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UNION COMMUNISTE (trotskyste) Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ISSN 0024-7650 Hebdomadaire - paraît le vendredi - n° 2127 - 8 mai 2009 - prix : 1 - DOM 1,50 p 3 AFP AFP

Hebdomadaire - Lutte Ouvrière · LUTTE OUVRIÈRE - BP 233 - 75865 PARIS CEDEX 18 [email protected] LO l’hebdomadaire LO multimédia ... tête de liste en Île-de-France

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UNION COMMUNISTE ( t ro tskys te )

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

ISSN 0024-7650

Hebdomadaire - paraît le vendredi - n° 2127 - 8 mai 2009 - prix : 1 € - DOM 1,50 €

p 3

AFP

AFP

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2�Lutte Ouvrière n° 2127 � 8 mai 2009

LUTTE OUVRIÈREUnion Communiste (Trotskyste)

membre de l’Union Communiste Internationaliste

L’Union Communiste trotskyste qui publie Lutte Ouvrière, sous le nom duquel elle estconnue en tant qu’organisation politique, regroupe des militants pour qui communismeet socialisme sont le seul avenir pour l’humanité menacée par les crises, l’épuisement desmatières premières et des milieux naturels et les guerres dus à l’anarchie de la sociétéactuelle divisée en classes sociales, qui repose sur la concurrence économique etl’égoïsme individuel.

Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent remplacer le capitalisme parune société libre, fraternelle et humaine car ils constituent la majorité de la population etn’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société. Pour cela ils devront rem-placer l’État de la bourgeoisie pour créer un régime où les masses populaires exercerontelles-mêmes le pouvoir en assurant un contrôle démocratique sur tous les rouages dupouvoir économique et politique. Nous disons aussi que les travailleurs n’ont pas depatrie et qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre.

Les militants qui animent ce journal s’affirment trotskystes, du nom du compagnon etcontinuateur de Lénine, qui a combattu le stalinisme dès son origine et a péri assassinépour n’avoir jamais cédé.

Lutte Ouvrière est édité par la société Éditions d’Avron – 6, rue Florian 93500 Pantin – Télé-phone : 01 48 10 86 20 - SARL au capital de 7 622,45 euros, durée cinquante ans à partir du 1er

janvier 1970 – Gérant : Michel Rodinson. Associés : René Marmaros, Isaac Szmulewicz,Jean-Claude Hamon. Directeur de la publication et responsable de la rédaction : Michel Rodin-son. – Tirage : 14 000 exemplaires. Impression : Rotos 93 – 3, rue du Parc 93150 Le Blanc-Mes-nil, téléphone : 01 48 14 21 65. – Commission paritaire des publications n° 1009 I 85576 .

Lutte Ouvrière c/o Editions d’Avron 6, rue Florian - 93500 Pantin. Lutte Ouvrière (Ile-de-France) c/oEditions d’Avron 153-155 Avenue Jean-Lolive - 93500 Pantin.. Téléphone : 01 48 10 86 20Télécopie : 01 48 10 86 26

Nom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ci-joint la somme de :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

par chèque à l’ordre de Lutte Ouvrièreou virement postal : ccp 26 274 60 R PARIS

Tarif des abonnements Lutte Ouvrière Lutte de Classe

Destination : 6 mois 1 an 10 numéros

France, DOM-TOM 18 € 35 € 15 €

DOM-TOM avion 25 € 50 € 21 €

Europe, Afrique, Proche

et Moyen-Orient30 € 60 € 20 €

USA, Canada 35 € 70 € 22 €

Autre Amérique, Asie,

Océanie43 € 85 € 25 €

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Adresser toute correspondance à :LUTTE OUVRIÈRE - BP 233 - 75865 PARIS CEDEX 18www.lutte-ouvriere.org

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LO audio (version parlée de nos textes)

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Sur Internet

Soutenez-nous financièrementLes chèques de soutien à Lutte Ouvrière doi-vent être libellés à : « Jean-Paul Rigollet,mandataire financier de Lutte Ouvrière » etsont à envoyer à LUTTE OUVRIÈRE - BP 233 -75865 Paris Cedex 18.

Jean-Paul Rigollet a été déclaré le 23décembre 1994 mandataire financier du partiLutte Ouvrière conformément à la loi. Celle-cidispose qu’il est seul habilité à recueillir lesdons de personnes identifiées. Les dons d’unepersonne physique à un parti politique sontplafonnés à 7 500 euros par an. Tout donsupérieur à 150 euros doit être versé parchèque. Seuls les dons versés par chèqueouvrent droit à la réduction fiscale prévue parla loi.

Leur société

p. 4 � Contestation à l’Université

� Scolaires sans papiersexpulsés

� La politique de Besson

� Un bébé en centre derétention

p. 5 � CAC-40 : 35 milliards dedividendes

� Société Générale : retraitedorée pour Bouton

� Livret A

� Pour Ghosn, la crise uneopportunité

p. 6 � Politique agricolecommune... pour les riches

� Père Dodu

p. 7 � Les 26 mai et 13 juin,quelles perspectives ?

� Les surveillants de prisonen lutte

� Liste Dieudonné

La fête de Lutte Ouvrière

p. 8-9 � 30, 31 mai et 1er juinà Presles (Val-d’Oise)

Dans les entreprises

p. 10 � Gemey Maybelline Garnier -Ormes

� Les facteurs d’Orléans

� 1er mai en Guadeloupe

p. 11 � Continental - Clairoix

� Lear - Lagny-le-Sec

� Dielh-Augé Découpage -Besançon

� Mouvement des gaziers,électriciens

p. 12 � Procès Total-AZF

� YMCA - Colomiers

� La sécurité et la santé autravail

p. 13 � Fonderies du Poitou Alu

� Faurecia - Auchel

� Heuliez - Cerizay

Dans le monde

p. 14 � Israël - Europe : un ministred’extrême droite en tournée

� Allemagne :l’obscurantisme en échec

p. 15 � Égypte : l’abattage desporcs

� Maroc : prison pour ceux deSidi Ifni

� Sahara occidental : legouvernement françaissoutient le régime marocain

p. 16 � La grippe A

Sommaire � Élections européennes

Meetings avec les candidats de Lutte Ouvrière

FOURMIESVendredi 15 maià 18 h

avec Éric Pecqueur

Salle des Associationsà côté de la mairie

Dans lesmédias

Lundi 11 mai,sur BFM Radio, à 13 h,Nathalie ARTHAUD seral’invitée de la rédactiondans le 12-15.

Lundi 11 mai,à 17 h, NathalieARTHAUD sera invitée àun chat sur RTL.fr

ROUENSamedi 16 maià 18 h

avec Pascal Le Manachet Gisèle Lapeyre

Halle aux Toiles

ORLÉANSSamedi 16 maià 15 havec Farida Megdoudet Patrick Lamiable

Salle des Chats-Ferrés3 bis, rue desChats-Ferrés

MANTES-LA-JOLIE(Yvelines)

Samedi 16 maià 17 h 30avec Thierry Gonnotet Laurence Viguié

Local CommunRésidentiel64, rue Maurice-Braunstein à GassicourtSTRASBOURG

Dimanche 17 maià 16 havec Nathalie Arthaudet Claire Rocher

Palais des CongrèsPlace de Bordeaux

LIMOGESmardi 26 maià 20 h 30avec Marie Savre etClaudine Roussie

Salle Blanqui n° 3(derrière la Mairie)LYON

Mercredi 27 maià 20 havec Nathalie Arthaudet François Roche

Mairiedu 6e arrondissementSalle Victor-Hugo33, rue BossuetMétro : Masséna

SAINT-BRIEUC(Côtes-d’Armor)Mercredi 27 maià 20 h 30avec Valérie Hamon

Salle du Petit ThéâtreMaison du Temps libre6 bis, rue du Mal-Foch

TOURSMercredi 3 juinà 20 h 30

avec Nathalie Arthaudet Marie Savre

Centre de vie du Sanitas10, place Neuve

LA ROCHELLEJeudi 4 juin à 20 hAvec Valérie Hamon etAntoine Colin

Salle Amos-Barbot37, rue du Collège

LO

BOURGESVendredi 15 maià 20h 30

avec Farida Megdoud,Eric Belletet Régis Robin

Moulin de la VoiselleBoulevard Chanzy

NEVERSSamedi 16 maià 16h 30avec GenevièveLemoine

Bourse du Travail

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Lutte Ouvrièreaux élections européennes

Les élections européennes aurontlieu dans un peu plus d’un mois, le7 juin. Les grandes chaînes de télévisionn’en parlent guère, si ce n’est pour faireécho aux disputes pour les places ausein des grands partis, l’UMP et le PS,qui vont rafler la majorité des sièges.

Quant à l’écrasante majorité desélecteurs, ils ont d’autres préoccupa-tions en cette période où les coups pleu-

vent sur le monde du travail, où les plans de licencie-ments, voire les fermetures d’usines, se succèdent et oùde plus en plus de familles ouvrières ont du mal à bou-cler les fins de mois avec des salaires amputés par lechômage partiel.

On pourrait se dire : quel intérêt ont donc ces élec-tions européennes alors qu’il paraît évident, mêmepour les plus naïfs, que leur résultat n’aura pasd’influence pour modifier la situation des classes popu-laires ?

Le Parlement européen a en effet encore moins deprérogatives que le Parlement français qui n’en a déjàpas beaucoup. Quant au pouvoir, ils n’en ont ni l’un nil’autre.

On le voit bien avec le Parlement français qui n’estqu’une chambre d’enregistrement des décisions prisespar l’exécutif, c’est-à-dire surtout par le président de laRépublique et, derrière lui, au-dessus de lui, par lesgrands groupes industriels et financiers qui, en domi-nant la vie économique, dominent aussi la vie politiqueet sociale. Lorsqu’un de ces grands groupes décide defermer une entreprise, quand bien même cette ferme-ture pousse vers le chômage et la pauvreté des milliersde familles ouvrières, quand bien même cela se réper-cute sur les revenus de bien d’autres catégories socialescomme les commerçants qui vivent des salairesouvriers, des ministres au président de la République,tous lèvent les bras au ciel pour dire qu’ils n’y peuventrien. Et quand le président promet d’agir, ce n’estqu’un gros mensonge, comme ont pu le constater lestravailleurs de l’aciérie de Gandrange, aujourd’huifermée.

Il en va de même pour le Parlement européen, ras-semblement des députés de 27 pays et dont la seulefonction véritable est de servir de décor démocratiqueà des décisions prises en commun par les réunions des

chefs d’État et de gouvernement des différents pays.S’y ajoute une deuxième fonction, non assuméecelle-là, qui est commune à toutes les institutions del’Union européenne : servir de bouc émissaire pour desdécisions impopulaires des gouvernements nationaux.Oh, qu’il est commode de pouvoir dire que « c’est lafaute à Bruxelles » ou « la faute à l’Europe et qu’on n’ypeut rien » alors que, dans la réalité, les décisionsessentielles sont prises à l’unanimité de tous les gouver-nements ! Aussi tous ceux qui ne manqueront pas, dansles semaines à venir, d’expliquer qu’en votant pour eux,on décide « une autre Europe », sont des charlatans.

Les institutions européennes sont comme les insti-tutions de la République française : entièrement sousle contrôle des riches et des possédants. L’Union euro-péenne a été faite par les représentants de la classecapitaliste des principales puissances capitalistesd’Europe, la France, l’Allemagne et la Grande-Bre-tagne notamment, pour permettre une circulationplus fluide des marchandises et des capitaux, pourfaciliter certaines formes de collaboration entre leursgrands capitaux. Tout cela afin de permettre à cespays, qui pour être les plus puissants en Europe n’ensont pas moins des nains face aux États-Unis et mêmeau Japon, d’unir leurs forces pour mieux se défendredans la guerre économique mondiale.

Ces grands groupes, dont les exigences sont à la basede la construction européenne, n’ont que faire desélections et de leurs résultats.

Lutte Ouvrière se présente néanmoins à ces électionseuropéennes car, si les résultats du scrutin ne peuventpas modifier la marche réelle des choses, ce vote per-met au moins d’exprimer une opinion politique et depousser un cri.

Le cri, c’est la colère des classes populaires face à lapolitique du gouvernement français qui, comme lesautres, vise à leur faire payer la crise économique alorsqu’elles n’en sont en rien responsables.

Et l’idée politique que les listes Lutte Ouvrièreentendent exprimer est que seule une Europe débar-rassée de la dictature des financiers pourrait être gou-vernée dans l’intérêt de la majorité de sa population.

Arlette LAGUILLER

Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �3

L’éditorial

d’Arlette LaguillerÉditorial des bulletins d’entreprisesdu lundi 4 mai

Meeting de la liste Lutte Ouvrièreen Île-de-France

NathalieARTHAUD

porte-parolede Lutte Ouvrière

Jean-PierreMERCIER

ouvrier dans l’automobile,tête de liste en Île-de-France

Pour une Europe débarrasséede la dictature des financiers !

Pour exprimer la colère des classes populaires !

à Paris - Jeudi 14 mai à 20 h 30Théâtre de la Mutualité

24, rue Saint-Victor - Paris 5e - Métro : Maubert-MutualitéEntrée libre

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4�Lutte Ouvrière n° 2127�8 mai 2009

Leur société

� Bébé

Un bébéde 4 moisen centrede rétention

Le mercredi 29 avril, unbébé de quatre mois a étéenfermé en centre de réten-tion. Avec ses parents et sasœur de 9 ans, il a été arrêté àleur domicile de Gray, enHaute-Saône, par une quin-zaine de gendarmes, puistransféré au centre de réten-tion de Nîmes, qui disposed’une nurserie. Le juge deslibertés de Nîmes a considéréle lendemain que la procé-dure était irrégulière et inhu-maine. Le procureur a faitappel. Mais la cour d’appel aconfirmé le 4 mai la remiseen liberté de cette familler u s s o - a z e r b a ï d j a n a i s e ,arrivée en Haute-Saône ennovembre 2005.

Elle avait été déboutée detoutes ses demandes d’asile.La Cimade et le Réseau édu-cation sans frontières protes-tent contre l’acharnementdont elle a été victime etdénoncent la « politique duchiffre » en matière d’expul-sions.

Quant au ministre del’Immigration, Eric Besson, ilestime qu’on a fait le choix leplus humain en maintenanttoute la famille en rétention :« L’autre solution serait deplacer les enfants en familled’accueil, ou à la Dass. Certai-nes associations le souhaitent ;pas moi. Ce serait bien plusdouloureux pour tout lemonde ». C’est avec ce genrede ra isonnementpseudo-humanitaire que lesautorités françaises avaientfait déporter pendant laguerre des enfants juifs,« pour ne pas les séparer deleurs parents ».

Mais l’esprit tordu deBesson est ainsi fait que lais-ser toute la famille en libertén’est pas une possibilité qu’ila envisagée. Cependant, si lafamille a été libérée, la justiceconstatant un vice de formedans la procédure, son avenirreste en suspens. Comme l’arappelé le président de lacour d’appel, la décision deremettre en liberté « ne vautpas titre de séjour » et « l’obli-gation de quitter le territoirefrançais demeure ».

Espérons que le soutienque cette famille rencontredans la population de Graypermettra d’obtenir la régu-larisation de sa situation.

Vincent GELAS

� Universités

La contestation continueLa contestation universitaire est entrée dans saquatorzième semaine. Toutes les universités ne sont pastouchées, mais plusieurs dizaines le sont de différentesmanières, et plus de vingt d’entre elles sont toujourslargement en grève.

