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Heros Moyen-Âge

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livre, histoire

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9 €

Philippe Colombani est médiéviste, professeur d’histoire et géographie.

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QUE RESTE-T-IL du Moyen Âge en Corse ?

Quelques églises romanes, modestes mais

fascinantes par leur sobre beauté. Dans

leurs absides parfois, des fresques, touchantes

par leur imitation naïve des grands modèles du

quattrocento italien. Des châteaux, si peu, au point

que leurs infi mes vestiges se confondent souvent

avec les rochers qui les portent. Et des noms :

Arrigo della Rocca, Sambucuccio d’Àlando,

Giudice de Cinarca, Vincentello d’Istria, Giovan

Paolo da Leca ou encore Rinuccio della Rocca.

Noms exotiques, souvent glorieux mais d’une

gloire incertaine, indistincte, qui se confond avec

la mémoire d’une époque violente et troublée.

Qui étaient ces héros ? Des seigneurs, vaillants

certes, mais aussi cruels, tyranniques, inconstants,

plus préoccupés par leurs inextricables querelles

que par le bien commun…

Des héros à suivre dans leurs inlassables

pérégrinations, à travers la Corse et parfois

bien au-delà en Méditerranée, à la conquête de

l’éphémère pouvoir terrestre.

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L’archange saint Michel. Église de la Trinité, Aregno, 1448.

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Que reste-t-il du Moyen Âge en Corse ?

UELQUES ÉGLISES ROMANES, modestes mais fasci-nantes par leur sobre beauté. Dans leurs absidesparfois, des fresques, touchantes par leur imita-tion naïve des grands modèles du quattrocentoitalien. Des châteaux ? S i peu, au point que leurs

infimes vestiges se confondent souvent avec les rochers qui lesportent. Et des noms : Sambucuccio d’Àlando, Giudice de Cinarca,Vincentello d’Istria ou Giovan Paolo da Leca. Noms exotiques,souvent glorieux mais d’une gloire incertaine, indistincte, qui seconfond avec la mémoire d’une époque violente et troublée. Quiétaient ces héros ? Des seigneurs, vaillants certes, mais aussi cruels,tyranniques, inconstants, plus préoccupés par leurs inextricablesquerelles que par le bien commun. Certains furent défenseurs dupeuple, mais de quel peuple et contre quelle oppression ? D’autresfurent chroniqueurs, mais d’une histoire où monstres et prodigess’entremêlent avec des faits avérés et que l’on a longtemps consi-dérée, à tort, comme fantaisiste et confuse. Et que dire de leurépoque, de quelle époque d’ailleurs ? Le Moyen Âge est vaste dedix siècles, depuis la chute de l’Empire romain au Ve jusqu’à la

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découverte de nouveaux continents au XVe. Des siècles que l’on ditobscurs pour l’île de Corse, si souvent conquise par des envahis-seurs étrangers : Lombards, Sarrasins, Pisans, Catalans, Milanais,Génois. Les dominations se succèdent, sans que l’on sache réelle-ment les raisons qui les expliquent et les formes qu’elles prennent.Quant aux Corses, ils semblent cantonnés dans un rôle passif,subissant ces tutelles successives, qu’ils combattent souvent sansjamais pouvoir les empêcher ou les choisir. Noyé dans des brumesinconstantes où se mélangent histoire et légende, manquant delieux de mémoire, privé de grands événements, le Moyen Âgecorse est invisible et souvent illisible.

D’autant plus illisible qu’il renvoie à des références culturelleset politiques qui ne sont plus les nôtres. En Corse, point de roicapétien, de Jeanne d’Arc ou de guerre de Cent ans, ni même depyramide féodale ou de bonnes villes. Le Moyen Âge corse estitalien et méditerranéen, les seigneurs sont en concurrence avecdes Communes, les villes sont ici absentes du paysage et n’existentque sous forme de colonies tournées vers la mer. La guerre de Centans ne s’y fait pas entre Français et Anglais, mais entre Catalans,Génois et Angevins. On y parle de nobles et de populaires, de piève,de mahone, d’élection comtale et de dédition des peuples à despuissances étrangères. La Corse fait pourtant partie de l’Occidentchrétien : comme ailleurs, on y trouve des seigneurs, des chevaliersen leurs châteaux, des moines, des évêques, des frères franciscains,des couvents et des cathédrales, des paysans à leurs araires et desmarins à leurs nefs, mais sous des formes auxquelles l’étude du

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Moyen Âge français ne nous a pas habitués. De là vient certaine-ment la vision biaisée et incertaine que nous avons de cette période.

