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GAZA LE JOUR DAPRÈSL’YEUX OUVERTS ISKRA FRANCE Ô SAMIR ABDALLAH & KHERIDINE MABROUK

GAZA-STROPHE, le jour d'après

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Nous rapportons ces images de Gaza, Palestine, ce pays qui ressemble de plus en plus à une métaphore. Nous sommes rentrés dans Gaza au lendemain de la dernière guerre et découvrons, avec nos amis délégués palestiniens des droits de l'homme, l'étendue de la « gaza-strophe ». Les récits de dizaines de témoins de la guerre israélienne contre Gaza, nous font entrer dans le cauchemar palestinien. Malgré cela, nos amis Gazaoui nous ont offert des poèmes, des chants et même des "Nokta" (*blagues ou histoires à raconter)…

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GAZALE JOUR D’APRÈS…

L’YEUX OUVERTS ISKRA FRANCE Ô

SAMIR ABDALLAH & KHERIDINE MABROUK

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STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

Nous rapportons ces images de Gaza,Palestine. Ce pays qui ressemblede plus en plus à une métaphore.Nous sommes rentrés dans Gazaau lendemain de la dernière guerreet découvrons, avec nos amis déléguéspalestiniens des droits de l'homme,l'étendue de la « gaza-strophe ».Les récits de dizaines de témoinsde la guerre israélienne contre Gaza,nous font entrer dans le cauchemarpalestinien. Malgré cela, nos amisGazaoui nous ont offert des poèmes,des chants et même des "Nokta"*.

*blagues ouhistoires à raconter

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Khéridine et moi sommes rentrés dansGaza le 20 janvier 2009, au surlendemaindu cessez le feu annoncé après la guerrede cet hiver 2008/2009. Nous avons toutde suite commencé à tourner. Abu Samer et Joker, deux militants duCentre Palestinien des Droits de l'Hommede Gaza, engagés dans une enquête surles exactions commises pendant cetteguerre, nous guident tout le long de l'étroitebande de Gaza, sur les traces des charsisraéliens.Des dizaines de témoins de la guerreisraélienne de 22 jours contre Gaza (27décembre 2008 au 18 janvier 2009)témoignent devant la caméra. Leurs récitsfrappent par la précision des faits et nousfont entrer dans le cauchemar palestinien.

Ils sont complétés par des images tournéessous le feu de l’offensive israélienne parplusieurs cameramen palestiniens que nousavons connus à l’époque de l’anciennetélévision palestinienne, aujourd’huidissoute. Ces images produites pour lestélévisions du monde mais non exploitées,nous ont été données par ceux qui les onttournées pour que nous en fassions un film.Certaines sont insoutenables. Elles hantentles cauchemars de nos amis, et les nôtresaussi. Nous les regardons avec eux et leurdemandons de nous livrer leurs réflexionssur les images qu’ils ont produites sur leconflit, et au-delà, de nous décrire leurpaysage mental après cette guerreextrêmement violente.

Nous connaissons plusieurs de cespersonnes depuis une dizaine d’années.Nous allons à leur rencontre, parce que cesont des amis et parce qu’ils nous ontinvités à les rejoindre dès que possible. Notre but : documenter la tragédiepalestinienne du point de vue de l’intérieur. Lors de notre voyage, le 20 janvier 2009,au surlendemain du cessez-le-feu et jourhistorique de l’investiture de Barak Obama,nous avons rencontré partout des gensdebout, dignes, tout entièrement investisdans l'impérieuse nécessité de poursuivreleur existence. Et ceci, alors qu’ils sontencore sous le choc d’un longcauchemar…

Samir Abdallah

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Elle n’est point, Gaza, la plus belle des cités…Et comme nous serions méchants si nous cherchions chez elle des poèmes !(…) Peut-être –une mer tumultueuse peut bien engloutir une île minuscule- l’ennemivaincra-t-il Gaza. Peut-être la décapiteront-ils de tous ses arbres…Peut-être sèmeront-ils de leurs roquettes les ventres des enfants et des femmes, àGaza. Et peut-être l’asphyxieront-ils sous la mer et sous les sables et dans des baquets de sang !Pourtant :Jamais elle ne se gargarisera de mensonges.Ni ne dira aux conquérants : Oui !Ni ne cessera d’exploser.Va-t-elle mourir ?S’est-elle suicidée ? Non, non. C’est la manière de Gaza d’annoncer son imprescriptible droit à la vie…

Mahmoud DarwishSilence pour Gaza, 1974

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27 décembre 2008, 11 h du matin à KhanYunes, Gaza. Dans son bureau du P.C.H.R.le Centre Palestinien des Droits de l’Homme,Abu Samer, 45 ans, chargé des enquêtes,travaille sur un projet de film sur les violationsdes droits de l’homme à Gaza.

Les colonies israéliennes ont été démanteléespendant l’été 2005, l’armée s’est retirée,mais après des élections qui ont donné leHamas vainqueur au détriment du Fatah, lesdeux principales factions palestiniennes ensont venues aux mains, et l’AutoritéPalestinienne a été exclue du pouvoir dansl’étroite bande de Gaza. Le P.C.H.R. - connupour son indépendance et son sérieux, affiliéà la F.I.D.H., la Fédération Internationale desDroits de l’Homme (son vice-président est ledirigeant de l’organisation de Gaza)- n’hésitepas à rendre publiques et à dénoncer lesexactions et violations commises par lesresponsables des différentes factionspalestiniennes, tant le Fatah que le Hamas.Pas seulement Israël. Mais Israël et lacommunauté internationale (qui ne veut pastraiter avec les dirigeants du Hamas) ontimposé ici un blocus qui paralyse la vie deplus de 1,5 million d’habitants depuis denombreux mois. Abu Samer veut pointer dansson film les nombreuses conséquencesdésastreuses de ce blocus sur les droitshumains de la population de Gaza.

Abu Samer pense m’appeler pour l’aider surce projet. Nous nous connaissons depuis une

dizaine d’années, depuis que j’ai tournéplusieurs films ici, lors de mes divers voyages.J’y reviendrai…

Mais voilà qu’une série d’explosions énormesfont voler en éclats les vitres au-dessus de satête. En l’espace de 200 secondes, plus de60 avions vont larguer 2000 bombes sur unesoixantaine de cibles dans tout Gaza.Plusieurs bombes explosent non loin dubureau d’Abu Samer qui tombe face contreterre. Il pense que c’est un tremblement deterre, et voit la fin du monde. En fait c’est laguerre. Une violence inouïe, avec son lot demalheurs et de destructions. La mort va roderà Gaza pendant 22 jours. Un véritablecauchemar…

Le soir même, je cherche à joindre AbuSamer au téléphone. Les lignes sont coupées.J’envoie des messages mails inquiets, maisInternet ne semble pas passer. Impossible decommuniquer avec lui ou quiconque pendantplusieurs jours. Début janvier, je participe àl’organisation de missions médicales pourtenter de répondre à l’urgence. Je connaisbien les réseaux qui organisent depuis 2001les missions de ce type pour y avoir participémoi-même. Un premier groupe arrive à serendre sur place, puis un deuxième, en pleineguerre. Uniquement des médecins et dupersonnel médical.

Nous sommes le 14 janvier, Abu Samerm’appelle enfin. Il me rassure sur son état et

celui de nos proches amis. Il a appris quej’étais impliqué dans l’envoi des premièresmissions. Il aimerait bien que je vienne avecma caméra ou sans. Il me dit qu’il pensait àmoi juste avant que ça pète, pour ce projetde film qu’il aurait aimé que je réalise. Il medit qu’il a tout le matériel nécessaire sur placepour tourner, mais qu’il aimerait que ce soitmoi qui le fasse. Je suis très touché. Mais,désolé, je ne suis pas candidat au martyre.J’ai déjà morflé (un peu blessé à la jambe)au Liban pendant la guerre de l’été 2006. Jene vois pas mon utilité. Je ne veux pas y allermoi-même. Je ne suis pas médecin tout demême, et je ne me vois pas filmer sous lesbombes !

