27
EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas et Mélisande SOIR 1 C’est un soir de novembre 1917, à l’intérieur des lignes allemandes. Le canon tonne au loin, des pulsations de lumière tapent aux vitres des hautes fenêtres béant sur de grands arbres. Des noirs de branches projetés rayent par instant le parquet et les murs de la grande salle où repose un homme, dont la pâleur du visage tranche étonnamment dans des impressions de briques rouges. Claude Debussy dort dans l’ombre de Pelléas qui le veille. L’infirmière Lafaux tisonne un petit feu. OMBRE DE PELLEAS Non franchement non Je ne sais pas comment vous dénichez quelque part son côté enfant étonné Même dans son sommeil il n’est plus regardable LAFAUX Venez plus souvent vous suivrez le cheminement de la mort les transformations qu’elle opère des petits riens de chaque jour mais quand même on voit tout ça partir un effeuillage OMBRE DE PELLEAS Vous voyez bien j'ai raison LAFAUX Oui un peu Mais vous allez le remettre Ça revient toujours OMBRE DE PELLEAS Son front s’est creusé Ce n’était pas si visible jusque-là LAFAUX Une esquisse pour plus tard OMBRE DE PELLEAS Ses lèvres il les avait si rouges Elles sont pincées exsangues LAFAUX Faites voir Le nez pincé c'est la mort les lèvres non Il souffre dans son sommeil votre super héros

EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

  • Upload
    others

  • View
    19

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

EXTRAITS DU TEXTE

EXTRAIT 1/ Début du texteDans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas et Mélisande

SOIR 1

C’est un soir de novembre 1917, à l’intérieur des lignes allemandes. Le canon tonne au loin, des pulsations de lumièretapent aux vitres des hautes fenêtres béant sur de grands arbres.Des noirs de branches projetés rayent par instant le parquet et les murs de la grande salle où repose un homme, dont lapâleur du visage tranche étonnamment dans des impressions de briques rouges. Claude Debussy dort dans l’ombre dePelléas qui le veille. L’infirmière Lafaux tisonne un petit feu.

OMBRE DE PELLEASNonfranchement nonJe ne sais pas commentvous dénichez quelque partson côté enfant étonnéMême dans son sommeilil n’est plus regardable

LAFAUXVenez plus souventvous suivrez le cheminement de la mortles transformations qu’elle opèredes petits riens de chaque jourmais quand même on voit tout ça partirun effeuillage

OMBRE DE PELLEASVous voyez bienj'ai raison

LAFAUXOui un peuMais vous allez le remettreÇa revient toujours

OMBRE DE PELLEASSon front s’est creuséCe n’était pas si visible jusque-là

LAFAUXUne esquissepour plus tard

OMBRE DE PELLEASSes lèvres il les avait si rougesElles sont pincéesexsangues

LAFAUXFaites voirLe nez pincé c'est la mortles lèvres nonIl souffre dans son sommeilvotre super héros

Page 2: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

voilà tout

OMBRE DE PELLEASÇa lui fait comme un ourlet de méchanceté

LAFAUXOn a les yeux de la guerre vous savezLe regard se fermeÇa ternit les fins de vie l'Autre est flétri à l' avance

OMBRE DE PELLEASOui vous avez raisonil faut prendre du temps pour s'habituer

LAFAUXUne qualité particulière de tempsEn ligne ça va tellement vite les mourants sont vitrifiés dans des trous d’air

OMBRE DE PELLEASComme vous dites cela

LAFAUXLa mort subitel'anéantissement d'un coupc'est terrible évidemmentmais il faut bien mouriralorsLes gens ne parlent pas de çaLa peur le salutça les engonce dans le silenceFaudrait leur demander francotitiller leurs envies sur les options possiblesLa mort coup de poing c'est ce qui me vient en premieron est là dans une mort durePas d'adieupas de parloteun deuil sans fondationDans le même tempsça vous libère d'un paquet d'emmerdementset puis des angoissesles vôtres celles du mouranton ne sait pas toujours bien quoi dire

OMBRE DE PELLEASÇa vous gêne avec lui ?

LAFAUXC'est le métierma spécialitéla mort lentelongue déchéance du corpsça laisse le temps de se préparerDans les familles il y en a qui préfèrentc'est sûrmais quand c'est trop longtout le monde s'épuiseLes proches

Page 3: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

il leur vient des envies de voyagedes envies de meurtreon lorgne les places à l'hôpitalLa guerre pour çaça va donner des idées pour aprèsA domicile c'est vrai que c'est mieuxMais je coûte trop cherDe toute manièrele résultat c'est du pareil au mêmeon se retrouve tout seulEn attendantÇa crée des liens lui moifaut faire gaffeVoyez Pelléasil est calme à présentil a du rouge aux lèvresMoi j'adore sa boucheon passerait son temps à l'embrasser

OMBRE DE PELLEASIl compose ?

LAFAUXNonplus actuellementIl écritRegardezil s’est endormi sur la lettre qu’il écrivaitFaites voir

OMBRE DE PELLEASPourquoi ?

LAFAUXDonnez-la moi je vous dis

OMBRE DE PELLEASVous profitez de son sommeilce n'est pas juste

LAFAUXCroyez-vous qu’il ait encore des secrets pour moi ?

(….)

