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Histoire de France L'occupation humaine du territoire correspondant au- jourd'hui à la France est fort ancienne. Aux groupes pré- sents depuis le Paléolithique et le Néolithique, sont ve- nues s’ajouter, à l'Âge du bronze et à l'Âge du fer, des vagues successives de Celtes, puis au III e siècle de peuples germains (Francs, Wisigoths, Alamans, Burgondes) et au IX e siècle de scandinaves appelés Normands. Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, les Francs. Clovis (466-511), roi des Francs Saliens scelle par son baptême à Reims l’alliance de la royauté franque avec l’église catholique, qui se prolongera en France jus- qu’à la séparation de l’église et de l’État en 1905. Il unit les tribus franques Salienne et Ripuaire et conquiert un ensemble de territoires en Gaule et en Germanie qui sont agrandis par ses descendants Mérovingiens, puis par la deuxième dynastie franque des Carolingiens fondée en 751.Charlemagne en particulier conquiert le nord de l'Allemagne (saxe), l'Autriche et L'Italie. L'empire ca- rolingien est finalement partagé en 843 entre ses petits fils par le traité de Verdun qui sépare la Francie occiden- tale de la Francie orientale, qui deviendra le royaume de Germanie. La troisième dynastie franque,des Capétiens s’impose définitivement en Francie occidentale à partir de 987. Le nom de France n'est employé de façon offi- cielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancellerie du roi Philippe Auguste commence à employer le terme de rex Franciæ (roi de France) [1] à la place de rex Franco- rum (roi des Francs) pour désigner le souverain. Le mot était déjà couramment employé pour désigner un terri- toire plus ou moins bien défini, comme on le voit à la lecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt. Dès juin 1205, le territoire est désigné dans les chartes sous le nom de regnum Franciæ, c’est-à-dire royaume de France en latin [2] , [3] . Philippe Auguste et ses successeurs donnent une nouvelle impulsion à l'unification territoriale du royaume de France et repoussent les frontières orien- tales du Rhône sur les Alpes et de la Saône sur le Rhin. Les Romains avaient été les premiers à unifier l’adminis- tration de la Gaule en langue latine qui est devenue celle de l'Église. Le concile de Tours réuni en 813 à l'initiative de Charlemagne impose désormais de prononcer les ho- mélies dans les langues vulgaires au lieu du latin. Paris, appelée à devenir la capitale par l’avènement en 987 de la dynastie capétienne, devient un centre universitaire re- nommé. La culture française connaît un élan nouveau au contact de la Renaissance italienne lors des guerres d’Ita- lie. Elle s’enrichit des débats sur la réforme religieuse et n’est pas par la suite étouffée comme en Italie par une contre-réforme trop rigoureuse. Elle éclot pleinement à compter du XVII e siècle, développant un classicisme im- prégné de cartésianisme. C’est à cette époque que le Fran- çais prend sa forme moderne sous l’égide de l’Académie française. Le XVIII e siècle est le siècle de la philosophie des Lumières, marqué par la promotion de la raison par les philosophes français dans les cours et capitales euro- péennes et qui s’achève par la Révolution française. La Liberté guidant le peuple, une des peintures historiques fran- çaises les plus célèbres, Eugène Delacroix, 1830 (aujourd'hui au Louvre-Lens, RF 129) L’adoption d’un cadre administratif uniforme (département), le développement rapide du chemin de fer et l’instauration par Jules Ferry de l’école obli- gatoire et gratuite homogénéisent l’espace national qui connaît dans la seconde moitié du XIX e siècle la révolution industrielle. La recherche et l’industrie française s’illustrent particulièrement dans les transports (automobile et aéronautique), dans la chimie et la santé ainsi que dans l’armement. La croissance économique se traduit par l'urbanisation de la population, le développe- ment du salariat et l’amélioration du niveau de vie. Le mouvement syndical se structure, les assurances sociales apparaissent et se généralisent après la deuxième guerre mondiale. La longue crise des années 1930, l’occupation nazie et la reconstruction suscitent la définition d’une politique économique (Commissariat général du Plan) qui accompagne la formation de grands groupes de taille européenne voire mondiale. L’économie contemporaine est caractérisée par la tertiarisation des activités et la concurrence vigoureuse des pays émergents. L’organisation de l’État s’est faite par étapes : instauration de l’armée et l’impôt permanents à l’issue de la guerre de Cent Ans, mise en place des intendants dans les provinces 1

Histoire de France

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Histoire de France

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Page 1: Histoire de France

Histoire de France

L'occupation humaine du territoire correspondant au-jourd'hui à la France est fort ancienne. Aux groupes pré-sents depuis le Paléolithique et le Néolithique, sont ve-nues s’ajouter, à l'Âge du bronze et à l'Âge du fer, desvagues successives de Celtes, puis au IIIe siècle de peuplesgermains (Francs, Wisigoths, Alamans, Burgondes) et auIXe siècle de scandinaves appelés Normands.Le nom de la France est issu d'un peuple germanique, lesFrancs. Clovis (466-511), roi des Francs Saliens scellepar son baptême à Reims l’alliance de la royauté franqueavec l’église catholique, qui se prolongera en France jus-qu’à la séparation de l’église et de l’État en 1905. Il unitles tribus franques Salienne et Ripuaire et conquiert unensemble de territoires en Gaule et en Germanie quisont agrandis par ses descendants Mérovingiens, puis parla deuxième dynastie franque des Carolingiens fondéeen 751.Charlemagne en particulier conquiert le nord del'Allemagne (saxe), l'Autriche et L'Italie. L'empire ca-rolingien est finalement partagé en 843 entre ses petitsfils par le traité de Verdun qui sépare la Francie occiden-tale de la Francie orientale, qui deviendra le royaume deGermanie. La troisième dynastie franque,des Capétienss’impose définitivement en Francie occidentale à partirde 987. Le nom de France n'est employé de façon offi-cielle qu'à partir de 1190 environ, quand la chancelleriedu roi Philippe Auguste commence à employer le termede rex Franciæ (roi de France)[1] à la place de rex Franco-rum (roi des Francs) pour désigner le souverain. Le motétait déjà couramment employé pour désigner un terri-toire plus ou moins bien défini, comme on le voit à lalecture de la Chanson de Roland, écrite un siècle plus tôt.Dès juin 1205, le territoire est désigné dans les chartessous le nom de regnum Franciæ, c’est-à-dire royaume deFrance en latin[2],[3]. Philippe Auguste et ses successeursdonnent une nouvelle impulsion à l'unification territorialedu royaume de France et repoussent les frontières orien-tales du Rhône sur les Alpes et de la Saône sur le Rhin.Les Romains avaient été les premiers à unifier l’adminis-tration de la Gaule en langue latine qui est devenue cellede l'Église. Le concile de Tours réuni en 813 à l'initiativede Charlemagne impose désormais de prononcer les ho-mélies dans les langues vulgaires au lieu du latin. Paris,appelée à devenir la capitale par l’avènement en 987 dela dynastie capétienne, devient un centre universitaire re-nommé. La culture française connaît un élan nouveau aucontact de la Renaissance italienne lors des guerres d’Ita-lie. Elle s’enrichit des débats sur la réforme religieuse etn’est pas par la suite étouffée comme en Italie par unecontre-réforme trop rigoureuse. Elle éclot pleinement à

compter du XVIIe siècle, développant un classicisme im-prégné de cartésianisme. C’est à cette époque que le Fran-çais prend sa forme moderne sous l’égide de l’Académiefrançaise. Le XVIIIe siècle est le siècle de la philosophiedes Lumières, marqué par la promotion de la raison parles philosophes français dans les cours et capitales euro-péennes et qui s’achève par la Révolution française.

La Liberté guidant le peuple, une des peintures historiques fran-çaises les plus célèbres, Eugène Delacroix, 1830 (aujourd'hui auLouvre-Lens, RF 129)

L’adoption d’un cadre administratif uniforme(département), le développement rapide du cheminde fer et l’instauration par Jules Ferry de l’école obli-gatoire et gratuite homogénéisent l’espace nationalqui connaît dans la seconde moitié du XIXe sièclela révolution industrielle. La recherche et l’industriefrançaise s’illustrent particulièrement dans les transports(automobile et aéronautique), dans la chimie et la santéainsi que dans l’armement. La croissance économique setraduit par l'urbanisation de la population, le développe-ment du salariat et l’amélioration du niveau de vie. Lemouvement syndical se structure, les assurances socialesapparaissent et se généralisent après la deuxième guerremondiale. La longue crise des années 1930, l’occupationnazie et la reconstruction suscitent la définition d’unepolitique économique (Commissariat général du Plan)qui accompagne la formation de grands groupes de tailleeuropéenne voire mondiale. L’économie contemporaineest caractérisée par la tertiarisation des activités et laconcurrence vigoureuse des pays émergents.L’organisation de l’État s’est faite par étapes : instaurationde l’armée et l’impôt permanents à l’issue de la guerre deCent Ans, mise en place des intendants dans les provinces

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2 1 DES ORIGINES À LA FIN DE LA GAULE ROMAINE

par le cardinal de Richelieu, unification du droit (Code ci-vil) et du système judiciaire à la Révolution. Le 17 juin1789 se constitue, par le Serment du jeu de paume, lapremière unité politique se réclamant du peuple français :c'est l'acte de naissance de l'État actuel. Une précoce tra-dition étatique explique le développement d’une admi-nistration dotée de puissantes prérogatives et animée pardes corps d’officiers puis de fonctionnaires jaloux de leurstatut. À l’heure d’une Europe des régions ouverte sur lemonde, le redimensionnement de l’État français mais aus-si le redéploiement de ses missions et de ses moyens sonten question et ont commencé.

1 Des origines à la fin de la Gauleromaine

1.1 Des premiers groupes humains àl'arrivée des Celtes

1.1.1 Les occupants du Paléolithique

Les galets aménagés découverts à Chilhac dans laHaute-Loire constitueraient les plus anciens témoignagesd'occupation humaine sur le territoire français et da-teraient de - 2 Ma[4],[5]. Toutefois, leur ancienne-té et même leur caractère anthropique sont fortementcontestés[6],[7],[8]. À Lézignan-la-Cèbe dans l'Hérault futdécouverte la plus ancienne preuve de trace humaineconnue sur le sol français datée entre 1,6 et 1,56 millionsd'années mais elle peut remonter encore plus loin parla découverte d'une vingtaine d'artefacts de type pebbleculture[Quoi ?] confectionnés à partir de supports divers(quartzite, basalte, micro-granite...) datés entre −1,6 et−2,5 millions d'années.Vers 1 Ma, lors de la glaciation de Günz, la grotte du Val-lonnet près de Roquebrune dans les Alpes-Maritimes esthabitée par des petits groupes d'Homo erectus[9]. Ils oc-cupent ensuite de nombreux sites jusque dans la valléede la Somme. Vers - 400 000 ans, une seconde vaguede peuplement arrive de l'est. À Terra Amata près deNice, les chercheurs ont trouvé des vestiges acheuléensainsi que l'un des plus anciens foyers attestés. Vers - 280000 ans, les atlanthropes d'Afrique du Nord[10] s’installenten Espagne et en France et passent en Angleterre à piedsec ; ils façonnent des outils bifaciaux en amande, à lapointe acérée, fixée au bout d'un manche ou servant dehache[réf. nécessaire].Du 200e au 35e millénaire av. J.-C., les hommes deNéandertal sont présents sur l'ensemble du territoire cor-respondant à la France actuelle. Ils taillent le silex se-lon la méthode Levallois. Sur les sites des Eyzies et duMoustier en Dordogne, de nombreux outils ont été re-trouvés : racloirs, bifaces, pics, ciseaux. Ils chassent lebison, l'aurochs, le cheval, le loup et le renne. Ils ont lais-sé les plus anciennes traces de sépultures en France : les

Feuille de laurier solutréenne

morts sont ensevelis dans des fosses de 1,40 × 1 × 0,30m ; des offrandes sont déposées à côté des corps (rationsde viande, objets en silex, etc.).À partir de −38 000 (interstade ou oscillation Hengelo-Les Cottès), des hommes anatomiquement modernes, ve-nus du Proche-Orient peuple les régions occupées par

Page 3: Histoire de France

1.2 Le temps des Celtes 3

les hommes de Néandertal et les remplace ou les as-simile progressivement, c'est l'époque de l'Aurignacien.Les hommes de Cro-Magnon sont de remarquables arti-sans. Ils ont laissé des pointes de sagaies en os longues etfinement travaillées, des spatules, des poinçons, des lis-soirs décorés. Les sites attestant de leur activité sont trèsnombreux : Bayac, Pincevent, la grotte de Lascaux cé-lèbre pour ses 150 peintures et 1 500 gravures, cellesde Cosquer, de Gargas et de Chauvet... C'est toutefoisessentiellement durant le Gravettien qu'apparaissent lesVénus paléolithiques que l'on croit être l'œuvre d'unedeuxième vague d'hommes modernes, peut-être proto-indo-européens, venus vraisemblablement des Balkans(voir Kozarnika)[11]. Le site de La Madeleine en Dor-dogne habité vers le XVIe millénaire av. J.‑C. par deschasseurs de rennes et des pêcheurs a livré des harpons àpointe mobile et a donné son nom à la civilisation de cettepériode : le Magdalénien, qui succède alors au Solutréen.Durant l'interstade Bölling-Allerod apparaissent succes-sivement au nord-est les cultures de Hambourg puisFedermesser et ahrensbourgienne. Vers le Xe millénaireav. J.‑C., le climat se réchauffe. La fin des grandes gla-ciations amène la disparition du renne et du phoque.Le mésolithique est alors marqué par une culture (leSauveterrien) qui se répand du sud-ouest français au nord-est plus froid à la poursuite du gibier. L'engloutissementdu Doggerland accentué par un mégatsunami causé parl'effondrement de Storegga vers la fin du VIIe millénaireaurait eu comme conséquence un déplacement de popu-lation proto-germanique vers l'Ouest jusque dans les îlesBritanniques et vers le Sud jusque dans le Nord de laGaule (Belgique) associé au Tardenoisien.

1.1.2 Le Néolithique

Article détaillé : Néolithique.

Vers le VIe millénaire av. J.‑C. dans le Sud-Est, entre−5700 et - 5500 dans l'Est de la France (voir groupe deLa Hoguette, Rubané, Cardial), apparaissent progressi-vement la culture des céréales, la domestication des ani-maux, et les nouvelles techniques artisanales comme lapoterie, le tissage, le polissage des pierres. Les groupeshumains se sédentarisent, donnant naissance aux pre-miers villages et aux premiers tombeaux mégalithiques :tumulus, cairns, dolmens, et menhirs. Les menhirs sonttrès présents en Bretagne, isolés ou en alignement commeà Carnac (4 km, 2 935 menhirs), ou en cromlech commeau pic de Saint-Barthélemy près de Luzenac en Ariège.Selon Fernand Braudel, c'est à la fin du Néolithique que« l’identité biologique » de la future France avec déjàles diversités de physionomies qui la caractérisent au-jourd'hui se met en place. Les nombreux mélanges eth-niques y demeureront et les invasions qui suivront, Celtes,Germaniques, etc., se perdront peu à peu dans la massedes populations déjà installées (tels les Ligures et les

Vascons)[12].La question de savoir si l'agriculture s’est répandue au grédes migrations humaines ou par la diffusion des idées etdes techniques agricoles est toujours débattue mais de-puis 2010, plusieurs études de la diversité génétique despopulations modernes viennent quelque peu éclaircir lasituation.En janvier 2010, dans une étude scientifique financée parle Wellcome Trust sur la diversité génétique des popu-lations modernes, des chercheurs de l'université de Lei-cester au Royaume-Uni ont étudié des échantillons detoute l'Europe, dont des Français de plusieurs régions(Finistère, Pays basque, Vendée, Haute-Garonne…), etétabli que la plupart des hommes européens, descendentd'agriculteurs migrants qui sont arrivés du Proche-Orientil y a entre 5 000 et 10 000 ans. Le professeur MarkJobling, qui a conduit l'équipe de recherche, déclaraitainsi : « Nous avons étudié la lignée la plus répanduedu chromosome Y en Europe, qui correspond à envi-ron 110 millions d'hommes : elle montre un gradient ré-gulier du sud-est vers le nord-ouest, atteignant presqueles 100 % en Irlande. Nous avons étudié la répartitionde cette lignée, sa diversité dans les différentes régionsd'Europe, et son ancienneté. » Les résultats suggèrent quecette lignée R1b-M269 (tout comme les lignées E1b1bet J) s’est répandue avec l'agriculture, depuis le Proche-Orient. Le Dr Patricia Balaresque, auteur principal, dé-clarait : « Au total, plus de 80 % des chromosomesY des européens viennent de ces agriculteurs. Par op-position, la plupart des lignées génétiques maternellessemblent venir des chasseurs-cueilleurs. Ceci suggère unavantage reproductif des agriculteurs sur les hommes lo-caux, lors de l'abandon des pratiques de chasse et decueillette. »[13],[14],[15].Selon des études génétiques plus récentes, l'haplogroupeR1b-M269, qui représente 60% des lignées masculinesen France, pourrait être associé, non pas aux fermiers duNéolithique, mais aux Proto-Indo-Européens arrivés enEurope durant l'Âge du bronze et qui auraient remplacéune grande partie de la population néolithique masculineexistante[16],[17].Les populations celtiques seraient caractérisées par diffé-rents sous-groupes de l'haplogroupe R1b-M269 introduiten Europe par ces migrations indo-européennes[18].

1.2 Le temps des Celtes

1.2.1 Des vagues successives de −1300 jusqu'à LaTène (−500)

Article détaillé : Celtes.

La colonisation de la future Gaule par les Celtes ori-ginaires d'Europe centrale débute vers −1300 avec lacivilisation des champs d'urnes pour se terminer vers

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4 1 DES ORIGINES À LA FIN DE LA GAULE ROMAINE

−700[19]. Les Celtes colonisent l'est du territoire leplus souvent de manière pacifique. Pasteurs nomadesà leur arrivée, ils deviennent des agriculteurs séden-taires entre −1200 et −900. C'est à cette époquequ'apparaissent les premières agglomérations perma-nentes fortifiées[réf. nécessaire]. Vers la fin du VIIIe siècleav. J.-C., la métallurgie du fer se répand (âge du fer).Une nouvelle aristocratie guerrière se constitue grâceà l'apparition des épées de fer et au combat à cheval.Elle bouleverse l'organisation sociale des Celtes jusque-là agraire et égalitaire. Les « princes et princesses de laCeltique » (Patrice Brun) se font enterrer avec armes etchariots d'apparat, comme à Vix en Côte-d'Or (−550 à−450) (Bourgogne).

Char gaulois d'apparat

Selon Tite Live, les surabondantes populations desguerriers des Bituriges, Arvernes, Éduens, Ambarres,Carnutes et Aulerques sous la conduite du légendairebiturige Bellovesos envahissent la plaine du Pô et sejoignent aux Insubres tribus celtiques qui fondent vers−600 Mediolanum (Milan).Conséquemment au climat vers la fin de l'âge du bronzedanois, les Celtes[20] provenant des régions rhénanes(Rhin - Danube, forêt Hercynienne) font à leur tour laconquête du territoire celtique de la Gaule à la fin du VIe

siècle av. J.-C. et au début du Ve siècle av. J.-C.. C'estle second âge de fer ou période de la Tène. Cette nou-velle période d'expansion correspond à des transforma-tions économiques et sociales. Les guerriers aristocratespeu nombreux sont remplacés par des paysans-soldats re-groupés autour d'un chef de clan. L'araire à soc de ferremplace l'araire en bois. Il permet de labourer les terreslourdes du centre et du nord de la France actuelle. Ceciexplique en grande partie la colonisation de terres nou-velles, la croissance démographique et les nouvelles inva-sions qui en ont résulté.Vers le début du −390 le chef sénon Brennos mènedes guerriers celtes (Sénons, Cénomans, Lingons entreautres) en Italie du Nord où ils se joignent à d'autrespeuples celtiques, parmi lesquels les Insubres, les Boïenset les Carni. Rome est prise en −390. Les Romains vontcontenir ces envahisseurs à partir de la fin de −349.

1.2.2 Développement des relations commerciales

Les relations commerciales lointaines se développent.Vers −600, est fondé le comptoir grec de Massalia(Marseille) sur les bords de la Méditerranée par des ma-rins grecs venus de Phocée (lui conférant son surnom tou-jours usité de « Cité phocéenne »). Lors de cette fon-dation les Phocéens se heurtent à des tribus celtiques.D'autres comptoirs du même type, avant et après cettedate, voient le jour surtout le long du rivage (Antibes dès−680, Alalia (Aleria) vers −565). Massalia prend toute-fois un ascendant décisif sur ses rivales vers −550 avecl'arrivée en masse de réfugiés phocéens, Phocée étanttombé aux mains des Perses. L'influence grecque se ma-nifeste le long des grandes voies commerciales grâce aurôle actif de Massalia. Les tombes princières montrentla présence de luxueux objets provenant du pourtourméditerranéen (notamment d'Égypte), ce qui atteste la di-mension commerciale de la richesse de ces aristocrates.Interrompues pendant les invasions du Ve siècle, les re-lations commerciales avec Marseille reprennent avec vi-gueur à la fin du IVe siècle av. J.-C.. Au cours de cette pé-riode, on trouve des céramiques et des pièces de monnaiegrecques dans toute la vallée du Rhône, dans les Alpes etmême en Lorraine.

1.2.3 Épanouissement de la civilisation gauloise(−290 à −52)

Article détaillé : Gaule.

La civilisation gauloise connaît une période particulière-ment florissante. L'émergence de véritables villes forti-fiées (oppida) de dimensions bien plus importantes queles forteresses des périodes antérieures, ou encore l'usagede la monnaie sont des traits caractéristiques de cette ci-vilisation.Dès la fin du IVe siècle av. J.-C. et au début duIIIe siècle av. J.-C., certains Belges (Germani cisrhe-nani) progressent cependant vers l'Oise, comme en té-moigne le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre[21] et celuide Gournay-sur-Aronde, lieux de batailles contre proba-blement des Armoricains ou des Gaulois belges ayant faitenviron mille tués leur permettant ainsi de conquérir desterritoires de ces derniers.Au IIe siècle av. J.-C., se met en place une relative hé-gémonie Arverne caractérisée par une forte puissancemilitaire et une grande richesse de ses chefs. Au mêmemoment l'emprise romaine augmente dans le Sud de laGaule. Elle se manifeste d'abord sur le plan commercial.Les fouilles archéologiques ont montré qu'au cours du IIe

siècle av. J.-C., les amphores italiennes remplacent peu àpeu celles venant de Grèce dans le commerce marseillais.À plusieurs reprises les Marseillais font appel à Romepour les défendre contre les menaces des tribus celto-ligures et les pressions de l'empire arverne.

Page 5: Histoire de France

1.3 La Gaule romaine 5

Une image d’Épinal : Vercingétorix dépose les armes aux piedsde Jules César à l'issue du siège d'Alésia

La Gaule après la conquête de Jules César

Le sud-est de la Gaule, notamment les régions actuellesdu Languedoc et de la Provence, est conquis par Romeavant la fin du IIe siècle et forme la province romaine deNarbonnaise. Cette région, qui va des Pyrénées aux Alpesen passant par la vallée du Rhône, est un territoire stra-tégique pour relier l'Italie à l'Hispanie, conquise lors dela seconde guerre punique. La conquête de ces régionss’achève en −118 après la défaite des Arvernes et desAllobroges et l'alliance de Rome avec le peuple gauloisdes Éduens. Après la chute de l'hégémonie arverne sousla pression des Romains, les grands peuples de Gaule —Éduens et Séquanes en particulier – connaissent une forterivalité.En −58, Jules César utilise la menace que fait peser lapression germanique sur les Gaulois pour intervenir àl'appel des Éduens, alliés de Rome. La guerre est longueet meurtrière et en janvier −52, avec l'accession au pou-voir de Vercingétorix, les Arvernes et leur clientèle sesoulèvent contre l'armée du proconsul. Jules César faitface à la détermination des Gaulois dont le soulèvementest quasi général. Sièges, incendies de cités, politique de

la terre brûlée et massacres, déportation en esclavage sontalors au programme qui s’achève par une victoire romaineface à la fougue gauloise désorganisée. En −50, Jules Cé-sar laisse une Gaule exsangue[22]. Il laisse aux villes unegrande autonomie.

1.3 La Gaule romaine

L'empereur Auguste organise la Gaule en quatre pro-vinces : à la Narbonnaise suffisamment romanisée pourdevenir une province sénatoriale, il ajoute la Gaule aqui-taine, la Gaule lyonnaise et la Gaule belgique. Les limitesdes Gaules dépassent largement celles de la France ac-tuelle, principalement en ce qui concerne la Gaule Bel-gique qui borde le Rhin. Lyon est choisie comme capitaledes Gaules. Au IIe siècle il existe déjà une communautéchrétienne dans cette ville. Vers la fin du IVe siècle, enGaule, presque toute la population des villes a basculé ducôté du Christ. Peu à peu l'Église se ceint d'une adminis-tration où un évêque dans chaque cité devient le chef dela communauté[23].Article détaillé : Lugdunum.