Il comprend, mais je le sens déçu. Il merappelle mon séjour chez Arafat en 2002,pendant les 34 jours du siège de laMoqataa, le QG du Vieux à Ramallah.

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Une vieille blague commencée la mêmeannée chez lui, à Khan Yunès, sous lesbombes déjà. Il ne veut pas me mettre lapression plus que ça. Je lui promets deréfléchir à venir APRES la guerre, mais jepensais juste botter en touche.

En fait, le lendemain, j’ai pris ma décision.Je n’ai pas réussi à dormir de la nuit. C’est le jour où une école de l’UNRWA(organisme des Nations Unis pour lesréfugiés) a été bombardée au phosphoreblanc. Un autre ami palestinien m’appelle,Hassan Balawi. Il a dirigé le service enfrançais de l’ancienne télévisionpalestinienne à Gaza. Nous avonstravaillé ensemble en 2001 et 2002. Il medit que des amis communs ont filmé lebombardement de l’école. En fait, ils onttourné depuis le premier jour de la guerre.Ils veulent me donner leurs images pourque j’en fasse un film. Leur référence, c’est« le Siège », un documentaire que j’aitourné pendant le siège de la Moqataadont je viens de parler. Ils me disent quece film a été vu des dizaines de fois surtoutes les chaînes palestiniennes par toutela population de Gaza. Ils veulent medonner leurs images en main propre. Jesuis extrêmement touché. Je veux voir.

Le soir même, j’avais rendez-vous avec ungroupe de volontaires pour organiser unetroisième mission d’urgence sanitaire àGaza. Je me suis inscrit pour partir. Je neme voyais pas siroter des jus dans les cafésparisiens en envoyant des gens dansl’enfer de Gaza, et en plus j’ai comprisque je pouvais me trouver à ma place,pour une nouvelle mission en Palestine, unpays et des gens que j’aime. Et je l’avoue,un peu rassuré par les informations quilaissaient présager d’un rapide cessez lefeu. J’en parle à mon ami Khéridine, c’estrassurant de tourner à deux, et plusefficace ; il est tout de suite partant.

Notre groupe est parti le 18 janvier. Nousétions 12. Des Médecins, du personnelmédical, quelques politiques, juristes etassociatifs, « les 12 salopards venus faire duterrotourisme » pourra titrer un journalisraélien…

Nous savions que nous n’aurions aucunechance de passer par la frontière israélienne,d’où tous les candidats au voyage sontsystématiquement refoulés. Nous avons doncvoyagé par le Caire, pour tenter le passagepar le poste-frontière de Rafah, le seul quin’est pas contrôlé par Israël.

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Chacun est parti pour Gaza avec sesraisons. Pour ma part, je savais que j’allaistourner un film. Je suis documentariste, cetart est mon métier, et mon travail consiste àmettre à jour et à révéler des faits, àtransmettre un message, à inventer des récitsà partir d’une quête de vérité. Or, la véritésur les 22 jours de la guerre contre Gazanous a été cachée. Je n’ai quasiment pas vud’images sur les télévisions occidentales. Lescaméramen ont été interdits d’entrée ;seulement autorisés à filmer depuis les talussurplombant la frontière du côté de Sdérot(côté israélien). Quant aux images des paysdu Sud, je n’y ai pas eu accès; j’ai juste(entre)vu -sur le net- des imagesinsoutenables, débitées en tranchesd’horreur à la manière de tous les JT dumonde. Il m’a semblé que les images –ou lesnon-images- cathodiques ont participé de ladéshumanisation des Palestiniens de Gaza.

Moi qui fais un travail de vérité, j’ai besoinde voir et d’entendre. C’est dans cet étatd’esprit que je suis allé à Gaza. Sans idéepréconçue, sans scénario pré-établi. Justel’envie de rencontres avec les humanitésd’un peuple martyre privé de ses libertésessentielles. Et des souvenirs de poèmes luset entendus en d’autres temps, déjà sous lesbombes, avec Mahmoud Darwish et sescompagnons. J’avais quitté Gaza, il y a 7ans, lors d’un séjour avec le grand poète quivient de partir pour le dernier voyage. Nousavions nommé cette terre rebelle, la terre dupoème. Et nous avons beaucoup pleuré.

Mais avait conclu l’artisan des mots : lespoèmes ont séché sur nos babines, tandisque déambule partout le gouvernement dela Mort… J’avais appris par cœur le poèmequi n’était pas écrit, mais il s’est embrouillédans ma mémoire. Et malgré l’avertissementdu poète, je suis retourné à Gaza en quêted’un poème…

Le 20 janvier, nous sommes rentrés dansGaza par le poste-frontière de Rafah, aprèsune attente de plusieurs heures côtéégyptien. Abu Samer et Joker, un autre amiproche, nous accueillent avec joie. Je lesavais appelés au dernier moment, une foisque j’étais sûr de passer. Ils sont venus toutde suite. Longues embrassades. Et puis cefut la plongée dans la vision du cauchemarpalestinien…

Je m’étais questionné pendant des heures surl’approche que je devrais prendre :comment filmer, quel angle, quand, quoi ettoutes les questions habituelles. Mais j’ai toutde suite senti quoi faire. J’allais attacher mespas à ceux de ces amis venus nous chercheravec tellement de joie. Abu Samer m’a tout de suite parlé de sontravail et de l’importance de documenter àchaud les événements, de recueillir les récitsdes témoins de la guerre, victimes deviolations flagrantes des droits humains.

J’ai compris que j’avais là non seulementdeux amis, mais les principaux personnagesdu film à faire. Pendant 22 jours, personne

n’avait pu circuler dans la bande de Gazaet réaliser vraiment l’étendue des dégâts.Même nos amis caméraman palestiniensque nous retrouverons plus tard, n’ont pufilmer que de loin, ou confinés dans certainsquartiers, à cause du danger.

Partout, sous nos yeux, tout au long de labande de Gaza, les ruines fument encore.Les habitants errent au milieu des restes deleurs maisons, de leurs champs, ou de leursusines, l’air hagard, couverts de poussièregrise, encore abasourdis des bruits et desfureurs de la guerre. Une vision de folie ;nous avons tout de suite pensé aux scènesdu film « le Jour d’Après »…

Et au milieu de toutes ces destructions : lavie, les gosses qui jouent aux billes, les gensqui déblayent, les paysans qui se penchentsur leurs terres, les chants des uns, lespoèmes des autres, et les blagues que nosamis se font un bonheur de nous raconter…

J'assume complètement mon choix demontrer le point de vue palestinien. Nousn‘allons pas jouer aux équilibristes etchercher l’impossible compromis entre lesdeux parties. Pas de fausse «objectivité»,pas de contrepoint israélien, donc. Il ne faitpas l’ombre d’un doute que des films vontexister pour montrer ce point de vue là, ettant mieux pour tout le monde. Nous allonsessayer de montrer de l’intérieur commentles Palestiniens ont vécu cette guerre, la plusviolente depuis la naissance du conflit.

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Mais aucune complaisance non plus : nousrefusons les mises en scènes depropagande, les discours de circonstance,les langues de bois. Nos amis Abu Sameret Joker les abhorrent comme nous ; ils lesrepèrent au quart de tour. Ils ont été forméssur le terrain des droits humains etpersonne ne peut mettre en doute leurindépendance de vue.