Il est manifeste que la tenta-tive de passage en force du gou-vernement à la faveur descongés de printemps a échoué.Rappelons que le 23 avril, alorsque la plupart des universitésétaient en vacances, le gouver-nement avait fait adopter enConseil des ministres plusieursdes décrets contestés. Sonobjectif était clair : assommerainsi un mouvement de grèvedéjà ancien et qui donnait dessignes d’essoufflement. Pata-tras ! La plupart des universitésqui étaient en grève avant les

vacances l’ont revotée à larentrée. Et lors des manifesta-tions du 1er mai, les cortèges desuniversités étaient fournis.

La ministre de l’Enseigne-ment supér ieur , Valér iePécresse, a alors entamé le cou-plet de la menace que les ensei-gnants-chercheurs feraientpeser, par la poursuite de leurmouvement, sur la bonne tenuedes examens. Il ne faudrait pas« brader » les diplômes ni« sacrifier l’année des étu-diants », a-t-on entendu àtout-va. Cela a de quoi faire

sourire quand on connaît lasituation actuelle des universi-tés : les taux d’échec sont trèsélevés en premier cycle, attei-gnant plus d’un tiers en lettreset sciences humaines. Les éta-blissements, sous-financés, sontparfois au bord de la misère.Ainsi, il y a quelques années,l’université d’Orsay avait dû fer-mer ses portes pendant deuxsemaines pour économiser sursa facture d’eau et de chauffage.Les personnels non enseignantsconnaissent la précarité et lesbas salaires : c’est le cas de 20 à25 % des Biatoss . Bref ,l’empathie de la ministre avecles étudiants est particulière-ment hypocrite !

Une autre « réforme » estd’ailleurs dans les cartons du

gouvernement : elle consistera àautoriser les universités à sélec-tionner leurs étudiants et à aug-menter les droits d’inscription.Ceux-ci restent bas en Franceen comparaison d’autres pays,et la majorité actuelle rêvedepuis longtemps de permettreaux universités de les élever,favorisant ainsi le désengage-ment de l’État du service publicd’enseignement supérieur.

Bref, si Valérie Pécressedisait il y a quelques mois don-ner « des preuves d’amour tousles jours aux universités », elle estaujourd’hui passée aux larmesde crocodile ! Des larmes qui,manifestement, n’émeuvent pasbeaucoup enseignants et étu-diants grévistes.

Michel BONDELET

� Scolaires sans-papiers

L’expulsion pour leurs 18 ans !Depuis début mai, Réseau éducation sans frontières (RESF)et la Fédération des conseils de parents d’élèves des écolespubliques (FCPE) mènent une campagne de mobilisationpour réclamer l’arrêt des expulsions des jeunes majeurssans papiers : « Jeunesse sans papiers, jeunesse volée ».Scolarisés en France depuis plusieurs années, quand ilsatteignent leur 18 ans, ces lycéens, étudiants, apprentis oujeunes travailleurs étrangers deviennent expulsables.

En effet, les lois anti-immi-grés instaurées par Sarkozyrefusent le droit à la régularisa-tion ou à la naturalisation auxjeunes arrivés en France aprèsl’âge de 13 ans ou s’ils n’ont pasen France une mère ou un pèreayant un titre de séjour.

Parmi les milliers de jeunesqui sont dans ces situations dra-matiques, RESF affiche desexemples de lycéens réfugiés qui

veulent s’intégrer et que le gou-vernement rejette : ainsi Pris-ciela est arrivée seule à Amiensen 2007 après l’assassinat de sesparents en Angola. Scolarisée aulycée profess ionnelRomain-Rolland où elle pré-pare un BEP de secrétariat, elle a19 ans et le préfet de la Sommelui impose l’obligation de quit-ter le territoire.

De même Maryam et Ismaïl,

deux jeunes Marocains de 18 et20 ans, venus à Montpellier en2004 pour rejoindre leur pèrequi y travaille depuis 1964, sontscolarisés aux lycées Clémen-ceau et Léonard-de-Vinci, maisleur demande de regroupementfamilial n’a pas abouti. Depuisle 27 février, ils sont expulsa-bles.

Tambwe a quitté son pays, laRépublique Démocratique duCongo, où sévit la guerre. Scola-risé depuis deux ans en lycéeprofessionnel hôtelier à Paris, ila été débouté de sa demanded’asile. Sans titre de séjour avantla fin de l’année, il ne pourra paspoursuivre sa formation etdeviendra clandestin à 18 ans.

Ces milliers de jeunes doi-vent pouvoir poursuivre leursétudes et être régularisés à leurmajorité. Les lois inhumainescontre les réfugiés doivent êtreabolies.

Louis BASTILLE

Pour cela de nombreuxsyndicats, partis et asso-ciations appellent à desrassemblements danstoute la France le mercredi13 mai, notamment à Parisà 14 heures au métroVarennes.Lutte Ouvrière s’associe àces appels.

� Besson

La politique du chiffrese moque des mathématiques

Une des bêtes noires duministre de l’Immigrationsemble être les mariages mixtes,entre Français et étrangers. En2007, ils auraient été 35 000 surun total de 267 000 mariagesconclus en France.

Pour grossir ces chiffres, leminis tre leur a joute47 000 mariages célébrés àl’étranger et concernant uneFrançaise ou un Français. Celalui permet de prétendre qu’« unmariage sur trois est mixte » etd’insinuer qu’un grand nombresont des mariages de complai-sance.

Mais pourquoi des mariagescé lébrés à l ’é tranger

devraient-ils entrer dans les sta-tistiques des mariages « fran-çais » ? Et n’est-il pas assezlogique, pour ceux qui se trou-vent à l’étranger, que la propor-tion de mariages avec des étran-gers soit assez élevée !

En fait, les 35 000 mariagesmixtes sur 267 000 conclus enFrance donnent une proportiond’un peu plus de 13 % demariages mixtes, pour unepopulation étrangère de 7 %environ : étant donné que pourse marier il faut être deux, laproportion est donc assez nor-male.

Il faut être un maniaque dela « maîtrise » de l’immigration

et un adversaire de l’immigra-tion familiale, comme Besson,pour truquer ainsi les chiffres

dans le but de justifier sa poli-tique inhumaine d’expulsions.

V. G.

16 MAI 2009AU MUR DES FÉDÉRÉS À PARISL’association des Amis de la Commune de Paris 1871organise une commémoration de la Commune de Paris :

Samedi 16 mai 2009à 14 h 30

à l’entrée du cimetière du Père-Lachaiserue des Rondeaux à Paris 20e – Métro Gambetta

Lutte Ouvrière s’associe à cette manifestationTous renseignements sur :www.commune1871.org

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Cité dans un article du quotidien économique britanniqueFinancial Times, Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan voitla crise comme une opportunité de faire passer desmesures auparavant rejetées car jugées irréalistes.

« Nous pouvons faire des cho-ses que nous n’aurions jamais pufaire il y a quelques années »,reconnaît-il. « Une semaine detravail plus courte était impos-sible. De même, une réduction dusalaire. L’Europe va devoir avan-cer, pour aider les gens et les entre-prises ». Un tel « progrès » serait« on ne peut plus nécessaire enEurope et cette crise est en train d’ycontribuer », ajoute-t-il.

Renault donne en effetl’impression de ne pas trop malsupporter la crise financière etéconomique. Assise sur ses15 milliards de profits réaliséssur quelques années, l’entre-prise a annoncé pour 2008 desbons résultats de ventes maisdes bénéfices en baisse, se mon-tant tout de même à 600 mil-lions d’euros.

Elle en a profité pour réduireconsidérablement la primed’intéressement versée aux sala-riés embauchés, les privantd’une somme correspondant àun mois et demi ou deux moisde salaire. De même, sous pré-texte de « réduire la voilure pargros temps », le constructeuravait programmé 6 000 sup-pressions d’emplois dans legroupe et le plan Ghosn incitantun maximum de travailleurshors production à prendre leurcompte avant fin avril a donnéquelques fruits... amers. À

l’usine de Flins, par exemple,près de 400 salariés ont signéleur départ, la plupart pour fuirla pénibilité de l’usine et àdéfaut de plan de départ anti-cipé en retraite, comme il enexistait il y a quelques années.Après la mise en fin de contratde plusieurs centaines d’intéri-maires, pour lesquels retrouverdu travail dans une région oùl’automobile licencie s’avèremission impossible, ces sup-pressions d’emplois supplé-

Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �5

Leur société

� CAC 40

35 milliardsde dividendes

Les act ionnaires desentreprises du CAC 40 (lesquarante plus importantescotées à la Bourse de Paris)toucheront pour l’année2008, d’après les estimationspubliées par le journal LesÉchos , l a bagate l le de35,5 milliards de dividendes.Dans le trio de tête on trouveTotal qui distribuera 5,4 mil-liards d’euros, puis GDFSuez, 4,82 milliards et FranceTélécom avec 3,66 milliards.Sur les 40 entreprises, cinqseulement ont annoncéqu’elles ne verseraient aucundividende. En 2007 les divi-dendes s’étaient élevés à37,8 milliards. La baisse pour2008 ne serait donc que de14 % alors que les bénéficesnets diminueront de 40 %.

Les entrepr ises duCAC 40 ne peuvent pas mon-trer plus clairement que,crise ou pas, elles se refusentà demander le moindre sacri-fice à leurs actionnaires,même si elles font moins debénéfices. D’ailleurs parmiles cinq qui n’en font pas,deux, STMicroelectronics etUnibail-Rodamco, verserontquand même des dividen-des...

Pour un des responsablesdu cabinet chargé de l’esti-mation, cela est normal carles dividendes « sont unsignal de confiance que lesentreprises donnent au mar-ché. Les sociétés veulent fidéli-ser leurs actionnaires ». Il netrouve rien à redire au faitque le rapport entre le résul-tat net et les dividendes ver-sés serait maintenant de60 %, un record jamaisatteint depuis 1987.

Les actionnaires peuventdonc compter sur les direc-tions des grandes entreprisesqui font le maximum poureux. D’ailleurs ces PDGsavent bien que leurs propresrémunérations dépendent deces actionnaires qui n’hési-tent jamais à les remplacer– parachutes dorés àl’appui – si justement ils neparviennent pas à leur verserdes dividendes. Et pour ver-ser des dividendes colossaux,ces mêmes dirigeants n’hési-tent pas à fermer des usines, àruiner l’économie de régionsentières et à jeter dans lamisère des milliers de salariésqui, eux, n’ont que leursalaire pour vivre.

Cédric DUVAL

� Société Générale

Retraite doréepour Bouton

Le départ définitif de Bou-ton de la Société Générale – unan après avoir quitté son postede PDG pour celui de présidentdu Conseil d’administration – adonné lieu à des déclarationsthéâtrales dans la presse. « Lepouvoir politique n’a eu de cessede vouloir le guillotiner », a ainsidéclaré un de ses collaborateurs.

Il est pourtant difficile de fairepleurer sur le sort de Bouton et delaisser croire que le gouverne-ment et Sarkozy ont exercé unequelconque violence contre lui.Non seulement il n’a évidem-ment pas laissé sa tête dans lesdifférents épisodes qui ont mar-qué la Société Générale depuisl’affaire Kerviel, mais il n’a mêmepas été vraiment délesté de sesconfortables revenus.

Ainsi, à partir d’avril 2010,

année de ses soixante ans, ilpourra toucher une confortableretraite de 730 000 euros par an,soit un revenu garanti de2 000 euros par jour – auxquelss’ajouteront ses droits de retraitéde la fonction publique. Cettecoquette somme s’additionneraau magot que la direction de laSociété Générale lui a permisd’accumuler pendant des annéesquand il était parmi les patronsles mieux payés de France. Bou-ton prend sa retraite de la SociétéGénérale peut-être plus tôt qu’ilne l’envisageait et avec des bonusmoindres qu’il ne l’escomptait,mais qu’il se rassure, l’angoissedes fins de mois difficiles, ce serapour les autres, pour les victimesde la crise de ce système financierqu’il a contribué à gérer.

Boris SAVIN

� Livret A

À quandles taux négatifs ?

Depuis le 1er mai, le taux dulivret A est tombé à 1,75 %.C’est son niveau le plus basdepuis la création du livret decaisse d’épargne, en 1818 ! Le1er février de cette année, ilétait déjà passé de 4 % à 2,5 %.

Cette dégringolade résulte,nous dit-on, du système decalcul automatique adopté en2003. Jusque-là, le taux dulivret était fixé directement parle gouvernement. Le calculautomatique visait surtout àdéconnecter le plus possible letaux du livret A de l’évolutionréelle du coût de la vie, en lefaisant reposer sur des indicesgouvernementaux trafiqués.

L’inflation étant officielle-ment presque nulle en France,le taux aurait dû être fixé à

1 %. Cependant, pour éviterles critiques trop vives, le gou-vernement l’a fixé à 1,75 %. Ilsuffira qu’à l’avenir il laissejouer librement le mécanismede fixation pour que le taux serapproche de zéro, en laissantcroire que le pouvoir n’y peutrien.

Alors que les actionnairesde fonds de pension, parexemple, décident de l’arrêtd’une entreprise et licencients’i ls n’obtiennent pas aumoins 10 à 15 % de retour surinvestissement, il ne faudraittout de même pas que lespetits épargnants, qui sont lamajorité des titulaires d’unlivret A, s’en mettent plein lespoches !

Vincent GELAS

� Carlos Ghosn

La crise, une bonne opportunitémentaires font clairement por-ter à la population ouvrière lepoids de la crise. À quoi et à quia servi d’ailleurs l’aide de troismilliards reçue de l’État ?

Les dirigeants de Renaultn’ont pas hésité, fin 2008 etdébut 2009, à user et abuser duchômage partiel dans les usinesde production, où les ouvriersn’ont travaillé que quelquesjours en décembre et janvier, lepatron puisant pour cela dansles congés.

Le salaire, indépendammentmême de la perte des 9/10èmesde la prime d’intéressement, aété quasiment bloqué ; l’aug-

mentation générale annoncéeen février dernier se résumed’ailleurs à... 0 %. Il ne reste qued’éventuelles augmentationsindividuelles ou autres « blocsde compétence », accordés aucompte-gouttes. Pas de quoiévidemment rattraper le retarddu pouvoir d’achat qui semonte à au moins 200 ou300 euros par mois.

Mais puisque les actionnai-res sont contents, et il y a dequoi, le versement d’un milliardd’euros de dividendes leurayant été promis cette année,Ghosn est satisfait.

Viviane LAFONT

LO

Renault-Flins.

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� Le Père Dodu

Un capitaliste renfloué par des aides « agricoles »En tête des bénéficiairesdes subventions de laPolitique agricole commune(PAC) figure le groupevolailler Doux, connunotamment à travers lamarque du « Père Dodu »,qui a reçu en un an62,8 millions d’euros.

Au second rang de ces aidesprétendument agricoles, ontrouve Saint-Louis SNC (Géné-rale sucrière) avec 38,6 millions,suivi d’autres groupes sucriers.Ces groupes de l’agroalimen-taire battent de loin le princeAlbert de Monaco, ce pauvreagriculteur qui n’a touché que253 892 euros pour sondomaine de Marchais dansl’Aisne.

Le groupe Doux, contrôlé à80 % par la famille du mêmenom, classée 149e fortune deFrance avec 280 mil l ionsd’euros, compte 13 000 salariésà travers le monde, dont envi-ron 5 000 en France. Il a sup-primé l’année dernière près de700 emplois à Locminé et àPleucadeuc dans le Morbihan,ainsi qu’à Châtelet dans le Cher.Xavier Bertrand, alors ministredu Travail, avait déclaré quel’État assumerait toutes ses res-ponsabilités, ajoutant que « les

salariés ne sont et ne seront passeuls », et il avait transmis unmessage d’« urgence » à son col-lègue Michel Barnier, ministrede l’Agriculture. Mais c’étaitpour le discours.