Les provinces gauloises dans l'Empire romain au début du IIe

siècle

1.3.1 La paix romaine

Rien ne semble changer au début de l'occupation ro-maine. Certes les Gaulois doivent payer leurs tributs, maisils gardent leurs magistrats et leur manière de vivre. Lesvoies Romaines reprennent en grande partie les voies gau-loises déjà nombreuses et bien entretenues, ce qui ex-plique la grande rapidité de déplacement des légions ro-maines [24] ; la pacification sur le Rhin et en Bretagnefavorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ain-si l’impact de la présence romaine « la conquête romainequi a entraîné l’entrée dans les temps historiques, a mode-lé pour des siècles le paysage rural, établi ou aménagé lesprincipaux axes de communication, urbanisé d’immensesterroirs, défini les territoires administratifs. »[25] L’ur-banisation généralisée voit le développement de nom-breuses cités, organisées sur le mode des municipes ita-liens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tan-dis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici)

Page 6: Histoire de France

6 2 LE MOYEN ÂGE ET LA FORMATION DE LA FRANCE

et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gauleest alors avec l’Égypte la région la plus peuplé de l’Em-pire romain, avec une population estimée à 7 millionsd'habitants[26]. En 48, l'empereur Claude donne accès auSénat romain aux notables gaulois, comme le montrentles Tables de Lyon.Le développement économique bénéficie des siècles dePax Romana : l’extension des vignes en Aquitaine, dansla vallée du Rhône et de la Saône et même dans celle de laMoselle est telle qu’elle concurrence les vins italiens. Desartisans italiens installés en Gaule créent une industrie dela céramique sigillée prospère (par exemple à La Grau-fesenque). L’artisanat gaulois produit aussi en abondancedes objets en bois, des vêtements de laine et exporte versles grands centres de consommation en Italie, sur le Rhinet le haut Danube[26]. Les échanges ne se limitent pas auxbiens matériels : à côté des cultes populaires du nombreuxpanthéon gaulois, apparaissent dans les villes d’autres re-ligions d’origine orientale : culte de Mithra, de Cybèle, deJésus, attesté à partir de 177 (cf. les Martyrs de Lyon). Cedernier culte deviendra prépondérant dans les milieux ur-bains à partir du IVe siècle.Cinq siècles de romanisation laissent de profondesmarques sur les Gaules : des langues (occitan et français),un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, desvilles, une religion (le catholicisme), et même des habi-tudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin).

1.3.2 Les migrations germaniques

Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres ci-viles sur le sol gaulois. Bien que les provinces romaines deGermanie supérieure et de Germanie inférieure avaientété constituées dès le Ier siècle par Domitien, à partir dumilieu du IIIe siècle des peuples germaniques Francs etAlamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plu-sieurs reprises. Un éphémère empire des Gaules (termeimpropre), sans que celui-ci ait un caractère national, estcréé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. LaGaule est touchée par l'affaiblissement démographique,le déclin des villes, le ralentissement du commerce et dela circulation monétaire ce qui amène les premières ma-nifestations des bagaudes. Durant la même période lesRomains installent en Gaule des garnisons de Lètes, par-mi lesquels des Chamaves et des Hattuaires dans la fu-ture Bourgogne. La situation militaire est rétablie à la findu IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incor-pore de plus en plus de contingents germaniques instal-lés avec leurs familles. Des groupes de Francs en GauleBelgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupesauxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent debrillantes carrières au sein de l'Empire romain.Dans la nuit du 31 décembre 406 les peuples vandales,suèves, alains et d'autres peuples germaniques fran-chissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense desauxiliaires francs, puis en 412 les Wisigoths franchissent

les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérialromain leur cède des territoires puis disparaît en 476.Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le pou-voir politique passe aux mains de royaumes barbares avecleurs propres lois, leur propre religion, l'arianisme ou lepolythéisme.Le danger que représentent les Huns, suscite une alliancetemporaire des occupants de la Gaule. En 451, Aetiusprend la tête d'une coalition Gallo-romaine et Franque quistoppe le raid de pillage des Huns commandés par Attilaaux champs Catalauniques[27]. Cette bataille, qui fut bienloin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historienset enrichie de l'épisode de sainte Geneviève encourageantles Parisiens à la résistance face à Attila[28].Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman,burgonde ou franc, un Romain, Syagrius, parvient àmaintenir entre Seine et Loire une portion détachée del'Empire comme son bien propre et se fait donner le titrede roi des Romains[29]. Des réfugiés Bretons venus deBretagne chassé par les Angles et les Saxons (l'actuelleAngleterre) s’installent en Armorique, qu'ils rendent in-dépendante du reste de la Gaule pour plusieurs siècles.Les élites gallo-romaines encore présentes dans les villesen assurent la direction locale, et fournissent de nombreuxévêques, protecteurs de leur communauté face aux mal-heurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire desrois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers re-présentants de la culture romaine. Citons parmi ceux-ciAvit de Vienne, Nizier de Lyon, Remi de Reims, Grégoirede Tours. Sur une médaille d'or de Constantin, datant sansdoute de 310, on lit pour la première fois le mot Francia[30].

2 Le Moyen Âge et la formation dela France

Article détaillé : Moyen Âge.

L'histoire de la France au Moyen Âge de 476 à1453, se caractérise par plusieurs périodes et événe-ments marquants durant dix siècles de Clovis à CharlesVIII : l'affirmation du christianisme, la désintégrationde l'Empire romain, la longue genèse du Royaume deFrance, la grande peste, la guerre de Cent Ans... La socié-té est marquée par l'essor des campagnes et de la popula-tion française, le développement du commerce (foires etmarchés) et la renaissance urbaine, l'apparition des uni-versités et la formation de la langue française.

2.1 Les Francs, Mérovingiens et Carolin-giens (Ve ‑ Xe siècle)

Article détaillé : Francs.

Page 7: Histoire de France

2.1 Les Francs, Mérovingiens et Carolingiens (Ve ‑ Xe siècle) 7

2.1.1 Les Mérovingiens

Article détaillé : Mérovingiens.Au milieu de ces enchevêtrements de peuples, les Francs

Le baptême de Clovis.

saliens installés au Nord de la Gaule et les Francs ripuairessur les rives du Rhin et de la Moselle, font la conquêted'une grande partie de la Gaule sous l'autorité de leur roiClovis Ier (466-511). La grande intelligence de Clovis estd'avoir compris que son pouvoir ne pourrait pas durersans l'assentiment des peuples romanisés. Son baptêmecatholique par l'évêque Remi de Reims entre 496[31] et500 (le débat est toujours d'actualité) permet la collabo-ration des Francs avec les élites gallo-romaines. Clovis estle fondateur de la première dynastie durable sur le terri-toire de la France actuelle, la dynastie mérovingienne.La conversion de Clovis, quant à elle, a été valorisée plustard par les Capétiens en 987 pour affirmer le principe dela monarchie de droit divin, c’est-à-dire de l'origine divinedu pouvoir royal. Ils popularisent la légende de la SainteAmpoule, apportée par le Saint-Esprit représenté par lacolombe, pour oindre le roi baptisé à Reims, ampoule quisera utilisée pour les sacres des Capétiens jusqu'à la Ré-volution.Les Francs ont une vision patrimoniale de leur royaume.

Clovis partage son royaume entre ses quatre fils, cequi favorise les guerres entre les héritiers. La carte dupays évolue au gré des guerres, des crises et des héri-tages : le royaume de Clovis est vite divisé entre Neustrie,Austrasie et Aquitaine, qui deviennent avec la Bourgogneconquise par les fils de Clovis dans les années 530, les di-visions politiques majeures de la « Gaule » au VIe siècleet au VIIe siècle. Les Francs s’étendent à l'est.Sous les Mérovingiens la période de régression amorcéedès le Bas-Empire continue. La population diminue auxVIe et VIIe siècles sous le coup des épidémies, notammentcelles de la peste. La désorganisation liée aux invasionsbarbares contribue à la disparition des artisans spéciali-sés qui avaient fait la renommée de la Gaule romaine. Lesroutes romaines ne sont plus entretenues. Le rare trans-port des marchandises se fait par voie fluviale. Le grandcommerce s’arrête presque totalement et une économieautarcique autour des grands domaines, les vici, se déve-loppe. Beaucoup de paysans perdent leur liberté car ilsse « donnent » aux puissants en échange de leur protec-tion. Le terme franc finit par désigner les hommes libres,qu'ils soient d'origine germanique ou gallo-romaine, maisils sont de moins en moins nombreux.À partir du début du VIIe siècle, le pouvoir royal s’af-faiblit au profit de l'aristocratie franque, et surtout aux« maires du palais » (major domus), sorte de premiersministres. En effet les rois mérovingiens n'ont plus deterres à distribuer à leurs guerriers et sont donc aban-donnés par ceux-ci. La famille des Pippinides originaired'Austrasie, s’empare des mairies du palais d'Austrasiepuis de Neustrie. Elle remet la Provence, la Bourgogne etl'Aquitaine, devenues quasi indépendantes, dans l'orbitemérovingienne et entame la conquête de la Frise aunord du royaume. L'un des plus fameux maires du pa-lais, Charles Martel, repousse en 732 une armée musul-mane non loin de Poitiers. Pour récompenser ses fidèles,il confisque les immenses biens fonciers de l'Église qu'illeur redistribue. Ceci lui permet de s’assurer de leur fidé-lité sans se défausser de ses propres biens. Son fils Pépinle Bref fait enfermer dans un couvent le dernier roi méro-vingien, Childéric III, puis se fait élire roi par les guerriersfrancs en 751. Il prend aussi la précaution de se faire sa-crer en compagnie de ses deux fils en 754 par le pape.Cela lui donne une légitimité nouvelle, celle de l'élu deDieu, comme le roi David, élection supérieure à celle desguerriers francs. La dynastie mérovingienne a vécu. Com-mence le règne de la dynastie carolingienne.

2.1.2 Les Carolingiens

Article détaillé : Carolingiens.Pépin le Bref fait la conquête de l'Aquitaine, devenue in-dépendante et de la Septimanie, devenue l'une des cinqprovinces musulmanes d'al-Andalus de 719 à 759[32]. Ilintervient même hors de ses frontières en créant notam-ment les États pontificaux après une campagne contre lesLombards. À sa mort, il partage selon la tradition franque,

Page 8: Histoire de France

8 2 LE MOYEN ÂGE ET LA FORMATION DE LA FRANCE

EXPANSION DE L'EMPIRE FRANCTerritoire Franc en 481

Conquêtes de Clovis 481-511

Conquêtes 531-614

Conquêtes 714-768

Conquêtes de Charlemagne 768-814

Territoires vassaux

Royaume de Siagrius en 486

Peuples tributaires de CharlemagneAvars

Royaume Wisigoth de Toulouse en 507

Frontières de l'empire en 814

Danube

Loire

Seine

Rhône

Inn

Danube

Garonne

Èbre

Meuse

Rhin

Rhin

Wes

er

Elbe

Oder

VistuleAbodrites

Vélètes

Sorabes

Tchèques

Moraves

Avars

CroatesSerbes

Bretons

Nantes

Aix-la-Chapelle

Tours

Poitiers

Bordeaux

Toulouse

Barcelone

LyonGenève

Pavie

Milan

Venise

Ravenne

Spolète

Rome

Salzbourg

Ratisbonne

Strasbourg

Metz

ReimsParis

Tertry

Tournai Cologne

Fulda

Corses

Süntel782

FRISE

AUSTRASIE

NEUSTRIE

AQUITAINE

VASCONIE

MARCHES D'ESPAGNE

SEPTIMANIE

PROVENCE

BOURGOGNE

SOUABE

SAXE

T H U R I N G E

BAVIÈRE

CARINTHIE

ROYAUME

LOMBARD

777-797734

810

805

796

531

774

502

788

788

774536

533

536Autun532

Soissons486

Vouillé507

Roncevaux778 / 824

486

507

531

759778

812

602 à 660768 à 812 824

Loire

481

Corses

Vascons

Le Royaume franc sous Charlemagne.

son royaume entre ses deux fils, Carloman et Charles maisla mort précoce de Carloman permet à Charles de ré-gner sur un royaume des Francs unifié. Le royaume desFrancs (regnum francorum) connaît sa plus grande expan-sion sous Charlemagne. Celui-ci étend le royaume jus-qu'en Saxe à l'est, au prix de 20 années de guerre, enBretagne, en Vasconie, en Lombardie, en Bavière et chezles Avars. Cependant, ces conquêtes ne sont pas défini-tives et de nombreuses révoltes secoueront la Bretagneou la Vasconie. C'est alors que se mettent en place des« marches », zones militarisées qui servent à contrôlerles attaques des Bretons ou des Vascons. Roland étaitmaître de la marche de Bretagne (comprenant Angers,Rennes et Nantes). Cette politique de conquête a pourconséquence le couronnement impérial de Charlemagnele 25 décembre 800 par le pape Léon III. Les contem-porains ont voulu y voir une renaissance de l'Empire ro-main d'Occident. Mais l'Empire carolingien est centrésur la Gaule et la Germanie. Charlemagne se considèred'abord comme un roi franc. Les règnes de Charlemagneet de son fils Louis le Pieux restent cependant, entre deuxvagues d'invasions, une période de renforcement du pou-voir royal, de renaissance des arts et de la culture qui adurablement marqué les esprits ; « Charlemagne fonde lapaix germanique et chrétienne, inaugure la législation so-ciale et rend l'enseignement primaire obligatoire[33]. »Louis le Pieux renonce à confisquer les terres de l'Églisepour les donner en récompense à ses fidèles. Ce faisant,il est obligé de puiser dans ses propres biens et affaiblitainsi la puissance foncière des Carolingiens. Ses fils sedisputent pour le partage de l'héritage carolingien. Finale-ment ils arrivent à un accord lors du partage de Verdun de843. C’est à cette occasion que la Gaule est appelée pourla première fois Francie occidentale (Francia occidentalisen latin). La Francie occidentale, concédée à Charles leChauve, le plus jeune fils de Louis le Pieux donnera nais-sance au royaume de France à la fin du IXe siècle, aprèsde multiples évolutions territoriales. La Francie occiden-tale s’étend de la mer du Nord à la mer Méditerranée, elleest grossièrement délimitée à l'Est par la Meuse, la Saôneet le Rhône. Elle a pour avantage l'extrême diversité deses paysages et de ses ressources naturelles.

Charles le Chauve entouré de deux papes.

Cependant aux IXe et Xe siècles, la Francie occi-dentale est menacée d'éclatement. Sous Nominoë, laBretagne réaffirme son indépendance. Le rattachementde l'Aquitaine au royaume n'est que purement théorique.La seconde vague d'invasion de Vikings, des Sarrasinset des Hongrois accentue la désagrégation de l'autoritéroyale. Les souverains impuissants à défendre leurs su-jets doivent se résigner à voir passer le pouvoir de com-mandement de leurs mains à celles de puissants seigneursqui se sont constitué des principautés, vastes territoiresquasi indépendants. Pour stopper la menace viking, le roiCharles le Simple est obligé de céder la Normandie auchef Rollon par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911.Le titre de roi redevient électif et les Carolingiens doiventcéder leur couronne à Eudes, comte de Paris entre 888 et898, à Robert Ier de 922 à 923, et à Raoul en 923 à 936.En 987, Hugues Capet, duc des Francs, descendantd'Eudes, est préféré au prétendant carolingien, Charles deBasse-Lotharingie, oncle du défunt roi Louis V, grâce ausoutien actif de l'archevêque Adalbéron de Reims.Son élection marque la fin de la dynastie carolingienne etle début d'une nouvelle dynastie, la dynastie capétiennequi construira le royaume de France pendant le secondmillénaire.Il est à noter que la Bretagne ne participe pas à l'électionet qu'en juillet 990, Conan le Tort se déclare Princeps Bri-tannorum (prince de Bretagne) et, selon le moine contem-porain Raoul Glaber, est couronné à la manière des rois àl'abbaye du Mont-Saint-Michel en présence des évêquesde Bretagne[34].

Page 9: Histoire de France

2.2 Les Capétiens et la consolidation de l'État (XIe ‑ XIIIe siècle) 9

Orléans

Lyon

Vienne

Paris

Montreuil

Verdun

ROYAUME

DE

BOURGOGNE

COMTEDE

BARCELONE

DUCHÉDE

BRETAGNE

DUCHÉDE

NORMANDIE

COMTÉDE

FLANDRE

LORRAINE

Océan

Atlantique

MerMéditerranée

Manche

COMTÉDE

TOULOUSEMARQUISAT

DEGOTHIE

DUCHÉDE

GASCOGNE

SenlisAttignyPoissy

DUCHÉDE

BOURGOGNE

COMTÉ DEVERMANDOIS

Comté de Blois en formation

COMTÉD'ANJOU

DUCHÉ D'AQUITAINE

Domaine royal (987)

Principauté

Ville importante

100 km

N

LE ROYAUME DES FRANCS AU DÉBUT DU RÈGNE DE HUGUES CAPET

Le royaume des Francs sous Hugues Capet

2.2 Les Capétiens et la consolidation del'État (XIe ‑ XIIIe siècle)

Article détaillé : Capétiens.

Carte dynamique illustrant la formation territoriale de la Francemétropolitaine de 985 à 1947.

2.2.1 L'évolution du pouvoir royal

Le règne des premiers Capétiens est marqué par la fai-blesse du pouvoir royal face aux grands seigneurs à la têtede principautés. Hugues Capet n'intervient jamais au suddu royaume. Son autorité est limitée au domaine royal,les biens matériels et les vassaux directs sur lesquels ilexerce un pouvoir direct. Les premiers Capétiens ne pos-sèdent qu'un domaine peu étendu, réduit pour l'essentiel

à une zone entre Beauvais et Orléans, vestige du duchéde France de Robert le Fort. Par une politique habile dela plupart d'entre eux, ils assureront la croissance du do-maine royal. Face aux grands du royaume quasi indépen-dants, ils possèdent cependant trois atouts :

• Ils parviennent à rendre héréditaire leur lignage enfaisant élire et sacrer leurs fils de leur vivant, et enles associant au trône (usage suivi jusqu'à PhilippeAuguste).

• Les rois de France sont au sommet de la hiérar-chie féodale et ne rendent hommage à personne pourleurs possessions. Mais, féodalité oblige, tous lesgrands féodaux du royaume doivent l'hommage auroi. Les plus prestigieux vassaux du roi de Franceétaient les souverains d'Anjou et d'Angleterre. Parla moindre étendue de ses domaines placée sous sonadministration directe, le roi de France était plusfaible que bien des vassaux, mais en termes de vas-salité, c'était bien le roi de France qui se trouvaitau sommet de la pyramide du pouvoir du systèmeféodal. Un adage dit que « Rex francorum impera-tor est in suo regno » : « le roi est empereur en sonroyaume ».

• Le sacre permet aux Capétiens d'acquérir un carac-tère divin à travers l'onction, faite grâce à l'huilede la sainte Ampoule, don du Saint-Esprit. Ainsile roi, chrétien depuis le baptême de Clovis, de-vient de plus, un roi de droit divin, qui ne tientson pouvoir que de Dieu. Depuis Robert le Pieux,fils d'Hugues Capet, on attribue aux Capétiens despouvoirs thaumaturgiques, par simple toucher, ilsétaient censés guérir des écrouelles ou scrofules[35].

Philippe-Auguste mène une lutte victorieuse pour abaisser la puis-sance des Plantagenêts et agrandir le domaine.

Le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le comte d'Anjou,devenu roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II Planta-genêt, fait de ce dernier un vassal du roi de France bienplus puissant que son suzerain, comme le montre la pre-mière carte. Philippe II, dit Philippe-Auguste a comme

Page 10: Histoire de France

10 2 LE MOYEN ÂGE ET LA FORMATION DE LA FRANCE

objectif principal l'abaissement des Plantagenêts. Entre1202 et 1205, il fait la conquête sur Jean sans Terre dela Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, dunord du Poitou et de la Saintonge. Jean sans Terre tentede réagir en organisant une coalition réunissant égalementl'empereur germanique Othon IV et le comte de Flandre.Le dimanche 27 juillet 1214, Philippe II triomphe de lacoalition lors de la bataille de Bouvines. Sur le plan inté-rieur, Philippe-Auguste augmente les ressources royalespar une bonne administration, ce qui lui permet de rétri-buer des mercenaires, de construire des nouveaux rem-parts autour de Paris, de paver la ville et d'édifier la for-teresse du Louvre. À sa mort, le domaine royal est consi-dérablement agrandi. Ses successeurs vont continuer sonœuvre.Article détaillé : Formation territoriale de la Francemétropolitaine.

Son petit-fils, Louis IX, signe enfin la paix avec lesPlantagenêt. Il affirme le droit du roi de légiférer dans toutle royaume, y compris dans les grands fiefs quand l'intérêtcommun l'exige. Il met en circulation une monnaie royalestable et fiable, le gros tournois d'argent valable danstout le royaume. Il place définitivement la monarchie au-dessus du bien commun. Ses légistes affirment que rien nepeut justifier la rébellion d'un vassal et qu'aucun évêquene peut excommunier le roi. Louis IX se croise par deuxfois pour combattre les musulmans en Terre sainte, de1248 à 1254 (septième croisade) puis en 1270 en Égypteet à Tunis où il meurt de la peste le 25 août.Philippe IV le Bel (1285-1314) est le dernier des grandsCapétiens directs. Il est connu pour le rôle qu'il a jouédans la centralisation administrative du royaume. Il or-ganise définitivement les parlements. Pendant tout sonrègne, il cherche à améliorer les finances royales. Commeil échoue à instaurer un impôt régulier, le budget de l'Étatfonctionne au moyen d’expédients : confiscation des biensdes juifs, des marchands italiens, diminution du poids enmétal précieux par rapport à leur valeur nominale despièces frappées par le roi. Pour trouver de nouveaux sub-sides, il organise la première réunion de représentants destrois ordres ou états du clergé, de la noblesse et du tiersétat. Ce type de réunion sera appelé plus tard États géné-raux. Il s’entoure de légistes originaires de toute la France.Mais Philippe le Bel est surtout connu pour son affronte-ment avec les papes, lesquels, pour échapper aux troublescontinuels de Rome, s’installent à Avignon mettant pourtrois quarts de siècle la papauté sous influence directe dela France. Quand il meurt en 1314, la monarchie capé-tienne semble consolidée et forte.

2.2.2 Les transformations économiques et sociales

Même si les sources écrites manquent, plusieurs indicesmontrent que la vitalité démographique de la France esttrès importante à partir du XIe siècle. Des hommes ve-

Le bas de cet extrait de la tapisserie de Bayeux, XIe siècle, montredes travaux agricoles avec herse et charrue.

nus du royaume de France tiennent le premier rang dansla conquête en 1066 de l'Angleterre par Guillaume leConquérant, duc de Normandie. Les chevaliers francsjouent un rôle prépondérant dans la reconquista del'Espagne musulmane dès le milieu du XIe siècle. Ilssont si nombreux à participer à la première croisade àla fin du XIe siècle, que les États créés après la prisede Jérusalem en 1099 sont appelés États francs d'Orient.L'augmentation de la population accompagne les grandsdéfrichements. Des nouvelles techniques agricoles se dif-fusent permettant de cultiver les terres riches et lourdesdu bassin parisien : charrues à roue et à versoir qui aèrentle sol, herses qui brisent les mottes. Villages, églises etchâteaux-forts façonnent le paysage des campagnes. Leretour à une paix relative favorise la circulation des mar-chandises et des hommes, la circulation monétaire etla renaissance des villes. Les artisans et les marchandsse révoltent bien vite contre l'autorité tatillonne des sei-gneurs laïcs ou ecclésiastiques et parviennent à obtenirdes chartes de libertés leur permettant de s’administrereux-mêmes. Dans les villes, les artisans exerçant unemême activité se regroupent en organisations profession-nelles très rigides et protectionnistes.Le XIIIe siècle consacre le rayonnement français. Leshistoriens pensent qu'au cours de ce siècle la popu-lation passe de 12 millions à 20 millions d'habitants,grâce aux améliorations des pratiques agricoles qui per-mettent l'augmentation des rendements des terres culti-vées. Ceci n'empêche pas les campagnes d'être secouéespar des révoltes, le plus souvent locales contre les droitsféodaux ou la dîme. Pourtant le XIIIe siècle est ce-lui des chartes d'affranchissement qui permettent auxpaysans d'améliorer grandement leur condition juridiqueet fiscale. Paris devient la ville la plus importante del'Occident chrétien avec près de 200 000 habitants, soitle double de Venise. Son rayonnement est assuré par sonuniversité, ses édifices religieux célèbres dans toute lachrétienté, telle la Sainte-Chapelle où sont conservées lesreliques de la couronne d'épines et du bâton de Moïse,la cathédrale Notre-Dame de Paris, ses ateliers de minia-

Page 11: Histoire de France

2.3 Crises et mutations du bas Moyen Âge (du XIVe au XVe siècle) 11

tures et d'ivoire. Pourtant dès le milieu du XIIIe siècle,des signes d'essoufflement économique apparaissent. Lespetits seigneurs s’appauvrissent. La croissance de la po-pulation a abouti à un fractionnement des tenures. L'écarts’élargit dans les villes entre les riches et les pauvres en-traînant des révoltes du « menu » peuple contre le peuple« gras » entraînant des grèves et des conflits comme àDouai, Paris, Ypres…

2.2.3 La fin des Capétiens directs

La lignée des Capétiens directs se termine par les règnessuccessifs des trois fils de Philippe IV qui meurent sanshéritier mâle. Lorsque Charles IV le Bel, le dernier filsde Philippe le Bel, meurt en 1328, c'est la premièrefois depuis l'élection d'Hugues Capet que le défunt roin'a pas d'héritier mâle. Deux prétendants sont en lice,Édouard III, roi d’Angleterre, petit-fils de Philippe leBel et Philippe de Valois, neveu de Philippe le Bel.L'assemblée des grands du royaume préfère Philippe caril est de France et plus mûr que son jeune rival an-glais. Cet événement marque le début de la dynastie desCapétiens-Valois, branche collatérale des Capétiens di-rects.

2.3 Crises et mutations du bas Moyen Âge(du XIVe au XVe siècle)

Tout l'Occident est affecté par les famines, la peste noireet de nombreux conflits. Mais la France, l'état le pluspeuplé d'Europe, est davantage touchée par les malheurs,d'autant plus qu'elle est le cadre d'une guerre interminableentre 1337 et 1453, la guerre de Cent Ans.

