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Sonderdruck aus: Religions orientales culti misterici Neue Perspektiven nouvelles perspectives prospettive nuove lm Rahmen des trilateralen Projektes Les religions orientales dans le monde grèco-romain herausgegeben von Corinne Bonnet, J6rg Rüpke und Paolo Scarpi unter Mitarbeit von Nicole Hartmann und Franca Fabricius Pots damer Altertumswissenschaftliche Beitrage Bd. 16) @ Franz Steiner Verlag Stuttgart 2006

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    Sonderdruck aus:Religions orientalesculti mistericiNeue Perspektiven nouvelles perspectivesprospettive nuove

    lm Rahmen des trilateralen ProjektesLes religions orientales dans le monde grco-romainherausgegeben vonCorinne Bonnet, J6rg Rpke und Paolo Scarpiunter Mitarbeit vonNicole Hartmann und Franca Fabricius

    Potsdamer Altertumswissenschaftliche Beitrage Bd. 16)

    @ Franz Steiner Verlag Stuttgart 2006

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romainesen matire de Franoise Van Haeperen

    Les cultes que l on range traditionnellement, depuis Fr. Cumont, sous l'tiquette de couvrent des ralits fort disparates. Parmi ceux-ci, l on trouve Rome descultes publics, introduits officiellement, mais aussi des cultes non officiels mais tolrs.Tous contiennent des aspects formels stigmatiss par les Anciens, mais laplupart, comme l a rcemment rappel N. Belayche, .1 Ces cultes, la fois tranges et familiers, taienten bonne partie visibles, intgrs dans le paysage des cits. Qu'ils soient privs ou afortiori publics, ces cultes pouvaient ainsi tre amens entrer en contact avec les autoritspolitiques et religieuses romaines.

    Quelles fonctions pouvaient remplir les autorits politiques et religieuses romaines enmatire de ? Telle est la question laquelle nous tenterons de rpondre partir de quelques exemples se rapportant au culte public de la Magna Mater, mais aussi des cultes non officiels, tel celui de Mithra ou d une divinit solaire syrienne; nous voquerons galement le culte des divinits gyptiennes qui passe quant lui, du moins Rome, du statut non officiel au statut public au cours du 1 s. de n..

    Nous envisagerons les autorits politiques et religieuses de Rome (snat, magistrats etprtres publics tels les pontifes et les quindcemvirs) mais aussi des colonies et des municipes - (dcurions et prtres publics), avec des exemples issus d'Italie - et notammentd'Ostie -, d'Afrique du Nord et de Gaule. L'enqute s'articulera autour de trois axes.Existait-il galement, aux cts des sacerdoces bien romains que nous venons de citer, desprtrises pour certains cultes orientaux, que l on pourraient qualifier de publiques? En apportant des lments de rponse cette premire question, nous claireronsaussi le rle jou par les autorits politiques et religieuses dans la nomination ou confirmation des prtres de Cyble. La participation des reprsentants de la cit aux crmoniesdes cultes orientaux publics retiendra ensuite notre attention. 2 Nous aborderons enfin lesinterventions des autorits politiques et religieuses dans la gestion des lieux de culte orientaux, qu'il s'agisse de construction d'difices ou d'rection de statues.

    1 Les prtres desservant les cultes orientaux officielssont-ils des prtres publics?Les prtres spcifiquement attachs au culte d une divinit orientale peuvent-ils tre desprtres publics? Par prtre public, nous entendrons, en une dfinition minimaliste, un prtre1 Belayche 2000.2 Nous ne prendrons par contre pas en considration leur participation des cultes non officiels ouleur implication personnelle dans des rites .

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    40 Franoise Van Haeperendont le titre officiel contient la mention publicus populi Romani. Sont ainsi sacerdotespublici les membres des vnrables sacerdoces romains remontant aux origines de la Ville,mais aussi des sacerdoces plus rcents. Au nombre de ceux-ci figure la sacerdos Cererispublica p(opuli) R(omani) Q(uiritium), prtresse charge des Graeca sacra du culte deCrs, introduits Rome durant la deuxime moiti du 3e s. av. n..3

    1.1 Prtrises de Cyble et d'Attis Rome et dans le monde romainLe culte de Cyble fut galement introduit officiellement Rome, la fin du 3 e s. av. n..,c est bien connu. Dans son abrg de Verrius Flaccus, Festus le range parmi les sacraperegrina, tout comme le culte de Crs et d'Esculape. Il prcise que ces cultes taientclbrs Rome selon la coutume en usage chez les peuples auxquels ils ont t emprunts.4 Le culte de Crs tait assur par une prtresse publique; celle-ci tait d'originegrecque, ou du moins considre comme telle par les Romains, et recevait la citoyennetromaine en entrant en charge. Quant la Magna Mater, c'taient, selon Denys d'Halicarnasse, un prtre phrygien et une prtresse phrygienne qui assuraient son culte, selon leurtradition, .5 Quel taitle statut de ces prtres, sous la Rpublique et sous l'Empire? Prcisons que nous neparlerons pas des galles qui s'masculaient pour le service de la desse;6 nous n'envisagerons pas non plus les collges des dendrophores 7 et des cannophores, crs sous l'Empireet qui jouaient un rle dans les ftes de mars de la desse. Nous voquerons ici le statut dessacerdotes Magnae Matris et de ses archigalles, Rome et dans l'Occident romain. Peuvent-ils tre qualifis de prtres publics? Pour rpondre cette question, nous prsenteronsd'abord les sources relatives la Ville, ensuite celles qui se rapportent aux colonies et auxmunicipes. C est au terme de cette analyse seulement que nous tenterons de les mettre enrapport avec l'volution du culte de Cyble telle que les chercheurs la retracent actuellement.