EXTRAIT 2

DEBUSSYMonsieur Moreuilc'est vous qu'il faut réveiller de ce mauvais songeJe ne jouerai pas de pianoFrançois ne chantera pas

MOREUILIl est trop tardVous êtes làLe pianoC'est un BechsteinCe n'est pas possible de ce n'est pas possible voilà tout

Page 4: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

DEBUSSYImpossible en effetJe ne suis pas votre clientNous n'avons pas fait affaire

MOREUILSi ça ne tient qu'à la signature d'un contrat

DEBUSSYVous êtes grotesqueje suis invendable

MOREUILJe ne vous achète pasje vous aimeVotre œuvreet vous dans votre oeuvreTotalementUn amour total et désintéresséLa musiquebien sûrje l'aimeça je l'aimevous ne pouvez pas m'en vouloir de celaEt puis vousvous aussiça ne va pas sansje prends toutVous allez jouer pour moivous composerez pour moiet j'aurai la dédicaceLe temps vous l'aurez bien encoreune mélodieune étudeun mouvement de ce que vous voudrezun rienmais ce ne sera jamais un rienn'est-ce pas ?Je rachèterai vos droitsje rééditerai un catalogue completvous serez joué en Chine au Japonvous aimez l'Amériquevous serez joué aux Etats-Unisvous serez joué dans cent ansje m'y engagej'y engage mon neveuses enfantsles leursVous m'avez transformérévélé à moi-mêmeVotre musiquec'est bien davantage que celaElle me retourne Elle m'apaiseVous y mettez une lumièredes déchirementsune mélancolie qui m'aspireune sauvagerie Comment mieux vous direça redresse l'homme en moiEt en même tempsl'élégance des élégancesqui vous fait voir le monde

Page 5: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

ou plutôt le revoirmais d'un regard neufpas tout sa beautéla Nature

DEBUSSYOui c'est bienj'ai déjà entendu celaTout est vraiMais vous parlez d'un autre hommeMoi je veux tout oublierCette musique s'est flétrie d'un coupLa beauté des impressionssentir à demi-moton n' a plus le temps Il faudrait une musique simplequi fonce à toute vitessepour absorber tout ce sangMoi je ne sais pasJ'ai voulu tout oublierEvidemment ça ne marche pasIl y a des artistes au frontD'autresils sont nombreuxsillonnent la zone des arméesils chantentils jouentMoi je me suis imposédes devoirs patriotiquesentre quatre mursNoël pour les enfants sans maisonberceuse héroïquevous entendez celace n'est pas grand chose et c'est là toute ma guerre

MOREUILJe n'ai pas eu l'opportunité

DEBUSSYVous ne fréquentez pasceux qui programment aujourd'huiDebussy Dans les cercles de charitéça ramène un peu d'argentC'est l'occasion de se compterentre gens de bonne compagnieIls ne font pas la guerreAvec eux on en parle peuIls sont déposés dans Pariscomme des archivesconservés dans des nichesau calme

MOREUILJe comprends votre amertumemais vous avez besoin des richesNous sommes vos relaisdes petites lumières

(…)

Page 6: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

EXTRAIT 3

DEBUSSYVotre mariIl a tout prévutout arrangé

GABRIELLEIl est le premier surprisIl s'attendait à des éclatsun élan furieuxquelque chose d'énormeen votre faveurVous dire maintenantque ce qui se passe à Parisl'arrangevous l'avez compris sans moiPour les journauxil a insisté Que je les apporte moij'étais d'accordPour atténuer le choc

DEBUSSYVous avez un morceau de chocolat ?

GABRIELLEJe peux aller vous en chercher

DEBUSSYS'il vous plaît

GABRIELLESi je vous laisse seul

DEBUSSYVous verrez bien

GABRIELLECe ne sera pas long

Elle sort.Debussy, après un moment de grande immobilité, se lève. Il fait quelques pas, vers la fenêtre d'abord. Après quelqueshésitations il s'approche du piano. Il s'assoit devant le clavier. Il en soulève le couvercle. Il s'essaie à quelques sons,puis commence à jouer son Prélude : Cathédrale engloutie.Gabrielle rentre. Elle referme précipitamment la porte et se tient tout contre, captive. Un temps autre s'ouvre : entrel'ombre de Pelléas. Elle va jouer avec les figures que le feu projette au sol et sur les murs

VOIX DE PELLEAS« Où es-tu ? Je ne t'entends plus respirer.

Pourquoi me regardes-tu si gravement ?

Nous sommes déjà dans l'ombre. Il fait trop noir sous cet arbre.

Viens dans la lumière (…)

Viens, viens, il nous reste si peu de temps. »

DEBUSSYNonnon

Page 7: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

restons ici

VOIX DE PELLEASMaîtreEst-ce vous Maître ?Pardonnez à ma distractionje cherchais mon amourdans un coin d'ombreC'est pour vous que je la chercheJe vais bientôt mourir

L'ombre de Pelléas s'étale en pâlissant sur les murs jusqu'à n'être plus qu'invisible présence.La musique s'interrompt. Debussy découvre peu à peu la présence de Gabrielle Moreuil. Son regard se pose sur elle.

GABRIELLEChocolat

DEBUSSYChocolat ?

GABRIELLEPlus tard si

DEBUSSYC'est comme une impressionde feuillageToutes les étoiles tombentles voyez-vousles voyez-vous ?

GABRIELLEVous ne me reconnaissez pas ?