2.3.1 Le temps des crises

À la fin du XIIIe siècle, on assiste en France à un retourne-ment de conjoncture : il n'y a plus de terre à défricher. Laproduction agricole stagne alors que la population conti-nue à augmenter. L'épuisement des mines d'or et d'argentfreine le développement de la monnaie et par là même leséchanges commerciaux. Du début du XIVe siècle à la findu XVe l'Europe entière connaît un petit âge glaciaire :les hivers sont plus longs et plus froids, les étés plus fraiset plus humides, ce qui fait pourrir les récoltes sur pied.Les crises économiques qui en résultent entraînent destroubles politiques et sociaux accentués par la faiblessede certains rois pendant la guerre de Cent Ans.Dans les années 1315-1317, le mauvais temps entraînedes récoltes insuffisantes. Le prix des céréales augmente,ce qui génère la famine avec une surmortalité des pluspauvres. Les famines persistent jusqu'à la fin du XVe

siècle. La situation des paysans est catastrophique : soitils mangent la part de grains réservée aux semailles etla famine s’accentue l'année suivante, soit ils préserventles grains à semer et, dès la fin de l'hiver, la mortalité

augmente, faute de nourriture suffisante. Les textes del'époque font aussi état de loups entrant dans les villespour se nourrir, car eux-mêmes privés de proies.À partir de 1348, la peste qui avait déjà ravagé la Francedans l'Antiquité et le haut Moyen Âge, fait un retouren force provoquant la mort de presque un tiers de lapopulation française. En 1361-1363, et en 1418-1419,une forme de peste fait des ravages parmi les enfants.Les révoltes se multiplient, notamment à Paris : révolted'Étienne Marcel, révolte des Cabochiens. Dans les cam-pagnes les jacqueries sont nombreuses.Les différentes crises ont eu aussi des aspects positifs. Lespaysans et les artisans qui survivent aux famines et à lapeste voient leur condition de vie s’améliorer du fait de lahausse des salaires causée par la raréfaction de la main-d’œuvre. La noblesse décimée lors des grandes bataillesde la guerre de Cent Ans se renouvelle. Les bourgeoisachètent des seigneuries.

2.3.2 La guerre de Cent Ans

Article détaillé : Guerre de Cent Ans.

La guerre de Cent Ans oppose la France et l'Angleterrepour la succession au trône de France,de 1337 à 1453.Malgré ce que son nom peut laisser croire, elle n'est pascontinue mais compte 55 années de trêve pour 61 annéesde combats. Elle ne touche pas tout le royaume mais elleapporte la désolation et la mort là où elle a lieu : pillages,épidémies et désertification accompagnent les bandes demercenaires qui, en l'absence d'intendance et de solde ré-gulière, se paient en mettant à sac les régions où ils sta-tionnent, même celles du prince qui les emploie. Pen-dant cet interminable conflit, le territoire français est lechamp de combats épisodiques mais acharnés entre roisde France et rois d'Angleterre. Les Anglais bénéficientde la supériorité tactique de leur armée (et particulière-ment de leurs archers). Ils infligent à la chevalerie fran-çaise pourtant très supérieure en nombre, deux cuisantesdéfaites à Crécy en 1346 et Poitiers, bataille durant la-quelle le roi de France, Jean II le Bon est fait prisonnier.Le dauphin Charles est contraint de signer le traité deBrétigny en 1360 qui concède aux Anglais un bon tiersdu royaume de France, prévoit le paiement d'une énormerançon de 3 millions d'écus d'or pour la libération de JeanII le Bon, soit l'équivalent des recettes du roi pendant deuxans. Celui-ci meurt à Londres en 1364 sans que la rançonait été complètement versée.Son fils, Charles V est un bon stratège : la paix obtenuepermet de lui redonner les capacités de reconquérir lesterritoires cédés en évitant les grandes batailles rangéeset confie à de grands capitaines tel Du Guesclin la re-conquête du territoire en reprenant une à une les placesfortes de l'ennemi par une stratégie de sièges successifs.En 1377 les Anglais ne contrôlent plus que la Bayonne,Bordeaux, Brest, Calais et Cherbourg.

Page 12: Histoire de France

12 2 LE MOYEN ÂGE ET LA FORMATION DE LA FRANCE

France

Italie

Espagne

Saint EmpireRomain

Germanique

Duché du roid'Angleterre

Territoires souscontrôleanglo-bourguignon

Régions fidèles à Charles VII

Angleterre

La France en 1435

Le redressement est provisoire. La folie de Charles VIplonge le pays dans la guerre civile entre Philippe Le Har-di duc de Bourgogne, oncle du roi, et Louis d'Orléans,frère du roi. Ce dernier prend le contrôle de l'État ets’allie avec des seigneurs du Sud-Ouest hostiles au roid'Angleterre. L'accent de ces méridionaux va donner lenom des partisans du duc d'Orléans : les Armagnacs. Leduc de Bourgogne a lui intérêt à ménager les Anglaisqui commercent avec son comté de Flandre. Ces derniersprofitent de la confusion pour lancer une chevauchée dé-vastatrice à travers la France. Après avoir évité Paris ilstraversent la Picardie en direction de Calais. Ils sont re-joints à Azincourt en 1415 par la fine fleur de la chevaleriefrançaise. Les Français subissent de nouveau une défaitemeurtrière face à une armée anglaise épuisée et moinsnombreuse : le parti des Armagnacs est décapité. Le ducde Bourgogne, Jean sans Peur, en profite pour s’emparerde la Champagne puis de Paris. Son fils, Philippe le Bon,pousse Charles VI à signer le 21 mai 1420 le traité deTroyes qui stipule :

• Charles VI doit déshériter son fils le dauphinCharles. Il le déclare inapte à régner[36] dans la me-sure où il a fait tuer le duc de Bourgogne Jean sanspeur, le 10 septembre 1419.

• Le roi Henri V d'Angleterre devient immédiatementrégent du royaume de France et doit épouser Cathe-rine de France, fille du roi fou.

• À la mort de Charles VI, le royaume de France doitrevenir au fils d'Henri V et de Catherine.

Lorsque Charles VI meurt en 1422, la France est diviséeen trois : le nord et l'ouest sont sous le contrôle du frèred'Henri V, Jean de Lancastre duc de Bedford, en tant querégent du jeune roi anglais, futur Henri VI ; le Nord-Estoù le duc de Bourgogne est quasi indépendant ; le sud dela Loire où le dauphin, prend le titre de Charles VII mais

est surnommé le « roi de Bourges » par la propagandeanglaise qui met en doute sa légitimité (dans la mesure oùle château de Bourges est la demeure favorite de Charles).Mais la clé du conflit est celle du choix de la nationali-té. Les Anglais par leur stratégie de pillage (les fameuseschevauchées) se sont fait haïr par le peuple et ne sont sou-tenus que par les artisans et les universitaires des grandesvilles. Le rôle de Jeanne d'Arc est plus politique et psy-chologique que militaire : elle catalyse cette volonté « debouter les Anglais hors de France ». Elle participe ausiège d'Orléans et après la bataille de Patay insiste pourque le sacre de Charles VII ait lieu à Reims (ce qui estextrêmement symbolique et interprété à l'époque commeun nouveau signe de volonté divine car la ville est en pleinterritoire bourguignon). Elle permet de justifier la nais-sance légitime du roi, faisant oublier les rumeurs préten-dant qu’il était le fils illégitime du duc d'Orléans et permetson sacre. La voie est alors libre pour la reconquête du ter-ritoire français. Le rôle militaire propre de Jeanne d'Arcest faible : durant l'hiver 1429, elle s’empare du villagede Saint-Pierre-le-Moûtier, échoue devant la bourgade deLa Charité-sur-Loire avant d'être fait prisonnière devantCompiègne (24 mai 1430). La fin du conflit est proche :Charles VII fait la paix avec les Bourguignons en 1435(traité d'Arras) et privés de leur puissant allié et sans sou-tien sur le terrain, les Anglais sont chassés de France en1453 après la bataille de Castillon.

Duchéde BOURBON

EvauxCusset

Moulins Bourbon-Lancy

Montpensier

Charolles

DuchéAnnecy

Chambéry

Aoste

Faucigny

Genève

Bourg

Lausanne

Marquisatde

SALUCES

Valaisinf.

Neu-châtel

Comté de

BOURGOGNE

Besançon

Poligny

Saint-Claude

Pontarlier

Auxonne

Vesoul

Luxeuil

BOURGOGNEde

Mulhouse

SUNDGAU C.

deMONTBÉLIARD

Ev.de

BÂLE

Münster

EpinalSalm

Blâmont

Saarbrück

Nancy

Ev.

MetzEv.

Ev. de

Longwy

Bar

Duc

LORRAINE

deBA

R

D. de

TrêvesLuxembourg

Dinant

Limbourg

Aix-la-Chapelle

Juliers Cologne

Hourn

Duchéde

LUXEMBOURGTRÈVES

Arch.

de

Arch.

deCO

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D.

de

JULIERSLiège

Ev.

de

LIÈ

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Ev. M

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STE

R

D. de CLÈVES

D. deGUELDRE

Duché

Namur

Bruxelles

Bergen

GenappeTournai

Valenciennes

Chimay

GandBruges

Gravelines

Anvers

Comté de

HAINAUT

Lille

Calais

Calais

Boulogne

GuinegateSaint-Pol

Arras

Douai

Bapaume

St-QuentinHamNesleAmiens

Picquigny

Comté

Comtéd'EU

C.d'AUMALE

Ev. deCAMBRAI

Mortain

Coutances

Bayeux

Cherbourg

Caen

Harcourt

Breteuil

N O R M A N D I E

Harfleur

Rouen

Longueville

Dieppe

D. deVALOIS

Soissons

C. deCLERMONT

Beauvais

SenlisBeaumont

Conflans

Saint-MaurParis

ChartresMontlhéry

Nogent-le-Roi

Montfort

Melun

Guise

Laon

Roucy

Reims Grandpré

Châlons

Nogent

Brienne Joinville

Langres

Troyes

TonnerreJoigny

SensNemours

Gien Auxerre

C H A M P A G N E

de NEMOURS

Duché

Sancerre

Nevers

Semur

Dijon

BeauneChâteau-Chinon

Chalon

Mâcon

TONNERRE

C. deCHAROLAIS

C. de

SA

NC

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RE

Semur

D.

d'ORLÉANSOrléans

Blois C. deBLOIS

Bourges

Châteauroux

Loches

ToursPlessis

BERRY

Guéret

Bourganeuf

Poitiers

La Trémouille

Fontenay

Niort

C. de

LA MARCHE

T O U

Thouars

Comté deLONGUEVILLE

Eu

S. de PARTHENAYP O I

V. deCHÂTELLERAULT

Angoulême

Saintes

Benon

La Rochelle

Rochefort

AUNIS

SAINTONGE

C.d'ANGOULÊME

Limoges

Ventadour

Tulle

Turenne

Périgueux

Sarlat

PÉRIGORDV. de LIMOGES

V. deTURENNE

CahorsAgen

Marmande

Castillon

Bazas

Bordeaux

Albret

TartasLectoure

Montauban

Albi

Rodez

Millau

Bayonne

Dax

G U Y E N N E

S. d'ALBRET

Mauléon

OrthezPau

Tarbes

Mirande

AuchL'Isle-Jourdain

Foix

Saint-Jean-Pied-de-Port

Pampelune

V. deSOULE

V. deBÉARN

C. deCOMMINGES

C. deFOIX

C. deBIGORRE

C. d'ARMAGNAC

Lavaur

Castres

Castelnaudary

Carcassonne

Mirepoix

Narbonne

Perpignan

Toulouse

SèteMaguelonne

Montpellier

LodèveBeaucaire

Nîmes

Alès

Mende

ApcherMontlaur

Le Puy

L A N G U E D O C

COMTATVENAISSIN

(Etat pontifical)

VELAY

Comté de

RODEZ

Arles

Aix

Marseille

Toulon

Hyères

Draguignan Cannes

Apt

Forcalquier

SisteronOrange

Avignon

Nice

Monaco

Comtat

Principautéd'ORANGE

Comté deP R O V E N C E

Lyon

Vienne

GrenobleValence

Montélimar

Briançon

Gap Embrun

D A U P H I N ÉGÉVAUDAN

GourdonCarlat

AurillacMurat

La Tour

Issoire

Clermont

RiomThiers

Montbrison

Feurs

Beaujeu

Annonay

Duchéd'AUVERGNE

C. deFOREZ

S. deBEAUJEU

Vendôme

ChâteaudunLe Mans

MortagneAlençon

Argentan

Mayenne

Laval

Graon

Saumur

Chinon

C. deVENDÔME

C. deDUNOIS

C. duPERCHE

Duché d'ALENÇON

C. duMAINE

Duchéd'ANJOU

Nantes

Ancenis

Machecoul

Guérande

Vannes

Josselin Rennes

Fougères

DolLamballe

TréguierSaint-Pol-de-Léon

Brest

Jersey

Guernesey

Belle-Île

C. dePENTHIÈVRES

C. de RETZ

Duché de

Royaume deCASTILLE

Royaumed'ARAGON

V. deNARBONNE

C. deROUSSILLON

TOURAINEComté

NEVERS

deDuché

de

SAVOIE

de

METZTOULde

VERDUN

R. de

NAVARRE

C. deVERTUS

C. deRETHEL

Aumale

Clermont Rethel

Vertus

LYO

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C. deGUISE

ANDORRE

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C. de

PICARDIE

d'ARTOIS

FLANDREComté

de

BRABANT

de

B R E T A G N E

La France en 1477 Domaine royalMaisons capétiennes

Valois-AlençonValois-AnjouValois-OrléansDunois (Orléans)Valois-AngoulêmeBourbonBourbon-Vendôme

FoixArmagnacAlbretAutres

Autres maisonsBourgogneBourgogne-Nevers

Maison de Bourgogne

S. : SeigneurieV. : VicomtéC. : ComtéM. : MarquisatD. : DuchéR. : RoyaumeEv. : ÉvêchéArch. : Archevêché

Possessionsde l'Église

Possessionsanglaises

Autres

Villes libresd'Empire

La France à la fin du XVe siècleEn ligne rouge : les frontières du Royaume français en 1477

Les rois de France regagnent prestige et autorité. Ilsont encore affaire à forte partie avec les Grands Ducsd'Occident Philippe le Bon et Charles le Téméraire, quiont joint les Pays-Bas à leurs possessions bourguignonneset se posent parmi les plus puissants souverains d'Europe.Charles VII et son fils Louis XI les considèrent comme

Page 13: Histoire de France

3.1 Évolutions et bouleversements du XVIe siècle 13

Les parlers de France au XVIe siècle

leurs principaux rivaux.Article détaillé : Histoire de la Bourgogne.

À la mort du Téméraire, ses possessions qui prove-naient de la famille capétienne sont reprises par LouisXI mais les Pays-Bas reviennent à sa fille unique, Mariede Bourgogne qui les apporte à son époux Maximiliend'Autriche : le partage devient une source de conflit entreles maisons de France et d'Autriche.Le Moyen Âge s’achève sur la fin de l'indépendance defait des grandes principautés qu'étaient le duché de Bour-gogne (1482) et le duché de Bretagne (vaincu en 1488,rattaché en 1491, et formellement uni au royaume en1532).

3 L’Époque moderne

3.1 Évolutions et bouleversements duXVIesiècle

3.1.1 L’affirmation de la puissance royale

De la fin du XVe siècle à la fin de la première moi-tié du XVIe siècle, la politique extérieure française estlargement dominée par les guerres d'Italie. Les Valoisveulent faire valoir les droits hérités de leurs ancêtres surle royaume de Naples, et le duché de Milan. En 60 ans, ilsconquièrent et perdent quatre fois Naples, six fois le duchéde Milan. Finalement, ils abandonnent toute ambition enItalie[37]. On peut se poser la question de l'utilité de tellesexpéditions, sans cesse recommencées et se terminant àchaque fois par des échecs. Il existe plusieurs facteurs ex-

plicatifs : l'attrait des richesses et de la culture des pres-tigieuses villes italiennes, la volonté d'avoir le contrôlede passages qui permettent de menacer les intérêts deHabsbourg par le Sud. Au XVIe siècle, les stratégies mi-litaires se nouent, entre autres, autour de l'idée de fron-tière offensive. Il s’agit d'occuper des points d'appui pouren priver l'adversaire, plus que d'agrandir le territoire duroyaume.Article détaillé : Guerres d'Italie.En 1519, Charles Quint, roi d'Espagne depuis 1516, hé-

François Ier par François Clouet

rite des possessions des Habsbourg (Empire d'Autriche,Pays-Bas, Franche-Comté). La France est l'obstacle àabattre pour unifier territorialement ses possessions. Ildispose aussi des inépuisables réserves d'or et d'argent descolonies espagnoles d'Amérique. François Ier se présenteen vain à l'élection du Saint-Empire romain germaniquepour limiter l'influence du Habsbourg. Il échoue aussi às’assurer l'alliance d'Henri VIII d'Angleterre. À partir de1521, la France entame une guerre longue et difficile.Celle-ci commence par le désastre de Pavie en février1525. François Ier, imprégné des valeurs chevaleresquesrefuse de reculer et est fait prisonnier. Il est contraint designer le traité de Madrid en 1526, qui ampute la Franced'un tiers de son territoire mais reprend la guerre aussi-tôt libéré. En 1529, il doit abandonner la suzeraineté de laFlandre et de l'Artois, deux possessions de Charles Quint.Ce dernier renonce à revendiquer la Bourgogne[38]. Bienque combattant la Réforme dans le royaume, FrançoisIer s’allie aux princes protestants allemands et même au

Page 14: Histoire de France

14 3 L’ÉPOQUE MODERNE

sultan de l'Empire ottoman, Soliman le Magnifique pourdesserrer l'étau habsbourgeois. Henri II continue la lutte.Il reprend le Boulonnais et le Calaisis aux Anglais. Enéchange de son soutien aux princes réformés allemandsen guerre contre l'empereur Charles Quint, il obtient ledroit d'occuper Calais, Metz, Toul et Verdun. En 1559,le traité du Cateau-Cambrésis signe enfin la paix entre laFrance et l'Espagne.Au XVIe siècle, la guerre s’est considérablement trans-formée. L'artillerie dont le rôle est déterminant dans lesbatailles navales et dans les sièges commence à être utili-sée pour les combats en rase campagne. La France, pourmaintenir sa puissance dans le jeu européen, doit nonseulement entretenir une armée permanente (les compa-gnies d'ordonnance créées par Charles VII), mais aussiposséder une solide artillerie et construire des forteressescapables de résister aux nouvelles techniques de guerre.La Renaissance italienne gagne la France depuis, no-tamment par le biais des guerres d'Italie. François Ier

amène Léonard de Vinci à sa cour. C'est l'époque de laconstruction des châteaux de la Loire : Blois, Chambord,Chenonceau, qui sont autant de lieux où triomphe la vie decour. La sculpture, la peinture et l'architecture françaisesse transforment sous l'influence du modèle italien don-nant naissance à la Renaissance française dont la formela plus aboutie est l'école de Fontainebleau. François Ier

est le premier roi de France à avoir compris que le rayon-nement artistique d'un pays est un élément de gloire et depuissance. Comprenant l'importance des possessions co-loniales, François Ier finance des expéditions lointaines.En 1534, le Breton Jacques Cartier découvre la Nouvelle-France, et qui deviendra plus tard le Canada.Tout ceci coûte fort cher. La taille est multipliée parquatre au cours du siècle ; elle passe de 5 à 20 millionsde livres[39]. Mais les ressources fiscales sont insuffisantespour financer les dépenses. Les rois de France ont re-cours à l'emprunt – la dette double entre 1522 et 1550– à la banqueroute en 1558 et 1567 qui permet d'annulercertaines dettes mais surtout d'en rééchelonner le paie-ment et à la vénalité des offices. Un office est une fonc-tion publique dont le titulaire est inamovible depuis 1467et qu'il achète. Si la vénalité existait déjà au XVe siècle,Louis XII et François Ier l'ont systématiquement dévelop-pée. Avec elle s’instaure peu à peu l'hérédité officialiséeavec la création de la paulette en 1604, une taxe annuelle1/60e de la valeur d'achat de l'office. Si les avantages sontévidents, procurer aux rois des rentrées d'argent rapides,les inconvénients le sont aussi.C'est sous le règne de François Ier que l'Auvergne re-joint définitivement le domaine royal. Henri IV faitl'acquisition de la Bresse, le Bugey, le pays de Gex, cequi le met en situation de gêner les communications entreles possessions des Habsbourg. Dans un premier temps, ilrefuse d'unir à la couronne ses fiefs personnels sous pré-texte de préserver les intérêts de sa sœur. Le parlementde Paris refuse, en 1590, d'enregistrer les lettres séparant

les biens patrimoniaux de la famille de Navarre et le do-maine royal. Après la mort de sa sœur, Henri IV acceptel'intégration de ses fiefs au domaine royal. C'est aussi auXVIe siècle, que se forge la théorie de l'inaliénabilité dedomaine royal. Le roi ne peut plus donner en apanage desfiefs à ses fils cadets.

3.1.2 Les guerres de religion

Article détaillé : Guerres de religion (France).Les règnes des trois fils d'Henri II, François II (1559-

Nuit de la Saint-Barthélemy, d'après François Dubois

1560), Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589)sont marqués par les guerres de religion entre protestantset catholiques. La Réforme s’est progressivement répan-due en France à partir de 1520, au point qu'en 1562, datedu début des huit guerres de religion, un dixième de lapopulation était devenue protestante[40]. Cette guerre ci-vile est marquée par le massacre de la Saint-Barthélemy,le 24 août 1572 et les jours suivants, où les protestantssont attaqués dans leurs propres maisons par la Ligue,faisant plusieurs milliers de victimes à Paris et en pro-vince. La guerre civile est aussi une grande menace pourl'unité territoriale. Les protestants et les ligueurs fontdes promesses aux souverains étrangers pour obtenir leuraide. Par exemple, les réformés promettent à ElisabethIre d'Angleterre de lui restituer le Calaisis en échange deson intervention. De plus les troubles permettent à cha-cun des partis en présence de s’arroger des parcelles dupouvoir régalien. Les princes catholiques sont tout puis-sants dans les régions dont ils ont obtenu le gouverne-ment comme les Guise en Bourgogne, les Montmoren-cy en Languedoc. L'édit de Beaulieu de 1576 permet auxprotestants de célébrer leur culte publiquement partoutsauf à Paris. Ils peuvent occuper huit places fortes et bé-néficient de chambres mi-partie dans les parlements. Ilsconstituent alors un véritable État huguenot dans l'État.L'édit de Nantes de 1598 ne revient qu'en partie sur cesprivilèges.Après l'assassinat commandé par Henri III du duc deGuise, chef de la Ligue catholique en France, l'universitéde théologie de la Sorbonne décrète, lors d'une assem-blée tenue le 7 janvier 1589, la déchéance du roi tyran.Cette même assemblée fait savoir que « le peuple français

Page 15: Histoire de France

3.2 L'âge classique : du XVIIe au XVIIIe siècle 15

était délié du serment de fidélité prêté à Henri III et qu'ilpouvait s’armer pour la défense de la religion ». Cela suf-fira au moine Jacques Clément à assassiner le roi six moisplus tard[41]. Le trône, ne possédant plus d'héritier dansla branche des Valois, passe alors à une branche cadette,les Bourbons, en la personne d'Henri IV, auparavant roide Navarre. Mais celui-ci étant protestant, il n'est pas re-connu par les ultracatholiques de la Ligue. Il lui faut re-conquérir son royaume et se convertir au catholicisme, cequ'il fait en 1593. Une fois son pouvoir consolidé, HenriIV met un terme aux Guerres de religion en promulguantl'édit de Nantes de 1598. Aidé de son ministre Sully, Hen-ri IV tâche de remettre sur pied le royaume durementéprouvé par les guerres de religion. Lorsque Henri IV estassassiné par Ravaillac, un catholique fanatique en 1610,il lègue à son fils Louis XIII un royaume considérable-ment renforcé.

3.2 L'âge classique : du XVIIe au XVIIIesiècle

3.2.1 Le grand siècle

Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, la théorie de la monar-chie absolue prend de l'ampleur. Elle a comme princi-pal relais dans les provinces les officiers de justice quicherchent à réduire les droits de justice seigneuriale. Lajustice est en effet un puissant moyen d'unification dupays. Tous les cas peuvent aller en appel auprès du conseildu roi par le moyen des évocations. La coutume de Parisa tendance à s’imposer comme droit commun coutumier.

0° 5°5°

50°

45°

France :

Territoire sous règne français et conquêtes de 1552 à 1798.