    Denys d'Halicarnasse offre une information supplmentaire sur les prtres phrygiens deCyble dans le passage susmentionn: la suite d une loi et d un snatusconsulte,8 les

    3 CIL VI 2182; Cie. Balb. 55: ce culte,

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 41prtres de la desse, homme et femme, ne peuvent tre romains de naissance. Remarquons, la suite de M. Beard, que la mention de parat trange: elle necorrespond, semble-t-il, aucune catgorie juridique prcise.9 Se dessinerait-il en filigranedu texte de Denys que des Romains d'origine orientale taient, quant eux, autoriss devenir prtres ou prtresses de la desse?Les sources pigraphiques ne permettent pas d'valuer le statut juridique et l'originegographique de ces prtres sous la Rpublique. 10 Sous Auguste et au 1er s. de notre re, onobserve que les sacerdotes Matris deum, hommes et femmes, taient esclaves, affranchis -certains affranchis impriaux - ou prgrins; leur nom pourrait laisser supposer une origineorientale. 11 Par la suite, les prtres de la desse Rome semblent tre majoritairement deshommes libres, prgrins ou citoyens, et mme, au 4e s., une clarissima femina. Observonsaussi qu un prtre du 4e s., citoyen romain, est qualifi de sacerdos Phryx maximus: il sedfinit donc encore comme , son nom ayant d'ailleurs une orientale ou tout le moins grecque. 12Le titre de ces prtres dont l'intitul varie lgrement dans les inscriptions ne contientpas la mention populi Romani. Toutefois, ceci ne doit pas tre considr comme une preuvedu caractre non public de leur sacerdoce, loin s en faut. D une part, de telles mentionssont rares dans les titulatures des prtres publics; mais surtout, la comparaison avec le titred un archigalle de Rome et avec la procdure de nomination des prtres de la Magna Materdans les colonies va, nous le verrons, se rvler clairante.

    Les archigalles de Rome taient citoyens, comme le prouve l'pigraphie; ils ne devaientdonc pas, contrairement aux galles, se soumettre au rite phrygien de l'virationY Sansentrer dans les dbats relatifs l'institution de l'archigallat, relevons immdiatement le titrede l un d'eux: archigallus Matris deum magnae Idaeae et Attis populi Romani. Il s'agitdonc bien d un sacerdoce public, du moins l'poque de cette inscription qui n est malheureusement pas date mais qui pourrait remonter au 2e s. de n.. 14

    Abordons maintenant les prtres de la Magna Mater hors de Rome. Une inscription,date de 289, nous fournit de prcieux renseignements sur la dsignation de ces prtres. 15On y distingue deux phases: d une part, l'lection proprement dite par le snat local;d'autre part, la confirmation du prtre par les quindcemvirs qui l'investissent de ses

    9 Beard 1998 l, 97; II, 210.10 Voir les listes dresses par Graillot 1912,239-243,248-249, complter par le CCCA.Il Le caractre ou d un nom n'est cependant pas un indice certain de l'origine de lapersonne qui le porte. Voir le rcent tat de la question dress par J.-M. Lassre, 2005, 138-140.12 CIL VI 508: F/(auius) Antonius Eustochius: au 4e s., il se dfinit comme sacerdos Phryx maximus. PLRE 1,314.13 Graillot 1912, 230-235; Sanders 1972, 1008-1114. L'institution de l'archigallat a t mise enrapport avec la rforme du culte qui aurait eu lieu sous Antonin et avec l'instauration du taurobole, interprt comme un rite de substitution de l'masculation. Nous n'entrerons pas dans cesdbats.14 CIL VI 2183 (ILS 4161; CCCA III 261). 3e s.? (Carcopino 1942,93). D'aprs H. Solin, 2003, lesurnom de son affranchi, Eucratianus, mentionn dans cette inscription funraire, renvoie au 1erou 2e s.15 CIL X 3698 (ILS 4175; CCCA IV 7). Dans un premier temps, les dcurions de Cumes serunissent pour choisir un prtre de la Mater deum Baiana, en remplacement du titulaire dfunt,Restitutus. . La deuxime partie del'inscription rapporte la lettre que les quindcemvirs de Rome envoyrent aux dcurions deCumes. .

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    42 Franoise Van Haepereninsignes et dlimitent le territoire sur lequel s'exerceront ses fonctions. 16 On retrouve cesdeux tapes dans une inscription de Lyon, date de 160Y le prtre, sacerdos, Q. SarnniusSecundus, qui l'ordo de Lyon a accord le sacerdoce perptuel, a t orn du bracelet etde la couronne par les quindcemvirs.Ces deux inscriptions ont ainsi permis de mieux comprendre le titre sacerdos quindecemuiralis qui apparat dans une bonne dizaine d'inscriptions provenant de colonies et demunicipes d'Italie essentiellement mais aussi de Gaule. 8 Une inscription de Bnvent,publie en 1994,19 nous fournit la premire attestation de ces prtres quindecemuirales etd'un taurobole; sur la base de critres palographiques et onomastiques, elle a t date del'poque des Flaviens ou de Trajan. Si la datation de cette inscription est confirme, ilfaudrait reconsidrer la question de l'apparition du rite du taurobole et de l'apparition desprtres quindecemuirales que l'on faisait jusqu'alors remonter 160, date de l'inscriptionde Lyon et poque suppose des rformes du culte de la Magna Mater sous Antonin lePieux.