Quand il s’agit de subven-tions, l’État sait se montrerautrement efficace. Le groupeDoux déclare que « l’intégralité

des 62 millions d’euros est cons-tituée de restitutions à l’exporta-tion », précisant que pourchaque tonne de vola i l leexportée, Doux touche entre300 et 500 euros, soit entre 30 et50 centimes sur un prix moyend’un euro par kilo. Ces « resti-tutions » sont, dans le langagede l’Union européenne, des

subventions prises sur l’argentpublic.

Selon la Confédération pay-sanne, Doux bénéficie égale-ment d’aides publiques indirec-tes du fait que la nourriture desanimaux est produite dans sespropres usines, à base de céréa-les largement subventionnées.

Par ailleurs, Doux a bénéfi-

cié d’aides publiques du Conseilgénéral du Finistère et de larégion Bretagne. Sous le gou-vernement socialiste de Jospin,il avait touché des subventionspour le passage aux 35 heures,ce qui ne l’avait pas empêché, en2003, d’imposer la suppressiondes RTT et 37 h 30 de présencedans l’usine payées 35 heures. Àpartir de juillet 2004, Douxn’avait plus rémunéré les tempsde pause, ce qui a conduit prèsde 1 300 salariés du groupe,aidés par la CGT, à engager despoursuites auprès de plusieursconseils des prud’hommes.

Par ailleurs, le groupe sou-met 4 300 éleveurs « indépen-dants » à des conditions de pro-duction et de rémunération quin’ont rien de doux : il leur four-nit les poussins et les aliments,assure le suivi vétérinaire etachète les volailles à des prixqu’il leur impose.

Si la fortune de Doux etl’accumulation des subventionsau fil des ans étaient mises sur latable, on verrait alors qu’il estpossible de permettre de vivre àtous les travailleurs, ou ex-tra-vailleurs, salariés ou éleveurs« indépendants ».

Jean SANDAY

Commencée entre les deuxguerres, la fortune de la familleDoux s’est envolée dans lesannées 1970 lors de la signaturepar l’État de nouveaux contratspétroliers avec notammentl’Arabie saoudite. Doux fournità celle-ci des poulets congelés,en touchant chaque année unepart des aides à l’exportation dela Politique agricole commune,aujourd’hui de l’ordre de220 millions d’euros. Selon unexpert de l’Institut national dela recherche agronomique, « lesmontants peuvent paraîtreimpressionnants mais ils étaientdix fois plus importants il y a dixans ».

L’Union européenne jus-

tifie les aides aux capitalistesqui exportent des produitsd’origine agricole par la « pré-férence communautaire »,adoptée dès 1958 lors de laconférence de Stresa. Elles’illustre par des droits dedouane sur les produits impor-tés aux frontières de l’Unioneuropéenne et le versementd’aides à l’exportation. Cesaides, appelées « restitutions »,permettent aux exportateurs defaire sur le marché mondial lemême profit qu’ils tireraient duprix interne à l’Union euro-péenne, plus élevé.

Les accords internationauxde Marrakech de 1994, don-nant naissance à l’Organisation

mondiale du commerce, ontannoncé un arrêt, à terme, dessubventions aux exportationsagricoles de l’Union euro-péenne. Mais quinze ans plustard, elles sont loin d’avoirtotalement disparu. Chaquemois, l’Union européennecontinue à déterminer les tauxd’aides en fonction des prix dumarché mondial. Doux enbénéficie encore, tout en se féli-citant d’être devenu un « leaderde l’exportation » de la volaille,devenue la première viandeconsommée dans le monde,devant le porc, en progressionde 4 % en 2008.

J.S.

6�Lutte Ouvrière n° 2127�8 mai 2009

Leur société

Une fortune à l’ombrede l’État et de l’Union européenne

� Politique agricole commune

On ne prête qu’aux richesLes règles de l’Europeimposent désormais lapublication, par les États,des listes de bénéficiairesde la Politique agricolecommune. Cela permet deconstater que les plusimportants bénéficiairesde ces aides sont les plusriches, naturellement !

La Politique agricole com-mune (PAC), mise en placedès les débuts de la Commu-nauté européenne, a pourobjectif, sur le papier, d’assu-rer « un niveau de vie équi-table à la population agri-cole ». On se demande alorsce que font, dans la liste desbénéficiaires, le groupeLVMH ou... la reine d’Angle-terre ! Ils ne sont pas parmi lesmoindres. En France commeen Grande-Bretagne, les trèsgrands propriétaires terriensou les groupes industrielsagroalimentaires sont les pre-miers bénéficiaires des aidesde la PAC.

Certes, l’écrasante majo-rité de ces aides vont bien à

des agriculteurs. Mais la plu-part d’entre eux, c’est-à-direles plus petits, ne touchentque des aides dérisoires,quand une minorité, les plusriches, perçoit des subven-tions plus que confortables.Ainsi les 30 % les plus pauvresdes agriculteurs touchent2,5 % du total des aides et les10 % les plus riches en cap-tent 36 % !

Mieux encore : bien loinde la « population agricole »censée être aidée par la PAC,on ne trouve, parmi lesvingt-quatre plus gros bénéfi-ciaires des subventions... pasun seul agriculteur ! La PACsert donc aussi à « assurer unniveau de vie équitable » àBernard Arnault, le richissimepatron de LVMH – en tantque producteur de cognac.

Cette distribution d’argentpublic à des groupes qui n’enont nul besoin s’est doncdéroulée pendant des dizainesd’années dans la plus parfaiteopacité – jusqu’à ce règle-ment imposant sa publicité.

Et l’on comprend que lemonde des capitalistes del’agroalimentaire aurait bienaimé que cette opacité per-dure. Tous en chœur, leursreprésentants ont expliquédans la presse ces derniersjours qu’ils étaient naturelle-ment tous favorables à unetransparence totale, mais...

pas dans ce domaine. AinsiÉric Lainé, président de laConfédération des planteursde betterave, a-t-il déclarébenoîtement sur France Infoque cette publication « n’estpas une bonne chose », parceque « la publication de chiffressortis de leur contexte est plusde nature à jeter le trouble qu’à

éclairer nos concitoyens ».Au contraire, la publica-

tion de ces chiffres est très« éclairante » : la PAC est, engrande partie du moins, uneautre de ces innombrablespompes à fric qui alimententles caisses de groupes déjàmilliardaires.

Pierre VANDRILLE

La PAC est une énormemachinerie qui dévore rienmoins que 40 % du budget del’Union européenne. Elle sertavant tout à assurer une cer-taine stabilité du marché agri-cole... pour le plus grand profitdes grands groupes agroali-mentaires.

Un des objectifs avoués dela PAC est en effet « d’éviter lasurproduction ». Un systèmecomplexe de compensations adonc été mis en place pourinciter les agriculteurs à ne pas

produire au-delà de certaineslimites fixées par l’UE : ce sontles fameux quotas. Quant auxdenrées excédentaires, c’est làencore l’Union qui les rachèteet les stocke... ou les détruit.

Depuis 1992, un dispositifdit de « découplage » a étécréé, là encore pour inciter lesagriculteurs à ne pas trop pro-duire : les aides directes qu’ilstouchent sont ainsi décou-plées de la product ion,c’est-à-dire qu’ils touchent lamême subvention, qu’ils pro-

duisent peu ou beaucoup.

Oser parler de produire« trop », « d’excédents » ou de« surproduction agricole »,dans un monde où un enfantmeurt de faim toutes les cinqsecondes, est tout simplementahurissant. La haute producti-vité agricole de la zone Europedevrait profiter à toutes lesrégions frappées par la misèreet être au contraire un bienfaitpour l’humanité.

P.V.

La PAC,un système au service des capitalistes

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Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �7

Leur société

� Surveillants de prisonen lutte

Le méprisdu gouvernementLundi 4 mai, les surveillants ont commencé un blocagedes prisons, en s’opposant au transfert des détenusd’une prison à l’autre ou vers les palais de justice pourune audition ou une comparution. Les surveillants deprison n’ont pas le droit de faire grève et, face à eux, legouvernement a choisi la manière forte.

Ainsi les CRS ont, par troisfois, délogé la centaine de sur-vei l lants bloquantFleury-Mérogis, à coups dematraques et de grenadeslacrymogènes. Les CRS sont ànouveau intervenus devantles prisons bloquées mardi5 mai au matin. Les violencespolicières n’ont cependantpas empêché, d’après les chif-fres mêmes de l’administra-tion pénitentiaire, le blocagede 79 établissements sur 194,les syndicats parlant de 120prisons et de 4 000 gardiensparticipant au mouvement.Pour montrer leur détermi-nation malgré les violencespolicières, alors même que lessyndicats étaient reçus mardi5 mai par la ministre de la Jus-tice, Rachida Dati, les surveil-lants ont commencé à étendrele blocage aux visites desfamilles et des avocats.

Les gardiens de prisondénoncent la détérioration deleurs conditions de travail,liée à la surpopulation carcé-rale. Au 1er avril, 63 351 pri-sonniers s’entassaient dansdes prisons disposant de seu-lement 52 535 places et àFleury-Mérogis , la plusgrande prison d’Europe, il y a3 700 détenus dans des cellu-les prévues pour 2 855 ! Cen’est pas la politique sécuri-taire du gouvernement quiaméliorera les choses, avecl’augmentation du nombredes détenus – il y en avait49 000 seulement, si on peutdire, en 2001 – liée entreautres à la multiplication descourtes peines de quelquessemaines à moins d’un an(15 000 détenus). Quant auxnouvelles prisons, elles sont

déjà encombrées, comme parexemple à Lyon où les déte-nus de deux prisons vétustesont été transférés dans unenouvelle, prévue pour 600prisonniers mais danslaquelle mille lits ont déjà étéinstallés.

Dans de telles conditions,la tension ne peut que monterdans les prisons, entraînantune aggravation des condi-tions de travail des gardiens etune dégradation des condi-tions de vie des détenus.Depuis le début de l’année,l’Observatoire des suicides etdes morts suspectes a dénom-bré 52 suicides de prisonniers,soit plus d’un tous les troisjours. Ce taux est le double decelui constaté en Allemagneou en Grande-Bretagne, et letriple de celui de l’Espagne. Etdix surveillants ont eux aussicraqué depuis le début 2009,mettant fin à leurs jours.

Face à la colère des surveil-lants, Éric Woerth, le ministredu Budget, a d’ores et déjà ditqu’il n’y aurait pas un centimede plus pour les prisons.Rachida Dati a reçu les syndi-cats mais a ensuite suspendules négociat ions . Jeudi30 avril, elle avait proposé,pour désamorcer le conflit, lacréation d’un quatrièmeposte la nuit dans les petitsétablissements et la mise enplace d’un bureau d’aidessociales à partir du 1er juillet.Les gardiens, refusant cesmesures dérisoires, ont choiside se battre, y compris contreles CRS, pour refuser de sup-porter plus longtemps lesconditions honteuses quirègnent dans les prisons.

Cédric DUVAL

Face à la faillitedu capitalisme,actualitédu communismeTextes des interventions

d’Arlette Laguiller et de

Nathalie Arthaud dans les

meetings de Lutte Ouvrière

(1er trimestre 2009)Prix : 2 euros

Envoi contre 6 timbres à 0,56 euro

� Les journées du 26 mai et du 13 juin

Dans quellesperspectives ?Les huit centrales syndicales qui avaient appelé auxjournées du 29 janvier, du 19 mars, puis du 1er mai, ontdécidé d’appeler en commun à deux nouvelles journées. Lapremière, le mardi 26 mai, va se traduire par des« mobilisations décentralisées adaptées à chaque situationlocale », la seconde est prévue un samedi, le 13 juin. Lesorganisations se félicitent d’avoir su maintenir une unitéque nombre de commentateurs estimaient fragile.

Certes, cette unité a été l’undes facteurs de réussite des troisjournées de ce premier tri-mestre 2009. Y compris celle du1er mai, même si elle s’est tra-duite par une participationmoindre que celle des journéesprécédentes, a quand mêmerassemblé bien plus que les1er mai d’un passé récent. On apu noter en effet que la partici-pation aux défilés du 1er maiétait plus familiale et associaitdes salariés qui ont plus de diffi-cultés à se joindre à des appels àla grève. L’unité est utile, mais àcondition qu’elle soit un moyend’élargir et de renforcer laconfiance et la déterminationdes travailleurs, et qu’elle nedevienne pas un but en soi.

En tout cas l’ampleur de laparticipation à ces manifesta-

tions montre l’existence d’unmécontentement profond,général et persistant des travail-leurs et de la population labo-rieuse. Les sacrifices que lepatronat et le gouvernementvoudraient imposer au mondedu travail, et à lui seul, ne pas-sent pas. De plus en plusd’hommes et de femmes mani-festent ou font grève pour mon-trer qu’ils n’acceptent pas desubir en silence et qu’ils ne selaissent pas abuser par les dis-cours menteurs qui visent àfaire croire que, face à la crise, ilfaudrait que chacun y mette dusien.

La démonstrat ion del’ampleur du mécontentementpopulaire, mais aussi de lavolonté de l’exprimer en répon-dant aux appels des organisa-

tions syndicales, n’est donc plusà faire. Faut-il en organiser deuxnouvelles ?

Face à un gouvernement quirépète qu’il n’a l’intention decéder sur rien, face à un grandpatronat dont l’unique souci estle maintien des dividendes desactionnaires, l’objectif pour lestravailleurs ne peut se limiter àune énième démonstration quirépète la précédente. Il doit êtrede créer un rapport de force quicontraigne le front gouverne-ment-patronat à des reculssignificatifs sur des revendica-tions essentielles pour le mondedu travail. Un tel rapport deforce ne se construit pas sur unclaquement de doigts, c’est vrai.Cela exige une volonté, unedétermination qu’on a bien dumal à discerner dans l’attitudedes huit confédérations syndi-cales réunies.

Pourtant, si les prochainesjournées du 26 mai et du 16 juindoivent avoir un sens, c’est ens’inscrivant dans cette perspec-tive.

Jean-Pierre VIAL

� Liste Dieudonné

Des idées nauséabondes,et une propositionqui ne l’est pas moinsPour une fois queDieudonné étaitrelativement discret, c’estl’Elysée qui lui a fait sapublicité, par la bouche deson porte-parole. ClaudeGuéant a en effet proposéd’interdire, au nom de lalutte contre l’antisémitismeet l’incitation à la haineraciale, les listes auxélections européennes dontce spécialiste de laprovocation sera une destêtes de file.

Cette proposition, inquié-tante car ouvrant la porte àl’arbitraire le plus total, n’estqu’une manœuvre politiciennede la part du gouvernement,dont les mobiles peuvent allerde l’envie de faire plaisir auxélecteurs pro-israéliens à cellede faire oublier sa politiquesociale.

Ce n’est certes pas l’interdic-tion de ces listes qui pourracombattre efficacement lesidées de Dieudonné. Cela dit, leprogramme des listes en ques-

tion confirme bien son carac-tère profondément réaction-naire, même si, sur ce terrain,Dieudonné n’arrive pas à la che-ville de politiciens d’extrêmedroite, de Le Pen à de Villiers,en passant par un certainnombre d’hommes politiquespassés par le Front National etrecasés dans la droite « offi-cielle ».