Louis XIII (1601-1643) a neuf ans quand son père Hen-ri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicisassure la régence avec ses favoris et néglige l'éducationdu jeune roi. Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 enfaisant assassiner son favori Concini. À partir de 1624,il règne en étroite collaboration avec son principal mi-nistre, le cardinal de Richelieu qu'il soutient contre lesintrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Ilmène une politique de domestication des grands seigneursdu royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de

durcissement envers les protestants à qui il parvient à re-tirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait.Il installe des intendants de justice, police et finance dansles provinces. Contrairement aux officiers ceux-ci sontdes commissaires révocables. Ils sont indispensables dansles régions frontières ou occupées par les Français. Ils yassurent l'ordre en luttant contre les pillages des soldatsfrançais et en s’assurant de la fidélité des sujets, parti-culièrement des nobles et des villes. Le roi accentue lacentralisation en favorisant l'atelier de frappe monétairede Paris aux dépens de ceux de provinces. Dès 1635,Louis XIII et le cardinal de Richelieu s’engagent dansla guerre de Trente Ans auprès des princes allemandsprotestants pour réduire la puissance de la dynastie desHabsbourg, d'Espagne, la première puissance européenneà cette époque et de ceux d'Autriche qui sont à la têtedu Saint-Empire romain germanique. Pour affaiblir lesHabsbourg, les Français occupent des places fortes et s’as-surent des passages qui les relient à leurs alliés, en Alsace,en Lorraine et dans le Piémont. L'augmentation considé-rable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, pro-voque de nombreux soulèvements populaires : en 1636-1637 celui des croquants de Saintonge-Périgord, en 1639celui des va-nu-pieds de Normandie, sévèrement répri-més.Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec lecardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'estce dernier qui gouverne effectivement, même après lamajorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre en-tamé par Richelieu. Les troupes françaises remportentdes victoires décisives qui permettent de mettre fin à laguerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Müns-ter d'octobre 1648 accorde à la France presque toutel'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donnetrois forteresses à la France sur la rive droite du Rhin,Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ain-si la politique de passage vers le Saint-Empire romaingermanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Leconflit se poursuit cependant avec l'Espagne jusqu'en1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s’agran-dit du Roussillon, de l'Artois et de certaines places duHainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIVépouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche.Pour la première fois, dans un traité signé par la France,la frontière entre la France et l'Espagne est définie par lanature : « les crêtes des montagnes qui forment les ver-sants des eaux »[42].À la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu’ilgouvernera désormais seul, c’est-à-dire sans premier mi-nistre. Il réclame de ses secrétaires d'État une stricteobéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour êtresûr d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi labourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne deLouis XIV marque une centralisation extrême du pou-voir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseild'en haut qui se réunit deux ou trois fois par semaine et

Page 16: Histoire de France

16 3 L’ÉPOQUE MODERNE

Louis XIV en manteau de sacre par Hyacinthe Rigaud.

où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plusque jamais la voix du roi dans les provinces. Dès le débutde son règne personnel (1661-1715), Louis XIV amorcele redressement de l'autorité royale. Les gouverneurs desprovinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée àleur disposition et doivent résider à la cour, ce qui rendplus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV inter-dit aux parlements de délibérer sur les édits et leur or-donne de les enregistrer sans vote. Les états provinciauxde Normandie, Périgord, Auvergne, Rouergue, Guyenneet Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend deréformer la justice et fait rédiger toute une série d’ordon-nances ou codes applicables dans tout le royaume. N'étantpas sûr de la fidélité des officiers propriétaires de chargeshéréditaires, il confie leurs fonctions à des commissairesrévocables. Ce procédé finit par contraindre les officiersà l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique.Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souciest de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit fairedes dépenses excessives et en est réduite à quémander despensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelled'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est en-core une entreprise privée monopolisée par la noblesse.Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les of-ficiers sont contrôlés par des administrateurs civils quiappliquent des réglementations strictes, les dépouillantd'une grande partie de leur pouvoir. Les efforts faitspour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis

XIV de remporter d'éclatantes victoires dans la premièrepartie de son règne personnel. La guerre de Dévolution(1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles placesfortes au nord de la France parmi lesquelles Dunkerque,Lille et Douai. Le traité de Nimègue de 1678 met finà la guerre de Hollande. Louis XIV n'a pu réduire lesPays-Bas mais acquiert la Franche-Comté au détrimentde l'Espagne. Des échanges de places fortes permettentde régulariser la frontière au nord. En 1680-1681, LouisXIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe pro-cède à la politique des « réunions ». Le but est de re-lier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. Enpleine paix il annexe entre autres Nancy et Strasbourg.Cette violation du droit international indigne les Étatsd'Europe. Louis XIV s’aliène les États protestants en ré-voquant l'édit de Nantes en 1685.Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. En effet laFrance commence à peupler la Nouvelle-France entre1635 et 1654 la Guadeloupe est conquise par Léonardde l’Olive et Duplessis d’Ossonville, en 1682 Cavelier dela Salle découvre ce qu’il appelle la Louisiane, les Fran-çais fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce quiconcurrence les projets britanniques. Les 25 septembre1688 Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêvequi lui accordait l'occupation des « réunions » pour 20 anssoit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dé-vaster le Palatinat dont il revendique la succession. Cecientraîne la guerre de la Ligue d'Augsbourg dirigée parGuillaume d'Orange, Stathouder de Hollande, devenu roid'Angleterre avec sa femme Marie II. La guerre est in-décise et coûte très cher alors que la France connaît unepériode de disette en 1693. Louis XIV accepte de négo-cier, il rend les « réunions » mais conserve Strasbourg parle traité de paix de Ryswick de 1697.La guerre de Succession d'Espagne, menée par une coa-lition européenne pour empêcher le comte d'Anjou se-cond fils du dauphin de devenir roi d'Espagne commenceen 1701. La France après quelques victoires connaît denombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714et confirme l'accession d'une branche des Bourbon sur letrône d'Espagne. Le vieux roi qui meurt en 1715, voit sonfils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est doncson arrière-petit-fils né en 1710.

3.2.2 Le siècle des Lumières

Louis XV règne de 1715 à 1774. N'ayant que cinq ans à lamort de son arrière-grand-père, Louis XIV, le pouvoir estconfié à un conseil de régence dirigé par le duc d'Orléans.Celui-ci a pris soin de faire casser le testament du roi dé-funt, qui limitait son pouvoir, par le parlement de Paris enéchange d'un retour au droit de remontrance. Un des pou-voirs autonomes muselés par Louis XIV retrouve ainsi unpouvoir de contestation de la monarchie dont il se serviratout au long du XVIIIe siècle. L'époque est au relâche-ment des mœurs, au boom économique, à la spéculation.Le goût pour les produits exotiques favorise le développe-

Page 17: Histoire de France

3.2 L'âge classique : du XVIIe au XVIIIe siècle 17

Louis XV par Hyacinthe Rigaud

ment des ports de l'Atlantique. Les marchands de produitscoloniaux, la monarchie et les trafiquants d’esclaves fontd’éclatantes fortunes et les colons importent des produitsmanufacturés de France. Le port de Nantes se développeet les négriers se font construire à Nantes, à Bordeaux et àLa Rochelle d’imposants bâtiments. La Nouvelle-Orléansest fondée en 1718.Quand le régent meurt en 1723, Louis XV s’appuie surun de ses ministres, Fleury, son ancien précepteur enqui il a toute confiance, jusqu'à la mort de celui-ci en1743 ; date à laquelle le roi prendra alors les rênes ef-fectifs du pouvoir. Sous son règne, la France s’agrandit.En 1735, la Lorraine, principauté souveraine, plusieursfois occupée par la France, est donnée à Stanislas Leszc-zyński, roi malheureux, chassé du trône de Pologne parles Russes et les Autrichiens, et beau-père de Louis XV.À sa mort en 1766, elle entre dans le domaine royal. LaCorse est cédée par la République de Gênes en 1768. Au-paravant en 1762, la région des Dombes avait, elle aus-si, rejoint le domaine.Sous les règnes de Louis XV et deLouis XVI, est entreprise une politique de simplificationet de régularisation des frontières. Il s’agit de procéderà des échanges de places avancées avec les États voisinspour éviter les enclaves aussi bien françaises en dehorsdes frontières qu'étrangères à l'intérieur du territoire. En1789, il n'existe plus que trois enclaves étrangères en ter-ritoire français, Avignon et le Comtat qui appartiennentau pape, la principauté de Montbéliard et la Républiquede Mulhouse[43].

C'est d'ailleurs au XVIIIe siècle que se forge la théorie desfrontières naturelles de la France. Un mémoire adressé auroi précise : « La France effectivement doit se tenir bornéepar le Rhin et ne songer jamais à faire aucune conquêteen Allemagne. Si elle se faisait une loi de ne point passercette barrière et les autres que la nature lui a prescritesdu côte de l'occident et du midi : mer céane, Pyrénées,mer Méditerranée, Alpes, Meuse et Rhin, elle deviendraitalors l'arbitre de l'Europe et serait en état de maintenir lapaix au lieu de la troubler. »[44]. Pendant son règne, LouisXV refuse plusieurs fois les propositions qui lui sont faitesd'annexer les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle)en échange de son alliance ou de sa neutralité, sans queles historiens en comprennent bien la raison[43]. Le refusde Louis XV d'annexer les Pays-Bas autrichiens montreque cette idée n'est pas, à ce moment, la doctrine officiellede l'État.En perdant la guerre de Sept Ans (1756-1763), la Franceperd son importance politique d'outre-mer, notammenten Amérique (perte de la Nouvelle-France) et en Inde(où elle ne conserve que Yanaon, Chandernagor, Karikal,Mahé et Pondichéry) en cédant ses territoires à la rivaleGrande-Bretagne par le traité de Paris de 1763.Article détaillé : Guerre de Sept Ans.

Le règne de Louis XV est très brillant sur le plan cultu-rel, avec l'apparition des philosophes des Lumières telsVoltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et D'Alembert.Article détaillé : Lumières (philosophie).

Le plus grand problème de l'État est alors le déficit bud-gétaire chronique qui conduit à rendre le roi dépendantdes financiers et des manieurs d'argent. Autre source deparalysie des systèmes de gouvernement, l'opposition desparlements, se posant en défenseur des lois du royaumeet en contre-pouvoir. S'opposant à toute tentative de ré-formes du royaume, elle contribue à la crise de la monar-chie absolue sous le règne de Louis XVI.Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI, arrive au pouvoiren 1774. Il est gauche et timide. Il vit dans une cour tra-versée par les intrigues et les coteries. Son règne est mar-qué par une politique velléitaire. Face aux pressions de lacour, des parlements et de la noblesse, il est incapable deprendre les mesures nécessaires pour combler une dettepublique et un déficit budgétaire démesurés. L'aide ap-portée aux insurgés américains aggrave encore le déficit.Plusieurs autres facteurs expliquent les difficultés de lamonarchie absolue.Malgré les tentatives de centralisation administrative, lepays est loin d'être unifié. Il existe des douanes intérieuresentre les provinces, il n'y a pas d'unité des poids et me-sures. Tout ceci entrave le développement économiquede la France à un moment où l'Angleterre est en pleindécollage industriel. Les impôts ne sont pas perçus de lamême manière dans tout le pays, même si les intendants

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18 3 L’ÉPOQUE MODERNE

Louis XVI en costume de sacre par Joseph Siffrein Duplessis

en supervisent la répartition et la levée. Malgré les ef-forts entrepris depuis François Ier avec l'ordonnance deVillers-Cotterêts, les lois ne sont pas les mêmes dans toutle royaume. Le nord est encore soumis au droit coutumier,à peu près 300 coutumes, alors que le sud est régi parun droit écrit, inspiré du droit romain. L'Ancien Régimeavait l'habitude de ne rien supprimer mais de superposer.De ce fait dans les années 1780, il existe un enchevêtre-ment de circonscriptions de tailles et de fonctions diffé-rentes : diocèses de l'Antiquité, bailliage et sénéchausséesdu Moyen Âge, généralités du XVIe siècle. Par exemple :« Un habitant de Saint Mesnin résidait dans le bailliage deSemur, payait ses impositions à la recette de Semur, avaitaffaire au subdélégué de Vitteaux et à l'évêque de Dijon.si quelque affaire des eaux et forêts le retenait, c'était àla maîtrise d'Avallon qu'il devait se rendre ; s’il avait be-soin de la justice consulaire, c'est à Saulieu que son voyagele menait »[45]. Cette confusion s’explique par la manièredont le domaine royal s’est formé. À chaque acquisition,les rois promettaient de respecter les privilèges et les cou-tumes des provinces et des villes. À l'aube de la Révolu-tion les particularismes régionaux restent très vifs.Article détaillé : société d'Ancien Régime en France.

3.3 Formation d'un premier empire colo-nial

Articles détaillés : Premier empire colonial français etColonisation française des Amériques.

C'est à l'époque moderne et sous l'égide des Bourbonsque la France se dote d'un premier empire outremer, enélaborant, pour la première fois de son histoire, une vasteentreprise de colonisation. Celle-ci, qui débute véritable-ment dans la première moitié du XVIIe siècle, s’appuieprincipalement sur le commerce maritime sucrier avecles Antilles, la traite des noirs en provenance d'Afrique etcelle des fourrures en Amérique du Nord. Malgré les ef-forts de Richelieu puis de Colbert, le vaste ensemble queforme la Nouvelle-France, s’étalant du Québec actuel àla vallée du Mississippi, n'arrivera jamais vraiment à sedévelopper, hormis en quelques points localisés, du faitd'une récurrente faiblesse démographique et du désinté-rêt progressif du pouvoir royal pour ces contrés lointaines.Les possessions antillaises, au contraire, prospèrent à par-tir de la fin du XVIIe siècle et se hissent au sommet d'unsystème commercial atlantique lucratif qui concentre da-vantage l'attention de la monarchie. L'Inde est égalementl'objet de convoitises françaises qui échouent cependant às’imposer face aux Britanniques au XVIIIe siècle, tandisque plusieurs comptoirs, notamment au Sénégal actuel,sont implantés sur la côte ouest de l'Afrique afin de servirde bases pour le commerce des esclaves. Ils seront, plustard, le point de départ de la seconde expansion colonialede la France sur le continent africain.

3.3.1 Nouvelle-France

Au XVIe siècle, des marins français commencent à na-viguer le long des côtes nord-est de l'Amérique du Nord.En 1524, Giovanni da Verrazzano explore pour le comptede François Ier le littoral et les environs de l'actuelleNew York, puis descend jusqu'aux Antilles. Dix ans plustard, en 1534, le même François Ier envoie le malouinJacques Cartier explorer de nouvelles terres aux envi-rons de Terre-Neuve. Cartier parvient jusqu'à l'estuairedu fleuve Saint-Laurent, puis remonte celui-ci, prend of-ficiellement possession des lieux découverts au nom du roide France, et atteint plusieurs campements amérindiens.Un second voyage s’ensuit, l'année suivante, lors duquelil pousse jusqu'à l'actuelle Montréal et croit avoir décou-vert une région riche en or, ce qui motive le roi dans lapréparation d'une troisième expédition, cette fois-ci decolonisation. Mais celle-ci, qui a lieu en 1541, échoueet il faut désormais attendre un demi-siècle pour assis-ter à l'installation des Français sur les rives du Saint-Laurent. Néanmoins, si cette première entreprise de colo-nisation n'atteint pas ses objectifs et si les guerres de reli-gion détournent longuement le regard de la monarchie del'Amérique, les flottes des pêcheurs bretons, basques etnormands fréquentent régulièrement les côtes de Terre-Neuve et l'estuaire du Saint-Laurent dans leurs cam-pagnes de pêche à la morue, assurant une présence fran-çaise indirecte, discrète et périodique.Profitant de cette présence qui s’intensifie à partir desannées 1580, Henri IV, souhaitant relancer l'effort ma-ritime et outremer de la France pacifiée par la fin des

Page 19: Histoire de France

3.3 Formation d'un premier empire colonial 19

guerres de religion, octroie en 1598 puis en 1603 des mo-nopoles commerciaux, destinés à encourager l'installationà Terre-Neuve. C'est l'Acadie qui est colonisée en pre-mière, lorsque Pierre Dugua de Mons et Jean de Pou-trincourt fondent Port-Royal en 1605. En 1608, Québecest officiellement fondée par Samuel de Champlain, quis’efforce de développer la colonie naissante. En 1614, ilscelle, au nom de la France, une alliance avec les IndiensHurons, qui engage les Français dans la guerre contre lesIroquois, ennemis des Hurons. Alors que, plus au sud, lesAnglais s’installent sur les côtes de Virginie (1607) puisdu Massachusetts (1620), et que les Hollandais font demême sur l'île Manhattan, la Nouvelle-France s’étend ti-midement, sous la pression iroquoise et avec des moyensfinanciers, militaires et politiques limités, voire parfoispresque dérisoire. Le cardinal de Richelieu, qui perçoitl'importance et les avantages du commerce maritime etde l'expansion coloniale, réussit à relever partiellementune colonie québécoise délaissée par la régence de Mariede Médicis, et créé en 1627 la Compagnie des cent-associés, qui détient le monopole de tout commerce avecla Nouvelle-France mais également la gestion de celle-ci. Elle ne parvient toutefois pas à s’imposer, subissantdes revers d'abord militaires en 1629, lorsque les Anglaiss’emparent de Québec une première fois - rendue en 1631- et détruisent une flotte de secours, puis commerciaux,la traite des fourrures ne constituant pas un atout écono-mique assez fort pour faire face aux dettes qu'accumulela compagnie. Elle survit au cardinal un peu plus de vingtans, jusqu'à sa dissolution par Louis XIV en 1663.A la même date, la colonie passe sous contrôle royal di-rect. Colbert, dont l'objectif est de former une indus-trie nationale puissante et de développer pour ce fairele commerce maritime, se lance dans un projet de mo-dernisation et de peuplement de la Nouvelle France, quidoit devenir à réellement devenir un empire économi-quement prospère et politiquement imposant. Depuis lamort de Richelieu en 1642, une nouvelle période d'oublide la part de la métropole s’était ensuivie pour la co-lonie, sous-peuplée au regard de l'essor démographiquedes possessions anglaises. L'exploration du territoire re-pose alors sur les missionnaires, notamment jésuites, quiévangélisent les tribus amérindiennes, et sur des aventu-riers et trappeurs individuels, parfois hors-la-loi, nomméscoureurs des bois ou voyageurs. Les Grands Lacs sont at-teints dans les années 1640, Montréal est fondée en 1642,mais, dans l'ensemble, la présence française est fragile àl'arrivée de Louis XIV. Celui-ci, conseillé par Colbert,entreprend de pacifier la colonie en acculant les Iroquoisà la défaite en 1666, de s’assurer le contrôle de l'Acadierendue par les Anglais en 1667, puis de peupler la colo-nie, notamment par l'envoi, au cours des années 1660 et1670, d'orphelines ou de veuves - les fameuses filles duroi.À partir de 1689, commence une série de guerres co-loniales contre les Anglais, les deux adversaires ajoutantà leurs rivalités continentales une concurrence commer-

ciale, maritime et territoriale dont les colonies consti-tuent la principale scène de conflit. La fondation de laLouisiane française en 1699, qui achève d'encercler lespossessions anglaises confinées sur le littoral atlantique,ne fait qu'exacerber les tensions. Par le traité d'Utrechtde 1713, la France reconnaît la perte de l'Acadie et de laBaie d'Hudson. Si les années 1730 et 1740 sont celles dudéveloppement relatif du commerce atlantique et d'unelongue paix avec la Grande-Bretagne, propice à la crois-sance économique et à la stabilité sociale, la Louisianereste sous-développée et le Canada sous-peuplé face auxconcurrents anglais. L'empire français nord-américainmanque de plus d'une véritable continuité, l'intérieur deson territoire officiel ou revendiqué étant le plus souventà l'écart de la présence française, qui ne s’y manifestequ'au travers d'un réseau décousu de forts. Les colons bri-tanniques se sentent cependant de plus en plus menacés,surtout lorsque les Français s’implantent dans la valléede l'Ohio au milieu du XVIIIe siècle. En 1754 éclate laguerre de la Conquête, pendante de celle de Sept Ans enEurope. L'issue en est désastreuse pour l'empire colonialfrançais : Québec est prise en 1759, Montréal se rend en1760, et le traité de Paris de 1763 entérine la perte parla France du Canada et de la Louisiane. Momentanémentrécupérée en 1800, celle-ci est définitivement vendue auxÉtats-Unis trois ans plus tard.

3.3.2 Antilles et Amérique du Sud

En 1635, la Guadeloupe et la Martinique passent souscontrôle français. La culture du tabac, qui demande unedemande en main-d'œuvre fournie au départ par desengagés européens, subit la concurrence du tabac de Vir-ginie, plus compétitif. Les îles se tournent donc, à par-tir des années 1660 et 1670, vers l'exploitation sucrière,qui fera leur richesse. Au même moment, Louis XIV en-voie aux boucaniers de l'île d'Hispaniola, établis à Saint-Domingue (actuelle Haïti, soit la partie ouest de l'île) ungouverneur, afin de faire passer les républiques bouca-nières et flibustières sous sa coupe. L'opération est unsuccès : en 1697, l'Espagne, présente sur la partie estd'Hispaniola, reconnaît à la France la possession de Saint-Domingue. S'y développe durant les années qui suiventl'exportation du sucre, qui dépasse bientôt celle de laJamaïque anglaise, pourtant grosse productrice.La traite des esclaves africains prend de l'importance avecl'émergence de la culture de la canne à sucre, nécessitantune main-d'œuvre importante à l'heure où les engagés sefont de moins en moins nombreux. Le commerce trian-gulaire se met en place sur l'Atlantique, les Européenséchangeant des armes, munitions ou objets de pacotilleen Afrique contre des esclaves, avant de revendre ceux-ci dans les colonies en échange des produits exotiquesproduits par celles-ci. Ces produits (dont le sucre), forte-ment demandés en Europe, y sont écoulés sur un marchédynamique et lucratif. Ce commerce, véritable systèmeéconomique et maritime atlantique qui concerne toutes

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20 4 LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

les Antilles, contribue autant à l'essor des colonies an-tillaises de la France que de grands ports comme Nantesou Bordeaux, qui s’embellissent.

4 La période révolutionnaire

La période révolutionnaire commence vers 1787. À cetteépoque la monarchie absolue est incapable de conduireles réformes, notamment fiscales, indispensables à la mo-dernisation de la France face à la contestation des groupesprivilégiés, parlements et noblesse en tête. D'autre part,les idées nouvelles portées par les philosophes des Lu-mières et les économistes anglais ont pénétré les couchesaisées de la population qui réclament une monarchie par-lementaire, la rationalisation des institutions et la libéra-lisation d'un système économique archaïque. La réactionnobiliaire et la crise économique jouent un rôle non né-gligeable dans l'ébranlement populaire. La période révo-lutionnaire se termine en 1814-1815, quand l'empereurNapoléon Ier est envoyé en exil d'abord à l'île d'Elbe etensuite dans l'île de Sainte-Hélène. Napoléon Bonaparte,en consolidant certains acquis révolutionnaires, en expor-tant certains de ses aspects au cours de guerres et desconquêtes qui marquent son règne, en mettant fin à laguerre civile entre les Français, est considéré, aux yeux deses contemporains, comme le continuateur de la Révolu-tion. Traditionnellement les historiens distinguent deuxtemps majeurs pendant la période révolutionnaire : laRévolution française de 1789 à 1799 et la période napo-léonienne (Consulat et Premier Empire) de 1799 à 1815.

4.1 La Révolution française (1789-1799)

Article détaillé : Révolution française.

4.1.1 La naissance d’une France nouvelle

Prise de la Bastille le 14 juillet 1789.

1789 est une année riche en événements. Incapabled'établir un impôt universel, Louis XVI a convoqué lesÉtats généraux pour le 5 mai 1789 à Versailles. Les dépu-tés du tiers état parviennent en deux mois et sans violenceà mettre fin à la monarchie absolue avec l’aide d'une par-tie du clergé et de la noblesse, en se faisant reconnaîtrecomme assemblée nationale à la suite du serment du jeude paume, pris le 20 juin 1789. Le 14 juillet 1789, lesParisiens, exaspérés par la crise économique, l'instabilitégouvernementale et redoutant l'arrivée de troupes autourde Paris, prennent d'assaut la Bastille, accélèrant ainsi leprocessus révolutionnaire initié par les députés, en fai-sant plier un symbole de l'absolutisme royal. En effet, le17 juillet, le roi, venu à l'hôtel de ville de Paris entérinerles nouvelles institutions parisiennes nées de la prise de laBastille, accepte de porter la cocarde tricolore : le blanc,la couleur royale, entouré des deux couleurs de la gardemunicipale de Paris, le bleu et le rouge. Cette associationde couleurs préfigure le drapeau tricolore qui est utiliséà partir de 1794 pour symboliser la république. À la findu mois de juillet 1789, les campagnes sont agitées par laGrande Peur, une révolte contre les droits féodaux. Pourmettre fin à l'agitation les députés votent dans la nuit du4 août 1789, l'abolition des privilèges et des droits féo-daux. Même si ces derniers sont déclarés rachetables lorsde la rédaction des décrets, entre le 5 et le 11 août, cettedate marque la fin de l'Ancien Régime et le début d'unenouvelle société. La Déclaration des droits de l'hommeet du citoyen votée le 26 août 1789 en est l'acte de bap-tême. Ce texte reconnaît l'égalité des citoyens devant laloi, consacre la souveraineté nationale et légitime le droità la résistance à l'oppression. Avec le retour forcé du roi àParis les 5 et 6 octobre 1789, la Révolution semble avoiratteint ses buts : faire naître une monarchie parlementaireen rabaissant le prestige du roi et en restreignant ses pou-voirs. Le 14 juillet 1790, un an après la prise de la Bas-tille, la fête de la Fédération célèbre, sur le Champ-de-Mars à Paris, la réconciliation nationale et l'unité de tousles Français. La mémoire de ces deux dates a conduit àadopter, en 1880, la date du 14 juillet comme fête natio-nale de la République française.L'abolition des privilèges et de la féodalité pousse lesconstituants, pétris de rationalisme et des idées de Lu-mières, à réorganiser la France pour lui donner l'unitéqui lui faisait défaut. L'assemblée décide de supprimerl'enchevêtrement des anciennes circonscriptions admi-nistratives et décide, le 15 janvier 1790, de créer unecirconscription administrative unique pour la justice,l’administration, la religion, la collecte des impôts, gé-rant la chose publique de manière très décentralisée.Il s’agit des 83 premiers départements, gérés par desconseils de département élus et divisés eux-mêmes en dis-tricts, en cantons et en communes. La suppression desdouanes intérieures, la décision de créer de nouvelles uni-tés de poids et mesures basées sur le système décimalet valables dans toute la France, la rédaction de codesunifiant le droit à l'échelle nationale, l'égalité en droitpour les protestants et les juifs sont autant d'initiatives

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4.1 La Révolution française (1789-1799) 21

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793.

propres à consolider l'unité nationale à mettre au créditdes Constituants. La suppression des corporations par ledécret d'Allarde et l'interdiction des rassemblements pay-sans et ouvriers par la loi Le Chapelier en 1791 parti-cipent de ce désir d'unité, mais entraînent à long termeune faiblesse des corps intermédiaires, notamment dessyndicats[46]. L'affaire des princes possessionnés d'Alsaceet de l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin en1790 permet aux révolutionnaires de poser un nouveauprincipe du droit international, le droit des peuples à dis-poser d'eux-mêmes.Par contre, la réorganisation du clergé catholique sansl'autorisation de la papauté suscite une profonde divisiondans le royaume. La constitution civile du clergé votéele 12 juillet 1790 transforme les évêques et les curés enfonctionnaires élus et devant prêter serment de fidélité àla Nation. Cette loi est condamnée par le pape, ainsi quela Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. LaFrance est alors divisée en deux : le monde rural soutientplutôt les prêtres réfractaires, ceux qui refusent de prêterserment pour obéir au pape, les citadins plutôt les jureurs,ceux qui acceptent le serment à la Nation. L'hostilité duroi et d'une immense majorité de la noblesse aux change-ments est un autre élément fondamental de division. Denombreux nobles émigrent, formant à la frontière alle-mande une armée d'émigrés prête à intervenir. Louis XVIlouvoie, espère la guerre et une défaite française pour re-

trouver son pouvoir absolu. Celle-ci est déclarée le 20avril 1792 par la toute nouvelle assemblée législative is-sue de la Constitution de 1791, la première jamais votéeen France. Les défaites des premiers combats et l'invasiondu territoire national ont pour conséquence la chute de lamonarchie le 10 août 1792 et la proclamation de la Ré-publique le 22 septembre 1792. Deux jours avant, le 20septembre 1792, une armée composée de jeunes volon-taires patriotes avait arrêté l'avance prussienne à Valmy.Si la victoire militaire est minime, son impact symboliqueest très fort.Article détaillé : Déclaration de guerre de la France àl'Autriche (1792).