    Le choix mme du prtre appartenait donc, semble-t-il, aux snats locaux. o Mais, nousl'avons vu, le contrle du pouvoir religieux central se marque aussi clairement dans laconfirmation des prtres de la Magna Mater dans certaines colonies. Pourrait-on, la suited'une suggestion de J. Scheid, tendre ces constatations l'ensemble des prtres de Cybleattests dans les colonies romaines?21 Autrement dit, mme quand ils ne portent pas le titrede quindecemuiralis ces prtres peuvent-ils tre considrs comme ayant t choisis par lesdcurions et confirms par les quindcemvirs? Le dossier des inscriptions tauroboliques deBnvent permet d'apporter un lment de rponse. On observe en effet qu'une mmeprtresse est tantt qualifie de sacerdos quindecemuiralis tantt simplement de sacerdos. 22

    16 On observe un dlai de plus de deux mois et demi entre la runion des dcurions de Cumes(kalendes de juin) et celle des quindcemvirs aboutissant la confirmation du prtre de la MagnaMater Baiana (17 aot). L'inscription reproduisant les deux documents comporte aussi uneparticularit: le praenomen du prtre dfunt n est pas cit dans la lettre des dcurions, alors qu'ill'est dans celle des quindcemvirs; pourrait-on ds lors supposer que les prtres romains dtenaient un registre des prtres des colonies? moins que le lapicide n ait omis le praenomen enretranscrivant le premier document.17 CIL XIII 1751 (ILS 4131; Duthoy 1968 , n 126: Lyonnaise, Lugdunum): sacerdote/ Q(uinto)Sammio Secundo ab Xvviris / occabo et corona exomato / cui sanctissimus ordo Lugudunens(ium) / perpetuitatem sacerdoti decrevit.18 CIL XIV 4304 (Duthoy 1968, nO 41; CCCA III 418: Ostie); AE 1969 119-120 (Gate); CIL V4400 (IIt X 5, 193: Brixia); CIL IX 981 (Compsa); CIL X 129 (ILS 3337; CCCA IV 124:Potentia); CIL X 3698 (ILS 417: Cumes; CIL X 3764 (ILS 6341: Suessula); CIL X 4726 (Duthoy1968, n 10: Forum Popilii Carinola). Bnvent: AE 1994538; CIL IX 1538 (ILS 4185; Duthoy1968, nO 54); CIL IX 1541 (ILS 4184; Duthoy 1968, n 57). CIL XII 1567 (ILS 4140; Duthoy1968, nO 83; CCCA V 363: Die); CIL XIII 1751 (ILS 4131; Duthoy 1968, n 126: Lyon).19 AE 1994538; Adamo Muscettola 1994,96-99.20 On l'observe aussi dans deux inscriptions de Mactar, en Afrique du Nord, dates du dernier quartdu 3e s.: deux prtres de la desse sont ainsi qualifis de

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 43Un bon nombre de prtres et d'archigalles de Cyble attests en Italie portent dans leurtitre le nom de la colonie ou de la localit o ils exercent. 23 Cette constatation pourrait, mon avis, constituer un indice du fait que ces prtres taient choisis par le pouvoir local etqu'ils exeraient l'intrieur des limites de leur territoire.Qu'en est-il des prtres de Cyble hors d'Italie? Deux prtres de Gaule ont t confirmspar les quindcemvirs.24 Quant aux autres prtres et archigalles, leur titre contient parfoismention de la cit laquelle ils sont rattachs 25 mais, de manire gnrale, on ne trouve quela simple mention sacerdos. En anticipant quelque peu, on peut dj signaler que certainsde ces prtres agissent dans le cadre du culte public de leur cit. L'absence de mention deprtre quindcemviral hors d'Italie et de Gaule signifie-t-elle que les prtres de la MagnaMater ne devaient pas tre confirms par les quindcemvirs dans ces autres rgions? Lepetit nombre d'attestations de ces prtres quindcemviraux en Gaule dnote-t-il une exception ou faut-il considrer que les autres mentions de prtres de Cyble omettent la

    prcision quindecemuiralis? Autant de questions auxquelles il n'est gure ais de rpondre.Il apparat, par contre, de manire assez nette que les sacerdotes Matris deum semblent desprtres attachs leur communaut civique, qu'il s'agisse de l'Italie, de la Gaule ou del'Afrique.Reste se demander depuis quand les quindcemvirs jouaient un rle dans la confirmation des prtres de Cyble. Pour les uns, cette fonction des quindcemvirs remonterait une rforme qui aurait eu lieu sous Antonin le Pieux.26 Pour d'autres, elle serait plutt lie la rforme du culte de la Magna Mater entreprise par Claude, avec l'officialisation d'unepartie des rites phrygiens.27 En arrire-fond de ces deux hypothses tait aussi prsentel'ide suivante: l'volution observe dans le recrutement des prtres - ils peuvent dsormais tre citoyens - doit tre considre comme le signe d'une officialisation de leurfonction. Selon 1. Scheid, au contraire, ce rle des quindcemvirs pourrait remonter l'introduction mme du culte de la Magna Mater Rome: ds l'origine, les quindcemvirsauraient eu la tche .28 On pourrait ds lors se demander comment interprter l'volution perceptible dansle recrutement des prtres de la desse sous l'Empire. Je ne suis pas sre qu'il faillencessairement y voir, comme on l a souvent fait, la preuve d'un changement lgislatif parrapport l'poque rpublicaine: mme s'ils peuvent dsormais tre des hommes libres,prgrins ou mme citoyens, ces prtres et prtresses de Cyble apparaissent encore pour laplupart comme des d'origine; il ne s'agit donc pas de ,pour reprendre les mots de la loi tels que les rapportait Denys d'Halicarnasse. Cette vo-