C’est vrai que nous avons une proximitéd’expérience avec ces humanistes-là. Nousavons toujours été engagés dans des luttespour les droits humains, pour la dignité,sans jamais nous fondre dans des groupespartisans, et sans nous départir de notreindépendance. C’est vrai que ma positionde cinéaste favorise largement cettedémarche. J'en ai largement parlé avec nosamis du Centre Palestinien des Droits del’Homme, qui sont connus pour ne pasavoir leur langue dans la poche quand ils’agit de dénoncer les exactions de telle outelle faction, ou autorité.C’est d’un grand avantage pour nous :nous évitons les éventuelles manipulationsdes factions, privilégiant les rencontresavec les Palestiniens ordinaires, nous tenantà distance de ceux qui ont vocation à lareprésentation –avec tout notre respect !-.Ilest clair que chaque personnage rencontrédans le film sera présenté pour ce qu’il est.

De nombreuses enquêtes sur les exactionset crimes de guerre commis pendant cetteoffensive sur Gaza, sont en cours (AmnestyInternational, Human Rights Watch,

Commission des Droits de l'Homme del'ONU, Cour Pénale Internationale…). Ellesont commencé plusieurs semaines ou moisaprès les faits. On commence à peine àprendre connaissance des premiersrapports, d'autres suivront dans les mois etles années à venir. Nous, nous avons faitle choix d'y aller dès les premières heuresdu cessez le feu. Il est certain qu'en allantfilmer au cœur même de l'onde de choc, lefilm prend sa dimension documentaire.

Ensemble nous allons découvrir l’ampleurde la « Gaza-strophe ». Le titre du film estvenu tout de suite, dès le lendemain denotre arrivée : référence à la Nakba, le motarabe de catastrophe, qui désigne latragédie palestinienne depuis 1948. Maisdans ce mot il y a aussi « strophe »,référence à la poésie. C’est cette ligne avecsa double lecture qui conduit notre film : «Gaza-strophe, le jour d’après… »

/Pour Khéridineles questions et la vision étaient partagées, maisavec une approche différente : « En ce qui meconcerne, j’ai avec le monde arabe un lienfort entretenu par la distance et donc lemanque (je suis né en France et y ai grandi),et entretenu par les souvenirs de mon père quia passé sa jeunesse en guerre contre «lacolonisation de l’Algérie et non contre laFrance», aime-t-il répéter. Cette vision m’aforgé et m’a donné un regard universel denotre monde. Il ne s’agit pas d’être au serviced’une nation ou d’une idéologie mais auxcôtés d’un peuple et de sa dignité.

Lorsque les bombardements sur Gaza ontcommencé et qu’on ne voyait presque riensur nos écrans, j’ai ressenti une grandefrustration et un sentiment d’impuissance.Non pas parce que j’aurais été pro-Palestinien comme on aime à étiqueter tousceux qui s’expriment pour ce peuple, maisparce que le silence sur un drame aussiinjuste était inacceptable, humainement etintellectuellement. Avec Samir, que jeconnais depuis une dizaine d’années, nouspréparions une mission médicale et au fildes réunions et des bombes à huit clos quin’en finissaient pas, la nécessité d’aller là-bas, voir et montrer, est devenue évidente.Pour moi, auteur de BD et issu du cinémad’animation qui ai toujours abordé lesquestions graves et actuelles à travers lafiction, aller à la rencontre des Palestiniensdans ce qui s’est avéré être un des piresmoments de leur histoire, était décisif. Cequi était auparavant une démarcheintellectuelle devait être confronté à laréalité. Le choc a été dur et très vite j’airetrouvé mes esprits et puisé dans monexpérience pour me mettre au service d’untémoignage collectif à la fois mais tellementpersonnel : chacun avait vécu le mêmedrame, chacun avait perdu les siens, etchacun avait souffert différemment. Mais ilne s’agissait pas de rechercher les imageschocs ou les scènes sur jouées, il s’agissaitd’être au plus près des gens, de partagerdes moments avec eux, et de les écouter.Ce que nous avons fait et recueilli à traversun choix précis dans les cadrages et dansle rythme. »

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Les images ont été tournées en janvier et fé-vrier 2009. Il était pour nous important deles faire dans cette urgence-là, et de pren-dre la mesure de cette catastrophe. Pendantce tournage nous avons suivi le fil de l’en-quête de nos amis du Centre Palestiniendes Droits de l’Homme.

J’avais déjà fait plusieurs voyages à Gaza,ce qui nous a permit d’identifier nos person-nages, les situations, et de capter avec unegrande précision, mais aussi avec toute leurpart d’émotion, les récits que les Palestiniensse sentaient dans l’urgence de raconter.

J’ai retrouvé là d’autres amis que j’avaislaissés sept ans plus tôt sur le tournage demes films précédents (Le Siège, avec Arafatet ses proches assiègés à la Mouqataa en2002, et Ecrivains des Frontières, avecMahmoud Darwish et des écrivains).

Au fil des rencontres avec eux, j’ai filmébeaucoup d’improvisations poétiques, etj’ai cherché avec Kheiridine à retenir dansles images cette poétique –si particulère àGaza- des gestuelles et des lieux. J’ai aussiacquis la conviction qu’il fallait construirele film sur le principe des strophes d’unpoème (“Qassida” en arabe), et nous

avons cherché à filmer des tableaux de lavie qui reprend malgré tout ses droits dansle paysage de ruines laissé par la guerre etle blocus sur Gaza.

Nous avons tourné pendant près d’un mois,et aurions pu continuer encore des se-maines.

Mais nous avons dû partir à cause de latrop grande pression exercée sur nous (ettous les étrangers) par nos ambassades res-pectives et nos familles qui s’inquiétaient denous voir enfermés dans Gaza, après lafermeture totale de la frontière avecl’Egypte. Les autres membres de notregroupe étaient tous rentrés chez eux aprèsune semaine. La plupart des journalistes etinternationaux étaient partis, laissant les ho-tels déserts.

Nous étions quasiment les derniers visiteursétrangers, et avons bien failli nous retrouverbloqués avec les 1,5 millions de Palesti-niens enfermés dans la plus grande prisondu monde.

Nous sommes sortis de Gaza avec le senti-ment de nous enfuir et d’abandonner nosamis. En m’éloigant de la frontière, j’avais

l’impression de les voir se transformer enstatues, embourbés dans la poussière, figésdans un temps immuable.

Six mois plus tard, après avoir vu et revules images que nous avons tournées, cetteévidence me saute aux yeux : à Gaza, letemps est suspendu, comme figé dans l’at-tente de l’Après. Après la guerre, après ladevastation, après le siège… La situationsur le terrain n’a pas évolué d’un pouce.

Je comptes retourner à Gaza passer lesfêtes de fin d’année pour présenter le filmdans la prison gazaoui.

Je sais que le temps à Gaza est toujours au-tant figé dans l’attente. Le “jour d’Après”-référence au jour d’après la Bombe- est untemps indéfini. Le temps de l’attente quis’étire sur des mois et dont on ne voit pasvenir le bout avant longtemps. A moinsd’un miracle.

Mais cette terre de prophéties sature detrop de promesses. Notre seule promesse ànous est celle d’un film. Nous allons le mon-trer aux Palestiniens de Gaza et d’ailleurs,et au reste du monde...

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Le film raconte la guerre, la cavalcade dé-vastatrice d’un gouvernement de la Mort quisemble s’être emparé de la Palestine –n’avez-vous jamais remarqué que la bandede Gaza ressemble à une plaie béante pro-voquée par un large poignard sur la cartedu pays des Ecritures ?- .

Le film se frotte à l’Histoire –il y a un avantet un après Gaza 2009, les analystes s’ac-cordent là-dessus -.

Le film est à l’écoute du récit de ceux qui ontvécu la gaza-strophe. Nous les avons filmédès les premiers jours du cessez le feu.

En les recueillant au plus près du drame, enprenant le temps de l’écoute, dans un soucisde vérité documentaire, les témoignagesprennent toute leur ampleur, et nous font en-trer dans le cauchemar palestinien.

Certes, mais au-delà de l’actualité chaude,au-delà du cri, le film s’attarde sur l’humanitédes gens, recherchant la poétique dans leursgestuelles et leurs propos.