Pourtant la société médiévale corse a sa logique, ses institutions,son histoire. Elle suit à son rythme les grands mouvements quicaractérisent la Méditerranée médiévale et y prend part, du faitde l’enjeu stratégique qu’elle représente pour les grandes puissancesqui l’environnent.

Ici s’intègrent ces héros qui incarnent, par leurs noms, ce quefut la Corse de leur temps, ou plus précisément ce qu’ils auraientvoulu qu’elle fût. Là sont leur gloire et la raison de leur postérité,loin du cliché d’une Corse qui subit, en rebelle résignée, l’inexorablesuccession des dominations extérieures. Les héros du Moyen Âgecorse furent des acteurs de leur temps. Non seulement ils ne subirentpas, mais le plus souvent ils provoquèrent ces interventions étran-gères dans l’île. Pisans, Catalans, Milanais et finalement Génois nevinrent pas en Corse poussés par des vents heureux ou menés parles caprices de la Fortune, ils suivaient un projet précis et le plussouvent concurrent dont la Corse était l’un des enjeux. De leurcôté, les Giudice de Cinarca, Vincentello d’Istria et autres Rinucciodella Rocca s’intègrent dans ce jeu complexe. Eux non plus nesuivent pas seulement les lubies de seigneurs égoïstes et capricieuxmais cherchent chacun à mener à bien un projet politique cohérent –dans lequel l’intervention de puissances étrangères est un outilrisqué mais précieux – qui peut être déterminant pour la victoirede leur cause. D’autant que, face à ces seigneurs qui se rêvent chacunmaître unique de l’île, se dresse bientôt le pouvoir des peuples,incarné par Sambucuccio d’Àlando. Point ici de démocratie populaire,

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elle serait anachronique en ces temps, mais des notables rurauxambitieux, issus des riches communautés du Nord de l’île, excédéspar la morgue et les abus d’une noblesse locale jalouse de son pouvoir.À l’instar des seigneurs qu’ils rêvent d’abattre, les populaires corsesvoient loin et savent trouver auprès de la puissante Commune deGênes un allié sûr, autant qu’un modèle politique.

De cette somme d’intérêts et d’ambitions inextricablementmêlés, naît la geste des héros du Moyen Âge corse.

L’enjeu est celui du pouvoir : dominer, régner sur la Corse.Mais sous quelle forme et avec quelle légitimité ? Faut-il gouvernerseul, en seigneur naturel de l’île commandant à ses sujets et vassaux?En appeler aux peuples et à leur système communal dont les noblessont exclus ? Ou s’allier avec quelque État puissant, suffisammentproche pour apporter une aide décisive et assez lointain pour vouslaisser régner en toute indépendance? Jeu dangereux, car un pouvoirchèrement gagné ne se partage pas et un héros corse, tout vaillantqu’il soit, ne pèse souvent pas lourd lorsque l’allié devient rival. C’estdans cette abnégation à mener un projet, à tenir le rang que l’ons’est soi-même donné, que se forge l’héroïsme et s’édifie la légende.Reste alors à en démêler la trame, à en comprendre les enjeux,pour vous en raconter l’histoire.

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Giudice di CinarcaDe la légende à l’histoire

« En cette dite année 1281 du Christ, il advint qu’un grandseigneur, qui se disait juge de Chinerc, seigneur d’une île qui aun nom corse, qui était vassal de la Commune de Gênes, voulutdevenir vassal de la Commune de Pise. »

insi apparaît Giudice de Cinarca, dans un court passagede la chronique du templier de Tyr, rédigée à la fin

du XIIIe siècle : grand seigneur corse, jouant sonjeu dans la vaste partie que se livrent les cités de

Gênes et de Pise à l’échelle de la Méditerranée.Giudice est le premier des grands seigneurs du Moyen Âge insulairedont l’existence est historiquement incontestable. Contrairementaux glorieux mais mythiques Ugo Colonna et Arrigo bel Messer,cités uniquement par la chronique de Giovanni della Grossa etabsents de toute autre source historique connue, Giudice estlargement attesté dans des documents d’époque, qu’il s’agissed’actes notariés conservés dans le Liber Iurium de la Commune deGênes, de la chronique génoise de Iacopo Doria ou de la chroniquedu templier de Tyr. Toutefois, notre source principale pour connaîtrela vie du grand cinarchese demeure la chronique de Giovanni dellaGrossa. Or, ce document, essentiel pour l’histoire médiévale de laCorse, a été écrit plus d’un siècle après la mort de Giudice et montrede nombreuses incohérences avec les documents contemporains duXIIIe siècle. Le chroniqueur, pourtant parfaitement fiable sur d’autres

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périodes, a volontairement réorganisé une partie de l’histoire deson héros, pour en faire un modèle politique et apporter des justi-fications à la situation politique de la Corse au XVe siècle.