    23 CCCA III 395, 401, 418, 423, 442 (Ostie); CCCA III 450 (Nomentum); CCCA III 462 (Tusculum); CCCA III 468 (Lavinium); CCCA III 452 (Tivoli); CCCA IV 1 (Hamae); CCCA IV 7(Cumes); CCCA IV 97 (Suessula).24 Prtre de Lyon en 160; prtre d'Orange.25 CIL XII 1567 (inscription mentionnant un prtre d'Arausio [Orange], d'Alba [Aps] et de DeaVocontiorum [Die]); CCCA V 114 (sacerdotes M(atris) d(eum) m(agnae) l(deae) col(oniae)Utik(ae)); CCCA VI 141 (archigalle de Salone).26 Wissowa 1912,320.27 Turcan 1989,50 - remarquons que si la datation de l'inscription de Bnvent l'poque flavienne ou de Trajan est confinne, ce texte constituerait un indice en faveur de cette hypothse.28 Scheid 1998,23-26. A l'appui de cette hypothse, on pourrait ajouter un texte de Cicron djrelev par H. Graillot (1912, 228): dans sa Rponse aux haruspices, l'orateur rappelle Clodiusque tout le culte (religio) de la Magna Mater a t constitu par le sacerdoce des quindcemvirs;je serais encline y inclure les acteurs des ftes et donc notamment les prtres phrygiens, quirsidaient prs du temple trs officiel du Palatin. Cic. haro 13, 26: sacerdotium (Xvirat) quo esthaec tota religio (culte de Magna Mater) constituta.

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    44 Franoise Van Haeperenlution dans le recrutement pourrait simplement indiquer que le prestige du sacerdoce augmenta mesure que les ftes phrygiennes de la desse furent davantage officialises.

    1.2 Sacerdoces des dieux gyptiensEnvisageons maintenant plus rapidement les sacerdoces des dieux gyptiens dans le monderomain occidental. Le culte d'Isis devient officiel Rome partir du 1er s. de n.. et,vraisemblablement, comme l a rcemment propos J. Scheid,29 partir de Vespasien. Ilsemble toutefois que les sacerdoces des divinits gyptiennes restent Rome un , autonome dans son recrutement par rapport aux autorits religieuses romaines:3 on ne peut ici parler de sacerdoces publics.

    La situation tait peut-tre diffrente dans d'autres cits du monde romain. Une inscription d'Acerrae en Campanie, date du 2e s., mentionne un sacerdos p(ublicus) deae Isidis etSerapidisY Les sacerdotes Isidis d'Ostie indiquent quant eux clairement dans leur titre lelien avec le lieu du culte: Ostie;32 or leur sanctuaire tait, selon toute vraisemblance,public;33 pourrait-on suggrer, sur la base du titre mentionnant expressment la ville laquelle ils se rattachent, que ces prtres taient publics? C est une possibilit qui mrited'tre envisage, d'autant plus si l on confronte cette hypothse aux titres dont se parent lesprtres de Mithra: partir du corpus de Vermaseren ou du livre de Clauss, l on constate queces prtres ne se rfrent jamais au nom de leur ville ou de leur communaut civique. 34

    2 Participation des autorits politiques et religieuses romainesaux crmonies publiques des cultes orientaux

    Aprs ce questionnement sur la nature publique ou non des sacerdoces propres divers, nous pouvons aborder un deuxime aspect de notre thmatique: la participation des autorits publiques romaines aux crmonies publiques des cultes orientaux.

    Commenons par les cultes isiaques Rome et dans l'Occident mditerranen: dansl'tat actuel de mes recherches, les sources ne nous permettent pas de savoir si les autoritspubliques de l Vrbs ou des cits participaient aux crmonies publiques des cultes isiaques.Dans la mesure o ces crmonies taient inscrites au calendrier romain et vraisemblablement aussi d un certain nombre de cits, je ne serais pas tonne que magistrat ou prtrepublic ait particip, sous une forme ou l'autre, ces clbrations. La comparaison avec leculte de la Magna Mater rend en tout cas cette hypothse plausible.

    Dans le cas du culte mtroaque, les sources nous sont en effet plus favorables. Ainsi, lesftes bien romaines de la desse, qui ont lieu, depuis son arrive Rome, du 4 au 10 avril,sont supervises par les diles curules d'abord puis, partir d'Auguste par les prteurs: 3529 Scheid 2004, 308-311.30 Rpke 2005 l, 34.31 SIRIS 501; RICIS 504/0701. L'abrviation P) de cette inscription est gnralement rsolue par

    publicus: voir SIRIS; Tran Tarn Tihn 1972,47; RIClS.32 SIRIS 543, 545, 546 (RICIS 503/1123; 503/1125; 503/1127): sacerdos Isidis Ostens(is). Unprtre d Isis prsent Portus prcise dans son titre (SIRIS 560; RIClS 503/1221): sacerdos deaeIsidis Cap. Ced: ces deux derniers mots ont souvent t interprts comme Cap(itis) Ced(ar), unelocalit d'Arabie. Voir Steuernagel 2004, 219; RICIS.33 Voir infra, et n. 64: le temple d Isis a t restaur frais publics.34 CIMRM; Clauss 1992. Tout au plus, trouve-t-on des sacerdotes huius loci, locus semblant dsigner le lieu mme du culte, le mithre (Ostie, Rome hors les murs).35 Dio Casso 54, 2, 3.