Opposant à la candidate duFN, Marie-France Stirbois àDreux en 1989, Dieudonné en2006 a rencontré Le Pen et « samain tendue aux Français d’ori-gine étrangère » ! Conversionmiraculeuse qui suivait un cer-tain nombre de déconfituresélectorales et d’effacement de lascène médiatique, sûrementinsupportables pour cet his-trion.

Aujourd’hui, Dieudonnéannonce qu’il conduira enIle-de-France une des listesimpulsées par le Parti Antisio-niste de France. Ce groupe sepropose de « libérer l’État, legouvernement et les médias de la

mainmise s ioni s te » et de« redonner le pouvoir à la Franceet aux Français ». On voit queson « antisionisme » a desrelents d’antisémitisme etemprunte au langage del’extrême droite.

Il y a une logique dans ladérive de quelqu’un qui a invitéà son dernier spectacle desnégationnistes comme Fauris-son et des leaders de groupes« catholiques, nationalistes etcontre-révolutionnaires ». Sacandidature n’aura peut-êtrepas plus d’impact qu’un de sesspectacles et peut-être moins.Mais le public que visent ces lis-tes, les jeunes beurs ou blacksulcérés par le sort que leur fait lasociété, ceux que révolte la poli-tique criminelle du gouverne-ment israélien envers les Pales-tiniens, tous ceux-là auraientbien tort de se laisser séduire parce défenseur, même inconsis-tant, d’une politique fonda-mentalement hostile à leursintérêts.

Sylvie MARÉCHAL

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8�Lutte Ouvrière n° 2127 � 8 mai 2009 Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009�9

Les 30, 31 mai et 1er juin à Presles (Val-d’Oise)

La Fête de Lutte OuvrièreDans un peu plus de trois

semaines, la Fête de LutteOuvrière ouvrira ses portespour les trois jours duweek-end de la Pentecôte, ycompris bien sûr le lundi, soitles 30, 31 mai et 1er juin.

Ce sera pour tous nos amiset camarades l’occasion de seretrouver à un grand rassem-blement populaire, placé sousle signe de la fraternité.

Tous les participants pour-ront ainsi s’amuser, se restau-rer, assister à des spectaclesvariés, mais aussi s’instruire.

La Fête sera un momentimportant de notre campagnepour les européennes, car ellesera placée à seulement unesemaine du scrutin

On trouvera dans ces deuxpages un ap er çu , enco r eincomplet, de tout ce que l’onpourra voir et faire à la Fête.

Et plus encore le jour venu,car le programme est encore entrain d’être complété, aussibien en ce qui concerne lesdébats, la participation desartistes que les multiples ani-mations qui jalonneront la fête.

HorairesLa Fête ouvrira le samedi 30 mai à 11 heures jusqu’à 23 heu-

res, puis sans arrêt, du dimanche matin 9 heures jusqu’au lundisoir 20 heures.

Commandez vite vos cartes d’entréeJusqu’à la veille de la Fête, la

carte d’entrée ne coûte que12 euros pour les trois jours. Àl’entrée de la Fête, elle vaudra15 euros. Cela vaut donc la peinede se la procurer à l’avance.L’entrée de la Fête reste gratuitepour les enfants de moins de14 ans accompagnés.

Vous pouvez vous procurercartes et bons d’achat (d’unevaleur de 5 euros pendant la fête,mais vendus maintenant 4 euros) :

- soit en écrivant à : LutteOuvrière BP 233 75865 ParisCedex 18

- soit auprès de nos camara-des.

Indiquer, dans votre courrier,le nombre de cartes et de bonsdemandés, et joindre un chèquedu montant voulu à l’ordre deLutte Ouvrière. Ne pas oublier dementionner l’adresse d’expédi-tion. Envoi franco.

Venir à la FêteLa Fête de Lutte Ouvrière se

déroule à Pres les , dans leVal-d’Oise, à 30 km au nord deParis, dans un parc boisé de12 hectares.

depuis la région parisienne...

Pour venir à la Fête, le plusfacile est de prendre les cars gra-tuits qui partent du métroSaint-Denis-Université, termi-nus de la ligne 13. Avec les cars,pas de soucis de stationnement,ils vous déposeront à l’entrée dela Fête, et fonctionneront auxmêmes horaires que la Fête.

Par le train, de la gare duNord, il faut prendre la directionPersan-Beaumont par Mont-soult-Maffliers jusqu’à la gare dePresles, située à 900 mètres del’entrée de la Fête.

...et depuis la province.

Des départs collectifs, en carou en train, sont organisés à par-tir de nombreuses villes de toutesles régions. On peut aussi se ren-seigner auprès de nos camaradeslocaux ou sur les sites Internet denos fédérations(www.lutte-ouvriere.org).

Tout savoir sur la Fêtehttp fete.lutte-ouvriere.org

Au Grand PodiumSamedi 30 mai

GUMBO COMBO, cocktail desax, piano, basse... entre rocka-billy blues et boogie woogie

MICHEL BÜHLER chante contrel’oppression, la bêtise, les inéga-lités sociales ou les idées toutesfaites…

SHAGGY DOGS , mixRock’n’Roll/Blues/Garage/Rhythm’n’Blues. Beaucoup d’énergieau programme.

AMÉLIE-LES-CRAYONS et sestrois musiciens présentent dansun vrai spectacle malicieux, deschansons empreintes de fan-taisie, de poésie et d’originalité.

Dimanche 31 maiALEE et les nouveau-nés,l’histoire d’un petit beur bretonqui passe du hip hop à la chan-son pour raconter son quotidienavec humanité, humour, causti-cité.

LES WRIGGLES dans « Tantpis ! Tant mieux ! » trois chan-teurs-comédiens, toujours enmouvement sur scène, dans unspectacle musical enlevé, le plussouvent très drôles.

BEN’BOP : « une seule tête » enwolof, folk wolof, rock hip-hop,musique hybride fruit de la ren-contre de deux chanteurs afri-cains et d’Arnaud, le violonistede LOUISE ATTAQUE et deTARMAC.

MAP, Ministère des AffairesPopulaires, présente son nou-vel album « Les Bronzés font duchti », des mélodies qui fontvoyager de Lille à Ramallah enpassant par Alger. Un appel à larévolte, à la désobéissance etsurtout à la solidarité.

Lundi 1er juin

PPFC, sept musiciens de la nou-velle scène française aux universmusicaux divers (chanson, rock,valse, pop...) dans un style dyna-mique.

OLIV’ ET SES NOYAUX ryth-mes hispanisants, violon tzi-gane, accordéon, bonne humeurfestive garantie

Au Petit Théâtre– Nasty Vibes, éclectik hip hop

– Guzzle Band, jazz groove

– Le quartet de Jef Sicardavec G. Garrigue, P-Y. Desoyer etF. Casagrande, Tribute to CharlieParker : « Bird’s wings »

– Bazar et Bémols, nouvellescène française

– Faut pas payer de Dario Fopar le Théâtre de l’Arrière-Cour.

Une farce engagée sur la résis-tance des petites gens et leursdifficultés face au pouvoirrépressif.

– Séverine et Nicolas, chantsde lutte et d’espoir

– Basses besognes, chansonsqu’il fallait bien faire

– Midnight Jokers, reprisesrock

– Le cuisinier propose aulapin : si on faisait un civetensemble par le GroupeThéâtre de l’Opprimé GTO,théâtre-forum sur le salariat

– Les Groling Stones, swing

– Les bouffonsOpéra-bouffe par la joyeusetroupe des Moyens du Bord

– Moonlight Swampers, rock

Notre porte-paroleNathalie ARTHAUD,prendra la parole aucours de deux meetings,sur le podium central.

Dimanche 31 mai à 15 hLundi 1er juin à 15 h.

LOLO

AnnePiganial

MAP

Wriggles

Les films projetésà la Fête

� En présencedes réalisateurs

LOUISE MICHEL de SolveigAnspach. En avant-première àla fête de Lutte Ouvrière

Ce documentaire rappelle lesidées de La Commune(1871) àtravers la déportation de LouiseMichel en Nouvelle-Calédonie,

AGNUS DEI de Lucia Cedron

Trois générations d’une mêmefamille argentine confrontéesaux séquelles de la dictature.

LA JOURNÉE DE LA JUPE deJean-Paul Lilienfeld (avec Isa-belle Adjani)

Dans un collège difficile, uneprofesseure « pète les plombs ».

Les 16 de BASSE-POINTE,documentaire de Camille Mau-duech

Pendant une grève qui sedéroulait dans une exploitationsucrière, en 1948 à la Marti-nique, le gérant avait étéretrouvé mort, tué à coup decouteaux. Seize ouvriers agrico-les grévistes ont été arrêtés.

MOOLAADE de SembeneOusmane, en présence du fils deSembene Ousmane

L’histoire de quatre fillettes quifuient l’excision.

C A M E R O U N , A U T O P S I ED’UNE INDÉPENDANCE,documentaire de Gaëlle Le Royet Valérie Osouf

MOI, LOUIS, ENFANT DE LAMINE, de Thierry Binisti

À Courrières, en 1906, l’amitiéentre un fils de mineur et un filsd’ingénieur, mise à mal par lacatastrophe de la mine.

DE CHAQUE CÔTÉ DESIMAGES, documentaire deJérôme Laffont

Pendant la guerre d’Algérie,l’engagement de militants, dontRené Vautier, cinéaste, membredu PCF, au côté des algériensqui se battaient pour leur indé-pendance.

FORTUNES ET INFORTUNESDES FAMILLES DU NORD,documentaire de Gilles Bal-bastre

Le parcours et les pratiques del’une des grandes familles denégociants en laine.

� Les autres films

WELCOME de Philippe Lioretavec Vincent Lindon

LES CITRONNIERS de EranRicklis

LES BUREAUX de DIEU deClaire Simon

VALSE AVEC BACHIR de AriFoldman

GOMORRA de Matteo Gar-rone

LE CHANT DES MARIÉS deKarin Albou

BURN AFTER READING deJoel et Ethan Cohen avec Geor-ges Clooney et Brad Pitt

LA ZONA de Rodrigo Pla

MASCARADES de Lyes Salem

TOUTE MA VIE EN PRISONde Max Evans

ALIKER de Guy Deslauriers

Fêtes régionales de Lutte OuvrièreMarseilleDimanche 10 maià partir de 11 h 30Parc de Valabre à GardanneNavette gratuite en car entreMarseille et Gardanne

AngersSamedi 16 maide 16 h à 24 hAvec Valérie HamonSalle Aragon à TrélazéBus : ligne 2, arrêt Malaquais

Les débatsqui vient

d’écrire L’antisémitisme enRussie, de Catherine II à Soljenit-syne

auteurd’essais et de témoignages. Sondernier livre : À vos ordres ?Jamais plus !

quivient de publier, avec MaurizioGribaudi, 1848, la révolution

oubliéelinguiste, à pro-

pos de son dernier ouvrage : Lesmots migrateurs : les tribulationsdu français en Europe

, animateur dela grève de Lip à Besançon en1973

, historien, àpropos de son dernier livre His-toire, théâtre et politique

Forums sur la situationpolitique

Deux grands forums seront organisés par nos camarades au cha-piteau Karl Marx :

– Les luttes sociales aux Antilles– Face aux licenciements, face aux baisses de

salaires causées par le chômage partiel, face aux fer-metures des sous-traitants, la lutte des travailleursde l’automobile

L’ArboretumAu sein du parc se trouve un

bel Arboretum, avec plus de centespèces différentes d’arbres. Unsentier botanique a été aménagéavec deux promenades différen-tes, chacune d’environ 40 minu-tes, pour commencer à répondreaux questions sur les arbres :

- Une visite consacrée, à :« l’arbre, quel être étonnant ! »Ils vivent de soleil et d’eau

fraîche, ils connaissent le sexe etont une histoire cent fois pluslongue que les hommes.

- Une nouvel le v is i te :« l’arbre, quelle histoire ! » Despremières forêts avant les dino-saures à celles d’aujourd’hui, lesespèces appréciées sous lesRomains, au Moyen Âge ou pen-dant la Révolution française.

Dès l’entrée de la Fête, on traverse un Village médiéval oùs’exercent quelques-unes des activités du Moyen Âge, desmétiers des armes aux arracheurs de dents (mais ceux-là fontsemblant !)

LOLO

LO

Le parcours dans les arbres

Tous ceux qui aiment les sen-sations fortes pourront découvrirun parcours aérien permettantde se déplacer d’arbre en arbre àplusieurs mètres de hauteur.Échelles, ponts de singe, tyro-liennes, filets, rien ne manquepour se faire peur en toute sécu-rité. Le parcours se fait sous la

surveillance de moniteurs com-pétents. Pour des questions desécurité, un âge minimum de13 ans et une taille de 1,50 m sontexigés. Pour les mineurs, la pré-sence d’un adulte, muni d’uneautorisation parentale, serademandée au départ du par-cours.

2009 : année DarwinCette année, le Carrousel de la

Connaissance fête Darwin, carc’est tout à la fois le bicentenairede sa naissance, et le 150e anniver-saire de la parution de sonouvrage, L’origine des espèces par

le jeu de la sélection naturelle. Uneœuvre chère aux matérialistes, unprogrès décisif de la connaissancequi fit vaciller Dieu de son piédes-tal. 45 minutes de spectacleaudiovisuel.

La Cité des SciencesLes mini-conférencesPour tous les goûts ettoutes les curiosités, desconférenciers se relaientpour traiter de questionsscientifiques, parmilesquelles :

– Pourquoi la vitesse derotation de la Terre varie-t-elle,comment la calculer

– N’importe quel objet peutdevenir une télécommande

– La voix, comment çamarche

– L’épidémie de grippe A– Quel est le pouvoir des

crèmes anti-rides ?– Les antibiotiques, ce n’est

pas automatique– OGM, manipulation

génétique : mode d’emploi– Les marées et la face

cachée de la Lune... ou l’appa-rition des idées évolutionnistesen astronomie

– Le son : du bruit aux

notes de musique– En dessinant en perspec-

t ive , les peintres ont- i l sinfluencé les géomètres ?

– Au fin fond de la matière,que peut nous apprendre lenouvel accélérateur du CERN

– Probabilités, coïnciden-ces et paranormal : le rapportentre le Triangle des Bermu-des, les extra-terrestres et la tar-tine de beurre.

– Comment les hommesont-ils appris à compter ?

– La société des fourmis– Champs magnétiques,

ondes électromagnétiques,antennes-relais, téléphonesportables : un danger pour lasanté ?

– De la chute d’eau d’Aris-tote à nos neurones, la percep-tion visuelle

– Une observation de lafaune et de la flore

Forums scientifiquesParmi les scientifiques quiseront présents pour exposercertains de leurs thèmes derecherche, et pour répondreaux questions du public,nous pouvons déjà annoncerla présence de :

(biologie) :« L’architecture du vivant »

: « L’idéed’évolution dans les sciences ducosmos et de la matière avec Eins-tein »

(astro-physique) : « Les étoiles, nos loin-taines origines »

(astrophysique) : « Les anneauxde Saturne et la formation du sys-tème solaire »

(zététiqueet fausses sciences) : « Y a-t-il unproblème des antennes relais télé-phoniques ? »

(astrophy-sique) : « Trous noirs, étoiles àneutrons et autres objets exotiquesde l’univers »

(bio-logie) : « La légende des gènes »

(astrophy-sique) : « La mission Stardust :rencontre avec une comète »

: « L’évo-lution selon Darwin à la lumièrede l’actualité scientifique »

(phy-sique) : « Gouttes et bulles, desobjets quotidiens pleins de surpri-ses »

(étho-logie) : « Organisation sociale etintelligence chez les Primates »

(physiquethéorique et modèles statisti-ques) : « La supraconductivité :quand les électrons s’unissentpour une cause »

et: « Le

retour de l’obscurantisme contrele darwinisme »

(bio-logie)

(méde-cine-urologie) : les transplan-tations multiples d’organes,« des greffes désormais à laportée de la science »

(mathématique) : « Statisti-ques, hasard et coïncidencesdans la vie quot id ienne :méfions nous ! »

On n’est pas chiens : Pour des raisons de sécurité et depropreté, les chiens ne sont pas admis dans l’enceinte de la fête.