De fait, le personnage de Giudice de Cinarca se place à lacharnière entre légende et histoire, entre les âges sombres del’histoire corse des IXe-XIIe siècles que Giovanni della Grossa éclairede l’épopée des héros Ugo Colonna et Arrigo bel Messer toutempreinte de merveilleux et la réalité bien documentée du MoyenÂge classique, de ce XIIIe siècle méditerranéen dans lequel la Corses’intègre pleinement.

Giudice en est le nouveau héros, tout à la fois glorieux etviolent, puissant et faillible, il fixe par son action un modèle decomportement et de gouvernement qui influence tous ses succes-seurs. Le XIIIe siècle est « son » siècle.

Pour décrypter ce personnage complexe, il faut en aborder lesdeux aspects légendaires et historiques pour enfin dégager de cetteconfrontation l’importance de son influence et de son héritagesur l’histoire politique de la Corse médiévale.

Du beau sire justicier au seigneur retors et ambitieux, de lalégende à l’histoire, entrons dans la geste de Giudice de Cinarca,le Grand.

Homme d’action et lettré, Giovanni della Grossa a recons-titué la vie de Giudice en un récit cohérent qui suit sa proprelogique narrative et chronologique, quitte à prendre quelquesdistances avec la réalité des faits. Il suit en cela un schéma classique

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chez les chroniqueurs médiévaux qui privilégient la force du modèlequ’ils veulent promouvoir, par rapport à une analyse scientifiquedes événements, étrangère aux mentalités de l’époque et necorrespondant pas à l’esprit de leur œuvre.

La chronique s’appuie toutefois sur l’évocation d’événementsréels, qu’ils soient locaux ou extérieurs à la Corse et fait la part belleà de nombreuses anecdotes, probablement issues de la traditionorale ou de documents que Giovanni della Grossa semble avoircollecté avec soin. Le récit s’articule autour de plusieurs thèmes,chers au chroniqueur, qui les réutilisera pour d’autres époques,comme le proscrit victorieux, la Corse terre de malheur (thèmepromis à un bel avenir !), et la démesure du seigneur provoquantsa chute. Le tout constituant un ensemble suffisamment convain-cant pour qu’il serve de base à la plus grande partie de l’historio-graphie moderne concernant Giudice de Cinarca.

Voici l’histoire, de Giudice de Cinarca, par Giovanni dellaGrossa.

Giudice, de son vrai nom Simoncello est né, selon la chronique,en 1213, il est le fils cadet du seigneur Goglielmo de Cinarca et deFinidora de Covasina. Celui-ci est un puissant seigneur de la maisonde Cinarca qui domine tout le Delà des Monts (l’actuelle Corse duSud). Il s’est constitué une seigneurie personnelle allant de la régiondu Valinco à Bonifacio, centrée sur le château de Rocca de Valle(sur la pointe rocheuse qui fait face à Olmeto), d’où lui vient sonnom de Goglielmo della Rocca. Pour cela, il a dû combattre les

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Une représentation de la Corse illustrant la chroniquegénoise de Caffaro. 1126.

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Génois installés dans la région et a choisi de s’allier à Pise, citérivale de Gênes. Afin de consolider sa seigneurie, il a épousé unefille issue de la famille rivale de Covasina (région de Solenzara),Finidora, dont il a eu trois fils : Latro, Trufetta et Simoncello.

Goglielmo codirige la vaste seigneurie de Cinarca avec sonfrère, Guido de Cinarca qui règne, depuis son château de Cinarca(situé sur une petite colline rocheuse dominant Tiuccia, dans legolfe de Sagone), sur la partie allant du col de Saint Georges au Sia.Ce dernier, jaloux de la réussite de son cadet, a préféré rester alliéà Gênes, sans pour autant s’opposer à son frère.