4.1.2 Crises et succès de la République

L'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793.

À l'automne les armées de la Révolution occupent lesPays-Bas autrichiens, la rive gauche du Rhin, la Savoie etMulhouse. Danton fait sienne la théorie des frontières na-turelles et encourage les guerres de conquête bien loin del'idéal révolutionnaire de libération des peuples opprimés.À Paris, la nouvelle assemblée élue au suffrage universelpour voter une nouvelle constitution, la Convention, estoccupée par le procès du roi à partir de décembre 1792.Son exécution le 21 janvier 1793 soulève l'indignation del'Europe monarchiste et entraîne la formation de la pre-mière coalition en février.Articles détaillés : Guerres de la Révolution et Guerresde l'Empire.

La jeune république est vite assaillie de toutes parts parles coalisés qui franchissent les frontières aux printemps1793. À partir de mars 1793, l'Ouest de la France estla proie d'une insurrection catholique et royaliste, appe-lée guerre de Vendée. Les Girondins, l'aile droite de laConvention, qui dirigent le pays depuis la proclamation dela République, veulent respecter les institutions en placeet veulent réduire Paris où l'agitation et la pressions dessans-culottes sont permanentes, à 1/83e de la France. Ilstiennent à maintenir des institutions décentralisées face à

Page 22: Histoire de France

22 4 LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

l'aile gauche de la Convention qui réclame des mesuresd'exception face aux difficultés.

Robespierre, homme politique révolutionnaire, admirateur deJean-Jacques Rousseau, père de la démocratie populaire maisaussi acteur de la Terreur

.Sous la pression des sans-culottes les Girondins sont chas-sés de la Convention par les journées révolutionnairesdes 31 mai et 2 juin 1793. Les Montagnards qui formentla partie la plus radicale de l'assemblée arrivent au pou-voir. Ils n'hésitent pas à satisfaire certaines revendica-tions du peuple parisien pour garder le pouvoir et sur-tout, sauver la République menacée de chaos face auxmenées contre-révolutionnaires des royalistes en Vendéeet ailleurs, à la révolte des Girondins contre la « dictatureparisienne » appelée révolte fédéraliste et à l'avancée descoalisés sur le territoire français. Les Montagnards ins-taurent un gouvernement révolutionnaire, c’est-à-dire ungouvernement extrêmement centralisé dans lequel les dé-cisions sont prises par un organe issu de la Convention, leComité de salut public, dominé par la forte personnalitéde Robespierre. Ces mesures extraordinaires doivent sau-ver la révolution par la Terreur (envers les ennemis de laRépublique) et la vertu (des patriotes). Le 23 août 1793,la levée en masse est décrétée. C’est le premier exempledans l'histoire de France d'une conscription obligatoire detous les jeunes hommes célibataires. C'est aussi la pre-mière fois que l'économie nationale est presque entière-ment tournée vers l'effort de guerre. Lors des journéesdes 4 et 5 septembre, les sans-culottes demandent que laTerreur soit mise « à l’ordre du jour ». Cette demande esttransmise à la Convention le 5 septembre, mais sans queles députés ne l’instaurent officiellement. Le 10 octobre

1793, le gouvernement est déclaré révolutionnaire jus-qu’à la paix avant d’être régi officiellement par le décretdu 14 frimaire (4 décembre). Sous la pression du peuplequi souffre de la faim, relayée par les sans-culottes, lesdéputés adoptent des mesures économiques d’urgence :à la loi du 27 juillet 1793 contre l'accaparement qui pu-nit de mort la spéculation, ils ajoutent le 11 septembrele maximum national des grains et des farines et le 29septembre 1793 une nouvelle loi du maximum généralsur les denrées et les salaires[47]. L'ensemble de ces me-sures d'exception permet de vaincre les révoltes et de dé-gager les frontières dès l'automne 1793. Les armées fran-çaises, commandées pour la plupart par des généraux is-sus du rang, passent de nouveau à l'offensive. Les ré-gions conquises deviennent des départements : celui duMont-Blanc, des Alpes-Maritimes et du Mont-Terrible(Mulhouse-Bâle). En 1794 la Belgique est reconquise ain-si que la rive gauche du Rhin. Robespierre, qui veut ren-forcer la Terreur alors que la situation ne le justifie plus,est renversé le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) et exé-cuté le lendemain.Les Conventionnels mettent fin au régime d'exceptionqu'a été la Terreur. Ils rédigent une nouvelle constitution,celle du Directoire, qui partage le pouvoir exécutif entre 5directeurs et le pouvoir législatif entre deux assemblées.Le suffrage censitaire est rétabli. Mais la constitution nepermet pas de résoudre les conflits entre les différentspouvoirs. Le Directoire est une période où les multiplesélections et les coups d’État se succèdent. L'insécurité esttrès grande ainsi que la misère populaire. Par contre, surle plan extérieur, les conquêtes et les annexions sont nom-breuses. La Belgique et une partie de la Hollande sonttransformées en 9 départements français le 1er octobre1796[48]. En 1798, c'est au tour de la rive gauche du Rhinet de Genève d'être organisés en cinq départements. Lesfrontières naturelles sont largement atteintes. Si on ajouteque les Provinces-Unies, la Suisse et l'Italie sont trans-formées en républiques sœurs avec des institutions cal-quées sur celles du Directoire et une politique étrangèreinféodée à celle de la France, les frontières naturelles sontmême dépassées. Si les républiques sœurs bénéficient desacquis révolutionnaires comme la suppression de la féo-dalité et l'égalité en droit, elles doivent fournir des réqui-sitions et des œuvres d'art, ce qui rend vite la présencefrançaise impopulaire.La lassitude des Français induite par les désordres inté-rieurs permet au général Napoléon Bonaparte d'être favo-rablement accueilli, quand par le coup d’État du 18 bru-maire (9 novembre 1799), il met fin au Directoire. Le gé-néral est en effet très populaire depuis ses éclatantes vic-toires lors de la première campagne d’Italie (1796-1797).Il bénéficie de plus de puissants appuis politiques. Sonfrère Lucien Bonaparte est président du conseil des cinq-cents, une des deux assemblées du Directoire. Sieyès faitappel à lui pour renverser le régime et pouvoir ainsi enétablir un autre plus stable. Mais dès qu'il est au pouvoirNapoléon Bonaparte le confisque à son profit et établit un

Page 23: Histoire de France

4.2 Le Consulat (1799) et le Premier Empire (1804) 23

régime personnel : le Consulat.

4.2 Le Consulat (1799) et le Premier Em-pire (1804)

Articles détaillés : Consulat (histoire de France) etPremier Empire.Bonaparte fait rapidement rédiger une constitution, la

Le Premier Empire

Constitution de l'an VIII. Il y est désigné comme premierconsul donc de fait à la tête de l'exécutif. Il a le pouvoir denommer aux principales fonctions publiques et il a le pou-voir d'initiative des lois et du budget. Il y a trois consulsen tout mais les deux autres, Cambacérès et Lebrun, n'ontqu'un pouvoir consultatif. Bien que Bonaparte possèdeune grande partie du pouvoir législatif, il prend soin decréer quatre assemblées mais aucune n'est élue par les ci-toyens. Leurs membres sont choisis par le premier consulou par le Sénat, une des quatre chambres. Parmi elles onpeut signaler le Conseil d'État qui doit préparer, rédigerles projets de loi et interpréter les lois. Il est à l'origine duconseil d'État actuel. Le suffrage universel est rétabli maisil n'y a plus d'élections. Les Français sont consultés pourdes plébiscites. Le pouvoir personnel de Napoléon Bona-parte est renforcé par la constitution du 16 thermidor an X(4 août 1802). Il est consul à vie et peut nommer son suc-cesseur de son vivant. Les pouvoirs des assemblées sontréduits au profit des senatus-consulte acte émanant du Sé-nat. Les élections sont rétablies mais elles se déroulent àplusieurs degrés et seuls les 600 citoyens les plus impo-sés peuvent faire partie du collège départemental[49]. Deplus, les citoyens ne choisissent pas des représentants, ilsproposent des candidats dans ce qui est appelé des « listesde confiance ». De plus les libertés publiques sont suppri-mées : liberté de presse, de réunion, censure dans l'éditionet le théâtre.

Bonaparte renforce la centralisation administrative. Àpartir de 1800, il nomme à la tête de chaque départe-ment, un préfet et un sous-préfet par arrondissement. Ilprend soin aussi de nommer ou faire nommer les maires.Les préfets sont chargés de mettre fin aux divisions néesde la Révolution et de briser tout ce qui reste de particu-larismes locaux. Les institutions financières et judiciairessont organisées de la même manière, les juges étant nom-més par le premier Consul.Napoléon Bonaparte rétablit progressivement la stabili-té financière. Il crée la Banque de France en 1800, laseule institution à pouvoir émettre de la monnaie. En1803, le décret de Germinal crée le franc, dit franc ger-minal. La pièce d'un franc est d'un poids invariable de 5 gd'argent. Elle gardera la même valeur jusqu'en 1914. Lapromulgation du code civil de 1804 permet l'achèvementde l'unité du pays. Ce code, en projet depuis 1789, traitede la famille, de la propriété et des contrats. Il mélangeles règles de droit écrit et les coutumes des différentesrégions dans un texte applicable à tous les Français. Laloi du 16 septembre 1807 crée la Cour des comptes,un corps unique centralisé de contrôle des comptes pu-blics. Le premier consul met aussi fin au brigandage et àl'insécurité dont souffraient beaucoup de départements.En 1804, les Français acceptent par plébiscite que Na-poléon Bonaparte devienne empereur héréditaire sous lenom de Napoléon Ier. On sait aujourd'hui qu'il a choi-si le titre d'empereur pour ne pas se mettre à dos unepartie de la population anti-monarchiste et par référenceà l'Antiquité. Ce n'est qu'après la flamboyante victoired'Austerlitz le 2 décembre 1805 qu'il envisage de créerun empire continental[réf. nécessaire].

Napoléon à la bataille d'Austerlitz par François Pascal Simon

Sous Napoléon Bonaparte, la France est presque sans ar-rêt en guerre. En 1810, à l'apogée du Premier Empire,elle compte 130 départements qui englobent les Pays-Bas, une partie de l'Allemagne jusqu'au Danemark etune partie de l'Italie. Les annexions sont en grande par-tie dues à la nécessité pour Napoléon de faire respecterle blocus continental qui vise à asphyxier le Royaume-Uni économiquement. De plus, un grand nombre d'Étatssont inféodés à la France : la Confédération du Rhin,la Confédération helvétique, les royaumes d'Italie, deNaples et d'Espagne. En tout, près de la moitié del'Europe est sous influence française. Mais cette domi-nation est de plus en plus contestée. En effet, la France

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24 5 LE XIXE SIÈCLE DE 1814 À 1870

favorise son économie aux dépens des États vassaux. En1812, pour contraindre la Russie à respecter le blocuscontinental qu'elle a rompu, Napoléon Ier l'envahit. Maisil s’avance de manière trop imprudente jusqu'à Moscouet doit effectuer une retraite en subissant les rigueurs del'hiver et les assauts des troupes et des partisans russes. Ilperd 90 % de ses effectifs. Le désastre de la campagne deRussie en 1812-1813 précipite la fin du Premier Empire.Une nouvelle coalition se noue contre la France. En oc-tobre 1813, à la suite de la défaite de Leipzig, les Françaisdoivent évacuer l'Allemagne. Les Pays-Bas et l'Espagnesont perdus. En 1814, la France est envahie. Napoléon ab-dique en avril et devient roi de l'île d'Elbe. Le frère du roiLouis XVI, le comte de Provence, devient roi sous le nomde Louis XVIII. La France garde ses frontières de 1792,incluant la Savoie et le comté de Nice, et peut conservertoutes les œuvres confisquées à l'étranger. Mais en 1815,Napoléon Ier s’enfuit de l'île d'Elbe et revient au pouvoirà partir du 20 mars jusqu'au 18 juin 1815, date à la-quelle il est définitivement vaincu à Waterloo et envoyé enexil dans l'Atlantique Sud, sur l'île de Sainte-Hélène. LaFrance paie durement les Cent-Jours. Elle doit rendre unegrande partie des œuvres pillées et perd les acquisitions de1792, Savoie et Nice notamment plus la Sarre. Elle doiten outre payer l'entretien d'une force d'occupation de 150000 soldats.

5 Le XIXe siècle de 1814 à 1870

5.1 La Restauration (1814-1830) et la Mo-narchie de juillet (1830-1848)

Articles détaillés : Restauration française et Monarchie deJuillet.La restauration est la période allant de la chute du

Premier Empire le 6 avril 1814 à la Révolution de 1830.Les Bourbons reviennent au pouvoir lors d'une périodeappelée Restauration qui débute le 6 avril 1814. Le 24avril 1814, Louis XVIII débarque à Calais. Le 4 juin1814, il accorde une charte par laquelle il consent volon-tairement à limiter son pouvoir. Il affirme par là mêmela souveraineté de droit divin du monarque. De ce fait, lacharte de 1814 accorde un pouvoir important au roi, per-sonnalité « inviolable et sacrée »[49]. L'initiative des loislui est réservée, mais celles-ci sont votées par le Parle-ment composé de deux chambres : la Chambre des pairsdont les membres sont nommés à vie par le roi et dontle nombre est illimité ; la Chambre des députés lesquelssont élus pour cinq ans au suffrage censitaire. Les dépu-tés parviennent à obliger les ministres à venir justifier leurpolitique devant eux, et à répondre à leurs questions.La Restauration, qui semble bien partie malgré quelquesobstacles, est abrégée par le retour de Napoléon en mars1815, qui oblige Louis XVIII à fuir à Gand. Napoléon re-prend le pouvoir pour une période de cent jours qui va

Louis-Philippe Ier.

durer jusqu'à la défaite de Waterloo du 18 juin 1815, la-quelle réinstalle Louis XVIII sur le trône.Louis XVIII se voulant un roi conciliant, sa politique n'estpas du goût des « Ultras » qui exigent un châtiment contreceux qui ont soutenu Napoléon pendant les Cent-Jours.Dans ce climat de vengeance, les élections d'août 1815leur donnent la majorité, et paradoxalement, ce sont euxqui mettent en pratique la responsabilité politique des mi-nistres devant la chambre, ce que la charte de 1814 neprévoyait pas.À la mort sans héritier de Louis XVIII en septembre1824, son frère Charles X lui succède. Contrairement àson frère, ce dernier n'a pas compris que certains chan-gements étaient irréversibles. Il se fait sacrer à Reims en1825 dans la pure tradition capétienne, et tente de rétablirl'Ancien Régime en favorisant la noblesse et le catholi-cisme. Il fait voter une loi sur l'indemnisation des noblesqui avaient émigré pendant la Révolution et dont les pro-priétés avaient été vendues comme biens nationaux. Uneautre loi, dite loi sur le sacrilège, punit de mort le vol desciboires contenant des hosties consacrées ou la profana-tion de ces dernières. Il s’appuie sur les ultras, c'est-à-direles députés partisans d'un retour à l'Ancien Régime. Maissa politique réactionnaire se heurte à l'opposition déter-minée de la bourgeoisie libérale. En 1830, le ministrePolignac publie quatre ordonnances réactionnaires. Ellesprévoient le rétablissement de la censure pour la presse, ladissolution de la chambre, la modification du cens électo-

Page 25: Histoire de France

5.2 Deuxième République (1848-1852) 25

ral pour réserver le droit de vote aux grands propriétairesfonciers, et la fixation de la date des nouvelles élections.La publication de ces ordonnances le 27 juillet 1830 pro-voque une révolution dite des Trois Glorieuses en juillet1830.Dans un Paris couvert de barricades, on crie vive la Ré-publique ou vive l'Empereur. Mais dans les coulisses dupouvoir, des bourgeois modérés comme Adolphe Thiersou Casimir Perier parviennent à imposer le duc d'Orléanscomme nouveau souverain. La branche aînée de la fa-mille royale, celle des Bourbons, est donc remplacée parla branche cadette, celle des Orléans. La bourgeoisie li-bérale a su utiliser la révolution populaire pour mettre surle trône un roi conforme à ses intérêts. La révolution deJuillet ne constitue donc pas une rupture avec le régimeprécédent. Le principal changement est le fait que la sou-veraineté nationale remplace la souveraineté de droit di-vin. Ce changement se manifeste dans le titre donné auroi : Louis-Philippe devient roi des Français, c’est-à-direqu'il détient son pouvoir de la volonté du peuple, alors queses prédécesseurs portaient le titre de roi de France. LaChambre des pairs perd son influence. Le drapeau trico-lore remplace définitivement le drapeau blanc.La Monarchie de Juillet correspond aux débuts del'industrialisation de la France. La France expérimente,dans le sillage de l'Angleterre, un boom ferroviaire desannées 1840, qui stimule la production d'acier. Le Pre-mier ministre Guizot lance le credo d'une nouvelle socié-té : « enrichissez-vous ! ». Les grandes dynasties bour-geoises, liées aux banques ou aux grandes entreprises, seconstituent et affirment leur volonté de dominer la viepolitique. Le suffrage censitaire étant très restreint, ellessont les seules, avec l'aristocratie traditionnelle, à pou-voir voter et à avoir des élus à la Chambre des dépu-tés. Cela se traduit par l'apparition de deux partis poli-tiques, les conservateurs, les représentants de la vieillenoblesse, et les libéraux, les représentants du monde desaffaires. Mais ces deux groupes s’entendent sur la conser-vation du régime tel qu'il est, puisqu'il sert leurs intérêts.La loi Guizot de 1833 oblige chaque commune à entrete-nir une école élémentaire. Cependant la révolution indus-trielle crée une nouvelle classe sociale, celle des ouvriersen proie à la misère. Les théories socialistes de LouisBlanc et de Proudhon cherchent à remédier aux injusticessociales dont le prolétariat est la victime.La Monarchie de Juillet est aussi marquée par un nou-vel essor de la colonisation française. L'incident diplo-matique du coup d’éventail donné par le dey d'Alger auconsul français en 1827 sert de raison à la conquête fran-çaise de l’Algérie en juillet 1830. La colonisation s’étendprogressivement à toute l'Afrique. En 1842 les générauxBinger, Crozat et Marchand se lancent à la conquête dela Côte d'Ivoire, mais doivent faire face à la résistance deSamory.Le roi se présente comme un bon père de famille bour-geois, mais en réalité, c'est un homme autoritaire et

un habile manœuvrier. La faiblesse du corps électoral,l'autorité du roi, et la révélation d'une grande corruptionau sein du gouvernement finissent par discréditer totale-ment le régime. De plus, à la suite de mauvaises récoltes,le pays connaît une crise économique profonde à partir de1846. L'opposition républicaine en profite pour s’agiter ànouveau.

5.2 Deuxième République (1848-1852)

Article détaillé : Deuxième République (France).En 1847, l'opposition, alimentée par une vague de mé-

Victor Schœlcher en 1885

contentement due à la corruption du régime en place etpar la crise économique, organise dans tout le pays desbanquets pour demander l'élargissement du corps élec-toral. La liberté de réunion n'existant pas, la présence àces banquets républicains permet aux opposants au ré-gime de se réunir sans enfreindre la loi. Le 22 février1848, le pouvoir interdit la tenue d'un banquet. Ceci en-traîne des manifestations qui se poursuivent le lendemain.C'est alors que la troupe tire sur les manifestants. Quandla nouvelle de cette fusillade est connue, tout le Paris po-pulaire s’embrase. Le roi abdique le lendemain car il neveut pas être responsable d'un massacre de la foule pa-risienne. Les insurgés ont retenu la leçon de 1830. Ilsexigent que des républicains siègent dans le gouverne-ment provisoire. Celui-ci proclame la République le soirmême. La deuxième République commence.La Deuxième République institue définitivement lesuffrage universel masculin en France. Elle abolitl'esclavage sur proposition de Victor Schœlcher. Ce-ci n'empêche pas l’armée française de commencer la

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26 5 LE XIXE SIÈCLE DE 1814 À 1870

conquête du Sénégal la même année. Sous la pression dupeuple et des socialistes, des mesures sociales sont prises :proclamation du droit au travail, limitation de la journéede travail à 10 heures à Paris et à 11 heures en province.Des ateliers nationaux sont créés pour donner du travailaux parisiens touchés par la crise économique. Mais auxélections d'avril 1848, les Français élisent majoritaire-ment des modérés hostiles aux mesures novatrices (500députés) ou des monarchistes (300). Les socialistes quidéfendent les mesures sociales ne sont qu'une centaine.Le gouvernement provisoire qui découle de cette assem-blée décide de fermer les ateliers nationaux. L'est pari-sien se révolte à l'annonce de cette décision. Le généralCavaignac est muni des pleins pouvoirs pour mater la ré-bellion. Il brise celle-ci dans un bain de sang après troisjours de combats, du 23 au 25 juin 1848. Ces « jour-nées de juin » discréditent ou salissent la jeune Répu-blique aux yeux de certains milieux, notamment ouvriers.Mais tandis que ceux-ci, victimes de la répression, s’endésintéressent, les paysans et les possédants craignent lesdésordres sociaux et recherchent un régime stable et au-toritaire.Pour décider des nouvelles institutions, les constituantss’inspirent des États-Unis dont le modèle a été popularisépar Alexis de Tocqueville dans son livre De la démocra-tie en Amérique, publié en 1835. La constitution du 4 no-vembre 1848 choisit de confier le pouvoir exécutif à unprésident élu au suffrage universel direct pour une duréede quatre ans. Il peut se représenter après un intervalle dequatre ans. Comme aux États-Unis, l'Assemblée et le pré-sident sont totalement indépendants. Mais contrairementaux États-Unis, le président n'a pas le droit de veto.Louis Napoléon Bonaparte, Lamartine, Cavaignac et lesocialiste Raspail sont candidats à l'élection présiden-tielle, la première au suffrage universel masculin enFrance. Le neveu de Napoléon Ier peut notamment profi-ter de la division des gauches et de la faiblesse du niveaud'instruction, tandis que le nom de Bonaparte est bienplus connu dans les campagnes. Le 10 décembre 1848,et avec près de 75 % des voix, issues notamment du Partide l'Ordre, il est élu pour quatre ans. La nouvelle assem-blée élue en mai 1849 est dominée par les monarchistes.Elle mène une politique extrêmement conservatrice. Elleenvoie à Rome des troupes pour maintenir le pape dansses États pontificaux menacés par les révolutionnaires ré-publicains italiens. Elle vote la loi Falloux qui met l'écolesous le contrôle de l'Église catholique. Le 31 mai 1850,l'Assemblée vote une loi électorale qui exclut du corpsélectoral ceux qui ne peuvent pas justifier de trois ans derésidence continue dans la même commune, ce qui éli-mine 3 millions de personnes du corps électoral, principa-lement des artisans et des ouvriers saisonniers. En s’oppo-sant à cette réforme, Louis-Napoléon fait figure de hérospour le peuple.Au début de l'année 1851, Louis Napoléon Bonaparte de-mande une révision de la constitution pour lui permettrede se représenter dès la fin de son mandat. Devant le refus

de l'Assemblée Nationale, il exécute un coup d'État minu-tieusement préparé le 2 décembre 1851, qu'il entérine parun référendum. Le 2 décembre est en effet une date fé-tiche pour les Bonaparte : Napoléon Ier a été couronné un2 décembre et l'année suivante il a remporté l'éclatantevictoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805. La deuxièmeRépublique finit renversée par son propre président, quine tarde pas à instaurer un régime impérial.