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 45, crit Denys d'Halicarnasse, .36 Cette prsence des diles puisdes prteurs n'est gure tonnante, dans la mesure o ces magistrats assumaient des fonctions religieuses dans le cadre d'autres cultes publics.37

    Toutefois, poursuit l'historien grec propos de la Magna Mater, . Et leur rle est effectivementperceptible lors des crmonies bien phrygiennes de mars, officialises partir de Claudemais dj clbres auparavant, au moins pour une partie d'entre elles. Lors de la lauatiodu 27 mars, crit Ovide,38 .39 Accole leur rle de gardiens des livres sibyllins, cette fonction des quindcemvirs semble donc, l'poque deLucain (39-65 de n..), assez connue et distinctive pour dpeindre ces prtres dont le potene prcise pas le nom. Peut-tre mme ces prtres remplissaient-ils dj cette fonction en49 av. n.., poque o il les met en scne? Cela ne me parat pas impossible: cette hypothse ne remet bien sr pas en cause la dualit des formes de culte - romaine en avril,phrygienne en mars - mais indiquerait, si on l'accepte, le contrle des autorits romainessur les ftes de mars galement.4o

    Aprs avoir clair la participation des autorits publiques romaines, aux cts du sacerdoce phrygien, lors des crmonies de mars et d'avril, il nous reste aborder leur rledans un autre rite accompli pour la Magna Mater, le taurobole ou le criobole. Ce sacrificed un taureau ou d un blier dont les uires, les testicules, sont offerts, est interprt actuellement comme un rite de substitution la castration rserve aux galles. 41 Le taurobole,accompli par des citoyens et attest depuis 160 (mais peut-tre dj avant, nous l'avonsvu), est gnralement considr comme un rite clbr titre priv, souvent pour le salut del'empereur.42 Et certes, une grande partie des tauroboles attests par l'pigraphie ont t36 Den. Hal. 2, 19,4.37 Tel celui d'Hercule l'Ara Maxima (Varro ling. 6,54; CIL VI 312-313; cf 30735); les prteursprsidaient galement d'autres jeux publics, tels les Ludi piscatori (Fest. p. 274-276 L.).38 Ov. fast. 4, 337-340: est locus, in Tiberim qua lubricus influit Almol et nomen magno perdit inamne minor: illic purpurea canus cum ueste sacerdosl Almonis dominam sacraque lauit aquis(trad. R. Schilling, CUF).39 Lucan. 1, 599-600: tunc qui fata deum secretaque carmina se ruant 1 et lotam paruo reuocantAimone Cybelen (trad. A. Bourgery, CUF).40 On devrait aussi voquer propos des crmonies publiques du culte de la Magna Mater: - le

    sacrifice du 15 mars (Canna intrat), accompli par l'archiereus et les cannophores pour la fertilitdes cultures de montagne (Lyd. mens. IV, 49). L'archiereus est souvent identifi par les modernes avec l'archigalle (Sanders 1972, 1012; Borgeaud 1996,219 est plus prudent); en filigranede ce dbat se pose la question, non encore rsolue, de l'identit ou non de l'archigalle et dusacerdos Phryx maximus. Pour les uns (Thomas, 1971), il faut clairement les distinguer; pourd'autres au contraire (Graillot 1912, 142; Carcopino 1942, 93; Sanders 1972, 1010), sans quecela ne soit toujours argument, il faut les identifier. - le rle de l'archigalle le 24 mars (Sanguem), qui ordonne des prires (publiques?) pour le salut de l'empereur (Tert. apol. 25, 5).41 Borgeaud 1996, 134, 156-168.42 Sur le taurobole et pour un catalogue des inscriptions, Duthoy 1968.