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10�Lutte Ouvrière n° 2127�8 mai 2009

Dans les entreprises� Gemey-Maybelline-Garnier – Ormes (Loiret)

Débrayage contre les projets de suppressions de postesAprès l’annonce faite par L’Oréal d’une nouvellerestructuration de la division produit de Luxe (181emplois menacés), une autre s’annonce à l’intérieur de ladivision Produits Grand Public France (DPGPF), quifabrique et diffuse entre autres les marques L’Oréal Paris,Garnier, Gemey Maybelline, Lascad. Tout cela évidemmentpour augmenter encore les profits.

L’Oréal est partagé en quatregrandes divisions : ProduitsProfessionnels, Produits GrandPublic, Produits de Luxe et Cos-métique Active. Sur le sited’Ormes, dans le Loiret, la cen-trale d’expédition dédiée à la

logistique Grand Public Francepour les marques Gemey, Gar-nier et OAP comporte deuxbâtiments industr ie ls . AuComité central d’entreprise du17 avril, la direction a annoncé,« pour cause d’économies » la

fermeture, en 2010, du bâti-ment qui abrite actuellement lesbureaux administratifs et toutel’expédition maquillage.

Dès que cette annonce a étéconnue, la quasi-totalité des80 salariés du site ont expriméleur colère face à ce projet quiétait présenté par la direction enseulement trois pages, sans autredétail sur une organisationfuture. Ce mépris a provoquéune grève instantanée et quasiunanime pour exiger de la direc-tion des informations précises et

complètes sur son projet.

L’action a été rapide et effi-cace, puisqu’elle a obligé ladirection à organiser une tableronde dans les plus brefs délais.Comme quoi bloquer un chiffred’affaires chez L’Oréal peutaider à se faire entendre. Netouchez pas à notre travail ougare au chiffre d’affaires devraitêtre le slogan de tous les salariésde L’Oréal…

Une autre réunion estprévue prochainement avec ladirection.

Cette année la directiongénérale fête les cent ans deL’Oréal et communique sur desactions de solidarité. Solidaritépour les travailleurs ou pour lesactionnaires ? En dix ans, leprofit de ceux-ci a augmenté de550 % ! Pour les travailleurs, leseul mot d’ordre peut être de sebattre pour garder des emploisdurables, des salaires décents,des conditions de travail correc-tes et refuser la suppressiond’usines et de sites.

Correspondant LO

� 1er Mai en Guadeloupe

Coup d’envoi d’un nouveau mois de luttes ?Le 1er mai en Guadeloupe aété un franc succès. Il fautdire qu’il prenait cetteannée une significationparticulière, après la grèvegénérale de 44 jours enjanvier-février-marsderniers. Le LKP,regroupant tous lessyndicats, les organisationsnationalistes, les Verts, leParti Communiste,l’extrême gauche et unesérie d’associations, alargement mobilisé.

Ce sont donc près de20 000 personnes, des tra-vailleurs pour la majorité,qui se sont re trouvées à

Petit-Canal. Cette communeavait été choisie symbolique-ment car c’est la communede naissance de Jacques Bino,le militant syndical de laCGTG assassiné pendant lagrève générale. C’est aussi lacommune où plusieurs jeu-nes avaient été arrêtés etemprisonnés.

Au cours du défilé, chaqueconfédération avait ses bande-roles et drapeaux. Les cortègesles plus importants furent ceuxde l’UGTG et de la CGTG. Oli-vier Besancenot, venu pourl’occasion, a défilé aux côtésd’Alex Lollia, secrétaire généralde la CTU. Le groupe culturelet carnavalesque Voukoum,

groupe de Basse-Terre ,membre du LKP, très actif aucours de la grève générale,marquait la cadence de sestambours.

Quant aux organisationspolitiques, certaines ont tenuun stand, comme CombatOuvrier ou le groupe nationa-liste Nonm (homme), et ontdistribué leurs tracts. D’autres,comme le PCG (Parti Com-muniste Guadeloupéen) ontdistribué un tract et venduleurs journaux.

Les travailleurs en grèvecomme ceux d’Orange, de laMaison départementale del’enfance, ou encore les pom-piers de la Chambre de com-

merce, les « contrats aidés » enlutte, étaient bien représentés.

Après le défilé, les interven-tions des dirigeants syndicauxse sont succédé sur un podiumautour duquel plusieurs standsdes organisations avaient étéinstallés. Cette série d’inter-ventions s’est terminé par uneminute de silence en hommageà Jacques Bino, le poing levé.

Un nouveau rendez-vousde mobilisation et de grèves aété lancé pour le jeudi 7 mai,avec un rassemblement àBasse-Terre. Cette date n’apas été choisie par hasard.C’est ce jour-là que les élus duCongrès, c’est-à-dire la réu-nion des deux assemblées,

Conseil général et Conseilrégional, doivent se rencon-trer. Ils entendront doncaussi, qu’ils le veuillent ounon, les revendications destravail leurs. Ces derniersdiront dans la rue, notam-ment, leur volonté de voirsatisfaire les revendicationsdans les conflits en cours, devoir respecter l’accord Binosur les 200 euros dans sonintégralité, d’exiger la baissedes prix et le respect desaccords déjà passés en lamatière. Ce sera la poursuited’un mois de mai annoncécomme « chaud » par le LKP.

Pierre JEAN-CHRISTOPHE

� Orléans

Les facteurs en grèveUn mouvement de grève des facteurs pour dénoncer lesconditions de travail a commencé lundi 27 avril au centrede distribution d’Orléans-nord, à l’appel des syndicats Sudet FO.

I l a été voté à 70 %.Mardi 28, une quarantaine degrévistes sont allés voir leurscollègues du Centre de distribu-tion de Fleury-les-Aubrais,dans la banlieue d’Orléans, puisceux du Centre de tri, pour ten-ter de les convaincre de sejoindre à eux.

Depuis quinze jours, lemécontentement monte chezles facteurs d’Orléans. La direc-tion veut faire des économies,en faisant assurer les tournéesde distribution par moins defacteurs, prétextant une « baissedu courrier liée à la crise écono-mique ».

Les facteurs du centred’Orléans-nord se battentcontre l’aggravation de leurcharge de travail. En effet, ladirection gèle les embauches,

supprime une majorité de con-trats à durée déterminée, n’enprolongeant que quelques-unsau compte-gouttes jusqu’à finmai. Et pour cet été, elle donnecomme directive d’assurer ladistribution d’une partie sup-plémentaire d’un quartier, enplus de la tournée habituelle dechacun.

Mardi 28 et mercredi29 avril, les grévistes ont reçu denombreuses marques de sym-pathie de la part des collèguesrencontrés dans différents Cen-tres. Après une réunion avecleur direction le mercredi, il leura été promis, entre autres,l’embauche en CDD de troispersonnes supplémentaires.C’est encore peu de choses et ilsont décidé un appel à la grèvereconductible pour le lundi 4

mai, avec un préavis départe-menta l qui permettra i t àd’autres Centres de lesrejoindre.

Lundi 4 mai, en effet, lagrève s’étendait à Orléans-sud.Après discussion avec les grévis-tes, une vingtaine de facteursd’Orléans-sud (La Source)rejoignaient le mouvement.

Les grévistes des Centres dedistribution d’Orléans-nord etsud (La Source) ont voté lapoursuite du mouvement lemardi 5 mai. Ce jour-là, surdeux Centres du nordd’Orléans, les grévistes ontréussi à entraîner quelques fac-teurs dans le mouvement. Unenouvelle rencontre avec ladirection n’ayant rien donné, lagrève a été majoritairementreconduite pour le mercredi6 mai.

Correspondant LO

� Le Chameau - Dun-sur-Auron (Cher)

Le boss du chameau veutengraisser les actionnaires

À la manifestation du1er mai, à Bourges, on a notéles pancartes et entendu lesslogans des travailleurs del’usine Le Chameau située àDun-sur-Auron, près deBourges (Cher) et apparte-nant au groupe Lafuma, lefabricant bien connu de vête-ments de sport.

Cette petite usine a connuplusieurs fermetures de servi-ces et ne compte plus que26 salariés. Or la directionvient d’annoncer neuf licen-ciements dits économiques(deux à la comptabilité et septà la logistique).

Les délégués ont déposéun droit d’alerte et demandéune expertise comptable. Legroupe Lafuma souhaite« améliorer sa compétitivité »c’est-à-dire ses profits. Avant

même la réponse de l’expertcomptable, la direction avoulu passer en force et s’estempressée d’envoyer les let-tres de licenciement ; lesentretiens préalables com-mencent dès jeudi 7 mai.

La colère est forte parmiles travailleurs qui jusque-làont accepté les sacrifices sansparler du mépris des grandschefs lorsqu’ils « descendent àla campagne ».

Mais là, trop c’est trop.Nous sommes décidés à nousdéfendre. « Plein les bottes desprofits, Lafuma nous sacrifie »criaient les manifestants du1er mai. Et après la grève de finavril, c’est une nouvelle étapedans notre combat pour nosemplois.

Correspondant LO

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Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �11

Dans les entreprises

� Gaziers,électriciens

Lemouvementcontinue

Depuis cinq semaines lemouvement de grève etd’actions diverses, des mani-fes tat ions , des « tempsforts », des coupures gaz etélectricité se prolonge.

Il concerne pour l’essen-tiel le personnel des « basestechniques », qui sont quel-ques milliers dans le pays.Cela représente environ 5 %du nombre total des salariés,qui es t de l ’ordre de150 000 personnes pour lesdiverses entreprises (EDF,ERDF, GRDF, RTE etGDF-Suez).

Pour ceux-là, la grève esttout à fait réelle et se traduitpar des pertes de salaires nonnégligeables.

À côté d’eux, i l y al’ensemble du personnel,dont une partie participe àdes actions ponctuelles, des« temps forts ».

Pour le moment, lesdirections des entreprises dugaz et de l’électricité nelâchent rien sur les salaires.Elles se sont contentéesd’attribuer une prime de500 euros pour les gaziers etélectriciens, excepté pour leRTE qui a obtenu1 500 euros, sous forme de« complément d’intéresse-ment » que le CGT vientd’accepter, ce qui déplaît àcertains grévistes puisqu’ilss’agit d’une simple prime.

Le mouvement est mar-qué d’une part par la volontédes directions syndicales demaintenir le mouvement auniveau où il se trouve, sanslui donner des perspectives,alors que sur le fond le pro-blème des salaires concerne àpeu près tout le monde.

Les directions syndicalesorganisent des « tempsforts » en laissant le mouve-ment aller tout seul.

Dans ces conditions, biendes travailleurs, exaspérés, selancent dans des actions decoupures de gaz et d’électri-cité, qui font les choux grasdes médias.

Les journalistes et lespoliticiens réprouvent lescoupures. Mais si un jour il yavait une grève véritablementdure, il pourrait y avoir descoupures beaucoup plusimportantes par l’arrêt descentrales nucléaires, commecela s’était un peu vu en 1995,où EDF-GDF avait été con-traint d’importer du courant.Est-ce cela qu’ils veulent ?

Correspondant LO

� Diehl-Augé Découpage – Besançon (Doubs)

Une première victoire contre les licenciements !Lundi 27 avril, dès la prisede travail de l’équipe dumatin, la grève démarraitdans cette entreprise pours’opposer aux40 licenciements annoncés,sur un effectif total de210 personnes. Elle étaitsuivie par la quasi-totalitédes ouvriers de production,rejoints par certains agentsde maîtrise et des employésdes bureaux.

Il aura fallu trois jours degrève et de blocage total de l’usinepour faire reculer le patron. Mer-credi 29 avril, se tenait le Comitéd’entreprise extraordinaire avecla présence du directeur généraldu groupe Diehl, du directeur del’usine Griset qui chapeaute les

trois usines françaises, dont AugéDécoupage.

Après un long préambule, ledirecteur de Griset annonçaitqu’il renonçait au plan de licen-ciements sur les trois usines dugroupe, mais annonçait dans lafoulée un nouveau projet debaisse du temps de travail et dessalaires. Les délégués deman-daient alors une interruption deséance pour informer les grévistesréunis en assemblée.

Celle-ci décidait de continuerla grève, car il n’était pas questiond’accepter un nouveau plan. Deplus, il y avait le paiement desheures de grève en jeu. Devant ladétermination des grévistes, ladirection, après plusieurs inter-ruptions de séance, finit paraccepter et la suppression des

licenciements et le paiement desjours de grève, transformés enjours de chômage partiel pris surle quota du mois de mai. Elle avaitaussi compris que son projet debaisse du temps de travail et dessalaires ne passerait pas et elles’orientait sur des négociations deplans de formations État-Région.

À 16 h, l’assemblée des grévis-tes décidait de reprendre le tra-vail… le lendemain jeudi, augrand dam de la direction quiespérait une reprise immédiate.

La grande majorité des grévis-tes ont compris que ce n’étaitqu’une première bataille gagnée,et qu’elle servira pour l’avenir, aucas où la direction reviendrait sursa parole.

Certains n’en revenaient pasque la direction ait cédé si vite.

Des tours de garde avaient d’ail-leurs été préparés pour le 1er maiet le week-end. Il faut dire que leblocage de pièces à expédierd’urgence, dès le début de lagrève, a certainement pesé dans labalance. Depuis la reprise, ladirection se démène pour essayerde trouver des volontaires pourtravailler la nuit, le 8 mai et lesamedi en heures supplémentai-res. Elle a bien du mal à les trou-ver.

La dernière journée de grèves’est terminée par un barbecuefestif, et à la manifestation du1e r mai nous nous sommesretrouvés à une trentaine sousnotre propre banderole : « Cen’est pas aux travailleurs de payerla crise ».

Correspondant LO

� Lear - Lagny-le-Sec (Oise)

Les grévistes tiennent bonLes ouvriers de Lear sont entrés dans leur cinquièmesemaine de grève, commencée le 6 avril. La directioncontinue la répression pour tenter de faire plier lesgrévistes : douze ouvriers sont toujours sous la menace d’unlicenciement et les grévistes sont assignés pour la quatrièmefois devant le tribunal de Senlis pour grève illégale. Mercredi6 mai, les CRS sont intervenus pour faire évacuer l’usine.Mais les ouvriers sont toujours aussi déterminés.

Pour le moment, la seulechose que la direction a obtenuec’est l’entrée et la sortie libres descamions. Mais ce n’est pas avecles 300 sièges qui étaient dansl’usine que PSA va pouvoir équi-per les quelque 14 000 voituresqui attendent sur le parking deson usine d’Aulnay. Lear ne

s’embarrasse pas avec la légalité eta décidé de lock-outer l’usine enfaisant la production ailleurs. Dumoins il essaye… Car les siègesqui arrivent à Aulnay couvrent àpeine la moitié de la productionet ont trop de défauts pour êtremontés tels quels.