Silence

DEBUSSYVous m'avez entendu

GABRIELLEOuiJe vous ai regardé

DEBUSSYJe n'ai jamais aimé vraimentMa musique est sans structure

GABRIELLEJe suis avec vousje vous tends la main

Donnez ce concert

DEBUSSYIl est trop tard

GABRIELLEDe quoi parlez-vous ?Cette musiquevous le savez très bienc'est le chatoiement du désiret quand vous jouez

Donnez ce concert

Page 8: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

DEBUSSYAutant me demander ma tête

GABRIELLEPour moi

DEBUSSYPour vous ?Pour vousseule ?

GABRIELLEVous jouerez pour moi

DEBUSSYIl est trop tôt

GABRIELLEDemaince n'est pas impossible

DEBUSSYJe suis un moribondVous oubliez la guerre

GABRIELLEVous en avez tellement envie

DEBUSSYNe me regardez pas comme cela

Et ce carré de chocolat ?Vous m'avez oublié ?

GABRIELLEIl est posé sur le clavier

DEBUSSYComme çanonje n'en veux pasOn dirait une monnaie d'échange

GABRIELLES'il suffisait de

DEBUSSYNonil ferme le couvercle du clavierRamenez-moi au fauteuilNon j'irai seul

Il va pour se lever mais n'y parvient pas. Il prend le chocolat, au-dessus du piano, et le mange

MerciC'est du noircomme j'aime

Vous ne dites rien ?

Je vous ai blessée

Page 9: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

GABRIELLEVous êtes malade

DEBUSSYNonPas comme çaLa maladie ça ne doit rien excuser

Embrassez-moi

GABRIELLEComment ?

DEBUSSYVous avez très bien comprisEmbrassez-moice n'est pas compliquéVous en avez envieJe le supposePeut-être pasmoi si je vous le disDepuis que vous êtes entréeLe pianoPelléasEt vous êtes làdans ces étoiles qui tombentje vous l'ai dit non ?Embrassez-moi et je suis en vieOn a bien ranimé des Papes avec des baisersJe voudrais votre boucheça me brûlej'ai soifSurmontez la répugnanceJe ne suis pas un vieillardLe cancer ça ne s'attrape paspar la boucheça doit bien crever quand on désirebien fortcomme çacomme moivous voyez bienlà maintenantUne foisjuste une foisEmbrassez-moiembrassez-moi

GABRIELLEOuiOui oui

Elle va vers lui et ils s'embrassent ; Debussy s'effondre brutalement sur le piano.

GABRIELLEHolaQuelqu'unInfirmièreMonsieur du PérierDe l'aideDe l'aide

Page 10: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

RobertRobert

Lafaux entre, puis Périer-Dufranne et Moreuil

LAFAUXJe sens la mortc'est vraimais je garde mes patients en vie jusqu'au boutVous avez eu ce que vous vouliezIl vous aime ?

GABRIELLERanimez-lec'est tout ce qu'on vous demandeIl n'a rien de grave

MOREUILEt mon concert ?

GABRIELEIl jouera

(…)

EXTRAIT 4

SOIR 2

C'est le deuxième soir. Dehors le canon tonne. Debussy apparaît comme endimanché, dans un habit où ses formesflottent. Vêtement prêté, corps malade. Lafaux rajuste les manches de la veste.

DEBUSSYVous n'y arriverez pasTissu bocheBoche de guerre en plus

LAFAUXJ'y suis presqueVous n'arrêtez pas de bougerMoreuil est plus en chair

DEBUSSYIl est grosdites-len'ayez pas peurC'est de la bonne grosse viande de boucheSa veste elle me pèseune camisole d'empiffreC'est bien çail s'empiffreIl n'arrête pas

LAFAUXNe bougez plusou je vous laisse en plandans votre camisole de dimanche

DEBUSSYUne bouchée par iciune lampée par là

Page 11: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

de la chair franco-bocheça vous fait un ventre à force

Gabriellevous savez ce qu'elle m'a dit

LAFAUXMadame Moreuil ?Non

DEBUSSYFaites donc attentionvous m'avez piqué

LAFAUXVous n'êtes jamais sage

DEBUSSYVos mains sont glacées

Vous ne l'aimez pasVous ne devriez pas

LAFAUXVous êtes un enfantVoilà j'ai terminéLevez-vous

Debussy se lève. Lafaux observe son travail.

Vous êtes beau comme un diableVotre cancer il peut aller se rhabiller

DEBUSSYJe ne veux pas mourir en chemise de nuitsouillémouillé comme ces mursvous savezle salpêtrequand ça suinteMa mère a fini dans une espèce de sac jaunicollé à la peauDes sueurs qu'on abandonneLe corps prend l'odeur d'une laine ranceune invitation à détourner le regardJe veux être regardableLafauxje veux pouvoir vous regarder jusqu'au boutsans la honte de me sentir baigner dans ce jus Et vous regarder vousEmma ma fille les autresne pas être seulne pas mourir seulLa mort paisible dans son sommeilje n'y crois pasJe n'y crois plusJe peux même vous dire à quand ça remonte

Page 12: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Une voix au téléphoneune infirmière pour m'annoncerla mort d'un oncle maternelcomme çaà l'hôpitalElle venait de découvrir le corpsMort dans ses rêvestranquillementc'est ce qu'elle m'a ditElle était contenteElle n'a rien vuMais s'il s'est réveilléjuste avantune angoisseil aura appelécriéLa nuit la porte ferméedes couloirs videsla lumière trop loinEt puis des crisquels cris pour faire venir ?Des mots ?Une plainte ?je ne sais pas moiça va sortir d'où cette urgencetoute une vie encore pleinede ses derniers instantsla veille encore un de ces lents crépusculesà rendre improbable la fin du jour et maintenant condenser en un critout ce qui voulait être encoreJ'ai mal

je peux m'asseoir maintenant ?