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    46 Franoise Van Haeperenaccomplis titre priv, mme si leur clbration pouvait revtir un certain caractre public.Pensons par exemple aux tauroboles clbrs par l'aristocratie paenne au 4e s. et ceux quiportent la mention explicite qu'ils ont t faits sua peeunia; l'autel commmorant la clbration d'un taurobole priv peut toutefois tre rig locus datus deeurionum decreto, cequi indique, une fois encore, la visibilit de ce rite. L'autorisation accorde par les snatslocaux correspond bien videmment une pratique courante pour tout autel ou statuelevs sur un lieu public par un particulier.Outre ces tauroboles privs, il est tout aussi manifeste qu'un certain nombre de tauroboles accomplis hors de Rome, et plus prcisment en Gaule, l'ont t publiee. La respublica Laetoratium, de Lectoure en Aquitaine, fait ainsi un taurobole pour la salus etl'ineolumitas de la maison impriale vers 176.43 Le 8 dcembre 241, l'ordo de cette mmecit fait un taurobole pour le salut de l'empereur, de son pouse et de la maison divine,mais aussi pour le salut de la cit mme des Lactorates; en sont charges deux personnes,en prsence d'un prtre de la desse.44 , constate W. VanAndringa, .45 Les habitants de Narbonne clbrent quant euxpubliee un taurobole sur ordre de la desse, aprs avoir rassembl l'argent de la qute;attirons ici l'attention sur la formule ex stipe eonlata: le substantif stips avait aussi tutilis par Cicron pour dcrire la qute des galles lors des crmonies de la MagnaMater.46 On pourrait encore ajouter l'exemple de la res publica des Voconces (Diet7 maissurtout le taurobole de la province de Narbonne accompli par le flamine provincial, pour lesalut de l'empereur Septime Svre.48Ces tauroboles publics pratiqus dans la deuxime moiti du 2e s. et durant la le moitidu 3e s. sont faits au nom d'une province, d'une cit ou d'un ordo. On constate qu'ils sontmis en uvre par un flamine provincial ou par des prtres de la desse (quand du moins cetype d'information est prsent sur l'inscription). Dans certains cas, ils rpondent un ordrede la desse et sont le plus souvent explicitement accomplis pro sa lute imperatoris maisaussi, dans un cas, pour le salut de la cit. Ceci tmoigne bien de l' .4943 CIL XIII 520 (ILS 4125; Duthoy 1968, n 118; CCCA V 238): Pro salute 1 et incolumiltate domus

    1 diuinae r(es) p(ublica)// Lactorat(ium) tau ropol(ium)fecit. Date: vers 176? (cff. CCCA).44 CIL XIII 511 (Duthoy 1968, nO 109; CCCA V 229; ILS 4126): Pro salute imp(eratoris) M. 1Antoni Gordianil Pii Fel(icis) Aug(usti) et Sa/biniae Tranquil/linae Aug(ustae) totilusq(ue) domus diuilnae proq(ue) statu ciuitat(is) Lactor(atium)1 tauropolium felcit ordo Lact(oratium) 1d(omino) n(ostro) Gordianol Aug(usto) II et Pompeiano co(n)s(ulibus)/ VI idus Dec(embres)curantib(us)/ M(arco) Erotio Festo et M(arco)1 Carinio Caro saeerd(ote)/ Traianio Nundinio.Date: 8 de 241.45 Van Andringa 2002, 193.46 CIL XII 4321 (ILS 4119; Duthoy 1968, n 92; CCCA V 268): Matril deum/ taurobolium 1 iussuipsius ex stipe conlata/I celebrarunt publiee Narbon(enses); Cie. leg. 2,22 et 40.47 Dea Augusta (Die): AE 1889 81 (ILGN 231; Duthoy 1968, n 86; Turean 1972, 77): partiesuprieure d'un autel: [Matri deum magnae?]1 pro salute L(ucii) Sept(imi) Seueri Pii P[ert(inacis)] Aug(usti) et M(arci) Au[rel(i)]1 Antonini Aug(usti) [et P(ublii) Sept(imi) Getae Cae]s(aris)et Iu[li]lae Aug(ustae) taurobol(ium) fec(it) r(es) p(ublica) Voc(ontiorum) pr(aeeunte) Talusio Il[..] Appiano P. Date: 198-209.48 CIL XII 4323 (ILS 4120; Duthoy 1968, n 96; CCCA V 270); autel maintenant perdu. Imperiod(eum) M(atris) taurolpolium prouinciael Narbonensis 1 factum per C(aium) Batonium/ Primumflaminem aug(ustalem)1 pro salute dominorum/ imp(eratorum) L(ucii) Septimi Seueril Pii Pertinacis Aug(usti) Ara/bici Adiabenici Parthilci maximi et M. Aurelil Ant(onini) Aug(usti). Date:198-209.

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 47D'autres tauroboles pourraient avoir t clbrs titre public mme si ce n est pas

    prcis explicitement. Que ce sacrifice soit accompli titre public ou titre priv, l acteurdu taurobole peut tre un prtre municipal, tel un pontife, qui agit la suite d un ordre de ladesse ou des vaticinations de l'archigalle local; un - ou plusieurs - sacerdos de la MagnaMater, est-il parfois ajout, assiste la crmonie ou dicte la formule; le nom du tibicen, dujoueur de flte, est parfois mentionn.

    3 Gestion des lieux de culteEnvisageons enfin le rle des autorits religieuses dans la gestion des lieux de culte , en adoptant ici un plan essentiellement gographique.

    Commenons par Rome: nous n'voquerons pas le temple officiel de la Magna Mater,dont la construction et les restaurations ont t gres de la mme manire que tout templepublic. Il n est pas tonnant non plus que ce soient des curatores aedium sacrarum etoperum locorumque publicorum qui assignent, en 192, l'emplacement pour une statue de laMagna Mater qui devait se trouver dans l'enceinte sacre du temple. 5