Les grévistes sont toujours

mobilisés. Ils sont par exempleal lés à 60 au ministère del’Industrie où ils ont été reçus parPhilippe Gustin, le chef de cabi-net de Christine Lagarde. Danscet entretien, Gustin a dit ce quetout le monde sait, à savoir queLear était une société en pleinesanté.

Et effectivement Lear a large-ment les moyens de payer 40 000euros d’indemnités aux ouvriersde Lagny qui n’ont pas d’autrechoix que le licenciement. Maisderrière Lear, il y a PSA. Et cen’est pas de la suppression de 316emplois , mais de mil l iers

d’emplois chez ses sous-traitantsque PSA est responsable, parcequ’il veut à tout prix maintenirses profits malgré la baisse desventes. 85 équipementiersseraient concernés, d’après ledirecteur des achats de PSA.Voilà pourquoi PSA a peur decréer un précédent, en acceptantque Lear cède.

Et en attendant, les C3 et lesC2 ne peuvent être vendues et lesconcessionnaires disent auxclients qu’ils ne pourront pas êtrelivrés avant septembre…

Correspondant LO

� Continental - Clairoix (Oise)

Huitième semaine de lutteLe 1er mai à Compiègne, laquasi-totalité destravailleurs de l’usineContinental de Clairoixconduisaient un cortège deprès de 7 000 manifestants,dont les travailleurs en luttede Lear, ceux de laSodimatex, ceux d’Inergy oude CIE Automotive, et biend’autres travailleurs dupublic et du privé.

Ce nombre, certes moinsimportant que le 19 mars, maissans commune mesure avec leprécédent 1er mai, montre com-bien toute la population dans larégion se sent touchée, d’unefaçon ou d’une autre, par cetteavalanche de licenciements, defermetures d’usines ou de jour-nées de chômage partiel.

Cela fait maintenant huitsemaines que la direction deContinental a annoncé la ferme-ture de l’usine de Clairoix pourmars 2010. Et depuis, à chaquemanifestation ou rassemble-ment, que ce soit à Reims, à

Paris, à Sarreguemines, à Com-piègne, ou à... Hanovre, les tra-vailleurs de Continental se sontdéplacés en nombre : 650, 1 000,550, 400 et encore 1 000.

Deux jours avant le 1er mai,c’est encore à 400 qu’ils avaientfait le déplacement à Paris pourappuyer la délégation reçue auministère de l’Industrie à Bercypar un représentant de l’État etpar la direction Continental,celle de l’usine de Clairoix et dugroupe Continental France.

Cette délégation représentant lestravailleurs dut taper du poingsur la table pour obtenir d’unepart que le représentant de l’Étatprésent , Phi l ippe Gust in ,s’engage à être autre chose qu’unsimple médiateur, et d’autre partpour avoir en face, non pas lespatrons locaux, mais « ceux qu’ilsont au bout du fi l » (selonl’expression utilisée par unporte-parole), à savoir le prési-dent de tout le groupe, Karl Tho-mas Neumann.

Les travailleurs restent mobi-lisés. Ils ont pu vérifier depuis le11 mars combien l’État et lespatrons sont de connivence pourtenter de les endormir. En leurfaisant miroiter un repreneurpotentiel par exemple, pour neciter que la dernière trouvaille endate. Mais ce « repreneur », venude Dubaï, qui dit lui-même nepas avoir suffisamment de capi-taux pour investir, n’a jamais étépris au sérieux par les travail-leurs, à juste titre. État et patronstentent aussi de les diviser avec laconvocation de sept travailleursaprès le coup de colère du21 avril à la sous-préfecture deCompiègne, côté État, et lelock-out de l’usine, côté patron.

En tout cas, si la direction deContinental comptait sur le faitque les travailleurs restent chezeux, c’est raté : les assembléesgénérales se tiennent tous lesjours devant l’usine pour déciderdes actions. Lundi 4 mai et mardi5 mai, elles ont encore regroupé800 et 700 travailleurs.

Correspondant LO

LO

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12�Lutte Ouvrière n° 2127�8 mai 2009

Dans les entreprises

� Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail

Perdre sa vie en la gagnantDepuis six ans l’OIT, Organisation Internationale duTravail, une branche de l’ONU, a fait du 28 avril la« Journée mondiale pour la sécurité et la santé autravail ». Cette initiative, pour platonique qu’elle soit, ale mérite de fournir des données sur le nombre desvictimes directes de l’exploitation capitaliste dans lemonde et en France même.

Ils sont éloquents : chaquejour 5 500 travailleurs décè-dent suite à des accidents oudes maladies liées au travail.Tous les ans, on recense360 000 accidents de travailmortels, 651 000 décès liés auxsubstances dangereuses. Et, entout, 2,3 millions de morts. Ilne s’agit que des morts déclaréscar les ouvriers qui travaillentdans les mines clandestines, enChine ou ailleurs, les cher-

cheurs d’or de Guyane, lesdamnés de la Terre et les tra-vailleurs clandestins des chan-tiers des métropoles capitalis-tes meurent et sans entrer dansles statistiques.

L’OIT souligne que la criseéconomique va aggraver cettesituation. D’une part parce queles conditions de travail empi-rent encore. D’autre part parceque les économies faites par lesgouvernements touchent les

divers services qui inspectent oucontrôlent les lieux de travail, demême que ceux qui sont chargésde la santé des travailleurs.

La mort au travail frappe enpriorité dans les pays les pluspauvres, là où l’exploitation estla plus brutale et là où l’État n’apas un centime à consacrer à lapopulation. Mais pas seule-ment. En France, le dernierrecensement en date fait état de537 morts au travail en un an.De plus, une enquête de laSécurité sociale a démontréque 40 % des maladies ou acci-dents déclarés au régime géné-ral de la Sécurité sociale relève-raient en fait du régime acci-dent du travail-maladie profes-sionnelle. Ces non-déclara-

tions d’accidents seraient,d’après cette enquête, majori-ta irement le fa i t desemployeurs qui cherchentainsi à diminuer leurs cotisa-tions de Sécurité sociale. Lesservices officiels avouentmême que deux tiers desemployeurs n’effectuent pas lesenquêtes, pourtant obligatoi-res, sur les risques profession-nels que subissent leurs sala-r iés . Jusqu’au nouveauministre du Travail, Brice Hor-tefeux, qui annonce que, faceaux « 4 à 9 000 cancers d’origineprofessionnelle apparaissantchaque année, aux troublesmusculaires et aux cas de harcè-lement et de stress », il va mettreen place un « conseil d’orienta-

tion des conditions de travail »qui, il est vrai, ne coûtera pascher, ni au gouvernement, niaux patrons.

L’État français comme lesorganismes internationauxsont capables de donner desstatistiques sur les accidents detravail et même sur la façondont les patrons contournentles lois sociales. Ils sont bienincapables en revanche d’exer-cer de réelles pressions sur lesemployeurs pour les obliger àles respecter. Dans le monde dela propriété privée, « charbon-nier est maître chez soi »...même s’il tue au travail lesouvriers !

Paul GALOIS

� YMCA – Colomiers (banlieue de Toulouse)

Les travailleurs handicapés veulent leurs 10 %Important Centre d’aide parle travail, l’ESAT YMCA àColomiers regroupe300 travailleurs handicapésdont certains travaillent aurestaurant YMCA.

Connu de beaucoup de tra-vailleurs sous-traitants d’Air-bus, il sert chaque jour entre 400et 500 repas. D’autres font desactivités de jardinage, d’impri-merie, mise sous pli, etc. Parexemple : création de dossierspour des cliniques privées deToulouse ou pour Airbus, col-lecte des bleus sales, lavage,

fabrication d’étiquettes et repè-res avion…

À l’appel de l’associationDroit Solidarité Handicap, 150de ces travailleurs ont arrêté letravail mercredi 22 avril, manifes-tant l’après-midi jusqu’à la mairiede Colomiers. Et le lendemain, àune quarantaine, ils sont allés ausalon de l’Autonomie à Toulouseoù une sous-secrétaire d’État abien été obligée d’entendre leurmécontentement.

Une circulaire gouverne-mentale du 1e r juillet 2008impose que les semaines de tra-

vail de 35 heures soient payées35 heures avec une perte pourceux qui auparavant travail-laient 39 heures et ont bénéficiédu passage à 35 heures. Celareprésente 10 % en moins surles feuilles de paye depuisnovembre 2008.

En novembre et décembre, leYMCA a compensé le manque àgagner mais depuis le début del’année, ces salariés perdent enmoyenne 58 euros par mois, soitun salaire mensuel par an ! C’estd’autant plus scandaleux que cestravailleurs, sous prétexte qu’ils

sont handicapés et qu’ils bénéfi-cient de l’AAH (AllocationAdulte Handicapé), ne touchentmême pas le smic.

Il était question que l’AAHsoit augmentée pour compen-ser ce manque à gagner, saufque le gouvernement, à ce jour,n’a donné aucune directive à laCAF. Le Conseil général, solli-cité, a affirmé : « Ce n’est pasnous, c’est la DDASS qu’il fautvoir », quant à la DDASS, ellerenvoie à la CAF. Résultat,« Tous, en disant c’est pas nousc’est l’autre, ont admis que cette

perte d’argent était terrible pournous, mais personne ne faitrien… On nous a baladés, endor-mis, menti et nos 10 % sont tou-jours ailleurs que dans nospoches. Maintenant, ça suffit ! »,constate le tract des travailleursde l’YMCA.

Finalement , le Consei ld’administration réuni le soirmême a reçu une délégation detravailleurs et a décidé de« compenser » les mois de marset avril et s’est donné jusqu’à finmai pour trouver une solution.

Correspondant LO

� Toulouse

Procès Total-AZF : un rideau de fuméeAu procès AZF, la semainedu 27 avril, ont étédébattues les pistes dites« terroristes », en fait unramassis de ragots à forteconnotation raciste.

Tout est parti d’une fuite des« notes blanches » des Rensei-gnements généraux vers unecertaine presse, qui en a fait seschoux gras. Ainsi, trois person-nes ont été mises en cause et ontdû s’expliquer. D’abord unlaveur de carreaux qui est sortide l’usine vingt minutes avantl’explosion. Il était suspect àdeux titres selon les enquê-teurs : d’une part il est d’originealgérienne et, d’autre part il esttitulaire d’une licence. En fait ilavait une gastro-entérite, et sonchef l’avait autorisé à rentrerchez lui.

Ensuite un jeune Algérien,sans papiers au moment des

faits, a été dénoncé comme ter-roriste par un appel anonyme.En fait il s’agissait d’une ven-geance du mari divorcé de sasœur.

Enfin, un sous-traitant a ététué dans l’explosion et le méde-cin légiste – une catholique pra-tiquante – l’a dénoncé commeterroriste... parce qu’il avait plu-sieurs sous-vêtements. « J’aitout de suite compris qu’il savaitqu’il allait mourir », a-t-elle dit àla police judiciaire. Cela adéclenché toute une enquête :sa compagne a ains i é téentendue par la PJ, le jourmême de l’enterrement. Leurappartement a ensuite été per-quisitionné. À la barre, elle arevécu son calvaire et a été har-celée par les avocats de Total defaçon insupportable. Autant depseudopistes qui n’ont fait quespéculer sur un racisme qui n’a

même pas la pudeur de se rete-nir.

Evidemment toutes ces fic-tions nauséabondes se sontdégonflées à l’audience, où leurcaractère calomniateur et carré-ment absurde est apparu claire-ment. Le fait que la catastrophede l’usine AZF ait eu lieu dixjours après l’attentat des toursjumelles de New York n’auto-rise pas tous ces débordements.

Tout cela n’a pas empêchéles commentaires des mercenai-res de Total, que ce soient lesavocats, les journalistes ou lesex-syndicalistes qui en ontrajouté des tonnes : « Tout ça,c’est pas clair, ils ne nous ontpas tout dit, etc. ». Car il s’agitbien d’une stratégie mûrementréfléchie. Les avocats de Totaln’ont aucune explication alter-native à la criminelle négligencede leur c l ient , mais on

calomnie, et il en restera tou-jours quelque chose...

Ces gens-là utilisent lesrumeurs pour créer et dévelop-per le doute et la suspicion.Que cela se fasse en spéculant

sur des idées nauséabondes eten salissant la mémoire des vic-times de leur incurie, cela ne lesdérange abso lument pas .Insupportable !

Correspondant LO

Un an après l’explosion de l’usine AZFLes salariés et les sinistrés continuent de payer

Les gros actionnaires continuent de profiter

Réédition de la brochure de Lutte Ouvrièreparue en septembre 2002

Prix : 2 euros - Envoi contre 6 timbres à 0,56 euro

L’usine AZF après l’explosion.

LO

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Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �13

Dans les entreprises

� Heuliez -Cerizay(Deux-Sèvres)

Le patronfait lamanche

Le sous-traitant automo-bile Heuliez, implanté à Ceri-zay dans les Deux-Sèvres, estparaît-il en difficulté finan-cière. Cette entreprise, quiappartient à la richissimefamille Quéveau, a souventperçu des fonds publics,notamment via des plans deformation financés en partiepar la région Poitou-Charen-tes (513 301 euros en 2004,147 983 en 2003...) et votés àl’unanimité par la droitecomme par la gauche. Cecin’a pas empêché les patronsde licencier, notamment en2006, sans avoir de comptes àrendre à quiconque, contrai-rement à ce qu’affirme la pré-sidente de région socialisteSégolène Royal dans lesmédias.

Aujourd’hui , af in dedévelopper un véhicule élec-trique, les patrons font unenouvelle fois appel à l’argentpublic et sollicitent l’État, leConseil régional et un autreorganisme public. Aprèsavoir perçu, en juillet 2008,un million d’euros de la partdu Conseil régional dans lecadre d’un appel à projetspour un véhicule électrique,une nouvelle aide de 5 mil-lions vient d’être votée à laquas i-unanimité , lundi4 mai. À cela il faut rajouterun plan de format ion,financé par les fonds publics,à hauteur de 6 millionsd’euros. On voit le sens quedonnent ces capitalistes à la« prise de risque » : ils l’invo-quent pour justifier leursprofits, mais perçoiventl’argent de la collectivitélorsque l’incertitude de l’éco-nomie capitaliste fait peserun risque sur leurs affaires.

Pendant que les patronss’octroient des rémunéra-tions annuelles de plusieurscentaines de milliers d’euros,les ouvriers, eux, sont payésau minimum. Les 292 sup-pressions d’emplois derniè-rement annoncées sont inad-missibles ! En prenant sur lafortune personnelle accu-mulée par ces actionnaires etcréée par les travailleursd’Heuliez, il y aurait de quoimaintenir les postes de tra-vail et développer une pro-duction utile à la population.

Correspondant LO

� Faurecia - Auchel (Pas-de-Calais)

Violence patronale et défense ouvrièreEn mars dernier, pendant19 jours, les travailleurs deFaurecia à Auchel (508salariés) avaient fait grèvecontre un plan de fermetureprévu pour 2010 :172 mutations àMarles-les-Mines et 157 àHénin-Beaumont – sansaucune garantie de l’emploicar il y a déjà du chômagesur ces sites – et179 licenciements. Ilsavaient gagné par leur lutteune prime de préjudicemoral de 3 000 euros pourreprendre le travail et lapromesse d’engagement denégociations.

Les travailleurs se sont remisen grève le 23 avril car la direc-tion ne veut accorder qu’unminimum d’indemnités– 21 000 euros sont évoqués –pour les futurs licenciés, alorsque PSA, principal actionnaireà 71 %, a reçu des milliards del’État, mais aussi parce que ladirection refuse de virer sur lescomptes 1 500 euros sur les3 000 euros gagnés en mars.Rapidement, MCA-Maubeuge(Renault) s’est retrouvé au chô-mage par manque de pièces etToyota-Onnaing risquait aussi

d’être en rupture comme enmars.