Dans la laideur des paysages de guerre etdes récits qui l’accompagnent, nous cher-chons malgré tout la beauté qui s’attacheaux humains, non réductibles à ces victimesmisérables qu’on exhibe avec mauvais goûtdans certaines officines de bonne foi. Non,nous refusons, pour notre part, d’entrer dansle jeu des mises en scènes macabres ; aucontraire, nous voulons rendre leur dignité àceux et celles qui ont été blessés dans leurchair et dans leur âme, et avec eux affirmerleur imprescriptible droit à la vie…

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C’est peut-être là que notre propositionde cinéma prend sens…

L’affiche du film résume ainsi notre propos:dans le ciel noir de Gaza, les milliers deboules de feu provoquées par les tirs debombes au phosphore, évoquent le dessinde comètes filantes ou de quelques vais-seaux extra-terrestres. On pense aussi à desfeux d’artifice. C’est presque joli, irréel. Lascène est filmée de loin.

Voici les images que nous avons vues surnos écrans pendant les 22 jours de laguerre contre Gaza. Elles montrent le pointde vue de ceux qui regardent le spectaclede loin, avec elles nous plongeons dans unpaysage virtuel, avant que la neige catho-dique ne fasse fondre toute image déran-geante dans le néant abyssal de lamauvaise conscience du monde dit civilisé.

En dessous, dans l’ombre de la ville privéed’électricité, nous voyons le dessin d’uneenfant qui se représente elle-même à côtéde sa mère et de sa sœur touchées par unmissile. Leurs corps semblent flotter dansl’espace comme des âmes qui hanteraientles faubourgs de la ville martyre. Mais quedisent les gouttes qui s’en échappent ? Deslarmes ou du sang ?

Voilà les images que nous n’avons pas vuessur nos écrans : elles montrent le point devue de ceux et celles qui ont vécu sous lesbombes. Avec elles nous entrons dans lepaysage réel, elles nous laissent entrevoirle paysage mental palestinien…

A Gaza, je vais pour retrouver des amis.D’abord. Que les choses soient claires : jene suis pas de ceux qui idéalisent le peuplepalestinien et en font un genre humain àpart, chargé de tous les fantasmes imagi-nables, le réduisant à autant de miroirsd’anges qu’il y a de démons dans nos ima-ginaires misérables. J’ai trop souvent étéchoqué par l’angélisme des bonnes âmesmilitantes qui chargent leurs héros d’habitssi lourds à porter qu’ils les étouffent.

Non, les Palestiniens ne sont pas des héros,ils ne sont ni bons, ni gentils, ni méchantspar essence, et surtout pas des caricatures.Il y a parmi eux toutes sortes de gens –desgens qu’on aime et d’autres qu’on déteste-comme dans tous les peuples de la terre.Les Palestiniens ne veulent pas être deshéros, non. Ils aspirent simplement à leurpart d’humanité, ni plus ni moins.

D’ailleurs, je ne suis pas « pro-palestinien »comme on aime à se proclamer dans lescours révolutionnaires. Je suis révolté parl’injustice faite au peuple de Palestine, et jereconnais que chacune de ses blessuresmarque l’humanité entière, même si,comme le dit un dicton populaire, c’estcelui qui marche sur l’épine qui ressent ladouleur à son pied.

Je ne vais pas en Palestine pour voir desbons Palestiniens pour les mettre jolimentdans la boîte et les montrer comme des gui-gnols aux braves gens.

Je me suis toujours méfié des images. Gareaux images. Je me rappelle quand j’étais àl’école des petits, une de mes maîtresses medonnait toujours des images quand ellevoulait me récompenser. Et vous savez cequ’il y avait dessus ?

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Il y avait toujours un guguss tout marron quifaisait toutes sortes de niaiseries pour mon-trer combien il était gentil. Le guguss s’ap-pelait Abdallah, c’était écrit dessus. Doncc’était censé être moi. Comme je détestais ces images ! En plus dela honte d’être pris pour le fayot de laclasse, je trouvais qu’elles me montraientdans des postures ridicules. Je ne savaispas encore que ces images représentaientla vision coloniale du bon petit arabe ducoin de la rue… mais je me vengeais endessinant des petits indiens tout rouges quilançaient des fléchettes sur toutes les partiesdu corps généreux de ma bonne maîtresse.Méchant que j’étais ! Et le jour où je mesuis fait attraper, j’ai été privé d’imagesjusqu’à la fin de l’année !

Voilà. Quand on va quelque part, ontrouve toujours des gens qui ressemblent àl’image qu’on s’en fait. Surtout si on circuleavec une caméra. Il est si facile de repro-duire toujours les mêmes images, cellesqu’on voit tout le temps. Surtout en Pales-tine, et à fortiori à Gaza. Je crois bien quec’est l’endroit au monde où il y a le plus decaméras au mètre carré ! Et les gens quevous rencontrez ainsi –surtout si vous res-semblez à un étranger- vous proposent sou-vent spontanément de jouer toutes sortes derôles appris « à la télé » pour vous conten-ter, et gagner ainsi une petite place dansle paradis cathodique. Nombreux sont les

faiseurs d’images qui tombent dans lepiège. Un jour à Gaza, j’ai discuté avec uncaméraman qui se disait hanté par un rêve:toutes les nuits des ombres le poursuivaienten l’accusant d’être un voleur d’images. Ala fin, il est rentré dans son pays voir un psyet il a vendu sa caméra.

Pour éviter ces (im)postures, il faut savoirtrouver sa place PARMI les gens qu’on vientfilmer. En d’autres mots, trouver sa légiti-mité. Ainsi, on trouvera les personnages dufilm qu’on désire faire.

Nos personnages nous ont choisi, eux.C’est ce qui fait notre légitimité. Je l’ai dit,ce sont des amis, ce sont eux qui nous ontchoisis pour être filmé et pour filmer lesleurs.

Il est vrai aussi, qu’au lendemain de laguerre, les personnages que nous avonschoisis, encore sous le choc des bombes etplein des poussières de la mort qui rôde,ont un besoin impérieux de raconter leursblessures. Ce qui donne à leurs récits leurcaractère d’urgence et d’authenticité…

Page 13: GAZA-STROPHE, le jour d'après

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

IMAGES TOURNÉES/AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGESGAZA CRÊVE L’ECAN

BIOS/CONTACTS

Abu Samer, l'enquêteur sérieux et son acolyte,le bien nommé Joker, sont nos guides. Tousdeux portent une cinquantaine fringante.Tout au long du film, nous accompagnons nosamis du Centre Palestinien des Droits del’Homme. Nous croisons nos questions aveceux lorsque nous recueillons les récits des té-moins. Ils ont une grande expérience des en-quêtes sur les violations des droits humains, etfournissent des rapports réguliers aux institu-tions internationales qui font référence (voirleur site www.pchr.org).

Abu Samer est salarié par le PCHR et Jokerbénévole dans ce même centre, travaille pourl’UNRWA. Ils sont tous les deux spécialisésdans les enquêtes de terrain pour le comptede leur association.

Nous les verrons dans leur rôle d’enquêteurs.Le film entant ainsi documenter le travail méti-culeux des professionnels de la défense desdroits humains qui partout, sur les zones deconflits, révèlent les réalités du terrain. Et ceciavec plus de précision souvent que des jour-nalistes qui ont pour mission de couvrir l’ac-tualité immédiate.

Nous les verrons aussi dans les moments depause entre les étapes de notre voyage dans

la bande de Gaza que nous traversons enlong et en large. Confrontés à l’horreur, cesont eux qui nous remontent le moral avec leurmanière de créer du bonheur et de la poésieavec des petits riens. Car, avec Darwish, ilsportent le fardeau de l’espoir, parce que «nous aussi nous aimons la vie ».