LAFAUXJe vous aideIl est un peu tôt pour votre injection

DEBUSSYje n'avais plus eu maldepuis hier au soir

LAFAUXDouceurs de femme

DEBUSSYVous ai-je donné l'air de jouer ?

LAFAUXHier ?OuiElle vous a rendu vingt ansVous avez la voix caressante

DEBUSSYJe ne suis pas amoureux

LAFAUXElle a bien su vous tromper

Page 13: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

(...)

EXTRAIT 5

Moreuil sort précipitamment. Après un moment Lafaux sort à son tour. Gabrielle choisit une place, parmi les chaises deconcert. Elle s'assoit. Au loin le canon tonne. On entend la rumeur des invités.La porte s'ouvre. Entrent Debussy, puis Moreuil, Perier-Dufranne enfin qui reste en retrait.Debussy va jusqu'au piano, se retourne. Gabrielle soutient son regard. Il s'assoit devant le clavier. Moreuil choisit unechaise et s'assoit. La porte s'ouvre brutalement à deux battants, sur le caporal Hitler et la foule des invités, massés et impatients.

TOUS LES INVITESAhhhh

LES FRANCAIS LES ALLEMANDSY'a plus l'canon Nicht mehr Kanoney'a plus l'canon nicht merh KanoneC 'est l'armistice WaffenstillstandY'a plus l'canon Nicht mehr Kanonec'est pour Ninon 's ist für Ninon Un bout d'saucisse Ein Würst StückenUn p'tit canon Kleinen SchlucktumY'a plus l'canon Nicht merhr KanoneY'a plus qu'les cons Mehrals Idioten

Au fur et à mesure de leur installation dans la salle, les invités calment ce joyeux charivari, médusés par Debussy etGabrielle Moreuil, dans des positions hiératiques, et qui se regardent comme s'ils étaient seuls. Moreuil semble avoirdisparu au milieu de la foule.Comme au concert, Périer-Dufranne fait à son tour son entrée et prend place à côté du piano. Moreuil applaudit, seul,puis rejoint par quelques mains. Debussy éprouve un agacement qui le fait sortir de sa torpeur. Lafaux entre,demeurant debout, dans l'embrasure de la porte.

PERIER-DUFRANNESoupirssur un texte de Stéphane Mallarmé

Debussy, après avoir hésité, joue les premières notes de la mélodie, s'arrête soudain et enchaîne une tonitruanteMarseillaise. Les invités français se lèvent et se figent solennellement. Les Allemands restent assis.

MOREUILRestez assisce n'est rienc'est presque rien

GABRIELLE à DebussyNonNon vous n'avez pas le droit

ALLEMAND 1Elle a raisonVous n'avez pas le droitici

GABRIELLEJe ne vous demande rienLevez-vousc'est mon chant national

ALLEMAND 1Nonmal au jambes

Page 14: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

FRANÇAISE 1Vous insultez la France entière

ALLEMAND 2C'est ce chantIl insulte l'Allemagne

GABRIELLEClaudeClaude je vous en priearrêtez ça

DES FRANÇAISIls ne se lèveront pas ?

DES ALLEMANDS commençant à chanterDeutchland über Alles

ALLEMANDE 1Ne répondez pas à la provocation

FRANÇAISE 2C'est une provocation

DES FRANÇAISFaites-les taire

D'AUTRES FRANÇAISA mortA mort les Boches

MOREUILPérier-Dufranneintervenez bon dieu

PERIER-DUFRANNEVive la France Monsieurvive la France

DES FRANÇAISVive la France

LES ALLEMANDS sifflent, crientUn Français se rue sur un Allemand qui roule à terre ; chaos, on court, on crie, on se frappe. Dans le tumulte,Gabrielle tente de rabattre le clavier du piano sur les mains de Debussy qui enchaînent les couplets de la Marseillaise.Périer-Dufranne l'en empêche. Elle se débat, sort un revolver, vise Debussy, se ravise et pointe son arme vers la foule.Périer-Dufranne veut la désarmer. Un coup de feu part. La foule crie. Debussy saisit l'arme et la jette dans le piano. Lafoule s'écarte. Un homme est à terre. C'est un officier allemand. Gabrielle s'effondre. Périer-Dufranne la retient danssa chute et l'assoit sur la première chaise venue. Debussy vient, avec peine, à ses côtés. Plus loin, le caporal Hitlerconstate la mort de l'homme à terre. Silence.