5.3 Second Empire (1852-1870)

Article détaillé : Second Empire.Le coup d'État du 2 décembre 1851 entraîne peu de ré-

Napoléon III empereur

actions. Seules quelques personnalités s’opposent ouver-tement au nouveau régime. C'est le cas de Victor Hugoqui part en exil à Guernesey d'où il ne cesse de fusti-ger Louis-Napoléon Bonaparte qu'il appelle « Napoléonle Petit ». Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne aunouvel homme fort les pleins pouvoirs pour rédiger unenouvelle constitution. Après un nouveau plébiscite, il estproclamé empereur sous le nom de Napoléon III. Napo-léon met en place un régime autoritaire. La liberté de lapresse est limitée, les opposants sont pourchassés. La pra-tique des candidatures officielles réduit l'opposition au si-lence. Seuls quelques républicains parviennent à se faireélire. Mais comme le pays bénéficie d'une bonne conjonc-

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27

ture économique, il y a peu de protestations.À partir de 1860, le Second Empire se libéralise.Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des ca-tholiques car il aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l'unité italienne, ce qui va àl'encontre des intérêts de la papauté. De plus, la signa-ture d'un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni,alors première puissance industrielle mondiale, mécon-tente les industriels qui craignent la concurrence de pro-duits anglais. L'empereur cherche donc de nouveaux sou-tiens en allant vers les libéraux et les classes populaires.Le droit de grève est accordé en 1864. Les ouvriers ontle droit de constituer des caisses d'entraide (suppressionde la loi Le Chapelier). Le corps législatif obtient peu àpeu des droits. Il peut critiquer le gouvernement, voter lebudget. Il a même l'initiative des lois à partir de 1869.Le Second Empire a peu à peu évolué vers un régimeparlementaire, les ministres étant responsables devant leParlement. Cette libéralisation du régime est approuvéemassivement par un plébiscite en mai 1870 qui donne àl'empereur 7 336 000 « oui » contre 1 560 000 « non ». LeSecond Empire semble consolidé sur des bases plus dé-mocratiques. Il est cependant balayé par la guerre franco-prussienne en quelques semaines.Le décollage industriel de la France se fait sous le SecondEmpire. Le crédit se libéralise, la création de SARL etde SA est facilitée. L'État montre lui-même l’exemple.Des grands travaux de modernisation sont entrepris dansParis sous la houlette du baron Haussmann. La Sologneet les Landes sont bonifiées (création de la forêt desLandes)[réf. nécessaire].Napoléon III, très influencé par l'épopée napoléonienne,veut donner à la France un rôle prépondérant dans lemonde. la France intervient dans la guerre de Criméeaux côtés des Britanniques pour contrer l'expansionismerusse. À partir de 1854, Faidherbe donne une nouvelleimpulsion à la conquête du Sénégal. Il forme les fameuxtirailleurs sénégalais. La France commence à s’intéresserà l'Indochine. Les troupes françaises interviennent mêmeau Mexique pour soutenir l'archiduc d'Autriche Maximi-lien qui tente d'y instaurer un grand empire latin et catho-lique. L'aventure mexicaine est un échec. Maximilien estfusillé par les révolutionnaires mexicains.Napoléon III soutient les processus d'unité italienne et al-lemande. En échange de ses bons offices, la France re-çoit du Royaume de Sardaigne le Duché de Savoie et leComté de Nice annexés à la France en 1861 après lasignature du traité de Turin. En échange de sa neutra-lité bienveillante lors de la guerre austro-prussienne de1866, l'empereur réclame des compensations territorialesque Bismarck, le chancelier prussien, refuse de lui accor-der. Au contraire, il multiplie les provocations envers laFrance pour la pousser à déclarer la guerre à la Prusse. Àla suite de la publication de la dépêche d'Ems, la Francedéclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Le Se-cond Empire ne peut opposer que 265 000 hommes aux

500 000 Prussiens et alliés allemands. La guerre tournerapidement au désastre. Le 6 août, l'Alsace est prise. Na-poléon capitule à Sedan le 2 septembre 1870. À cette an-nonce, les Lyonnais dès le matin puis les Parisiens dansla soirée proclament la république le 4 septembre 1870.Article connexe : Relations entre l'Allemagne et laFrance.

6 La Troisième République de1870 à 1940

Article détaillé : Troisième République.

6.1 L'instauration du régime républicain

6.1.1 Des débuts difficiles

La république naît dans des conditions difficiles. Le gou-vernement provisoire décide de continuer la guerre. LesAllemands atteignent rapidement Paris qu'ils assiègent.Gambetta, ministre de l'Intérieur du gouvernement de dé-fense nationale, quitte Paris en ballon pour appeler la pro-vince à la levée en masse. Mais les troupes ainsi consti-tuées ne parviennent pas à rompre l'encerclement prus-sien. La ville subit des bombardements réguliers et souffredu manque de nourriture. Pour permettre aux Parisiens dene pas tomber dans la misère, le gouvernement décrète lemoratoire des dettes et des loyers. Des armes sont distri-buées aux volontaires qui forment une garde nationale.Le 28 janvier 1871, le gouvernement doit se résoudreà signer l'armistice. Les Allemands laissent se déroulerdes élections. Celles-ci donnent la majorité aux monar-chistes. La nouvelle assemblée signe une paix qui amputele pays de l'Alsace et du nord de la Lorraine et obligeles Français à payer au vainqueur une lourde amendede guerre. Thiers, un ancien premier ministre de Louis-Philippe est nommé chef du pouvoir exécutif en attendantque l'assemblée statue sur la nature du régime et son or-ganisation.Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siègede Paris sont scandalisés par l'armistice et les conditionsimposées par la Prusse. Ils se méfient d'une assembléemonarchiste qui par peur des périls révolutionnaires pré-fère s’installer à Versailles plutôt que dans la capitale.Alors que la situation économique des Parisiens est tou-jours précaire, le gouvernement provisoire abroge le mo-ratoire des loyers et des dettes. Le 18 mars 1871 Thiersordonne de désarmer les Parisiens. Cette annonce dé-clenche une émeute. Thiers se retire de la capitale etdécide de la reprendre par la force. À Paris, le comi-té central des gardes nationaux décide de l'élection d'unconseil municipal. La Commune de Paris se met en place

Page 28: Histoire de France

28 6 LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE DE 1870 À 1940

à partir du 26 mars 1871. Les principaux animateursde la Commune de Paris viennent d'horizons différents.Ils prennent des mesures radicales pour soulager la mi-sère populaire : réquisition des logements, instruction gra-tuite, laïque et obligatoire. Ils inventent une démocra-tie participative en permettant aux citoyens d'intervenirdans les affaires de la commune. À côté de revendica-tions issues du mouvement sans-culotte de 1793 commel'anticléricalisme et le respect de la liberté de conscience,des revendications de type socialiste sont portées par lesinsurgés avec la condamnation du militarisme et du capi-talisme.La commune ne dure que 70 jours. Le 21 mai 1871, lestroupes du gouvernement surnommées les Versaillais parles communards investissent Paris. Les révoltés mènentun combat désespéré. Ils incendient des monumentscomme le palais de Tuileries ou l'hôtel de ville pour ra-lentir l'avance des versaillais. Après l'exécution de l’ar-chevêque de Paris par les communards (Marx écrira quec'est Thiers qui l'a assassiné), la répression tourne au bainde sang. Entre 20 000 et 30 000 communards sont exécu-tés en une semaine. Des milliers de révoltés sont envoyésdans des bagnes en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie.Les conditions imposées par la Prusse, qui avaient scan-dalisé les parisiens au moment de l'armistice sont en-core durcies par une loi de décembre 1871 exigeant dela France une indemnité de guerre représentant 25 % deson PIB. La dette publique augmente fortement, et avecelle une nouvelle classe de petits rentiers vivant de sonintérêt puis participant à la nouvelle expansion boursière,ce qui accélère la création de banques de dépôt.

6.1.2 La mise en place des institutions

Organigramme de la Troisième République

Née de la défaite, aux prises à la révolte parisienne, do-minée pendant 5 ans par une assemblée monarchiste, laRépublique a peu de chances de survivre. Elle doit soninstallation à la mésentente des monarchistes. En effet lesroyalistes sont divisés en deux groupes, les légitimistes,

partisans du descendant de Charles X, le comte de Cham-bord, et les orléanistes. Après de nombreuses tractationsles orléanistes et les légitimistes s’entendent sur le nom ducomte de Chambord. Mais ce dernier exige le rétablisse-ment du drapeau blanc, ce que refusent les orléanistes. Enattendant, la loi Rivet donne au chef de l'exécutif, Thiers,le titre de président de la République.Les républicains qui ont prouvé grâce à la répression de laCommune de Paris qu'ils ne sont pas des révolutionnaireset savent maintenir l'ordre, gagnent la plupart des élec-tions partielles. Faute de mieux, les orléanistes rompentavec les légitimistes et se rallient à l'idée d'un régimerépublicain. En 1875, toute une série de lois constitu-tionnelles est votée. Elle fera office de constitution pen-dant toute la durée de la troisième République. Le ré-gime républicain est un régime parlementaire bicamé-ral. Le président de la République est élu pour sept anspar les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationaleréunis en congrès à Versailles. Il est politiquement irres-ponsable. En 1876, les républicains remportent 360 des500 sièges à pourvoir. Le conflit entre le président monar-chiste Mac-Mahon et l’assemblée est inévitable. le 16 mai1877, Mac-Mahon renvoie le président du Conseil, JulesSimon, républicain modéré, et le remplace par Albert deBroglie, un royaliste. Il est mis en minorité par 363 voixrépublicaines, et Mac-Mahon fait dissoudre la chambre.Cet épisode est connu sous le nom de crise de 1877. Unecampagne électorale agitée s’ensuit opposant les monar-chistes aux républicains. Les républicains font bloc autourde Gambetta. Deux conceptions de la république s’af-frontent. Pour Mac-Mahon, le président de la républiqueest l’égal du Parlement. Il peut donc avoir sa propre poli-tique et renvoyer les ministres qui n’ont pas sa confiance.En cas de conflit avec le Parlement, c’est le peuple quitranche. Pour les Républicains, le président n’est qu’unefigure symbolique. Il doit nommer des ministres dont lesvues doivent être conformes à celle de la Chambre desdéputés. C’est la seule à représenter la souveraineté na-tionale car la seule élue au suffrage universel. L’impréci-sion des textes permet les deux interprétations. De nou-veau, les Républicains remportent les élections. En 1879,le renouvellement partiel du Sénat leur permet d’acquérirla majorité dans cette chambre. La victoire des républi-cains est totale. Désavoué et sans appui, Mac-Mahon dé-missionne. Son successeur, le républicain Jules Grévy re-nonce volontairement à exercer ses prérogatives constitu-tionnelles (principalement le droit de dissolution) et s’in-terdit d'intervenir contre les vœux de l'Assemblée. Le pré-sident de la République se cantonne donc à une fonctionreprésentative, laissant le pouvoir au président du Conseilet au Parlement. Les présidents de la IIIe Républiquesuivent cette pratique. En dix ans la France est devenuerépublicaine.

Page 29: Histoire de France

6.2 La France sous la Troisième République 29

La dégradation d'Alfred Dreyfus

6.1.3 L’enracinement de la République

Les républicains s’attachent à enraciner la République enétablissant les grandes libertés : la liberté de réunion etde la presse en 1881, le droit de se syndiquer par la loiWaldeck-Rousseau de 1884, la possibilité de divorcer lamême année. La loi de 1901 sur la liberté d’associationpermet la formation de partis politiques qui remplacentles groupements informels des clubs et des comités. Lespremiers partis à se former sont le parti radical en 1901et le parti socialiste, la SFIO en 1905.La République se dote de ses grands symboles : le bustede Marianne, la Marseillaise qui redevient l'hymne na-tional en 1878 et le 14 juillet comme fête nationale. Enmême temps, des grands républicains comme Victor Hu-go ou Léon Gambetta reçoivent à leur mort des obsèquesnationales.Toutes ces lois sont en partie l'œuvre de Jules Ferry quipoursuit trois objectifs : étendre les libertés, soustrairel'école à l'emprise de l'Église catholique et « relever »la France de la défaite grâce à la colonisation. Cepen-dant le nom de Jules Ferry évoque pour tous les Françaisl'instauration de l'école gratuite, obligatoire et laïque. Eneffet, pour rendre la république irréversible, la formationde jeunes générations paraît indispensable. Or l'école estplacée depuis la loi Falloux sous l'autorité de l'Église quis’est toujours montrée une adversaire de la République.Jules Ferry fait voter toute une série de lois portant sur laquestion scolaire : création de lycées publics pour jeunesfilles par Camille Sée en 1880 (même si ceux-ci ne per-mettent pas de passer le baccalauréat), instauration del'école gratuite laïque et obligatoire par les lois Ferry de1881-1882, laïcisation de personnel enseignant des écolespubliques. L'instituteur devient un des piliers de la Répu-

blique. C'est à lui que revient le devoir d'inculquer auxjeunes élèves la morale républicaine et l'amour de la pa-trie.La lutte contre l'influence de l'Église est un thème quipermet l'émergence d'un nouveau parti à gauche del'échiquier politique, le parti radical. L'attachement desFrançais à la République n'empêche pas celle-ci d'êtresecouée par de nombreuses crises dues à la montée dunationalisme (épisode du boulangisme dirigé par le gé-néral Georges Boulanger) ou de l'antisémitisme (affaireDreyfus). Ces événements montrent qu'il existe deuxFrance, l'une conservatrice et revancharde, l'autre acquiseaux idéaux révolutionnaires et au progrès social. Ce sontfinalement les progressistes qui l'emportent. Les républi-cains forment un gouvernement d'union nationale diri-gée par Pierre Waldeck-Rousseau entre 1899 et 1902.L'arrivée au pouvoir du parti radical en 1902 accentuela laïcisation de la société. En 1904, les congrégationsreligieuses n'ont plus le droit d'enseigner et un grandnombre d'entre elles sont expulsées de France. En 1905,sous l'impulsion du président du conseil Émile Combes,L'Assemblée nationale vote la loi de séparation de l’Égliseet de l'État. Les ministres du culte cessent d'être rétribuéspar l'État. Les biens mobiliers et immobiliers du cultesont nationalisés et mis à la disposition d'associationscultuelles religieuses après un inventaire de tous les biensnationalisés. Dans quelques régions, les inventaires ontdonné lieu à des affrontements violents entre les catho-liques et les forces de l'ordre, mais le phénomène restemarginal même s’il a beaucoup frappé les esprits. À par-tir de 1905, la religion devient une affaire privée.

6.2 La France sous la Troisième Répu-blique

6.2.1 Population et société

La France connaît un fort déclin démographique. Alorsqu'en 1800, la France était deux fois plus peuplée quel'Allemagne et trois fois plus que le Royaume-Uni, ellecompte en 1913 moins d'habitants que chacun de ces deuxpays. La France devient le pays du fils unique, protégé,poussé, sur lequel reposent les projets d'ascension socialede la famille. Le malthusianisme français s’explique enpartie par la volonté de ne pas diviser l’héritage familial.Face à la montée des tensions, la faiblesse démographiquede la France inquiète. Pour pallier le manque de soldats,le service militaire est porté à trois ans en juillet 1913. Lerecrutement de troupes coloniales a débuté dès la fin duXIXe siècle ; il s’accélère en 1910.Autre conséquence, le recours à l’immigration, qui appa-raît comme une solution au déclin démographique. Elleest encouragée par l’instauration du principe du droit dusol pour l’obtention de la nationalité française en 1889.En 1914, la France compte 1,2 million d’étrangers venusde Belgique et d’Italie [réf. nécessaire], ce qui suscite une série

Page 30: Histoire de France

30 7 D'UNE GUERRE À L'AUTRE

de réactions xénophobes (Vêpres marseillaises en 1881,pogrom d'Aigues-Mortes en 1893, etc.).La France reste ainsi un pays essentiellement agricole,comme le prouve la part du secteur primaire dans lapopulation active (43,2 % en 1906), alors que ce sec-teur représente moins du quart de la production natio-nale [réf. nécessaire]. L’exode rural qui a commencé en 1848continue. Environ 35 000 personnes quittent chaque an-née les campagnes vers 1900 [réf. nécessaire]. Les petites ex-ploitations dominent : 80 % d'entre elles ont moins de 10hectares. Dans les petites exploitations, les rendementssont très médiocres : 13 quintaux de blé à l’hectare enmoyenne voire 4 ou 5 dans les régions où les sols sont lesplus pauvres. En fait, les petites exploitations pratiquentune polyculture vivrière où seule une petite partie de laproduction est commercialisée.Au nord de la Loire existe une agriculture capitaliste etproductive. Les années 1900 sont en effet celles d’une ti-mide mutation agricole : semoirs mécaniques, moisson-neuses deviennent plus courants dans ces exploitations.Leur poids électoral font des agriculteurs une préoccupa-tion des Républicains. En 1881, le ministère de l’Agricul-ture est créé. Un tarif protectionniste est instauré en 1892par Jules Méline pour protéger les petits agriculteurs dela baisse mondiale des prix agricoles.

6.2.2 La France coloniale

Empire colonial : carte indiquant le premier empire colonial fran-çais en bleu clair et le second en bleu foncé.

Faidherbe forme les fameux tirailleurs sénégalais qui ac-compliront la conquête des régions du Niger en 1898avec des officiers comme Gallieni, Voulet-Chanoine,Fourreau-Lamy, Monteil et Gentil. Les Touaregs oppo-seront une sérieuse résistance. La France confère le sta-tut de « commune française de plein exercice » à Saint-Louis, Gorée et Dakar en 1872 et à la ville de Rufisque en1880. À compter de ces dates, les habitants de ces quatrecommunes sont citoyens français avec tous leurs droits ettous leurs devoirs, représentés dans les Assemblées par-lementaires de France. À tout cela viendront s’ajouter laconquête du Gabon, du Congo, de la Mauritanie, de laGuinée, de la Haute-Volta, du Tchad, du Dahomey et del’Indochine. En 1914 l’empire français est alors 22 foisplus grand que l’Hexagone.Les conquêtes coloniales sont entreprises en partie pour

des raisons économiques, apporter des matières pre-mières des territoires colonisés à l’industrie française,créer des débouchés grâce aux colonats ou aux colonisés.Elles sont effectuées sous la pression de lobby coloniauxcomme Afrique française ou Asie française (voir articlesur l'Indochine française) dans lesquelles on trouve desbanquiers, des hommes d’affaires, des journalistes, desparlementaires et des militaires. À côté de la prétention àapporter la « civilisation » aux peuples « sauvages », lesprotestations contre cette expansion coloniale sont nom-breuses. L’exposition coloniale de 1931 voit la recons-truction du temple d’Angkor Vat à Paris, mais aussi deszoos humains. Au total cette exposition attire à peu près8 millions de visiteurs (dont 1 million d’étrangers)

7 D'une guerre à l'autre

Charge française à la baïonnette pendant la Première Guerremondiale.

Au début du XXe siècle, l'affrontement entre la Franceet l'Allemagne à propos du Maroc conduit à des inci-dents diplomatiques (coup de Tanger, crise d'Agadir).L'antagonisme franco-allemand puise sa force dans plu-sieurs problèmes dont dans la question de l'Alsace-Lorraine, les revendications coloniales tardives del'Allemagne et son attitude agressive (weltpolitik). Ilse nourrit aussi de la crainte qu'éprouvent les Françaisdevant la poussée démographique de l'Allemagne. LaFrance pouvait encore aligner 74 divisions face aux 94divisions allemandes : qu'en serait-il dix ou vingt ans plustard ?

7.1 La Première Guerre mondiale et sessuites

Articles détaillés : Première Guerre mondiale etChronologie de la France sous la Grande Guerre (1914-1918).

Page 31: Histoire de France

7.1 La Première Guerre mondiale et ses suites 31

Soldats australiens portant des masques à gaz.Ypres, 1917

7.1.1 La « Grande Guerre » (1914-1918)

Les manuels scolaires de la IIIe République propagentun discours nationaliste, une large partie de l'opinionpublique n'a pas renoncé à récupérer l'Alsace-Lorraine,voire à une revanche contre l'Allemagne.Une loi rétablissant le service militaire, supprimé depuis1815 par Louis XVIII, est adoptée le 27 juillet 1872 carune des raisons de la défaite de 1871 avait été la déficiencede la mobilisation des réserves et l'insuffisance numériquede l'armée française.Le 9 janvier 1912, le Président Fallières, chef constitu-tionnel des armées, avait déclaré : « Nous sommes résolusà marcher droit à l’ennemi sans arrière-pensée, l’offensiveconvient au tempérament de nos soldats et doit nous as-surer la victoire, à condition de consacrer à la lutte toutesnos forces actives sans exception. »[50].Le cabinet Briand fait voter le 19 juillet 1913 la loi faisantpasser la durée du service militaire à trois ans.La mobilisation décrétée le 1er août 1914 suscite cepen-dant la stupeur et la consternation dans certains milieux,notamment dans le monde rural en pleine moisson : l’idéed’une revanche contre l’Allemagne pour reprendre lesprovinces perdues s’est éloignée peu à peu des jeunes gé-nérations. Mais les mobilisés font preuve d’une véritablerésolution devant cette guerre à entreprendre : la Francefait figure d’agressée par l’Allemagne, de plus beaucouppensent qu’elle sera courte. Les Français sont décidés àse battre comme en témoigne le nombre dérisoire de dé-serteurs, 1,5 % des mobilisés, et convaincus dans leur im-

mense majorité de la légitimité de leur cause.On attendait une guerre éclair, faite de mouvements ra-pides, mais dans les premiers affrontements entre lesarmées allemande et française lors de la bataille desFrontières (août 1914), la doctrine de l'offensive à ou-trance adoptée par les états-majors entraîne des perteshumaines considérables, à cause notamment des tirs demitrailleuse : le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrierde l'Histoire de France ; environ 27 000 soldats françaissont tués pendant cette seule journée dans les Ardennesbelges, soit quatre fois plus qu'à Waterloo[51]. Les soldatsseront contraints de s’enterrer dans des tranchées pour seprotéger, et le conflit se transformera rapidement en uneguerre de positions.La « Grande Guerre » est un élément pivot de l'histoire deFrance. Le XXe siècle émerge de ce conflit hors normesqui voit la victoire des Alliés sur les forces des empirescentraux, et questionne pour la première fois la sociétésur le pouvoir destructeur de la technique.

7.1.2 Sortir de la guerre (1919-1929)

Au sortir de la Grande Guerre, la France est victorieusemais exsangue à la suite des sacrifices humains, financierset matériels concédés pendant la guerre. La joie de vivreprend le pas sur les heures sombres de la guerre : ce sontles Années folles. La grande majorité des Français del'époque sont encore des villageois-agriculteurs qui ontd'autres soucis, comme assurer la récolte après que leshommes de la famille sont rentrés blessés ou morts sur lechamp de bataille.Au niveau politique, les gouvernements de RaymondPoincaré ont pour principal objectif le rétablissement desfinances publiques. Pour payer la dette de la PremièreGuerre mondiale, la France créé un impôt sur les plus-values et un impôt sur les sociétés[52], qui s’ajoutent àl'impôt sur le revenu de 1914. Majorée de 20 % en mars1924 par la "Chambre bleu horizon" l'imposition margi-nale supérieure atteint 90 %, contre 2 % dix ans avant[53].Une croissance française des années 1920 plus forte quedans les autres pays est stimulé par la multiplication parhuit, en une décennie, de la production hydroélectriques.L'électrification facilite la diffusion du cinéma, de la ra-dio et de l'automobile, qui utilise les produits de l'électro-métallurgie.

Porté par le boom du secteur électrique, le total desémissions d'actions et d'obligations en France double,en valeur constante, entre la décennie 1901-1910 etla décennie 1920-1929, atteignant l'indice 217[54]. Lacapitalisation des sept bourses de province est multipliéepar neuf entre 1914 et 1928[55], pour atteindre 16 % de lacapitalisation française contre 9 % en 1914. Moins sous-capitalisées qu'au XIXe siècle, les sociétés françaises ré-

Page 32: Histoire de France

32 8 LA FRANCE DEPUIS 1945

sistent au krach de 1929 : leurs cours sont divisés pardeux[56], quand ceux des américaines sont divisés parquatre[57].

7.2 La crise des années trente et la SecondeGuerre mondiale

7.2.1 La France des années trente

La France n'est touchée par la Grande Dépression qu'en1931. La France entre assez tardivement dans la crise,dont elle a apparemment été protégée durant quelquesannées, lorsque la chute de l’activité économique desautres pays affecte fortement ses exportations. Quand legouvernement britannique décide de dévaluer la livre, lesprix français sont trop élevés à l’exportation. La criseentraîne une baisse assez longue de la production in-dustrielle. Entre 1929 et 1935 la production industriellerecule de 25 %. Si la France est plus tardivement etmoins profondément touchée par la crise, elle commenceplus tard à en sortir, contrairement aux États-Unis ou auRoyaume-Uni. En outre, elle ne met pas en place des po-litiques de relance comme l'ont fait les États-Unis avec leNew Deal. En 1938, la France n’a toujours pas retrouvéson niveau de production d’avant la crise.La France se dote d'un gouvernement de gauche en1936, le « Front Populaire », et de nombreux droitssociaux, tels les congés payés ou les conventions col-lectives, sont institués. Cependant, la France se trouveimpuissante face aux bouleversements qui touchent aumême moment plusieurs pays d'Europe. Elle entameune large politique d'alliance, qui ne mènera nulle part.Elle refuse d'intervenir dans la guerre d'Espagne. Bienplus, traumatisée par la Première Guerre mondiale, ellen'ose pas s’opposer à la politique extérieure agressive del'Allemagne nazie dont le chef d'État, Adolf Hitler, veutrevenir sur le traité de Versailles de 1919 et réunir àson Reich les peuples germaniques limitrophes, en ver-tu des idées pangermanistes. Coup sur coup, la Francelaisse l'Allemagne opérer son réarmement (1934-1935),remilitariser la Rhénanie (1936) et annexer l'Autriche(1938). L'état d'esprit pacifiste français atteint un sommeten 1938 avec la signature des accords de Munich permet-tant à Hitler de prendre possession du territoire des Su-dètes sans combattre (au mépris de ces accords, Hitlerprogressera plus loin en Tchécoslovaquie quelques moisplus tard, en mars 1939). La paix à tout prix était alorsle mot d'ordre, mais la signature des accords de Munichmarque la dernière concession faite à Hitler par les diplo-maties française et britannique, enfin unies sur ces sujets.

7.2.2 La défaite de 1940

Article détaillé : Seconde Guerre mondiale.