Et en arabe, le mot douleur, ALAM, et le mot es-poir, AMAL, s’écrivent avec les mêmes lettres…

Comment avons-nous fait connaissance?C’était en 2001. J’étais venu à Gaza avecdes amis pendant les débuts de la seconde In-tifada. Les délégations du monde entier pas-sent par le P.C.H.R. de Gaza. Les officielscomme les civils. Et nous avions sympathiséparce que je me retrouvais dans ces person-nages humbles et proches des gens, sans pré-tentions, dévoués, épris de poésie et pleind’humour. Eux aimaient échanger avec moiparce que je comprenais à peu près l’arabeet arrivais à échanger avec eux dans cettebelle langue, ce qui n’était pas le cas de laplupart de mes amis. Je leur montrais toujoursles images que je tournais et les incitais à fil-mer eux-mêmes, et à améliorer leur approchefilmique quand ils s’y sont mis. Avec eux j’aianimé une sorte de stage autour du film do-cumentaire pendant quelques semaines. Ça

leur a plu, et Abu Samer me parle tout letemps de ses projets de film qu’il n’a malheu-reusement jamais le temps de réaliser.Un jour de février 2002, avec des amis tou-lousains, nous nous sommes retrouvés dansleur maison (ils sont amis, collègues et voisins),invités à partager leur dîner et à passer la nuit.Ils habitent dans le camp de réfugiés de KhanYunès au sud de la bande de Gaza. Lesbombes ont commencé à pleuvoir sur lecamp, à quelques dizaines de mètres de nousà peine. Nous étions terrorisés et n’osions tou-cher au plat généreusement garni de viandesqu’ils venaient de poser au centre de la pièce.

Pour détendre l’atmosphère, Joker, qui s’ap-pelle en réalité Awad, a commencé à balan-cer une série de vannes. Petit à petit nous noussommes tous déridés, et même le plus craintifd’entre nous y est allé de sa répartie. Je croisbien que je n’ai jamais autant rigolé que cettenuit-là. Nous avions commencé vers 22h et à 5h dumatin nous n’en avions pas encore fini : uneblague interrompue par une explosion puisune autre et ainsi de suite. Anesthésiés à toutepeur, nous sommes montés sur le toit pour voirle coq du voisin qui annonçait le matin.Grosse explosion à même pas 200 mètres denous.

Premier réflexe d’inquiétude quand même.Puis un âne s’est mis à braire longuement.Éclat de rires général, pour nous l’âne s’estmis à rigoler, semblant dire : « Eh vous l’en-voyé du gouvernement de la Mort, vouscroyez que vous viendrez à bout de Moi ?Que nenni vous ne m’aurez pas !! En tout casc’est comme ça que nous l’avons interprété.Et pourtant, la Mort rôdait dans les parageset pouvait nous faucher nous aussi…C’est ainsi que l’ami Awad a gagné le surnomde Joker, et il ne l’a jamais démérité.

STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

ABU SAMER, JOKER ET LES DROITS DE L’HOMME

Page 14: GAZA-STROPHE, le jour d'après

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGESGAZA CRÊVE L’ECAN

BIOS/CONTACTS

LES PALESTINIENS DANS LE FILM

Le film prend la forme d’un road-movie,d’une ballade. Nous tournons avec deuxcaméras. Champ/contre-champ, ou encontrepoint. Nous avons convenu d’harmo-niser notre travail à la caméra, nous inspi-rant d’un style BD, avec des partis pris decadrages assumés de bout en bout, en por-tée, mais le plus posé possible. Nous ca-drons près de nos personnages, avec desplans en situation. Nous recherchons lesbelles lumières du matin ou de la find’après-midi, privilégiant les contrastes etbannissant les surexpositions…

Nous avons aussi convenu d’une approchepoétique. Des images poèmes si on peut sepermettre l’expression. Pour nous, imbibésdes poèmes de Mahmoud Darwish, le

grand poète palestinien décédé en août2008, la Palestine est engloutie chaquejour. Elle ressemble de moins en moins à unpays. C’est en train de devenir une méta-phore. Puisse l’Art lui donner sens.

QUELQUES RENCONTRESA l’est de la ville de Gaza, à quelque cinqcents mètres de la frontière israélienne, unezone agricole. Nos amis nous ont emmenéslà pour nous montrer un des points de dé-part de l’attaque terrestre.

Un vieil homme nettoie méthodiquementson champ qui court jusqu’aux miradors hi-deux au loin. Dans la brume, on distingueune concentration de véhicules militaires surun talus. Les Israéliens ont coupé par lesterres de ce paysan pour éviter les piègesposés sur la route. Leurs chars ont laissé de

profonds sillons dans la terre, rasant toutesles plantations. Il ne reste que quelques fi-guiers de barbarie au milieu de quelquesruines de pierre. Cette plante est connue icicomme le symbole de la présence palesti-nienne, et du « soumoud », sa persévé-rance. Même dans les terres de 1948,comme les gens d’ici appellent Israël, cetteplante rappelle l’ancienne présence du« peuple de trop » là où leurs villages ontété détruits après leur expulsion.

Le vieillard, Abu Samd (ce qui veut direle Père Tien bon) ramasse un à un les dé-tritus que la troupe a laissés parmi ses fi-guiers. Il nous parle tranquillement de cequi s’est passé. Il ne lui reste plus rien, justeces quelques figuiers. Pourtant, il ne seplaint pas. Il recommence tout à zéro. Pourla énième fois.

STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

Page 15: GAZA-STROPHE, le jour d'après

Devant lui, en direction de Gaza, unelongue traînée. Ce sont les traces des che-nilles des chars et des bulldozers israéliens.Ils ont dévasté la zone industrielle, plus unseul bâtiment debout, sur des kilomètres.Nous allons à la rencontre du patron de laseule entreprise de pylônes électriques duterritoire. Totalement dévastée. Abu Saber(ce qui veut dire Père la Patience) ne pleurepas. Il raconte tout aussi tranquillement quenotre vieillard Abu Samd, l’attaque israé-lienne du 27 décembre 2008. Le ciel esttombé sur sa tête, mais nous sommes lesnourriciers de l’espoir dit-il.

Pas étonnant que la chambre de l’hôtel Pa-lestine, en bordure de mer, à Gaza-ville, oùnous allons dormir ce soir soit plongée dansle noir. Des jeunes, Rami, Rachid et Mo-hamed, nous reçoivent avec enthou-siasme. Ils n’ont reçu aucun visiteur depuisdeux ans dans cet hôtel qui vit son heure de

gloire lors de la venue du Président Arafaten 1994. L’immeuble touché par quelquesmissiles sur sa façade marine est tombé endésuétude, toutes les vitres ont volé enéclats. Pas évident non plus de filmer dansle noir. Même le générateur est en panne àcause de l’embargo sur l’essence.

Qu’importe nous filmerons à la lumière desbougies. C’est que les jeunes de l’hôtel Pa-lestine sont intarissables quand il s’agit deparler de leur vie à Gaza sous le siège…A l’aube, le réveil matin. Ce sont lesbombes qui tombent à un rythme soutenusur les pêcheurs interdits de pêche par lamarine militaire israélienne que l’on dis-tingue nettement à l’horizon. Certaines tom-bent à quelques mètres de la plage, sousnos yeux. Pourtant le cessez le feu a été dé-claré depuis 3 jours.

Abul Hal passe ses journées assis sur lesruines de sa maison dans ce qui fut le ha-meau de Hay Zeytoun (le coin des Olive-raies) aux portes de Gaza-Ville. Ici, descentaines de personnes ont été réuniesdans quelques maisons et interdites de sor-tir pendant plusieurs jours. Plusieurs di-zaines de membres d’une même famillesont mortes, les Samouni, tués de sangfroid, disent les survivants, par les soldatsqui ont établi ici leur campement, avant delancer l’attaque sur le quartier urbain deTell el Hawa, dans la ville. On voit nette-ment les traces de ce campement, les che-nilles des chars et des bulldozers. Abul Halne pleure pas, il chante. Sa chanson parlede ce qui est arrivé à sa famille.