LE CAPORAL HITLERUn homme est mortUn Allemandsauvagement assassinéerschlagen in Vaterland

MOREUILVous êtes simpliste

HITLERIl faut

Page 15: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Un homme est mortc'est simpleUn Allemandc'est simple aussiAssassinéebensoEn zone allemandeebensoQui peut juger la bêtequi a tué ?Es tut mir leidMonsieurmaisje ne vois pas d'autre chasseurque français

ALLEMANDE 1Jugeons-le maintenant

ALLEMAND 3Justiz

HITLERJaLa loi ditcherche le coupableNous savons déjà que le tueurest un Françaisqui me contredira ?Vous voilà plus raisonnablesPersonne est sorti de cette salleIdéale situation pour boire un théjouer l'Anglaisdétective und fair playn'est-ce pas ?Vous avez le temps peut-êtrepas moide prendre thé sourire et tremper la moustacheAvant guerremon désir était grandde peindreAquarelleexécution rapidesofortig expression tout de suitede la véritéSi c'est raté c'est ratéPas de remordsje veux la justicecomme une aquarelleEfficacitéC'est vous qui avez tué cet homme ?

FRANÇAIS 3Nonje vous jure que non

HITLERVousKappelmeister Debussy

Page 16: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

provocateur imbécilec'était vousc'était bienMais tirerje ne vous ai pas vu

DEBUSSYQui a tiré ?Qui avez-vous vu tirer ?

HITLERAh ah Qui sait ?Vous MadameVielleichtMadame

GABRIELLEMoi ?

DEBUSSYCe n'est pas elleCe ne peut être elle

MOREUILJe m'en porte garantMonsieur Hitlerc'est ma femme

HITLERVotre femme est belleMoreuilHerr Hitler fondre du charmemystérieuxunhabarUne grande innocenceUn officier allemand est morttué par une balle perduelancée par le hasardFouiller vos pantalonsdéshabillez-vousles Françaisc'est ça quevous le voulez ?

FRANÇAIS 2Fouillez-moiallez-y doncvous trouverez rien

FRANÇAISE 2Le petit déshabillagec'est aussi pour les femmes ?

TOUS LES INVITES FRANÇAIS commençant à se dévêtirVoilàvoilàDessapésfouilléspurifiés

HITLERMonsieur Moreuil

Page 17: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

ce pantalonvous ne le tombez pas ?

MOREUILVous ne l'avez pas demandé

HITLERTrès vraitrès vraiVous allez me suivre maintenant

MOREUILC'est moi que vous arrêtez ?

HITLERJe n'ai pas d'assassin sous la mainMoreuilet vous êtes mon coupabledésigné par avanceMonsieur Moreuil levez-vousInvitation illégale octroi d'asile à des ennemisen pleine guerreBeforzugungrégime faveur d'un prisonnier françaisvol de morphine dans le Revierencouragement à la propagande ennemietrahison à votre paysespion peut-être dans nos lignesJe continue ?

MOREUILVous êtes complètement fou

HITLERInsulte à l'uniforme

LAFAUXN'insistez pas MoreuilVotre arrestationça soulage tout le monde

Moreuil ne parvient pas à se faire entendre. Il sort, empoigné par le caporal Hitler, pendant que les invités se remettentde leurs émotions.

FRANÇAIS 1On peut se rhabiller ?

FRANÇAIS 2Pour un peuj'étais à poildevant les Boches

FRANÇAISE 1Ça m'aurait fait mal

ALLEMAND 1Moiça me faisait bien

FRANÇAISE 2

Page 18: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Cochon de teuton

ALLEMAND 2Bon comme cochon

DEUX ALLEMANDESLa saucela sauce

DEUX FRANCAISESPourlèchepourlèche

LES FRANÇAISC'est la guerre qui nous grise

LES ALLEMANDSLa guerre nous électrise

LES FRANCAIS C'est l'armistice

LES ALLEMANDSNicht mehr Kanone

LES FRANCAISNicht mehr Kanone

LES ALLEMANDSY'a plus les cons

LES FRANCAISY'a plus que leshein ?Y'a plus que leshein

LES ALLEMANDS ET LES FRANÇAISY'a plus que lesY'a plus que les

Tous les invités sortent, abandonnant le cadavre de l'officier allemand.

DEBUSSYReprenonsFrançois

Il retourne au piano et joue le début de la mélodie Soupirs

PERIER-DUFRANNEJe ne peux pasPas devant ce cadavre

(…)

EXTRAIT 6

DEBUSSYA tout prendre François

Page 19: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

le soldat Hitler dans une mainGabrielle Moreuil dans l'autrelaquelle est la plus lourde ?Laquelle vous fait le plus mal ?Laquelle ?Vraiment ?

PERIER-DUFRANNEJe me tairai c'est entenduPour vousMais vous me forcez Monsieurje me sens trahi

Je ne sais pas si vous avez gardé le souvenirde ce soir d'avant guerreoù vous m'aviez demandé de vous accompagnerau Concert ColonneNous sortions à peine vous étiez en colèreil vous faudrait écrire encoreun article sur des musiques qui sentent la table et la pantouflec'était vos propres motsVous vous êtes tourné vers moid'un coup avec toute votre fougue habituellevous m'avez serré le braset vous m'avez ditje ne l'ai jamais oubliécette phrase je l'ai notéeelle me hante depuisvous voyez je l'ai làdans ce carnetje n'ai jamais réussi à l'apprendre par coeurVoilàc'était en novembre 12« Le mystère émouvant des vieilles forêts n'est-il pas fait de sacrifice et de mort ? »Vous l'avez oublié Monsieuret je suis votre complice

DEBUSSYConnaissez-vous le tarot de Marseille ?