    Nous n'envisagerons pas non plus la gestion des sanctuaires romains d Isis et Srapis,prfrant nous concentrer sur le cas d un temple de Sol, au Trastvre: il s agit trs vraisemblablement d un sanctuaire priv install dans un lieu public, les jardins que Csar avaitlgus au peuple. Une inscription nous apprend qu en 102, un certain Julius Anicetus fitagrandir et refaire, ses propres frais, des lments d un temple ddi au Soleil, et ce, avecla permission des kalateurs, des pontifes et des flamines, qui sont tous numrs. 5 CeJulius Anicetus est connu par deux autres inscriptions qui tmoignent aussi du culte qu ilrendait Sol. Dans l une d'elles, il intime, sur ordre du Soleil, de ne pas inscrire ou graverles parois et ses tricliae,52 comprendre comme des triclinia, des salles de banquet. Or uneautre inscription Sol,53 de provenance inconnue, mentionne galement une triclia et unepermission des kalateurs des pontifes et des flamines. Il s agit ici d un autel ddi SolInuictus par un ngociant en vin, Q. Octavius Daphnicus, qui fit, seul, ses frais, unetriclia. Il serait tentant d y voir une des triclia que Julius Anicetus interdit de dgrader.Octavius agit , qui le dispensent de faire un sacrifice.54 Pardeux fois, les kalateurs des pontifes et des flamines accordent donc une permission lie laconstruction ou la rparation d'lments architecturaux en rapport avec un temple de Sol.Comment interprter ces interventions des kalateurs? J. Rpke a propos l'explicationsuivante propos de l'inscription de Julius Anicetus: l un des kalateurs tant un fidle deSol, Julius Anicetus lui aurait demand cette permission - non ncessaire en soi; en luiaccordant cette autorisation, les kalateurs trouvent quant eux le moyen de s'autoprsenterdans une inscription situe dans un cadre religieux bien dlimit. 55 Pour J. Scheid,56 ce lieu49 Van Andringa 2002, 192.50 CCCA III 6 (CIL VI 3702; 30967) (cette inscription a t retrouve proximit du temple sur lePalatin); voir Daguet-Gagey 1997,387-388. Notons la date de la ddicace, le 27 mars, jour de la

    lauatio.51 CIL VI 2185 (CIL VI 31034); Chausson 1995,664-665.52 CIL VI 52.5354 CIL VI 712 (provenance inconnue); Chausson 1995,666--667.Comment comprendre cette immunitas sacri faciendi? Par comparaison avec des pratiques attestes dans le culte public mais aussi dans le droit priv des tombeaux, l on pourrait penser unsacrifice expiatoire destin prvenir l'ventuel mcontentement du dieu devant des travauxtroublant le calme de son sanctuaire. Van Haeperen 2002, 339.55 Rpke 2005, 1532-1536.56 Scheid 2003-2004, 811.

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    48 Franoise Van Haeperende culte priv install dans les jardins publics de Csar aurait chapp la juridiction dumagistrat comptent, parce qu'il se situait au-del du premier mille et aurait donc dpendudu collge pontifical; les pontifes auraient ainsi dlgu cette tche leurs kalateurs. Cesdeux explications, qui peuvent d'ailleurs tre complmentaires, paraissent intressantes.Ajoutons que les kalateurs des pontifes ont galement accord d'autres permissions.57 Malheureusement les textes qui nous les transmettent sont fort mutils et nous ne pouvons pastoujours prciser leur lieu prcis d'origine (hors ou dans la limite du 1 mille) ni le type depermission concde ni la divinit honore. Rappelons aussi que les pontifes pouvaient treconsults par tout priv pris d'un scrupule religieux mais aussi que leur avis pouvait tresollicit quand un lieu priv se trouvait sur un terrain public et risquait ainsi desusciter des conflits d'intrt.58 Les fonctions remplies par le pontife d'Ostie apportent deslments de comparaison intressants. Ostie et Portus, le pontifex Volkani et aedium sacrarum tait, comme son nom l'indique, comptent dans la gestion des sanctuaires: les tmoignages qui nous sont parvenusconcernent exclusivement les lieux de culte des deux ports. Ainsi, le pontifexautorise un particulier dresser des statues, sur le Campus de la Magna Mater, la fin du2e et au dbut du 3e s., pourvu que celles-ci ne portent aucun prjudice aux autres statuesposes antrieurement.59 Un nocore de Srapis Portus fait divers dons Srapis et auxtheoi sunnaoi, avec la permission du pontife et des duovirs. 60 On retrouve, sous une formequelque peu diffrente, cette association entre autorit religieuse et politique dans une autreinscription.61 Enfin, c'est vraisemblablement un pontife qui concde un particulier l'emplacement pour la construction d'une exdre ouverte sur la cour du temple de Srapis Ostie, l'poque antonine.62 Le pontife d'Ostie semble donc sollicit pour des interventions portant sur l'amnagement de sanctuaires orientaux dj difis. Par contre, quand ls'agit d'accorder un emplacement pour construire un nouveau temple, ce sont les duovirsque l on voit intervenir, sur dcret des dcurions: tel est le cas du sanctuaire de Bellone. 63La restauration du temple d'Isis et de son portique, Portus, est quant elle dcide au 4 e s.par les empereurs Valens, Gratien et Valentinien et mise en uvre par le prfet de l'annone,comptent cette poque pour les difices publics d'Ostie et de Portus.64On pourrait multiplier les exemples pour des colonies et municipes d'Italie, d'Afrique duNord ou de Gaule notamment: ceux-ci illustreraient l'intervention de l'empereur rarement,des magistrats locaux et des dcurions beaucoup plus souvent. Ces interventions se rapportent des constructions et restaurations de sanctuaires de Cybl5 surtout, mais aussi,dans une moindre mesure des divinits gyptiennes.66 Ces interventions des autorits 10-57 CIL VI 2186 (date de 109); CIL VI 40684 (AE 191623; AE 1922 60); voir Van Haeperen 2002,337-339; Rpke 2005, 1534-1535.58 Cie. leg. 2,20; 2, 30; haro resp. 12; Liv. 1,20,6-7; Van Haeperen 2002, 72-75, 190,252.59 CIL XIV 324 (ILS 4176; CCCA III 364; CIL XIV 325; CCCA III 363); Rieger 2004,294.60 CIL XIV 47 (lPOstie-B 304; IG XIV 915; ILS 4402; SIRIS 550; RICIS 503/1205): .61 CIL XIV 352 (ILS 6149; SIRIS 536; RICIS 503/1115): celle-ci rappelle l'rection, en 251, d'unestatue un notable ostien, anubiaque, par un autre dvot, , . Sur le ct de l'inscription, il est prcis que la statue at ddie le 17 des kalendes d'aot (?), sur un emplacement donn par le pontife de Vulcain etdes difices sacrs.62 SIRIS 533c (RICIS 503/1106); Zevi 200 l, 182-184.63 CCCA III 388.64 AE 1968 86 (SIRIS 562; RICIS 503/1223).65 Pour l'Afrique, voir Pavis d'Escurac 1975-1976; Bricault 2005,294-295.66 Pouzzoles (lex parieti: SIRIS 497; RICIS 504/401); Arles (emplacement prvu pour les pastophores au thtre, par dcret des dcurions ?): SIRIS 726; RICIS 605/0401).