La petite Mona, 9 ans, elle non plus nepleure pas. Pourtant elle a vu sa mère et sasœur mourir sous ses yeux. Elle est seule aumonde ? Non. Tous les survivants l’ont

adoptée. Elle passe ses journées à dessinerles scènes qu’elle a vécues.

A Hay Zeitoun il y a aussi cette grandmère, Sit Hanem, dont les seuls fils survi-vants sont enfermés dans une prison israé-lienne. Elle semble perdue dans sasouffrance, et toute la journée déplace despierres lourdes dans un geste de vouloir re-construire sa maison détruite pour la 3èmefois depuis 7 ans, alors qu’un peu plus loindes gosses jouent avec des bouts de boiset de ferraille. En tapant dessus, le feu re-prend. En fait, ce sont des restes d’une at-taque au phosphore. Les gossesinconscients du danger s’amusent commeils peuvent. C’est vrai qu’il y a plein detrous partout, pratique pour jouer auxbilles. C’est devenu leur jeu favori !

Il n’y avait pas de résistance ici à Hay Zei-toun, c’est une zone agricole, les maisonsétaient isolées les unes des autres. Impossiblepour une guérilla de tenir quelque positionque ce soit ici. La raison de son malheur c’estque ce hameau présente une vue stratégiquesur la ville de Gaza, surpeuplée et donc plusdifficile à atteindre pour une troupe qui veutéviter les victimes parmi ses rangs. Le chocavec « la Résistance » est attendu dans lesruelles de Gaza, mais avant, pour l’armée is-raélienne, il faut prendre Tell El Hawa (la col-line du vent).

Au nord de la ville de Gaza, dans le quar-tier Abed Rabo à l’entrée du plus grandcamp de réfugiés de Gaza, Abu Soad estassis dans les ruines de sa maison.

Il a perdu ses 3 filles chéries, sa mère, etplusieurs de ses proches. Il cherche à com-prendre. Juste comprendre. Tout le quartierest par terre, plus rien ne tient.

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGESGAZA CRÊVE L’ECAN

BIOS/CONTACTS

STROPHEGAZA

LE JOUR D’APRÈS…

Page 16: GAZA-STROPHE, le jour d'après

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGES

GAZA CRÊVE L’ECANBIOS/CONTACTS

C’est un champ de ruines jusqu’au loin, là-bas au Nord, Beit Lahia, où nous retrou-vons, toujours sur les traces des charsisraéliens, un personnage haut en couleur,Abu Enad, un cultivateur, déjà rencontréen 2002 lors du tournage du film « Ecri-vains des frontières » avec Mahmoud Dar-wish et ses confrères venus de quatrecontinents.

Je l’avais surnommé le « paysan élo-quent » tellement sa verve poétiquem’avait impressionné. C’est un ami de AbuSamer. Il a perdu plusieurs membres de safamille et nous sommes venus lui présenternos condoléances. Mais plutôt que des’étendre sur le drame familial, notre pay-san éloquent se lance dans une improvisa-tion poétique à couper le souffle. Nous nepartirons pas sans avoir goûté à ses fraisestrès appréciées en Europe.

C’est chez un voisin de notre ami poète quenous serons confrontés à l’horreur absolue.La famille d’Abu Halima a été décimée.Leur maison frappée par une bombe auphosphore pue la mort. Les soldats en ontinterdit l’accès pendant plus d’une se-maine. Les corps des victimes sont restésdans les ruines de la maison abandonnéeaux chiens.

C’est ici qu’ont été tournées les images lesplus violentes que je n’ai jamais vues de mavie, et même en écrivant je ne peux m’em-pêcher de pleurer. A cause de cette scène,mes nuits sont hantées par un cauchemarrécurent, mais c‘est là une autre histoire surlaquelle je reviendrai dans un autre film.Ces images montrent un buste calcinéd’une petite fille de 4 mois dont les bras etles jambes ont été arrachés depuis que leschiens l’ont déchiquetée…

Ces images ont été tournées par un de cescaméramans palestiniens dont nousavons parlé plus haut. Nous allons rencon-trer ce caméraman, Mahmoud et sesamis Mahran, Issam, Wissam, Lana,Zuheir et Atef, l’animateur de l’équipede Media Group. Ils sont tous obsédés par l’idée de MON-TRER ce qu’ils ont filmé, une indicible partiede ce qu’ils ont vu. Mais voulons nousVOIR ? Et puis MONTRER, mais POUR-QUOI FAIRE ?...

C’est le sujet d’un second film : GAZA CRÊVE L’ECRAN...Réalisation : Samir AbdallahProduction : L’Yeux Ouverts, Iskra,Media Group. Ce second film, d’unedurée de 90 mn montré au Festival de Dubaï(DIFF) sera disponible à la fin janvier 2010,en France.

STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

Samir Abdallah &Kheridine Mabrouk

Page 17: GAZA-STROPHE, le jour d'après

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGES

GAZA CRÊVE L’ECANBIOS/CONTACTS

Ce sont eux qui ont tourné les images de laguerre. Ils les ont envoyées chaque jour parles airs pour les rendre disponibles dans lemonde entier, mais très peu ont été vues.

Des images qui ont cogné mes rétines avecune violence insoutenable. Au point qu’ellesont peuplé mon esprit de fantômes et mesnuits de cauchemars d’une noirceur absolue,jusqu’à ces derniers jours d’été, tandis quej’écris ces lignes.

Nous en montrons quelques-unes pendant lerécit. Des plans courts, aussi rapides que vio-lents, que nous monterons comme ils ont ététournés : à l’arrache et sans fioritures for-melles. Mais nous ne voulons absolument pasnous laisser vampiriser par la fabrique duspectaculaire, ni laisser rôder les esprits mor-bides qui se délectent du sang.

Nous avons rencontré celui qui nous adonné ces images, Atef, au surlendemain denotre arrivée à Gaza. Je l’avais déjà croisé7 ans auparavant en compagnie de monami Hassan Balaoui. Il s’occupait alors desservices techniques de la télévision palesti-nienne. Lorsque le Hamas a fermé cettechaîne après sa prise du pouvoir, Atef acréé Media Group, l’une des deux princi-

pales agences d’images et de services au-diovisuels de Gaza, avec Ramattan.

Le nouveau pouvoir le laisse agir, puisqu’ila besoin du savoir-faire de ses collabora-teurs, et qu’il a intérêt à ce que les imagesqu’ils tournent sortent de Gaza. J’ai d’ailleurs été surpris par la tranquillitéavec laquelle nous avons pu tourner dans ceghetto sous blocus. Je ne suis pas sûr qu’ilen soit encore ainsi d’ailleurs, mais faut voir.

Je pensais que des miliciens ou des policiersinterviendraient à tout bout de champs, nousdemandant de ne pas tourner telle scènepour les raisons les plus variées. Ce n’est ar-rivé qu’une seule fois en un mois, parce queje tournais près d’une cache d’armes sansle savoir. Et les deux policiers qui m’ont in-terrompu se sont répandus en excuseslorsqu’ils ont reconnu celui qui avait tourné« le Siège » ! Ils avaient à peine 16 anslorsque nous étions enfermés dans le QGd’Arafat à Ramallah, en 2002, je les avaismême filmés presque enfants.

Quelle coïncidence ! Ils m’ont invité à pren-dre le thé dans leur modeste abri, et m’ontraconté –hors caméra- leur rôle dans cequ’ils appellent « Al Mouqawama », la Ré-

sistance. Je n’ai pas voulu filmer tout desuite, me disant que je retournerai les voir àune prochaine occasion, car ils méritent bienun film à eux tout seuls.

