espagne, italiens résistant au Fascisme, arméniens et juifs de l'Europe de l'est. De juin 42 à novembre 43, les FTP-MOI ( Francs-Tireurs et Partisans - Main d'Oeuvre Immigrée ) ont commis 229 actions contre les allemands, dont l'assassinat d'un général allemand SS supervisant le STO ( service du travail obligatoire. ) Trahi, Manouchian fut arrêté par la police française, avec plusieurs de ses camarades, le réseau fut alors démantelé. On ne sait pas si l'affiche fut placardée avant ou après leur exécution.

Interprétation : pour dissuader la population d'entrer dans la Résistance, la propagande allemande devait montrer sur cette affiche ces hommes comme des "terroristes" et non comme des libérateurs. Il fallait insister d'une façon morbide sur le désordre et la mort, face à l'ordre établi par l'armée allemande. Pour la propagande nazie, il fallait discréditer la résistance en mettant en avant la provenance des ces hommes : étrangers, juifs, communistes , donc 3 raisons de soupçonner qu'ils étaient dangereux, en les opposants aux "vrais français"...Et en faissantpeur à la population.

Les FTP-MOI , images d'archives