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 49cales en matire de sanctuaires attestent le caractre public de ces lieux de culte, difis ourestaurs ex decreto decurionum, aux frais des communauts locales ou par un notablevergte. En filigrane, on dcle donc aussi l'adoption par ces cits de ces divinits, quidevaient y tre honores titre public.

    Pour terminer, je souhaiterais aborder rapidement le cas, trs rarement attest, de quelques mithres, pour lesquels apparat la mention des autorits locales, propos de leuremplacement ou de leur rfection. Un mithre de Milan se situe ainsi sur une area fourniepar la res publica; ce mithre, aprs avoir brl, est reconstruit, ses frais, par le paterpatratus. 67 Sur un autel ddi au dieu, dans le mme mithre, il est rappel que cet emplacement a t donn par dcret des dcurions. 68 Montoro, en Ombrie, aprs un tremblement de terre, un mithre est reconstruit, aux frais de son prtre, avec la permission desdcurions.69 Dans certains cas, des mithres semblent donc avoir t difis sur des terrainspublics. Cela signifie-t-il pour autant que le culte de Mithra tait un culte officiel de cescits? Dans les cas documents, le cot des travaux est assum par un membre minent dela communaut mithriaque, titre priv. Ceci pourrait indiquer deux choses diffrentes:soit le personnage prend sa charge, comme acte d'vergtisme, la reconstruction d'undifice qui serait public - le culte de Mithra serait ds lors un culte officiel de ces cits;toutefois la nature initiatique de ce culte pourrait nous inciter considrer que ces mithressont des constructions usage priv, construites sur un sol public qui a t concd unecommunaut (remarquons qu'on observe des situations similaires dans le cas de corporations professionnelles). Quoi qu'il en soit, ces constructions de mithres sur terrain publictmoignent d'une certaine visibilit de ce culte, d'une certaine reconnaissance.

    4 ConclusionsLes fonctions que peuvent remplir les autorits romaines en matire de dpendent en bonne partie de la nature du culte. S'agit-il d un culte public, introduitofficiellement Rome, tel celui de Cyble? Les domaines d'interventions sont larges et nese distinguent gure de ceux que l on observe pour les cultes : participationde prtres et magistrats aux ftes publiques; gestion des lieux de cultes par les autoritscomptentes. La prsence d un clerg spcifiquement attach au culte de la Magna Materne constitue pas non plus un cas exceptionnel, puisque d'autres cultes imports officiellement ont conserv un sacerdoce considr comme , tel celui de Crs. Ceclerg (prtres et archigalles) semble en bonne partie contrl par les autorits romaines oulocales et peut tre considr comme du moins sous l'Empire mais vraisemblablement dj sous la Rpublique. Dans le mme temps, ce clerg reprsente aussi, par soncaractre phrygien, encore affirm au 4e s. par un prtre citoyen romain, la face de ce culte la fois import et national. partir du moment o le culte des divinits gyptiennes est officialis Rome ou dansles communauts locales, il n 'est pas tonnant non plus de constater l'apparition de lieux decultes qui leur sont officiellement ddis et qui sont entretenus publiquement. Le clerg deces divinits continue cependant de former un sacerdoce particulier, autonome par rapportaux autorits publiques, sauf peut-tre dans certains cas, rares.

    67 CIL V 5795.68 CIL V 5796.69 AE 1996, 601.

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    50 Franoise Van HaeperenPour des cultes non officiels, tel celui de Sol au Trastvre ou celui de Mithra, lesinterventions des autorits politiques ou religieuses semblent plus rares; celles que nousavons observes, en matire de , s'expliquent vraisemblablementpar le caractre public du sol o s'lvent leurs sanctuaires.La distinction entre cultes publics et cultes privs apparat donc comme un lment

    important pour expliquer les interventions des autorits romaines en matire de cultes mais cette constatation s'tend, vraisemblablement, tout autant aux cultes .

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    Fonctions des autorits politiques et religieuses romaines 51Tran Tarn Tinh, Vincent 1972. Le culte des divinits orientales en Campanie en dehors de

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    Vidman, Ladislav 1969. Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae (SIRIS)(Religionsgesehiehtliehe Versuehe und Vorarbeiten 28). Berlin.

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