La direction de Faureciacherche à casser la grève et leblocage du site, assignant au tri-bunal des salariés pour entrave àla libre circulation des mar-chandises : de nombreux sala-riés sont condamnés à uneastreinte de 1 000 euros par jouret par personne.

La direction a aussi organiséun référendum pour tenter defaire approuver son plan. Sur508 salariés, seuls 168 ont voté,dont 134, tous collèges confon-dus, ont voté en faveur d’unemutation éventuelle vers Marlesou Hénin, alors que la directionen voulait 160. Les grévistesavaient refusé de voter car ilsrefusent toute mutation quin’offre aucune garantie et veu-lent rester ensemble à Auchel.

La direction a alors choisi lamanière forte. Dans la nuit dumercredi 29 avril au jeudi 30,plusieurs pelotons de CRS ontagressé les grévistes, leurs famil-les, des élus locaux qui se trou-vaient là. Ils ont poussé tout lemonde contre les grillages, avecleurs boucliers et à coups dematraque, pour faire rentrer descamions dans l’usine, les rem-

plir de pièces, et les faire ressor-tir. À 1 h 30 du matin, la direc-tion a fait occuper l’usine parune centaine de vigiles avecleurs chiens. Et la directioninterdit aux grévistes de rentrerdans l’usine, même pour alleraux toilettes.

Il y a eu quelques apostro-phes violentes, notamment àl’encontre de vigiles noirs, maisdes militants ont aussi tenté dediscuter avec les vigiles sur lesale boulot qu’on exige d’eux.

Deux camions de pièces sontsortis de l’usine. Il n’y a plus depièces maintenant et ce n’estpas le travail des quelques dizai-nes d’ouvriers non grévistes quiva permettre de maintenirl ’approvis ionnement. Parcontre les grévistes craignentque la direction veuille faire sor-tir des moules et des machines.

La direction organise aussiun deuxième référendum, parcourrier, sous prétexte qu’il yaurait eu « des manœuvresd’intimidation » qui auraientperturbé le premier ! Cette foisles questions laisseraient lechoix entre être muté ou rester àAuchel.

La direction a aussi tentélundi 4 mai de faire rentrer en

bus dans l’usine des non-grévis-tes d’Auchel, mais aussi dessalariés d’autres sites Faurecia,notamment d’Hénin-Beau-mont. Tous les syndicats, mêmeceux qui ne sont pas dans lagrève, ont protesté contre cesméthodes . Les sa lar iésd’Hénin-Beaumont se sontaussi mis en grève quelquesheures et ont bloqué les sorties,entraînant l’arrêt de la produc-tion du nouveau modèle deScénic à Renault Douai… Dansd’autres sites Faurecia, il y a eudes grèves de solidarité à l’appeldes syndicats.

La détermination des grévis-tes d’Auchel n’a pas changé. Lacolère est immense devant lesmanœuvres de la direction,l ’ in just ice des tr ibunaux,l’intervention musclée des CRSet les centaines de vigiles mobi-lisés dans le site. Les grévistessont toujours aussi nombreux àtenir le piquet de grève, nuit etjour. Même si les négociationssont au point mort pour lemoment, ils veulent faire payerla direction et Peugeot.

Correspondant LO

� Fonderies du Poitou Alu (Vienne)

La direction contrainte de rétablir la primeDepuis le 23 avril, auxFondreies du Poitou c’étaitla grève à la fonderie Alucontrel’annualisation-modulationdes horaires que la directionentend mettre en place,l’insuffisance des salaireset, d’une manière générale,la dégradation desconditions de travail.

Le feu couvait depuis unmoment et de mult ip lesdébrayages avaient eu lieu lessemaines précédentes. Un desfacteurs déc lenchants futl’annonce par les patrons que laprime de mai (liée à la présencedes travailleurs à l’usine) seraitmoindre du fait du chômagepartiel.

La mobilisation des ouvriersa été importante et les ateliersn’ont connu que peu d’activité,malgré certains chefs qui ont dûsuer sur les machines sous lecontrôle de cadres. C’est si rareque nous ne nous sommes pasprivés de les regarder en pleineaction. Chaque jour, un bar-becue était dressé près del’entrée de la fonderie, où nousdiscutions et votions la pour-suite de la mobilisation. Celle-ciétait menée par les déléguésCGT, les autres syndicats

ouvriers suivant le mouvement.L’ambiance a été bonne tout dulong de notre bagarre qui a étéremarquée dans les médiaslocaux, notamment lors d’uneopération escargot dans lecentre-ville de Châtellerault,mercredi 29 avril.

Après que le directeur del’usine eut tenté grossièrementde nous faire croire que nousétions sur le même bateau, leresponsable du personnel adonné dans un autre registre enannonçant que le 1er mai neserait pas payé si nous refusionsde travailler la veille et le lende-main de ce jour férié. Ce chan-tage mesquin a reçu commeréponse un vote à l’unanimité

des ouvriers pour la poursuitede la grève le jeudi 30 avril et lelundi 4 mai, transformant ainsile 1er mai en jour de grève par lavolonté des patrons.

Décidément peu encline àdiscuter sur nos revendications,la direction avait embauché,quelques jours auparavant, desintérimaires – les mêmes qu’elleavait formés, puis licenciés enoctobre 2008 – pour assurer laproduction. Face à cette entraveau droit de grève, l’inspectiondu travail a été alertée.

Lundi 4 mai , en f ind’après-midi, la directionannonçait, après négociationavec les organisations syndica-les, qu’elle maintenait intégrale-

ment la prime de mai (la direc-tion de la fonderie Fonte a,quant à elle, pris les devants enassurant les travailleurs de cesecteur du maintien de cettepr ime) et revenai t sur lenon-paiement du 1er mai. Enrevanche, elle ne cédait rien surles salaires.

La reprise du travail a étévotée par les ouvriers réunis enassemblée générale et les der-nières interventions de mili-tants syndicaux annonçantd’autres bagarres à venir, à pro-pos de l’annualisation et de lamodulation du temps de travailainsi que de la question dessalaires, ont été largementapprouvées. Affaire à suivre…

LO

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14�Lutte Ouvrière n° 2127�8 mai 2009

Dans le monde� Israël-Europe

Un ministre d’extrême droite en tournéeReçu à bras ouverts parBerlusconi, avec un peu plusde réserve en France, lenouveau ministre israéliendes Affaires étrangères,Avigdor Liberman, devaitpoursuivre sa tournéeeuropéenne par Prague etpar Berlin, précédé par uneréputation bien établie depoliticien d’extrême droite.

En janvier, alors que tous leshommes politiques israéliens,en campagne électorale législa-tive et pour la constitution dufutur gouvernement, rivali-saient à qui apparaîtrait partisande la manière la plus brutalecontre les aspirations des Pales-tiniens, en particulier à Gaza,Liberman les a tous surpassés. Ilavait alors préconisé de « com-battre le Hamas (en fait, lesGazaouis) exactement comme lesÉtats-Unis avaient procédé avecles Japonais durant la SecondeGuerre mondiale (afin) qu’occu-per le pays ne soit pas néces-saire ». Nul besoin d’être férud’histoire militaire pour com-prendre que Liberman suggé-rait de faire à Gaza ce que lesAméricains avaient fait à Hiros-hima et Nagasaki.

Cela en dit long surl’absence de scrupules du per-sonnage vis-à-vis des popula-tions palestiniennes. C’est unparti pris sanglant qui suffiraitaussi à disqualifier ce qui estl’axe diplomatique de la tournée

de ce monsieur. Car lui commele gouvernement auquel ilappartient assurent à qui veutbien les entendre que le dangerprincipal au Proche-Orient...serait que l’Iran se dote d’unearme nucléaire, alors que cer-

tains dirigeants d’Israël, on levoit, ne font pas mystère d’êtreprêts à s’en servir !

Certes, ce n’est pas vraimentnouveau. Mais jusqu’à présentles dirigeants israéliens ne ledisaient pas aussi crûment. De

même, quand Liberman parlede priver du droit de vote lescitoyens d’Israël qui ne feraientpas allégeance à cet État enreconnaissant son « caractèrejuif intangible » – ce qui, pardéfinition, ne vise que les Ara-bes israéliens – il se place dans lalogique du sionisme. Mais il lapousse vers ses conclusions ulti-mes : la constitution d’un Étatqui se voudrait « ethniquementpur » ! Et quand i l par led’expulser du pays les Arabesisraéliens, sa démarche est lamême. Il joue ainsi sur les crain-tes de certains secteurs de lapopulation israélienne de voir ledynamisme démographiquedes Palestiniens faire qu’à termeceux-ci puissent devenir numé-riquement majoritaires enIsraël. C’est même son fonds decommerce depuis qu’il a crééun pet i t part i xénophobeanti-arabe, Israël Beiteinou.Mais il dit tout haut ce que pen-sent tout bas, sans encore oser ledire ouvertement, de nombreuxpoliticiens du pays, qu’ils soientde droite, du centre, voire tra-vaillistes.

C’es t même cela qui ,aujourd’hui, gêne non seule-ment un peu un Sarkozy, qui ena pourtant vu d’autres, maismême les dirigeants américains,ces protecteurs traditionnelsinconditionnels de l’État israé-lien.

Ces dernières semaines,Obama et son administration sesont ainsi plusieurs fois publi-quement démarqués des décla-rations de membres du gouver-

nement de Netanyahou,notamment quand lui et sesministres donnaient à entendreque, pour eux, la création d’unÉtat palestinien était écartée.

Obama a-t-il l’intention defaire véritablement pression surles dirigeants israéliens pourleur faire accepter la constitu-tion d’un État palestinien ? Entout cas, les dirigeants desÉtats-Unis préféreraient qu’ilscontinuent au moins à se prêterau jeu diplomatique consistantà faire semblant d’y être prêts...un jour.

Certes, de résolution del’ONU en résolution de l’ONU,de conférence tenue sous l’égidedes États-Unis en vagues pro-messes à un peuple privé d’Étatdepuis plus de soixante ans, laperspective de la création d’untel État avait tout du mirage.Mais, tant que les dirigeantsisraéliens faisaient semblant del’accepter, cela facilitait les rela-tions des puissances occidenta-les avec les États arabes de larégion. Alors, il est possible queles dirigeants américains eteuropéens tentent d’obtenir desdirigeants israéliens qu’ils s’ins-crivent à nouveau dans ce jeu,sans pour autant faire le néces-saire pour sortir le conflit del’impasse. Or c’est justementcette impasse qui a fait le lit d’unLiberman, donnant un poidsaccru aux positions de l’extrêmedroite dans la population israé-lienne.

Pierre LAFFITTE

� Allemagne

L’obscurantisme en échecDimanche 26 avril a eu lieu à Berlin un référendum surl’introduction de l’enseignement religieux dans lesécoles publiques. Plus précisément, il était proposé queles élèves (ou plutôt leurs parents) puissent avoir lechoix entre des cours de religion, organisés séparémentpour chaque confession, ou des leçons d’éthiquecommunes, seules obligatoires jusqu’à présent.

Même si la propositionéta i t présentée de façonmodérée, il s’agissait d’uneoffensive des forces les plusconservatrices. Dans un paysoù la religion est enseignéedans les écoles publiques dequasiment tous les Länder, oùl’État perçoit directementl ’ impôt d’Égl i se pour lecompte des différentes confes-s ions , où dans un Landcomme la Bavière des crucifixtrônent dans bien des écolespubliques, Berlin est un desrares Länder où l’enseigne-ment religieux n’existe pas. Etcela défrise tous les porteurs desoutane.

L’association qui était àl’origine de cette initiative, ProReli, avait reçu le soutien de

tout ce que l ’Al lemagnecompte de courants réaction-naires, de l’Union Chré-tienne-Démocrate (CDU), leparti d’Angela Merkel, à lapresse du trust Springer, enpassant par les Églises, catho-lique et protestante. Elle avaitfait campagne par voie degrandes affiches et de spotsradiodiffusés au nom de la« liberté »...

Les mêmes avaient réussi,début avril, à faire pression surla régie des transports en com-mun berlinois (BVG) pourqu’elle refuse d’apposer surquelques bus de la ville unepublicité promue par des asso-ciations de libres-penseurs quiproclamait « Dieu (selon toutevraisemblance) n’existe pas ».

Mais, bien sûr, cette régie n’arien trouvé à redire aux affi-ches de Pro Reli, qui ont étéplacardées dans les couloirs dumétro.

Tout cela n’a pas suffi, etc’est tant mieux. La participa-tion au référendum n’a atteintque 29,2 % des 2,45 millionsd’électeurs inscrits, mais lenon l’a emporté avec 51,3 %des votants. Alors qu’en jan-vier Pro Reli avait réuni307 000 signatures de soutienà son projet, ce qui lui avaitpermis d’imposer ce référen-dum, seulement 365 609 élec-teurs ont voté pour. En fait,seulement 14,2 % des inscritsont donc approuvé le change-ment de loi... qui restera auplacard.

Les ca lot ins viennentd’essuyer un échec. Dans uncontexte général de montéedes idées réactionnaires àl’échelle de l’Europe, c’est déjàça.

Henri MARNIER

AFP

Bernard Kouchner recevant Avigdor Liberman.

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Lutte Ouvrière n° 2127 �8 mai 2009 �15

Dans le monde

� Sahara occidental

Le gouvernement français soutient le régime marocainJeudi 30 avril, lors d’uneréunion du Conseil desécurité de l’ONU, legouvernement françaiss’est opposé à ce que lamission des casques bleusstationnés au Saharaoccidental soit élargie à ladéfense des droits del’homme.

Ancienne colonie espa-gnole jusqu’en 1975, disputéensuite entre ses trois voisins,le Maroc, la Mauritanie etl’Algérie, le Sahara occidental aété complètement absorbé parle Maroc en 1979, quand laMauritanie s’est retirée de lazone que les accords de Madridde décembre 1975 lui avaitattribuée. L’État marocain, quiconsidère le Sahara occidental

comme sa « province du sud »,a toujours refusé de recon-naître le gouvernement mis enplace en 1976 par le Front Poli-sario, organisation indépen-dantiste créée en 1973, et n’abien sûr jamais consulté lapopulation sahraouie, contrai-rement aux recommandationsde l’ONU qui demandait, en1965, que les peuples colonisésaient droit à l’autodétermina-tion. Depuis 1991, les casquesbleus de l’ONU stationnent auSahara occidental, mais ilsn’empêchent pas le gouverne-ment marocain de continuer àcombattre le Polisario et à s’enprendre plus largement à lapopulation sahraouie. Sur unepopulat ion est imée à600 000 habitants, 160 000

vivent actuellement dans descamps de réfugiés à Tindouf,dans le sud de l’Algérie.