Après avoir déclaré la guerre le 3 septembre à

l'Allemagne à la suite de son entrée en Pologne, la Francetente avec le Royaume-Uni de secourir la Norvège vic-time d'un même assaut allemand ; sans succès probant.Cette « drôle de guerre » où il ne se passe pas grand-chosesur le front prend fin le 10 mai 1940 avec une offensiveéclair (blitzkrieg) de l'Axe qui conquiert la France (direc-tement la partie nord) en six semaines. Pourtant, PhilippePétain avait fait construire la ligne Maginot le long de lafrontière franco-allemande (il aurait voulu la construireégalement le long de la frontière belge mais le roi LéopoldIII voulait conserver la neutralité de son pays). Les Al-lemands sont passés par la Belgique et la forêt des Ar-dennes, et grâce à l'aide des chars et de l'aviation, ont réus-si à atteindre la France très rapidement et prendre à reversla Ligne Maginot. Les mots sont trop faibles pour relaterl'état d'esprit des Français et même du reste du mondeà l'occasion de cet effondrement : « L'Abîme », pour re-prendre de Gaulle, apparaît le plus cohérent. Le corps ex-péditionnaire britannique se replie avec quelques soldatsfrançais sur Dunkerque, puis vers l'Angleterre. Le restedes soldats se bat contre l'avancée inexorable des Alle-mands. Quand l'armistice est signé le 22 juin, on comptemoins de 100 000 pertes militaires et 1 million et demide prisonniers.

7.2.3 Les gouvernements concurrents du Régime deVichy et de la France libre

Articles détaillés : Régime de Vichy et France libre.Le 10 juillet 1940, est votée la loi qui donne les pleins

pouvoirs constituants au maréchal Pétain[58]. Il profite dela victoire allemande pour imposer aux Français un gou-vernement abolissant la République. Dès le 11 juillet, parle premier des actes constitutionnels de Vichy[59], « vu laloi constitutionnelle du 10 juillet 1940 », il se déclare chefde l'État[60],[61]et crée le Régime de Vichy. Le pays, am-puté de fait de l'Alsace-Lorraine doit payer une forte in-demnité d'occupation. Une grande partie de sa force viveest déjà prisonnière ou envoyée au travail forcé en Alle-magne (STO).De son côté le général de Gaulle s’oppose à l'armistice an-noncé le 17 juin 1940[62] par le maréchal Pétain et lanceson fameux appel du 18 Juin au peuple français, via la ra-dio BBC depuis Londres, incitant au ralliement aux côtésdes Alliés britanniques afin de poursuivre la lutte contreles nazis. Il prend dès lors la tête de la France libre quis’appuie sur les Forces françaises libres. Obtenant le ral-liement rapide de plusieurs possessions coloniales fran-çaises, surtout l'Afrique-Équatoriale française, la Francelibre reste présente dans le camp allié, en poursuivant lecombat sur les fronts libyen, égyptien, puis tunisien et ita-lien.

8 La France depuis 1945

Page 33: Histoire de France

8.2 La Quatrième République (1946-1958) 33

De Gaulle, chef de la résistance française avec Jean Moulin

8.1 Le Gouvernement provisoire de la Ré-publique française (1944-1946)

Article détaillé : Gouvernement provisoire de la Répu-blique française.

Après le débarquement des Alliés en Normandie, DeGaulle déclare le 14 juin : « Nous combattons aux côtésdes Alliés, avec les Alliés, comme un allié. Et la victoireque nous remporterons sera la victoire de la France ». Ils’impose à tous comme l'homme fort français. Rooseveltqui s’était méfié de lui se résout à le recevoir en grandepompe à Washington en juillet 1944. De Gaulle a gagnéla partie et, fort de l'accord secret conclu avec WinstonChurchill, le 7 août 1940, la France retrouve bien vite saposition de « grande puissance ».Fin août 1944, le Gouvernement provisoire de Charlesde Gaulle s’impose sur le terrain. Il faudra attendremi-octobre pour qu'il soit officiellement reconnu parles États-Unis. Il est composé des communistes, dessocialistes et des gaullistes. L'engagement des commu-nistes français dans la résistance, le courage des soldatssoviétiques et la victoire finale de l'URSS et des Alliésprocurent aux dirigeants communistes un prestige impor-tant dans l'opinion publique. Le gouvernement provisoire(GPRF) accorde notamment le droit de vote aux femmesle 21 avril 1944, dans l'article 17 de l'ordonnance d'Alger :

elles voteront pour la première fois aux élections munici-pales des 29 avril et 13 mai 1945.Le Gouvernement provisoire sera ensuite conduit parFélix Gouin et Georges Bidault.

8.2 La Quatrième République (1946-1958)

Article détaillé : Quatrième République.En 1946, le gouvernement provisoire céde la place à la

Organigramme de la IVe république

Quatrième République, instaurée par une nouvelle consti-tution approuvée par référendum. Mais l'instabilité poli-tique et les divergences concernant les problèmes colo-niaux en Indochine et en Algérie conduisent à des crisesministérielles successives et finalement à la chute du ré-gime.Vincent Auriol (1947-1954) est le premier président dela IVe République. René Coty lui succède (1954-1958).

8.2.1 La politique générale du nouveau régime

Le régime parlementaire de la Quatrième Républiquepermet la reconstruction et la modernisation de la Francegrâce notamment à la création du commissariat au Planet à un certain nombre de nationalisations dans les sec-teurs stratégiques. C'est dans cette période que les fa-meuses Trente Glorieuses prennent leurs sources, en pro-fitant aussi au secteur privé, la reconstruction du pays,s’effectuant via une forte croissance économique et finan-cière.En matière de politique étrangère, la France entre dansl'OTAN, acceptant même le maintien des bases amé-ricaines sur le territoire national. En 1956, la mise enéchec par les USA et l'URSS de l'intervention franco-britannique sur le canal de Suez encourage le rapproche-ment des États européens : le marché commun (CEE) estcréé en 1957.

Page 34: Histoire de France

34 8 LA FRANCE DEPUIS 1945

La Constitution de 1946 crée l'Union française. L'Union,outre les territoires européens de la République, com-prend l'Algérie formée de trois départements (Alger,Oran et Constantine) et les territoires du sud (Sahara), lesdépartements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, LaRéunion, Guyane), les territoires d'outre-mer (ex-AEF,AOF, Océanie), les territoires associés (Cameroun et To-go) et les États associés (Indochine, Maroc, Tunisie). Ilfaut y rajouter : Saint-Pierre-et-Miquelon, la côte fran-çaise des Somalis, Madagascar et les Comores, la terreAdélie, les comptoirs des Indes et les protectorats sur laSyrie et le Liban. Plus de 12 000 000 km2 en tout répar-tis en colonies, protectorats et états sous mandat. Le statutpolitique de chaque territoire découle de l'histoire et desconditions de la conquête. Au lendemain de la guerre desfissures apparaissent. La décolonisation sera marquée pardeux grands conflits.

8.2.2 La guerre d'Indochine

Articles détaillés : Guerre d'Indochine et Histoire de lamarine française.Dès 1940, les Japonais qui occupent l'Indochine fran-

Légionnaires en Indochine française en 1954

çaise encouragent le mouvement de décolonisation quiaboutira le 2 septembre 1945 à la proclamation del'indépendance du Viêt Nam par Hô Chi Minh. À par-tir des années 1950, le Việt Minh, mouvement nationa-liste d'inspiration communiste, est aidé par l'URSS et laRépublique populaire de Chine. Dans le contexte de laguerre froide, la France se trouve placée au premier rangmondial de la lutte contre l'avancée communiste en Asie.Le conflit indochinois se développe et s’amplifie dans un

contexte général d'indifférence pour cette guerre lointaineet ruineuse.En 1954, le général Henri Navarre, commandant en chefdes forces françaises en Indochine, espérant attirer leViêt-minh sur un terrain où il pourrait le combattre defaçon classique, concentre ses troupes dans la cuvettede Ðiện Biên Phủ. Le camp retranché de Diên BiênPhu, commandé par le général de Castries, comporteles meilleures unités du corps expéditionnaire. Après 55jours de combats et de nombreuses erreurs stratégiquesdes dirigeants de l'armée française, les Français, épuiséspar huit années de guérilla menée par le général Giap,sont noyés sous un déluge de feu. Cette puissance ex-ceptionnelle est alimentée par la mobilisation de tout unpeuple. Diên Biên Phu tombe le 7 mai 1954. Pierre Men-dès France signe les accords de Genève le 21 juillet quimettent fin à la guerre.Ils prévoient la séparation du Viêt Nam en deux États depart et d'autre du 17e parallèle : le Nord revient au Viêt-minh communiste tandis que le Sud devient un État indé-pendant.Le 7 août, le cessez-le-feu est total en Indochine. Laguerre aura provoqué du côté français près de 100 000morts et coûté environ 300 milliards de francs.

8.2.3 Les débuts de la guerre d'Algérie

Article détaillé : Guerre d'Algérie.La guerre d'Indochine est à peine terminée que com-

La semaine des barricades à Alger

mence la guerre d'Algérie. Le 1er novembre 1954, unepoignée de nationalistes algériens regroupés en Front deLibération National déclenchent l'insurrection en organi-sant en Kabylie et dans les Aurès une série d'attentatsqui feront 8 morts. Les territoires européens de la Ré-publique, qui semblaient avoir oublié la répression dela manifestation musulmane de Sétif le 8 mai 1945, ré-agissent immédiatement. Le gouvernement (Pierre Men-dès France) envoie des renforts militaires et prend desmesures répressives.Le 12 novembre, Mendès-France proclame sa détermina-tion de rétablir l'ordre alors que François Mitterrand, mi-

Page 35: Histoire de France

8.3 La Cinquième République (depuis 1958) 35

nistre de l'intérieur, affirme que l'Algérie c'est la Franceet qu'il faut tout tenter pour que le « peuple algérien sesente chez lui, comme nous et parmi nous » et proposemême, le 5 janvier 1955, que l'Algérie soit intégrée à laFrance. Cette intégration remettrait en cause le statut del'Algérie voté en 1947 qui avait institué une assembléealgérienne comprenant deux collèges de 60 membres —l'un élu par les Français minoritaires, l'autre par les mu-sulmans majoritaires en nombre — qui envoyait six dé-putés à l'assemblée de l'Union française. Ainsi l'idée deremettre en cause les avantages et privilèges de la commu-nauté française provoque un profond mécontentement.Le gouvernement Mendès-France est renversé le 5 février1955.Les forces armées, effectivement, augmentent rapide-ment. Jacques Soustelle est nommé gouverneur généralde l'Algérie. La situation s’aggrave et l'état d'urgence et lacensure sont proclamés le 3 avril. Cependant l'intégrationsemble encore possible jusqu'au déclenchement de lagrève générale organisée par le FLN qui marque la cou-pure définitive entre les deux communautés. Guy Mollet,chef de la SFIO, est pressenti, après les élections législa-tives de 1956 pour former le gouvernement. Il se rend àAlger le 6 février pour investir le général Catroux à laplace de Soustelle. Il est accueilli par un climat insur-rectionnel (Lagaillarde, Ortiz) et se soumet. Il remplaceCatroux par Robert Lacoste, bien vu des militaires. Le12 mars 1956, l'Assemblée vote les pouvoirs spéciauxau gouvernement. Désormais, Guy Mollet et Robert La-coste peuvent mettre en place la politique de maintien del'ordre en Algérie. La spirale des attentats et de la répres-sion s’amplifie. Le pouvoir progressivement passe la mainaux militaires. Face à la recrudescence des attentats lesparachutistes du général Massu livrent la bataille d'Alger(janvier 1957) au cours de laquelle la torture est souventutilisée pour avoir des renseignements sur les réseaux. Cerecours à la torture est légitimé par le gouvernement fran-çais.Dans les territoires européens de la République, le fos-sé se creuse entre partisans de la guerre et opposants(communistes, intellectuels et journaux d'avant-garde).La fraction la plus ultra des partisans est conduitepar l'extrême droite (Tixier-Vignancour) relayée parSoustelle et Bidault au sein de l'Union pour le salut et lerenouveau en Algérie française (USRAF) qu'ils créent.Les positions se durcissent lors de la prolongation duservice militaire porté à 27 mois(1957) et du rappel ducontingent libéré. De violentes manifestations et des blo-cages de convois en partance pour l'Algérie ont lieu àl'initiative de la CGT et des communistes. Sur le terrain,le quadrillage et la répression ainsi que la surveillance descôtes par la marine rendent difficile le ravitaillement enarmes du FLN. L'audience du FLN diminue cependantque les désertions dans ses rangs et les engagements dansl'armée française se multiplient. Les militaires obtiennentle droit de poursuite sur le sol tunisien et effectuent unbombardement sur Sakiet Sidi Youssef. Mais la France

est aussitôt condamnée par l'ONU, ce qui va l'affaiblirpolitiquement.Félix Gaillard président du conseil par intérim confie lespleins pouvoirs en Algérie au général Salan, puis au gé-néral Massu qui constitue un Comité de salut public. Fé-lix Gaillard est remplacé par Pierre Pflimlin. Mais celui-ci jugé trop libéral n'a pas la confiance des militaires.Le général Massu, lance alors un appel au général deGaulle lui demandant de former un gouvernement de sa-lut public. De Gaulle répond au cours d'une conférencede presse, le 19 mai, qu'il est prêt à assumer les respon-sabilités du pouvoir.

8.3 La Cinquième République (depuis1958)

Articles détaillés : Cinquième République et Histoire deFrance sous la Cinquième République.

9 Critique

Depuis les années 1970[63], et comme pour toutes lesnations, la vision nationaliste de l'histoire est remise encause par de nombreux historiens et qualifiée de romannational (Pierre Nora)[64], mythe national (Suzanne Ci-tron)[65], mythologie nationale (Roger Garaudy)[66]. Selonles historiens qui ont étudié la construction des histoiresnationales le choix d'y inclure ou d'en exclure des person-nages, des peuples et des événements ainsi que le point devue selon lequel ils sont présentés est systématiquementbiaisé (voire déformé[67]) vers la légitimité de tout ce quiva dans le sens de l'éternité de la Nation dans ses limitesau moins actuelles et l'illégitimité ou l'inexistence de toutce qui la mettrait en cause.

10 Notes et références

[1] Jean-Paul Meyer,Les Fils de L'An 2000. Essai, éditionsL'Harmattan, 1998, p. 61

[2] Gérard Dussouy, agrégé de géographie, docteur d'État enscience politique, Les théories de l'interétatique - Traitéde relations internationales, 2007 (lire en ligne), p. 23

[3] Brigitte Basdevant-Gaudemet et Jean Gaudemet, Intro-duction historique au droit : XIIIe ‑ XXe siècle, 2000 (lireen ligne), p. 13

[4] Guth, C. (1974) - « Découverte dans le Villafranchiend'Auvergne de galets aménagés », Compte Rendu del'Académie des sciences, Paris, 279, p. 1071-1072.

[5] Bonifay, E. (2002) - Les Premiers Peuplements de l'Europe,La Maison des Roches, 127 p.

Page 36: Histoire de France

36 10 NOTES ET RÉFÉRENCES

[6] Texier, P.-J. (1985) - « Chilhac III : un gisement paléon-tologique villafranchien soliflué ? », Bulletin de la Sociétépréhistorique française, vol. 82, no 3, p. 68-70.

[7] Raynal, J.-P. et Magoga, L. (2001) - « Géofacts et téphro-facts dans le Massif Central : quand la nature mystifie lepréhistorien », in Nouvelles archéologiques. Du terrain aulaboratoire…, Revue d’Auvergne, 2000, 554/555, n° 1/2,tome 114, p. 16-34.

[8] Raynal, J.-P., Magoga, L., Bulle, Th., Guadelli, J.-L. etMaigne, S. (1996) - « Quelle Préhistoire ancienne enBasse-Auvergne et Velay ? », in L'Acheuléen dans l'Ouestde l'Europe, Actes du Colloque de Saint-Riquier, 1989,Tuffreau, A., (Éd.), Lille, Publications du CERP, no 4,p. 115-127.

[9] MEMO - Le site de l'Histoire

[10] Yves Coppens, La classification des espèces - Les pre-miers hommes

[11] Otte, Marcel Les Gravettiens, éd. errances, 2013.

[12] Fernand Braudel, L’Identité de la France, Les hommes etles choses, p. 64-66, Flammarion, 1990.

[13] Balaresque et al. 2010, A Predominantly Neolithic Originfor European Paternal Lineages

[14] Most Britons descended from male farmers who left Iraqand Syria 10,000 years ago, Daily Mail, 20 janvier 2010

[15] Most European males 'descended from farmers’, BBCNews, 20 janvier 2010

[16] « L'un des plus importants mouvements migratoires seraitcelui des proto-Indo-Européens caractérisés par les haplo-groupes de l'ADN-Y R1a et R1b provenant des peuplesdes steppes pontiques et asiatiques utilisant des sépulturesrecouvertes de tumulus, les kourganes », Jean Chaline, Gé-néalogie et Génétique la Saga de l'HumanitéMigrations Cli-mats et Archéologie, 2014, Ellipses, p.307

[17] « R1a and R1b are the most common haplogroups in manyEuropean populations today, and our results suggest thatthey spread into Europe from the East after 3,000 BCE. »in Haak et al., 2015, Massive migration from the steppewas a source for Indo-European languages in Europe

[18] Jean Chaline, Généalogie et Génétique la Saga del'Humanité Migrations Climats et Archéologie, 2014, El-lipses, p.254

[19] Georges Duby, Histoire de la France des origines à nosjours, Larousse In extenso.

[20] Amédée Thierry, très contesté depuis, les appelait Kimrisau début du XIXe siècle. Cf. Marie-France Piguet, « Ob-servation et histoire. Race chez Amédée Thierry etWilliam F. Edwards », dans L'Homme, 153, janvier-mars2000 (En ligne), mis en ligne le 4 mai 2007. Consulté le27 mars 2012.

[21] Pierre-Marie Guihard, Monnaies gauloises et circulationmonétaire dans l'actuelle Normandie, 2008, p. 16

[22] 400 000 morts selon Velleius Paterculus, un million demorts et autant de prisonniers selon Plutarque qui écrivitplus tard

[23] Paul Guth p. 133, 134

[24] A. Patrolin

[25] Pierre Gros, La France gallo-romaine, Nathan, 1991,(ISBN 2-09-284376-1)

[26] Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil,1974, (ISBN 2020026775)

[27] Anne Logeay, maître de conférences à l'université deRouen, « Aux champs Catalauniques, en 451 Attila prendune déculottée à la romaine », dans Historia, juin 2007

[28] Moins anecdotique et déjà significatif des influencesculturelles mutuelles est le nom tout à fait germanique queportait cette pieuse gallo-romaine, « Genovefa »

[29] Ivan Gobry, Les premiers rois de France

[30] Paul Guth 1968 p160

[31] La chronologie du règne de Clovis est incertaine, vu lamédiocrité des sources historiques. Cette date se base surl'Historia Francorum, livre II de Grégoire de Tours, maisest discutée (Lucien Musset, Les Invasions, les vagues ger-maniques, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et sesproblèmes, Paris, 1965, 2e édition 1969, p. 390-391)

[32] Philippe Sénac, « Présence musulmane en Languedoc »in Islam et chrétiens du Midi, Cahier de Fanjeaux, no 18,2000, p. 50-51

[33] Paul Guth, La Douce France, 1968, p. 269, 270

[34] Maurice Prou, Raoul Glaber : les cinq livres de ses Histoires(900-1044), 1886, livre II, chapitre 3, p. 30-31

[35] Marc Bloch, Les Rois thaumaturges, éditions Gallimard,NRF, Strasbourg 1924, 3e édition 1983, p. 29-40

[36] Page 349 dans Dictionnaire d'histoire universelle (1968) deMichel Mourre

[37] Article formation territoriale (1498-1789) del'Encyclopædia Universalis, Yves Durant

[38] Malet et Isaac, L'Âge classique

[39] Eugénio Battisti, article Renaissance de l’EncyclopædiaUniversalis

[40] Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerresde religion, 1559–1598, Robert Laffont, coll. « Bou-quins », 1998, p. 42

[41] Joseph François Michaud, Louis Gabriel Michaud,Biographie universelle, ancienne et moderne, A. T. Des-places, 1854, volume 8p. 402

[42] cité dans l'article « France, formation territoriale (1498-1789) » de l’Encyclopædia Universalis

[43] article « France, formation territoriale (1498-1789) » del’Encyclopædia Universalis

Page 37: Histoire de France

37

[44] article France, achèvement de l'unité, 1789-1944 del’Encyclopædia Universalis

[45] Régine Robin La Société française en 1789 : Semur-en-Auxois

[46] « Le Chapelier, ou pourquoi la France n'aime pas les syn-dicats », Alternatives économiques, no 293, juillet 2010

[47] Élie Allouche, Cours d'histoire de France, Vuibert, 2008

[48] Article « France, l'achèvement de l'unité, 1789-1944 » del’Encyclopædia Universalis

[49] Institutions et vie politique, la documentation française,2003

[50] Jean Salvan général de corps d'armée, Réflexions sur laguerre de 1914-1918.

[51] Jean-Michel Steg, Le Jour le plus meurtrier de l'histoire deFrance : 22 août 1914, Fayard, octobre 2013

[52] “Structures et cycles économiques” - Volume 2, partie 1 -Page 469, par Johan Åkerman - 1957

[53] “Les hauts revenus en France au XXe siècle”, par ThomasPiketty

[54] Histoire économique et sociale de la France - Volume 4,numéro 2 - Page 647, par Fernand Braudel et Ernest La-brousse - 1980 -

[55] Histoire de la Bourse, par Paul Lagneau-Ymonet et Ange-lo Riva, éditions La Découverte 2011

[56] 1900-2000, un siècle d'économie, page 430, aux ÉditionsLes Échos, coordonné par Jacques Marseille

[57] 1900-2000, un siècle d'économie, page 439, aux ÉditionsLes Échos, coordonné par Jacques Marseille

[58] Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940

[59] Tous les actes constitutionnels du 11 juillet 1940 promul-gués par Pétain

[60] Voir la chronologie pour la période de vacance de la fonc-tion de président de la République française (1940-1947)

[61] « Vacance de la fonction présidentielle de 1940 à 1947 »sur le site officiel de la présidence de la République, ely-see.fr, consulté le 2 février 2009

[62] Jean-Claude Boudenot, Comment Branly a découvert laradio, 2005, p. 147

[63] Patrick Garcia, Roman national et revendications mémo-rielles, La France au pluriel, Cahiers français n° 352, LaDocumentation Française 2009

[64] Nicolas Offenstadt À bas le roman national ! Les Collec-tions de L'Histoire n° 44 - 07/2009 « L’expression « ro-man national », popularisée par Pierre Nora, est passéedans le langage courant : elle désigne le récit patriotique,centralisateur, édifié par les historiens du XIXe siècle toutà la louange de la construction de la nation »

[65] Suzanne Citron, Le mythe national, éditions de L’Atelier,(ISBN 978-2-7082-3992-0) « La “nation”, l’"unité", la“France”, trois mots-clés du vocabulaire officiel, qu’il soitde droite ou de gauche, semblent plaqués sur une réali-té vivante, dont ils ne rendent pas compte. Ces mots ontété popularisés par l’"histoire de France”, c’est-à-dire unemise en scène du passé imaginée au siècle dernier par leshistoriens libéraux, romantiques puis républicains »

[66] Roger Garaudy, L'avenir, mode d'emploi, Éditions Vent dularge, 1998 « une France éternelle, anachroniquement etrétrospectivement reconstruite en projetant l'actuel hexa-gone dans le passé, et la dotant, avant même l'existenced'un peuple français, des attributs d'une personnalité agis-sante en fonction d'un but [...] Ce rappel de la mythologienationale n'est pas une diversion car la conception mytho-logique des histoires nationales continue à opérer des ra-vages dans les esprits et dans les corps des peuples. »

[67] Hervé Le Bras dans Les différences de comportements enFrance : mythe régional et réalité locale (La France au plu-riel, Cahiers français n° 352, La Documentation française2009), note par exemple qu'au XIXe siècle les diverses po-pulations de l’Hexagone étaient plus dissemblables entreelles que ne le sont présentement les immigrés et les Fran-çais de naissance.