À la mort de Guido, les choses se compliquent. Ses deux fils,Arrigo Orecchiritto de Cinarca et Rinieri Pazzo de Gozzi décidentde se débarrasser de leur oncle Goglielmo, qu’ils emprisonnentpar traîtrise et font mourir de mauvais traitements dans lesgeôles du château de Cinarca en 1219. Finidora envoie sesfils se réfugier à Covasina, chez leur grand-père et tentede résister aux neveux félons dans le château de Baricini(ou Baraci ?) où elle meurt avec toute la garnison, empoi-sonnée par l’eau croupie d’une citerne. Le chroniqueur,s’inspirant probablement d’une tradition locale,raconte que ce château maudit qui s’appelait jusqu’a-lors « il castellonuovo » fut rebaptisé « castello diBaracini », le château des cercueils (bara), ensouvenir des nombreux macchabées que l’on ytrouva. Tous les petits seigneurs soumis àGuglielmo reprennent alors leur indépendance,faisant imploser la seigneurie de la Rocca,

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pendant que les deux frères Arrigo et Rinieri, retournés au norddu col de Saint Georges, se querellent vainement entre eux.

Orphelin, Simoncello grandit à Covasina et révèle un caractèrebien trempé. Vexé par un serviteur de son grand-père lors d’unechasse au cerf, le bouillant jeune homme blesse le serviteur puisse fâche avec son grand-père qui le bannit du château. Le jeuneseigneur embarque alors pour Pise afin d’y apprendre le métierdes armes auprès d’un important gentilhomme pisan. Il trouveune occasion de montrer sa valeur lorsque la ville est assiégée parles troupes du frère du roi de France, Charles d’Anjou (il s’agitd’une incohérence historique dont nous reparlerons). Simoncelloaffronte en combat singulier un chevalier français particulière-ment redouté qui avait insulté les Pisans et les Corses. Plus petitmais plus agile, Simoncello bat le champion français et provoqueune mêlée générale dont les Corses sortent vainqueurs. Déconfits,les Français lèvent le siège : Simoncello a sauvé la ville, il a 24 ans.

En remerciement de ses services, il est fait chevalier et reçoitde Pise le titre de comte de Cinarca et de juge (giudice) de Corse,c’est-à-dire représentant de la Commune dans l’île. Fort de cettedouble légitimité Simoncello, devenu désormais « Giudice deCinarca », s’embarque en 1245 pour la Corse en compagnie dedouze hommes (le chiffre est symbolique) dans le but de recon-quérir la seigneurie de son père.

Giovanni della Grossa nous le décrit comme un jeune hommepetit mais de belle stature, à la peau brune et velue. Contrairementà la description idéalisée d’Arrigo bel Messer (grand, beau, vaillant,intelligent) le portrait de Giudice met l’accent sur des traits physiques

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réalistes et assez peu flatteurs. L’idée est de poser l’image d’un hérosvaillant mais rude, dans lequel la puissance du corps et des instinctss’imposent sur les raffinements de l’esprit. Cette force brute qui faitla puissance de Giudice est aussi son démon qu’il devra dominer. Ilinaugure en cela un type physique et moral qui se retrouve chez laplupart des grands seigneurs décrits par la chronique.

Giudice débarque donc en Corse, mais rejeté de toutes partsdoit fuir dans les montagnes de Quenza et, selon un thème cherà Giovanni della Grossa, faire, par son mérite, la preuve de sesqualités de seigneur.

Réfugié au maquis (alla selva, dit la chronique, car au MoyenÂge, la forêt couvre largement les montagnes corses), Giudice sefait remarquer par sa bonne justice et ses qualités guerrières, lesdeux qualités premières d’un bon seigneur. À Aullène, il n’hésitepas à faire exécuter l’un de ses propres hommes qui avait commisun crime, afin de rendre bonne et équitable justice. Lors d’uncombat à Litala (Sainte-Lucie de Tallano), il tue à lui seul dixhommes. Sa réputation grandit et inquiète les seigneurs Biancolacciqui, depuis leurs châteaux de Capula (Levie) et de Bisugè (Grossa),tentent en vain de l’abattre. Profitant du mauvais gouvernementdes seigneurs voisins, Giudice regroupe les mécontents de tousbords et joue habilement des divisions entre les clans. Il a tôt faitde reprendre le contrôle du château paternel de la Rocca de Valleet d’obtenir l’allégeance de tous les seigneurs « de Cilaccia àBonifacio. » Il soumet les Biancolacci dont il épouse une fille.

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