L’organisation humanitaireHuman Rights Watch vient depublier un rapport sur les exac-tions commises par le régimemarocain contre, entre autres,les Sahraouis. Elle dénonce lefait qu’un millier d’entre euxsont actuellement en prison,suspectés d’être des terroristesislamistes. Nombre d’entre euxsont détenus au secret pendantdes jours ou des mois, torturéspar les services de renseigne-ment ou victimes de traite-ments infamants. Sous le règned’Hassan II, des centaines depersonnes ont « disparu » et nesont jamais revenues. Et si lesautorités marocaines tolèrent

peu ou prou la présenced’organisations humanitaires àRabat ou Casablanca, elles sontexclues du Sahara occidental,où les procès de présumés ter-roristes sont menés dans l’arbi-traire le plus total et certainsaboutissent à des condamna-tions à mort. Au Maroc, touteréunion publique doit fairel’objet d’une autorisation duministère de l’Intérieur, qui larefuse bien souvent sous pré-texte qu’elle porterait atteinte àl’ordre public. Les manifesta-tions de soutien au Saharaoccidental sont brutalementdispersées par la police, mêmelorsqu’il s’agit de sit-in pacifi-ques. Et bien entendu lesmédias sont bridés et accusésde répandre de « fausses nou-

velles » dès qu’ils abordent,même de façon modérée,l’opposition à la mainmise del’État marocain sur le Saharaoccidental.

Mais pour le gouvernementfrançais, se prononcer pourque l’ONU demande le respectdes droits de l’homme vis-à-visde la population sahraouie,même si l’on sait que cela nepouvait être que symbolique,n’est pas à l’ordre du jour. Il neveut pas risquer de froisser« notre ami le roi » Moha-med VI, selon le titre d’un livrede Gilles Perrault dénonçantles rapports privilégiés quel’État français entretenait avecla dictature d’Hassan II.

Marianne LAMIRAL

� Maroc

Peines de prison pour ceux de Sidi IfniLe 10 avril, au Maroc, le tri-

bunal de grande instanced’Agadir a rendu son verdict àl’encontre d’une vingtaine dejeunes chômeurs, étudiants etmilitants associatifs poursuivisdans le cadre des manifestationsqui ont marqué la petite villecôtière de Sidi Ifni en juin 2008.Dix d’entre eux ont étécondamnés à des peines de pri-son ferme, allant de huit àdix-huit mois, six autres à de laprison avec sursis, tandis queKhadija Ziane, présidente del’Association des femmes deSidi Ifni, arrêtée alors qu’elle

rendait visite à des détenus, s’estvu infliger une amende de1 500 dirhams (environ135 euros).

À l’énoncé du verdict, cer-tains observateurs ont parléd’une relative clémence desjuges, au regard des pratiqueshabituelles dans ce pays etcompte tenu des chefs d’accusa-tion particulièrement gravesretenus contre ceux qui compa-raissaient (« tentative d’assassi-nat », « contribution et direc-tion d’une bande criminelle » et« rassemblement armé »). Iln’empêche que ces condamna-

tions sont scandaleuses car,comme les avocats de la défensel ’ont soul igné, e l les nes’appuyaient sur rien.

En fait, ce que les juges ontvoulu condamner, c’est le droitpour la population de se rebellercontre le chômage massif et lacorruption qui touchent cetterégion. Mais, comme l’a prouvéla grève de solidarité avec lesmanifes tants poursuiv is ,déclenchée le 9 avril, la popula-tion de Sidi Ifni ne baisse pas lesbras.

Roger MEYNIER

Au sommaire deLUTTE DE CLASSE N° 120

(mai-juin 2009)� Lutte Ouvrière dans les élections européennes� La loi Bachelot et la fronde des chefs de service

hospitaliers� L’évolution de la législation sur les syndicats :

des directions qui échappent de plus en plus àtoute possibilité de contrôle des travailleurs etdes syndiqués du rang

� Europe de l’EstDes États qui s’enfoncent dans la crise

� États-UnisLa classe ouvrière frappée de plein fouet par lacrise

� Irlande du NordLe « processus de paix » n’a fait que cacher lesproblèmes

Prix : 1,50 euro - Envoi contre quatre timbres à 0,55 euro

� Égypte

L’abattage des porcs :un coup porté aux pauvres et à la minorité copteLes autorités égyptiennesont décidé, le 29 avril, à lasuite de l’épidémie degrippe A au Mexique et enEurope, d’abattre lesquelque 300 000 porcs quiseraient élevés dans lepays.

Aucun cas de grippe An’ayant été détecté en Egypte etl’Organisation mondiale de lasanté soulignant que le pro-blème est celui de la transmis-sion interhumaine du virusH1N1, l’annonce du gouverne-ment a suscité méfiance et réac-tions. En particulier quand, dèsle 2 mai, des services vétérinai-res sont venus, à grand renfort

de forces de police, se saisir descochons dans les quartiers duMoqattam, à l’est du Caire, et deKhanka, au nord, des centainesde gens se sont opposés au volde leur unique richesse.

Dans le bidonville de Man-chiyet Nasr, sur la colline duMoqattam, 35 000 habitantsvivent du tri des ordures et del’élevage de dizaines de milliersde porcs qui trouvent leurnourriture parmi les déchets.Ces habitants sont des Coptes,une minorité chrétienne quireprésente environ 8 à 10 % dela population égyptienne ; ilsconsomment parfois du porcmais surtout en revendent laviande, ce qui constitue une de

leurs seules sources de revenus.

Le ministère de la Santé,visant les chiffonniers du Caire,a ajouté l’argument de l’éradi-cation des élevages insalubres àcelui de la mesure de précautionface à la grippe A. Il reste que lapopulation copte, seule àconsommer de la viande deporc, se sent d’autant plus cibléepar la décision du gouverne-ment qu’elle a par ailleurs été,ces dernières années, souventl’objet de provocations plus oumoins inspirées par les islamis-tes radicaux et mollementcondamnées par le pouvoir. Detoute évidence, la décision gou-vernementale, plus que par lesouci de la santé de la popula-

tion, semble dictée par celui deplaire aux intégristes.

En l’occurrence, l’efficacitédes mesures prises par le gou-vernement est très contestable :seuls deux abattoirs, un auCaire et un à Alexandrie, sontéquipés pour traiter les porcs,qui ne sont jamais abattus dansles mêmes lieux que les autresviandes. L’un et l’autre ne peu-vent abattre que 1 500 porcs parjour, l’ensemble du cheptelayant donc des chances de vivreencore longtemps. Autre pro-blème, la conservation de laviande, apparemment peu ven-dable dans l’immédiat et dontles administrations responsa-bles des congélateurs répugnent

à s’encombrer. Au demeurant,les camions de transport desmalheureux porcins capturésont une capacité limitée à70 individus. On nage donc enpleine incohérence de la part dupouvoir.

Dans tous les cas, les victi-mes immédiates de la mesuregouvernementale sont donc,outre les porcs eux-mêmes, lesdizaines de milliers de pauvresqui les élèvent et auxquelsl’indemnisation promise, unelivre égyptienne du kilo, soitenviron 10 centimes d’euro, nerapportera – si elle arrive – quedix fois moins que la vente habi-tuelle de la viande.

Viviane LAFONT

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La grippe humaine est unemaladie connue depuisl’antiquité. Elle est due àun virus qui a laparticularité de changer enpermanence. Ceschangements se font leplus souventprogressivement, ce quidonne la grippesaisonnière considéréecomme peu grave.

Mais de temps en temps levirus change d’un seul coupbeaucoup plus que d’habi-tude, en se recombinant avecles virus d’autres espècescomme les oiseaux ou lesporcs. Le nouveau virus contrelequel personne n’est immu-nisé se répand alors dans lemonde et cela donne une épi-démie humaine mondiale :une pandémie.

Il y a eu trois de ces pandé-mies au 20e siècle. La plusimportante est celle dite de la« grippe espagnole » à la fin dela Première Guerre mondiale.Elle aurait fait un milliard demalades et de 20 à 50 millionsde morts en deux ans. Les deuxautres ont fait moins de victi-mes, un million de morts parexemple pour la grippe dite de« Hong Kong » en 1968. Cesdifférences peuvent s’expli-quer par le contexte social, parexemple la guerre en 1918, parl’utilisation de thérapeutiquesnouvelles, mais aussi par des

inégalités de virulence desvirus en cause.

Il est donc quasiment nor-mal voire inévitable qu’appa-raisse un jour une nouvellepandémie de grippe. Parcontre on ne peut pas prévoirquand, dans quelles circons-tances, ni quelle virulence aurale virus.

L’épidémie de grippe chezles oiseaux (grippe aviaire) quia débuté en 2004 semblaitavoir la capacité de provoquerune pandémie. Ce nouveauvirus des oiseaux peut rendremalades exceptionnellementdes hommes et on craignaitqu’il ne devienne transmis-sible entre ceux-ci. C’est àcause de cette menace quel’Organisation Mondiale de laSanté (OMS) a préparé unplan de réaction à la pandémieet conseillé à tous les gouver-nements d’en faire autant.

Le virus qui vient d’appa-raître au Mexique viendrait plu-tôt du porc. L’épidémie auraitcommencé vers la mi-marsdans un village près de Veracruzoù est installée une importanteporcherie dans des conditionsd’hygiène douteuses. De là, lamaladie est devenue humaine etcontagieuse et s’est répandue enun mois à l’ensemble duMexique. Le 23 avril le gouver-nement a déclaré qu’il y auraitenviron 2 000 malades et plusde 150 morts. La contagion s’est

propagée d’abord à proximitédu Mexique puis en suivant lesprincipales lignes aériennes. Undeuxième foyer important s’estdéveloppé aux États-Unis. Lemardi 5 mai, on en était à 1 085malades confirmés par l’OMSdans 21 pays. Mais la mortalitéde la maladie a été revue à labaisse et jusqu’à présent le seulcas mortel en dehors duMexique est celui d’un enfantde deux ans aux USA. Pourl’instant le virus semble donctrès contagieux mais provoquesurtout des maladies bénignes.Il pourrait cependant devenirplus dangereux.

Il existe depuis quelquesannées des médicaments anti-viraux mais ils ne seraient effi-caces que pris dans les 48 heu-res après les premiers symptô-mes et peuvent seulementatténuer et raccourcir lamaladie. De nombreux paysont des stocks importants deces médicaments et les labora-toires qui les fabriquent ont vuleurs actions monter en flèche.Contre la grippe, la meilleurearme connue est la vaccinationmais, le virus étant nouveau, ilfaut fabriquer un nouveauvaccin, ce qui devrait prendre4 à 6 mois. En attendant, il fau-drait surtout limiter sonextension, c’est-à-dire avanttout restreindre les déplace-ments et les contacts.

G. R.

Lutte Ouvrière - Directeur de publication : Michel Rodinson - Commission paritaire n° 1009 I 85576

Dans le monde� La grippe « A »

Une pandémie qui ne fait que commencer

Une maladie anciennemais sans cesse nouvelle

Depuis une dizaine de jours,le monde serait au bordd’une pandémie de grippequi a débuté au Mexique.Durant la semaine, lesinformations n’ont cesséd’être contradictoires,oscillant entre laperspective d’unecatastrophe imminente ouramenant au contraire lapandémie au niveau d’une« simple » grippesaisonnière. Il est difficilede se faire une idée précisedes risques réels de cettepandémie, mais les mesuresprises par les différentsgouvernements un peupartout dans le monde nesont manifestement pasinspirées par le seul soucide la santé publique.

Les réactions variées desdifférents

gouvernements

Le gouvernement mexicainn’a véritablement commencé àréagir qu’à partir du dernierweek-end d’avril. Il a alorsinterdit les rassemblementspublics, y compris les messes,mais il n’a pas voulu obliger lepatronat à fermer les entreprisesnon indispensables dans lasemaine. La principale aide queles pays riches ont apportée auMexique a été de lui fournir destests pour identifier les vérita-bles malades de la grippe, ce quiexplique que l’OMS ne recon-naît actuellement que 590 cas et25 décès dans ce pays.

Le gouvernement américaina envisagé de fermer la frontièreavec le Mexique mais a rapide-ment considéré que cettemesure était inapplicable. Il afait isoler les malades et leurscontacts, fermer certaines éco-les et lieux d’activités publiques.Cependant un de ses grandssoucis a été de multiplier lesdéclarations rassurantes sur laviande de porc, pour éviter lachute des ventes dans cettefilière.

Sur le plan de la lutte contrela contamination humaine,c’est la Chine qui en fait le plus.Elle a suspendu les vols avec leMexique et mis en quarantainetous les passagers d’un avion etd’un hôtel où avait séjourné unmalade. Ces mesures sont sou-vent présentées par la pressecomme excessives, mais ellesont été approuvées par l’OMS.Cependant une telle rigueur estune exception, seul Cuba ainterrompu également ses volsavec le Mexique.

En revanche, en France,Roselyne Bachelot a d’aborddéclaré qu’on allait cesser lesvols à destination du Mexique

tout en laissant rentrer les Fran-çais qui s’y trouvent, puisquecette proposition était refuséepar l’Europe. Finalement, cen’est que depuis début mai queles passagers de retour deMexico remplissent un ques-tionnaire pour qu’on puisse lesretrouver ultérieurement et

qu’à partir du 5 mai que les pas-sagers aér iens venant duMexique ont été dirigés vers unezone réservée pour éviter decroiser les autres passagers. Parailleurs, les patients de retourdu Mexique ou des USA quiprésentaient un syndrome grip-pal étaient invités à appeler le

SAMU qui organisait leur hos-pitalisation et leur isolement. Lemoins qu’on puisse dire, c’estqu’il y a eu un certain cafouil-lage.

Et maintenant ?

Même s’il existe beaucoup

d’incertitudes sur le devenir decette épidémie, l’hypothèse laplus courante est qu’il s’agirad’une « petite » pandémie,comme celle de 1968.

Le gouvernement répèterégulièrement que la France estle pays le mieux préparé dumonde. Cette préparation aconsisté à faire un plan, desstocks de Tamiflu, médicamentantiviral dont l’efficacité restedouteuse, et de masques qui enaucun cas ne suffiront à euxseuls à enrayer l’épidémie.Quelques hôpitaux ont libérédes lits isolés pour d’éventuelsmalades mais il s’agit de quel-ques dizaines de lits pour toutela France. Même en temps nor-mal les urgences sont débor-dées, le nombre de médecins deville est insuffisant pour assurerla permanence des soins. Lesfermetures de lits dans les hôpi-taux n’ont pas cessé depuistrente ans sous prétexte d’éco-nomies. Comment pourra-t-onfaire face à un éventuel affluximportant de malades ? Le plandu gouvernement prévoit derappeler les retraités, de fairefaire des heures supplémentai-res au personnel. Cela serapeut-être suffisant si la pan-démie est limitée, mais le risqued’une pandémie grave est loind’être écarté et si elle survenait ily aurait peut-être assez de mas-ques et de Tamiflu, mais certai-nement pas assez de médecinset de lits d’hospitalisation.

Une grande part ie del’humanité vit dans des condi-tions déplorables, dans desbidonvilles, dans des pays où lesystème de santé est quasimentinexistant. Ce sont des condi-tions de vie idéales pour la dif-fusion du virus. Sur le terraindes maladies infectieuses, lesintérêts de toute l’humanitésont liés : les virus ne s’arrêtentpas aux frontières ! C’est uneévidence et c’est une des raisonsd’être de l’OMS.

Face à la pandémie actuelle,le gouvernement du Mexique,qui est un pays pauvre, a étélaissé presque seul. Les gouver-nements des pays riches ontobservé l’évolution, se prépa-rant plus ou moins à lutter cha-cun chez soi. Mais si les moyensscientifiques et techniques exis-tent pour combattre efficace-ment de telles pandémies, lesdirigeants de ce monde préfè-rent consacrer des fortunes àenrichir des gens qui sont déjàmilliardaires, plutôt qu’à cons-truire chez eux comme àl’échelle internationale un sys-tème de santé tel qu’on pourraitle concevoir à notre époque.

Gérard RAMA

AFP

Dans le métro de Mexico.