LAFAUXMoi ouij'adore et ça détend l'atmosphèrej'organise une séancelàmaintenantn'importe quandà votre convenanceje bats les cartesvous coupez etl'aventure débutetu choisis je dépose et j'interprètec'est la vie qui vient devant toitoute entière ou morceau de choixla vie la mort la petite et la grandeMais je suppose évidemmentque mon engouementvous importe peu pour le moment

Page 20: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

PERIER-DUFRANNENonje ne connais pas

DEBUSSYL'une des cartes est l'arcane 13

LAFAUXLa mortje savais que vous alliezcommencer par ça

DEBUSSYOn ne vous tient plus Lafauxvous êtes méconnaissable

LAFAUXLa mort c'est mon rayonMais la mort au jeuc'est sûrn'est pas la mort qu'on croitTirez la mortc'est votre mort on va pas tortillermais drôle de mort en véritémort vivant plutôt vif en faitet non mort-mortcomprenez-vous ?Vous mourez à vous mêmedu genre petit sacrificeou gros abandonvous lâchez quelque choseet c'est la vie qui d'un coupdevient vraiment la viela vie en plus-plus et autrementautrement dit une vieille forêtsa beautéson mystèrevous comprenez ?

DEBUSSYJe n'ai pas changé FrançoisVotre vieille forêt s'est un peu raffermieça va lui faire du bienMerci Lafaux

PERIER-DUFRANNEVous ne m'auriez jamais dit ça à ParisCette chambrece que vous en faitesc'est une sorte de niche comme extraite de l'enferla guerre abolieet toute moralela mort comme un jeuMais vous me faites aimer çaque la mort soit un jeuSi je parviens à m'évaderje monterai au frontavec un tarot en poche

(…)

Page 21: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

EXTRAIT 7/ FIN DU TEXTE

GABRIELLEJe viens vous dire adieu

Je ne veux pas vous remercierVous ne m'avez pas sauvéeni des pattes de mon marini de celles de votre protégéQue vous soyez persuadé du contrairem'indiffère complètementVous êtes très maladeaffaiblipresque mourantsi j'en crois votre embaumeuseMoi ce n'est pas exactement ce que j'ai vuplutôt un homme des plus ordinairesplein de lui-mêmesatisfaitdominateurVotre musique est un leurreet je m'y suis laissé prendre

DEBUSSYJe vous ai embrassée ?C'est bien moi qui ?

GABRIELLELe pistoletVous l'avez laissé dans le piano ?

Elle va regarder, prend l'arme et la range dans son sac. Lafaux entre.

LAFAUXVous ne me l'avez pas abîmé au moins ?On vous cherche Un chauffeurVous ne rentrez pas à Paris par hasard ?

Gabrielle va à la fenêtre qu'elle ouvre

GABRIELLEJohannesJohannesJe descends de suite

à LafauxNonvous voyez je vais plutôt vers l'estPour Parisdemandez au major Hitleril gère le centre à présent

Elle sort. Lafaux va fermer la fenêtre.

LAFAUXLes Allemandsjoyeuse engeanceils refusent de lâcher la moindre ampoule

DEBUSSYEt François ?

Page 22: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

LAFAUXPérier-Dufrannedisparu corps et âmeOn va venir nous chercherLes SuissesDemain matin

DEBUSSYVous savez ce qu'elle m'a dit ?

LAFAUXClaudevous allez avoir très mal cette nuitIl est possible que la douleur soit si forteque vous ayez envie de crierNe vous retenez pasdonnez libre cours à tout ce qui sortirade motsd'injuresde crisd'ordureVous allez pleurerPleurezpleurez dans mes brasabandonnez-vous à ces larmes-làelles vous soulageront un peuPlus tard dans la nuitvous ne voudrez plus me voirvous ne voudrez plus voir personnevous aurez besoin de vous concentrervous aurez frôlé la mort de prèspour la première foisEnvie de rentrer en vous-mêmeje vous tournerai contre le mursi vous le souhaitezLa matin ne sera plus loin

DEBUSSYJe suis prêt

LAFAUXJe vais vous aider

Elle se lève et va s'asseoir au piano

DEBUSSYVous ne m'aviez rien dit

LAFAUXLa mort sait tout faire

Au piano débute l'aria de Bach, Bist du bei mir ( si tu restes avec moi)

DEBUSSYC'est bienc'est bienVous jouerez BachJe verrai le matin

Le piano est couvert par l'orchestre qui interprète les dernières mesures de Pelléas et Melisande. L'ombre qui se répandest dérangée un temps par les flammes dans la cheminée et les éclairs du front à travers la fenêtre. Tout est enfin renduau noir.

Page 23: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

PROPOSITION DE RESTITUTION

Lecture mise en espace, avec une pianiste et un chanteur lyrique.