Atef s’est entouré des meilleurs cameramenet techniciens de l’ancienne télé. Aucun n’estaffilié au Fatah, au Hamas ou à un quel-conque groupe palestinien, mais tous vénè-rent Arafat et cultivent sa mémoire. Aussi, ilsme considèrent comme un frère à cause demon film tourné avec le Raïs. Atef m’a toutde suite demandé de faire un film avec lesimages tournées par ses 8 collaborateursdans toute la bande de Gaza pendant les22 jours de la guerre. Une trentained’heures.

J’ai tout regardé pendant plusieurs nuitsavec le monteur du groupe, et nous avonsmonté plusieurs edit-lines avec les images dechacun des cameramen, mises bout à bout.Après une semaine, j’ai dit à Atef que je nepensais pas être capable de faire un filmjuste avec ces images, et pas seulementparce qu’elles sont trop violentes et qu’ellesm’ont fait suffoquer et pleurer toutes leslarmes de mon corps, et cauchemarder lespires horreurs que l’on puisse imaginer.

Je lui ai dit que je voulais leur montrer cesimages et réaliser des entretiens avec eux. Je pensais qu’ils seraient eux des person-nages de film, confrontés à leurs propresimages et dirais-je, à leurs propres démons.Ils ont tous accepté avec enthousiasme.

Nous les avons donc filmés dans les studiosde Media Group. Gros plans visages, lu-mière rasante au- dessus d’une épaule. Plutôtchaude sur un côté, et légèrement bleutée del’autre, noir total sur le fond…

STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

ATEF, LANA, MAHMOUD… ET LES IMAGES DE LA GUERRE

« La caméraest une partiede ma vie.Si je la perds,je perds ma vie.J’ai décidé : quoiqu’il nous arrive,je filmerai toujours » Mahmoudcaméraman

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ATEF, PATRON DE MÉDIA GROUP, LA CINQUANTAINE : « Des images très bouleversantes sont passées parmoi. Je les suivais et regardais, j’étais bouleversé.Parfois je laissais mon travail, et j’allais pleurer.La télévision est regardée par des enfants, desfemmes, des personnes âgées. Je ne peux pas expo-ser ces images, pour des raisons professionnelles etaussi pour des raisons humanitaires.Beaucoup de ces images, celles que nous avons vuesensemble, Samir, nous ne pouvions pas les sortir aumonde, ce sont des images dures et violentes.Toi et moi, elles nous ont atteints, mais... je ne saispas... Je crains qu’un jour toi et moi, nous devenionspeut-être une de ces images. Et moi, je ne souhaitepas être exposé de cette manière… Ce sont des scènes très douloureuses. La guerre estfinie, celui qui est mort est mort, et celui qui est vivantest vivant...Mais la chose la plus douloureuse, c’est que noussommes toujours assiégés...Ces maisons détruites, tous ces gens par milliers, desdizaines de milliers de personnes... Ils vivent sansabri, dans un climat froid et pluvieux, dans la nuit.Les hommes sont mélangés aux enfants et auxfemmes. Il n’y a pas de lieu où vivre.Les maisons qui ont été partiellement détruites, il estpossible de les rénover, mais à condition qu’il y aitdes matériaux de construction. Il n’y a pas de maté-riel...

Nous subissons toujours le blocus! Aucun matériel de construction n’a pu être entré pourque l’on puisse reconstruire nos maisons, et que lesgens puissent se reconstruire. »

Lana, femme reporter, la trentaine :« Il y a beaucoup d’images dans ma tête, j’ai vubeaucoup de choses pendant la guerre et mêmeaprès la guerre et j’ai beaucoup pleuré. C’est vraique je ne fais pas partie des morts... mais crois-moi :les vivants sont comme morts, ils ne sont ni vivants nimorts, il n’y a pas d’âme.Crois-moi, là je discute avec toi, mais je suis triste, jen’ai pas l’envie de vivre ou d’être joyeuse ou n’im-porte quoi... Tu me vois rire ou raconter, mais crois-moi que de l’intérieur je suis triste, je n’ai pas d’espoir,je n’ai pas d’âme… Il y a certaines images qui resteront à jamais graverdans mon esprit... comme l’image d’un père qui ap-pelait son fils Mohamed au milieu des décombres, iln’appelait pas seulement Mohamed, il disait où es-tuMohamed, réponds-moi Mohamed... Voilà, je te ra-conte cela et j’ai la chair de poule, et elle ne peut pasquitter mon mental.Et une autre image, celle d’un homme qui pleurait,avec qui je discutais, je n’avais pas dit grand chose,seulement bonjour mon oncle et il s’est mis à pleurer,tout ce que j’ai fait, c’était de m’asseoir à ses côtésau-dessus de sa maison détruite et je me suis mise àpleurer aussi.Il me demandait : “pourquoi nous ont-ils fait celà?pourquoi?”Je n’avais pas de réponses à ses questions, parceque je ne savais pas moi-même, pourquoi Israel, nousa fait tout ça…Celui qui est mort, que Dieu ait son âme, mais celuiqui a survécu, et qui ne vit pas... Voilà le drame...celuiqui est mort est mort....et nous mourrons tous un jour,toi et moi nous ne sommes pas éternels...et personnesur terre n’est éternel, nous mourrons tous... mais si tuvis et qu’en fait tu n’es pas en vie, et que tu vis unevie qui n’en ait pas une... c’est un pêché. »

MAHMOUD, CAMÉRAMAN, LA TRENTAINE :« Il y avait des gens qui voulaient être filmés et d’au-tres pas. C’était une bataille : il fallait tout documenter.Parce que c’est un message, et nous en tant que ca-meramen, c’est notre devoir d’envoyer ce message.Nous avons essayé de convaincre les sceptiques qu’ilfallait rester sur les lieux pour filmer, pour les soulageret dire au monde qui nous regarde... que noussommes des gens avec des sentiments, nous aimons

notre nation et nous la vénérons. Et le monde qui re-garde ces images ne peut avoir que de la sympathiepour nous. Si nous ne documentions pas cette guerre,ce serait un grand problème. Les gens comprenaientbien notre démarche, et nous aidaient. Il fallait que l’on soit présents malgré le grand dan-ger…Dans les guerres précédentes, nous n’avions pas puprofiter des progrès de la technologie.Sur la guerre de 48, nous voyions de vieilles imagesen noir et blanc, sur pellicule. Nous voyions l’exil forcé des Palestiniens.Mais nous faisons partie de la génération qui aécouté les histoires de nos parents et grand-parents.Il n’y avait personne pour documenter tout ça.Cette histoire tournait dans mon esprit pendant queje filmais la guerre.Les guerres d’avant n’étaient pas documentées.Nous devons faire les images des guerres pour laisserdes traces aux futures générations. L’histoire de la Pa-lestine, nous l’écrivons en la filmant de nos propresmains. Et si nous ne pouvons le faire avec les moyensmodernes, ça serait un grand problème.Nous avons décidé de montrer dans le détail ce quise passe içi : les carnages, les civils, les Institutions, etles maisons prises pour cibles.Nous devons faire tout ça car nous sommes une par-tie du peuple, nous devons être avec le peuple.Et les crimes précédents n’ont pas été filmés. Il n’yavait pas les moyens à l’époque et les gens ne pen-saient pas que la guerre était comme cela.Les carnages que nous avons documentés seront untémoignage des crimes commis par les Israéliens, àl’encontre des civils, des pierres, des humains, des ci-toyens et des enfants.Je suis convaincu que ces images vont dénoncer Is-raël, parce que ces images sont de la documenta-tion.Et l’histoire nous l’écrivons avec nos mains, au prixde notre sacrifice.Ça n’est pas juste un slogan... Non : je peux moi-même devenir un martyr, n’importe quand, je peuxperdre ma jambe, ma main, mes yeux...il peut m’ar-river n’importe quoi.Mais l’important, c’est que j’ai pu enregistrer l’his-toire.Nous avons une histoire, nous avons des archives,qui seront racontées par toutes les générations, avecdétails.Et ils témoigneront que le caméraman était un aven-turier, qui a filmé et tout documenté. Et la documenta-tion est l’histoire de tous les peuples. »

RÉSUMÉ

SYNOPSIS

GENÈSE D’UN FILM

INTENTIONS

AU-DELÀ DU CRI

PERSONNAGESÉLÉMENTS DU RÉCIT...