11 Annexes

11.1 Bibliographie

• Jules Michelet, Histoire de France (dix-sept tomes),éditions des Équateurs,

• 1/ La Gaule, les Invasions, Charlemagne, 461pages (ISBN 978-2849900710)

• 2/ Tableau de la France, Les Croisades, SaintLouis, 522 pages (ISBN 978-2849900727)

• 3/ Philippe-le-Bel, Charles V, 459 pages (ISBN978-2849900758)

• 4/ Charles VI, 360 pages (ISBN 978-2849900765)

• 5/ Jeanne d'Arc, Charles VII, 362 pages (ISBN978-2849900772)

• 6/ Louis XI, 437 pages (ISBN 978-2849900789)• 7/ La Renaissance, 334 pages (ISBN 978-

2849900819)• 8/ Réforme, 371 pages (ISBN 978-2849900888)• 9/ Guerres de religion, 342 pages (ISBN 978-

2849900895)• 10/ La Ligue et Henri IV, 328 pages (ISBN 978-

2849900901)• 11/ Henri IV et Richelieu, 336 pages (ISBN 978-

2849900918)• 12/ Richelieu et la Fronde, 328 pages (ISBN

978-2849900925)

Page 38: Histoire de France

38 11 ANNEXES

• 13/ Louis XIV et la Révocation de l’Édit deNantes, 351 pages (ISBN 978-2849900833)

• 14/ Louis XIV et le duc de Bourgogne, 325pages (ISBN 978-2849900840)

• 15/ La Régence, 338 pages (ISBN 978-2849900857)

• 16/ Louis XV, 320 pages (ISBN 978-2849900864)

• 17/ Louis XVI, 367 pages (ISBN 978-2849900871)

• Jules Michelet, Histoire de la Révolution française(deux tomes), Gallimard, collection « Folio His-toire », 4811 pages au total, (ISBN 978-2070344673)

• Jacques Bainville, Histoire de France, Tallandier,“Texto”, 566 pages, (ISBN 978-2847344325)

• Georges Duby, Histoire de France des origines ànos jours, Larousse, collection « Bibliothèque his-torique Larousse », 1416 pages, 2007, (ISBN 978-2035861047)

• Saint-Paul, Anthyme, Histoire monumentale de laFrance, Paris, Hachette et Cie, 1883, 302 p. (lire enligne)

• Jacques Marseille, Nouvelle histoire de France(deux tomes), Perrin, “Tempus”, 1208 pages autotal, 2002, (ISBN 978-2262019662) et (ISBN 978-2262019990)

• Jean Carpentier et François Lebrun, Histoire deFrance, Seuil, “Points Histoire”, 489 pages, 1989,(ISBN 978-2020108799)

• Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire du XIXe

siècle, Hatier, “Initial”, 538 pages, 2001 (ISBN 978-2218715679)

• Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la Franceau XXe siècle (trois tomes), Librairie académiquePerrin, “Tempus”, 2199 pages au total, 2009 (ISBN978-2262029357), (ISBN 978-2262029364) et (ISBN978-2262029371)

• Collectif, Histoire de France - édition PUF (sixtomes), PUF, “Quadrige Manuels”, pages au total,1996-2010

• Claude Gauvard, 1/ La France au Moyen Âgedu Ve au XVe siècle, 592 pages, (ISBN 978-2130582304)

• Arlette Jouanna, 2/ La France du XVIe siècle :1483-1598, 690 pages, (ISBN 978-2130553274)

• Lucien Bély, 3/ La France moderne, 1498-1789, 704 pages, (ISBN 978-2130595588)

• Jean Tulard, 4/ La France de la Révolution etde l'Empire, 212 pages, (ISBN 978-2130541912)

• Dominique Barjot, Jean-Pierre Chaline etAndré Encrevé, 5/ La France au XIXe siècle :1814-1914, 656 pages, (ISBN 978-2130567875)

• Jean-François Sirinelli, 6/ La France de 1914à nos jours, 544 pages, (ISBN 978-2130538431)

• Collectif, Histoire de France - édition Hachette Supé-rieur (huit tomes), Hachette Supérieur, “Carré His-toire”, pages au total, 1991-2009

• Régine Le Jan, 1/ Origines et premier essor480-1180, 271 pages (ISBN 978-2011457745)

• Jean Kerhervé, 2/ La naissance de l’État mo-derne (1180-1492), 271 pages, (ISBN 978-2011449344)

• Joël Cornette, 3/ L'affirmation de l’État ab-solu (1492-1652), 335 pages, (ISBN 978-2011461643)

• Joël Cornette, 4/ Absolutisme et Lumières(1652-1783), 335 pages, (ISBN 978-2011461650)

• Jean-Pierre Jessenne, 5/ Révolution et Em-pire (1783-1815), 297 pages, (ISBN 978-2011461568)

• Vincent Adoumié, 6/ De la monarchie à la ré-publique (1815-1879), 255 pages, (ISBN 978-2011459978)

• Jean Leduc, 7/ l'enracinement de la Répu-blique (1879-1918) 238 pages, (ISBN 978-2010158537)

• Vincent Adoumié, 8/ De la République à l’Étatfrançais (1918-1944) 255 pages, (ISBN 978-2011456953)

• Collectif, Nouvelle histoire de la France moderne(cinq tomes), Seuil, “Points Histoire”, pages au total,2002

• Janine Garrisson, 1/ Royauté, renaissance etréforme, 1483-1559, 301 pages (ISBN 978-2020136884)

• Janine Garrisson, 2/ Guerre civile et com-promis, 1559-1598, 257 pages (ISBN 978-2020136891)

• Yves-Marie Bercé, 3/ La naissance drama-tique de l'absolutisme, 1598-1661, 277 pages(ISBN 978-2020159371)

• François Lebrun, 4/ La Puissance et la guerre,1661-1715, 305 pages (ISBN 978-2020249652)

• André Zysberg, 5/ La Monarchie des Lu-mières (1715-1786), 552 pages (ISBN 978-2020198868)

• Collectif, Nouvelle histoire de la France contempo-raine (vingt tomes), Seuil, “Points Histoire”, 1973

Page 39: Histoire de France

11.2 Articles connexes 39

• Michel Vovelle, 1/ La chute de la monarchie,1787-1792, 320 pages, (ISBN 978-2020375191)

• Roger Dupuy, 2/ La République jacobine : Ter-reur, guerre et gouvernement révolutionnaire,1792-1794, 366 pages, (ISBN 978-2020398183)

• Denis Woronoff, 3/ La République bourgeoisede Thermidor à Brumaire, 1794-1799, 256pages, (ISBN 978-2020676335)

• Louis Bergeron, 4/ L'épisode napoléonien, as-pects intérieurs, 1799-1815, 256 pages, (ISBN978-2020006644)

• Roger Dufraisse et Michel Kerautret, 5/La France napoléonienne, aspects extérieurs,1799-1815, 334 pages, (ISBN 978-2020239004)

• André Jardin et André-Jean Tudesq, 6/La France des notables, l'évolution générale,1815-1848, 256 pages, (ISBN 978-2020006668)

• André Jardin et André-Jean Tudesq, 7/ LaFrance des notables, la vie de la nation 18151848, 255 pages, (ISBN 978-2020006675)

• Maurice Agulhon, 8/ 1848 ou l'apprentissagede la République 1848-1852, 328 pages, (ISBN978-2020558730)

• Alain Plessis, 9/ De la fête impériale au murdes fédérés, 1852-1871, 250 pages, (ISBN 978-2020006699)

• Jean-Marie Mayeur, 10/ Les Débuts de latroisième République, 1871-1899, 256 pages,(ISBN 978-2020006705)

• Madeleine Rebérioux, 11/ La République ra-dicale ?, 1899-1914, 260 pages, (ISBN 978-2020006712)

• Jean-Jacques Becker et Serge Berstein, 12/Victoire et frustrations (1914-1929), 455pages, (ISBN 978-2020120692)

• Dominique Borne et Henri Dubief, 13/ LaCrise des années trente, 1929-1938, 352 pages,(ISBN 978-2020109499)

• Jean-Pierre Azéma, 14/ De Munich à la li-bération 1938-1944, 408 pages, (ISBN 978-2020573214)

• Jean-Pierre Rioux, 15/ La France de la qua-trième République, l'ardeur et la nécessité,1944-1952, 308 pages, (ISBN 978-2020056595)

• Jean-Pierre Rioux, 16/ La France de la qua-trième République, l'expansion et l'impuissance,1952-1958, 382 pages, (ISBN 978-2020063852)

• Serge Berstein, 17/ La France de l'expansion,la République gaullienne, 1958-1969, 375pages, (ISBN 978-2020104081)

• Serge Berstein et Jean-Pierre Rioux, 18/ LaFrance de l'expansion, l'apogée Pompidou,1968-1974, 332 pages, (ISBN 978-2020256322)

• Jean-Jacques Becker et Pascal Ory, 19/ Criseset alternances, 1974-1995, 800 pages, (ISBN978-2020129848)

• Olivier Wieviorka et Christophe Prochasson,20/ La France du XXe siècle : Documentsd'histoire, 768 pages, (ISBN 978-2020632362)

• Maurice Agulhon, Histoire de France Hachette, LaRépublique (deux tomes), Hachette, “Pluriel”, 1044pages au total, 2011, (ISBN 978-2818502020) et(ISBN 978-2012789708)

11.2 Articles connexes

• Histoire de France : Chronologie - Historique desgouvernements

• Histoire économique de la France

• Histoire militaire de la France

• Histoire de la marine française

• Chronologie des sciences et techniques en France

• Listes en rapport avec l'histoire de France

• Royaumes francs | Rois des Francs

• Royaume de France | Rois de France - Reines deFrance

• Formation territoriale de la France

• Société d'Ancien Régime

• Républiques françaises : Ie IIe IIIe IVe Ve |Présidents de la République

• Histoire de l'Europe

• Histoire des groupes ethniques et culturels en France

• Portail de la France

• Portail de l’histoire

Page 40: Histoire de France

40 12 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

12 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

12.1 Texte• Histoire de France Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_France?oldid=120611308 Contributeurs : Aoineko, Tarquin~frwiki,

Rinaldum, Hashar, Tibo~frwiki, Almak, Zulu, Yann, Med, Ryo, Olivier, Jerome.Abela, Suisui, Vargenau, Oliezekat, Looxix, INyar, Hem-mer, Phido, Orthogaffe, Traroth, Jacques13, Céréales Killer, Treanna, Balthazard, Kelson, Fphilibert, Yuzuru, Pontauxchats, Ske, Fa-bien1309, Mats Halldin~frwiki, Cdang, Dilbert, Herman, Zerioughfe, Fred.th, Greudin, HasharBot, Abrahami, Alain Caraco, Traeb, R,Alibaba, Cœur, Koyuki, CR, José Fontaine, P-e, Jec old, Ratigan, Cham, Goupil, Sts~frwiki, Cornelis~frwiki, NicoRay, JX Bardant,Sebjarod, Jyp, Dhenry, Archeos, Jerotito, Werewindle, Fafnir, Spooky, Pem, Jastrow, Aurevilly, Nguyenld, Aroche, Phe, Sebb, MarcMongenet, MedBot, Wboure, Sam Hocevar, Iznogood, Mschlindwein, Bilou, Neuromancien, Siren, Oblic, TigH, Ma'ame Michu, Phe-bot,Allber, JB, Bibi Saint-Pol, Olivier Mengué, CyrilYab, Antoine dehk, LouisCharles, ~Pyb, Soig, Ollamh, Al1, Rinjin, Urban, Octavius,Hégésippe Cormier, Tornad, Woww, Azoee, Romary, Ltl, Cutter, Marianika, Bap, Jean de La Garde, O. Morand, Moyogo, Baf, MRW,MaCRoEco, Jef-Infojef, Yug, Darkoneko, Sbrunner, Clio64, Ch. Rogel, PieRRoMaN, Barbubarb, Poulpy, Sanguinez, Jahsensie, .melu-sin, Claire.roubey, Philip, MickaëlG, Nicolas Ray, Astrolabe, Vincnet, K !roman, Leag, Mmenal, Bob08, Pseudomoi, Wikix, JujuTh, Eti,Sherbrooke, BrightRaven, Bbullot, Padawane, Chris93, Mit-Mit, Mirgolth, Piero~frwiki, DocteurCosmos, BulletZ, Riba, Wart Dark, HenrySalomé, MisterMatt Bot, Elg, JKHST65RE23, Chobot, ZeMeilleur, Bromius, Holycharly, Stéphane33, Peter17, Orthodoxe, Taguelmoust,Zetud, Bidutchou, Romanc19s, David Berardan, Probot, Kilom691, Pikachuyann, Arnaud.Serander, Yelkrokoyade, Pok148, Ursus, Mat-pib, Zwobot, Liquid 2003, Coyau, RobotQuistnix, Gpvosbot, Kapipelmo, Cæruleum, Jean-Baptiste, Christophe Marcheux, Ultrogothe,Tavernier, EDUCA33E, LeonardoRob0t, Savoyerli, Poppy, Horowitz, Smiley, Eskimbot, Geoffrey06, Zelda, Oxam Hartog, Jerome66,Aliesin, MMBot, Litlok, Toutoune25, Châtillon, PRA, Crouchineki, Rudloff, CédricGravelle, Loveless, ClaudeLeDuigou, Shiajustrox,Jacques Ghémard, MagnetiK-BoT, Le gludic, SpeedDemon74, Freb, Chouchoupette, DonCamillo, Pyrococcus, Briling, Le sotré, Kwak,Mutatis mutandis, MelancholieBot, Shawn, Papydenis, Gaiffelet, Kjetil r, Polmars, Pautard, Mandeville, Antonov14, Apollon, Sémhur,Kormin, Es2003, Rosier, Léo Mutombo, 120, Gaelle-et-yuksel, Remigiu, AEIOU, Démocrite, Alexandrin, Lanredec, Jaucourt, Bouktin,Esprit Fugace, Olmec, Emericpro, SashatoBot, Jmax, TiChou, Mwarf, Fabienkhan, Duckysmokton, Ilunga Shibinda, Alex zlb35, Martin',Barbetorte, Zorion, Liquid-aim-bot, DaiFh, Monsieur Fou, Maxter, PieRRoBoT, Dolipran, Jonathan71, Julienlepage, Linan, Rmhermen,PetetheJock, Escalabot, Rhadamante, ColdEel, Scorpius59, Milean Creor, NicoV, Daniel*D, Xavier M., Lucien Gondel, Thijs !bot, Luscia-nusbeneditus, Elemiah, Revermont, Tars, Alex57, Sileva, A2, Escarbot, Ms2ger, Mary Sommeau, Brahim-G, Creasy, Kyle the bot, Bom-bastus, Fantafluflu, Laurent Nguyen, Arnodu, Kropotkine 113, Rémih, Thypot, Deep silence, Le Pied-bot, Pj44300, Fmaunier, JAnDbot,Starus, Alankazame, Cyberprout, TARBOT, Thesupermat, IAlex, Auxerroisdu68, Nono64, Sebleouf, Tilly Toke, Serge Harvey-Gauthier,Goku, CommonsDelinker, Ephore, Erabot, Eybot, Naftule Jr., Orror, Aymeric78, Yanoski, Jérônymous, Joris28320, Le Friousel, Le-GéantVert, Analphabot, Auzain, Salebot, Keke13, Pamputt, Nebula38, Lykos, Mycpowah, Tépabot, Sneaky 013, DodekBot~frwiki, IsaacSanolnacov, Critias, AlnoktaBOT, Vincent Lextrait, Vortesteur, Jean Massicot, Maffemonde, Priper, TXiKiBoT, Nono le petit robot, Bapti,Localhost, VolkovBot, Bonfire~frwiki, Hayastan07, Lylvic, Chicobot, Toxicotravail, BenjiBot, Elvire, Ptbotgourou, Ancrejs, Shany, Fa-bienGomez, Galoric, Xic667, MiniM, BotMultichill, SieBot, Shakki, ZX81-bot, G CHP, Mel22, Mallinger~frwiki, William Jexpire, Zigeu-ner~frwiki, Histopresse65, JLM, Dsant, Wanderer999, Antiamour, Saboural, Ange Gabriel, Alecs.bot, Wiki28, Vlaam, Chmiel', Dhatier,Lilyu, Heurtelions, Okashiraa, Hercule, Jean-Jacques Georges, KelBot, DumZiBoT, DeepBot, Lekemok, Arct, Awien, Balougador, AL-TAVILLA, Khaolian, La Reine d'Angleterre, ZiziBot, Philippe Pierre CAMPION, Chrono1084, Rinaku, Artemis Fowl, Europeen33, UneAme, JPS68, Ribaute, Mro, Portail7, HerculeBot, WikiCleanerBot, Maurilbert, Le grand Célinien, Sperner, Letartean, ZetudBot, Ggal,Qaentil, Mike Coppolano, Saussure08, Obscurs, Pp1966pp, Corentingloops33, Xavierrom, Varmin, Bruno2wi, Jean-Paul Oliveira, HerrSatz, LinkFA-Bot, Clad-olorin, Luckas-bot, Eric le libéral, Celette, Micbot, Vyk, GrouchoBot, Papatt, Dark Attsios, Aadri, Ekominou,DSisyphBot, Pic-Sou, Pensées de Pascal, Metroflag, Naturals, Abracadabra, Xqbot, Gandalfcobaye, MathsPoetry, Al Maghi, DITWINGRIM, Romainbelloc, DosReis77, Prosumac2, Tango Panaché, Belloc~frwiki, Alexandre Wann, *SM*, Skull33, Phniogret, Coyote du 57,Lomita, MondalorBot, Nabolo, AYE R, Spiridon Ion Cepleanu, DixonDBot, Zogo2, Misterfranck, Manuel (mpg), Lotusfleurie, Arodan,Toto Azéro, Mangeons nos pieds, Anard, Maxraoux, Lebrouillard, Nite, EmausBot, Maxhi, Scribere, Peter Weis, Ediacara, Groszinsu, Ki-lith, Renommé 20150211, Saber68, Hegoney, Acsacal, ChuispastonBot, Petrouchka78, Jules78120, Saison4ép7, Skouratov, France écosse,Mémo-ST, Léo Duval, Madamboevarix, MerlIwBot, Icajou, Spirot, OrlodrimBot, George patrick2, Le pro du 94 :), FAIZGUEVARRA,Pano38, Terrylaire, Philippesapiens, Orikrin1998, Dame Esclarmonde, Titlutin, BotMyShinyMetalAss, Bernorix, Metroitendo, Domoti-ki, Nashjean, Melancholia, France-tl, OrikriBot, Housterdam, Leodegar, Chilbaric, AméliorationsModestes, Boooom, Sousimo, 1oblada,BerAnth, Jpbiker08, GuideTube, HaudebourgF, Lipikar17, Thibaut120094, Mimireil, Panieri, Bibnum ubm, Do not follow, Verwandlung,SciencesFrance, Thematheouff, Mini biscotte et Anonyme : 485

12.2 Images• Fichier:4emerep-institutions.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c7/4emerep-institutions.png Licence :

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Page 41: Histoire de France

12.2 Images 41

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• Fichier:De_Gaulle-OWI.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/27/De_Gaulle-OWI.jpg Licence : Public do-main Contributeurs : Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis sous lenuméro d’identification cph.3b42159.Ce bandeau n’indique rien sur le statut de l’œuvre au regard du droit d'auteur. Un bandeau de droit d’auteur est requis. Voir Commons :À propos des licencespour plus d’informations. Artiste d’origine : Office of War Information, Overseas Picture Division. [1] The image prefix (LC-USW3) at theLibrary of Congress image page matches that of pictures from the OWI collection (see prefix list here.

• Fichier:Declaration_des_droits_de_l'homme_AE-II-3701_original.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ca/Declaration_des_droits_de_l%27homme_AE-II-3701_original.jpg Licence : Public domain Contributeurs :http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?analyse_id=285&periode=a1789 Artiste d’origine : ?

• Fichier:Degradation_alfred_dreyfus.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/52/Degradation_alfred_dreyfus.jpg Licence : Public domain Contributeurs : <a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7161044.f1/'>Bibliothèque nationale de France</a> Artiste d’origine : Henri Meyer

• Fichier:Eugène_Delacroix_-_La_liberté_guidant_le_peuple.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a7/Eug%C3%A8ne_Delacroix_-_La_libert%C3%A9_guidant_le_peuple.jpg Licence : Public domain Contributeurs : This page from this gal-lery. Artiste d’origine : Eugène Delacroix

• Fichier:Europe_(orthographic_projection).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Europe_%28orthographic_projection%29.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape.Artiste d’origine : Ssolbergj

• Fichier:Fairytale_bookmark_gold.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Fairytale_bookmark_gold.svgLicence : LGPL Contributeurs : File:Fairytale bookmark gold.png (LGPL) Artiste d’origine : Caihua + Lilyu for SVG

• Fichier:Fairytale_bookmark_silver.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Fairytale_bookmark_silver.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : File:Fairytale bookmark silver.png (LGPL) + Travail personnel Artiste d’origine : Hawk-Eye

• Fichier:First_French_Empire_1812.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/82/First_French_Empire_1812.svg Licence : CC BY-SA 3.0Contributeurs : Ce fichier est dérivé de Blank map of Europe.svg : <a href='//commons.wikimedia.org/wiki/File:Blank_map_of_Europe.svg' class='image'><img alt='Blank map of Europe.svg' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Blank_map_of_Europe.svg/50px-Blank_map_of_Europe.svg.png' width='50' height='38' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Blank_map_of_Europe.svg/75px-Blank_map_of_Europe.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b3/Blank_map_of_Europe.svg/100px-Blank_map_of_Europe.svg.png 2x' data-file-width='680' data-file-height='520' /></a>Artiste d’origine : Blank_map_of_Europe.svg : maix¿ ?

• Fichier:Flag_of_France.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c3/Flag_of_France.svg Licence : Pu-blic domain Contributeurs : http://www.diplomatie.gouv.fr/de/frankreich_3/frankreich-entdecken_244/portrat-frankreichs_247/die-symbole-der-franzosischen-republik_260/trikolore-die-nationalfahne_114.html Artiste d’origine : This graphic was drawn by SKopp.

• Fichier:France_1552_to_1798-fr.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0b/France_1552_to_1798-fr.svg Li-cence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Image:France 1552 to 1798-fr.png Artiste d’origine : Walké

• Fichier:France_colonial_Empire10.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6b/France_colonial_Empire10.png Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:France_language_map_1550.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f1/France_language_map_1550.jpg Licence : CC0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Aoleuvaidenoi

• Fichier:FrancisIFrance.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9a/FrancisIFrance.jpg Licence : Public domainContributeurs : Scan : André Castelot, François Ier, Perrin 1999. Artiste d’origine : n/a

• Fichier:Francois_Dubois_001.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/52/Francois_Dubois_001.jpg Licence :Public domain Contributeurs : [1] Artiste d’origine : François Dubois

• Fichier:Frankish_Empire_481_to_814-fr.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/70/Frankish_Empire_481_to_814-fr.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel, d'après Image:Frankish empire.jpg, elle-même tirée deen:Image:Frankish power 481 814.jpg, issue de l'Atlas Historique de William R. Shepherd (Shepherd, William. Historical Atlas. NewYork : Henry Holt and Company, 1911.) Artiste d’origine : Sémhur

• Fichier:Franz_Xaver_Winterhalter_Napoleon_III.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Franz_Xaver_Winterhalter_Napoleon_III.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste d’origine : D'après Franz XaverWinterhalter

• Fichier:French-foreign-legionnaire-indochina-1954.gif Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/89/French-foreign-legionnaire-indochina-1954.gif Licence : Public domain Contributeurs : Ce média est disponible dans le cataloguede la National Archives and Records Administration sous l’identifiant ARC (National Archives Identifier) 541967 Artiste d’origine : USInformation Agency.

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42 12 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

• Fichier:French_bayonet_charge.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/87/French_bayonet_charge.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Frontiere_francaise_985_1947_small.gif Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ae/Frontiere_francaise_985_1947_small.gif Licence : CC BY 3.0 Contributeurs : Template:Mariage de Anne de Bretagne Artiste d’origine : Obscurs

• Fichier:Guerre_de_cent_ans_(1435).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/81/Guerre_de_cent_ans_%281435%29.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Aliesin

• Fichier:Hinrichtung_Ludwig_des_XVI.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/Hinrichtung_Ludwig_des_XVI.png Licence : Public domain Contributeurs : http://www.uncp.edu/home/rwb/louis16_execution.jpg Artiste d’origine : Georg Hein-rich Sieveking

• Fichier:Le_royaume_des_Francs_sous_Hugues_Capet-fr.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b2/Le_royaume_des_Francs_sous_Hugues_Capet-fr.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : travail personnel sur un fond de carte hydro-graphique de Sting : Image:France blank.svg. Données ajoutées à partir de Image:Royaume d'Hugues Capet.jpg : d'après Yves Lacoste(dir.), Atlas 2000, Paris, Nathan, 1996, p. 12. Artiste d’origine : Bourrichon

• Fichier:Louis-Philippe_de_Bourbon.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/13/Louis-Philippe_de_Bourbon.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste d’origine : Franz Xaver Winterhalter

• Fichier:LouisXV-Rigaud1.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/53/LouisXV-Rigaud1.jpg Licence : Publicdomain Contributeurs : Inconnu Artiste d’origine : Hyacinthe Rigaud

• Fichier:Louis_XIV_of_France.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5f/Louis_XIV_of_France.jpg Li-cence : Public domain Contributeurs : wartburg.edu Artiste d’origine : Hyacinthe Rigaud

• Fichier:Louis_xvi.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/da/Louis_xvi.jpg Licence : Public domain Contribu-teurs : Inconnu Artiste d’origine : Joseph-Siffrein Duplessis

• Fichier:Map_France_1477-fr.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fa/Map_France_1477-fr.svg Licence :CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Création personnelle. Image renommée depuis Image:Map France History XVe.svg. Données : Artiste d’ori-gine : Zigeuner

• Fichier:Map_Gallia_Tribes_Towns.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/ba/Map_Gallia_Tribes_Towns.png Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Feitscherg

• Fichier:Nuvola_apps_bookcase.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Nuvola_apps_bookcase.svgLicence : LGPL Contributeurs : Le code de ce fichier SVG est <a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='//validator.w3.org/check?uri=https%3A%2F%2Fcommons.wikimedia.org%2Fwiki%2FSpecial%3AFilepath%2FNuvola_apps_bookcase.svg,<span>,&,</span>,ss=1#source'>valide</a>. Artiste d’origine : Peter Kemp

• Fichier:Organigramme_Troisième_République.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/Organigramme_Troisi%C3%A8me_R%C3%A9publique.png Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Mandrak

• Fichier:P_history.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/48/P_history.svg Licence : Public domain Contribu-teurs : Travail personnel Artiste d’origine : User:Kontos

• Fichier:Prise_de_la_Bastille.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4e/Prise_de_la_Bastille.jpgLicence : Public domain Contributeurs : <a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b103025148/'>Bibliothèque nationale de France</a> Artiste d’origine : Jean-Pierre Houël

• Fichier:REmpire-Gallia.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b8/REmpire-Gallia.png Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?

• Fichier:Robespierre.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/12/Robespierre.jpg Licence : Public domainContributeurs : www.paris.fr/portail/Culture Artiste d’origine : Inconnu (École française)

• Fichier:Semaine_des_barricades_Alger_1960_Haute_Qualité.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/89/Semaine_des_barricades_Alger_1960_Haute_Qualit%C3%A9.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’ori-gine : Christophe Marcheux

• Fichier:Siege-alesia-vercingetorix-jules-cesar.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/93/Siege-alesia-vercingetorix-jules-cesar.jpg Licence : Public domain Contributeurs :

• Musée CROZATIER du Puy-en-Velay. — http://www.mairie-le-puy-en-velay.fr. Artiste d’origine : Lionel Royer• Fichier:Tapisserie_agriculture.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ed/Tapisserie_agriculture.JPG Li-

cence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?• Fichier:Victor_Schoelcher_1885.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/33/Victor_Schoelcher_1885.jpg Li-

cence : Public domain Contributeurs : Alsatica.eu Artiste d’origine : Inconnu

12.3 Licence du contenu• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0