Cette forme présente une grande souplesse d'adaptation aux lieux de représentation recherchés :théâtres, conservatoires, salles de musique, maisons privées, musées, tout lieu culturel et socio-culturel, jardin, lieu du Centenaire de la Grande Guerre.Elle permet de maintenir un équilibre d'intensité entre le texte et la musique.Elle fait appel à plusieurs arts : le théâtre et la poésie, le chant accompagné, la musique de piano, ladanse.Elle est un concert lecture mis en espace

INTERPRÈTES

Piano, Clémence FerrariChant, Matias MiceliExpression corporelle, Murielle PonchauxLecteurs-comédiens, Albertine Benedetto, Eric Beyner, Chris Bourot, Gilles Desnots, ChristopheLancia, Matias Miceli, Murielle Ponchaux

regard extérieur, Danielle Vioux

Oeuvres musicales interprétées durant la lecture

début du spectacle : piano, Pelléas et Mélisande, acte V, premières mesurespage 9 : après les mots de Debussy : « il faut voyager Pelléas » : piano, Pelléas et Mélisande, Acte IV scène 1 mesures 35-40

page 21 : ombre de Golaud, texte dit sur piano: Pelléas et Mélisande, Acte IV sc 2 ( p 212-218 sur partition Durand)

page 37 : quand Lafaux et Moreuil sortent : piano, prélude, Ondine

page 41 : comme indiqué dans la didascalie : piano, prélude, La cathédrale engloutie

page 46 : fin de l'acte: mélodie piano et voix, Colloque sentimental

page 53 : comme indiqué dans la didascalie, piano, Berceuse héroïque

page 66 : comme indiqué en bas de page, piano, début de la mélodie, Soupirs, puis La Marseillaise

page 73 : comme indiqué dans la didascalie ; piano, début de la mélodie, Soupirs

page 85 : quand Lafaux s'en va : mélodie pour piano et voix, Le Faune

page 88 : fin de la pièce : piano et voix, début du Bist bei mir de Bach puis enchaînement avec piano, prélude, Des pas sur la neige.

FICHE TECHNIQUE

Espace de jeu minimal 5X4 M

Page 24: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Présence d'un piano sur place

Fichier son numérique : PC de l'association + sono ( utilisation du dispositif existant dans le lieu de représentation ou matériel de l'association)

Lumières : à étudier en fonction du lieu de représentation

un fauteuil, des pupîtres, des chaises : fournis par l'association Liber-Libra

DURÉE DU SPECTACLE environ 1H30

PORTEUR DU PROJETL'association Liber-Librawww.liber libra.com

CRÉATION24 et 25 novembre 2017 au siège de l'association Liber-Libra

FRAIS POUR LE LIEU D'ACCUEIL DU SPECTACLEConditions à étudier au cas par cas.

CONTACTS

Gilles Desnots : [email protected] 06 73 54 33 20

Association Liber-Libra

www.liberlibra.com

n° SIRET : 82050237500018620 chemin de la porte st Jean83400 Hyères06 30 93 97 50

PRÉSENTATION DES ARTISTES DU PROJET

AUTEUR

GILLES DESNOTS

Auteur de théâtre, membre des Ecrivains Associés du Théâtre, il a écrit une trentaine de textesthéâtraux, dont la plus grande partie a été représentée, mise en espace, ou lue en public , à Hyères,

Page 25: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Toulon, Marseille, Avignon, Saint -Denis, Paris, Soissons, Saint-Quentin.

Des commandes d'écritures de la part de la Cie Un Mot, une Voix (Toulon), en 2013 (T'es qui toi ?T'es d'où?) et en 2015 (Le Temps d'après), de la Région Picardie en 2012, dans le cadre d'uncompagnonnage avec les Cie L'Echappée et Les Baladins (Baladintime), de la part de la Ciel'Ensemble à Nouveau pour Nous serons vieux un jour ( 2011), On ira voir la mer (2009), de la partdes EAT dans le cadre de manifestations collectives concernant l'Année Shakespeare (2016),l'Année Diderot (2013), le cinquantenaire de la disparition de Marilyne Monroe (2011), et encollaboration avec la Revue des Deux Monde, la Grotte Chauvet.

Mise en scène et mise en espace d'Alma Mater, sur un texte d'Albertine Benedetto (2015), d'Audedans de la Terre de Paco Bezzara, avec la Cie Mille et Une Portes ( Marseille).

Ecriture, mise en scène de textes français et russes, représentés au Molodjoni Théâtre de OulanOudé (Russie) dans le cadre d'une résidence d'un mois sur le lac Baïkal (2010)

2016-17Mise en espace de l'Iliade d'Homère, pour une nuit homérique en septembre 2016 : 13H de spectacle dans 7 espaces extérieurs et intérieurs à Hyères.Mise en espace des textes écrits en résidence par Danielle Vioux et Roger Lombardot, au bord de lamer, en juin 2016.Mise en espace du texte Aqua Alta, à Hyères puis à Marseille, en mai-juin 2017. Interprète dans la pièce de Danielle Vioux, Lili Suzon, créée à Marseille en février 2016 et qui serareprise en 2018 à Marseille, Lambesc, Avignon.Mise en espace du texte Dans les lignes avec lecteurs, danseuse, pianiste, chanteur lyrique ; créationà Hyères les 24 et 25 Novembre 2017.Mise en espace de l'Odyssée d'Homère, pour une nuit de septembre 2018.

Gilles Desnots enseigne par ailleurs le théâtre en lycée, l'histoire et les sciences-politiques pour lescandidats au concours d'entrée à Science-Po. Il vit dans le Var.

MUSICIENS

CLÉMENCE FERRARI

Pianiste et pédagogue, Clémence Ferrari a une pratique artistique allant de la musique 'savante' auxmusiques actuelles, en passant par des partages avec le monde du théâtre et de la danse. Ancienneétudiante du conservatoire et de la faculté de musicologie d'Aix-en-Provence, elle joue dansdiverses productions et participe à des créations, principalement en Région PACA . Titulaire d'un Diplôme d'Etat de Piano, elle enseigne actuellement la formation musicale auconservatoire de la Provence Verte à Saint-Maximin.En 2017, elle a conçu un récital sur la thématique de l'eau, liant musiques pour piano du XXe siècleet textes littéraire en correspondance qu'elle lit.