BIOS/CONTACTS

STROPHEGAZALE JOUR D’APRÈS…

Page 19: GAZA-STROPHE, le jour d'après

Samir ABDALLAH - Né en 1959 à Copenhague (Danemark),de père égyptien et de mère danoise. Installé en France depuisl’âge de 6 ans, il y a acquis la nationalité française. Réalise desfilms documentaires et reportages depuis 1983. Après une col-laboration de 10 ans avec l’Agence IM’Media, spécialisée dansl’immigration et les cultures urbaines, où il produit et réalise unesérie de reportages pour l’émission ´»Rencontres» sur FR3, ilfonde l’association L’Yeux ouverts qui organise des ateliers deréalisation et de programmation dans les quartiers pour dévelop-per une réflexion et une pratique publique sur les images et re-présentations du réel et de l’imaginaire. Depuis 1994, il animeun réseau international de projections publiques de films et pro-grammes documentaires exprimant un point de vue critique surle monde contemporain, avec plus de 3000 partenaires associa-tifs et divers, en France, Europe, pays arabes et Amériques… unréseau qu’il vient de baptiser du nom de : CINEMETEQUE…

Khéridine MABROUK Passionné de Bande Dessinée et de ci-néma, il est auteur de BD et illustrateur pendant plus de sept ansdans différents magazines. Il développe ensuite des projets per-sonnels engagés (Hawwa, magazine de réflexion sur les culturesmusulmanes ; Grizlis, communication engagée…) et se distinguepar un graphisme qui puise ses sources en Orient. Son universartistique, profondément inspiré par le monde arabe, le dé-marque. Il est alors directeur artistique pour différentes maisonsd’éditions pour lesquelles il crée de nombreuses collections. Di-plômé de l’école des Gobelins, il réalise plusieurs films promo-tionnels. Un film est en cours sur les Soufis à Damas et les héritiersde l’Emir Abdelkader.

Ce film est une première collaboration entre les 2 artistes. Ils ontfilmé chacun avec une caméra.

REALISATIONS DOCUMENTAIRES

Voyages au Pays de la Peuge, Samir Abdallah & Raffaele Ventura, Maurizio Lazzarato, 1991, 60 mn –Dif Planète câble. Chez les ouvriers des usines Peugeot-Sochaux, une enquête ouvrière.

Chronique du Dragon,Samir Abdallah & Raffaele Ventura, 1995, 52 mn – Dif Canal + et la Télé de la Rue.Une chronique due l’occupation d’un immeuble vide rue du Dragon à Paris par des familles sans logis et le DAL.Avec le soutien de nombreux artistes.

La Ballade des Sans Papiers, Samir Abdallah & Raffaele Ventura, 1997, 82 mn – Dif Planete câble et laTélé de la Rue. Une chronique du mouvement des sans papiers de l’église Saint Ambroise à l’église Saint Ber-nard.

Pour Titus, Samir Abdallah, 1998, 52 mn - diffusion Planète câble et la Télé de la Rue. Un hommage au jeuneTitus, d’origine marocaine, tué par la « violence de la bêtise » dans sa cité de banlieue…

1948, l’expulsion, Samir Abdallah, 1998, 26 mn - diffusion Planète câble et la Télé de la RueLe récit de l’expulsion des Palestiniens en 1948, par l’historien palestinien Elias Sanbar

Fêtes circuler ! Samir Abdallah, 2001, 52 mn - diffusion Telessonne et la Télé de la Rue. Road-movie musicalsur les frontières et plaidoyer pour la liberté de circuler…El Batalett, femmes de la Médina, Dalila Ennadre, 2001, 60 mn, diffusion Arte, RTBF, la Télé de la Rue. Portraitde groupe de femmes de la Médina de Casablanca qui résistent au quotidien …

Voyages en Palestine(s), Samir Abdallah, 2001, 52 mn - diffusion la Télé de la RueEn juin 2001, la première mission civile pour la protection du peuple palestinien, conduite par José Bové et despersonnalités du mouvement social français, se rend en Palestine et en Israël…

Le siège, Samir Abdallah, 2003, 55 mn – coproduction avec the factory – diffusion France 3, France 2. 32jours à la Moqataa, le QG de Yasser Arafat, assiégé par l’armée de Sharon, en avril 2002.

Ecrivains des frontières, Samir Abdallah & José Reynès, 2004, 80 mn, coproduit avec les Films du Cyclope,sortie cinéma. Un voyage en Palestine avec 8 écrivains du monde à la rencontre de Mahmoud Darwish, poète.

Quo Vadis? Samir Abdallah, 2006, 75 mn, production L’Yeux Ouverts/Images Plus. Un voyage aux sources duréalisateur avec ses deux garçons, Nessim (19 ans) et Bilal (17 ans) nés en France : au Danemark, au Maroc eten Egypte.

Après la guerre, c’est toujours la guerre, Samir Abdallah, 2008, 82 mn, production L’YeuxOuverts/Vidéo de poche. Un carnet de route pendant et après la guerre de l’été 2006 au Liban.

On est resté sur la dalle…(la bataille d’Argenteuil), Samir Abdallah, 2008, 90 mn, production L’YeuxOuverts/Iskra. La campagne des candidats dits de la « diversité » à Argenteuil, pendant les Législatives de 2007.

Candidats pour du beur ? Samir Abdallah, 2009, 90mn , film en construction, production L’YeuxOuverts/Iskra. Avec les candidats dits de la diversité lors des élections françaises de 2007 et 2008.

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CONTACT RÉALISATEURS

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© Iskra L’Yeux Ouvert France Télévisions 2010

PRODUCTION

ISKRA L’YEUX OUVERTS RFO

UN FILM DOCUMENTAIRE DE

SAMIR ABDALLAH & KHÉRIDINE MABROUK

MONTAGE

KAHENA ATIA

MUSIQUE

ABBAS BAKHTIARI

IMAGES ADDITIONNELLES

MEDIA GROUP, MAHMOUD DARWEESH AJRAMI, ESSAMATTIA AJRAMI, WISAM HATEM EL-ASHI

TRADUCTIONS

RULA ELJEICHI, SAMIA AYEB, TAGHRID SENOUAR, SARA HABA,YARA JALAJEL, AMEL CHERGUI, BILL PETERSON, MYRIEM RIVEIL

PRODUCTION

MATTHIEU DE LABORDE & LAURENT DE WANGEN

UNE CO-PRODUCTIONISKRAMATTHIEU DE LABORDE, LENA FRAENKEL,VIVIANE AQUILLI, JASMINA SIJERCIC

L’YEUX OUVERTSNAÏMA ASLI, LAURENT DE WANGEN, FLEUR YVERNAY

FRANCE TÉLÉVISION PÔLE RFOWALLES KOTRA, PIERRE WATRIN, CATHERINE MAUFROY

AVEC LE SOUTIEN DE

CENTRE NATIONAL DE LA CINÉMATOGRAPHIEPROCIREP SOCIÉTÉ DES PRODUCTEURSANGOAMEDIA GROUP ATEF EISSA

UN MONDE PAR TOUSCAMPAGNE CIVILE INTERNATIONALEPOUR LA PROTECTION DU PEUPLE PALESTINIEN

ISKRA18, RUE H. BARBUSSE BP2494111 ARCUEIL CEDEXTÉL : 33 (0)141 240 220FAX : 33 (0)141 240 [email protected]

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