MATIAS MICELI

Né en 1986 à Buenos Aires, Argentine, Matias fut introduit à la musique par la guitare populaire etclassique. Il découvre la musique ancienne et sa voix de ténor et quitte son pays natal pour étudier àla Schola Cantorum à Bâle, Suisse. Il s'établit finalement en Provence en 2012 où il se perfectionneet spécialise en chant lyrique auprès du ténor Philippe Casado. Il aborde donc plusieurs répertoiresallant de la musique sacrée et profane du moyen-âge et la renaissance jusqu'à l'opéra romantique,

Page 26: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

ainsi que la chanson traditionnelle argentine. Il vient de créer dans le Var une école de musique et de chant.

REGARD EXTÉRIEUR

DANIELLE VIOUX

Présidente de la filiale Méditerranéenne des EAT, Danielle Vioux écrit pour le théâtre, et desromans, des nouvelles, des scénarios, de la poésie. Elle a enseigné l’anglais et le théâtre en lycée,Membre du Grete ( théâtre/éducation) : organisation de lectures, mises en espace ou mises en scène,stages. Son texte Lili-Suzon a été créé à Marseille en 2017 et sera repris en 2018 à Marseille, Lambesc,Avignon.

Siteshttps://www.lethéâtredes1001portes.fr/http://daniellevioux.over-blog.com

LECTEURS PERFORMEURS

ALBERTINE BENEDETTO

Poète, écrivaine, son rapport au texte est vivant, nourri d'une culture antique et contemporaine. Elleaime partager ses textes avec un public : elle a été invitée au Festival Voix Vives de Méditerranée,édition 2016, au festival international du Mitan du chemin en 2015, aux manifestations de Pollend'atelier organisées chaque année par le peintre et graveur Henri Baviera. Elle s'engage dans la miseen voix et en espace aux côtés de Gilles Desnots depuis plusieurs années et soutient la créationcontemporaine.

CHRISTOPHE LANCIA

Né en 1975, Christophe Lancia est comédien semi-professionnel. Il se forme à l’école de l’acteur auThéâtre OFF sous la direction de Frédéric Ortiz, puis dans divers stages (stages méthodeStanislavski et Actor’s studio ). A partir de 1997 il participe au sein de plusieurs compagnies à desprojets centrés sur le répertoire du XXe siècle (Ionesco, Anouilh, Ghederold, Gombrowitz,Pessoa ...)et le théâtre le plus contemporain. Il se montre attaché à faire découvrir et à défendre unthéâtre poétique et exigeant (Velter, Malochet, Vincent Lombume Kalimasi, Sedef Ecer). Il est alorsamené à collaborer avec le forum culturel de la FNAC, l'Université de Marseille-Luminy, la Maisonde la Culture de Marseille.A partir de 2007 il est chaque année présent au Festival OFF d'Avignon et au Festival FNCTA. Il semet notamment au service des EAT pour présenter des lectures et mises en espace de textesd'auteurs vivants ( Vioux, Desnots, Caron, Huguet).Complétant sa formation avec des stages « acteur devant la caméra », il élargit son champd'interprétation en participant à des spectacles performances multidisciplinaires intégrantnotamment la vidéo : Les échorrespondances imaginaires ou rêvé(e)s d'Hovhannes Grigorian aumiroir brisé des poètes ; performance multi-discipline en octobre 2016, en forme d'expositionthéâtralisée et chorégraphiée incluant arts plastiques, lecture de poésie mise en espace et mise envoix de Christophe (avec pour auteurs Yves Bonnefoy, Pierre Jean Jouve, Jacques Launay, ArthurClarke, Charles Baudelaire) ; création sonore « Résilience » en collaboration avec la plasticienneRodia Bayginot, la plasticienne-performeuse Marie Volpa Pasarelli et Claude Gadbin-Henry.Ces dernières années il s'est par ailleurs produit au Théâtre du Hangar dans L'Émission de Michel

Page 27: EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte...EXTRAITS DU TEXTE EXTRAIT 1/ Début du texte Dans le noir on écoute les premières mesures, instrumentales, du cinquième acte de Pelléas

Vinaver », et dans la Nuit arabe de Roland Schimmelpfennig ; à la Maison des Métallos dansBattements d'Ailes d'Elsa Solal ; au théâtre du Rond Point, dans Les Allongés de Marie Nimier. En2013 il obtient un rôle dans Les Suppliantes d'Eschyle dans le cadre de Marseille capitale de laCulture, sous la direction et mise en scène de Jean-Pierre Vincent. On peut le voir régulièrement àMarseille : la Criée, le Gymnase, le Non lieu.En 2017, il participe à la création et représentation de Lili et Suzon de Danielle Vioux, (mise enscène par Danielle Vioux) et d' Escurial de Michel de Ghéderolde (mise en scène par LionelMazari, co-assisté par Christophe Lancia), à la création et mise en espace de deux pièces de GillesDesnots, Aqua Alta et Dans les Lignes, à différents cycles de lectures lors du Festival d'Avignon.

LES AUTRES PARTICIPANTS pratiquent le théâtre en amateurs depuis de nombreuses années,dans le cadre de Compagnies ou de Conservatoires de Région.